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Systèmes d’exploitation agricole et pauvreté AMÉLIORER LES MOYENS D’EXISTENCE DES AGRICULTEURS DANS UN MONDE CHANGEANT

Systèmes d’exploitation agricole et pauvreté · 2017-11-28 · FAO/Banque mondiale) aida dans les relations entre ces deux organisations et fournit des commentaires lors de la

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Systèmes d’exploitationagricole et pauvretéAMÉLIORER LES MOYENS D’EXISTENCE DES AGRICULTEURS DANS UN MONDECHANGEANT

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Systèmes d’exploitation agricole et pauvreté

AMÉLIORER LES MOYENS D’EXISTENCE DES AGRICULTEURS DANS UN MONDE

CHANGEANT

John Dixon et Aidan Gulliver avec David Gibbon

Editeur Principal: Malcolm Hall

FAO et Banque mondialeRome et Washington DC

2001

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Tous droits réservés. Les informations ci-après peuvent être reproduites oudiffusées à des fins éducatives et non commerciales sans autorisationpréalable du détenteur des droits d’auteur à condition que la source desinformations soit clairement indiquée. Ces informations ne peuvent toutefoispas être reproduites pour la revente ou d’autres fins commerciales sansl’autorisation écrite du détenteur des droits d’auteur. Les demandesd’autorisation devront être adressées au Chef du Service des publications etdu multimédia, Division de l’information, FAO, Viale delle Terme di Caracalla,00100 Rome, Italie ou, par courrier électronique, à [email protected]

© FAO 2001

Les appellations employées dans cette publication et la présentationdes données qui y figurent n’impliquent de la part de l’ Organisationdes Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture aucune prisede position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ouzones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

ISBN 92-5-104627-1

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Les petits agriculteurs produisent l’essentiel des denrées alimentaires des pays endéveloppement. Cependant, ils sont généralement beaucoup plus pauvres que lereste de la population et leur sécurité alimentaire est plus précaire que celle despauvres des milieux urbains. Par ailleurs, bien que les prévisions indiquent que lamajorité de la population mondiale vivra en zones urbaines à l’horizon 2030, lespopulations agricoles ne seront pas beaucoup moins nombreuses qu’aujourd’hui. Ilest, par conséquent, prévisible que dans la majeure partie du monde, la lutte contrela pauvreté et la faim consistera à affronter les problèmes auxquels les petitsagriculteurs et leurs familles doivent faire face pour leur survie de tous les jours.

Les priorités et les politiques d’investissement doivent prendre en compte lagrande diversité des possibilités qui s’offrent aux petits agriculteurs et lesproblèmes auxquels ils sont confrontés. Les ressources dont ils disposent, le choixde leurs activités et, par conséquent, toute leur vie, sont étroitement liés àl’environnement biologique, physique, économique et culturel dans lequel ils setrouvent et sur lesquels ils n’ont qu’un contrôle limité. En outre, en dépit de laspécificité de la situation de chaque agriculteur, ceux qui partagent les mêmesconditions de vie ont souvent des priorités et des problèmes communs quidépassent les frontières administratives ou politiques.

Les similitudes rencontrées dans les grands modèles de systèmes de production,dans les pratiques et les conditions externes ont permis de définir dans cet ouvrageplus de 70 principaux systèmes d’exploitation agricole pour les six régions dumonde en développement. Tout en reconnaissant l’hétérogénéité qui existeinévitablement au sein de ces grands systèmes, l’idée centrale de cet ouvrage estque l’approche système d’exploitation agricole, telle qu’elle est utilisée ici, offre uncadre approprié pour comprendre les besoins de ceux qui vivent dans cessystèmes, les défis auxquels ils doivent faire face, les possibilités qui s’offriront àeux au cours des 30 prochaines années, et l’importance relative des différentesstratégies qui leur permettront d’échapper à la pauvreté et à la faim.

P R E FAC E

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S Y S T È M E S D ’ E X P L O I TAT I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

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Dans le but de pouvoir faire des analyses comparatives, le présent ouvrageétudie en détail quelque 20 systèmes d’exploitation agricole considérés commeayant, au cours des prochaines décennies, les meilleures potentialités deréduction de la pauvreté et de la faim, et d’accélération de la croissanceéconomique. Ils sont examinés sous l’angle des cinq grandes stratégiesauxquelles les ménages peuvent recourir pour échapper à la pauvreté et à lafaim: (a) intensification de la production; (b) diversification des activités agricolesafin d’accroître la valeur des productions; (c) accroissement de la taille desexploitations agricoles; (d) augmentation des revenus hors exploitation agricole;et (e) sortie de l'agriculture ou du système. L’ouvrage pose les questionsfondamentales suivantes: Quelles sont les stratégies qui ont le plus de chances deréussir aux petits agriculteurs de chaque système? Quels types d’initiativespeuvent le mieux aider ces agriculteurs à les mettre en pratique ?

La matière de cet ouvrage provient d'une étude réalisée au départ à lademande de la Banque mondiale afin de donner une perspective spécifiquementagricole à la révision de la Stratégie de développement rural de cetteorganisation. Il a utilisé les résultats de nombreuses années de travail spécialiséde la FAO et de la Banque mondiale, et d’un certain nombre d’autres institutionsnationales et internationales. Ses conclusions s’appuient sur plus de 20 études decas réalisées de par le monde. Elles ont analysé les approches novatrices dudéveloppement des petites exploitations agricoles ou d'élevage. Le présentouvrage vise un public plus large que celui de l’étude initiale; nous espérons queles responsables politiques, les chercheurs, les ONG et les acteurs du secteur del’agro-industrie trouveront ses conclusions et recommandations intéressantes etde nature à les inciter à la réflexion, et qu’ils approfondiront l’analyse enappliquant au niveau national l’approche décrite, afin d’aider à la formulationdes stratégies de développement rural.

Jacques Diouf James D. WolfensohnDirecteur général PrésidentOrganisation des Nations Unies pour Banque mondialel’alimentation et l’agriculture

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La préparation de ce livre a été réalisée par la FAO sous la coordination généralede E.S. Funes (directeur de la division du développement rural) et sous la directiontechnique de J. Dixon (fonctionnaire principal du service Farmer Management andProduction Economics, division Agricultural Support Systems), avec l’aidetechnique de D. Gibbon (consultant). Ce travail est une contribution à lapréparation de la Stratégie de développement rural de la Banque mondiale,Atteindre les ruraux pauvres, préparée sous la direction de Robert L. Thompson. Larecherche a bénéficié des conseils de D. Forbes Watt (directeur de la division ducentre d’investissement), de J. Monyo (directeur de la division Agricultural SupportSystems), de A. MacMillan (conseiller principal, Project Advisory Unit, division ducentre d’investissement), et de D. Baker (chef du service Farm Management andProduction Economics, Agricultural Support Systems Division) de la FAO, ainsi quede C. Csaki (conseiller principal, chef du groupe stratégie rurale) et de S. Barghouti(conseiller en recherche) du département de développement rural de la Banquemondiale.

Les auteurs veulent ici remercier les importantes contributions des responsablesdes six analyses régionales dont les résultats furent, à l’origine, publiés sous formede documents séparés qui ont servi à la préparation des chapitres régionaux de celivre. Afrique – A. Carloni (division du centre d’investissement); Moyen-Orient etAfrique du Nord – D. Gibbon; Europe de l’Est et Asie centrale – S. Tanic (bureausous-régional pour le centre et l’est de l’Europe, et F. Dauphin (division du centred’investissement; Asie du Sud – J. Weatherhogg (division du centred’investissement), J. Dixon et K. d’Alwis (consultant); Asie de l’Est et Pacifique – D. Ivory (bureau régional pour l’Asie et le Pacifique); et Amérique latine et Caraïbes– A. Gulliver, J . de Grandi, C. Spehar, G. Majella (consultants). Parmi eux, D. Ivorycontribua également d’une façon importante aux conclusions générales.

Les analyses régionales furent révisées par les équipes régionales de travail de laStratégie de développement rural de la Banque mondiale dirigées par S. Ganguly(AFR), M. Bale (AEP), L. Tuck (EAC), M. Cackler (ALC), P. Aklilu (MAN) et R. Ali(ASS). Les commentaires et suggestions reçus de ces équipes, et particulièrementl’assistance de I. Tsakok (équipe régionale d’ALC) sont remerciés avec gratitude. C. Csaki et B. Barghouti fournirent des commentaires sur plusieurs points del’ensemble de l’étude. R. Schurmann (coordinateur des services techniques

R E M E R C I E M E N T S

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FAO/Banque mondiale) aida dans les relations entre ces deux organisations etfournit des commentaires lors de la révision.

Plus de 20 études de cas viennent appuyer ce livre. Elles ont été préparées par M. Bazza (bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient), L. Fe’D’Ostiani(département économique et social); C. Batello, W. Fiebig, F. Hoque, H. Le, N. Nguyen et D. Tran (département de l’agriculture); A. Gulliver, Y Ishihara et T. Bachmann, A. Mascaretti (département de coopération technique); A. Agarwal,R. Brinkman. J de Grandi, B. Dugdill et A. Bennett ; E Kiff et B. Pound, D. Kopeva,A. Martinenko, E. Meng, G. Mitti, R. de Sagun, C. Spehar, C. Tanner, Z. Wang et J. Zethraeus (consultants).

L’équipe du SIG et des données, responsable de la production des donnéesspécifiques des systèmes d’exploitation agricole et de la préparation des cartes àpartir du SIG utilisées dans cette étude, était dirigée par C. Auricht (consultant)aidé de P. Aguilar (secteur de la gestion des données WAICENT/FAO), L. Hein(centre d’investissement), M. Zanetti (division du développement des terres et deseaux [Land and Water Division]), G. Agostini, S. Accongiagico, M. Lespine et T. Rosetti.

Le contenu de ce livre a bénéficié des contributions d’un grand nombre deprofessionnels de la FAO non mentionnés ci-dessus, dont: L. Clarke, R. Florin, P. Koohafkan, E. Kueneman, S. Mack, J. Maki-Hokkonen, F. Moukoko-N’Doumbé,F. Nachtergaele, M. Porto, J. Poulisse, S. Reynolds, R. Roberts, A Rottger, P. Santacoloma, A. Shepherd, J. Slingenberg, P. Steele et N. Urquia (départementde l’agriculture); G. Boedeker, J. Bruinsma, F. Egal, Y Lambrou, K. Stamoulis et J. Schmidthuber (département économique et social [Economic and SocialDepartment]); M. Halvart, (département des pêches); M. Gauthier et K. Warner(département des forêts); L. Collette, J. Dey-Abbas, P. Groppo, A. Herrera, J. Juhasz, J. Latham, P. Munro-Faure, et D. Palmer (département dudéveloppement durable); C. Bevan, M. Bral, G. Evers, A. Jumabayera, D. Khan, D. LeLievre, P. Lucani, T. Tecle, B. Veillerette, M. Wales et F. Yriarte (départementde la coopération technique); D. Kunze (bureau régional pour l’Afrique); B. D’Avis,R. Jehle et D. Sedik (bureau régional pour l’Europe); N. Deomampo et R. Singh(bureau régional pour l’Asie et le Pacifique); et H. Bamman (bureau sous-régionalpour le Pacifique).

Les efforts exceptionnels de révision et de correction de E. Kueneman et de A. Macmillan sont remerciés avec gratitude. De plus, R. Brinkman contribuagrandement à la clarté des analyses régionales. P. Hollingworth fut responsable desdessins graphiques et de la présentation de la publication. Nous remercionsparticulièrement l’aide du personnel: C. Bianchi, A. Biolley, M. Cullinan, J. Francis,B. Grani-Polidori, B. Hall, S. Lami, S. Peppicelli et R. Smith.

Les commentaires des différents réviseurs sont tout particulièrement remerciés.Les réviseurs externes furent: T. Aldington, S. Barraclough, M. Cox, D. Norman,B. Roitman et Vo-Tong Xuan. Les réviseurs internes furent J. Bruinsma, P. Munro-Faure et S. Keya. La traduction française de ce livre fut réalisée par J.P. Marathée(ex- fonctionnaire principal, division de la production végétale et de la protection des plantes) qui est ici remercié pour le sérieux de son travail, ainsi que M.C. Mathé, du Centre d’investissement de la FAO, pour une révision del’ensemble. Toute erreur restante est de la responsabilité des auteurs ou dutraducteur.

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1. INTRODUCTION 1Contexte 1Faim, pauvreté et agriculture 3Les systèmes d’exploitation agricole et leurs caractéristiquesAspects de l’évolution des systèmes d’exploitation agricole 16Guide du lecteur 29

2.AFRIQUE SUBSAHARIENNE 31Contexte régional 31Système d’exploitation agricole mixte à base de maïs 52Système d’exploitation arboricole 61Système d’exploitation agricole irrigué 65Système d’exploitation agricole mixte céréales-racines 69Système d’exploitation agropastoral à base de mil et de sorgho 74Priorités stratégiques de l’Afrique subsaharienne 79

3. MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD 93Contexte régional 93Système d’exploitation agricole irrigué 109Système d’exploitation agricole mixte des hautes terres 114Système d’exploitation agricole mixte pluvial 117Système d’exploitation agricole mixte des terres sèches 120Système d’exploitation pastoral 123Priorités stratégiques du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord 127

4. EUROPE DE L’EST ET ASIE CENTRALE 139Contexte régional 139Système d’exploitation agricole mixte 161Système d’exploitation agricole céréales-maraîchage à grande échelle 165Système d’exploitation agricole extensif céréales-élevage 169Priorités stratégiques de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale 175

TA B L E D E S M AT I È R E S

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5.ASIE DU SUD 189Contexte régional 189Système d’exploitation agricole riz 208Système d’exploitation agricole riz-blé 214Système d’exploitation agricole mixte des hautes terres 219Système d’exploitation agricole mixte pluvial 224Priorités stratégiques de l’Asie du Sud 228

6.ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE 241Contexte régional 241Système d’exploitation agricole à base du riz de basse terre 257Système d’exploitation agricole mixte arboricole 264Système d’exploitation agricole intensif des terres de moyenne altitude 269Système d’exploitation agricole mixte tempéré 277Priorités stratégiques de l’Asie de l’Est et du Pacifique 281

7.AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 289Contexte régional 289Système d’exploitation agricole mixte extensif (Cerrados et Llanos) 305Système d’exploitation agricole mixte des terres sèches 311Système d’exploitation agricole maïs-haricot (Amérique centrale) 317Système d’exploitation agricole mixte de haute altitude (Andes centrales) 325Priorités stratégiques de l’Amérique latine et des Caraïbes 332

8. DÉFIS MONDIAUX, POTENTIELS ET PRIORITÉS 343Catégories de systèmes, dotations et stratégies des ménages 344Une stratégie mondiale pour la réduction de la faim et de la pauvreté 358

9. CONCLUSIONS ET ORIENTATIONS 381Mise en lumière des résultats 381Recentrage des contributions des parties prenantes 387Orientations: Aller plus loin à partir de ce livre 396Note de clôture 398

ANNEXES:Annexe 1: Etudes de cas 401

1.1 Baisse des gains de productivité et écarts de rendement pour le riz 4031.2 Potentiel de la biotechnologie agricole 4091.3 Développement dans la zone de savane humide de l’Afrique de l’Ouest 4181.4 Conservation de l’eau et réhabilitation des sols en Inde et en Afrique:

potentiel et pratiques 4261.5 Diversification conduite par le secteur privé chez des producteurs

indigènes du Guatemala 433Annexe 2: Classement des systèmes d’exploitation agricole par grandes catégories 441Annexe 3: Classement des pays par région en développement 443Annexe 4: Bibliographie 445Annexe 5:Acronymes, abréviations et termes spéciaux 455

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CONTEXTE

Ce livre rêve d’un monde sans faim ni pauvreté. La plupart des pauvres vivent dansles zones rurales des pays en développement et dépendent de l’agriculture pour leursubsistance. Les auteurs sont convaincus que la seule façon d’éradiquer la souffranceactuelle est de mettre l’accent sur la création de communautés rurales dynamiquesbasées sur une agriculture prospère. L’idée principale de cet ouvrage est quel’analyse des systèmes d’exploitation agricole utilisés par les pauvres des zonesrurales doit conduire à dégager les priorités stratégiques de réduction de la pauvretéet de la faim qui affectent aujourd’hui la vie de beaucoup d’entre eux.

La disponibilité en nourriture a toujours été une préoccupation majeure du genrehumain. En dépit du doublement de la population mondiale au cours des quatredernières décennies, les agriculteurs ont produit suffisamment de nourriture pourpermettre une croissance continue de la consommation alimentaire moyenne partête. Toutefois, la faim persiste et les réserves alimentaires ont varié notablementpendant cette période, chutant parfois à des niveaux critiques. La Conférencemondiale de l’alimentation de 1974, la Conférence internationale sur la nutrition de1992 et le Sommet mondial de l’alimentation de 1996 furent organisés dans le butd’apporter des solutions à ces problèmes. Les chefs d’état participant au Sommetmondial ont réaffirmé « ... le droit pour chacun d’avoir accès à une alimentationsaine et nutritive, conforme au droit de chacun d’être libéré de la faim.» Ils se sontaussi engagés à réduire le nombre de personnes sous-alimentées de moitié d’ici à20151. La réalisation de cet objectif est la principale priorité du Cadre stratégique del’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)2.

L’éradication de la pauvreté3 est un autre engagement international pris à l’origineen 1995 à l’occasion du Sommet mondial pour le développement social qui s’est tenuà Copenhague au Danemark. Au Sommet social +5 (juin 2000), cet engagement s’est

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1FAO 1996a.

2FAO 1999a.

3Au niveau international, le terme «pauvreté» est appliqué à ceux qui gagnent moins de 1 dollar par jour.

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traduit par l’objectif de diminuer de moitié la proportion de personnes vivant encondition d’extrême pauvreté d’ici à 2015. L’ensemble des objectifs du Sommetmondial de l’alimentation et du Sommet social +5 est repris dans la Déclaration du millénaire4 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) enseptembre 2000.

De nombreuses autres organisations de développement se sont aussi engagées àréduire la faim et la pauvreté. Par exemple, en 1997 la Banque mondiale formulaune nouvelle stratégie de développement rural intitulé Développement rural: de lavision à l’action5. De même, après son enquête pilote mondiale sur la pauvreté, audébut des années 90, le Fonds international pour le développement agricole (FIDA)a dans son Rapport sur la pauvreté rurale de 2001- Le défi d’en finir avec la pauvretérurale6-, renouvelé son engagement de réduire la pauvreté. Une majoritéd’organisations d’aide bilatérale a aussi considéré la réduction de la pauvreté commethème principal de son programme de développement et de coopération. Lasécurité alimentaire et la sécurité des revenus sont toutes les deux mises en avantdans les documents de planification et de politique de nombreux gouvernements.

Cet ouvrage présente, à partir de l’analyse des systèmes d’exploitation agricole,une approche nouvelle de la résolution du vieux problème de la faim et de lapauvreté. Il reconnaît la diversité des sources de revenu des familles d’agriculteurspauvres, d’éleveurs et de pêcheurs, et explore différentes voies qui pourraient leurpermettre d’échapper à la pauvreté. L’analyse indique aussi les directions prévisiblesdes changements qui devraient intervenir dans les principaux systèmesd’exploitation agricole à travers le monde en développement au cours des 30 prochaines années. Le développement rural dépend finalement des résultats desdécisions journalières de millions d’individus, femmes et hommes. Le défi pour lesgouvernements, les organisations de la société civile et le secteur privé est de fournirles biens publics, l’environnement institutionnel et les stimulants qui permettrontaux ménages agricoles d’accélérer la croissance agricole et la réduction de lapauvreté.

Malheureusement, les projections7 disponibles les plus optimistes ne prévoientqu’une faible baisse des niveaux de la faim et de la pauvreté dans les régions endéveloppement. Ce livre propose aux responsables dans les domaines des politiquesde développement et de la science, les principales priorités stratégiques d’action,pour les différents systèmes d’exploitation agricole, pour chaque région endéveloppement et pour le monde en développement tout entier. Ces prioritéstendent à réduire le fossé existant entre la lente réduction projetée de la faim et dela pauvreté et les objectifs établis par la communauté internationale dans laDéclaration du millénaire.

4Assemblée générale des Nations Unies, 2000.

5Banque mondiale, 1997.

6Fonds international pour le développement agricole 2001.

7Les projections pour 2015 et 2030 sont résumées de FAO (2000a). On se réfère souvent à ces projectionsdans cet ouvrage.

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Ce chapitre met en lumière l’étendue du problème de la faim dans le monde ruralet de la pauvreté dans le monde en développement, et la contribution de lacroissance agricole à la réduction de la pauvreté. Le concept de systèmed’exploitation agricole est ensuite introduit et les différents systèmes d’exploitationagricole définis. L’évolution probable des systèmes d’exploitation agricole au coursdes 30 prochaines années est indiquée et les principaux facteurs capables d’influersur ce processus sont analysés. Le chapitre se termine avec un guide du lecteur pourle reste du livre.

FAIM, PAUVRETÉ ET AGRICULTURE

POPULATION

La population des régions en développement8 a quasiment doublé au cours desquatre dernières décennies du XXe siècle, pour atteindre 5,1 milliards d’individusen 1999. Quelque 60 pour cent de ces personnes sont classés comme ruraux,environ 85 pour cent sont agricoles9 (voir tableau 1.1). Les femmes représentent 44 pour cent des 1,3 milliards de personnes constituant la force de travail agricolede ces régions. Dans certaines zones, un fort pourcentage de ménages est dirigé

8La Banque mondiale classe les pays en développement dans six régions en développement, qui sont utilisées pourorganiser l’analyse de fond dans ce livre. L’annexe 3 liste les pays membres de chaque région.

9La FAO définit la population agricole par les personnes dépendant de l’agriculture, la chasse, la pêche ou la forêtpour leur subsistance. Cette estimation comprend toutes les personnes actives engagées dans l’agriculture et leursdépendants qui ne travaillent pas.

Tableau 1.1 Populations rurale et agricole par régions en développement, 1999.

Régions en développement Population Population Population Femmestotale rurale agricole économiquement

(millions) (millions) (millions) actives (%)1/

Afrique subsaharienne 626 417 384 47

Moyen-Orient et Afrique du Nord 296 121 84 44

Europe de l’Est et Asie centrale 478 154 86 44

Asie du Sud 1 344 970 750 39

Asie de l’Est et Pacifique 1 836 1 184 1 119 47

Amérique latine et Caraïbes 505 126 110 17

Total des régions en développement 5 085 2 971 2 534 44

Source: FAOSTAT.Note: 1/ Indique la proportion de femmes économiquement actives dans l’agriculture.

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par des femmes. Les femmes jouent un rôle vital dans de nombreux aspects dessystèmes d’exploitation agricole, comme la production, la transformation, lacommercialisation et les responsabilités domestiques; leur contribution à l’évolutionde ces systèmes est de la plus grande importance.

On estime que la croissance de la population totale des régions en développementdevrait continuer au cours des trente prochaines années; toutefois, le taux decroissance devrait diminuer et passer du niveau actuel de 1,8 pour cent par an à un taux évalué à 1,2 pour cent par an en 203010. Cependant, en raison del’augmentation des populations urbaines (40 pour cent en 2000 contre 56 pour centen 203011), la population rurale totale devrait diminuer après 2020 (voir figure 1.1).Basée sur ces estimations, la population agricole des pays en développement sera en2030 peu modifiée par rapport à son niveau actuel. En dépit de ces prévisions, il estimportant de souligner que le nombre de personnes vivant de l’agriculture den’importe quelle région en développement dépendra à l’avenir de l’évolution dessystèmes d’exploitation agricole.

Deux facteurs importants sont responsables de l’incertitude qui pèse sur lesprévisions de la future croissance des populations. Le premier facteur concerne lepronostic sur la pandémie du SIDA. Actuellement les taux d’infestation sont déjàextrêmement élevés en Afrique et l’étendue de l'infestation s’accroît de façonalarmante en Asie, spécialement en Asie du Sud. En Afrique, quelques paysparaissent avoir contenu l’expansion de cette maladie au moyen d’une série demesures efficaces pour combattre sa propagation. Il est cependant difficile de savoirsi d’autres pays seront capables d’imiter cette expérience. Aussi la mise à dispositionde traitements à des prix abordables – grâce à l’apparition de nouveaux

Figure 1.1 Evolution des populations dans les régions en développement

Source : Division de la population des Nations Unies, 2000.

10Division de la population des Nations Unies, 2000.

11Division de la population des Nations Unies, 2000.

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médicaments, à la baisse des coûts de production des médicaments existants, ou àl’offre de médicaments subventionnés aux pays en développement – pourrait-elleentraîner une baisse significative de la mortalité. Le second facteur d’incertitudeconcerne la migration des personnes engagées dans l’agriculture vers des villesrurales ou d’autres zones urbaines. Les taux de migration reflètent, entre autre, lesniveaux relatifs de pauvreté des zones urbaines et rurales, ils sont donc affectés pardes facteurs tels que les prix des produits sur le marché mondial, la croissance del’emploi urbain, et les taux réels de change.

IMPACT DE LA FAIM ET DE LA PAUVRETÉ

La faim est encore très présente dans de nombreux pays en développement,spécialement en Asie du Sud et en Afrique. Bien que, comme le montre dans lafigure 1.2, le nombre de personnes12 sous-alimentées ait augmenté dans ces deuxrégions13, le total au niveau mondial a diminué depuis la fin des années 1960 – il estpassé de 959 millions en 1969-1971 à 790 millions en 1995-1997. La populationtotale s’étant considérablement accrue, il s’agit en fait d’une diminution de moitié dela proportion de personnes sous-alimentées (de 37 à 18 pour cent).

Les prévisions indiquent une diminution du nombre de personnes sous-alimentées, qui devrait passer de 576 millions en 2015 à 400 millions en 203014;toutefois ce déclin pourrait s’accélérer si les mesures prévues au Sommet mondial de

12La sous-alimentation est définie comme une situation où la consommation alimentaire individuelle est inférieure auxbesoins énergétiques de base.

13Les régions correspondent à celles utilisées dans FAO (2000 a) – voir l’annexe 3 pour les groupements de pays.Les données de l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ne sont pas disponibles.

14FAO 2000a.

Figure 1.2 Impact de la sous-alimentation selon les régions en développement

Source: FAO, 2000a.

1967-691995-972030

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l’alimentation pour réduire la faim étaient prises. La plus forte diminution de lasous-alimentation a eu lieu en Asie de l’Est. Les prévisions de la situation en 2030indiquent que cette tendance devrait continuer, et que de fortes baisses devraientaussi avoir lieu en Asie du Sud et en Amérique latine et Caraïbes.

La faim et la pauvreté sont étroitement liées. L’absence de revenu suffisant pouracheter la nourriture est un des principaux facteurs de l’insécurité alimentaire desménages; toutefois, la faim en elle-même contribue à la pauvreté en abaissant laproductivité du travail, en réduisant la résistance aux maladies et en diminuantl’impact de l’éducation.

On estime que, selon la définition du seuil de pauvreté internationalecorrespondant à une consommation journalière moyenne équivalente à 1 dollar EUpar jour et par tête, 1,2 milliard de personnes vivent en état de pauvreté15 dans lemonde en développement. Les données nationales d’un grand nombre de paysmontrent que la fréquence de la pauvreté est moins forte en zone urbaine qu’en zonerurale16. Bien que l’importance relative de la pauvreté rurale varie considérablementd’un pays à l’autre, on estime que dans les pays en développement plus de 70 pourcent de la pauvreté se rencontre en zones rurales. De la même façon, la faim estconcentrée dans les zones rurales, bien qu’on y produise les aliments.

La figure 1.3 montre les changements récents de l’impact et la distribution de lapauvreté estimée en dollars pour les différentes régions en développement. La

15Banque mondiale, 2000b.

16Cependant, un certain nombre de pays ayant eu précédemment une planification centrale (Mongolie et Géorgiepar exemple) ont des taux de pauvreté urbaine supérieurs aux taux de pauvreté rurale.

Figure 1.3 Impact de la pauvreté par région en développement

Source : Banque mondiale, 2001b

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pauvreté est concentrée en Asie du Sud, où elle n’a cessé de croître au cours desannées 90 et en Afrique, où elle a augmenté à un taux alarmant. Inversement, lapauvreté a fortement baissé en Asie de l’Est et Pacifique, particulièrement en raisonde la croissance économique de la Chine.

CONTRIBUTION DE LA CROISSANCE AGRICOLE À LA RÉDUCTIONDE LA PAUVRETÉ

Il est évident que le développement basé en grande partie sur l’agriculture est unmoyen efficace pour réduire la pauvreté et accélérer la croissance économique. Cerésultat est normalement atteint non seulement par l’augmentation des revenus desproducteurs et des ouvriers agricoles, mais aussi par la création d’une demandepour des biens non commercialisables – principalement les services et les produitslocaux. Cet effet indirect sur la demande et sur la création d’emplois horsexploitations agricoles dans les zones rurales et les marchés des villes, semble être leprincipal facteur contribuant à la réduction de la pauvreté rurale. De plus, commele montrent d’autres études17, la croissance agricole peut réduire la pauvretéurbaine plus rapidement que ne le fait la croissance urbaine elle-même, en grandepartie grâce à la réduction des coûts de l’alimentation en milieu urbain qu’elleentraîne et à la diminution de la migration à partir des zones rurales. Mellor conclut« … il est évident que la croissance agricole est un facteur essentiel pour permettrela diminution de la pauvreté18.»

La croissance agricole dans son ensemble est, sans aucun doute, un moteurefficace pour le développement économique et la réduction de la pauvreté; toutefois,la forme que cette croissance revêt a une incidence sur sa capacité à réduire lapauvreté rurale. Ainsi, on peut s’attendre à ce que l’augmentation de la productivitédes petites exploitations agricoles gourmandes en main d’œuvre, qui entraîne unedemande accrue en produits locaux et en services, ait un effet plus important sur laréduction de la pauvreté que des accroissements de productivité équivalents dans lesexploitations mécanisées qui d’ordinaire entraînent une moindre demande de bienslocaux et de services.

Le défi pour les pays en développement est d’identifier des besoins et desopportunités spécifiques de développement agricole et rural, et de concentrerl’investissement dans des domaines où l’impact sur la sécurité alimentaire et lapauvreté sera important. Cette identification et ce processus d'allocation desressources peuvent être facilités par l’analyse des systèmes d’exploitation agricolequi permet de mieux comprendre les facteurs locaux et leurs interrelations. Aucours de ce processus analytique, il est aussi extrêmement utile de pouvoirregrouper les lieux ayant des contraintes de développement et des possibilités

17Par exemple, Datt et Ravallion, 1998.

18Mellor, 2000.

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d’investissement semblables à l’aide d’un cadre pour chaque système d’exploitationagricole.

LES SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE ET LEURSCARACTÉRISTIQUES

CONCEPT DE SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE

Généralement, les agriculteurs considèrent leurs exploitations, qu’il s’agisse depetites unités de subsistance ou de grandes exploitations, comme des systèmes à partentière. Le diagramme d’un système d’exploitation agricole typique (voir figure1.4), tracé par des agriculteurs du Bangladesh, illustre la complexité structurale etles interrelations entre les diverses composantes d’une exploitation. Il montre aussila variété des ressources naturelles dont disposent les familles agricoles: types deterre, accès à l’eau, accès aux ressources communales (mares, zones de pâturage etforêts). A ces ressources naturelles de base s’ajoutent le climat et la biodiversité ainsique le capital humain, social et financier. Le diagramme illustre aussi la diversité quicaractérise les moyens de subsistance de la plupart des petits agriculteurs.

Chaque exploitation possède ses propres caractéristiques découlant des variationsen dotation en ressources et des conditions familiales. Le ménage, ses ressources, lesflux de ressources et les interactions au niveau de l’exploitation agricole constituentensemble le système de production19. Les éléments biophysiques, socioéconomiqueset humains d’une exploitation agricole sont interdépendants; aussi les exploitationspeuvent-elles être analysées comme des systèmes à partir de différents points de vue.

La dotation en ressources de n’importe quelle exploitation agricole dépend, entreautre, de la densité de population, de la distribution des ressources parmi lesménages et de l’efficacité des institutions qui déterminent l’accès aux ressources.Indépendamment de leur taille, les systèmes individuels de production sontorganisés pour produire de la nourriture et pour satisfaire d’autres besoins duménage, grâce à la gestion des ressources disponibles – soit en propriété, soit louéesou gérées conjointement – à l’intérieur de l’environnement social, économique etinstitutionnel existant.

Les systèmes de production sont souvent des ensembles interdépendants,production et transformation après récolte, de sorte que, à côté des cultures et del’élevage20, les activités de subsistance des ménages peuvent inclure la pêche,l’agroforesterie, la chasse et la cueillette. Les revenus en dehors de l’exploitation

19Dans la littérature, on trouve un grand nombre de définitions des systèmes de production et des systèmesd’exploitation agricole, qui mettent l’accent sur différents aspects d’un système. Par exemple, les composants dessystèmes et les interrelations entre les systèmes (voir Dillon et al., 1978 et Shasser et al. 1982) et les processuscomplémentaires biophysiques et socioéconomiques.

20Les ménages de réfugiés ou d’ouvriers agricoles qui n’ont pas de terre ou de bétail, ne sont généralement pasconsidérés comme ménages agricoles.

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agricole représentent aussi une contribution significative au niveau de subsistance denombreux ménages ruraux pauvres. Les systèmes de production ne se rencontrentpas seulement en zones rurales; une agriculture urbaine importante existe dans lespetites et grandes villes de nombreux pays en développement.

Le fonctionnement de tout système de production individuel est fortementinfluencé par l’environnement rural extérieur (politiques, institutions, marchés etliens avec l’information). Les exploitations agricoles sont non seulement étroitementliées à l’économie hors exploitation par les marchés des produits et du travail, maisles économies rurales et urbaines sont aussi fortement interdépendantes. Parexemple, comme indiqué ci-dessus, il est très courant que les ménages des petitesexploitations agricoles tirent une part importante de leurs revenus – souvent 40 pour cent ou plus – d’activités hors exploitation. Les femmes et les hommes desexploitations agricoles sont aussi liés aux communautés rurales et aux réseauxsociaux; ces liens sociaux influent sur la conduite des exploitations.

Figure 1.4 Un système de production vu par des agriculteurs, Bangladesh21

21Lightfoot et al 1991.

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Par contre, un système d’exploitation agricole est défini comme un ensemble desystèmes de production individuels qui ont généralement des ressources de base, desmodes opératoires, des moyens de subsistance des ménages et des contraintessemblables, et pour lesquels des stratégies de développement et des interventionssemblables seront appropriées22. Selon l’échelle de l’analyse, un systèmed’exploitation agricole peut englober quelques douzaines ou des millions deménages.

Au cours des 30 dernières années, l’approche originale d’analyse des systèmesd’exploitation agricole a évolué très sensiblement, comme le montre le tableau 1.2,en mettant de plus en plus l’accent sur l’intégration horizontale et verticale, sur lesmultiples moyens de subsistance des ménages, et sur le rôle des communautés, del’environnement et des services d’appui23. L’utilisation de l’approche systèmed’exploitation agricole (ASEA) comme cadre analytique devint courante au cours desannées 70, elle a contribué à un changement de l’opinion que l’on avait dudéveloppement rural.

Le développement agricole, souvent imposé d’en haut et dominé par desconsidérations techniques de productivité, a évolué vers une approche plus globale.Cette évolution est basée sur le souci d’améliorer les moyens de subsistance et desécurité des ménages; la structure des ménages, les rôles des hommes et des femmes,les réseaux sociaux, les institutions locales, l’information, les politiques et les marchésont tous joué un rôle dans cette évolution. Dans le même temps, les techniquesd’analyse sont devenues plus participatives et on a porté une attention croissante auxconnaissances indigènes et à la planification, à l’expérimentation et au suivi degroupe. On a aussi reconnu l’importance de la responsabilité de la communautéagricole en matière de changement et d’initiative; cette nouvelle approche a conduità tenir plus largement compte des ressources humaines. L’actuelle approche systèmed’exploitation agricole, axée sur le ménage agricole comme centre d’un réseau dedécisions d’allocation des ressources, est proche de l’approche pour une subsistancedurable (ASD)24.

PRINCIPALES CATÉGORIES DE SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE

Comme nous l’avons dit précédemment, la définition des principaux systèmesd’exploitation agricole fournit un cadre utile à la détermination des interventions etdes stratégies adaptées au développement agricole. La décision d’adopter dessystèmes d’exploitation agricole très larges entraîne une très grande hétérogénéité àl’intérieur de ceux-ci. Cependant, l’autre possibilité qui consisterait à identifier de

22Voir aussi la note 19 sur la diversité des définitions des systèmes d’exploitation agricole.

23Collinson (2000) fournit une histoire complète de la recherche sur les systèmes d’exploitation agricole.

24Alors que les deux approches sont axées sur les agriculteurs, qui reconnaissent les différents moyens desubsistance, l’approche pour une subsistance durable (voir Ellis [2003] pour une revue complète) met plusl’accent sur la vulnérabilité.

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nombreux systèmes d’exploitation agricole à un niveau élémentaire dans chaquepays en développement et qui conduirait à des centaines et même des milliers desystèmes à l’échelle mondiale, compliquerait l’interprétation des réponsesstratégiques régionales et mondiales appropriées et réduirait l’impact d’ensemble del’analyse. Nous avons décidé de n’identifier et de ne reporter sur les cartesgéographiques que les principaux systèmes et d’estimer ensuite leur importance entermes de population et de ressources de base. Chacun de ces grands systèmes est

Tableau 1.2 Evolution de l’approche des systèmes d’exploitation agricole

Caractéristiques Années Années Années Années70 80 90 00

Niveau de système

Exploitation agricole

Ménage

Groupe/Communauté

District/Zones/Secteurs

Orientation de la subsistance

Cultures

Cultures/élevage

Moyens multiples de subsistance des ménages

Orientation fonctionnelle

Recherche

Recherche et vulgarisation

Recherche, vulgarisation et services d’appui

Multisectoriel, y compris infrastructures

Orientation des parties prenantes

Public

Public et société civile

Public, société civile et privé

Autres orientations

Rôle des hommes et des femmes

Sécurité alimentaire des ménages

Productivité et gestion des ressources

Source: Adapté de Dixon et Anandajayasekeram (2000).Note: Les parties plus foncées indiquent une orientation plus marquée durant la période.

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caractérisé par un type d’exploitation agricole représentatif ou par un modèle demoyens de subsistance des ménages25; toutefois, nous avons aussi décrit des sous-classes importantes lorsque cela s’est avéré nécessaire.

La classification des systèmes d’exploitation agricole des régions en développe-ment, telle que définie dans ce livre, est basée sur les critères suivants:

● La disponibilité en ressources naturelles de base, comprenant l’eau, la terre, lesparcours et les forêts; le climat, pour lequel l’altitude est un facteur déterminant;la topographie, comprenant les pentes; la taille des exploitations, le régime foncieret l’organisation.

● Le modèle dominant des activités agricoles et de subsistance des ménages, comprenantles cultures en champ, l’élevage, les arbres, l’aquaculture, la pêche et la cueillette,la transformation et les activités hors exploitation agricole; et prenant en compteles principales technologies utilisées qui déterminent l’intensité de la productionet l’intégration des cultures, de l’élevage et des autres activités.

A partir de ces critères, nous avons distingué huit principales catégories desystèmes d’exploitation:

● Les systèmes d’exploitation agricole irrigués, recouvrant une large gamme decultures vivrières et de rente.

● Les systèmes d’exploitation agricole à base de riz aquatique, dépendant des pluies dela mousson complémentées par l’irrigation.

● Les systèmes d’exploitation agricole pluviaux des zones humides à haut potentiel deressources, caractérisés par des activités agricoles (surtout les cultures de racines,les céréales et l’arboriculture industrielle – aussi bien dans les plantations que dansles petites exploitations – et l’horticulture commerciale) ou des systèmes mixtesagriculture-élevage.

● Les systèmes d’exploitation agricole pluviaux des terres en pentes et des hautes terres,qui sont souvent des systèmes mixtes agriculture-élevage.

● Les systèmes d’exploitation agricole pluviaux des zones sèches ou froides à faiblepotentiel, où des systèmes mixtes agriculture-élevage et pastoraux se mêlent à dessystèmes souvent dispersés de très faible productivité présente ou potentielle enraison de l’extrême aridité ou du froid.

● Les systèmes d’exploitation agricole dualistes (associant des grandes fermescommerciales et des petits exploitants) dans des écologies variées et avec desmodèles de production divers.

● Les systèmes d’exploitation agricole basés sur la pêche artisanale côtière, souventsystèmes mixtes.

● Les systèmes d’exploitation agricole urbains, typiquement axés sur l’horticulture etl’élevage.

25Type d’exploitation agricole dans le cas de l’agriculture commerciale ou à grande échelle.

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Nous avons appliqué les critères mentionnés ci-dessus et effectué, d’une manièrepragmatique, un large regroupement des systèmes d’exploitation agricole des sixprincipales régions du monde en développement, afin de pouvoir tirer desconclusions sur la réduction de la pauvreté et la croissance agricole. Cet exercice àpermis l’identification de 72 systèmes d’exploitation agricole dont les populationsagricoles varient de moins d’un million à plusieurs centaines de millions d’habitantset dont la population agricole moyenne est d’environ 40 millions de personnes.Parfois, les différences existant à l’intérieur d’un système d’exploitation agricolejustifient sa subdivision en deux sous-types distincts; par exemple, les fermes depetites tailles et les plantations ou les fermes commerciales, et les zones de basse ethaute altitude. Les dénominations des systèmes d’exploitation agricole ont été faitesà partir des huit types principaux définis précédemment. Néanmoins, le nom dechaque système tient compte de ses caractéristiques propres qui permettent sonanalyse26.

Les noms tiennent aussi compte des principaux facteurs distinctifs, notamment: i) la disponibilité en ressources en eau, par exemple irrigué, pluvial, humide, sec; ii) le climat, par exemple tropical, tempéré, froid; iii) le relief et l’altitude du site, parexemple hautes terres, basses terres; iv) la taille des exploitations, par exemplegrande dimension; v) l’intensité de la production, par exemple intensive, extensive,dispersée; vi) la principale source de subsistance, par exemple cultures racinaires,maïs, arboriculture, pêche artisanale, pâturage; vii) la double culture de subsistance,par exemple céréales-racines, riz-blé (à noter que l’association agriculture-élevageest désignée par le terme mixte); et viii) la localisation, par exemple axé sur la forêt,côtière ou urbaine.

La représentation géographique des systèmes d’exploitation agricole décrits danscette étude tient compte à la fois de l’intérêt de montrer graphiquement les zonesdes systèmes d’exploitation agricole et des dangers de délimitations trop nettes entresystèmes voisins. En effet, en raison de la variabilité inévitable qui existe entre lesménages agricoles à l’intérieur de n’importe quel système, il existe rarement desfrontières bien distinctes entre systèmes. Dans la plupart des cas les transitionss’opèrent par mélange graduel de systèmes d’exploitation agricole. Dans quelquescas, les systèmes peuvent être séparés par des zones étroites ayant descaractéristiques tout à fait distinctes (par exemple les pentes les plus basses des zonesmontagneuses), leur identification n’est pas utile dans une étude de cette nature età cette échelle globale.

L’irrigation constitue un cas spécial de l’hétérogénéité des systèmes d’exploitationagricole. Lorsque la production irriguée est le trait dominant de l’agriculture àl’intérieur d’une zone, comme c’est le cas des grands périmètres irrigués, la zoneentière a été classée comme un système d’exploitation agricole basé sur l’irrigation.

26A ce propos, les auteurs précédents ont suivi différentes conventions – Ruthenberg (1971) se réfère aux famillesde systèmes d’exploitation agricole à travers le monde; ex. systèmes de culture itinérante. Fresco (1986) fournitdes noms de système d’exploitation agricole en particulier.

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Cependant, il peut exister dans les systèmes d’exploitation agricole pluviaux despetites surfaces irriguées dont l’impact est important. L’implication de ces situationsest prise en compte dans l’analyse des contraintes et des opportunités. L’agricultureirriguée étant très différente de l’agriculture pluviale – non seulement par lescaractéristiques des systèmes d’exploitation, mais aussi en terme de priorité etd’approche stratégique – il nous a paru nécessaire d’identifier au moyen dehachures les concentrations importantes de productions irriguées à l’intérieur dessystèmes à prédominance pluviale.

Parmi le total des 72 systèmes d’exploitation agricole identifiés, nous en avonschoisi trois à cinq dans chaque région pour une analyse détaillée. Les principalesvariables qui ont influencé cette sélection furent: i) le potentiel de réduction de lapauvreté; ii) le potentiel de croissance agricole; et iii) l’importance démographiqueet économique à l’intérieur de la région. La sélection faite comprend quelquessystèmes d’exploitation agricole ayant peu de possibilités de progrès rapides pourune ou plusieurs des variables ci-dessus; toutefois, la majorité des systèmessélectionnés possède un potentiel important de croissance et/ou de réduction desniveaux de pauvreté. On peut s’attendre à ce que la croissance agricole rapide etdurable d’un système d’exploitation agricole important – même si son niveau depauvreté est faible – puisse avoir un impact important sur l’ensemble de la pauvretégrâce aux phénomènes de migrations et de liens avec les marchés. Néanmoins, lesanalyses porteront, dans la mesure du possible, sur les perspectives de réduction dela pauvreté in situ. Les facteurs déterminant le potentiel de développement apparentd’un système sont: i) des dotations convenables en ressources, y compris le potentieldes ressources en sols et agroclimatiques, un rapport relativement élevé entre d’unepart, les terres et autres ressources (eau, forêt) disponibles et d’autre part lapopulation, et une faible intensité d’exploitation; ii) un accès favorable auxinfrastructures et aux services, y compris les marchés; et iii) l’identification descontraintes empêchant un développement plus important dont la levée paraîtpossible.

DÉVELOPPEMENT DES SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE ET RÉDUCTION DE LA FAIM ET DE LA PAUVRETÉ

En termes généraux, il existe cinq stratégies principales des ménages pour améliorerleur niveau de subsistance. Elles peuvent être résumées comme suit:

● Intensification des modèles de production existants;

● diversification de la production et transformation;

● augmentation de la taille des exploitations ou des troupeaux;

● accroissement du revenu hors exploitation, à la fois agricole et non agricole;

● sortie complète du secteur agricole à partir d’un système d’exploitation agricoleparticulier.

