19
CCT 9 Faites parler les chiffres Page 3 Voir notre dossier en pages 8 & 9 N°02 • BIMENSUEL • 69 ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 [email protected] Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles Horizon 2015 En février et mars quelques dizaines de mil- liers de jeunes demandeurs d’emploi tout frais émoulus de leur école et encore en stage d’insertion – c’est-à-dire sans allocations - vont recevoir une convocation de l’ONEM pour contrôler s’ils ont bien recherché un emploi. Ils entrent ainsi dans le carrousel du contrôle de disponibilité auquel sont déjà soumis tous les autres chômeurs avec la me- nace d’une sanction à la clé. 55.000 jeunes bénéficiaires d’allocations d’insertion qui sont déjà dans le circuit, ris- quent de se voir éjecter du chômage en 2015, même s’ils ont activement cherché mais pas trouvé. Le nouveau système modifié par l’ac- tuel Gouvernement limite à 3 ans le droit aux allocations. Et 3 ans quand le travail est rare, c’est vite passé… il- ut ge s - M un sel éjà me- ns is- 15, as ac- ux re, 55.000 jeunes chômeurs sur un siège éjectable © istockphoto.com SOLIDARITÉ Protéger le droit à l’avortement Page 4 GENDER Des inégalités qui persistent Page 6 FIN DE CARRIÈRE Quel impact sur la pension? Page 5 © istockphoto.com 31 JANVIER 2014Éd. LIÈGE

Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

  • Upload
    fgtb

  • View
    236

  • Download
    15

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Horizon 2015 : 55.000 jeunes chômeurs sur un siège éjectable.

Citation preview

Page 1: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

CCT 9

Faitesparler

les chiffres

Page 3

Voir notre dossier en pages 8 & 9

N°02 • BIMENSUEL • 69ème annéeBureau de dépôt : Charleroi X

Abonnements : 02/506 82 11Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 [email protected]

Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

Horizon 2015

En février et mars quelques dizaines de mil-liers de jeunes demandeurs d’emploi tout frais émoulus de leur école et encore en stage d’insertion – c’est-à-dire sans allocations - vont recevoir une convocation de l’ONEM pour contrôler s’ils ont bien recherché un emploi. Ils entrent ainsi dans le carrousel du contrôle de disponibilité auquel sont déjà soumis tous les autres chômeurs avec la me-nace d’une sanction à la clé.

55.000 jeunes bénéfi ciaires d’allocations d’insertion qui sont déjà dans le circuit, ris-quent de se voir éjecter du chômage en 2015, même s’ils ont activement cherché mais pas trouvé. Le nouveau système modifi é par l’ac-tuel Gouvernement limite à 3 ans le droit aux allocations. Et 3 ans quand le travail est rare, c’est vite passé…

il-utges -M

unseléjà

me-

nsis-15,as

ac-uxre,

55.000 jeunes chômeurssur un siège éjectable

© is

tock

phot

o.co

m

SOLIDARITÉ

Protégerle droit à

l’avortement

Page 4

GENDER

Desinégalités qui

persistent

Page 6

FIN DE CARRIÈRE

Quelimpact surla pension?

Page 5 © is

tock

phot

o.co

m

31 JANVIER 2014• Éd. LIÈGE

Page 2: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

NAMUR

A partir du 1er janvier 2014:

NOUVEAU MONTANT DE NOS COTISATIONS

Hommes + de 20 ans 15,7 e Femmes + de 20 ans 15,5 eJeunes travailleurs18 à 20 ans 15,5 e Prépensionnés 11,7 eEt temps partiel* 11,7 e Pensionnés 3,5 e Travailleurs sans emploi 9,5 eMalades de longue durée * * 9,5 e Entreprises de Travail Adapté 8,5 e

* seulement les travailleurs à temps partiel qui touchent une prime syndicale partielle ou pas de prime syndicale

** excepté les malades des secteurs de la construction, du bois et du nettoyage (ils touchent un complément du fonds de leur secteur)

Les primes de naissance, de mariage, de re-traite et de décès suivent la même logique.

Nous améliorons nos services constamment pour mériter la confi ance que vous nous témoignez.

Le Secrétariat et le personnel de la Centrale Générale

Le coût de la vie augmente….. Il a aussi des répercussions sur nos cotisations

HommageNous souhaitons rendre hommage à l’un de nos plus anciens militants qui nous a quittés voici quelques semaines.Notre camarade Gilbert Delgaudine est dé-cédé le 30 novembre 2013 à l’âge de 87 ans.Il fut un militant très actif aussi bien comme délégué dans le secteur des car-rières pendant sa carrière professionnelle mais aussi en tant que membre de la com-mission professionnelle Pensionnés et Prépensionnés par la suite.

Il faisait également partie de notre Comité Exécutif depuis de nombreuses années.

Nous tenions à le remercier sin-cèrement pour son dévouement et les combats menés tout au long de sa car-rière syndicale.Au revoir Gilbert.

La Centrale Générale FGTB

Namur

Page 3: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

BRUXELLES2 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

Droit à l’avortement

Avortement: la régression espagnole

«Il fut un temps où l’Espagne mon-trait la voie en matière de droits des femmes. Le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero innova en mettant en pratique, en 2004, une authentique parité au gouver-nement. C’est aussi à Madrid qu’a été conçue et appliquée l’une des politiques les plus progressistes d’Europe pour lutter contre le fl éau de la violence conjugale.

Malheureusement, la dynamique s’est inversée. Si l’Espagne reven-dique aujourd’hui un rôle pion-nier sur les droits des femmes, c’est dans la régression. Le gouverne-ment conservateur de Mariano Rajoy est en train d’opérer un vi-rage à 180 degrés sur l’avortement. L’avant-projet de la loi de protec-tion de la vie de l’être conçu et des droits de la femme enceinte, pré-senté en conseil des ministres peu avant Noël, supprime purement et simplement le droit des femmes à décider librement d’interrompre leur grossesse. Ce droit, consacré

Nous reproduisons ici, avec l’aimable autorisation du Groupe Le Monde, l’Edito du 31 décembre 2013 de ce quotidien français.

par une loi entrée en vigueur en 2010, en autorisant l’avortement sans condition de motif jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse, avait considérablement libéralisé la législation postfranquiste de 1985.

Le nouveau texte, proposé par le ministre de la justice, Alberto Ruiz Gallardon, et qui doit être bientôt soumis au Parlement, est plus res-trictif encore que celui de 1985. Il n’autorise l’avortement que dans deux cas: s’il y a eu viol et si la santé physique ou psychique de la mère est menacée «de manière durable ou permanente». Ce risque devra être certifi é par deux médecins dif-férents, étrangers à l’établissement où serait pratiquée l’IVG. La loi de 1985 permettait l’avortement en cas de malformation du fœtus, ce que ne prévoit plus le projet de loi actuel. «On ne peut laisser la vie du fœtus dépendre exclusivement de l’avis de la mère», a jugé M. Ruiz Gallardon.

M. Rajoy avait promis, pendant la campagne électorale, de revenir

sur la loi de 2010, très critiquée par l’épiscopat espagnol et la droite conservatrice, mais il n’avait pas laissé entendre que ce serait de ma-nière aussi radicale. Cette initiative n’est fondée sur aucune justifi ca-tion de santé publique, puisque le nombre d’IVG pratiquées en Espagne était en baisse en 2012. Les motivations du ministre de la justice sont, en réalité, d’ordre idéo-logique: M. Ruiz Gallardon déclare «en avoir fi ni avec le mythe de la supériorité morale de la gauche» et veut à présent porter sa croisade anti-avortement devant le Parle-ment européen.

Le gouvernement espagnol est, dans ce domaine, à contre-cou-rant. Vingt des vingt-huit Etats de l’UE reconnaissent le droit des femmes à décider librement de leur grossesse dans les douze à quatorze premières semaines. Six l’assortissent de conditions ; seuls deux, Malte et l’Irlande, interdisent l’avortement. Ce droit, acquis de haute lutte par les femmes comme une reconnaissance de leur liberté de disposer de leur corps, est un droit fondamental. M. Rajoy com-met une grave erreur en faisant un instrument de reconquête idéolo-gique.»

Le 1er février prochain, plus de 325 associations, cliniques et ONG espagnoles remettront au chef du gouvernement espagnol, au président du Congrès espagnol, à la Ministre de la Santé: Ana Mato, au Ministre de la Justice : Alberto Ruiz Gallardón et aux différents groupes du Congrès espagnol la lettre suivante:

Parce que je décide…Parce que je décide à partir de l’autonomie morale, qui est la base de la dignité de toute per-sonne, je n’accepte aucune obli-gation ou interdiction concer-nant mes droits sexuels et reproductifs, et en conséquence

aucune entrave à ma totale réa-lisation en tant que personne. En tant qu’être humain auto-nome, je refuse d’être soumise à des traitements dégradants, à des ingérences arbitraires et à des tutelles coercitives dans ma décision d’être ou de ne pas être mère.Parce que je suis libre, j’invoque la liberté de conscience en tant que bien suprême comme fonde-ment de mes choix. Je qualifi e de cyniques ceux qui en appellent à la liberté pour la restreindre et de malveillants ceux qui, sans se soucier de la souffrance cau-sée, veulent imposer à tous leurs principes de vie, basés sur des ré-

vélations divines. En tant qu’être humain libre, je refuse d’accepter une maternité forcée et un ré-gime de tutelle qui condamne les femmes «à la minorité d’âge sexuel et reproductif».Parce que je vis en démocratie, et que je suis une démocrate, j’accepte les règles du jeu qui séparent les droits relatifs au péché et à la loi religieuse. Au-cune majorité politique issue des urnes, aussi absolue soit-elle, n’est légitime pour transformer les droits en délit, et nous obliger à suivre des principes religieux sous peine de sanction pénale. En tant que citoyenne, j’exige de ceux qui nous gouvernent qu’ils

ne transforment pas le pouvoir démocratique, sauvegarde de la pluralité, en despotisme.Parce que je décide, parce que je suis libre et parce que je vis en démocratie, j’exige du gou-vernement, quel qu’il soit, qu’il promulgue des lois favorisant l’autonomie morale, préservant la liberté de conscience et garan-tissant la pluralité et la diversité des intérêts. Parce que je décide, parce que je suis libre et parce que je vis en démocratie, j’exige que soit conservée l’actuelle loi de santé sexuelle et reproductive et d’IVG pour favoriser l’autono-mie morale, préserver la liberté de conscience et garantir la plu-

ralité des intérêts de toutes les femmes.A Bruxelles, les associations et ONG de la plateforme euro-péenne ABORTIONRIGHT ont manifesté, le mercredi 29 janvier 2014, devant l’ambassade d’Es-pagne et le Parlement européen afi n de soutenir les femmes en Espagne et le droit à l’avortement en Europe! D’autres manifesta-tions de soutien aux femmes es-pagnoles sont prévues partout en Europe!

Plus d’info: http://www.abor-tionright.eu/

La contestation s’organise

En 2013, à l’occasion de sa 20ème édi-tion, la Fête du 1er mai de la FGTB de Bruxelles et de la FMSB lançait le Premier concours Working Class

Live! Vu le succès et l’accueil positif de la première édition, il a été dé-cidé de remettre le couvert en 2014!Comme Anwar en 2013, le groupe

ou l’Artiste gagnant ouvrira les traditionnels concerts de la Place Rouppe. Le concours «Working Class Live» s’adresse aux artistes et groupes (amateurs, semi-pro ou pro) de Bruxelles pratiquant toute musique actuelle (rock, hip-hop, electro, pop, world, etc).

Deux tours de sélection auront lieu: une sélection de quatre demi-fi na-listes, suivie d’une soirée-concerts qui donnera l’occasion à un jury et au public d’élire le fi naliste qui pourra se produire en live, en ou-verture des concerts de la Fête du 1er mai 2014.

Le second tour aura lieu le jeudi 20/03 au Botanique (Witloof Bar) et c’est gratuit! Lors de cette soirée, le public pourra voter pour son artiste préféré! Venez nombreux!

Infos: www.workingclasslive.org / https://www.facebook.com/Wor-kingClassLive

Concours Working Class Live... Qui ouvrira la Fête du Premier Mai 2014?

’ è ’

Page 4: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

CHARLEROI-SUD HAINAUT

CENTRE

MONS

Plus que quelques semaines avant notre Festival de chanson ouvrière et contestataire, et le voyage a déjà commencé!

Pour titiller vos oreilles et raviver votre mémoire, on fait venir spé-cialement à Charleroi un spectacle qui nous vient de Bruxelles et qui retrace, en chansons, 100 ans de luttes sociales!

Vive la Sociale, c’est plus de 60

choristes et musiciens réunis le temps d’un banquet. Ils nous présenteront un répertoire repre-nant de vieux chants de combat et de contestation qui restent au-jourd’hui tout à fait pertinents. Pour la première fois en Wallonie et à Charleroi, vous aurez l’occa-sion de vous assoir aux côtés des convives de ce banquet.

Pour la première fois en Wallonie et pour la modique somme de 3

euros, un spectacle de la chorale Brecht/Eisler, qui a déjà tourné dans plusieurs villes en Flandre, notamment au Vooruit à Gand!

Réservez vos places via la MPA: 071/53.91.53 (MPA) - [email protected]

Un partenariat Taboo / PAC Char-leroi / Maison Pour Associations / CAL Charleroi

Festival de chanson ouvrière et contestataire

Un programme qui répond aux be-soins de nos membres: délégué(e)s militant(e)s et affi lié(e)s.

CENFORSOC, le Centre de Forma-tion Sociale et Culturelle organise, comme chaque année, à destina-tion des affi lié(e)s militant(e)s et délégué(e)s, son cycle de formation interprofessionnelle constitué de différents modules (exercice aca-démique 2010-2011).

La formation est d’abord un inves-tissement personnel. Dès lors, nous attirons votre attention sur le fait que s’inscrire et confi rmer sa parti-cipation à une formation demande une implication sérieuse à celle-ci.Le nombre de participants étant en constante augmentation et le nombre de places étant limité, nous vous demandons de lire at-tentivement ce qui suit.

Dans un souci de parfaite organi-sation et afi n de ne pas pénaliser d’autres participants, nous vous demandons d’honorer votre ins-cription.

Il est bien entendu, évidemment, que des évènements imprévus peuvent survenir et donc dans ce cas, nous vous demandons de pré-venir le plus rapidement possible notre centre de formation afi n que nous puissions éventuellement pourvoir à votre remplacement.

Qu’avons-nous encore à vous pro-poser pour la session 2013-2014?

> Module «Initiation Vie Sociale»: 80h00 - 10 mardis - Ce module est ouvert à celles et ceux qui souhaitent simplement dépas-ser la situation d’affi lié passif et veulent se familiariser aux objectifs de celle-ci, à son fonc-tionnement et acquérir de plus quelques connaissances dans les structures politiques, sociales, judiciaires et les techniques de communication. Il est d’ailleurs recommandé à celles et ceux qui souhaitent entreprendre les modules «Conseil d’Entreprise» et «Comité de Prévention et de Protection au Travail» de suivre préalablement le module «Ini-tiation Vie Sociale». Début de la formation le mardi 15/04/2014.

Les camarades qui ont achevé ce module d’ «Initiation» devront suivre le module «Perfectionne-

Formation interprofessionnelle 2013-2014ment Vie Sociale» qui débutera le 2ème semestre 2014.

Les locaux dans lesquels ont lieu la formation se situent au 1er et 2ème étage de la Maison des Huit Heures, 23 Place Charles II à 6000 CHARLEROI.

