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Reflets d’une région S Sous la direction de Danielle Dufresne Rimouski-Neigette Extrait de la publication

Sous la direction de Danielle Dufresne… · gouvernement du Québec pour ... de la politique culturelle où la ... semi-sédentaires vivaient l’hiver dans les régions du Maine

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Sous la direction deDanielle Dufresne

Rimouski-Neigette

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MRC de Rimouski-Neigette

Septentrion

Sous la direction de Danielle Dufresne

Richard Saindon, Madeleine D’Astous-Lemieux Corporation du patrimoine de Saint-Anaclet-de-Lessard

Extrait de la publication

Les photos nécessaires à la production des dessins par ordinateur et celles qui illustrent certains textes ont été prises par (en ordre alphabétique) : Denise Beaupré, Maxime Brunet, Sylvain Caron, Marie-Paule Cimon, Jean-François Cloutier, Murielle Cloutier, Jacques Dextraze, Danielle Dufresne, Marcella Fournier, Jean-Yves Pouliot, Richard Saindon et Jacques Soucy. Merci à vous !

Révision : France Brûlé

Correction d’épreuves : Sophie Imbeault

Mise en pages et maquette de la couverture : Pierre-Louis Cauchon

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDITIONS DU SEPTENTRION

vous pouvez nous écrire au1300, av. Maguire, Québec (Sillery), Québec G1T 1Z3

ou par télécopieur 418 527-4978ou consulter notre catalogue sur Internet :

www.septentrion.qc.ca

© Les éditions du Septentrion 1300, av. Maguire Québec (Sillery), Québec G1T 1Z3 Ventes en Europe :Distribution du Nouveau Monde30, rue Gay-Lussac75005 Paris France

Dépôt légal – 2007Bibliothèque et Archives nationales du QuébecISBN 978-2-89448-537-8

Diffusion au Canada :Diffusion Dimedia539, boul. LebeauSaint-Laurent (Québec)H4N 1S2

Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le sou tien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous recon nais sons éga lement l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Pro gramme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Présentation

La MRC de Rimouski-Neigette souligne en 2007 le 25e anniversaire de sa création. Quoi de mieux qu’un livre sur le temps et le patri-

moine pour reconnaître l’ampleur de la tâche qui a été réalisée et pour nous permettre de poursuivre notre route avec enthousiasme pour les prochaines 25 années. Avec Reflets d’une région, Rimouski-Neigette, je souhaite combler notre besoin de reconnaître les bâtiments significatifs ainsi que leur histoire qui ont contribué et qui contribuent encore à la beauté de notre environnement quotidien.

Depuis plusieurs années, la MRC, sa ville et ses municipalités ont inscrit la conservation et la mise en valeur du patrimoine comme levier important de l’identité locale et comme moteur de développement. Vous voulez quelques exemples ? Je pense, entre autres, à l’entretien et à la citation des églises et des presbytères dans plusieurs des municipalités, à l’identification des ponts couverts, à la création de Corporations et de Comités du patrimoine, d’une Fondation pour le centre-ville de Rimouski. Il faut aussi se rappeler des projets variés de sensibilisation comme Patrimoine 2000, Nos maisons, une histoire de vie, et la production de la politique culturelle où la MRC exprimait clairement son intention d’intervenir pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine.

Notons aussi le Guide d’intervention en patrimoine bâti réalisé en 2006 par plusieurs partenaires de tout le Bas-Saint-Laurent, ainsi que le concours Les prix du Patrimoine, mis sur pied par le Conseil de la Culture qui souligne, tous les deux ans, les bons coups en félicitant les initiatives de nos gens.

Le présent document s’inscrit donc dans une démarche de continuité vis-à-vis la valeur que nous souhaitons donner à notre patrimoine bâti. Vous y verrez des églises, quelques presbytères et plusieurs résidences de notre territoire qui ont préservé des caractéristiques patrimoniales significatives.

Je remercie Mme Danielle Dufresne, coordonnatrice culture et patri-moine de la MRC qui a assumé toutes les étapes vers la réalisation et la diffusion de ce projet et qui a su mobiliser une quantité impression-nante de collaborateurs (que je remercie aussi) pour l’accompagner.

Un merci particulier à tous les propriétaires des bâtiments illustrés qui grâce à leur travail et à leur amour permettent à ces maisons de bien traverser le temps.

