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Conservation et gestion des ressources génétiques du caféier Arabica (Coffea arabica L.) : un dépour l'Éthiopie Résumé Les fore ˆts tropicales humides d’altitude du sud-ouest du plateau e ´thiopien constituent l’habitat naturel et le centre primaire de diversite ´ de Coffea arabica L. Si la de ´forestation est un phe ´nome `ne ancien en E ´ thiopie, elle s’est accentue ´e re ´cemment sous l’action de nombreux facteurs dont les principaux sont la croissance de ´mographique et la mise en œuvre de politiques publiques qui entrent en conflit avec les droits d’usage des communaute ´s locales. Apre `s un bref historique et un e ´tat des lieux des initiatives de conservation des ressources ge ´ne ´tiques des cafe ´iers d’E ´ thiopie dans des collections ex situ, nous de ´veloppons plus particulie `rement les concepts qui sont mis en œuvre par des projets de recherche et de de ´veloppement implique ´s dans la conservation in situ des cafe ´iers dans les fore ˆts et les jardins (re ´serve de biosphe `re, gestion participative des fore ˆts, certification du cafe ´, indications ge ´ographiques). Ces projets visent a ` concilier les objectifs de conservation de la biodiversite ´, de de ´veloppement e ´conomique et de pre ´servation des cultures et des savoir-faire paysans locaux. Mots cle ´s : coffea ; conservation ; diversite ´ ge ´ne ´tique dans l’espe `ce ; E ´ thiopie ; fore ˆt tropicale humide ; ressources ge ´ne ´tiques. The `mes : fore ˆts ; productions ve ´ge ´tales ; ressources naturelles et environnement. Abstract Preservation and management of the genetic resources of Arabica coffee (Coffea arabica L): A challenge for Ethiopia The montane rainforests in the south-western part of the Ethiopian Plateau are the natural habitat and primary centre of diversity of Coffea arabica L. Although deforestation is a long-lasting phenomenon, it recently amplified mainly due to growth in the population of the country and the application of governmental policies that conflict with the customary rights of local communities. After a brief history and presentation of the current state of ex situ conservation of Ethiopian coffee genetic resources, we enlarge on the concepts recently developed by research and extension projects involved in the in situ conservation of forest and garden coffee (biosphere reserves, participatory forest management, coffee certification, and geographic indications). Those projects aim at reconciling the objectives of conservation of biodiversity, economic development, and preservation of the local cultures and know-how. Key words: coffea; conservation; Ethiopia; genetic diversity within species; genetic resources; rain forests. Subjects: forestry; natural resources and environment; vegetal productions. Jean-Pierre Labouisse 1 Cindy Adolphe 2 1 Cirad UMR AGAP TA A-108/03 F-34398 Montpellier France <[email protected]> 2 MNHN IRD UMR 208 PALOC 43, rue Cuvier F-75231 Paris France <[email protected]> Pour citer cet article : Labouisse JP, Adolphe C, 2012. Conservation et gestion des ressources génétiques du caféier Arabica (Coffea arabica L.) : un dépour l'Éthiopie. Cah Agric 21 : 98-105. doi : 10.1684/agr.2012.0554 Tirés à part : J.P. Labouisse doi: 10.1684/agr.2012.0554 98 Cah Agric, vol. 21, n8 23, mars-avril mai-juin 2012 Synthèse

Synthèse - Ciradagritrop.cirad.fr/564548/1/document_564548.pdf · plants de La Re´union (Anthony et al., 2002). Actuellement la presque totalite´ de la production mondiale d’Arabica,

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Conservation et gestion des ressources génétiquesdu caféier Arabica (Coffea arabica L.) :

un défi pour l'Éthiopie

RésuméLes forets tropicales humides d’altitude du sud-ouest du plateau ethiopien constituentl’habitat naturel et le centre primaire de diversite de Coffea arabica L. Si la deforestation estun phenomene ancien en Ethiopie, elle s’est accentuee recemment sous l’action denombreux facteurs dont les principaux sont la croissance demographique et la mise enœuvre de politiques publiques qui entrent en conflit avec les droits d’usage descommunautes locales. Apres un bref historique et un etat des lieux des initiatives deconservation des ressources genetiques des cafeiers d’Ethiopie dans des collections ex situ,nous developpons plus particulierement les concepts qui sont mis en œuvre par desprojets de recherche et de developpement impliques dans la conservation in situ descafeiers dans les forets et les jardins (reserve de biosphere, gestion participative des forets,certification du cafe, indications geographiques). Ces projets visent a concilier les objectifsde conservation de la biodiversite, de developpement economique et de preservation descultures et des savoir-faire paysans locaux.

