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Sorcier ! - 8. La fin du monde

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Le livre

« Tout est lié » avait déclaré l’étrange drapier Fantar à Finn.Tout quoi ?Après sept tomes des aventures de Finn, il reste bien des

questions en suspens ! Que signifient les visions de Siki-Siki dans le chaudron de Gravatte ?Et où la conduiront-elles ? Les Maîtres Sorciers sau-

ront-ils décrypter les vieilles prophéties ? Et si les Anciensn’avaient pas encore fini de dévoiler leurs secrets ?Mélipona parviendra-t-elle à empêcher les Princes de

s’emparer du pouvoir ?Et si Sambuc sortait de son cercueil pour conserver son

titre de Premier Dignitaire ?Qui est vraiment Céraste, la légendaire vipère à cornes

que Finn est condamné à affronter au cœur du Royaumedu Mal Absolu ?Le Singulier obtiendra-t-il enfin la recette de ses sau-

cisses préférées ?Et si la fin du Monde, annoncée par le Haut Présage,

était inévitable ? À moins que Frélampier n’ait pas encoredit son dernier mot…

Ce livre est le huitième et ultime tome de la série Sorcier !

L’auteure

Moka est née en 1958 au Havre. Elle est diplômée de

l’Université de Cambridge. Très jeune, elle connaît un

grand succès avec son premier roman, Escalier C, dont elle

écrit elle-même les dialogues pour le cinéma. Elle a publié

quatre romans pour adultes, et se consacre à la littérature

pour la jeunesse depuis 1989. Ses domaines de prédilec-

tion : le fantastique et l’angoisse. Elle n’écrit pas pour exor-

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ciser ses peurs puisqu’elle n’en a pas ! C’est le goût pour la

construction des énigmes, du suspense, pour le surnaturel

qui l’ont poussée à explorer ce terrain. Mais les livres de

Moka ne sont pas tous habités par des forces maléfiques et

ne dégagent pas tous des relents de soufre… elle écrit

aussi pour les petits et met en scène les bonheurs et les

malheurs de la vie des enfants !

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Moka

Sorcier !8. La fin du monde

Neufl’école des loisirs

11, rue de Sèvres, Paris 6e

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Chapitre 1Finn le travailleur

Finn jeta un regard désapprobateur au garçon quibâillait, à l’ombre du grand saule pleureur. Sale fai-néant ! Paresser au bord de la rivière asséchée par lachaleur au lieu d’aller à l’école !

Le meunier du village passa sur le sentier en tirantun âne rétif. Finn le salua d’un signe de tête. Il avaitbeaucoup de respect pour les honnêtes travailleurs. Ileut une pensée émue pour sa chère mère, si coura-geuse et si intelligente. Demain aurait lieu le Oui.Tout le monde disait Oui-ou-non-faites-vous-plaisir-à-vos-voisins ? pour la plaisanterie. C’était la fête oùon se rendait mutuellement service. On nettoyait lesmaisons, on soignait les bêtes, on chassait les rats desgreniers, on aidait les vieux… et on ne buvait que del’eau, bien sûr, pas de la bière !

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Donc, dans l’ensemble, la vie de Finn n’était pastrès amusante.

Finn arriva à l’école de Darutte, le maître vénéré.Celui-ci sourit et caressa sa longue barbe grise d’unair satisfait.

– Toujours le premier ! lança-t-il.– Je crains bien d’être aussi le seul, répondit

Finn.Darutte soupira et approuva. Les jeunes négli-

geaient la lecture et le calcul. Sauf Finn, évidemment.Mais il avait une bonne raison. Dans très exactementsix jours, il aurait l’âge de seize ans.

La matinée d’étude toucha à sa fin. Finn, affamé,s’en retourna chez lui. Une légère fumée blanches’élevait au-dessus de sa maison. Danalou, sa mère,préparait le repas. Une délicieuse odeur de poissongrillé flottait dans l’air. Finn poussa la porte.

Danalou épluchait des panais, assise à la table.– Mère ! protesta Finn. Tu aurais dû m’attendre !Il se pencha pour l’embrasser sur la joue, lui prit

le couteau des mains et s’installa auprès d’elle.– Oh, voyons ! dit Danalou. Cette tâche n’est pas

digne de toi !Mais Finn ne voulut rien entendre. Danalou

essuya une larme au coin de son œil.