Mes remerciements aussi au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, direction Bas-Saint-Laurent pour sa contribution par l’intermédiaire d’une entente triennale de développement culturel. Merci à l’éditeur Septentrion qui a vu dans cet ouvrage une histoire digne d’être appré-ciée par tous. Je remercie aussi les dévoués membres du Comité con-sultatif pour la culture et le patrimoine (CCCP) de la MRC qui ont accompagné Mme Dufresne tout au long de cette démarche avec leurs judicieux conseils.

Merci surtout à mes collègues, maires et mairesses, de la MRC qui s’impliquent en faveur du développement de la culture et qui croient que la mise en valeur des richesses locales ne peut qu’apporter abon-dance et fierté à notre région.

Gilbert Pigeon, préfet et maire de Saint-Eugène-de-Ladrière. Juillet 2007

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Préface

Chacun tente de définir le patrimoine à la lumière de son action particulière et avec l’intention bien légitime de mettre en évidence

son champ d’intérêt. Pour l’auteure de cet ouvrage, il semble bien que le patrimoine constitue un témoin privilégié du passé, un lien historique qui donne à chacun de nous le sens de la continuité, de l’appartenance et de l’identité avec le milieu. Je ne pourrais pas avoir meilleur exemple de ce propos que le mot Neigette qui rappelle la présence de la neige fine sur les champs. Nom que porte aujourd’hui une rivière, un rang, une chute, un canton et un centre de ski. Dans le nom Rimouski-Neigette, Neigette nous oblige à garder bien présente l’idée que la nature est en complémentarité avec la ville et que ce mariage constitue un bel héritage à mettre en valeur.

Le patrimoine nous situe dans le présent tout en ramifiant nos racines dans l’histoire, car il exprime les valeurs, les modèles culturels, les étapes de vie et les normes admises par une collectivité. L’effort de Mme Dufresne a été justement d’éviter de donner à cet ouvrage une image statique du patrimoine de la MRC de Rimouski-Neigette, en insistant sur le caractère perpétuellement mouvant de ses limites tant sur le plan humain qu’architectural.

L’équipe a réussi à nous présenter un patrimoine vivant, en évolution constante et relié, sur des points essentiels, à des ensembles plus vastes où le foisonnement des créations fait la richesse de notre région.

Cette manière de voir nous permettra de partir, bouquin sous le bras, à la découverte de l’histoire de la région et de suivre les traces laissées par nos prédécesseurs.

Que ce soit à l’intérieur de nos souvenirs d’enfance ou au hasard de nos états d’âme, nous parcourrons les lieux où églises, résidences modestes et cossues constituent autant de repères qui marquent le temps dans son espace.

Nous irons à la rencontre des lieux d’ancrage de la mémoire collective régionale. Ces lieux, reconnus grâce à leur architecture, ont été et sont quelquefois fragilisés par l’envahissement des nouvelles technologies et l’imposition des matériaux modernes ; il me semble bien important d’avoir un document qui nous les rappelle dans toute leur intégrité.

Ce livre sera utile à ceux qui voudraient aborder notre région sans passer d’abord par les clichés convenus. Il sera un précieux instrument de travail pour les étudiants et le grand public y trouvera aussi son compte partagé qu’il est jusqu’ici entre des sources difficilement accessibles.

Pour ma part, attaché depuis longtemps à l’étude de la région, et forcément enclin par mon métier d’historien à proposer des interpré-tations diverses et parfois divergentes sur l’histoire, j’ai eu plaisir et profit à refaire mes classes en compagnie de l’auteure. J’en souhaite autant aux lecteurs de tous les horizons qui se sentiront attirés par ce bel ouvrage.

Jacques Lemay, historien et professeur à l’Université du Québec à Rimouski Juillet 2007

regards sur l’

Regards sur l’histoire du peuplement de la MRC de Rimouski-Neigette

De la nature aux gens

S ituée dans la région du Bas-Saint-Laurent, la MRC de Rimouski-Neigette est constituée par les basses terres qui bordent l’estuaire

de Saint-Fabien à Pointe-au-Père et les plateaux appalachiens d’Esprit-Saint à Saint-Marcellin. Jusqu’à la fin du xviie siècle, la contrée est fréquentée par les Amérindiens. Au Bic, à Rimouski, à Rimouski-Est, à Saint-Fabien et à La Trinité-des-Monts, les archéologues ont mis au jour quarante siècles d’héritage oublié témoignant d’activités reliées à la pratique de la pêche, de la chasse et de la cueillette. Des tribus semi-sédentaires vivaient l’hiver dans les régions du Maine et du Nouveau-Brunswick et l’été, elles se déplaçaient le long des rives du Saint-Laurent.