> Module «Fiscalité recyclage»: 40h00 - Les mardis en soirée de 17h10 à 20h40 pour les camarades ayant suivi le module «Fiscalité» organisé antérieurement. Début du module le mardi 15/04/2014. Les cours se donnent dans les locaux de la FGTB CHARLEROI.

Remarque:- Nos programmes de formation donnent accès au bénéfi ce du Congé Éducation Payé.

Renseignements et formulaires d’inscription:Secrétariat ASBL CENFORSOC: Carmela DI BERNARDO (Tél.: 071/641.286 – Fax: 071/300.567) – Responsable Formations: Ruddy DANTHINE

Venez visiter notre site internet: www.cenforsocasbl.be et inscrivez-vous en ligne!

Merci de vérifi er la disponibilité des modules sur le site.

Si vous trouvez nos formations intéressantes, faites-le savoir aux autres camarades de votre entreprise!

Page 5: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

VERVIERS

LIÈGE - HUY - WAREMMELIÈGE - HUY - WAREMME / VERVIERS

Page 6: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 3ACTUALITÉS

> EN TRAIN

> CCT9

Le droit à l’informationLa convention collective de travail n° 9 du 9 mars 1972 donne aux travailleurs le droit aux informations économiques et fi nancières de leur entreprise. Objectif: «associer plus étroitement les travailleurs à la marche de l’entreprise et à la politique prévisionnelle en matière d’emploi en vue de créer un meilleur climat entre employeurs et travailleurs».

Les informations et consultations prévues par la conven-tion, dit la CCT9, doivent être préalables aux décisions et permettre au conseil d’entreprise de procéder, en connais-sance de cause, à des échanges de vues au cours desquels les membres pourront formuler leurs avis, suggestions ou objections.

Faites parler les chiffresRecevoir au Conseil d’entreprise les chiffres clés de l’entreprise ne suffit pas toujours pour y voir clair. Soit qu’ils n’y sont pas tous. Soit qu’il y en a trop. Soit que pris isolément ils ne veulent rien dire s’ils ne sont pas croisés avec d’autres.

Soit encore qu’on n’y comprend rien et qu’on fait confiance à la direction. Il est pourtant facile pour des multinationales d’égarer les délégués dans la toile complexe des filiales.

Heureusement, le CEPAG a mis au point l’outil en ligne «CCT9» pour les délégués afin de les aider à décrypter les information économiques et financières, à anticiper les bonnes ou les mauvaises nouvelles et à agir en conséquence.

dépendent de multinationales sont des virtuoses de l’ingénierie comp-table: transferts de bénéfi ces, faux prêts, faux emprunts, faux défi cit, surfacturation de services à une fi liale, etc… Un résultat a priori positif peut devenir négatif et vice versa s’il s’agit de fl atter les actionnaires.

Quatrième constat: on a beau avoir toutes les données en main, encore faut-il bien les interpréter ou re-pérer celles qui sont parlantes. Le chiffre d’affaire ou les bénéfi ces ne sont pas des critères suffi sants pour juger de la bonne santé de son entreprise. Et puis, les choses peuvent se dégrader très vite, et lorsqu’arrive le bilan annuel, il est trop tard pour réagir.

Un pour tous, tous pour un

En vieux routier, quand il était délégué, Jean-Marie avait pour habitude de dresser mois après mois, conseil d’entreprise après conseil d’entreprise, un tableau de bord de la situation de son entre-prise. Il en faisait un tableau de bord sur papier qui lui permettait de suivre pas à pas la santé de sa boîte: le budget, le chiffre d’affaires, les commandes, la productivité, l’emploi CDI, CDD, intérim, inves-tissements, prix de revient uni-taire, etc.

L’idée lui est donc venue en tant que formateur de partager son ou-til avec d’autres délégués. L’oppor-tunité s’est présentée en 2008 avec le projet EN TRAIN pour EN TRansi-tion Accompagnement INsertion, coordonné par le Forem, fi nancé par le Fonds Social Européen et piloté par le CEPAG et dorénavant par Propage-S.

Les débuts sont laborieux. La col-lecte de données sur des fi chiers Excel, est fastidieuse pour les dé-légués. La transformation en gra-phiques demande un savoir faire et encore faut-il savoir précisément ce que l’on veut.

L’entrée en piste de Propage-S en 2010 et l’arrivée dans l’équipe de François Moens vont booster le projet. C’est grâce à lui que l’outil va devenir une application sur In-ternet et surtout devenir un outil plus convivial, personnalisé, adap-table, facile à utiliser et qui affi che de manière visible les résultats.

Vous avez été élu-e délégué-e FGTB au Conseil d’Entre-prise? Félicitations! Tout

se passe bien mais les IEF, ces fameuses «informations écono-miques et fi nancières», ce n’est pas évident pour vous. On vous balance des tableaux et des chiffres et vous avez un peu de mal à les interpréter. Normal: on ne nait pas comptable ou réviseur d’entreprise. Mais c’est quand même gênant…

Vous n’êtes pas un novice en délé-gation syndicale, et ce n’est pas à un vieux singe qu’on va apprendre à faire la grimace? Vous avez beau être un vieux routier du conseil d’entreprise, les chiffres qu’on vous donne ne sont pas nécessairement pertinents ou lisibles. Ils peuvent aussi être trompeurs…

Trop ou trop peu

C’est le constat fait par Jean Ma-rie Lansberg, formateur au Centre

d’Education Populaire André Genot (CEPAG), lui-même ancien délégué pendant 35 ans dans une entre-prise de construction électrique. Au fi l des formations et des contacts avec des délégués, il fait plusieurs constats.

Premièrement, pas mal d’entre-prises ne respectent pas leurs obligations d’information. Elles ne disent pas tout.

Deuxième constat, pas mal de dé-légués ont bien reçu une formation syndicale où on leur a expliqué ce qu’est la CCT9, mais au fi nal ils ne savent pas ce qu’on doit obli-gatoirement leur fournir comme informations.

Troisième constat: les entreprises qui fournissent les informations en donnent parfois trop si bien que les informations effectivement pertinentes sont noyées dans la masse. De plus, les entreprises qui

Comment ça marche?Primo, il faut avoir un ordinateur avec un accès Internet et un mot de passe «délégué». Aller sur le site www.CCT9.be. Le délégué peut accéder au programme personnalisé pour son entreprise et entrer les données qu’il a recueillies au CE. Le programme fait alors les calculs automatiquement et génère les graphiques qui permettent de visualiser les résultats.

Exemples

- Dans une fonderie – hélas en faillite - , la courbe de l’emploi fait apparaître des pointes de chômage économique en dents de scie. Pa-rallèlement, on fait appel à des intérimaires notamment pendant des périodes de chômage économique. Explication: on produisait à plein régime pendant une période, puis on vivait sur les stocks. Arrêt de la production mais besoin de main d’œuvre CDD pour l’assemblage, la peinture, etc., alors qu’on aurait pu réduire le nombre de travailleurs en chômage économique.

- Dans un grand magasin, on embauche régulièrement une fl opée

d’intérimaires, par exemple pour le rush des fêtes de fi n d’année. Le pic du chiffre d’affaire semble le justifi er. Pourtant, dans des périodes où il n’y a pas de surcroît de travail, le nombre d’intérimaires et de contrats précaires reste élevé. Or, l’appel à l’intérim, aux CDD et aux avenants coûte plus cher que la possibilité offerte aux temps partiels d’augmenter leur temps de travail en CDI… Ce sera une revendication pour la prochaine fois.

Quel intérêt?L’intérêt de l’outil, c’est d’y voir clair dans le fonctionnement de l’entreprise, de vérifi er que les infor-

mations, rassurantes ou alarmantes, correspondent bien à la réalité et si les décisions prises par la

direction sont les bonnes ou pas. Le suivi mensuel des donnes permet d’anticiper les problèmes ou au contraire de confi rmer la bonne

santé de l’entreprise et de négocier des aménagements ou un juste retour aux travailleurs, de stabiliser

des emplois ou de demander des embauches, de faire des propositions constructives, de demander

des explications quand l’outil donne un signal d’alerte que le simple énoncé des chiffres ne permet

pas de détecter. Maintenant, c’est vrai qu’il demande une implication importante des délégués et qu’il peut les obli-

ger à sortir d’une routine ou à se départir d’un excès de confi ance dans les propos lénifi ants de leur

direction. Mais l’engagement est le propre du délégué. Il dispose maintenant de l’outil qui rend le

contrôle ouvrier plus effi cace.Intéressé? Il suffi t de prendre contact sur le site www.CCT9.be.

L’intérêt de l’outil est de faire sauter aux yeux des situations anormales.

Page 7: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

ACTUALITÉS4 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

> ESPAGNE

IVG: les droits de la femme bafouésLa FGTB s’est jointe à la manifestation du 29 janvier devant l’ambassade d’Espagne à Bruxelles, suivie d’une marche aux flambeaux jusqu’au Parlement européen, pour soutenir le droit à l’avortement des femmes en Espagne et en Europe!

Le 20 décembre dernier, le conseil des ministres espa-gnol a approuvé un projet

de réforme de la loi actuelle sur les droits sexuels et reproductifs. Ce projet de loi constitue un recul dramatique pour la santé et les droits des femmes en Espagne: l’avortement ne sera en effet pos-sible qu’en cas de viol, avec plainte

préalable, ou en cas de grave danger, certifi é par deux médecins, pour la vie et la santé physique ou psychique de la femme enceinte. Il sera également interdit d’avorter en cas de malformation du fœtus et les mineures devront obligatoirement avoir l’autorisation de leurs parents pour interrompre une grossesse non souhaitée.

En dehors de ce cadre très restrictif, tout avortement serait consi-déré comme un crime, ne laissant aux femmes vivant en Espagne que deux possibilités: se rendre à l’étranger – si elles en ont les moyens - pour y bénéfi cier d’un cadre légal et d’un avortement médicalement sûr ou avoir recours à l’avortement clandestin, avec des risques évidents pour la santé.

Avec la décision de son Conseil des Ministres, l’Espagne s’apprête à voter la loi la plus autoritaire et répressive à l’égard des droits des femmes depuis la fi n de la dictature. Pour empêcher ce retour en arrière de 30 ans, les Espagnoles se mobilisent en organisant le 1er février, le «train de la liberté» à destination de Madrid.

La FGTB marque sa solidarité avec toutes les femmes d’Espagne et d’Europe qui doivent faire face à une vague réactionnaire affl uant des quatre coins d’Europe.

> RESSORTISSANTS AFGHANS

La FGTB exige un arrêt immédiat des expulsionsDepuis le début de cette année 2014, deux ressortissants afghans ont été expulsés vers l’Afghanistan, un pays où leur sécurité ne peut être garantie. Le Bureau fédéral de la FGTB en appelle aux autorités belges pour qu’elles mettent fin immédiatement à cette situation indigne.

La FGTB réclame: • la mise en œuvre d’un moratoire sur toutes

les expulsions vers l’Afghanistan en raison de l’insécurité qui y règne;

• l’octroi aux ressortissants afghans d’un titre de séjour provisoire en attendant le réexamen correct de leur dossier.

Les 4 et 14 janvier, Fahim Safi et Surat Khan Nawabzai, deux jeunes ressortissants afghans

ont été expulsés vers l’Afghanistan. Dans chacun des cas, la procédure de réexamen de leur dossier leur a été refusée.

Ces expulsions sommaires ont eu lieu malgré l’engagement pris le 24 décembre dernier par le Premier Ministre et la Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration d’assurer à tout ressortissant afghan le droit à un réexamen rigoureux de son dossier de demande d’asile. Ils ont invité les Afghans à réintroduire individuellement de nouvelles de-mandes d’asile et d’y joindre de

nouveaux éléments concernant notamment l’évolution de la situa-tion dans leur pays d’origine - en proie à des violences depuis des décennies.

Ces expulsions sont indignes d’un Etat de droit comme la Belgique car elles ont comme conséquences de renvoyer ces personnes vers un pays soumis à des confl its depuis plus de 30 ans et où leur sécurité est mise en danger.

En atteste d’ailleurs l’assassinat, il y a quelques mois, du jeune Aref Akhanzada. Après avoir été plusieurs fois débouté dans ses demandes d’asile, Aref avait fi na-

lement décidé de rejoindre l’Afgha-nistan, ce qui lui a été fatal!

De même que le renvoi, en octobre dernier de Navid Sharifi reste, lui aussi, injustifi able. Ce jeune homme est pourtant l’exemple d’une intégration parfaitement réussie (vie sociale, langue, for-mation, travail). Comment dès lors justifi er son expulsion vers l’Afghanistan, pays qui est pour lui un terrain inconnu où il n’y a plus de famille pour le prendre en charge ni perspective d’avenir?

Pour la FGTB, comme pour beau-coup d’autres organisations dé-mocratiques, ces expulsions sont contraires aux conventions internationales et aux droits de l’homme. D’autant plus que la situation des populations civiles reste dangereuse partout dans le pays en raison notamment de la volatilité des confl its. Le retrait des troupes internationales, prévu d’ici un an, risque d’ailleurs d’avoir de graves répercussions et d’aggraver encore de la situation. Dans ces circonstances, il est inhumain et intolérable de mettre en danger la vie de ceux qui ont fui cette in-sécurité.

La FGTB est solidaire avec les res-sortissants afghans qui tentent de faire entendre leurs droits à la sécurité et à la protection depuis des mois dans le cadre d’actions dignes et pacifi ques.

Page 8: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 5ACTUALITÉS

> EMPLOI DE FIN DE CARRIÈRE

Quel impact sur la pension?

Comment calcule-t-on la pension? Le montant de votre future pension est calculé sur base de 60% (isolé) ou 75% (ménage) de votre salaire pour chaque année de travail. Pour un temps plein, on prendra donc 60 % de votre salaire annuel divisé par 45 (puisqu’il faut 45 ans de carrière pour une pension complète). ET on fera de même pour chaque année de travail.Le montant ainsi calculé pour chaque année correspond à 1/45 de votre future pension. L’addition des 45 montants de chaque année de travail donne le montant annuel de votre pension brute complète. Plus votre salaire est élevé, plus votre pension sera élevée mais le salaire de référence est plafonné à 52.760,95e. Tout ce que vous gagnez éventuellement en plus n’est pas pris en compte. Certaines années d’inactivité sont assimilées à du travail sur base du dernier salaire (plafonné). D’autres, comme par exemple la 3e période de chômage, ne sont assimilées que sur base d’un salaire forfaitaire de 22.466,73e quel que soit votre dernier salaire réel.

Les conditions d’accès au crédit-temps pour les travailleurs âgés, appelé aussi «emploi de fin de carrière», ont été considérablement renforcées par l’actuel Gouvernement. On a aussi modifié le système des assimilations. Quel impact sur le montant de votre future pension?

Les conditions d’accès au crédit-temps pour les tra-vailleurs âgés, appelé aussi

«emploi de fi n de carrière», c’est-à-dire la possibilité de réduire son temps de travail de 1/2 ou 1/5e temps jusqu’à l’âge de la retraite, ont été considérablement renfor-cées par l’actuel Gouvernement. La condition d’âge a été portée de 50 à 55 ans. La condition de carrière de 20 à 25 ans.

Nous avons pu arracher par nos actions quelques aménagements: une période de transition pour ceux qui étaient déjà dans le sys-tème et des exceptions notam-ment pour les carrières longues et les métiers pénibles. Mais le nou-veau système a modifi é le calcul des périodes assimilées, c’est-à-dire des périodes qui entrent en ligne de compte pour la fi xation du montant de la pension.

Avant et après 60 ans

Depuis le 1er janvier 2012, les années «d’emploi de fi n de carrière» ne pèseront plus le même poids pour le calcul de votre pension, selon qu’elles sont prises avant ou après 60 ans.

