14
Lectures analytiques : 1. François Villon, «La Ba!ade des pendus» 2. Pierre de Ronsard, «Quand vous serez bien viei!e...» 3. Chassignet, «Le mesprit de la vi" et la consolation de la mor4. Victor Hugo, «Mors» Lectures complémentaires : 1. Pierre de Ronsard, «Je n’ai plus que les os..2. Victor Hugo, «Un spectr" m’attendait...» 3. Victor Hugo, Hernani 4. Arthur Rimbaud, «Le Bal des Pendus» Histoire des Arts : 1. Danses Macabres et vanités 2. Etude filmique : Le Cercl" des Poètes Disparus, Peter Weir Objet d’étude : Poésie et quête de sens du Moyen! âge à nos jours Le Cercle des Poètes Disparus, Peter Weir Memento mori Souviens-toi que tu es mortel... Danse Macabr" Détail des Fresques peintes par Pisane!o #env. 1380 $ 1455, Vérone, Itali" Problématique : Quel rapport le poète entretient!il avec la mort ? Activités : ! Approfondissement de la méthode du commentaire ! Histoire littéraire : les mouvements poétiques "La Pléiade, Le Baroque et Le Romantisme# ! Production finale : Production d’une Anthologie collective «La Mort en Poésie» Séquence 3 Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

  • Upload
    others

  • View
    10

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Lectures analytiques :

1. François Villon, «La Ba!ade des pendus»

2. Pierre de Ronsard, «Quand vous serez bien viei!e...»

3. Chassignet, «Le mesprit de la vi" et la consolation de la mort»

4. Victor Hugo, «Mors»

Lectures complémentaires :

1. Pierre de Ronsard, «Je n’ai plus que les os...»2. Victor Hugo, «Un spectr" m’attendait...»3. Victor Hugo, Hernani4. Arthur Rimbaud, «Le Bal des

Pendus»

Histoire des Arts :

1. Danses Macabres et vanités

2. Etude filmique : Le Cercl" des Poètes Disparus, Peter Weir

Objet d’étude : Poésie et quête de sens du Moyen!

âge à nos jours

Le Cercle des Poètes Disparus, Peter Weir

Memento moriSouviens-toi que tu es mortel...

Danse Macabr" Détail des Fresques peintes par Pisane!o #env. 1380 $ 1455, Vérone, Itali"

Problématique : Quel rapport le poète

entretient!il avec la mort ?

Activités :

! Approfondissement de la méthode du commentaire!Histoire littéraire : les mouvements poétiques "La Pléiade, Le Baroque et Le Romantisme#! Production finale : Production d’une Anthologie collective «La Mort en Poésie»

Séquence 3

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 2: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Frères humains, qui après nous vivez,N'ayez les coeurs contre nous endurcis,Car, si pitié de nous pauvres avez,Dieu en aura plus tôt de vous mercis.Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :

Quant à la chair, que trop avons nourrie,Elle est piéça dévorée et pourrie,Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie ;Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devezAvoir dédain, quoique fûmes occisPar justice. Toutefois, vous savezQue tous hommes n'ont pas bon sens rassis.

Excusez!nous, puisque sommes transis,Envers le fils de la Vierge Marie,Que sa grâce ne soit pour nous tarie,Nous préservant de l'infernale foudre.Nous sommes morts, âme ne nous harie,

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,Et le soleil desséchés et noircis.Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,Et arraché la barbe et les sourcils.

Jamais nul temps nous ne sommes assisPuis çà, puis là, comme le vent varie,A son plaisir sans cesser nous charrie,Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :A lui n'ayons que faire ne que soudre.