Mots cles : coffea ; conservation ; diversite genetique dans l’espece ; Ethiopie ; forettropicale humide ; ressources genetiques.

Themes : forets ; productions vegetales ; ressources naturelles et environnement.

AbstractPreservation and management of the genetic resources of Arabica coffee (Coffeaarabica L): A challenge for Ethiopia

The montane rainforests in the south-western part of the Ethiopian Plateau are the naturalhabitat and primary centre of diversity of Coffea arabica L. Although deforestation is along-lasting phenomenon, it recently amplified mainly due to growth in the population ofthe country and the application of governmental policies that conflict with the customaryrights of local communities. After a brief history and presentation of the current state of exsitu conservation of Ethiopian coffee genetic resources, we enlarge on the conceptsrecently developed by research and extension projects involved in the in situ conservationof forest and garden coffee (biosphere reserves, participatory forest management, coffeecertification, and geographic indications). Those projects aim at reconciling the objectivesof conservation of biodiversity, economic development, and preservation of the localcultures and know-how.

Key words: coffea; conservation; Ethiopia; genetic diversity within species; geneticresources; rain forests.

Subjects: forestry; natural resources and environment; vegetal productions.

Jean-Pierre Labouisse1

Cindy Adolphe2

1 CiradUMR AGAPTA A-108/03F-34398 MontpellierFrance<[email protected]>2 MNHNIRDUMR 208 PALOC43, rue CuvierF-75231 ParisFrance<[email protected]>

Pour citer cet article : Labouisse JP, Adolphe C, 2012. Conservation et gestion des ressourcesgénétiques du caféier Arabica (Coffea arabica L.) : un défi pour l'Éthiopie. Cah Agric 21 : 98-105.doi : 10.1684/agr.2012.0554Tirés à part : J.P. Labouisse

doi:10.1684/ag

r.2012.0554

98 Cah Agric, vol. 21, n8 2–3, mars-avril – mai-juin 2012

Synthèse

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A vec une production moyennede 370 000 tonnes de cafe paran de 2006 a 2010, l’Ethiopie

est le troisieme producteur mondiald’Arabica apres leBresil et la Colombie,et le premier producteur et expor-tateur de cafe d’Afrique (ICO, 2011).Veritable boisson nationale, le cafeest consomme localement en grandequantite (45,4 % de la productionnationale en 2010), aussi bien en zonerurale quedans les villes. C’est pourtanta partir de la Peninsule arabique et plusparticulierement duYemen, que le cafeArabica fut introduit en Europe a partirdu XVII

e siecle et qu’un petit nombre deplants ou de semences de cafeiersfurent importes a Java (Indonesie) en1690 et a l’Ile Bourbon (actuellementLa Reunion) vers 1715 (Berthaud etCharrier, 1988). Au sein de l’especeCoffea arabica L., la forme botanique« Typica » serait issue de la descen-dance d’un plant unique cultive a Javaet la forme « Bourbon » de quelquesplants de La Reunion (Anthony et al.,2002). Actuellement la presque totalitede la production mondiale d’Arabica,hors d’Ethiopie, repose sur l’exploita-tion d’un nombre restreint de cultivarscommerciaux derives de ces deuxformes botaniques.Pays longtemps ferme aux Occiden-taux, l’Ethiopie fut visitee a partir dumilieu du XIX

e siecle par des explora-teurs, desmilitaires et des commercantseuropeens qui purent observer l’abon-dance des cafeiers spontanes dansleur habitat forestier. Au debut duXX

e siecle, la diversite morphologiquedes cafeiers d’Ethiopie retint l’attentionde nombreux scientifiques (Chevalier,1929 ; Vavilov, 1935 ; Sylvain, 1958 ;Meyer, 1965) et le pays y gagna sonstatut de centre primaire de diversite del’espece C. arabica. Des etudes recen-tes utilisant des marqueurs moleculai-res ontmontre que les cafeiers prelevesen foret ou chez les fermiers ethiopienspresententunediversite genetiqueplusimportante que celle observee chez lescultivars derives des formes « Typica »et « Bourbon » (Lashermes et al., 1996 ;Anthony et al., 2002).Actuellement, les ressources du centrede diversite de l’espece C. arabicasont exploitees localement pour laproduction de cafes de terroir destinesa l’exportation (figure 1) et dansd’autres pays, comme au Panama avecla variete « Geisha », mais aussi enInde, en Tanzanie. . . Ces produits ont

