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Stimulation corticale plut6t que profonde dans le Parkinson : une idde fran( aise A plusieurs reprises, der- ces nieres armies, des parle- mentaires ont interpell6 le ministere de la Sante pour s'inquieter de la stagnation du d6veloppement d'un traitement innovant de la maladie de Parkinson : la stimulation c6re- brale profonde (A. L. Benabid, 1990), impliquant I'introduction d'une ~lectrode en un point central du cerveau, avec la possibilite de faire cesser les tremblements, sur- nommes paralysie agitante O) qui caracterisent notamment cette maladie. La maladie de Parkinson est la maladie neuro-d~gen6rative la plus frequente (100 000 per- sonnes en France) awes la maladie d'Alzheimer. Plusieurs centres de neuro- chirurgie de haut niveau ont neanmoins d6veloppe cette technique assez Iourde, qui ne s'applique qu'& une flange de la population atteinte (forme 6volu¢e). Une technique plus legere (sans doute moins coQ- teuse) vient d'etre d6crite et pro- posee par une ~quipe de cher- cheurs et de cliniciens frangais. En bref, au lieu d'aller chercher un site profond de stimulation, chercheurs et cliniciens du Ser- vice hospitalier Frederic-Joliot (Commissariat b_ I'~nergie ato- mique, Orsay) et du CHU Henri- Mondor de Creteil proposent une stimulation du cerveau en surface, c'est-&-dire du cortex. Sur le plan neurobiologique, c'est une petite revolution. En effet, disent les auteurs de I'etude, alors qu'il etait admis que seuls les neyaux gris centraux etaient responsables de I'apparition des signes cliniques moteurs (trem- blements), on a montr6 assez Cortex recemment (2001) que le cor- tex moteur contribue 6galement & la genese de ces signes. D'o5 I'idee d'une stimulation de surface & I'aide d'un stimulateur type ,, pacemaker ,,, avec une electrode placee directement au contact du cortex moteur. Avant une eventuelle application chez I'Homme, ce concept a et6 etu- di6 sur un modele animal de la maladie de Parkinson, le babouin MPTP, trait6 par cette substan- ce pendant un an pour obtenir un parkinsonisme experimental par de de stimulation r~oyaux gris profonds L'id6e franqaise pour le Parkinson. depletion progressive de la syn- these de dopamine cerebrale (2). La stimulation superficielle a per- mis d'observer une regression significative de I'akinesie et de la bradykinesie, et une amelioration du metabolisme des aires corti- tales impliquees dans I'elabora- tion des mouvements, de m¢me celle des noyaux gris profonds (cible de la stimulation profonde). Peu invasive,cette technique pour- rait #tre appliquee prochainement & I'homme, & un plus grande nom- bre de patients que la technique de stimulation profonde. Une etude- pilote en ce sens est en 6labora- tion dans le service de neurochi- rurgie du CHU Henri-Mondor, elle concernerait des cette annee une dizaine de patients. J.-M. M. Source : CEA, pr6sentations de St~phane Palfi (CEA-CNRS, CHU Henri-Mondor) et Philippe Hantraye (CEA-CNRS ; Orsay). (1) Traduetion /itt#ra/e de shaking pa/sy, exprimant ~ /a lois/a rigidit~ des membres et le tremb/ement (1 Parklnson). (2) Functiona/recovery in a primate model of Parkinson's disease /M/owing motor cortex stimu/ation, Stephane Paffi et co//. Neuron 44 (2004) 1-20. LA STIMULATION CEREBRALE PROFONDE Depuis 1987, date & laquelle des elec- trodes ont 6te ~mplantes clans le cer. veau d'un pattent par P~erre Pollak et Ahm Benabld, a Grenoble, de nouveaux espo~rs apparaissent. La neurostimu- lation cerebrale profonde cansiste & placer dans les ~oyaux seus-thalarniques deux electrodes (une pour chaque h~mi- sphere), reliees par un fil qu~ court sous la peau jusqu'a un shmulateur que I'on implante sous la clawcule. Ce dernier fonctionne comme un pacemaker el envoie des impulsions electriques (130 MHz) qui corrigent le8 syrnptSmes de fa¢on spectaculaire Le sys~eme est reverslble, contrairemenl a la neuro- chirurgie tradit[onne}le, et surtout reglable : une telecommanae permet de rC':'glerde facon non invasive les para metres de la shmutatlon, en fonct~n de I'effet recherche, 1 2 Revue Frangaise des Laboratoires, mars 2005, N° 371

Stimulation corticale plutôt que profonde dans le Parkinson : une idée française

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Stimulation corticale plut6t que profonde dans le Parkinson : une idde fran( aise