Hommes, ici n'a point de moquerie ;Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon

François Villon

Notes

Lecture analytique 1 :

François Villon, «La Ba!ade des pendus»

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 3: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Lecture analytique 1 : François Villon, «La Ballade des Pendus ou Épitaphe Villon»

Introductioncf. séance 1

I. Un tableau réaliste et macabre

" 1. Une description réaliste$ Ce poème de François Villon nous présente une description réaliste et macabre de la mort, qu’il tourne ensuite en dérision. C’est un tableau assez pittoresque qui fait référence aux moeurs de l’époque. La tradition qui voulait qu’on laisse les pendus sur le gibet révèle une réalité cruelle, présente dans le poème à travers les champs lexicaux du corps et de la décomposition, étroitement associés dans les vers 6 à 8. Par ailleurs, les expansions du nom sont nombreuses et les adjectifs sont très précis ce qui accentue le réalisme de la description. Enfin, on remarque des indications de lieu qui dirigent le regard du lecteur : «ci attachés» v. 5.$

" 2. Une scène pittoresque tournée en dérision$ Cependant, si à travers son poème, François Villon exprime la réalité macabre que subissent les pendus, celle!ci est aussi tournée en dérision. En e%et, le champ lexical de la nature "intégrant celui de la météorologie# : «pluie» ; «soleil» ; «vents» ; «oiseaux» suggère la métamorphose des corps à travers des images triviales, voire grotesques : le lessivage et le séchage, l’épilation... Les comparaisons sont dégradantes : «plus becqettés d’oiseaux que dés à coudre», et déshumanisantes : «comme le vent varie "...# nous charrie». Cette image mise en évidence par la rime évoque celle de pantins suspendus à des fils. Pour finir la tournure ironique «jamais nul temps nous ne sommes assis» vient ajouter encore au cynisme de l’auteur.

II. Un discours à visée argumentative

" 1. Une énonciation particulière$ Nous pouvons remarquer que dans ce poème l’auteur utilise une énonciation particulière. En e%et, le poète écrit à la première personne du pluriel : «contre nous», ce qui montre qu’il s’inclut dans le groupe de pendus. Il y a là une situation paradoxale qui permet à un mort de s’exprimer. Par ailleurs, les thèmes sont peu traditionnels pour une ballade même si la forme est respectée "dizains + dernière strophe carrée, refrain#.

$ 2. Un appel au lecteur$$ On peut également observer que l'auteur fait dans sa ballade un appel au lecteur. En e%et son premier vers comporte une apostrophe «Frères humains» qui malgré l'exclusion sociale des pendus fait appel à la fraternité chrétienne. On trouve aussi de nombreux impératifs qui montrent qu'il s'adresse aux lecteurs. D’ailleurs, dès le vers 5 : «vous nous voyez ci attachés», Villon suggère l'idée que le destinataire est spectateur, qu’il est un membre de la foule. On remarque donc que l'auteur cherche à faire réfléchir le lecteur. En fait, l’ensemble du poème repose sur une stratégie argumentative bien ficelée.

$ 3. Un plaidoyer du condamné$ E%ectivement, notre condamné semble faire son propre plaidoyer tout d’abord par l’utilisation d’un registre pathétique qui cherche à apitoyer le lecteur : il insiste longuement sur son état physique et sur son statut de mort : «transis» ; «occis» ; «mort». Il reconnaît sa faute, mais il invoque la religion pour obtenir l’adhésion du lecteur : «Vierge Marie». Puis il adopte dans la troisième strophe un ton plus léger, usant d’ironie et d’images triviales avant de revenir à un solennel dans la dernière, où il change de destinataire "il interpelle Jesus# et s’adresse directement à la justice divine, qu’il oppose à la justice des hommes.

Ce poème obéit donc à une stratégie argumentative précise : le mode énonciatif est particulièrement important et le poème vise à entraîner l’adhésion de ses destinataires. Enfin, il s’agit d’un poème assez pittoresque qui nous o%re une description saisissante des pendus, avec une certaine variété des tonalités.

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 4: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Pierre de Ronsard

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os : Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dés aujourd'hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélèn", 1578, II, 24

Je n’ai plus que les os, un squelette je semble, Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé, Que le trait de la mort sans pardon a frappé ; Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble, Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé. Adieu, plaisant soleil, mon œil est étoupé, Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.