penetre avec succes le marche descafes speciaux (speciality coffees) ougourmets. Enfin les genotypes col-lectes dans les forets et fermesd’Ethiopie sont utilises pour creerpar hybridation des cultivars amelio-res pour la productivite, la resistanceaux maladies et aux parasites, etla qualite organoleptique (BayettaBellachew, 1997 ; Bertrand et al.,1998 ; Anzueto et al., 2001 ; Bertrandet al., 2006).La prise de conscience et la mobilisa-tion de la communaute internationalepour la conservation des ressourcesgenetiques des cafeiers en vue deleur exploitation dans des program-mes d’amelioration se sont manifes-tees a partir des annees 1960 par desentreprises de collecte et de conser-vation ex situ (Charrier et al., 2009) et,plus recemment, par des initiativespour etudier les ecosystemes desforets a cafeiers d’Ethiopie et encou-rager localement leur conservation.

Apres avoir decrit les systemes deproduction du cafe en Ethiopie et lesfacteurs qui contribuent a l’erosiondes ressources genetiques du cafeierC. arabica, nous presenterons cesdeux approches de conservation.Nous developperons plus particulie-rement les concepts recemment misen œuvre par des projets de rechercheet de developpement pour la conser-vation in situ des cafeiers dans lesforets et jardins d’Ethiopie.

Les systèmesde production du caféen Éthiopie

Les forets d’altitude, qui couvraientautrefois la totalite du sud-ouest duplateau ethiopien, font partie duEastern Afromontane Biodiversity

12

45

6

1

2

3

4

5 Berhane-Kontir (Bench Maji)

Bonga (Keffa)

Adaba-Dodola (Bale)

Harenna (Bale)

3 7

6

7

Yayu (Illubabor)

Belete-Gera (Jimma)

Boginda-Yeba (Keffa)

8

8 Masha (Sheka)

Addis-AbebaHarar

Jimma

Harar

YC

Sidamo

Gimbi

LimuIllubabor

TepiBale

Amaro

Zeghie

Arsi

Nom de la forêt (zone administrative)

YC = YirgacheffeGrand rift africain

N

0 300 kmPrincipales villes

9 Maji (Bench Maji)

9

Figure 1. Forêts et terroirs à café d'Éthiopie.

Figure 1. Forests and coffee 'terroirs' of Ethiopia.Les zones de forêts d'altitude sont indiqu�ees en jaune. La localisation des forêts mentionn�ees dans le texte est indiqu�eepar des num�eros. Les noms des terroirs à caf�e sont mentionn�es en blanc et les appellations reconnues sur le march�einternational sont encadr�ees (l'appellation « Jimma » qui d�esigne un m�elange de caf�es tout-venant s�ech�es au soleiln'est pas mentionn�ee ici). Fond de carte : www.maplibrary.com

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Hotspot, reconnu, en raison de sa fauneet de sa flore endemiques, comme unreservoir de diversite biologiqued’interet mondial (Mittermeier et al.,2005). Situees principalement a l’ouestdu grand rift africain, entre 1 000et 2 000 m d’altitude, ces forets consti-tuent l’habitat naturel de C. arabica(figure 1). A l’est du rift, la foretd’Harenna dans le massif du Baleabriterait aussi des populations spon-tanees de cafeiers (Mesfin Tadesseet Lisanework Nigatu, 1996 ; Esayaset al., 2003).Depuis des siecles, ces forets d’altitudesont exploitees par les communauteslocales pour satisfaire leurs besoinsdomestiquesmais aussi comme sourcede produits commercialisables commele cafe, le miel, les epices et les plantesmedicinales. Les « cafeiers de foret »(forest coffee) sont parfois appeles« cafeiers sauvages » (wild coffee), cedernier terme n’etant en toute rigueurapplicable qu’a de rares ılots indemnesde toute intervention humaine. La« foret a cafeiers » (figure 2) est lesysteme d’exploitation par cueillettepratique par les communautes

