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Yves Casanova, chef du Café d’Avusy. Une escapade rurale que de nombreux Genevois savourent. UNE AUTRE VIE COMMENCE APRÈS LE TRAVAIL STYLE STYLE STYLE

Style - Café d'Avusy (chez Casa) · nes de kilos d’os et parures de gibierpourréaliserunfonddigne de ce nom», explique-t-il. La poivrade prête, le chef la transforme en grand

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Yves Casanova, chef du Café d’Avusy. Une escapade rurale que de nombreux Genevois savourent.

une autre vie commence après le travail

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Octobre, saison de la chasse. Période bénie des gastronomes qui lui vouent une ferveur quasi reli-gieuse. La vogue bistrono-

mique, le retour aux goûts du terroir, à la cuisine authentique et au bien-manger (un sanglier est dix fois moins gras que son cousin le cochon) ont refilé un coup de sang à cette cuisine qui cartonne. Pas un restaurant qui n’annonce sur sa carte sa liste de gibier à poil et de bestioles à plume, servi avec compote de pomme, gratin de courge et spätzli «fait maison».

Comme dans tout, il y a du très bon, du moins bon et du pas bon du tout. Car la demande est énorme et l’offre riquiqui. Et la traçabilité du chevreuil qui échoue dans votre assiette reste souvent folklo-rique. Par principe, les tables archiétoi-lées proposent de la chasse intersidérale. Il existe aussi quelques adresses ma-giques plus abordables. En voici six fortement recommandables.

GENÈVE

Café d’Avusy à AthenazOn dit le Café d’Avusy ou Chez Casa lorsqu’on appartient aux habitués de ce petit bistrot tenu depuis plus de vingt ans par le même patron. Yves Casanova fidélise une clientèle qui aime les produits frais et les cartes qui changent à chaque saison. En octobre, c’est la chasse qui attire les Genevois dans ce coin de campagne. Il faut dire que la fugue rurale vaut le détour. Terrine de sanglier, médaillon de chevreuil à la véritable sauce grand veneur et civet de chevreuil sont accompagnés de spätzli maison, potimarron rôti, choux de Bruxelles, pomme aux airelles et marrons glacés à l’orange. On en frissonne.Café d’Avusy, route d’Avusy 16, Athenaz. Rens.: 022 756 26 70. Ouvert tous les jours sauf mardi et mercredi.

La Diligence à GenèveC’est un bistrot de ville qui ressemble à un bistrot (si, si, il en reste) caché dans un immeuble un peu gris. Un estaminet à l’ambiance de folie cornaqué par Annie

Escanez-Koller qui officie à la fois en salle et aux fourneaux. Ou plutôt dans le mouchoir de poche qui lui sert de cuisine. La patronne et sa seconde Isabelle y préparent une chasse immense servie dans des portions d’ouvrier du bâtiment. Visez la selle de chevreuil accompagnée de ces marrons caramélisés que Philippe Chevrier jalouse. Autant dire une réfé-rence. Réservation indispensable.La Diligence, rue du Gothard 20, Genève. Rens.: 022 439 02 54, ouvert tous les jours sauf samedi et dimanche.

VALAIS

La Sitterie à SionLa Sitterie, c’est une salle de 25 couverts qui baigne dans une atmosphère contem-poraine, au nord de Sion. Un resto minus avec une cuisine pas beaucoup plus grande dans laquelle Jacques Bovier et son second mitonnent une chasse qui tue. Adepte d’une cuisine relevée aux goûts du terroir, le chef sert une pressée de lièvre et un désossé de cerf qui squattent durablement les mémoires. Niveau vin, la cave de la Sitterie conserve quelques formidables crus valaisans qui copinent impec avec la viande sauvage.La Sitterie, rue du Rawil 41, Sion. Rens.: 027 203 22 12, www.lasitterie.ch, ouvert du mardi au samedi de 11 h à 15 h et de 18 h à minuit.