- Les périodes d’emploi de fi n de carrière prises avant 60 ans ne seront plus assimilées que sur base du minimum par année de

carrière, c’est-à-dire un salaire annuel de référence forfaitaire de 22.466,73e (1.872e par mois) pour un temps plein.

- Seul les travailleurs âgés de 60 ans et plus bénéfi cient de l’as-similation complète, c’est-à-dire basée sur leur dernier salaire réel pour deux ans à mi-temps ou 5 ans pour une réduction du temps de travail de 1/5. Ce qui dépasse ces quotas sera assimilé sur base du minimum par année de car-rière cité plus haut.

Exemple:Vous avez 55 ans et vous travaillez à 4/5e pour un salaire de 30.000e (temps plein) et à 1/5e en crédit-temps de fi n de carrière.

Auparavant, le montant de votre pension pour la période de cré-dit-temps de fi n de carrière était calculé sur base de 60% de votre salaire de 30.000e (divisé par 45) soit 400e/an de pension annuelle pour chaque année.

A l’avenir, pour chaque année de crédit-temps avant 60 ans, la pension sera calculée non pas sur votre salaire de 30.000e mais sur le minimum par année de carrière de 22.466,73e. Ce qui donnera pour cette période de réduction du temps de travail une pension de 380e/année de carrière.

Au fi nal, pour 5 ans d’emploi de fi n de carrière avant 60 ans, votre pension annuelle sera réduite de 100e. Bien entendu si votre salaire est plus élevé, la perte sera plus importante. Par exemple, pour un salaire annuel de 45.000e, le 45e de pension correspondant à chaque année sera de 380e au lieu de 600e. Pour 5 ans de crédit-temps avant 60 ans le montant de votre pension annuelle brute sera alors raboté de 1.100e…

Encore une chance…

Ces nouvelles règles valent pour toutes nouvelles demandes ou de-mandes de prolongation à partir du 1/1/2012. Si par contre, vous avez

directement demandé le crédit-temps jusqu’à l’âge de la retraite avant cette date, l’assimilation sera complète.

Compte tenu de la publication tardive de l’arrêté royal, l’ONEM offre aux travailleurs de plus de 55 ans qui ont demandé une pro-longation de leur emploi de fi n de carrière pour une période limi-tée la possibilité de transformer cette demande en demande de crédit-temps jusqu’à l’âge de la retraite. L’assimilation sera alors complète. Mais il faut rentrer sa demande dans les deux mois qui suivent le courrier d’avertissement de l’ONEM.

Les emplois de fi n de carrière à partir de 50 ans pour les métiers pénibles (prévue par une conven-tion collective de travail) restent assimilés à 100% pour le calcul de la pension.

> RÉFORME DES PENSIONS

Plus de pension de survie pour les -45 ansLe Conseil des ministres a approuvé la réforme de la pension de survie que nous avons évoquée dans notre dernière édition de 2013. Pour les veufs ou veuves de moins de 45 ans, la pension de survie est remplacée par une allocation de transition provisoire limitée à 1 an ou deux.

À l’avenir, les veufs et veuves de moins de 45 ans auront droit à une allocation de

transition qui remplacera la pen-sion de survie. Pour les bénéfi -ciaires actuels d’une pension de survie, rien ne change; ils conser-vent leur pension de survie.

L’allocation de transition sert à compenser temporairement la perte fi nancière liée au décès du conjoint. L’allocation de transition qui va être mise en place sera li-mitée dans le temps: un an (sans

enfant à charge) ou 2 ans (s’il y a des enfants à charge). L’allocation de transition pourra être cumulée sans limitation avec un salaire ou une prestation sociale.L’objectif de la réforme est d’inci-ter les jeunes veufs ou veuves à continuer à travailler ou à chercher du travail au lieu de devoir choisir entre soit la pension de survie sur base du droit ouvert par le conjoint décédé (et l’inactivité ou un temps très partiel) soit un travail à part entière avec les droits dérivés qui vont avec.

Aujourd’hui, en effet, les personnes qui perçoivent une pension de survie sont incitées à réduire leur activité professionnelle ou à l’ar-rêter vu que l’on ne peut cumu-ler une pension de survie et un salaire que dans les limites du travail autorisé aux pensionnés pour les moins de 65 ans. Tout ce qui dépasse le plafond est déduit du montant de la pension, voire entraîne sa suppression au-delà de 25% de dépassement.

Mais en optant pour la pension de survie ces veufs ou veuves se constituent moins de droits indi-viduels à la pension pour le futur, ce qui a des effets néfastes à long terme.

L’âge de 45 ans augmentera pro-gressivement, de 6 mois par an pour passer à 50 ans en 2025.

© is

tock

phot

o.co

isto

ckph

oto.

com

Page 9: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

6 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 ACTUALITÉS

Rédaction:

Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles

Nicolas Errante: rédacteur en chef Tél.: 02/506.82.44

Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11

E-Mail: [email protected]

Secrétariat:

Sabine VincentTél.: 02/506.82.45

Service abonnements:

02/506.82.11

Trente ans de politique de genre, qu’en est-il aujourd’hui?L’Université des femmes et le Vrouwenraad organisaient une après-midi d’étude baptisée «Trajectoires professionnelles au regard du genre: trois décennies de politiques». L’occasion de faire le point sur les évolutions en matière d’égalité homme-femme et des progrès encore nécessaires.

Récemment se tenait une après-midi d’étude consa-crée à l’analyse de la car-

rière professionnelle en regard du genre : pensions, métiers, chômage, quelles sont les progrès sociaux accomplis pour les femmes, et quel chemin reste-t-il à parcourir? Plu-sieurs expertes et responsables politiques ont débattu sur le sujet. L’on a notamment évoqué les nom-breux problèmes liés à la dégres-sivité des allocations de chômage, qui malheureusement va faire beaucoup de mal aux femmes. Souvent cohabitantes, elles ver-ront leur allocation diminuer plus vite que celle des chefs de famille. De même, nombreuses sont les femmes qui subissent un emploi à temps partiel non choisi, et qui en cela voient leurs allocations ra-botées si par malheur elles perdent leur emploi. Au fi nal, la discrimi-nation entre hommes et femmes ne se manifeste pas uniquement pas l’écart salarial toujours présent, mais aussi, indirectement, par la situation familiale et le statut de cohabitant.

Trente ans de gender mains-treaming, ou de politique d’éga-lité homme-femme, c’est beaucoup mais ce n’est pas encore assez. Les réalités sociales et politiques dé-montrent encore trop de différence de traitement entre les hommes et les femmes. Le point avec l’in-tervention de Valérie Lootvoet, de l’Univresité des Femmes.

A plusieurs égard, les femmes continuent d’être écartées du mar-ché du travail, même si la part des

femmes actives est grandissante. Le temps partiel, par exemple, «habituellement» attribué aux femmes, est une manière d’écarter ces dernières. Dans les années 70, le travail à temps partiel avait été proposé pour permettre de créer des emplois et ainsi rencontrer les aspirations des travailleurs et surtout travailleuses. Le travail à temps partiel était donc présen-té comme une alternative, mais n’avait pas rencontré un vif succès à l’époque. Pourtant la machine était lancée. Dans les années 80, une modifi cation de la réglemen-tation du chômage vient mena-cer les chômeuses complètes de la perte possible de leurs allocations. A l’heure de trouver un emploi, le temps partiel réapparaît, et devient dès lors une contrainte, imposée. Dans les faits, le TTP est donc ra-rement un choix volontaire. Dans les années 90, l’on a continué à présenter le temps partiel comme un excellent moyen de concilier vie privée et vie professionnelle. Ce «choix» revient cependant toujours aux femmes. 85% des travailleurs à temps partiel sont d’ailleurs des femmes à cette époque. La majorité d’entre elles étant cohabitantes, elles n’ont pas droit aux allocations de garantie de revenus, celles-ci étant tributaires des revenus glo-baux du ménage. Avec, dès lors, un impact non négligeable sur le calcul de la future pension. Les an-nées 2000 n’ont en rien résolu la situation des femmes à temps par-tiel, et il est actuellement presque impossible pour elles de retourner à une activité à temps plein, de par le contexte socio-économique

d’une part, mais d’autre part parce que rien n’est mis en œuvre pour permettre la fameuse conciliation «vie privée-vie professionnelle». Manque de place d’accueil pour les enfants, prix exorbitants des crèches privées, l’ensemble pousse les femmes à conserver une situa-tion qui leur est défavorable.

Féminisation de la conciliation

Dans les faits et même si des gestes sont faits, le partage des responsa-bilités familiales reste inégalitaire, et c’est bien souvent aux femmes de «concilier» leurs carrière et fa-mille. Le sacrifi ce d’un emploi ou de perspectives professionnelles reste souvent à la charge des femmes. Politiquement, les actions pour faire évoluer les choses restent discrètes, tandis que le congé de paternité reste facultatif. Et l’on constate également que 72% des demandeurs de congés spécifi ques (pour garder un enfant malade, soigner un parent, etc.) sont éga-lement des femmes.

Des obstacles à la carrière des femmes

Dès le départ dans la vie active, l’on constate que la situation des jeunes hommes et femmes est dif-férente. En effet, les jeunes fi lles sont moins nombreuses à vivre seules, et ont plus rapidement tendance à vivre en couple, avec enfant, voire à être déjà mono-parentales. La problématique est donc de voir naître un risque pour les jeunes femmes de dépendre fi nancièrement d’un mari/coha-bitant à l’heure où le marché du travail n’est pas favorable.

De même, Valérie Lootvoet dé-nonce le confi nement des femmes dans des emplois non qualifi és. Leur qualifi cation grandissante n’assure en rien une progression de leur positionnement profes-sionnel. Le nombre d’emplois non qualifi és et la demande en la ma-

tière ne diminuant pas, il est donc toujours néecssaire de trouver des candidats à ces postes. Là encore, la tradition prend le dessus, et les femmes conserves de nombreux postes dont le niveau de qualifi -cation est largement inférieur à leur diplôme réel. L’exemple des emplois en titres-services est fl a-grant en la matière. (1)

Enfi n, l’éternel problème de l’écart salarial entre les hommes et les

femmes reste présent malgré les progrès indéniables réalisés ces trente dernières années en l a ma-tière. Politiquement, l’on peut dé-noncer un certain fatalisme quant à cette problématique.

(1) En 2010, 97% des travailleurs en titres-services sont des femmes, et 58% d’entre elles disposent d’un diplôme secondaire supérieur ou plus élevé.

Gender Mainstreaming? Défi nition. Il s’agit d’une discipline de l’esprit qui doit soumettre toute information à une grille de lecture confrontant, en termes d’égalité de genres, toutes les constructions normatives, admi-nistratives ou chiffrées, aux réalités de la vie des femmes et des hommes. (Valérie Lootvoet)

> PACTE DE COMPÉTITIVITÉ

Des mesures positives et d’autres moinsC

omme réclamé par la FGTB, le Conseil des ministres a décidé que les adaptations

des allocations sociales au bien-être seront dorénavant approu-vées automatiquement même si les partenaires sociaux ne rendent pas d’avis unanime (ces dernières années les avis n’étaient pas don-nés dans les temps étant donné les blocages patronaux).

Désormais, tous les deux ans, même sans avis unanime:

• Tous les minima et tous les for-faits seront majorés automati-quement de 2%;

• Les allocations supérieures au

minima seront majorées de 1%;

• Les plafonds de calcul seront re-levés de 2,5%.

Par contre, la FGTB continue à s’op-poser aux nouvelles réductions de cotisations sociales accordées aux employeurs (1,35 MIA) sans garan-tie aucune en termes de maintien ou de création d’emploi, d’investis-sement en formation, innovation ou R&D. Les travailleurs atten-dent encore et toujours un Plan de relance digne de ce nom qui ne passera pas par des cadeaux aux employeurs mais par des investis-sements dans l’économie réelle et la création d’emplois de qualité.

De plus il faut déplorer qu’une partie de ces aides aux entreprises serviront à réduire le coût pour les employeurs du travail de nuit et du travail en équipes au point de les rendre plus intéressante pour l’em-ployeur que le salaire ordinaire.

Autres décisions plus positives

• Le bonus à l’emploi pour les bas salaires est renforcé. Un tra-vailleur touchant un salaire de 1.500 euros bruts par mois béné-fi ciera ainsi d’une augmentation progressive de son salaire de 120 euros nets par an en 2015, en 2017 et en 2019, soit une augmentation totale de 360 euros nets par an

en 2019.

• Les conventions collectives de travail conclues entre les parte-naires sociaux devront intégrer au minimum l’équivalent d’un jour de formation professionnelle continue par travailleur par an.

• La TVA sur l’électricité des parti-culiers est réduite de 21% à 6 % à partir du 1er avril 2014.

Page 10: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 7UNION BELGE DU TRANSPORT

Gilbert De Clercq et sa boîte aux lettres slovaque

En 2010, Abdel Azmy, chauffeur de camion chez transports Gil-bert De Clercq, a été licencié par la fi rme parce qu’il avait osé se plaindre des pratiques de dum-ping social de son employeur.

En 2006, Gilbert De Clercq a créé une société boîte aux lettres slo-vaque et par après mis en chô-mage économique les chauffeurs belges. Les transports ont été re-pris systématiquement par des chauffeurs slovaques et bulgares via la société boîtes aux lettres.

Celui qui dénonce des pratiques véreuses, est licencié abusivement

Lorsqu’Abdel a dénoncé le pro-blème, il a été soudainement mis à pied, en 2010, sous le motif de «raisons économiques». L’UBT a contesté ce licenciement devant le Tribunal du Travail. Dans un premier temps, l’employeur a eu raison, mais en appel, Gilbert De Clercq a été condamné car le li-cenciement d’Abdel pour raisons économiques était totalement injustifi é et donc arbitraire.

> TRANSPORT ROUTIER & LOGISTIQUE

La cour du travail rejette le licenciement d'un délégué UBT qui a dénoncé le dumping socialLa société de transports Gilbert De Clercq de Saint-Nicolas a été condamnée, le 8 janvier 2014, pour avoir licencié abusivement un travailleur qui avait dénoncé l'organisation de dumping social par l'entreprise.

Le nombre de chauffeurs slo-vaques et bulgares chez Gilbert De Clercq a sensiblement augmenté au cours des années écoulées. Cela au détriment des chauffeurs belges qui ne représentent plus encore qu'un petit pourcentage des travailleurs qui exécutent des transports.

Frank Moreels, Secrétaire fé-déral UBT Transport routier & Logistique: «Il a fallu beaucoup de temps avant que le verdict tombe dans ce dossier, mais nous sommes heureux que la Cour re-connaisse maintenant qu’un em-ployeur belge ne puisse pas mettre ses gens à la porte gratuitement. Nous sommes toujours convain-cus qu'Abdel a été mis à la porte parce qu'il a dénoncé le dumping social. Nous appuyons Abdel dans sa résistance contre l'engagement de chauffeurs à bas prix en prove-nance de l’Europe de l’Est».

L’UBT espère aussi que l'ONEm contestera cet abus du régime de chômage économique. En effet, la Cour du Travail a jugé que l'acti-vité économique chez Gilbert De Clercq s'est justement étendue au moment où des chauffeurs de l'Europe de l'Est ont été engagés via la fi rme boîte aux lettres et où des chauffeurs belges ont été mis en chômage économique.

