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Ahmed Oumeri Ahmed BELAID alias Oumeri fut un descendant d’une famille qui a perdu sept hommes durant la résistance des At-Buwaddu à la conquête française en Kabylie. Alors que tout le pays s’était rendu à « l’évidence » et avait « accepté » les auspices de la France protectrice vers 1849, cet Âarch résista sept longues années encore aux assauts répétés et meurtriers des conquérants (1850 – 1857) Le colonel Robin écrivait dans la « Revue africaine » qui relatait alors la chronique de la conquête de la Kabylie : « Les Beni-bou-Addou qui, malgré le sac de leurs principaux villages en 1856, étaient restés insoumis, furent encore les derniers à rentrer dans le devoir en 1857. » Plus tard, ils s’associèrent aux troupes de Fatma n Soumer, puis, prirent part au soulèvement d’El Mokrani… Les sept guerriers des Ath Hammou, ancêtres de Ahmed, qui périrent alors ont été exécutés par les soldats du général Lerez du 5è RTA. Depuis, cet adage est né pour traverser les années et les générations dont celle de Ahmed et parvenir jusqu’à nous : « W’i bghan ad yissin xellu, imuqel s-afrag n At-Hemmu » Les répercussions psychologiques traumatisantes des rudes épreuves de cette période, particulièrement sanglante de notre histoire, sur les populations, se sont donc transmises – la tradition orale aidant – de génération en génération. Ahmed Oumeri voit le jour sur hameau suspendu au pied des crêtes du versant Nord-Ouest de « la montagne de fer »Les Aït-Bouaddou, menaient une vie somme toute identique à celle que menaient leurs compatriotes indigènes. Une vie faite d’indigence et d’injustice. Le petit Oumeri grandit au milieu de cette agressivité constante des milieux social et naturel qui forgera par la suite son amour de la justice, de la liberté mais surtout son courage. Le mouvement nationaliste commençait à se cristalliser et à prendre racines dans les couches populaires. L’ENA puis le PPA tentaient de se

Sur Ahmed Oumeri

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Page 1: Sur Ahmed Oumeri

Ahmed Oumeri

Ahmed BELAID alias Oumeri fut un descendant d’une famille qui a perdu sept hommes durant la résistance des At-Buwaddu à la conquête française en Kabylie. Alors que tout le pays s’était rendu à « l’évidence » et avait « accepté » les auspices de la France protectrice vers 1849, cet Âarch résista sept longues années encore aux assauts répétés et meurtriers des conquérants (1850 – 1857) Le colonel Robin écrivait dans la « Revue africaine » qui relatait alors la chronique de la conquête de la Kabylie : « Les Beni-bou-Addou qui, malgré le sac de leurs principaux villages en 1856, étaient restés insoumis, furent encore les derniers à rentrer dans le devoir en 1857. »

Plus tard, ils s’associèrent aux troupes de Fatma n Soumer, puis, prirent part au soulèvement d’El Mokrani… Les sept guerriers des Ath Hammou, ancêtres de Ahmed, qui périrent alors ont été exécutés par les soldats du général Lerez du 5è RTA. Depuis, cet adage est né pour traverser les années et les générations dont celle de Ahmed et parvenir jusqu’à nous : « W’i bghan ad yissin xellu, imuqel s-afrag n At-Hemmu »

Les répercussions psychologiques traumatisantes des rudes épreuves de cette période, particulièrement sanglante de notre histoire, sur les populations, se sont donc transmises – la tradition orale aidant – de génération en génération.

Ahmed Oumeri voit le jour sur hameau suspendu au pied des crêtes du versant Nord-Ouest de « la montagne de fer »Les Aït-Bouaddou, menaient une vie somme toute identique à celle que menaient leurs compatriotes indigènes. Une vie faite d’indigence et d’injustice. Le petit Oumeri grandit au milieu de cette agressivité constante des milieux social et naturel qui forgera par la suite son amour de la justice, de la liberté mais surtout son courage.

Le mouvement nationaliste commençait à se cristalliser et à prendre racines dans les couches populaires. L’ENA puis le PPA tentaient de se doter d’une base solide pour pouvoir mener leurs actions de sensibilisations aux contrées les plus éloignées et faire vibrer les fibres patriotiques de leurs frères autochtones.

Puis, éclata la IIè guerre mondiale et tout désormais, dépendait des tournures que va prendre cette nouvelle tragédie qui venait alors s’ajouter au malheur des algériens.

Pour que la France « protectrice » ne tombe pas entre les griffes du nazisme, les Algériens sont mobilisés puis expédiés au front. Les villages de Kabylie ne portaient plus dans leurs ruelles que vieillards, femmes et enfants.

Le jeune Ahmed Oumeri, quant à lui, se retrouva à Sedan, à la frontière francobelge…Prenant conscience que son combat devrait se faire chez-lui, il déserta en 1941.

Arrêté puis emprisonné à la caserne de Belfort (actuelle El Harrach) où il fut réincorporé au régiment de « la marche des Levants », où, après des tractations et après avoir eu le soutient de la direction du PPA,

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Ahmed Oumeri organisa une mutinerie qui échoua. Sa déception fut des plus vive quand, le jour même de la révolte carcérale, Messali Lhadj appela les mutins au calme… et à se rendre !