locales qui se bornent a recolter lesfruits portes par les cafeiers ou,parfois, tombes a terre (WorkafesWoldetsadik et Kassu Kebede, 2000).A partir de cette situation initiale, onobserve des stades intermediairesd’intensification jusqu’au systemede production de la « semi-foret acafeiers » (semi-forest coffee system). Ils’agit d’une foret ou l’on a eclairci lesstrates arborees superieures et inter-mediaires, elimine les adventices etreplante de jeunes cafeiers dans lesespaces liberes (figure 3). De Forestaet al. (2009) ont propose le termed’« agroforet » pour qualifier ce typed’exploitation. Les systemes de pro-duction en foret et semi-foret predo-minent au sud-ouest du pays etcontribuent respectivement pour envi-ron 5 et 35 % a la production nationale(Petit, 2006). Dans les deux situations,le materiel vegetal exploite est direc-tement derive des populations decafeiers sauvages et presente unevariabilite phenotypique et genoty-pique maximale (Kassahun Tesfayeet al, 2007). En raison de la compe-tition avec la flore forestiere environ-

nante, les rendements en cafemarchand ne depassent pas 200 kg/haen systeme foret et 400 kg/ha ensemi-foret (Workafes Woldetsadik etKassu Kebede, 2000). Dans la foret deBerhane-Kontir, Feyera Senbeta etDenich (2006) ont releve des densitesde cafeiers adultes (hauteur > 1,5 m)de l’ordre de 965 plants par hectareen foret et 4 512 en semi-foret. Enl’absence de taille, certains individuspeuvent y atteindre 13 metres dehauteur.Avec l’accroissement de la demandelocale en cafe a partir du XVI

e siecle et laforte expansion des exportations des lafin du XIX

e siecle (Pankhurst, 1997), lacafeiculture s’est developpee au-delade l’habitat naturel de C. arabica dansde petites plantations familiales ou desjardins de case, principalement au sud,ou sont produits les cafes « Sidamo » et« Yirgacheffe », et a l’est du pays ou estproduit le cafe « Harar » (figure 4). Lesjardins forment souvent des associa-tions agroforestieres diversifiees ou semelent cafeiers, arbres d’ombrage,fruitiers et autres cultures intercalaires(Cochet, 2009). Ces « cafeiers de jar-din » (garden coffee) sont moins diver-sifies genetiquementque les cafeiers deforet (Anthony et al., 2001 ; KassahunTesfaye et al., 2007) ce qui sembleindiquer que des semences ont pu etretransportees depuis les forets del’Ouest, et eventuellement depuis lemassif du Bale. Ces cafeiers formentdes populations ou « varietes » paysan-nes (landraces) bien adaptees auxconditions de chaque terroir. En 1987,dans le Harerge, Bayetta Bellachew(1987) relevait 17 noms de varieteslocales. Plus recemment, dans le districtde Yirgacheffe (zone Gedeo), Adolphe(2010) a observe une nomenclaturemoins riche avec trois varietes princi-pales (wolisho, deega et kudhume) etquelques noms recents designant desvarietes ameliorees. Les « cafeiers dejardin » contribuent pour 50 % a laproduction nationale.Le solde de la production (10 %environ) est fourni par de grandesplantations appartenant a l’Etat ouplus recemment a des investisseursprives, qui appliquent un mode deconduite intensif. Le materiel vegetalutilise dans ces plantations est moinsdiversifie et souvent compose devarietes selectionnees par la recherchepour leur productivite elevee et leurresistance aux maladies.

Figure 2. Jeunes caféiers de forêt (forêt de Boginda-Geba, zone de Keffa).

Figure 2. Young forest coffee plants (Boginda-Geba forest, Keffa zone).Autour des caf�eiers, on apercoit plusieurs feuilles d'une �epice, la maniguette kororima.Photo S. Kotecha, 2004.