Encore aujourd'hui du dumping social chez Gilbert De Clercq

Il y a quelques semaines, l'UBT et

les collègues de FNV Bondgeno-ten ont accusé ensemble la même entreprise dans le cadre des trans-ports exécutés pour IKEA. L'enga-gement de chauffeurs de l'Europe de l'Est à des prix dumping expulse les concurrents de bonne foi du marché. Cet arrêt renforce la posi-tion de l'UBT et devrait faire réfl é-chir IKEA. Sur notre page Facebook UBT-FGTB Transport et Logistique vous trouverez également un pe-tit fi lm dans lequel on révèle en détail comment Gilbert De Clercq engage les chauffeurs de l'Europe de l'Est pour les transports d'IKEA.

h t t p : / / w w w . y o u t u b e .c o m / wat c h ? v = w v y B R a E _U78&feature=youtu.be

Ils viennent de l'Est, eux s'établissent à l'Est

Dans le passé, nous avons déjà pu-blié deux livres noirs:«Ils viennent

de l'Est, eux s'établissent à l'Est». Dans ces livres noirs nous décri-vons en détail comment fonction-nent les constructions boîte aux lettres. Pour rassembler l'infor-mation concernée nous sommes allés plusieurs fois sur place à Bra-tislava, capitale de la Slovaquie. La fi rme boîte aux lettres de Gilbert De Clercq a d'ailleurs déjà été men-tionnée dans notre livre noir! Et à la même adresse que celle de Gilbert De Clercq nous avons dé-couvert encore cinq fi rmes boîte aux lettres d'autres entreprises belges.

Vous êtes intéressé(e)? Demandez un exemplaire via [email protected] ou téléphonez à notre Ligne rouge: 03/224 34 37.

L'UBT continuera à dénoncer ces pratiques véreuses.

Mémorandum Transport routier et LogistiqueJohn Reynaert du Secrétariat fé-déral a présenté le Mémorandum. Ce dernier énumère tous les points que l'UBT considère primordiaux en 2014.

Ainsi l'UBT milite pour une Europe plus sociale, sans dumping social, et accorde une place centrale à la formation et à la sécurité. Sont évi-demment aussi mis en vedette les points suivants: l'élimination ulté-rieure des discriminations entre ouvriers et employés, une politique de transport plus coordonnée sans davantage de fragmentation, des contrôles plus sévères sur le travail intérimaire, la formation et la sé-curité, la sécurité d'emploi.

2014 devient une année cruciale. D'où l'UBT a consacré beaucoup de temps à la rédaction d'un Mémorandum. Dans ce mémorandum nous énumérons tous les sujets qui méritent une attention particulière et pour lesquels nous nous engagerons cette année.

Et ces sujets, ils sont nombreux. L'UBT continuera à lutter contre le dumping social et à militer pour plus de respect à l'égard de tous les travailleurs dans le secteur du transport et de la logistique. La formation et la sécurité occupent une place centrale, ainsi que la sécurité d'emploi. Dans le Mémorandum vous pourrez lire également notre point de vue concernant le travail intérimaire.

Voilà pourquoi nous adressons notre Mémorandum explicitement au monde politique. Pour rendre clair aux politiciens et politiciennes quels sujets le Groupe professionnel Transport et Logistique considère comme primordiaux! Car, le 25 mai, des élections pour les gouver-nements régional et fédéral, ainsi que pour le Parlement européen, auront lieu. Il est superfl u de dire que le résultat de celles-ci sera d'une importance prépondérante pour certains de nos points d'attention!

Vous pouvez lire notre Mémorandum sur notre site web www.ubt-fgtb.be et notre page Facebook UBT-FGTB Transport et Logistique.

Vous préférez un exemplaire en papier? Téléphonez alors à notre Ligne rouge 03 224 34 37. Vous pouvez également envoyer un e-mail à [email protected].

Memorandum transport routier & logistique

Réunion des militants UBT Flandre Occidentale

L'UBT adresse ce mémorandum au monde politique entier. En effet, le 25 mai, des élections auront lieu pour les Parlements européen, fé-déral et régional.

Yes We Can!Frank Moreels, Secrétaire fédéral Transport routier et Logistique, a fait rapport des négociations col-lectives récentes dans les divers secteurs.

E.a. grâce à l'action menée aux bureaux de l'UPTR à Courtrai, le 18 décembre, un accord a quand même pu être conclu dans le sous-secteur du transport routier et de la logistique le lendemain, après une réunion marathon. L'annua-lisation, revendication absolue

des employeurs, suite à laquelle des heures supplémentaires ne seraient tout simplement plus payées, a été rejetée.

En ce qui concerne le secteur des bus et cars, les négociations se sont déroulées un peu plus faci-lement. Un accord a été atteint assez vite, e.a. sur l'augmentation du deuxième pilier de pension et la prolongation de la CCT prépension. Un accord existe déjà également dans le sous-secteur de l'assistance aux aéroports, mais pour les sous-secteurs des déménagements et des taxis les pourparlers doivent encore commencer.

Halte au dumping social!La pétition contre le dumping so-cial a déjà été signée par plus de 2.000 sympathisants. En mars, elle sera remise à Siim Kallas, le Com-missaire européen responsable pour le secteur du transport. Des bracelets rouges «stop dumping social» sont également disponibles.

Les efforts effectués par le Se-crétaire d'Etat à la Lutte contre la Fraude John Crombez ont été commentés par son collaborateur de cabinet Andries Vienne. Bon nombre de mesures importantes ont déjà été prises. Introduction de la responsabilité solidaire, inspec-tions sur les faux indépendants,… Suite à l'engagement de 16 inspec-teurs supplémentaires, davantage

de contrôles auront lieu sur le ter-rain en 2014. Lors de ces contrôles on vise surtout les secteurs sen-sibles à la fraude: le transport, le bâtiment et la transformation de la

viande. Afi n de démotiver des em-ployeurs frauduleux, les amendes sont augmentées sensiblement. Et justice traitera les dossiers «fraude sociale» avec priorité.

Le samedi 18 janvier, les militants de l'UBT Flandre occidentale se sont réunis au Roodhof à Oostkamp. Une réunion captivante!

Abdel Azmy avec le Secrétaire fédéral Frank Moreels pendant une action du Syndicat de Transport européen ETF.

Page 11: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

DOSSIER8 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

LE PROJET D’ACCOJEUNE ET CHÔMEUR

«Vous avez un message»…En février et mars les convocations de l’ONEM pour un contrôle de disponibilité des chômeurs vont pleuvoir: en plus des contrôles déjà en cours pour les chômeurs indemnisés jusqu’à 54 ans, les jeunes qui se sont ins-crits pour la première fois à partir de juin 2013 comme demandeurs d’emploi et qui sont en stage d’insertion professionnelle non encore indemnisé vont devoir passer un premier entretien puisqu’ils entrent dans le 7e mois de leur inscription comme demandeur d’em-ploi; puis un autre après le 11e mois. Et puis encore et encore pour espérer toucher quelque argent si tout se passe bien…

FAQ (frequently asked questions) Moi aussi? Mais je n’ai pas encore reçu un cent du chômage…Même si vous êtes encore en stage d’insertion sans aucune indemnité, vous serez convoqué à partir du 7e mois de votre inscription pour vérifi er si vous avez cherché activement un emploi. Vous serez convoqué une seconde fois à partir du 11e mois. Est-ce que je suis obligé d’y aller?L’entretien d’évaluation est obligatoire et il faut y aller en personne. Il est possible de reporter le rendez-vous en cas d’empêchement mais pas d’y échapper. Et si je n’y vais pas?En cas d’absence injustifi ée, il y aura sanction sous la forme d’une éva-luation négative qui entraînera une suspension de l’indemnisation ultérieure, c’est-à-dire d’un retard dans toute la procédure et donc dans le paiement ultérieur des allocations. Comment s’y préparer? Pas de panique. Il faut juste avoir un peu d’ordre et bien conserver des traces de toutes les démarches faites pour trouver de l’emploi: copies de mails et de lettre, prints de sites visités, réponses des employeurs s’ils en prennent la peine ou à défaut leur demander une attestation… Attention: la période d’évaluation commence à partir du mois qui suit l’inscription à l’ONEM.Quelle aide puis-je recevoir?Vous pouvez vous faire accompagner par un parent, un avocat ou d’un accompagnateur de la FGTB. Renseignez-vous auprès de la Régionale FGTB près de chez-vous. L’inscription comme «jeune-FGTB» est gratuite et vous donne accès aux services de la FGTB, dont l’accompagnement. La FGTB peut le cas échéant apporter une aide juridique.Comment se passe un entretien? Un «facilitateur» c’est-à-dire un fonctionnaire de l’ONEM vous demandera ce que vous avez fait pour trouver du travail. En principe une déclaration sur l’honneur pourrait être admise pour chaque preuve manquante «si elle est précise et crédible» et vérifi able. Mieux vaut donc ne pas s’em-barquer sans biscuits… Au terme de l’entretien, le facilitateur donne une appréciation positive ou négative. Que se passe-t-il ensuite?Si l’évaluation est positive, il y aura un second entretien à partir du 11e mois à dater de votre inscription comme demandeur d’emploi. Il faut deux évaluations positives pour pouvoir toucher son allocation d’insertion après les 12 mois de stage.Et si j’ai une évaluation négative?Pour toucher son allocation après le stage d’insertion, il faut deux évalua-tions positives aux contrôles du 7 et du 11e mois. Si la première évaluation est négative, il faut que la 2e et la 3e qui aura lieu le 13e mois soient positives pour toucher ses allocations à partir du 14e mois. Si la première évaluation est positive et la seconde négative: convoca-tion le 17e mois. Si l’évaluation est positive, les allocations suivront le mois suivant. Et ainsi de suite: chaque évaluation négative retardera le paiement des allocations tant qu’on n’a pas deux évaluations positives.Et si je travaille déjà ou si j’ai travaillé?Si vous travaillez déjà, pas de souci. C’est la preuve que vous avez cherché et trouvé. En principe l’ONEM devrait en être informé et ne pas vous convoquer. S’il l’a fait c’est qu’il n’est pas au courant et vous devez donc répondre présent et prendre contact avec l’ONEM. Même si le job n’est que temporaire, cela reste un bon point mais cela peut aussi valoir une évaluation positive si le travail couvre une période de 4 mois (104 jours de travail éventuellement en plusieurs morceaux) sur une période de 14 mois et même deux évaluations positives si l’emploi dure 8 mois. En cas de perte de cet emploi, vous aurez droit aux alloca-tions d’insertion après les 12 mois de stage mais pas aux allocations de chômage ordinaires auxquelles on n’a droit que si on peut justifi er de 312 jours de travail sur une période de 21 mois.

Depuis 2004, les chômeurs in-demnisés doivent rendre des comptes sur leurs recherches

d’emploi. La procédure a été au fi l du temps étendue jusqu’à l’âge de 54 ans.

A partir de cette année, le contrôle a aussi été étendu dans l’autre sens: les jeunes qui on quitté l’école en juin 2013 et qui sont en stage d’insertion pendant 12 mois doivent aussi pas-ser au contrôle avant même d’être

indemnisés à raison d’un entretien tous les 6 mois.

Ceux qui ont déjà été convoqués sa-vent à quoi s’attendre. Mais ceux qui vont se présenter pour la première fois sans accompagnement risquent d’avoir des surprises. L’ONEM peut en effet leur demander de prouver leurs recherches d’emploi depuis le mois qui suit l’inscription à l’ONEM. Ces jeunes n’ont peut-être pas pensé à conserver des preuves ou ne savent pas comment construire un dossier solide pour l’ONEM.

Le résultat est couru d’avance: au premier semestre 2013, 45% des per-sonnes convoquées à un premier entretien on reçu une évaluation négative.

Les chiffres469.237 chômeurs concernés par la procédure dispo

dont: • 208.000 -30 ans • 134.000 30-39 ans • 127.000 40-49 ans

1.290.610 lettres d’avertissement envoyées depuis le début de la procédure (2004)

45% d’évaluations négatives au 1er entretien (sur 654.000 contrôles) 37% d’évaluations négatives au 2e entretien avec limitation de l’allocation (sur 196.000 contrôles)47% d’évaluations négatives avec exclusion au 3e entretien (sur 36.000 contrôles)

14.008 sanctions «dispo» pour le 1er semestre 2013. S’y ajoutent 8.000 sanctions hors du cadre du contrôle de disponibilité.

> CHÔMAGE DES JEUNES

1 an de travail pour 4 ans de galère?En ce qui concerne le chô-mage des jeunes, la Bel-gique n’est pas la plus mal placée au sein de l’Union Européenne, et en particu-lier les pays du Sud, frap-pés par la crise de la dette et des plans d’austérité drastiques, mais d’autres pays font beaucoup mieux. En cause, le manque d’em-plois, bien sûr, mais aussi le nombre important de jeunes pas assez qualifi és par rapport aux exigences du marché. La moyenne belge du chômage des jeunes cache une forte disparité entre les régions. Les taux de chô-mage des moins de 25 ans sont selon l’IRES (UCL) respectivement de 35% à Bruxelles et 30% en Wallonie contre 13% en Flandre.

Même si la crise a accentué la ten-

Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans en 2012

UE28 23,0%Grèce 55,3%

Espagne 53,2%Portugal 37,7%

Italie 35,3%Irlande 30,4%Pologne 26,5%France 24,6%Suède 23,7%

Royaume-Uni 21%Belgique 19,8%

Luxembourg 18%Pays-Bas 9,5%Autriche 8,7%Norvège 8,6%

Allemagne 8,1%

dance, le chômage des jeunes en Belgique est structurel. L’explication réside dans le niveau de qualifi ca-tion de ces jeunes. Les plus qualifi és arrivent sur le marché de l’emploi à un âge plus avancé et échappent donc largement aux statistiques de chômage des jeunes de moins de 25 ans. La faible qualifi cation – princi-palement à Bruxelles - est aussi liée à la proportion de jeunes issus de

l’immigration.

Même si des études supérieures don-nent de meilleures chances ce n’est pas pour autant la joie pour les jeunes diplômés: ceux-là, selon l’IRES, peu-vent espérer avoir du travail pendant 3 ans dans les cinq premières années de leur carrière. Pour les moins quali-fi és qui sortent de l’école, cet espoir se limite à 1 an de travail sur 5 ans…

Le chômage en Wallonie

Le chômage à Bruxelles

Source: Eurostat, Enquête communau-taire sur les forces de travail- 2013

Page 12: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 9DOSSIER

ORD INTERPROFESSIONNEL

Eternelle jeunesse…Etre encore au chômage plus de 3 ans après avoir quitté l’école, voire 3 ans après ses 30 ans, est-ce que cela ne relève pas de la mauvaise volonté?

Des jeunes, et pas seulement…Antoine Thioux est animateur jeunes à la FGTB Charleroi. Dans sa régionale, des jeunes qui sont menacés d’être expulsés du chômage, il y en a beaucoup. Car la région souffre d’un taux de chômage élevé, et les jeunes ne sont pas épargnés. La régionale FGTB organise de multiples séances d’information. Mais alors qu’à l’origine elles devaient être dédiées aux personnes en fi n d’études ou tout juste diplômées, Antoine s’est rapidement aperçu qu’un autre public l’attendait…

«Nous rencontrons régulièrement toute une série de gens qui n’ont jamais pu ouvrir leur droit au chômage sur la base du travail, car, tout simplement, ils n’ont pas travaillé assez de jours depuis leur sortie d’école… Nous avons là des femmes, parfois seules avec enfants, des gens qui n’ont connu que des contrats à temps partiel… En réalité, vu la pénurie d’emploi et l’extrême fl exibilité exigée par les employeurs, il est devenu très diffi cile d’ouvrir le droit au chômage sur la base du travail. On punit donc des gens qui travaillent ou qui ne demandent qu’à travailler».«On essaie de nous faire croire que le but est de remettre des jeunes au travail. Je pourrais l’admettre si l’on était dans une période de plein emploi. Ici, à Charleroi, le taux de chômage se situe entre 25 et 30%»Antoine Thioux craint que cet acharnement à l’encontre des jeunes chômeurs ne fasse naître, à juste titre, un sentiment de révolte qui pour-rait s’exprimer d’une mauvaise manière. «On met en place un système massif de répression. On organise une véritable casse sociale parmi les jeunes, mais si un mouvement de grogne s’organise, on leur impose des sanctions administratives, des amendes. Toute révolte de la jeunesse sera muselée. C’est comme ça qu’on voit des jeunes se tourner vers des idées extrêmes, parce que les partis démocratiques ne répondent plus à leurs questions…»

«Pourtant, moi, je voudrais travailler!»Kevin est considéré comme un «MMPP», c’est-à-dire de-mandeur d’emploi ayant un problème psychiatrique, psychique, mental ou médical. Il se retrouve dans la même «catégorie» que les demandeurs d’emploi ayant une aptitude de travail réduite (incapacité de travail de 33%) et risque de perdre son allocation d’insertion.

