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Ăvacuation prĂ©ventive de la populationProtections obligatoires pour secouristesMaximum admis pour foetus, enfants et adolescents
Saint-Ătienne
Lausanne
Grenoble
Annecy
GenĂšve
BĂąle
Zurich
Lyon
BERNE
Propagation dâun nuage de particules radioactives 48 heures aprĂšs un accident hypothĂ©tique Ă la centrale nuclĂ©aire du Bugey (FR), selon des donnĂ©s mĂ©tĂ©o des 3 et 4 fĂ©vrier 2017.
BRAVO ! Deux Ă©vĂšnements majeurs se sont
produits en dĂ©cembre dernier : la vieille centrale de MĂŒhleberg a finalement fermĂ©, et le dĂ©partement français de lâAin sâest annoncĂ© volontaire pour accueillir des rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă la centrale du Bugey. Dans les deux cas, les autoritĂ©s et popula-tions locales se sont mobilisĂ©es.
Sans mobilisation locale, aurait-on fermĂ© MĂŒhleberg ?
Les riverains de la centrale ont dĂ©posĂ© des plaintes pour mise en danger. Des dizaines de communes suisses, dont Renens, Onex et GenĂšve, ont soutenu les plaignants en contribuant aux frais dâavocats. AprĂšs Fukushima, des jeunes, exigeant la ferme-ture de MĂŒhleberg, ont occupĂ© pendant 77 jours et nuits le parc de la Viktoriaplatz devant le siĂšge de BKW. Enfin, les normes de sĂ©curitĂ© Ă observer engendraient des travaux aux coĂ»ts prohibitifs.
Dans le cas du Bugey, lâannonce du dĂ©partement de lâAin a dĂ©clenchĂ© la « stupĂ©faction » dâAntonio Hodgers, prĂ©-sident du Conseil dâĂtat genevois, tandis que RĂ©my Pagani, municipal de GenĂšve, parlait de « projet du non-sens ». Les deux magistrats ont mandatĂ© un cĂ©lĂšbre bureau dâavocats pour entreprendre les dĂ©marches dâopposition au nom du Canton et de la Ville de GenĂšve.
Dans le cas de MĂŒhleberg, il nây avait aucune assurance de rĂ©ussir. Dans le cas du Bugey, lâincertitude rĂšgne encore. RĂ©sister demande une forte dĂ©termination. Depuis un an, nous constatons une rĂ©sur-gence de celle-ci dans la population vis-Ă -vis de notre impact sur la nature. Cette mobilisation peut se rĂ©vĂ©ler dĂ©terminante.
Nous disons « bravo ! » aux autoritĂ©s de GenĂšve, et nous encourageons dâautres autoritĂ©s locales Ă les rejoindre. Nous vous encourageons Ă prendre vos valeurs et prioritĂ©s plus que jamais au sĂ©rieux.
Merci de votre soutien !
shima est donc déjà bien réel avec les 4 réacteurs nucléaires déjà présents sur ce site. Y construire deux EPR prolonge-rait le risque de 60 années !
â En cas dâaccident nuclĂ©aire les vents du sud-ouest, qui soufflent le plus souvent dans la rĂ©gion, pousseraient la radioac-tivitĂ© vers la Suisse Romande. (Cf. Ă©tude EUNUPRI1). Lâargument climatique de lâabsence dâĂ©missions de CO2, avancĂ© par le lobby nuclĂ©aire pour promouvoir la construction de nouvelles centrales, se rĂ©vĂšle ĂȘtre faux : si lâon considĂšre toute la chaĂźne de la mine au dĂ©pĂŽt final, le courant Ă©lectrique dâorigine nuclĂ©aire est autant « chargĂ© de CO2 » que celui provenant dâune centrale Ă gaz Ă cycle combinĂ© efficiente, avec « en prime » les dĂ©chets nuclĂ©aires et les risques dâaccident...
Tous ces Ă©lĂ©ments devraient susciter lâintervention de nos autoritĂ©s cantonales et communales auprĂšs de la France pour empĂȘcher ces constructions. Câest mĂȘme leur devoir : la Constitution genevoise prĂ©cise Ă lâarticle 169 que « Les auto-ritĂ©s cantonales sâopposent par tous les moyens Ă leur disposition et dans la limite de leurs compĂ©tences aux installations de centrales nuclĂ©aires, de dĂ©pĂŽts de dĂ©chets radioactifs et dâusines de retraitement sur
Mars - Mai 2020 N°122
Sortir du nucléaire
Vous lâavez peut-ĂȘtre lu : lâĂtat français veut construire 6 nouvelles centrales nuclĂ©aires de type « rĂ©ac-teur europĂ©en Ă eau pressurisĂ©e » dites EPR, et les autoritĂ©s du dĂ©partement de lâAin ont deman-dĂ© que deux soient construites au Bugey, Ă une soixantaine de kilo-mĂštres de GenĂšve.