Ahmed Oumeri réussit sa tentative d’évasion et opta aussitôt pour le maquis contre le colonialisme à la manière des ancêtres. Il rançonnait les « amis » de l’aroumi dont les rançons allaient sans prendre le moindre détour aux plus démunis. « …Il n’arrêtait les cars que pour faire crier à plusieurs dizaines de voyageurs : Vive le PPA, vive l’indépendance… »Un témoin oculaire de ces scènes serait encore en vie.

Pendant ce temps là, la propagande colonialiste associée aux différentes pressions de ses ennemis, dans une époque où les seuls canaux d’information « sensés » éclairer des populations, en majorités illettrées, étaient propriété de l’administration coloniale, ont fait que les plus illuminés ont cédé et les diffamations les plus invraisemblables et les plus immorales avaient prit les allures de vérités incontestables.

Mr M.A. Brahimi, dans un travail d’investigation d’envergure, révèle l’existence des contacts entre le groupe d’Ahmed Oumeri et les responsables du PPA-MTLD. En effet, il s’apprêtait à rejoindre l’O.S, convaincu enfin par Krim Belkacem après des années d’efforts.

Oumeri fut assassiné dans un guet-apens tendu par l’administration au village Iaâzounen, au domicile de son compagnon d’armes Ouacel Ali, le jour même de la création de l’organisation (O.S.)

Ahmed BELAID alias Oumeri fut un descendant d'une famille qui a perdu sept hommes durant la résistance des At-Buwaddu à la conquête française en Kabylie. Alors que tout le pays s'était rendu à « l'évidence » et avait « accepté » les auspices de la France protectrice vers 1849, cet Âarch résista sept longues années encore aux assauts répétés et meurtriers des conquérants (1850 -- 1857)....Oumeri fut assassiné dans un guet-apens tendu par l'administration au village Iaâzounen, au domicile de son compagnon d'armes Ouacel Ali, le jour même de la création de l'organisation (O.S.).

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Awal D Wuzzal : Oumeri, le justicier En tuant Oumeri devant un plat de couscous, Oucel avait souillé la plus noble des traditions. Le respect du sel”. On n’assassine jamais, c’est le plus méprisable des crimes. Aucune excuse ne peut justifier, car “le sel est sacré ”.

In Dépêche de Kabylie du 12 Octobre 2010 - Par Moumouh Icheboudène: Ahmed Oumeri, paysan, originaire d’Ath Jimâa des Ouadhias. Durant la Deuxième Guerre mondiale, la France mobilise beaucoup d’Algériens, qu’elle envoie se battre, contre les Allemands. Après sa mobilisation, il se retrouve à Sedan, à la frontière franco-belge... Ne se sentant pas concerné par cette guerre, il prend conscience que son combat devait se faire chez lui, il déserta en 1941. Depuis, il mène une vie de rebelle ; contre le colonialisme français.

Arrêté puis emprisonné, la cadence de Belfort (El Harrach) où il fut réincorporé au régiment de “La marche des levants”, où après des tractations et après avoir eu le soutien du PPA, Ahmed Oumeri organise une mutinerie...

Oumeri réussit son évasion et opta pour le maquis contre le colonialisme à la manière des ancêtres. Il rançonne les amis, les alliés de l’aroumi* dont les rançons allaient tout droit aux démunis. Il arrêtait les cars pour crier à plusieurs dizaines de voyageurs : “Vive le PPA, vive l’Indépendance...” et ce, treize ans avant le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954.

Pendant ce temps-là, la propagande coloniale associée aux différentes pressions de ses ennemis, dans une époque où les seuls canaux d’information censées éclairer des populations, dont la majorité écrasante était illettrée, étaient propriété de l’administration coloniale, ont fait que les plus illuminés ont cédé et les diffamations les plus invraisemblables et les plus immorales avaient pris des allures de vérité.

Ouacel et le complot du commissaire Dans le but de démystifier le héros, des manchettes telles que “les bandits en Kabylie”, “les autorités aidées de la population mettent tout en œuvre pour capturer mort ou vif le bandit Oumeri”, “Des hors-la-loi qui ne sont que des malfaiteurs et dont on voudrait faire des héros de légende”, ne parviennent pas à ternir aux yeux des paysans la réputation de célèbre bandit d’honneur. Bien au contraire, pour les petites gens, Oumeri s’acheminait inexorablement vers la légende en dépit des allégations généralement semées par le système en place.

Ouacel Ali, il eut à essuyer des attaques violentes se rapportant à l’amitié qui le fait liait au proscrit. On le contraignit d’éviter et de rompre définitivement sa liaison qui, prétendait-on, ne pouvait que lui valoir les prés ennuis. Ali, résiste, affirmant qu’il était trop tard pour songer à une telle solution, néanmoins, il n’écarte pas l’éventualité d’espacer progressivement ses entrevues avec Oumeri pour finir, à moyen terme, pour relâcher ses relations comme le désirait son clan. L’autorité coloniale a essayé toutes les combines pour éloigner le peuple du duo sans résultat, jusqu’au jour, où, le commissaire de police concocte une diabolique affaire d’honneur et de trahison, qu’aucun kabyle ne peut supporter : qu’un homme, un ami de surcroît, tente de salir son honneur en projetant d’encrer clandestinement chez un ami en son absence.