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Ces options stratégiques ne s’excluent pas, même au niveau d’un ménage quiadoptera souvent un mélange de cet ensemble de stratégies.

Les deux premières stratégies – intensification et diversification – représentent descomposantes importantes du Programme spécial de sécurité alimentaire de laFAO27. Nous définissons dans ce livre l’intensification comme un accroissement de laproductivité physique ou financière, comprenant les cultures vivrières et de rente,l’élevage et d’autres activités productives. Bien que l’intensification soitfréquemment associée à l’augmentation des rendements résultant d’un usage accrud’intrants externes, elle peut aussi résulter de l’utilisation de variétés ou de racesaméliorées, de ressources sous-employées, d’amélioration de la productivité dutravail et d’une meilleure gestion agricole – par exemple de pratiques amélioréesd’irrigation ou de contrôle des ravageurs.

La diversification est définie comme un ajustement au modèle d’entrepriseagricole afin d’accroître le revenu de l’exploitation ou de réduire sa variabilité. Elleexploite les nouvelles opportunités de marché ou les créneaux de marché existants.La diversification peut prendre la forme de types d’activité complètement nouveauxou peut simplement impliquer l’expansion de productions existantes de grandevaleur. L’addition ou l’expansion de types d’activité se réfère non seulement à laproduction, mais aussi à la transformation au niveau de l’exploitation agricole et auxautres activités agricoles générant un revenu.

Certains ménages échappent à la pauvreté en augmentant la taille de leurexploitation – dans ce contexte la taille se réfère à ce qui est géré plutôt qu’auxressources en propriété. Les bénéficiaires de réformes agraires sont les meilleursexemples de cette source de réduction de la pauvreté. L’accroissement de la taille desexploitations peut aussi se produire par l’expansion vers des zones précédemmentnon agricoles, telles que les forêts – souvent nommée expansion de la frontièreagricole. Bien que ce type d’expansion soit impossible dans de nombreux systèmes,il est particulièrement important dans certaines parties de l’Amérique latine et del’Afrique subsaharienne. Cependant, l’utilisation de nouvelles terres agricolesdevient de plus en plus marginale et, de ce fait, peut ne pas offrir des voies durablesà la réduction de la pauvreté.

Le revenu hors exploitation agricole représente un moyen de subsistanceimportant pour de nombreux agriculteurs pauvres. Les migrations saisonnières ontconstitué une stratégie traditionnelle des ménages pour échapper à la pauvreté etleurs revenus sont souvent investis dans des achats de terres ou de bétail. Dans lesendroits où l’économie hors exploitation agricole importante, de nombreuxménages pauvres augmentent leurs revenus grâce à un emploi à mi-temps ou à pleintemps. Lorsqu’ils identifient des possibilités d’amélioration de leurs moyens desubsistance, une certaine proportion de ménages agricoles abandonne leurs terres etse dirige vers d’autres systèmes d’exploitation agricole ou vers des occupations non

27FAO 1999c.

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agricoles dans des sites ruraux ou urbains. Ce moyen d’échapper à la pauvreté esttraité dans les chapitres qui suivent sous l’appellation sortie de l’agriculture.

Les cinq stratégies des ménages mentionnées ci-dessus pour réduire la faim et lapauvreté seront citées fréquemment dans les chapitres suivants où leur importancerelative sera évaluée. L’évaluation de chaque système d’exploitation agricole est faite,pour chaque région, à partir des avis de groupes d’experts. Le tableau 1.3 illustre ce type d’évaluation pour deux systèmes d’exploitation agricole de Afriquesubsaharienne.

Ces données montrent que dans les systèmes d’exploitation agricole irriguésl’intensification a un potentiel important de réduction de la pauvreté, alors que lasortie de l’agriculture présente relativement peu d’intérêt. Inversement, dans lessystèmes d’exploitation agricole pastoraux, la sortie de l’agriculture est souvent lemeilleur moyen de réduire la pauvreté. Dans ce système d’exploitation agricoleparticulier, on considère que les possibilités de réduire la pauvreté en ayant recoursà l’intensification, à la diversification et à l’accroissement de la taille desexploitations, sont faibles.

ASPECTS DE L’ÉVOLUTION DES SYSTÈMES AGRICOLES

L’approche des systèmes d’exploitation agricole considère à la fois les dimensionsbiophysiques (telles que les éléments nutritifs du sol et les balances hydriques) et lesaspects socioéconomiques (tels que ceux liés au rôle des hommes et des femmes dansles exploitants, à la sécurité alimentaire et à la profitabilité) au niveau del’exploitation agricole – où la plupart des décisions de production et deconsommation sont prises. L’efficacité de l’approche repose dans sa capacité à

Tableau 1.3 Importance relative des différentes stratégies des ménages28.

Source de réduction Intensification Diversification Accroissement Accroissement Sortie de la faim et de de la taille du revenu hors de la pauvreté des exploitation l’agriculture

exploitations agricole

Système d’exploitation 3,5 2 2,5 1,5 0,5agricole irrigué

Système d’exploitation 1 1 1 2 5agricole pastoral

Source: tableau 2.4Note: le total des notes est de 10 pour chaque système d’exploitation agricole.

28Il est bon de noter que les filets de protection, étant considérés comme transitoires dans la réduction de la

pauvreté, sont exclus de cette évaluation.

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intégrer des analyses multidisciplinaires de la production et ses relations avec lesfacteurs biophysiques et socioéconomiques déterminants d’un systèmed’exploitation agricole.

On a regroupé les facteurs biophysiques et socioéconomiques déterminantsmentionnés ci-dessus en cinq catégories afin de présenter l’analyse des systèmesd’exploitation agricoles et de leur futur développement dans un cadre qui puissepermettre la comparaison entre systèmes et régions:

● Ressources naturelles et climat;

● science et technologie;

● libéralisation du commerce et développement des marchés;

● politiques, institutions et biens publics;

● information et capital humain.

De l’avis d’un certain nombre d’experts29, ces catégories représentent lesprincipaux domaines qui influeront sur les caractéristiques des systèmesd’exploitation agricole, leurs performances et leur évolution au cours des troisprochaines décennies.

La figure 1.5 représente schématiquement les interrelations de ces facteursdéterminants des systèmes de production et, par extension, des systèmesd’exploitation agricole. Certains de ces facteurs sont internes ou font partie dessystèmes d’exploitation agricole, tandis que d’autres sont externes. Les principauxfacteurs exogènes (externes) qui influent sur le développement des systèmesd’exploitation agricole – politiques, institutions, biens publics, marchés etinformation – sont indiqués sur le côté gauche de la figure, à l’extérieur despointillés qui marquent les limites du système. La présence de marchés et les prix del’offre influent sur les décisions des agriculteurs, sur le modèle de leurs entreprises,sur les achats d’intrants et sur le moment de la vente des produits. L’accès auxinfrastructures économiques et sociales en zone rurale détermine les coûts detransport et l’accès des ménages aux services – particulièrement de santé humaineet animale. De même, l’information et les services d’éducation affectent les stratégiesdes ménages et leurs décisions.

Les technologies qui déterminent la nature de la production et de latransformation, et les ressources naturelles sont des facteurs très endogènes(internes) et sont donc représentés principalement à l’intérieur des limites dessystèmes d’exploitation agricole. En termes généraux, les facteurs biophysiquestendent à définir l’ensemble des possibilités d’un système d’exploitation agricole,tandis que les facteurs socioéconomiques déterminent la réalité de ce système quipeut être observée à un moment donné.

L’évolution d’un système d’exploitation agricole est souvent prévisible. Parexemple, un système basé, à l’origine, exclusivement sur l’utilisation de la houe peut

29Les experts sont principalement le personnel et les consultants de la FAO.

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avoir à faire face à de nouvelles contraintes lorsque le marché entraîne desdiversifications. Cela pourrait entraîner un usage accru de la traction animale enremplacement de certaines opérations manuelles et, si la terre est disponible, uneexpansion de la terre cultivée. L’accroissement démographique et le manque deterre peuvent entraîner, par la suite, l’intensification de la production végétale.L’évolution du marché conduit, parfois, à la spécialisation de la production etimplique souvent un usage accru d’intrants externes. Des stades ultérieurs duchangement peuvent inclure une mécanisation partielle de la production végétale etune intégration substantielle au marché. Finalement, il est probable que cetteévolution entraîne une intensification importante – peut être avec une orientationvers l’exportation – qui est habituellement caractérisée par l’utilisation intensived’intrants achetés, le regroupement des terres et un haut degré de mécanisation.

Figure 1.5 Représentation schématique des systèmes d’exploitation agricole

FACTORESDETERMINANTES

SISTEMA DE PRODUCCIÓN AGROPECUARIAExternos Internos

MERCADOS

POLÍTICAS

INSTITUCIONES

SERVICIOSPUBLICOS

INFORMACIÓN

TECNOLOGIAY Cultivos Árboles Animales Peces Hogar ProcesamientoAgropecuario

Empleoextra-predial

Decisiones de consumo

Ahorros einversión

Consumo del Hogaragropecuario Ventas

Productos

InsumosExternos

Decisiones de producción

Naturales

Tierra y AguaClimaBiodiversidad

Fisicos

InfraestructuraEdificaciones

Financieros

Dinero en efectivoAhorrosPréstamos

Humanos

ConocimientoHabilidadesCreencias

Sociales

ComunidadGruposParentesco

RECURSOS

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Dans certaines circonstances, on peut assister au développement de systèmes mixtesintensifs. Dans tous les cas, une infrastructure convenable et la disponibilité eninformations techniques et commerciales constitueront des facteurs importantsd’évolution du système.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

L’interaction des ressources naturelles,du climat et de la populationdétermine la base physique dessystèmes d’exploitation agricole. Aucours des premiers stades dedéveloppement, l’accroissement de lapopulation conduit à une expansion de la surface cultivée et, dans denombreux cas, à des conflits entre lesdifférents utilisateurs des ressourcesen eau et en terre. Lorsque la quasi-totalité des terres de bonne qualitésont exploitées, un accroissementultérieur de la population tend àentraîner l’intensification des systèmesd’exploitation agricole. Lorsque lesforêts et les espaces boisés subissentune forte pression de la part des populations, la biodiversité est menacée et celapeut entraîner un conflit grandissant entre les objectifs de développement et lesobjectifs de conservation. Ces tendances ont souvent été exacerbées par les forcescoloniales et post-coloniales qui ont concentré les indigènes ou les peuplesminoritaires sur les terres les plus pauvres – aggravant ainsi le problème desdégradations.

Au cours des quatre dernières décennies la superficie des terres cultivées, ycompris les cultures permanentes, s’est accrue de plus d’un quart (pour atteindre unpeu plus d’un milliard d’ha). Cependant, la croissance rapide des populations de cesdernières années a entraîné depuis les années 60 une diminution de près de 50 pourcent de la surface cultivée par tête dans les pays en développement.

Depuis les années 60, les surfaces des pâturages et des parcours ont augmenté de15 pour cent dans les pays en développement, pour atteindre environ 2,2 milliardsd’ha en 1994. La plupart de cette expansion s’est faite au détriment des forêts et desespaces boisés, qui ont diminué d’environ 2,3 milliards d’ha au cours de la mêmepériode. Les taux de croissance annuelle des surfaces cultivées varientconsidérablement entre les régions, comme le montre l’encadré 1.2. L’Amériquelatine et les Caraïbes ont présenté, de loin, les taux d’expansion les plus élevés –

Encadré 1.1 Pression de la population sur les terres agricoles en cultures annuelles et permanentes par région 1995-1997 (pers./ha)

Région Agricole Total

Afrique subsaharienne 2,2 3,6Moyen-Orient et Afrique du Nord 3,1 4,5Europe de l’Est et Asie centrale 0,3 1,6Asie du Sud 3,5 6,3Asie de l’Est et Pacifique 4,9 7,9Amérique latine et Caraïbes 0,7 3,2Moyenne 2,3 4,5

Source: FAO, 2000a.

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1,26 pour cent par an, comparé à 0,18pour cent par an en Asie du Sud. Ilconvient de noter que, durant cettepériode, l’intensité moyenne de culture n’a augmenté que de cinq pour cent,montrant que la croissance de laproduction a surtout résulté desaccroissements de rendements et del’expansion des terres cultivées plutôt qued’une augmentation de l’intensité culturale.

On estime qu’il reste encore 1,8 milliardsd’ha de terre de qualité «acceptable»disponibles pour un futur usage agricole;mais un certain nombre de facteurs limitesérieusement ce scénario qui semble favorable. La plupart des terres classées commeconvenables pour l’agriculture ne peuvent, en fait, convenir qu’à une gamme étroitede cultures (par exemple l’olivier en Afrique du Nord). D’autre part, plus de 90 pourcent des terres disponibles se trouvent en Amérique latine et en Afriquesubsaharienne, ce qui signifie qu’une expansion ultérieure n’est pas possible pour laplus grande partie de l’Afrique du Nord, de l’Europe de l’Est, de l’Asie et du Moyen-Orient. Même dans les zones où le potentiel d’expansion semble exister, on estime queplus de 70 pour cent des terres disponibles présentent une ou plusieurs contraintes desols ou de reliefs. En conséquence, on estime que le taux d’expansion30 de la surfacecultivée dans les régions en développement ne sera, d’ici à 2030, que la moitié de celuienregistré jusqu’ici – il devrait permettre d’ajouter environ 120 millions d’ha au totalactuel31. Toutefois, en dépit d’une augmentation de la population des pays endéveloppement de plus de deux milliards de personnes d’ici à 2030, la surfacemoyenne de terre cultivée par personne travaillant dans agriculture pourrait, en fait,s’accroître32 à cause de la stabilisation des populations agricoles.

Malgré le coût élevé du développement des systèmes d’irrigation, l’utilisation desterres irriguées s’est accrue à un rythme trois fois supérieur à celui de l’expansionde l’ensemble des terres agricoles. La superficie totale irriguée des pays endéveloppement a doublé depuis 1961 – pour atteindre 197 millions d’ha. Celarenforce la thèse selon laquelle, il ne sera pas possible, dans de nombreuses zones dumonde en développement, de lever les contraintes à toutes expansions ultérieurespendant plusieurs décennies, et même plus longtemps. Cependant, l’intensification

Encadré 1.2 Expansion annuellemoyenne de la terre cultivée 1961-1997

Région % annuel

Afrique subsaharienne 0,73Moyen-Orient et Afrique du Nord 0,42Asie du Sud 0,18Asie de l’Est et Pacifique 0,91Amérique latine et Caraïbes 1,26Moyenne 0,67

Source: FAO 2000a.

30FAO, 2000a. Naturellement le taux réel d’expansion dépendra de la nature de l’évolution de ces systèmesd’exploitation agricole.

31FAO, 2001.

32Les changements de disponibilité en terre par tête varieront beaucoup d’une région à l’autre. Presque toute laterre cultivée additionnelle devrait provenir de l’expansion des frontières naturelles en Afrique et en Amériquelatine, tandis que la terre effectivement cultivée pourrait diminuer dans des zones comme le Moyen- Orient.

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au moyen de l’irrigation a ses limites. A l’heure actuelle, elle consomme environ 70 pour cent du volume total d’eau douce utilisé par les humains; ce pourcentagedevrait toutefois diminuer au cours des trente prochaines années en raison del’augmentation des utilisations urbaines et industrielles de l’eau. En dépit du fait queseul 7 pour cent du total des ressources en eau renouvelable des pays endéveloppement sont actuellement exploitées, la concurrence dans la demande et lefait qu’une bonne partie de l’eau disponible n’est pas située dans les zones où setrouvent les besoins agricoles, vont sans doute réduire les taux actuels de croissancede l’irrigation.

L’expansion de l’agriculture et les changements intervenus dans les technologiesde la production ont entraîné une baisse de l’agrobiodiversité au cours de cesdernières décennies. En plus de la disparition très médiatisée de la flore et de lafaune indigènes, on a assisté à une réduction considérable du nombre de variétéscultivées, en particulier pour les principales céréales: blé, maïs et riz. Une pertesemblable de biodiversité s’est aussi produite pour les animaux domestiques.Cependant, la sélection végétale moderne pourrait renverser cette tendance enrendant plus aisé le maintien du matériel génétique et en créant des variétésmodernes à partir de pool de gènes plus larges.

Actuellement l’agriculture représente environ 30 pour cent de l’émission de gaz àeffets de serre induite par les activités humaines. L’augmentation de la production deces gaz par les cultures devrait se ralentir dans le futur, mais la production de méthanepar le bétail pourrait croître substantiellement. Il semble aujourd’hui évident33 que leschangements climatiques auront des impacts importants. Les températures moyennesde surface devraient augmenter de 1,4 à 5,8°C au cours des cent prochaines années,tandis que la fréquence des extrêmes climatiques (températures, précipitation etvents) devrait augmenter de façon spectaculaire. Des modèles basés sur le scénario dela Commission intergouvernementale sur les changements climatiques (CICC) d’uneaugmentation annuelle d’un pour cent des gaz à effets de serre prévoient que, d’ici 80ans, les extrêmes observés à l’heure actuelle une fois par siècle deviendront normaux.De plus hautes températures conduiront inévitablement à l’élévation du niveau desmers – estimé entre 0,1 et 0,9 mètre pour ce siècle.

Il est presque certain que l’agriculture et la sécurité alimentaire seront affectéespar ces changements de climat. Non seulement les rendements des cultureschangeront, mais d’immenses investissements en infrastructure pourraient devenirnécessaires. Parmi les impacts possibles, le groupe de travail de la CICC prévoit uneréduction du potentiel de rendement des cultures dans la plupart des régionstropicales et subtropicales et même sous des latitudes moyennes, au cas où latempérature atteindrait la limite supérieure de la fourchette envisagée34. Une autreétude récente a estimé que les rendements des cultures pourraient diminuer d’un

33Commission intergouvernementale sur les changements climatiques, 2001.

34On doit souligner cependant que ce sont des baisses de rendements potentiels. Dans de nombreux systèmesd’exploitation agricole, d’autres facteurs que l’impact du réchauffement mondial peuvent être plus limitants.

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cinquième dans de nombreux pays en développement35. La disponibilité en eau,particulièrement dans les régions subtropicales, devrait diminuer, même si certaineszones, comme l’Asie du Sud-Est, pourraient recevoir de plus grands volumes d’eauen raison de moussons plus importantes. On prévoit des risques accrus et généralisésd’inondations, en raison de la montée du niveau des mers et de l’augmentation desprécipitations orageuses, des ouragans et des moussons. La disponibilité en maind’œuvre pourrait être affectée par l’augmentation attendue de la transmission desmaladies, aussi bien à partir d’un vecteur (la malaria par exemple) qu’à partir del’eau (le choléra par exemple). En général, une plus grande variabilité du climat, etdonc de la productivité agricole, augmente considérablement les risques auxquelsles agriculteurs sont confrontés, entraînant une réduction simultanée desinvestissements et de l’utilisation d’intrants.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

Les investissements en science agricole eten technologie ont augmenté rapidementau cours des quatre dernières décennies.Les changements techniques et lesréformes institutionnelle qui ont eu lieudurant cette période ont marqué le modèlede développement technologique et sadiffusion. On assista au début des années70 à la création du Groupe consultatif surla recherche agricole internationale (GCRAI)et au renforcement important des systèmesnationaux de recherche agricole (SNRA).Les années 80 et 90 virent l’établissement de partenariats entre les centres duGCRAI et les SNRA y compris des consortiums écorégionaux. Cependant, denombreux SNRA ont subi des réductions budgétaires au cours de la dernièredécennie, en raison de la mise en place de réformes macro-économiques.

L’effort historique des programmes de recherche du GCRAI et des SNRA enmatière de technologies de production des cultures vivrières et plusparticulièrement sur l’amélioration des rendements des variétés, a indéniablementété un succès. Depuis 1961, presque trois quarts (71 pour cent) de la croissance dela production sont dus à l’augmentation des rendements. Ces augmentations ontcontribué à améliorer la sécurité alimentaire des régions en développement et à fairebaisser les prix réels des céréales vivrières. Il est significatif que les projections de laFAO indiquent d’ici à 203036 une élévation continue de la moyenne des rendementscéréaliers dans les pays en développement, aussi bien en sec qu’en irrigué.

35Fischer et al 2001.

Encadré 1.3 Moyenne desrendements des céréales (1961-1997)dans les pays en développement (t/ha)

1961-63 1995-97

Blé 0,9 2,5

Riz (paddy) 1,8 3,5

Maïs 1,2 2,6

Toutes céréales 1,2 2,5

Source : FAO, 2000a.

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Cependant, de nombreux petits agriculteurs des zones marginales n’ont pasbénéficié de ces accroissements de rendements céréaliers; d’autre part, lesinvestissements pour le développement de technologies pour les cultures noncéréalières ont été très limités. Même si le secteur privé et les organisations de grosagriculteurs ont investi fortement dans la recherche pour des cultures de rentescommercialement importantes – par exemple le café, le thé, la canne à sucre et lesbananes – de nombreuses cultures vivrières tropicales et des cultures de rentemineures ont reçu relativement peu d’attention. De même, l’investissement de larecherche en élevage n’a généralement pas été proportionnel à la contribution de cesous-secteur au revenu des ménages ou au produit agricole intérieur brut (PAIB).Même si un certain nombre de centres du GCRAI ont des programmes deproduction animale, un seul d’entre eux – l’Institut international de recherche surl’élevage (ILRI) – concentre ses efforts sur l’élevage. En revanche, la rechercheagricole des pays industrialisés a été relativement bien financée, une partie du travailétant conduit par le secteur privé. En conséquence, les systèmes de production et lescultures des pays développés ont à leur disposition une gamme plus étendue denouvelles technologies que les systèmes de production des petits agriculteurs despays en développement.

La recherche s’est généralement concentrée principalement sur l’intensificationdes cultures et de la production animale à partir de l’utilisation d’intrants achetés.Les technologies intégrées pour diversifier les moyens de subsistance des petitsagriculteurs des pays en développement et pour accroître l’utilisation durable de laterre ont fait l’objet de beaucoup moins de recherche. On connaît par exemple peude choses sur le rôle de la matière organique des sols, sur le développement desystèmes avec travail réduit du sol, sur l’utilisation des ressources organiques del’exploitation en combinaison avec les engrais chimiques et sur le rôle deslégumineuses dans la fixation biologique d’azote. De la même façon, les recherchessur la gestion intégrée des ravageurs (GIR) et sur le contrôle des mauvaises herbeset des ravageurs sont limitées. Ce sont des sujets de peu d’intérêt pour le secteurprivé, mais qui risquent d’être négligés par les institutions publiques de recherche.

En dépit de ces faiblesses, l’agenda mondial de la recherche déplace la prioritéjusqu’ici donnée aux performances des cultures prises individuellement vers unereconnaissance de plus en plus grande de l’importance de l’amélioration de laproductivité d’un système. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concernel’amélioration de la gestion des interactions entre les activités agricoles diversifiées,la gestion durable des ressources et l’amélioration des technologies visant les femmesagriculteurs et les ménages les plus pauvres. Le changement actuel des modalitésinstitutionnelles est peut être encore plus important pour le long terme. Surtoutpour répondre à la demande des intéressés, les efforts de recherche sont en train depasser du secteur public, dirigé principalement par le système international à unpartenariat secteur public secteur privé. Ces changements s’accompagnent d’une

36FAO, 2000a.

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meilleure compréhension des problèmes et des possibilités des agriculteurs et d’uneplus grande volonté d’associer les connaissances indigènes à l’information moderne.

L’accroissement des investissements en biotechnologie devrait augmenter laproductivité de la recherche agricole et pourrait révolutionner les pratiques deproductions par la création de variétés faites à la demande. Alors que l’on a assisté àune diminution continue du financement national et international de la rechercheagricole et des systèmes de vulgarisation, la recherche en biotechnologie du secteurprivé a attiré de nombreux financements (généralement pas pour les culturesvivrières tropicales). La plupart de ces programmes de recherche vontprobablement mettre l’accent sur les intrants générateurs de profit, sur les culturesd’exportations et sur l’agro-industrie.

LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

Parmi tous les grands processus que recouvre le terme de mondialisation nous avonschoisi de mettre l’accent dans cet ouvrage sur les réformes économiques et sur lalibéralisation du commerce. Vers la fin des années 70, les économies de nombreuxpays en développement souffraient d’un excès d’intervention et de contrôle de lapart des gouvernements. La plupart de ces pays faisaient face à de sérieusesdifficultés économiques: forte inflation, balance des paiements très déséquilibrée,déficits budgétaires, niveaux d’endettement extérieur élevés et produit national brut(PIB) à croissance négative ou inférieure à la croissance démographique. Pourremédier à ces problèmes, le Fonds monétaire international (FMI) et, après lui, laBanque mondiale et d’autres institutions internationales ainsi que des donateursbilatéraux, mirent en place des programmes de prêts pour aider au rétablissementde la balance des paiements de certains pays en développement, à condition qu’ilsadoptent des programmes de réforme structurelle. Ces programmes d’ajustementstructurel (PAS) ont conduit, dans de nombreux pays en développement, à lalibéralisation du commerce et des régimes de taux de change, et à la réductionradicale les subventions. Cependant, l’ajustement structurel n’a pas éliminél’avantage dont bénéficiaient les villes dans les politiques.

De nombreux PAS ont mis en place des réformes spécifiques au secteur rural.Celles-ci comprennent des mesures pour: i) abolir les monopoles commerciaux; ii) réduire l’implication des organismes parastataux dans la fourniture d’intrants,la commercialisation et la transformation; iii) réduire ou supprimer lessubventions, les contrôles de prix et les freins aux activités du secteur privé; iv) lever les contraintes au commerce international; et v) promouvoir le secteurprivé. Ces réformes ont permis le développement rapide d’activités de petitestailles, demandant peu de capacité de gestion, de connaissance technique et decapital. La plus importante d’entre-elle fut la mouture des grains. En raison del’existence antérieure de marchés parallèles et des fardeaux financiers importantsimposés aux gouvernements par les centrales de commercialisation des céréales, la

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commercialisation des céréales fut dans de nombreux pays le premier serviceagricole important à être privatisé.

Plus récemment, les accords internationaux et l’établissement de l'Organisationmondiale du commerce (OMC) ont encore poussé à la libéralisation du commerce.Les marchés ont un rôle important à jouer dans le développement agricole, ilsforment en effet le lien entre les exploitations agricoles et les économies rurales eturbaines sur lequel les processus de développement soulignés par Mellor (voir ci-dessus) s’appuient. La réduction des freins au commerce international et àl’investissement, et le processus de libéralisation du commerce sont en traind’entraîner des changements dans la structure de la production à tous les niveaux,y compris dans les systèmes d’exploitation agricole des petits agriculteurs denombreux pays en développement. Les forces du marché entraînent non seulementl’accélération du développement des marchés, mais aussi la modification del’ensemble des productions et de l’utilisation des ressources naturelles. La vitesse deschangements engendrés par cette transition a cependant eu d’importants effetsnégatifs. La réduction des aides gouvernementales et la baisse des prix desprincipaux produits des petits agriculteurs ont entraîné, au moins temporairement,un accroissement de la pauvreté dans les systèmes d’exploitation agricole au coursdes années 80 et au début des années 90.

A plus long terme, si les subventions aux producteurs des pays industrialisésdisparaissent, la diminution des barrières entre pays pourrait permettre auxproduits les plus compétitifs des pays en développement de remplacer ceux ayant jusqu’alors bénéficié de protection. L’urbanisation, l’élévation des revenus,l’amélioration des communications et la diffusion des préférences culturellesamèneront des changements sociaux, économiques et culturels qui contribueront àun remodelage profond de la demande du marché. L’existence de nouvellesproductions, les technologies après récolte et le transport changeront aussi lastructure de la demande, en permettant de trouver sur les marchés des produitsnouveaux ou sous de nouvelles formes.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

Le développement de systèmes d’exploitation agricole dynamiques requiert unepolitique environnemental d’accompagnement. De plus, l’établissement de liensentre les exploitations agricoles, les ruraux et les habitants des villes décrits parMellor37 entraîne un renforcement de la demande. L’introduction de l’ajustementstructurel, qui a été le changement le plus important de cet environnement durantles trente dernières années, a entraîné des changements importants des politiques.A cet égard, la diminution de l’autosuffisance nationale alimentaire a été un élémentparticulièrement structurant des politiques des zones rurales. Au cours des années

37Mellor, 2000.

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60, le besoin ressenti d’assurer la sécurité alimentaire était une priorité pour denombreux gouvernements et servait à justifier l’intervention directe desgouvernements dans la commercialisation agricole, le stockage, l’attribution delicences d’importation, les subventions aux intrants et dans d’autres domaines. Bienque l’autosuffisance alimentaire ne soit plus le principal objectif politique, la sécuritéalimentaire demeure un problème politique essentiel pour les pays endéveloppement et pour le monde entier. Aussi la sécurité alimentaire fut-elle aucentre des préoccupations du Sommet mondial de l’alimentation de 1996 organisésous l’égide de la FAO et des activités de développement qui s’en suivirent.

Avec la progression des programmes d’ajustement structurel, les décideurspolitiques ont porté leur attention sur l’amélioration de l’efficacité des servicesd’appui par la restructuration des institutions. L’impact de cette restructuration peutêtre énorme à long terme: i) transfert de nombreuses attributions traditionnellementaffectées au secteur public vers le secteur privé et la société civile; ii) décentralisationdes services gouvernementaux restants; et iii) réduction croissante del'investissement gouvernemental dans la fourniture de services publics.

Les deux premières tendances vont bien dans le sens d’une implication socialecroissante, en encourageant plus de participation locale aux prises de décision et àl’allocation des ressources. La troisième est avant tout le résultat du transfert denombreuses responsabilités gouvernementales vers le secteur privé. Ces tendancesvont sans doute se renforcer durant la prochaine ou les deux prochaines décennies.Cependant, bien qu’elles soient très bénéfiques à la mobilisation de ressources nongouvernementales et à un meilleur alignement des activités publiques aux besoinslocaux, elles créent aussi des contraintes. Le remplacement des services publiques definancement, de recherche, de vulgarisation, d’éducation, de santé et même demaintenance des infrastructures en zone rurale où la pauvreté est importante, parle secteur privé, est difficile et lent et s’opère d’une façon très irrégulière. Les petitsagriculteurs et les femmes chef de ménage ont particulièrement souffert. L’absencede création de nouveaux services publics, nécessaires à la création d’unenvironnement capable d’appuyer la croissance des activités du secteur privé et d’enassurer l’équité et la durabilité, se fait cruellement sentir.

En dépit de cette lacune importante, le renforcement des institutions locales –comprenant la décentralisation et la démocratisation aux niveaux locaux – est visibledans de nombreux pays. Ces dernières années ont vu le renforcement du rôle desfemmes dans les prises de décisions au niveau local. Qu’en sera-t-il à long terme? Cestransformations ont entraîné des conflits entre les autorités centrales et locales ausujet des priorités de développement, des allocations budgétaires et des mécanismesde supervision du développement. D’autres changements de politique ontgrandement stimulé la production de certains systèmes d’exploitation agricole. Parexemple, l’introduction de politiques de stimulation des ménages entraîna, du jourau lendemain, une augmentation importante de la production agricole vivrière auVietnam, qui de pays déficitaire devint pays exportateur d’aliments. De même,l’introduction du système de responsabilisation individuelle des ménages en Chine

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a fortement stimulé la production et a marqué un changement majeur dans lesstructures de production.

L’accès et le contrôle des ressources naturelles – particulièrement de la terre et del’eau – est un autre domaine qui revêt une importance croissante. Avec la croissancecontinue des populations et la dégradation des terres marginales, les demandes despopulations les plus pauvres, minoritaires et indigènes, pour un accès plus équitableaux ressources continueront à s’intensifier. Malgré l’accélération de l’urbanisationqui devrait entraîner une diminution de la pression, les gouvernements qui semontreront incapables de développer et de mettre en application des politiquesefficaces sur la propriété foncière, la gestion de l’eau et les réformes fiscales,risqueront de se retrouver face à des conflits sociaux sérieux.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

L’évolution des systèmes d’exploitation agricole fondée sur une spécialisationcroissante (par exemple unités industrielles de poulets) ou sur l’intensification del’intégration (par exemple riz, poissons, canards) requiert des connaissancessupplémentaires de la part des exploitants agricoles. Les besoins en informations demeilleure qualité et en renforcement du capital humain ont aussi augmenté, au furet à mesure de l’intégration des systèmes de production aux marchés régionaux,nationaux et internationaux. De nombreux agriculteurs des pays développés ontmaintenant une bien meilleure compréhension de la nature de la demande àlaquelle ils doivent répondre et de ses implications en ce qui concerne les variétés, lecalendrier des opérations, les emballages et les produits phytosanitaires autorisés. Ilsont dû modifier progressivement leurs pratiques de production et leur catalogue deproduits en réponse aux structures changeantes de la demande. Mis à part desgroupes relativement restreint de producteurs commerciaux éduqués, cetteapproche, basée sur la connaissance, est loin d’avoir été largement adoptée dans lespays en développement. Cependant, les expériences de quelques petits producteursont montré que cette approche était possible, même parmi des producteurs soumisà une grande pauvreté. Les prochaines années devraient voir l’intensification desajustements basés sur la connaissance, elle dépendra de la vitesse et de la forme del’évolution des systèmes d’exploitation agricole.

Le manque d’éducation, d’information et de formation est souvent le principalfacteur limitant le développement des petits agriculteurs. De nombreux observateursprévoient une révolution de l’information qui devrait mettre un grand volumed’informations techniques, commerciales et institutionnelles à la disposition desagriculteurs. Cependant, bien que les opérateurs commerciaux puissent enbénéficier, il est peu probable que la plupart des producteurs des pays à bas revenupuissent, dans un futur proche, avoir accès à cette information. Inévitablement, lesproblèmes d’accès équitable et de diffusion de l’information se poseront lorsque lespopulations marginalisées seront laissées de côté.

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Au cours des trois dernières décennies, l’une des réalisations majeures denombreux pays en développement a été l'extension des programmesd’alphabétisation et d’enseignement primaire à la majorité des populations rurales.En raison des retombées importantes, souvent démontrées, de l’enseignementprimaire, on considère que l’éducation rurale devrait considérablement sedévelopper dans les pays où la discrimination entre garçons et filles est minimale, oùles conflits civils sont absents et où la stabilité économique peut être maintenue. Cedéveloppement permettra à la prochaine génération de pouvoir mieux participer àl’agriculture basée sur les connaissances et d’utiliser les nouvelles sourcesd’informations en cours de développement.

Parallèlement à l’enseignement primaire, l’enseignement universitaire s’est aussidéveloppé dans la plupart des pays en développement. Ainsi, les gouvernements, lesecteur privé et la société civile ont à leur disposition, dans de nombreux pays, unearrivée régulière de diplômés agricoles qui peuvent fournir des services techniquesaux agriculteurs. Cependant, de nombreux observateurs sont convaincus que lessystèmes d’éducation agricole devraient être renforcés et que la qualité et lapertinence de cette formation devraient être rapidement améliorée.

Les conflits armés, les migrations à la recherche d’emploi rémunéré etl’augmentation des taux de mortalité due au SIDA, ont conduit à une augmentationdu nombre de femmes chefs du ménage et ont placé un fardeau considérable sur lacapacité des femmes à produire, à fournir et à préparer la nourriture. En dépit deleur rôle majeur croissant dans l’agriculture, leurs difficultés d’accès aux activitéscommerciales les désavantagent cruellement. Une enquête de la FAO a montré queles agriculteurs femmes recevaient seulement 7 pour cent de l’ensemble mondial desservices de vulgarisation agricole et que seulement 11 pour cent des agents devulgarisation étaient des femmes38. Dans le monde en développement, les femmesse voient dénier le plein statut légal nécessaire à l’accès aux prêts financiers. Desaméliorations dans ces domaines devraient avoir lieu au cours des prochainesdécennies, lorsque les femmes deviendront mieux organisées pour défendre leursdroits.

Dans le passé, de nombreux efforts de développement ne touchèrent pas lesfemmes parce que les planificateurs ne comprenaient pas le rôle important qu’ellesjouaient dans l’agriculture et dans la sécurité alimentaire des ménages; des effortsimportants sont maintenant accomplis pour tenir compte de leur situation concrète.La possibilité pour une proportion importante de femmes de pouvoir, grâce àl’amélioration progressive de l’enseignement primaire, communiquer directementavec les conseillers agricoles, les banquiers ou les dirigeants du secteur agro-industriel devrait améliorer leur situation. En dépit d’une perception croissante deleur rôle, les femmes ne bénéficient pas toujours de services efficaces.

Les professionnels du développement reconnaissent de plus en plus que laresponsabilisation des femmes est le facteur essentiel de l’élévation des niveaux

38FAO 1990b.

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nutritionnels des enfants et de la famille, de l’amélioration de la production, de ladistribution de la nourriture et des produits agricoles ainsi que de l’élévation desniveaux de vie des populations rurales. On a reconnu que si les femmes en Afriquerecevaient la même éducation que les hommes, les rendements des culturesaugmenteraient de 7 à 22 pour cent39. De même, un meilleur accès au crédit, à laterre et aux services de vulgarisation permettrait aux femmes une plus grandecontribution à l’élimination de la faim et de la pauvreté en milieu rural. Laproductivité de nombreux systèmes d’exploitation agricole devrait augmenter aucours des trente prochaines années, au fur et à mesure de l’élimination des disparitéshomme femme; cette élimination se heurte souvent à des barrières religieuses etculturelles importantes.

GUIDE DU LECTEUR

Cet ouvrage présente les grandes lignes des défis futurs, des possibilités et desstratégies de développement agricole proposées au monde en développement. Cechapitre a montré l’importance de l’analyse des systèmes d’exploitation agricole, il aaussi décrit les principales tendances qui devraient influer sur l’évolution de cessystèmes au cours de trente prochaines années. Les chapitres 2 à 7 de ce livreprésentent et analysent, à partir de prévisions de la FAO40 et d’un certain nombrede bases de données, les principaux systèmes d’exploitation agricole des sixprincipales régions du monde en développement. Une région peut englober jusqu’à16 systèmes d’exploitation agricole différents; toutefois, nous n’avons sélectionnéque les trois à cinq principaux systèmes de chaque région pour les analyser dans ledétail. La discussion concernant les systèmes retenus est divisée en trois sections: i) caractéristiques; ii) tendances et problèmes; et iii) priorités. Chaque analyserégionale se termine par une discussion des priorités stratégiques d’ensemble de larégion. Les points communs, les défis et les priorités résultant de l’ensemble desanalyses sont présentés au chapitre 8. Les conclusions et les orientations sontexposées au chapitre 9.

39FAO 1990b.

40FAO 2000a.

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CONTEXTE RÉGIONAL

CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉGION

L’Afrique subsaharienne1 regroupe 626 millions d’habitants dont 384 millions (61 pour cent) travaillent dans l’agriculture. Cette région est relativement bien dotéeen ressources naturelles. Sa superficie totale est de 2 455 millions d’hectares, dont173 millions sont sous cultures annuelles ou permanentes2 - soit environ un quart desterres arables potentielles. Les zones agroécologiques de l’ensemble de la région serépartissent de la façon suivante: les zones arides et semi-arides3, plus de 43 pourcent de la superficie; la zone sèche subhumide, 13 pour cent; et les zones subhumideset humides, 38 pour cent. Soixante-dix pour cent de la population totale de l’Afriquede l’Ouest vivent dans les zones subhumides et humides; seule la moitié de lapopulation de l’Afrique de l'Est et du Sud vit dans de telles zones.

En dépit de l’abondance des ressources naturelles, le produit national brut (PNB)par habitant était, en monnaie constante, plus bas à la fin des années 90, qu’au coursdes années 704. Dix-neuf des 25 pays les plus pauvres5 du monde se trouvent enAfrique subsaharienne et l’inégalité des revenus y est très forte. Environ 16 pour centde la population de la région vivent dans des pays où le PNB par tête est inférieur à200 dollars EU, 36 pour cent où il est inférieur à 300 dollars EU et 75 pour cent oùil est inférieur à 400 dollars EU. On estime que 43 pour cent de la population totalede la région vivent sous le seuil de pauvreté internationale exprimé en dollars ou sousdes seuils de pauvreté définis localement. On considère que la pauvreté ruralereprésente en Afrique de l’Est et du Sud jusqu’à 90 pour cent de la pauvreté totale.

A F R I QU E

S U B S A H A R I E N N E

2

● ● ●

1Voir l’annexe 3 pour la liste des pays.

2FAOSTAT.

3Voir l’annexe 5 pour une explication des zones agroécologiques.

4Banque Mondiale, 2000b.

5Parmi ceux classés par la Banque Mondiale (2000a) (sont exclus les pays de petites îles et ceux dont les donnéessont incomplètes).

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Bien que les zones éloignées, dotées de ressources agricoles marginales, soient pluspauvres que les autres, elles ne représentent qu’une faible proportion de lapopulation pauvre en raison de leurs faibles densités de population.

L’agriculture représente 20 pour cent6 du PIB de la région, elle emploie 67 pourcent de la force totale de travail et elle est le principal moyen de subsistance de lapopulation pauvre. La part du PIB agricole décroît dans plus du tiers des pays de larégion, elle est par contre croissante dans un quart d’entre eux7. La baisse de la partdu PIB agricole est le plus souvent le résultat d’une croissance rapide des secteursnon agricoles, alors que l’accroissement de sa contribution au PIB national provientsoit de la valeur ajoutée agricole soit, plus généralement, du déclin de la productiondu secteur non agricole.

Bien que l’Afrique subsaharienne ne représente qu’un pour cent du PIB mondialet seulement 2 pour cent du commerce mondial (alors qu’elle représentait 4 pour centen 1970), la contribution du commerce international au PIB régional est relativementimportante. L’agriculture est le principal secteur d’exportation de l’Afrique de l’Est (47 pour cent des exportations totales) et représente une source importanted’exportation pour les autres zones de la région (14 pour cent des exportations pourl’Afrique du Sud et 10 pour cent pour Afrique de l’Ouest)8. Les principaux produitsd’exportation de la région sont le cacao, le café et le coton. Les exportations agricolesreprésentent 16 pour cent du total des exportations de l’ensemble de la région et lesimportations agricoles – principalement les céréales – représentent 11 à 15 pour centdu total des importations. Au cours des trois dernières décennies, la région a vu sacontribution au commerce mondial diminuer d’une façon très importante, cettediminution a été aggravée par la détérioration des conditions de commercialisation.

Les principaux systèmes d’exploitation agricole de la région sont brièvementdécrits dans la prochaine sous-section de ce chapitre. Puis, après avoir discuté destendances influant sur l’évolution de ces systèmes au niveau régional, les plusimportants d’entre eux sont décrits en détail. La section finale résume les prioritésstratégiques pour la région.

PRINCIPAUX SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE DE L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Quinze principaux systèmes d’exploitation agricole ont été identifiés et retenus (voir carte)9 pour l’analyse générale. Le tableau 2-1 présente les caractéristiquesprincipales de ces systèmes d’exploitation agricole, superficies, pourcentage de la

6Calculé sur la base des totaux publiés par la Banque Mondiale (2000f) pour les pays dont les données sont disponibles.

7Les baisses les plus fortes concernent l’Erythrée, l’Angola, l’Ouganda, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, laMauritanie et le Lesotho et les hausses les plus fortes la République du Congo, le Cameroun, le Rwanda, le Togo,le Niger, le Bénin, la Namibie, la République centrafricaine, le Zimbabwe et le Mali.

8La contribution de l’agriculture aux revenus d’exportation a baissé en Afrique de l’Ouest, au cours des troisdernières décennies, en raison de l’expansion de l’industrie pétrolière. Au sud de l’Afrique, elle a baissé en raisonde la croissance des secteurs non-agricoles.

9Voir le chapitre 1 pour une explication de l’approche de la délimitation des systèmes d’exploitation agricole.

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population agricole, principaux moyens de subsistance et fréquence de la pauvreté.Les paragraphes suivants donnent une brève description de chacun des systèmesd’exploitation agricole; cinq d’entre eux sont analysés plus en détail dans dessections ultérieures.

Système d’exploitation agricole irriguéCe système comprend de grands périmètres irrigués comme le périmètre de Geziraau Soudan, l’irrigation à partir des crues en bordure des fleuves dans les zonesfadama de l’ouest africain et le Wabi Shebelle en Somalie. Il ne couvre que 35 millions d’hectares (1,4 pour cent) des terres de la région, mais représente 2 millions d’hectares (29 pour cent) de la superficie irriguée10 et abrite unepopulation agricole de 7 millions d’habitants (près de 2 pour cent du total régional).Le reste de la superficie irriguée de la région se trouve dans d’autres systèmesd’exploitation agricole – en particulier le système des grandes exploitationscommerciales et des petits exploitants de l’Afrique du Sud et de la Namibie, et lesystème riz-arboriculture de Madagascar.

Le système irrigué est très complexe, particulièrement en raison de ses aspectsinstitutionnels. Dans de nombreux cas, la culture en sec et l’élevage apporte uncomplément à la culture irriguée (le périmètre de Gezira est une exceptionnotable). Le contrôle de l’eau peut être partiel ou total. La taille des exploitationsirriguées varie de 22 ha par ménage à Gezira à moins de 1 ha. Les pertes de récoltesont rares mais les conditions de subsistance sont sujettes aux pénuries d’eau, auxincidents techniques sur les périmètres et à la détérioration du rapport coût desintrants / prix des produits. De nombreux périmètres d’état sont aujourd’hui encrise; toutefois, ils représenteront un bon potentiel de croissance lorsque lesproblèmes institutionnels auront été résolus. La fréquence de la pauvreté est moinsforte dans ce système que dans les autres et le nombre absolu de pauvres y est faible.

Système d’exploitation arboricoleCe système s’étend de la Côte d’Ivoire au Ghana, et du Nigeria et du Camerounjusqu’au Gabon, plus quelques petites poches au Congo et en Angola,principalement en zone humide. Il couvre 73 millions d’hectares (3 pour cent) desterres de la région, dont 10 millions d’hectares (6 pour cent) des terres sontcultivées; il fait vivre une population agricole de près de 25 millions de personnes (7 pour cent du total régional).

