4
100 mSv 50 mSv 20 mSv 6 mSv 1 mSv 0,2 mSv Évacuation prĂ©ventive de la population Protections obligatoires pour secouristes Maximum admis pour foetus, enfants et adolescents Saint-Étienne Lausanne Grenoble Annecy GenĂšve BĂąle Zurich Lyon BERNE Propagation d’un nuage de particules radioactives 48 heures aprĂšs un accident hypothĂ©tique Ă  la centrale nuclĂ©aire du Bugey (FR), selon des donnĂ©s mĂ©tĂ©o des 3 et 4 fĂ©vrier 2017. BRAVO ! Deux Ă©vĂšnements majeurs se sont produits en dĂ©cembre dernier : la vieille centrale de MĂŒhleberg a ïŹnalement fermĂ©, et le dĂ©partement français de l’Ain s’est annoncĂ© volontaire pour accueillir des rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă  la centrale du Bugey. Dans les deux cas, les autoritĂ©s et popula- tions locales se sont mobilisĂ©es. Sans mobilisation locale, aurait-on fermĂ© MĂŒhleberg ? Les riverains de la centrale ont dĂ©posĂ© des plaintes pour mise en danger. Des dizaines de communes suisses, dont Renens, Onex et GenĂšve, ont soutenu les plaignants en contribuant aux frais d’avocats. AprĂšs Fukushima, des jeunes, exigeant la ferme- ture de MĂŒhleberg, ont occupĂ© pendant 77 jours et nuits le parc de la Viktoriaplatz devant le siĂšge de BKW. EnïŹn, les normes de sĂ©curitĂ© Ă  observer engendraient des travaux aux coĂ»ts prohibitifs. Dans le cas du Bugey, l’annonce du dĂ©partement de l’Ain a dĂ©clenchĂ© la « stupĂ©faction » d’Antonio Hodgers, prĂ©- sident du Conseil d’État genevois, tandis que RĂ©my Pagani, municipal de GenĂšve, parlait de « projet du non-sens ». Les deux magistrats ont mandatĂ© un cĂ©lĂšbre bureau d’avocats pour entreprendre les dĂ©marches d’opposition au nom du Canton et de la Ville de GenĂšve. Dans le cas de MĂŒhleberg, il n’y avait aucune assurance de rĂ©ussir. Dans le cas du Bugey, l’incertitude rĂšgne encore. RĂ©sister demande une forte dĂ©termination. Depuis un an, nous constatons une rĂ©sur- gence de celle-ci dans la population vis- Ă -vis de notre impact sur la nature. Cette mobilisation peut se rĂ©vĂ©ler dĂ©terminante. Nous disons « bravo ! » aux autoritĂ©s de GenĂšve, et nous encourageons d’autres autoritĂ©s locales Ă  les rejoindre. Nous vous encourageons Ă  prendre vos valeurs et prioritĂ©s plus que jamais au sĂ©rieux. Merci de votre soutien ! shima est donc dĂ©jĂ  bien rĂ©el avec les 4 rĂ©acteurs nuclĂ©aires dĂ©jĂ  prĂ©sents sur ce site. Y construire deux EPR prolonge- rait le risque de 60 annĂ©es ! – En cas d’accident nuclĂ©aire les vents du sud-ouest, qui souïŹ„ent le plus souvent dans la rĂ©gion, pousseraient la radioac- tivitĂ© vers la Suisse Romande. (Cf. Ă©tude EUNUPRI 1) . L’argument climatique de l’absence d’émissions de CO2, avancĂ© par le lobby nuclĂ©aire pour promouvoir la construction de nouvelles centrales, se rĂ©vĂšle ĂȘtre faux : si l’on considĂšre toute la chaĂźne de la mine au dĂ©pĂŽt ïŹnal, le courant Ă©lectrique d’origine nuclĂ©aire est autant « chargĂ© de CO2 » que celui provenant d’une centrale Ă  gaz Ă  cycle combinĂ© eïŹƒciente, avec « en prime » les dĂ©chets nuclĂ©aires et les risques d’accident... Tous ces Ă©lĂ©ments devraient susciter l’intervention de nos autoritĂ©s cantonales et communales auprĂšs de la France pour empĂȘcher ces constructions. C’est mĂȘme leur devoir : la Constitution genevoise prĂ©cise Ă  l’article 169 que « Les auto- ritĂ©s cantonales s’opposent par tous les moyens Ă  leur disposition et dans la limite de leurs compĂ©tences aux installations de centrales nuclĂ©aires, de dĂ©pĂŽts de dĂ©chets radioactifs et d’usines de retraitement sur Mars - Mai 2020 N°122 Sortir du nuclĂ©aire Vous l’avez peut-ĂȘtre lu : l’État français veut construire 6 nouvelles centrales nuclĂ©aires de type « rĂ©ac- teur europĂ©en Ă  eau pressurisĂ©e » dites EPR, et les autoritĂ©s du dĂ©partement de l’Ain ont deman- dĂ© que deux soient construites au Bugey, Ă  une soixantaine de kilo- mĂštres de GenĂšve. – Sur le papier les EPR devraient ĂȘtre plus sĂ»res que les centrales actuelle- ment en service, mais ÉlectricitĂ© de France (EDF) se montre incapable de les construire en respectant les spĂ©ciïŹ- cations attendues. Ainsi Ă  Flamanville (Normandie), les travaux ont dĂ©butĂ© en 2007, mais de nombreuses malfaçons ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes pendant les travaux, pas toutes corrigĂ©es par ailleurs, et la mise en service, qui Ă©tait planiïŹĂ©e pour 2012, maintes fois repoussĂ©e, ne s’eïŹ€ec- tuera pas avant 2022. Quant au coĂ»t, estimĂ© Ă  3,3 milliards en 2006, il a Ă©tĂ© sans cesse rĂ©Ă©valuĂ© et devrait dĂ©passer les 12 milliards ! – Le site du Bugey est soumis Ă  de forts risques sismiques et d’inondation en cas de rupture du barrage vieillissant de Vouglans sur la riviĂšre Ain. Le risque d’un accident du mĂȘme type qu’à Fuku- le territoire et au voisinage du canton ». L’article 56 de la Constitution vaudoise « Ressources naturelles et Ă©nergie » prescrit que « l’État et les communes (
) colla- borent aux eïŹ€orts tendant Ă  se passer de l’énergie nuclĂ©aire » ... Or le Bugey n’est pas plus Ă©loignĂ© de la Suisse romande que les centrales nuclĂ©aires suisses. Le conseiller administratif de la Ville de GenĂšve (dĂ©nommĂ© « municipal » dans d’autres cantons), RĂ©my Pagani, a dĂ©clarĂ© qu’il « va faire la proposition de s’opposer Ă  la candidature du choix du site du Bugey », et le prĂ©sident de la RĂ©publique et canton de GenĂšve, Antonio Hodgers, a aïŹƒrmĂ© que le gouvernement va prendre ses dispo- sitions contre ce projet. « Le Canton a une obligation constitutionnelle Ă  s’opposer Ă  la construction de ces deux nouveaux rĂ©ac- teurs et il va le faire. » (24H – 10.1.2020) Sortir du NuclĂ©aire a pris la plume pour s’adresser aux autres Villes et Cantons romands pour qu’ils s’associent aux dĂ©marches genevoises. Nous attendons que tous.tes les politiciens.nes qui se sont exprimĂ©s.es pour la transition Ă©nergĂ©tique agissent dans ce sens. Christian van Singer 1 www.tinyurl.com/eunupri-court L’ÉDITORIAL Nouveaux rĂ©acteurs Ă  nos portes ? Pas question ! Journal d’information Vos dons nous sont prĂ©cieux et indispensables. Un grand merci pour votre soutien ! Durant trois ans, trois cents scientiïŹques suisses, mandatĂ©s par la ConfĂ©dĂ©ration, ont Ă©valuĂ© le concept de neutralitĂ© carbone. Ce tournant Ă©nergĂ©tique ne sera possible qu’en mobilisant tou.tes les acteur.rices de la sociĂ©tĂ©, citoyen.nes en tĂȘte ! RĂ©sultats de l’étude « La sortie des Ă©nergies fossiles et du nuclĂ©aire d’ici Ă  2050 est techniquement faisable, Ă©conomiquement intĂ©ressante et socialement supportable », rĂ©sume le professeur zĂŒri- chois Hans-Rudolf Schalcher, l’un des responsables de l’étude. L’ingĂ©nierie sociale Les propositions des scientiïŹques sont proliïŹques : la rĂ©novation thermique des logements et l’intĂ©gration du photovol- taĂŻque au bĂąti, la transformation des mobi- litĂ©s, les nouvelles technologies de l’énergie, la modernisation des centrales hydroĂ©- lectriques et le dĂ©ploiement de centrales solaires et Ă©oliennes. Suisse ZĂ©ro fossile – ZĂ©ro nuclĂ©aire ! Les scientiïŹques soulignent l’importance de la mise en place d’outils et de bonnes pratiques pĂ©dagogiques pour obtenir l’ad- hĂ©sion de la population. Les citoyen.nes deviennent acteur.rices du changement avec la crĂ©ation de coopĂ©ratives Ă©nergĂ©- tiques selon le professeur FrĂ©dĂ©ric Varone, de l’UniversitĂ© de GenĂšve. Quand il y a une volontĂ©, il y a des chemins et des moyens. MalĂ©ka Mamodaly www.tinyurl.com/zeronuc-zerofoss Swiss made Pour une adhĂ©sion massive des citoyens. nes, facteur indispensable Ă  la rĂ©ussite de ce tournant, les scientiïŹques souhaitent impliquer les entreprises du pays Ă  diïŹ€Ă©- rents niveaux, par exemple via leurs inves- tissements dans des installations d’éner- gies renouvelables en dehors et dans le pays. Philippe de Rougemont PrĂ©sident de Sortir du nuclĂ©aire

