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SOUTENANCE À CRETEIL UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** ANNEE 2016 THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale ------------ Présentée et soutenue publiquement le : À : CRETEIL (PARIS EST CRETEIL) ------------ Par Fatima Goumiri épouse Bouhriche Née le 20/02/1976 à ALGER ------------- TITRE : Prise en charge de l’Asthme de L’enfant de moins de 36 mois, en dehors de l’épisode aigu : Analyse des pratiques auprès des médecins généralistes de la région du Val d’Oise DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA MME le docteur Anne Marie TEYCHENE BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du Cachet de la bibliothèque Directeur de thèse universitaire

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SOUTENANCE À CRETEIL

UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

******************

ANNEE 2016 N°

THESE

POUR LE DIPLOME D'ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Médecine Générale

------------

Présentée et soutenue publiquement le :

À : CRETEIL (PARIS EST CRETEIL)

------------

Par Fatima Goumiri épouse Bouhriche

Née le 20/02/1976 à ALGER

-------------

TITRE :

Prise en charge de l’Asthme de L’enfant de moins de 36 mois, en dehors de l’épisode

aigu : Analyse des pratiques auprès des médecins généralistes de la région du Val d’Oise

DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA

MME le docteur Anne Marie TEYCHENE

BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

Signature du Cachet de la bibliothèque

Directeur de thèse universitaire

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REMERCIEMENTS

A nos Maîtres et au Président du Jury, Nous vous remercions de l’intérêt que vous avez

témoigné à notre travail et nous sommes très honorés que vous ayez eu la gentillesse de juger

ce travail de thèse.

A ma directrice de thèse, le docteur Teychene Anne Marie, pour m’avoir aidée dans ce projet,

et m’avoir permis de réaliser ce sujet. Merci également de m’avoir fait confiance et de

m’avoir accompagnée tout au long de ce travail de thèse.

A mon époux, qui m’a beaucoup soutenu et qui a été très patient, mon soutien le plus fort au

quotidien.

A nos trois enfants que j’aime de tout mon cœur.

A ma famille et ma copine Tekfa, pour leur aide précieuse, et pour m’avoir supportée au sens

propre comme au sens figuré pendant ces longues études.

A tous les médecins généralistes qui ont accepté de participer à cette étude.

Que tous ceux qui ont touché de près ou de loin à la réalisation de ce travail, ceux que j’ai

nommés, et tous ceux que j’ai oublié de citer, trouvent ici l’expression de mes sincères

remerciements et de ma profonde gratitude.

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TABLE DES MATIÈRES

Remerciements……………………………………………………………………………….p.2

Table des matières…………………………………………………………………………...P.3

Table des matières des tableaux et des figures et des graphiques………………………........P.5

Lexique………………………………………………………………………………………P.7

I.INTRODUCTION………………………………………………………………………...p.8

I .1.HISTORIQUE……………………………………………………………………….......p.9

I.2. DEFINITION...................................................................................................................p.10

I.3. EPIDEMIOLOGIE…………………………………………………………………..…p.11

I.4. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE CHEZ L’ENFANT DE MOINS DE 36 MOIS….....P.17

I.5. PRISE EN CHARGE INITIALE……………………………………………………….p.23

I.5.1. Objectifs…………………………………………………………………………....p.23

I.5.2. Stratégie de prise en charge…….………………………………………………….p.23

I.5.2.1. Prise en charge médicamenteuse……………………………………………..p.23

I.5.2.2. Mesures à mettre en place sur l’environnement …………………...................p.25

I.5.2.3. Education thérapeutique chez l’enfant………………………………………..p.26

I.5.3. Définition du contrôle de l’asthme et adaptation thérapeutique…………………..p.26

I.5.4. Fréquence de suivi ………………………………………………………………..p.28

I.6. ARBRE DECISIONNEL RESUMANT LA DEMARCHE DIAGNOSTIQUE ET LA

PRISE EN CHARGE INITIALE……………………………….. ………………………....p.28

II. Matériel et Méthode…………………………………………………………………...p.29

II.1 Hypothèse et objectifs………………………………………………………………….p.29

II.2 Population………………………………………………………………………………p.29

II.3 Statistiques…………………………………………………………………………….. p.31

III. Résultats……………………………………………………………………………….p.32

III.1 Taux de participation………………………………………………………………….p.32

III.2 Description de la population étudiée…………………………………………………..p.32

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III.3 Evaluation des pratiques………………………………………………………………p.33

III.3.1 Définitions de l’asthme du nourrisson par les MG de l’étude…………………....p.33

III.3.2 La réalisation d’examens complémentaires……………………………………....p.34

III.3.3 Le recours au spécialiste……………………………………………………….....p.35

III.3.4 Le terrain allergique et bilan……………………………………………………...p.36

III.3.5 Connaissance de la classification de la sévérité de l’asthme proposée par l’HAS.p.38

III.3.6 Les traitements d’épreuve instaurés en première intention……………………….p.37

III.3.7 La durée d’utilisation des CSI…………………………………………………….p.38

III.3.8 Les principaux facteurs limitant la prescription des CSI au long cours rencontrés par

les médecins interrogés……………………………………………………………………..p.38

III.4 Facteurs influençant la pratique des MG……………………………………………...p.40

IV. Discussion…………………………………………………………………………...…p.41

IV.1 Principaux résultats…………………………………………………………………....p.41

IV.2 Limites de l’étude……………………………………………………………………..p.44

IV.2.1 Type de l’étude…………………………………………………………………...p.44

IV.2.2 Les biais de sélection et faiblesses de l’étude…………………………………….p.44

IV.2.3 Les limites du questionnaire………………………………………………….......p.45

V. Perspectives……………………………………………………………..………………p.46

VI. Conclusion......................................................................................................................p.47

VII. Bibliographie ………………………………………………………………………...p.48

VIII. Annexes ………………………………………………………………………...……p.51

Résumé…………………………………………………………………………………..…p.55

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TABLE DES MATIERES DES TABLEAUX, DES FIGURES ET DES GRAPHIQUES

Tableau 1 : Prévalence de l’asthme et des symptômes évocateurs, enquête nationale en milieu

scolaire 2007-2008 (classe de CM2) et 2008-2009 (classe de troisième)………………….P.13

Figure 1 : Évolution de la prévalence de l’asthme et des symptômes évocateurs, enquête

nationale en milieu scolaire, classe de CM2 2004-2005 et 2007-2008 et classe de troisième

2003-2004 et 2008-2009……………………………………………………………………P.14

Figure 2 : Evolution de la mortalité par asthme tous âges en France………………………P.15

Figure 3 : Evolution de la mortalité par asthme chez l’enfant et l’adulte jeune…………...P.15

Figure 4 : Evolution des hospitalisations pour asthme chez l’enfant de moins de 15 ans…P.16

Tableau 2 : « d’après les recommandations HAS 2009 » : éléments cliniques et paracliniques

pour le diagnostic d’asthme dans les recommandations internationales…………………...P.17

Tableau 3 : diagnostics différentiels de l’asthme en fonction de l’anamnèse, des symptômes

cliniques et des examens complémentaires de première intention, modifiés d’après la British

Thoracic Society. British guideline on the management of asthma………………………..P.21

Tableau 4 : classification de la sévérité avant traitement de l’asthme de l’enfant de moins de

36 mois……………………………………………………………………………………...P.22

Tableau 5 : doses quotidiennes de corticostéroïdes inhalés chez l’enfant de moins de 36 mois :

adapté d’après les recommandations du GRAPP 2008…………………………………….P.24

Figure 5 : stratégie thérapeutique initiale en fonction du stade de sévérité (adaptée de

Bacharier, ERS, GINA, GRAPP, NHLBI)…………………………………………………P.25

Tableau 6 : les outils et méthodes d’éducations peuvent être adaptés selon l’âge de l’enfant et

sa capacité d’attention………………………………………………………………………P.26

Figure 6 : Stratégie d’adaptation thérapeutique selon la réponse au traitement initial (adapté

d’après les recommandations internationales) ……………………………………………..p.27

Figure 7 : Démarche diagnostique et prise en charge initiale de l’asthme de l’enfant de moins

de 36 mois (adapté de Marguet et al, 2002)………………………………………………...p.28

Tableau 7 : Caractéristiques générales et conditions d’exercice des médecins inclus dans

l’étude………………………………………………………………………………………p.32

Figure 8 : outils de formation professionnelle continue……………………………………p.33

Tableau 8 : Définition de l’asthme du nourrisson selon les MG interrogés……………..…p.34

Tableau 9 : les examens complémentaires réalisés par les MG pour bilan initial………….p.35

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Tableau 10 : Répartition des médecins selon les raisons de leurs recours aux spécialistes face

à une suspicion d’asthme du nourrisson…………………………………………………....p.36

Tableau 11: le bilan allergologique réalisé face à une suspicion d’asthme du nourrisson....p.36

Tableau 12 : Les traitements d’épreuve instaurés en première intention face à un asthme du

nourrisson…………………………………………………………………………………...p.37

Figure 9 : répartition des médecins selon la durée d’utilisation des CSI face à un asthme du

nourrisson……………………………………………………………………………….…..p.38

Tableau 13 : les facteurs limitant la prescription des CSI face à un asthme du nourrisson...p.38

Tableau 14 : Répartition des médecins interrogés selon le contrôle de l’asthme, la bonne

utilisation des dispositifs d’inhalation et la fréquence des consultations de suivi………….p.39

Tableau 15 : facteurs influençant la connaissance de la définition de l’asthme du nourrisson

…………………………………………………………………………………………...….p.40

Tableau 16 : facteurs influençant la durée d’utilisation des CSI……………………...……p.40

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Lexique AD : Aérosol doseur

β2CA : β2-mimétique à courte durée d’action

CSI : Corticostéroïdes inhalés

CA : Chambre d’inhalation

CHAM : Centre Hospitalier de l’Arrondissement de Montreuil sur Mer

ECRHS: European Community Respiratory Health Survey

EGEA: Epidemiological Study of Genetics and Environment in Asthma

ERPURS : Evaluation des risques de la pollution urbaine pour la santé

GRAPP : Groupe de Recherche sur les Avancées en Pneumo-Pédiatrie

GINA : Global Initiative for Asthma

GP: General Practitioners

IL : Interleukine

Inserm : Institut nationale de la santé et de la recherche médicale

InVS: Institut de veille sanitaire

ISAAC: International Study of Asthma and Allergies in Childhood

NAEPP: National Asthma Education and Prevention Program

NHLBI: National Heart, Lung and Blood Institute

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ORL : Oto-Rhino-Laryngologue

PAI : Projet d’Accueil Individualisé

PMSI : Programme de Médicalisation des Systèmes d’information

SNA : Système Nerveux Autonome

SPLF : Société de Pneumologie de Langue Française

VAI : Voies aériennes inférieures

VEMS : Volume Expiratoire Maximal par Seconde

VRS : Virus Respiratoire Syncytial

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I. INTRODUCTION

L’asthme est la maladie chronique la plus fréquente en pédiatrie. Avec une prévalence

estimée en France à 12,4 % chez les enfants de 12 à 14 ans(1)

, cette pathologie reste une

priorité de santé publique en France.

Chez le nourrisson, les données épidémiologiques sont mal connues, faute d’études précises

dans cette tranche d’âge(2)

.

Durant les années 1980, la définition la plus utilisée pour désigner l’asthme du nourrisson

était celle proposée par Tabacknik E(3)

« tout épisode dyspnéique avec sibilants qui se

reproduit au moins 3 fois avant l’âge de 2 ans, et ceci quels que soient l’âge du début, la

présence ou pas de stigmates d’atopie, et la cause apparemment déclenchante ». Bien que très

utilisée, cette définition souffre pour beaucoup d’un manque de clarté voire de consensus.

Cette situation aurait contribué à l’utilisation de plusieurs terminologies souvent imprécises

comme : « bronchiolites à répétition », « bronchites asthmatiformes », « toux

asthmatiforme », occasionnant ainsi un retard de diagnostic et de prise en charge chez le

jeune enfant.

L’asthme du nourrisson étant l’asthme de demain, les recommandations de la SPLF de 2007(4)

indiquaient que plus de 70% des patients, surtout des adultes jeunes, des adolescents et des

enfants de moins de 10 ans décédés d’asthme aigu, étaient porteurs d’un asthme ignoré ou mal

contrôlé par le traitement de fond.

Plusieurs études réalisées en médecine générale (AIRE 2002, ER’ASTHME 2003, ELIOS

2005) (5, 6, 7)

ont aussi confirmé le caractère sous-traité de l’asthme chez l’enfant, avec un

contrôle souvent surestimé et un suivi insuffisant.

Dans ce contexte, la HAS a émis en 2009(2)

des recommandations professionnelles spécifiques

pour les enfants de moins de 36 mois, avec comme objectifs : d’homogénéiser le diagnostic,

la prise en charge et le suivi de ces patients ; de produire des outils d’évaluation des pratiques

professionnelles ou des documents de formation professionnelle et de produire des fiches

d’information pour les familles.