Quel ami me voyant en ce point dépouillé Ne remporte au logis un œil triste et mouillé, Me consolant au lit et me baisant la face,

En essuyant mes yeux par la mort endormis ? Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis, Je m’en vais le premier vous préparer la place.

Pierre de Ronsard, Derniers Vers, 1586

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 5: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

&LA 2 . « Quand vous serez bien vieille ...» Sonnet XLIII, Sonnets pour Hélèn" de Pierre de Ronsard

&

A # Présentation de l’auteur :

Fils d’une famille noble du Vendômois, Pierre de Ronsard "1524!1585# devient dès l’âge de 12 ans, page du fils de François 1er. Il travaille donc à la cour avant de reprendre ses études au Collège de Coqueret, où il suit, aux côtés de Du Bellay et Baïf, l’enseignement de l’helléniste et humaniste Dorat. Il est alors surtout attiré par les poètes grecs et considère comme eux la poésie comme un sacerdoce. Il participera à la création du groupe poétique de la Brigade qui deviendra la Pléiade. Il fut aussi poète de cour "poète o'ciel#.!,1550 : Odes1552 : Les Amours de Cassandr", inspirés en partie du pétrarquisme1555 : La continuation des Amours1556 : La nouve!e continuation des Amours "dédié à Marie, une jeune paysanne# : lyrisme plus familier, style plus simple1572 : La Franciad", épopée française inachevée1578 : Les Sonnets pour Hélèn" "Hélène de Surgères#, environ 130 sonnets de commande d’abord "Catherine de Médicis# puis d’amour "il se prit d’a%ectation pour la jeune femme#.Il a imposé l’alternance des rimes féminines/ masculines "plus harmonieuse#.&

&

&

B # Lecture analytique :

Introduction :Amorce : Si la poésie lyrique peut permettre l’expression du sentiment amoureux ou la description de la passion, elle peut aussi être le lieu d’un discours de la séduction.Présentation et situation du texte : Ainsi, Pierre de Ronsard, poète de la Pléiade, s’e%orce!t!il dans le sonnet XLIII du recueil Sonnets pour Hélène, publié en 1578, de persuader sa Belle, Hélène de Surgères, de répondre à ses avances et de lui o%rir ses grâces. Il renouvelle pour ce faire le topos du carpe diem horatien. Il s’agira de comprendre comment ce sonnet conjugue discours de séduction et de persuasion et éloge du poète et de la poésie.

&

I # Un discours de la séduction :

La situation d’énonciation particulière nous autorise à parler de discours.$

$ 1 ( une situation de dialogue :

! présence des marques de la 1ère personne : v3 « mes vers »/ v12 « mon amour » v9 « je serai » v10 je prendrai mon repos, v13 si m’en croyez.! Mais aussi de la 2nde personne, dès le 2nd mot du poème : « VOUS » : v1 Quand vous serez bien vieille / v 8 votre nom, v 12 votre fier dédainLe lecteur assiste donc à une sorte de conversation amoureuse, un discours galant du poète à sa belle, Hélène de Surgères, qui reste manifestement indi%érente à ses avances et à ses sentiments. Il s’agit souvent d’une convention poétique.&On retrouve ici le motif de la belle indi%érente signifié par l’expression « votre fier dédain » au v 12. Ce motif est un topos : un lieu commun.Ce discours vise donc à persuader : conduire quelqu’un à agir comme on le souhaite en faisant appel aux sentiments "contrairement au verbe convaincre qui suppose que l’on fasse appel à la raison#. Cette tentative de persuasion est notamment perceptible dans le 2nd tercet :! phrases injonctives et verbes à l’impératif "ordre/ défense# : v13 et 14 : « Vivez » « n’attendez » et « cueillez »Cette situation de dialogue se trouve dynamisée par la dramatisation de cette mise en scène : particulièrement au v 4 lorsque le poète feint de donner la parole à Hélène en recourant au style direct "guillemets# pour rapporter ses paroles.