Ce système est basé sur la production de cultures arboricoles industrielles,principalement cacao, café, huile de palme et hévéa. Les cultures vivrières sontintercalées entre les arbres et sont surtout destinées à l’autoconsommation;l’élevage est peu important. Il existe aussi dans ces zones des grandes exploitationscommerciales arboricoles (surtout palmier à huile et hévéa); elles fournissent desservices aux petits exploitants arboricoles dans le cadre d’arrangements entre les

10La surface irriguée se réfère à la superficie équipée, qui excède généralement la superficie cultivée.

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Tableau 2.1 Principaux systèmes d’exploitation agricole de l’Afrique subsaharienne

Systèmes Superficie Pop. agricole Principales Fréquence de d’exploitation (% de (% de activités la pauvretéagricole la region) la region)

Irrigué 1 2 Riz, coton, maraîchage, Faiblecultures pluviales, bétail,

volaille

Arboricole 3 6 Cacao, café, huile de palme, Faible àhévéa, igname, maïs, travail moyenne

hors exploitation

Basé sur la forêt 11 7 Manioc, maïs, haricots, Fortetaro

Riz-arboriculture 1 2 Riz, banane, café, maïs, Moyennemanioc, légumineuses, élevage,

travail hors exploitation

Cultures pérennes 1 8 Banane, banane plantain, enset, Fortedes hautes terres café, manioc, patate douce,

haricots, céréales, élevage,volaille, travail hors exploitation

Mixte des hautes 2 7 Blé, orge, tef, pois, lentilles Moyenne à terres tempérées fève, colza, pomme de terre, forte

ovins, caprins, bovins, volaille,travail hors exploitation

Cultures de racines 11 11 Igname, manioc, légumineuses, Faible à travail hors exploitation moyenne

Mixte céréales-racines 13 15 Maïs, sorgho, mil, igname, Faiblemanioc, légumineuses, bétail

Mixte maïs 10 15 Maïs, tabac, coton, bovins, Moyennechèvres, volaille, travail hors

exploitation

Des grandes exploitations 5 4 Maïs, légumineuses, tournesol, Moyenneet des petits exploitants bovins, ovins, caprins,

virements de l’étranger

Agropastoral à base de 8 8 Sorgho, petit mil, légumineuses, Fortemil et de sorgho sésame, bovins, ovins, caprins, volaille,

travail hors exploitation

Pastoral 14 7 Bovins, camélidés, ovins, Fortecaprins, virements de l’étranger

Dispersé (aride) 17 1 Maïs irrigué, maraîchage, Fortepalmier dattier, bétail,

travail hors exploitation

Basé sur la pêche 2 3 Poisson de mer, noix de coco, Moyennecôtière artisanale noix de cajou, banane, igname,

fruits, chèvres, volaille, travail hors exploitation

Urbain peu 3 Fruits, maraîchers, produits Moyennelaitiers, bovins, chèvres, volaille,

travail hors exploitation

Source: données FAO et avis d’experts.

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petits et les grands propriétaires. La fluctuation des prix des cultures industriellesconstitue la principale source de vulnérabilité de ce système où les pertes desproductions arboricoles et vivrières sont rares. Les différences socioéconomiquessont considérables. La fréquence de la pauvreté est faible à moyenne, elle serencontre surtout parmi les très petits agriculteurs et les ouvriers agricoles;toutefois, le potentiel de croissance de ce système est modérément élevé.

Système d’exploitation agricole basé sur la forêtCe système couvre 263 millions d’hectares, soit11 pour cent de la superficie totalede la région; il compte 6 millions d’hectares (4 pour cent) de terres cultivées et faitvivre une population agricole de 28 millions de personnes (7 pour cent de larégion). On le trouve dans la zone humide forestière de la Républiquedémocratique du Congo, de la République du Congo, du sud-est du Cameroun, dela Guinée équatoriale, du Gabon, du sud de la Tanzanie, et du nord de la Zambie,du Mozambique et de l’Angola.

Les agriculteurs pratiquent la culture itinérante, défrichant chaque année unnouveau champ, le cultivant pendant 2 à 5 ans (d’abord des céréales ou del’arachide, puis du manioc) et le laissant ensuite en jachère pendant 7 à 20 ans.Cependant, on assiste à une réduction progressive de la durée des jachères, enraison de l’augmentation des densités de population. Le manioc est la principaleculture vivrière, complémentée par le maïs, le sorgho, les haricots et le tarot. Lespopulations humaines ainsi que celle des bovins et des petits ruminants sont peunombreuses dans ce système. L’isolement, et le manque de routes et de marchésposent de sérieux problèmes. Les produits de la forêt et le gibier sauvagereprésentent la principale source de revenu monétaire de ce système où seul un petit nombre de ménages pratique des cultures de rente; les débouchés sur les marchés sont éloignés. La pauvreté est très fréquente et, parfois très forte. Le potentiel de croissance agricole est moyen, il s’appuie sur l’existence de grandes zones non cultivées et bénéficiant d’une pluviométrie abondante;toutefois, les accroissements de rendement devraient être faibles dans un procheavenir. Le développement requiert une prise en compte sérieuse des risques surl’environnement – fragilité des sols et perte des habitats de la faune sauvage.

Système d’exploitation agricole basé sur le riz et sur l’arboriculture Ce système de production est limité à Madagascar, principalement dans les zonesagroécologiques subhumides et humides. Il ne couvre que 31 millions d’hectaresdont 2,2 millions d’hectares de terres cultivées (1 pour cent du total régional), maisil fait vivre une population agricole de sept millions de personnes (2 pour cent dutotal régional). Bien que la taille des exploitations soit réduite, l’irrigation y estrelativement développée, elle représente 10 pour cent de la superficie irriguée de larégion. Les cultures de la banane et du café sont complémentées par celles du riz,du maïs, du manioc et du maraîchage. L’élevage est peu important.

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La fréquence de la pauvreté est moyenne. En raison de ses ressources naturelleset de son climat, le potentiel de croissance agricole de ce système est important.Cependant, les possibilités de croissance agricole et de réduction de la pauvretésont, à court terme, faibles en raison de la petite taille des exploitations, du manquede technologies appropriées et du développement limité des marchés et desactivités non agricoles.

Système d’exploitation agricole des hautes terres à base de cultures pérennes On trouve ce système de production en Ethiopie, en Ouganda, au Rwanda et auBurundi où il couvre 32 millions d’hectares (seulement 1 pour cent de la surfacerégionale), principalement dans les zones agroécologiques subhumides et humides.Il totalise 6 millions d’hectares (4 pour cent de terres cultivées) et fait vivre unepopulation agricole de 30 millions de personnes (8 pour cent du total régional). Cesystème a la plus forte densité de population rurale de la région (plus d’unepersonne par ha). L’utilisation de la terre est intensive et les exploitations sont trèspetites (la moyenne de la superficie cultivée par ménage est légèrement inférieure àun hectare, mais plus de 50 pour cent des exploitations ont une surface inférieure à0,5 ha). Le système repose sur des cultures pérennes comme la banane, la bananeplantain, l’enset11 et le café, complémentées par le manioc, la patate douce, lesharicots et les céréales. Onze millions de têtes de bétail sont élevées pour le lait, lefumier, la dote de mariage, l’épargne et la sécurité sociale. La tendance actuelle està la diminution de la taille des exploitations, à la baisse de fertilité des sols et àl’accroissement de la pauvreté et de la faim. La population essaie de compenser entravaillant plus intensivement la terre, mais les revenus du travail sont faibles.

La pauvreté est importante, à la fois en termes de sévérité et de nombre absolu.En dépit de conditions favorables en matière de ressources naturelles et de climat,les possibilités de croissance de la production agricole et de réduction de lapauvreté paraissent très faibles, en raison de la taille réduite des exploitations, del’absence de ressources sous-utilisées, et du manque de technologies appropriées,d’infrastructure, de marchés et de possibilités de travail en dehors des activitésagricoles.

Système d’exploitation agricole mixte des hautes terres tempéréesCe système de production s’étend sur 44 millions d’hectares de la région (soitseulement 2 pour cent) et compte 6 millions d’hectares de terres cultivées (soit 4 pour cent), mais il fait vivre une population agricole de 28 millions de personnes(soit 7 pour cent du total régional). La plus grande partie de ce système est située àune altitude comprise entre 1800 et 3000 mètres sur les hautes terres et lesmontagnes d’Ethiopie. De plus petites zones existent en Erythrée, au Lesotho, enAngola, au Cameroun et au Nigeria, généralement dans des zones agroécologiquessubhumides ou humides. La densité de population est élevée et la taille moyenne des

11«Fausse banane» d’Ethiopie.

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exploitations est réduite (1 à 2 ha). Le bétail est abondant (le nombre de têtes estestimé à 17 millions), il est utilisé pour les labours, la production de lait, de fumier,pour la dote en vue du mariage, l’épargne et la vente en cas d’urgence. Les céréales– blé et orge – sont les principales cultures vivrières, elles sont complémentées parles pois, les lentilles, les fèves, le colza, le tef (en Ethiopie) et les pommes de terre. Lavente de moutons et de chèvres, de laine, de bière locale, d’orge, de pommes deterre, de légumineuses et d’oléagineux représente les principales sources de revenu.Certains ménages reçoivent des salaires de soldats (Ethiopie et Erythrée) ou desenvois d’argent de l’extérieur (Lesotho), mais ces zones montagneuses n’offrent quepeu de possibilités d’emplois locaux non agricoles. Il n’y a généralement qu’uneseule saison de culture; toutefois, on observe dans certaines parties de l’Ethiopie uneseconde saison plus courte que la première. Les principaux problèmes rencontrésdans ce système de production sont: la baisse de fertilité des sols en raison del’érosion, le manque de biomasse et le manque d’intrants dans le cas de laproduction céréalière. Toutefois, les possibilités de diversification à partir de culturestempérées sont très importantes.

La vulnérabilité des ménages résulte surtout des risques climatiques: les geléesprécoces et tardives en haute altitude peuvent réduire considérablement lesrendements et les pertes de récolte ne sont pas rares en année froide et humide.Comme c’est souvent le cas dans les systèmes d’exploitation agricole basés sur descultures vivrières, une «saison maigre» s’étend de la période des semis à la périodedes récoltes. La pauvreté est, comparée aux autres systèmes de la région, moyenneà forte (surtout durant les périodes de sécheresse qui affectent régulièrement laCorne de l’Afrique12). Le potentiel de réduction de la pauvreté et d’accroissementde la production agricole est faible.

Système d’exploitation agricole à base de cultures de racines Ce système s’étend de la Sierra Leone à la Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, auBénin, au Nigeria et au Cameroun, généralement dans les zones agroécologiquessubhumides et humides. Il est limité, dans sa partie la plus humide au sud, par lessystèmes d’exploitation arboricole et forestière et, dans sa partie la plus sèche aunord, par le système d’exploitation agricole mixte céréales et racines. On rencontreune bande semblable en Afrique centrale et du Sud, sur la partie sud de la zoneforestière – en Angola, en Zambie, dans le sud de la Tanzanie et au nord duMozambique – et sur une petite région au sud de Madagascar. Ce système couvre282 millions d’hectares de la région (soit environ 11 pour cent), 28 millionsd’hectares de terres cultivées (soit 16 pour cent) et abrite 44 millions de personnes,soit 11 pour cent de la population agricole régionale. La pluviométrie est de typebimodal ou pratiquement continue et le risque de perte des récoltes est faible. Lesystème comprend environ 17 millions de têtes de bétail.

12L’impact de la sécheresse est souvent plus important dans les zones pastorales et agropastoralesde basse altitude.

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La fréquence de pauvreté est faible à moyenne. Les possibilités de croissanceagricole et de réduction de la pauvreté sont moyennes, en effet les technologiesappropriées n’ont pas encore été complètement développées. Néanmoins, ils existedes possibilités d’exporter de l’huile de palme, la demande urbaine de racines ettubercules est en pleine expansion, et les relations entre l’agriculture et les activitésnon agricoles sont relativement meilleures qu’ailleurs.

Système d’exploitation agricole mixte céréales-racinesCe système s’étend de la Guinée au nord du Cameroun à travers le nord de la Côted’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria; il existe une zone similairedans le centre et le sud de l’Afrique. L’ensemble du système couve 312 millionsd’hectares de la région (soit 13 pour cent) – principalement en zone sèchesubhumide – 31 millions d’hectares des terres cultivées (soit 18 pour cent) et faitvivre une population agricole de 59 millions de personnes (soit 15 pour cent de lapopulation de la région). L’élevage est important (quelque 42 millions de têtes). Cesystème partage un certain nombre de caractéristiques climatiques avec le systèmemixte à base de maïs; il s’en différencie toutefois par les caractéristiques suivantes:altitudes plus basses, températures plus élevées, densités de population plus faibles,abondance des terres cultivées, plus grand nombre de têtes de bétail par ménage etinfrastructures de transport et de communication moins développées. Bien que laculture des céréales telles que le maïs, le sorgho et le millet soit très répandue, cellede racines, telles que l’igname et le manioc, est prédominante partout où la tractionanimale est absente. La culture intercalaire est courante et une large gamme decultures sont pratiquées et commercialisées.

Le principal risque est la sécheresse. L’incidence de la pauvreté est faible, lenombre de pauvres reste modeste et le potentiel de réduction de la pauvreté estmoyen. Les perspectives de croissance agricole sont excellentes et, comme cela estexpliqué dans la section où ce système est analysé en détail, il pourrait devenir legrenier de l’Afrique et une importante source de revenus d’exportation.

Système d’exploitation agricole mixte à base de maïsCe système est le plus important de l’Afrique de l’Est et du Sud. Il s’étend sur leszones de plateaux et de montagne de 800 à 1500 mètres d’altitude du Kenya et deTanzanie jusqu’en Zambie, au Malawi, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, auSwaziland et au Lesotho13. Il couvre 246 millions d’hectares (soit 10 pour cent dessurfaces) dont 32 millions d’hectares cultivés (soit 19 pour cent des terres cultivées);sa population agricole est de 60 millions de personnes (soit 15 pour cent du total de la région). Le climat varie du type sec subhumide à subhumide. Les zones lesplus typiques ont une pluviométrie monomodale, mais certaines sont de typebimodal.

13Il existe une ressemblance avec l’écologie du système mixte axé sur les céréales et les tubercules.

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La densité de population est moyenne et la taille des exploitations plutôt faible– souvent moins de 2 ha. Le système de production inclut aussi des périmètresirrigués, en général de petite taille, qui ne représentent que pour 6 pour cent de lasuperficie irriguée régionale. La pluviométrie bimodale permet deux saisons deculture alors qu’une seule culture n’est possible dans les zones plus sèches. Laculture vivrière principale est le maïs. Les principales sources de revenusproviennent des envois d’argent des expatriés et de la vente des productionsagricoles et de l’élevage (bovins, petits ruminants, tabac, café, coton, et culturesvivrières comme le maïs et les légumineuses). Environ 36 millions de têtes de bétailsont élevées pour le labour, la production de lait et de fumier, la dote, l’épargne etla vente d’urgence. En dépit d’un habitat dispersé, les institutions communautaireset les liens avec les marchés y sont relativement mieux développés que dans lesautres systèmes d’exploitation agricole.

En raison des migrations et de la crise générale de ce système de production –baisse d’utilisation des intrants due au manque de semences, d’engrais, et depesticides, et au prix élevé de l’engrais par rapport à celui du maïs – lesdifférenciations socioéconomiques sont très fortes. En conséquence, les rendementsbaissent, la fertilité des sols décroît et les agriculteurs se tournent vers des pratiquesde production extensives. La sécheresse et l’instabilité des prix sont les deuxprincipales causes de vulnérabilité des agriculteurs. Il existe un certain niveau depauvreté chronique, lié à la petite taille des exploitations et à l’absence de tractionanimale et de revenu extérieur. Récemment, la pauvreté transitoire s’estconsidérablement accrue en raison de la réduction des possibilités de travail horsexploitation et des réformes de la politique concernant le maïs. En dépit de la criseactuelle, les perspectives à long terme sont relativement bonnes et le potentiel deréduction de la pauvreté reste important.

Système d’exploitation agricole des grandes exploitations et des petits exploitantsCe système s’étend à travers la partie nord de la République d’Afrique du Sud et lapartie sud de la Namibie, principalement en zones semi-aride et sèche subhumide.Il couvre 123 millions d’hectares (soit 5 pour cent de la superficie régionale) dont 12 millions d’hectares cultivés (soit 7 pour cent des terres cultivées). Sa populationagricole est de 17 millions de personnes (soit 4 pour cent de la population agricolede la zone). Il comprend deux types distincts d’exploitations: des petitesexploitations dispersées et des exploitations commerciales de grande taille. Les deuxtypes sont des systèmes mixtes céréales-élevage, le maïs dominant dans le nord etl’est, le sorgho et le mil dans l’ouest. L’élevage comprend des bovins (environ 11 millions de têtes) et des petits ruminants; le niveau d’intégration agricultureélevage reste faible.

Bien que la fréquence de la pauvreté soit modérée, elle est souvent sévère parmiles familles de petits exploitants qui survivent la plupart du temps grâce à desrevenus hors exploitation, principalement d’autres secteurs en dehors de la zone.La vulnérabilité est élevée, car une grande partie de ce système de production se

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fait sur des sols pauvres et sujets à la sécheresse. Les familles de petits agriculteurssont soumises à une pauvreté chronique importante. Les perspectives de croissanceagricole sont modérées, et les possibilités de réduction de la pauvreté limitées àmoyennes.

Système d’exploitation agropastoral à base de mil et de sorghoCe système occupe 198 millions d’hectares de la superficie régionale (soit 8 pourcent), généralement dans les zones semi-arides de l’Afrique de l’Ouest, du Sénégalau Niger, et dans des parties importantes de l’Afrique de l’Est et du Sud, depuis laSomalie et l’Ethiopie jusqu’à l’Afrique du Sud. La population agricole s’élève à 33 millions de personnes (soit 8 pour cent de la population agricole de la région) etsa densité est relativement faible; toutefois, la pression sur les terres cultivées, dontles surfaces sont limitées, est très forte. Les cultures et l’élevage ont la mêmeimportance. Presque 22 millions d’hectares sont cultivés (soit 12 pour cent des terrescultivées de la région). Le sorgho pluvial et le petit mil sont les deux principalescultures vivrières, elles sont rarement commercialisées tandis que le sésame et leslégumineuses sont parfois vendus. La préparation des terres s’effectue à l’aide debœufs ou de chameaux; la culture à la houe est commune sur les berges des fleuves.Ce système abrite près de 25 millions de têtes de bovins ainsi que des chèvres et desmoutons. L’élevage sert à la subsistance (lait et produits laitiers), à la reproduction,au transport (chameaux, ânes), à la préparation des terres (bœufs, chameaux), auxventes ou échanges, à l’épargne, à la dote pour le mariage et à l’assurance contre lespertes de récolte. La population vit généralement en permanence dans des villages,à l’exception d’une petite partie d’entre-elle qui effectue des déplacementssaisonniers avec le bétail.

La première source de vulnérabilité est la sécheresse, qui peut entraîner ladestruction des récoltes, l’affaiblissement des animaux, et finalement les ventes debiens. La pauvreté est très répandue et souvent forte. Les possibilités de réductionde la pauvreté sont limitées. Le potentiel de croissance agricole est aussi assez faibleet représente un vrai défi.

Système d’exploitation pastoralCe système est situé dans des zones arides et semi-arides qui s’étendent de laMauritanie au nord du Mali, du Niger, du Tchad, du Soudan, de l’Ethiopie, deErythrée, du Kenya et de l’Ouganda. On trouve aussi des aires pastorales dans leszones arides de la Namibie et dans certaines parties du Botswana et du sud del’Angola. Ce système occupe 346 millions d’hectares (soit 14 pour cent de lasuperficie de la région), mais sa population n’est que de 27 millions de personnes(soit 7 pour cent de population agricole de la région). Il compte 21 millions de têtesde bovins, ainsi que des moutons, des chèvres et des chameaux. Pendant la saison laplus sèche de l’année, les pasteurs sahéliens se déplacent au sud vers les zones dusystème mixte à base de céréales et les tubercules pour revenir vers le nord à lasaison des pluies.

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Le principal risque est lié à la grande variabilité du climat qui entraîne denombreuses périodes de sécheresse. Les différences socioéconomiques sont trèsfortes – de nombreux éleveurs perdent parfois presque tous leurs animaux à causedes sécheresses ou du vol de bétail. La pauvreté est importante et les possibilités dela réduire sont faibles. Le potentiel de croissance agricole est limité.

Système d’exploitation agricole dispersé (aride)Ce système couvre 429 millions d’hectares de la superficie de la région (soit 17 pourcent). Il s’étend principalement sur six pays: Soudan, Niger, Tchad, Mauritanie,Botswana et Namibie. Son importance agricole est faible, et sa population s’élève àenviron six millions de personnes (soit 1,5 pour cent de la population agricole de la région). Il compte huit millions de têtes de bétail. Les wadis et ses zonesenvironnantes étant considérés comme faisant partie du système de productionpastoral, le pâturage à l’intérieur du système de production agricole dispersé (aride)est limité. Il existe quelques périmètres irrigués dispersés dans ces zones arides(correspondant à 0,7 million d’hectares de cultures), le plus souvent utilisés par leséleveurs pour améliorer leurs moyens de subsistance14.

La pauvreté est très fréquente et souvent forte, spécialement après les périodesde sécheresse. Les possibilités de croissance de la production agricole et deréduction de la pauvreté sont faibles.

Système d’exploitation agricole basé sur la pêche côtière artisanaleEn Afrique de l’Est, ce système s’étend vers le sud, du Kenya au Mozambique etinclut les zones côtières du Zanzibar, des Comores et de Madagascar. En Afrique del’Ouest, il s’étend vers le sud, de la Gambie à la région de Casamance au Sénégal, lelong des côtes de Guinée Bissau, de Sierra Leone, du Liberia, de Côte d’Ivoire et duGhana vers le Nigeria, le Cameroun et le Gabon. Ce système occupe près de 38 millions d’hectares (soit 2 pour cent de la superficie de la région) et abrite unepopulation agricole de 13 millions de personnes (soit 3 pour cent de la populationagricole de la région). La densité moyenne de la population est assez forte. Lespopulations qui dépendent de la pêche en lac et rivière ne sont pas incluses dans cesystème.

Ce système de subsistance est basé sur la pêche artisanale à laquelle s’ajouteparfois la production de cultures étagées dans les jardins, les cultures de racinessous les cocotiers, les arbres fruitiers et l’anacardier (noix de cajou) et un peud’élevage. Cinq millions d’hectares sont cultivés (soit 3 pour cent du total de larégion). Environ 4 pour cent des terres cultivées sont irriguées. La pêche artisanaleinclut la pêche en mer sur des embarcations, la pêche au filet (seine) à partir durivage, la pose de filets et de pièges le long des estuaires et dans les lagunes, et lapêche aux crustacés dans les marécages de mangroves. La volaille et les chèvressont les principaux animaux d’élevage. Les bovins sont rares, particulièrement à

14Les plus grands périmètres, cependant, sont classés dans le système irrigué.

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cause de la présence de la mouche tsé-tsé, aussi la préparation des terres se fait-elleà la main. Les stations de tourismes le long des plages et les grandes exploitationsarboricoles représentent l’essentiel des possibilités de travail hors exploitation. Ontrouve plus de riz de bas-fonds et très peu ou pas d’anacardier en Afrique del’Ouest, du fait du climat humide.

Bien qu’il existe des différences socioéconomiques très importantes, la pauvretéest à l’heure actuelle assez peu importante. Les possibilités de réduction de lapauvreté et de croissance de la production agricole sont limitées.

Système d’exploitation agricole urbainUn nombre important d’agriculteurs vit dans les villes et les grandes agglomérationsde la région qui abritent une population urbaine totale estimée à plus de 200 millions de personnes. Dans certaines villes, on estime qu’au moins 10 pour centde la population s’occupent d’agriculture urbaine15. Le total des producteursagricoles des zones urbaines est estimé à 11 millions de personnes.

Ce système d’exploitation est très hétérogène. Il comprend le maraîchagecommercial à petite échelle mais intensif en capital, l’élevage laitier etl’engraissement de bétail, et l’agriculture à temps partiel pratiquée par les urbainspauvres pour couvrir une part de leurs besoins alimentaires. Le niveaud’intégration de l’agriculture et de l’élevage est souvent faible, et il existe un certainnombre de problèmes d’environnement et de qualité des produits associé àl’agriculture urbaine.

Le potentiel de réduction de la pauvreté est limité en raison du nombre limitéde pauvre. La croissance de la production agricole se fera probablementspontanément, même en l’absence de support du secteur publique, en réponse à lademande du marché urbain en produits frais. L’adoption de technologiesaméliorées de production devrait être rapide si elle n’est pas freinée par les effetsnégatifs qu’elle pourrait avoir sur l’environnement. Dans l’ensemble, ce système deproduction est très dynamique et possède un potentiel de croissance considérable.

GRANDES TENDANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE16

Préparée à partir de la discussion du chapitre 1 sur les possibilités d’évolution dessystèmes d’exploitation agricole, cette section présente une vue d’ensemble sur lestendances communes de la plupart des systèmes d’exploitation agricole de la région.Celles-ci sont analysées sous les rubriques suivantes: population, faim et pauvreté;ressources naturelles et climat; science et technologie; libéralisation du commerce et

15On ne fait souvent pas la distinction entre agriculture urbaine et agriculture périurbaine. L’agriculture urbainedésigne la production à l’intérieur des limites des villes (y compris la banlieue); il existe de nombreuses définitionsde la limite externe de l’agriculture périurbaine. Dans ce livre, les agriculteurs à l’extérieur des limites des villes etdes cités sont inclus dans le système de production agricole correspondant.

16Sauf indication contraire, les données proviennent de la FAO (2000a).

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développement des marchés; politique, institution et biens publiques; etinformations et capital humain.

Population, faim et pauvretéIl est prévu que la population de l’Afrique subsaharienne augmente de 78 pour centau cours des trois prochaines décennies. Ce taux est bien plus élevé que celui prévupour l’ensemble des pays en développement. La population rurale devraits’accroître de 30 pour cent au cours de ces 30 ans. Le taux de croissance de lacomposante agricole devrait être un peu plus faible en raison de la croissanceurbaine. La population urbaine – actuellement 33 pour cent – devrait atteindre 50 pour cent de la population totale en 2030. L’Afrique subsaharienne est la seulerégion qui ait connu un taux d’urbanisation rapide en période de récessionéconomique.

Le SIDA a déjà entraîné une diminution des taux de croissance de la populationdans de nombreux pays d’Afrique de l’Est et du Sud17. Il est responsable de grandessouffrances; les taux d’infestation sont déjà en hausse en Afrique de l’Ouest. Si leSIDA s’étend plus vite que prévu, l’Afrique de l’Est et du Sud pourrait connaîtreune diminution très importante de leur force de travail parmi les classes d’âge lesplus jeunes (à l’exception de l’Afrique du Sud, la croissance nette des populationsdevrait se poursuivre). De plus en plus de gens seront dépendants et le nombred’orphelins nécessitant une assistance augmentera fortement. Les protectionssociales traditionnelles sont déjà incapables d’assister les orphelins. Le coût pour lasociété – en perte de travail productif, coûts médicaux et support aux orphelins –est probablement énorme. Jusqu’à présent, les systèmes d’exploitation agricole lesplus touchés ont été ceux des cultures pérennes des hautes terres et des culturesmixtes axés sur le maïs, mais le système dualiste des grandes exploitationscommerciales et des petits exploitants a aussi perdu beaucoup de ses cadres. Lesbesoins en main-d’oeuvre pour la production de manioc étant mieux répartis toutau long de l’année que ceux pour la production des céréales, les agriculteursréagissent en augmentant la superficie cultivée en manioc au détriment de celle encéréales. Les négligences concernant la production de café et de bananes dusystème des cultures pérennes des hautes terres sont partiellement le résultat dumanque de main d’œuvre dû au SIDA. De plus, le SIDA touche aussi le personnelgouvernemental et les fournisseurs de services du secteur privé. La rotation dupersonnel est tellement importante que la plupart des investissements humains desprojets agricoles, y compris la formation à l’extérieur, pourraient avoir été gaspillés.

On a assisté, au cours des 30 dernières années, à une augmentation importantedu nombre de personnes sous-alimentées dans la région. Ce nombre était estimé à180 millions en 1995-1997. A cette même époque le régime moyen journalier étaitde 2 188 kcal/personne/jour en Afrique subsaharienne, comparé à 2 626 dansl’ensemble des pays en développement. On estime que 33 pour cent de la

17Voir la Division de la population des Nations-Unies (2000) pour une analyse de l’impact démographique du SIDA.

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population régionale sont actuellement sous-alimentés; l’incidence de cette sous-alimentation est plus forte en milieu rural qu’en milieu urbain. Il est prévu quel’apport énergétique moyen augmente de 18 pour cent au cours des trenteprochaines années, pour atteindre 2 580 kcal/personne/jour. Malgré l’offre accrue de calories, on estime qu’environ 15 pour cent de la population (environ 165 millions de personnes) resteront sous-alimentés – représentant un accroisse-ment en nombre absolu – à moins que des mesures appropriées ne soient prisespour un meilleur accès à la nourriture.

La région a la plus forte proportion de personnes vivant sous le seuil depauvreté estimé en dollar de toutes les régions du monde. La pauvreté ruralereprésente 90 pour cent de la pauvreté totale de la région. Approximativement 80 pour cent de ces pauvres dépendent encore de l’agriculture ou du travailagricole pour leur subsistance. Le nombre total de pauvres des 11 pays les plusconcernés augmente.

Ressources naturelles et le climatLes forêts couvrent encore aujourd’hui environ 400 millions d’hectares (presque 17 pour cent de la superficie). Le taux de déforestation annuelle est de 0,7 pour centet la diminution de surfaces forestières va probablement continuer. Les systèmesd’exploitation agricole qui se trouvent les plus liés à la déforestation sont: le systèmed’exploitation agricole basé sur la forêt; le système d’exploitation arboricole; lesystème d’exploitation agricole à base de cultures de racines; et le système deproduction agricole mixte céréales et racines. De nos jours, les agriculteurs dusystème d’exploitation agricole à base de maïs, ceux du système d’exploitationagricole des hautes terres à base de cultures pérennes et du système d’exploitationagricole mixte des hautes terres tempérées manquent cruellement de bois dechauffage.

La surface cultivée est passée de 123 millions d’hectares en 1961-1963 à 173 millions d’hectares (cultures annuelles et permanentes) en 1999. Celareprésente une lente expansion annuelle de 0,73 pour cent, principalement par lamise en culture des forêts et des prairies et par la réduction de la durée desjachères. D’ici à 2030, la croissance des terres cultivées devrait se ralentir; toutefois,le taux réel d’expansion dépendra de l’évolution future des systèmes d’exploitationagricole.

Les superficies dégradées augmentent, les causes de cette situation sontcomplexes. Cette dégradation des sols est liée à l’érosion, à la diminution de lamatière organique et à la baisse de fertilité et de biodiversité. Bien que ladégradation des sols soit visible dans la majorité des systèmes d’exploitationagricole, elle est particulièrement importante dans le système des cultures pérennesdes hautes terres et dans le système tempéré des hautes terres. En l’absence demesure incitant à une meilleure gestion des terres, la densité de populationentraîne une pression excessive sur celles-ci.

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La région possède assez peu de ressources en eau renouvelable. Toutefois, ellen’utilise que deux pour cent des ressources disponibles pour l’irrigation (comparéà 20 pour cent pour l’ensemble des pays en développement). Aujourd’hui, 6,5millions d’hectares seulement sont irrigués. La croissance des surfaces irriguéesd’ici 2030 devrait être inférieure à 2,1 pour cent par an, c’est-à-dire plus faible quecelle réalisée durant les 40 dernières années.

Les systèmes d’exploitation agricole les plus menacés par l’accélération duréchauffement général sont probablement ceux des zones aride, semi-aride et sèchesubhumide18. L’augmentation de la fréquence et de la sévérité des sécheresses vasans doute entraîner: des pertes de récolte, une hausse des prix des céréales, unebaisse des prix du bétail, des ventes forcées d’animaux, la décapitalisation desexploitations, l’augmentation de la pauvreté, de la faim, et éventuellement desfamines. Les ménages essaieront de compenser leur manque d’argent et denourriture en coupant et en vendant du bois de chauffe – accentuant ainsi ladégradation des terres et accélérant la désertification – et en migrant de façontemporaire ou permanente vers des zones plus favorables. En conséquence, lesconflits entre agriculteurs sédentaires et pasteurs deviendront plus fréquents.

Le système d’exploitation agricole basé sur la forêt, pourrait bénéficier d’uneréduction de l’excès d’humidité, mais il risque d’avoir à faire face à un afflux depopulation des zones voisines. Les nouveaux arrivants vont couper et éclaircir laforêt pour mettre en place leurs cultures; ce qui pourrait réduire l’effet bénéfiquede capture de l’oxyde de carbone par les forêts tropicales. L’accroissement de lapression démographique entraînera une diminution de la durée des jachères,rendant plus difficile le maintien de la fertilité des sols et le contrôle des mauvaisesherbes. Non seulement les rendements pourraient baisser, mais la biodiversitépourrait aussi en souffrir.

Science et technologieLa superficie des cultures annuelles et permanentes était d’environ 173 millionsd’hectares en 1999; on s’attend à ce qu’elle augmente fortement d’ici à 2030. Laproduction de l’ensemble des cultures était à peine supérieure à 250 millions detonnes en 1995-1997; elle devrait doubler d’ici 2030 si les tendances actuelles seconfirment. Les prévisions de la FAO suggèrent que cet accroissement serait associéà une augmentation moyenne de 60 pour cent du rendement des cultures19. Lacroissance importante prévue pour la productivité au cours des futures décenniescontraste avec la croissance de la production réalisée pendant les 30 dernièresannées, au cours desquelles la surface en maïs s’est accrue de 1,5 pour cent par antandis que le rendement n’a augmenté que de 1,2 pour cent (voir tableau 2.2). Lesprincipales augmentations sont attendues des terres lourdes des bas-fonds sous les

18Voir Fischer et al. (2001) pour des évaluations récentes de l’impact des divers scénarios sur l’agriculture.

19FAO 2000a.

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Tableau 2.2 Evolution des superficies des cultures, des rendements et des productions en Afrique subsaharienne 1970-2000

Superficie Rendement Production Variation annuelle moyenneCulture 2000 2000 2000 1970-2000 (%)

(m ha) (tonnes/ha) (m tonnes) Superficie Rendement Production

Riz 7 1,6 11 2,4 0,6 2,9

Maïs 26 1,5 38 1,5 1,2 2,7

Mil 20 0,7 14 1,4 0,4 1,8

Sorgho 21 0,8 18 1,2 0,5 1,6

Oléagineux 24 0,3 6 0,9 0,7 1,6

Racines et tubercules 18 8,4 154 1,7 1,0 2,8

Légumineuses 16 0,4 7 1,6 0,2 1,9

Légumes 3 6,6 22 1,9 0,8 2,6

Fruits 8 6,2 47 1,6 0,0 1,6

Source: FAOSTAT.

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tropiques humides et subhumides et des terres irriguées de plusieurs systèmesd’exploitation agricole. Néanmoins, l’agriculture pluviale continuera à fournir lamajorité de la production de l’Afrique subsaharienne.

L’apport d’engrais chimiques est très bas malgré la perte de fertilité des solsnotée ci-dessus. La consommation régionale n’est que de 1,3 millions de tonnesd’unités fertilisantes, correspondant à une moyenne de 8 kg/ha comparée à 107 kg/ha pour l’ensemble des pays en développement. On estime que, d’ici à 2030,la consommation régionale d’engrais ne devrait augmenter que lentement20. Mêmesi l’utilisation d’engrais augmentait rapidement en Afrique, les taux d’applicationresteraient encore bien inférieurs à ceux des autres régions. L’emploi de compostou d’autres amendements du sol ne compense pas les très faibles niveauxd’utilisation des engrais chimiques.

La région possède aujourd’hui 219 millions de bovins, 19 millions de chèvres et 189 millions de moutons (voir tableau 2.3). La présence de la mouche tsé-tsé est le principal facteur limitant l’expansion du bétail dans les différents systèmesd’exploitation agricole. Cette mouche se rencontre surtout dans les bas-fondssubhumides et humides et dans les parties plus sèches, près des réserves naturelles.Néanmoins, des quantités croissantes de bétail sont élevées dans des zones de climatsubhumide et sec subhumide où prédominent les systèmes d’exploitation agricole

20Les raisons comprennent le retrait récent des subsides, des prix élevés à cause des dévaluations des monnaies,des coûts des transports en hausse, des conditions de commercialisation désavantageux, les risques de pertes derécoltes élevés, la cessation des prêts de crédit saisonniers pour les petits exploitants.

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à base de cultures de racines et mixtes céréales et racines, qui étaient, à l’origine,infestées par la mouche tsé-tsé. Cette tendance devrait se poursuivre. Toutefois, lenombre de têtes de bovins par ménage à tendance à être plus élevé dans lessystèmes en zone sèche que dans les systèmes en zone humide. Depuis 1970 lenombre de bovins, caprins et ovins a peu augmenté au niveau de la région; parcontre, celui des volailles et des cochons a connu une croissance beaucoup plusimportante (environ 3 pour cent par an). Entre 2000 et 2030, les augmentations dunombre de têtes de bétail et de volaille devraient connaître un taux de croissancemodéré en réponse à la demande urbaine croissante en viande, lait et œufs.

Libéralisation du commerce et développement des marchésBien que les exportations agricoles aient augmenté en valeur absolue depuis 1961,la part de marché de la région dans le commerce agricole mondial a diminué. Envaleur absolue la chute la plus importante a été celle de l’Afrique du Sud, dont lapart de marché dans le commerce agricole mondial est passée de 9 pour cent en1961 à 3 pour cent en 1998. Toute proportion gardée cependant, les autres sous-régions d’Afrique n’ont pas fait beaucoup mieux. On trouve une plus grandestabilité dans la part des importations mondiales de l'Afrique, qui représentent uneplus petite partie du commerce mondial que celle des exportations (de 0,2 pour centpour l’Afrique centrale à un pour cent pour l’Afrique de l’Ouest).

Tableau 2.3 Evolution des populations animales et de la production en Afrique subsaharienne 1970-2000

Espèces Millions de têtes 2000 Variation annuelle moyenne1970-2000 (%)

Bovins 219 1,5

Moutons 189 1,4

Chèvres 194 2,3

Cochons 19 3,2

Volailles 809 2,9

Produits Production 2000 Variation annuelle moyenne (million tonnes) (%)

Viande totale 8 2,0

Lait total 19 1,8

Oeufs total 1 3,7

Peaux (Bovins) 0,5 1,7

Source: FAOSTAT.

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En 1998, l’agriculture représentait encore 47 pour cent des exportations totalesde l’Afrique de l’Est. En Afrique de l’Ouest ce chiffre est tombé de 70 pour cent en1961 à seulement 9 pour cent en 1988, en partie à cause du développement desexportations pétrolières. Sur la même période, les exportations agricoles du sud del’Afrique sont passées de 59 pour cent à 14 pour cent du total des exportations àcause de l’expansion des secteurs non agricoles. Les principales exportationsagricoles de la région sont le cacao, le café et le coton. Le cacao représente 22 pourcent du total des exportations agricoles en Afrique centrale et 48 pour cent enAfrique de l’Ouest. Le café, quant à lui, représente 12 pour cent des exportations del’Afrique de l’Ouest et 15 pour cent de celles de l’Afrique de l’Est. Pour le coton, cepourcentage varie de 5 pour cent en Afrique de l’Est à 26 pour cent en Afriquecentrale. Dans le sud de l’Afrique, par contre, les principales exportations sont lesucre, le vin, et les fruits, principalement à partir de la République d’Afrique du Sud.

Durant les trois dernières décennies, la part des importations agricoles dans lesimportations totales de la région a été particulièrement stable. Cette part desimportations agricoles représente aujourd’hui 20 pour cent en Afrique centrale, 15pour cent en Afrique de l’Est et de l’Ouest, et de 8 à 12 pour cent dans le sud del’Afrique. Les principales importations agricoles sont les céréales (blé, riz et maïs).Durant les 30 années dernières, ces importations sont passées de 5 pour cent à14 pour cent de la consommation totale de céréales. Si ces tendances continuent, larégion aurait besoin d’importer le sixième de ses besoins totaux en céréales en 2030.

La majorité des importations de céréales correspond à des achats, le resteprovenant de l’aide alimentaire. A l’exception de certaines années, l’aidealimentaire a représenté moins de la moitié des importations de céréales. Elle étaitplus faible en 1995-1998 où elle ne représentait que 17 pour cent des importations,qu’en 1975-1978 où elle représentait 25 pour cent des importations. Néanmoins en1998, l’aide alimentaire par tête était en Afrique trois fois plus importante qu’enAsie et en Amérique latine.

Politique, institutions et biens publicsDes programmes d’ajustement structurel ont été mis en oeuvre dans de nombreuxpays de la région. Ces programmes ont apporté la stabilité macroéconomique à denombreuses économies; toutefois, les conséquences pour les agriculteurs ont étéparticulièrement négatives: détérioration des conditions de commercialisation, accèsplus difficile à beaucoup d’intrants agricoles tels que les semences améliorées et lesproduits phytosanitaires, baisse et irrégularité du prix des céréales.

Ces effets sont particulièrement marqués pour le système mixte à base de maïsoù, pendant des années, l’investissement considérable du secteur public a été dirigévers la distribution d’intrants. Par exemple le Farmers Marketing Board (FMB) duMalawi a mis en place, dès la fin des années 50 et au cours des années 60 des dépôtsd’achat et de commercialisation de céréales de grande qualité dans tous lesprincipaux centres du pays. Il changea de nom avec l’apparition de nouvellesdiversifications et s’impliqua dans un certain nombre d’activités de type

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commercial, y compris la production et la transformation de cultures nontraditionnelles, les plantations, la conserverie et d’autres activités spécialisées dumême genre.

Les effets de l’ajustement structurel sur les producteurs de cultures de rente ontété plus nuancés et ont dépendu, en grande partie, des variations de prix desproduits sur le marché international. L’anacardier (noix de cajou) en Tanzanie, parexemple, a subi un boom cyclique: la production augmenta rapidement en réponseaux prix internationaux élevés des années 90 et s’écroula de façon spectaculaire audébut de la décennie suivante quand les prix chutèrent.

Dans le cadre des ajustements structurels, les gouvernements ont mis l’accentsur le rôle de facilitateur des ministères de l’agriculture. Malgré les efforts dedécentralisation, les structures des gouvernements locaux ont progressivementsouffert des réductions budgétaires qui ont entraîné des réductions de personnelset de capacité de fourniture de services. Dans la plupart des cas, le secteur privé n’apas rempli le vide laissé, et personne ne sait combien il lui faudra de temps21. Afind’améliorer cette situation, on a apporté, par l’intermédiaire du secteur public et dela société civile, une aide extérieure au développement des petites entreprises, ycompris des entreprises villageoises.

Dans de nombreux pays africains, les zones rurales ont, au cours des30 dernières années, bénéficié d’un accroissement lent mais régulier de leurdotation en biens publics. Cependant, la transition vers l’implication du secteurprivé et le recouvrement des coûts des services ont été difficiles dans de nombreuxpays. En général, la réduction des dépenses publiques a entraîné immédiatementune détérioration de la maintenance des infrastructures (par exemple celles desroutes et des hôpitaux) et une diminution des services essentiels fournis auxpopulations rurales – dont les écoles et les dispensaires – ce qui aura un effetparticulièrement négatif sur le capital humain.

Information et capital humainLa réduction des dépenses gouvernementales en matière de vulgarisation et deformation agricole à laquelle nous avons assisté dans de nombreux pays au cours dela dernière décennie a freiné l’accès des agriculteurs aux nouvelles technologies et àl’information commerciale. On espère que des sources d’information déjà existantesse développeront et que de nouveaux canaux d’information agricole (dont Internet)toucheront les zones rurales. Dans de nombreux pays, des organisationsd’agriculteurs ont renforcé leurs activités de vulgarisation et de formation; leraccordement à Internet a été encouragé dans le cadre de ces activités. Le secteurprivé devrait être appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans la diffusionde l’information technique et commerciale au cours des trois prochaines décennies.

21La politique peu claire des gouvernements, comme par exemple la fourniture de kits de démarrage au Malawi etla discussion de réintroduction de subventions pour la distribution d’engrais par l’intermédiaire des coopérativesen Zambie, à renforcé l’hésitation du secteur privé à investir dans l’offre d’intrants et dans la commercialisation des produits.

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Sélection de systèmes d’exploitation agricole pour une analyse plus approfondieSur la base, d’une part, de leur capacité à réduire la pauvreté et à favoriser lacroissance agricole22 et d’autre part, de leur importance en terme démographique,les cinq systèmes d’exploitation agricole suivants ont été retenus pour l’analyse despriorités stratégiques:

● Le système d’exploitation agricole mixte à base de maïs;

● le système d’exploitation arboricole;

● le système d’exploitation agricole irrigué;

● le système d’exploitation agricole mixte céréales-racines;

● le système de production agropastoral à base de mil et de sorgho.

A court terme, le système d’exploitation agricole irrigué et le systèmed’exploitation agricole mixte céréales et racines ont les plus forts potentiel decroissance de production. Les tendances, problèmes et priorités de chacun de cessystèmes sont étudiés ci-après. Le développement des deux premiers systèmesdevrait avoir des effets directs à la fois sur la croissance agricole et sur la réductionde la pauvreté. Le développement du troisième et du quatrième devrait avoir un impact plus grand sur la croissance agricole et une réduction plus limitée de la pauvreté. Le cinquième système devrait permettre une réduction modeste de lapauvreté et une croissance limitée.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE À BASE DE MAÏS

CARACTÉRISTIQUES DUSYSTÈME

Ce système de production constitue legrenier de l’Afrique de l’Est et du Sud(voir l’encadré 2.1 pour les données debase du système). Le maïs local et lemaïs hybride sont tous les deux cultivés.En raison de son goût et en dépit de sesrendements plus faibles, le maïs local estsouvent préféré pour la consommationdes ménages. Les cultures secondairescomprennent les légumineuses et les

22Les systèmes sélectionnés ont soit une forte pauvreté et un potentiel de croissance modéré, soit un fortpotentiel de croissance en dépit d’une pauvreté limitée.

