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Pauline Beauvillier Manon Bord Synthèse de documents Evolution de la langue française dans le monde Quand il s’agit de débattre sur le futur de la langue française dans l’Europe ou dans le monde, on se retrouve confronté à deux « écoles » : les pessimistes et les optimistes. Les pessimistes sont ceux qui pensent que le français, dépassé par l’anglais est fortement menacé de disparaître. Les optimistes, quant à eux, voient dans le français, LA langue de l’avenir, la seule capable de rivaliser avec l’anglais. Nous sommes donc en mesure de nous demander quel destin l’avenir réserve t-il à la langue française dans une société anglicisée. C’est à l’aide d’un corpus de cinq documents que nous allons tenter de répondre à cette question. Dans une première partie, nous verrons comment la langue française est en perte de vitesse dans le monde, ce grâce aux documents en annexe 1 et 2. Puis nous serons forcé de constater que dans certains domaines, le français garde son importance ou continue d’évoluer dans le monde (annexes 3, 4 et 5) La langue anglaise prend le dessus sur le français. On observe une régression de l’utilisation de la langue française au niveau international et européen. Dans son article intitulé

Synthèse de documents: Evolution de la langue française dans le monde

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Pauline Beauvillier

Manon Bord

Synthèse de documents

Evolution de la langue française dans le monde

Quand il s’agit de débattre sur le futur de la langue française dans l’Europe ou dans le

monde, on se retrouve confronté à deux « écoles » : les pessimistes et les optimistes.

Les pessimistes sont ceux qui pensent que le français, dépassé par l’anglais est fortement

menacé de disparaître. Les optimistes, quant à eux, voient dans le français, LA langue de

l’avenir, la seule capable de rivaliser avec l’anglais.

Nous sommes donc en mesure de nous demander quel destin l’avenir réserve t-il à la langue

française dans une société anglicisée.

C’est à l’aide d’un corpus de cinq documents que nous allons tenter de répondre à cette

question.

Dans une première partie, nous verrons comment la langue française est en perte de vitesse

dans le monde, ce grâce aux documents en annexe 1 et 2.

Puis nous serons forcé de constater que dans certains domaines, le français garde son

importance ou continue d’évoluer dans le monde (annexes 3, 4 et 5)

La langue anglaise prend le dessus sur le français. On observe une régression de l’utilisation

de la langue française au niveau international et européen. Dans son article intitulé « Les

élites sacrifient la langue française » publié en 2010, par Gaston Pellet, grand défenseur de

la langue française. Par ailleurs, il est l’administrateur du site

www.defenselanguefrancaise.org, il est également membre du bureau du Collectif Unitaire

Républicain pour la Résistance, l’Initiative et l’Emancipation Linguistique (C.O.U.R.R.I.E.L).

Son constat est clair, la langue française est en danger. Selon lui, le français serait en péril

dans différents domaines (formes aspects). Dans notre quotidien, nous sommes confrontés à

une anglicisation des termes français que ce soit dans les publicités ou dans notre langage

parlé. Le danger dans ce cas, deviendrait (serait) la banalisation de ces termes qui nous

semblent familiers voir courants. De plus, l’anglais prend une place importante dans notre

éducation, il n’est plus facultatif mais bien obligatoire dans notre cursus scolaire puis devient

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fondamental au niveau universitaire. Le développement des classes européennes par

exemple prouve l’expansion et la nécessité de l’anglais comme langue de communication

internationale. En effet, l’anglais est présenté comme la langue unique pour communiquer

au niveau international que ce soit dans le commerce, les échanges économiques et même

la recherche. La langue anglaise est une langue de travail commune.

Au sein même de l’Union Européenne, la langue française a des difficultés à maintenir sa

popularité. Selon l’annexe 2, l’article intitulé « De l’usage du français dans l’Union

Européenne » rédigé par Marie Christine Simonet, journaliste free-lance à Bruxelles et

spécialiste matières premières et fret, le français ne fait pas l’unanimité. En effet, on

constate que l’utilisation du français dans les organisations de l’Union Européenne a diminué

dû à l’entrée de nouveaux pays. Cet élargissement a rendu difficile la communication entre

les pays, l’anglais est devenu la langue commune pour débattre des différents sujets dans

l’Union Européenne. L’usage de l’anglais s’est répandu au point de rédiger des documents au

sein de l’Union Européenne en anglais par des agents francophones. Cela soulève un

problème d’éthique dans la communauté européenne, on observe une pénurie d’interprète

étant donnée la place prépondérante de l’anglais, les échanges lors des réunions se font en

anglais. Par conséquent le français perd peu à peu de son importance sur la scène

internationale et même au sein de l’Union Européenne.