A plusieurs reprises, der- c e s

nieres armies, des parle- mentaires ont interpell6 le ministere de la Sante pour s'inquieter de la stagnation du d6veloppement d'un traitement innovant de la maladie de Parkinson : la stimulation c6re- brale profonde (A. L. Benabid, 1990), impliquant I'introduction d'une ~lectrode en un point central du cerveau, avec la possibilite de faire cesser les tremblements, sur- nommes paralysie agitante O) qui caracterisent notamment cette maladie. La maladie de Parkinson est la maladie neuro-d~gen6rative la plus frequente (100 000 per- sonnes en France) awes la maladie d'Alzheimer. Plusieurs centres de neuro- chirurgie de haut niveau ont neanmoins d6veloppe cette technique assez Iourde, qui ne s'applique qu'& une flange de la populat ion atteinte (forme 6volu¢e). Une technique plus legere (sans doute moins coQ- teuse) vient d'etre d6crite et pro- posee par une ~quipe de cher- cheurs et de cliniciens frangais. En bref, au lieu d'aller chercher un site profond de stimulation,

chercheurs et cliniciens du Ser- vice hospitalier Frederic-Joliot (Commissariat b_ I'~nergie ato- mique, Orsay) et du CHU Henri- Mondor de Creteil proposent une stimulation du cerveau en surface, c'est-&-dire du cortex. Sur le plan neurobiologique, c'est une petite revolution. En effet, disent les auteurs de I'etude, alors qu'il etait admis que seuls les neyaux gris centraux etaient responsables de I'apparition des signes cliniques moteurs (trem- blements), on a montr6 assez

Cortex

recemment (2001) que le cor- tex moteur contribue 6galement & la genese de ces signes. D'o5 I'idee d'une stimulation de surface & I'aide d'un stimulateur type ,, pacemaker ,,, avec une electrode placee directement au contact du cortex moteur. Avant une eventuelle application chez I'Homme, ce concept a et6 etu- di6 sur un modele animal de la maladie de Parkinson, le babouin MPTP, trait6 par cette substan- ce pendant un an pour obtenir un parkinsonisme experimental par

de de stimulation

r~oyaux gris

profonds

L'id6e franqaise pour le Parkinson.

depletion progressive de la syn- these de dopamine cerebrale (2). La stimulation superficielle a per- mis d'observer une regression significative de I'akinesie et de la bradykinesie, et une amelioration du metabolisme des aires corti- tales impliquees dans I'elabora- tion des mouvements, de m¢me celle des noyaux gris profonds (cible de la stimulation profonde). Peu invasive, cette technique pour- rait #tre appliquee prochainement & I'homme, & un plus grande nom- bre de patients que la technique de stimulation profonde. Une etude- pilote en ce sens est en 6labora- tion dans le service de neurochi- rurgie du CHU Henri-Mondor, elle concernerait des cette annee une dizaine de patients.

J.-M. M.

Source : CEA, pr6sentations de St~phane Palfi (CEA-CNRS, CHU Henri-Mondor) et Philippe Hantraye (CEA-CNRS ; Orsay).

(1) Traduetion /itt#ra/e de shaking pa/sy, exprimant ~ /a lois/a rigidit~ des membres et le tremb/ement (1 Parklnson). (2) Functiona/ recovery in a primate model of Parkinson's disease /M/owing motor cortex stimu/ation, Stephane Paffi et co//. Neuron 44 (2004) 1-20.

LA STIMULATION CEREBRALE PROFONDE

Depuis 1987, date & laquelle des elec-

trodes ont 6te ~mplantes clans le cer.

veau d'un pattent par P~erre Pollak et

Ahm Benabld, a Grenoble, de nouveaux

espo~rs apparaissent. La neurostimu-

lation cerebrale profonde cansis te &

placer dans les ~oyaux seus-thalarniques

deux electrodes (une pour chaque h~mi-

sphere), reliees par un fil qu~ court sous

la peau jusqu'a un shmulateur que I'on

implante sous la clawcule. Ce dernier

fonct ionne comme un pacemaker el

envo ie des impu l s i ons e lec t r i ques

(130 MHz) qui corrigent le8 syrnptSmes

de fa¢on spectaculaire Le sys~eme est

reverslble, contrairemenl a la neuro-

ch i ru rg ie t radi t [onne} le, et sur tou t

reglable : une telecommanae permet

de rC':'gler de facon non invasive les para

metres de la shmutatlon, en fonc t~n

de I'effet recherche,

1 2 Revue Frangaise des Laboratoires, mars 2005, N ° 371