Le commissaire travail minutieusement Ouacel, il lui fait un accueil qui laisse Ali ébahi. Le commissaire de polie lui fait savoir qu’il était au courant de l’aide qu’il apporté à Oumeri et son acolyte Hadj Ali, le duo qui rodait la nuit devant sa maison pendant son absence. pendant les trois jours qu’il passa au commissariat en compagnie des inspecteur et leur commissaire, créèrent le doute dans le cœur d’Ali au troisième jour Ouacel était persuadé qu’Oumeri pouvait effectivement commettre son déshonneur. Quand le doute creuse, il rend ce qui théorique en réel, palpable. Pour enlever le doute, Ouacel accepte le traquenard élaboré par le commissaire de police, tuer Oumeri et son ami Hadj Ali.

Pour nous, dit le commissaire, Oumeri et Hadj Ali sont des bandits sans scrupules qu’il faut éliminer et pour toi, ce sont des traîtres qui caressent le rêve de te déshonorer. Ne vois-tu pas que nous sommes des alliées placés du mêmes côté de la barrière.

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Ouacel Ali invite son parent Ouagni Arezki à prendre un couscous chez lui.

- Arezki, depuis que nous sommes entrés, tu n’as pas dit un mot concernant Oumeri. Cela m’étonne, aurais-tu changé de sentiments ?

- Non, Ali, je suis resté celui que tu as toujours connu, rien n’a changé et le seul nom d’Oumeri m’irrite, c’est un enfant du péché et il a, à mes yeux, perdu toute considération. Comment es-tu amener à l’héberger, à la renseigner, alors que tout en lui respire la fourberie et la méchanceté ?

- Tu le déteste, je le vois, mais je ne crois pas que ta haine pour lui soit aussi forte que la mienne.

- Quoi ?

- “Embrasse la main que tu ne peux pas mordre”, affirme un dicton populaire et c’est ce que je fais depuis plusieurs mois. Maintenant j’ai décidé d’agir. Si tu consens à me prêter main forte, je t’avoue sincèrement que je suis décidé de le tuer. Son parent Arezki lui confirme son aide avec enthousiasme. Ouacel Ali lui décrit le complot qu’il compte exécuter contre Oumeri et son ami Hadj Ali où et comment il envisage l’exécution.

- Je vais les inviter à souper : Oumeri à l’habitude d’occuper ma place et Hadj Ali où tu es assis en ce moment. Quand je reviendrais avec le couscous, tu te lèves pour fermer la porte, contre laquelle, tu trouveras suspendu un fusil de chasse chargé et sans sécurité. Tu t’en saisiras pour tirer sur Oumeri et moi j’abattrai Hadj Ali avec mon revolver que je tiendrais caché sous le plat en bois.

- Tout se tient.

- Je dois te mettre en garde et te prier de ne pas ébruiter ce secret.

- Je ne suis pas un enfant. Je sais que c’est grave et je dois me taire.

Après qu’Ouagni prit congé de son parent. La femme d’Ali entre dans la pièce où se trouvait Ali et s’assit à ses côtés. Il lui apprend qu’il doit se rendre à Tizi N’Tlata pour assister à une fête avant la levée du jour. En réalité, Ali est allé voir Oumeri et Ahdk Ali pour les inviter. Une fois de retour, à la maison, au moment du repas du soir, Ali dit sa femme :

- Hier, j’ai e le plaisir de rencontrer deux anciens amis, je les ai invités à souper à la maison. Peut-tu m’excuser de l’avait fait sans ton consentement ? Elle tressaillit, la figure assombrie, interrogea :

- Qui sont ces amis ? Quand dois-tu les recevoir ?

Il s’agit d’Oumeri et son compagnon Hadj Ali, je les attends pour la fin de la semaine.

Elle lui fait remarquer qu’il avait tort de s’afficher encore avec ces deux individus. Que partout où ils sont passés, ils ont semé la discorde et le deuil. Nos parents et alliés l’on bien, compris qu’ils se sont dressés contre toi pour te convaincre à rompre avec eux. Mais... Je suis la femme, je ne puis te juger et encore mois te condamner. Je te garderai les mêmes sentiments de fidélité et de dévouement...

Mais, je ne t’approuverai jamais lorsque tu m’apprends que tu fréquentes encore ces deux damnées.

Il faut leur fuir, ils sont galeux : Tu risque d’être contaminé ou compromis.

Ali médita longuement ces paroles empreintes de noblesse et eut la conviction, que son épouse avait sauvegarder. Ali dit à son épouse, ne crains rien, ils mangeront pour la derrière fois dans cette maison et ne remettront plus jamais les pieds ici.

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Ouacel prit contacte avec la personne, qui au commissariat de Tizi Ouzou lui avait promis un précieux appui avec ses dix hommes qui devaient se tenir à proximité de sa maison, dès qu’Oumeri et son ami franchiront le seuil de la maison, le jour J au cas où lui et son parent Arezki échoueraient pour qu’ils interviennent.