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Les facteurs d'érosionde la diversitégénétique des caféiersen ÉthiopieLa deforestation due aux activiteshumaines est le phenomene qui contri-bue le plus a la disparition desressources genetiques des cafeiersd’Ethiopie. On estime, sur la base dedonnees historiques, que la foretpluviale d’altitude a pu constituer parle passe l’etat climacique d’environ35 % du territoire de l’Ethiopie(Tadesse Woldemariam et al., 2002).Reusing (2000), en interpretant desimages satellitaires, a evalue a 6,08 % lacouverture forestiere du territoiredurant la periode 1973-1976, et a3,93 % (dont seulement 0,2 % de foretdense non degradee) durant la periode1986-1990. Sur les hauts plateaux dusud-ouest, entierement recouverts deforet dense au debut du XX

e siecle,l’analyse par photos aeriennes d’unezone de 3 millions d’hectares de foretsa cafeiers autour de la ville de Bonga, amontre qu’en 1971-1975 ne subsis-taient que 38,4 %de la surface couvertede fragments de forets denses etseulement 18,4 %en 1996-1997. A cettederniere date, il subsistait encore desforets moyennement a fortementdegradees sur 48 % de cette surface.Selon Tadesse Woldemariam et al.(2002) et Gatzweiler (2007), les prin-cipaux facteurs de cette evolutionsont : i) la croissance demographiquedu pays (2,57 % l’an pour la periode1961-2009) qui entraıne la reconver-sion des forets en terres agricoles ouen paturages, ainsi que l’accroisse-ment des prelevements de bois dechauffage et de construction ; ii) dansles decennies 1970 et 1980, unepolitique gouvernementale qui a favo-rise l’expansion de fermes d’Etat et ledeplacement de populations originai-res de zones defavorisees afin d’ame-liorer leur securite alimentaire ; iii) undroit forestier changeant au gre desgouvernements successifs et un statutpublic des forets naturelles quientrent en conflit avec les droitsd’usage des populations autochtones ;iv) l’absence de moyens pour mettreen œuvre la reglementation visant apreserver ces zones de l’exploitationillegale du bois ; v) plus recemment,

Figure 3. Semi-forêt à caféiers dans le district de Limu Kosa (zone de Jimma) où l'on produit par voiehumide un café de grande qualité sous l'appellation 'Limu washed'.

Figure 3. Coffee semi-forest in the district of Limu Kosa (Jimma zone) where the high quality 'Limu washed'coffee is produced by wet processing.Photo J.-P. Labouisse, 2006.

Figure 4. Caféiers de jardin avec ensètes (Ensete ventricosum) et arbres d'ombrage dans le district deKochere (zone de Gédéo) où est produit le café « Yirgacheffe ».

Figure 4. Garden coffee with enset plants (Ensete ventricosum) and shade trees in Kochere district (Gédéozone), where the 'Yirgacheffe' coffee is produced.Photo C. Adolphe, 2009.

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l’etablissement de compagnies pri-vees, encouragees par la liberalisationde l’economie, qui ont investi lesecteur de la production du cafe oud’autres cultures de rente et obtenudes concessions, parfois de plusieursmilliers d’hectares, en zone forestiere.D’autres facteurs jouent aussi un roledans la reconversion des cafeieres deforet ou de jardin : faiblesse des coursdu cafe en particulier durant lesannees 1999 a 2004, tres faible rende-ment et qualite parfois mediocre ducafe de foret, competition avec descultures plus lucratives, pression desmaladies et changement climatique.Ainsi l’aire de culture des cafeiers del’Harerge, qui donne le cafe gourmet« Harar », diminue sous les effetsconjugues de periodes de secheressede plus en plus prolongees, demaladies (anthracnose des baies duea Colletotrichum kahawae et rouilleorangee due a Hemileia vastatrix), etde la competition du khat (Cathaedulis), une plante stimulante demeilleur rapport et plus tolerante ala secheresse que le cafe (BayettaBellachew, 1987). Enfin la diffusion apartir des annees 1980 d’un nombrelimite de varietes selectionnees par larecherche a eu pour consequence dereduire la diversite. En 1991, MesfinAmeha (1991) faisait deja etat de25 000 a 30 000 hectares de semi-forets remplacees par des plantationsde varietes selectionnees productiveset resistantes a l’anthracnose desbaies. Au sud du pays (zones Sidamaet Gedeo), afin de remplacer le vergerde cafeiers, vieillissant et attaquepar l’anthracnose des baies etla tracheomycose a Gibberella xyla-rioides, cinq varietes ameliorees parla recherche sont actuellement diffu-sees aupres des fermiers (Adolphe,2010).