«Je suis mal à l’aise dans un environnement bruyant. Je ressens un stress qui me rend malade au point de ne pas pouvoir effectuer un trajet entre mon domicile et mon lieu de travail et de ne pas pouvoir m’adapter dans un lieu de travail. Le VDAB et GTB (ndlr. Services qui encadrent les personnes qui présentent un handicap du travail) m’ont fi nalement considéré comme demandeur d’emploi impossible à placer. Compte tenu de mes limitations, on me dit qu’on ne peut pas m’aider à trouver un emploi et dans les faits, je ne reçois plus aucun accompagnement. Alors que j’avais une attitude très positive et que je collaborais toujours avec ces services pour trouver un emploi. Je n’ai pourtant pas cessé de dire que je voulais absolument travailler!»

«Un premier contrôle de l’ONEM s’est avéré positif, mais si en mars 2014, l’ONEM vient à constater lors du 2ème contrôle que je n’ai pas fait suffi samment d’efforts pour trouver un emploi, je peux être directement suspendu et je me retrouverai sans allocations. On me dit donc que je suis un demandeur d’emploi impossible à placer ou qu’en fait, je ne peux pas travailler, mais donc aussi que je ne veux pas travailler ou que je fais trop peu d’efforts!»

Non, c’est la réglementation du chômage: si on n’aligne que des contrats temporaires entrecoupés de périodes de chômage, on peut rester «chô-meur admis sur base des études» toute sa vie. Le crédit de 36 mois d’allocations d’insertion peut en effet être prolongé à due concurrence par des périodes de travail (9 mois de travail = une prolongation de 9 mois du droit aux allocations d’insertion) mais si on retombe au chômage après ces périodes, on reste «chômeur sur base des études». Si on a moins de 36 ans, et que l’on n’ a pas trouvé un emploi stable, pour sortir du statut «article 36» qui encadre les allocations d’insertion professionnelle et être un demandeur d’emploi «ordinaire», c’est-à-dire indemnisable sans limitation dans le temps des droits (mais bien avec une dégressivité des allocations) il faut pouvoir justifi er d’un certain nombre de jours de travail sur une période de référence donnée: • soit 312 jours au cours des 21 mois précédant la demande;• soit 468 jours au cours des 33 mois précédant la demande;• soit 624 jours de travail au cours des 42 mois précédant la demande.

> HORIZON 2015

55.000 jeunes chômeurs sur un siège éjectable

A partir du 1er février c’est un autre genre de courrier qui risque d’arriver – si ce n’est déjà fait - dans les boites aux lettres des jeunes demandeurs d’emploi. Suite à la réforme du stage d’attente, le bénéfi ce des allocations d’insertion est limité à 3 ans à compter du 1er janvier 2012. Ceux qui n’auront pas trouvé de boulot entre-temps - ou travaillé assez pour reculer l’échéance – seront exclus du chômage. Selon nos estimations sur base de nos dossiers chômage, 55.000 jeunes pour tout le pays risquent de passer à la trappe à partir du 1er janvier 2015.

Si vous avez moins de 30 ans et que – malgré vos recherches actives et in-fructueuses – vous êtes toujours sans emploi et bénéfi ciez d’une allocation d’insertion en tant que cohabitant, vous serez exclu du chômage après 3 ans.

Une première cohorte de jeunes

sans emploi va tomber dès le 1er janvier 2015. Ceux qui au 1er janvier 2012 étaient déjà au chômage avec une allocation qui s’appelait alors «d’attente» seront dans le cas. Ceux qui se sont inscrits dans le courant 2012, tomberont à leur tour dans le courant de 2015.

• Le droit à l’allocation d’insertion peut toutefois être prolongé:

• par un travail à temps plein comme travailleur salarié, fonc-tionnaire ou indépendant;

• par la reprise d’études de plein exercice (sans allocations);

• un travail à temps partiel avec maintien des droits mais sans allocation de garantie de revenus.

Je suis chef de ménage ou isolé?La limitation à 3 ans de l’allocation d’insertion ne court qu’après votre 30e anniversaire si vous êtes isolé, chef de ménage ou «cohabitant pri-vilégié» c’est-à-dire avec un-e parte-naire qui ne dispose aussi que d’un revenu de remplacement. Mais après 3 ans, c’est l’exclusion.

Une formation qui ne sauve pasJonathan vient d’avoir 22 ans et est originaire de Charleroi. Après ses études secondaires, il a tenté des études supérieures, sans succès. Il a alors cherché du travail. En vain malgré son diplôme de technicien en infographie. «J’ai donc élargi le champ de mes recherches et j’ai pos-tulé dans la vente, dans l’horeca. Mais je n’avais pas d’expérience dans ces secteurs-là.» Il n’a rien trouvé.Après quelques mois, Jonathan décide de se réorienter. Il s’inscrit à 19 ans à l’IFAPME, système d’enseignement pour adultes qui forme à divers métiers et amène les apprenants à pouvoir ouvrir leur propre entreprise après trois ans de formation. Le tout est accompagné de stages, rémunérés ou non en fonction des conventions. Kevin se lance dans la coiffure, et trouve immédiatement un stage, où il œuvre bénévolement, selon des horaires très fl exibles… «Immédia-tement, j’en ai parlé au Forem, et j’ai

compris que cela ne me dispensait pas de chercher un emploi. Ça m’a découragé… Je n’ai pas de voiture, je me rends aux cours à pieds, tout comme sur mon lieu de stage. Ce n’est pas très loin, mais ça me prend du temps. Combiner un emploi à temps plein avec ces activités est pour moi impossible, puisque je dois parfois me rendre sur mon lieu de stage le matin ou en milieu d’après-midi! Mais on m’a fait comprendre que ça ne «valait» pas, et que si j’avais une autre opportunité de devais mettre ma formation de côté. Ce que je ne souhaite pas faire, surtout à l’heure actuelle, je ne vais pas gâcher trois ans.» Son premier entretien à l’Onem, Jo-nathan le rate. «Je n’avais pas «assez» postulé. Je ne savais pas qu’il y avait un nombre minimum de C.V. à en-voyer! Je croyais aussi que le fait que je me forme à un métier et réussisse

mes stages et examens aurait pu me sauver la mise, mais pas du tout. J’ai donc été soumis à un contrat de l’ONEM. Aujourd’hui, je dois rendre le fameux dossier écrit qui déterminera si mes recherches ont été suffi santes pour les six derniers mois… Je crois que oui, je l’espère. J’ai postulé par-tout. Dans tous les supermarchés, les cafés, les friteries, divers maga-sins. Une quarantaine d’endroits, sans doute. J’ai reçu trois réponses, toutes négatives. J’ai gardé toutes les preuves. A l’heure actuelle j’attends de terminer ma formation (en juin de cette année, NDLR), pour pouvoir réellement me lancer dans la coiffure. J’espère que l’ONEM aura la patience d’attendre… J’espère aussi trouver un emploi rapidement, car j’ai déjà reçu ma lettre: je perds mes allocations d’insertion en juillet 2015. Si c’est le cas, je ne sais pas ce que je ferai…»

> KEVIN NOELS, 31 ANS, TESSENDERLO

© is

tock

phot

o.co

m

Page 13: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

10 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

> POINT DE VUE

Un même préavis pour tousDepuis le 1er janvier, la loi sur l’harmonisation des délais de préavis et le jour de carence des ouvriers et des employés est d’application. En ce qui concerne cette première étape vers un seul et même statut pour tous les travailleurs, nous avons toujours affi rmé que le gouvernement a élaboré une législation globalement positive, mais que celle-ci contient encore des discriminations inacceptables.

En matière de délais de préavis, les exceptions prévues sont indigestes. Notre syndicat a expressément demandé que le dossier soit revu, ce que le gouvernement a refusé de faire. Nous n’en restons pas là.

Nous avons déjà fait savoir que les travailleurs de la construc-tion sont sévèrement lésés. Mais il ne s’agit pas uniquement des travailleurs de la construction. Et il n’y a pas qu’une seule pierre d’achoppement, il y en a deux.

D’un côté, il y a pour 13 secteurs une exception transitoire sur les préavis jusque fi n 2017. Pour la Centrale Générale de la FGTB, cela concerne la construction, la transformation du bois, l’habillement et la confection, le cuir, la récupération de chiffons et le diamant. Les initiés savent qu’il s’agit de secteurs qui avaient déjà auparavant des préavis plus courts que ceux prévus dans la CCT 75. De très nombreux travailleurs de ces secteurs verront à peine une amélioration pendant quatre ans. Cela varie au cas par cas, mais il est possible pour un travailleur avec 7 ans d’ancienneté d’être licencié avec 6 semaines de préavis, alors qu’avec la nouvelle législation, il devrait pouvoir bénéfi cier comme tout le monde de 24 se-maines de préavis. Même s’il s’agit de mesures transitoires, la différence est trop grande, des milliers de travailleurs sont solidement tirés vers le bas. Nous ne l’acceptons pas. Dans ces secteurs, nous mettons tout en œuvre pour supprimer cette nouvelle discrimination via les CCT. Et d’ailleurs pour le secteur de la récupération des chiffons, ça a déjà marché comme vous pouvez le lire ci-contre.

A côté de l’exception transitoire, il reste un groupe important de travailleurs qui sont exclus à jamais de la nouvelle régle-mentation d’harmonisation des préavis. Parmi eux, nous avons les ouvriers de la construction, mais aussi les travailleurs du bois. Parce qu’il s’agit de travailleurs qui sont toujours actifs sur des chantiers temporaires et mobiles. Autrement dit, des chantiers de construction. Cela englobe les travaux d’exca-vation, de voiries, les nouvelles constructions, les travaux de peinture, pour ne citer que quelques exemples. Leurs préavis restent honteusement bas. Pour eux, les 6 semaines après 7 ans d’ancienneté dont nous venons de parler restent 6 se-maines. Pour toujours.

Nous avions prévenu que nous contesterions de telles discri-minations fl agrantes jusqu’au bout. C’est ce que nous faisons. Nous allons à la Cour Constitutionnelle afi n de demander la suppression de ces exceptions. La FGTB et d’autres centrales professionnelles en feront par ailleurs de même, et idéalement avec la CSC.

L’harmonisation des statuts est là pour supprimer les discrimi-nations, pas pour en créer de nouvelles. Par notre démarche, nous signalons clairement que nous ne tolèrerons aucune nouvelle inégalité dans la poursuite de l’harmonisation des statuts des ouvriers et des employés.

27 janvier 2014

Paul Lootens Alain ClauwaertSecrétaire général Président

Des accords dans le commerce du bois, la récupération du textile et le diamantDepuis plusieurs mois déjà, nous vous tenons régulièrement informés sur les conventions collectives de travail conclues pour les secteurs de la Centrale Générale de la FGTB. Voici les dernières conventions conclues jusqu’à présent. Si vous désirez avoir un aperçu de toutes les conventions, rendez-vous sur notre site www.accg.be.

Nouveau régime RCC «métiers lourds» pour le commerce du bois

Après de longues et diffi ciles né-gociations, un accord a fi nalement pu être atteint pour le secteur du commerce du bois pour 2013-2014.Un des points essentiels de cet accord est sans aucun doute l’ins-tauration d’un nouveau régime de chômage avec complément d’en-treprise (RCC – anciennement pré-pension). Il s’agit du RCC «métiers lourds»: 58 ans après 35 ans de car-rière dont 5 (7) ans dans un métier lourd pendant les 10 (15) dernières années; sur base des mêmes condi-tions et avantages sectoriels: soit une ancienneté de 10 ans dans les entreprises des sous-secteurs 125, soit avoir reçu 7 avantages sociaux pendant les 10 dernières années. Soit un complément d’entreprise forfaitaire minimum de 120e/mois.

Les indemnités sécurité d’exis-tence en cas de maladie/accident du travail et chômage temporaire augmentent de 5,62 % au 1er janvier 2014; ces indemnités s’élèvent dé-sormais à 5,58e/ jour.

Signalons aussi la modifi cation de la période de référence pour le calcul de l’avantage social. Elle va désormais du 1er juillet de l’année précédente jusqu’au 30 juin de

l’année de l’octroi. Une modifi ca-tion qui favorise les travailleurs puisque de cette manière, le sa-laire indexé pèse davantage sur le calcul.Enfi n, l’octroi des éco-chèques sera intégré dans une CCT à durée in-déterminée séparée.

Préavis plus longs dans la récupération de chiffons

Dans le secteur de la récupération de chiffons, un accord séparé a été conclu pour les préavis. Il est d’ap-plication depuis le 1er janvier. En théorie, le secteur tombait sous les exceptions en matière d’harmoni-sation des préavis pour ouvriers et employés.

En clair, les préavis pour ce secteur devaient durant encore 4 ans être beaucoup plus courts. Ce n’est qu’à partir de 2018 que les ouvriers au-raient pu bénéfi cier des préavis plus longs. Ca ne sera pas le cas. Il a été convenu que le secteur ne ferait pas usage de cette excep-tion et qu’il passerait directement au nouveau système général des préavis. C’est une excellent chose pour les travailleurs, une très belle réalisation du syndicat.

Le diamant augmente la cotisation au fonds sectoriel de pension de 1%Dans le secteur du diamant aussi,

un accord a pu être trouvé. Comme dans les autres secteurs, les né-gociations ont été sérieusement compliquées pas les restrictions imposées par le gouvernement en matière de gel des salaires. Voici les principaux points de cet accord.

En matière de pouvoir d’achat, l’avancée la plus signifi cative est certainement l’augmentation de la cotisation patronale au fonds sectoriel de pension de 1% pour tous depuis le 1er janvier 2014.

Des accords sur la formation, les frais de déplacement, la prime d’ancienneté, les allocations sup-plémentaires de chômage pour les plus de 50 ans, les chèques-re-pas et les chèques cadeaux ont été conclus jusque fi n 2015.

Une CCT de fi xation des droits sera conclue pour l’année 2014. Elle permettra aux travailleurs de verrouiller leur droit à la prépen-sion à 58 ans ou 60 ans.

Les conséquences concrètes en matière d’harmonisation des sta-tuts seront discutées au sein d’un groupe de travail paritaire, ainsi qu’une éventuelle amélioration de la prime à l’emploi.

Et pour être complet, les trois conventions collectives de travail suivantes avaient déjà été conclues pour le secteur. Tout d’abord la CCT régime de chômage avec complé-ment d’entreprise (RCC) pour les travailleurs âgés de 56 ans avec 40 ans de carrière; ensuite la CCT jours de congés supplémentaires pour les travailleurs de plus de 56 ans; et enfi n la CCT pour le système de pension sectoriel avec une hausse de 2 à 8 % pour les travailleurs de plus de 56 ans.