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Page 1: Sortir du nucl aire - amisdelaterre74.org

100 mSv50 mSv20 mSv

6 mSv1 mSv

0,2 mSv

Évacuation prĂ©ventive de la populationProtections obligatoires pour secouristesMaximum admis pour foetus, enfants et adolescents

Saint-Étienne

Lausanne

Grenoble

Annecy

GenĂšve

BĂąle

Zurich

Lyon

BERNE

Propagation d’un nuage de particules radioactives 48 heures aprĂšs un accident hypothĂ©tique Ă  la centrale nuclĂ©aire du Bugey (FR), selon des donnĂ©s mĂ©tĂ©o des 3 et 4 fĂ©vrier 2017.

BRAVO ! Deux Ă©vĂšnements majeurs se sont

produits en dĂ©cembre dernier : la vieille centrale de MĂŒhleberg a finalement fermĂ©, et le dĂ©partement français de l’Ain s’est annoncĂ© volontaire pour accueillir des rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă  la centrale du Bugey. Dans les deux cas, les autoritĂ©s et popula-tions locales se sont mobilisĂ©es.

Sans mobilisation locale, aurait-on fermĂ© MĂŒhleberg ?

Les riverains de la centrale ont dĂ©posĂ© des plaintes pour mise en danger. Des dizaines de communes suisses, dont Renens, Onex et GenĂšve, ont soutenu les plaignants en contribuant aux frais d’avocats. AprĂšs Fukushima, des jeunes, exigeant la ferme-ture de MĂŒhleberg, ont occupĂ© pendant 77 jours et nuits le parc de la Viktoriaplatz devant le siĂšge de BKW. Enfin, les normes de sĂ©curitĂ© Ă  observer engendraient des travaux aux coĂ»ts prohibitifs.