Conservation ex situdes ressourcesgénétiques du caféieren Éthiopie

Les premieres collectes de cafeiers enEthiopie ont ete entreprises, de faconsporadique et limitee, par des explo-

rateurs, des militaires, des marchandsou des botanistes a partir du milieudu XIX

e siecle (Sylvain, 1958 ; Meyer,1965). En 1964-1965 une missioninternationale mandatee par la FAOcollectait 621 echantillons de cafeiers(individus ou populations) dans lesprincipales zones de culture d’Ethio-pie (Meyer et al., 1968). En 1966, unemission de l’Orstom (actuel Institutde recherche pour le developpementou IRD) collectait 61 individus oupopulations principalement dans lesforets a cafeiers du sud-ouest du pays(Guillaumet et Halle, 1967). Lesechantillons collectes ont ete repartisentre plusieurs institutions enAfrique, Asie, et Amerique Latine(Anthony et al., 2007) et, pour unepartie d’entre eux, ont fait l’objetd’etudes de diversite sur les caracte-res phenotypiques (Meyer et al.,1968 ; Charrier, 1978 ; Montagnonet Bouharmont, 1996) et par l’utilisa-tion de marqueurs moleculaires(Anthony et al., 2001 ; Silvestriniet al., 2007).En Ethiopie, ce n’est qu’a partir de1967, avec la creation de la station derecherche de Jimma (actuellementJimma Agricultural Research Centerou JARC), que des prospections syste-matiques ont permis de constituer unecollection nationale de cafeiers quicomportait 4780 accessions en 2006(Labouisse et al., 2008). Les cafeierssont maintenus sous la forme decollections vivantes au champ repar-ties dans dix stations de recherche del’Ethiopian Institute for AgriculturalResearch (EIAR) etablies dans lesgrandes zones de production. Depuis1985, une deuxieme collection de5196 accessions principalement col-lectees en foret est aussi conserveepar l’Institute of Biodiversity Conser-vation (IBC) a Choche (district deLimu).Ces deux institutions nationales dis-posent de ressources financieres limi-tees pour entretenir ces importantescollections conservees au champ.En outre, ces dernieres ne sont pas al’abri d’une erosion genetique qui, enEthiopie, est principalement provo-quee par la tracheomycose et undeperissement physiologique (die-back) du a des pratiques culturalesinadequates ou a l’inadaptation auxconditions ecologiques du site deconservation. Au JARC, le taux d’ero-

sion a ainsi ete estime a 0,6 % l’an(Labouisse et al., 2008).

Conservation in situet à la ferme

Conservation des forêtsà caféiers d'ÉthiopieLa conservation in situ du patrimoinegenetique que constituent les cafeiersde foret a ete consideree comme uneurgence nationale a partir des annees1990 (Mesfin Ameha, 1991). En 1994 aete elabore le cadre juridique (Ethio-pian Forestry Action Program) visant afixer les droits de propriete, d’usage etde conservation des forets et, en 1998,trois massifs forestiers du Sud-ouestont ete identifies par le gouvernementcomme des zones prioritaires deconservation (figure 1). Il s’agit desforets de Yayu (c. 18 600 hectares),Berhane-Kontir (c. 20 000 hectares)et Boginda-Yeba (c. 5 500 hectares)(Tadesse Woldemariam et al., 2002).Ces trois forets, ainsi que la foret deMaji, la foret d’Harenna et des frag-ments forestiers autour de la villede Bonga, ont fait l’objet, de 2002 a2009, de nombreux travaux de recher-che dans le cadre du projet COCE(COnservation and use of wild popu-lations of Coffea arabica in themontane rainforests of Ethiopia),un projet associant principalement leCentre de Developpement de l’Uni-versite de Bonn (ZEF), l’IBC, l’EIAR etl’universite d’Addis-Abeba (TadesseWoldemariam et al., 2008b). On peutnoter des etudes sur l’evolution flo-ristique des forets a cafeiers en fonc-tion du niveau d’exploitation (FeyeraSenbeta et Denich, 2006 ; TadesseWoldemariam et al., 2008a ; Schmittet al., 2009), l’evaluation de la varia-bilite genetique des cafeiers par desmarqueurs moleculaires (KassahunTesfaye et al., 2007), l’ecophysiologiedes cafeiers (Beining et al., 2008),l’inventaire des maladies et parasitesainsi que les aspects institutionnels eteconomiques (Schmitt et Grote, 2006 ;Richerzhagen et Virchow, 2007 ;Wiersum et al., 2007 ; Stellmacher,2008). Comme modele de conserva-tion, le projet a promu le concept dereserve de biosphere du programme