Page 14: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 11

Offre d’emploiLa Centrale Générale de la FGTB engage à court terme un responsable du personnel (H/F) bilingue. L’offre complète se trouve sur le site www.accg.be.

La fonction:Etablir une politique des Ressources Humaines qui s’inscrit dans la mission, la vision et les objectifs de l’organisation. Le candidat doit être capable d’établir et d’implémenter des processus pour les divers domaines RH, notamment le fonctionnement, la formation, le recrutement et la sélection, les conditions de travail, l’évolution de carrière, la gestion du département payroll. Le responsable du personnel joue aussi un rôle capital dans les relations sociales au niveau du CPPT, CE et Délégation Syndicale.

Votre profi l: • diplôme universitaire ou enseignement supérieur de préférence

en sciences humaines;• expérience en Ressources Humaines et connaissance approfondie

de la législation; sociale• connaissance standard de MS Offi ce.

Offre: • un environnement de travail agréable et une équipe de collègues

enthousiastes;• un salaire attractif et des avantages extra-légaux;• une voiture de société.

Intéressé(e)?Envoyez-nous votre curriculum vitae et votre lettre de motivation par e-mail, au plus tard pour le 28 février 2014, avant 17h à: [email protected] ou par courrier à La Centrale Générale de la FGTB, à l’attention de monsieur Alain Clauwaert, Président, Rue Haute 26/28 – 1000 Bruxelles.

En grève depuis le 24 dé-cembre, les travailleurs de l’habillement, un des plus

puissants secteurs du Cambodge, revendiquent une hausse consé-quente de leur salaire et des condi-tions de travail dignes de ce nom. Ils perçoivent actuellement 74e par mois alors qu’il leur faudrait au minimum 118e pour subvenir à leurs besoins essentiels. Or, le gou-vernement ne leur propose qu’une augmentation de 11e. Un véritable scandale pour ces travailleurs qui permettent au secteur de brasser quelque 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.

> TRAVAILLEURS DE L’HABILLEMENT EN GRÈVE

Exploitation et violence au CambodgeComme syndicat, c’est une information que nous détestons devoir partager. Les libertés syndicales que nous connaissons sont encore et toujours bafouées à travers le monde. Cette fois, c’est au Cambodge que des manifestants ont eu pour seule réponse à leurs revendications une violente répression. Et les conséquences sont tragiques. 4 grévistes au moins ont perdu la vie et 37 ont été blessés à des degrés divers. D’autre part, 23 syndicalistes sont maintenus depuis lors en détention.

La grève a connu une issue déplo-rable le 3 janvier. Selon les informa-tions qui fi ltrent, 4 manifestants auraient été tués lors d’assauts me-nés par la police et 37 autres griè-vement blessés. Dans la foulée, 23 syndicalistes ont été arrêtés et des mandats d’arrêt ont été délivrés à l’encontre de plusieurs dirigeants syndicaux.

Stop à la violence

Face à cette violation des droits syndicaux, les fédérations syndi-cales internationales IndustriALL et Confédération Syndicale Inter-nationale ont décidé d’unir leurs

forces pour une mission syndicale internationale qui s’est rendue au Cambodge du 10 au 13 janvier. Sha-ran Burrow, la Secrétaire générale de la CSI a déclaré que «Le gou-vernement cambodgien doit re-tourner à la table des négociations pour octroyer un salaire juste pour les travailleurs et travailleuses du vêtement et cesser la répression dictatoriale des actions de grève légitimes des travailleurs. Il doit immédiatement libérer tous ceux qui sont détenus et s’assurer que ceux qui sont responsables de la violence et des tueries soient pré-sentés à la justice».

Signez la pétition

La Centrale Générale de la FGTB s’associe aux fédérations interna-tionales pour condamner les ré-pressions violentes des grèves et manifestations par les forces de sécurité et milices soutenues par le gouvernement cambodgien. Nous demandons, avec elles, la libération des 23 syndicalistes détenus et une enquête pour déterminer les res-ponsabilités de la fusillade. Nous invitons nos militants à signer la pétition que nous relayons sur notre site www.accg.be.

> DEVONS-NOUS CONCLURE UN MAUVAIS ACCORD?

Les négociations dans les titres-services dans l’impassePour la nouvelle convention collective de travail dans les titres-services, les syndicats avaient demandé des indemnités de déplacement plus élevées et plus de qualité. Huit mois plus tard, il n’y a toujours aucun accord en vue. Les employeurs ne mettent rien sur table.

Juste avant l’été dernier, notre syndicat avait déposé un ca-hier de revendications afi n de

conclure un accord sectoriel dans le secteur des titres-services. Un tel accord doit fi xer les salaires et les conditions de travail pour 2013 et 2014.

Nous demandions des indemnités de déplacement plus élevées et des formations pour les nouveaux tra-vailleurs. Nous avions aussi des de-mandes qualitatives sur le temps de travail, les abus du chômage économique, l’amélioration des contrats de travail.

Nous ne pouvions pas demander de hausse salariale puisque le gou-vernement a décidé que les salaires ne pouvaient pas augmenter. To-talement injustifi é selon nous. Comme si les salaires dans les titres-services n’avaient pas besoin d’augmentation.

Des indemnités de déplacement insuffi santes

Le temps passe et nous sommes aujourd’hui 8 mois plus tard et plus de 10 rondes de négociations plus loin. Et toujours pas d’accord en vue. Avec les délégués du secteur, nous avons analysé ce qui se trouve actuellement sur la table. Et c’est totalement insuffi sant.

Il y a des petites avancées, par

exemple en matière de chômage économique et de formation pour les nouveaux travailleurs. Mais même pour ces points, il n’y a pas encore d’accord total.

La situation à propos des indemni-tés de déplacement est plus grave. Les employeurs ne veulent abso-lument rien faire pour les dépla-cements du domicile vers le lieu de travail. Ils considèrent que ce qui existe actuellement est plus que suffi sant. Avis que nous ne partageons bien évidemment pas. En ce qui concerne les déplace-ments entre deux clients, les em-ployeurs veulent bien faire un geste. En fonction de la situation, ils veulent bien augmenter l’in-demnité d’un montant qui se situe entre 0,33 et 1,5 cents par kilomètre. Ne prenons que le diesel: il a aug-menté de 23% depuis le dernier accord social. On comprend tout de suite que cette proposition est insuffi sante pour nous.

En ce qui concerne la transmission des titres-services à l’employeur, aucune indemnité n’est prévue. Or, la plupart des travailleuses les remettent elles-mêmes à leur em-ployeur, mais elles ne reçoivent rien pour cela. Ni pour le temps de déplacement, ni pour les frais encourus. Ce qui est pour nous inacceptable.

Les délégués FGTB des titres-ser-

vices sont clairs: ce n’est pas une base pour conclure un accord.

Les employeurs ont eux aussi des exigences

Et maintenant? Avant tout, il est important que la ministre com-pétente, Monica De Coninck, com-prenne qu’aucun accord n’est pos-sible dans le secteur. Elle ne peut pas l’ignorer, aujourd’hui en Bel-gique, plus de 4% des travailleurs sont occupés dans ce secteur.

Les titres-services sont un sec-teur subsidié. Les employeurs qui veulent bien faire et qui investis-sent dans leurs travailleurs via de meilleurs salaires et conditions de travail ont des diffi cultés fi nan-cières. Nous estimons que ces en-treprises doivent être aidées. Nous espérons aussi que de cette ma-nière il sera plus facile de conclure des accords.

Que la ministre intervienne ou pas, il faudra de toute façon se remettre autour de la table pour conclure un accord social avec les employeurs. Notre avantage est que les employeurs ont eux aussi un cahier de revendications. Ils veulent de l’argent pour fi nan-cer les formations. Et ils veulent réduire les cotisations au Fonds de sécurité d’existence, sans pour autant mettre en danger les primes de fi n d’année et primes syndi-cales que le Fonds paie. Pour ces revendications-là, il faut l’accord des syndicats. Et nous ne serons d’accord que s’il y a un accord sur tous les autres points, les frais de déplacement en premier.

Les employeurs refusent d’améliorer l’indemnité qu’ils paient pour les nombreux déplacements des travailleurs des titres-services. De cette manière, on n’aboutira jamais à un accord social.

Page 15: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

MÉTAL12 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

Devenir délégué: ça s’apprendD

epuis les dernières élec-tions sociales, Hussein Benchehida est devenu

délégué MWB-FGTB. C’est une grande première pour lui et aussi pour son entreprise: le rapproche-ment de trois entités juridiques qui constituent l’entreprise ABM Tecna a permis l’organisation d’élections sociales. Cette société de mainte-nance industrielle basée à Fleurus emploie aujourd’hui 110 personnes. Un nombre qui devrait augmen-ter dans les prochaines années. La croissance de cette entreprise est gérée correctement : les investisse-ments effectués n’ont pas vocation à mettre la société en diffi culté.

Hussein Benchehida qui totalise dix années d’ancienneté chez ABM Tecna, a obtenu un score plus qu’honorable lors des élections so-ciales. Bien qu’il ait toujours tenu le rôle de médiateur entre ses collègues et la direction, Hussein appréhendait quand même le ré-sultat électoral. C’est donc sur base d’une forte légitimité qu’Hussein a débuté son mandat de délégué syndical. L’élection est une chose mais l’action sur le terrain en est une autre. Hussein confi e qu’il

«est nécessaire de trouver un bon équilibre et comprendre assez ra-pidement ce que les travailleurs attendent de moi». Appréhender le fonctionnement du CPPT, se fa-miliariser avec la législation et les conventions existantes sont autant d’étapes indispensables par les-quelles un nouveau délégué doit passer. La mission de délégué est un travail de longue haleine et il est important de le rappeler.

En cinq ans, ABM Tecna est passée d’une petite entreprise familiale à une PME qui prend de l’ampleur, et même si actuellement les relations travailleurs-direction ne sont pas confl ictuelles, le rôle d’une délé-gation syndicale est primordial. Chaque décision mérite d’être mû-rement réfl échie. «La précipitation n’a jamais rien amené de bon», affi rme très justement Hussein. D’un caractère tempéré, Hussein est quelqu’un de raisonnable mais bien entendu comme tout bon dé-légué il sait taper du poing sur la table quand ça s’avère nécessaire. Privilégier l’intérêt collectif n’est pas qu’un slogan pour lui: toutes les revendications iront dans ce sens et il n’est pas question qu’il

en soit autrement. Depuis les élec-tions, Hussein a pris en main le dossier concernant la commande de nouvelles chaussures de travail et entamé une réfl exion sur l’ins-tallation de roulottes de chantier. Il espère également pouvoir mettre sur pied une caisse d’entraide.

Son attention se porte aussi par-ticulièrement sur les jeunes qui entrent dans l’entreprise: «il faut surveiller de près le recours à l’inté-rim et permettre aux nouveaux en-gagés d’intégrer des formations». Hussein Benchehida n’a pas les yeux plus gros que le ventre. Il est bien conscient que la construction d’une équipe syndicale est une né-cessité à moyen terme: les défi s à relever sont grands et seul il ne pourra pas tout assumer. Il espère que bientôt d’autres suivront son exemple et se jetteront dans la mêlée.

Hussein Benchehida, délégué MWB-FGTB

d’ABM Tecna.

> POINT DE VUE

Lorsque les années débutent, il y a rarement des révolutions, souvent des résolutions et parfois des révélations. Je ne m’ar-rêterai pas aujourd’hui aux révolutions, apparemment de plus en plus souvent conservatrices. Ni aux résolutions, vides de sens quand l’esprit de révolution a déserté. Mais bien à cette annuelle révélation selon laquelle la crise serait derrière nous.

C’est faux, bien sûr. Quel que soit l’indicateur que l’on regarde, il apparaît que la «mauvaise passe» que traverserait le système capitaliste est en fait une maladie chronique, dont il n’est pas près de sortir. Mais surtout, l’opinion publique et ceux qui la contrôlent s’inscrivent dans un discours où il est question de sortie de crise et de lendemains plus sereins. Les esprits, ainsi, s’anesthésient au fi l du temps et la sortie de la crise paraît un objectif d’autant plus lointain que la crise elle-même semble ne plus exister.

Prenons deux exemples. Le chômage d’abord. Il ne diminue pas et l’on est aujourd’hui «habitué», dans certains coins de Wal-lonie, de Bruxelles ou même de Flandre, à des taux autour de la vingtaine de pourcent. Quelques dixièmes de point en moins sont présentés comme un succès, quelques dixièmes en plus comme un accident sans importance. Quand j’ai commencé ma vie de travailleur et de militant, nous pensions tous que 10% de chômage dans le pays déclencheraient la révolution dont je parlais au début de cet article. Et, paisiblement si l’on peut dire, le pays se prépare aujourd’hui à «accueillir», dans quelques mois, 50.000 hommes ou femmes de plus exclus de tout droit au chômage, 50.000 hommes ou femmes dont le seul tort aura été fi nalement d’être en vie au mauvais moment. «Trop jeunes, trop femmes, trop occupé(e)s avec leurs enfants ou à se débrouiller pour survivre et pas assez à rechercher un emploi» et dès lors catalogué(e)s de «tricheuses ou tricheurs» par quelques sanctionneurs zélés!

Autre illustration: le taux de pauvreté. Un Wallon sur cinq est pauvre, selon les statistiques les plus offi cielles. Un sur cinq… La statistique est un exercice à la fois idiot et terrifi ant, mais cela veut par exemple dire que dans une entreprise de cent personnes – le seuil pour un conseil d’entreprise – vingt d’entre elles n’auraient pas de quoi vivre «normalement». Ne parlons pas de vivre correctement. Ce chiffre, publié en octobre dernier, a fait moins de lignes dans les journaux que la liaison de François Hollande, président français, avec une actrice assez peu connue, voire le «triomphe» du groupe musical Daft Punk aux Etats-Unis.

Pour rester dans le domaine musical, Jacques Brel écrivait: «On n’oublie rien de rien, on s’habitue c’est tout». Il s’est trompé, on s’habitue certes, mais en plus on oublie aussi la réalité du monde dans lequel nous vivons, ce «monde sensible» de plus en plus insensé. 2014 sera donc une année de crise, une de plus, bourrée de dé-clarations disant que la crise est fi nie, et bourrée de gens qui en sont persuadés. Et cela d’autant plus que l’année sera électorale et donc propice à l’optimisme à deux francs cinquante.

Le combat syndical est d’abord de renverser ce courant de pensée. Il faut prendre la résolution d’oublier ces pseudo-révélations de fi n de crise, et se rappeler à tout moment que nous voulons le changement, je dirais même la révolution si le mot n’était de plus en plus affublé de connotations de violence par ceux qui, justement, refusent l’évolution. Ce combat, ce changement, il est dans nos mains à nous, dans une année où nous pouvons, activement, changer les choses.La MWB s’inscrit dans le changement, et ce changement c’est d’abord le refus de l’habitude. Non, ce n’est pas fatal que tout aille mal. Non, ce n’est pas fatal que la misère l’emporte. La seule fatalité, c’est que des gens acceptent cela. Comme syn-dicalistes, à tous les niveaux, nous devons nous y opposer. La crise n’est pas fi nie, ne les écoutez pas, et l’austérité n’est pas le remède miracle qui nous fera sortir de là comme tous ceux qui comptent en politique le disent aujourd’hui . Nous devons distiller cela partout où nous le pouvons.