Certes, le français a parfois du mal à se frayer un chemin dans une société de plus en plus

gouvernée par le monde anglophone et donc en proie à des anglicismes de plus en plus

fréquents.

Mais est-ce pour autant qu’elle est condamnée à devenir au même titre que le latin, la

langue de toute une aire géographique destinée à disparaître ? Nous avons de fortes raisons

d’en douter.

Si la langue française a de plus en plus de mal à séduire les européens, elle connait

cependant une très forte expansion dans d’autres zones géographiques.

Prenons en exemple le graphique présenté en annexe 3. Ce document est extrait d’un

dossier sur la francophonie d’un hors-série du quotidien Le Monde en partenariat avec La

Vie, hebdomadaire chrétien d’actualités.

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Ce graphique offre plusieurs données : le nombre d’apprenants du français (en pourcentage)

et le pourcentage l’apprenant en tant que langue étrangère entre 2007 et 2010. Ces chiffres

sont d’autant plus pertinents qu’ils sont classés par zones géographique.

On peut donc y lire une confirmation de l’évolution négative du nombre d’apprenants de la

langue française en Europe, ce chiffre ayant baissé de 7% pour les apprenants de la langue

et de 17% d’étrangers apprenant le français, ce en l’espace de 3 ans.

Cependant on peut se réjouir de l’évolution positive de la langue française sur le continent

africain. En effet, le nombre d’apprenants dans les régions d’Afrique subsaharienne et de

l’océan Indien aurait connu une progression de 31,5% et de 18,8% pour les apprenants du

français comme langue étrangère.

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient connaissent eux aussi une évolution du nombre

d’apprenants du français, à savoir une augmentation de 16,6% d’apprenants et de 16,9%

d’apprenants du français comme langue étrangère.

Ce phénomène s’explique notamment par une hausse du taux d’alphabétisation dans les

pays d’Afrique. Quant aux pays d’Asie, l’évolution de la langue française est explicable par la

volonté de trouver une alternative au modèle anglo-saxon.

Ces données peuvent être appuyées par le document de l’annexe 4. Dans cet entretien paru

dans le quotidien Le Monde, Xavier North affirme que « d'après les projections, on comptera

700 à 750 millions de francophones dans le monde en 2050, dont 500 millions en Afrique ».

Selon lui, cela est effectivement expliqué par l’alphabétisation mais également la croissance

démographique de ces pays d’Afrique.

Xavier North est depuis 2004 le délégué général à la langue française et aux langues de

France au sein du Ministère de la Culture et de la Communication. Dans cet entretien, il

évoque l’avenir de la langue française et assure que la France ne pâtit pas complètement de

la popularité de la langue anglaise. Il explique que l’on a souvent emprunté des mots de

l’anglais et que notre langue ne disparait pas pour autant, il illustre cette idée en évoquant

Proust et les mots anglais qu’il utilisait dans « A la recherche du temps perdu », ces mots

paraitraient aujourd’hui désuets dans notre langue. Il tente par ailleurs de prouver que le

français est une langue suffisamment riche pour trouver de nouveaux instruments afin de

continuer son évolution. Xavier North évoque notamment les populations qui ont choisi la

langue française pour tout ce qu’elle représente, et non pas seulement comme une langue

de communication.

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Par ailleurs, la promotion du français dans le monde peut revêtir les formes les plus diverses

et variées. La création des Alliances françaises et autres centres culturels français implantés

partout dans le monde ont pour but de promouvoir la langue française et de répandre la

culture française à l’étranger. Tous les moyens sont mis en action pour séduire le plus

d’étrangers ou de francophones possible.