Les premiers grands explorateurs français, Jacques Cartier et Samuel de Champlain, laissent des descriptions qui témoignent de certaines caractéristiques du milieu : les pics escarpés, l’île Saint-Barnabé et la qualité des baies. C’est en 1675 que la seigneurie du Bic est concédée, suit celle de Rimouski en 1688, et celle de Lessard (Pointe-au-Père et Saint-Anaclet-de-Lessard) en 1696. On n’y observe aucun établissement stable jusqu’à l’arrivée à Rimouski du second seigneur René Lepage en 1694. Il faut attendre en 1712 pour voir la construction d’une première chapelle missionnaire. À la fin du régime français, la population globale est évaluée à 72 habitants.

Une société en émergenceC’est surtout au cours du XIXe siècle que le peuplement devient plus significatif. Cette poussée se traduit dans le bilan démographique. Sur le territoire de la MRC, on compte moins de 400 habitants en 1829 et au recensement de 1881, il y en avait 11 169 ! Ce taux de croissance de la population et la diversification des pratiques économiques sont assez importants pour justifier la création de plusieurs paroisses.

L’agriculture se développe, les défricheurs occupent de plus en plus les basses terres et chaque village côtier dispose alors d’un quai pour l’accostage des goélettes.

À partir de 1873, le passage du chemin de fer Intercolonial donne une nouvelle impulsion aux activités commerciales et entraîne bientôt les agriculteurs à se spécialiser dans l’industrie laitière. Au cours de cette période, la population vit aussi de l’exploitation forestière qui prend alors de plus en plus d’importance. Celle-ci fournit aux habitants de l’emploi saisonnier en morte saison et contribue à l’extension des défrichements jusqu’aux contreforts des Appalaches. Le commerce du bois avec la Grande-Bretagne et les États-Unis stimule l’industrie de sciage. William Price érige des moulins à scie aux embouchures des rivières Rimouski en 1831 et du Bic en 1845, d’où le bois est ensuite expédié par bateau à l’étranger.

Dans ce contexte, Rimouski passe de village au statut de ville en 1869. L’implantation du palais de justice en 1862, l’érection d’un siège épiscopal en 1867 et la création du séminaire en 1871 sont d’ailleurs les symboles de cette mutation. Au cours de la période 1880-1930, la population du territoire double, en passant à plus de 20 000 habitants. La colonisation s’effectue spontanément par le débordement des populations de l’aire seigneuriale vers les cantons non encore défrichés des plateaux appalachiens. La grande industrie forestière et le commerce du bois sont en partie responsables de cette nouvelle extension démo-graphique vers le secteur du Haut-Pays qui se parsème de défrichements plus restreints et de villages agro- forestiers.

Une autre manifestation de cette appropriation du territoire est l’acquisition de grandes « limites à bois » faite par la compagnie Price Brothers au tournant du siècle, pour ravitailler la gigantesque scierie qu’elle érige en 1899 à l’embouchure de la rivière Rimouski. Cette

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compagnie se lance aussi à l’assaut d’immenses forêts de conifères en exploitant pas moins d’une vingtaine de chantiers. Ces anciennes concessions expliquent encore aujourd’hui la présence de vastes terri-toires non organisés qui appartiennent au paysage de la MRC. En fait, le déploiement de l’industrie forestière sur tout le territoire exige une abondante et habile main-d’œuvre : bûcherons, travailleurs, journaliers dans les moulins à scie et souvent même des agriculteurs qui s’affairent de façon saisonnière à la coupe, à la drave, à la transformation en usine puis à l’expédition du bois. De manière générale, le monde agricole y trouve également son compte, puisqu’il dispose, avec les chantiers, d’un nouveau marché local dont l’importance n’est pas négligeable.