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– Tu es si gentil, mon fils. J’ai tellement dechance ! Je suis la plus comblée des femmes !

Finn rougit. N’était-ce pas plutôt lui qui étaitbéni ? Danalou, grâce à sa beauté et à ses immensesqualités, avait été choisie par Caïmiri le sorcier pourporter son enfant. Finn était destiné à suivre les tracesde son père. Dans quelques jours, il partirait pour laforteresse de Rul afin d’apprendre tous les secrets,toutes les formules, toutes les potions auprès des Esti-mables Maîtres Sorciers. Personne ne doutait qu’ilétait formidablement doué pour la magie.

Durant la fête du Oui, Finn ne ménagea pas sapeine. Il semblait partout à la fois. Pas une demeure,fût-elle la plus modeste, n’échappa à son balai. Leshabitants de Dongobar n’en finissaient pas de chan-ter ses louanges. Et, le soir venu, jugeant qu’il n’enavait pas encore assez fait, Finn rassembla les enfantspour leur raconter d’édifiantes histoires tirées desChroniques de Rul.

– Le voilà ! Le voilà !La foule s’agita aux cris enthousiastes des guet-

teurs. Instinctivement, les femmes réajustèrent leurs

*

* *

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vêtements et lissèrent leurs cheveux. L’Estimable Das-tyr, le Grand Maître de Rul, arrivait en compagniede Tièdepluie, l’herboriste de la forteresse. On leuroffrit des sièges à la place d’honneur, sous le chêneemblématique de Dongobar.

Finn s’empressa d’aller baiser les pieds de Dastyr.Le vieil homme le pria de se relever. Non! C’était àlui de s’incliner devant l’héritier de Caïmiri ! Commeil se réjouissait de l’avoir avec lui à Rul !

Le Grand Maître fit un bref discours. La fête duOui démarrait, traditionnellement, le cycle d’été.Dastyr avait le devoir de lancer quelques incantationsau gré du vent qui les emporterait pour ensemencerles champs. Les récoltes étaient ainsi protégées desmaladies et des parasites.

Finn écouta attentivement la litanie monotoneque marmonnait le Grand Maître. Mais lui, contrai-rement au commun des mortels, en comprenaitchaque mot. Le Langage magique ne se dévoilaitqu’aux êtres vertueux.

Et qui pouvait être plus méritant que Finn?

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Chapitre 2Bon sang ne saurait mentir

Acer n’avait pas seulement épousé une grosse idiote.Oupalavi était aussi casse-pieds. Elle n’arrêtait pas degeindre pour un oui, pour un non. Si son plan ne luitenait pas autant à cœur, Acer aurait renoncé. Mais ilfallait en passer par là pour parvenir à ses fins.

– Ce voyage est interminable, pleurnicha Oupa-lavi en s’éventant. Et il fait une de ces chaleurs ! Jen’en peux plus de ce chariot et de ces cahots.

– Je sais, très chère, répondit Acer en lui tapotantla main. Votre calvaire sera bientôt terminé. J’aperçoisles toits du village.

– Et puis, quelle idée d’avoir emmené le Vidameavec nous ! Je déteste cet homme.

Oupalavi ne se donnait même pas la peine debaisser la voix. Larix Vibur, assis à l’avant près duconducteur, entendait chaque mot. Ce qui n’avait

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guère d’importance : il se moquait comme d’uneguigne de ce que pensait la Princesse.

– Mon aimée, c’est pour vous. Je m’inquiète devotre santé.

– C’est vrai que je ne me sens pas bien, admitOupalavi. J’ai perdu l’appétit depuis que ma sœur adisparu.

Elle secoua la tête tristement et renifla. L’arrivéedu convoi à Gobardon suscita l’émoi des habitants.Personne n’avait gardé un bon souvenir de la der-nière visite des Princes d’Hibah. À l’époque, Sambucétait encore vivant. Acer s’empressa de renvoyer aupalais les quelques Piquiers toujours en poste. Il nevoulait pas prendre de risques. Les mercenaires deson escorte, eux, ne poseraient pas de questionsembarrassantes…

– C’est un taudis ! s’exclama Oupalavi en décou-vrant la maison communale. Je ne vais pas dormirdans cette porcherie !