Dans le cas du Bugey, l’annonce du dĂ©partement de l’Ain a dĂ©clenchĂ© la « stupĂ©faction » d’Antonio Hodgers, prĂ©-sident du Conseil d’État genevois, tandis que RĂ©my Pagani, municipal de GenĂšve, parlait de « projet du non-sens ». Les deux magistrats ont mandatĂ© un cĂ©lĂšbre bureau d’avocats pour entreprendre les dĂ©marches d’opposition au nom du Canton et de la Ville de GenĂšve.

Dans le cas de MĂŒhleberg, il n’y avait aucune assurance de rĂ©ussir. Dans le cas du Bugey, l’incertitude rĂšgne encore. RĂ©sister demande une forte dĂ©termination. Depuis un an, nous constatons une rĂ©sur-gence de celle-ci dans la population vis-Ă -vis de notre impact sur la nature. Cette mobilisation peut se rĂ©vĂ©ler dĂ©terminante.

Nous disons « bravo ! » aux autoritĂ©s de GenĂšve, et nous encourageons d’autres autoritĂ©s locales Ă  les rejoindre. Nous vous encourageons Ă  prendre vos valeurs et prioritĂ©s plus que jamais au sĂ©rieux.

Merci de votre soutien !

shima est donc déjà bien réel avec les 4 réacteurs nucléaires déjà présents sur ce site. Y construire deux EPR prolonge-rait le risque de 60 années !

– En cas d’accident nuclĂ©aire les vents du sud-ouest, qui soufflent le plus souvent dans la rĂ©gion, pousseraient la radioac-tivitĂ© vers la Suisse Romande. (Cf. Ă©tude EUNUPRI1). L’argument climatique de l’absence d’émissions de CO2, avancĂ© par le lobby nuclĂ©aire pour promouvoir la construction de nouvelles centrales, se rĂ©vĂšle ĂȘtre faux  : si l’on considĂšre toute la chaĂźne de la mine au dĂ©pĂŽt final, le courant Ă©lectrique d’origine nuclĂ©aire est autant «  chargĂ© de CO2 » que celui provenant d’une centrale Ă  gaz Ă  cycle combinĂ© efficiente, avec « en prime » les dĂ©chets nuclĂ©aires et les risques d’accident...

Tous ces Ă©lĂ©ments devraient susciter l’intervention de nos autoritĂ©s cantonales et communales auprĂšs de la France pour empĂȘcher ces constructions. C’est mĂȘme leur devoir : la Constitution genevoise prĂ©cise Ă  l’article 169 que « Les auto-ritĂ©s cantonales s’opposent par tous les moyens Ă  leur disposition et dans la limite de leurs compĂ©tences aux installations de centrales nuclĂ©aires, de dĂ©pĂŽts de dĂ©chets radioactifs et d’usines de retraitement sur

Mars - Mai 2020 N°122

Sortir du nucléaire

Vous l’avez peut-ĂȘtre lu : l’État français veut construire 6 nouvelles centrales nuclĂ©aires de type « rĂ©ac-teur europĂ©en Ă  eau pressurisĂ©e » dites EPR, et les autoritĂ©s du dĂ©partement de l’Ain ont deman-dĂ© que deux soient construites au Bugey, Ă  une soixantaine de kilo-mĂštres de GenĂšve.

– Sur le papier les EPR devraient ĂȘtre plus sĂ»res que les centrales actuelle-ment en service, mais ÉlectricitĂ© de France (EDF) se montre incapable de les construire en respectant les spĂ©cifi-cations attendues. Ainsi Ă  Flamanville (Normandie), les travaux ont dĂ©butĂ© en 2007, mais de nombreuses malfaçons ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes pendant les travaux, pas toutes corrigĂ©es par ailleurs, et la mise en service, qui Ă©tait planifiĂ©e pour 2012, maintes fois repoussĂ©e, ne s’effec-tuera pas avant 2022. Quant au coĂ»t, estimĂ© Ă  3,3 milliards en 2006, il a Ă©tĂ© sans cesse rĂ©Ă©valuĂ© et devrait dĂ©passer les 12 milliards !

– Le site du Bugey est soumis Ă  de forts risques sismiques et d’inondation en cas de rupture du barrage vieillissant de Vouglans sur la riviĂšre Ain. Le risque d’un accident du mĂȘme type qu’à Fuku-

le territoire et au voisinage du canton Â». L’article 56 de la Constitution vaudoise « Ressources naturelles et Ă©nergie Â» prescrit que « l’État et les communes (
) colla-borent aux efforts tendant Ă  se passer de l’énergie nuclĂ©aire Â» ... Or le Bugey n’est pas plus Ă©loignĂ© de la Suisse romande que les centrales nuclĂ©aires suisses.

Le conseiller administratif de la Ville de GenĂšve (dĂ©nommĂ© « municipal » dans d’autres cantons), RĂ©my Pagani, a dĂ©clarĂ© qu’il « va faire la proposition de s’opposer Ă  la candidature du choix du site du Bugey », et le prĂ©sident de la RĂ©publique et canton de GenĂšve, Antonio Hodgers, a affirmĂ© que le gouvernement va prendre ses dispo-sitions contre ce projet. « Le Canton a une obligation constitutionnelle Ă  s’opposer Ă  la construction de ces deux nouveaux rĂ©ac-teurs et il va le faire. » (24H – 10.1.2020)

Sortir du NuclĂ©aire a pris la plume pour s’adresser aux autres Villes et Cantons romands pour qu’ils s’associent aux dĂ©marches genevoises. Nous attendons que tous.tes les politiciens.nes qui se sont exprimĂ©s.es pour la transition Ă©nergĂ©tique agissent dans ce sens.

Christian van Singer1 www.tinyurl.com/eunupri-court

L’ÉDITORIAL Nouveaux rĂ©acteurs Ă  nos portes ? Pas question !

Journal d’information

Vos dons nous sont précieux et indispensables. Un grand merci pour votre soutien !

Durant trois ans, trois cents scientifiques suisses, mandatĂ©s par la ConfĂ©dĂ©ration, ont Ă©valuĂ© le concept de neutralitĂ© carbone. Ce tournant Ă©nergĂ©tique ne sera possible qu’en mobilisant tou.tes les acteur.rices de la sociĂ©tĂ©, citoyen.nes en tĂȘte !