De la colonisation à l’urbanisationLa grande dépression qui s’abat sur l’Amérique à partir de 1929 a causé également des effets dévastateurs dans la MRC. Faute de commandes, plusieurs scieries cessent presque toute activité, tandis que les agricul-teurs assistent impuissants à la dégringolade des prix de leurs produc-tions. Très vite le retour à la terre s’impose comme une panacée. Les plans gouvernementaux offrent la colonisation comme un remède au chômage qui apparaît à ce moment dans plusieurs villages et la conquête des terres moins fertiles et plus difficiles d’accès redonne un peu d’espoir.

C’est au cours de cette période que les limites du territoire habité de la MRC connaissent leur extension extrême et que naissent les colonies d’Esprit-Saint, de La Trinité-des-Monts et de Saint-Eugène-de-Ladrière. En mai 1950, le feu rase l’importante usine de sciage des Price Brothers d’où part la conflagration qui embrase en peu de temps une grande partie de la ville de Rimouski. Cette entreprise ne fut jamais recons-truite. Toute la région se retrouve dans l’attente d’autres activités de

croissance. Ce sera l’émergence de la région voisine, la Côte-Nord, qui donnera un nouveau souffle à son économie. La Côte-Nord connaît alors un développement spectaculaire dans les secteurs forestier, de l’hydroélectricité et des mines. C’est une occasion rêvée pour les brasseurs d’affaires d’ici qui se bâtissent de véritables empires dans les domaines de la communication, du transport, du commerce en gros et de la construction, tandis que la main-d’œuvre y trouve pour un temps des emplois bien rémunérés. Toute cette effervescence n’offre pas que des impacts positifs, car d’une part les hautes terres connaissent de véritables saignées produites par l’exode des travailleurs et d’autre part, par ricochet, on assiste à une concentration géographique de la population des basses terres sur la franche côtière. Avantagée par sa situation géographique, Rimouski affermit son rôle de ville de service.

Les interventions de l’État, à l’époque de la Révolution tranquille, la confirment comme siège des administrations gouvernementales et centre d’éducation supérieure.

Les Opérations DignitéCréées à Sainte-Paule en 1970, puis à Esprit-Saint et Les Méchins en 1971, les Opérations Dignité I, II et III symbolisent l’un des mouve-ments de contestation populaire les plus importants dans l’histoire du Québec. En effet, dès que le gouvernement de l’époque, sur recomman-dations de son Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ), entreprend de fermer les premières d’une liste de 81 paroisses jugées marginales de l’Est du Québec, les citoyens se soulèvent et refusent vigoureusement de se soumettre. Le gouvernement doit se rendre à l’évidence, la population n’acceptera jamais son plan de relocalisation de quelque 65 000 personnes vers des centres désignés. En 1974, il

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regards sur l’

met fin à ses intentions et tente d’articuler un programme d’aménage-ment du potentiel agroforestier du territoire.

Ce mouvement populaire en a d’abord été un d’autodéfense. Puis, il est devenu un mouvement de lutte politique qui attaque la logique du gouvernement. Le sentiment de dignité a surgi d’un sens des respon-sabilités accru et d’une volonté de défendre ses propres intérêts sous le thème « Aménager plutôt que déménager ». Cette sensibilisation s’est traduite par de nombreuses expériences en faveur du monde rural. Parmi celles-ci : l’identification de treize unités d’aménagement, la création d’autant d’organismes de gestion en commun (OGC) auxquels s’ajoutent neuf sociétés d’exploitation des ressources (SER) et quatre groupements forestiers. Plusieurs initiatives populaires sont aussi nées de ce courant.

La MRC aujourd’huiÀ l’issue d’une large réflexion sur la décentralisation menée par le Secrétariat à l’aménagement et la décentralisation à la fin des années 1970, les municipalités régionales de comté (MRC) ont vu le jour au Québec au début des années 1980. Cette création visait à renouveler et revaloriser les comtés municipaux.

C’est toutefois dans la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) que les MRC trouvent leur cadre juridique et administratif qui détermine leur première responsabilité : celle d’élaborer un schéma d’aménage-ment du territoire.

Les années 1990 ramènent les discussions sur la décentralisation des pouvoirs entre le gouvernement et les municipalités. Cette réflexion se traduira par un transfert de responsabilités, principalement au niveau local, ainsi que par la proposition d’une nouvelle fiscalité. Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que le gouvernement confie aux MRC

la gestion des matières résiduelles et le dossier de la sécurité incendie. Parallèlement, une nouvelle dynamique s’installe au sein de l’adminis-tration régionale et on assiste à une effervescence sur le plan du développement économique et culturel.