– Nous sommes chez les paysans, répondit Acer.Oupalavi croisa les bras sur son énorme poitrine

et se renfrogna. Acer lui assura que l’intérieur étaitconfortable. Dès son entrée dans les lieux, la Prin-cesse réclama son dîner. On lui servit de la soupe, dupain, des fromages et de la compote de fruits rouges.

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Comme Oupalavi se plaignait de cette nourriturepour les manants, on mit une belle poularde à rôtirdans l’âtre.

Acer prit le Vidame en aparté. Le moment luiparaissait bien choisi pour essayer sa drogue sur sonépouse.

– N’est-ce pas prématuré ? demanda Larix Vibur.– Pas du tout. Si Oupalavi a des crampes dès ce

soir, notre supercherie n’en paraîtra que plusconvaincante.

Le Vidame profita d’un moment d’inattention desserviteurs pour verser quelques gouttes de sa mixturedans le pot de bière. Acer observait sa femme quiengloutissait les fromages entiers.

– Il semblerait que l’appétit vous revienne,remarqua-t-il.

– Vous plaisantez ? Si j’étais dans mon état nor-mal, il m’en faudrait quatre fois plus ! Argh ! Cettebière ne désaltère même pas !

– Buvez-en davantage, conseilla Acer en remplis-sant sa coupe.

Oupalavi émit un monstrueux rot et se frottal’estomac.

– Oooh… J’ai dû manger trop vite. J’ai des gar-gouillis.

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– C’est du repos qu’il vous faut, dit Larix Vibur.Ce long trajet vous a exténuée.

– Mais… et la poularde ?– Elle n’est pas cuite, répondit Acer. Le Vidame a

raison : vous devriez vous étendre quelques instants.Venez.

Il l’aida à se lever de table et la conduisit dans lapièce attenante. Oupalavi s’affala sur la multitude decoussins moelleux qui couvraient la couche. Ellebâilla, gémit et se plaignit d’avoir mal au ventre.

Lorsque Acer retrouva Larix Vibur, celui-ci reti-rait une bûche du feu.

– Vous aussi, vous ne vous préoccupez que devous remplir la panse ! persifla Acer.

– J’ai congédié les serviteurs, rétorqua le Vidame.On ne va pas laisser brûler une volaille de cette qua-lité ! Votre chère et tendre est endormie ?

– Vous ne l’entendez pas ronfler d’ici ? Je suis unpeu déçu. J’espérais qu’elle allait se tordre de douleur !

– J’ai préféré ne pas abuser de la drogue, expli-qua le Vidame. Les poisons sont d’usage délicat. Ilétait inutile de forcer la dose. Et maintenant ?

Acer lui rappela qu’il avait envoyé un émissaireaux mercenaires qui tenaient la forteresse de Lur. Ladiscrétion étant de mise, le messager avait ordre

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d’attendre la nuit avant de se présenter au rapport. Ilsuffisait de patienter.

Le mercenaire entra par la fenêtre. À son expres-sion effrayée, le Vidame comprit tout de suite que leschoses ne s’étaient pas déroulées comme prévu. Laforteresse était-elle tombée aux mains des hommesd’Acer ? Peu probable… vu que leurs cadavresgisaient au fond du ravin ! Acer cligna des paupièresplusieurs fois de suite.

– Vous êtes sûr ? Sûr ? insista-t-il. N’étaient-cepas plutôt les Vénérables ?

– J’ai reconnu les couleurs du Premier Digni-taire ! Violet et argent ! Et les gilets de cuir ! Commele mien ! Les Vénérables ne portent pas de plaques defer sur leurs vêtements, non? Tous morts, je vous dis.C’était horrible. Les corps étaient à moitié dévoréspar les bêtes…

Acer resta muet. Larix Vibur donna un tour à lapoularde pour dissimuler un sourire de satisfaction. Ilse réjouissait des échecs successifs du Prince qu’ilhaïssait profondément. Le mercenaire se dandinaitd’un pied sur l’autre.

*

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– Bon… Je fais quoi, moi ?Acer serra les poings pour contrôler sa colère.– Disparaissez.Il n’eut pas à le répéter. Le mercenaire s’empressa

d’enjamber la fenêtre, trop heureux d’échapper à lafureur de son employeur.