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 6: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

$ 2 ( Un discours de persuasion construit :

La structure du poème est au service de la persuasion parce qu’elle répond à une stratégie qui opère en deux temps :! dans les deux quatrains et le 1er tercet le poète évoque un futur sombre, celui de la vieillesse à venir, pour l’inquiéter et ménager son ainsi son attention. Les 2 quatrains constituent une unité thématique renchérie par une unité sonore )an*. Le terme « Lors » à l’entame du 2nd quatrain assure ce lien. Le tercet met en parallèle la destinée du poète et celle d’Hélène : parallélisme v 9 et 11 « Je serai »/ « vous serez »! dans le 2nd tercet il l’invite à profiter de la vie en lui accordant ses faveurs, espérant que le premier mouvement du poème, du discours aura fait céder ses résistances.Le sonnet est construit autour d’un e%et de chute v 13 et 14 : retournement soudain du thème ou de la situation! cet e%et de chute est traduit par l’opposition entre l’avenir « quand vous serez bien vieille » au v1 qui trouve un écho au v 13 dans l’adverbe « demain » et la locution adverbiale « dès aujourd’hui » au v14.! Après la mort et la vieillesse vient l’évocation de la vie ainsi que le souligne le recours au polyptote « vivez/ vie » : figure qui consiste à répéter dans une même phrase des formes di%érentes du même mot ou de mots de la même famille.! Cette chute dramatise le motif du carpe diem dans la métaphore finale « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »Le motif du carpe diem : c’est une locution latine extraite d’un poème d’Horace "auteur latin du 1er siècle avt JC# : « Carpe diem quam minimum credula postéro » : cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l’avenir. Cette phrase intervient alors que le poète cherche à persuader Leuconoé de profiter du moment présent. On retrouvait cette citation sur de nombreux cadrans solaires.En poésie cette citation est devenue une maxime : formule argumentative très courte. Le motif du carpe diem est souvent associé à la fleur et plus particulièrement à la rose qui se fane si vite qu’il faut la cueillir dès sa floraison. La rose symbolise également souvent la beauté féminine.On peut donc parler pour ce vers 14 de métaphore canonique, de topos de la brièveté de l’existence humaine dans la poésie du XVI°s.&

Transition I et II : Mais cet e%et de chute tire tout son poids d’une stratégie de persuasion fondée sur une prolepse saisissante.&

II # Une stratégie au service de la persuasion : la prolepse :

$ 1 ( La prolepse :

Le poète appuie son entreprise de séduction sur une prolepse : projection dans le futur.! verbes au futur : v 1 « Quand vous serez », v 5 « vous n’aurez », v 9 « je serai sous la terre » et v 11 « vous serez au foyer ».Il s’agit pour lui d’amener Hélène à se projeter dans la vieillesse dont on rencontre d’ailleurs le champ lexical :V 1 « bien vieille », v4 « du temps que » v 11 « une vieille accroupie »Cette vieillesse est le temps où la beauté est fanée, ce que suggère l’allitération en )S* : elle traduit l’usure, l’amoindrissement, le flétrissement.! le mot « vieille » est mis en relief par la coupe à l’hémistiche "sous l’accent# au v 1. Il est par ailleurs renchéri par l’adverbe intensif « bien ». On retrouve le terme employé comme nom au v 11 « une vieille accroupie », groupe nominal par lequel le poète accuse le trait "le grossit# : on constate un e%et de crescendo par rapport au v1 , le substantif étant plus péjoratif que l’adjectif, et l’image plus crue. Le nom réduit la femme toute entière à cette déchéance. Ceci s’intègre dans un processus de démoralisation d’Hélène.La vieillesse flirte avec la mort : celle du poète y est évoquée, mais celle d’Hélène est implicitement présentée comme imminente :

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 7: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