Plusieurs travaux de thèses en médecine générale (8, 9)

, ont étudié de façon qualitative la prise

en charge de l’asthme du nourrisson. Il s’agissait de l’analyse d’entretiens réalisés en face à

face avec des médecins généralistes.

Notre étude vise à décrire de manière quantitative la prise en charge de l’asthme du

nourrisson en médecine générale de la région du Val d’Oise, afin d’analyser les éventuelles

difficultés faisant que cette prise en charge s’écarte des dernières recommandations de la

HAS, 6 ans après leur parution. Grace à cette analyse, nous pourrions, in fine, envisager une

solution pour chaque frein identifié, dans la mesure du possible, afin que la prise en charge de

l’enfant soit la plus précoce possible, répondant aux exigences des dernières

recommandations, ce qui permettra de limiter la fréquence et l’intensité des exacerbations et

de préserver le capital pulmonaire de ces enfants.

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I.1. HISTORIQUE

L’origine du mot « Asthme » semble remonter à la Grèce Antique, lorsque Homer a décrit

dans son Iliade l’état respiratoire d’Hector, dont Achille avait percé la poitrine avec sa lance.

Il parait qu’Hector ne respirait pas bien, et le mot asthme apparait pour la première fois.

Les premières observations des médecins sont décrites au 19ème

siècle avant Jésus Crist.

Au début de notre siècle, le Grec Arétée de Cappadoce (Un célèbre médecin grec de

l'Antiquité. Né en Cappadoce, il a vécu, selon les uns, du temps de Néron), a décrit pour la

première fois l’asthme comme « une soif d’air inapaisable ». Sa définition de la maladie force

l’admiration : "Ces malades se redressent pour respirer; ils errent au dehors, en proie à une

soif d'air qui les incite à ouvrir la bouche avidement, aussi largement que possible, mais sans

résultat… leur respiration soufflante fait gonfler leur cou; ils sont secoués d'une toux

fréquente et pénible qui ramène une expectoration peu abondante, filante… "

Arétée signale même l'existence de certaines dyspnées en rapport avec la profession,

notamment chez les ouvriers de la laine, les plâtriers, les travailleurs du bronze, les forgerons,

les souffleurs de foyers dans les bains publics.

Le médecin Grec Claude Galien (129 -216) a avancé une théorie du développement de la

maladie, en décrivant le mouvement de l’air dans les organes respiratoires obstrués par du

liquide gras et visqueux dans la trachée. Il recommandait, entre autres, de l’opium.

Moses Maimonide (1135-1204), rabbin andalou qui pratiquait la médecine, a remarqué

dans son livre sur l’asthme, l’aggravation de la maladie pendant l’hiver, qui commençait

comme un rhume ordinaire. Il a aussi signalé que les malades se sentaient mieux dans une

atmosphère chaude et sèche. Il recommandait d’éviter les remèdes violents, dormir plus, boire

plus de liquide, modérer l’activité sexuelle et manger de la soupe au poulet.

Jean Baptiste Van Helmont (1579-1644), un médecin belge, croyait que l’asthme prenait sa

naissance dans les tubes pulmonaires.

Bernardo Ramazzini (1633-1714), un professeur de médecine de Padoue, a décrit

l’asthme provoqué par un effort physique et a tracé la liaison entre les crises et l’inspiration de

poussières organiques.

Au 17e siècle, on a commencé à parler de la nature nerveuse de la maladie, un des médecins a

appelé l’asthme « l’épilepsie des poumons ».

Au 18e siècle, John Floyer, médecin anglais, lui-même asthmatique, a décrit le mécanisme

de l’étouffement comme une contraction des muscles des bronches (spasme bronchique) et a

décrit le gonflement (œdème) de la surface intérieure des bronches, réduisant l’éclaircie et

empêchant la respiration. Il a aussi suspecté le rôle d’un champignon, en observant la maladie

chez les visiteurs des caves à vin.

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Au début du 20ème siècle, dans le guide thérapeutique de poche de Schnirer, paru à

Moscou en 1910, on proposait sous le chapitre de l’asthme, plusieurs options thérapeutiques

dont : des injections de morphine, des cigarettes au chanvre et à l’opium, la caféine en poudre,

l’atropine, avec une efficacité douteuse.

Depuis, et malgré les progrès considérables dans la compréhension des mécanismes

physiopathologiques de l’asthme, et bien qu’il existe des thérapeutiques efficaces, cette

maladie est souvent sous-diagnostiquée et sous-traitée.

I.2. DEFINITION :

L’asthme en général, est défini par le GINA(10)

comme « une maladie inflammatoire

chronique des voies aériennes, dans laquelle plusieurs cellules et médiateurs cellulaires jouent

un rôle important. Cette inflammation chronique est associée à une hyperréactivité bronchique

qui entraîne des épisodes récurrents de sifflements, de dyspnée, d’oppression thoracique et de

toux, particulièrement le soir ou au petit matin. Ces épisodes sont habituellement associés à

un trouble ventilatoire obstructif variable, souvent réversible spontanément ou sous traitement

». Le GINA étant un groupement de professionnels de santé et de responsables de la santé

publique à travers le monde, qui a pour but de réduire la prévalence de l'asthme, sa morbidité

et sa mortalité. Ce groupe est à l’origine de la journée mondiale contre l’asthme.

Chez le nourrisson, la première définition largement utilisée est celle proposée en 1981 par

Tabachnik et Levison (3)

, qui considèrent comme asthmatique « tout nourrisson de moins de

24 mois, ayant présenté au moins trois épisodes de dyspnée sifflante (ou wheezing), quels que

soient l’âge de début, la fréquence des crises, l’existence ou non d’une atopie ou d’une cause

favorisant le wheezing ».

Bien que largement utilisée, cette définition et bien d’autres, manquaient souvent de clarté, ce

qui a probablement favorisé l’utilisation de multiples périphrases pour s’affranchir d’utiliser

le terme « asthme » chez l’enfant de moins de 36 mois : « bronchite asthmatiforme », « toux

asthmatiforme », « bronchiolites répétées » etc.

Le National Heart Lung and Blood Institute (NHLBI) (11)

a réaffirmé l’importance d’utiliser

une terminologie précise pour désigner l’asthme de l’enfant et éviter le retard de diagnostic

qui a était souligné depuis 30 ans chez le nourrisson. Le NHLBI rappelle que les enfants

siffleurs ont souvent des diagnostics erronés de bronchite, bronchiolite, pneumopathie, reflux

gastro-œsophagien ou d’infections ORL, alors que leurs symptômes sont évocateurs d’asthme

en raison de leur caractère récidivant.

En France, dans l’optique d’améliorer le diagnostic de l’asthme de l’enfant de moins de 36

mois, la HAS propose en 2009 une définition large pour éviter le sous-diagnostic et par

conséquent le sous traitement.

En 2009, la HAS (2)

confirme que la définition de l’asthme est clinique : « L’asthme de

l’enfant de moins de 36 mois est défini comme tout épisode dyspnéique avec râles sibilants,

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qui s’est produit au moins 3 fois depuis la naissance, et ceci quels que soient l'âge de début, la

cause déclenchante, l'existence ou non d'une atopie. Ces épisodes de sifflements sont

discontinus, avec des périodes pendant lesquelles l’enfant est asymptomatique ».

Pour la HAS d’autres tableaux cliniques doivent faire évoquer un asthme :

- Toux induite par l’exercice.

- Toux nocturne.

- Toux chronique ou récidivante.

- Toux persistante après une bronchiolite.

- Sifflements persistants (« happy wheezer », c'est-à-dire, nourrisson qui a des

sifflements permanents, sans retentissement sur l’état général, ni sur l’activité, sans

toux ni dyspnée inter critiques).

I.3. EPIDEMIOLOGIE

I.3.1. L’asthme en général :

L’asthme est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes dans le monde. L’OMS (12)

indique qu’en 2013, le nombre de personnes asthmatiques avait dépassé les 235 millions dans

le monde, avec une progression d’environ 100 million de plus jusqu’en 2025.

Pour le GINA (13)

, il y a en moyenne 250 000 personnes qui meurent chaque année dans le

monde du fait de l’asthme. Cette prévalence n’a cessé d’augmenter depuis plusieurs années,

expliquée principalement par le caractère sous-diagnostiqué et insuffisamment traité de cette

maladie.

Devant ce constat alarmant, les différentes autorités de santé, ainsi que les sociétés savantes,

ont procédé à l’élaboration et à la mise à jour de nouvelles recommandations avec comme

principal objectif de freiner la progression de l’asthme, faisant ainsi de cette pathologie une

réelle priorité de santé publique.

En France, L’Institut de veille sanitaire INVS (http://www.invs.sante.fr/ ), a mis en place un

dispositif de surveillance de la prévalence de l’asthme qui a pour objectif non seulement de

suivre sa progression dans le temps, mais également d’estimer la part d’asthmes non

diagnostiqués ou insuffisamment traités.

Ce dispositif repose sur une collaboration avec plusieurs organismes :

- l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) ;

- l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ;

- la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Ainsi plusieurs enquêtes nationales de santé ont été effectuées au sein de la population

générale. A savoir :

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12

- L’enquête décennale santé de l’Insee ;

- L’enquête santé et protection sociale (ESPS) de l‘Irdes ;

- L'enquête nationale en milieu scolaire, conduite par le ministère chargé de la Santé, en

partenariat avec le ministère de l’Education nationale et l’Institut de veille sanitaire.

En France, l’Institut de Recherche et de Documentation en Économie de la Santé (IRDES)

évaluait à 3,5 millions, le nombre de personnes touchées par l’asthme en France, avec

environ 1000 décès par an suite à cette pathologie (14)

.

Les données actualisées en 2015 sur le site de l’Institut national de veille sanitaire (15)

confirment bien que l’asthme est une maladie fréquente avec une prévalence actuelle chez

l’adulte de 6,0 % (crise d’asthme dans les douze derniers mois ou traitement actuel pour

asthme). La prévalence des sifflements au cours des douze derniers mois était de 12,0 %

en France. Les premières manifestations surviennent le plus souvent pendant l’enfance.

En France métropolitaine, environ 57000 séjours hospitaliers pour asthme ont été

enregistrés en 2013, soit un taux brut d'hospitalisation pour asthme de 8,9 pour 100 000

habitants. Près des deux tiers (62,7 %) des séjours concernaient des enfants âgés de moins

de 15 ans. En outre, la maladie altère considérablement la qualité de vie. Elle entraine des

insomnies, une baisse d’activité et un absentéisme à l’école ou au travail (15)

.

I.3.2. Chez l’enfant :

L’épidémiologie de l’asthme de l‘enfant reste complexe à évaluer, malgré les nombreuses

enquêtes déjà réalisées au niveau international. Cette difficulté est certainement en rapport

avec les écarts dans la définition de la maladie et les symptômes équivalents,

particulièrement chez le nourrisson. La difficulté réside aussi dans l’évolution de cette

définition dans le temps.

En 1990, la cohorte ISAAC (16)

a permis l’analyse des données de 155 centres dans 56

pays, afin de mesurer la prévalence de la maladie allergique (dont l’asthme), ses facteurs

déclenchants ou aggravants, avec comme objectif d’évaluer l’impact des irritants

bronchiques de l’environnement et les exacerbations d’Asthme. Cette étude montre que

depuis les années 1960, la fréquence de l’asthme s’accroit d’environ 6 à 10% par an chez

l’enfant, quel que soit la région explorée du globe.

Partant de ce constat, la quasi majorité des enquêtes épidémiologiques ont étaient réalisées

chez l’enfant en âge scolaire. Le besoin d’avoir une appréciation juste de l’évolution dans

le temps, a poussé vers la mise en place d’enquêtes périodiques chez l’enfant d’âge

scolaire, avec comme principale insuffisance de ces enquêtes l’absence de données solides

chez les nourrissons.

Ainsi, depuis 2012, l’Institut de Veille Sanitaire, en collaboration avec la Drees du

ministère de la Santé, mènent une enquête nationale tous les deux ans en milieu scolaire,

alternativement en CM2, troisième et maternelle.

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13

En 2014, Delmas et al. ont publié les résultats des enquêtes nationales réalisées entre

2003-2008 et portant sur les données de 7 677 élèves de CM2 et de 7 116 élèves de classe

de troisième (17)

. Cette enquête a confirmé l’augmentation significative de la prévalence

cumulée de l’asthme dans chaque niveau scolaire (augmentation absolue de 2,1 points en

CM2 et de 2,3 points en troisième ; p<0,01 dans chaque niveau scolaire). Il existe aussi

une augmentation significative de la prévalence des symptômes évocateurs d’asthme dans

l’année écoulée : en classe de CM2, elles concernaient les sifflements (+1,6 points ;

p<0,01) et, en classe de troisième, les sifflements à l’effort (+1,4 points ; p<0,05) et la

toux sèche nocturne (+3,8 points ; p<0,01).