â Sur le papier les EPR devraient ĂȘtre plus sĂ»res que les centrales actuelle-ment en service, mais ĂlectricitĂ© de France (EDF) se montre incapable de les construire en respectant les spĂ©cifi-cations attendues. Ainsi Ă Flamanville (Normandie), les travaux ont dĂ©butĂ© en 2007, mais de nombreuses malfaçons ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes pendant les travaux, pas toutes corrigĂ©es par ailleurs, et la mise en service, qui Ă©tait planifiĂ©e pour 2012, maintes fois repoussĂ©e, ne sâeffec-tuera pas avant 2022. Quant au coĂ»t, estimĂ© Ă 3,3 milliards en 2006, il a Ă©tĂ© sans cesse rĂ©Ă©valuĂ© et devrait dĂ©passer les 12 milliards !
â Le site du Bugey est soumis Ă de forts risques sismiques et dâinondation en cas de rupture du barrage vieillissant de Vouglans sur la riviĂšre Ain. Le risque dâun accident du mĂȘme type quâĂ Fuku-
le territoire et au voisinage du canton ». Lâarticle 56 de la Constitution vaudoise « Ressources naturelles et Ă©nergie » prescrit que « lâĂtat et les communes (âŠ) colla-borent aux efforts tendant Ă se passer de lâĂ©nergie nuclĂ©aire » ... Or le Bugey nâest pas plus Ă©loignĂ© de la Suisse romande que les centrales nuclĂ©aires suisses.
Le conseiller administratif de la Ville de GenĂšve (dĂ©nommĂ© « municipal » dans dâautres cantons), RĂ©my Pagani, a dĂ©clarĂ© quâil « va faire la proposition de sâopposer Ă la candidature du choix du site du Bugey », et le prĂ©sident de la RĂ©publique et canton de GenĂšve, Antonio Hodgers, a affirmĂ© que le gouvernement va prendre ses dispo-sitions contre ce projet. « Le Canton a une obligation constitutionnelle Ă sâopposer Ă la construction de ces deux nouveaux rĂ©ac-teurs et il va le faire. » (24H â 10.1.2020)
Sortir du NuclĂ©aire a pris la plume pour sâadresser aux autres Villes et Cantons romands pour quâils sâassocient aux dĂ©marches genevoises. Nous attendons que tous.tes les politiciens.nes qui se sont exprimĂ©s.es pour la transition Ă©nergĂ©tique agissent dans ce sens.
Christian van Singer1 www.tinyurl.com/eunupri-court
LâĂDITORIAL Nouveaux rĂ©acteurs Ă nos portes ? Pas question !
Journal dâinformation
Vos dons nous sont précieux et indispensables. Un grand merci pour votre soutien !
Durant trois ans, trois cents scientifiques suisses, mandatĂ©s par la ConfĂ©dĂ©ration, ont Ă©valuĂ© le concept de neutralitĂ© carbone. Ce tournant Ă©nergĂ©tique ne sera possible quâen mobilisant tou.tes les acteur.rices de la sociĂ©tĂ©, citoyen.nes en tĂȘte !
RĂ©sultats de lâĂ©tude « La sortie des Ă©nergies fossiles et du nuclĂ©aire
dâici Ă 2050 est techniquement faisable, Ă©conomiquement intĂ©ressante et socialement supportable », rĂ©sume le professeur zĂŒri-chois Hans-Rudolf Schalcher, lâun des responsables de lâĂ©tude.
LâingĂ©nierie socialeLes propositions des scientifiques sont
prolifiques : la rĂ©novation thermique des logements et lâintĂ©gration du photovol-taĂŻque au bĂąti, la transformation des mobi-litĂ©s, les nouvelles technologies de lâĂ©nergie, la modernisation des centrales hydroĂ©-lectriques et le dĂ©ploiement de centrales solaires et Ă©oliennes.
Suisse ZĂ©ro fossile â ZĂ©ro nuclĂ©aire !
Les scientifiques soulignent lâimportance de la mise en place dâoutils et de bonnes pratiques pĂ©dagogiques pour obtenir lâad-hĂ©sion de la population. Les citoyen.nes deviennent acteur.rices du changement avec la crĂ©ation de coopĂ©ratives Ă©nergĂ©-tiques selon le professeur FrĂ©dĂ©ric Varone, de lâUniversitĂ© de GenĂšve. Quand il y a une volontĂ©, il y a des chemins et des moyens.