Auberge-Restaurant Les Bisses à PlanchouetDans leur gros chalet de Planchouet, sur la commune de Haute-Nendaz, Angélique et Patrick Fournier magnifient les produits locaux. Le fromage déjà, spécialité de la maison. La cuisine de montagne ensuite, que ce couple tout chou veut inventive et raffinée. Et bien sûr la chasse, dont la saison, aux Bisses, a démarré le 13 septembre. Au programme, terrine de gibier et rillettes de sanglier avec purée de chutney, gigotin de che-vreuil, côtes de cerf rôties et cinq menus dédiés à cette cuisine qui fait boum.Auberge-Restaurant Les Bisses, Planchouet. Rens.: 027 288 54 98, www.bisses.com, ouvert tous les jours de 9 h à 23 h

VAUD

Restaurant du Chasseur à AllamanIci, la viande danse le tango et les filets de perche sont réputés comme les meilleurs de la région. Ce restaurant binational qui mixe produits locaux et barbaque argentine est drivé par Monica et Marcelo Fernandez venus de Buenos Aires il y a treize ans. A la saison de la chasse, le chef et sa femme se décar-cassent: raviole de gibier à la crème au genièvre et aux chanterelles, médaillon de daim sauvage au jus poivré, jambon de cerf au topinambour assurent le coup de feu en cuisine et l’explosion des saveurs en salle.Restaurant du Chasseur, route Suisse, Allaman. Rens.: 021 807 30 73, www.restaurantduchasseur.ch, ouvert tous les jours sauf le mardi.

Le Restaurant Miroir de l’Argentine à SolalexAttention, gros dépaysement. Car déguster la chasse du Restaurant Miroir de l’Argentine se mérite. Ferme-auberge plantée au milieu des pâturages cernée par le Massif des Diablerets au nord et par celui de l’Argentine au sud, cette salle typique est tenue par la famille Jaggi depuis 1982.

Au menu: escalope de chevreuil autri-chien désossée sur place, servie avec un coulis de poireaux à la crème et une poire louise-bonne aux airelles. Inoubliable!Restaurant Miroir de l’Argentine, Solalex.Rens.: 024 498 14 46, www.solalex.ch. Attention, le restaurant fermera ses portes durant l’hiver, dès le 28 octobre.

Entrecôte de lièvre Mara de Patagonie, à déguster au Restaurant du Chasseur à Allaman.

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par emmanuel Grandjean La saison du gibier est ouverte. Où manger cette viande sauvage désormais très à la mode? Six adresses pour faire un carton.

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36 Gastronomie Tribune de Genève | Vendredi 9 novembre 2012

Contrôle qualité

Café d’Avusy

Yves Casanova cuisine la chasseavec le respect de la traditionDans l’ambianceconviviale d’unbistrot de campagne,on se régale de platsde gibier savoureuxarrosés de crusgenevois

Alain Giroud

Yves Casanova et sa charmanteépouse Catherine, au Caféd’Avusy, ne chôment pas à l’épo-que de la chasse. Les amateurséclairés se bousculent pour dégus-ter chevreuil ou cerf dans un bis-trot de campagne plein de charmeou dans la salle à manger cosyinstallée en quart de mezzanine.

On aime l’ambiance convivialedu lieu, les tablées joyeuses, lescoups de blancs (genevois bienentendu) qui défilent, les fonduespur gruyère (le chef est un esthèteen la matière) qu’on tourne côtécafé. La tradition campagnardeest soigneusement conservée,heureusement…

La sauce grand veneurRevenons à la chasse. Yves Casa-nova est aussi un puriste en la ma-tière. Car il élabore des litres desauce poivrade, à base de vinrouge, pour escorter ses noisettesde chevreuil. «Je réunis des dizai-nes de kilos d’os et parures degibier pour réaliser un fond dignede ce nom», explique-t-il.

La poivrade prête, le chef latransforme en grand veneur,l’aristocratie des sauces de chasse.Enrichie de purée de groseilles et

de crème. Ah! Cela change desmixtures concoctées en poudrepar Nestlé. Que les mauvais cuisi-niers diluent de l’eau avant denoyer leurs chevreuils. Pauvresbêtes.

Au Café d’Avusy, les noisettessont autrement plus soignées. El-les arrivent roses dans l’assiette,tendres, juteuses, entourée deleurs courtisans, marrons dodus,spätzlis dorés, chou rouge vinai-gré avec élégance, de Bruxellesbeurrés et l’indispensable marme-lade d’airelles

Ici, pas de demi-pêches sortiesd’une boîte en fer-blanc, de poirespochées toutes molles, de pom-mes au four fripées. Merci de nousépargner la cohorte des fruits mal-menés, chef!