Tableau 1 : Prévalence de l’asthme et des symptômes évocateurs, enquête nationale en

milieu scolaire 2007-2008 (classe de CM2) et 2008-2009 (classe de troisième)

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Figure 1 : Évolution de la prévalence de l’asthme et des symptômes évocateurs, enquête

nationale en milieu scolaire, classe de CM2 2004-2005 et 2007-2008 et classe de troisième

2003-2004 et 2008-2009

Dans cette enquête la proportion d’asthmes non contrôlés était élevée (plus de 35%), quel que

soit le niveau scolaire. Il n’y avait aucune tendance à la réduction de ces chiffres par rapport

aux données des enquêtes précédentes (17)

.

I.3.3. Mortalité par asthme :

La surveillance de la mortalité liée à l’asthme est effectuée en collaboration avec le Centre

d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm (CépiDc).

Elle comprend une analyse régulière de la mortalité par asthme (analyse en cause initiale, qui

ne prend en compte que les décès pour lesquels l’asthme est mis en cause principale du décès)

et de la mortalité liée à l’asthme (analyse en causes multiples).

Globalement, entre 2000 et 2010, le taux de mortalité par asthme a diminué chez les hommes

(3,0 à 1,0 pour 100 000, soit -9,3 % par an en moyenne) et chez la femme (de 2,7 à 1,3 pour

100 000, soit -6,0 % par an en moyenne). 926 décès par asthme ont été enregistrés en

moyenne chaque année en 2008, 2009 et 2010(17)

.

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Figure 2 : Evolution de la mortalité par asthme tous âges en France.

En même temps, durant la période de 2008 à 2010, la mortalité par Asthme chez les enfants et

les adultes jeunes (moins de 45 ans) est restée faible (figure 3). En moyenne, 59 décès par an

ont été enregistrés en France métropolitaine. Les taux standardisés pour l’âge, montrent une

évolution vers la baisse de la mortalité entre 1990 et 1999 et entre 2000 et 2010. Puis, ils

restent stables depuis 2004.

Figure 3 : Evolution de la mortalité par asthme chez l’enfant et l’adulte jeune

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I.3.4. Les hospitalisations pour asthme en France :

La plupart des hospitalisations pour exacerbation d’asthme, sont considérées comme évitables

grâce à une prise en charge appropriée et, si nécessaire, la prise d’un traitement de fond.

La répétition des hospitalisations pour asthme chez un même patient, constitue un indicateur

de sévérité ou de prise en charge insuffisante de sa maladie.

Ainsi, en France métropolitaine, 56 944 séjours hospitaliers pour asthme ont été enregistrés en

2013, soit un taux brut d'hospitalisations pour asthme de 8,9 pour 100 000 habitants. Près des

deux tiers des séjours (62,7 %), concernaient des enfants âgés de moins de 15 ans(17)

.

Selon le rapport de l’INVS, Alors que l’évolution des hospitalisations pour asthme semble

diminuer pour l’adulte de plus de 15 ans, la tendance évolue vers la hausse pour les enfants de

moins de 15 ans (17)

.

Figure 4 : Evolution des hospitalisations pour asthme chez l’enfant de moins de 15 ans.

Sachant que le taux des réadmissions pour asthme constitue un indicateur pertinent pour la

surveillance de l’asthme, notamment de sa prise en charge, le rapport indique qu’entre 2002 et

2010, la proportion d’enfants réadmis pour asthme au cours de la même année, a augmenté

chez les enfants âgés de moins de 15 ans.

Cette étude montre qu’un quart des hospitalisations pour asthme aigu de l’enfant, sont liées à

des crises inaugurales. Chez les asthmatiques connus, le traitement de l’asthme est insuffisant,

ce qui suggère que des hospitalisations pourraient être évitées par une amélioration de la prise

en charge globale de l’asthme. Cependant, toutes les hospitalisations ne sont pas expliquées

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17

par un mauvais contrôle préalable de l’asthme. D’autres facteurs de risque d’hospitalisation

sont à rechercher.

I.4. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE

La quasi-totalité des recommandations internationales (2, 18-21)

s’accordent sur le fait que le

diagnostic d’asthme du nourrisson et du jeune enfant est essentiellement clinique et qu’il

n’existe pas d’outil diagnostic spécifique. Le diagnostic doit être évoqué sur l’histoire clinique

et l’examen physique (tableau 2).

Les étapes essentielles de cette démarche sont résumées dans le tableau suivant :

Tableau (2) « D’après les recommandations HAS 2009 » : Éléments cliniques et

paracliniques pour le diagnostic d’asthme dans les recommandations internationales

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Les recommandations Françaises (HAS 2009) retiennent une démarche diagnostique chez le

nourrisson de moins de 36 mois, constituée de 3 étapes :

- L’anamnèse des parents et l’étude du carnet de santé.

- L’examen clinique avec la réalisation de la courbe de croissance staturo-pondérale.

- La radiographie du thorax de face (au mieux en inspiration et en expiration).

I.4.1. L’anamnèse :

· L’anamnèse recherchera : les antécédents, en particulier, de prématurité, de détresse

respiratoire néonatale avec ventilation prolongée, de virose respiratoire sévère; les

antécédents atopiques personnels et familiaux, les signes de reflux gastro-œsophagien ;

l’absence de notion d’inhalation de corps étranger.

· L’histoire de la maladie permettra d’évaluer : la fréquence et l’intensité des symptômes

d’asthme ; l’état respiratoire entre les épisodes (qui doit être normal chez les nourrissons

asthmatiques, à l’exception des nourrissons « happy wheezers » qui ont des sifflements

permanents sans retentissement sur l’état général et l’activité, sans toux ni dyspnée en inter-

critique); les facteurs déclenchants ; la réponse aux traitements antiasthmatiques déjà reçus.

I.4.2. L’examen clinique :

· L’examen clinique recherche : les signes respiratoires (sifflements, toux, dyspnée, signes de

lutte, distension, cyanose, etc…); la présence d’un eczéma atopique; les signes atypiques

(tableau 3). La réalisation de la courbe de croissance staturo-pondérale est systématique : une

stagnation serait un signe d’alerte.

I.4.3. Place de la radiographie thoracique :

Les recommandations HAS de 2009 considèrent que la radiographie du thorax n’est pas

nécessaire au premier épisode de sifflements, mais est indispensable lorsque le diagnostic

d’asthme est évoqué, c'est-à-dire, en cas de symptômes respiratoires chroniques, après 3

épisodes de sifflements :

- Elle est le plus souvent normale en dehors de la crise, ce qui permet d’éviter des erreurs

diagnostiques et d’éliminer de nombreux diagnostics différentiels (cf. figure 7) ;

- Elle peut montrer des anomalies mineures en inter critique : opacités péri bronchiques,

distension pulmonaire ;

- Réalisée pendant une crise, elle peut retrouver une distension, des atélectasies, voire un

pneumothorax ou un pneumo médiastin.

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I.4.4. Traitement antiasthmatique d’épreuve :

Un traitement dit d’épreuve est recommandé lorsque le tableau clinique et radiologique est en

faveur d’un asthme. (Cf. le chapitre prise en charge initiale, ci-dessous) :

Ce traitement est adapté au stade de sévérité et il repose sur :

- Les bêta-2 mimétiques de courte durée d’action (B2CA) : salbutamol 200 mg 3 à 4

fois par jour, pendant 7 à 15 jours.

- Les corticostéroïdes inhalés (CSI) : lorsqu’ils sont indiqués, la dose est adaptée au

stade de sévérité. Ils sont prescrits pendant 2 à 3 mois.

L’efficacité de ce traitement d’épreuve est évaluée sur l’amélioration de la toux et/ou des

sifflements et/ou de la dyspnée. L’évolution favorable renforce le diagnostic, cependant elle

peut être incomplète ou inconstante, en particulier chez les plus jeunes nourrissons, sans pour

autant éliminer définitivement le diagnostic d’asthme.

Cette démarche diagnostique s’attachera à rechercher les éléments cliniques en faveur du

diagnostic d’asthme, à savoir :

- La répétition d’épisodes de toux et de sifflements, souvent favorisés par les infections

virales, les irritants, en particulier le tabagisme passif, l’exercice ou les émotions.

- La prédominance nocturne des symptômes.

- La normalité de l’examen clinique entre les crises.

- L’absence de retentissement sur la courbe staturo-pondérale.

La présence de signes d’atopie personnels (eczéma atopique, rhinite allergique, allergie

alimentaire) et familiaux (asthme, rhinite allergique et eczéma atopique, essentiellement chez

les parents et/ou dans la fratrie) renforce la présomption d’asthme. Cependant leur absence ne

doit pas faire renoncer au diagnostic.

Dans ces situations (après 3 épisodes de sifflements et/ou en cas de toux chronique ou

récidivante), la réalisation d’une radiographie du thorax de face en inspiration et en

expiration est recommandée : elle élimine un diagnostic différentiel, malformations et

inhalation de corps étranger en particulier.

Les experts s’accordent pour considérer que l’efficacité du traitement antiasthmatique

d’épreuve (bêta-2 mimétiques de courte durée d’action et/ou corticostéroïdes inhalés) est un

élément en faveur du diagnostic.

En cas de tableau clinique atypique, de radiographie de thorax anormale ou d’échec du

traitement de première intention, un diagnostic différentiel doit être recherché et il est

conseillé d’adresser le nourrisson pour un avis spécialisé (accord professionnel).

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I.4.5. L’enquête allergologique :

Les recommandations de la HAS 2009, réservent cette enquête aux enfants de moins de 36

mois, qui ont des symptômes respiratoires persistants malgré le traitement de fond et/ou

sévères et/ou nécessitant un traitement continu et/ou associés à des symptômes extra-

respiratoires compatibles avec une origine allergique, et/ou en cas d’antécédent allergique

marqué chez les parents ou la fratrie.

Les Prick-tests sont recommandés en première intention dans le bilan allergologique. Les tests

multi allergéniques (TMA) à réponse globale (Phadiatop, Phadiatop nourrisson, Alatop)

incluant chez le nourrisson un TMA vis-à-vis des trophallergènes (Trophatop enfant 1, 2 et 3)

sont indiqués en première intention en l'absence de possibilité de réaliser des prick-tests. En

cas de positivité, l’enquête allergologique doit être poursuivie (grade C). Les TMA à réponse

spécifique n'ont pas d'indication chez l'enfant de moins de 36 mois. Il est recommandé de ne

pas pratiquer le dosage des IgE sériques totales ou spécifiques d’un pneumallergène en

pratique courante en première intention.

I.4.6. Diagnostics différentiels chez l’enfant de moins de 36 mois

Le diagnostic d’asthme de l’enfant de moins de 36 mois est posé après l’exclusion des

diagnostics différentiels. Ceux-ci doivent être recherchés en fonction des antécédents

personnels (histoire périnatale) et familiaux, des signes et des symptômes inhabituels et

d’éventuelles anomalies radiologiques.

La recherche d’un diagnostic différentiel doit être réalisée dans les situations suivantes :

- Symptômes inhabituels (en particulier présence de signes inter-critiques, déformations

thoraciques, signes extra-respiratoires associés, stagnation pondérale) ;

- Persistance des symptômes malgré un traitement d’épreuve bien conduit ;

- Anomalie radiologique.

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Les diagnostics différentiels à évoquer sont résumés dans le tableau suivant :

Tableau (3) : Diagnostics différentiels de l’asthme en fonction de l’anamnèse, des

symptômes cliniques et des examens complémentaires de première intention,

modifiés d’après la British Thoracic Society. British guideline on the management of

asthma. 2007.

Les examens complémentaires, autres que la radiographie du thorax, n’ont pas leur place

dans la stratégie diagnostique initiale et seront demandés en deuxième intention, en

fonction des suspicions de diagnostics différentiels et/ou de facteurs associés (accord

professionnel).

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I.4.7. Avis du spécialiste en pneumologie pédiatrique

Il est recommandé de prendre un avis spécialisé en cas de :

échec d’un traitement d’épreuve bien conduit.

forme sévère ou inhabituelle.

signe atypique évoquant un diagnostic différentiel :

- stridor,

- persistance de symptômes respiratoires entre les épisodes aigus (toux,

encombrement, dyspnée, sifflements persistants, y compris les « happy wheezers

»),

- cassure de la courbe staturo-pondérale,

- anomalie radiologique,

- signes extra-respiratoires associés (souffle cardiaque, etc…).

I.4.8. Évaluation de la sévérité initiale

Le groupe de travail sur les recommandations de 2009, propose de classer la sévérité de

l’asthme avant traitement, selon les paramètres décrits dans tableau suivant, sachant qu’en

pratique, deux paramètres sont importants à apprécier : la fréquence des exacerbations et

l’absence ou la persistance de symptômes inter-critiques en particulier, nocturnes.