La traîtrise A l’heure prévue, Ouacel regarde sa montre. Il se leva, alla derrière la maison, les deux invités qui étaient au rendez-vous de la mort à leur insu, étaient allongés sur l’herbe, à une cinquantaine de mètres, sous un grand figuier. Il leur fit signe de le rejoindre. Après avoir discuté un moment, Ali dira : “Je crois que c’est l’heure de manger.” Oumeri lui répond : “Oui, nous sommes affamés nous n’avons rien avalé depuis hier soir. Ouacel sort dans la courette, derrière le mur, il enleva sa chéchia, calotte blanche et l’agita en direction d’un frêne, il remarqua une tache blanche qui bougeait entre les branches de l’arbre, c’était le signal convenu entre les conspirateurs. Il revient quelques minutes après avec un grand plat de couscous, sous lequel il tenait un revolver, balle au canon. Il pousse la porte d’un coup de pied. Arezki Ouagni se redressa vivement, comme le lui avait demandé son parent Ali. Ali s’approche des deux invités et au moment où il commence à s’incliner pour déposer le plat de couscous, il pressa sur la détente de son arme en direction de Hadj Ali, qui fut tué sur le coup. Oumeri malgré cette insoupçonnée trahison, saisit son Parabellum et tire sur Oucael, c’est en glissant qu’il fut sauvé, la balle lui traça un sillon dans le cure chevelu. Ouagni Arezki qui s’était emparé du fusil de chasse fit feu sur Oumeri qui quoique blessé gravement prit appui sur le mur, retourna son arme contre l’agresseur et lui brisa le bras. Ouacel en se relevant vida son chargeur dans la poitrine d’Oumeri.

C’est ainsi que fut assassiné Belaidi Ahmed dit Oumeri, le 16 février 1947. Que Dieu ait son âme.

La maison d’Ouacel Ali fut envahie par la foule, attirée par les détonations. Oumeri avait la main droite sur le couscous, Hadj Ali Mohd Arezki était allongé sur le dos, ses pieds contre le plat de couscous. Les personnes regardèrent la scène en silence, la mine méprisante, elles se retirèrent. De petits groupes se forment dans la ruelle, à Tajemaath et l’intérieur des foyers. Les langues se délièrent, allèrent de bon train. L’acte accompli avait été sévèrement critiqué et qualifié d’impardonnable. Aucune excuse ne peut justifier, car “le sel est sacré”.

En tuant Oumeri devant un plat de couscous, Ouacel avait souillé la plus noble des traditions. Le respect du sel. On n’assassine jamais un invité, c’est le plus méprisable des crimes. Ali chargea son frère d’informer les autorités qui ne tardent pas à défiler au village Ath Jimaâ.

Ouagni fut transporté à l’hôpital de Thénia (Menerville).

Ouacel Ali est condamné à mort par le village et le frère d’Oumeri fut désigné pour exécuter la sentence. Ali se rendit à Tizi Ouzou, quitte clandestinement le village. Là, il se crut en sécurité jusqu’au jour où un de ses proches parents lui apprit l’arrivée imminente du frère d’Oumeri qui s’était lancé à sa poursuite, il gagna, alors, Marseille par bateau y vécut quelques jours, avant de prendre le train pour Paris. Attaché à ses pas son ennemi le suivi en France. Il ne devait jamais le retrouver.

M. I. Écrivain

*Aroumi, le françaisDocumentation : Tahar Oussedik, Oumeri.* Les inter-titres sont de la rédaction

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La légende de "Ahmed Ummeri" Le personnage de Ahmed Ummeri est assez légendaire et donne matière à leçons et réflexions. Plusieurs poètes l'ont chanté (Matoub, Ait Menguellet ..etc ).

On raconte que Ahmed Umerri est né dans une famille pauvre, en Kabylie, au début du siècle dernier. Son vrai nom serait Belad Ahmed.

En 1939, il est mobilisé, au début de la 2ème guerre mondiale. Au fil des combats, il comprend de moins en moins les raisons de sa présence dans des conflits qui se déroulent bien trop loin de chez lui. Il déserte l’armée française en 1942.

Tant bien que mal, il parvient à rentrer en Algérie… mais se retrouve illico en prison. Il tente de s’évader en organisant une mutinerie, avec l’appui et le soutien politique de Messali pour les prisonniers d’opinion et les déserteurs… Malheureusement, il se fait prendre et Messali nie toute implication (et condamne même cette tentative d’évasion).

Ahmed est écœuré et déçu mais il finit par s’évader et c’est là que commence sa vie de rebelle.

Il constitue un groupe de rebelles, s’en prend à tout ce qui représente l’armée française, et ensuite s’en prend à ceux qui soutiennent le colonisateur, notamment ceux qui profitaient de leurs pouvoirs pour s’en prendre à une population en proie à la misère et à qui les biens et les terres étaient confisqués.

On raconte, que ce groupe de rebelles, de plus en plus important, avertissait ces «agents de la France» et les sommait de ne plus recommencer à spolier leurs frères et en cas de récidive, ils étaient exécutés.