Les années 2000 amènent sur le Québec une restructuration majeure des municipalités résultant d’une importante opération de fusion. La MRC de Rimouski-Neigette n’y échappe pas et en janvier 2002, on assiste au regroupement de cinq de ses municipalités avec la Ville de Rimouski, renforçant ainsi son rôle de capitale régionale. Pour faire contrepoids et soutenir les municipalités à caractère rural, la MRC de Rimouski-Neigette signe en 2002 un premier pacte rural, issu de la Politique nationale de la ruralité. La MRC a complété avec succès ce premier pacte et entame avec enthousiasme une deuxième édition jusqu’en 2014.

Le lancement, en 2007, de bancs d’essai en matière de décentralisa-tion démontre bien que la question de la gouvernance régionale reste toujours au cœur des débats et des échanges, sans oublier la question de l’élection du préfet au suffrage universel.

Étant donné que la MRC évolue dans un monde en changements constants, les années qui viennent amèneront l’organisation des transports collectifs et l’intégration de la gestion de sources d’énergie renouvelable. Fière des défis qu’elle a su relever depuis 25 ans, la MRC de Rimouski-Neigette fait son entrée dans le 3e millénaire, ce qui fait d’elle un territoire moderne et économiquement diversifié présentant au monde une région ouverte et accueillante.

Jacques Lemay, historien

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Préambule

Lorsque nous nous promenons sur le territoire de la MRC de Rimouski-Neigette, force est de constater que même le regard le

moins averti se rend compte des beautés et des richesses de notre patrimoine bâti et naturel. Certains secteurs, plus âgés, présentent aux visiteurs et aux résidents des caractéristiques architecturales qui sont reconnues comme significatives pour notre région. Alors que d’autres ont été façonnés par la présence du fleuve, de la forêt et de l’agriculture. Ces éléments essentiels à notre développement ont laissé leurs traces dans notre paysage et au cœur des noyaux villageois.

L’histoire du peuplement de notre territoire explique en bonne partie les styles architecturaux que nous rencontrons au fil de nos promenades dans les dix municipalités de la MRC de Rimouski-Neigette. Le moment d’implantation, la disponibilité des ressources naturelles, l’ouverture des moulins à scie, l’amélioration du transport, les décisions gouver-nementales, le climat, l’implication, ou non, des citoyens sont des éléments qui expliquent et dessinent l’apparence de nos communautés tant en milieu rural qu’en milieu urbain et villageois. Tous ces aspects sont bien documentés et plusieurs ouvrages nous exposent chacune de ces facettes. Les architectes et les ingénieurs décortiquent très bien les motifs de telle construction, ils nous présentent d’une belle façon les corniches, les gargouilles, les balustres et autres ornementations.

Cependant, ce livre plonge aussi dans le regard du résident. C’est lui qui franchit l’escalier séparant l’aire publique du privé, traverse la galerie qui prolonge pour un temps l’intimité du foyer, ouvre la porte et pénètre dans la vie quotidienne de la famille. Et, dans un moment de pur délice, l’histoire se déploie.

Dans ce document, d’une très belle qualité graphique, les histoires des maisons proviennent souvent des résidents eux-mêmes qui, en se rappelant et en transmettant leurs souvenirs, redonnent vie à leurs prédécesseurs et par la même occasion leur rendent l’attention qu’ils méritent.

Présenter de cette manière les histoires locales et les anecdotes quotidiennes demande cependant beaucoup de travail. Les recherches ont été effectuées par une multitude de personnes sur l’ensemble du territoire de la MRC. Tous ces collaborateurs, dont vous trouverez les noms à la fin de ce volume, ont été généreux et consciencieux sans pourtant avoir la certitude de voir un jour le produit vraiment terminé. Je dis merci à chacun d’entre vous pour le travail accompli. Cependant, dans le but de conserver la logique des faits énoncés et d’uniformiser le style littéraire tout au long du volume, j’ai revu chacune des histoires locales.