Pavé de bœuf forestièreet gratin dauphinois

Comment? Vous n’aimez pas lachasse? Alors mangez autrechose! Un pavé de bœuf, cela vous

va? Prenez-le forestière, il dégouli-nera de sauce crémée aux cham-pignons sauvages, chanterelles,bolets, trompettes de la mort etj’en passe.

Un sacré saucier!Décidément, Yves Casanova estun sacré saucier. Et il sait soignerses accompagnements. Son bœufreçoit en escorte du gratin dauphi-nois, du fenouil, des carottes, duchou rouge.

Attention, pas des légumestristes cuits à l’eau qui restent im-perturbablement dans l’assiette(ce sont souvent les mêmes cuisi-niers qui utilisent les sauces Chefde Nestlé).

Non, ceux d’Avusy sont traitésà l’ancienne, braisés, fondants,dont on retrouve leurs vraies sa-veurs en bouche.

Avusy? Tout au bout de laroute de Chancy. Ne manquez pasla bifurcation à gauche! Et bon ap-pétit!

Catherine et Yves Casanova devant leur Café d’Avusy. CHRISTIAN MURAT

Tables de chasse

16b, route d’AvusyAvusy% 022 756 26 70Fermé mardi et mercredi.Menus 61, 68 et 74 fr.A la carte (entrée, plat, dessert etune demi-bouteille de vin),compter 90 fr.Parking.Terrasse.Accès handicapés.

L’adresseLe Café d’Avusy

CarougeSerge Labrosses’est installéau FlaconSerge Labrosse, chef étoilé duBuffet de la Gare des Eaux-Vives,chassé par les travaux du CEVA,a enfin trouvé un point de chute.Il s’est installé au Flacon àCarouge. Ce bar à vins a ététransformé en restaurantcoquet, en harmonie avec labelle cuisine gastronomique dunouveau chef. Il a accueilli sespremiers clients il y a unesemaine et termine sa périodede rodage. A tester très vite!L’adresse: Le Flacon, 45, rueVautier, Carouge,% 022 342 15 20. Fermédimanche et lundi. A.G.

ChampelLe bon numérode téléphonedu VictoriaLa bourde! Dans l’article sur LeVictoria la semaine passée, lenuméro de téléphone indiquéétait faux! Voici le bon:022 346 68 89. Rappelons quece restaurant qui a pris la placede l’ancien Malombré (5, cheminde Malombré à Champel), s’estrefait une beauté et propose unecuisine de qualité réalisée par lechef Henri-Bernard Yvan. Onavait particulièrement aimé sasomptueuse côte de veau. A.G.

MeyrinA l’Auberge, onfête la St-Martindès aujourd’huiOn ne peut pas l’ignorer, lepatron de l’Auberge de Meyrin,Charles Hegi, est Jurassien. Il nepeut donc pas oublier de fêter laSaint-Martin! Ce sera chose faitele 9 novembre prochain. Rien nesera oublié, ni la gelée deménage, ni le boudin à la crème,encore moins les atriaux et lessaucisses, ni la choucroute et latotche (tarte à la crème) audessert. Le sorbet à la damassinesera en vedette. La fête débutece soir au son de l’accordéon etse poursuivra pendant un mois(sans accordéon). Prix du repas(hors vins) 69 fr. Réservations:tél. 022 782 44 78. A.G.

Monte-CarloAlain Ducassefête les 25 ansdu Louis XVDu 16 au 18 novembre, AlainDucasse fêtera les 25 ans duLouis XV, sa table trois étoiles del’Hôtel de Paris. 200 chefs de 25pays sont invités. Un marchééphémère de la Méditerranée(les cent plus beaux produits dela région) se tiendra le 17 no-vembre au Sporting. A.G.

