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294 tion du mamelon. Le coût de la réalisation d’un examen clinique en amont de la mammographie a été évalué à 122 000 dollars par cancer détecté. Discussion. Les auteurs constatent une discordance entre leur faible taux de patientes à examen clinique positif (07 %) en regard des autres séries (6 %). Ceci est lié au mode d’inclusion des patientes qui excluait celles venant effectuer leur mammographie de dépistage pour une ano- malie clinique. Ils constatent également que le taux de cancers occultes est dans la partie la plus basse des taux reportés dans la littérature (3-45 %). Il y a peut-être eu sous-estimation du fait que les radiologues savaient s’il existait ou non, avant d’interpréter la mammographie, une anomalie clinique et son siège. Commentaires de la Rédaction 1) L’enquête confirme l’intérêt de pratiquer un examen clinique dans un programme de dépistage puisque 3 % des cancers détectés n’avaient pas de traduction mammogra- phique même si ce taux est peut-être sous-estimé, évalué dans deux enquêtes similaires à 5 et 7 % [1, 2]. 2) L’évaluation du coût de l’examen clinique n’a évidem- ment d’intérêt que dans les programmes de dépistage n’in- cluant pas l’examen clinique par le radiologue. 3) En conclusion, l’enquête a le mérite de rappeler que les cancers détectés en dépistage n’ont pas toujours de traduc- tion mammographique et que l’examen clinique fait donc partie intégrante du dépistage du cancer du sein. Références [1] Foxcroft LM, Evans EB, Joshua HK, Hirst C. Breast cancers invi- sible on mammography. Aust N Z J Surg 2000;70:162-7. [2] Bancej C, Decker K, Chiarelli A, Harrison M, Turner D, Brisson J. Contribution of clinical breast examination to mammography screening in the early detection of breast cancer. J Med Screen 2003;10:16-21. nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn Numérique Supériorité de la mammographie numérique par rapport à la mammographie analogique dans le dépistage du cancer du sein dans des cohortes de femmes parallèles Del Turco MR, Mantellini P, Ciatto S, Bonardi R, Martinelli F, Lazzari B, et al. Full-field digital versus screen-film mammography: comparative ac- curacy in concurrent screening cohorts. AJR 2007;189:860-6 Le but de l’étude était de comparer l’efficacité dia- gnostique de la mammographie numérique avec la mammographie analogique dans des cohortes parallè- les participant au même programme de dépistage du cancer du sein. Il s’agissait d’une étude rétrospective entre 2004 et 2005 de la région de Florence en Italie concernant 14 385 participants dans chaque groupe et dont la mammographie était réalisée, soit dans un bus équipé de mammographe analogique, soit dans celui avec le mammographe numérique. La répartition géo- graphique du passage des unités mammographiques mo- biles couvrait des zones d’incidence comparables de cancer du sein. L’analyse tenait compte d’une réparti- tion identique des groupes d’âge des participants et des quatre radiologues responsables de l’interprétation des mammographies à Florence. Les patientes symptoma- tiques étaient exclues de l’étude. Le pourcentage de dé- tection de cancer et le nombre de mammographies po- sitives (rappels) ont été comparés dans les deux groupes. Le pourcentage de rappel était plus élevé pour la mammographie numérique (4,56 %) que pour la mammographie analogique (3,96 %, p = 0,01), en particulier pour des foyers de microcalcifications iso- lés (p = 10 –6 ), des patientes de moins de 60 ans (p = 0,009) et quand il s’agissait d’une première mam- mographie. Un rappel pour qualité mammograpique insuffisante était plus faible en numérique (0,27 %) qu’en analogique (0,12 %, p = 0,002). Le pourcentage de détection des cancers était plus élevé pour la mam- mographie numérique (0,72 %) que pour la mammo- graphie analogique (0,58 %, p = 0,14), en particulier pour des cancers révélés par des foyers de microcalci- fications (0,26 % versus 0,12 %, p = 0,007), des patientes de moins de 60 ans (0,63 % vs 0,42 %, p = 0,09) et dans des seins denses (1,09 % vs 0,53 %, p = 0,24). Il n’y avait pas de différence dans la valeur positive prédictive des mammographies de rappel selon le mode d’acquisition numérique versus analo- gique. Des cancers du sein débutants (pTis, pT1mic, pT1a) étaient plus fréquents dans les cancers détectés par mammographie numérique (41,3 %) qu’analo- gique (27,3 %, p = 0,06). Les auteurs concluent que la mammographie numérique détecte plus de cancers que la mammographie analogique, en particulier pour des cancers se révélant par un foyer de microcalcifica- tions, mais que le bénéfice à long terme requiert d’autres études. Commentaires de la Rédaction Cette étude italienne de deux cohortes de la région de Florence confirme les données de l’étude américaine DMIST dans laquelle 49 528 patientes avaient subi une mammographie numérique et analogique dans le cadre du screening [1] et de l’étude randomisée norvégienne incluant 16 985 patientes avec dépistage analogique

Supériorité de la mammographie numérique par rapport à la mammographie analogique dans le dépistage du cancer du sein dans des cohortes de femmes parallèles

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Page 1: Supériorité de la mammographie numérique par rapport à la mammographie analogique dans le dépistage du cancer du sein dans des cohortes de femmes parallèles

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tion du mamelon. Le coût de la réalisation d’un examenclinique en amont de la mammographie a été évalué à122 000 dollars par cancer détecté.

Discussion.