Encadré 2.1 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte à base de maïs

Population totale (m) 95Population agricole (m) 60Superficie totale (m ha) 246Zone agroécologique Sec à

subhumideSuperficie cultivée (m ha) 32Superficie irriguée (m ha) 0,4Nombre d’animaux (m) 36

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oléagineux qui, comme le maïs, sont cultivés à la fois pour l’autoconsommation et lavente. Les cultures de rente sont le café, le tabac, l’arachide et le tournesol. Lesbovins représentent l’espèce animale la plus importante. L’intégration agricultureélevage est forte; les boeufs sont utilisés pour la préparation de la terre23, le fumierest collecté et épandu sur les champs et les animaux sont, de plus en plus, nourris àl’étable de résidus de récolte supplémentés de fourrage (branches d’arbresfourragers, haies et parcelles de fourrage). Bien que la densité animale soit plusélevée que dans n’importe quel autre système de production de la région, la plupartdes agriculteurs ne peuvent pas se permettre de garder plus de deux bœufs et unevache laitière et un ou deux veaux ou génisses.

Bien que la production du maïs souffre pendant les grandes sécheresses, lasécheresse n’est pas la cause principale de la pauvreté. Dans les zones à faibledensité de population, la plupart des ménages sont capables de produiresuffisamment de céréales pour se nourrir eux-mêmes; toutefois, les ménagesdisposant de moins de 0,5 ha souffrent d’un déficit alimentaire. Les pertes totalesde récolte peuvent subvenir lors des années très sèches. La diversification desmoyens de subsistance constitue une garantie contre les risques d’aléas climatiqueset de commercialisation. Les principales causes de pauvreté sont: la très petite tailledes exploitations ou l’absence de terre, le manque d’animaux de traction, les basrevenus en dehors de l’exploitation, et la détérioration des conditions decommercialisation pour les producteurs de maïs. L’encadré 2.2 décrit brièvementun ménage typique du système d’exploitation agricole mixte à base de maïs.

Les différences de richesse ne proviennent pas de différences de revenusagricoles, mais sont partiellement expliquées par les différences de revenus horsexploitation et par les réinvestissements dans des activités agricoles oucommerciales. Néanmoins, la strate supérieure des familles d’exploitants agricolespossède plus de terre de meilleure qualité, plus de bétail amélioré pour laproduction de lait et de plus grandes superficies de cultures de rente. L’irrigationse rencontre le plus souvent dans les exploitations moyennes et grandes. Cesfamilles utilisent aussi plus d’engrais, de produits phytosanitaires et de semenceshybrides et ont un meilleur accès au crédit. Les ménages pauvres sont représentéspar les agriculteurs marginaux ou sans terre, souvent sans bétail (40 pour cent desménages), sans revenus réguliers extérieurs et sans production de cultures degrande valeur. Ils cultivent surtout du maïs local pour l’autoconsommation et nepeuvent se permettre l’achat d’engrais ou de semences hybrides.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME À BASE DE MAÏS

On avait d’abord pensé que les petits producteurs de maïs de l’Afrique de l’Est et duSud pourraient utiliser de fortes doses d’engrais chimiques et des variétés hybrides.

23Parfois on utilise aussi la houe pour une préparation manuelle.

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Encadré 2.2 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte à base de maïs

Un ménage typique de la strate moyenne de ce système se compose d’un chef d’exploitation,de son épouse, de quatre de leurs propres enfants, d’un parent âgé et de plusieurs orphelinslaissés par la mort des frères du mari. Ils vivent tous des terres dispersées de leurexploitation. La superficie cultivée est de 1,6 ha dont un hectare de maïs et de sorgho, 0,1 hade manioc, 0,1 ha de coton et de diverses cultures. La famille possède deux à trois bovins etutilise ses bœufs pour les labours. Elle récolte en moyenne 1,2 tonne/ha de maïs, 900 kg/hade sorgho, 800 kg/ha de mil et 500 kg/ha de légumineuses. Le maïs et les autres céréalesreprésentent 80 pour cent de la production alimentaire, les légumineuses 9 pour cent, lemanioc 8 pour cent et les oléagineux le reste. Le ménage est autosuffisant les bonnes annéeset déficitaire les années de sécheresse. Un fils travaille en dehors de l’exploitation et envoieparfois de l’argent utilisé pour payer les frais scolaires et d’habillement. Le maïs cultivé est laprincipale source de subsistance et l’argent liquide provient soit d’activités hors exploitation,soit de la vente de produits agricoles tels que le maïs, le tabac, le café et le lait. Le revenu étaitauparavant au dessus du seuil de pauvreté.

Un ménage pauvre de la même communauté dispose de moins de 0,5 ha et sa principalesource de revenu est le travail occasionnel pour d’autres agriculteurs et la fabrication de bièrepar l’épouse. Il n’a pas de bovin mais peut posséder une chèvre et quelques poulets. Lesfemmes, souvent veuves d’ouvriers émigrés morts du SIDA, et laissées avec des enfants àélever, sont à la tête de tels ménages.

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La plupart des efforts de vulgarisation des deux dernières décennies ont porté, auKenya, en Zambie, en Tanzanie et au Malawi, sur la promotion de ces technologies.L’arrêt des subventions et des prix garantis et l’impact des dévaluations ont rendul’usage d’intrants chers et non rentables sur la culture du maïs. Les agriculteurs sesont alors retournés vers leurs variétés traditionnelles lorsqu’elles étaient disponiblesou même vers des cultures de substitution comme le sorgho et les patates douces.Dans les zones anciennes de production de maïs pour l’exportation, comme leshautes terres du sud de la Tanzanie et les provinces centrales de Zambie, l’achat desemences et d’engrais a considérablement chuté. Ainsi, les petits producteurs demaïs adoptent des techniques de production plus extensives, en revenant à desstratégies de faible intrant / faible production et la pauvreté semble s’accroître.Cependant, l’efficacité des systèmes d’appui à l’agriculture, principalement enmatière de commercialisation, pourrait être renforcée à l’avenir, ce qui entraîneraitprobablement un changement vers l’intensification et la diversification.

La libéralisation du commerce et des prix a entraîné, pour le maïs, uneconstante détérioration du rapport prix intrants / prix produit à laquelle les petitsproducteurs ont dû s’adapter. La plupart des petits agriculteurs ont dû lutter pours’adapter à l’augmentation du prix des intrants et à la baisse du prix du maïs qui a

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fait suite à la disparition des subventions accordées aux intrants, au démantèlementdu support du prix des produits, à l’arrêt de l’achat des grains par l’état et àl’abolition du système de prix au niveau national. L’offre d’intrants, de crédit et deservices de commercialisation aux petits agriculteurs s’est écroulée sans que lesecteur privé ne prenne la relève. Dans le cadre des réformes des politiquesagricoles, on a conseillé aux gouvernements de se retirer de la production desemences pour laisser cette activité aux compagnies privées. Les sociétés privées sesont intéressées exclusivement au maïs hybride et aucunement aux variétés enpollinisation libre pour lesquelles les agriculteurs pouvaient conserver leurssemences pendant trois saisons avant de les renouveler. Une solution reste àtrouver pour permettre l’accès des petits agriculteurs aux intrants agricoles, aucrédit, aux marchés et aux semences de variétés en pollinisation libre de bonnequalité.

En raison de la croissance rapide des populations, la taille moyenne desexploitations est tombée en dessous de 0,5 ha au cours des dernières années. Enl’absence de revenu extérieur, cette taille n’est pas viable dans les conditionsactuelles d’exploitation. Dans certaines zones communales du Zimbabwe, il n’y aplus de terre de parcours pour faire vivre le bétail nécessaire au labour ou àl’apport de fumure organique. On assiste parfois, dans certains cas d’utilisationprolongée d’engrais chimique, à une baisse importante de la fertilité et àl’accroissement de l’acidité des sols. Les principaux problèmes sont: le prix élevédes engrais chimiques par rapport au prix du maïs, comparé aux niveaux actuelsde productivité; la difficulté de maintenir la fertilité du sol; le manque de bétailpour produire du fumier, dû au manque d’alimentation animale; et l’absence debœufs pour la traction animale. Une réponse bien connue à cette situation est leprogramme Starter Pack au Malawi, qui en distribuant largement des semences etdes engrais subventionnés a réussi à augmenter la production nationale de maïs.Cette initiative a éliminé les importations de maïs et a même conduit à un surplusde production. On peut toutefois se poser des questions sur la durabilité d’un telsystème.

La vulgarisation conduite par des techniciens qui délivraient un message venantd’en haut afin d’assurer la promotion d’une seule composante d’un paquettechnologique vite adopté – tel que le maïs et la fertilisation minérale – s’avèreincapable de résoudre les problèmes actuels de ce système d’exploitation agricole.Même dans le passé, les messages basés sur l’utilisation importante d’intrantsexternes se montrèrent souvent peu utiles pour les petits agriculteurs, ces intrantsétaient trop chers et leur utilisation ne tenait pas assez compte des risques enconditions pluviales. En pratique, les associations d’agriculteurs et autresorganisations de la société civile organisent maintenant la multiplication desemences au niveau des agriculteurs ainsi que la dissémination de l’informationtechnique. Elles commencent ainsi à combler le vide laissé par les services publics

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de vulgarisation. A court terme, les problèmes de l’offre des principaux intrants et de la

commercialisation des produits sont loin d’être résolus. En l’absence deprogrammes et de mesures politiques bien ciblées, la dégradation des terress’étendra probablement et influera négativement sur les rendements. Cesprocessus vont probablement entraîner l’accroissement de l’incidence et de lasévérité de la pauvreté chronique, et des risques accrus de famines lors desécheresses désastreuses. La baisse des surplus de maïs commercialisés par lesagriculteurs lors des mauvaises saisons menacera la sécurité alimentaire nationaleet pourrait forcer les gouvernements à importer de la nourriture pour lespopulations des villes.

Il existe déjà des signes montrant que certains entrepreneurs vont s’établir enzones rurales. L’accès au transport et au crédit et la présence d’un marché dans lescommunautés avoisinantes et les petites villes ont encouragé le développement depetites industries de transformation (battage des céréales, extraction d’huile,égrainage, nettoyage, emballage etc.). Par exemple, l’Association de femmesRwembo à objectifs multiples de Kasese en Ouganda de l’Ouest (comprenant20 familles) a créé un moulin à maïs en l’an 2000. Une année après, le moulin avaitune production de 800 tonnes par an et l’association cherchait à étendre sesactivités à la transformation.

PRIORITÉS DU SYSTÈME À BASE DE MAÏS

Bien que ce système soit en crise, ses perspectives à long terme sont bonnes. Danscertains endroits, les stratégies des ménages pour échapper à la pauvreté seconcentrent sur l’extension des terres cultivées. Dans d’autres zones, plusdensément peuplées et disposant de meilleurs services, l’intensification etspécialement la diversification vers des cultures de plus grande valeur monétaire etvers l’élevage, ainsi que les revenus hors agriculture, constituent les principalesstratégies de lutte contre la pauvreté. La mise en œuvre de ces stratégies dépend del’investissement du secteur privé dans le développement d’une commercialisationviable des intrants et des produits. Il est essentiel de mettre en place des technologiesde production rentables et des pratiques de gestion améliorée de la fertilité des sols,et, plus généralement, de meilleure gestion des terres et de diversification. Bien quel’on espère, à moyen terme, une diversification importante vers des cultures nonvivrières et vers l’élevage, ce système continuera encore à être le grenier de la sous-région et a assurer la sécurité alimentaire urbaine.

L’amélioration des pratiques culturales, grâce à la mise en œuvre d’approchescomme les pratiques intégrées de conservation (voir encadré 2.3) devrait permettreaux agriculteurs de résoudre les problèmes de déclin de la fertilité des sols. Ces

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pratiques intégrées de conservation diminuent les coûts de production, épargnentdu temps de préparation de la terre, utilisent au mieux la pluviométrie et créentdes conditions de croissance végétative optimum en permettant de semer à labonne date. Elles optimisent aussi la conservation in situ de l’eau en favorisant soninfiltration et l’enracinement profond et en utilisant, si possible, des moyensbiologiques pour casser les semelles de labour. Elles permettent en même tempsd’augmenter la fertilité par: (i) l’usage judicieux des légumineuses pour la fixation

Encadré 2.3 Agriculture de conservation

L’agriculture de conservation a pour principal objectif d’optimiser l’utilisation du sol, de l’eau,des ressources biologiques et des processus naturels par une gestion améliorée du complexesol-eau-éléments nutritifs des plantes. L’approche d’une meilleure gestion des terres est enparfait accord avec les pratiques intégrées de conservation auxquelles elle fait du reste appelen y ajoutant d’autres aspects de la gestion des sols. Ces pratiques intégrées de conservationcontribuent au maintien de l’environnement ainsi qu’à l’amélioration de la productivitéagricole.

Les principes essentiels des pratiques intégrées de conservation doivent assurer lerecyclage et la restauration des éléments nutritifs du sol et de la matière organique, et l’usageoptimal de la pluviométrie grâce à une meilleure rétention de l’eau, une meilleure utilisationde la biomasse, de l’humidité et des éléments nutritifs. L’un des principaux aspects est demaintenir, où cela est possible, une couverture permanente du sol qui permet un travail réduitou même le non travail du sol et souvent entraîne la culture d’engrais vert. Dans lesenvironnements extrêmes arides ou semi-arides, cela peut se limiter à maintenir les systèmesracinaires sous le sol alors que la biomasse au-dessus de la surface du sol peut êtretotalement desséchée et perdue. La couverture du sol par la végétation et les résidus, permetd’éliminer ou de réduire fortement l’érosion du sol et la perte d’eau par ruissellement. Laproduction des cultures est ainsi plus sûre et moins vulnérable aux variations climatiques etles rendements obtenus peuvent être plus élevés. Les pratiques intégrées de conservationfont appel aux plantations intercalaires systématiques et à des séquences de cultures. Nonseulement elles améliorent et surtout stabilisent les rendements dans les environnements àrisques, mais elles réduisent aussi les coûts de production, y compris les coûts du travailagricole et de l’énergie, en raison de la réduction ou de l’élimination du travail du sol et desbesoins en désherbage une fois la culture établie.

Les pratiques intégrées de conservation sont très courantes au Brésil où elles ont étéspontanément adoptées et adaptées pour répondre aux besoins des différentes exploitationset systèmes d’exploitation agricole. Les problèmes d’érosion du sol – et dans les zones plussèches, de vulnérabilité à la sécheresse – ont diminué d’une façon importante et la productionagricole s’est accrue, entraînant une amélioration du niveau de vie et de la sécurité desagriculteurs. Ces pratiques se sont aussi développées en Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire,Ghana, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe). Le Réseau africain du travail deconservation du sol contribue à leur développement et à leur expansion dans diversenvironnements.

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biologique de l’azote, spécialement pour l’enrichissement de la jachère et enrotation, ou en culture intercalaire avec des céréales; (ii) l’intégration de l’élevagedans le système de production en optimisant l’usage du fumier, grâce àl’alimentation du bétail à l’étable; (iii) la fabrication de compost; et (iv) la plantationd’arbres pour diminuer l’utilisation du fumier et des résidus de récolte commecombustible. L’application de phosphate ou de chaux peut aussi faire partie d’unestratégie de bonne gestion de la fertilité des sols.

La gestion intégrée des ravageurs et, l’utilisation de répulsifs et d’attractifs desravageurs, qui a fait l’objet de démonstrations récentes24, sont les meilleurs moyensde lutter contre les ravageurs sans recourir aux traitements pesticides chers etdangereux. Le contrôle des mauvaises herbes (en particulier le striga), par lesrotations et les applications de phosphates, combinées à l’utilisation de variétésrésistantes aux maladies et à l’amélioration du stockage des grains (contrôle desforeurs des grains) donnent aussi de bons résultats

Dans les zones à faible densité de population où la terre n’est pas un facteurlimitant, le travail devient la contrainte majeure. Cette situation renforce l’intérêtde technologies comme le non travail du sol avec traction animale et les pratiquesde conservation afin de permettre la préparation des terres en saison sèche quandla demande en travail est faible. Il est aussi possible d’intégrer la culture du sojadans la rotation et de promouvoir la multiplication des semences à la ferme.

Enfin, la gestion durable des terres et l’accumulation des éléments nutritifs dessols dépendent d’un accès sûr et équitable aux ressources, en particulier à la terreet à l’eau. On a essayé, avec des résultas souvent décevants, différents modèles pourassurer l’accès à la terre des agriculteurs pauvres de la région. Parmi les nouveauxmodèles fonciers qui ont été testés, un modèle mis en place au niveaucommunautaire, faisant appel aux règlements fonciers traditionnels et au contrôlede la communauté, semble avoir un avenir prometteur (voir encadré 2.4).

En ce qui concerne les zones à forte densité de population, l’accent est mis surla maximisation des revenus de la terre en utilisant, en particulier, la main-d’oeuvredisponible et abondante pour accroître la production. Dans de telles zones, il estimportant d’augmenter chaque année la superficie des terres cultivées (parexemple grâce à l’enrichissement de la jachère à l’aide de Tephrosia)25. Il est aussiimportant, dans la mesure où les marchés le permettent, d’encourager l’abandondu maïs et d’autres cultures de faible valeur pour des cultures plus rentables commeles haricots, le tournesol, le tabac, les cultures maraîchères, les cultures pérennes etles fleurs. La diversification peut aussi impliquer le développement des zones de

24Ces techniques utilisent la combinaison d’attractifs (pour attirer les ravageurs loin des cultures) et de répulsifs(pour les repousser des cultures). Les petits agriculteurs du Kenya sont en train d’adopter cette technique, miseau point à partir de connaissances des agriculteurs indigènes, pour la lutte contre le foreur des tiges de maïs.

25Parmi les technologies complémentaires on peut citer le transfert systématique de biomasse des terres noncultivées vers les terres cultivées, afin d’accroître la disponibilité en élément nutritifs.

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bas-fonds pour la production maraîchère, irriguée ou pluviale, l’introduction devariétés améliorées de tournesol et de moulins à main pour les oléagineux, lapromotion de l’élevage laitier intensif, de la production porcine et de volaille àpetite échelle ainsi que de l’aquaculture pour les marchés urbains.

La promotion d’activités hors exploitation ayant des liens étroits avecl’agriculture peut offrir des solutions aux agriculteurs pénalisés par les bas prix dumaïs. Les difficultés d’accès des agriculteurs aux intrants, au crédit et aux services

26Tanner., 2001.

Encadré 2.4 Réforme foncière fondée sur la Communauté26

Les problèmes liés aux droits fonciers et à la propriété sont très courants en Afriquesubsaharienne. En plus d’améliorer l’accès au crédit et de limiter les litiges, le développementde systèmes fonciers efficaces peut avoir un impact profond sur la capacité des communautésà avoir recours à des partenariats fructueux et à intensifier leur production. Un programmequi débuta au Mozambique vers le milieu des années 90 a permis de mettre en place unenouvelle politique et des mesures légales pour les petits agriculteurs. Ces mesures visaient àsécuriser les droits fonciers existants et à encourager les nouveaux investissements. La loi surla terre de 1977 définissait le nouveau concept de «communauté locale» qui permettaitl’acquisition de droits d’usage de la terre à une grande majorité selon des «normes etpratiques» coutumières. Ces droits étaient identiques à ceux qui pouvaient être obtenus pardes investisseurs privés qui cherchaient à acquérir de la terre en en faisant une demandeofficielle à l’état (qui est encore le seul propriétaire de la terre selon l’actuelle constitution).

L’utilisation de l’approche des systèmes d’exploitation agricole a été crucial pour mettre enplace un nouveau cadre légal protégeant l’ensemble des ressources et non pas seulement leszones physiquement occupées et actuellement sous culture. Le nouveau cadre offre aussi unmécanisme légal pour aider les communautés d’agriculteurs à trouver des arrangementsavantageux pour les deux parties avec les investisseurs du secteur agro-industriel. Considérantla nature ouverte des systèmes sociaux ruraux et d’exploitation agricole, un modèle plusouvert a été adopté au Mozambique pour permettre aux investisseurs d’avoir accès à la terreà l’intérieur de limites fixées par la communauté. Cet accès est réalisé en consultations avec les personnes locales, par des accords sur l’utilisation de la terre, des associationsd’entreprises, l’emploi et d’autres ressources concrètes bénéfiques, à la fois, pour lacommunauté et pour l’investisseur.

On s’aperçoit que ces nouvelles mesures politiques et cette législation établie depuis peu,permettent aux communautés locales de comprendre de mieux en mieux leurs droits foncierset la valeur réelle et potentielle de leurs ressources. Les systèmes d’exploitation agricole sontnon seulement renforcés, mais peuvent ainsi fournir localement de nouveaux revenus et denouveaux emplois. Cette approche, relativement peu coûteuse, pourrait être particulièrementutile pour les programmes d’appui à l’investissement dans tout le continent africain où l’onrencontre des problèmes semblables de systèmes d’exploitation agricole et d’accès à la terre.

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commerciaux peuvent être en partie solutionnées par la promotion d’activités degroupe comme l’achat en vrac, l’épargne en rotation ou la commercialisation encommun, ainsi que par l’encouragement d’institutions de microfinancement ruralesdurables, capables de satisfaire les besoins saisonniers en crédit des agriculteurs.Les problèmes d’accès aux semences de bonne qualité de variétés en pollinisationlibre peuvent être résolus en favorisant la multiplication des semences à la ferme(voir l’encadré 2.5).

L’accès des petits agriculteurs à l’information deviendra un facteur essentielpour leur permettre de diversifier leurs productions. L’adoption de pratiques deconservation des sols et de gestion intégrée des ravageurs fera plus appel à laformation des agriculteurs qu’à la prescription de techniques de la part de lavulgarisation. Chaque agriculteur doit recevoir les moyens de décider des voiesd’amélioration de son niveau de vie, compatibles avec son niveau de ressource.

Encadré 2.5 Systèmes de multiplication de semences par les communautésd’agriculteurs27

Le secteur semencier de Zambie rencontre les mêmes problèmes que ceux des autrespays de l’Afrique subsaharienne. D’une part, le Ministère de l’agriculture, de l’alimentationet des pêches, responsable de la création des nouvelles variétés, ne dispose pas desressources pour assurer la collecte et la distribution des semences. D’autre part, lesecteur privé n’est pas très intéressé à investir dans les types de cultures préférées parles petits agriculteurs qui, pour la plupart, conservent leurs semences d’une saison àl’autre, limitant ainsi les possibilités de ventes.

L’activité principale du Projet CARE de sécurité alimentaire de Livingstone a étél’introduction de variétés tolérantes à la sécheresse pour un certain nombre de cultures –dont des variétés de maïs, de sorgho et de niébé – grâce à un réseau de collecte et dedistribution basé sur des communautés d’agriculteurs. L’information sur les cultures et lessols, sur l’utilisation des semences et sur le stockage après récolte a fait partie desmessages de vulgarisation diffusés auprès des agriculteurs. Quelque 330 agriculteurs ontparticipé à la phase pilote. Durant la saison 1995/1996 plus de 6 800 agriculteurs ontparticipé à une expérience basée sur les groupes. Une extension ultérieure en 1996/1997porta le nombre d’agriculteurs participants à 9 600 et à plus de 12 000 en 1997/1998.Ainsi, le projet a permis, dans un temps relativement court, à un grand nombred’agriculteurs d’avoir accès à des semences de bonne qualité de nouvelles variétésprécoces.

L’expansion rapide de ce programme a été favorisée par deux facteurs: i) la grandepriorité des variétés tolérantes à la sécheresse pour les agriculteurs; et ii) la stratégie defaire rassembler et distribuer les semences par des organisations communautairespaysannes.

27Mitti, 2001.

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Ainsi, l’investissement dans la formation des agriculteurs, y compris la revitalisationdes instituts de formation agricole et l’éducation complémentaire au village et dansles champs, est-il fortement conseillé.

SYSTÈME D’EXPLOITATION ARBORICOLE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Ce système est d’abord basé sur laproduction des cultures arboricoles,principalement le cacao, le caférobusta, l’huile de palme et lecaoutchouc. Des cultures vivrières sontsouvent intercalées dans les culturesarboricoles. Les racines et tubercules(manioc, ignames et taro) sont lesprincipales cultures vivrières. Les cultures arboricoles et les activités horsexploitation constituent la source essentielle de revenu.

L’élevage est dans de nombreuses zones limité par la présence de la mouche tsé-tsé, obligeant à la préparation manuelle des terres. Les principales espèces animalessont les porcins et la volaille. L’aquaculture est très répandue dans certaines zones.Les activités hors exploitation agricoles sont relativement bien développées.L’encadré 2.7 présente un ménage agricole typique de ce système.

A l’origine, un ménage déboisait chaque année une surface de forêt équivalenteà celle qu’il pouvait cultiver avec le travail familial (de 0,5 à 1 ha), il y plantait descaféiers ou des cocotiers et les intercalait avec des cultures vivrières (un mélange demanioc, d’ignames, de céréales et de légumineuses). Cependant, après un an oudeux, la main-d’oeuvre familiale devenait insuffisante pour cultiver les nouvellesterres ainsi acquises et pour entretenir les champs établis les années précédentes.Les agriculteurs confiaient alors le soin de leurs plantations de caféiers de deux ettrois ans à d’autres agriculteurs migrants originaires de la zone de savane, enéchange du droit de pratiquer des cultures intercalaires entre les arbres. Lorsquela couverture des arbres empêchait les cultures intercalaires, les caféiersproduisaient suffisamment pour payer le travail des salariés.

Les pratiques actuelles des plantations commerciales sont très différentes dessystèmes indigènes. Les programmes commerciaux fixent en général une tailleminimum de plantation (5 ha par exploitant) et les agriculteurs doivent plantertoute la superficie en une année, ce qui force certains d’entre eux à s’endetter. Lemanque d’échelonnement des plantations accroît aussi leur vulnérabilité aux

Encadré 2.6 Données de base: systèmed’exploitation arboricole

Population totale (m) 50

Population agricole (m) 25

Superficie totale (m ha) 73

Zone agroécologique humide

Superficie cultivée (m ha) 10

Superficie irriguée (m ha) 0,1

Nombre d’animaux (m) 2

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maladies. C’est une des raisons principales des difficultés rencontrées par lesagriculteurs adhérents à ces programmes.

TENDANCES ET PROBLEMES DU SYSTÈME ARBORICOLE

Les principales difficultés rencontrées par le système d’exploitation arboricoleconcernent: i) la pression démographique sur les ressources naturelles; ii) ladétérioration des conditions de commercialisation et la diminution des parts demarché; iii) le démantèlement de l’offre parastatale d’intrants et de services decommercialisation; et iv) le retrait du secteur public de la recherche sur les culturesindustrielles et de la vulgarisation. Le résultat a été d’accroître la pauvreté et lesconflits sociaux entre propriétaires et travailleurs migrants, en particulier en Côte-d’Ivoire.

Une forte concurrence internationale a entraîné une baisse des prix auproducteur et une perte de parts de marché pour la plupart des culturesarboricoles de la région. Le manque de rentabilité a conduit à négliger certainescultures arboricoles et à diminuer la demande en main-d’oeuvre salariée dans lesgrandes plantations commerciales. Dans certains cas, les bas prix au niveau desproducteurs sont dus à la forte taxation des cultures d’exportation et à la faible partdu prix d’exportation revenant aux agriculteurs. L’utilisation d’engrais et deproduits phytosanitaires est en baisse en raison de leurs prix élevés, de la faibleproductivité et du manque de crédit.

Les services aux petits agriculteurs ont disparu en raison de l’échec du secteurprivé à fournir les intrants, le crédit, la vulgarisation et l’achat des produits, services

Encadré 2.7 Un ménage représentatif du système d’exploitation arboricole

Un ménage typique du système d’exploitation arboricole possède 5 ha de terre, couvertsde caféiers à divers stades de maturité. Des cultures vivrières comme le manioc, l’ignameet les céréales sont intercalées entre les jeunes arbres. Il a un jardin étagé avec des fruitset des légumes. La femme possède une vingtaine de poules picorant alentour. Les jeunesfils ont une ou deux chèvres et la femme élève elle-même un couple de chèvres. Le maripeut avoir une boutique ou s’occuper de commerce. Parfois, un agriculteur possède unemare à poissons. Le ménage est généralement autosuffisant en nourriture et son revenupar tête est bien supérieur au seuil de pauvreté.

Un travailleur émigré pauvre typique de ce système de production a une femme et unefamille dans la savane qui travaille pour le père de l’homme. La famille peut se nourrir parelle-même pendant 4 à 6 mois par an et doit combler le déficit par la migration. Le revenutiré du soin des cultures arboricoles et des cultures vivrières intercalaires est insuffisantpour permettre de dépasser le seuil de pauvreté.

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qui étaient réalisés auparavant par des organisations parastatales. Le secteur privés’est montré réticent à faire l’avance des intrants aux agriculteurs et à déduire leurscoûts de la vente des produits. Avec le démantèlement des offices parastataux deproduits, la vulgarisation des cultures arboricoles fut confiée aux services publics devulgarisation. Ces derniers ont été sévèrement réduits à cause de l’incapacité desgouvernements à en supporter les coûts. Les services publics de vulgarisation sontactuellement en train d’essayer de transférer la vulgarisation des culturesindustrielles à des groupes privés de producteurs.

Les réformes politiques ont amené les instituts de recherche agricole du secteurpublic à se retirer de la recherche sur les cultures d’exportation et à laisser cedomaine au secteur privé. Toutefois, la recherche privée ne s’intéresse qu’auxproduits d’exportation et délaisse les autres aspects du système d’exploitationarboricole et de subsistance, laissant les agriculteurs sans solution pour lesproblèmes liés aux cultures vivrières et à la fertilité des sols.

PRIORITÉS DU SYSTÈME ARBORICOLE

Le système d’exploitation arboricole était, à une certaine époque, la principalesource d’exportations agricoles d’un bon nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest etdu Centre. En dépit des problèmes indiqués ci-dessus, ce système possède un fortpotentiel et ses perspectives de croissance à moyen terme sont bonnes. Lesprincipales stratégies des ménages pour réduire la pauvreté sont l’intensification, àla fois des cultures arboricoles et intercalaires, et l’augmentation des revenus horsexploitation. La diversification – y compris la transformation et le calibrage – etl’augmentation de la taille des exploitations contribueront ensemble à améliorer lesrevenus. Il est essentiel d’améliorer les services d’appui, particulièrement ladistribution d’intrants agricoles et la commercialisation pour l’exportation. Afind’être efficaces, ces améliorations devront être adaptées aux besoins particuliers desdifférents groupes d’agriculteurs.

Les options pour améliorer les conditions de commercialisation des culturestraditionnelles d’exportation comprennent: l’amélioration de la qualité desproduits d’exportation (réhabilitation des cultures, replantations avec des variétésplus productives, amélioration de la transformation, du conditionnement et del’emballage); la transformation jusqu’au produit semi-fini ou fini; la recherche decréneaux de marché (cacao produit biologiquement); et la diversification vers desproduits non traditionnels pour diminuer la dépendance aux variations de prix dumarché mondial. Il est recommandé d’augmenter la part du prix d’exportationrevenant aux producteurs lorsque ces prix sont encore déterminés par desorganismes parastataux et que les produits d’exportation sont fortement taxés.

La disparition de l’offre d’intrants, de crédit et de services decommercialisation peut être compensée en aidant les petits planteurs de cultures

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arboricoles à former des groupes de producteurs capables de prendre en main lafourniture d’intrant et la commercialisation. Une autre stratégie complémentaireest de créer des institutions de microfinancement et d’épargne autosuffisantescapables de satisfaire les besoins des planteurs en prêts saisonniers de production.La participation des femmes à ces groupes de microfinancement estparticulièrement importante. Cependant, comme ces institutions ne peuvent pas se permettre de proposer des prêts à long terme, des tels prêts pour financer lamise en place des plantations ou leur replantation peuvent être aussi nécessaires.

La recherche agricole doit concentrer ses efforts sur les problèmes prioritairesde production des petits agriculteurs et faire participer les producteurs à toutesles étapes de la recherche afin d’encourager l’intensification. Le développementtechnologique devrait s’intéresser aussi bien à la production des cultures vivrièresqu’à celle des cultures arboricoles – et impliquer les femmes dans la formulation,les tests et la diffusion de ces technologies – pour réduire la faim. Il est nécessairede développer des technologies basées sur les principes de l’agroforesterie pourassurer une gestion durable de l’ensemble arbre-culture-sol. On peut améliorerl’efficacité des services de vulgarisation en renforçant les associations de petitsproducteurs pour les aider à formuler leurs problèmes prioritaires, et lorsque celaest possible à contracter des services de conseil auprès des ONG.

La nécessité de stimuler les services d’appui – y compris pour lacommercialisation – montre bien l’importance de l’accès à l’information sur lesprix, la qualité des produits et les marchés. Ces services pourraient être organiséspar un partenariat entre le secteur privé et les organisations d’agriculteurs; leprincipal défi consiste à s’assurer de l’intérêt et de la viabilité financière desservices d’information ainsi créés.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE IRRIGUÉ

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Dans le cadre de cette analyse, lesystème d’exploitation agricole irriguéinclut les grands périmètres équipéscouvrant presque 2 millions d’ha desuperficie qui font vivre près de 7 millions de personnes (voir encadré2.8).

Ces grands périmètres comprennentles périmètres gérés d’une manièrecentrale et mécanisés tels que le

Encadré 2.8 Données de base: systèmed’exploitation agricole irrigué

Population totale (m) 14

Population agricole (m) 7

Superficie totale (m ha) 35

Zone agroécologique variée

3

Superficie irriguée (m ha) 2

Population animale (m) 3

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périmètre de Gezira, les plus grands périmètres gérés par des agriculteurs quipratiquent les cultures de décrue en bordure des fleuves, et ceux qui utilisent despuits comme les fadamas de l’Afrique de l’Ouest. Les oasis sahéliennes qui couvrentdes superficies limitées sont étudiées dans le système de production aride. De lamême façon, les petits périmètres irrigués et la conservation de l’eau sont étudiésdans d’autres systèmes d’exploitation agricole. On prévoit qu’au cours des 30prochaines années la production des terres irriguées de la région augmenterasubstantiellement, principalement en raison de l’augmentation des rendements surles terres irriguées existantes.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME IRRIGUÉ

La construction et l’entretien des périmètres irrigués du secteur public de l’Afriquesubsaharienne se sont montrés particulièrement onéreux et leurs performances trèsdécevantes. Les augmentations de production ont été plus faibles que prévues et lessystèmes se sont avérés souvent non durables en raison des prix très bas des produitset des coûts élevés d’opération et de maintenance. Les périmètres de Gezira auSoudan (voir encadré 2.9), de l’Office du Niger au Mali, de la Vallée Awash enEthiopie et de Jahaly/Pacharr en Gambie sont des exemples de ces échecs.

D’autre part, la libéralisation de l’économie a conduit les gouvernements àtenter de restructurer des périmètres parastataux sur une base commerciale ou dedonner leur gestion aux agriculteurs en s’efforçant de réduire les coûts d’opérationet de maintenance. Cette stratégie n’a réussi que dans le cas de l’Office du Niger.Dans le périmètre Jahaly/Pacharr, les agriculteurs se sont montrés incapables deprendre en charge sa gestion. Les autres options sont le découpage en petitspérimètres plus faciles à gérer ou la cession à une société privée.

Les petits périmètres irrigués gérés par les agriculteurs (PPIGA) ont eu plus desuccès (voir encadré 2.10). Toutefois, bien que la région ait le plus faiblepourcentage de superficie cultivée avec irrigation du monde en développement, laconstruction de nouveaux périmètres irrigués est souvent plus coûteuse qu’ailleurset ainsi difficile à justifier. De nouveaux périmètres irrigués ne pourraient êtrerentables que si les agriculteurs pouvaient produire et commercialiser des culturesde grande valeur comme le maraîchage, ce qui n’est possible qu’à proximité desmarchés. Aussi, durant les dernières décennies la plupart des efforts ont porté surla réhabilitation des périmètres existants. Au cours des dernières années on a portéplus d’attention sur la durabilité des opérations grâce à l’organisation desagriculteurs en groupes d’irrigants capables d’assurer la maintenance et lesopérations. Cependant, la réhabilitation des périmètres existants dépasse souventles possibilités financières des agriculteurs. Même si ceux-ci sont capables d’assurerles coûts récurrents des opérations, la réhabilitation dépend encore beaucoup dufinancement de donateurs.

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L’expérience menée avec des systèmes construits traditionnellement avec lesagriculteurs et gérés par eux a été tout à fait positive. Par exemple, l’expériencerécente du Mali montre que lorsqu’un environnement favorable est mis en place, ledéveloppement des petits agriculteurs se fera spontanément grâce auréinvestissement de leur épargne. Ainsi, plus de 10 000 ha irrigués financés, engrande partie, par l’épargne des travailleurs migrants ont été créés spontanémenten dehors de l’Office du Niger, grâce à l’initiative des agriculteurs. De la mêmefaçon, les agriculteurs ont créé des petits périmètres irrigués en Guinée Bissau(dans le système balanta pour le riz aquatique de la plaine côtière) et en Tanzanie

Encadré 2.9 Les défis du périmètre de Gezira au Soudan

Le périmètre combiné Gezira/Managil, situé entre le Nil bleu et le Nil blanc, est un des plusgrands complexes irrigués du monde sous gestion centrale (environ 900 000 ha et environ100 000 agriculteurs locataires). Les trois principales cultures étaient traditionnellement lesorgho, le coton et l’arachide. La culture était entièrement organisée par l’autorité centrale etla principale responsabilité des agriculteurs était de maintenir les diguettes, d’assurer et decontrôler la distribution de l’eau et de s’occuper complètement de la production del’arachide. L’introduction de la récolte mécanisée du coton ayant été un échec, on décida deconfier aux agriculteurs la responsabilité d’organiser la récolte à la main à l’aide de maind’œuvre salariée. La production a de plus en plus souffert du manque d’eau dû à l’absence demaintenance, de l’application inadéquate et tardive des intrants, de la baisse d’efficacité desservices de mécanisation, du manque d’information et de conseils techniques aux agriculteurs,de ressources financières insuffisantes et des bas prix au niveau de l’exploitation.

En 1992, la gestion du périmètre fut profondément affectée par la libéralisationéconomique, par le retrait du secteur public du financement direct de l’agriculture, parl’élimination des subventions pour les intrants et par le transfert des services d’appui ausecteur privé. Les prix des intrants ont fortement augmenté, spécialement ceux des produitsphytosanitaires importés, sans qu’il y ait eu une augmentation correspondante des prix desproduits. De plus, le périmètre était supposé être financièrement indépendant etcommercialement rentable. Ces changements de politique ont échoué parce que lesagriculteurs y étaient mal préparés; les corporations se sont avérées incapables de fonctionnercomme des entreprises indépendantes, et les périmètres en très mauvais état nécessitaientune réhabilitation sérieuse des ouvrages d’irrigation.Aussi a-t-on assisté à une diminution dessuperficies cultivées et du niveau général des opérations et à l’abandon des plus petitspérimètres. D’importants déficits se sont creusés et la détérioration des opérations s’estaccélérée. Le manque d’eau et de ressources financières a entraîné la baisse des productionset de l’efficacité du périmètre et des agriculteurs. Les bonnes pratiques culturales ont étéabandonnées et l’eau gaspillée. Afin de restaurer la production, le gouvernement a entreprisen 1999 un programme de réhabilitation qui mettait en jeu des mécanismes pour impliquerles agriculteurs dans la gestion de la terre et des eaux.

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centrale (Dodoma). Au cours des prochaines décennies, la plupart des nouveauxpérimètres devraient être des PPIGA dus à des initiatives individuelles. Leurexpansion dépendra de la diversification des systèmes d’exploitation agricole despetits agriculteurs, en réponse à la demande du marché.

PRIORITÉS DU SYSTÈME IRRIGUÉ

Le système d’exploitation agricole irrigué présente un potentiel de développementimportant dans la région. Les grands périmètres irrigués contribuentprincipalement à la sécurité alimentaire au niveau nationale et à la croissanceagricole; les petits périmètres, quant à eux, contribuent en plus à la sécurité desménages et à la réduction de la pauvreté. Les principales stratégies pour échapperà la pauvreté dans ce système de production sont l’intensification des assolementsactuels, la diversification vers des productions de plus grande valeur etl’augmentation de la taille des exploitations. Il est important de réduire les risquesde pertes de récoltes des cultures sensibles à la sécheresse en favorisant, là oùl’environnement le permet, l’extension de la rétention de l’eau par des techniquespeu coûteuses, telles que les cultures de décrue basées sur des techniques indigènes.En présence de marché, la réduction des risques favorise souvent l’utilisation desintrants et l’intensification. La diversification vers des cultures de plus grande valeuret l’organisation de l’achat d’intrants et de la commercialisation des produitspermettent d’augmenter la rentabilité des périmètres existants. L’amélioration de laqualité des produits et de leur emballage est indispensable pour assurer le

Encadré 2.10 Importance de la formation dans les périmètres gérés par les agriculteurs.

L’évaluation thématique du Programme spécial du FIDA pour l’Afrique a conclu que leproblème principal de l’irrigation gérée par les agriculteurs ne se situe pas au niveau destechnologies employées mais au niveau du manque d’organisation et de cohésion sociales. Lafaiblesse du financement des unités responsables de la participation des agriculteurs et desassociations d’utilisateurs de l’eau (AUE) a retardé le rythme de développement despérimètres. Les ressources financières prévues au moment de la formulation du projet sontsouvent insuffisantes pour permettre l’appui à la formation des AUE, la mobilisation pour laparticipation des communautés et la formation des agriculteurs à la réhabilitation et à lagestion des périmètres. L’approche consistant à répondre à une demande venant desagriculteurs permet une bien meilleure participation de ceux-ci que celle qui consiste àessayer de stimuler leur participation à des initiatives décidées sans eux. De plus, elle nécessitebeaucoup moins d’efforts.

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développement des petites industries de transformation des produits périssables.L’identification de productions spéciales (par exemple les produits biologiques) peutaussi aider au développement des périmètres irrigués.

Les politiques donnant la priorité aux périmètres construits et gérés par lesagriculteurs – surtout pour les cultures horticoles de grande valeur – devraient êtreencouragées. L’aide à la petite irrigation sous l’autorité des fonds pour ledéveloppement dirigé par les communautés (DDC) sera aussi importante28. Dans lecadre des efforts d’intensification et de diversification, la promotion de lamultiplication des semences par les agriculteurs devrait être prioritaire. Les autrespriorités sont: (i) la promotion des systèmes de microfinancement autosuffisantspour répondre aux besoins de crédit à court terme pour les intrants saisonniers, letravail salarié, la petite transformation et la commercialisation; (ii) l’amélioration del’utilisation de l’eau et de la productivité sur les périmètres existants en améliorantla capacité des groupes d’utilisateurs d’eau pour une plus grande participation auxopérations des périmètres, à la maintenance et à la réhabilitation; (iii) lerenforcement de la capacité des associations d’agriculteurs à payer les conseilsagricoles et l’information sur les marchés; et (iv) le support à la formation sur leterrain des agriculteurs en gestion intégrée des ravageurs des cultures maraîchères.

Dans le cas des grands périmètres centralisés et planifiés, les politiquesgouvernementales devraient aider à promouvoir une production agricole durablesans intervenir sur le choix des productions. Les mesures d’amélioration devraientporter sur: une politique de transparence des prix; une définition claire desobligations des gestionnaires et des bénéficiaires; la modernisation et ladécentralisation des services d’appui à l’agriculture; la délégation desresponsabilités aux association d’utilisateurs de l’eau; et la restructuration descorporations parastatales afin de les rendre compétitives. A court terme, la prioritéest à la réhabilitation, au rééquipement et à la modernisation des systèmesd’irrigation et de drainage. A long terme, lorsque cela est possible, la prioritédevrait être donnée au morcellement des grands périmètres en petites unités, afinde faciliter la gestion des petits agriculteurs qui en ont la charge.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE CÉRÉALES-RACINES

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Bien que ce système partage certaines caractéristiques avec le système à base de maïs(telle que la durée de la période végétative de 120 à 180 jours dans certaines zones

28Cette priorité stratégique s’applique aussi aux systèmes d’exploitation agricole à prédominance pluviale danslesquels la petite irrigation peut être développée.

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où la pluviométrie est monomodale), il possède cependant certainescaractéristiques qui lui sont propres:densité de population relativementfaible, abondance des terres cultivées;mauvaises communications; altitudeplus basse; températures supérieures;et présence de la mouche tsé-tsé quilimite le nombre de bétail et empêchel’utilisation de la traction animale dansla plupart de la zone. Du fait del’absence de traction animale, lestubercules comme l’igname et le manioc sont plus importants que les céréales (maïs,sorgho et mil). Une gamme plus importante de cultures est pratiquée etcommercialisée et les cultures intercalaires sont bien plus importantes (voir l’encadré2.11 pour les données de base et l’encadré 2.12 pour la description d’un ménageagricole représentatif).

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE CÉRÉALES-RACINES

La savane guinéenne est une des principales ressources sous-utilisées dans la région.La terre cultivable y est abondante et relativement sous-utilisée en raison de sa faibledensité de population, des mauvaises communications et du manque de main-d’œuvre en l’absence de traction animale. Bien que la terre soit suffisammentabondante pour permettre des périodes de jachères importantes dans la rotation descultures, on assiste, par endroit, à la baisse de fertilité et à l’accroissement de l’aciditédes sols liés à l’utilisation prolongée de fertilisants chimiques et à la diminution dutaux de matière organique. La baisse de l’utilisation des engrais minéraux sur lescéréales en raison du rapport défavorable des prix intrants/produit a entraîné unebaisse de la fertilité des sols, alors que les mauvaises herbes comme le striga sontdevenues plus difficiles à contrôler. Dans la partie nord de la zone, l’utilisationprolongée de la mécanisation pour la préparation des sols a entraîné la perte de leurstructure et de la matière organique.

Un ménage pauvre typique ne cultive pas de coton en raison du coût élevé desintrants. Il comble son déficit alimentaire pendant la saison des pluies en travaillantpour les repas dans les champs d’autres agriculteurs. Pendant la saison sèche, lemari migre vers la zone des forêts pour y travailler chez les planteurs.