! le rythme irrégulier du v 1, et surtout du second hémistiche évoque la fragilité de l’existence humaine confrontée à la menace du temps "6 +2 + 4#! l’adjectif « belle », mis en relief en fin de vers rencontre à la rime le mot « chandelle » : tout comme la chandelle s’amenuise, diminue avec le temps, la beauté se fane et s’éteint. Les verbes sont d’ailleurs à l’imparfait, un temps qui inscrit cette beauté dans l’ordre du révolu.Le poète lui est alors présenté comme mort, il n’est plus présent qu’à la 3ème pers dans le v4, sous la forme de son patronyme « Ronsard » ce qui tend à instaurer une certaine distance entre elle et lui. La femme se sera donc plus entourée que de sa servante, vieillie elle aussi et défaillante « Déjà sous le labeur à demi sommeillant » v 6.Le poète envisage sa mort mais il l’évoque sur le mode de l’euphémisme : figure d’atténuation qui consiste à adoucir la crudité ou la brutalité d’une idée ou d’un fait. L’allitération en )s* contribue également à en donner une image sereine.Ex : champ lexical de la mort :V9 « je serai sous la terre » / « fantôme sans os »/ « je prendrai mon repos » « « par les ombres myrteux » : renvoient aux Enfers de la mythologie grecque. Cette allusion évoque un lieu ombragé, agréable "la myrte : plante méditerranéenne symbole de la déesse de l’amour Vénus#. La déchéance physique est occultée.&

$ 2 ( Un e%et de scène

Cette prolepse qui se présente comme un tableau, une scène de genre est dramatisée :! le 1er quatrain dresse un décor : « au soir à la chandelle »v 1 + « assise auprès du feu » v2 qui trouve un écho v 11 « vous serez au foyer »Ce cadre est en apparence paisible, activités correspondant à l’âge. On a le sentiment d’une intimité domestique sereine.Ce tableau est presque vivant : verbes d’action au participe présent comme « dévidant et filant » qui actualisent les gestes + recours aux paroles rapportées au discours direct v 4Mais ce tableau est nuancé, et l’on peut entrevoir une intimité aux connotations négatives. L’éclairage de la chandelle et de la lueur des flammes fait en e%et de cette vision un tableau en clair!obscur qui suggère une fausse tranquillité. Il s’agit de montrer à Hélène la mélancolie qu’elle pourra alors ressentir, confrontée à ses regrets. Le moment choisi, « le soir », comporte également une dimension symbolique dans la mesure où il peut évoquer le soir de la vie, l’imminence de la mort. On peut noter d’ailleurs que les activités évoquées par les participes « dévidant et filant » constituent une allusion au mythe des Parques, les 3 sœurs "divinités# qui président symboliquement au déroulement de la vie humaine : l’une file, l’autre tisse et la troisième coupe "goût de la Pléiade pour l’Antiquité et la mythologie#.C’est aussi le temps de l’ennui et de la mélancolie! la régularité des coupes v 2 et 3, renchérie par l’allitération en )an* dans les quatrains suggère la monotonie de cette existence qui contraste avec la vie de cour que connaît Hélène.! Son chant, mentionné au v 3, est lui!même empreint de mélancolie ; il est tourné vers le passé ainsi que l’indique la proposition « du temps que j’étais belle ».! Cette mélancolie est donnée à entendre par le point d’exclamation à la fin du v4.Il s’agit donc pour le poète de sensibiliser Hélène et de l’inviter à profiter de ses avances tant qu’il est encore temps, afin de ne pas nourrir de regrets.Transition II et III : Même si le poète vieillissant peut voir sa stratégie de séduction échouer auprès d’Hélène, il assure par ce poème une autre séduction, celle du lecteur et assure ainsi sa renommée. Ce sonnet constitue à ce titre également un éloge du poète et de la poésie.&

III ( L’éloge du poète et de la poésie :

1 ( Orgueil et éloge du poète :! on rencontre le champ lexical de la poésie : v3 « chantant mes vers » / v 4 « Ronsard me célébrait » V 7 « Ronsard »On perçoit donc l’omniprésence du poète tout au long des quatrains : V » et 4 puis 7 et v 8 « Bénissant votre nom » : ces vers évoquent ses poèmes, ses créations poétiques.! son nom d’auteur est mentionné à deux reprises et placé chaque fois à des positions stratégiques du vers : v 4 à l’entame du vers sous l’accent/ v 7 à l’hémistiche sous l’accent.! Il semble presque parler de lui à la 3 ème pers : le nom de Ronsard ici désigne davantage l’homme de lettres que le simple individu. Il imagine ainsi son nom passé à la postérité après sa mort.