Le document de l’annexe 5 en est un exemple. Il s’agit de «7 bonnes raisons pour les parents

d’élèves et les directeurs d’écoles de faire le choix du français » apparaissant sous forme

d’affiches ou de dépliants diffusés par le Ministère des Affaires étrangère et européennes

dans les Alliances Françaises et les centres culturels français du monde entier. Ces courtes

phrases sont destinées à attirer des profanes de la langue française afin qu’ils deviennent de

nouveaux apprenants. Cette campagne met l’accent sur la culture française sous toutes ses

formes. On fait appel à des lieux communs sur la culture française tels que les chansons

d’Edith Piaf connues dans le monde entier, ou encore sur la cuisine ou la littérature. On

incite également à venir faire du tourisme en France ou à étudier dans les grandes

institutions françaises telles que la Sorbonne ou HEC.

Le but n’est pas de faire connaître la France mais plutôt de propager la culture française à

l’étranger sur un arrière-plan d’ordre économique (comme relancer le tourisme afin que la

France garde son rang de pays le plus visité au monde.

Lorsque l’on évoque les organisations internationales promouvant le français, il est

inévitable de parler de l’Organisation Internationale de la Francophonie

Outre la promotion de l’usage de la langue française, cette organisation regroupant 75 Etats

a un réel pouvoir politique décisionnel dans de multiples domaines. L’idée n’est pas

uniquement d’étendre l’usage du français dans le monde, mais plutôt d’instaurer la paix, la

démocratie et de défendre les droits de l’Homme, en quelques sortes, revenir aux

fondamentaux de la Déclarations des droits de l’Homme.

Comme il y a, selon X. North, plusieurs « anglais » (l’anglais de la communication

internationale ou l’anglais de la recherche…) on peut maintenant affirmer qu’il y a bien

plusieurs langues françaises et qu’elles ne connaissent pas la même évolution.

On peut penser que la culture française, qui s’est façonnée à travers les siècles et qui a eu un

jour, une influence internationale (à partir de l’époque des Lumières), continuera de séduire

de plus en plus de populations.

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Si le français ne peut se mesurer à l’anglais dans les domaines économiques et commerciaux,

elle trouvera sûrement une place importante dans la culture.

Annexe 1

Les élites sacrifient la langue françaiseL’utilisation de l’anglais se banalise en France et dans de nombreux pays. Ce phénomène ancien est aujourd’hui porté par la mondialisation de l’économie, dont l’anglo-américain est la langue véhiculaire. Si la classe dirigeante semble l’encourager, des résistances s’organisent.

Par Gaston Pellet, décembre 2010

Depuis qu’existent les relations entre peuples, les penseurs, gens de lettres et savants se sont heurtés au problème de la langue. En Europe, pour surmonter la difficulté, ils avaient adopté le latin. Langue ancienne complexe, elle présentait l’avantage d’exprimer toute la finesse d’une pensée, mais le grand inconvénient d’être réservée à l’élite. Le français, d’abord utilisé comme langue de prestige par l’aristocratie européenne, s’imposa au XIXe siècle comme une langue coloniale, au détriment des langues et idiomes locaux, dont beaucoup ont disparu ou sont en voie de disparition.

Par un curieux retour des choses, la langue française serait-elle en passe de subir le même sort ? Son envahissement par ce qu’on appelle désormais le « tout-anglais » est suffisamment

visible pour qu’on s’interroge. Le problème ne semble pourtant pas embarrasser l’Académie française. Son site prétend qu’« il est excessif de parler d’une invasion de la langue française par les mots anglais ». Pour les Immortels, « les emprunts à l’anglais sont un phénomène ancien », connu avant même le XVIIIe siècle ; il y aurait même lieu de s’en féliciter puisque « certains [d’entre eux] contribuent à la vie de la langue ». Leur fréquence s’accélérerait cependant depuis une cinquantaine d’années, reconnaît l’Académie.

Dans son Dictionnaire amoureux des langues (Plon, 2009), le linguiste Claude Hagège consacre un chapitre aux langues en danger, dans lequel il inclut le français. Le professeur honoraire au Collège de France décèle deux menaces essentielles. L’une proviendrait de

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l’extérieur — « la domination économique et politique du monde » par les Etats-Unis — et l’autre, interne, serait le fait des « élites » non conscientes, des intellectuels et des marchands. Il dénonce « la substitution pure et simple d’une langue par une autre ».

Les atteintes au français se multiplient jusqu’au sommet de l’Etat. Ministre de l’économie, Mme Christine Lagarde reçut ainsi le prix de la Carpette anglaise en 2007 pour avoir communiqué en anglais avec ses services (elle s’est aussi vu attribuer le sobriquet de « Christine The Guard »). Mme Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, fut, quant à elle, primée en 2008 pour avoir déclaré que le français était « une langue en déclin » et qu’il fallait briser le tabou de l’anglais dans les institutions européennes ainsi que dans les universités de l’Hexagone.