ParisEmmanuel Renautcuisine pour Krugà La SamaritaineLa Samaritaine, fermée depuis2005, rouvre ses portes afind’accueillir un restaurantéphémère imaginé par lechampagne Krug et le chef tripleétoilé de Megève EmmanuelRenaut. Quatorze convivespourront du 3 au 12 décembresavourer mets et champagne,dans un décor conçu par ledesigner Matthias Kiss. AFP

RESTAURANT - BAR

31, RUE JACQUES DALPHIN1227CAROUGE-TÉL.022 /3011322

Ouvert du lundi au samedi

«spécialités de chasse»*******

Nouvelle carte d’automne*******

CAFÉ-RESTAURANT

AUPLATANE

AUPLATANE

SPÉCIALITÉS:

La Souris d’Agneau (300gr) frs. 32.50

Emincé de Veau zurichois frs. 35.50Le Tartare coupé au couteau frs. 35.-

Divers Rösti dès frs. 20.50

Ces délicieuses fondues dès frs. 22.50

AINSI QU’UN GRAND CHOIX À LA CARTE

Tout les 15 jours une suggestion

OUVERT DU LUNDI AU VENDREDI07.30 _ 23h.

SAMEDI OUVERTURE 18h30Tél. 022 329 71 98

91, bd de la Cluse - 1205 Genève

Chemin Colladon 5 - Petit-SaconnexTél. 022 730 79 2ZFax 022 730 79 15

Découvrez nossuggestions d’automne

Ravioli chasseursauce aux bolets

Fricasséede champignons à la crème

Civet de chevreuil garni

Pavé de cerf sur litde champignons

Assiette végétarienne

Ouvert 7 jours sur 7de 8h30 à 23h00

Salons pour banquets et séminaires

Parking gratuit P

Stand 1024 aux AutomnalesRéservez vos repas de fin d’année11 sortes de Tartare • Viande sur ardoise

Tél. 022 782 41 52Ouvert le samedi soir

4, rue Cardinal-Journet - 1217 [email protected] - www.lecharleys.ch

Partager en famille unmoment de plaisir chocolatétous les dimanches de 16 hà 18 h du 18 novembre au13 janvier 2013.

Animation gourmande et grandconcours pour les plus petits.

13, Quai du Mt-Blanc - 1201 Genève - T 022 716 66 66 - www.beau-rivage.ch

«Chocolate Bar» à Beau-Rivage

RESTAURANTCLAIRE-VUE

Nouveaux propriétairesElena et Fédérico Rizzetto

Cuisine traditionnellede qualité et du terroir

«la chasse est arrivée»moules de Bouchot

Nouveau ouvert le samedi !Réservations au 022 782 35 98

21, av. François-Besson - 1217 Meyrin

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36 Signatures Tribune de Genève | Jeudi 29 mars 2012

Contrôle qualité

Rencontre avec Yves Casanova

Le chef qui régale son mondeArnaud Cerutti

Qui aime aller à lachasse peut déjà ré-server sa place cetautomne chez «Casa».Ou, pour être précis,chez Yves Casanova,le patron du Caféd’Avusy. Entouré qu’il

est dans son coin de campagne par sonfidèle bras droit Olivier et ses serveursMichel et Roger, le chef régale son mondeavec ses médaillons de chevreuil et sesassiettes superbement garnies. Sa carteévolue au gré des saisons, misant sur lesviandes, les poissons, les légumes et lesfondues – au gruyère d’alpage en prove-nance directe de la Grandsonne.

En se rendant à l’autre bout du canton,on s’aperçoit aussi (et surtout) que der-rière le délicieux as du fourneau se cacheun homme au grand cœur, qui aime la vieplus que tout et la conte avec ses mimi-ques désarmantes. Face à son interlocu-teur, «Casa» ne joue jamais un rôle. Il restetel qu’il est au quotidien: nature et préve-nant. En un mot, généreux. Sa poignée demain, franche, souligne déjà ce trait decaractère. S’ensuit souvent un sourire quien dit long sur son côté facétieux.

Un vrai globe-trotterInstallé depuis bientôt vingt ans dans soncafé, Yves Casanova savoure l’instant pré-sent et pense à fêter cet anniversaire.Avant de devenir le chef que l’on sait, il aroulé sa bosse aux quatre coins de laSuisse, puis du globe. «A 17 ans, je me suislancé dans la cuisine, car je m’étais viteaperçu que l’Ecole de commerce n’étaitpas pour moi», explique-t-il. Après desdébuts à la Coupole à Genève, puis aurestaurant du parc Bertrand, l’ado qu’ilest alors file à Saint-Moritz, à Zermatt ouencore à Verbier. «Je travaillais en saisondans les stations. L’hiver à la montagne etl’été au bord des lacs, à Morat et à Cor-taillod. J’avais à peine le temps de changerde valise que je repartais. C’était extraor-dinaire.»