Maléka Mamodaly www.tinyurl.com/zeronuc-zerofoss
Swiss madePour une adhésion massive des citoyens.
nes, facteur indispensable Ă la rĂ©ussite de ce tournant, les scientifiques souhaitent impliquer les entreprises du pays Ă diffĂ©-rents niveaux, par exemple via leurs inves-tissements dans des installations dâĂ©ner-gies renouvelables en dehors et dans le pays.
Philippe de RougemontPrésident de Sortir du nucléaire
N°122 / MARS - MAI 2020 / JOURNAL DâINFORMATION SORTIR DU NUCLĂAIRE / P 2
La Suisse a décidé de sortir du nucléaire, mais continue de financer le programme européen Euratom. Ce programme sou-tient non seulement la fusion nucléaire mais aussi des programmes dans la fission.
Les montants que la Suisse alloue aux programmes Euratom et ITER sont trĂšs importants, et surtout dispro-portionnĂ©s par rapport Ă ce qui sâest fait dans le passĂ©, par rapport aux Ă©nergies renouvelables. De 1978 Ă 2011, la Suisse participait Ă ces programmes Ă hauteur de 4 Ă 26 millions de francs par annĂ©e. Pour la pĂ©riode 2013-2020, le montant est passĂ© soudainement Ă 41 millions par annĂ©e, soit une augmentation de 57% par rapport au montant le plus Ă©levĂ© octroyĂ© par le passĂ©. Pour ce qui est des crĂ©dits allouĂ©s aux « Ănergies sĂ»res, propres et efficaces » de 2013-2020, ils se montent Ă environ 235 millions contre 244 millions pour le nuclĂ©aire. Ces programmes octroient moins dâargent Ă toutes les Ă©nergies renouvelables rĂ©unies quâau seul nuclĂ©aire, cherchez lâerreur !
La fusion pas une prioritĂ©Ceci est dâautant plus surprenant que le Conseil fĂ©dĂ©ral
a dit clairement dans le message relatif au plan dâaction « Recherche Ă©nergĂ©tique suisse coordonnĂ©e » que la fusion nâĂ©tait pas une prioritĂ© ni Ă moyen ni Ă long terme, Ă©tant donnĂ© que la fusion ne serait pas en mesure de contri-buer Ă la couverture des besoins en Ă©lectricitĂ© dâici 2035, ni mĂȘme Ă lâhorizon 2050. La Commission fĂ©dĂ©rale pour la recherche Ă©nergĂ©tique CORE a confirmĂ© et dit claire-ment que les dĂ©penses pour ITER ne constituaient pas une prioritĂ©.
DĂšs lors, pourquoi octroyer autant dâargent aux programmes nuclĂ©aires europĂ©ens ? Ceci va Ă lâencontre de toute la stratĂ©gie Ă©nergĂ©tique du Conseil fĂ©dĂ©ral.
Chantage de lâUEĂ la dĂ©charge du Conseil fĂ©dĂ©ral, la Commission euro-
pĂ©enne nous a fait du chantage en nous disant que si nous ne participions pas aux programmes Euratom et Iter, nous ne pourrions pas non plus participer aux programmes-cadre de recherche et dâinnovation qui financent notam-ment la recherche suisse. Sauf quâentre-temps, il y a eu la votation du 9 fĂ©vrier 2014 sur lâinitiative « Halte Ă lâimmi-gration de masse ». Le lendemain, la Suisse Ă©tait effective-ment exclue du programme-cadre de recherche et dâinno-
Que fait la Suisse dans le programme Euratom ?
Propres, les renouvelables ?
vation MAIS pas dâEuratom. Ceci nous dĂ©montre quâil est tout-Ă -fait possible de dĂ©coupler les deux programmes.
Lors de la prochaine négociation, nous devrons séparer la discussion sur ces deux programmes-cadre.
DĂ©cider ce que nous finançonsLe but nâest pas de diminuer la participation de
la Suisse aux coĂ»ts totaux des encouragements Ă la recherche en Europe, mais de rĂ©orienter une grande partie des fonds, aujourdâhui allouĂ©s Ă Euratom et Ă ITER, vers les Ă©nergies renouvelables et lâeffica-citĂ© Ă©nergĂ©tique, notre vrai avenir Ă©nergĂ©tique. Les fonds destinĂ©s Ă ITER devront ĂȘtre fortement diminuĂ©s. Concernant la fission, il est Ă©vident quâil faut continuer Ă chercher des solutions aux dĂ©chets et au dĂ©mantĂšlement des centrales, mais il sâagit aussi dây faire participer de maniĂšre beaucoup plus importante les propriĂ©taires actuels des centrales nuclĂ©aires.