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« L’homme et la biosphere » (The Manand the Biosphere MAB) de l’Unescoqui s’attache a concilier les objectifs deconservation de la biodiversite, dedeveloppement economique et depreservation des cultures locales endefinissant differentes zones geogra-phiques (core zone, zone tampon,zone de transition) selon le degred’intensification autorise pour l’exploi-tation par les populations locales(Tadesse Woldemariam et al., 2002 ;Schmitt, 2006). Atouts et contraintes del’application du concept de reserve debiosphere aux forets d’Ethiopie ont etepasses en revue par Feyera Senbataet al. (2007). En2010,deuxzones richesen forets a cafeiers ont ete inscrites auprogramme MAB : Yayu Coffee ForestBiosphere Reserve et Kafa BiosphereReserve, cette derniere englobant plu-sieurs fragments forestiers de l’actuellezone de Keffa, dont les forets de Bongaet Boginda-Yeba.Face aux multiples defis poses par laconservation des forets, le gouverne-ment d’Ethiopie a fait appel a desagences de developpement pour met-tre en œuvre des projets bases sur lagestion participative des forets (Parti-cipatory Forest Management ou PFM).PFM est un concept utilise pour decrireles systemes de gestion dans lesquelstous les utilisateurs de la foret (commu-nautes de chasseurs-cueilleurs, exploi-tants de la terre ou du bois) et lesservices de l’Etat en charge des foretstravaillent de concert a definir et faireappliquer des droits d’usage de laforet, etablissent les responsabilitesde chaqueacteurenmatieredegestion,et s’accordent sur la facon dont lesbenefices degages seront partages(Irwin, 2007). Apres une premierephase qui consiste a recenser lesressources potentielles de la foret etleurs utilisateurs et a etablir un zonageet un etat des lieux, les acteurs encharge de la gestion de la foret(institutions coutumieres, cooperati-ves) negocient avec les services del’Etat un plan de gestion de la foret(Forest Management Plan) qui seraensuite mis en œuvre et dont lesresultats seront regulierement evalues.Parmi les maıtres d’œuvre de projetsPFM intervenant dans les forets acafeiers, on peut citer : Farm-Africaet SOS Sahel a Bonga de 2002 a 2007 etdans le massif forestier de Bale depuis2007 (BERSMP, 2007), GTZ dans lesforets d’Adaba-Dodola depuis 2005,

Japanese International CooperationAgency (JICA) dans la foret de Belete-Gera de 2003 a 2010 (PFMPBG,2009), et l’universite de Huddersfield(Royaume-Uni), Ethio-Wetlands, Natu-ral Resources Association et Sustai-nable Livelihood Action sur le projetNTFP (Non Timber Forest ProductsProject) dans la foret de Masha depuis2004 (NTFP-PFM, 2010). L’impactsocio-economique et ecologique duprojetFarm-Africa a Bongaa ete etudiepar Gobeze et al. (2009) qui ont relevequ’entre 2002 et 2007 les communauteslocales sont devenues moins depen-dantes de l’exploitation du bois etdu charbon de bois, et ont augmenteleurs revenus tires de la production decafe, de miel et de nouvelles activitesagropastorales. La structure de la forets’est amelioree de faconmoderee,maissignificative (augmentation des densi-tes de jeunes arbres et du nombred’especes).Parmi les nombreuses actions meneeslocalement afin d’ameliorer le revenudes producteurs de cafe de foret, unedes premieres initiatives fut la misesur le marche allemand en 2003 par laKafa Forest Farmers’ CooperativeUnion d’une quantite significative decafe (131 tonnes en 2003-2004) sous lenom de « Wild Coffee of Ethiopia ».Cette operation a ete couronnee desucces et a ouvert la voie a desdemarches de certification : produitissu de l’agriculture biologique,commerce equitable, UTZ certifiedTM,Rainforest Alliance, etc. (Wiersumet al., 2007). Alors que le bilan del’impact des nombreuses initiatives,passees et en cours, sur la conservationdes forets a cafeiers reste encore adresser, Stellmacher (2008) defend lathese selon laquelle l’application detelles demarches de certification, prin-cipalement orientees vers l’obtentiond’un bonus sur le prix paye auproducteur, pourrait avoir pour resultatune degradation de l’ecosysteme fores-tier car elle favoriserait l’intensificationde la culture. Pour lever cette contra-diction entre benefice economiqueet conservation de la biodiversite, cetauteur recommande la creation d’unecertification « Cafeiers de foret », pren-ant en compte les specificites de cetteproduction en Ethiopie (espece ende-mique recoltee en foret naturelle, faiblerendement et faible densite sur dessurfaces etendues, absence d’intrants,dispersion des producteurs, etc.).