Son passage à Morat lui permet de ren-contrer Kathrin en 1984. Celle-ci devien-dra sa femme dix ans plus tard. Entre-temps, le cuisinier en herbe a poursuivison apprentissage du métier, réussi lescours de cafetier, puis filé au Brésil. Il s’estensuite rendu en Asie avant d’effectuer unpremier passage à Avusy, en tant que cui-sinier, avec son pote André Meyer. «A cemoment-là, reprend Yves Casanova, je mesuis dit: «J’aime faire ça, mais, à l’avenir, jele ferai pour moi, et pas pour un autre.» Le

1er juillet 1989, j’ai donc repris mon balu-chon.»

Après l’Everest…Avec un autre ami, Harald, il part d’abordsur les crêtes du Jura et marche duranttrois mois jusqu’en Forêt-Noire. «La mar-che, c’est le nettoyage du corps et de l’es-prit», affirme-t-il. Après un bref retour àGenève pour la séquence «au revoir»,voilà «Casa» qui entreprend un longvoyage de douze mois. D’abord en Inde etau Népal, puis en Océanie et au Canada. Ily fait de merveilleuses rencontres. «J’aimevoir du monde, j’ai besoin du contact avecles gens.» Gags et tours de magie l’aidentà se faire connaître.

Fin 1990, Yves Casanova retrouve laSuisse. «J’ai mis un an à m’en remettre,sourit-il. Je pleurais et voulais repartir.»

Mais Kathrin, patiente jusqu’alors, lui de-mande de faire un choix. Tous deux pré-voient donc de filer au Népal pour voirl’Everest, mais ils apprennent à la veille deleur départ que «Dédé» Meyer veut ren-dre le Café d’Avusy. «Je lui ai alors dit:«Attends cinq mois et je prends le relais»,dit «Casa». Tout s’est fait d’une simplepoignée de main.»

C’était en 1992. Près de vingt ans plustard, les clients se régalent tant et plus. Etlui aussi, futur quinquagénaire heureuxpapa de deux adolescents et mari de Kath-rin – «à qui je dois énormément», souli-gne-t-il. Au moment de conclure l’entre-tien, tout juste regrettera-t-il «qu’avec In-ternet, certaines personnes imaginentque la cuisine se fait en un clic. Rien n’achangé pourtant. Un œuf cuit dur prendtoujours douze minutes…»

Yves Casanova a repris le Café d’Avusy il y a vingt ans, après avoir parcouru le monde. PIERRE ALBOUY

Retrouvez les images de la Bibliothèque de Genève. www.tdg.ch/geneve-au-fil-du-temps

Le dessin par Herrmann

1962 Naissance le 7 juillet à Genève.1983 Premier boulot et «départ pour lagrande vie, car je n’ai plus, depuis, passéplus de trois jours à la maison».1989-1990 Grand voyage autour dumonde avec l’Everest en toile de fond.1992 Il reprend le Café d’Avusy, tenujusqu’alors par André Meyer.1995 Le 16 octobre, naissance de son filsaîné Fabio, laborantin en chimie etrugbyman au RC Avusy.2000 Naissance de son fils cadet Carlo,étudiant et footballeur à Laconnex.2012 Il fête ses 20 ans au Café d’Avusy.

Yves CasanovaBio express

Genève au fil du temps

Place de Saint-Gervais (IV/V) Avec le percement de la rueVallin (1893-1900), l’aspect de la place changea radicalement. Située aumilieu des espaces de circulation projetés, la fontaine devait êtredéplacée vers le Rhône. L’état général de l’obélisque, encore aggravépar un malheureux accident de chantier, ne permit pas de sauver lafontaine originale. Ainsi, sur cette image due à Valentine Mallet, ondistingue les deux fontaines qui coexistèrent en 1906.COLLECTION CENTRE D’ICONOGRAPHIE GENEVOISE

Encre Bleue

Le troc deschariotsCela se passe dans un grand supermar-ché du coin, ce lundi matin vers 9 h. Lepassage à l’heure d’été est tout frais etpas vraiment digéré.