Tableau (4): Classification de la sévérité avant traitement de l’asthme de l’enfant de

moins de 36 mois

I.4.9. Facteurs déclenchants

Ils doivent être systématiquement recherchés par l’anamnèse et l’examen clinique. Ils sont à

prendre en compte dans la prise en charge globale.

Les recommandations citent les facteurs suivants :

Avant tout, les infections virales (favorisées par le mode de garde en crèche ou en

collectivité) ;

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Les allergènes respiratoires et alimentaires ;

L’exercice, les émotions (rires, pleurs, excitation, etc.) ;

Les pathologies ORL (infections, rhinites) ;

La pollution intérieure (tabac, essentiellement, et composés organiques volatiles) et

extérieure ;

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) ;

Des conditions socio-économiques défavorables.

I.5. PRISE EN CHARGE INITIALE

I.5.1. Objectifs :

Cette prise en charge aura pour objectifs les éléments suivants :

la normalisation de l’examen clinique ;

l’absence de symptômes inter-critiques (diurnes et nocturnes) ;

la prévention des exacerbations et la diminution de la prise de corticostéroïdes oraux ;

une bonne qualité de sommeil ;

le maintien d’une activité physique normale pour l’âge.

I.5.2 Stratégie de prise en charge :

En l’absence d’un niveau de preuve suffisant pour appliquer une stratégie thérapeutique

propre à chaque type clinique (allergique ou viro-induit, autres…), la stratégie de prise en

charge se basera sur les points suivants :

La prise en charge médicamenteuse ;

La prise en charge des facteurs aggravants ou associés, par les mesures sur

l’environnement ;

L’éducation thérapeutique (qui n’est pas détaillée dans cette recommandation).

I.5.2.1. La prise en charge médicamenteuse :

Les classes de médicaments utilisables dans la prise en charge sont :

1- Les bêta-2 mimétiques de courte durée d’action (B2CA) : salbutamol administré

en aérosol-doseur dans une chambre d’inhalation (100 μg par bouffée) ou en

nébulisation (1,25 mg/2,5 ml et 2,5 mg/2,5 ml) ou terbutaline en nébulisation (5 mg/2

ml). Il n’y a pas de limite d’âge inférieur à leur utilisation.

2- Les corticostéroïdes inhalés (CSI) ayant une AMM chez le nourrisson sont : la

fluticasone (forme en aérosol-doseur (AD) 50 μg, à partir de 1 an), le budésonide

(formes AD 100 et 200 μg, formes nébulisées 0,5 et 1 mg), la béclométasone en

aérosol-doseur (AD 50 et 250 μg) et nébulisée (formes 0,4 et 0,8 mg). Deux modalités

d’administration sont recommandées : l’aérosol-doseur avec chambre d’inhalation

adaptée (avec masque facial) et la nébulisation avec un générateur pneumatique.

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3- Les bêta-2 mimétiques de longue durée d’action (B2LA) : n’ont l’AMM qu’à partir

de 4 ans.

4- Les antagonistes des récepteurs aux leucotriènes par exemple le Montélukast sachet

de 4 mg à partir de 6 mois.

5- Le cromoglycate de sodium (nébulisation 20 mg/2 ml).

6- Les corticostéroïdes oraux.

Les médicaments utilisables chez l’enfant de moins de 36 mois sont :

Les CSI sont les médicaments essentiels dans le traitement de fond de l’asthme (grade

A) à partir du stade persistant léger à modéré : les posologies, modalités

d’administration et durées de traitement doivent être particulièrement bien suivies

chez l’enfant de moins de 36 mois.

Les B2CA sont essentiellement utilisés pour le traitement des symptômes. Cependant,

ils peuvent être utiles en traitement de fond, en association avec les corticostéroïdes

inhalés.

Les bêta-2 mimétiques de longue durée d’action ne sont pas recommandés chez le

nourrisson (absence d’étude).

Le cromoglycate de sodium n’a plus sa place dans le traitement de l’asthme.

La corticothérapie par voie générale n’a pas de place dans le traitement de fond. Elle

n’est indiquée que dans le traitement des exacerbations.

Les doses utilisables chez le nourrisson de moins de 36 mois sont résumées dans le tableau

suivant :

Tableau (5) : Doses quotidiennes de corticostéroïdes inhalés chez l’enfant de moins de 36

mois : adaptées d’après les recommandations du GRAPP 2008 :

Il est nécessaire d’adapter le traitement initial selon la sévérité initiale évaluée sur les critères

cliniques et évolutifs permettant la classification en asthme intermittent, persistant léger à

modéré, persistant sévère ou intermittent sévère. La stratégie thérapeutique est décrite dans la

figure suivante.

Lorsqu’un traitement de fond par corticostéroïdes inhalés (CSI) est instauré, il doit être

poursuivi au moins 3 mois. La nébulisation n’est pas indiquée en première intention.

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Figure 5 : Stratégie thérapeutique initiale en fonction du stade de sévérité (adaptée de

Bacharier, ERS, GINA, GRAPP, NHLBI.)

I.5.2.3. Mesures à mettre en place sur l’environnement :

Dans tous les cas, l’exposition au tabac est formellement déconseillée (grade B) : une

information et une aide au sevrage tabagique doivent être proposées à l’entourage. Il est

recommandé d’éviter l’exposition aux autres irritants.

Aucune conclusion définitive ne peut être dégagée des études actuelles de prévention

secondaire chez l’enfant de moins de 36 mois asthmatique non sensibilisé.

Chez l’enfant de moins de 36 mois asthmatique sensibilisé, il est recommandé de réduire

l’exposition aux allergènes identifiés et d’éviter l’exposition aux moisissures visibles.

Les mesures d’hygiène sont recommandées en période d’infection virale saisonnière pour en

prévenir la diffusion.

La vaccination contre la grippe saisonnière fait l’objet d’une recommandation du Haut

Conseil de la santé publique en France chez l’enfant asthmatique :

de 0 à 6 mois : vaccination de l’entourage ;

enfant de plus de 6 mois : vaccination selon le calendrier vaccinal.

La posologie est de deux demi-doses à un mois d’intervalle pour la primo-vaccination puis

une demi-dose/an jusqu’à l’âge de 36 mois.

Le traitement systématique d’un reflux gastro-œsophagien n’est pas recommandé en l’absence

de symptôme digestif évocateur.

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I.5.2.3. Education thérapeutique chez l’enfant

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit l’éducation thérapeutique comme un

ensemble d’activités éducatives essentielles à la prise en charge de maladies par des

professionnels de santé formés dans le domaine de l’éducation. Cette éducation vise à aider un

patient (ou un groupe de patients et leur famille) à gérer leur traitement et à prévenir les

complications évitables, tout en maintenant ou en améliorant leur qualité de vie. L’éducation

thérapeutique a un effet thérapeutique spécifique qui s’ajoute à l’effet des autres interventions

(thérapeutiques médicamenteuses, kinésithérapie, etc…).

Les outils et méthodes d’éducation peuvent être adaptés selon l’âge de l’enfant et sa capacité

d’attention. Le tableau suivant (tableau 6) illustre quelques outils utilisables :

I.5.3. Définition du contrôle de l’asthme et adaptation

thérapeutique

Selon les Recommandation HAS de 2009, les critères de contrôle total sont :

L’absence de symptômes diurnes et nocturnes ;

L’absence de recours aux bronchodilatateurs de courte durée d’action ;

Une activité physique normale ;

Pas d’absentéisme (de la crèche ou du travail pour les parents) ;

L’absence de recours aux soins pour asthme.

Cependant, en tenant compte de la variabilité saisonnière de l’asthme de l’enfant et du

nourrisson, le groupe de travail propose, en accord avec le NHLBI, d’accepter dans les

critères de bon contrôle, la survenue d’une exacerbation dans l’année.

La diminution des doses sera envisagée après un contrôle maintenu pendant 3 à 6 mois.

En cas de non-contrôle après 2 à 3 mois, il faut augmenter la pression thérapeutique d’un

palier. L’instauration d’un traitement de fond par nébulisation est du ressort du spécialiste.

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La stratégie thérapeutique à adapter en fonction du contrôle, est décrite dans la figure

suivante.

Figure 6 : Stratégie d’adaptation thérapeutique selon la réponse au traitement initial

(adaptée d’après les recommandations internationales)

AD : aérosol-doseur ; CI : chambre d’inhalation ; B2CA : bêta-2 mimétiques de courte durée d’action

; CSI : corticostéroïdes inhalés : PAP : plan d’action personnalisé

* B2CA ; ils sont donnés en association avec le corticostéroïde inhalé quand l’asthme persistant sévère

ou intermittent sévère n’est pas contrôlé avec le CSI seul à dose forte (en spray ou en nébulisation).

L’administration se fait :

- soit en aérosol-doseur avec chambre d’inhalation : salbutamol 200 μg deux fois par jour

- soit en nébulisation : salbutamol (posologie par nébulisation : 1,25 mg si poids < 10 kg ; 2,5 mg si

poids 10 à 16 kg) ou terbutaline (posologie par nébulisation : 0,1 à 0,2 mg/kg).

** CSI en nébulisation : budésonide 0,5 à 1 mg x 2/j ou béclométasone 0,4 à 0,8 mg x 2/j

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I.5.4. Fréquence du suivi

Le suivi des asthmatiques est essentiel (grade B). La survenue d’une exacerbation sévère ou la perte de

contrôle nécessitent une consultation pour réévaluer le traitement.

Apres contrôle de l’asthme chez le nourrisson, le suivi dépendra du type de traitement mis en place :

En l’absence de CSI : suivi habituel par le médecin généraliste ou le pédiatre ;

En cas de traitement par CSI à doses faibles ou moyennes : tous les 3 à 6 mois, chez le

médecin généraliste ou le pédiatre.

En cas de fortes doses : consultation tous les 1 à 3 mois chez le spécialiste.

I.6. Arbre décisionnel résumant la démarche diagnostique

et la prise en charge initiale

Arbre décisionnel proposé par le groupe de travail sur les recommandations HAS 2009 et qui

est adapté de Marguet et al, 2002.

Figure 7 : Démarche diagnostique et prise en charge initiale de l’asthme de l’enfant de

moins de 36 mois (adaptée de Marguet et al, 2002)

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II. Matériel et méthodes

II.1 Hypothèses et objectifs

L’idée de ce travail fait suite à une remarque de pratique quotidienne qui concerne le nombre

important d’enfants consultant aux urgences pour une dyspnée, particulièrement en période

hivernale.

Le constat est que ces jeunes patients reçoivent souvent un traitement de courte durée pour

passer le cap de l’urgence. Or, un bon nombre d’entre eux présentent un véritable accès d’une

maladie asthmatique déjà connue ou non encore étiquetée.

La majorité des sociétés savantes et autorités sanitaires admettent qu’il existe encore un retard

au diagnostic et à la prise en charge de la maladie asthmatique, particulièrement chez l’enfant

de moins de 36 mois. Ce constat a été suivi par l’élaboration de nombreuses recommandations

pour remédier à cette insuffisance de prise en charge.

Les recommandations françaises de la HAS ont été écrites de manière à simplifier au

maximum la prise en charge diagnostique et thérapeutique de cette maladie chez le

nourrisson, dans le but de réduire les délais de mise en route du traitement anti asthmatique.

Nous faisons l’hypothèse qu’il existe des freins et des difficultés chez les médecins dans la

prise en charge de l’asthme de l’enfant de moins de 36 mois.

L’objectif principal de ce travail est de décrire les pratiques des MG en matière d’asthme du

nourrisson, afin d’identifier les éventuels freins lors de la prise en charge diagnostique et

thérapeutique chez ces jeunes patients. L’objectif secondaire est d’identifier l’origine de ces

freins pour réfléchir à des pistes d’amélioration.

II.2 Population :

Nous avons fait le choix d’une étude observationnelle descriptive, auprès d'un échantillon de

médecins généralistes libéraux exerçant en région du Val d’Oise.

Le choix de cette méthode a été motivé par la lecture de deux thèses, qui abordaient le même

sujet mais avec une méthodologie purement qualitative, basée sur un interrogatoire en face-

face, portant sur un nombre limité d’individus (8,9)

Ces deux travaux nous ont servi de pré-enquête et nous ont aidés à élaborer progressivement

la problématique de notre étude (23)

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30

Recrutement des MG :

L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon aléatoire de la population des médecins

généralistes libéraux de la région du Val d’Oise (n= 300), constitué par tirage au sort, avec

pour base la version internet de l’annuaire des Pages Jaunes de 2014.

Pour constituer cet échantillon, nous avons procédé à un tirage au sort en relevant un nom au

hasard avec un pas de 1 sur un total de 828 médecins généralistes référencés sur les pages

jaunes, selon la méthode de l’échantillonnage aléatoire simple sans remise.

Recueil des données :

Nous avons constitué un questionnaire composé de 3 types de questions :

- Questions simples : courtes et ciblées, à réponse quantitative et permettant d’évaluer

une donnée précise.