Le choix des maisons a été fait selon des normes reconnues en matière de conservation du patrimoine, c’est-à-dire que j’ai porté une attention particulière au choix des matériaux de recouvrement, à la volumétrie conservée, à l’emplacement des ouvertures. Évidemment l’âge et l’état général du bâtiment ont aussi été pris en considération. Toutes les municipalités de la MRC de Rimouski-Neigette sont ici représentées, sans toutefois pouvoir parler d’un inventaire exhaustif, car plusieurs autres maisons auraient pu être dévoilées dans ce docu-ment. J’ai choisi de présenter les bâtiments par ordre chronologique du plus ancien au plus récent.

Extrait de la publication

Les informations techniques et les descriptions architecturales varient beaucoup d’un spécialiste à un autre, j’ai opté pour un vocabu-laire simple et reconnu par la majorité d’entre eux. Plusieurs descrip-tions architecturales sont inspirées du travail d’Yves Laframboise, De la colonie française au e siècle, La maison au Québec (Les éditions de l’Homme, 2001, 362 pages).

Le patrimoine s’inscrit aussi dans la continuité. Il se modifie et s’ajuste en fonction des réalités que traverse une famille ou une communauté. Parler du patrimoine c’est faire allusion à l’histoire et au temps. Le temps qui passe, qui sera, qui erre. Le temps qui file à travers les saisons. J’ai donc pensé vous offrir comme toile de fond les mois de l’année. Douze mois, douze personnalités provenant d’univers très variés qui ont accepté avec enthousiasme de se choisir un mois et de nous présenter le fruit de leur inspiration sur le mois choisi et sur le thème de ce livre. Vous rencontrerez les pensées de Mgr Bertrand Blanchet, François-Xavier Blanchet, Sœur Pauline Charron, Denise Hébert et Pierre Couture, Alain Dumas, Mahnaz Fozi, Annie Landreville, Léonard Parent, Claude-Robin Pelletier, Clément Pelletier, Patricia Posadas et Cécile Vignola.

Je remercie chacune de ces personnes qui ont accepté sans hésitation ce jeu en toute complicité. Elles vous révéleront un pan de leur imagi-nation, de leur conception de la vie qui passe à travers les mois et les saisons. Les consignes ont été minimales pour permettre la libre expression de leur créativité.

Vous serez charmés !

Nous voulions aussi donner la parole à un historien. Qui de mieux qu’un passionné du passé pour présenter les contextes qui influencent et les événements à interpréter. Merci à Jacques Lemay, professeur à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

La MRC a fait appel à deux professionnels pour produire les dessins par ordinateur : Maxime Brunet et Jean-François Cloutier que je remercie. Merci à Marie-Hélène Ouellet, stagiaire de l’UQAR et à Sophie Gaudreault pour avoir mis un peu d’ordre dans tous ces textes accumulés pendant trois ans. Je tiens à souligner de manière particu-lière la contribution généreuse de mes collègues de la MRC qui, tout au long de ce parcours, m’ont apporté leur soutien, leurs bonnes idées et leurs compétences technologiques.

Une aventure dans le temps et dans l’espace qui vous fera rêver de pouvoir en laisser autant à vos descendants.

Alors installez-vous confortablement et laissez-vous transporter par ces histoires qui se dévoileront un peu comme un roman. Un roman où tous les personnages sont vérité.

Je vous souhaite d’y puiser toute l’énergie et la sagesse nécessaires à créer le temps futur.

Danielle Dufresne, coordonnatrice culture et patrimoine MRC de Rimouski-Neigette Juillet 2007

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Carte de la MRC de Rimouski-Neigette par Emmanuel Fournier

Extrait de la publication

Patrimoine religieux

Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire des églises du xixe siècle comme celles de Saint-Anaclet-de-Lessard, du Bic et

de Saint-Fabien, des églises de colonisation dans le Haut-Pays, une église qui présente une façade de style Dom Bello à Saint-Valérien, une chapelle patrimoniale sur le bord du fleuve, sans oublier la cathédrale de Rimouski.

Si vous pouviez les visiter, en circuit, pendant l’été, vous seriez étonnés d’y découvrir des chemins de croix, des cloches, des vitraux, des sculptures, des orgues, des boiseries, des vêtements liturgiques, des objets de culte… qui font de beaucoup de nos églises des musées sans en avoir le nom.

Cependant, au-delà de ce patrimoine, les églises sont des lieux de prière et de rassemblement pour les communautés, des endroits privilégiés pour le partage. Comme vous le constaterez, nos églises ont été construites et entretenues au prix d’efforts soutenus de gens qui les voulaient grandioses, comme un cadeau ou un acte de foi.