Exiger la transparenceLâautre problĂšme du programme Euratom est
son manque de transparence. La grande question est : Pourquoi la Suisse finance-t-elle la recherche sur de nouveaux rĂ©acteurs nuclĂ©aires, alors que nous avons dĂ©cidĂ© de sortir du nuclĂ©aire ? Voici la rĂ©ponse du Conseil fĂ©dĂ©ral du 29 mai 2019 : « La recherche sur le dĂ©veloppement de nouveaux rĂ©ac-teurs est intĂ©grĂ©e dans le sous-programme dĂ©diĂ© Ă la sĂ©curitĂ© des systĂšmes. Tous les projets y ont pour but dâamĂ©liorer la sĂ©curitĂ© des rĂ©acteurs nuclĂ©aires existants ou futurs. Une sĂ©paration objective des contributions dĂ©volues spĂ©cifiquement au dĂ©veloppement de nouveaux rĂ©acteurs nâest, pour cette raison, pas possible. » Cette rĂ©ponse est inquiĂ©tante, car le rapport intermĂ©diaire sur le programme Euratom publiĂ© le 1er dĂ©cembre 2017 par la Commission europĂ©enne donne des recommandations. Selon la recommandation n°7 : « Le groupe dâexperts est favorable Ă un programme Euratom fort pour contribuer Ă placer lâEurope Ă lâavant-garde de la production nuclĂ©aire et Ă maintenir son leadership technologique. »
Comme le DanemarkOn peut lĂ©gitimement se demander si la Suisse nâest
pas en train de financer, contre lâavis de son Parlement et
de sa population, la recherche sur de nouveaux rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă fission ainsi que les campagnes du lobby en faveur dâun renouveau de lâĂ©nergie nuclĂ©aire.
Il sâagira de discuter tous ces points pour la prochaine pĂ©riode du programme Euratom et de tirer au clair toutes ces interrogations qui nous laissent un goĂ»t dâarnaque Ă grande Ă©chelle. Câest peut-ĂȘtre pour cela que les dix partis reprĂ©sentĂ©s au Parlement danois ont tous annoncĂ© leur soutien Ă la rĂ©forme du traitĂ© Euratom. Leur principale plainte concerne la subvention de lâĂ©nergie nuclĂ©aire par lâUE en vertu du traitĂ©, car mĂȘme les pays non nuclĂ©aires tels que le Danemark sont obligĂ©s de subventionner Euratom. Affaire Ă suivreâŠ
Dr Isabelle ChevalleyConseillĂšre nationale
Isabelle Chevalley devant le Palais Fédéral
Le neodymium est utilisé pour créer des aimants puissants
Lâimpact Ă©cologique des Ă©nergies renouvelables est dĂ©noncĂ© dans le livre choc de Guillaume Pitron La guerre des mĂ©taux rares. Lecture attentive et contre-enquĂȘte.
Un livre Ă chargeJusquâĂ la page 230 (sur 253), câest un
livre uniquement Ă charge. Je dois lâad-mettre : il mâa presque convaincue que le tournant Ă©nergĂ©tique Ă©tait sale. Les mĂ©taux rares sont prĂ©sents dans tous les sous-sols du monde, mais, pour lâinstant, seule la Chine les exploite. Lâextraction miniĂšre et le raffinage des terres rares polluent des milliers dâhectares du pays, empoisonnent des millions de ses habitants et exploitent des enfants... Bref, ce nâest pas mieux que dâextraire de lâuranium au Niger ou que dâexporter nos dĂ©chets nuclĂ©aires en Russie pour ne plus les voir. La « rĂ©volution verte » ne serait pas toujours si verte que ça !
Une pollution dĂ©localisĂ©eContrairement Ă lâĂšre des voitures au
diesel et des centrales Ă charbon dont la pollution noire est visible chez nous, les pollutions que Guillaume Pitron attribue aux Ă©nergies vertes sont dĂ©localisĂ©es vers les zones miniĂšres. Jusque dans les annĂ©es 80, la moitiĂ© des terres rares mondiales Ă©tait obtenues en Charente-Maritime dans une usine RhĂŽne-Poulenc, sponsor de lâĂ©mis-sion UshuaĂŻa de Nicolas Hulot. Depuis, la
France a laissĂ© cette activitĂ© extrĂȘmement polluante se dĂ©localiser en Chine.
Les renouvelables trÚs peu concer-nées
AprĂšs enquĂȘte, nous avons dĂ» rela-tiviser lâaffirmation spectaculaire faite par lâauteur. Dans leur grande majoritĂ©, panneaux photovoltaĂŻques et Ă©oliennes sont
fabriquĂ©s sans mĂ©taux rares. Selon lâAgence gouvernementale française Ademe, 3% des Ă©oliennes terrestres et 10% des panneaux solaires contiennent encore des mĂ©taux rares. Le secteur le plus en cause, auquel les renouvelables font aussi appel, câest la fabrication dâappareillages Ă©lectronique : tĂ©lĂ©phones, ordinateurs, serveurs, gadgets connectĂ©s, etc.