– C’est pas possible ! éclata Acer. Bande d’inca-pables ! Lamentables crétins ! Pourquoi ? Pourquoiest-ce que je ne réussis jamais ?

– Faut croire que le vieux Dystar a encore de laressource.

– Et j’ignore toujours si Mélipona est à Lur ! Etvous, là, surtout ne m’aidez pas !

– Que voulez-vous que je fasse ? répondit LarixVibur en haussant les épaules.

– Cherchez une solution !Le Vidame se gratta le nez d’un air réfléchi.– Peut-être que… Partons du principe que la

Princesse n’est pas arrivée à la forteresse. Ce ne seraitpas si étonnant. Les routes d’Hibah et même d’Anabésont surveillées. Mélipona est vulnérable avec deuxnouveau-nés sur les bras et sans protection… elle aété contrainte de se cacher. Enfin, c’est mon avis. Sij’étais vous, je placerais mes hommes dans les collinesde Lur pour l’intercepter.

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Acer se mit à marcher de long en large dans lapièce. Larix Vibur piqua la volaille. Rôtie à point. Ill’ôta de la cheminée et la déposa sur un plat. Acers’immobilisa et le regarda s’installer à la table.

– Je m’en voudrais de troubler votre repas.– Je pense mieux quand je suis rassasié, dit le

Vidame en arrachant une cuisse.– Profitez-en. La pitance des prisons est bien

décevante.– C’est une menace ?– Si je ne deviens pas le Premier Dignitaire, celui

qui occupera le fauteuil risquera de vous trouvergênant.

– J’en déduis que je ne dois pas compter sur vouspour me protéger.

– J’aurai suffisamment à faire pour me protégermoi-même ! Il me faut le fils de Mélipona ! Dès queSambuc sera enterré, les autres Princes vont se jetersur moi comme une nuée de vautours ! Je n’auraisjamais cru dire ça un jour, mais j’en suis à regretterd’avoir tué Sambuc !

Un bruit. Comme un tissu que l’on déchire.Larix Vibur sursauta et se retourna. La tenture quiservait de porte venait d’être arrachée.

– Vous… vous avez tué mon père ?

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Le visage écarlate, les yeux exorbités, Oupalaviécumait de rage. Tiens, oui… songea le Vidame. Çafaisait un moment qu’on n’entendait plus les ronfle-ments. Acer joignit les mains comme s’il s’apprêtaità prier.

– Vous avez mal compris, mon aimée. Je me déso lais de la mort de Sambuc.

– J’ai très bien compris ! hurla Oupalavi. Com-ment… comment avez-vous osé ?

Son énorme corps parcouru de tremblementsfurieux, elle s’avança vers son époux. Acer recula.

– Vous faites erreur ! s’écria-t-il. Vidame ! Vousêtes témoin ! Je n’ai jamais…

Acer s’étrangla en voyant un sourire s’ébauchersur les lèvres de Larix Vibur. C’était peut-être foliede sa part, pourtant le Vidame saisit sa chance.

– Si. C’est ce que vous avez dit.D’un geste singulièrement rapide, Oupalavi s’em-

para de la broche qui trônait sur la table. La poulardes’y trouvait toujours empalée.

Acer contempla le jus de viande qui coulait sur sachemise en soie. Le sang s’y mêla bientôt, une tachede plus en plus grande, de plus en plus sombre… Labroche l’avait transpercé et la pointe dépassait du dos.Il tomba à genoux puis bascula sur le côté.

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Le Vidame se pencha pour le regarder et hocha latête. Dommage de gâcher une si belle poule…Oupalavi donna de violents coups de pied dans lecorps sans vie. Trahie par un homme à qui elle avaitoffert son cœur ! En qui son père avait confiance ! Ilne méritait même pas une sépulture. Qu’il pourrissedans un marécage !

Larix Vibur s’inquiétait. Un Prince assassiné, cen’était pas bon pour lui.

– Très chère, vous devez fuir au plus vite !– Quoi ? grogna Oupalavi. Pour quelle raison ?– Les mercenaires, bien sûr ! Dès qu’ils appren-

dront que leur chef est mort, ils réclameront ven-geance ! Ils vous tueront ! Vous !