- Questions à choix multiples : fermées, où il était nécessaire d’imaginer toutes les

réponses possibles et de les intégrer sous la forme d’items à choisir.

- Questions mixtes : c’est des questions à choix multiples, comportant la case « autre ».

Nous savions que sur ce type d'enquêtes postales, sans relance, le taux de réponses avoisine

en moyenne les 20 à 30 %(24)

. Selon les données du Conseil National de l'Ordre des Médecins

de 2015, il y avait 1325 médecins généralistes avec une activité régulière dans le département

du Val d’Oise(25)

. Afin d'obtenir un nombre suffisant de réponses pour réaliser des analyses

statistiques exploitables, 300 questionnaires ont été envoyés par courrier.

Les médecins sollicités avaient la possibilité de répondre par courrier ou par fax. L'envoi

postal a été fait le 08 juin 2015. Il était demandé aux médecins de répondre avant le 30 juin

2015 et il leur était précisé qu'une relance téléphonique serait effectuée en cas d'insuffisance

de retours. Devant le nombre insuffisant de réponses à cette date, nous avons réalisé une

relance téléphonique du 30 juin au 4 juillet 2015 et nous avons accordé un délai de réponse

supplémentaire de deux semaines. L'enquête a donc été clôturée le 20 juillet 2015.

Une lettre explicative sur le travail réalisé [Annexe 1] accompagnait le questionnaire [Annexe

2], ainsi qu'une enveloppe retour préaffranchie.

Les questionnaires étaient anonymes, mais il était proposé aux médecins d’indiquer leur

adresse de messagerie électronique s'ils souhaitaient recevoir les résultats de l'étude.

Les questions étaient inspirées des recommandations de la HAS, notamment à propos des

stratégies diagnostiques, thérapeutiques et du suivi de l’asthme de l’enfant de moins de 36

mois en dehors des épisodes aigus. Elles ont pour la plupart été volontairement formulées de

manière fermée, pour permettre une analyse reproductible et valide.

Huit questions les interrogeaient sur leur profil : le sexe, l’âge, le mode de pratique et le suivi

de formation médicale continue. 17 autres questions permettaient d'étudier leurs pratiques

professionnelles dans le quotidien.

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31

Grace à l’analyse de ces réponses, nous estimions pouvoir décrire la prise en charge pratique

des patients par les MG de la région et identifier les freins rencontrés, en prenant les

recommandations HAS de 2009 comme référence en termes de prise en charge idéale de ce

type de patients.

II.3 Outils statistiques :

Le logiciel Excel© a été utilisé pour l’exploitation des données.

Pour les questions évaluant les pratiques des MG, une corrélation entre le fait de connaître et

de suivre les recommandations de la HAS et leurs réponses a été recherchée par un test du

Chi² avec un seuil de significativité de 5% (α<0,05) ou avec un test de Fisher pour les plus

petits effectifs. D'autres calculs de corrélation par le test du Chi² ont également été faits entre

différents critères. Pour les résultats, les taux de non réponse n'ont pas été pris en

considération dans les calculs.

L'étude statistique a été réalisée à l'aide du site internet BiostaTGV (26)

, utilisant le logiciel de

statistique R et le site du Dr Aly Abbara (27)

.

Les références bibliographiques ont été saisies selon la méthode Vancouver.

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32

III. Résultats

III.1 Taux de participation

Au total, nous avons reçu 91 réponses, dont 89 par courrier et 2 par fax. Cinq questionnaires

n’ont pas été inclus dans l’étude car il y a eu :

2 retours de lettres avec questionnaires non remplis,

3 questionnaires non remplis, dont deux praticiens concernés ayant précisé ne pas prendre en

charge d’enfants asthmatiques de mois de 36 mois et un n’ayant pas de patients de moins de

36 mois. Ce qui nous fait 86 réponses exploitables, soit, un taux de réponse de 28,66%.

III.2 Description de la population étudiée

Les principales caractéristiques des MG sont résumées dans le tableau 7.

Tableau 7 : Caractéristiques générales et conditions d’exercice des médecins inclus dans

l’étude

Caractéristiques générales des médecins n=86

Sexe masculin 55 (63,95)

Age [écart type] 55 [9,58]

Duré d’installation en années >20 ans (70)

Environnement d’exercice

Urbain

rural

73 (84,88)

13 (15,12)

Type d’installation

Seul

En groupe

33 (38,37)

53 (61,63)

Maitre de stage à la faculté

n=78

11 (14,10)

Formation médicale continue

Oui*

non

n=86

74 (86,05)

12 (13,95)

Nombre d’enfants de moins de 36 mois suivis pour asthme

< ou =10

>10

n=76

38 (44,19)

38 (44,19)

Variables qualitatives exprimées en effectifs et (%); variables quantitatives en moyenne (écart-type)

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L’échantillon de MG était constitué de 63,95% d’hommes, versus 62,93% dans le Val d’Oise

[données du conseil national de l’ordre des médecines de 2015(25)

].

L’Age moyen des MG de notre échantillon était de 55 ans, versus 53 ans en 2015 chez les

MG exerçant dans le Val d’Oise.

La plupart des MG exerçaient en zone urbaine (84,88%) et étaient installés en groupe

(61,63%). Parmi les MG inclus, 12,79% étaient maitres de stage.

* Les outils de formation médicale continue :

La formation médicale continue (FMC) est une obligation légale et morale pour chaque

médecin. Elle peut être réalisée de différentes manières : par la lecture de revues spécialisées,

la participation à des séminaires, ou encore les groupes de pairs (cf. figure 8).

Figure 8 : outils de formation professionnelle continue

D’autres outils de formation professionnelle continue ont été cités par les médecins

généralistes (33,72%) : participation aux congrès, réunions de FMC non indemnisées,

groupes de pairs et les échanges avec les spécialistes.

III.3 Evaluations des pratiques

III.3.1 Définition de l’asthme du nourrisson par les MG de l’étude

- 26,74% des médecins considèrent qu’un nourrisson est asthmatique s’il présente

plusieurs épisodes dyspnéiques obligatoirement associés à un terrain allergique (donc

pour eux, l’asthme est seulement allergique).

- 82,56% des médecins ne considèrent qu’un nourrisson soit asthmatique qu’après plus

de 4 épisodes de bronchiolites.

- 62,8% des médecins ne définissent l’asthme du nourrisson qu’après un épisode de

crise d’asthme sévère.

- 73,25% des médecins ne suspectent pas l’asthme devant une dyspnée d’effort.

- 30,23% des médecins ne suspectent pas l’asthme devant des symptômes respiratoires

récidivants nocturnes.

- 19,77% des médecins n’ont pas coché la réponse juste, qui correspond à la définition

validée par la HAS.

Tout ceci peut expliquer le sous diagnostic de cette pathologie du jeune enfant et par

conséquent, le retard de leur prise en charge de façon ciblée. (cf. Tableau 8)

52

54

51

43

29

0 10 20 30 40 50 60

presse gratuite (60,46%)

presse médicale sur abonnement (62,79%)

sites internet médicaux (59,36%)

réunions de FMC indemnisées (50%)

Autres

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Tableau 8 : Définition de l’asthme du nourrisson selon les MG interrogés.

Un nourrisson est considéré comme asthmatique si : n(%)

Plusieurs épisodes dyspnéiques associés obligatoirement à un terrain d’atopie 23(26,74)

Bronchiolites à répétitions > 4 épisodes 71(82,56)

Après un épisode de crise d’asthme sévère 54(62,79)

Tout épisode dyspnéique avec râles sibilants, qui se produit au moins 3 fois depuis

la naissance et cela quel que soit l’âge de début, avec ou sans signes d’atopie

69(80,23)

Symptomatologie respiratoire récidivante et à prédominance nocturne (toux,

dyspnée, sifflement…)

60(69,77)

Dyspnée d’effort 23(26,74)

Autres 1(1,16)

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 86 médecins répondants

III.3.2 La réalisation d’examens complémentaires :

La radiographie du thorax est indispensable dans la démarche diagnostique de l’asthme de

l’enfant de moins de 36 mois. Elle permet d’éliminer des diagnostics différentiels. Elle n’est

réalisée systématiquement que par 32,56% des médecins interrogés et n’est jamais réalisée par

20,93% d’entre eux.

72,09% soit (N=62) des médecins déclarent ne pas réaliser d’examens complémentaires.

Alors que 27,91 % soit (N=24), ont recours à la réalisation d’autres examens complémentaires

qui n’ont pas leur place dans la stratégie diagnostique initiale selon les recommandations

HAS (tableau 9)

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Tableau 9 : Les examens complémentaires réalisés par les MG pour bilan initial

Les examens réalisés par les médecins généralistes

n (%)

Réalisation de la radio du thorax

Systématiquement

Parfois

Jamais

Après échec du traitement d’épreuve

28 (32,56)

32 (37,21)

18 (20,93)

8 (9,3)

Autres examens complémentaires

Non

Oui :

-bilan allergologique

- bilan biologique

- NFS, CRP, recherche d’anémie

- sérologie VRS

- non précisé

62 (72,09)

24 (27,91)

10

7

6

1

1

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 86 médecins répondants

III.3.3 Le recours au spécialiste :

19,77 % des médecins ont recours systématiquement aux spécialistes et 13,95% ne les

sollicitent jamais.

Les motifs de recours aux spécialistes avancés par les médecins est à 57,83% le bas âge des

enfants et à 42,2% la demande des parents. Le manque de connaissance en la matière est assez

peu cité comme motif de recours aux spécialistes (3,48%).

27,9% des médecins ont signalé d’autres raisons. (cf. tableau 10)

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Tableau 10 : Répartition des médecins selon les raisons de leurs recours aux spécialistes

face à une suspicion d’asthme du nourrisson

Recours aux spécialistes

n(%)

Recours aux spécialistes par les médecins généralistes

- Systématique

- Parfois

- jamais

n=86

17 (19,77)

57 (66,28)

12 (13,95)

Motif du recours aux spécialistes

- Contexte particulier (âge <3 ans)

- Demande des parents

- Manque de connaissance en la matière

- Autres

n=83

48 (57,83)

35 (42,2)

3 (3,6)

24 (28,9)

Autres raisons de recours aux spécialistes

- Après échec du traitement

- Pour confirmation du diagnostic

- Pour bilan d’atopie

- Sans précision

- Prise en charge insuffisante

- Symptômes importants

- Manque de temps pour l’éducation

- Mauvais suivi des parents

n=24

9 (37,5)

5 (20,83)

3 (12,5)

3 (12,5)

2 (8,33)

1 (4,16)

1 (4,16)

1 (4,16)

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 86 médecins répondant : 9 des MG déclarant ne jamais recourir au

spécialiste ont quand même répondu à la question « motif du recours aux spécialiste ». Le total ne fait pas 100% car

certains MG ont déclaré plusieurs réponses.

III.3.4 Terrain allergique et bilan :

98,4% des médecins interrogés cherchent cliniquement la présence de terrain allergique

personnel ou familial chez leurs patients.

47,67% des MG réalisent un bilan allergologique, 53,66% d’entre eux, demandent les taux

d’IgE totaux alors qu’ils ne sont pas recommandés, tandis que les Prik-tests, qui sont

préconisés en première intention, ne sont réalisés que par 6 % des médecins. (cf. tableau 11)

Tableau 11: Le bilan allergologique réalisé face à une suspicion d’asthme du nourrisson

Bilan allergologique réalisé n=41 (%)

Test multi-allergique 28 (68,29)

IgE totaux 22 (53,66)

Prik-tests 6 (14,63)

Consultation spécialiste (allergologue) 16 (39,02)

IgE spécifiques 1(2,44)

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 41 médecins répondants

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III.3.5 Connaissance de la classification de la sévérité de l’asthme proposée

par la HAS 2009 :

La plupart des MG de l’étude (61,63%) déclarent connaitre cette classification, mais seuls 33

(62,26%) d’entre eux l’utilisent dans leurs pratiques.

Alors que 38,37% des MG, soit (N=33), déclarent ne pas connaitre cette classification et ne

pas l’utiliser.

De ce fait, seul 39,53% des médecins interrogés utilisent la classification de la sévérité de

l’asthme décrite par la HAS.

III.3.6 Les traitements d’épreuve instaurés en première intention :

Nous avons demandé aux MG de nous indiquer le traitement d’épreuve instauré en première

intention seul ou en association (cf. Tableau 12)

Les deux traitements prescrits par la majorité des MG étaient les corticostéroïdes inhalés à

79% puis les B2 mimétiques de courte durée d’action à 78%, seuls ou en association.

Les corticostéroïdes inhalés prescrits par les médecins étaient dans 78% des cas, le

Fluticasone propionate (flixotide°) et à 22% le Béclométasone (bécotide°).

Les antihistaminiques étaient prescrits par 24,42% des médecins, en association avec les CSI

et/ou avec les beta 2 mimétiques de courte durée d’action.