RĂ©sultats de l’étude « La sortie des Ă©nergies fossiles et du nuclĂ©aire

d’ici Ă  2050 est techniquement faisable, Ă©conomiquement intĂ©ressante et socialement supportable », rĂ©sume le professeur zĂŒri-chois Hans-Rudolf Schalcher, l’un des responsables de l’étude.

L’ingĂ©nierie socialeLes propositions des scientifiques sont

prolifiques : la rĂ©novation thermique des logements et l’intĂ©gration du photovol-taĂŻque au bĂąti, la transformation des mobi-litĂ©s, les nouvelles technologies de l’énergie, la modernisation des centrales hydroĂ©-lectriques et le dĂ©ploiement de centrales solaires et Ă©oliennes.

Suisse ZĂ©ro fossile – ZĂ©ro nuclĂ©aire !

Les scientifiques soulignent l’importance de la mise en place d’outils et de bonnes pratiques pĂ©dagogiques pour obtenir l’ad-hĂ©sion de la population. Les citoyen.nes deviennent acteur.rices du changement avec la crĂ©ation de coopĂ©ratives Ă©nergĂ©-tiques selon le professeur FrĂ©dĂ©ric Varone, de l’UniversitĂ© de GenĂšve. Quand il y a une volontĂ©, il y a des chemins et des moyens.

Maléka Mamodaly www.tinyurl.com/zeronuc-zerofoss

Swiss madePour une adhésion massive des citoyens.

nes, facteur indispensable Ă  la rĂ©ussite de ce tournant, les scientifiques souhaitent impliquer les entreprises du pays Ă  diffĂ©-rents niveaux, par exemple via leurs inves-tissements dans des installations d’éner-gies renouvelables en dehors et dans le pays.

Philippe de RougemontPrésident de Sortir du nucléaire

Page 2: Sortir du nucl aire - amisdelaterre74.org

N°122 / MARS - MAI 2020 / JOURNAL D’INFORMATION SORTIR DU NUCLÉAIRE / P 2

La Suisse a décidé de sortir du nucléaire, mais continue de financer le programme européen Euratom. Ce programme sou-tient non seulement la fusion nucléaire mais aussi des programmes dans la fission.

Les montants que la Suisse alloue aux programmes Euratom et ITER sont trĂšs importants, et surtout dispro-portionnĂ©s par rapport Ă  ce qui s’est fait dans le passĂ©, par rapport aux Ă©nergies renouvelables. De 1978 Ă  2011, la Suisse participait Ă  ces programmes Ă  hauteur de 4 Ă  26 millions de francs par annĂ©e. Pour la pĂ©riode 2013-2020, le montant est passĂ© soudainement Ă  41 millions par annĂ©e, soit une augmentation de 57% par rapport au montant le plus Ă©levĂ© octroyĂ© par le passĂ©. Pour ce qui est des crĂ©dits allouĂ©s aux « Énergies sĂ»res, propres et efficaces Â» de 2013-2020, ils se montent Ă  environ 235 millions contre 244 millions pour le nuclĂ©aire. Ces programmes octroient moins d’argent Ă  toutes les Ă©nergies renouvelables rĂ©unies qu’au seul nuclĂ©aire, cherchez l’erreur !

La fusion pas une prioritĂ©Ceci est d’autant plus surprenant que le Conseil fĂ©dĂ©ral

a dit clairement dans le message relatif au plan d’action « Recherche Ă©nergĂ©tique suisse coordonnĂ©e » que la fusion n’était pas une prioritĂ© ni Ă  moyen ni Ă  long terme, Ă©tant donnĂ© que la fusion ne serait pas en mesure de contri-buer Ă  la couverture des besoins en Ă©lectricitĂ© d’ici 2035, ni mĂȘme Ă  l’horizon 2050. La Commission fĂ©dĂ©rale pour la recherche Ă©nergĂ©tique CORE a confirmĂ© et dit claire-ment que les dĂ©penses pour ITER ne constituaient pas une prioritĂ©.

DĂšs lors, pourquoi octroyer autant d’argent aux programmes nuclĂ©aires europĂ©ens ? Ceci va Ă  l’encontre de toute la stratĂ©gie Ă©nergĂ©tique du Conseil fĂ©dĂ©ral.

Chantage de l’UEÀ la dĂ©charge du Conseil fĂ©dĂ©ral, la Commission euro-

pĂ©enne nous a fait du chantage en nous disant que si nous ne participions pas aux programmes Euratom et Iter, nous ne pourrions pas non plus participer aux programmes-cadre de recherche et d’innovation qui financent notam-ment la recherche suisse. Sauf qu’entre-temps, il y a eu la votation du 9 fĂ©vrier 2014 sur l’initiative « Halte Ă  l’immi-gration de masse ». Le lendemain, la Suisse Ă©tait effective-ment exclue du programme-cadre de recherche et d’inno-

Que fait la Suisse dans le programme Euratom ?

Propres, les renouvelables ?

vation MAIS pas d’Euratom. Ceci nous dĂ©montre qu’il est tout-Ă -fait possible de dĂ©coupler les deux programmes.

Lors de la prochaine négociation, nous devrons séparer la discussion sur ces deux programmes-cadre.

DĂ©cider ce que nous finançonsLe but n’est pas de diminuer la participation de

la Suisse aux coĂ»ts totaux des encouragements Ă  la recherche en Europe, mais de rĂ©orienter une grande partie des fonds, aujourd’hui allouĂ©s Ă  Euratom et Ă  ITER, vers les Ă©nergies renouvelables et l’effica-citĂ© Ă©nergĂ©tique, notre vrai avenir Ă©nergĂ©tique. Les fonds destinĂ©s Ă  ITER devront ĂȘtre fortement diminuĂ©s. Concernant la fission, il est Ă©vident qu’il faut continuer Ă  chercher des solutions aux dĂ©chets et au dĂ©mantĂšlement des centrales, mais il s’agit aussi d’y faire participer de maniĂšre beaucoup plus importante les propriĂ©taires actuels des centrales nuclĂ©aires.