La légende d’un Robin des bois kabyle, naquit ainsi.

On raconte que lors des «barrages» organisés pour délester les riches, Umerri et son groupe criaient par trois fois : vive l’indépendance !

La France étant ainsi malmenée, de gros moyens furent mis en place pour mettre la main sur ce «bandit». A chaque nouvelle rumeur calomniatrice, à chaque accusation infâme portées à l’encontre de l’honneur d’Umerri, le groupe réagissait par une action éclatante de bravoure et de courage, démontrant la manipulation à l’œuvre.

Il sera approché par les leaders de la révolution, mais toujours en colère contre Messali, il refusera. Il finira par céder à l’insistance de Krim Belkacem. Le projet était de l’intégrer à l’Organisation Secrète dont la création était prévue pour le 17 février 1947…

Ahmed Umerri fût assassiné ce jour-là dans un guet-apens tendu par l’administration coloniale chez son ami le plus proche (Ouacel Ali, dit «Azouni»).

Ahmed Umerri y dînait (d’un couscous) avec un autre rebelle (Hadjali, Ighil Imulla) quand des soldats de l’armée lui tirèrent dessus.

On raconte que Ouacel Ali quitta très vite la Kabylie, pour la France, craignant les représailles et la vengeance…

Plusieurs poèmes ont été composé en se basant sur cette légende pour signifier que la trahison vient toujours de là où on s'y attends le moins : les amis proches, la famille, etc.

Le patrimoine proverbiale kabyle est riche en la matière aussi. Il existe un grand nombre de proverbe et de dictons qui démontre que la trahison trouve racine dans la confiance.

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traduction du texte de la chanson de Ait Menguellet :

Ses assassins l’ont surpris :Ils on trahi sa confiance,d’où ce dire resté depuis :Un Kabyle, dès qu’il émerge,Il s’en trouve un qui l’assassine.Ainsi de Hmed Oumerri,comme une étoile, disparu…

Chacun affirme être le plus fort :Ce qui devrait être fait par dix,lui prétend l’affronter seul !Nous répugnons au seul mot d’union :Ainsi de Hmed Oumerri…

La valeur n’est pas à craindre :Elle n’a que faire de l’arbitraire !Et quand elle te solicite,inutile d’être prétentieux.Crains plutôt les être vils,sans courage ni droitureQuand ils pérorent a l’excèsc’est qu’ils ont assis leurs arrières...

Leurs points d’appui nous dépassent,et leurs règles de jeunous échappent :Leurs aires de jeu sont des citésEt leurs pièces des têtes humaines !S’il leur en tombait cinquante,Ils en sortent cent de réserve…S’il leur en tombait cinquante…

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Ahmed Oumeri, le justicier rebelle Ahmed BELAID alias Oumeri fut un descendant d’une famille qui a perdu sept hommes durant la résistance des At-Buwaddu à la conquête française en Kabylie. Alors que tout le pays s’était rendu à « l’évidence » et avait « accepté » les auspices de la France protectrice vers 1849, cet Âarch résista sept longues années encore aux assauts répétés et meurtriers des conquérants (1850 – 1857)

Le colonel Robin écrivait dans la « Revue africaine » qui relatait alors la chronique de la conquête de la Kabylie : « Les Beni-bou-Addou qui, malgré le sac de leurs principaux villages en 1856, étaient restés insoumis, furent encore les derniers à rentrer dans le devoir en 1857. »

Plus tard, ils s’associèrent aux troupes de Fatma n Soumer, puis, prirent part au soulèvement d’El Mokrani… Les sept guerriers des Ath Hammou, ancêtres de Ahmed, qui périrent alors ont été exécutés par les soldats du général Lerez du 5è RTA. Depuis, cet adage est né pour traverser les années et les générations dont celle de Ahmed et parvenir jusqu’à nous : « W’i bghan ad yissin xellu, imuqel s-afrag n At-Hemmu »

Les répercussions psychologiques traumatisantes des rudes épreuves de cette période, particulièrement sanglante de notre histoire, sur les populations, se sont donc transmises – la tradition orale aidant – de génération en génération.

Ahmed Oumeri voit le jour sur hameau suspendu au pied des crêtes du versant Nord-Ouest de « la montagne de fer »Les Aït-Bouaddou, menaient une vie somme toute identique à celle que menaient leurs compatriotes indigènes. Une vie faite d’indigence et d’injustice. Le petit Oumeri grandit au milieu de cette agressivité constante des milieux social et naturel qui forgera par la suite son amour de la justice, de la liberté mais surtout son courage.

Le mouvement nationaliste commençait à se cristalliser et à prendre racines dans les couches populaires. L’ENA puis le PPA tentaient de se doter d’une base solide pour pouvoir mener leurs actions de sensibilisations aux contrées les plus éloignées et faire vibrer les fibres patriotiques de leurs frères autochtones.

Puis, éclata la IIè guerre mondiale et tout désormais, dépendait des tournures que va prendre cette nouvelle tragédie qui venait alors s’ajouter au malheur des algériens.

Pour que la France « protectrice » ne tombe pas entre les griffes du nazisme, les Algériens sont mobilisés puis expédiés au front. Les villages de Kabylie ne portaient plus dans leurs ruelles que vieillards, femmes et enfants.