Les béta-2 mimétiques de longue durée d’action, qui ne sont pas recommandés chez les

nourrissons (absence d’étude), étaient prescrits par 5,81% des MG.

Les corticoïdes per os étaient utilisés en première intention par 9,30% des MG interrogés.

D’autres moyens thérapeutiques ont été cités par les MG (10,46%), parmi lesquels :

l’homéopathie, les IPP, la kinésithérapie, Montelukast (singulair°) et l’éviction de l’allergène.

Tableau 12 : Les traitements d’épreuve instaurés en première intention face à un asthme

du nourrisson

Traitement d’épreuve instauré en première intention en cas de suspicion

d’asthme

n(%)

Corticostéroïdes inhalés 68(79,07)

B2 mimétiques de courte durée d’action 67(77,91)

antihistaminiques 21(24,42)

Corticoïdes per os 8(9,30)

B2 mimétiques de longue durée d’action 5(5,81)

Autres 9(10,46)

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 86 médecins répondants. Le total ne fait pas 100% car certains MG ont

déclaré plusieurs modèles.

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38

III.3.7 La durée d’utilisation du CSI :

59% des médecins prescrivaient les CSI pendant 3 mois voire plus, alors que 41% ne les

utilisaient que sur un mois voir moins. La durée du traitement n’était donc pas basée sur les

recommandations (cf. figure 9). Pour expliquer cette courte durée de traitement, nous avons

essayé de rechercher les freins et les difficultés que rencontrent les médecins en posant la

question 14.

Figure 9 : Répartition des médecins selon la durée d’utilisation des CSI face à un asthme

du nourrisson

III.3.8 Les principaux facteurs limitant la prescription des CSI au long

cours rencontrés par les médecins interrogés:

Parmi les freins à la prescription des CSI identifiés par les MG, la crainte des médecins

généralistes des effets secondaires des CSI au long cours constitue le principal frein rapporté

par eux (47,67%), suivie respectivement par, la contrainte du traitement au long cours et le

bas âge des enfants (34,88%), puis l’image négative que les parents ont vis-à-vis des

corticoïdes (13,95%).

Dans la réponse « autre », 20,93% des médecins déclarent n’avoir aucune limite à la

prescription des CSI. (cf. Tableau 13)

Tableau 13: Les facteurs limitant la prescription des CSI face à un asthme du

nourrisson

Facteurs limitant la prescription des CSI au long cours N=86 (%)

Effets secondaires des CSI au long cours 41(47,67)

Contrainte du traitement au long cours 30(34,88)

Age inférieur à 36 mois 30(34,88)

Image négative des parents vis-à-vis des CSI 12(13,95)

Autres :

- Aucune limite

- Limite sur l’éducation

- Sans précision

21(24,42)

18(20,93)

1(1,16%)

2(2,32)

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 86 médecins répondant : Le total ne fait pas 100% car certains MG ont

déclaré plusieurs réponses.

15,17%

25,58%

51,16%

8,14%

0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%

15 jours

1 mois

3 mois

> 3 mois

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III.3.9 Evaluation du contrôle de l’asthme chez l’enfant de moins de 36

mois, la bonne utilisation des dispositifs d’inhalation et la fréquence des

consultations de suivi :

Dans le cadre de l’adaptation thérapeutique, la définition du contrôle de l’asthme chez

l’enfant de moins de 36 mois se fait avec tous les critères cités au tableau 14, mais seul

30,23% des MG cherchent les 5 items selon les recommandations, dans une même

consultation.

Dans la rubrique « autres », 2 médecins ont répondu : saturation en oxygène (SAO2), alors

que le 3ème n’a rien précisé.

Seul 44% des médecins interrogés, s’assurent systématiquement de la bonne utilisation du

dispositif d’inhalation par les parents, alors que 10,47% le contrôlent rarement, voire jamais.

La majorité des médecins (75,58%) revoient les enfants asthmatiques chaque 3 mois, tandis

que 17,44% ne les revoient qu’une fois par an (cf. tableau 14)

Tableau 14 : Répartition des médecins interrogés selon le contrôle de l’asthme, la bonne

utilisation des dispositifs d’inhalation et la fréquence des consultations de suivi

Type de contrôle de l’asthme n(%)

Auscultation 57(66,28)

Recours aux B2 mimétiques 76(88,37)

Nombres d’exacerbations 68(79,07)

Recherche de symptômes (toux…) 66(76,74)

Activité physique normale 33(38,37)

Autres 3(3,49)

L’assurance de la bonne utilisation des dispositifs d’inhalations par les

parents

n(%)

systématiquement 35(40,70)

souvent 38(44,18)

parfois 4(4,65)

rarement 5(5,82)

jamais 4(4,65)

Fréquence des consultations de suivi n(%)

Une fois par trimestre 65(75,58)

Une fois par mois 5(5,82)

Une fois par semestre 1(1,16)

Une fois par an 15(17,44)

n= nombre d’occurrences ; pourcentages établis sur 86 médecins répondants : Le total ne fait pas 100% car certains MG ont

déclaré plusieurs réponses.

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III.4 Facteurs influençant la pratique des MG

Nous avons ensuite tenté de rechercher des facteurs pouvant influencer la pratique des

médecins généralistes dans la prise en charge de l’asthme du nourrisson.

Différentes caractéristiques ont été testées : l’abonnement à une revue médicale, le fait d’être

maitre de stage, la connaissance ou non des recommandations HAS.

Tableau 15 : Facteurs influençant la connaissance de la définition de l’asthme du

nourrisson

n=86

Définition de l’asthme du

nourrisson selon l’HAS

Valeur P

Oui Non

Abonnement à une

revue

Oui 45 9

P = 0,2669 Non 25 9

Réunion FMC Oui 34 9

P = 0,7865 Non 35 8

Connaissance des

recommandations HAS

Oui 43 10

P = 0,7906 Non 26 7

Il n’a pas été mis en évidence de lien statistiquement significatif entre les différents facteurs

testés et la connaissance ou non de la définition de l’asthme du nourrisson selon la HAS.

Pour trouver d’autres causes à la courte durée de prescription des CSI, différentes

caractéristiques ont été testées : l’abonnement à une revue médicale, la connaissance ou non

de la classification des recommandations HAS, participation ou non aux réunions FMC et le

fait de ne pas avoir de facteurs limitant à la prescription des CSI.

Tableau 16 : Facteurs influençant la durée d’utilisation des CSI

n=86

Durée d’utilisation des CSI

Valeur p

< 3 mois >ou=3 mois

Abonnement à une revue

Oui 19 35

P = 0,176 Non 16 16

Participation aux

réunions FMC

Oui 18 28 P = 0,9344

Non 16 24

Connaissance de la

classification HAS

Oui 21 32 P = 0,797

Non 14 19

Utilisation de la

classification HAS

Oui 15 19 P = 0,6016

Non 20 32

Aucune limite à la

prescription des CSI

Oui 5 12 P = 0,3405

Non 29 40

Il n’a pas été mis en évidence de lien statistiquement significatif entre les différents facteurs

testés et la durée d’utilisation des CSI.

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41

IV Discussion

IV.1 Principaux résultats

L’asthme du nourrisson reste une pathologie de diagnostic clinique difficile. L’absence de

marqueurs spécifiques ne simplifie pas la tâche du MG face aux nourrissons et leurs parents

qui redoutent toujours les mauvaises nouvelles.

L’objectif de notre étude était de tenter de comprendre la démarche des MG et les éventuels

freins qu’ils rencontrent lors de la prise en charge de l’asthme du nourrisson de moins de 36

mois.

Une pathologie aux définitions variées :

La première remarque qui découle de notre travail et qui pourrait être source de retard

diagnostique, concerne la définition de la maladie asthmatique. En effet, 20% des MG n’ont

pas adopté la définition validée par la HAS, malgré son caractère large et exhaustif. Ce

résultat ne semble pas être influencé par le fait de participer ou non aux réunions FMC, ni par

le fait d’être abonné ou pas aux revues scientifiques.

De la même manière, l’appui sur les équivalents d’asthme pour évoquer ce diagnostic chez le

nourrisson est insuffisant. Plus de 30% des MG n’ont pas coché la case « existence d’une

symptomatologie respiratoire nocturne récidivante » pour évoquer le diagnostic de maladie

asthmatique. Alors que 73% d’entre eux ne pensent pas à l’asthme devant une « dyspnée

d’effort ». Ceci s’explique probablement par le fait que notre l’étude ne concerne que les

nourrissons de moins de 36 moins, alors que dans la majorité des recommandations, l’effort

reste un véritable facteur déclenchant de crise, y compris chez le NRS lors d’épisodes de rires,

de pleurs ou d’excitations.

Ajoutons à cela que la majorité des MG ne pensent à l’asthme qu’après la 4ème

crise, voire

qu’après une crise sévère, ce qui pourrait être source de retard au diagnostic précoce.

Nous avons noté que 27% des MG pensent nécessaire que l’atopie soit associée à la maladie,

ce qui rend compte du nombre de cas de retards au diagnostic chez les nourrissons ne

présentant pas une atopie évidente personnelle ou familiale. Rappelons que la présence de

signes d’atopie personnels (eczéma atopique, rhinite allergique, allergie alimentaire) et/ou

familiaux (asthme, rhinite allergique et eczéma atopique, essentiellement chez les parents

et/ou dans la fratrie), renforce la présomption d’asthme et que leur absence ne doit pas faire

renoncer au diagnostic.

Pertinence des examens complémentaires :

Bien que la radiographie thoracique ne soit pas nécessaire dès la prise en charge initiale, elle

devient fortement recommandée selon la HAS dans un deuxième temps.

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42

Dans nos résultats, environ un quart des MG ne réalisent jamais cet examen. Ce constat

pourrait refléter la persistance d’un doute diagnostic qui peut nuire à la suite de la prise en

charge.

Alors que le diagnostic est essentiellement clinique, 27% des MG réalisent d’autres examens

complémentaires avec en première position le bilan allergologique. Bien que notre question

ne permette pas de préciser à quels moments ils sont réalisés, ces examens de seconde

intention, qui ont pour objectif de préciser le type d’asthme chez le NRS, ne doivent pas

retarder la mise en route rapide du traitement d’épreuve.

Un recours au spécialiste fréquent mais non déterminant:

Le médecin généraliste est tout à fait capable de prendre en charge la majorité des cas

d’asthme de l’enfant. Le recours au spécialiste n’est pas crucial dans la pratique courante,

néanmoins, son avis reste nécessaire dans certaines situations bien décrites par les

recommandations, comme lors de l’échec au traitement d’épreuve bien conduit ou en cas de

forme sévère ou inhabituelle (signes atypiques évoquant un diagnostic différentiel ou signes

extra-respiratoires).

Dans notre étude, 14% des MG ne demandent jamais l’avis du spécialiste, alors que 20% le

font de manière systématique. Il semblerait que l’âge du patient influence cette demande dans

58% des cas, suivi par l’influence des parents dans 42% des cas. Par ailleurs, 29% des MG

sollicitent l’avis du spécialiste pour les mêmes raisons décrites par la HAS. L’accès difficile

au spécialiste, avec souvent un délai de premier rendez-vous de plusieurs mois, pourrait dans

certains cas, retarder le diagnostic et le traitement de ces patients.

Le manque de pratique :

Le faible nombre de patients suivis pour asthme (moins de 10 patients pour 44% des MG),

peut constituer un frein à leur prise en charge à cause du manque de pratique, qui est source

d’incertitudes diagnostiques et thérapeutiques. Ce chiffre peut également être le reflet du sous

diagnostic des nourrissons asthmatiques en pratique. Dans une analyse faite entre 2004 et

2007 sur les données de la base Thalès(2)

(Observatoire permanent des prescriptions en

médecine libérale), les résultats montraient aussi un faible pourcentage d’enfants

diagnostiqués pour asthme de l’ordre de 1,6 % parmi les enfants de moins de 36 mois

consultant un médecin généraliste de ville.

Les paliers de gravité ne guident pas les MG dans leurs choix thérapeutiques :

L’évaluation de la sévérité au début de la maladie est une étape essentielle dans la prise en

charge, car elle conditionne le type de traitement initial à mettre en marche. Rappelons aussi

que 3 autres recommandations internationales IPCG, GINA, NHLBI(2)

, insistent sur la

nécessité de classer la maladie pour guider la prise en charge ultérieure du patient.

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Dans un souci de simplification, la HAS a proposé un tableau classant la maladie en 3 grades

de sévérités : Asthme intermittent, persistant léger à modéré, persistant sévère et intermittent

sévère.

Dans notre étude, 62% des MG disent connaitre cette classification, mais seulement 39,53%

du panel l’utilisent dans leur pratique courante. On peut donc se demander sur quels critères

objectifs est évaluée la sévérité de la maladie asthmatique chez la majorité des autres patients.