Nico CuéSecrétaire général de la MWB

Tuer l’habitude

Page 16: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 13ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

01.02.2014: augmentation de l’intervention patronale pour transport privé01.01.2014: augmentation de l’indemnité vélo (0,22e/km)

Bref historiqueL’UGTT est la confédération syndi-cale principale de la Tunisie. Le mouvement syndical en Tunisie a vu le jour au début des années 1920, les premiers jours du natio-nalisme. La Tunisie était encore un protectorat français à cette époque-là, ne l’oublions pas, et elle n’est devenue indépendante que le 20 mars 1956, sous Habib Bour-guiba qui fut le premier président de la Tunisie.Le 20 janvier 1946, Farhat Hached a créé l’UGTT. Depuis sa création, l’UGTT est très présente dans la lutte pour l’in-dépendance, liée à de véritables exigences syndicales pour amé-liorer la situation de la population ouvrière tunisienne.En 1951, l’UGTT devient membre de la Confédération internationale des Syndicats Libres (la CISL), le pré-décesseur de l’actuelle CIS (Confé-dération Internationale des Syndi-cats). A ce moment-là, on comptait quelques 120.000 membres.Le soutien international dont bé-néfi cie l’UGTT de cette manière est important pour ses activités internes contre le régime colonial français. Pour info: cette CISL, plu-tôt inspirée du socialisme, a été créée en 1949, dont la FGTB est un des membres fondateurs. Lorsque l’on parle de l’UGTT en tant que partenaire historique de la FGTB, il faut savoir que les relations datent donc de cette époque-là.

À partir de 2008, l’UGTT assumera également un rôle essentiel lors de grèves, manifestations et d’actions qui ont contribuées à la «révolution du Jasmin» en Tunisie et à la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011. Pour être précis, l’UGTT n’était pas l’initiatrice de la révolte, mais bien de jeunes chômeurs, après que Mohamed Bouazi, diplômé, mais vendeur de fruits au chômage, se soit immolé par le feu (le 17 dé-cembre 2010) à Sidi Bouzid. Mais, les syndicalistes ont encadré les

Le syndicat tunisien de l’alimentation a rendu visite à la FGTB HORVAL Du 12 au 17 janvier, Houcine Krime et Ridha Bouazza de la FGAT-UGTT (la Fédération de l’Alimentation et du Tourisme de l’Union Générale Tunisienne du Travail) ont visité plusieurs régions HORVAL. Comment sommes-nous parvenus à cette collaboration syndicale…

Horeca (CP302) – frais de transport

Intervention employeurKM TRANSPORT PRIVE TRANSPORT PUBLIC

KMTRANSPORT PRIVE TRANSPORT PUBLIC

SEMAINE MOIS RAILFLEX SEMAINE MOIS SEMAINE MOIS RAILFLEX SEMAINE MOIS1 7,00 23,10 / 5,50 18,30 31-33 22,05 74,20 22,60 21,80 73,002 7,00 23,10 / 6,10 20,50 34-36 23,45 78,40 24,10 23,30 78,003 7,00 23,10 7,40 6,70 22,30 37-39 24,85 82,60 25,00 24,40 82,004 7,63 25,20 8,60 7,30 24,40 40-42 25,90 86,80 27,00 26,00 87,005 8,19 27,30 9,50 7,90 26,00 43-45 27,30 91,00 28,00 27,50 91,006 8,75 29,05 10,30 8,40 28,00 46-48 28,70 95,20 29,00 29,00 96,007 9,24 30,80 11,00 8,90 30,00 49-51 30,10 100,10 31,00 30,00 101,008 9,80 32,55 11,60 9,40 31,00 52-54 30,80 102,90 32,00 31,50 104,009 10,29 34,30 12,10 9,90 33,00 55-57 31,85 105,70 33,00 32,00 107,0010 10,85 36,40 12,60 10,40 35,00 58-60 32,55 109,20 34,50 33,50 111,0011 11,34 37,80 13,10 11,00 37,00 61-65 33,95 112,70 36,00 34,50 115,0012 11,90 39,90 13,60 11,50 38,50 66-70 35,70 118,30 38,00 36,00 120,0013 12,39 41,30 14,20 12,10 40,00 71-75 37,10 123,20 40,50 38,00 126,0014 12,95 43,40 14,60 12,60 42,00 76-80 38,50 128,10 42,00 40,00 132,0015 13,44 44,80 15,00 13,10 43,50 81-85 39,90 133,70 44,50 41,50 137,0016 14,00 46,90 15,50 13,60 45,00 86-90 41,30 138,60 46,00 43,00 143,0017 14,49 48,30 15,90 14,10 47,50 91-95 43,40 143,50 47,50 44,50 148,0018 15,05 50,40 16,40 14,60 49,00 96-100 44,80 148,40 50,00 46,00 153,0019 15,54 51,80 16,90 15,30 51,00 101-105 46,20 154,00 52,00 48,00 160,0020 16,10 53,90 17,30 15,80 53,00 106-110 47,60 158,90 53,00 49,50 165,0021 16,59 55,30 17,70 16,30 54,00 111-115 49,00 163,80 55,00 51,00 171,0022 17,15 57,40 18,20 16,80 56,00 116-120 50,40 169,40 57,00 53,00 177,0023 17,50 58,80 18,70 17,40 58,00 121-125 52,50 174,30 59,00 54,00 181,0024 18,20 60,90 19,10 17,90 59,00 126-130 53,90 179,20 61,00 56,00 187,0025 18,55 62,30 19,50 18,40 62,00 131-135 55,30 184,10 62,00 58,00 192,0026 19,25 64,40 20,20 19,10 63,00 136-140 56,70 189,70 63,00 59,00 198,0027 19,60 65,80 20,60 19,50 65,00 141-145 58,10 194,60 65,00 61,00 203,0028 20,30 67,90 21,00 19,90 67,00 146-150 60,20 201,60 67,00 63,00 211,0029 20,65 69,30 21,30 20,60 68,0030 21,35 71,40 21,70 21,00 70,00

Indemnité vélo (à.p.d. 01/01/2014) 0,22e/km

jeunes et les ont aidés à formuler leurs revendications. Et ensuite, bon nombre de syndicalistes ont participé au mouvement de protes-tation, et les grèves organisées par l’UGTT (ayant des revendications tant syndicales que politiques) ont augmenté la pression sur le régime de Ben Ali, jusqu’à sa fuite à l’étran-ger le 14 janvier 2011.

En mars 2013, le Forum Social Mon-dial a été organisé à Tunis. Plus de 4000 syndicats, mouvements sociaux et ONG ont échangé des expériences sur e.a. les processus de démocratisation, la participa-tion des travailleurs et les libertés syndicales. Une violation des li-bertés syndicales nous a mis en contact étroit avec les membres de la FGAT-UGTT. En Tunisie, Mondelez possède 49% d’un des plus grands producteurs de biscuits de l’Afrique, SOTUBI, dont l’usine à Tunis fabrique des marques de Mondelez, comme TUC. 1600 personnes travaillent dans cette usine, dont des cen-taines ont un contrat précaire. Lors des négociations pour une nouvelle CCT en juillet 2012, le se-crétaire-général du syndicat local a été licencié sur le champ parce qu’il représentait et rencontrait les travailleurs qui l’avaient élu.

Ensuite, le secrétaire-général sup-pléant a été licencié. En collaboration avec l’UITA, la FGAT-UGTT a organisé une confé-rence de presse et une campagne internationale www.screamdelez.org afi n de revendiquer la réinté-gration de ces personnes. La FGTB HORVAL a exprimé sa solidarité sur place et en même temps, elle a distribué des tracts dans les éta-blissements de Mondelez en Bel-gique afi n d’aborder ces pratiques illégales. Le résultat est seulement partiellement satisfaisant. Seule 1 personne a pu reprendre le travail. La lutte n’est donc pas encore en-tièrement terminée…

Afi n de renforcer la force de frappe syndicale contre quelques-unes de ces multinationales, la FGTB HORVAL a conclu un accord de collaboration avec la FGAT-UGTT.

Par conséquent, les 2 camarades Houcine et Ridha ont visité:Ostende: Dans une édition pré-cédente, nous avons déjà abordé les conditions de travail épou-vantables des décortiqueuses de crevettes au Maroc. Au travers de la FGAT-UGTT et leur syndicat partenaire UMT du Maroc (Union Marocaine de Travail), un échange sera organisé avec la secrétaire ré-gionale Conny Demonie de façon à ce que ces femmes obtiennent davantage de protection sociale.Tournai: Marie-Line Colin et Agnès Detournay leur donnent davan-tage d’explications sur l’organisa-tion syndicale de garderie, à savoir «les Galipettes» et approfondissent les possibilités qui existent pour

aider les personnes peu qualifi ées à obtenir un diplôme dans le sec-teur horeca.

Namur: Patrick Mertens et Ti-phaine Malchair les conduisent à travers les Ardennes belges pour rendre une visite syndicale à la brasserie de Maredsous. Bruxelles: Les collègues du centre de formation leur donnent des ex-plications concernant les possibi-lités de formation pour nos mili-tants et ils reçoivent une formation dans les bureaux de l’ONSS pour leur expliquer l’organisation du système de sécurité sociale en Bel-gique. Ils rencontrent également Christian Vancoppenolle et Sophie Grenade du département interna-tional de la FGTB qui entretiennent les contacts avec l’UGTT.

Actuellement, l’UGTT joue un rôle pivot dans les négociations du dia-logue national et elle revendique que le modèle économique du pays soit revu. Elle exige des revalorisa-tions salariales et un renforcement des lois qui protègent les salariés des zones franches, où, sous le ré-gime de Ben Ali, les syndicats et les droits sociaux n’existaient pas ou pratiquement pas.

L’UGTT veut également un engage-ment fort contre les privatisations des entreprises publiques et met en garde contre les projets multiples du type PPP (Partenariats public-privé) où l’Etat tunisien n’aurait plus de droit de regard sur la ges-tion des chantiers économiques. Ce succès a été salué par l’Union Européenne et a été confi rmé par

la visite d’une délégation de l’UE qui a été présidée par un repré-sentant spécial de l’UE «Brandino Lunno» qui a exprimé sa grande satisfaction vis-à-vis du rôle joué par l’UGTT afi n de surmonter cette crise et de couronner de succès le processus démocratique.

Un mot de la délégation:A ce propos, nous souhaitons vous rappeler que le tourisme est l’un des principaux moteurs de notre économie et qu’il est créateur d’emplois. Dans ce contexte, c’est un grand honneur pour nous que vous nous souteniez et aidiez en encourageant vos compatriotes, les habitants de la Belgique, à venir nombreux pour visiter les belles plages de la Tunisie cet été où ils seront bien accueillis dans les dif-férents hôtels.Pour fi nir, nous voulons trans-mettre nos plus sincères saluta-tions fraternelles et syndicales à nos camarades.

Page 17: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

Les dirigeants du monde «découvrent» l’inégalité

Il paraît surprenant que les par-ticipants du WEF en viennent à considérer que les «inégalités de revenus» sont un problème. Jusqu’à présent, même les inégali-tés les plus criantes ne les ont pas fait sourciller! En effet, ce sont ces mêmes dirigeants qui recourent sans rougir à des subterfuges fi s-caux pour se soustraire à l’impôt. Ce sont aussi les dirigeants d’or-ganisations comme le FMI qui contraignent des pays comme la Grèce à faire des économies jusqu’à l’étranglement. Et ce, au détriment de la santé et de la survie, et ne parlons plus de la prospérité du peuple grec.Et pourtant, Christine Lagarde, la directrice de ce même FMI, a tenu à Davos un discours clair: la répartition équitable des revenus doit fi gurer à l’agenda de tous les dirigeants mondiaux. Le rapport du WEF a également considéré, de manière explicite, l’inégalité de revenu comme étant un pro-blème.

Des intérêts qui leur sont propresNe nous leurrons pas, ces «grands du monde» continuent à défendre les intérêts qui leur sont propres! Ils n’estiment pas que l’inégalité comme telle est un problème. Mais sa forte augmentation peut provoquer des troubles, ce qui est… «bad for business».Le FMI admet depuis peu qu’une grande inégalité de revenu a aussi des «effets fâcheux» sur le plan économique. Ces trois der-nières décennies, les fruits de la croissance économique sont allés presque exclusivement à la couche la plus riche de la société. En revanche, les revenus de la «classe moyenne», vous et nous en pratique, sont restés au point mort, voire ont régressé. Avec la stagnation de ces revenus, c’est le moteur principal de la croissance économique de l’après-guerre, à savoir l’augmentation du pouvoir d’achat des couches de la popu-lation les plus étendues, qui s’est arrêté.

L’inégalité augmente: quelques chiffresLors du WEF, l’ONG Oxfam a cité quelques chiffres saisissants. Ain-si, les 85 personnes les plus riches

sur cette terre possèdent autant que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres. 7 personnes sur 10 vivent dans des pays où l’iné-galité a augmenté au cours des trente dernières années. Etc. A l’échelle du monde, d’un point de vue «inégalité», notre pays se porte relativement bien, grâce essentiellement à notre sécurité sociale et à la progressivité de notre régime fi scal . Cependant, depuis des années, le principe selon lequel il appartient aux «épaules les plus larges d’assumer les charges les plus lourdes» est constamment mis à mal. L’inéga-lité augmente donc, lentement mais sûrement. On pense notam-ment aux différentes réformes «chômage», au gel des salaires ou encore aux restrictions dans le système de soins de santé.En Belgique, ce sont tout parti-culièrement les salariés, et les allocataires sociaux, qui voient leur part du gâteau s’amenuiser de jour en jour. Ainsi, le baromètre de la FGTB a fait apparaître ré-cemment que les bénéfi ces des entreprises ont continué d’aug-menter au cours des dernières années. En dépit de la crise. En re-vanche, le revenu des travailleurs dans l’économie totale régresse systématiquement. Les 20% des ménages les plus riches de notre pays possèdent pas moins de 61,2% de toutes les richesses, sur lesquelles ils ne paient guère, voire pas d’impôts du tout.

S’y attaquer aussi chez nous!L’inégalité est un problème. l’éga-lité est nécessaire pour une re-lance de l’activité économique, pour une croissance durable . C’est aussi une question «morale» de respect et de dignité de tous. Une plus large et plus juste part du gâteau est absolument indispen-sable pour les travailleurs et les al-locataires sociaux. Pour le SETCa, cela signifi e qu’il faut augmenter le pouvoir d’achat des salariés et des allocataires sociaux, renforcer la sécurité sociale et imposer les revenus du capital et des fortunes (ainsi que les grandes fortunes proprement dites). Des éléments dont il faudra tenir compte le 25 mai prochain!

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

Erwin De Deyn, Président du SETCa

quelques chiffres saisissants. Ain-si, les 85 personnes les plus riches

mai prochain!

Les élections de mai 2014 ne sont plus très loin. Il est temps de réfléchir où ira votre voix. Le SETCa aussi est lui aussi «en campagne». Pas pour soutenir le programme de tel ou tel parti mais bien pour défendre les intérêts de tous les travailleurs de ce pays. Au cours des semaines à venir, notre «programme» aussi est chargé. Nous analyserons avec vous les grands enjeux socio-économiques du moment et nous vous présenterons des solutions concrètes pour une société plus juste et solidaire. Vous retrouverez ces focus dans Syndicats et la newsletter du SETCa… et tout près de vous, dans votre entreprise.A peine plus de 100 jours avant le 25 mai 2014. Les grandes décla-rations pleuvent autant que les promesses. Aucun doute, on est bien en période pré-électorale! Tan-dis que les différents partis plan-chent sur leurs programmes, c’est le moment idéal pour commencer à réfl échir sur les candidats et les partis que vous désignerez une fois dans l’isoloir. Et l’enjeu est triple, puisque nous élirons nos repré-sentants aux niveaux européen, régional et fédéral.

