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SUJET Epreuve Anticipe Franais SERIES GENERALES (L, ES, S)

OBJET DETUDE: LA QUESTION DE LHOMME DANS LES GENRES DE LARGUMENTATION, DU XVI s A NOS JOURSCORPUS:

TEXTE A: Jean de LERY Histoire du voyage fait en la terre du Brsil (1578)

TEXTE B: VOLTAIRE LIngnu, 1767

TEXTE C: Jean-Christophe RUFIN Rouge Brsil, 2001Aprs avoir lu tous les textes du corpus, vous rpondrez la question suivante (4 points):

Quelle relation ces textes tablissent-ils entre connaissance de la langue et connaissance de lautre ?Vous traiterez ensuite, au choix, lun des sujets suivants (16 points):COMMENTAIRE: Vous proposerez le commentaire du texte de Voltaire (texte B).DIISERTATION: Pensez-vous que le regard pos par la littrature sur le monde et sur les autres permet de se connatre soi-mme ?CRITURE DINVENTION votre tour, vous entreprenez un voyage qui vous conduit dans une rgion encore inexplore, o des hommes au langage et aux coutumes inconnus vous accueillent. Vous crivez vos amis, rests en France, afin de leur faire part des difficults et des interrogations qua souleves la dcouverte dun monde nouveau et la rencontre de lautre.TEXTE A: Jean de LERY Histoire du voyage fait en la terre du Brsil (1578)

Dans ce rcit de voyage, lethnographe Jean de Lry raconte son sjour au Brsil; il voque sa premire rencontre avec les habitants du pays, les Tououpinambaoults.

Me voyant tout incontinent environn de sauvages, lesquels me demandaient : Marap-derer, marap-derer ? , cest--dire : Comment as-tu nom, comment as-tu nom ? ( quoi pour alors je nentendais que le haut allemand) et, au reste, lun ayant pris mon chapeau quil mit sur sa tte, lautre mon pe et ma ceinture quil ceignit sur son corps tout nu, lautre ma casaque quil vtit, eux, dis-je, mtourdissant de leurs crieries et courant de cette faon parmi leur village avec mes hardes, non seulement je croyais avoir tout perdu, mais aussi je ne savais o jen tais. Mais comme lexprience ma montr plusieurs fois depuis, ce ntait que faute de savoir leur manire de faire : car faisant le mme tous ceux qui les visitent, et principalement ceux quils nont point encore vus, aprs quils se sont ainsi un peu jous des besognes dautrui, ils rapportent et rendent le tout ceux qui elles appartiennent. L-dessus, le truchement mayant averti quils dsiraient surtout de savoir mon nom, mais que de leur dire Pierre, Guillaume ou Jean, eux ne les pouvant prononcer ni retenir (comme de fait au lieu de dire Jean ils disaient Nian), il me faillait accommoder de leur nommer quelque chose qui leur ft connue : cela, comme il me dit, tant si bien venu propos que mon surnom, Lry, signifie une hutre en leur langage, je leur dis que je mappelais Lry-oussou, c'est--dire une grosse hutre. De quoi eux se tenant bien satisfaits, avec leur admiration Teh ! se prenant rire, dirent : Vraiment voil un beau nom et nous navions point encore vu de Mair, c'est--dire Franais, qui sappelt ainsi.

TEXTE B: VOLTAIRE LIngnu, 1767

LIngnu, un Huron dbarqu en Basse-Bretagne, est recueilli par une famille, les Kerkabon.

Je maperois, monsieur lIngnu, dit le grave bailli, que vous parlez mieux franais quil nappartient un Huron. Un Franais, dit-il, que nous avions pris dans ma grande jeunesse en Huronie, et pour qui je conus beaucoup damiti, menseigna sa langue ; japprends trs vite ce que je veux apprendre. Jai trouv en arrivant Plymouth un de vos Franais rfugis que vous appelez huguenots, je ne sais pourquoi; il ma fait faire quelques progrs dans la connaissance de votre langue; et ds que jai pu mexprimer intelligiblement, je suis venu voir votre pays, parce que jaime assez les Franais quand ils ne font pas trop de questions.Labb de Saint-Yves, malgr ce petit avertissement, lui demanda laquelle des trois langues lui plaisait davantage, la huronne, langlaise, ou la franaise. La huronne, sans contredit, rpondit lIngnu. Est-il possible ? scria mademoiselle de Kerkabon ; javais toujours cru que le franais tait la plus belle de toutes les langues aprs le bas-breton.Alors ce fut qui demanderait lIngnu comment on disait en huron du tabac, et il rpondait taya : comment on disait manger, et il rpondait essenten. Mademoiselle de Kerkabon voulut absolument savoir comment on disait faire lamour; il lui rpondit trovander, et soutint, non sans apparence de raison, que ces mots-l valaient bien les mots franais et anglais qui leur correspondaient. Trovander parut trs joli tous les convives.Monsieur le prieur, qui avait dans sa bibliothque la grammaire huronne dont le rvrend P. Sagar Thodat, rcollet, fameux missionnaire, lui avait fait prsent, sortit de table un moment pour laller consulter. Il revint tout haletant de tendresse et de joie; il reconnut lIngnu pour un vrai Huron. On disputa un peu sur la multiplicit des langues, et on convint que, sans laventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parl franais.TEXTE C: Jean-Christophe RUFIN Rouge Brsil, 2001

Colombe, jeune fille dguise en garon, accompagne lexpdition que lamiral franais Villegagnon conduisit au Brsil au XVI sicle. Des Indiens, nus et arms, surprennent les Occidentaux alors quils se sont endormis dans la fort.

Quand le soldat balte se releva en tremblant, couvert de ses guenilles puantes, c'est lui plutt qui parut Colombe ridicule, emprunt, aussi absurdement travesti qu'elle se sentait tout coup l'tre elle-mme.-Mair, bredouilla la Balte, en excutant avec terreur les maigres consignes que Villegagnon lui avait fait entendre.-Mair,mair, reprirent tous les autres soldats de l'escouade sans chercher se servir de leurs armes qui gisaient encore sur le sol.L'un des Indiens rpondit par une longue phrase. Une langue inconnue se laisse voir plutt qu'entendre : elle tait colore d'innombrables voyelles entremles comme dans ce sous-bois de fort vierge, et l'on y reconnaissait un relief tourment de consonnes, qui dominaient la mlodie de leur duret abrupte.-Mair, rpta le Balte pour faire croire qu'il avait compris quelque chose.Ce mot dclencha le rire chez les Indiens car il montrait que les trangers n'avaient aucune intelligence de ce qu'ils avaient voulu leur dire.Cette hilarit, jointe au fait que les Indiens replacrent leurs arcs l'paule, calma l'alarme des soldats. Ils se mirent en marche la suite de leurs nouveaux guides en direction d'un troit chemin trac dans les herbes. Incontinent: immdiatement

Je ne comprenais pas plus ces paroles que si elles avaient t prononcs en patois germanique.

Casaque: veste

Crieries: criailleries

Hardes: vtements

Besognes: affaires

Truchement: interprte

Teh!: avec un Teh exprimant ltonnement

Officier de police qui a le pouvoir de questionner en usant de la torture

Indien du Canada

Protestants

Tous ces noms sont en effet hurons (note de Voltaire)

Religieux menant une existence austre

Soldat de lescouade de Villegagnon

Franais, dans la langue des Indiens Tupi