STRADDADate : PRINTEMPS 15Pays : France

Périodicité : Trimestriel Page de l'article : p.52-53Journaliste : Christiane Dampne

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SUBSISTANCES 7092264400507Tous droits réservés à l'éditeur

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Périodicité : Trimestriel Page de l'article : p.52-53Journaliste : Christiane Dampne

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COMPAGNIE 32 NOVEMBRE

CloCN ourris depuis l'enfance par les techniques

d'illusions de magie rapprochée et de scène,Maxime Delforges et Jérôme Helfenstein se

forgent peu à peu un beau palmarès et gagnentchacun le titre de vice-champion du monde demagie en 2012 dans les catégories Grande illusionet Magie générale. Parallèlement, ils fondent leurcompagnie au printemps 2010 pour s'exprimer surdes formes longues et « montrer que l'art magiquepeut sortir des planches du music-hall pour rejoindrele cercle du nouveau cirque et du théâtre contempo-rain ». Ils souhaitaient s'extraire du vase clos de laprofession et tordre le cou aux codes traditionnels.Quatre ans pour monter leur premier spectacle,CloC, fruit d'une ténacité mise à rude épreuve maisavec la foi au ventre : « Nous avons consacré un tempstrès important à la recherche, avec de nombreusesétapes d'essais et beaucoup d'erreurs jusqu'à ce que l'il-lusion fonctionne. Nous avons aussi investi beaucoupd'argent personnel en achat de matériel, en travauxde construction et pour la location d'un garage. Lesoutien de quèlques lieux est venu plus tard. »

Clin d'œil à Magritte. CloC scelle doncla première pierre d'un manifeste d'auteur pourrompre avec le format court du numéro. La cohé-rence de leur démarche vise l'épure, aux antipodesdu spectaculaire, du performatif et des paillettes.L'efficacité, autre diktat de la profession tradi-tionnelle, se niche dans les interstices. CloC, c'estsobre et sombre. Une plongée crépusculaire dansle dédale d'un labyrinthe mouvant constitué depanneaux coulissants. Dans ce décor dépouillé, lesartistes campent deux individus en quête identi-taire, modeles par l'environnement et la matière,avec le temps en toile de fond. Ils cultivent l'ana-chronisme d'objets rétro et la distorsion : «Par lebiais de techniques d'illusionnisme, nous sommes

capables de transformer des objets rigides et figés enéléments modulables pour leur donner vie. »

CloC flirte aussi avec l'humour et la veinepoétique. Les membres et la tête d'un mannequindeviennent objet de jeu, et les images d'un hommesans tête, ou d'un autre à tête de transistor, évoquentl'univers de Magritte. Homme et objet à statut égal,interchangeables. Dans CloC, les objets inanimésont une âme à l'heure anglaise qui a perdu son "k".Pas d'histoire à proprement parler, mais une palettede tableaux visuels, sans mots, chorégraphiés aucordeau, mêlant théâtre gestuel et jonglage au pointd'ancrage de l'art magique.

Si Maxime Delforges et Jérôme Helfensteinrompent avec le paradigme performatif, il n'enreste pas moins vrai que certaines scènes sont bluf-fantes de virtuosité, comme celle d'un jeu d'appa-rition-disparition d'un corps en apesanteur flottantdans un carton. Artistes de l'illusion, ils cueillentl'étrange à grandes brassées dans un face-à-face avecle temps qui file à vive allure avant de s'étirer. Avecleurs immenses désirs d'élargir l'horizon en inven-tant du possible dans l'impossible, CloC n'est passeulement une pièce pour deux magiciens. C'est ledialogue d'un quatuor. L'éclairagiste Claire Villardcrée un univers graphique très plastique, tandis quele compositeur Marc Arrigoni renforce le huis closet ses échappées. CloC relève d'un travail d'orfèvreet sonne juste. • C H R I S T I A N E D A M P N E

Création le 12 novembre 2014, Theâtre Renoir,Cran-Gevrier (74), coaccuei l Bonheu scène nationale,Annecy (74).Vu le 20 décembre 2014, aux Subsistances, Lyon (69).Diffusion les 6 et 7 mai, L'Amphithéâtre, Le Pont-de-Claix(38), le 22 mai, salle Olca, Les Mouches (74), les ll et12 juin, Le Rayon vert, Samt-Valery-en-Caux (76), du 1er

au 3 octobre, Théâtre Château Rouge, Annemasse (74)Contact www.c ie32novembre.com

Date : 24 AVRIL 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 6822

Journaliste : Prune Vellot

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SUBSISTANCES 1573083400504Tous droits réservés à l'éditeur

ffip aux Subsistances, à Lyon

g Etrange, absurde et intriguantCréé en décembre dernier aux Subsistances, à Lyon, « CloC » est un spectacle de rnajie nouvelle de la compagnie}2 novembre, qui cultive l'absurde et le rétro tout en finesse. Prochainement accueilli à l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix. il vous entraînera dans un univers a priori banal. Pourtant, quand les pactes des journaux se mettent à tournertoutes seules, qu'un nua;e de fumée s'échappe de la chemise d'un des interprètes, qu'un carton lévite au-dessus dusol... vous perdez toutes notions d'espace, de temps, de réalité !

La magie est souvent exu-bérante et prétentieuse.Avec Maxime DELFORGES etJérôme HELFENSTEIN, elletend à la délicatesse. Avec unevieille radio, un parapluie, desvalises, un mannequin consen-tant à de drôles d'acrobaties,des costumes gris et des cra-vates oranges, un chapeau delampe en forme de tulipe, deschaises faussement stables, un

banc en accordéon, quèlquescigarettes... les deux artistesde la compagnie 32 novembrenous invitent dans l'étrange uni-vers de CfoC, à la fois très urbainet un tantinet rétro. La scéno-graphie, plutôt dépouillée, aun côté assez austère. Elle eststructurée de grands panneauxgris, éclairée de lumières froides,parfois stroboscopiques, etaccompagnée de sonorités elec-tro. On regrette qu'elle prenneparfois trop de place et solli-cite beaucoup les interprètes,notamment lorsqu'à chaquechangement de tableaux, ceux-ci manipulent les panneaux, quiconstruisent et déconstruisentl'espace. Malgré cela, MaximeDELFORGES et JérômeHELFENSTEIN réussissent ànous entraîner dans leur mondeabsurde, où se conjuguentapparitions, disparitions, lévita-

tions et autres illusions. Ils sejouent des artifices de la magie,tout en empruntant aux tech-niques du cirque, telles que leclown ou le jonglage. Le spec-tacle dépasse ainsi les limitesdu possible, cultive un certainhumour, et défend un espritfarfelu. En filigrane de chaquenuméro, le temps s'écoule... Unthème lancinant, signifié par lapendule d'une vieille horlogemarquant les secondes, pardu sable s'écoulant sur scènecomme d'un sablier, ou encorepar les passages répétés desinterprètes, les yeux rivés à leursmontres, doc, doc, doc!

Prune Vellot

ueMercredi 6 mai, à 20 h, et jeudi7 mm, à lOh, à l'Amphithéâtre,à Pont-de-Claix 0476998377.De 12 a /f € Dedans