Dans les années 80 et au début des années 90, grâce à la diffusion des semencesde variétés précoces améliorées, la culture du maïs et du coton se développarapidement chez les petits agriculteurs aux dépens du sorgho et des tubercules, enparticulier dans la partie nord, la plus sèche, de savane guinéenne. Cette expansion

Encadré 2.11 Données de base:système mixte céréales- racines

Population totale (m) 85

Population agricole (m) 59

Superficie totale (m/ha) 312

Zone agroécologique Subhumide sèche

Superficie cultivée (m/ha) 31

Superficie irriguée (m/ha) 0,4

Population animale (m) 43

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a été facilitée par les mesures politiques gouvernementales qui visaient àl’autosuffisance alimentaire – subventions aux engrais, crédits saisonniers deproduction et commercialisation parastatale. Ces politiques ne furent plus durablesà long terme, à cause de leurs coûts trop élevés pour les gouvernements et de leurmanque d’impact sur la production.

La libéralisation des prix et du commerce ayant entraîné une détérioration desrapports de prix engrais/maïs, la production du maïs, en tant que culture de rente,devint beaucoup moins attractive pour les petits agriculteurs. D’un autre côté, ladévaluation monétaire réduisit encore la demande urbaine des céréales importéeset augmenta la demande pour les cultures traditionnelles comme l’igname et lemanioc. Ce facteur entraîna un retour vers l’ancien assolement: augmentation dessurfaces en tubercules au dépens du maïs. Cependant la production des racinesétait très élastique, les prix s’ajustèrent au fur et à mesure de l’accroissement del’offre. En conséquence, l’impact de la dévaluation sur les revenus des producteursde cultures vivrières a été plutôt modeste.

Le coton des petits agriculteurs perdit aussi une partie de son attrait avec ledémantèlement des programmes parastataux qui fournissaient les petitsagriculteurs en semences, engrais et produits phytosanitaires au début de la saisonculturale et en déduisaient ensuite le coût du prix de la récolte. Des usines privéess’emparèrent de l’industrie de transformation du coton, toutefois, la plupart

Encadré 2.12 Un ménage représentatif du système d’exploitation agricole mixte céréales-racines

Un ménage typique cultive 2 hectares à la main (maïs, sorgho, manioc, igname, coton etquelques cultures mineures comme l’arachide, le pois d’Angola, le niébé, les haricots, la patatedouce, la courge). Il utilise du fumier (les déjections animales nocturnes sont régulièrementépandues sélectivement sur les champs). Une part substantielle du fumier est fournie par letroupeau nomade Fulani qui traverse la zone pour pâturer les résidus de récolte des cultures.Souvent le ménage ne possède pas de bétail, mais élève quelques poulets et chèvres. Dans lazone cotonnière, il emploie des engrais minéraux et des pesticides sur le coton en dépit deleur coût très élevé. Par contre, il utilise peu ou même pas du tout d’engrais chimique sur lemaïs et sur les autres cultures vivrières. Il lui arrive d’utiliser un peu de travail salarié sur lecoton, jamais sur les cultures vivrières. Ce ménage est autosuffisant pour son alimentation etdispose d’un surplus pour la vente. Une partie de la production est perdu à cause ducaractère périssable des produits et de l’accès difficile au marché. Les sources principales derevenu monétaire sont le coton, l’igname, le manioc et le maraîchage.

Un ménage pauvre typique ne cultive pas de coton en raison du coût élevé des intrants. Ilcomble son déficit alimentaire pendant la saison des pluies en travaillant pour les repas dansles champs d’autres agriculteurs. Pendant la saison sèche, le mari migre vers la zone des forêtspour y travailler chez les planteurs.

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d’entre elles furent réticentes à faire l’avance des intrants aux petits agriculteursavec récupération du crédit en fin de campagne. En l’absence de crédit et en raisond’une forte augmentation du prix des engrais et des prix du coton inchangés ou enbaisse, les agriculteurs trouvèrent qu’il était risqué d’acheter des engrais et desproduits phytosanitaires. En conséquence, la productivité baissa en raison del’utilisation de doses d’engrais plus faibles et de l’augmentation de l’incidence desmaladies et des ravageurs.

Le succès du programme de contrôle de l’onchocercose a ouvert auxagriculteurs de grandes étendues de terres pour la culture. Les trois prochainesdécennies pourraient bien voir le développement de l’infrastructure, de l’accès auxmarchés et en conséquence de l’intensification et de la diversification de ces zones.Les populations animales vont probablement augmenter, spécialement dans lesparties sud de ce système de production, au fur et à mesure de la diminution de lapression de la mouche tsé-tsé. La terre était jusqu’ici abondante, toutefois, lacroissance de la population locale et l’arrivée de nouveaux venus vont accroître lapression sur les ressources en terre. En l’absence de mesures correctives, on peuts’attendre aux mêmes problèmes de fertilité des sols que dans les autres systèmesd’exploitation agricole à forte densité de population.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE CÉRÉALES-RACINES

En raison de sa densité de population relativement faible et de l’abondance desterres cultivables qui pourraient être mises en culture, ce système est considérécomme l’un de ceux dont le potentiel de croissance agricole est le plus élevéd’Afrique. Il possède de nombreuses possibilités de croissance aussi bien parl’augmentation des surfaces cultivées que par celle des rendements (voir encadré2.13 pour une vue d’ensemble du potentiel en Afrique de l’Ouest). Les stratégiessuivantes, énumérées par ordre d’importance, pourraient contribuer à la réductionde la pauvreté: i) intensification de la production; ii) augmentation de la taille desexploitations; et iii) diversification vers des produits de haute valeur et vers latransformation. Quelques améliorations des niveaux de vie pourraient aussiprovenir de revenus hors exploitation.

L’exploitation de ces possibilités implique trois types d’actions concertées: i) agriculture de conservation; ii) gestion intégrée des ravageurs; et iii) intégrationagriculture-élevage. A long terme, l’éradication de la mouche tsé-tsé, lamécanisation (à l’aide de la traction animale ou des petits tracteurs) etl’industrialisation agricole, pourraient entraîner l’accroissement de la superficiecultivée par ménage. Les pratiques de agriculture de conservation impliquent laréduction du travail du sol et une meilleure gestion des sols29, dont l’utilisation decultures de couverture et de mulch, ainsi qu’une meilleure gestion de la fertilité des

29La gestion des terres est décrite dans l’encadré 2.18.

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sols (voir encadré 2.3). La réussite de l’adoption des pratiques de conservationimplique: le pacage et l’alimentation des animaux à l’étable pour la conservation dela matière organique, son épandage en surface et le compostage. La gestionintégrée des ravageurs et des cultures implique le contrôle biologique des ravageurs

Encadré 2.13 Exploitation du potentiel productif du système mixte céréales-racinesde Afrique de l’Ouest30

Le système de production mixte céréales-racines est localisé dans les zones nord et sud dela savane guinéenne qui s’étendent dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest (des zonesagroécologiques semblables existent en Afrique du Sud et de l’Est). La période végétative vade 150 jours près de la frontière avec le Sahel à environ 210 jours dans les partiesméridionales. La pluviométrie annuelle moyenne varie de 800 mm au nord à 1200 mm au sud.Les terres cultivables sont utilisées d’une façon plus extensive en raison de leur abondancelorsque l’on s’éloigne des axes routiers. Les terres les plus accessibles sont principalementutilisées pour les cultures annuelles, généralement cultivées avec peu d’intrants externes, aussiles rendements sont-ils bas. Les principales cultures sont: le maïs, le sorgho et le mil dans lesparties nord, le coton, le manioc, le soja, le niébé et l’igname près de la limite sud, et le rizaquatique dans les plaines en bordure des rivières et dans les vallées. L’infrastructure estgénéralement peu développée et mal entretenue. Historiquement, le développement de cettezone a souffert de deux contraintes majeures pour la santé: l’onchocercose et latrypanosomiase. Les efforts du programme de contrôle de l’onchocercose ont libéré quelque25 millions d’hectares de terre cultivable pour le développement agricole.

Les ménages d’agriculteurs de ce système peuvent améliorer de façon importante laproductivité agricole et leur situation économique et nutritionnelle, en modifiant la gestiondes sols, des cultures et de l’élevage. La disponibilité en force de traction, particulièrementpendant la période des semis, deviendrait rapidement le point critique à toute tentatived’intensification des cultures. L’utilisation d’animaux de traction est aussi un facteur essentielpour l’intégration de l’agriculture et de l’élevage. Cette intégration devrait évoluer avecl’introduction de la mécanisation. Les besoins en énergie pour les travaux agricoles dépendentdu degré d’adoption des pratiques de conservation pour l’agriculture. Des gains additionnelsdevraient venir de l’utilisation de systèmes simples et disponibles d’irrigation goutte-à-goutte.Le développement récent de clones de palmiers à huile précoces à haut rendement, adaptésà de nouveaux environnements, rend possible leur introduction dans certaines parties de lazone de savane guinéenne – spécialement dans les vallées et les plaines des rivières. Ledéveloppement de variétés de soja tropical a rendu possible sa production commerciale dansde telles zones. De plus, certaines zones de l’Afrique de l’Ouest, où les coûts de transportsont faibles, peuvent devenir compétitives pour l’offre de chips de manioc aux marchéseuropéens d’aliments du bétail. En conclusion, il existe de grandes possibilités d’intensifier cesystème de production. Cette intensification pourrait être accélérée, entre autre, par desinvestissements pour le renforcement des infrastructures et des services agricoles

30Résumé de l’étude de cas n° 3, annexe 1.

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31Basé sur l’expérience fructueuse de la FAO avec l’éradication de la mouche tsé-tsé.

des plantes et des mauvaises herbes (spécialement du striga). L’intégrationagriculture-élevage passe par l’augmentation des cultures fourragères etl’amélioration des systèmes d’alimentation des animaux (fauche et transport àl’étable). A long terme, une telle intégration pourrait permettre, grâce à l’utilisationde nouvelles technologies31, d’étendre l’utilisation de la traction animale vers le suddans des zones sujettes à la mouche tsé-tsé. L’introduction de la traction animalepourrait faciliter la réplication des modèles réussis d'expansion de la productioncotonnière promus par les anciens organismes parastataux.

Les agriculteurs ont répondu à la baisse des prix du maïs en diversifiant leursproductions végétales, en augmentant la production des cultures de racinestraditionnelles ainsi que celle des cultures maraîchères pour les marchés urbains.Cependant, l’augmentation de l’offre aux marchés urbains entraîna un tassementdes prix et une limitation des revenus. Les quelques options suivantes pourraientpermettre aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus: i) amélioration de latransformation à petite échelle du manioc en zone rurale pour l’alimentationhumaine et animale afin de permettre aux petits agriculteurs d’obtenir une plusgrande valeur ajoutée; et ii) amélioration de l’emballage des produits pour mieuxrépondre à l’attente des consommateurs urbains. Les solutions pour améliorerl’accès aux intrants et faciliter la commercialisation du coton passent parl’organisation des petits agriculteurs. D’autre part, l’introduction des méthodes degestion intégrée des ravageurs permettra aussi la réduction de la dépendance àcertains intrants (produits phytosanitaires).

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGROPASTORAL À BASE DE MIL ET DE SORGHO

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Comme mentionné dans la premièresection de ce chapitre, les cultures etl’élevage ont sensiblement la mêmeimportance dans ce système deproduction (voir encadré 2.14 pour lesdonnées de base de ce système). Les milet sorgho pluviaux sont les principalescultures vivrières, elles sont rarementvendues, alors que le sésame et leslégumineuses sont parfois commercialisés.

Encadré 2.14 Données de base: systèmed’exploitation agropastoral à base de mil et de sorgho

Population totale (m) 54

Population agricole (m) 33

Superficie totale (m ha) 198

Zone agroécologique subhumide sèche

Superficie cultivée (m ha) 22

Superficie irriguée (m ha) 0,6

Population animale (m) 25

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La préparation de la terre se fait à l’aide de bovins ou à la houe le long desberges des rivières. Les chameaux sont parfois utilisés dans les zones les plus sèches.Les groupes ethniques sont souvent d’anciens pasteurs sédentarisés. Le bétail estélevé pour la subsistance (lait et produits laitiers), la reproduction, le transport(chameaux et ânes), la préparation de la terre (bœufs et chameaux), la vente oul’échange, l’épargne, la dote de mariage et l’assurance contre la perte des récoltes.Les récoltes sont transportées sur le dos des animaux plutôt que dans descharrettes. L’interaction culture élevage est limitée; les animaux sont utilisés pour lelabour, les résidus de récolte sont pâturés dans les champs après la récolte (etparfois coupés), mais on ne pratique pas de cultures fourragères et le fumier estrarement épandu dans les champs. La population vit en villages toute l’année, bienqu’une partie du troupeau, gardée par des enfants bergers, continue ses migrationssaisonnières. L’encadré 2.15 présente un ménage typique du système agropastoral.

L’insécurité alimentaire est principalement causée par la sécheresse et aggravéepar la faiblesse du capital. La sécurité alimentaire des agriculteurs de la stratesupérieure est assurée les mauvaises années par la vente de bétail dont ils disposenten quantité suffisante, ce qui leur permet d’acheter le grain manquant. L’insécuritéalimentaire est chronique chez les ménages les plus pauvres, aussi bien les bonnesque les mauvaises années, car ils ne peuvent pas cultiver suffisamment de céréalespour se nourrir et n’ont que peu d’animaux ou autres biens à échanger contre descéréales.

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Encadré 2.15 Un ménage typique du système d’exploitation agropastoral à base de mil et de sorgho

Un ménage typique possède 1,5 ha de terre cultivée et a un niveau de production alimentairene dépassant pas 93 kg/tête. La plupart de ces ménages ont un déficit alimentaire, même lesannées sans pertes de récolte. Le ménage moyen cultive 1,1 ha de mil ou de sorgho et 0,2 hade légumineuses, le reste étant réservé aux cultures mineures comme le maraîchage, lesésame ou le coton. Les rendements sont bas, en moyenne 400 kg/ha pour le sorgho, 350kg/ha pour le mil et 230 kg/ha pour les légumineuses. Le ménage possède quelques poulets, 2à 3 bovins ou 5 à 10 moutons et chèvres. Le mil et le sorgho sont cultivés presqueexclusivement pour la subsistance (y compris la fabrication de bière). Les principales sourcesmonétaires sont le bétail, le coton et la migration saisonnière en zone de forêt.

La différentiation socioéconomique se marque par la possession de bétail. Environ 40 pourcent des ménages n’ont pas de gros animaux (mis à part un âne) et 60 pour cent ne sont pasautosuffisants en traction animale (spécialement au Botswana ou huit bœufs sont nécessairesà la préparation non mécanisée de la terre). Dans un ménage pauvre typique, la productionalimentaire domestique ne permet de se nourrir que pendant 2 à 6 mois, selon lapluviométrie. Le travail occasionnel dans d’autres fermes, les ventes de bière et de bois dechauffage représente 40 à 50 pour cent des revenus du ménage, et probablement plus lesannées sèches.

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La strate moyenne est autosuffisante en céréales les bonnes années et déficitaireles mauvaises années. La sécurité alimentaire est assurée les années moyennes parla possession de quelques animaux à échanger contre des céréales. Toutefois cesménages sont très vulnérables les mauvaises années. Les mécanismes d’ajustementcomprennent: i) la culture de variétés de mil et de sorgho précoces et résistantes àla sécheresse; ii) le stockage des céréales d’une année sur l’autre; iii) la vente oul’échange de petits ruminants pour acheter des céréales en période de disette; et iv) les revenus hors exploitation les années où les récoltes sont perdues, afin depouvoir acheter des céréales et d’éviter d’être obligés de vendre leurs animaux. Lesplus pauvres, qui n’ont plus d’animaux à vendre, réduisent leur alimentation,collectant et mangeant des produits sauvages, coupant et vendant du bois dechauffage et travaillant pour d’autres en échange de repas.

La principale cause de pauvreté est la succession des sécheresses. Celles-cientraînent la perte de récolte, le déficit alimentaire, la forte hausse des prix descéréales, la chute des prix du bétail et la faiblesse des animaux (entraînant parfoisleur mort), et la décapitalisation des troupeaux par les ventes forcées. La misèresurvient quand les ménages ont mangé toute leurs semences et perdu leursanimaux d’élevage, de sorte qu’ils ne peuvent plus semer ou reconstituer leurtroupeau à la fin de la sécheresse. Un ménage typique doit, en plus des difficultésliées à la sécheresse, faire face aux problèmes suivants: i) grave manque d’eau ensaison sèche pour les gens et les animaux; ii) manque de pâturage saisonnier;iii) isolement physique, manque de routes et d’accès aux marchés; iv) conditions

de commercialisations désavantageuses pour les cultures et le bétail; et v) manquede services de santé et d’écoles. Les problèmes spécifiques de ce système deproduction sont les suivants: dégâts aux cultures causés par les oiseaux et leslocustes, décorticage laborieux des grains, vols de stocks, empiètement des rivièressur les cultures et, au sud de l’Afrique, manque de terre et surpopulation, héritagedes problèmes liés au colonialisme.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME AGROPASTORAL À BASE DE MIL ET DE SORGHO

Ce système de production a souffert d’une réduction générale de la pluviométriependant les deux dernières décennies. Des pluies insuffisantes et aléatoires ontentraîné de faibles rendements des cultures et l’abandon de l’arachide et du sorghotardif. Il existe un grave manque d’eau potable et de bois de chauffe dans certaineszones. Des problèmes de fertilité des sols apparaissent dans les plaines en raison duraccourcissement des jachères et des longues périodes de culture continue. Lemanque de terre est aussi un problème dans les zones plus densément peuplées oùles sols sont plus fertiles.

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La pression sur les ressources devrait augmenter au cours des prochainesdécennies en raison de l’accroissement des populations humaines et animales de cesystème d’exploitation. Dans certains cas, cette situation pourrait conduire àl’adoption spontanée de la gestion durable des ressources et à l’intensificationcomme à Machakos (qui présente toutefois une agroécologie favorable); toutefois,ces réussites sont des exceptions. La fertilité des meilleures terres devrait baisser enl’absence d’intervention technologique importante pour la conservation de lafertilité. Sans une bonne gestion des pâturages par les communautés, les ressourcesdes parcours de nombreuses zones vont aussi se détériorer. Dans ces conditions, lapauvreté à la fois chronique et passagère, devrait augmenter.

Les contraintes sont la sécheresse, la baisse de fertilité des sols, l’infestation desmauvaises herbes (principalement le striga dans les céréales et le niébé), lesmaladies et ravageurs du niébé et de l’arachide, et le manque général de crédit etson coût élevé pour les intrants du coton. Les recommandations des instituts derecherche furent dans le passé souvent inadaptées aux besoins des petitsagriculteurs car elles mettaient l’accent sur la maximisation des rendements plutôtque sur leur stabilisation et la réduction des risques. Les contraintes relatives àl’élevage comprennent le manque de pâturage en saison sèche et la conditionprécaire des animaux de trait au moment où les efforts physiques les plusimportants leur sont demandés. Les pertes de récoltes, lorsqu’elles se produisent,sont exacerbées par la hausse des prix des céréales et la baisse des prix du bétail.En période de disette, les prix des grains payés avec des animaux sont trois fois plusélevés qu’au moment de la récolte. Les prix des céréales montent et ceux du bétailchutent en cas de mauvaise récolte.

N’ayant jamais bénéficié de services importants, ce système de production n’apas été très touché par le retrait du secteur public de l’offre de semences etd’engrais et de la commercialisation des cultures. Les services de vulgarisationn’apportèrent aucune réponse aux problèmes des agriculteurs pauvres enressources. Ils ont souvent fait la promotion de paquets technologiques trop cherset trop risqués pour les cultures en conditions semi-arides. Les semences de bonnequalité, de variétés à maturité précoce et tolérantes à la sécheresse restentinsuffisantes en quantité.

PRIORITÉS DU SYSTÈME AGROPASTORAL À BASE DE MIL ET DE SORGHO

Les stratégies des ménages pour réduire la pauvreté de l’environnement difficile dusystème d’exploitation agropastoral à base de mil et de sorgho sont diversifiées. Lameilleure stratégie est la sortie de l’agriculture. Il existe toutefois trois autresstratégies: intensification, diversification, et augmentation de la taille des fermes. La

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priorité consiste à diminuer les risques de perte de récolte les années de sécheressepar une meilleure gestion des sols et de la conservation de l’eau et par lamultiplication de variétés de mil et sorgho de bonne qualité gustative, résistantes àla sécheresse et de maturité précoce. Le contrôle des dégâts causés par les oiseaux etles attaques de criquets pèlerins devrait complémenter cette stratégie.L’identification de méthodes améliorées de maintien de la fertilité des sols et leurapplication aux différents types de sols permettront d’apporter une solution à labaisse de fertilité. La végétation de savane devrait être régénérée afin de fournir desréserves de fourrage et de bois de chauffe de manière durable.

Les interventions spécifiques contre l’insécurité alimentaire et financière sont lessuivantes: maximisation de la conservation de l’eau dans le sol et de son utilisationpar des techniques de gestion des sols; diffusion des techniques de conservation del’eau de ruissellement telles que les «demi-lunes» et les pierres sur les contours enlignes de niveau comme cela a été démontré avec succès au Mali, au Niger et auBurkina Faso (voir l’encadré 2.16). Ces interventions devraient aussi faciliter lamultiplication par les agriculteurs des semences des variétés de mil et de sorgho àmaturité précoce, tolérantes à la sécheresse et possédant des caractéristiquesappréciées localement (goût acceptable et tolérance au striga et aux dégâtsd’oiseaux). Le développement de méthodes intégrées de contrôle du striga et desautre ravageurs et maladies aux champs et en cours de stockage ainsi quel’amélioration des méthodes de stockage des céréales sont aussi des facteursimportants capables d’améliorer la sécurité alimentaire. Une meilleure utilisationdes résidus de récolte et de ses sous-produits, la promotion de l’utilisation d’espècesanimales adaptées localement, le contrôle des maladies épizootiques etl’amélioration de la production de volaille dans les villages pourront permettred’augmenter la productivité animale dans son ensemble. La régénération des forêtsest nécessaire pour l’approvisionnement durable en bois de chauffage.

Les interventions pour accroître le revenu de l’élevage devraient inclure:i) l’organisation et la mise en place du suivi des maladies; ii) des réglementations decertification pour l’exportation des animaux vivants et des produits animaux; iii) une intégration plus grande avec la production des cultures pour permettrel’approvisionnement en fourrage et la vente d’aliments pour les bovins des zonesplus favorables (telles que celles des systèmes d’exploitation mixte céréales etracines et à base de maïs); et (iv) l’appui à la commercialisation du bétail par lespetites entreprises privées. Les peaux et les cuirs sont des produits des systèmesagropastoraux qui sont souvent sous-estimés32. Afin d’assurer un produit de hautequalité, les services de vulgarisation devraient porter plus d’effort sur les soinsvétérinaires à apporter aux animaux vivants, ainsi que sur le traitement des peauximmédiatement après abattage.

32Pendant les années 90, 25 pour cent des peaux et cuirs entrant dans les tanneries d’Addis-Abeba furent déclassés,ce qui entraîna une perte de la valeur des exportations estimée à 6,9 millions de dollars EU (Bayou, 1998).

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Encadré 2.16 Amélioration des pratiques locales de conservation des sols et de l’eau en zones semi-arides33

Comme de nombreuses zones semi-arides, le Niger a souffert de la dégradation des terresliée à la sécheresse et la pression démographique. Un projet financé par le FIDA a testé uncertain nombre de technologies locales pour restaurer la production et réduire les variationsde production liées aux aléas climatiques. Un facteur de succès important a été ledéveloppement d’une forme modifiée de la pratique des tassas. Cette pratique a continué à sediffuser spontanément après la fin du projet.

La pratique des tassas consiste à creuser des trous de 200 à 300 mm de diamètre et 150 à200 mm de profondeur et à recouvrir les fonds de ces trous de fumier. En favorisant l’activitédes termites pendant la saison sèche, cette technique améliore l’infiltration ultérieure de l’eau.Les agriculteurs plantent ensuite leur mil et sorgho sur les bords de ces trous. Les tassas ontpermis à la région d’atteindre des rendements moyens de mil supérieurs à 480 kg/hacomparés à 130 kg/ha en l’absence de cette technique. Les tassas font maintenant partie de latechnologie locale, leur utilisation se propage à une vitesse surprenante.

Trois facteurs principaux contribuent à son succès: i) une approche recherche-action soupleet ouverte aux initiatives des agriculteurs pour leur permettre d’aller de l’avant; ii) la diffusiond’une technologie simple, facilement reproductible, adaptée aux systèmes d’exploitationagricole existants qui entraîne des bénéfices rapides et tangibles; et iii) la possibilitéd’adaptation d’une technologie au contexte local changeant. La pratique des tassas est fondéesur une pratique locale qui, bien qu’elle ne soit pas hautement performante, est pourtantefficace.

Les tassas plaisent aux agriculteurs parce qu’ils obtiennent des résultats rapides etappréciables de restauration de la productivité des sols tout en diminuant les risquesclimatiques et en accroissant de 20 à 40 pour cent la disponibilité alimentaire des ménagesparticipants. Ils sont faciles à répliquer parce qu’ils ne nécessitent que des modificationssimples des outils manuels locaux et n’impliquent pas de travail additionnel pendant lespériodes critiques de semis et de sarclage. Pouvant être exécutés par les agriculteurs sansassistance extérieure, les tassas sont particulièrement intéressants pour les jeunes, puisqu’ilsleur permettent de cultiver les terres de plateaux, jusqu’alors non utilisées, apportant ainsi uneréponse à la pression croissante sur la terre.

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Les pertes d’animaux peuvent être limitées en facilitant l’accès aux services desanté animale par la présence de personnel de santé animale issu descommunautés. La pression sur les pâturages peut être diminuée par: i) ledéveloppement de politiques pour une bonne utilisation des terres et de l’eau desparcours; ii) la reconnaissance négociée des droits coutumiers des pasteurs sur les zones de pâturage en saison sèche – y compris sur celles des zones adjacentes,

33Mascaretti 2001.

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plus humides; et iii) la promotion de mécanismes pour résoudre, sur une basecommunautaire, les conflits liés à l’accès aux terres et à l’eau entre éleveursnomades et agriculteurs sédentaires.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES DE L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Cette section finale met en lumière quelques uns des défis majeurs de la région etrésume les priorités proposées pour chaque système de production. Etabli à partirdes analyses précédentes sur les systèmes d’exploitation agricole, le tableau 2.4classe les potentialités de chaque système pour la croissance agricole et pour laréduction de la pauvreté, il indique aussi l’importance relative des cinq stratégiesmajeures des ménages pour échapper à la pauvreté. Ce tableau fournit le cadrepour la consolidation des priorités stratégiques en ce qui concerne les politiques,les marchés, l’information, les ressources naturelles et les technologies, etl’identification d’un certain nombre d’initiatives stratégiques communes pour larégion.

Bien que l’Afrique subsaharienne soit relativement bien pourvue en ressourcesnaturelles, l’incidence de la faim et de la pauvreté y est plus importante que dansn’importe quelle autre région en développement, tandis que la croissance de lapopulation y est plus forte et que le nombre de pauvres s’accroît à un tauxalarmant. La pauvreté rurale représente encore 90 pour cent de la pauvreté totaleet quelque 80 pour cent des pauvres dépendent encore de l’agriculture ou dutravail agricole pour leur subsistance. Néanmoins, la politique, l’environnementéconomique et institutionnel n’incitent généralement pas à une amélioration de laproduction agricole – plus spécialement à une croissance importante au bénéficedes pauvres. Il existe encore des différences importantes entre le développementdes zones urbaines et rurales où l’accès aux biens publics est limité. Les résultatsdes investissements dans la recherche agricole et dans la vulgarisation ont étédécevants dans le passé. De plus la détérioration des conditions decommercialisation, la mauvaise gestion des gouvernements, les guerres civiles, lesinégalités entre les sexes, les faibles niveaux de scolarisation et le SIDA sont trèspréoccupants.

L’analyse des systèmes d’exploitation agricole sélectionnés montre qu’il existedes perspectives de développement pour chacun d’entre eux. Le système à basede maïs, à moyen et long terme, et le système arboricole, à court terme,présentent tous les deux un potentiel moyen à important aussi bien pour lacroissance agricole que pour la réduction de la pauvreté. Le système à base demaïs est en crise, mais des solutions existent (intensification et diversification). Cepotentiel de croissance agricole dépend en grande partie de l’existence de

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Tableau 2.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages de réduction dela pauvreté en Afrique subsaharienne

Stratégies de réduction de la pauvreté

Système Potentiel Potentiel Intensifi- Diversifi- Accroissement Accroissement Sortied’exploitation de de cation cation de la taille de du revenu de agricole croissance réduction de l’exploitation hors l’agriculture

agricole la pauvreté exploitation

Irrigué Important Faible 3,5 2 2,5 1,5 0,5

Arboricole Moyen à Moyen 4 1,5 1,5 2 1important

Basé sur la forêt Faible à Faible 2,5 2 4 0 1,5moyen

Riz arboriculture Faible Faible 1 3 2 2 2

Pérennes des hautes Faible Faible 1 2 1 2 4terres

Mixte des Hautes Moyen Moyen 1 3 2 1 3terres tempérés

Racines Moyen Moyen 2,5 3 2 1,5 1

Mixte céréales-racines Important Moyen 3,5 2 3 1 0,5

Mixte maïs Moyen à Important 2 3 2 2 1important

Des grandes et Moyen Faible à 2 2 3 1 2petites exploitations moyen

Agropastoral Faible à Moyen 2 2 2 1 3mil et sorgho moyen

Pastoral Faible à Faible 1 1 1 2 5moyen

Dispersé (aride) Faible Faible 0 1 0 3 6

Pêche côtière Faible à Faible 1 3 0 4 2artisanale moyen

Urbain Faible à Faible 1 3 3 3 0moyen

Moyenne pour la région 2,1 2,3 2,1 1,6 1,9

Source: Avis d’experts.Note: Le total des points pour chaque système d’exploitation agricole est de 10. L’évaluation des stratégies est faite uniquementpour les agriculteurs pauvres. Les pondérations de population agricole par système sont tirées du tableau 2.1.

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ressources sous-utilisées, des possibilités d’intensification et des perspectives demarché. Le système irrigué et le système mixte céréales et racines ont tous lesdeux un potentiel de croissance important. L’amélioration des infrastructures etl’accès au marché devraient permettre une intensification très importante del’agriculture et de l’élevage du système mixte céréales et racines. Le cinquièmesystème d’exploitation analysé en détail: le système d’exploitation agropastoral àbase de mil et de sorgho, semble avoir une perspective modeste de croissanceagricole et de réduction de la pauvreté.

D’autres systèmes d’exploitation agricole de la région offrent aussi despossibilités de croissance agricole et de réduction de la pauvreté et de la faim. Ilexiste un potentiel d’expansion de la terre cultivée dans les systèmesd’exploitation basés sur la forêt et sur la culture des racines bien que, dans lesdeux cas, on constate l’existence de contraintes importantes en matière de sols etd’environnement. Dans d’autres systèmes, les fonds de vallées qui onthabituellement des sols lourds sont les plus sous-utilisés. Le système basé sur laforêt possède de grandes étendues sous-utilisées mais les sols y sont fragiles,l’accès au marché difficile et la pluviométrie souvent excessive. Le système basésur la culture de racines possède un potentiel modéré de croissance pourapprovisionner les marchés urbains avec les racines et pour l’exportation del’huile de palme.

Parmi les cinq stratégies proposées pour échapper à la pauvreté34, deuxd’entre-elles doivent faire l’objet d’efforts particuliers: i) l’intensification de laproduction au niveau des exploitations agricoles des ménages pauvres; et ii) ladiversification vers des activités rémunératrices, spécialement dans les zones àhaut potentiel où se trouve une majorité de pauvres. Le développement demoyens de survie complémentaires – aussi bien emploi local hors exploitationqu’en dehors de l’agriculture – constituera un élément important desprogrammes de réduction de la pauvreté, spécialement dans les zones où lepotentiel est faible. Un effort important devrait aussi être fait en faveur del’augmentation des revenus des ménages agricoles pauvres.

Les sections suivantes de ce chapitre indiquent les priorités stratégiquesmajeures et les interventions nécessaires au support du développement del’agriculture dans la région. Elles commencent par l’identification des prioritésd’ajustement national des politiques. Elles considèrent ensuite les principaux axesd’amélioration du fonctionnement des marchés et de l’accès à l’information.Finalement, elles soulignent les besoins essentiels en technologies et en gestiondes ressources naturelles.

34Voir la discussion des cinq stratégies des ménages pour échapper à la pauvreté au chapitre 1.

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LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

La libéralisation du commerce est une arme à double tranchant pour de nombreuxsystèmes d’exploitation agricole. L’expansion des marchés d’exportation estcruciale pour le futur du système d’exploitation arboricole et pour les perspectivesde développement à long terme d’autres systèmes d’exploitation agricole à hautpotentiel. Cependant, en raison de la libéralisation du commerce, certains accèspréférentiels aux marchés seront perdus au cours des prochaines décennies. Dansces conditions, les gouvernements peuvent avoir besoin d’établir des filets desécurité ou d’autres mécanismes de réduction de la pauvreté.

Il est important non seulement d’encourager les exportations de cultures nontraditionnelles, mais aussi celles à forte valeur ajoutée. Cette stratégie répond aubesoin ressenti par les agriculteurs de trouver une solution à la baisse de rentabilitédes cultures traditionnelles d’exportation, aussi bien pour le systèmed’exploitation arboricole que pour les producteurs de coton des zones de savaneet des zones semi-arides, et pour les producteurs de café arabica des hautes terres.Les solutions partielles sont: la diversification vers des cultures d’exportation nontraditionnelles; l’amélioration de la qualité des produits d’exportations existantsafin d’en obtenir un meilleur prix (réhabilitation des plantations, amélioration dela transformation et du conditionnement) et la recherche de créneaux de marchételles que les produits biologiques.

La priorité pour les éleveurs nomades et sédentaires et pour les agriculteurséleveurs, y compris ceux des hautes terres, sera de définir et de mettre en œuvrele contrôle des maladies ainsi que des programmes de certification pourl’exportation des animaux vivants et des produits animaux. La région étant unedes plus ouvertes du monde, dans le sens où le commerce international y estimportant par rapport au PIB, l’effet d’une libéralisation plus rapide pourrait yêtre moins fort que dans d’autres régions. Cependant, le déclin des exportationsde la région, devant la concurrence importante du marché mondial, pourrait êtreaccéléré par une libéralisation rapide. Il est peu probable que la région puisseproduire à aussi bon marché que les régions asiatiques en raison des coûts de lamain-d’œuvre et de transactions plus élevées. Même les produits de grande qualitépour les marchés spécialisés (le cacao et le café arabica cultivés biologiquement)risquent d’être affectés, car les concurrents auront tendance à poursuivre la mêmestratégie. Le système d’exploitation arboricole devrait être le plus affecté par ceschangements. Par contre, les possibilités d’exportation d’aliments africainstypiques pourraient s’accroître parmi les communautés d’émigrés dans les paysdéveloppés en raison des flux migratoires de la région vers les pays développés; cesmarchés pourraient s’élargir au fur et à mesure que d’autres consommateurs sefamiliariseraient avec ces aliments. De telles opportunités s’appliqueraient surtout

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au système d’exploitation mixte céréales et racines et au système à base de culturede racines.

Les ex-colonies européennes de la région pourraient perdre leur accèspréférentiel aux marchés de l’Union européenne (UE) et pourraient être appeléesà faire face à une forte concurrence d’autres régions en développement. L’accèsaux marchés des pays développés pourrait continuer à être limité par divers typesde réglementations sanitaire, vétérinaire et phytosanitaire. Les changementsrécents des réglementations de l’UE pour le chocolat vont sans doute réduire lesimportations de cacao en provenance de la région. L’ouverture des marchés del’UE aux produits agricoles peut ne pas constituer la panacée car certainsconcurrents d’Amérique du Nord et du Sud pourraient répondre plusrapidement aux demandes en céréales et produits animaux.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

Les difficultés majeures de nombreuses économies ont maintenant été levées parl’application des programmes d’ajustement structurel. Bien qu’il soit nécessaire decontinuer les ajustements macro-économiques en cours, il serait particulièrementutile de mettre à nouveau l’accent sur l’amélioration des politiques du secteuragricole. A cet égard il existe deux grandes priorités : i) les droits des utilisateurs auxressources; et ii) les investissements à long terme en matière de biens collectifs.

Bien que la terre soit abondante en Afrique et que la taille moyenne desexploitations soit relativement élevée par rapport à plusieurs autres régions, ilexiste des zones où, pour des raisons historiques ou de pression démographique,la petite taille des exploitations est une contrainte à la production. Deux problèmesprincipaux doivent être résolus pour assurer un accès équitable à la terre et auxautres ressources: i) la protection des droits coutumiers sur les terres descommunautés rurales des zones à faible densité de population; et ii) l’assuranced’un accès plus équitable à la terre dans les pays du sud de l’Afrique, où coexistentgrandes et petites exploitations. La protection du droit coutumier concerne surtoutle système basé sur la forêt, le système basé sur la pêche côtière artisanale, lesystème pastoral et le système agropastoral à base de mil et de sorgho. L’assuranced’un accès plus équitable à la terre concerne le système à base de maïs et le systèmedes grandes exploitations commerciales et des petits exploitants. La réformefoncière au niveau communautaire35 est la principale stratégie pour résoudre lepremier problème. Les autres stratégies incluent la promulgation de codespastoraux dans les pays sahéliens arides et semi-arides et un code de conduite pourles pêches artisanales de Afrique de l’Ouest, et des approches «gestion de terroir»

35Tanner 2001.

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ou la résolution des conflits concernant la gestion des ressources naturelles auniveau des communautés.

En raison des faiblesses bien connues des interventions du secteur privé, la miseà disposition de biens collectifs est nécessaire dans un certain nombre de domainesessentiels. Dans ce contexte, il est extrêmement important d’assurer un justeéquilibre entre les problèmes à court terme, qui touchent les petits agriculteurs, etl’investissement à long terme en biens collectifs, qui intéresse les gouvernements oul’humanité dans son ensemble. Bien que les possibilités et les axes stratégiques dechaque système d’exploitation agricole dépendent de son contexte spécifique, onpeut citer des exemples d’axes stratégiques: la conservation des ressources de basepour les futures générations; une bonne gestion des sols; une gestion durable desressources naturelles; la conservation des sols et de l’eau; la protection del’environnement; la maintenance de la biodiversité; l’éradication de la mouche tsé-tsé; et la capture des rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère. Le manque deservices, y compris transports et éducation (voir ci-dessous), limite sérieusement lessystèmes d’exploitation agricole à fort potentiel de croissance. Le défi consiste àfournir de tels biens collectifs d’une manière durable, en s’assurant que les autoritéslocales et les communautés contribuent à leur maintenance.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

L’adoption d’une technologie et la capacité d’exploiter les opportunités de marchésont étroitement liées au niveau scolaire des preneurs de décision sur l’exploitationagricole. Un effort massif est nécessaire en matière d’éducation des femmes et deshommes au niveau des exploitations, et de revitalisation des servicesd’enseignement primaire. Cette éducation devrait non seulement préparer lesenfants à devenir des agriculteurs modernes, mais aussi développer leurs aptitudesaux emplois rémunérés du secteur non agricole.

Le nouveau concept de l’ère de l’information s’applique aussi bien à la petiteagriculture qu’aux autres industries. Vers 2030, l’agriculture basée sur le savoirdeviendra la norme des systèmes d’exploitation agricole à haut potentiel de larégion, de la même façon que ce type d’agriculture prévaut aujourd’hui dans lespays de l’OCDE. Par exemple, l’adoption des pratiques d’agriculture deconservation et de gestion intégrée des ravageurs nécessitera de la part de lavulgarisation une approche éducative plutôt que d’imposer des techniques:chaque agriculteur doit recevoir les moyens de choisir les voies d’améliorer sesmoyens de subsistance qui conviennent le mieux à sa dotation en ressources. Ceciimplique non seulement la mise à disposition d’informations de grande qualitétechnique et commerciale, mais requiert aussi des investissements massifs dans laformation des agriculteurs. Cette formation pourrait être donnée dans des instituts

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agricoles réactivés, complémentée par un enseignement au niveau du village et deschamps. Les agriculteurs devraient non seulement être formés à la productionagricole, mais certains d’entre eux devraient aussi recevoir une formationd’entrepreneur et de petit commerçant.

Le virus du SIDA est en train d’affecter profondément les communautésrurales d’Afrique. Il est crucial, à court terme, d’arrêter sa dissémination par descampagnes d’information et par la fourniture de préservatifs bon marché. Il estaussi nécessaire d’aider les communautés rurales dans leur assistance auxorphelins du SIDA et de mettre en place des réformes foncières pour empêcherque les veuves ne se voient privées de terres et de foyers après la mort de leursmaris.

Les possibilités d’accroissement de la productivité agricole et de diversificationdes exploitations de taille moyenne à grande sont très importantes dans la plusgrande partie de la région. Ces exploitations ont tendance à devenir plusspécialisées; leur développement accéléré nécessiterait l’amélioration des services.La privatisation des financements, de l’offre d’intrants et des services de conseil,pourrait être un moyen d’aider au développement de fermes commerciales enmesure de payer ces services. Cependant, l’aide publique à la recherche et à ladiffusion des résultats se justifie pleinement pour protéger et conserver lesressources naturelles pour les futures générations. L’égalité d’accès pour lesfemmes à ces facilités et services est indispensable au futur développement dessystèmes d’exploitation agricole de la région.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

La diversification vers des cultures ou des activités d’élevage de plus grande valeurmarchande est un axe stratégique majeur pour les systèmes d’exploitation agricoleà base de maïs, mixte céréales et racines, mixte des hautes terres tempérées et celuides cultures arboricoles. La diversification vers des cultures et activités moinsrisquées pour réduire la vulnérabilité à la sécheresse est la principale stratégie àadopter pour les systèmes pastoraux et agropastoraux à base de mil et de sorgho.Cette diversification apporte aux agriculteurs une réponse partielle aux problèmessuivants: (i) détérioration du rapport entre le prix de intrants et des productions(maïs et blé); (ii) détérioration des conditions de commercialisation pour les culturestraditionnelles d’exportation; et (iii) vulnérabilité aux pertes de récolte dans leszones arides et semi arides. La diversification, axée sur la valeur ajoutée, estégalement applicable au niveau de la ferme ou de la communauté. L’accès autransport, au crédit et à un marché dans les communautés voisines est souventsuffisant pour encourager le développement de la petite transformation (battage,extraction d’huile, moulins à maïs, nettoyage, empaquetage et petites boulangeries);

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une bonne gestion de telles entreprises peut leur permettre de se développerrapidement et de fournir de l’emploi local aux agriculteurs36.

La diversification des sources de revenu (combinaison optimale des cultures etde l’élevage et activités hors exploitation) est la principale stratégie qui puissepermettre de vivre aux agriculteurs dont la taille des exploitations est très petite.La diversification est particulièrement profitable aux ménages pauvres parcequ’elle accroît leur résistance aux variations du climat ou des marchés.

Les technologies existantes pour réduire la vulnérabilité à la sécheresse doiventêtre diffusées. Le risque lié à la sécheresse affecte le système d’exploitation pastoralet le système agropastoral à base de mil et sorgho et, dans une moindre mesure, lessystèmes à base de maïs et mixte des hautes terres tempérées. Les principalessolutions aux problème des cultures sont: (i) l’introduction de variétés précoces,tolérantes à la sécheresse; (ii) l’optimisation de la conservation de l’humidité du solet de son utilisation par une bonne gestion des sols et de la conservation de l’eau;et (iii) la petite irrigation gérée par les agriculteurs.

Les principales technologies pour l’élevage ont pour objectif: i) de réduire savulnérabilité grâce à des politiques appropriées sur l’utilisation des parcours et del’eau, à la mise en place de procédures d’avertissement à l’avance pour la sécheresseet à des pratiques capables d’atténuer les effets de la sécheresse et de réhabiliter lesparcours; ii) de contrôler des maladies épizootiques; iii) de développer despratiques agricoles de conservation en zones arides et semi arides; et iv) dedévelopper des options de remplacement non pastorales viables pour ceux qui nepeuvent plus vivre de ces ressources.

Il est nécessaire de promouvoir des technologies bon marché et non nocivespour l’environnement. Le contrôle des ravageurs et des mauvaises herbes est plusou moins nécessaire dans tous les systèmes. Il doit porter sur : i) les dégâts causésaux cultures par les animaux sauvages dans le système basé sur la foret; ii) lescriquets pèlerins dans le Sahel; et iii) le striga dans le système mixte céréales etracines et dans le système agropastoral à base de sorgho et de mil. Cependant, dessolutions de remplacement aux pesticides onéreux existent pour les producteurs decoton et les producteurs maraîchers en irrigué; elles nécessitent la formation engestion intégrée des ravageurs pour le contrôle des ravageurs et des mauvaisesherbes. La multiplication des semences par les agriculteurs peut contribuer à unedistribution efficace de celles-ci à un coût limité (voir l’étude de cas en Zambie).

La mise en place de partenariats productifs entre les secteurs privé, public et lesorganisations de la société civile, surtout les associations d’agriculteurs, est nécessaireau développement technologique. Cependant, la recherche dans les domainesimportants tels que la gestion des ressources à long terme, intéresse peu le secteurprivé. Son financement peu nécessiter l’introduction de nouveaux mécanismes.

36Steele, 2001, communication personnelle.