Conservation à la fermedes caféiers de jardin

Outre leur relative diversite, l’interetde conserver a la ferme les popula-tions de cafeiers de jardin reside dansleur meilleure accessibilite par rapportaux cafeiers de forets. Dans chaqueterroir, on peut reperer aisement desindividus remarquables pour la pro-ductivite ou la resistance aux maladiesqui seront par la suite incorporesdans des programmes de selectionde varietes locales (landraces) commecelui developpe recemment par leJARC (Bayetta Bellachew et Labouisse,2007).A notre connaissance, il n’existe pasen Ethiopie de programme de conser-vation a la ferme des varietes localesde cafeiers de jardin. On peut cepen-dant noter le projet de developpementHome Gardens of Ethiopia qui reposesur l’utilisation d’indications geogra-phiques (IG), un systeme calque surcelui developpe en France par l’Ins-titut national de l’origine et de laqualite (INAO) et base sur l’existenced’un cahier des charges precis auregard de la localisation, des normesenvironnementales et des modes deproduction utilises1. Finance par leFond francais pour l’environnementmondial, ce projet franco-ethiopienest mis en œuvre par l’EnvironmentalProtection Authority et associe denombreux partenaires francais dontl’IRD et le Museum national d’histoirenaturelle. Ce projet teste l’hypotheseselon laquelle la mise en place d’IGvaloriserait le produit sur les marchesen protegeant les savoir-faire locauxet contribuerait a la preservation de ladiversite des especes et des varietesdans les jardins (Roussel et Verdeaux,2007). Plusieurs cafes de terroirsavaient ete identifies comme pouvantbeneficier de cette demarche : cafesde l’Amaro, du Limu, du Yirgacheffe,de la presqu’ıle de Zeghie, et lecafe « ambre » du Harerge. A ce jour,le gouvernement ethiopien n’a pasvalide ces choix, preferant faire enre-gistrer ces cafes d’origines geographi-ques connues comme des marquescommerciales (Adolphe et Boisvert,2009).

1 Home Gardens of Ethiopia, 2010. http://www.homegardensofethiopia.com/

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Conclusion

L’Ethiopie se distingue par la variete deses systemes de production et de sesterroirs et par la diversite genetique despopulations de cafeiers de l’especeendemique C. arabica exploites dansles forets ou cultives dans les jardins.Cette diversite est encore mal connue,sous exploitee et soumise a un risqued’erosion eleve. Alors que les puissantsfacteurs qui contribuent a la deforesta-tion sont toujours a l’œuvre (economieen forte croissance, demographie crois-sante d’une population parmi les pluspauvres du monde, changement cli-matique), il reste a demontrer par unsuivi sur le long termeque les initiativeslocales en cours peuvent etre genera-lisees, qu’elles sont durables et peuventfreiner la tendance observee au niveaunational.Une meilleure connaissance de ladiversite genetique existant dans lescollections maintenues ex situ et de lastructure genetique des populations decafeiers dans les differents systemes deproduction permettrait de definir unestrategie globale en vue d’optimiser lesmesures de protection in situ ou a laferme et demettre enœuvre desmodescomplementaires de conservation (exsitu, cryoconservation).La recherche internationale, regrou-pee au sein de reseaux pourraitapporter une contribution utile pourla conservation de ces ressourcesgenetiques. Une premiere tentativedans le cadre africain (African CoffeeResearch Network) supportee par Bio-versity International visait a assurer laconservation ex situ de l’ensemble desespeces du genre Coffea et a confier laresponsabilite de gestion des ressour-ces genetiques de C. arabica a l’Ethio-pie (Dulloo et al., 2001). Un autreprojet, l’International Coffee GenomeNetwork2 pourrait aussi contribuer enfournissant des methodes et des outilstechnologiques pour mieux evaluer ladiversite et assurer sa conservation. &

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3 Note : pour les auteurs d’origine ethiopiennenous avons pris le parti de mentionner leur nomcomplet qui, en l’absence de nom de famillehereditaire, permet d’identifier correctement unindividu.

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