ĂpiloguePrendre au sĂ©rieux lâavertissement du
livre revient Ă bannir, parmi les panneaux solaires et Ă©oliennes (notamment offshore), ceux qui requiĂšrent des mĂ©taux rares, et Ă agir pour drastiquement diminuer le besoin dâappareils informatiques neufs en dynamisant le secteur de la rĂ©paration et en relocalisant lâextraction des terres rares en Europe, sous nos yeux et sous notre lĂ©gis-lation.
Alice Martin et Philippe de Rougemont Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La
face cachée de la transition énergétique et numé-
rique, Ăditions Les Liens qui libĂšrent, 2018
N°122 / MARS - MAI 2020 / JOURNAL DâINFORMATION SORTIR DU NUCLĂAIRE / P 3
Produire des panneaux photovoltaĂŻques ? En Suisse !
Pascal Cretton est la cheville ouvriĂšre et pensante de Sebasol, la coopĂ©rative dâauto-production de panneaux solaires thermiques. Il propose un usage diffĂ©rent de la surcapaci-tĂ© de production estivale du photovoltaĂŻque.
Dans son rĂ©cent livre Le plan solaire et climat, le conseiller national socia-liste et prĂ©sident de Swis-solar. Roger Nordmann, propose de multiplier la production solaire photo-voltaĂŻque suisse par 25 en couvrant non seulement les toits mais aussi les parkings, routes, murs anti-bruit et mĂȘme certains pĂąturages. Cela permettra, selon lui, de compenser lâarrĂȘt des centrales nuclĂ©aires et lâĂ©lec-trification du parc auto-mobile notamment. Pour rĂ©pondre Ă la problĂ©matique de la variation saisonniĂšre de la production solaire, il suggĂšre de viser « lâautarcie annuelle » : câest Ă dire que
lâĂ©lectricitĂ© importĂ©e en hiver ne devra pas dĂ©passer celle qui est exportĂ©e en Ă©tĂ©. Il compte notamment sur les solu-tions de stockage high-tech (pompage-turbinage, rehaus-sement des barrages, power-to-gas, batteries sur le rĂ©seau) pour atteindre cet objectif.
La Suisse peut produire ces panneaux avec la surpro-duction dâĂ©lectricitĂ© estivale. PrĂ©cisĂ©ment celle dĂ©criĂ©e par
M. Nordmann. La production se ferait donc non seule-ment avec beaucoup moins de CO2 quâavec des centrales Ă charbon chinoises, mais aussi avec moins de transports, dâintermĂ©diaires, et surtout avec un contrĂŽle sur les condi-tions sociales et environnementales de production. Cette production doit concerner les cellules, et pas seulement leur assemblage. Elle peut ĂȘtre saisonniĂšre, crĂ©era de lâem-ploi en Suisse et profitera de la sympathie du label Swiss Made qui oblige Ă engager une main-dâĆuvre suisse.
Vous mâobjecterez que ces panneaux vont ĂȘtre chers. Plus chers que ceux produits en Chine. Certes, tout simplement parce quâen Chine, vous faites des Ă©conomies grĂące Ă lâexploitation de la main-dâĆuvre et Ă lâĂ©vitement des coĂ»ts environnementaux. Ce qui, dans une optique de dĂ©veloppement durable, est tout simplement indĂ©fen-dable. Est-ce quâon peut se le permettre ? Sans problĂšme, car sinon, on ne pourrait pas non plus se payer une armĂ©e, un systĂšme de santĂ©, de retraites, une justice, etc., qui coĂ»tent bien plus cher. Jâai aussi entendu Ă©noncer des centaines de millions de francs prĂ©sents ou futurs pour la RU ou la RPC qui iront donc in fine en partie en poches chinoises, via panneaux interposĂ©s. Je ne vois donc pas de difficultĂ©s Ă attribuer une partie de cette manne Ă©tatique Ă la production de panneaux made in Switzerland.
Pascal CrettonArticle paru dans lâAderoscope N°79
Notre Ă©tude nuage voyage Ă lâEst
Claudio KnĂŒsli mâa dit que vous vouliez faire connaĂźtre lâĂ©tude en Europe.
Oui, sans une bonne recherche empi-rique et des informations prĂ©cises, les sociĂ©tĂ©s ne sont pas en mesure dâĂ©valuer la lĂ©gitimitĂ© des dĂ©cisions prises en leur nom (la Hongrie a signĂ© un accord avec la Russie pour deux nouveaux rĂ©acteurs, ndlr). Il est important que ces travaux soient largement diffusĂ©s. Les rĂ©sultats de cette Ă©tude sont captivants et seront utiles pour ouvrir les yeux tant du grand public que des dĂ©cideurs politiques dans de nombreux contextes et pays. La complexitĂ© de la mĂ©thodologie utilisĂ©e est impression-nante. La rigueur de son approche scienti-fique est un Ă©lĂ©ment qui la rend prĂ©cieuse.