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RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

Le problème de la dégradation des sols et de leur fertilité se retrouve, avec plusou moins d’acuité, dans tous les systèmes. Il est particulièrement critique dans lessystèmes à base de maïs et mixte des hautes terres tempérées. Les causes de labaisse de fertilité sont complexes mais les essais pour rétablir la fertilité du sol(voir encadré 2.17) par la seule utilisation des engrais chimiques n’ont produitque des effets à court terme et, dans de nombreux cas, paraissent n’avoir eu quepeu d’impact sur l’ensemble des rendements moyens – au moins sur les culturesoù ils furent essayés. De plus, la libéralisation économique et le retrait dessubventions ont entraîné une forte réduction de l’application d’engrais sur le maïset le blé dans les systèmes d’exploitation agricole à haut potentiel alors que lescanaux d’offre d’intrants étaient démantelés et que le rapport entre le prix desintrants et celui des céréales augmentait. Dans les systèmes d’exploitation agricoleà base de maïs de certaines régions des hautes terres de Tanzanie les petits

Encadré 2.17 Reconstitution des réserves du sol en éléments nutritifs

La baisse de fertilité des sols est un élément important de la dégradation des terres. Elle aaffecté de nombreux systèmes d’exploitation agricole de la région au cours de ces dernièresannées. Elle correspond à la destruction de la structure des sols; à la réduction du taux dematière organique, des éléments nutritifs et de la capacité d’infiltration et de stockage en eau.Les productions intensives impliquent la reconstitution des réserves en éléments nutritifs dessols, or on a souvent considéré la fumure minérale comme une fin en soi plutôt que commeun des éléments faisant partie des pratiques de gestion des sols. L’expérience a montré quel’utilisation d’engrais minéraux seuls n’a souvent pas permis l’intensification des cultures.

Alors que les engrais peuvent produire des accroissements de rendements importants chezles systèmes à haut potentiel lorsqu’ils sont utilisés conjointement avec des semencesaméliorées, leur utilisation peut ne pas être économiquement viable pour les petitsproducteurs de cultures vivrières – particulièrement maïs et sorgho – ou bien dans des zoneséloignées où les prix des intrants augmentent beaucoup à cause des coûts de transport.Même lorsque l’application d’engrais est rentable, les petits agriculteurs peuvent simplementne pas disposer du capital nécessaire à leur achat en début de campagne ou bien ne peuventaccepter le risque que cette dépense monétaire implique.

Cependant, en l’absence de reconstitution des réserves en éléments nutritifs, laproductivité des sols se dégrade, même avec de bonnes pratiques culturales, entraînant unaugmentation de la pauvreté et des problèmes de sécurité alimentaire.Aussi est-il urgent dedévelopper des approches différentes pour la régénération des sols pour les agriculteurspauvres en ressources. Celles-ci peuvent inclure un recours plus important aux engrais verts,au compost et au fumier, l’utilisation croissante de cultures fixatrices d’azote dans la rotation(y compris en culture intercalaire), et la jachère améliorée.

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agriculteurs spécialisés dans la production de maïs recommencent la cultureextensive de variétés traditionnelles sans engrais. Ce phénomène entraîne unerecrudescence de la pauvreté.

L’adoption de pratiques culturales améliorées de gestion des sols a fait sespreuves pour lutter contre la dégradation des terres. La description de ses

Encadré 2.18 Principes de bonne gestion des terres

La bonne gestion des terres implique une approche intégrée et synergique de la gestion desressources mettant en action la combinaison, adaptée aux conditions locales, des optionstechniques suivantes

● Accroissement progressif de la teneur en matière organique des sols et de leur activitébiologique à des niveaux optimum durables (pour améliorer le stockage et l’infiltration del’eau, la structure des sols et assurer l’apport d’éléments nutritifs) par l’utilisation ducompost, du fumier de ferme, des engrais verts, du mulch de surface, des jachèresaméliorées, de l’agroforesterie, des cultures de couverture et de la gestion des résidus derécolte.

● Gestion intégrée de la nutrition des plantes impliquant l’utilisation d’une combinaisond’éléments nutritifs, organiques et inorganiques, en provenance de l’exploitation agricole etde hors exploitation, à bas prix de revient (fumier, résidus de culture, fixation d’azote parrhizobium, transferts d’éléments nutritifs des couches profondes du sol vers la surface parles racines et la décomposition des feuilles, utilisation de phosphate sous forme de roche,de chaux et d’engrais minéraux).

● Meilleure gestion des cultures grâce à: (i) l’utilisation des semence améliorées de variétésappropriées, (ii) un meilleur établissement des cultures au début de la saison des pluies (afind’accroître la couverture protectrice du sol et de réduire les pertes en eau et l’érosion), et(iii) un contrôle efficace des mauvaises herbes et la gestion intégrée des ravageurs.

● Meilleure gestion de l’eau de pluie pour augmenter l’infiltration et éliminer ou réduire leruissellement afin d’améliorer les conditions d’humidité du sol autour des racines et dediminuer ainsi le risque de stress hydrique durant les périodes sèches tout en réduisantl’érosion.

● Augmentation de la profondeur d’enracinement et de la perméabilité du sol en cassant lescouches compactes du sol (houe/socle de charrue) par des pratiques de travail du sol deconservation au moyen de sous-soleuses tirées par tracteur, de charrues équipées de chiseltirées par des bœufs, de trous de plantation jumelés exécutés à la houe à main, ou decultures de plantes pérennes, arbres et arbustes à enracinement profond.

● Récupération de terres cultivées qui ont été sérieusement dégradées par ravinement, pertede la surface du sol par érosion, compaction, acidification et salinisation, lorsque cela estpossible à faible coût.

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principes est plus utile que celle des paquets technologiques (voir l’encadré 2.18).Sa mise en œuvre peut se faire à l’aide d’un certain nombre de techniques dont letravail de conservation des sols et autres pratiques culturales associées (voirl’encadré 2.17 ci-dessus).

On ne prévoit qu’une expansion lente de l’irrigation au cours des 30prochaines années. Il existe en effet de grandes réserves de terre pourl’expansion de la production agricole pluviale à faible coût. Ainsi, à la différenced’autres régions où les terres irriguées vont fournir la majeure partie desaccroissements de production alimentaire, l’irrigation pourrait ne jouer enAfrique qu’un rôle modeste pendant les trois prochaines décennies.

CONCLUSIONS

La faim et la pauvreté sont largement répandues et en rapide croissance enAfrique subsaharienne. Environ 80 pour cent des pauvres dépendent del’agriculture pour leur subsistance. Les prévisions disponibles suggèrent un déclinprogressif de la faim et de la pauvreté pour les prochaines années37; toutefois, cesprévisions sont encore très loin des objectifs de développement internationaux.En général, les environnements politique, économique et institutionnel àl’intérieur de la région, ne créent pas les stimulants nécessaires à la productionagricole et, plus spécialement, à une croissance au bénéfice des pauvres. Lesprogrammes de développement avantagent encore les zones urbaines,l’agriculture est surtaxée et l’offre de biens collectifs ruraux est inférieure à celledes autres régions, alors que les coûts de transaction restent élevés. Les résultatsdes investissements en recherche agricole et vulgarisation ont été décevants, alorsque les conditions de commercialisation se détériorent. De plus, la mauvaisegestion des gouvernements, les guerres civiles, la dégradation du respect del’ordre et de la loi, l’inégalité entre hommes et femmes, les bas niveaux descolarisation et le SIDA sont des sujets particulièrement préoccupants.

L’abondance des ressources naturelles dans la région est un bon point dedépart pour un développement agricole en faveur des pauvres. Les ajustementsdes politiques nationales, la réorientation des institutions et la fourniture de bienscollectifs et de services seront nécessaires pour stimuler ce développement.L’analyse des principaux systèmes d’exploitation agricole montre l’importancerelative des stratégies des ménages pour échapper à la pauvreté – par ordred’importance: diversification; intensification; accroissement de la taille desexploitations; sortie du secteur agricole et augmentation des revenus en dehorsde l’exploitation. L’objectif stratégique global doit être une croissance agricole

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importante au bénéfice des communautés les plus pauvres et des groupes les pluspauvres de chaque communauté. La réduction de moitié de la faim et de lapauvreté d’ici à 2015 implique des efforts massifs pour stimuler la croissance, quien fin de compte dépend de l’initiative et de l’effort des familles d’agriculteurselles-mêmes à l’intérieur de chaque système de l’exploitation agricole. Il n’est paspossible à partir de cette étude régionale de prescrire des actions spécifiques auniveau national; toutefois, elle montre que cinq initiatives stratégiques liées entreelles peuvent permettre de relever le défi de réduire la faim et la pauvreté danscette région.

Gestion durable des ressources. La gestion durable des ressources doit prendre enconsidération la dégradation très générale des terres, le déclin de la fertilité dessols et les bas rendements résultant des faibles pluviométries. Elle doit permettrela récupération des sols et l’augmentation de la productivité. Les éléments decette gestion comprennent: 1) une bonne connaissance agricole au niveau desagriculteurs et l’existence de systèmes d’information permettant de faireconnaître les technologies et les réussites; ii) l’amélioration des ressources tellesque la petite irrigation et la conservation de l’eau; iii) la recherche appliquéeparticipative centrée sur des technologies intégrées combinant les connaissanceslocales et celles des scientifiques, en rapport avec une agriculture de conservation,l’agroforesterie, la gestion intégrée des ravageurs et l’intégration de l’élevage etde l’agriculture; et iv) le renforcement d’associations d’utilisateurs de ressources.

Meilleur accès aux ressources. L’accès des petits agriculteurs aux ressourcesagricoles doit leur permettre de créer une base de ressource viable pour eux etleurs familles. Ses composantes comprennent : l’ajustement de la législation, lerenforcement de l’administration publique des terres et un système fonciercommunautaire fonctionnel.

Réduction de la vulnérabilité des ménages. La gestion du risque au niveau desménages réduira leur vulnérabilité agricole vis-à-vis des accidents naturels etéconomiques, si courant dans l’agriculture en Afrique. Ses composantescomprennent: les variétés précoces résistantes à la sécheresse et les races animalesrobustes; des pratiques culturales améliorées pour la rétention de l’humidité; desmécanismes d’assurance; et le renforcement des mécanismes traditionnels etautres contre la diffusion des risques.

Réponses au SIDA. Il est nécessaire d’entreprendre une action immédiate pourarrêter le développement et l’impact du SIDA. Cette action doit comprendre: descampagnes d’information; une offre de préservatifs à bon marché; un traitementabordable de la maladie; une réforme foncière pour empêcher que les veuves

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ne perdent l’accès et le contrôle de la terre et de la propriété du ménage del’époux décédé; la formation agricole pour les orphelins du SIDA; et desassistance pour renforcer les efforts des communautés rurales qui aident lesorphelins du SIDA.

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CONTEXTE RÉGIONAL

CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉGION

La région1 du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord comprend 14 pays outerritoires de revenus bas à moyen; elle s’étend de l’Iran au Maroc (voir carte). Sapopulation est de 296 millions d’habitants dont 120 millions vivent en zone rurale.Parmi ceux-ci, 84 millions dépendent de l’agriculture – y compris de la pêche et del’élevage. La région possède des sites historiques habités de longue date et unelongue histoire d’émigration à partir d’autres zones. Le Moyen-Orient constitue unimportant site archéologique de l’agriculture sédentaire des premiers âges, il est lecentre de l’origine et de la diversification de plusieurs céréales majeures et delégumineuses, ainsi que le centre de la domestication des moutons et des chèvres.Cette région fut aussi une zone importante d’innovation en agriculture entre le IVe

et le XIe siècle, lorsque de nombreuses nouvelles cultures et technologies furentintroduites d’Extrême-Orient.

Les modèles d’occupation des terres dépendent de l’histoire et des changementspolitiques; les populations augmentent dans les grandes cités et se concentrent dansles villages les plus importants des zones rurales. La région comprend un grandnombre d’éleveurs nomades qui se déplacent selon les saisons entre les régions debasse altitude et montagneuses et entre des zones humides et la steppe sèche. Lalongue histoire du peuplement humain, l’inégal accès à la terre et l’urbanisationcroissante ont conduit à une dégradation sérieuse des sols et des ressourcesforestières dans la plus grande partie de la région.

La superficie de la région est de 1 100 millions d’hectares. Elle comprend unegrande diversité d’environnements. Cependant, les zones arides et semi-arides aux

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1Voir l’annexe 3 pour la liste des pays de la région. La Turquie n’en fait pas partie, elle a été incluse dans la région del’Europe de l’Est et de l’Asie centrale.

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pluviométries faibles et variables prédominent. Les zones les plus humides ont unclimat méditerranéen, caractérisé par des étés longs et secs et des hivers doux ethumides. Ces zones modérément humides représentent moins de 10 pour cent dela superficie mais elles abritent presque la moitié de la population, tandis que leszones plus sèches représentent presque 90 pour cent des terres mais abritent moinsde 30 pour cent de la population. Ces ensembles comprennent des centres depopulation souvent dispersés, situés dans des zones très irriguées à l’intérieur dezones arides et semi-arides. De plus, les grands périmètres irrigués – qui couvrentseulement 2 pour cent de la terre – regroupent 17 pour cent de la populationagricole.

Les cultures pluviales sont pratiquées pendant la période la plus humide del’hiver, alors que les zones irriguées sont cultivées toute l’année. Les principalescultures pluviales sont le blé, l’orge, les légumineuses, les olives, le raisin, les fruitset le maraîchage. Une large gamme de cultures subtropicales, y compris fruits etlégumes, est aussi pratiquée sous irrigation pendant les mois d’été. Le bétail,surtout les moutons et les chèvres, représente une composante importante denombreux systèmes d’exploitation agricole; il permet de relier entre eux lesdifférents systèmes – du pastoralisme extensif aux feedlots périurbains.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ne sont pas des zones particulièrementpauvres comparées aux autres régions en développement. Le développementprécoce des civilisations basé, dans une grande partie de la région, sur les systèmesd’irrigation a posé les fondements des systèmes de production intensive encore enusage aujourd’hui. De plus, des preuves historiques indiquent qu’à l’époqueromaine la quasi-totalité de l’Afrique du Nord bénéficiait d’une pluviométriesuffisante pour permettre couramment la culture pluviale des céréales et d’autresproductions végétales. Les conditions climatiques et la couverture végétale du solsemblent s’être détériorées depuis lors.

Historiquement, les périodes de malnutrition en zones rurales ont étéprincipalement dues aux pertes de récoltes résultant de sécheresses, de ravageurs,ou de la faiblesse des crues annuelles dans la vallée du Nil. La croissance rapide dela population, en liaison avec l’amélioration des taux de survie des enfants et ladiminution de la mortalité en général, menace maintenant cet équilibre. Les villesen expansion attirent de nombreux jeunes, les taux de chômage en zones urbainessont élevés. On estime à environ 2 pour cent seulement la proportion de lapopulation totale vivant en dessous du seuil de pauvreté internationale de 1 dollarEU par jour; toutefois, quelque 9 pour cent (soit 33 millions de personnes)2 sontsous-alimentées, elles vivent principalement en zones rurales.

La pauvreté est beaucoup plus répandue dans les zones rurales qu’en ville. Uneforte proportion de ménages pauvres se rencontre chez les agriculteurs ou leséleveurs qui dépendent de l’agriculture comme première source d’alimentation etde subsistance. La pauvreté est due, avant tout, au manque d’accès aux ressources

2FAO 2000a.

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limitées en terres et en eau et à la faible productivité, aggravée par unepluviométrie très irrégulière, des options de culture et d’élevage relativement peunombreuses, ainsi qu’une continuelle dégradation des ressources naturelles. L’accèsdes familles, de plus en plus nombreuses, à la terre devient déjà un problèmemajeur dans beaucoup de pays. La propriété foncière est très inégalement répartie:un petit nombre d’agriculteurs possède de grandes quantités de terres de lameilleure qualité. De plus, la fragmentation de nombreuses exploitations conduit àdes pratiques inefficaces de gestion de la terre. Les marchés ruraux sontgénéralement peu développés et de nombreuses mesures politiques sont orientéesvers les besoins urbains – la plupart en faveur d’une mise à disposition denourriture bon marché. Les céréaliers et les éleveurs sont particulièrementvulnérables aux impacts des subventions sur les grains importés.

Historiquement, l’agriculture a joué un rôle essentiel dans le développement denombreuses économies du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord; d’abord avec laproduction de céréales et l’élevage, ensuite avec le développement de la productionfruitière, maraîchère et de cultures de rente dans les périmètres totalement oupartiellement irrigués. En 1997, l’agriculture contribuait à 13 pour cent du PIBrégional et représentait 19 pour cent des exportations et 50 pour cent des emploisdans la région. Cependant, il existe de grandes variations entre pays selonl’importance relative du revenu non agricole dans leur économie. L’accès à l’eau, àla fois en terme de quantité et de qualité, demeure un problème majeur pour leséconomies agricoles et nationales. De nombreuses économies ont dû, du fait dupotentiel relativement faible d’augmentation de la production en l’absenced’irrigation, se tourner vers d’autres solutions pour leur croissance économique,dont le pétrole, les mines, les manufactures, les activités de commerce internationalet autres.

PRINCIPAUX SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE DU MOYEN-ORIENT ET DE L’AFRIQUE DU NORD

Les critères présentés au premier chapitre 1 ont permis d’identifier et de délimitergrossièrement huit principaux systèmes d’exploitation agricole. Leur liste estprésentée au tableau 3.1 et leur localisation géographique est indiquée sur la cartecorrespondante.

Système d’exploitation agricole irrigué Etant donné la nature aride et semi-aride de la plupart des régions d’Afrique duNord et du Moyen-Orient, le système d’exploitation agricole irrigué a toujours étéd’une importance cruciale pour fournir une bonne partie de la production agricolerégionale. Ce système comprend à la fois des grands et des petits périmètresirrigués. Le système des grands périmètres couvre 8,1 millions d’ha de terres

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irriguées et une population agricole de près de 16 millions3 de personnes,entraînant de fortes densités de population et généralement des exploitations depetite taille. La présence de la pauvreté dans ces deux sous-systèmes est modérée.

Traditionnellement, les zones à l’intérieur du sous-système des grandspérimètres irrigués ont bénéficié d’approvisionnement permanents en eau desurface, tels que les vallées du Nil et de l’Euphrate, mais l’intensification dessystèmes traditionnels karez ou qanat a aussi conduit à l’évolution des grandessuperficies irriguées partout où l’eau souterraine est abondante. Plus récemment,les technologies récentes de forage et pompage ont permis le développement denouvelles zones à partir de nappes aquifères souterraines. Les grands périmètres setrouvent dans toutes les zones et produisent des cultures de rente et d’exportationde grande valeur ainsi que des fruits et légumes cultivés intensivement. Lesmodèles d’utilisation de l’eau sont très variés mais, dans toute la région, despolitiques inappropriées du prix de l’eau et des systèmes de gestion centralisée font que l’eau est rarement utilisée de façon efficace. L’utilisation excessive denappes aquifères non rechargeables a eu des répercussions économiques etenvironnementales importantes. De plus, dans un certain nombre de cas,l’application excessive d’eau d’irrigation a entraîné la remontée de la nappephréatique et des problèmes de salinisation et de sodisation des sols.

Le sous-système de la petite irrigation se rencontre dans toute la région; bienque moins important que celui des grands périmètres en terme de nombre depersonnes impliquées ou de production de cultures vivrières et autres c’est unélément important de survie pour de nombreuses personnes des zones arides etmontagneuses éloignées. Ce sous-système, qui peut être très ancien, se développegénéralement le long des petits cours d'eau permanents et dans les oasis ou dans lesendroits où l’irrigation de crue est possible. Il tire parfois l’eau de nappes aquifèrespeu profondes et de forages, bien que ceux-ci soient rarement aussi profonds queceux rencontrés dans les grands périmètres. Les principales cultures pratiquéesavec la petite irrigation sont les céréales, les fourrages et le maraîchage. Onrencontre aussi dans ces zones des centres d’activité socioéconomique, mais laconcurrence pour l’utilisation des ressources limitées en eau entre les petitsagriculteurs et les autres usagers devient de plus en plus forte. Le sous-système dela petite irrigation n’est pas répertorié sur la carte à cause de son caractère trèsdispersé, mais les zones importantes de petite irrigation à l’intérieur d’autressystèmes de production sont indiquées par des hachures sur la carte régionale.

Système d’exploitation agricole mixte des hautes terresLe système d’exploitation agricole mixte des hautes terres est, avec 27 millions depersonnes engagées dans l’agriculture, le plus important de la région en terme depopulation; il ne recouvre toutefois que 74 millions d’hectares (7 pour cent) des

3Ces estimations de terre et de population correspondent au sous-système des grands périmètres. La terre et lapopulation des petits périmètres irriguées dispersés sont incluses dans les totaux des autres systèmes de production.

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superficies, conduisant ainsi à des densités de population relativement élevées. Lasuperficie des terres cultivées est de 22 millions d’hectares dont presque cinqmillions sont irrigués. Elle comprend deux sous-systèmes qui parfois se superposent.Le premier est dominé par les cultures pluviales de céréales et de légumineuses, descultures arboricoles, des arbres fruitiers et des oliviers en terrasses, associées à lavigne. Au Yémen, ce sous-système comprend les cultures de café et de qat qui sonttraditionnellement les cultures arbustives les plus importantes des régionsmontagneuses. Le deuxième sous-système est basé en premier lieu sur l’élevage(principalement moutons) sur des terres gérées de façon communautaire. Danscertains cas, le bétail et les éleveurs sont transhumants, migrant de façon saisonnièreentre les basses terres de steppe plus humide en hiver et les hautes terres pendantla saison sèche. Ce type d’élevage est encore important en Iran et au Maroc. Lapauvreté est très fréquente dans ce système; les marchés sont souvent éloignés,l’infrastructure peu développée et la dégradation des ressources naturelles yconstitue un sérieux problème.

Système d’exploitation agricole mixte pluvialLe système d’exploitation agricole mixte pluvial abrite presque 18 pour cent de lapopulation agricole mais n’occupe que 2 pour cent des terres, ce qui entraîne uneforte densité de population. Les terres cultivées s’étendent sur 14 millionsd’hectares, y compris les cultures arboricoles et la vigne; on y trouve environ huitmillions d’animaux.

Bien que ce système soit, par définition, principalement pluvial, une zone deplus en plus grande (actuellement environ 0,6 millions d’hectares) bénéficie detechniques de forage et de pompage, qui permettent une irrigation de supplémenten hiver sur le blé et une irrigation totale en été sur les cultures de rente4. On ytrouve des pâturages de saison sèche pour les moutons migrant des zones desteppe. Les zones les plus humides (600 à 1 000 mm de pluviométrie annuelle) sontcaractérisées par des cultures arboricoles (olives et fruits), les melons et les raisins.On y rencontre aussi des cultures5 protégées avec irrigation de complément(pommes de terre, maraîchage et fleurs). Les cultures les plus courantes sont le blé,l’orge, l’avoine, le pois chiche, les lentilles et les cultures fourragères, les vesses etles luzernes. La pauvreté est modérée, mais serait plus forte sans les revenus horsexploitation des travailleurs migrants saisonniers.

Système d’exploitation agricole mixte des terres sèchesLe système d’exploitation agricole mixte des terres sèches se trouve dans les zonessèches subhumides qui reçoivent une pluviométrie annuelle entre 150 et 300 mm.Ce système abrite une population agricole de 13 millions de personnes et couvre 17 millions d’hectares de terre cultivée. La densité de population y est généralement

4Rodríguez et al., 1999.

5Principalement en utilisant des tunnels de polyéthylène.

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plus faible que dans les autres principaux systèmes de culture et la taille moyennedes exploitations y est plus grande. Les principales céréales pluviales cultivées sontl’orge et le blé dans une rotation incluant une année ou deux de jachère, mais lerisque de sécheresse est grand et l’insécurité alimentaire très importante. L’élevagecompte six millions de bovins et un plus grand nombre de petits ruminants; soninteraction avec la production de céréales et de fourrages est forte. Les bonnesannées, l’orge pluviale est cultivée pour son grain, mais lorsque la pluviométrie estinsuffisante pour permettre sa maturation, il n’est pas rare de la voir consomméecomme fourrage par le bétail. Les variétés locales d’orge sont particulièrement bienadaptées à ce système. Le développement de cultures de plus forte valeur, tels queles fruits et le maraîchage a été limité non seulement par la faiblesse de lapluviométrie, mais aussi par les difficultés de commercialisation. La pauvreté estfréquente chez les petits agriculteurs.

Tableau 3 Les principaux systèmes d’exploitation agricole du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

Systèmes Superficie Pop. agricole Principales Fréquence de d’exploitation (% de (% de activités la pauvretéagricole la région) la région)

Irrigué 2 17 Fruits, légumes, Moyennecultures de rente

Mixte des hautes terres 7 30 Céréales, légumineuses, Importantemoutons, travail hors

exploitation

Mixte pluvial 2 18 Arboriculture, céréales, Moyenne légumineuses, travail hors - (pour les petits

exploitation agriculteurs)

Mixte des terres sèches 4 14 Céréales, moutons, Importantetravail hors (pour les petits exploitation agriculteurs)

Pastoral 23 9 Moutons, chèvres, Importante (pour orge, travail hors les petits gardiens

exploitation troupeaux)

Dispersé (aride) 62 5 Chameaux, moutons, Faibletravail hors exploitation

Basé sur la pêche 1 1 Pêche, travail hors Moyennecôtière artisanale exploitation

Urbain >1 6 Horticulture, volaille, Faibletravail hors exploitation

Source: données FAO et avis d’experts.

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Système d’exploitation pastoral Le système pastoral, qui comprend surtout des moutons et des chèvres mais aussiquelques bovins et des chameaux, se rencontre sur près d’un quart de la superficiede la région, équivalent à environ à 250 millions d’hectares. Il est localisé sur delarges zones de steppe semi-aride et est caractérisé par des densités de populationsfaibles, relativement plus fortes autour des périmètres irrigués. On compte environ2,9 millions d’ha de terres agricoles irrigués dispersés dans tout le système,augmentant ainsi la population agricole – qui atteint environ huit millions depersonnes – et permettant la présence de 2,5 millions de têtes de bétail. Lesmouvements d’animaux – pâturage saisonnier des troupeaux dans les zones les plushumides et vente d’animaux aux grands feedlots des régions urbaines – créés desliens étroits avec les autres systèmes. La migration saisonnière, particulièrementimportante pour minimiser les risques, dépend de la disponibilité en herbe, en eauet en résidus de récolte des systèmes d’exploitation agricole voisins. De nos jours, lestroupeaux des nomades sont souvent partiellement contrôlés et financés par lecapital urbain. Lorsque l’eau est disponible, les familles d’éleveurs cultivent depetites superficies pour supplémenter leur régime alimentaire et accroître leursrevenus. Cependant, de tels sites sont peu nombreux et la pauvreté est importantedans ce système de production.

Système d’exploitation agricole dispersé (aride)Le système d’exploitation agricole dispersé (aride) couvre plus de 60 pour cent dela région et comprend de vastes zones désertiques. Quelque quatre millions depersonnes (environ 5 pour cent de la population agricole de la région) vivent dansce système; elles sont concentrées dans les oasis et un certain nombre de périmètresirrigués (particulièrement en Tunisie, Algérie, Maroc et Libye). Environ 1,2 millionsd’hectares de terres irriguées sont utilisées pour la production de dates, d’autrespalmiers, de fourrage et de maraîchage. De plus, on estime à 2,7 millions de têtes lenombre de bovins. Les éleveurs de ce système ont aussi des chameaux, des chèvreset des moutons. Le système fournit des possibilités de pâturage pour les troupeauxdes éleveurs, lors des rares orages et en bonne saison. La frontière entre lespâturages des éleveurs et les systèmes de production dispersés est floue et dépenddes conditions climatiques. La pauvreté à l’intérieur de ce système est généralementfaible car la pression démographique y est limitée.

Système d’exploitation basé sur la pêche côtière artisanaleLes petits pêcheurs artisanaux ont vécu le long des côtes de la Méditerranée et del’océan Atlantique pendant des milliers d’années, supplémentant leur revenu de lavente de poissons par la production végétale à petite échelle et l’élevage. On estimela population de ce système à environ un million de personnes, il s’étend surquelque 11 millions d’hectares. L’importance du système de pèche artisanale adiminué avec l’extension de la pêche industrielle.

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Système d’exploitation agricole urbainDans toute la région, une fraction de la population urbaine, estimée à moins de6 millions de personnes, se consacre à la production à petite échelle de produitshorticoles et d’élevage – surtout fruits, maraîchage et volaille. La contribution de cesystème au PIB agricole est actuellement faible; toutefois, on peut s’attendre à lacroissance des feedlots pour le bétail, de la production des fruits et des culturesmaraîchères intensives au cours des prochaines décennies. Ce système entretientparfois des liens étroits avec les systèmes de production périurbains et ruraux.

GRANDES TENDANCES AU MOYEN-ORIENT ET EN AFRIQUE DU NORD

Cette section décrit les grandes tendances de la région en termes de: i) population,faim et pauvreté; ii) ressources naturelles et climat; iii) science et technologie; iv) libéralisation du commerce et développement des marchés; v) politiques,institutions et biens collectifs; et vi) information et capital humain. A la fin de lasection, quatre systèmes parmi ceux décrits précédemment sont étudiés plus endétail et analysés.

Population, faim et pauvretéIl est prévu que la population de la région qui est actuellement de 296 millions depersonnes6, soit pratiquement multipliée par deux d’ici à 2030. Cet accroissement dela population pourrait avoir un impact très négatif dans les zones où les sols sontfragiles ou vulnérables et les terres en pente; il aura d’importantes répercussions surles ressources en eau dans toute la région. Les zones autour des principaux centresde population vont probablement souffrir de formes variées de dégradation del’environnement et de manque d’eau.

Bien que quelques progrès aient été réalisés depuis 1970, on estime que33 millions de personnes de la région étaient encore sous-alimentés en 1995-19977.Ce nombre ne devrait pas changer beaucoup d’ici à 2030; toutefois, le pourcentagede la population sous alimentée diminuera. La consommation moyenne journalièrede calorie est aujourd’hui de 2 980 kcal – soit 13 pour cent supérieure á la moyennede l’ensemble des pays en développement et la plus haute parmi les six régions decette étude. Elle reflète le haut niveau de consommation de céréales (20 pour centplus élevé que la moyenne du monde en développement) et de viande, et l’accès àl’alimentation supérieur à la moyenne dans les pays riches en pétrole de la région.Cependant, cette moyenne masque l’existence de groupes vulnérables à l’intérieur

6FAO (2000a) prévoit une croissance de la population de la région de 1,9 pour cent par an pour la période 1995/1997-2015 et 1,4 pour cent par an pour la période 2015-2030, comparée à 1,4 et 1,0 pour cent pour l’ensemble des pays endéveloppement.

7FAO, 2000a.

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de certains pays et des différences importantes entre les pays exportateurs depétrole et les pays non exportateurs.

La croissance globale de la consommation calorique estimée à six pour cent estfaible, mais la région aura atteint en 2030, un niveau de consommation journalièrede 3 170 kcal, bien supérieur à celui de la moyenne du monde en développement,estimé à 3 020 kcal. L’augmentation devrait provenir surtout de la croissancecontinue de la consommation de viande (60 pour cent). Dans de nombreuses zonesrurales, la qualité de la nutrition est mauvaise, particulièrement pour les personnesles plus pauvres des zones les plus sèches et des systèmes d’exploitation les plusdispersés. Bien que l’accès à la viande et aux céréales soit relativement bon, lesproduits maraîchers et les fruits sont plutôt rares et chers. La figure 1.3 du premierchapitre montre qu’il y a eu une réduction de la pauvreté estimée en dollars dansla région au cours de la dernière décennie.

Ressources naturelles et climatDepuis 1961, l’accroissement des surfaces cultivées a été de 14 pour cent, tandis quel’intensité de culture a augmenté de 13 pour cent pendant la même période. Le totaldes surfaces cultivées est aujourd’hui de 65 millions d’hectares, soit 76 pour cent dutotal estimé. Ces chiffres indiquent que la majorité des terres est déjà exploitée etqu’il existe peu de possibilité d’expansion. Néanmoins, on s’attend à ce que lepourcentage des surfaces cultivées atteigne 82 pour cent en 2030. Toutefois, lescontraintes agricoles sur les terres nouvellement mises en culture seront souventimportantes (contraintes climatiques, fortes pentes et sols pauvres). L’accès à la terredeviendra de plus en plus difficile au cours des prochaines années –particulièrement pour les personnes les plus pauvres – et l’accroissement prévisiblede la mise en culture des terres marginales conduira à une dégradation importantede l’environnement.

Actuellement, plus de 20 millions d’hectares de terres sont irrigués –représentant 32 pour cent du total des terres cultivées et 60 pour cent des terrespotentiellement irrigables. L’efficacité moyenne de l’irrigation est de 50 pour cent,un peu plus élevée que la moyenne de 43 pour cent pour l’ensemble des pays endéveloppement. Les ressources hydrologiques exploitées de la région représentent1,4 pour cent du total des ressources en eau renouvelables du monde endéveloppement. En raison de l’aridité de la région l'irrigation est le principalmoyen d’intensification agricole et de diversification. En dehors des grandspérimètres irrigués, les besoins agricoles en eau ont traditionnellement été couvertspar l’exploitation de l’eau souterraine peu profonde et le goutte-à-goutte à petiteéchelle. Le XXe siècle a vu la construction de plusieurs grands barrages pourfournir l’eau d’irrigation de grands périmètres couvrant de nombreux kilomètrescarrés. De plus, l’eau souterraine a été progressivement utilisée pour pallier lemanque d’eau, ce qui a entraîné, pour de nombreux pays, une demande dépassantsouvent les capacités réelles.

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Des calculs faits à partir des surfaces irriguées et de l’efficacité de l’irrigation,montrent que 58 pour cent de l’eau disponible de la région sont utilisés pourl’irrigation. Quatre pays de la région (Jordanie, Libye, Arabie Saoudite et Yémen)utilisent déjà des volumes d’eau qui dépassent les capacités de recharge. En raisondes demandes croissantes d’eau, à la fois pour les villes et pour les systèmes intensifsde production agricole, la diminution des ressources en eau deviendraprobablement un problème aigü dans de nombreux endroits. Durant la période2000-2030, la superficie totale irriguée de la région devrait, selon les prévisions,s’accroître de 20%. Ainsi, le total des terres irriguées représentera 77 pour cent del’ensemble des terres potentiellement irrigables. L’ensemble des besoins en eaud’irrigation devrait augmenter de 14 pour cent et l’efficacité de l’eau utilisée devraitatteindre 65 pour cent.

En tenant compte des prévisions d’expansion des surfaces irriguées, l’eauutilisée pour l’irrigation devrait représenter 67 pour cent des ressources en eaurenouvelables de la région. Ces données moyennes cachent des situations beaucoupplus sérieuses dans un certain nombre de lieux où le prélèvement de l’eausouterraine dépasse la capacité de recharge, épuisant ainsi des réservesstratégiques. La compétition économique pour les ressources limitées en eaurenouvelable de la région s’accentue. Les conflits sur les droits d’usage de l’eau etl’allocation des ressources entre secteurs et entre pays s’intensifient alors que leslimites économiques de captage sont atteintes. Dans ces circonstances, ledéveloppement de l’irrigation dépend de plus en plus des réalitéssocioéconomiques et environnementales, au point que la gestion de la demande enl’eau et des services d’irrigation devient maintenant impérative.

Science et technologieLa croissance de la production végétale d’ici à 2030 est estimée à 1,7 pour cent paran (comparée à 1,6 pour cent par an pour l’ensemble des pays en voie dedéveloppement). Pendant la période 1961-1997, la production végétale s’est accruegrâce à l’expansion des terres cultivées (29 pour cent) et à l’accroissement desrendements (71 pour cent). Le blé domine la production céréalière. En 2000, larégion a produit 23 millions de tonnes de blé avec un rendement moyen de1,4 tonne/ha – représentant une augmentation annuelle de rendement de 1,8 pourcent depuis 1970 (voir tableau 3.2). Bien que l’orge occupe la deuxième place pourles surfaces cultivées, elle est dépassée par le maïs et le riz pour la production. Laproduction d’olive, qui représente une valeur importante d’exportation, était de2,8 millions de tonnes avec un rendement moyen de 2 tonnes/ha. Pendant ladernière décennie, la région a été témoin d’une croissance rapide de la productiond’olive en termes à la fois de superficie (2,1 pour cent par an) et de rendement(5,5 pour cent par an). De nouvelles augmentations substantielles de rendementsont attendues au cours des trois prochaines décennies.

La consommation actuelle d’engrais représente 7,2 pour cent du total del’ensemble des pays en développement. Toutefois, l’accroissement de la

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consommation d’engrais de la région a été faible au cours de la dernière décennie,comparé au 3,5 pour cent d’augmentation annuelle pour le monde endéveloppement. Cependant, on prévoit un accroissement graduel de laconsommation pour les trois prochaines décennies.

La région possède 197 millions de têtes de moutons et de chèvres (voir tableau3.3) soit environ un septième de la population totale de ces animaux des pays endéveloppement. Il existe une grande variété de systèmes de production pour lesmoutons et les chèvres: systèmes pastoraux extensifs, exploitation saisonnière desrésidus de récolte dans les systèmes de culture et feedlots dans les zones urbainesles plus importantes. Plusieurs de ces systèmes sont étroitement associés entre eux.

Le nombre de volailles (900 millions en 2000) s’est accru au cours des dernièresdécennies à un rythme de 6 pour cent par an (pratiquement le double de celui del’ensemble des pays en développement). Ce taux de croissance devrait diminuerpendant la période 2000-20308.

Dans de nombreux pays la production est dominée par quelques grandes unitésqui limitent les possibilités d’entrer sur le marché pour les petits éleveurs. Pendant ladernière décennie, les nombres de bovins et de buffles se sont accrus de 0,6 pour centpar an. Bien que les conditions de la région conviennent assez mal à la productionbovine, cet accroissement devrait se poursuivre jusqu’en 2030. La productionannuelle totale de viande est actuellement proche des 6 millions de tonnes, elledevrait continuer à croître d’ici à 2030. La production laitière est actuellement de 17

Tableau 3.2 Tendances de l’évolution des superficies des cultures, des rendements etdes productions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 1970-2000.

Superficie Rendements Production Variation annuelle moyenneCulture récoltée 2000 2000 1970-2000 (%)

2000 (m ha) (tonnes/ha) (m tonnes) Superficie Rendement Production

Riz 1 6,2 9 1,3 1,3 2,6

Blé 16 1,4 23 0,4 1,8 2,2

Maïs 1 6,1 8 0,3 3,3 3,6

Orge 7 0,6 4 0,0 -0,7 -0,7

Légumineuses 2 0,8 2 0,8 0,0 0,8

Oléagineux 4 0,3 1 0,8 1,8 2,7

Maraîchers 3 17,9 44 2,3 1,7 4,0

Fruits 3 9,3 30 3,0 1,0 4,1

Source: FAOSTAT.

8FAO 2000a.

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millions de tonnes, son taux de croissance est de 3,4 pour cent par an depuis 1970.Toutefois, le taux de croissance pour la période 2000-2030 devrait être plus faible9.

Libéralisation du commerce et développement des marchésLa libéralisation du commerce a favorisé les grands producteurs de la région, alorsque de nombreux petits opérateurs sont sortis de la production agricole et de soncommerce. Les petites entreprises agro-industrielles ont de plus en plus de mal àêtre compétitives et il y a peu de domaines où elles ont encore un avantagecomparatif. Le niveau de développement des petites industries agroalimentaires detransformation est faible dans presque tous les pays. Le développement des petitesentreprises a généralement été réalisé par un individu ou une famille et non pas parle mouvement coopératif ou par des organisations de producteurs.

L’absence de crédit pour les petits producteurs et le manque d’informationcommerciale concernant les marchés éloignés ont contribué à limiter ledéveloppement de la production.

Cependant, de nombreux ménages agricoles ont, souvent grâce à des liensfamiliaux, diversifié leurs sources de revenu en développant des activités horsexploitation comme le tourisme, la restauration ou d’autres activités de services.Cette tendance devrait continuer au cours des 30 prochaines années et le revenuhors exploitation prendra de plus en plus d’importance, spécialement pour lesménages pauvres.

Tableau 3.3 Tendances de l’évolution des populations animales et des productions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 1970-2000

Espèce Millions de têtes 2000 Variation annuelle moyenne1970-2000 (%)

Bovins 21 0,8

Moutons 143 1,6

Chèvres 54 1,5

Chameaux 1 0,3

Volaille 905 5,8

Produit Production 2000 (millions de tonnes) Variation annuelle moyenne (%)

Total viande 6 4,5

Total lait 17 3,4

Total oeufs 2 5,4

Source: FAOSTAT.

9FAO 2000a.

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Le développement des marchés au cours des prochaines décennies dépendraétroitement des relations entre la région et l’Union européenne (UE). La croissancedes revenus dans les pays méditerranéens de l’UE augmentera la demande pour lesproduits d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et attirera sans doute desinvestissements européens. Néanmoins, les politiques des gouvernements enmatière de développement des entreprises privées affecteront fortement la vitessede réponse à ces opportunités.

Politiques, institutions et biens collectifsLes politiques de développement et d’investissement en biens collectifs ont favoriséle milieu urbain pendant de nombreuses décennies. Beaucoup d’institutionspubliques ont, dans un passé récent, été extrêmement centralisées et les politiquesde développement ont eu tendance à favoriser une alimentation bon marché pourles habitants des zones urbaines. Les investissements dans les infrastructures ontaussi favorisé les principaux centres de population, surtout en ce qui concernel’accès à l’eau potable, les services de base et les communications. Le développementdes systèmes routiers a généralement servi la sécurité nationale ou des objectifsurbains, plutôt que le développement rural; en réalité, leur construction est parfoisentrée en conflit avec les besoins agricoles. De même, une grande quantité de terresde bonne qualité a été perdue en bordure des villes en raison du manque deréglementation et de planification. Les conflits sur la répartition de l’eau depompage sont déjà très préoccupants dans les centres urbains et autour de ceux-ci,ils devraient s’intensifier dans le futur.

La réforme foncière, même dans les pays l’ayant déjà entrepris, demeure un desproblèmes les plus difficiles à résoudre car, en l’absence de tout processus derationalisation et de regroupement des terres, beaucoup de personnes tiennent àleur propriété morcelée. La migration des jeunes gens vers les villes montre bienqu’il n’existe pas une réelle volonté de changer le présent système d’attribution etd’héritage. Les seules places où l’on observe des changements majeurs sont cellesoù les opérateurs ont pu racheter des petites exploitations. On s’accorde àreconnaître que la réorganisation des petites propriétés est un préalable àl’introduction des technologies de conservation des sols et de l’eau à long terme.

Les politiques nationales pour l’élevage ont eu tendance à aggraver lesproblèmes de surpâturage, par l’encouragement de l’importation de céréales bonmarché et par le manque de contrôle du nombre de têtes de bétail. Les progrèstechnologiques dans le transport du bétail et de l’eau et le rôle du capital privé ontcontribué à maintenir une très forte pression sur les ressources naturelles despâturages. Le manque de réglementation a sapé le pouvoir des anciennesinstitutions et le système de gestion communale des pâturages qui avaient étéélaboré pour gérer les ressources d’une manière durable.

Le haut degré de centralisation des systèmes de planification et l’impositionrigide d’objectifs de production ont détruit l’innovation et la diversification dans denombreux endroits – particulièrement dans les grands périmètres irrigués. La

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recherche s’est rarement intéressée aux problèmes pratiques des producteurs enzones à risque ou à l’utilisation plus efficace de l’eau. La recherche de marché pourles petits producteurs a été minimale. La vulgarisation a souvent été imposée d’enhaut, laissant peu de place aux initiatives des agriculteurs ou aux possibilités departenariat.

Information et capital humainBien que certains pays aient adopté une politique restrictive de déplacement, lescommunications entre les capitales de la région et l’Europe sont, depuis denombreuses années, relativement bonnes. Cependant, l’absence de voies decommunications dans les zones rurales a empêché les agriculteurs de nombreuxpays de répondre aux nouvelles opportunités du marché international. Cettesituation devrait changer avec les récentes avancées de la technologie del’information, dont les satellites et les téléphones cellulaires, qui ouvrent denouvelles possibilités de communication.

Les services gouvernementaux de vulgarisation de plusieurs pays de la régionétaient forts jusqu’à maintenant ; toutefois, ils se sont surtout intéressés aux zonesà fort potentiel et à la réglementation et au contrôle de l’utilisation des terres et despratiques de production. Les zones agricoles et pastorales avec de faibles densitésde population ont toujours manqué d’informations techniques et commercialesappropriées. Cependant, durant ces dernières années, certains pays ont utilisél’informatique pour disséminer l’information concernant la gestion agricole. Laformation des agriculteurs est restée en retard par rapport à d’autres régions, cequi a eu pour effet de freiner l’adoption de nouvelles technologies et l’efficacité deagriculture. Cette absence de formation a aussi empêché les populations agricolesde développer leur aptitude à des emplois hors exploitation.

La reconnaissance d’un certain nombre d’universités de la région durant les 25dernières années a permis à l’enseignement agricole universitaire de se mettre auniveau international. Toutefois, durant ces dernières années, les institutionsd’enseignement agricole n’ont, pour la plupart, pas modernisé leur enseignementet son mode de diffusion (recours au télé-enseignement par exemple). Cependant,de nombreuses universités pourraient s’améliorer très rapidement. Beaucoupd’entre-elles devraient pouvoir se moderniser durant les prochaines décennies.

Sélection des systèmes d’exploitation agricoleQuatre des huit systèmes de productions décrits précédemment ont été, sur la basede leur potentialité à réduire la pauvreté ou à favoriser la croissance agricole ainsiqu’en raison de leur importance démographique et économique, choisis pour uneanalyse plus détaillée:

● Le système d’exploitation agricole irrigué;● le système d’exploitation agricole mixte des hautes terres;● le système d’exploitation agricole mixte pluvial;● le système d’exploitation agricole mixte des terres sèches.

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Le système pastoral a aussi été inclus dans cette étude en raison de sonimportance pour les autres systèmes de production de la région. En effet, bien queson importance démographique soit faible et qu’il offre peu de possibilité de réduirela pauvreté, le système pastoral représente un réservoir de bétail qui alimente lesautres systèmes de production – soit d’une manière saisonnière, soit sous formed’animaux pour l’engraissement – lui conférant ainsi une importance régionale.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE IRRIGUÉ

Le système d’exploitation agricole irrigué se rencontre dans toute la région. Ilcomprend deux sous-systèmes bien distincts: le sous-système des grands périmètresirrigués, commun à un certain nombre de pays de la région, dont l’Iraq, la Syrie, leMaroc et l’Egypte, et le sous-système des petits périmètres irrigués, que l’onrencontre dispersé dans des petites zones à travers des pays comme l’Egypte, leYémen, Oman, la Syrie et les pays du Maghreb. Chacun des deux sous-systèmes estanalysé séparément.