Gabriel a encore la tête dans lesplumes. Il s’accroche au chariot que safemme est allée chercher en glissantune pièce de monnaie. Il y déposesagement ses deux sacs à commissionrouge et orange, dans lesquels ilrangera plus tard les achats.

Et tandis que sa belle s’en va de soncôté chercher des marchandises, levoilà qui furète au rayon des bouquins,en choisit un, puis fait un crochet austand des volailles. Il s’apprête à mettreun poulet dodu dans son chariot quandil lève soudain les bras au ciel enpoussant une gueulante.

Ça y est. On m’a piqué mes sacs àcommission! s’écrie le grand gaillard,en découvrant deux autres cabas enlieu et place des siens. Mais ils s’amu-sent à quoi, les gens? T’as pas idée!

Gabriel tournique un moment à larecherche de ses affaires, puis file austand d’information pour y conterl’histoire, avec force gestes. Faut direque l’homme est un bateleur depremière et les clients suivent la scène,amusés.

Surtout lorsque arrive à son tour unautre endormi, poussant un chariot quin’est pas le sien. Mais avec les sacsrouge et orange dedans.

Heu… C’est le vôtre? Pas vraiment.Un moment de distraction, peut-être.Ces messieurs décident de garder leurvéhicule de courses, mais procèdent àl’échange des contenus. Fastoche.

N’empêche. Lorsque Gabrieltermine ses achats et remet son charioten place, qu’est-ce qu’il récupère? Unjeton en plastique! Non mais, je rêve…

Retrouvez les chroniques de Juliesur encrebleue.blog.tdg.chou écrivez à [email protected]

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Des mets végétaliens dans les cantines

Les végétaliens, soutenus par l’ancienConseiller fédéral Moritz Leuenberger,veulent que les écoles et cantines pu-bliques proposent obligatoirement, enplus du choix standard, des mets sansaucun apport d’ingrédients d’origineanimale, même pas de lait ou de fro-mages, a-t-on pu lire dans «NZZ amSonntag». Deux initiatives populairesont déjà été lancées dans les cantonsde Bâle et de Berne.

Les Casanova font vivre le Café d’Avusy depuis 22 ans

Ambassadeurs d’un terroirJasmina Slacanin Dans le petit

café d’Avusy, travailler avec

le terroir est une véritable

philosophie, depuis deux dé-

cennies déjà.

Bien avant la tendance actuelle quiconsiste à se démarquer en valori-sant les produits régionaux, Kathrinet Yves Casanova maîtrisaient l’artde collaborer avec les producteursde la région. Un exercice qui ne leura jamais semblé compliqué mais plu-tôt naturel. «C’est même une fiertépour nous, souligne le chef. Le res-pect des marchandises, de l’écolo-gie, de l’artisanat font partie desnombreux avantages de cette dé-marche.»

L’argument du prix en tant que freinà ce créneau n’en est pas un selonles patrons (voir graphique). Et lecoût des marchandises légèrementplus élevé est compensé par la qua-lité qui n’est pas négociable dans lepetit Café d’Avusy. «Je ne suis pasassez riche pour acheter bon mar-ché», résume Yves en citant réguliè-rement cette phrase de Coco Chanel.En comparant un produit à un autre,il préfère utiliser la qualité commeunité de mesure.

Et la recette fonctionne depuis plusde 20 ans déjà car le café ne désem-plit pas. La clientèle, tous âgesconfondus, vient du village, certes,

mais aussi de Genève. Car le centrede la cité de Calvin est à seulement15 kilomètres d’Avusy. Ce sont ma-joritairement les habitués qui fran-chissent la porte de l’établissement.Les touristes, eux, sont quasi inexis-

tants. Lorsque les Casanova ont re-pris ce stamm du village en 1992, ilsn’ont eu aucun mal à se faire appré-cier. Il faut dire que tout le mondeconnaissait déjà Yves car il avait tra-vaillé un an, en tant que chef, dansce restaurant avant d’en prendre lesrênes.