Lâampleur des questions quâelle aborde est assez stupĂ©fiante, telle la probabilitĂ© que les scĂ©narios dâaccidents nuclĂ©aires futurs soient mal gĂ©rĂ©s par les Ătats.
Plus prĂ©cisĂ©ment comment comptez-vous utiliser lâĂ©tude ?
En termes de sensibilisation, mon premier objectif est de rendre les vidĂ©os de simu-lation disponibles en anglais, allemand, hongrois, polonais et bulgare. JâespĂšre quâil y aura des fonds pour la traduction du rĂ©sumĂ© de lâEUNUPRI dans plusieurs autres langues, en particulier en russe. Jâai-merais Ă©galement transmettre Ă un membre de lâautoritĂ© nuclĂ©aire hongroise (HAEA) certaines des recommandations de lâĂ©tude.
Aussi, lors dâune rĂ©cente discussion avec
Christiana Mauro, avocate engagĂ©e spĂ©-cialisĂ©e dans lâaccĂšs du public Ă lâinformation, habite Ă Budapest. Lâautomne passĂ©, lors dâune confĂ©rence Ă Vienne, elle a rencon-trĂ© lâoncologue bĂąlois Claudio KnĂŒsli, un des corĂ©dacteurs de notre Ă©tude EUNUPRI1 sur le dĂ©placement de parti-cules radioactives aprĂšs une catastrophe nu-clĂ©aire en Suisse. Nous lâavons interviewĂ©e lors de son passage Ă GenĂšve. Extraits.
le directeur scientifique de lâIASS â un institut de Potsdam qui Ă©value les risques systĂ©miques pour lâenvironnement â, jâai appris que depuis que lâAllemagne a dĂ©cidĂ© de sortir du nuclĂ©aire, lâinstitut a cessĂ© ses activitĂ©s liĂ©es au nuclĂ©aire. Lors dâune rĂ©union de suivi que jâaurai avec le direc-teur, la vidĂ©o de simulation dâaccident de Leibstadt2 servira Ă accompagner les argu-ments qui pourraient inciter lâinstitut Ă reconsidĂ©rer sa position. LâĂ©tude souligne que, selon lâIPPNW, en cas dâaccident nuclĂ©aire dans la rĂ©gion, aucun pays ne serait aussi gravement touchĂ© que lâAlle-magne. Les conclusions de cette Ă©tude obligeront les gens Ă envisager de sombres scĂ©narios futurs auxquels nous ne sommes pas prĂ©parĂ©s.
Lâorigine suisse de lâĂ©tude vous a Ă©tonnĂ©e ?
Sâil est vrai que la probabilitĂ© dâun acci-dent nuclĂ©aire majeur en Suisse est en fait 20 fois plus Ă©levĂ©e que lâestimation des organismes internationaux de sĂ»retĂ© du nuclĂ©aire, alors cette preuve doit ĂȘtre partagĂ©e. Je sais que la science et la tech-nologie ont toujours Ă©tĂ© au centre de lâĂ©co-nomie suisse et que ce pays a une longue histoire de succĂšs dans ces domaines. La Suisse est aussi gĂ©nĂ©ralement connue pour sa tendance au conservatisme et Ă la stricte application des rĂšgles. Le fait quâun pays, dont les normes sont parmi les plus Ă©levĂ©es au monde, soit capable dâĂȘtre aussi nĂ©gligent dans ses estimations, ses mesures de sauvegarde et ses stratĂ©gies de gestion des catastrophes, donne Ă rĂ©flĂ©chir. Câest un exemple particuliĂšrement dĂ©concertant de normes de gouvernance inacceptables. Dans un pays dont lâindĂ©pendance est souvent dĂ©finie par sa prĂ©paration mili-taire, pourquoi le Conseil fĂ©dĂ©ral suisse est-il si peu prĂ©parĂ© lorsquâil sâagit dâĂ©valuer
les risques dâune des technologies les plus dangereuses au monde ?
Quâest-ce qui vous motive Ă inter-venir sur la question nuclĂ©aire ?
Au dĂ©part, je mâinquiĂ©tais de la corrup-tion UE-Hongrie-Russie liĂ©e au projet de centrale nuclĂ©aire Paks II. Lorsque la Commission europĂ©enne a abandonnĂ© lâune de ses procĂ©dures dâinfraction contre la Hongrie pour non-respect du droit communautaire, elle lâa fait sans aucune justification juridique valable. Politico et dâautres mĂ©dias ont fait Ă©tat des diffĂ©rents acteurs ayant des intĂ©rĂȘts privĂ©s qui ont contribuĂ© Ă cette dĂ©cision. La dĂ©cision nâa pas Ă©tĂ© prise conformĂ©ment Ă la loi ou dans lâintĂ©rĂȘt du public.