À une époque où l’on glorifie les bâtisseurs de cathédrales, songeons à nos églises, trouvons-leur de nouvelles vocations s’il le faut, mais j’ose espérer que nous ne les abandonnerons pas à leur triste sort.

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Église de Saint-Fabien1855

D une desserte est instaurée assurant ainsi le culte romain dans la jeune communauté de Saint-Fabien.

Le 12 février 1835, il y a érection civile de la paroisse.En 1847, on entreprend la construction, sur le chemin royal,

aujourd’hui appelé Première rue, de la première chapelle en bois. La bénédiction de celle-ci sera faite en 1848.

En 1855, on construit près de cet endroit la magnifique église actuelle. L’ancienne chapelle est alors utilisée comme presbytère jusqu’en 1906.

Le remplacement de l’ancienne église de Rimouski, désaffectée en 1862 et transformée en collège, a permis à Saint-Fabien de recevoir toutes les boiseries, les lambris des murs et de la voûte avec leurs ornements de sculptures, dorures, statues, balustrades et portes de la sacristie ainsi que la chaire. Ces ornementations ont été achetées par les marguilliers de Saint-Fabien et installées dans leur nouvelle église. Tous ces ornements apportés de Rimouski sont l’œuvre des architectes sculpteurs Louis-Xavier Leprohon et Thomas Baillairgé de Québec. Les petits autels sont l’œuvre de Joseph Bélanger de Saint-Fabien.

En 1898, l’architecte David Ouellet1 supervise toutes les opérations de restauration et d’agrandissement de l’édifice. À cette époque, l’église est agrandie de près de 30 pieds. Le clocher est refait et un coq de bronze est placé à son sommet.

En 1945, on couronne les travaux d’embellissement paysager devant l’église par la bénédiction d’un monument des Saints Martyrs Canadiens, ensemble surélevé des huit statues des saints dans la position qui rappelle leur vie et leur œuvre.

Jusqu’en 1955, les lampes à l’huile, les toiles aux fenêtres et l’escalier conduisant à la chaire ont fait partie de la décoration. Sa dernière restauration aura lieu en 1977, à l’occasion des fêtes du 150e de la paroisse.

Comme toutes les églises, celle de Saint-Fabien a accueilli en son sein toute la population à travers les étapes de leur vie marquées, durant de longues années, par le culte religieux.

M. le chanoine Pierre-Célestin Audet, curé de la paroisse pendant 35 ans, de 1870 à 1905, qui s’est impliqué très activement à promouvoir la coopération, repose aujourd’hui sous le maître-autel de son église, la tête au-dessous des pieds du prêtre qui commence la messe, comme il l’avait expressément demandé dans son testament.

Depuis 2003, l’événement culturel Concerts aux Îles du Bic offre des prestations musicales professionnelles dans ce très élégant bâtiment qui offre aux mélomanes une sonorité impeccable.

1. Né à la Malbaie en 1844, David Ouellet s’établit à Québec en 1876. Ses premières œuvres d’architecture religieuse sont la façade de l’église de l’Islet et la reconstruction de l’église de Saint-Denis de Kamouraska. Ouellet construit et réaménage plus d’une centaine d’églises et de presbytères en plus de nombreux bâtiments civils dans l’Est-du-Québec.

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Église de Saint-Anaclet-de-Lessard1858

Avant son érection, la paroisse de Saint-Anaclet-de-Lessard est surnommée « région des castors », car le ruisseau longeant le

village, du côté sud, est littéralement couvert de huttes de castors. La seigneurie de Lessard, située sur la majeure partie de la paroisse actuelle, est concédée à Pierre Lessard et à sa femme Barbe Fortin le 8 mars 1696. Elle fait partie de la paroisse Saint-Germain de Rimouski jusqu’à son érection en novembre 1856. Le 23 décembre 1856, les citoyens déterminent un site pour leur église. Un mois plus tard, le 20 janvier 1857, l’évêque de Québec, Monseigneur Baillargeon, décrète l’érection de l’église. Le terrain est alors offert par des agriculteurs de la paroisse. On fournit les matériaux à l’entrepreneur et on lui donne 300 $ pour la charpente, les portes et les fenêtres. Cette église, de style néoclassique, caractérisée par une chapelle extérieure et une nef à trois vaisseaux, coûte aux gens de la paroisse près de 2 248 $.