La presse n’est pas en reste. Ainsi Christophe Barbier, directeur de rédaction de l’hebdomadaire L’Express, a-t-il déclaré, le 13 juin 2008, que l’Europe dispose d’« un outil de communication commun (…), l’anglais. On pourrait d’ailleurs l’utiliser pour faciliter tout ça en mettant dans sa poche, avec le mouchoir par-dessus, une fierté un peu dépassée ». Ce type d’argument pénètre, à leur insu, ceux qui effectuent un distinguo pertinent entre l’anglais et le « globish ». Ce sabir anglo-américain, très utile pour les échanges, serait inoffensif dès lors que nous n’avons pas affaire à une véritable langue, mais à un simple code de communication. Cependant, ce choix, loin d’être naturel, est culturel, et nous commençons à utiliser l’anglais — et non plus seulement le globish — pour communiquer (mal en général) en tant que Français avec des non-anglophones… La langue française risque de devenir secondaire en France même. Fiction ? « Comme on est tous bilingues, ce n’est pas la peine de traduire ! », s’est exclamée joyeusement la journaliste de France Info le 31 janvier dernier, après plusieurs phrases en anglais du président d’un géant américain de l’informatique…

Ces phénomènes, qu’on pourrait croire isolés, accompagnent des attaques concrètes contre la langue française. L’enseignement de l’anglais est ainsi préconisé depuis la grande section de la maternelle et il est obligatoire depuis le

CE1. « Il y a une quinzaine d’années, il ne s’agissait que d’une initiation que nous découvrions en CM1 et CM2... », raconte un enseignant, ajoutant que, parallèlement, « les rapports révèlent que nos élèves sont mauvais en français, mais que rien n’est fait pour relever le niveau ». Le gouvernement projetterait même de faire dispenser certaines disciplines directement en anglais au lycée — comme c’est déjà le cas à l’université et dans la plupart des écoles de commerce réfractaires aux exigences de la loi Toubon de 1994. Le président de la Conférence des grandes écoles, le directeur général de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), des directeurs d’écoles d’ingénieurs, des présidents d’université se relaient pour réclamer un « aménagement » de la loi.

Le tout nouveau Sciences Po de Reims délivre désormais la totalité de son enseignement en anglais. Tel organisme s’affiche comme « The French Institute of International Relations », tel autre se baptise « Paris School of Economics ». Dans l’actualité de l’enseignement en histoire économique, on trouve par exemple ce message adressé à une universitaire de Paris-VII : « Chers Collègues, nous sommes en train de finir de déposer la Full Proposal de notre demande de création de réseau COST European monetary unification, from Antiquity to modern times (EMU) »... On portraiture les défenseurs du français en victimes du syndrome de Fachoda, mais, à la lecture de ces lignes, de quel côté se trouve la caricature ?

Les chercheurs sont, quant à eux, sommés de publier en anglais s’ils veulent avoir quelque chance d’être lus. En outre, appuyé par le patronat européen, le protocole de Londres d’octobre 2000 fait de l’anglais la langue internationale de travail et d’échange au sein de l’Office européen des brevets.

L’anglais envahit aussi la vie quotidienne. Les grandes surfaces l’affichent. Carrefour s’est subdivisé en Carrefour Market, City, Discount ; une filiale d’Auchan est devenue Simply Market. Dans l’industrie, Renault Poids lourds a cédé devant Renault Trucks, la filiale de distribution s’intitule Renault Retail Group, les « briefings » internes se tiennent en english. Les petites et moyennes entreprises n’échappent pas au mouvement, au point de

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susciter la constitution d’un Collectif intersyndical pour le droit de travailler en français en France. Dans le petit commerce, les enseignes affichent Cash Converters, City Plantes, Urban Souvenirs et autres New Shop. A voir la profusion des magasins en -land, City- et -center, on saisit vite que l’imagination n’y gagne pas toujours. Les services publics — ou ce qu’il en reste — sont-ils préservés ? La Poste affirme : « I Love L.A. » pour promouvoir son Livret A, la SNCF propose ses billets « TGV-Family », France Télécom invente le « Time to move ». Nos enfants, qui ne savent plus qu’electronic ou optical n’est pas français, ne sont pas oubliés : le « drive » les conduit à l’aire de jeux et bientôt au « game space ».