La carte, composée de produits desaison et exclusivement de vins de larégion change quatre fois par année.Ainsi, en hiver, par exemple, la lon-geole de la Boucherie Fontaine auGrand-Lancy ou la fondue connais-sent un important succès. De plus, lasoirée cochonnaille, en février, af-fiche complet chaque année. Cesplats sont normalement consommésen novembre, lors de la Saint-Martin,mais les Casanova ont décidé de dé-placer la date car en novembre leursaison de la chasse n’est pas encoreterminée. «La chasse est vraimentla haute saison chez nous, expliquela patronne. On la propose de finseptembre à mi-décembre. Pour lasauce, Yves a rôti 420 kg d’os de gi-bier pour élaborer sa sauce!»

Mais au-delà de la qualité de la cui-sine, le café d’Avusy attire aussi,voire surtout, pour son atmosphèreconviviale et chaleureuse. «C’estgrâce à Kathrin que les gens revien-nent, insiste Yves très fier de sonépouse. Elle a un sens inné de l’ac-cueil. Toujours souriante et extrême-ment douce, elle met tout le monde àl’aise. Et elle accorde un soin in-croyable à chaque détail. Des fleurssur la table qui sont toujours fraîcheset qui viennent de la ferme Gallay, àla déco en général, en passant parles linges, elle s’occupe vraiment detout.» D’ailleurs plus personne n’ap-pelle ce restaurant le café d’Avusymais «chez Casa» car il y a bel etbien une âme dans cet établisse-ment. Ici on ne vient pas pour man-ger rapidement un morceau, sauf àmidi peut-être pour le plat du jour.La clientèle s’y rend la plupart dutemps pour passer un bon moment,pour s’attabler et rester durant desheures. «On ne fait qu’un seul ser-vice en général, confirme Kathrin.Les gens viennent chez nous pourpasser la soirée.» Yves sort aussi ré-gulièrement de sa cuisine pour ser-rer la main aux clients. Un geste sim-ple qui fait plaisir aux habitués.

Pour gérer ce petit établissementd’une cinquantaine de places, répar-ties sur deux espaces, six personnesà plein temps mettent la main à lapâte. Trois en cuisine et trois au ser-vice. Entre le repas de midi et dusoir, le restaurant ne ferme pas. Unetarte du jour est proposée commecasse-croûte chaque après-midi. Cequi marche bien, encore une fois,mais aller chez Casa reste avant toutune aventure humaine, où familles,adolescents, producteurs de la ré-gion, personnes âgées, ouvriers etbusinessmen se côtoient dans uneambiance où simplicité rime avecqualité. Le rôle social des bistrots (decampagne) n’est pas près de dispa-raître. Pas à Avusy en tous cas.

Réduire le gaspillage des denrées alimentaires

Esquisses de solutions pratiquesCinq pour cent du gaspillage des den-rées alimentaires, ce que l’on appellele «food waste», proviennent de larestauration. Ce qui, avec un chiffred’affaires annuel de 22 milliards defrancs paraît peu. De loin la plusgrande part des denrées alimen-taires, soit 45%, est gaspillée par lesménages privés. C’est précisémentlà que réside le problème pour larestauration – car une grande partdes déchets provenant des restau-rants est causée par les clients (leursrestes).

Des restaurateurs (United AgainstWaste) se sont rencontrés pour dis-cuter et chercher des solutions pra-tiques. Les défis pour la restauration

classique ressemblent, en partie, à larestauration collective mais elless’en distinguent complètement surcertains aspects. Dans leur établis-sement, tous ont un client exigeantqui désire le plus grand choix possi-ble de mets. Dans la restaurationclassique, le client se confie auxmains du service qui, par sesconseils, influence son choix dumenu. Dans la restauration collec-tive, par contre, le personnel a toutau plus deux fois un bref contactavec ses clients: lorsqu’il lui remetson repas et à la caisse. Durant ladiscussion, les prestataires se sontmis d’accord sur le fait que les pe-tites assiettes paraissent plus pleineset qu’en fin de compte, moins de

La troisième édition du Swiss FingerFood Trophy aura lieu les 23 et 24septembre au Comptoir Suisse deLausanne.