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 8: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

! L’expression « au bruit de Ronsard » relève de l’éloge ; il est ici question de son renom, de sa réputation.! De même le gérondif « en s’émerveillant » v 3 traduit l’admiration pour ses vers qu’il prête à Hélène "pointe d’orgueil#.On peut parler d’autocélébration du poète, qui oppose au « fier dédain » de la belle, son orgueil de poète.Ces vers témoigne de l’idée chère aux poètes de la Pléiade selon laquelle la poésie assure au poète l’immortalité : la poésie lui permet de survivre après sa mort. La mémoire des lecteurs le fait vivre.2 ( L’éloge de la poésie :Mais le poète est aussi celui qui va assurer le renom de la belle, celui qui va immortaliser le nom d’Hélène, car tel est le pouvoir de la poésie de traverser les siècles :! « Ronsard me célébrait » : le verbe célébrer signifie ici rendre hommage, honorer, mais aussi rendre célèbre.! Le verbe trouve un écho dans l’expression « bénissant votre nom » au v8! L’expression « louange éternelle » témoigne aussi de ce pouvoir de la poésie d’immortaliser ce dont elle parle! Ce pouvoir est aussi souligné par sa capacité à réveiller la vieille servanteC’est donc une autre raison, su'sante d’après le poète, pour qu’elle s’intéresse à lui.&

Conclusion :Au terme de notre analyse, il apparaît donc que ce sonnet, qui se présente comme un discours amoureux fictif, repose sur une stratégie de la séduction dans laquelle l’éloge du poète et de la poésie occupe une fonction argumentative certaine. Aimée du poète, la belle indi%érente, a vu en e%et son nom passer à la postérité, tout comme la Laure de Pétrarque "dans le Canzonière#.&

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 9: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Jean!Baptiste Chassignet

Mortel pense quel est dessous la couvertureD’un charnier mortuaire un corps mangé de vers,Décharné, dénervé, où les os découverts,Dépoulpés, dénoués, délaissent leur jointure&:

Ici l’une des mains tombe de pourriture,Les yeux d’autre côté détournés à l’enversSe distillent en glaire, et les muscles diversServent aux vers goulus d’ordinaire pâture&:

Le ventre déchiré cornant de puanteurInfecte l’air voisin de mauvaise senteur,Et le nez mi!rongé di%orme le visage ;

Puis connaissant l’état de ta fragilité,Fonde en Dieu seulement, estimant vanitéTout ce qui ne te rend plus savant et plus sage.

Jean!Baptiste Chassignet "1570?!1635?#, Le Mépris de la vie et consolation contre la mort.

Séquence 3 ! Memento mori ! Classe de Première S ! Lycée La Croix Rouge ! Mme Loriant

Page 10: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

I. Une esthétique du dégoût

$ 1. Le pouvoir de l’hypotypose

! le mouvement du regard est imposé : chaque parcelle du corps en décomposition est décrite, impossibilité de «détourner le regard»! lexique du corps, indications spatiales qui évoquent le retournement "membres désarticulés# et le désordre.

$ 2. La suggestion par les sens

! les sens sont sollicités pour provoquer le dégoût du lecteur "pouvoir suggestif de certains mots, notion de connotation#

$ 3. Un jeu insistant sur les sonorités

! les sonorités elles!même sont criardes et peu harmonieuses.