Quel parti, quel candidat répond le mieux à vos attentes? Nous vous laisserons le soin d’y répondre en votre âme et conscience. Mais ce sont bien les préoccupations des travailleurs et des allocataires so-ciaux qui doivent servir de socle aux politiques à mettre en œuvre. Des politiques qui doivent être sy-nonymes de progrès social pour tous.

Décrypter les enjeux des élections

Pour vous permettre de faire un choix éclairé, le SETCa décortiquera toutes les deux semaines dans ces pages les grandes questions so-cio-économiques sur la table en Europe, en Belgique, et dans notre région.

Ces questions essentielles, vous

nous les avez faites parvenir au cours des dernières semaines. Nous en profi tons d’ailleurs pour remer-cier vivement tous ceux qui se sont fait entendre. Vous pouvez conti-nuer à envoyer vos témoignages à [email protected].

Voici les 7 thématiques que vous soulevez fréquemment:

C’est notre pouvoir d’achat qui fait tourner l’économieSous prétexte de la crise, la droite attaque sans cesse le pouvoir d’achat des travailleurs: remise en question de l’indexation et des barèmes, diminutions de salaires, marge de négociations nulle sur conditions de travail et de rémuné-ration ces deux dernières années.

On veut de l’emploi…Investissons dans l’économie réelle: cela crée de l’emploi! Pen-sons à l’économie durable (indus-trie + services) l’économie sociale, les soins de santé, l’enseignement, les services publics de qualité…

…Et un emploi de qualitéAvec la menace du chômage, le sys-tème actuel pousse les travailleurs à accepter des conditions de tra-vail de plus en plus pénibles, entre fl exibilité et précarité. Ce n’est pas une alternative!

Pour une sécurité sociale fédérale et forteTravailleurs malades, pensionnés, on a tous besoin de la sécurité so-ciale. Financer correctement la sécurité sociale, c’est assurer son avenir dans de bonnes conditions. Pour une fi scalité juste et équitable«On paie beaucoup d’impôts» et pendant ce temps, d’autres n’en paient (presque) pas! Tout le monde doit participer à l’effort se-lon ses moyens, surtout les revenus du capital et les fortunes (avecun impôt des grosses fortunes). Cet ar-gent peut servir à créer des emplois de qualité, en ce compris dans les services publics. Et oui, tout est lié!

Notre Europe doit aussi avoir un visage social Pourquoi l’Europe permet-elle de mettre en concurrence entre eux les travailleurs européens ? Il est temps que l’on mette en place une véritable concertation sociale à l’échelon européen!

Politiques d’austérité européennes: on n’en veut plusEn quelques années, les politiques d’austérités et la rigueur budgé-taire exigée par l’Europe ont fait des ravages, les citoyens les plus fragiles étant aussi les premières victimes. Les politiques euro-péennes doivent aussi se préoc-cuper des citoyens, des jeunes, des chômeurs, des aînés, pas unique-ment de l’économie. Il est temps de mettre en place un plan de relance à l’échelle européenne.

Vous pourrez compter sur le SETCa pour démonter, chiffres à l’appui, les arguments et l’idéologie de droite que l’on retrouve à lon-gueur d’année dans les médias traditionnels et/ou sociaux. Nous vous présenterons également nos propositions concrètes et réalistes. Tout au long de cette campagne, soyez à l’affût des propositions qui défendent pleinement le progrès social. Plus que jamais, votre avenir est au bout du crayon rouge.

Tous les ans, les plus grands dirigeants politiques et économiques ont rendez-vous à Davos, cette station de ski huppée située en Suisse, pour y débattre de l’état du monde. Il est étonnant de noter que cette année, c’est surtout d’inégalité croissante qu’il a été question lors de ce World Economic Forum (WEF), un sujet surtout lié à leur propres intérêts.

> POINT DE VUE

14 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

Page 18: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014 15EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

Restructuration MAKRO: un verdict lourd pour les travailleurs

Un travailleur sur 10 est menacé

Ces craintes ont donc été confi r-mées. La direction parle d’une sup-pression de 374 postes sur les 2907 travailleurs occupés en Belgique par MAKRO. Elle prévoit également de réorganiser la structure interne de certains magasins et de centrali-ser certains services (call center, IT, comptabilité, gestion des salaires). Les raisons invoquées par les diri-geants pour justifi er la nécessité d’une telle décision seraient la concurrence (notamment celle du commerce en ligne) et la demande de plus de fl exibilité de la part du consommateur. Bien évidemment, la crise économique est également pointée du doigt.

L’enseigne Makro en Belgique, une histoirefaite de hauts et de bas

L’enseigne, qui a débarqué dans les années 1970 en Belgique, compte

aujourd’hui 6 magasins au total. Largement représentée au niveau international, elle fait aussi partie du géant allemand Métro depuis 1998.

Si on analyse un peu les chiffres de ces dernières années, on peut dres-ser toute une série de constations importantes. Tout d’abord, les dimi-nutions d’emplois ne sont pas un phénomène nouveau. Le nombre d’effectifs dans les magasins a été peu à peu écrémé au cours des dernières années (117 équivalents temps plein de moins en 5 ans). En-suite, s’il est évident que le chiffre d’affaires est en baisse chez Makro depuis 2009, l’entreprise reste tout de même bénéfi ciaire jusque 2012 mais ne le serait plus en 2013.

Plus de clarté et des engagements de la part de la direction

Suite à l’annonce de la restructu-ration, le SETCa a organisé une pre-

mière consultation de ses délégués afi n de faire le point sur la situation. Dans les prochaines semaines dé-marrera la procédure d’information et de consultation (loi Renault). A cette occasion, nous comptons bien obtenir plus de clarté sur les pro-jets de la direction. Nous poserons toutes les questions nécessaires concernant le plan annoncé mais aussi concernant les engagements de Makro sur le plan commercial. Nous ferons en sorte que toutes les alternatives possibles soient envi-sagées. Nous sommes convaincus qu’une nouvelle impulsion com-merciale est la meilleure des ga-ranties pour l’avenir de l’enseigne et de l’emploi.

Le SETCa ne compte pas accepter cette situation sans broncher ni agir dans la précipitation. La né-gociation d’un plan social n’est pas encore à l’ordre du jour. Nous ne voulons pas non plus nous fi xer sur les chiffres relatifs à l’impact sur l’emploi. Que les choses soient claires: nous n’accepterons aucun licenciement sec et mettrons tout en œuvre pour préserver l’emploi au maximum et assurer l’avenir des travailleurs.

• CP 330 - soins de santé: Dès le 2 décembre, les travailleurs du secteur de l’imagerie médicale et les technologues de laboratoire médical devront obligatoirement posséder un agrément ou une dérogation pour pouvoir exercer leur profession. Plus d’infos sur le site du SPF Santé publique: www.sante.belgique.be

• La direction de la Sabam prévoit d’externaliser la gestion de son ser-vice documentation vers la Suède. Une trentaine d’emplois seraient menacés par cette réorganisation.

• BNP Paribas Fortis: depuis plusieurs mois, un projet de CCT ‘Flexibilité et mobilité dans les agences’ était sur la table. Après analyse des résul-tats de notre enquête auprès du personnel et des mois de négociations, la CCT a fi nalement été signée. Celle-ci rencontre un maximum des revendications des travailleurs.

• Prime syndicale en logistique (CP 226): les conditions pour le paiement viennent d’être adaptées. Elle s’élève désormais à 135e. Pour y avoir droit, il faudra avoir été occupé au moins 1 jour pendant la période du 01/01/2014 au 30/06/2014. + d’infos sur les primes syndicales sur www.setca.org

• Le 21 janvier, les travailleurs de Wincor-Nixdorf à Zaventem ont mené une action spontanée après que le conseil d’administration a annoncé une diminution de 60% du personnel. Cela signifi e un perte de 90 emplois chez cet installateur de terminaux de paiement. Suite à l’action, la direction a promis un ‘Plan de sécurité d’emploi’ d’ici la fi n janvier. A suivre.

• Logis Saint-Ghislainois: depuis des mois, les travailleurs de la société de logement social réclament une réelle politique salariale (notamment une grille barémique). La direction est restée sourde à leurs demandes. Le 16/01, le personnel a arrêté le travail en signe de protestation. Sans avancées de la part de la direction, d’autres actions ne sont pas à exclure.

In memoriam Karel Boeykens, ancien président du SETCa

Karel Boeykens nous a quittés le 10 janvier dernier. La famille lui a dit au revoir dans l’intimité le 17 janvier. Karel était devenu secrétaire national du SETCa en 1965, passant directement du terrain au secrétariat national du SETCa. Plus tard, il devien-dra vice-président. Au départ, il était militant du SETCa dans une entreprise maritime. Il avait été

remarqué par la direction du SETCa d’Anvers au cours de la grande grève de l’hiver 1960-1961. Il y a quelques années, il nous avait rédigé sa biogra-phie sur sa période de militant du SETCa dans le monde maritime anversois, une biographie qui nous sensibilise au travail de pionnier réalisé par des camarades comme Karel. Grâce à eux, le SETCa est devenu le beau et grand syndicat que nous connaissons aujourd’hui. En 1989, lorsque François Janssens est devenu président de la FGTB, Karel, en fi n de carrière, est alors devenu président du SETCa jusqu’en 1992, année de ses 65 ans et de son départ à la retraite. Karel est décédé à l’âge de 86 ans. Ses deux dernières années ont été diffi ciles, tant phy-siquement que mentalement, après la perte de son épouse au début de 2012.

Tous ceux qui ont connu Karel se rappelleront le gentleman qu’il était et son grand sens de l’hu-mour. Dans le même temps, il était un syndicaliste déterminé qui savait ce qu’il voulait atteindre et y parvenait également. A cet égard, il pouvait compter sur des militants fi dèles. Indépendamment de ses mandats de vice-président et de président, il était responsable également des secteurs de la distribu-tion. Sa plus grande réalisation à ce propos fut la réduction de la durée du travail de 40 à 36 heures par semaine en quatre jours et demi à la fi n des années 1970. Ici encore, Karel a réalisé un travail de pionnier. Karel peut être fi er d’avoir été président de « son syndicat des employés de la FGTB ». Et le SETCa est fi er, à juste titre, d’avoir pu compter un président comme lui. Avec le départ de Karel, c’est aussi un père syndical qui s’en va.

En ces moments diffi ciles, nous souhaitons beau-coup de courage à sa famille.

Lors d’un Conseil d’entreprise extraordinaire le 20 décembre dernier, la direction de Makro annonçait un plan de restructuration visant à supprimer 10% des effectifs en Belgique. Un véritable coup de massue pour les travailleurs même si, depuis plusieurs semaines, des rumeurs planaient en interne quant à l’annonce d’une mauvaise nouvelle.

Page 19: Syndicats n°2 - 31 janvier 2014

ACTUALITÉS16 SYNDICATS • N°02 • 31 JANVIER 2014

Une assurance qui protège ce qui est important pour vous ? Bien sûr qu’elle existe !

Votre conseiller est à votre écoute et vous rend visite à votre meilleure convenance.

Pour prendre rendez-vous avec votre conseiller, appelez le 02/210 95 80 ou surfez sur www.pv.be.

> EDITO

Chasser le chômage, pas les chômeurs!D

ès ce 1er février, des milliers de jeunes sortis depuis quelques mois de l’école

et inscrits comme demandeurs d’emploi vont être convoqués par l’ONEM pour un premier contrôle de recherche active d’emploi avant même d’avoir touché un Kopek. Ces jeunes ont intérêt à avoir gardé toutes les preuves de leurs démarches parce que si la première évaluation est négative, leur indemnisation sera retardée et ils resteront sans le sou plus que les 12 mois de stage. 55.000 éjectables

Des milliers d’autres sont déjà dans le collimateur de l’ONEM. Tous ceux qui ont quitté l’école et n’ont pas encore trouvé un em-ploi stable ou n’ont pas travaillé le nombre de jours requis, sont assis sur un siège éjectable. Le bénéfi ce des allocations d’insertion étant limité à 36 mois, et ce à dater du 1er janvier 2012, 55.000 jeunes courent le risque d’être exclus du chômage à partir du 1er janvier 2015 en fonction de la date de leur inscription au chômage.

A côté de tous ces jeunes «article 36», il y a plusieurs centaines de milliers d’autres demandeurs d’emploi «ordinaires», dont un bon tiers trop âgés et sans réelle pers-pective d’embauche, qui cherchent

et ne trouvent pas. Non seulement ils doivent répondre eux aussi de leur motivation mais ils y sont poussés à la fois par la menace de l’exclusion et par la baisse régu-lière de leur allocation de chômage au fi l du temps - à moins d’avoir un passé professionnel plus que substantiel. Celui qui n’a qu’un court passé professionnel, peut se retrouver au forfait après 15 mois de chômage. C’est la dégressivité accélérée.

Quelle logique?

Comment justifi er ces contrôles, cette pression sur les demandeurs d’emploi? Est-ce que la dèche et l’insécurité dans laquelle ils sont déjà ne suffi sent pas? Est-ce qu’il faut les condamner à la misère ou à l’humiliation de l’assistance sociale pour les inciter à chercher? Est-ce que chercher est synonyme de trouver? Est-ce que leur couper les vivres va par miracle créer des emplois, relancer l’activité?

Qui peut douter du fait qu’un jeune, qu’il ait fait des études ou non, ait envie de fonder sa famille, d’acheter sa maison, de construire et d’assurer son avenir? Qui peut douter que les jeunes aient envie de travailler, de gagner leur vie normalement, de prendre leur indépendance?

Ce qui est triste, c’est que ce n’est même pas ça la question. La réalité est que l’on veut faire des écono-mies en réduisant les budgets du chômage et en transférant une partie de la charge sur les CPAS, c’est-à-dire les communes. Que l’on cherche aussi à fl atter les statistiques de peur qu’elles ne fassent sauter aux yeux toute l’im-puissance des politiques libérales à redresser l’économie.

Et puis il y a cette idée moye-nâgeuse – calviniste et libérale - que le pauvre est pauvre par paresse, par apathie ou par rési-gnation et que le coup de pied au derrière est un service qu’on lui rend… Appliquée aux demandeurs d’emploi, cela s’appelle la «Dispo»: «qui cherche trouve»….

Chaises musicales

Certains diront que l’intention est bonne. Qu’il ne faut pas laisser les jeunes ou les moins jeunes se morfondre dans leur coin mais les «accompagner». Que plus le chômage est long, plus faible est la chance de revenir à l’emploi, etc. Mais l’enfer est pavé de bonnes in-tentions et il ne s’agit pas ici d’ac-compagner mais de sanctionner. Non pas d’aider mais de brasser et faire tourner les demandeurs d’emploi dans un vaste jeu de chaises musicales.

Car les chiffres sont sans appel: que l’on compte les offres d’emploi mensuelles par rapport au stock de demandeurs d’emploi, auquel cas on arrive en moyenne à une offre pour 25 chômeurs avec de fortes variations régionales par exemple à Anvers ou Charleroi; ou que l’on compte à la grosse louche les «opportunités» d’emploi par rapport aux demandeurs, on ar-rive alors à une offre pour 4 ou 5 chômeurs.

Le résultat des courses est qu’il n’y a pas assez d’emplois pour tous

et que l’activation ne fait qu’ac-célérer le carrousel sans réelles perspectives d’emploi.

Au début du mois de mars, la FGTB va mener campagne – no-tamment auprès des mandataires communaux - contre cette poli-tique d’exclusion, de sanction, de culpabilisation des chômeurs. Il faut revenir en arrière sur la dé-gressivité, sur cette politique de contrôles pernicieuse, coûteuse et inutile. Il faut chasser le chômage, pas les chômeurs!

Anne DemelenneSecrétaire générale

Rudy De Leeuw Président