Comme lors des éditions précédentes,les équipes représenteront trois mé-tiers de bouche (boulangerie, pâtis-serie, cuisine) et devront collaborerafin de créer des amuse-gueules,toujours très tendance, que l’onmange en deux-trois bouchées aumaximum.

Les inscriptions sont désormais ou-vertes et le nombre d’équipes quiparticiperont au concours est limitéà six cette année. jsl

www.bocusedorsuisse.ch

Chez Casa, la clientèle fidèle apprécie l’ambiance conviviale et chaleureuse du café.

Inscriptions ouvertes

Finger Food

J. SLACANIN

IN KÜRZE

Lange vor dem aktuellen Trend sichvon anderen mittels regionalen Pro-dukten abzuheben, schätzten Ka-thrin und Yves Casanova vom Caféd’Avusy die Zusammenarbeit mit denProduzenten aus der Gegend. Sieempfinden diese Zusammenarbeitseit über 20 Jahren nicht als kompli-ziert, sondern als Bereicherung.

Supplément sur: www.gastrojournal.chRestaurant

ÉDITORIAL

Le début de la fin: le vote sur le salaire minimal

Des 27000 établissements de larestauration, 81%, soit 21870,sont des restaurants. Avec 1738suppressions sans faillite et 634ouvertures de faillites, la restau-ration et son taux d’échecs de8,79% est une des branches auxrisques les plus élevés. Le fait sui-vant illustre le peu de marge exis-tant entre le succès et l’échec: sitous les tenanciers se versaientun salaire d’entrepreneur de64000 francs et faisaient porterun intérêt à leur capital propre,59,4% de tous les établissementsaccuseraient des pertes. Si tousles tenanciers renonçaient à leursalaire d’entrepreneur et aux in-térêts sur leur propre capital, plusqu’1,5% des restaurants affiche-raient des chiffres rouges.

En général, les propriétaires derestaurants répondent personnel-lement avec leur capital propre.Et aujourd’hui, le salaire minimalde 4000 francs par mois seraitpresqu’aussi élevé que celui del’entrepreneur qui assume lerisque et renonce cependant ausalaire, afin que l’établissementsurvive et que les places de travailsoient assurées?

Et si, au cas où l’initiative sur lesalaire minimal était acceptée,que trois collaborateurs rece-vaient 600 francs de plus de sa-laire, cela signifierait 23400francs de coûts supplémentaires.Alors que les coûts du personnelsont à la limite du supportable,on casserait brutalement lanuque de nombreux entrepre-neurs responsables. Et quel est le sens du salaire minimal siquelques milliers d’entrepreneursresponsables finissaient à l’officedes faillites et que nombreux des220000 collaborateurs de la res-tauration finissent à l’office duchômage?

Romeo Brodmann

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Reflet de la branche

24,1% des restaurants suisses comp-tent entre 51 et 75 places assises.

En Suisse, 22,2% des établissementsemploient entre 6 à 9 personnes.

23,6% des restaurants de campagneferment entre 5 et 6 semaines par année.

Café d’Avusy

Nombre de places (intérieur) 55terrasse 45

Nombre d’employés à plein temps(patrons inclus)

Fermeture annuelle (semaines) 5

}

}

}

En comparaison avec la branche

0 10 20 30 40 50

Re et de la branche

Café d'AvusyCoût des marchandises

Frais du personnel 49,5%

32,9%

48,5%

26,8%

restes alimentaires subsisteront –surtout lorsqu’il y a des buffets. Lestenanciers étaient d’accord qu’unesolution pour la restauration ne peutêtre appliquée sans les clients. Tousestimaient que la communication aumoyen d’affiches ou d’écrans et uneformation des collaborateurs de larestauration pouvaient mener aubut. mmo

Les chefs cherchent des solutions.

SOURC

E: REFLET DE LA BRA

NCHE / G

RAPHIQUE: O. KREJCI

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Page 6: Style - Café d'Avusy (chez Casa) · nes de kilos d’os et parures de gibierpourréaliserunfonddigne de ce nom», explique-t-il. La poivrade prête, le chef la transforme en grand
Page 7: Style - Café d'Avusy (chez Casa) · nes de kilos d’os et parures de gibierpourréaliserunfonddigne de ce nom», explique-t-il. La poivrade prête, le chef la transforme en grand