Exiger la transparenceL’autre problùme du programme Euratom est

son manque de transparence. La grande question est : Pourquoi la Suisse finance-t-elle la recherche sur de nouveaux rĂ©acteurs nuclĂ©aires, alors que nous avons dĂ©cidĂ© de sortir du nuclĂ©aire ? Voici la rĂ©ponse du Conseil fĂ©dĂ©ral du 29 mai 2019 : « La recherche sur le dĂ©veloppement de nouveaux rĂ©ac-teurs est intĂ©grĂ©e dans le sous-programme dĂ©diĂ© Ă  la sĂ©curitĂ© des systĂšmes. Tous les projets y ont pour but d’amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© des rĂ©acteurs nuclĂ©aires existants ou futurs. Une sĂ©paration objective des contributions dĂ©volues spĂ©cifiquement au dĂ©veloppement de nouveaux rĂ©acteurs n’est, pour cette raison, pas possible. » Cette rĂ©ponse est inquiĂ©tante, car le rapport intermĂ©diaire sur le programme Euratom publiĂ© le 1er dĂ©cembre 2017 par la Commission europĂ©enne donne des recommandations. Selon la recommandation n°7 : « Le groupe d’experts est favorable Ă  un programme Euratom fort pour contribuer Ă  placer l’Europe Ă  l’avant-garde de la production nuclĂ©aire et Ă  maintenir son leadership technologique. »

Comme le DanemarkOn peut lĂ©gitimement se demander si la Suisse n’est

pas en train de financer, contre l’avis de son Parlement et

de sa population, la recherche sur de nouveaux rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă  fission ainsi que les campagnes du lobby en faveur d’un renouveau de l’énergie nuclĂ©aire.

Il s’agira de discuter tous ces points pour la prochaine pĂ©riode du programme Euratom et de tirer au clair toutes ces interrogations qui nous laissent un goĂ»t d’arnaque Ă  grande Ă©chelle. C’est peut-ĂȘtre pour cela que les dix partis reprĂ©sentĂ©s au Parlement danois ont tous annoncĂ© leur soutien Ă  la rĂ©forme du traitĂ© Euratom. Leur principale plainte concerne la subvention de l’énergie nuclĂ©aire par l’UE en vertu du traitĂ©, car mĂȘme les pays non nuclĂ©aires tels que le Danemark sont obligĂ©s de subventionner Euratom. Affaire Ă  suivre


Dr Isabelle ChevalleyConseillĂšre nationale

Isabelle Chevalley devant le Palais Fédéral

Le neodymium est utilisé pour créer des aimants puissants

L’impact Ă©cologique des Ă©nergies renouvelables est dĂ©noncĂ© dans le livre choc de Guillaume Pitron La guerre des mĂ©taux rares. Lecture attentive et contre-enquĂȘte.

Un livre à chargeJusqu’à la page 230 (sur 253), c’est un

livre uniquement Ă  charge. Je dois l’ad-mettre : il m’a presque convaincue que le tournant Ă©nergĂ©tique Ă©tait sale. Les mĂ©taux rares sont prĂ©sents dans tous les sous-sols du monde, mais, pour l’instant, seule la Chine les exploite. L’extraction miniĂšre et le raffinage des terres rares polluent des milliers d’hectares du pays, empoisonnent des millions de ses habitants et exploitent des enfants... Bref, ce n’est pas mieux que d’extraire de l’uranium au Niger ou que d’exporter nos dĂ©chets nuclĂ©aires en Russie pour ne plus les voir. La « rĂ©volution verte » ne serait pas toujours si verte que ça !

Une pollution dĂ©localisĂ©eContrairement Ă  l’ùre des voitures au

diesel et des centrales Ă  charbon dont la pollution noire est visible chez nous, les pollutions que Guillaume Pitron attribue aux Ă©nergies vertes sont dĂ©localisĂ©es vers les zones miniĂšres. Jusque dans les annĂ©es 80, la moitiĂ© des terres rares mondiales Ă©tait obtenues en Charente-Maritime dans une usine RhĂŽne-Poulenc, sponsor de l’émis-sion UshuaĂŻa de Nicolas Hulot. Depuis, la

France a laissĂ© cette activitĂ© extrĂȘmement polluante se dĂ©localiser en Chine.

Les renouvelables trÚs peu concer-nées

AprĂšs enquĂȘte, nous avons dĂ» rela-tiviser l’affirmation spectaculaire faite par l’auteur. Dans leur grande majoritĂ©, panneaux photovoltaĂŻques et Ă©oliennes sont

fabriquĂ©s sans mĂ©taux rares. Selon l’Agence gouvernementale française Ademe, 3% des Ă©oliennes terrestres et 10% des panneaux solaires contiennent encore des mĂ©taux rares. Le secteur le plus en cause, auquel les renouvelables font aussi appel, c’est la fabrication d’appareillages Ă©lectronique : tĂ©lĂ©phones, ordinateurs, serveurs, gadgets connectĂ©s, etc.

ÉpiloguePrendre au sĂ©rieux l’avertissement du

livre revient Ă  bannir, parmi les panneaux solaires et Ă©oliennes (notamment offshore), ceux qui requiĂšrent des mĂ©taux rares, et Ă  agir pour drastiquement diminuer le besoin d’appareils informatiques neufs en dynamisant le secteur de la rĂ©paration et en relocalisant l’extraction des terres rares en Europe, sous nos yeux et sous notre lĂ©gis-lation.

Alice Martin et Philippe de Rougemont Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La

face cachée de la transition énergétique et numé-

rique, Éditions Les Liens qui libùrent, 2018

Page 3: Sortir du nucl aire - amisdelaterre74.org

N°122 / MARS - MAI 2020 / JOURNAL D’INFORMATION SORTIR DU NUCLÉAIRE / P 3

Produire des panneaux photovoltaĂŻques ? En Suisse !