Ce résultat confirme notre hypothèse sur l’existence de freins pour une prise en charge

thérapeutique optimale de la maladie, tant dans le choix du moment d’initiation du traitement,

de sa durée et de l’ajustement des doses selon les paliers de gravité.

Le sous traitement :

L’autre point à soulever, concerne le type de traitement instauré et sa durée. Nous avons noté

que malgré toutes les difficultés suscitées, les CSI et les B2 mimétiques de courte durée

d’action sont les deux classes thérapeutiques les plus utilisées, seuls ou en association, ce qui

va dans le sens des recommandations de la HAS. Néanmoins, il nous semble que la durée

d’utilisation (entre 15 et 30 jours de CSI pour 41% des MG) reste insuffisante pour assurer un

traitement de fond efficace, qui protégera le capital pulmonaire de l’enfant et limitera la

fréquence des exacerbations. Le choix de la durée de traitement ne semble pas être influencé

par le fait de suivre des FMC (p=0,93), ni par la connaissance (p=0,79) ou l’utilisation de la

classification HAS (p=0,60).

L’analyse des données de la base Thalès en 2007(2)

, fait apparaître, en plus du faible

pourcentage de nourrissons diagnostiqués pour asthme (de l’ordre de 2 %), une utilisation

fréquente des CSI ou des associations médicamenteuses de l’ordre de 75 % en médecine

générale. Les durées annuelles de traitement étaient (contrairement à notre étude) plus

importantes (environ 90 jours en médecine générale).

Les experts ont considéré que ces données reflétaient probablement un sous-diagnostic de la

pathologie en médecine de ville et que les 2 % d’enfants diagnostiqués asthmatiques

correspondent vraisemblablement aux cas les plus sévères, ce qui expliquerait les

pourcentages importants de mise sous traitement de fond, en particulier de corticostéroïdes

inhalés, ainsi que les durées de traitements longues constatées.

Dans notre étude, 80% des MG ont signalé avoir des freins pour l’usage des CSI comme

traitement de fond sur une durée suffisante. La première des raisons qui pourrait limiter cette

prescription, serait la crainte des effets secondaires par les MG, suivie par le bas âge des

patients, puis l’image négative des parents vis-à-vis de ce type de traitement.

Dans un travail de thèse réalisé en 2013 sur « les difficultés des MG dans la prescription du

traitement de fond dans l’asthme de l’enfant ; enquête qualitative »(8)

, il a était mis en

évidence une certaine appréhension des MG eux-mêmes envers les corticostéroïdes inhalés,

ce qui ressort également dans notre étude.

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Critères de contrôle simples mais sous utilisés :

Dans les recommandations HAS, le contrôle de l’asthme chez le nourrisson se définit par 5

critères simples, qu’il faut rechercher à chaque consultation de suivi, afin d’adapter la

stratégie thérapeutique : l’absence de symptomatologie diurne et nocturne, le non besoin

d’utiliser des bronchodilatateurs de courte durée d’action, l’activité physique normale, aucun

absentéisme (de la crèche ou du travail des parents) et l’absence de recours aux soins pour

asthme.

Dans notre panel, seul 30% des MG font un contrôle systématique de l’ensemble de ces

critères dans la même consultation, ce qui parait assez faible. Les éléments d’évaluation qui

reviennent le plus souvent chez les MG interrogés sont : la consommation des B2CA (88%),

viennent ensuite le nombre des exacerbations (79%) et la recherche de symptômes nocturnes

(77%).

Contrôle de la maitrise des dispositifs d’inhalation insuffisant :

Par ailleurs, la non maitrise des dispositifs d’inhalation par les parents peut surestimer la

gravité de la maladie asthmatique et être source d’escalade thérapeutique. Dans notre étude,

nous avons noté que 10% des MG ne contrôlaient jamais ou que rarement le bon usage de ces

dispositifs et que seulement 40% le faisaient de manière systématique. Même si notre

question ne nous permet pas d’identifier les freins à la vérification de ce bon usage par les

MG, ce résultat semble néanmoins rejoindre les données d’autres études(28,29)

, qui montrent

que 10% des MG n’effectuent pas de démonstration initiale et qu’environ 32% ne le font pas

régulièrement.

Modalités variable de suivi :

Bien que l’ensemble des recommandations insistent sur la nécessité du suivi ultérieur de

l’asthme (grade B), les modalités de ce suivi sont relativement variables d’un groupe à l’autre.

Pour la HAS, il est souhaitable d’adapter la fréquence du suivi à la dose de CSI. Ainsi, lors de

traitements par doses faibles à modérées, un contrôle tous les 3 à 6 mois est suffisant.

Dans notre étude, 75% des MG revoient les patients chaque 3 mois, alors que 15% d’entre

eux ne les revoient qu’une fois par an. Nous n’avons pas posé de question sur la méthode

d’adaptation de ce suivi, par risque de rendre le questionnaire encore plus long voire

complexe, ce qui aurait pu réduire encore plus l’effectif des participants à l’étude.

IV.2 Limites de l'étude

IV.2.1 Type de l’étude :

Notre étude est proche d'une enquête d'opinion qui, par définition, ne permet pas une

évaluation objective des pratiques médicales. En effet, les réponses des médecins interrogés

peuvent comporter une part de subjectivité, pouvant être liée à une certaine "idéalisation" de

leur pratique. Ils peuvent répondre ce qu'ils pensent devoir être fait, et non ce qu'ils font en

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réalité. Ce biais peut être également motivé par le fait que l'enquête se composait de questions

à choix fermés, appuyées sur les recommandations.

IV.2.2 Le biais de sélection et faiblesse de l’effectif :

La participation à notre étude est basée sur le volontariat des MG pour répondre à ce type de

questionnaire, ce qui constitue en soi un biais de sélection. En effet, les médecins répondant

aux enquêtes sont le plus souvent des médecins sensibilisés, intéressés par la thématique

discutée. Cependant, le taux de participation (28,66%), n’est pas loin de ce qui était attendu

pour ce type d'enquête(29)

. Nous estimons par contre qu’un effectif de 86 médecins

participants sur les 300 sollicités reste faible pour permettre une analyse statistique de bonne

puissance.

IV.2.3 Les limites du questionnaire :

L’utilisation de notre questionnaire nous a permis d’obtenir des résultats essentiellement

déclaratifs, dans la limite des choix que nous avions initialement proposés sous chaque item.

Par conséquent, il est probable que certaines questions n’étaient pas suffisamment claires.

Par exemple, la question 12 concernant les thérapeutiques utilisées en première intention, ne

faisait pas le lien avec le stade de sévérité de la maladie, ce qui a occasionné un manque de

précision dans les réponses obtenues et a rendu leur interprétation ultérieure plus complexe.

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V. Perspectives

En réponse à nos résultats, des actions seront nécessaires pour améliorer la prise en charge de

l’asthme du nourrisson en Médecine Générale. Ces actions ne doivent pas se limiter à de

simples réunions de FMC, malgré leur importance. Il sera probablement nécessaire de

promouvoir la mise en place de dossiers informatisés consultables par les différents

intervenants dans la prise en charge de l’enfant (MG, Pédiatre, Pneumo-pédiatre).

La rareté de ce profil de patients (NRS) en consultation de MG, nous incite à l’élaboration

d’un guide simple, spécifique de l’asthme du NSR, qui rappellera les éléments

incontournables pour un diagnostic précoce et une prise en charge optimale suivant les

recommandations en vigueurs.

Enfin, une réflexion sur l’organisation et la coordination du soin sera nécessaire pour évaluer

la pertinence d’un travail en réseau (MG-Pédiatre ou Pneumo-pédiatre), avec pour principal

objectif d’homogénéiser les pratiques, de permettre un partage d’expériences et d’adopter une

prise en charge globale centrée sur l’intérêt de l’enfant.

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VI. Conclusion

En France, l’asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant. Elle représente

un réel problème de santé publique. Le diagnostic précoce chez le nourrisson de moins de 36

mois reste difficile en pratique quotidienne, occasionnant souvent des retards de prise en

charge avec parfois un impact sur la fonction respiratoire de l’enfant.

Notre étude a permis de visualiser plusieurs difficultés et freins auxquels est confronté notre

panel de MG de la région du Val d’Oise, dans la prise en charge de cette maladie chez

l’enfant de moins de 36 mois.

La persistance d’un flou dans la définition de l’asthme du nourrisson est un élément important

qui ressort dans nos résultats, avec une utilisation limitée des équivalents d’asthme. Ce point

peut à lui seul être source de retard au diagnostic déjà évoqué dans la littérature, avec l’impact

que cela pourrait engendrer chez l’enfant en bas âge.

Notre étude a montré que seule une minorité de MG évaluent réellement la sévérité de la

maladie asthmatique en utilisant la classification HAS. On peut donc penser que les patients

sont souvent pris en charge sans une évaluation précise de la sévérité.

L’utilisation des CSI est limitée par plusieurs freins, en rapport avec l’appréhension qu’a le

médecin vis-à-vis de l’usage des CSI d’une part, et par la cortico-phobie dont souffrent

beaucoup de parents, pouvant impacter négativement le choix, la dose et la durée du

traitement de fond. Cette situation peut être clairement favorisée par le faible nombre de cas

d’asthme du nourrisson suivis en MG de ville, qui en même temps, pourrait faire perdre au

médecin certains reflexes importants comme l’évaluation précise des critères de contrôle de la

maladie, l’explication récurrente du bon usage des dispositifs d’inhalation et l’adaptation

adéquate des délais de contrôle dans le temps.

L’ensemble de ces éléments poussent le MG à adopter une conduite à tenir basée sur son

expérience de praticien qui, souvent, n’est malheureusement pas en total cohérence avec les

recommandations de la HAS de 2009.

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VII. BIBLIOGRAPHIE :

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2. Haute Autorité de Santé recommandations professionnelle, 2009, « Asthme de l’enfant de

moins de 36 mois, diagnostic, prise en charge et traitement en dehors des épisodes aigus » :

http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_796759/fr/recommandation-asthme-de-l-enfant-de-

moins-de-36-mois

3. Tabachnik E, Levison H. et al. Postgraduate course presentation. Infantile bronchial

asthma. J Allergy Clin Immunol, 1981 ; 67 : 339-347

4. Société de Pneumologie de Langue Française, Recommandations de la SPLF sur Asthme et

Allergie, Conférence d’experts, Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 221-32

5. Blanc F-X, Postel-Vinay N, Boucot I, de Blic J, Scheinmann P. Étude AIRE : analyse des

données recueillies chez 753 enfants asthmatiques en Europe. Rev Mal Respir. oct

2002;19:585-592.

6. De Blic J, Boucot I, Pribil C, Huas D, Godard P. Niveau de contrôle de l’asthme chez

l’enfant en médecine générale en France: résultats de l’étude ER’ASTHME. Archives de

Pédiatrie. sept 2007;14(9):1069-1075.

7. Marguet C, Pribil C, Boucot I, Huas D, Robert J, Allaert F-A, et al. Prise en charge de

l’enfant asthmatique en France: étude ÉLIOS. Revue Française d’Allergologie et

d’Immunologie Clinique. oct 2006;46(6):596-597.

8. Thibault A. Difficultés des médecins généralistes dans la prescription du traitement de fond

dans l’asthme de l’enfant : enquête qualitative [Thèse], tours, faculté de médecine de tours,

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9. Bertille, E. Difficultés diagnostiques de l’asthme du nourrisson par les médecins

généralistes de Haute-Normandie, enquête qualitative [Thèse], faculté de médecine de Rouen,

2011.

10. Global Initiative For Asthma, « Global stategy for asthma management and prevention »,

Bethesda, MD: National Institutes of Healt, 1995 (NIH publications n°96-3659A, NHLBI)

11. National Heart Lung and Blood Institute. Expert panel report 3: Guidelines for the

diagnosis and management of Asthma. National Asthma Education and Prevention Program.

Washington (DC): US Department of Health and Human Services; 2007.

12. OMS Asthme. 2013. Disponible sur:

http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs307/fr/index.html

13. Annesi-maesano I. « Épidémiologie de l’asthme dans le monde et en France ». Rev Prat.

2011;61:329‐335

Page 49: SOUTENANCE À CRETEIL UNIVERSITE PARIS EST ...doxa.u-pec.fr/theses/th0692852.pdfL‘asthme du nourrisson étant l‘asthme de demain, les recommandations de la SPLF de 2007(4) indiquaient

49

14. Alfrite A, Allonier C, Com-Ruelle L, Le Guen N. « l’asthme en France en 2006

prévalence et contrôle des symptômes ». Question d’économie de la santé IRDES déc 2008

(138)

15. INVS, Surveillance épidémiologique de l’asthme en France, rapport mise à jour le

15/01/2015. . [Consulté le 15/08/2015]. Disponible sur http://www.invs.sante.fr/fr/Dossiers-

thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Asthme/Surveillance-epidemiologique-de-

l-asthme-en-France

16. Worlwide « variation in prevalence of symptoms of asthma, allergic rhinoconjunctivitis,

and atopic eczema »: ISAAC. The International Study of Asthma and Allergies in Childhooh

(ISAAC) Steering Committee. Lancet 1998 ; 351 :1225-32

17. Delmas MC, Guignon N, Leynaert B, Com-Ruelle L, Annesi-MaesanoI, Chardon O, et al.

Évolution de la prévalence de l’asthme chez l’enfant en France : enquêtes nationales de santé

en milieu scolaire 2003-2008. Bull Epidémiol Hebd. 2014; (20):360-5.

http://www.invs.sante.fr/beh/2014/20/2014_20_3.html

18. Global Initiative for Asthma. Global strategy for asthma management and prevention.

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19. British Thoracic Society, Scottish Intercollegiate Guidelines Network. British guideline on

the management of asthma. A national clinacal guideline. Edimbourg: SIGN; 2007.