– C’est absurde. Je suis une Princesse !– Et eux, de sinistres individus sans foi ni loi ! Que

la Toute-Puissance céleste vienne à votre secours !Oupalavi plissa le front, signe qu’elle réfléchissait.

Ne surtout pas lui laisser l’occasion d’analyser lasituation !

– Qu’allons-nous faire ? s’écria le Vidame. Ah !Qu’allons-nous faire ?

Il se tracassait pour rien. Oupalavi pensait à toutautre chose qu’à son sort.

– Mais… De quoi Acer parlait-il ? Je l’ai entendu

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dire qu’il lui fallait le fils de Mélipona. Et ne préten-dez pas que je n’ai pas compris, vous aussi !

– Je n’oserais pas !Il entreprit de lui raconter que sa sœur avait eu

des jumeaux et que, grâce à sa courageuse interven-tion, elle avait échappé à Acer. Comment lui, leVidame, n’avait pas hésité à se sacrifier pour égarerces chiens de mercenaires et comment, hélas, il avaitété capturé. Jusque-là, Oupalavi suivait à peu près. Ilfut beaucoup plus difficile de lui expliquer pourquoiAcer avait besoin du fils de Mélipona.

– Alors… Acer espérait me faire croire quej’avais eu un enfant ? Il était vraiment fou ! Il mesemble que je m’en apercevrais si j’accouchais !

– Il comptait vous droguer, dit le Vidame. C’estpourquoi il m’a contraint à venir ici. J’ai joué son jeupour mieux le contrecarrer.

– Où est Mélipona ?– Sous la protection des Vénérables. À la forte-

resse de Lur.– Je veux ma sœur, gronda Oupalavi.– C’est ça ! s’exclama Larix Vibur. Lur n’est qu’à

une journée… enfin, une nuit, de marche ! En par-tant sur-le-champ, nous y serons avant que les servi-teurs ne découvrent le corps !

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– De… marche ?– Vous savez monter à cheval ?Oupalavi resta bouche bée. À cheval ? À pied ? Le

Vidame soupira.– C’est que nous n’avons guère le choix. Nous

attarder plus longtemps réduit nos chances de succès.Et… hum… vous devrez enjamber la fenêtre. Je vaismettre des tabourets de chaque côté du mur pourvous aider.

Il craignit un instant que l’obstacle ne parût insur-montable à la Princesse. À sa grande surprise, celle-ci acquiesça. Oupalavi souleva les pans de sa robe,découvrant des mollets de la taille d’une poutre.Larix Vibur eut un vertige en imaginant ce qu’il luiarriverait si Oupalavi s’effondrait sur lui.

Elle passa l’épreuve.

Oupalavi serra les poings. Elle soufflait comme unbœuf, trébuchait à chaque pas, tenait bon. Le Vidames’attendait à des plaintes sans fin, des reproches, despleurnicheries de fille, en somme. Il n’évaluait pas ladétermination de la Princesse à sa juste valeur. Oupa-lavi ne s’enfuyait pas, elle allait retrouver sa sœur. Car

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* *

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Du même auteur à l’école des loisirs

Collection NEUF

Sorcier ! 1. Menteurs, charlatans et soudards

2. Le Frélampier3. Le premier temps du chaos4. L’Honorable et le Monarque

5. L’Étoile6. Les quatre Dragons7. Secrets et confiture

La chose qui ne pouvait pas existerWilliams et nous

Un ange avec des basketsVilaine fille

Un sale moment à passerL’esprit de la forêt

Jusqu’au bout de la peur

Collection MÉDIUM

Ailleurs rien n’est tout blanc ou tout noirLe puits d’amour

Un phare dans le cielL’enfant des ombresLa marque du diable

Derrière la porteL’écolier assassin

CelaLe petit cœur brisé

La chambre du penduJeu mortelPourquoi ?

C’est l’aventure (recueil de nouvelles collectif)Ailleurs

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© 2009, l’école des loisirs, Paris, pour l’édition papier© 2015, l’école des loisirs, Paris, pour l’édition numérique

Loi n° 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publicationsdestinées à la jeunesse : mars 2009

ISBN 978-2-211-22734-6 978-2-211-22736-0

www.centrenationaldulivre.fr