Pascal Cretton est la cheville ouvriĂšre et pensante de Sebasol, la coopĂ©rative d’auto-production de panneaux solaires thermiques. Il propose un usage diffĂ©rent de la surcapaci-tĂ© de production estivale du photovoltaĂŻque.

Dans son rĂ©cent livre Le plan solaire et climat, le conseiller national socia-liste et prĂ©sident de Swis-solar. Roger Nordmann, propose de multiplier la production solaire photo-voltaĂŻque suisse par 25 en couvrant non seulement les toits mais aussi les parkings, routes, murs anti-bruit et mĂȘme certains pĂąturages. Cela permettra, selon lui, de compenser l’arrĂȘt des centrales nuclĂ©aires et l’élec-trification du parc auto-mobile notamment. Pour rĂ©pondre Ă  la problĂ©matique de la variation saisonniĂšre de la production solaire, il suggĂšre de viser « l’autarcie annuelle » : c’est Ă  dire que

l’électricitĂ© importĂ©e en hiver ne devra pas dĂ©passer celle qui est exportĂ©e en Ă©tĂ©. Il compte notamment sur les solu-tions de stockage high-tech (pompage-turbinage, rehaus-sement des barrages, power-to-gas, batteries sur le rĂ©seau) pour atteindre cet objectif.

La Suisse peut produire ces panneaux avec la surpro-duction d’électricitĂ© estivale. PrĂ©cisĂ©ment celle dĂ©criĂ©e par

M. Nordmann. La production se ferait donc non seule-ment avec beaucoup moins de CO2 qu’avec des centrales Ă  charbon chinoises, mais aussi avec moins de transports, d’intermĂ©diaires, et surtout avec un contrĂŽle sur les condi-tions sociales et environnementales de production. Cette production doit concerner les cellules, et pas seulement leur assemblage. Elle peut ĂȘtre saisonniĂšre, crĂ©era de l’em-ploi en Suisse et profitera de la sympathie du label Swiss Made qui oblige Ă  engager une main-d’Ɠuvre suisse.

Vous m’objecterez que ces panneaux vont ĂȘtre chers. Plus chers que ceux produits en Chine. Certes, tout simplement parce qu’en Chine, vous faites des Ă©conomies grĂące Ă  l’exploitation de la main-d’Ɠuvre et Ă  l’évitement des coĂ»ts environnementaux. Ce qui, dans une optique de dĂ©veloppement durable, est tout simplement indĂ©fen-dable. Est-ce qu’on peut se le permettre ? Sans problĂšme, car sinon, on ne pourrait pas non plus se payer une armĂ©e, un systĂšme de santĂ©, de retraites, une justice, etc., qui coĂ»tent bien plus cher. J’ai aussi entendu Ă©noncer des centaines de millions de francs prĂ©sents ou futurs pour la RU ou la RPC qui iront donc in fine en partie en poches chinoises, via panneaux interposĂ©s. Je ne vois donc pas de difficultĂ©s Ă  attribuer une partie de cette manne Ă©tatique Ă  la production de panneaux made in Switzerland.

Pascal CrettonArticle paru dans l’Aderoscope N°79

Notre Ă©tude nuage voyage Ă  l’Est

Claudio KnĂŒsli m’a dit que vous vouliez faire connaĂźtre l’étude en Europe.

Oui, sans une bonne recherche empi-rique et des informations prĂ©cises, les sociĂ©tĂ©s ne sont pas en mesure d’évaluer la lĂ©gitimitĂ© des dĂ©cisions prises en leur nom (la Hongrie a signĂ© un accord avec la Russie pour deux nouveaux rĂ©acteurs, ndlr). Il est important que ces travaux soient largement diffusĂ©s. Les rĂ©sultats de cette Ă©tude sont captivants et seront utiles pour ouvrir les yeux tant du grand public que des dĂ©cideurs politiques dans de nombreux contextes et pays. La complexitĂ© de la mĂ©thodologie utilisĂ©e est impression-nante. La rigueur de son approche scienti-fique est un Ă©lĂ©ment qui la rend prĂ©cieuse.

L’ampleur des questions qu’elle aborde est assez stupĂ©fiante, telle la probabilitĂ© que les scĂ©narios d’accidents nuclĂ©aires futurs soient mal gĂ©rĂ©s par les États.

Plus prĂ©cisĂ©ment comment comptez-vous utiliser l’étude ?

En termes de sensibilisation, mon premier objectif est de rendre les vidĂ©os de simu-lation disponibles en anglais, allemand, hongrois, polonais et bulgare. J’espĂšre qu’il y aura des fonds pour la traduction du rĂ©sumĂ© de l’EUNUPRI dans plusieurs autres langues, en particulier en russe. J’ai-merais Ă©galement transmettre Ă  un membre de l’autoritĂ© nuclĂ©aire hongroise (HAEA) certaines des recommandations de l’étude.

Aussi, lors d’une rĂ©cente discussion avec

Christiana Mauro, avocate engagĂ©e spĂ©-cialisĂ©e dans l’accĂšs du public Ă  l’information, habite Ă  Budapest. L’automne passĂ©, lors d’une confĂ©rence Ă  Vienne, elle a rencon-trĂ© l’oncologue bĂąlois Claudio KnĂŒsli, un des corĂ©dacteurs de notre Ă©tude EUNUPRI1 sur le dĂ©placement de parti-cules radioactives aprĂšs une catastrophe nu-clĂ©aire en Suisse. Nous l’avons interviewĂ©e lors de son passage Ă  GenĂšve. Extraits.

le directeur scientifique de l’IASS – un institut de Potsdam qui Ă©value les risques systĂ©miques pour l’environnement –, j’ai appris que depuis que l’Allemagne a dĂ©cidĂ© de sortir du nuclĂ©aire, l’institut a cessĂ© ses activitĂ©s liĂ©es au nuclĂ©aire. Lors d’une rĂ©union de suivi que j’aurai avec le direc-teur, la vidĂ©o de simulation d’accident de Leibstadt2 servira Ă  accompagner les argu-ments qui pourraient inciter l’institut Ă  reconsidĂ©rer sa position. L’étude souligne que, selon l’IPPNW, en cas d’accident nuclĂ©aire dans la rĂ©gion, aucun pays ne serait aussi gravement touchĂ© que l’Alle-magne. Les conclusions de cette Ă©tude obligeront les gens Ă  envisager de sombres scĂ©narios futurs auxquels nous ne sommes pas prĂ©parĂ©s.