Les dĂ©rives et les fausses affirmations de lâindustrie nuclĂ©aire, et le danger que la minimisation des risques reprĂ©sente pour la planĂšte, mâindignent. Peu de gens sont conscients des risques. La personne moyenne fait trois hypothĂšses liĂ©es au nuclĂ©aire :
1. Les sources dâĂ©nergie que son gouver-nement favorise seront aussi Ă©conomique-ment viables que possible.
2. Il existe un contrÎle de qualité suffi-sant dans le secteur nucléaire, dû à la nature hautement dangereuse de son fonc-tionnement.
3. Les leçons tirées de la catastrophe de Tchernobyl auront eu un effet sur la régle-mentation et les précautions de sécurité.
Plus jâapprofondis le sujet, plus je dĂ©couvre que ces hypothĂšses sont fausses.
Propos recueillis par Philippe de Rougemont
1 www.tinyurl.com/eunupri-court
2 www.tinyurl.com/leibstadt-eunupri
Christiana Mauro
Fabrication de panneaux solaires dans lâusine de Solar Plus AG Ă Thoune (BE). Image 3S Solar Plus AG
N°122 / MARS - MAI 2020 / JOURNAL DâINFORMATION SORTIR DU NUCLĂAIRE / P 4
Association Sortir du nuclĂ©aireRue du CrĂȘt 22, 2300 La Chaux-de-Fondswww.sortirdunucleaire.chinfo@sortirdunucleaire.ch078 619 02 50 // CCP 10-19179-8
Le comité Philippe de Rougemont, président ; Christian van Singer, porte-parole ; IrÚne Anex-dit-Chenaud, trésoriÚre ; Kurt Fischer ;Erica Hennequin ; Marc Oran ; Claire Peter.Le secrétariatMaléka Mamodaly, secrétaire générale ; Sophie Laissue, secrétaire administrative.
BRĂVES & ĂVĂNEMENTS
ImpressumĂditeur : Association Sortir du nuclĂ©aire. Mise en page : Jonas Scheu, AMRIT MEDIAS. Fichier : Sophie Laissue. Imprimerie : ROPRESS. Mise sous pli : TRAJETS. RĂ©daction : Isabelle Chevalley; Pascal Cretton; Erica Hennequin ; Sophie Laissue; MalĂ©ka Mamodaly; Alice Martin ; Christiana Mauro; Claire Peter; Philippe de Rougemont (coordination); Christian van Singer. Tirage : 2â800 ex. ImprimĂ© avec du courant 100 % renouvelable. Papier 100 % recyclĂ© CyclusOffset. PĂ©riodicitĂ© : 4 x par an. DestinĂ© aux membres de lâassociation. La rĂ©daction Ă©picĂšne des articles relĂšve du libre choix de de chaque auteur dâarticle.
En SuĂšde, une employĂ©e dâONG enseigne lâutilisation responsable dâInternet ; prĂšs de Seattle, une chimiste crĂ©e et vend en ligne des produits de beautĂ© ; Ă GenĂšve, une ingĂ©nieure code le jour et pirate Internet la nuit ; Ă Singa-pour, un adolescent a abandonnĂ© ses Ă©tudes et joue en ligne toute la journĂ©e dans sa chambre ; dans les fonds marins, un plongeur professionnel installe des cĂąbles.
Une idĂ©e germe chez quelques-uns, tantĂŽt sĂ©rieuse, tantĂŽt ludique : arrĂȘter Internet en dĂ©truisant physiquement les
connexions. Certains se sont rencontrĂ©s par Internet, et câest aussi par le Net quâils organisent la panne.
Lâhistoire pose des questions en chaĂźne. Lâextraction des terres rares pour nos tablettes et tĂ©lĂ©phones mobiles attente Ă la santĂ© des ouvriers et pollue lâeau et la terre. LâĂ©nergie nĂ©ces-saire aux serveurs dĂ©gage une chaleur qui participe au chan-gement du climat. Les millions de kilomĂštres de cĂąbles au fond des ocĂ©ans impactent la faune. En bref, ces installations secrĂštes et sĂ©curisĂ©es participent Ă la complexitĂ© et Ă la vulnĂ©rabilitĂ© de notre nouveau monde. Dâaf-
folantes quantitĂ©s dâĂ©nergie sont consom-mĂ©es non seulement pour de simples saluts, blagues entre amis, vidĂ©os familiales,
mais aussi pour tout lâĂ©chafaudage de notre systĂšme financierâŠ
Dans ce roman pas de chiffres, mais une intrigue quâon ne lĂąche pas et qui ne laisse pas indiffĂ©rent, apportant des images et des Ă©motions sur un sujet familier, mais qui sâavĂšre moins connu, plus complexe et incontournable quâon ne le pense. Vivre sans le Net ? maintenant ? comment ?