Le jeune Ahmed Oumeri, quant à lui, se retrouva à Sedan, à la frontière francobelge…Prenant conscience que son combat devrait se faire chez-lui, il déserta en 1941.

Arrêté puis emprisonné à la caserne de Belfort (actuelle El Harrach) où il fut réincorporé au régiment de « la marche des Levants », où, après des tractations et après avoir eu le soutient de la direction du PPA, Ahmed Oumeri organisa une mutinerie qui échoua. Sa déception fut des plus vive quand, le jour même de la révolte carcérale, Messali Lhadj appela les mutins au calme… et à se rendre !

Ahmed Oumeri réussit sa tentative d’évasion et opta aussitôt pour le maquis contre le colonialisme à la manière des ancêtres. Il rançonnait les « amis » de l’aroumi dont les rançons allaient sans prendre le moindre détour aux plus démunis. « …Il n’arrêtait les cars que pour faire crier à plusieurs dizaines de voyageurs : Vive le PPA, vive l’indépendance… »Un témoin oculaire de ces scènes serait encore en vie.

Pendant ce temps là, la propagande colonialiste associée aux différentes pressions de ses ennemis, dans une époque où les seuls canaux d’information « sensés » éclairer des populations, en majorités illettrées, étaient propriété de l’administration coloniale, ont fait que les plus illuminés ont cédé et les diffamations les plus invraisemblables et les plus immorales avaient prit les allures de vérités incontestables.

Page 9: Sur Ahmed Oumeri

Mr M.A. Brahimi, dans un travail d’investigation d’envergure, révèle l’existence des contacts entre le groupe d’Ahmed Oumeri et les responsables du PPA-MTLD. En effet, il s’apprêtait à rejoindre l’O.S, convaincu enfin par Krim Belkacem après des années d’efforts.

Oumeri fut assassiné dans un guet-apens tendu par l’administration au village Iaâzounen, au domicile de son compagnon d’armes Ouacel Ali, le jour même de la création de l’organisation (O.S.).

Source: lakabylie.com

Page 10: Sur Ahmed Oumeri

Ḥmed Oumeri : Mon nom est liberté.

Pour que nul n’oublie...Oumeri. La faim fait sortir le loup du bois, l’injustice fait sortir le héros de sa léthargie. Ahmed Oumeri a de tout temps été louangé par les femmes dans leurs chants et glorifier par les plus illustres poètes et artistes contemporains.

De Lounis Aït Menguellat à Lounès Matoub en passant par Menad, les groupes Djurdjura et Afous, tous ont mis en exergue la fin tragique qui a été réservée à ce personnage proverbial de courage, de bravoure et de patriotisme. Une fin qui semble fatalement atavique tant notre histoire est parsemée d’exemples. La mémoire collective garde surtout celle que réservera Bocchus au roi-guerrier Yugurten

Une brève esquisse sur ce que fut Oumeri nous permettra peut-être de saisir les motivations et le « Credo » de cet « hors-la-loi » (1) ?

Ahmed Belaïd, alias Oumeri, fut un descendant d’une famille qui a perdu sept hommes durant la résistance des At-Buwaddu à la conquête française en Kabylie. Alors que tout le pays s’était rendu à « l’évidence » et avait « accepté » les auspices de la France protectrice vers 1849, cet Aârch, cœur de la redoutable confédération guerrière des Igwejdal, résista sept longues années encore aux assauts répétés et meurtriers des conquérants (1850-1857). Le colonel Robin écrivait dans la Revue africaine qui relatait alors la chronique de la conquête de la Kabylie : « Les Beni-bou-Addou qui, malgré le sac de leurs principaux villages en 1849, étaient restés insoumis, furent encore les derniers à rentrer dans le devoir en 1857. » (2)

Plus tard, ils s’associèrent aux troupes de Fatma n Soumer puis prirent part au soulèvement d’El Mokrani... Les sept guerriers des Ath Hammou ancêtres de Ahmed, qui périrent alors, ont été exécutés par les soldats du général Lerez du 5e RTA. Depuis, cet adage est né pour traverser les années et les générations dont celle de Ahmed et parvenir jusqu’à nous : « Wi bghan ad yissin xellu, imuqel s-afrag n At-Hemmu » (3).

Les répercussions psychologiques traumatisantes des rudes épreuves de cette période, particulièrement sanglante de notre histoire, sur les populations, se sont donc transmises ; la tradition orale aidant, de génération en génération.

Oumeri voit le jour sur ce hameau suspendu au pieds des crêtes du versant nord-ouest de « la montagne de fer » (4). Les Aït Bouaddou, menaient une vie somme toute identique à celle que menaient leurs compatriotes indigènes. Une vie faite d’indigence et d’injustice. Le petit Oumeri grandit au milieu de cette agressivité constante des milieux social et naturel qui forgera par la suite son amour de la justice, de la liberté mais surtout son courage.