L’origine suisse de l’étude vous a Ă©tonnĂ©e ?

S’il est vrai que la probabilitĂ© d’un acci-dent nuclĂ©aire majeur en Suisse est en fait 20 fois plus Ă©levĂ©e que l’estimation des organismes internationaux de sĂ»retĂ© du nuclĂ©aire, alors cette preuve doit ĂȘtre partagĂ©e. Je sais que la science et la tech-nologie ont toujours Ă©tĂ© au centre de l’éco-nomie suisse et que ce pays a une longue histoire de succĂšs dans ces domaines. La Suisse est aussi gĂ©nĂ©ralement connue pour sa tendance au conservatisme et Ă  la stricte application des rĂšgles. Le fait qu’un pays, dont les normes sont parmi les plus Ă©levĂ©es au monde, soit capable d’ĂȘtre aussi nĂ©gligent dans ses estimations, ses mesures de sauvegarde et ses stratĂ©gies de gestion des catastrophes, donne Ă  rĂ©flĂ©chir. C’est un exemple particuliĂšrement dĂ©concertant de normes de gouvernance inacceptables. Dans un pays dont l’indĂ©pendance est souvent dĂ©finie par sa prĂ©paration mili-taire, pourquoi le Conseil fĂ©dĂ©ral suisse est-il si peu prĂ©parĂ© lorsqu’il s’agit d’évaluer

les risques d’une des technologies les plus dangereuses au monde ?

Qu’est-ce qui vous motive Ă  inter-venir sur la question nuclĂ©aire ?

Au dĂ©part, je m’inquiĂ©tais de la corrup-tion UE-Hongrie-Russie liĂ©e au projet de centrale nuclĂ©aire Paks II. Lorsque la Commission europĂ©enne a abandonnĂ© l’une de ses procĂ©dures d’infraction contre la Hongrie pour non-respect du droit communautaire, elle l’a fait sans aucune justification juridique valable. Politico et d’autres mĂ©dias ont fait Ă©tat des diffĂ©rents acteurs ayant des intĂ©rĂȘts privĂ©s qui ont contribuĂ© Ă  cette dĂ©cision. La dĂ©cision n’a pas Ă©tĂ© prise conformĂ©ment Ă  la loi ou dans l’intĂ©rĂȘt du public.

Les dĂ©rives et les fausses affirmations de l’industrie nuclĂ©aire, et le danger que la minimisation des risques reprĂ©sente pour la planĂšte, m’indignent. Peu de gens sont conscients des risques. La personne moyenne fait trois hypothĂšses liĂ©es au nuclĂ©aire :

1. Les sources d’énergie que son gouver-nement favorise seront aussi Ă©conomique-ment viables que possible.

2. Il existe un contrÎle de qualité suffi-sant dans le secteur nucléaire, dû à la nature hautement dangereuse de son fonc-tionnement.

3. Les leçons tirées de la catastrophe de Tchernobyl auront eu un effet sur la régle-mentation et les précautions de sécurité.

Plus j’approfondis le sujet, plus je dĂ©couvre que ces hypothĂšses sont fausses.

Propos recueillis par Philippe de Rougemont

1 www.tinyurl.com/eunupri-court

2 www.tinyurl.com/leibstadt-eunupri

Christiana Mauro

Fabrication de panneaux solaires dans l’usine de Solar Plus AG à Thoune (BE). Image 3S Solar Plus AG

Page 4: Sortir du nucl aire - amisdelaterre74.org

N°122 / MARS - MAI 2020 / JOURNAL D’INFORMATION SORTIR DU NUCLÉAIRE / P 4

Association Sortir du nuclĂ©aireRue du CrĂȘt 22, 2300 La Chaux-de-Fondswww.sortirdunucleaire.chinfo@sortirdunucleaire.ch078 619 02 50 // CCP 10-19179-8

Le comité Philippe de Rougemont, président ; Christian van Singer, porte-parole ; IrÚne Anex-dit-Chenaud, trésoriÚre ; Kurt Fischer ;Erica Hennequin ; Marc Oran ; Claire Peter.Le secrétariatMaléka Mamodaly, secrétaire générale ; Sophie Laissue, secrétaire administrative.

BRÈVES & ÉVÉNEMENTS

ImpressumÉditeur : Association Sortir du nuclĂ©aire. Mise en page : Jonas Scheu, AMRIT MEDIAS. Fichier : Sophie Laissue. Imprimerie : ROPRESS. Mise sous pli : TRAJETS. RĂ©daction : Isabelle Chevalley; Pascal Cretton; Erica Hennequin ; Sophie Laissue; MalĂ©ka Mamodaly; Alice Martin ; Christiana Mauro; Claire Peter; Philippe de Rougemont (coordination); Christian van Singer. Tirage : 2’800 ex. ImprimĂ© avec du courant 100 % renouvelable. Papier 100 % recyclĂ© CyclusOffset. PĂ©riodicitĂ© : 4 x par an. DestinĂ© aux membres de l’association. La rĂ©daction Ă©picĂšne des articles relĂšve du libre choix de de chaque auteur d’article.

En SuĂšde, une employĂ©e d’ONG enseigne l’utilisation responsable d’Internet ; prĂšs de Seattle, une chimiste crĂ©e et vend en ligne des produits de beautĂ© ; Ă  GenĂšve, une ingĂ©nieure code le jour et pirate Internet la nuit ; Ă  Singa-pour, un adolescent a abandonnĂ© ses Ă©tudes et joue en ligne toute la journĂ©e dans sa chambre ; dans les fonds marins, un plongeur professionnel installe des cĂąbles.