11. La structure du sonnet au service de l’argumentation

$ 1. Une métrique régulière

! solennité, fausse grandiloquence, mais aussi e%et d’amoncellement, de répétition litanique presque insupportable.! rimes internes renforcent cette idée

$ 2. Une structure signifiante

! progression de l’intensité des images des quatrains aux tercets, jusqu’à la chute finale.

$ 3. Une stratégie pour pousser à la réflexion

! adresse au lecteur : impératif

Lecture analytique 3 Jean!Baptiste Chassignet, Le Mépris de la vie et consolation contre la mor", «$Mortel pense

quel est dessous la couverture$» , 1594Sonnet 125

Chassignet a enduré en tant que catholique les violences religieuses qui ont ensanglanté la France. L" Mépris de la vie et consolation contre la mor% est son œuvre principale, empreinte d'une inquiétude toute baroque devant l'instabilité des choses de ce monde. On y trouve des thèmes et des images communs à ceux de Sponde, témoignant d'une même sensibilité à vif.Au Moyen!Age, la mort quoique e%rayante, entrait dans l'ordre des volontés divines par la promesse de communion avec Dieu qui l'accompagnait. Les choses changent à la Renaissance, avec les découvertes scientifiques qui mettent en doute les certitudes sur Dieu et avec les mésententes religieuses qui portent atteinte à la toute puissance de l’Église catholique. Si pour les Humanistes catholiques l'homme est capable de s'élever vers Dieu, il n'en va pas de même chez les Réformés, qui désirent un christianisme débarrassé des dogmes catholiques.

Page 11: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Victor Hugo ou la mort romantique

MorsJe vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crépuscule. Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient; elle changeait en désert Babylone, Le trône en l'échafaud et l'échafaud en trône, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux. Et les femmes criaient&: !! Rends!nous ce petit être. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître? !! Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre; Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit; Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit. Derrière elle, le front baigné de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.

Mars 1854.

Victor Hugo, Les Contemplations "1856#

Page 12: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Victor Hugo ou la mort romantique

Introduction&:

Victor Hugo, chef de file du mouvement romantique. Le recueil Les Contemplations, est construit en deux parties, séparées par une date, le 4 septembre 1843, jour de la mort accidentelle de sa fille. La première partie, « Autrefois », est consacrée aux poèmes du bonheur, la seconde, d’où est tiré Mors, est une méditation sur la mort et la destinée humaine.

Le texte Mors présente le triomphe absolu de la mort par la description d’une atmosphère d’apocalypse.

Le poème s’organise autour d’un double jeu de sensations. D’une part la sensation visuelle, largement développée dans les 10 premiers vers, introduite par un passé simple « je vis » ; d’autre part la sensation auditive développée à partir de « crier ».

Problématique possible$:& & • En quoi cette longue hypotypose forme!t!elle un mémento mori&?

I!Une Vision apocalyptique % fin du monde &

$ 1. Allégorie de la mort e%et de surprise par l'utilisation du passé simple : "je vis", v. 1 mais reconnaissance immédiate, comme l'indique le démonstratif "cette" v. 1La mort nous est présentée à travers l'allégorie traditionnelle de la "faucheuse". Une mort qui est constamment présente comme le suggère l'imparfait,

$ 2. Un passage impitoyable«$pied$» v. 18&: elle écrase tout&: toute puissance de la faucheuseCL de l’obscurité et dégradations visuelle et olfactive "la beauté visuelle et la bonne odeur se transforment en fumier# + image macabres "baroque#Verbes d’action "action cruelles#, double sens des participes présents «&moissonnant&et fauchant&»Métaphore filée du champ " V.1!2 # = champ de bataille

" 3. Une vision sonore!Harmonie imitative des chuintantes et des si+antes "s, ch, f, #, développée tout au long du

poème évoque parfaitement le si'ement sinistre de la "faulx" ""faucheuse" et "champ", "moissonnant" et "fauchent", "triomphateurs" et "triomphaux", "échafaud" répété deux fois#! les gutturales ""crépuscule", "ombre", "dirait", "tremble", "recule"# qui nous font entendre le

frisson de la peur.