SOUS-SYSTÈME DES GRANDS PÉRIMÈTRES IRRIGUÉS

CARACTÉRISTIQUES DU SOUS-SYSTÈME

Le sous-système des grands périmètresirrigués se rencontre habituellement lelong des grands fleuves en aval desbarrages; la plupart de ces périmètres ontune histoire très ancienne. La populationde ce sous-système est estimée à 16 millions d’habitants, il couvre unesuperficie totale de 19 millions d’hectares,dont environ 8 millions d’hectares sontéquipés pour l’irrigation (voir encadré 3.1). Il est dominé par l’agriculture intensivetout au long de l’année, pratiquée par les propriétaires et les fermiers.

De nombreuses zones souffrent de problèmes récurrents de mauvaise utilisationet gestion de l’eau, de salinité et d’alcalinité, et de présence de gypse dans leurs sols(Euphrate). Les grands périmètres irrigués représentent des superficies importantesde certain pays (delta du Nil) aux caractéristiques anciennes et aux techniques degestion de l’eau très sophistiquées. Les cultures de rente (comme le coton et labetterave à sucre), le maraîchage et autres cultures de forte valeur et le fourrage ysont courantes. L’intensité culturale varie de 120 à 160 pour cent. Certaines zonesabritent un grand nombre d’animaux (bovins, buffles, chèvres et moutons).

Encadré 3.1 Données de base: sous-système des grands périmètres irrigués

Population totale (m) 80

Population agricole (m) 16

Superficie totale (m ha) 19

Zone agroécologique Aride semi-aride

Superficie cultivée (m ha) 8

Superficie irriguée (m ha) 8

Population animale (m) 2

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De nombreux périmètres associent la propriété d’état et la propriété privée. Ladivergence des objectifs de gestion et la faiblesse des institutions sont les problèmesles plus courants. Généralement ces périmètres sont caractérisés par une gestioncentralisée à grande échelle pour l’accès et la distribution de l’eau, ils peuventêtre gérés en larges unités mécanisées. Dans d’autres périmètres, l’accès et ladistribution de l’eau sont aussi centralisées, mais la terre a été allouée à un grandnombre de fermiers ou de propriétaires qui gèrent individuellement de petitesparcelles de 0,5 à 5 ha et qui partagent certains autres intrants et des facilités decommercialisation. Les associations d’utilisateurs de l’eau (AUE) sont plusfréquentes dans ces conditions, elles s’occupent des opérations courantes et demaintenance et assurent la répartition de l’eau.

D’autres grands périmètres indépendants totalement irrigués ont vu le jour cesdernières années, ils sont financés et gérés de façon privée. L’eau est extraite parpompage, distribuée et utilisée par aspersion ou gravité par des agriculteurspratiquant des cultures de forte valeur pour l’exportation. Ces périmètresconcurrencent sur les marchés les zones irriguées plus anciennes; ils sont, de plus,une menace pour les petits périmètres voisins qui dépendent de systèmesd’exhaure plus simples. Le grand volume d’eau extrait des nappes phréatiquesprofondes contribue à l’abaissement de celles-ci, les taux d’extraction dépassantsouvent ceux de la recharge (bassin de Sanaa au Yémen, plaine de Sousse au Maroc,vallée de la Bekaa au Liban). L’encadré 3.2 présente une brève description d’unménage typique de ce sous-système.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SOUS-SYSTÈME DES GRANDSPÉRIMÈTRES IRRIGUÉS

L’histoire des grands périmètres irrigués gérés centralement n’est pasencourageante. Beaucoup d’entre eux ont connu des problèmes de mauvaisegestion de l’eau et des conflits concernant l’accès à l’eau (quantité et qualité). Lesprincipaux problèmes techniques sont: la sous utilisation et le manque d’efficacité

Encadré 3.2 Ménage typique du sous-système des grands périmètres irrigués

Un ménage de ce système a accès à 2,5 ha de terre et produit toute l’année les culturessuivantes: céréales, légumineuses, fourrage, fruits et cultures de rente telles que le cotonet la betterave à sucre. De plus, le ménage possède un petit nombre de bovins, de chèvreset de moutons nourri à partir de quelques pâturages communaux, de résidus de récolteset de fourrages cultivés. Les principaux problèmes sont: la mauvaise qualité du sol et del’eau et les conflits provenant de la divergence des objectifs entre l’état, les propriétaireset fermiers.

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des installations de surface; l’appauvrissement rapide des nappes aquifères; lamauvaise préparation des plans de distribution; la remontée des nappesphréatiques; la dégradation continue des sols; la salinité et l’alcalinité; la baisse dutaux de matière organique des sols; et les faibles rendements des cultures. Les coûtsde l’énergie et du machinisme sont aussi très élevés dans certains cas. Il existe enoutre de nombreux problèmes institutionnels et financiers concernant laresponsabilité des usagers dans l’organisation et la gestion des systèmes et lerecouvrement des coûts de fonctionnement.

On cherche actuellement à impliquer d’avantage les usagers dans la gestion del‘eau, afin d’améliorer les performances des grands périmètres irrigués. Cependantl’absence de législation concernant le transfert de responsabilités et de délégationd’autorité empêche souvent la participation des usagers aux décisions concernantla gestion de l’eau.

Des mesures pour réduire la demande en eau d’irrigation par le rationnementou la pratique de cultures ayant de plus faibles besoins en eau sont actuellementencouragées dans la région. Cependant, en raison des politiques de l’eau à basprix, les coûts des services d’irrigation et de l’eau sont souvent faibles par rapportaux autres coûts (semences, engrais, pesticides et énergie). Aussi serait-il seraitnécessaire de modifier les prix de l’eau et la politique des subventions,malheureusement les pays ne semblent pas en prendre le chemin. Il serait aussinécessaire de mettre en place toute une série de stimulants économiques afin defavoriser l’adoption et la diffusion de technologies innovatrices. Les subventions,lorsqu’elles sont accordées, devraient faciliter les investissements au niveau del’exploitation dans des technologies modernes et de l’équipement afin de faciliterle transfert de l’utilisation de l’eau vers des productions de plus grande valeur.

PRIORITÉS DU SOUS-SYSTÈME DES GRANDS PÉRIMÈTRES IRRIGUÉS

L’introduction de la gestion de la demande en eau, à partir de tout un éventaild’instruments économiques, de réglementations et de conseils, est prioritaire pourpermettre l’intensification et la diversification de la production, essentielles pourréduire la pauvreté. Ces initiatives doivent être adaptées aux besoins locaux, dans lecadre des politiques nationales agricoles et de gestion de l’eau. De plus, l’irrigationdevra devenir plus souple afin de s’adapter au risque hydrologique permanent dansla région. L’utilisation10, le stockage et la recharge des réserves deviendront desinstruments importants de la gestion de ce risque.

Il est indispensable de réexaminer dans le détail la gestion d’ensemble de cesgrands périmètres irrigués afin de réduire rapidement la pauvreté. Lesinterventions nécessaires comprennent: i) l’identification et la mise en œuvre de

10Combinant l’eau de surface et l’eau souterraine.

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stimulants pour réduire la demande en eau d’irrigation; ii) la promotiond’institutions d’utilisateurs de l’eau pouvant assurer un partage parmi tous lesusagers légitimes; iii) l’accroissement de l’efficacité de l’utilisation de l’eau; iv) larestauration de la fertilité des sols en élevant les niveaux de matière organique eten améliorant la gestion des sols et de l’eau; v) la mise en place de systèmesparticipatifs avec les agriculteurs pour la gestion de l’irrigation dans lesquels ilsdevront jouent un rôle beaucoup plus actif pour la recherche, le développementet la gestion; vi) la promotion d’un cadre légal pour les associations d’agriculteurs,les coopératives et les sociétés; vii) l’accès à l’épargne rurale et aux prêts; viii) ledéveloppement de technologies appropriées, du crédit, de la formation et del’enseignement pour les petits agriculteurs; et ix) l’introduction des stratégies deplanification de l’irrigation afin de permettre de réaliser des économies d’eau.

Les facteurs institutionnels tels que les réglementations sur l’utilisation despesticides ou des engrais deviendront une préoccupation majeure pour lesprogrammes futurs de recherche en irrigation, en raison de l’importance nouvelleque revêt la qualité de l’eau. La demande croissante des usagers non agricolesconduira, à l’avenir, à une compétition de plus en plus forte pour l’utilisation del’eau, qui deviendra un intrant relativement plus cher. Ce phénomène auratendance à orienter l’irrigation vers des cultures de haute valeur nécessitant unegestion plus sophistiquée et des équipements.

LE SOUS-SYSTÈME DES PETITS PÉRIMÈTRES IRRIGUÉS

CARACTÉRISTIQUES DU SOUS-SYSTÈME

Les propriétaires ou les fermiers appartenant à ce sous-système cultivent le plussouvent de très petites unités (0,02 à 1 ha) à l’intérieur de plus grands systèmespluviaux. Ainsi ces petits périmètres irrigués sont considérés comme faisant partiedu système de production pluviale. L’exploitation comprend habituellement desarbres fruitiers et du maraîchage intensif. Les petits périmètres irrigués se trouventsouvent dans des zones isolées et fournissent de la nourriture et d’autres produitsen priorité aux marchés locaux. Quelques-uns d’entre eux, utilisant des pratiquestraditionnelles d’irrigation, bénéficient de droits d’accès à l’eau et d’organisation dupérimètre.

Ce sous-système est caractérisé par un accès limité à l’eau qui réduit sespossibilités de production, et souvent conduit à des semis occasionnels après unecrue ou un ruissellement exceptionnel. L’assolement et le type de culture pratiquéss’adaptent, au fil des ans, à la disponibilité en eau et aux régimes hydriquesrencontrés. Ce type de production se rencontre aussi bien dans les plaines de larégion que sur les terrasses des collines où il peut dériver d’un système plus ancien.

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TENDANCES ET PROBLÈMES DU SOUS-SYSTÈME DES PETITSPÉRIMÈTRES IRRIGUÉS

Le manque d’eau et le déficit alimentaire sont les problèmes les plus graves des petitsagriculteurs de la région, leur résolution devrait être prioritaire. On a montré quel’introduction de paquets technologiques permettant l’amélioration des pratiqueslocales dans le cadre d’un processus participatif était efficace pour pallier, dans denombreux cas, le manque d’eau. Face aux possibilités très limitées d’augmenter lesressources en eau à un coût raisonnable, la seule solution est d’optimiser lesressources existantes. L’encadré 3.3 montre comment il a été possible au Yémen,grâce à une approche participative de la gestion de l’eau, de réduire le gaspillage del’eau souterraine.

Encadré 3.3 Amélioration de la gestion participative de l’eau au niveau del’exploitation pour réduire le gaspillage de l’eau souterraine au Yémen11

La pénurie d’eau est aujourd’hui le principal problème du Yémen; il est indispensable quedes mesures appropriées soient prises pour y remédier. La conséquence immédiate dudéclin continuel des ressources en eau a été l’insécurité alimentaire des ménages,spécialement pour les familles pauvres des zones rurales vulnérables. La plupart desressources en eau renouvelable étant déjà utilisées, la seule solution restante estd’améliorer la gestion des ressources disponibles par l’introduction de technologiesappropriées et d’outils de gestion.

Conscient de ce problème, le Gouvernement du Yémen lança en 1995, un programme àgrande échelle d’amélioration de l’efficacité générale de l’irrigation à partir des ressourcesen eau souterraine. Ce programme, basé sur le partage des coûts, la participation desagriculteurs et l’utilisation de technologies modernes d’irrigation, comprenait le projet deconservation des sols et des eaux financé par la Banque mondiale.

Ce programme a permis de réaliser, au niveau des exploitations, des économies en eaude 10 à plus de 50 pour cent. Au niveau régional, la moyenne des économies en eau fut de20 pour cent au moins; les économies ont parfois atteint 35 pour cent, particulièrementdans le nord-est du pays où la plupart des exploitations furent équipées de systèmesd’irrigation goutte-à-goutte. En tenant compte des coûts opérationnels actuels que lesagriculteurs doivent payer pour pomper l’eau (même avec des coûts relativement basd’énergie), le coût de l’investissement en équipement moderne d’irrigation est récupéré endeux à quatre ans par les économies d’eau réalisées. En plus des économies d’eau réalisées,les nouvelles technologies, associées à des changements d’assolement et à l’augmentationdes surfaces irriguées, ont permis des améliorations importantes des rendements, de laqualité des produits et de la valeur des productions.

11Bazza 2001.

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PRIORITÉS DU SOUS-SYSTÈME DES PETITS PÉRIMÈTRES IRRIGUÉS

La principale priorité est l’accès et la distribution équitables des ressources en eau.Il est évident que, dans certaines zones, des agriculteurs puissants, en utilisant unéquipement moderne de forage et de pompage, contrôlent et gardent pour eux-mêmes la plus grande partie des ressources en eau. Des initiatives politiques sontalors indispensables afin de permettre un accès plus équitable. Les petits périmètres,source potentielle importante d’approvisionnement des marchés locaux et deproduction de cultures de plus grande valeur, sont menacés par l’appauvrissementdes ressources en eau et la dégradation de l’environnement.

Les petits périmètres irrigués offrent la possibilité de tester et d’introduire, dansdes écologies particulières, de nouvelles variétés pour les principales cultures etpour les arbres fruitiers. La tolérance au stress et la possibilité de se développerdans des sols pauvres sont des caractéristiques importantes, elles devraient fairel’objet de plus de recherches. Il existe en Europe du Nord une demande en fortecroissance pour les aliments biologiques sans intrants chimiques. Cette demandeoffre de nouvelles possibilités pour des cultures convenant à des situationsspécifiques. Il est indispensable d’aider les petits producteurs en leur facilitantl’accès préférentiel à ces marchés, grâce à la constitution de groupes decommercialisation avec des marques.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE DES HAUTES TERRES

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

La population totale de ce système (leplus important de la région en termedémographique) est estimée à 65millions de personnes, dont 27 millionssont engagées dans l’agriculture (voirencadré 3.4). Sa superficie est de 74 millions d’hectares, aussi sa densitéde population est-elle plus faible quecelle du système irrigué et celle dusystème mixte pluvial. La pluviométrieannuelle varie entre 200 et 800 mm. Ce système est basé sur l’exploitation des terresarables d’altitude et des pâturages communaux où les hivers froids entraînent unepériode de dormance ou de faible croissance des cultures et des différentes espècesde fourrage.

Encadré 3.4 Données de base dusystème d’exploitation agricole mixtedes hautes terres

Population totale (m) 65

Population agricole (m) 27

Superficie totale (m ha) 74

Zone agroécologique Aride semi-aride

Superficie cultivée (m ha) 22

Superficie irriguée (m ha) 5

Population animale (m) 2

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Les céréales, qui constituent une partie de ce système, sont adaptées à survivresous la neige et à des périodes prolongées de froid. Le blé et l’orge dominentl’assolement basé sur la monoculture, parfois coupée de jachères. Les pâturagescommunaux entourent généralement les terres cultivées; ils peuvent être utiliséspar les propriétaires sur place ou par des éleveurs migrant vers les plaines pendantla saison hivernale. L’encadré 3.5 décrit brièvement un ménage agricole typique dece système de production. Des terrasses, construites il y a plusieurs milliersd’années sur les hautes terres en pente de plusieurs pays (comme au Yémen), ontété plantées d’arbres fruitiers, de café, de qat, d’olives et de maraîchage quibénéficient parfois d’irrigation d’appoint pendant les mois d’été pour des culturestelles que les melons ou des fruits de grande valeur. Elles constituent un sous-ensemble de ce système.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DES HAUTES TERRES

Dans le système d’exploitation agricole mixte des hautes terres, l’absence demaintenance des terrasses durant ces dernières années a entraîné la détériorationde la qualité des ressources de base et l’accroissement de l’érosion hydrique,réduisant ainsi la productivité. Ce manque d’entretien des terrasses a été en partiecausé par le manque de disponibilité en main-d’œuvre, conséquence del’émigration importante vers les zones urbaines et les plaines. La baisse de fertilitédes sols, résultant de la culture continue sans apport de fertilisants, est aussi unproblème dans certaines zones de plateau. Le surpâturage près des habitations etdes points d’eau a aussi contribué à la dégradation des sols dans les zones d’élevage.La concurrence accrue des importations subventionnées de viandes et de produitslaitiers pour les consommateurs urbains continue à appauvrir les petits producteursen faisant baisser les prix.

Encadré 3.5 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte des hautes terres

Un ménage typique de ce système possède une petite surface de terre cultivée (4 ha),traditionnellement sur de vieilles terrasses. La terre cultivée est utilisée pour les céréales(environ 3 ha) et pour les arbres fruitiers, le café, le qat, les olives et le maraîchage. Laplupart des exploitations ont accès aux pâturages communaux pour les chèvres et lesmoutons (quatre par famille). La famille peut aussi posséder une vache pour la productionde lait.

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PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DES HAUTES TERRES

L’intensification ou la diversification de la production ont une portée limitée pourréduire la pauvreté dans le système d’exploitation agricole mixte des hautes terres.Néanmoins, afin de protéger les niveaux existants de productivité et les ressourcesen eau des ruraux et urbains en aval, il est prioritaire de développer des systèmesplus durables de planification et de gestion des bassins versants et d’introduire dessystèmes de conservation dans le travail des sols et une meilleure intégration de

12Fe’ D’Ostiani 2001.

Encadré 3.6 Gestion participative des bassins versants et réduction de la pauvreté12

Le système d’exploitation agricole mixte des hautes terres est particulièrement sujet à ladégradation des sols et à l’érosion. Un projet pilote mis en place sur une superficie de 70 000ha sur les collines de l’Atlas en Tunisie a démontré la possibilité de combiner la gestionaméliorée des bassins versants avec l’amélioration du revenu des participants. Ces terres sontprincipalement cultivées par de petits exploitants, dont les champs sont dispersés sur despentes où l’érosion est importante; de nombreuses familles sont sans terres. La moyenne durevenu familial est estimée à 110 dollars EU par mois; environ la moitié des revenus provientdes migrations saisonnières et d’autres travaux hors exploitation. La dégradation de lacouverture végétale et l’érosion des sols sont courantes dans la zone, les conflits sur l’accèsaux ressources se multiplient et les technologies offertes par les services publics devulgarisation sont souvent inappropriées.

Les activités du projet englobaient la forêt, l’agroforesterie, des microterrasses boisées, despetites bordures en terre, la consolidation des retenus des petits barrages à l’aide d’espècesfourragères, le développement de réservoirs collinaires et de petits périmètres irrigués. Desconsultations destinées à résoudre les conflits entre les agriculteurs et le gouvernement surl’accès et l’utilisation des zones de forêt nationale ont conduit à des changements dans lesespèces forestières utilisées, à l’ouverture de sentiers d’accès et au recrutement local detravailleurs pour assurer de nombreuses activités forestières. De grands périmètres derétention, dont bénéficiaient principalement les propriétaires en aval, ont été remplacés pardes options techniques mises en œuvre sur des exploitations individuelles. Un appui a étéfourni pour la mise en place de cultures arboricoles (olive, amande, et fruits) en cultureassociée avec des légumineuses intercalaires en lignes de niveau. L’organisation desagriculteurs en groupes d’utilisateurs spécialisés et le renforcement des ONG actives auniveau local, ont été les principaux facteurs de succès du programme dans son ensemble.

Le projet n’étant pas encore terminé, il est encore trop tôt pour évaluer la durabilité deses activités. Cependant, 75 pour cent des familles ont participé à une ou plusieurs activitéset les systèmes d’assistance du gouvernement ont été restructurés afin de pouvoir fourniraux agriculteurs des options technologiques appropriées dont ils partagent les coûts.L’association d’approches participatives et de mesures de conservation, et la création derevenus peuvent aider au développement dans l’ensemble de la région.

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l’agriculture à l’élevage. L’efficacité de ces changements techniques dépend de laparticipation de la population rurale au processus de planification et de gestion etde l’établissement d’institutions locales appropriées qui puissent assurer des profitséquitables pour tous les producteurs. L’encadré 3.6 présente un exemple d’uneapproche de gestion efficace d’un bassin versant qui a contribué à la réduction de lapauvreté en Tunisie.

Il est aussi impératif de mettre en place, avec l’entière participation desintéressés, une réglementation plus équitable pour le contrôle des ressources des pâturages communaux. Les systèmes de gestion plus anciens peuvent nécessiterdes mesures complémentaires et une base légale moderne afin de prendre encompte les nouveaux besoins en financement du bétail. La pénurie d’eau potablepour les humains et d’eau pour les animaux est, dans les zones montagneuses, undes problèmes les plus sérieux; un grand nombre de nouveaux points d’eau estnécessaire.

Finalement, il est nécessaire de mettre fin aux politiques de subventions desimportations d’aliments de céréales pour le bétail, subventions qui entraînent labaisse des prix locaux et empêchent les producteurs locaux d’être compétitifs. Bienqu’une proportion importante de ménages devra probablement abandonner lesactivités agricoles et migrer vers des zones offrant de meilleures possibilitéséconomiques et de services, il sera essentiel d’encourager le remembrement despetits producteurs restants. L’augmentation de taille d’exploitations peut entraînerune certaine réduction de la pauvreté. Pour des raisons semblables, les liens avec lesautres secteurs économiques devront être encouragés afin de promouvoir, entreautre, l’emploi hors exploitation.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE PLUVIAL

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

La population totale de ce système estestimée à 40 millions de personnes dont16 millions d’agricoles (voir encadré3.7). Bien qu’il abrite un cinquième del’ensemble des ménages agricoles de larégion, ce système ne couvre qu’unesuperficie de 17 millions d’hectares;aussi les densités de population y sont-elles élevées, comparables à celles dessystèmes irrigués. Les producteurs sont propriétaires ou fermiers. Lapluviométrie annuelle varie de 300 à 1000 mm et la période végétative de 180 à

Encadré 3.7 Données de base: lesystème d’exploitation agricole mixtedes terres sèches

Population totale (m) 40

Population agricole (m) 16

Superficie totale (m ha) 17

Zone agroécologique Sec-humide àsubhumide

Superficie cultivée (m ha) 14

Superficie irriguée (m ha) 0,6

Population animale (m) 8

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365 jours. Un grand nombre de cultures et d’arbres entre dans les assolements misen place autour des habitations.

Les cultures arboricoles (olives, fruits et noix) représentent une composanteimportante et peuvent dominer le système dans zones les plus humides. Ellespeuvent être intercalées avec des céréales et des cultures maraîchères jusqu’à ceque les arbres aient atteint leur taille adulte. Les principales cultures annuelles sontle blé, l’orge, la lentille, le pois chiche, la pomme de terre, la betterave à sucre et lafève. Les cultures d’été sont mises en place après une jachère d’hiver. Lemaraîchage, les cultures oléagineuses et les fleurs peuvent aussi être pratiquées,souvent sous protection (tunnels de polyéthylène) pour des marchés spécialisés dunord de l’Europe et d’ailleurs. De nombreuses exploitations ont un haut niveau decapitalisation et utilisent un niveau élevé d’intrant; les agriculteurs sont trèssensibles aux opportunités de marché. Il existe un certain nombre d’entrepriseslaitières spécialisées et d’entreprises de production de volaille à l’intérieur dusystème. Les céréales dominent souvent dans les zones les plus sèches;l’interdépendance entre les familles qui partagent fréquemment leurs ressources etleur équipement est alors plus grande. Les systèmes d’exploitation sont diversifiéset il existe une interaction saisonnière avec l’élevage (surtout moutons et chèvres)pour l’utilisation des résidus de récolte et autres fourrages. L’encadré 3.8 décritbrièvement un ménage typique de ce système d’exploitation agricole.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE PLUVIAL

Les principaux problèmes rencontrés sont les difficultés d’accès aux terres de bonnequalité pour un nombre croissant de petits agriculteurs, l’érosion du sol sur lespentes lors des pluies d’orage, l’érosion éolienne sur les sols légers surexploités etles difficultés de diversification des cultures. Les stratégies et les politiques derecherche et de vulgarisation des institutions ne répondent pas aux principauxbesoins des petits agriculteurs. Les principales tendances sont la diminution de laculture du blé remplacé par des légumineuses dans la rotation, l’augmentation dela taille des exploitations, la mécanisation (y compris l’utilisation croissante del’irrigation d’appoint), la migration vers les zones urbaines et la dépendance de

Encadré 3.8 Ménage typique du système d’exploitation agricole mixte pluvial

Un ménage typique cultive environ cinq hectares en plusieurs parcelles de différentesqualités autour du village. Les céréales (environ trois ha) et les légumineuses sont géréescollectivement en blocs afin de faciliter les opérations mécanisées et la gestion du pâturageaprès récolte. L’exploitation possède des petites parcelles de production d’olives, de fruitset de raisins. Une vache et quelques moutons sont gardés autour du village. Le revenu horsexploitation (principalement emploi saisonnier en ville) est important.

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plus en plus grande à l’égard des revenus hors exploitation pour assurer lanourriture et la sécurité des moyens de subsistance. Les femmes sont de plus enplus marginalisées dans le processus de production et leur travail se déplaceprogressivement, alors que les hommes dominent le processus de mécanisationpour toutes les cultures principales.

La densité de population continue de croître. L’influence sur le système dessubventions céréalières et des problèmes d’accès au marché est grandissante.L’agriculture de subsistance diminue dans certaines zones, tandis que les grandesexploitations commerciales se spécialisent dans la production de culture à haut niveaud’intrants pour l’exportation et dans l’élevage. En même temps il semble que denombreux gouvernements délaissent ce secteur, particulièrement les petitsagriculteurs (absence de réglementation des importations et de support spécifique auxpetits agriculteurs). Près de la côte, la concurrence pour la terre est, dans certaineszones, importante: demande de terre pour les habitats urbains, le tourisme et d’autresformes de spéculation économique (Liban et Maghreb par exemple). Le secteur dutourisme pourrait offrir de nouvelles possibilités d’emploi à certains agriculteurs.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE PLUVIAL

L’intensification de la production devrait permettre de réduire la pauvreté dans cesystème, grâce notamment à une gestion plus efficace des ressources naturelles et àun meilleur accès aux marchés. Les interventions et développements suivantspourraient avoir un impact important: i) gestion intégrée des ressources en eau; ii)agriculture de conservation sur les pentes et les sols vulnérables; et iii) introductionde nouvelles cultures et de variétés adaptées à cycle court et résistantes à lasécheresse. Les mesures d’amélioration suivantes sont particulièrementrecommandées pour les systèmes des petits agriculteurs: i) restauration des terrasseset contours des sols; ii) couverture végétale du sol sous les arbres; et iii) gestion desbassins versants par les communautés locales ou les associations.

Les programmes de réforme agraire qui furent entrepris il y a plusieurs annéesdevraient être poursuivis. Ils devraient mettre l’accent sur le remembrement desparcelles, une distribution plus équitable de la terre et des ressources en eau, et unmeilleur accès aux services. Conjointement à ces programmes et avec laparticipation active des groupes de petits agriculteurs, il est nécessaire depoursuivre les activités de recherche sur les systèmes de gestion des sols et de l’eauy compris les techniques traditionnelles en usage dans la région. De plus, desstimulants économiques devront être identifiés pour améliorer la gestion desressources en eau et pour développer des initiatives communautaires pour unegestion à long terme des ressources en eau – y compris la réhabilitation des systèmesde terrasses et la réintroduction des cultures intercalaires. Le succès de ces mesuresdépendra, en grande partie, du renforcement du rôle des femmes dans la gestiondes ressources des bassins versant et leur restauration.

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Il semble qu’il soit possible de développer de nouveaux créneaux (ethnique parexemple) et des productions biologiques pour les marchés internationaux, parexemple olives, vins, pistaches, fruits, raisin, dates, épices, herbes aromatiques,maraîchage. Il est nécessaire de faciliter l’accès des petits agriculteurs aux marchés.A cet égard, il est possible de développer des méthodes simples de transformation etde commercialisation directe par les producteurs, et de faciliter le stockage auxpoints stratégiques.

Il est urgent de réformer les institutions destinées à aider les agriculteurs ainsique les structures sociales pour encourager les jeunes à rester dans les zonesrurales. La restructuration des systèmes de recherche intéressant les agriculteurset des systèmes de vulgarisation à partir des demandes exprimées par lesagriculteurs et en partenariat avec eux est un des moyens d’y parvenir. Uneattention particulière doit être portée aux technologies destinées aux femmes despetites exploitations et au travail des femmes. Un grand nombre de techniquespeuvent être adaptées à partir d’expériences réalisées dans d’autres régions(Afrique et Asie). Des voyages d’étude et des ateliers interrégionaux pour lesagriculteurs, les chercheurs et les vulgarisateurs pourraient être très utiles. Denouvelles recherches agricoles et socioéconomiques plus systématiques surl’intégration agriculture-élevage, sur la réduction des risques et sur la stabilité et ladurabilité des systèmes agricoles devraient être entreprises. Il est aussi nécessairede s’interroger sur les raisons du manque d’études récentes de cas sur les systèmesagricoles de la région. La priorité doit être accordée au développement deméthodes de recherche faisant intervenir la participation effective des agriculteurset au support des activités de recherche issues des agricultures eux-mêmes.

Des mesures politiques sont nécessaires pour éliminer toute une série d’actionset de pratiques qui ont des impacts négatifs importants sur l’environnement tellesque les labours profonds et fréquents et l’utilisation excessive de pesticides et d’eaud’irrigation. Il est aussi nécessaire d’assurer la promotion de la gestion amélioréedes ressources naturelles, de la diversification des entreprises et des possibilités derevenu hors exploitation.

SYSTÈME D’EXPLOITATIONAGRICOLE MIXTE DES TERRES SÈCHES

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricole mixtedes terres sèches couvre une superficiede 42 millions d’hectares et abrite unepopulation estimée à 50 millions depersonnes dont 13 millions de ruraux

Encadré 3.9 Données de base : lesystème d’exploitation agricole mixtedes terres sèches

Population totale (m) 50

Population agricole (m) 13

Superficie totale (m ha) 42

Zone agroécologique Semi arideà subhumide

Superficie cultivée (m ha) 17

Superficie irriguée (m ha) 3

Population animale (m) 6

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(voir encadré 3.9). La pluviométrie annuelle varie de 150 à 300 mm. La superficiecultivée est de 17 millions d’hectares et l’assolement est dominé par les céréales(surtout orge et blé) cultivées en alternance avec une ou deux saisons de jachère. Leslégumineuses (lentilles et pois chiche) sont parfois cultivées, spécialement dans leszones où la pluviométrie est relativement importante.

Les interactions avec le système pastoral sont potentiellement importantes carles moutons peuvent pâturer l’orge verte les années sèches et la paille des culturesrécoltées les années où la pluviométrie est moyenne ou bonne. De petitessuperficies de cultures maraîchères irriguées peuvent être associées à ce système.L’encadré 3.10 décrit brièvement un ménage représentatif de ce systèmed’exploitation.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DES TERRES SÈCHES

Ce système dépend en premier lieu de la production de blé et d’orge qui interfèreavec l’élevage de petits ruminants (surtout mouton). La sécurité de la productiondépend beaucoup de la pluie et l’ensemble du système est vulnérable aux variationsannuelles et saisonnières de la pluviométrie, à la fois dans le temps et dans l’espace.On a assisté ces dernières années à une diminution des surfaces en blé et à unrenouveau de l’utilisation des variétés locales d’orge. Le principal problème est lemanque d’accès des agriculteurs aux nouvelles cultures et variétés.

L’intégration entre l’agriculture et l’élevage a échoué en raison des politiques deprix défavorables. La nutrition reste un problème: les régimes alimentaires sontsouvent peu variés et de mauvaise qualité. Dans ces circonstances, les agriculteurscomptent de plus en plus sur les systèmes d’élevage pour leur subsistance et leurrevenu monétaire. Les migrations vers les zones urbaines se sont accrues et lesenvois d’argent aux familles restant dans les zones rurales jouent un rôle importantpour leur sécurité alimentaire. Certaines des zones, plus arides et avec des sols pluslégers, ont à faire face à de graves problèmes d’érosion éolienne pendant la saisonsèche.

Encadré 3.10 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte des terres sèches

Un ménage typique de ce système possède environ sept ha de terre cultivée dispersés enpetites parcelles sur différents types de sols autour du village. Ce ménage cultive du blé et del’orge et une petite surface de légumineuses. La famille possède quelques vaches et un petitnombre de moutons (neuf en moyenne), qui pâturent autour du village et, une partie del’année, dans la steppe. Les familles les plus pauvres ont quelques membres qui travaillentpour de plus grandes exploitations ou qui ont un travail temporaire ou permanent en zoneurbaine.

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PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DES TERRES SÈCHES

Malgré une émigration importante, on estime qu’il existe des possibilités de réduirela pauvreté par l’intensification de la production et la croissance du revenu horsexploitation (principalement par les migrations saisonnières). Les prioritésdevraient porter sur des mesures de réglementation à l’accès des ressources en terreet en eaux, ainsi que sur le développement de technologies et leur diffusion surtoutparmi les pauvres.

Dans ce contexte, le remembrement des terres et les technologies pour laconservation des sols – y compris le développement et l’adaptation de technologiesappropriées et financièrement accessibles pour une agriculture durable sur lespentes et les sols vulnérables – revêtent une grande importance. Dans denombreuses zones, ceci ne peut être accompli que par un changement profond dela propriété foncière et par la distribution des terres et leur regroupement. Lesinterventions nécessitant une action collective des groupes d’usagers des ressourcescomprennent le développement de méthodes: i) de conservation, telles que lecontrôle de l’érosion éolienne par des brise vents; ii) de collecte de l’eau; iii) decouverture végétale du sol et de travail minimum ou de non travail du sol; et iv) d’utilisation des arbustes comme fourrage.

Bien que les systèmes irrigués demeurent une priorité politique, il est nécessairede transférer des allocations de ressource de l’agriculture irriguée vers l’agriculturepluviale si l’on veut réduire la pauvreté. L’interaction entre les systèmes irrigués etpluviaux est importante: on ne peut pas renforcer l’un sans trouver de solutions auxproblèmes de l’autre. L’adoption par les responsables au niveau des provinces et desdistricts d’une approche système des activités de planification et de gestion des solset de l’eau devrait être encouragée. Il serait souhaitable que ces organismes deplanification fassent participer toutes les parties prenantes aux prises de décision.

Pour avoir un impact sur la pauvreté, les interventions de la vulgarisationdevraient inclure les activités suivantes: i) production et distribution d’une gammeétendue de nouvelles variétés pour les principales cultures; ii) formation auxpratiques de conservation de l’eau; iii) exploration et réactivation des techniquestraditionnelles de gestion de l’eau; iv) utilisation accrue des cultures intercalaires;v) utilisation de technologies appropriées; et vi) formation pour ces technologies.

Une nouvelle approche de la recherche est nécessaire pour développer desvariétés à cycles végétatifs plus courts, résistantes à la sécheresse, et ayant unemeilleure qualité de grain et de paille. Des études pilotes devraient étudierl’impact socioéconomique et culturel des caractéristiques des nouvelles cultures,afin de s’assurer qu’elles satisfont les besoins de la société dans laquelle elles serontutilisées. Une nouvelle approche de l’organisation et de la gestion de la recherchedevrait permettre de mieux répondre aux besoins des systèmes. La participationplus active des petits agriculteurs – particulièrement des femmes – est nécessaireau bon développement de ces interventions. La recherche participative au niveaude l’exploitation pour l’intégration agriculture-élevage et la conservation des

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ressources pour la réduction des risques et la durabilité des systèmes, produirontprobablement des bénéfices à long terme pour les pauvres de ce système.

SYSTÈME D’EXPLOITATION PASTORAL

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Ce système se rencontre dans la plupartdes pays de la région. Sa populationtotale est estimée à huit millions depersonnes (voir encadré 3.11). Il couvreune superficie de 250 millions d’hectares,soit approximativement un quart de larégion. Certains éleveurs cultivent depetites surfaces lorsque l’eau estdisponible. Cependant, la pluviométrieannuelle de ce système est inférieure à 150 mm, aussi les possibilités sont-elleslimitées. Les éleveurs ont surtout des moutons, toutefois ils sont nombreux àposséder aussi des chèvres, des ânes et des chameaux. On estime à 60 millions lenombre de moutons et de chèvres et à trois millions le nombre de bovins de cesystème.

Le système d’exploitation pastoral est basé sur la mobilité des troupeaux quise déplacent selon les disponibilités en pâturages – en liaison avec la distributionsaisonnière de la pluie – et en points d’eau. Ce mouvement peut avoir lieu entrezones plus humides et zones sèches des basses terres, ou entre les plaines et leshautes terres. Dans le passé, l’eau n’était disponible qu’à partir de systèmes fixesde stockage, mais l’usage de tankers d’eau mobiles a permis aux propriétairesd’animaux de parcourir de plus grandes distances saisonnières. Les résidus derécolte, les céréales subventionnées et l’achat de fourrage constituent le reste del’alimentation animale. Les éleveurs sont souvent partiellement financés par lecapital urbain ou bien ils gèrent des d’animaux appartenant à des urbains. Latechnologie associée à la gestion des systèmes pastoraux modernes a conduit àune forte pression sur les pâturages de la steppe. L’encadré 3.12 décritbrièvement un ménage typique de ce système agricole.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTEME PASTORAL

Les éleveurs demeurent un groupe important ayant des liens avec les principauxsystèmes d’exploitation agricole de la région. Face à la croissance des feedlots pourl’engraissement du bétail en zone urbaine, les systèmes pastoraux continueront à

Encadré 3.11 Données de base: lesystème d’exploitation pastoral

Population totale (m) 30

Population agricole (m) 8

Superficie totale (m ha) 250

Zone agroécologique Aride semi-aride

Superficie cultivée (m ha) 3

Superficie irriguée (m ha) 3

Population animale (m) 3

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jouer un rôle important en raison de la demande croissante de viande, venant enparticulier des zones urbaines.

La désertification est, à long terme, le principal problème des éleveurs. Ladégradation des ressources est la raison de la baisse constante des revenuspastoraux, qui entraîne des changements démographiques, économiques et sociauxcomplexes. La pluviométrie totale est le principal facteur limitant des pâturages deszones sèches. La sécheresse diminue la productivité des pâturages et affecte laqualité de l’alimentation animale et la diversité des espèces. Elle entraîne aussi deschangements dans la composition et la taille des troupeaux. Les éleveursabandonnent la zone lorsqu’elle va jusqu’à la dessiccation des pâturages.

Cependant, le surpâturage est considéré comme la principale cause dedégradation de la végétation et des sols. Dans les zones particulièrement arides, àcertaines périodes les animaux survivent en consommant des buissonsxérophytiques et des herbes éphémères; lorsque ces plantes ont été pâturées lesanimaux doivent se déplacer ailleurs. Ainsi s’établit dans ces zones un équilibreentre la charge potentielle et les animaux. Dans les zones arides et semi-arides, lacharge animale est, la plupart du temps, au-dessus de la charge potentielle,entraînant ainsi les plus fortes désertifications.

Le pâturage intensif autour des habitations est souvent associé à lasédentarisation des éleveurs nomades. La sédentarisation des anciens nomadesimplique la concentration de leurs troupeaux sur des pâturages autour de leursnouvelles habitations. En cas de sécheresse, ces éleveurs sont forcés de faire pâturerleurs animaux dans les endroits où l’on trouve la plus grande partie de l’eaupotable. Cela peut entraîner la disparition complète de la meilleure couvertureherbacée, particulièrement autour des forages qui fournissent toute l’année l’eaupotable pour les humains et les animaux.

La disponibilité en points d’eau plus sûrs entraîne l’augmentation du nombrede moutons dans les troupeaux, qui à son tour augmente la charge d’animauxautour des points d’eau. Bien que l’augmentation du nombre des points d’eau soitnécessaire à l’utilisation correcte des ressources naturelles des terres arides et àl’amélioration des conditions de vie, elle entraîne, presque inévitablement, uneconcentration de la population et des animaux autour de ces points d’eau, avec degraves conséquences pour cet écosystème fragile.

Encadré 3.12 Ménage du système d’exploitation pastoral

Un ménage typique d’éleveurs a accès à une très petite surface de terre cultivée (1 à 2 ha)souvent cultivée selon les possibilités qui se présentent. La famille a accès à environ 100 hade pâturages, parfois de plus grandes surfaces grâce à des arrangements coutumiers ou delocation, afin d’élever un nombre variable de moutons, chèvres, et bovins. Ce ménage peuts’occuper d’un certain nombre d’animaux appartenant à des habitants des villes, soit d’unemanière saisonnière, soit avec des arrangements à long terme.

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L’une des plus importantes recommandations approuvées par la Conférencedes Nations Unies sur la désertification de 1977 concerne la dégradation desterres dans les zones agricoles pluviales. La recommandation lance un appel pourlimiter légalement les cultures utilisant le labour à l’aide de tracteurs dans lesterres arides marginales qui conviennent mieux au pâturage. Cetterecommandation s’appuie sur le fait que ces zones sont particulièrementvulnérables au déboisement et à la culture mécanisée excessive. Cependant, cetterecommandation n’a pas été mise en œuvre dans la région. Le labour des zonespluviales marginales, lorsqu’il est possible, peut produire, à court terme, quelquesbonnes récoltes, mais il entraînera de l’érosion, à long terme. La végétationnaturelle sur de telles terres constitue souvent les pâturages de meilleure qualitépour les éleveurs. L’érosion entraîne la perte des terres, à la fois pour l’agricultureet pour l’élevage. Les animaux sont alors dirigés vers des pâturages moinsproductifs, qui s’appauvrissent encore plus. L’application de cetterecommandation serait très bénéfique pour ces zones fragiles.

Les économies à planification centralisée continuent de marginaliser etd’exclure les éleveurs de la plupart des formes d’aide. Cela est regrettable, en effetles systèmes pastoraux avec une gestion équilibrée des pâturages assurent lameilleure durabilité des ressources naturelles des zones à faible pluviométrie.

PRIORITÉS DU SYSTÈME PASTORAL

La pauvreté peut être réduite par: i) l’intensification de la productivité animale; ii) la diversification; iii) l’accroissement des revenus hors exploitation; et iv) la sortiedu secteur agricole. La principale priorité de ce système est de lui assurer une plusgrande souplesse et son intégration avec les systèmes agropastoraux. L’augmentationde la capitalisation et la spécialisation ont conduit à la marginalisation et à l’abandonde nombreux groupes pastoraux; sans attention, ni protection, ni assistance,beaucoup d’entre eux vont probablement disparaître. Le maintien à long terme desressources de base en zone semi-aride ne peut être assuré que par une forteresponsabilité collective. Cela nécessitera sans doute des arrangements contractuelsentre éleveurs et agriculteurs sur les types d’interaction souhaitables pour unegestion équitable de l’environnement.

Les zones pastorales (steppe) pourraient être gérées d’une façon durable par laréactivation et le support des anciennes institutions de contrôle des zones depâturages communautaires par les éleveurs eux-mêmes (système Hema).Cependant, cela ne constituerait qu’une solution partielle car les propriétairesurbains, dont les priorités sont souvent différentes de celles des éleveurs, financentmaintenant de nombreux troupeaux. Une intervention est nécessaire pour suivrela gestion de ces systèmes – comprenant les groupes d’intervenants urbains etéleveurs – et pour établir des codes de conduite et de gestion qui assurent ladurabilité à long terme des ressources naturelles des pâturages. Cela nécessitera des

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programmes de formation en suivi et gestion des troupeaux et des pâturages pourles participants urbains et pastoraux. L’encadré 3.13 fournit une description brèved’un cas en Syrie où la zone de steppe dégradée a pu être réhabilitée parl’introduction de végétation locale et d’espèces animales et par la revitalisation desanciens systèmes de gestion communautaire.

En plus de la revitalisation et du développement des institutions locales, il estnécessaire de mettre en place une législation nouvelle pour protégerl’environnement de la steppe et pour assurer une bonne gestion à long terme desressources en sol et en pâturage. Une telle législation est cruciale pour la durabilitédu système agricole. Elle devrait renforcer ou créer les conditions qui permettrontd’assurer que les intérêts à long terme des groupes dépendant des pâturages pourleur subsistance, prévalent sur les intérêts à court terme des individus ou desgroupes extérieurs.

Il apparaît aussi nécessaire de renforcer l’aide aux instituts de recherchess’occupant de l’introduction de cultures intercalaires d’arbustes et de fourrages

Encadré 3.13 Réhabilitation des pâturages dans les systèmes d’exploitationpastoraux13

La zone de steppe d’Al Badia en Syrie reçoit moins de 200 mm de pluie par an. Elle a subitune détérioration importante de ses pâturages et une perte des habitats de la faune sauvage(et de la faune sauvage elle-même). Un projet FAO est en cours d’exécution dans cette zonedepuis 1996. Il couvre 108 000 ha de pâturages et 22 000 ha de réserve de faune sauvage.Ses principaux objectifs étaient de renverser la tendance à la dégradation des pâturages, deréhabiliter les zones avec la participation de la population locale de Bédouins et deréintroduire l’oryx (Oryx leucoryx) et la gazelle des sables (Gazella subgutturosa marica)dans la réserve de faune sauvage de Talila. A ce jour le projet a: i) réhabilité quelque 10 000ha à partir de semences d’espèces locales (Salsola vermiculata et Atriplex leucoclada) et detechnologies novatrices, efficaces et bon marché de semis direct; ii) mis en place desstratégies de gestion des pâturages; iii) introduit un système de suivi de l’environnement;iv) collecté des données sur la production animale; v) identifié et mis en œuvre des optionsde génération de revenu et d’emploi pour les membres des communautés locales,particulièrement les femmes; vi) amélioré les compétences techniques et les capacités dupersonnel national du projet en formant des techniciens, des vulgarisateurs et despromoteurs Bédouins; et vii) sensibilisé la communauté des Bédouins.

Ses principaux impacts et les leçons tirées de ce projet sont: la faisabilité de laréhabilitation des pâturages par le ressemis d’espèces locales; l’importance de la participationdes communautés; la flexibilité dans la mise en œuvre du projet; l’assistance à long termepour la durabilité; le besoin de stratégies, à la fois locales et nationales, contre la sécheresse;et la nécessité de se pencher sur les problèmes de la propriété foncière.

13Batello 2001.