Une idĂ©e germe chez quelques-uns, tantĂŽt sĂ©rieuse, tantĂŽt ludique : arrĂȘter Internet en dĂ©truisant physiquement les

connexions. Certains se sont rencontrĂ©s par Internet, et c’est aussi par le Net qu’ils organisent la panne.

L’histoire pose des questions en chaĂźne. L’extraction des terres rares pour nos tablettes et tĂ©lĂ©phones mobiles attente Ă  la santĂ© des ouvriers et pollue l’eau et la terre. L’énergie nĂ©ces-saire aux serveurs dĂ©gage une chaleur qui participe au chan-gement du climat. Les millions de kilomĂštres de cĂąbles au fond des ocĂ©ans impactent la faune. En bref, ces installations secrĂštes et sĂ©curisĂ©es participent Ă  la complexitĂ© et Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© de notre nouveau monde. D’af-

folantes quantitĂ©s d’énergie sont consom-mĂ©es non seulement pour de simples saluts, blagues entre amis, vidĂ©os familiales,

mais aussi pour tout l’échafaudage de notre systĂšme financier


Dans ce roman pas de chiffres, mais une intrigue qu’on ne lĂąche pas et qui ne laisse pas indiffĂ©rent, apportant des images et des Ă©motions sur un sujet familier, mais qui s’avĂšre moins connu, plus complexe et incontournable qu’on ne le pense. Vivre sans le Net ? maintenant ? comment ?

L’auteur a reçu en 2011 le Prix Nicolas Bouvier au festival Étonnants Voyageurs Ă  Saint-Malo pour Chroniques de l’Occi-dent nomade. Elle a Ă©galement publiĂ© en 2015 Les neiges de Damas. Elle est membre du collectif AJAR.

Claire Peter, membre du comitéAude SEIGNE, Une toile large comme le monde,

Zoé, 2017

En novembre, nous vous annoncions des ventes de pommes pour soutenir l’action de l’Institut Belrad en BiĂ©lorussie. Pour rappel, plus de 500’000 enfants vivent sur un sol contaminĂ© pour des siĂšcles par l‘ex-plosion de la centrale nuclĂ©aire de Tcher-nobyl.

Les 5 et 12 dĂ©cembre 2020, Sortir du nuclĂ©aire Ă  GenĂšve, le 14 dĂ©cembre dernier, l’AJUNN (Alliance jurassienne non au nuclĂ©aire) Ă  DelĂ©mont, ont orga-nisĂ© des ventes de pommes. De dĂ©licieuses pommes bio que vous avez Ă©tĂ© nombreux.ses Ă  acheter. Avec curiositĂ©. Avec solida-ritĂ©. Une cure de pectine permet de rĂ©duire de 50% Ă  70% la contamination interne des enfants en CĂ©sium 137. En finançant de telles cures, nous luttons contre les effets de la catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl !

Les bĂ©nĂ©fices rĂ©alisĂ©s serviront Ă  soutenir le travail l’Institut BELRAD en BiĂ©lorussie. Merci Ă  l’AJUNN de son soutien engagĂ© et dynamique !

Sophie Laissue Fattebertwww.enfants-tchernobyl-belarus.org

Au lendemain de Fukushima, des dizaines de personnes ont campĂ© pendant 77 jours sur la Viktoriaplatz Ă  Berne en face du siĂšge de BKW, exploitant de la vieille casserole de MĂŒhleberg. Les occupants exigeaient la fermeture de la centrale. Quelques annĂ©es plus tard, vendredi 20 dĂ©cembre dernier, une derniĂšre occupation Ă©tait organisĂ©e pour fĂȘter la fermeture dĂ©finitive de la centrale. Le municipal RĂ©my Pagani venu de GenĂšve Ă©tait parmi la centaine de personnes prĂ©sentes pour marquer l’évĂ©nement, pendant que BKW organisait sa propre cĂ©rĂ©monie Ă  la centrale, Ă  15km de la capitale. Le soir venu, nous Ă©tions une centaine de personnes Ă  la place Neuve (GenĂšve) au stand de ContrAtom pour un buffet typique de cette association experte en art protestataire autant que culinaire. Nous avons pris de l’entrain et des forces pour mener et remporter la campagne pour une fermeture des centrales, en dehors de raisons « Ă©conomiques ».

Voir le film « 77 Tage sind nicht genug »

www.tinyurl.com/77-nicht-genug

Aux marchés de Delémont et GenÚve

Lu pour vous : Une toile large comme le monde

XYZ

20.12.2019 de gauche Ă  droite puis en bas: RĂ©my Pagani Ă  Berne; enterrement symbolique de la centrale de MĂŒhleberg Ă  la place de Neuve (GenĂšve); Anne-CĂ©cile Reimann, prĂ©sidente de ContrAtom scande une chanson antinuclĂ©aires, le public entonne les refrains. Photos: Erwin Weiss et JJ Kissling.

A G E N D A

Energissima Salon romand Ă©nergie, habitat et mobilitĂ©23 – 26 avril 2020Espace GruyĂšre, Bullewww.energissima.ch/fr

GrÚve nationale pour le climat 15 mai 2020Nombreux rendez-vous décentraliséspour la préparation de la grÚvewww.climatestrike.ch/fr/events

Glaciers, climat, Ă©nergie : exposition13 juin – 18 octobre 2020Centre Pro Natura d’AletschVilla Cassel – Riederalpwww.pronatura-aletsch.ch/fr

Aude Seigne. Image Romain GuĂ©lat, Éditions ZoĂ©

«Ce n’est plus aux frontiĂšres qu’il faut dĂ©fendre le sol de la patrie, c’est ici oĂč vous campez.»

Denis de Rougemont, extrait d’un message de soutien lu aux occupants de Kaiseraugst, 1975

Adieu Ă  MĂŒhleberg