Le mouvement nationaliste commençait à se cristalliser et à prendre racines dans les couches populaires. L’ENA puis la PPA tentaient de se doter d’une base solide pour pouvoir mener leurs actions de sensibilisation aux contrées les plus éloignées et faire vibrer les fibres patriotiques de leurs frères autochtones. Puis, c’était l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale et tout désormais, dépendait des tournures que va prendre cette nouvelle tragédie qui venait alors s’ajouter au malheur des Algériens. Pour que la France « protectrice » ne tombe pas entre les griffes du nazisme, les Algériens sont mobilisés puis expédiés au front. Les villages de Kabylie ne portaient plus dans leurs ruelles que vieillards, femmes et enfants. Le jeune Ahmed, quant à lui, se retrouva à Sedan, à la frontière franco-belge...

Traversant une rivière alors que son unité était à cour d’eaux depuis des jours, Oumeri assista une fois de trop à un acte discriminatoire dont l’effet sera déterminant et immédiat : Craignant que l’eau du cours ne soit empoisonnée par les nazis et afin de juger si celle-ci était propre à la consommation,, l’officier préféra faire boire un soldat algérien au lieu d’un cheval de la cavalerie. Il déserta en 1941. Arrêté puis emprisonné à la caserne de Belfort (actuelle El Harrach) où il fut réincorporé au régiment de « la marche des Levant », où, après des tractations et après avoir eu le soutien de la direction du PPA, il organisa une mutinerie qui échoua. Sa déception fut des plus vives quand, le jour même de la révolte carcérale, Messali Lhadj appela les mutins au calme... et à se rendre ! Il réussit cependant sa tentative d’évasion et opta aussitôt pour le maquis contre le colonialisme à la manière des ancêtres. Il rançonnait, vengeait, enlevait aux uns et donnait

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aux autres, terrorisait les nantis, particulièrement ceux qui se rapprochaient du pouvoir colonial... l’Arumi et ses « amis » dont les rançons allaient sans prendre le moindre détour aux plus démunis. Le maquis avait ses informateurs dans tous les villages. Quand le groupe rebelle d’Oumeri recueillait des rançons, recevait les prix du sang, dévalisait une maison, sanctionnait des personnes, on savait au centime près les sommes collectées. Le maquis recevait à son tour un pourcentage pour survivre, venir au secours des familles de maquisards, alimenter la caisse du PPA-MTLD. Bien qu’Oumeri refuse toujours « d’exercer » sous la casquette du PPA, le colonel Ouamrane témoignait avoir envoyé des éléments de la bande (ndlr : comprendre le « ses hommes ») en mission et recueillaient un pourcentage des « collectes » du groupe d’Oumeri avec l’œil bienveillant du maquis. « ... Il n’arrêtait les cars que pour faire crier à plusieurs dizaines de voyageurs : ... Vive l’indépendance... . » Un témoin oculaire de ces scènes serait encore en vie.

Pendant ce temps-là, la propagande colonialiste associée aux différentes pressions de ses ennemis, dans une époque où les seuls canaux d’information « censés » éclairer des populations, en majorité illettrées, étaient propriété de l’administration coloniale, ont fait que les plus illuminés ont cédé et les diffamations les plus invraisemblables et les plus immorales avaient pris les allures de vérités incontestables. M. M. A. Brahimi, dans un travail d’investigation d’envergure, révèle l’existence des contacts entre le groupe rebelle et les responsables du PPA-MTLD. En effet, il s’apprêtait à rejoindre l’OS, convaincu enfin par Krim Belkacem après des années d’effort, quand Oumeri fut assassiné dans un guet-apens tendu par l’administration au village Iâazounen, au domicile de son compagnon d’armes Ouacel Ali, le jour même de la création de l’organisation (OS) (5). En trahissant Oumeri et Hadj Ali Arezki, qui défrayèrent la chronique des années durant, Ouacel n’avait fait que rappeler que depuis la nuit des temps, chaque fois que cette terre donne naissance à un grand homme, il s’ensuit inévitablement une autre D’un grand traître.

17 février 1947, 17 février 2006. Plus d’un demi-siècle après sa mort, aucune reconnaissance n’est venue exhumer ce héros mythique que fut Oumeri. Le roman historique qui lui a été consacré par feu T. Oussedik (6), constitue une initiative louable dans les limites où elle a eu le mérite de lui avoir conféré une réputation plus large et d’avoir surtout contribué à sauver de l’oubli ce justicier du terroir, dans lequel les fossoyeurs de l’histoire de tout bord ont réussi jusqu’ici à le confiner. Cependant, cette oeuvre unique manque de rigueur scientifique qu’exige le genre historique d’où les lacunes dans la justesse de certains faits ainsi que dans leur chronologie. Mais c’est surtout son caractère superficiel qui doit être signalé bien que les difficultés qui entravaient alors, plus que maintenant, la recherche historique en général et plus particulièrement celle ayant trait aux « hors-la-loi » appelés « bandits d’honneur » justifie ce manque, du reste légitime. Aujourd’hui encore, c’est à peine si une mémoire vivante ose délier la langue non sans réticences.