20. National Heart Lung and Blood Institute. Expert panel report 3: Guidelines for the

diagnosis and management of Asthma. National Asthma Education and Prevention Program.

Washington (DC): US Department of Health and Human Services; 2007.

21. Paediatric Society of New Zealand. Management of asthma in children aged 1-15 years.

Best practice evidence based guideline. Wellington (NZ): PSNZ; 2005.

22. The European Academy of Allergy and Clinical Immunology, American Academy of

Allergy, Bacharier LB, Boner A, Carlsen KH, Eigenmann PA, et al. Diagnosis and treatment

of asthma in childhood: a PRACTALL consensus report. Allergy 2008; 63(1):5-34.

23. François de Singly, Le questionnaire. L'enquête et ses méthodes (3e édition), Armand

Colin, coll. « 128 », 2012, 128 p

24. Taux de réponse des enquêtes postales.

http://www.pra.ca/resources/pages/files/technotes/rates_f.pdf

25. ATLAS DE LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE EN France SITUATION AU 1ER

JANVIER 2015

http://www.conseil-national.medecin.fr/node/1607

26. Site internet de biostatistiques BiostaTGV.

Disponible sur : http://marne.u707.jussieu.fr/biostatgv/

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50

27. Abbara A. Site internet de statistiques disponible sur:

http://www.aly-abbara.com/livre_gyn_obs/termes/termes_statistiques.html

28. Marguet C, Pibril C, Boucot I, Huas D, Robert J, Allart FA, De Blic J. Prise en charge de

l’enfant asthmatique en France étude ELIOS. Revue française d’allergologie et

d’immunologie clinique 2006;

46:593-4.

29. Megas F, Benmedjahed K, Lefrançois G, Mueser M, Dusser D.“The Compli Asthme”

therapeutic observation survery on good use of inhaled drugs for asthma: perception by

general practitioners.Rev Pneumol Clin 2004; 60:158-65.

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VIII. ANNEXES ANNEXE 1- LETTRE EXPLICATIVE

Interne en médecine générale : Mme Fatima GOUMIRI

Tel: 0623078784

E-mail : [email protected]

Directrice de thèse : Dr Anne-Marie TEYCHENE

Praticien Hospitalier, Pédiatre – Allergologue Hôpital Jean Verdier

Tel : 0148026090

E-mail : [email protected]

Objet: Thèse d'exercice, enquête auprès des médecins généralistes libéraux de la région

du Val d’Oise.

Chère Consœur, cher Confrère,

Je réalise actuellement mon travail de thèse « Prise en charge de l’Asthme de L’enfant de

moins de 36 mois en dehors de l’épisode aigu», sous la direction du Dr Anne-Marie

TEYCHENE.

L'étude consiste en une enquête par courrier auprès de médecins généralistes libéraux du

département, afin de rechercher les freins et les difficultés rencontrés dans la prise en charge

de l’asthme du nourrisson de moins de 36 mois. Pour cela, j'ai sélectionné un échantillon de

médecins généralistes, dont vous faites partie. Je sollicite donc votre participation à cette

étude, la pertinence de mon travail étant corrélée au nombre de réponses obtenues.

Je vous serais reconnaissante de bien vouloir répondre au questionnaire ci-joint. Le délai

moyen de réponse à ce questionnaire est de quelques minutes. Cette étude est bien sûr

parfaitement anonyme.

Pourriez-vous me retourner ce questionnaire dès que possible et pour le moins avant le 20 juin

2015, par courrier à l'aide de l'enveloppe jointe affranchie avec mention de l’adresse de retour.

Vous avez également la possibilité de me répondre par fax au 01 34 37 36 97 ou par mail à

l’adresse électronique suivante : [email protected].

En cas d'insuffisance de réponses, je me permettrais de relancer téléphoniquement l'ensemble

des praticiens de l'échantillon.

Si vous souhaitez recevoir les résultats de l’étude par mail, merci d’indiquer votre adresse

électronique au bas du questionnaire.

Vous remerciant grandement de l'attention que vous porterez à mon travail, veuillez recevoir

chère consœur, cher confrère, l’expression de mes sentiments les meilleurs

Mme Fatima GOUMIRI

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ANNEXE 2 – LE QUESTIONNAIRE

QUESTIONNAIRE

Prise en charge de l’asthme de l’enfant de moins de 36 mois en dehors de l’épisode aigu

PARTIE 1

1. Votre année de naissance : ………. ……………………..

2. Etes-vous : Homme, Femme

3. Vous exercez depuis :

< 5 ans 5 à 10 ans 10 à 15 ans 15 à 20 ans > 20 ans

4. Exercez-vous : En groupe Seul

5. Exercez-vous dans un environnement : URBAIN RURAL

6. Etes-vous maître de stage à la faculté ? Oui Non

7. Quels sont vos outils de formation professionnelle continue ?

Presse médicale gratuite

Presse médicale sur abonnement (préciser) : …................................

Sites Internet médicaux

Réunions de FMC indemnisées

Autre (préciser) : ………………………………………………………….

8. Pourriez-vous estimer le nombre de patients de moins de 3 ans que vous suivez pour

asthme ?.................................

PARTIE 2 :

1 .Vous considérez un nourrisson comme asthmatique si ? (une ou plusieurs réponses

possibles)

Plusieurs épisodes dyspnéiques associés obligatoirement à un terrain d’atopie

Bronchiolites à répétitions >4épisodes voir plus.

Après un épisode de crise d’asthme sévère.

Tout épisode dyspnéique avec râles sibilants qui se produit au moins 3 fois

depuis la naissance et cela quels que soit l’âge de début avec ou sans signes

d’atopie.

Symptomatologie respiratoire récidivante et à prédominance nocturne (toux,

dyspnée, sifflement..).

Dyspnée d’effort.

Autre …………………………………………………………..........

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2. Devant la suspicion clinique d’un asthme du nourrisson, faites-vous une radiographie du

thorax ? :

Parfois Jamais Systématiquement Apres échec du traitement d’épreuve

3. En dehors de la radiographie thoracique, faites-vous d’autres examens complémentaires ?

Oui, Non

4. si oui le quels ?

…………………………………………………………………………………………………

5. Adressez-vous vos patients consultant pour sifflements nocturnes au spécialiste ?

Systématiquement Parfois Jamais

6. Si vous les adressez au spécialiste, c’est :

Par manque de connaissances en la matière

Parce que le contexte particulier (âge < 3 ans) entraine une prise en charge difficile

Parce que les parents de l’enfant le demandent.

Autre ………………………………………………………………….

7. Recherchez-vous des signes en faveur d’un terrain atopique personnel ou familial lors de

votre démarche diagnostique ?

Oui Non

8. Devant une suspicion d’atopie, faites-vous systématiquement un bilan allergologique :

Oui Non

9. Si oui, lequel :

Prick-tests

Tests Multi-Allergéniques à réponse globale (phadiatrope, alatope, trophatope)

Dosage des IGE totaux

Autres : ..........................................................................................................

10. Pour évaluer la sévérité de la maladie asthmatique, l’ HAS (2009) propose la classification

suivante : asthme intermittent, asthme persistant léger à modéré, et asthme persistant

sévère et intermittent sévère.

Connaissez-vous cette classification ?

Oui non

11. Si oui, utilisez-vous cette classification dans votre pratique quotidienne ?

Oui non

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12. Quel traitement d’épreuve instaurez-vous en première intention ?

Un corticoïde inhalé type : Flixotide Bécotide Pulmicort autres

Corticoïdes per os

. béta-2 mimétiques de courte durée d’action

Béta-2 mimétiques de longue durée d’action

. Antihistaminiques

Autres……..

13. Lorsque vous introduisez un corticostéroïde inhalé (CSI), quelle est la durée d’utilisation ?

15 jours, 1 mois, 3 mois, Plus de 3 mois.

14- Dans votre pratique, quels sont les principaux facteurs limitant votre prescription des

corticostéroïdes inhalés (CSI) au long cours ? (plusieurs choix possibles)

Effets secondaires des CSI au long cours

Age du patient (inferieur à 36 mois)

Image négative des parents vis-à-vis des CSI

Contrainte du traitement au long court

Autres : ………………………………………………………………………….

15- De quelle façon évaluez-vous le contrôle de l’asthme chez l’enfant de moins de 3 ans ?

(Plusieurs choix possibles)

Par l’auscultation

Par l’estimation du nombre de recours aux B2 mimétiques de secourt

Par le nombre d’exacerbations

Par la recherche de symptômes (toux nocturne et diurne)

Par l’activité physique normale

Autres

16. Vous assurez-vous de la bonne utilisation par les parents des dispositifs d’inhalation ?

Jamais rarement souvent systématiquement

17. Instaurez-vous un suivi ultérieur (sans tenir compte des crises ou des exacerbations) :

1fois/mois 1fois/trimestre 1fois/semestre 1fois/an

Page 55: SOUTENANCE À CRETEIL UNIVERSITE PARIS EST ...doxa.u-pec.fr/theses/th0692852.pdfL‘asthme du nourrisson étant l‘asthme de demain, les recommandations de la SPLF de 2007(4) indiquaient

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Résumé Contexte : L’asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant. Elle souffre

d’un retard diagnostic et thérapeutique pouvant être préjudiciable à la fonction respiratoire.

L’objectif de ce travail est d’identifier les freins et les difficultés des MG dans la prise en

charge de l’asthme du nourrisson.

Méthode : Etude observationnelle transversale par auto-questionnaire auprès des MG du Val

d’Oise, du 08 juin 2015 au 20 juillet 2015.

Résultats : 86 MG ont répondu à l’enquête. 20% n’ont pas adopté la définition validée par la

HAS. L’appui sur les équivalents d’asthme pour évoquer le diagnostic est insuffisant. 27%

pensent obligatoire que l’atopie soit associée à la maladie. 20% ont recours au spécialiste

systématiquement alors que 14% ne le font jamais. L’âge du patient semble influencer cette

demande dans 58% des cas, suivi par l’influence des parents (42%). 62% disent connaitre la

classification HAS mais seulement 39% l’utilisent. Les CSI et les B2CA sont les deux classes

thérapeutiques les plus utilisées (79% et 78%). 41% utilisent les CSI sur une courte durée.

80% signalent des freins pour l’usage des CSI. Seul 30% font un contrôle de la réponse au

traitement sur l’ensemble des critères HAS. 40% vérifient le bon usage des dispositifs

d’inhalation systématiquement et 10% ne le font jamais.

Conclusion : Malgré l’élaboration par la HAS de recommandations sur l’asthme de l’enfant

de moins de 36 mois, notre étude confirme la persistance de difficultés à différentes étapes de

cette prise en charge. Si ces résultats sont confirmés à plus grande échelle, des mesures seront

à mettre en œuvre pour améliorer la gestion de l’asthme du nourrisson en Médecine Générale.

Summary

Context: Asthma is the most common chronic disease in children. She suffers from a

diagnostic and therapeutic delay that can be harmful to respiratory function. The objective of

this work is to identify the brakes and the difficulties of the GP in the care of infant asthma.

Method: cross-sectional observational study by auto-questionnaires with the general

practitioners of the Val d'Oise, 08 June 2015 to 20 July 2015.

Results: 86 general practitioners responded to the survey. 20% have not adopted the

definition posted by the HAS. Support on the equivalents of asthma to evoke the diagnosis is

insufficient. 27% think mandatory that atopy is associated with the disease. 20% have

specialist systematically while 14% never melts. The age of the patient seems to influence this

request in 58% of cases, followed by the influence of parents (42%). 62% say they know the

classification HAS but only 39% use it. The CSI and the B2CA are the two most commonly

used therapeutic classes (79% and 78%). 41% use the CSI on a short duration. 80% report

brakes for the use of the CSI. Only 30% are a control of the response to the treatment on the

set of criteria HAS. 40% check proper use of inhalation devices systematically, and 10% do

not.

Conclusion: Despite the development by the HAS recommendations on asthma of children

less than 36 months, our study confirms the persistence of difficulties at different stages of

this support. If these results are confirmed in larger scale, measures will be to implement to

improve the management of asthma infants in general medicine.