L’Union européenne chapeaute le mouvement. Parmi les vingt-trois langues officielles, le français, l’anglais et l’allemand sont reconnus comme langues de travail (règlement du 6 octobre 1958). On observe toutefois, depuis une douzaine d’années, une régression de l’emploi du français et de l’allemand. Eurostat, service des statistiques de la Commission européenne, diffuse ainsi, depuis avril 2008, sa publication Statistiques en bref uniquement en anglais. Comme le remarque George Parker, du Financial Times, « on a de plus en plus l’impression de vivre, à Bruxelles, dans un dominion de la Couronne ». Une conférence intitulée « Adequate information management in Europe : The EU and the challenge of communication » « présente la particularité d’être monolingue. Anglophone, devrais-je dire… (…) Il va sans dire que personne n’est choqué au sein de la Commission par cet unilinguisme arrogant ».

Comme beaucoup de personnalités européennes, Mme Anna Maria Campogrande, présidente d’Athéna et fonctionnaire à la Commission européenne, s’interroge : « Qui peut faire quelque chose contre cet incompréhensible et avilissant sabordage de la

langue française par les Français eux-mêmes ?… » A quoi l’un de ses collègues répond : « Non, les Français ne sabordent pas la langue française : ce sont les Européens qui se sabordent en sacrifiant tout (langue, argent, zones d’influence) au profit des Américains. » Ces évolutions se produisent alors que le douteux débat sur l’identité nationale a confirmé que, pour beaucoup de Français, l’élément déterminant de celle-ci n’est autre que leur langue.

Le parti pris de l’anglais est directement lié à la quête des affaires. En effet, les chevaliers de l’industrie et du commerce international ont besoin d’une langue de communication qui facilite les échanges. Ils adoptent logiquement celle que leur impose l’impérialisme dans le contexte de la mondialisation capitaliste. L’Europe de la « concurrence libre et non faussée » construit méthodiquement l’outil du tout-libéralisme afin de parvenir au dépassement des nations dont la langue est le symbole. On notera, à ce propos, les attaques gouvernementales contre tout ce qui ne concourt pas à la formation du profit et est donc considéré essentiellement comme une charge : les centres culturels à l’étranger, l’étude des langues orientales, des langues anciennes, etc.

Les catégories populaires et les personnes âgées comptent parmi les premières victimes de cette politique. Les voici tenues de s’adapter dans leur vie de tous les jours, sans avoir forcément les moyens de suivre ni d’assimiler les déformations de la langue, qui leur devient peu à peu étrangère. Enracinées dans le monde du travail, des forces nouvelles se mobilisent et la résistance linguistique, associée à la résistance sociale, prend forme. Au-delà de l’enjeu national, c’est l’ensemble des langues de la planète, y compris l’anglais lui-même, qui se voient dépouillées au profit de cet idiome bâtard qu’est l’anglo-américain.

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Annexe 2

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Annexe 3

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Annexe 4

"Le français a toutes les ressources nécessaires pour se réinventer"Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France

A l'occasion de la Semaine internationale de la langue française et de la francophonie, Xavier North, agrégé, normalien et délégué général à la langue française et aux langues de France, se félicite de la progression du français à travers le monde. Et réfute, au passage, l'idée selon laquelle la langue de Molière, trop figée, courrait un danger face à l'anglais.

Comment le français se situe-t-il par rapport à d'autres langues internationales ?

Le français a le privilège, avec l'anglais, l'espagnol et le portugais, d'être l'une des grandes langues de diffusion internationale. Du point de vue du nombre de ses locuteurs

[estimé par l'Organisation internationale de la francophonie à environ 220 millions en 2010], il figure, selon les classements en vigueur, dans un peloton d'une douzaine de langues. C'est loin d'être négligeable, d'autant que la France ne représente que 1 % de la population mondiale et qu'il existe quelque 6 000-6 500

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langues sur la planète. Ce qu'il est important de noter, c'est que le français a connu une évolution très importante de son statut. Pendant longtemps, deux ou trois siècles, il a eu une prétention à l'universalité. Aujourd'hui, il se veut plutôt une langue d'influence mondiale, ce qui n'est pas la même chose. Bien sûr, ce changement de statut est souvent interprété comme un recul, voire un déclin. Mais cette image est fausse car le français, sous l'effet conjugué de l'alphabétisation et de l'expansion démographique, est une langue qui, en chiffres absolus, continue de progresser. C'est notamment le cas en Afrique [d'après les projections, on comptera 700 à 750 millions de francophones dans le monde en 2050, dont 500 millions en Afrique].