Lâauteur a reçu en 2011 le Prix Nicolas Bouvier au festival Ătonnants Voyageurs Ă Saint-Malo pour Chroniques de lâOcci-dent nomade. Elle a Ă©galement publiĂ© en 2015 Les neiges de Damas. Elle est membre du collectif AJAR.
Claire Peter, membre du comitéAude SEIGNE, Une toile large comme le monde,
Zoé, 2017
En novembre, nous vous annoncions des ventes de pommes pour soutenir lâaction de lâInstitut Belrad en BiĂ©lorussie. Pour rappel, plus de 500â000 enfants vivent sur un sol contaminĂ© pour des siĂšcles par lâex-plosion de la centrale nuclĂ©aire de Tcher-nobyl.
Les 5 et 12 dĂ©cembre 2020, Sortir du nuclĂ©aire Ă GenĂšve, le 14 dĂ©cembre dernier, lâAJUNN (Alliance jurassienne non au nuclĂ©aire) Ă DelĂ©mont, ont orga-nisĂ© des ventes de pommes. De dĂ©licieuses pommes bio que vous avez Ă©tĂ© nombreux.ses Ă acheter. Avec curiositĂ©. Avec solida-ritĂ©. Une cure de pectine permet de rĂ©duire de 50% Ă 70% la contamination interne des enfants en CĂ©sium 137. En finançant de telles cures, nous luttons contre les effets de la catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl !
Les bĂ©nĂ©fices rĂ©alisĂ©s serviront Ă soutenir le travail lâInstitut BELRAD en BiĂ©lorussie. Merci Ă lâAJUNN de son soutien engagĂ© et dynamique !
Sophie Laissue Fattebertwww.enfants-tchernobyl-belarus.org
Au lendemain de Fukushima, des dizaines de personnes ont campĂ© pendant 77 jours sur la Viktoriaplatz Ă Berne en face du siĂšge de BKW, exploitant de la vieille casserole de MĂŒhleberg. Les occupants exigeaient la fermeture de la centrale. Quelques annĂ©es plus tard, vendredi 20 dĂ©cembre dernier, une derniĂšre occupation Ă©tait organisĂ©e pour fĂȘter la fermeture dĂ©finitive de la centrale. Le municipal RĂ©my Pagani venu de GenĂšve Ă©tait parmi la centaine de personnes prĂ©sentes pour marquer lâĂ©vĂ©nement, pendant que BKW organisait sa propre cĂ©rĂ©monie Ă la centrale, Ă 15km de la capitale. Le soir venu, nous Ă©tions une centaine de personnes Ă la place Neuve (GenĂšve) au stand de ContrAtom pour un buffet typique de cette association experte en art protestataire autant que culinaire. Nous avons pris de lâentrain et des forces pour mener et remporter la campagne pour une fermeture des centrales, en dehors de raisons « Ă©conomiques ».
Voir le film « 77 Tage sind nicht genug »
www.tinyurl.com/77-nicht-genug
Aux marchés de Delémont et GenÚve
Lu pour vous : Une toile large comme le monde
XYZ
20.12.2019 de gauche Ă droite puis en bas: RĂ©my Pagani Ă Berne; enterrement symbolique de la centrale de MĂŒhleberg Ă la place de Neuve (GenĂšve); Anne-CĂ©cile Reimann, prĂ©sidente de ContrAtom scande une chanson antinuclĂ©aires, le public entonne les refrains. Photos: Erwin Weiss et JJ Kissling.
A G E N D A
Energissima Salon romand Ă©nergie, habitat et mobilitĂ©23 â 26 avril 2020Espace GruyĂšre, Bullewww.energissima.ch/fr
GrÚve nationale pour le climat 15 mai 2020Nombreux rendez-vous décentraliséspour la préparation de la grÚvewww.climatestrike.ch/fr/events
Glaciers, climat, Ă©nergie : exposition13 juin â 18 octobre 2020Centre Pro Natura dâAletschVilla Cassel â Riederalpwww.pronatura-aletsch.ch/fr
Aude Seigne. Image Romain GuĂ©lat, Ăditions ZoĂ©
«Ce nâest plus aux frontiĂšres quâil faut dĂ©fendre le sol de la patrie, câest ici oĂč vous campez.»
Denis de Rougemont, extrait dâun message de soutien lu aux occupants de Kaiseraugst, 1975
Adieu Ă MĂŒhleberg