Les auteurs constatent une discordanceentre leur faible taux de patientes à examen clinique positif(07 %) en regard des autres séries (6 %). Ceci est lié aumode d’inclusion des patientes qui excluait celles venanteffectuer leur mammographie de dépistage pour une ano-malie clinique. Ils constatent également que le taux decancers occultes est dans la partie la plus basse des tauxreportés dans la littérature (3-45 %). Il y a peut-être eusous-estimation du fait que les radiologues savaient s’ilexistait ou non, avant d’interpréter la mammographie, uneanomalie clinique et son siège.

Commentaires de la Rédaction

1) L’enquête confirme l’intérêt de pratiquer un examenclinique dans un programme de dépistage puisque 3 % descancers détectés n’avaient pas de traduction mammogra-phique même si ce taux est peut-être sous-estimé, évaluédans deux enquêtes similaires à 5 et 7 % [1, 2].2) L’évaluation du coût de l’examen clinique n’a évidem-ment d’intérêt que dans les programmes de dépistage n’in-cluant pas l’examen clinique par le radiologue.3) En conclusion, l’enquête a le mérite de rappeler que lescancers détectés en dépistage n’ont pas toujours de traduc-tion mammographique et que l’examen clinique fait doncpartie intégrante du dépistage du cancer du sein.

Références

[1] Foxcroft LM, Evans EB, Joshua HK, Hirst C. Breast cancers invi-sible on mammography. Aust N Z J Surg 2000;70:162-7.

[2] Bancej C, Decker K, Chiarelli A, Harrison M, Turner D, Brisson J.Contribution of clinical breast examination to mammographyscreening in the early detection of breast cancer. J Med Screen2003;10:16-21.

nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn

Numérique

Supériorité de la mammographie numérique par rapport à la mammographie analogique dans le dépistage du cancer du sein dans des cohortes de femmes parallèles

Del Turco MR, Mantellini P, Ciatto S, Bonardi R, Martinelli F, Lazzari B,et al. Full-field digital

versus

screen-film mammography: comparative ac-curacy in concurrent screening cohorts.

AJR 2007;189:860-6

Le but de l’étude était de comparer l’efficacité dia-gnostique de la mammographie numérique avec la

mammographie analogique dans des cohortes parallè-les participant au même programme de dépistage ducancer du sein. Il s’agissait d’une étude rétrospectiveentre 2004 et 2005 de la région de Florence en Italieconcernant 14 385 participants dans chaque groupe etdont la mammographie était réalisée, soit dans un buséquipé de mammographe analogique, soit dans celuiavec le mammographe numérique. La répartition géo-graphique du passage des unités mammographiques mo-biles couvrait des zones d’incidence comparables decancer du sein. L’analyse tenait compte d’une réparti-tion identique des groupes d’âge des participants et desquatre radiologues responsables de l’interprétation desmammographies à Florence. Les patientes symptoma-tiques étaient exclues de l’étude. Le pourcentage de dé-tection de cancer et le nombre de mammographies po-sitives (rappels) ont été comparés dans les deuxgroupes.

Le pourcentage de rappel était plus élevé pour lamammographie numérique (4,56 %) que pour lamammographie analogique (3,96 %, p = 0,01), enparticulier pour des foyers de microcalcifications iso-lés (p = 10

–6

), des patientes de moins de 60 ans (p= 0,009) et quand il s’agissait d’une première mam-mographie. Un rappel pour qualité mammograpiqueinsuffisante était plus faible en numérique (0,27 %)qu’en analogique (0,12 %, p = 0,002). Le pourcentagede détection des cancers était plus élevé pour la mam-mographie numérique (0,72 %) que pour la mammo-graphie analogique (0,58 %, p = 0,14), en particulierpour des cancers révélés par des foyers de microcalci-fications (0,26 %

versus

0,12 %, p = 0,007), despatientes de moins de 60 ans (0,63 %

vs

0,42 %,p = 0,09) et dans des seins denses (1,09 %

vs

0,53 %,p = 0,24). Il n’y avait pas de différence dans la valeurpositive prédictive des mammographies de rappelselon le mode d’acquisition numérique

versus

analo-gique. Des cancers du sein débutants (pTis, pT1mic,pT1a) étaient plus fréquents dans les cancers détectéspar mammographie numérique (41,3 %) qu’analo-gique (27,3 %, p = 0,06). Les auteurs concluent que lamammographie numérique détecte plus de cancersque la mammographie analogique, en particulier pourdes cancers se révélant par un foyer de microcalcifica-tions, mais que le bénéfice à long terme requiertd’autres études.

Commentaires de la Rédaction

Cette étude italienne de deux cohortes de la région deFlorence confirme les données de l’étude américaineDMIST dans laquelle 49 528 patientes avaient subi unemammographie numérique et analogique dans le cadredu screening [1] et de l’étude randomisée norvégienneincluant 16 985 patientes avec dépistage analogique

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Analyse bibliographique

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contre 6 944 avec dépistage numérique [2]. L’avantagede la mammographie numérique dans toutes ces étudesréside dans la détection d’un plus grand nombre de can-cers à valeur prédictive positive égale. La particularitéde l’étude italienne, la plus proche des conditions du dé-pistage réalisée en France ou dans les cantons suisses-romands, est le dépistage accru des cancers

in situ

par lebiais d’une détection accrue des foyers de microcalcifi-cations.

Références

[1] Pisano ED, Gatsonis CA, Yaffe MJ, Hendrick RE, Tosteson AN, Fry-back DG, et al. American College of Radiology Imaging Network di-gital mammographic imaging screening trial: objectives and methodo-logy. Radiology 2005;236:404-12. Epub 2005 Jun 2016.

[2] Skaane P, Hofvind S, Skjennald A. Randomized trial of screen-filmversus full-field digital mammography with soft-copy reading inpopulation-based screening program: follow-up and final results ofOslo II study. Radiology 2007;244:708-17.