Y a-t-il des aires culturelles où le français a particulièrement progressé ?

Si l'on observe ce qui se passe au-delà du périmètre traditionnel de la francophonie, on constate que le français progresse dans des espaces où l'on ne s'attendrait pas à ce que ce soit le cas. Je pense en particulier à l'Afrique anglophone, et notamment à l'Afrique du Sud, où l'apprentissage et le développement du français s'inscrivent dans une politique de bon voisinage : le pays cherche à se désenclaver et à travailler en relation plus étroite avec l'Afrique francophone. Mais le français s'est également fortement développé ces dernières années sur le pourtour asiatique, ainsi que dans les pays du Golfe. Dans ce dernier cas, cela s'explique par la volonté de s'adosser à un modèle alternatif au modèle anglo-saxon dominant. Le meilleur exemple est sans doute celui d'Abou Dhabi. Ce n'est pas un hasard si une antenne de la Sorbonne s'y est implantée en 2006 et si un accord intergouvernemental a été signé en mars 2007 pour développer le Louvre Abou Dhabi [ce musée doit théoriquement ouvrir ses portes à l'horizon 2013]. C'est assurément le signe d'une francophilie ou, en tout cas, d'un intérêt pour la France.

Comment expliquer cet engouement pour le français ?

Dans l'aire de la Francophonie du Sud – la nuance est importante parce que les problématiques sont évidemment différentes au

Québec, en communauté française de Belgique et en Suisse –, le français est perçu comme un outil de développement, d'accès au savoir ; un outil qui permet d'assurer la promotion personnelle via l'ascension professionnelle. Le français apparaît aussi comme une langue de liberté. En témoigne l'image qui est la sienne dans les pays du Maghreb. En dehors de l'espace francophone, je crois qu'il s'agit plutôt de la recherche d'un modèle alternatif, comme je le suggérais précédemment.

Quelle est justement l'image globale du français ?

Tout a été dit – et son contraire – sur le français. Certains ont soutenu que c'était une langue qui se distinguait par son élégance ou sa clarté [d'Alembert, Rivarol]. D'autres en ont fait la critique [Fénelon, La Bruyère, Lamartine]. Ce sont là des jugements qui sont nécessairement subjectifs. Ce que l'on peut dire objectivement, c'est que la langue française est une langue qui, assez tôt dans son histoire, à partir du XVIe siècle, a été codifiée, dans le sens où elle a pu s'adosser à des dictionnaires. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'Académie française a été créée (voir encadré) ; Académie qui, d'ailleurs, n'est pas la première en Europe, puisque l'Accademia della Crusca a été créée à Florence en 1583.

Claude Hagège, professeur au Collège de France, rappelle que le français était naguère investi d'une "mission civilisatrice". Qu'en est-il aujourd'hui ?

L'expression de "mission civilisatrice" est profondément entachée par la période coloniale. Personne ne dirait donc aujourd'hui que le français a une mission civilisatrice. Pour ma part, je suis extrêmement sceptique à l'égard des discours selon lesquels le français serait porteur de valeurs. Aucune langue ne porte des valeurs, on lui attache des valeurs. Le français est ainsi la langue de la Déclaration des droits de l'homme, de Voltaire, de Rousseau, de Victor Hugo, mais c'est aussi la langue de Robert Brasillach [écrivain engagé au côté de l'Allemagne nazie, il fut condamné à mort et fusillé à la Libération] et de Charles Maurras [homme politique et écrivain, son soutien au régime de Vichy lui valut d'être condamné en 1945 à la détention perpétuelle

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et radié de l'Académie française], de Céline et de ses pamphlets. Ce qui a fait le rayonnement de la langue française, c'est l'ensemble des œuvres qui se sont construites en elle : des œuvres littéraires et philosophiques, des œuvres de pensée, mais aussi les travaux de nos moralistes et les grands discours politiques comme ceux de Montesquieu. Pensons aussi aux grands orateurs de la Révolution française, à Lamartine au milieu du XIXe siècle, à Victor Hugo, dont l'aura peut se faire sentir encore aujourd'hui, notamment en Amérique latine. Au Venezuela, le président Hugo Chavez a ainsi fait traduire et distribuer Les Misérables dans les écoles. Grâce à ce corpus d'œuvres, on a fini par attacher à la langue des valeurs d'émancipation, de liberté. C'est la raison pour laquelle il est souvent dit que le français est la langue des Lumières ou la langue des droits de l'homme.