Page 13: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Victor Hugo ou la mort romantique

II! Un cri de de douleur et d’incompréhension

$ 1. L’expression lyrique de la douleur

! Manifestations de peur et sou%rance , «&un troupeau frissonant&», «&les peuples éperdus&» ,visions d’ horreur : l'horreur des "doigts osseux", des "noirs grabats", des "linceuls", de "la faulx sombre", montrent un champ lexical particulièrement développé.! phonétique des gutturales : "sortaient", "noirs grabats", "froid", "bruissait", "nombre", "éperdus", "sombre", "troupeau", "frissonnant", "ombre",! La rime assourdie "nombre!sombre" reprise phonétiquement par le mot "ombre" contribue aussi, de par ses tonalités mineures, à la tristesse du tableau. Tableau qui se termine par l'e%rayante synthèse ponctuée par les monosyllabes "tout", "sous", "ces", "pieds", "deuil", "et", "nuit" ainsi que par la gradation "deuil", "épouvante", "nuit". La "nuit" traduit une fin brutale. La rime masculine, l'accent douloureux du "i" viennent interrompre la description.

! une sou%rance qui est symbolisée par l'hyperbolique peine des "mères" ""les yeux en ruisseaux"#, ! révolte qui introduit la sensation auditive dominante dans la seconde partie : "criaient", ! révolte mise en valeur par l'impératif "rends!nous"

$ 2. Un questionnement face à l’absurdité de la condition humaine

La cohabitation dans le même vers des verbes "mourir" et "naître" nous confronte en e%et à la mort de l'enfant, plus incompréhensible encore.Interrogations : «&pourquoi&? » cette question ne peut que s’adresser à la mort mais en fait s’adresse à Dieu

Par un jeu d'antithèses, le poète insiste sur le travail de la mort, l'opulence de "Babylone" s'oppose à l'austérité du "désert", le lieu des supplices ""échafaud"# s'oppose à la noblesse du "trône" "image égalisatrice qui est soutenue par le chiasme#. L'antithèse est également a%ective "de la "rose" au "fumier"#. Enfin, "l'or", symbole de richesse et de puissance s'oppose à la "cendre" qui connote la poussière et la mort.Ces antithèses expriment l’absurdité de la vanité humaine face à la mort "motif baroque#

Cependant, Hugo ne pousse pas jusqu'au bout ce jeu de l'antithèse : au cadavre de "l'enfant", il substitue sous forme d'espoir l'image aérienne et libre de "l'oiseau"les deux derniers vers allument un espoir, qui est souligné par l'antithèse du vocabulaire et l'antithèse phonétique. Aux champs lexicaux de la chaleur et de la nuit s'opposent les champs lexicaux de la chaleur et de la lumière ""baigné", "douces flammes", "souriant"#. Au locatif "sous" s'oppose le locatif "derrière elle". Aux sonorités étou%ées ""sombre", "ombre"# s'oppose l'ouverture des voyelles ""derrière", "baigné", "flammes", "ange", "souriant", "portrait", "âmes"#. Enfin, Hugo réutilise la métaphore filée : c'est la mort qui moissonne et c'est l'ange qui récolte.

Page 14: Séquence 3 Memento mori - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/12/56/77/201305/ob_3edc...Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié

Victor Hugo ou la mort romantique

Conclusion

De ce poème, c'est naturellement tout d'abord la vision e%royable que nous retiendrons, l'utilisation particulièrement e'cace des procédés poétiques, linguistiques et auditifs. Toutefois, derrière le pessimisme de ce texte, que la brève conclusion de parvient pas à dissiper, il est important de souligner que Victor Hugo est bien au bout de son long combat personnel de la mort de Léopoldine. Le "moi" s'e%ace pour laisser place à une préoccupation plus large, et Hugo redevient le mage et le chantre de l'humanité.$