La première messe est célébrée le 23 février 1858. Le premier curé, l’abbé Jean-Baptiste Blanchet, est accueilli par les paroissiens en 1859.

Au cours des années, l’église connaît plusieurs transformations. En 1860, on installe des bancs de galeries au jubé. Une décennie plus tard, en 1871, on fait ériger le clocher, le même qu’aujourd’hui, par monsieur Zéphirin Lavoie. Puis, en 1875, l’église reçoit en don d’un bienfaiteur un calice en argent, un ostensoir et un encensoir. L’église subit une cure de rajeunissement en 1885 sous la direction de l’architecte David Ouellet. Celui-ci construit un nouveau solage et remplace la couverture.

Un an plus tard, Alphonse Ratté fabrique des panneaux sculptés avec dorures ; des tableaux pour orner le chœur et le transept sont installés, grâce au don de généreux paroissiens.

Le 21 décembre 1907 a lieu la sépulture du révérant Bilodeau qui a été curé pendant 27 ans dans la paroisse de Saint-Anaclet-de-Lessard. Il est inhumé sous l’église du côté de l’évangile et sous le chœur.

En 1912, un agrandissement de 22 pieds du côté ouest et de 24 pieds du côté est complète la construction de l’église telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’architecture, la voûte ainsi que tout l’inté-rieur sont l’œuvre de Murphy et Quegley de Québec. Les trois cloches, fondues par la Maison Amédée Bollée, ont été installées en 1914. Elles donnent les notes fa-sol-fa. La cloche FA se nomme André-Albert-Adelme (nom de l’évêque et du curé), la cloche SOL se nomme Adéodat-Alphonse-Virginie (nom de l’assistant-curé Alphonse Pineau et Virginie Gagné) et l’autre cloche FA se nomme Auguste-François-Joseph (nom d’Auguste Pineau, François Desjardins et Joseph Proulx).

En 1918, on érige un chemin de croix qui est constitué de copies en oléogravure sur toile de l’original du peintre Marguerie. Trois ans plus tard, en 1921, on achète l’orgue Casavant. En 1924, on orne l’église de douze verrières ; elles sont l’œuvre de J.P. O’Shea et Cie de Montréal. Enfin, en 2007, l’église et son presbytère sont cités biens culturels par la Municipalité.

Extrait de la publication

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, Le temps qui passe par Léonard Parent – BASQUE 89

31 Maison Pineault 9132 Château Rouleau 9333 Maison Leclerc 9534 Maison Saint-Laurent 9735 Maison Bernier 99

, Au fil des ans par sœur Pauline Charron 101

36 Maison Lavoie-Saint-Laurent 10337 Maison Bélanger 10538 Maison Letendre 10739 Maison Prudent-Fortin 10940 Maison Belzile 111

, Le plus beau des douze ! par Cécile Gagnon – Vignola 113

41 Maison Jacob 11542 Maison Bernier 11743 Maison aux dentelles 11944 Maison Joseph-Gauvreau 12145 Chalet Saint-Joseph 123

, Splendeur et présomption par Denise Hébert et Pierre Couture 125

46 Maison Joseph-E. Parent 12747 Maison D’Astous 12948 Maison Bélanger-Gauvin 13149 Maison Bouillon-Ruest 13350 Maison Lavoie-Rodrigue 135

, L’automne… un patrimoine par Alain Dumas 137

51 Maison Rousseau 13952 Maison Ouellet 14153 Maison Bernier-Gendreau 14354 Maison Pelletier-Bélanger 14555 Maison Lavoie-Plourde 147

, Les paysages de fin d’automne par François-Xavier Blanchet 149

56 Maison Isabelle 15157 Maison Albert 15358 Maison Roy 15559 Maison D’Anjou 15760 Maison Proulx 159

, Pourquoi sortir ? par Claude-Robin Pelletier 161

61 Maison Ouellet 16362 Maison Côté 165

Liste des collaborateurs 166

Bibliographie 167

Index des noms cités 169

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cet ouvrage est composé en scala corps 10selon une maquette réalisée par pierre-louis cauchon

sur les presses de l’imprimerie marquisà cap-saint-ignace

pour le compte de gilles hermanéditeur à l’enseigne du septentrion

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