T. Oussedik, disait à Alger : « ...Je prends Oumeri pour un héros national... » Ce n’est que justice rendue à cet authentique justicier du petit peuple qui ne cesse de hanter notre paresse depuis sa tombe de fortune perdue sous la plate-forme d’une vieille bâtisse abandonnée... Un symbole, un repère que seul les héros de légendes en sont capables d’être, Oumeri n’est aujourd’hui, qu’un nom dans notre mémoire collective. Les épopées de cette victime de sa propre prise de conscience prématurée dans une société qui claquait du bec, qui était en proie à l’austérité du milieu naturel, au ravages de typhus, à l’exode massive de la gent masculine vers une guerre lointaine et vers des mines dévoreuses d’hommes, à l’injustice et aux atteintes aux droits les plus élémentaires de l’être humain, mais surtout en proie à l’ignorance… sont aujourd’hui inconnues de la postérité post-indépendance...

« Décoloniser » l’histoire est une entreprise de grande envergure ; c’est une tâche qui incombe à tout le monde, dans les limites des moyens dont dispose chaque chercheur. C’est aussi, tenter d’apporter sa pierre à l’édification d’un avenir certain fait d’équilibre et de bien-être.

L’association culturelle Amezruy a cassé le caractère tabou qui entourait ce personnage légendaire. Un vibrant hommage lui a été rendu en lui consacrant la première rencontre autour de Ahmed Oumeri qui s’est déroulée à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, du 2 au 5 mars 1996.

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Consacrer un film cinématographique retraçant le combat de ce justicier, lui reconnaître son statut de « héros national » est aujourd’hui plus qu’une exigence de tout un peuple qui aspire à reconquérir son histoire pour réaliser sa propre projection dans l’avenir. Que justice soit rendue au justicier !

Halim AKLI

1) Credo d’un hors-la-loi est le titre d’un ouvrage de M. A. Brahimi.2) Dans Revue africaine.3) Littéralement « celui qui veut connaître la signification de l’extermination, qu’il regarde vers les Aït-Hammou ».4) Nom romain du Djurdjura : Montus Ferratus5) L’O.S. est créée le 17 février 1947. Oumeri est assassiné le même jour.6) Oumeri : roman de Tahar Oussedik.

Quelques éléments de la légende du personnage, des infos que j'ai glanées ici et là...

On raconte que Ḥmed Umerri est né dans une famille pauvre, en Kabylie, au début du siècle dernier. Son vrai nom serait Belad Ahmed.

En 1939, il est mobilisé, au début de la 2ème guerre mondiale. Au fil des combats, il comprend de moins en moins les raisons de sa présence dans des conflits qui se déroulent bien trop loin de chez lui. Il déserte l’armée française en 1942.

Tant bien que mal, il parvient à rentrer en Algérie… mais se retrouve illico en prison. Il tente de s’évader en organisant une mutinerie, avec l’appui et le soutien politique de Messali pour les prisonniers d’opinion et les déserteurs… Malheureusement, il se fait prendre et Messali nie toute implication (et condamne même cette tentative d’évasion).

Ahmed est écœuré et déçu mais il finit par s’évader et c’est là que commence sa vie de rebelle.

Il constitue un groupe de rebelles, s’en prend à tout ce qui représente l’armée française, et ensuite s’en prend à ceux qui soutiennent le colonisateur, notamment ceux qui profitaient de leurs pouvoirs pour s’en prendre à une population en proie à la misère et à qui les biens et les terres étaient confisqués.

On raconte, que ce groupe de rebelles, de plus en plus important, avertissait ces «agents de la France» et les sommait de ne plus recommencer à spolier leurs frères et en cas de récidive, ils étaient exécutés.

La légende d’un Robin des bois kabyle, naquit ainsi.

On raconte que lors des «barrages» organisés pour délester les riches, Umerri et son groupe criaient par trois fois : vive l’indépendance !

La France étant ainsi malmenée, de gros moyens furent mis en place pour mettre la main sur ce «bandit». A chaque nouvelle rumeur calomniatrice, à chaque accusation infâme portées à l’encontre de l’honneur d’Umerri, le groupe réagissait par une action éclatante de bravoure et de courage, démontrant la manipulation à l’œuvre.

Il sera approché par les leaders de la révolution, mais toujours en colère contre Messali, il refusera. Il finira par céder à l’insistance de Krim Belkacem. Le projet était de l’intégrer à l’Organisation Secrète dont la création était prévue pour le 17 février 1947…

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Ahmed Umerri fût assassiné ce jour-là dans un guet-apens tendu par l’administration coloniale chez son ami le plus proche (Ouacel Ali, dit «Azouni»).

Ahmed Umerri y dînait (d’un couscous) avec un autre rebelle (Hadjali, Ighil Imulla) quand des soldats de l’armée lui tirèrent dessus.

On raconte que Ouacel Ali quitta très vite la Kabylie, pour la France, craignant les représailles et la vengeance…

Plusieurs poèmes ont été composés en se basant sur cette légende pour signifier que la trahison vient toujours de là où on s'y attends le moins : les amis proches, la famille, etc.

Le patrimoine proverbiale kabyle est riche en la matière aussi. Il existe un grand nombre de proverbe et de dictons qui démontre que la trahison trouve racine dans la confiance.

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A tawaghit-ik a yul izem ighunfat w aghyul

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