A vos yeux, le français joue-t-il un rôle crucial dans la construction de l'identité nationale ?

Je parlerais d'identité culturelle plutôt que d'identité nationale. En effet, il ne faut pas oublier que le français n'est pas seulement la langue des Français, mais aussi celle du Québec, de la communauté française de Belgique et de populations qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans une identité française ; des populations qui se sont approprié la langue et qui voient en elle un instrument de liberté et, particulièrement dans les pays du Sud, de développement. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'une langue n'est pas qu'un outil de communication, c'est aussi une manière d'exprimer un rapport collectif avec le monde. La Semaine de la langue française a d'ailleurs justement pour thème cette année le  lien de solidarité qu'instaure une langue partagée.

Du fait du nombre croissant d'emprunts à l'anglais, certains linguistes affirment que la langue française est en danger. Partagez-vous ce constat ?

Je ne pense pas que la langue française se trouve en danger, car elle n'a pas cessé d'emprunter aux diverses langues du monde, comme au XVIe siècle avec l'italien [notamment dans le domaine des arts, avec des

mots comme arabesque, fresque, sonnet, entre autres]. La nouveauté, c'est que le français, dans la langue courante, a plus emprunté à l'anglais au cours de ces dix ou quinze dernières années qu'il ne l'avait fait au cours du demi-siècle, voire du siècle écoulé. Ce qui est également remarquable, c'est que ces emprunts sont quasi exclusifs. En effet, hormis l'anglais, le français n'emprunte que très peu aux autres langues, si ce n'est peut-être à l'arabe compte tenu des flux migratoires et des échanges entre les deux rives de la Méditerranée. Mais une langue étant un organisme vivant, rien ne dit qu'un grand nombre de mots anglais que nous utilisons aujourd'hui continueront à l'être dans dix, vingt, trente ou cinquante ans. Prenons l'exemple de Proust : dans A la recherche du temps perdu, il utilisait des termes anglais qui nous paraîtraient aujourd'hui totalement surannés.

Pourquoi emprunte-t-on de manière si massive à l'anglais ?

Cela est dû à la formidable pression qu'exerce cette langue, qui a prospéré dans des proportions beaucoup plus importantes que le français. Pour preuve, il y a aujourd'hui cinq fois plus de locuteurs d'anglais en Chine – et j'entends par là des personnes ayant une maîtrise au moins partielle de la langue – qu'il y a d'habitants en Grande-Bretagne ! L'anglais s'est imposé comme une langue globale, une langue de communication internationale pour toute une série d'échanges. C'est ce que l'on appelle assez volontiers le "globish", mais qui est en grande partie une fiction parce que l'anglais d'aéroport n'a rien de commun avec l'anglais de la recherche scientifique ou celui des entreprises.

Cette tendance récurrente à emprunter à l'anglais ne reflète-t-elle pas une certaine rigidité de la langue française et de son vocabulaire ?

Ce n'est pas notre vocabulaire qui est en cause, c'est notre place économique, notre capacité d'innovation. La langue est portée par des réalités économiques, des faits très objectifs : la puissance économique, commerciale, et même, le cas échéant, militaire.

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Comment la langue française va-t-elle évoluer, selon vous ?

J'ai tout à fait confiance dans la capacité du français à exprimer les réalités du monde contemporain et celles du monde à venir. Je crois qu'il possède en lui toutes les ressources

nécessaires pour se réinventer, sur les trottoirs de nos villes, dans les quartiers de nos grandes agglomérations ou dans les commissions de terminologie. C'est une langue en constante évolution. Il n'y a qu'à voir le nombre de termes ou de mots nouveaux qui font leur entrée chaque année dans les dictionnaires pour s'en convaincre...

Annexe 5

7 bonnes raisons pour les parentsd’élèves et les directeurs d’écoles de faire le choix du français

1. Apprendre une seule langue ne suffit pasDans le monde d’aujourd’hui, parler une seule langue étrangère ne suffit pas. Un élève qui parle plusieurs langues multipliera ses chances sur le marché de l’emploi dans son propre pays et au niveau international. Apprendre une autre langue, c’est acquérir une richesse supplémentaire et s’ouvrir d’autres horizons, personnels et professionnels.

2. Le français est, avec l ’ anglais, la seule langue parlée sur les 5 continents Plus de 200 millions de personnes parlent français sur les 5 continents. Le français est une grande langue de communication internationale. C’est la langue étrangère la plus largement apprise après l’anglais et la neuvième langue la plus parlée dans le monde. Le français est aussi la deuxième langue étrangère la plus enseignée au monde après l’anglais, et sur tous les continents. La Francophonie regroupe 68 États et gouvernements. La France dispose

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enfin du plus grand réseau d’établissements culturels à l’étranger où sont dispensés des cours de français à plus de 750 000 personnes.

3. Un atout pour sa carrière professionnelleParler français et anglais, c’est un atout pour trouver un emploi auprès des nombreuses multinationales françaises et francophones dans des secteurs d’activités variés (distribution, automobile, luxe, aéronautique...). La France, cinquième puissance commerciale, attire des entrepreneurs, des chercheurs et les meilleurs étudiants étrangers.

4. La découverte d ’ un univers culturel incomparable Le français est souvent considéré comme la langue de la culture. Tout cours de français s’accompagne d’un voyage culturel dans le monde de la mode, de la gastronomie, des arts, de l’architecture et de la science. Apprendre le français, c’est aussi avoir accès en version originale aux textes des grands écrivains français comme Victor Hugo ou Marcel Proust et de poètes illustres comme Charles Baudelaire ou Jacques Prévert. C’est pourvoir aussi écouter des acteurs comme Alain Delon ou Juliette Binoche... c’est enfin avoir le plaisir de comprendre et de chanter les chansons d’Édith Piaf ou de Charles Aznavour.

5. Un avantage pour étudier en FranceParler français permet de poursuivre des études en France dans des universités réputées (La Sorbonne, l’Université Pierre et Marie Curie...) ou dans les grandes écoles (HEC, Polytechnique, ESSEC), souvent à des conditions financières très avantageuses. Les élèves maîtrisant le français peuvent également sous certaines conditions bénéficier de bourses du gouvernement français pour suivre un troisième cycle d’études en France dans toutes les disciplines et obtenir un diplôme internationalement reconnu.

6. Visiter Paris et la FranceLa France est le pays le plus visité au monde avec plus de 70 millions de visiteurs par an. Avec des notions de français, il est tellement plus agréable de visiter Paris et toutes les régions de France (de la douceur de la Côte d’Azur aux sommets enneigés des Alpes en passant les côtes sauvages de la Bretagne) mais aussi de comprendre la culture, les mentalités et l’art de vivre à la française. Le français est tout aussi utile lorsqu’on visite l’Afrique, la Suisse, le Canada, Monaco, les Seychelles...

7. La langue des relations internationalesLe français est à la fois langue de travail et une des deux langues officielles à l’ONU, à l’UNESCO, à l’OTAN, dans l’Union européenne, au Comité International Olympique, à la Croix Rouge Internationale. Le français est la langue de plusieurs instances juridiques internationales. La maîtrise du français est indispensable pour toute personne qui envisage une carrière dans les organisations internationales.

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Bibliographie Le Monde Diplomatique, mensuel, août 2010 La bataille des langues, manière de voir, n°97, février-mars 2008 La langue française dans le monde en 2010, Nathan, 2010

Yves Montenay, La langue française face à la mondialisation, Les Belles Lettres, 2005.

L’atlas des minorités , Hors-série Le Monde/La Vie, 2011

Sources Internet Défense de la langue française : http://www.defenselanguefrancaise.org/ Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), site officiel :

http://www.francophonie.org/ France diplomatie, ministère des affaires étrangère et européennes :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/francophonie-langue-francaise_1040/index.html

Journal Le Monde, http://www.lemonde.fr/

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Blog, le français en partage, http://lefrancaisenpartage.over-blog.com/ Alliance Française de Paris, http://www.alliancefr.org/