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adaptés aux conditions locales des pâturages (comme le Centre international pourla recherche agricole en zones arides [ICARDA] et ses partenaires nationaux enrecherche et vulgarisation). Plusieurs techniques et approches améliorées sontconnues mais non diffusées auprès des agriculteurs. Si elle est encouragée et aidée,la recherche adaptative locale, avec les agriculteurs et les éleveurs, devrait pouvoirdiffuser leur application.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES DU MOYEN-ORIENT ET DE L’AFRIQUE DU NORD

La revue des caractéristiques, tendances et potentiels des principaux systèmesd’exploitation agricole du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord indique clairementl’étroite interdépendance des personnes, de l’eau et des ressources en terre. Il existeaussi des liens importants entre les différents systèmes agricoles, particulièremententre les animaux et les systèmes de cultures. L’investissement dans les secteurs dudéveloppement agricole et rural, irrigation mise à part, a été relativement modeste.Deux groupes ont été exclus de la plupart des initiatives: i) les agriculteurs les pluspauvres vivant dans les zones des terres arides; et ii) les éleveurs qui occupent uneplace unique dans l’économie rurale et dans la stabilité à long terme del’environnement des zones sèches. En raison de l’interdépendance des systèmes degestion des ressources, la négligence d’un système agricole pourrait avoir un impactmajeur sur les personnes dépendant des autres systèmes.

Ces 30 dernières années ont vu l’accélération de l’urbanisation avec pourconséquence la croissance des villes. Cette tendance va sans doute se poursuivre,entraînant une augmentation de la demande en eau et en produits alimentaires –particulièrement les céréales et les produits animaux. La part des revenusprovenant des activités hors exploitation va probablement continuer à croître dansles zones rurales; ce phénomène devra être pris en compte lors de l’examen desoptions stratégiques pour les investissements.

Les perspectives de réduction de la pauvreté agricole dans la région sont assezbonnes. Le tableau 3.4, établi à partir des analyses réalisées ci-dessus dans le cadred’une diminution de moitié de la faim et de la pauvreté, résume l’importancerelative des cinq stratégies dont disposent les ménages pour échapper à la pauvreté.Ce tableau montre que, pour la région dans son ensemble, la sortie du secteuragricole est la meilleure stratégie, vient ensuite l’augmentation du revenu horsexploitation. Parmi les stratégies d’amélioration des ménages au niveau del’exploitation agricole, la diversification et l’intensification sont d’égale importance,suivant de près le revenu hors exploitation dans le classement général.

Les principales priorités stratégiques pour la région sont regroupées ci-dessousdans cinq thèmes majeurs qui représentent les éléments essentiels de toutprogramme d’ensemble d’assistance à la revitalisation des systèmes agricoles et desmodes de vie ruraux de la région. Ces thèmes sont: les politiques, les marchés,

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l’information, les technologies et les ressources naturelles. Ils sont tous, plus oumoins, interdépendants et ils recoupent les systèmes agricoles.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

Les principales fonctions de l’état sont d’aider au développement des infrastructuresvitales (routes, eau, services, énergie) et de contrôler l’utilisation et le prix desressources qui, comme l’eau par exemple, deviennent de plus en plus rares. Larégion a, dans le passé, souffert d’une planification très centralisée et de la mise enplace de programmes, particulièrement en agriculture, en faveur des populationsurbaines et contre les intérêts des agriculteurs. De telles politiques ont été contre-productives et ont découragé les petits agriculteurs, les artisans et les entrepreneurs.Le développement dynamique de l’agriculture ne pourra être assuré que par uneplus grande décentralisation et par une augmentation des ressources au niveaurégional. La mise en place de cette stratégie nécessite une participation collectiveaccrue des parties prenantes pour la gestion et la protection de la terre, de l’eau etdes ressources en pâturage. Une telle participation demande le renforcement desinstitutions locales et du pouvoir des communautés.

Le secteur privé a beaucoup investi dans l’agriculture et dans les industriesagricoles. Les compagnies multinationales ont une influence dans la région; lesactivités de bon nombre d’entre-elles ne sont pas toujours en faveur des besoins desagriculteurs pauvres. Il devrait être possible de développer des partenariats plusconstructifs entre le secteur privé, les principaux donateurs et l’état, afin deprendre en compte les besoins les plus urgents des pauvres des zones rurales. Lesecteur privé devrait pouvoir jouer un rôle dans la réponse aux besoins eninfrastructure (en particulier pour les systèmes d’adduction d’eau, les routes et lesautres types d’infrastructure).

La réglementation et la gestion de l’élevage, aussi bien dans les villes qu’à lacampagne, est un domaine crucial pour l’amélioration de la situation. Cela ne peutêtre réalisé que par un partenariat des principaux acteurs. Dans le cadre de lanouvelle approche pour la recherche et le développement, les systèmes derecherche nationale et de vulgarisation devront être intégrés. De profondschangements dans le contenu et les méthodes de formation seront nécessaires afinde mieux répondre aux besoins des agriculteurs pauvres. A l’exemple del’Amérique latine, le secteur privé pourrait jouer un rôle actif dans ce domaine.D’autre part, le recours à des approches scientifiques modernes devrait permettrel’identification et le suivi des changements dans l’utilisation et la distribution desressources naturelles, particulièrement de l’eau.

Dans de nombreuses zones de la région, la distribution de la propriété foncière n’asubi que peu de changements depuis de nombreuses années et sa restructuration a étédécouragée par la faiblesse des stratégies politiques et de leur cadre d’application. Desrestes d’anciens systèmes de gestion communautaire des terres persistent, mais ils ont

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tendance à disparaître avec la modernisation de l’agriculture qui a encouragél’individualisation des propriétés foncières et la cassure de liens autrefois vitaux.Actuellement, les parcelles cultivées qui sont gérées dans ces systèmes sontfragmentées, ont une faible productivité et souffrent du manque d’investissement. Lamigration des jeunes hommes et femmes vers les centres urbains entraîne unediminution de la main-d’œuvre. L’agriculture manque de dynamisme et d’espritd’innovation en raison de certains arrangements fonciers, de l’absence d’institutionslocales efficaces et de pratiques inchangées de gestion des sols et des eaux.

Des tentatives de remembrement des terres sont en cours dans le cadre deréformes foncières. Elles sont lentes et difficiles à mettre en place. La politiqueessentielle et les réformes institutionnelles de ce processus devront inclure laconsolidation et la rationalisation de la propriété foncière avec pour objectif la survieet l’intérêt à long terme des communautés occupant les bassins versants. Ledéveloppement de formes collectives de gestion des terres, qui permettral’introduction de pratiques de travail du sol et de gestion des technologies plusefficaces et plus rationnelles, est aussi très important. Ce processus pourrait êtrefacilité par la mise en place de gestion communautaire des ressources et de groupesassociés à un mode de vie.

Tableau 3.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages pour laréduction de la pauvreté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Stratégies de réduction de la pauvreté

Système Potentiel Potentiel Intensifi- Diversifi-Accroissement Accroissement Sortied’exploitation de de cation cation de la taille de du revenu de agricole croissance réduction de l’exploitation hors l’agriculture

agricole la pauvreté exploitation

Irrigué Important Important 3 4 0 2 1

Mixte des hautes terres Important Moyen 1 1 2 2 4

Mixte pluvial Important Important 3 2 1 2 2

Mixte des terres sèches Moyen Moyen 2 1 1 2 4

Pastoral Faible Moyen 2 2 0 3 3

Dispersé (aride) Faible Faible 1 2 0 3 4

Basé sur la pêche Faible Faible 2,5 1,5 0 3 3côtière artisanale

Urbain Faible Faible 2 3 0 4 1

Moyenne pour la région 2,0 2,0 0,9 2,3 2,8

Source: Avis d’experts.Note: Le total des points pour chaque système d’exploitation est égalá 10. L’évaluation des stratégies est faite uniquement pourles agriculteurs pauvres. La moyenne régionale pondérée pour les populations agricoles des systèmes est calculée à partir dutableau 3.1.

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Comme le montre bien l’exemple de l’action planifiée dans la région pastoraleà l’est du Maroc, la prise en compte des pratiques locales par la législation et laréglementation est nécessaire pour pouvoir contrôler la pression sur les pâturagesdes terres arides et des hautes terres. Ces actions devraient conduire à: i) l’élimination des subventions (directes et indirectes) à l’importation des céréalesutilisées pour la production animale intensive; ii) l’établissement de groupes decommercialisation pour les producteurs de viande, regroupant éleveurs etentrepreneurs urbains impliqués dans le financement de l’industrie; et iii) la miseen place de groupes d’action de recherche répondant aux besoins de gestion despropriétaires des différents types d’animaux. Ces initiatives doivent prendre encompte des aspects plus larges de gestion des systèmes d’élevage, y compris ladisponibilité saisonnière en aliment du bétail, le fourrage et l’eau et leurdistribution dans l’espace, entre les systèmes des plaines et entre les plaines et lessystèmes des hautes terres. Une action de recherche intégrée de cette naturebénéficiera à la fois aux éleveurs et aux agriculteurs. Il est particulièrementnécessaire d’aider les propriétaires de petits troupeaux qui représentent la majoritédes éleveurs. Cette assistance pourrait prendre plusieurs formes: nouvellesmodalités d’accès à l’alimentation de complément, aux plants et aux semences,arrangements pour la commercialisation et le transport.

Dans de nombreuses zones, il est urgent de mettre en place une réglementationsur l’utilisation et les droits de l’eau – particulièrement pour l’utilisation de l’eausouterraine non renouvelable. Les problèmes liés à l’utilisation de l’eau auront,dans les trente prochaines années, une incidence majeure sur l’agriculture et ledéveloppement des zones urbaines (par exemple le bassin de Sanaa au Yémen). Ilest nécessaire de mettre en place de meilleures techniques de gestion de l’eau et desméthodes de suivi qui impliquent la participation de tous les intéressés d’unemanière impartiale. La législation qui assure le partage équitable des ressources eneau doit être appuyée par des accords nationaux et internationaux. Celaimpliquera, bien sûr, l’introduction de systèmes plus efficaces de taxation de l’eauutilisée, particulièrement dans les zones d’irrigation intensive. De plus, desinstitutions locales démocratiques devront être mise en place. Elles devront incluredes groupes d’utilisateurs d’eau assurant le contrôle efficace et juste de l’eau et desa gestion. Les améliorations techniques ne sauraient être durables et efficaces sansla mise en place de telles institutions.

La décentralisation des structures de pouvoir associées au développement ruralet à l’amélioration du niveau de vie est un premier pas essentiel. La création denouvelles formes de recherche agricole intégrée et de systèmes de vulgarisation estaussi nécessaire. La mise en place de nouvelles politiques et interventions estnécessaire pour encourager un meilleur partenariat entre le secteur public et lesecteur privé afin d’assurer une meilleure gestion des ressources rares. Des mesurespolitiques sont aussi nécessaires pour permettre un meilleur accès: à l’informationconcernant les nouvelles technologies du sol et des cultures, aux techniques degestion intégrée des ravageurs et du sol, et au crédit à la production; pour

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supprimer les distorsions dans les marchés et les prix (par exemple chez lescéréales) qui affectent les pauvres plus que les riches; et pour répondre aux besoinsen transformation et commercialisation.

LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

Le développement rapide des marchés mondiaux, très concurrentiels, a entraînéune forte pression sur les systèmes d’exploitation et de commercialisation existant etla disparition de nombreux petits producteurs. Une aide aux petites et moyennesentreprises est nécessaire pour leur permettre de s’adapter à ces nouvellesconditions. On a assisté durant les 30 dernières années à un exode des jeunes issusde l’agriculture, surtout des hommes, vers les villages locaux et les villes ou mêmehors de la région. Des remembrements de terre et des reprises d’exploitation ontlieu, mais il existe encore des millions de petites exploitations, souvent gérées pardes femmes ou des hommes âgés. Un certain nombre de domaines revêtant uneimportance particulière pour le développement sont présentés ci-dessous.

La libéralisation totale devrait entraîner une mise à plat de la productionagricole dans toute la région. La région ne possédant pas d’avantage comparatifpour la production de nombreux produits agricoles traditionnels, la libéralisationdevrait entraîner des ajustements, particulièrement pour les systèmesd’exploitation agricole pluviaux et des hautes terres qui devraient se tourner versla production de cultures de haute valeur pour des créneaux de marché particulier(par exemple, les olives et l’huile d’olive, les fruits et légumes frais ou transformés,tels que les agrumes, le raisin, le raisin sec et les tomates). La production horticoleet de grains alimentaires telle que celle du blé et du riz pourrait être compétitive etse développer dans les systèmes d’exploitation des grands périmètres irrigués situésprès des marchés. De la même façon, l’augmentation des prix du grain résultant dela disparition des distorsions actuelles des prix entraînerait un changement dans lesrapports entre le système pastoral et les feedlots.

Face au manque de terre, de nombreuses familles de petits agriculteurs ontrecours aux revenus hors exploitation pour assurer leur alimentation et couvrird’autres besoins. Ce phénomène devrait probablement se poursuivre, aussi toutesles initiatives et les investissements en faveur de la réduction de la pauvretédevraient-ils en tenir compte. Les principales stratégies d’amélioration desentreprises existantes et de création de nouvelles entreprises sont: i)l’encouragement des petites entreprises pour la transformation et lacommercialisation des cultures régionales et des produits animaux, grâce àl’élimination des contraintes et à la création de services de conseils techniques etéconomiques; ii) la création de clubs d’épargne ou l’organisation de petitsproducteurs qui créeront des fonds de réinvestissement pour l’amélioration de laterre et des eaux et le développement des petites entreprises; iii) la mise en place deprogrammes de crédit pour faciliter l’achat d’équipement d’irrigation, de matériels

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de culture, de récolte, de transformation et de commercialisation, qui pourraientêtre en propriété collective ou loués; iv) l’amélioration de la connaissance des besoinsdes consommateurs selon les marchés (villes de la région ou Europe) de la part despetits entrepreneurs; et v) l’identification et l’exploitation des marchés pour desproduits particuliers (par exemple aliments biologiques, herbes médicinales).

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

L’investissement conjoint des secteurs privé et public pour un meilleur accès auxsystèmes d’information locaux et internationaux (en particulier dans le domaine desmarchés) est une priorité pour le développement de l’agriculture régionale. Il estimportant d’améliorer l’accès à la connaissance des marchés locaux etinternationaux pour les petits producteurs, ainsi que l’accès à l’information utile auxfemmes d’agriculteurs et aux travailleurs ruraux.

Les agriculteurs ne peuvent bénéficier d’une information disponible que s’ilssavent comment l’utiliser. Aussi, les gouvernements et la société civile devraient-ilsfavoriser la formation des agriculteurs aussi bien à l’école que dans les centres deformation agricole. Il est nécessaire de restructurer et de réorganiser les systèmesd’enseignement supérieur agricole afin de mettre l’accent sur les modes de vieruraux et urbains plutôt qu’uniquement sur la production agricole. Lesprogrammes devraient être reformulés pour donner plus d’importance àl’approche enseignement interdisciplinaire basée sur les systèmes (non seulementsur les disciplines et les produits par exemple). La formation et l’information desjeunes ruraux en matière agricole ainsi que sur les possibilités de développementde l’agro-industrie et du tourisme, sont une priorité.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

La recherche nationale et les systèmes de vulgarisation ont été particulièrementinefficaces et improductifs pendant de nombreuses années. On a assisté à uneabsence de réflexion en terme de système en ce qui concerne la nature desressources naturelles et la façon de les gérer plus durablement afin de réduire lapauvreté. Les politiques en matière de science et de technologie devraient êtrerevues afin de mieux répondre aux besoins de la majorité de la population rurale eturbaine – particulièrement les pauvres. Une réorientation fondamentale de larecherche et des systèmes de vulgarisation est nécessaire pour les mettre plus enaccord avec les approches participatives récentes, impliquant les producteurscomme partenaires dans le développement de la recherche et des programmes devulgarisation. Cela devrait permettre d’impliquer collectivement les producteursdans tous les aspects de la recherche végétale et animale et dans les processus demultiplication. Ces mesures pourraient s’appliquer à la sélection des variétés, à leur

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testage et à leur multiplication; le développement de technologies de gestion des solset des eaux; la conception, le test et la mise en œuvre de la gestion de la terre; etl’équipement de récolte pour les petits producteurs. Il est nécessaire de renforcerl’aide au développement des technologies qui s’adressent spécifiquement auxfemmes – à la fois comme producteurs et comme personnes dont on n’a pas encoreutilisé les talents pour la transformation des produits alimentaires et leurcommercialisation.

La recherche sur les cultures mineures et l’élevage devrait être renforcée afin depermettre la diversification des productions qui pourra aider à réduire la pauvreté.Il est urgent de trouver des technologies qui permettent aux petits agriculteurs derépondre aux créneaux de marchés de l’Europe pour des produits horticoles dequalité ou biologiques; toutefois, les firmes qui achètent ces produits sont souventmieux à même d’introduire de telles technologies. Souvent la solution se trouvenon seulement dans la technologie mais aussi dans la formation et les arrangementsinstitutionnels. L’ICARDA a joué, pendant les 25 dernières années, un rôle actifdans la réalisation d’un grand programme de recherches stratégiques et appliquéesaux produits et aux ressources de base de la région. Il est maintenant nécessaire deconsolider les efforts et d’aider plus activement les institutions nationales de larégion. Cette initiative nécessite des investissements importants en matière deformation pour une recherche et des systèmes de vulgarisation dynamiques. Lesprofessionnels de ces systèmes pourraient s’inspirer de la recherche menée dans larégion (dans le delta du Nil par exemple) ou dans d’autres parties du monde, pourformulation et la mise en œuvre de technologies. Les agriculteurs pourraientprendre part à ce processus et apporter leur connaissance particulière dessemences, de la tolérance à la sécheresse et à la salinité et de la collecte, du stockageet de la réutilisation de l’eau.

L’aide à la recherche et à la vulgarisation doit être plus interdisciplinaire et faireplus appel à l’imagination. Les chercheurs et les vulgarisateurs doivent davantagetravailler sur des objectifs de recherche et développement stratégiques et desystèmes et se mettre d’accord sur des mécanismes de suivi. La recherche sur ledéveloppement de systèmes agricoles intégrés et des modes de vie plus durablesdevrait être une priorité. Elle devrait porter sur: i) une plus grande diversification;ii) la gestion intégrée des ravageurs, des sols et des eaux; iii) la participation desagriculteurs, hommes et femmes, au processus de recherche et de diffusion; iv) ledéveloppement de variétés de fourrage et de cultures tolérantes à la salinité; et v) la formulation et la planification d’une gestion plus efficace de l’eau au niveaude l’exploitation, conjointement à l’utilisation et à la réutilisation de l’eau.

Il est nécessaire de continuer à investir des ressources nationales etinternationales pour accroître l’efficacité technique des systèmes d’irrigation detous types, ceux-ci peuvent en effet permettre aux agriculteurs un plus grandchoix d’activités et de pratiques de production. Les systèmes irrigués, à l’inverse denombreux autres systèmes, offrent la possibilité d’une plus grande diversification,de la pratique de cultures intercalaires et de l’intensification des cultures ou des

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arbres fruitiers. La diversification et le changement vers des assolements quiéconomisent l’eau sont un autre domaine possible d’investissement. Ils exigent undéveloppement rapide et l’accès des agriculteurs aux systèmes demicrodistribution de l’eau qui ne sont pour l’instant utilisés que par un grouperestreint d’agriculteurs riches. Il faut continuer à développer ces technologiesrelativement nouvelles en y faisant participer les femmes. De nouveaux systèmesde rotation des cultures et de gestion des cultures intercalaires doivent êtreexplorés par des groupes actifs d’agriculteurs et de chercheurs. Ces prioritéss’appliquent non seulement aux systèmes irrigués, mais aussi aux zones àpluviométrie plus forte et à celles où la récolte des cultures dépend de l’importancedes pluies saisonnières.

L’introduction de techniques culturales de conservation, d’équipement et destratégies permettant une meilleure utilisation de la force de travail, des ressourcesen sol et en eau, est de la plus haute importance pour la région. La nécessitéd’augmenter la productivité du travail implique le recours à des formes demécanisation qui pourrait bien entraîner plus de partage de l’équipement et dutravail. Cela pourrait être facilité par des mécanismes institutionnels locaux, quivont au-delà des besoins stratégiques pour une gestion durable des sols et des eauxdans un district ou dans une sous-région. Les types de techniques qui pourraientêtre appliqués dans la région ont été mis en place depuis de nombreuses annéesdans d’autres zones arides du monde; elles comprennent: i) un travail minimumou le non travail du sol; ii) un suivi précis des relations du sol et de l’eau; iii) ledéveloppement d’options rationnelles pour les choix à long terme des cultures etde l’assolement; iv) la participation des groupes d’agriculteurs dans les processusde prise de décision; et v) le développement de technologies spécialement adaptéesaux besoins des femmes impliquées dans la production et la transformation.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

Les problèmes relatifs à la gestion des ressources naturelles sont en partie liés à ladétérioration continue de la qualité des ressources en eau et en sol. De plus, lesressources en eau non renouvelables sont de plus en plus menacées par l’extractionexcessive qui en est faite. Le plus souvent, en raison de méthodes de cultureinappropriées et de la forte pression des animaux sur les pâturages de certaineszones spécifiques, l’érosion du sol par le vent et l’eau continue d’être un problèmemajeur dans la région. Les changements climatiques vont probablement entraînerdes extrêmes plus marqués de sécheresse qui pourront toucher plus sévèrement leszones à faible pluviométrie que celles bénéficiant d’une pluviométrie modérée.

La demande croissante en produits animaux de la part des zones urbaines et ledéveloppement incontrôlé de la production animale industrielle urbaine et ruraleentraînent des pressions sans précédent sur les paysages de steppe et des hautesterres, ainsi que sur les personnes qui gèrent les animaux. L’industrie, dans son

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ensemble, a besoin d’être analysée et comprise d’une façon rationnelle pourpermettre aux modes de vie ruraux de rester durables à long terme.

Les domaines suivants devraient faire l’objet d’une attention prioritaire: i) larevitalisation et l’adaptation de systèmes anciens de rotation des pâturages et degestion des terres en impliquant tous les intéressés dans la planification et le suivi deschangements dans les ressources; ii) les systèmes de gestion du sol et de l’eau auniveau du bassin versant (plutôt qu’à celui de l’exploitation individuelle); iii) ledéveloppement de systèmes durables de gestion de l’eau souterraine; iv) l’introduction de taxes réalistes et équitables sur l’eau; v) les techniques de gestiondes sols et des eaux durables à long terme pour les cultures annuelles et pérennes; etvi) la conservation et le développement de la flore et de la faune uniques de la région.

On s’est, pendant de nombreuses années, interrogé sur la valeur et les revenusqui pouvaient être tirés des zones à faible et à fort potentiel et s’il était plusintéressant d’investir dans l’une que dans l’autre. On a souvent fait remarquer quele retour sur investissement des zones à faible potentiel était peu satisfaisant.Cependant, les comparaisons simplistes entre terres à bas ou haut potentiel peuventne pas se montrer très utiles ici, en raison du rôle important de lien entre lesdifférents systèmes que joue les animaux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Les zones à haut potentiel continueront à faire l’objet d’une attentionparticulière en raison de leur importance dans la production des céréales, desfruits, des légumineuses et des cultures de rente. C’est d’elles que lesgouvernements attendent l’essentiel de la contribution à la sécurité alimentairenationale en matière de céréales et de produits alimentaires de base. Il estnécessaire de porter beaucoup plus d’attention à la gestion de l’eau, à soninteraction avec le sol et aux intrants externes. Il est aussi nécessaire de mieuxcontrôler et de mieux réglementer l’utilisation des produits phytosanitaires, enparticulier ceux utilisés sur le maraîchage et les fruits près des marchés urbains, etde diminuer l’utilisation des intrants externes, permettant ainsi des productionsprésentant moins de risques à long terme pour les humains et les sols.

Les zones à faible potentiel produisent non seulement les cultures essentiellesdes systèmes pluviaux, telles que l’orge, mais elles permettent aussi la productiond’un grand nombre d’animaux (moutons et chèvres) nourris sur les steppes et lesrégions montagneuses pendant la saison humide et migrant vers les zones plushumides à haut potentiel après la récolte des cultures principales. La productivitéde l’élevage résultant de l’utilisation de tous ces systèmes peut être très forte. Lemanque d’accès des agriculteurs et des éleveurs à l’élevage et aux terres cultivées enorge limiterait les options possibles et entraînerait une augmentation de la pauvretéet des migrations déjà très importantes. La modernisation (financement d’un grandnombre d’animaux par des urbains et moyens de transport pour les animaux etl’eau) entraîne une pression importante sur les pâturages de nombreuses zones quiseront difficiles à récupérer. Des formes de gestion communautaire des ressources– terre, forêt, buissons, animaux et eau – peuvent permettre de stabiliser ces zoneset de rendre leur utilisation plus durable. De telles zones nécessiteraient d’être

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protégées par une réglementation et des mesures politiques appropriées. Laprotection et la conservation du faible potentiel des terres parfois arides de larégion est une tâche vitale pour les gouvernements, les autorités locales et lesagences extérieures, car ces zones contiennent des plantes et une faune rares etfournissent des ressources saisonnières en pâturage à des millions d’animaux.

On rencontre des grandes et des petites exploitations agricoles dans toutes leszones, qu’elles soient à fort ou faible potentiel, d’altitude ou de plaine. Les terresagricoles, même celles des petites exploitations, sont souvent fragmentées dans lessystèmes agricoles pluviaux. Dans plusieurs pays, les terres autour des habitationsdu village sont gérées en blocs, facilitant ainsi la mécanisation de la préparation desterres et des récoltes et la gestion du pâturage des moutons après la récolte. Il seraitsouhaitable d’étudier les systèmes anciens de coopération entre petits agriculteursafin d’évaluer leurs avantages et inconvénients, surtout pour la gestion des intrants,le contrôle de la qualité et la commercialisation des produits. Les propriétaires degrandes exploitations sont souvent relativement riches et habitent parfois en ville;dans ce cas les opérations courantes sont souvent laissées à un fermier peu motivé.Il est souvent possible d’améliorer la gestion du sol et de l’eau sur ces exploitationset d’augmenter ainsi leur productivité.

CONCLUSIONS

En dépit de la richesse en ressources pétrolières de quelques pays de la région, laproduction agricole et les ressources en eau restent vitales pour le mode de vie denombreuses familles agricoles. Les perspectives de réduction de la pauvreté agricoledans le cadre des objectifs internationaux sont assez bonnes. La sortie du secteuragricole est, pour l’ensemble de la région, la meilleure stratégie pour réduire lapauvreté et l’insécurité alimentaire des ménages; vient ensuite l’accroissement desrevenus hors exploitation. La diversification et l’intensification sont deux stratégiesd’égale importance au niveau de l’exploitation, elles viennent juste après les revenushors exploitation. L’accroissement de la taille des exploitations ne semble pas êtreune stratégie importante.

Deux groupes importants continuent d’être exclus de la plupart des initiativesde développement: les agriculteurs les plus pauvres des terres arides et les éleveurs.La stabilité et la durabilité des systèmes basés sur les ressources naturelles sont trèsmenacées. Des politiques alimentaires inappropriées et faibles ont entraîné des prixtrès bas en zone urbaine au détriment des agriculteurs et des éleveurs les pluspauvres. Néanmoins, la nécessité de réorienter le développement vers l’éliminationde la pauvreté, basée sur l’usage durable des ressources, est aujourd’hui reconnue.Cinq stratégies liées entre elles sont proposées:

Gestion durable des ressources. Les ressources naturelles ont besoin d’êtreconservées par une gestion améliorée des bassins versants dans les zones de collines

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et de montagnes et par la conservation des sols sur les terres en pente et la gestionaméliorée des pâturages dans les zones pastorales. Les composantes comprennent:le renforcement des groupes locaux d’usagers des ressources, l’amélioration despratiques de gestion et l’amélioration des politiques à long terme.

Gestion améliorée de l’irrigation. Une meilleure efficacité de la gestion de l’eaud’irrigation est essentielle pour permettre l’intensification et la diversification de laproduction et réduire les pertes. Les composantes comprennent: les technologiespour une meilleure utilisation de l’eau de surface et l’eau souterraine et desajustements sur la taxation de l’eau et autres mesures réglementaires.

Réorientation des services agricoles. La réorientation des systèmes de rechercheagricole avec la participation des agriculteurs devra mettre l’accent surl’intensification des systèmes irrigués et des systèmes mixtes pluviaux et ladiversification des activités dans tous les systèmes. Les composantes en sont: desservices de vulgarisation basés sur des fournisseurs de services publics et privés etune forte assistance au secteur agro-industriel rural afin de créer des emplois horsexploitation.

Amélioration des ressources humaines. Le recours aux nouvelles approches enmatière de science et d’amélioration des méthodes d’enseignement estparticulièrement important pour la formation des étudiants en agriculture qui vonttravailler aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public. Lescomposantes comprennent: l’adoption des progrès qui partout dans le monde ontjoué un si grand rôle dans l’enseignement agricole en matière de formation et deréflexion en terme de système.

Rationalisation des politiques agricoles. Les politiques doivent réorienter ledéveloppement vers l’élimination de la pauvreté à partir de l’utilisation durable desressources. Les composantes comprennent: l’élimination des subventions àl’importation des céréales (très utilisées pour la production animale intensive) ainsique celle des autres formes de support au bas prix urbains au détriment desagriculteurs et des éleveurs les plus pauvres.

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CONTEXTE RÉGIONAL

CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉGION

La région de l’Europe de l’Est et de l’Asie Centrale comprend 28 pays ayant desniveaux de développement économique très différents1. Le développementéconomique de ces pays, dont 10 à 55 pour cent de la population dépend del’agriculture, est considéré comme intermédiaire. En 1998, la contribution moyennedu secteur agricole au PIB en terme de valeur ajoutée était de 12 pour cent. En fait,ce chiffre varie de 4 à 54 pour cent selon les pays. La moyenne de la contribution del’agriculture aux exportations était alors de 11 pour cent2. Le nombre des pauvresa considérablement augmenté au cours les dix dernières années. En 1997, cinq pourcent de la population totale vivaient avec moins de 1 dollar EU par jour, et un quartavec moins de 2 dollars EU par jour3.

La plupart des pays de la région ont mis en place des réformes économiquesmajeures dans un passé récent. Cependant, en raison de différences historiques etd’une plus ou moins grande proximité avec l’Union européenne (UE), il existeaujourd’hui deux sous-régions présentant des différences importantes dans lesprogrès réalisés et les résultats des réformes: i) l’Europe centrale et du Sud; et ii) la Communauté des Etats indépendants.

Europe centrale et du Sud (ECS)Cette sous-région comprend les Etats baltes, la Pologne, les pays d’Europe centraleet du Sud et la Turquie. Elle couvre une superficie totale d’environ 210 millions

E U RO P E D E L’ E S T

E T A S I E C E N T R A L E

4

● ● ●

1Voir l’annexe 3 pour la liste des pays de la région qui inclut la Turquie dans cette étude.

2Banque mondiale, 2000f.

3Banque mondiale, 2000f.

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d’hectares et sa population rurale est de 67 millions de personnes dont 38 millionssont économiquement actifs dans l’agriculture. La densité moyenne est de90 habitants/km2; toutefois, des variations importantes existent, dues en particulierà la latitude. La zone agroécologique humide subhumide est la plus productive. Ilexiste dans la région de nombreuses montagnes et collines dont les pentes sontsupérieures à 30 pour cent.

La contribution moyenne de l’agriculture au PIB en terme de valeur ajoutée a été en 1998 de 17 pour cent. Ce chiffre recouvre toutefois des variationsimportantes, de 5 pour cent pour la République tchèque et la Pologne à 54 pour centpour l’Albanie. La République tchèque et l’Albanie représentent les extrêmes enterme d’importance du travail agricole: en 1990 le travail agricole représentaitrespectivement 11 et 55 pour cent de la force de travail de ces deux pays. Lacontribution moyenne de l’agriculture aux exportations était de 11 pour cent. Cesgrandes tendances ont influencé les systèmes agricoles pendant la dernièredécennie. Ces pays ont connu une série de transformations complexes de leurssystèmes politiques et économiques.

Tous doivent faire face à des défis semblables et ont, au départ, adopté les mêmesgrands objectifs. Cependant, les procédures de réforme sont très différentes d’unpays à l’autre en raison du niveau de développement des marchés et de la volontépolitique de transformation. Aussi, le rythme de la mise en œuvre des réformes etson contenu varient-ils d’un pays à l’autre. Les progrès du secteur agricole vers uneéconomie de marché diffèrent grandement d’un pays à l’autre. Les changements dessystèmes politiques et économiques de la dernière décennie ont entraîné une chutevertigineuse de la production et une forte remontée des inégalités sociales,accompagnées d’un accroissement très important de la pauvreté.

Communauté des Etats indépendants (CEI)Cette sous-région inclut les pays de l’ex-Union soviétique, excepté les Etats baltes.Elle couvre une superficie totale d’environ 2 180 millions d’hectares. Sa populationest de 284 millions de personnes, dont 33 pour cent de ruraux. La densité moyennede la population est de 13 habitants/km2, mais il existe des variations importantesselon la zone agroécologique et la latitude. Le gel permanent du sol et le manqued’humidité empêchent toute production végétale sur d’immenses zones arides ousubhumides au nord du 78e degré de latitude, couvrant plus de la moitié de la sous-région. La densité de population y est inférieure à trois habitants/km2. La quasi-totalité de la couverture forestière régionale se trouve sur le territoire de laFédération de Russie; la plus grande part de celle-ci se situe dans la zone de taïga.Les systèmes agricoles les plus productifs de la sous-région se trouvent, à l’ouest,dans la zone agroécologique humide subhumide. La plus grande partie de la sous-région se situe dans les zones aride et semi-aride où le potentiel de production est,en l’absence d’irrigation, très faible. La CEI a connu, pour les mêmes raisons que

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l’ECS, une forte chute de sa production, et une hausse des inégalités sociales et dunombre de personnes pauvres. En 1998, l’agriculture contribuait en moyenne à 10 pour cent du PIB en termes de valeur ajoutée (de 7 pour cent pour la Fédérationde Russie à 46 pour cent pour le Kirghizistan4).

Les pays de la CEI se sont tous lancés dans un processus complexe detransformation de leurs systèmes politiques et économiques. Ils ont démarré àdifférents niveaux de développement, ont utilisé des stratégies diverses, aussi lesrésultats sont-ils contrastés. Les résultats des réformes n’ont généralement pasrépondu aux attentes. Dans de nombreux pays, la principale difficulté a consisté àmettre en place les conditions primordiales pour une agriculture fructueuse –l’exploitation privée. Les raisons le plus souvent avancées concernent le refusd’abandonner l’environnement protégé des anciennes exploitations collectives d’étatou des coopératives pour affronter un monde non protégé, sans organisation de laproduction, des marchés et des services ruraux. Les grandes exploitations collectivesont majoritairement survécu à la transition, elles ont été rebaptisées coopératives deproduction ou sociétés corporatives. La famille agricole, unité de production, n’estapparue que dans les pays où la terre a été redistribuée. Toutefois la taille desexploitations est encore considérée par beaucoup comme trop petite pour êtrerentable. Seules de rares unités familiales orientées vers la production commercialeont été capables de s’établir.

Le processus de transformation des structures économiques, particulièrementcelles liées au secteur agricole, s’est révélé, pour les deux sous-régions, être bien pluscomplexe que prévu. De plus, les défis et perspectives de chaque systèmed’exploitation agricole sont différents. Ils varient en fonction des ressourcesnaturelles du système, de son histoire, de son organisation et de l’état d’avancementde sa transformation.

PRINCIPAUX SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLES DE L’EUROPE DE L’EST ET DE L’ASIE CENTRALE

Les différences agroécologiques entre les systèmes sont importantes. Elles varientd’une des régions les plus fertiles du monde en Europe du Sud-Est à des régionspauvres où l’eau est rare en Asie centrale. Cette diversité agroécologique associée àl’hétérogénéité des conditions politiques, économiques et sociales de la région, ontconduit au développement d’une grande variété de systèmes d’exploitation agricole.L’adoption des critères définis au chapitre 1 a permis d’identifier onze systèmesd’exploitation agricole principaux (voir le tableau 4.1 et la carte). Le système urbainest dispersé à travers toute la région et n’est donc pas cartographié. Les différentssystèmes sont brièvement décrits dans les paragraphes suivants.

4Banque mondiale, 2000f.

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Système d’exploitation agricole irrigué5

Ce système se rencontre dans des zones dispersées des parties centre-sud et est dela région et couvre environ 28 millions d’hectares, dont 10 millions d’hectarescultivés et 8,6 millions d’hectares irrigués. Sa population agricole est d’environ 4 millions d’habitants. On trouve de grandes exploitations irriguées (jusqu’à 500 ha)dans les pays de la CEI et dans quelques zones de Roumanie. Toutes ont étésévèrement affectées par l’augmentation des prix de l’énergie autrefoissubventionnée, et par la perte des marchés traditionnels pour les cultures de valeurcomme les fruits et légumes.

Tableau 4.1 Principaux systèmes d’exploitation agricole de l’Europe de l’Est et de l’Asie Centrale

Systèmes Superficie Pop. agricole Principales Fréquence de d’exploitation (% de (% de activités la pauvretéagricole la region) la region)

Irrigué 1 4 Coton, riz, autres céréales, Moyenne - tabac, fruits, légumes, importante

activités hors exploitation

Mixte 4 18 Blé, maïs, oléagineux, Faible - orge, élevage Importante

Elevage basé sur 3 5 Fourrage, foin, céréales, Moyennela forêt cultures industrielles,

pommes de terre

Mixte horticole 3 11 Blé, maïs, oléagineux fruits, Moyenne - légumes en intensif, élevage, importanterevenus hors exploitation

Céréales-maraîchage 4 16 Blé, orge, maïs, tournesol, Moyenne - à grande échelle betterave à sucre, légumes importante

Céréales-élevage 1 4 Blé, orge, ovins et caprins Modéréeà petite échelle

Céréales-élevage 18 15 Blé, foin, fourrage, bovins, Moyenne - extensif ovins importante

Pastoral 3 10 Ovins, bovins, céréales cultures Moyenne - fourragère, pommes de terre importante

Dispersé (froid) 52 2 Seigle, avoine, rennes, pommes Importantede terre, porcins, forêt

Dispersé (aride) 6 8 Orge, ovins Importante

Urbain <1 7 Légumes, volaille, porcins Moyenne

Source: Données FAO et jugement d’expert.Note: La fréquence de la pauvreté est une évaluation relative à la région. Les lacs et les mers intérieures représentent 5 pour cent dela superficie totale de la région.

5Les systèmes d’exploitation agricole irrigués se réfèrent à des régions disposant de systèmes d’irrigation importants etincluent les zones voisines pluviales. Ils excluent les petits périmètres irrigués associés principalement aux systèmesagricoles pluviaux, qui sont discutés avec ces systèmes pluviaux. Les concentrations les plus importantes d’irrigation àl’intérieur des zones pluviales sont indiquées par des hachures sur la carte.

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Dans les parties les plus chaudes de l’Ouzbékistan, de Turkménistan et duKazakhstan du Sud, l’irrigation est surtout utilisée pour la culture du coton et, dansune moindre mesure, pour celle du riz. L’existence de marchés permet le maintiende la production irriguée du coton, son exportation fournit des devises auxéconomies dépendant essentiellement de l'agriculture. Cependant, l’utilisationexagérée de l’eau durant l’époque soviétique a entraîné une dégradation trèsimportante de l’environnement (assèchement de la mer d’Aral, désertification deszones avoisinantes) et la généralisation de la salinisation.

Les systèmes irrigués de plus petite taille sont typiques des Balkans, du Caucaseet de la Turquie, mais on les trouve aussi dans d’autres pays. La moyenne de la tailledes exploitations en propriété et gérées par une seule famille se consacrant à laproduction de cultures telles que le blé, l’orge, le coton, le tabac, les fruits et lemaraîchage, varie entre 2 et 10 ha. Suivant la taille de la famille et la surface irriguée,ces exploitations peuvent procurer un emploi à temps partiel ou à plein temps. Lessurplus commercialisables représentent la principale source de revenu monétaire.La perte des anciens marchés de fruits et de légumes a entraîné un développementimportant de la pauvreté, en particulier dans le Caucase. Cependant, certainesexploitations arrivent, en dépit de leur très petite taille, à se recapitaliserprogressivement.

Système d’exploitation agricole mixteCe système est répandu dans les pays d’Europe centrale cherchant leur adhésion àl’UE. Il couvre une superficie estimée à 85 millions d’hectares, principalement dansla zone agroécologique humide subhumide. La population rurale, en baisse, estaujourd’hui estimée entre 25 et 35 pour cent de la population totale. La populationagricole s’élève à 16 millions de personnes; les conditions de production agricolevarient considérablement. La plus grande partie des 35 millions d’hectares cultivésse situe dans les plaines entre les montagnes; elle est principalement consacrée à laproduction de blé, de maïs, d’oléagineux et d’orge, en combinaison avec de petitessurfaces de fruits et de cultures maraîchères. L’élevage est surtout tourné vers laproduction de bovins (lait et viande) et de porcs. Les collines et les montagnesvoisines sont consacrées aux pâturages et à la forêt.

Cette région a vu l’apparition de nombreuses nouvelles exploitations familiales,à l’exception de la Pologne et des pays de l’ex-Yougoslavie où les petites exploitationsfamiliales dominaient déjà avant la période de transition. La majorité de cesnouvelles exploitations, dont les types de propriété et d’organisation sont très variables, est issue de la privatisation et de la décollectivisation des grandesunités agricoles d’état et collective. Dans certains pays, l’état possède encore une partimportante des terres ou continue à posséder une partie du capital des nouvellesexploitations. Il existe aujourd’hui deux principaux types d’exploitations, selon letype de propriété et de gestion: les petites et moyennes exploitations familialesprivées et les moyennes et grandes sociétés ou fermes coopératives.

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La fréquence de la pauvreté est faible à moyenne. Elle se rencontre surtoutparmi les groupes les plus vulnérables, tels que les minorités ethniques, lestravailleurs sans emploi ou sans qualification, et les exploitations dans les zonesmarginales.

Système d’exploitation agricole d’élevage basé sur la forêtCe système est situé au nord-ouest de la région dans une zone agroécologiquehumide subhumide et s’étend sur une superficie estimée à 72 millions d’hectares,dont 25 millions d’hectares sont cultivés; sa population agricole est d’environ 5 millions de personnes.

Les grandes exploitations, coopératives ou entreprises dont la taille varie de 500à 2 000 ha, sont typiques de la Biélorussie et du nord-ouest de la Russie. Leursproductions sont orientées vers le fourrage, le foin, les céréales, les culturesindustrielles et les pommes de terre. Dans l’état actuelle des choses, ces exploitationsgénèrent peu ou pas de revenus monétaires. Le troc est le principal mode de surviedes membres des coopératives ou des travailleurs agricoles. Il est probable qu’avecles réformes économiques et politiques qui continuent à être mise en place, un grandnombre de ces grandes exploitations sera progressivement remplacé par desexploitations privées6.

Système d’exploitation agricole mixte basé sur l’horticultureCe système couvre 79 millions d’hectares dont 24 millions d’hectares cultivés. Il serencontre surtout dans le sud des Balkans, le nord de la Turquie et le Caucase. Sa population agricole est de près de 10 millions de personnes disperséesprincipalement sur les pentes de la zone agroécologique sèche subhumide,caractérisée par un climat méditerranéen. Tandis que les populations rurales desBalkans diminuaient fortement au cours de la dernière décennie, elles augmentaientdans les pays du Caucase. La taille moyenne des exploitations est réduite et laproduction diversifiée – blé, maïs, oléagineux, fruits et maraîchage, associés auxbovins, moutons et chèvres. Bien que l’horticulture (fruits secs et maraîchage)n’occupe que 15 pour cent des terres cultivées (irriguées en plein champ ou sousserre, ou autres systèmes de protection), elle contribue de façon importante à lavaleur de la production végétale et au revenu des ménages. Il est courant, dans lesud de Balkans et dans le Caucase, que les familles propriétaires des exploitations etdes parcelles individuelles issues de la privatisation travaillent à mi-temps horsexploitation. La production de céréales et d’oléagineux est très souvent consomméeà la ferme; les surplus commercialisables de fruits, maraîchage et produits animauxreprésentant la principale source de revenu monétaire. La pauvreté, due en partieaux conflits armés, est importante; elle touche principalement les minorités, les

6Comme il est expliqué par ailleurs, l’application des réformes ne va pas sans une certaine réticence de la part desresponsables officiels.

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personnes sans emploi et sans terre des zones rurales et urbaines, les groupesmarginaux (par exemple les femmes et les vieillards) et les populations des zonesmarginales.

Système d’exploitation agricole céréales-maraîchage à grande échelleCe système est typique de l’Ukraine, de la partie sud de la Fédération de Russie etde la République de Moldavie. Il couvre quelque 100 millions d’hectares,principalement dans la zone agroécologique humide subhumide. Sa populationagricole est d’environ 15 millions de personnes. Quelque 38 millions d’hectares sontcultivés. Le processus de privatisation a commencé, toutefois, des exploitations sontencore de grande taille (500 à 4000 ha). Bien que la propriété privée gagne duterrain, la coopérative et le groupe par action restent les principaux types depropriété. Les populations rurales représentent une proportion relativementimportante de la population totale de ce système – probablement environ un tiers –et ne diminuent que lentement. Comme dans le nord-ouest de la Russie et enBiélorussie, ces exploitations génèrent peu de revenus monétaires et les membresdes coopératives ou les travailleurs agricoles dépendent beaucoup de la productionde leur lopin de terre familial et du troc pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Système d’exploitation agricole céréales-élevage à petite échelleCe système se rencontre dans les zones semi-arides et sèche subhumide et dans leszones montagneuses de Turquie. Il est caractérisé par une période végétative demoins de 180 jours. Sa population agricole est estimée à 4 millions de personnes; ilcouvre une superficie de 35 millions d’hectares, dont quelque 8 millions d’hectarescultivés par des agriculteurs propriétaires ou locataires. La privatisation a entraînéune amélioration de la gestion agricole, une meilleure utilisation de la force detravail et une diversification de la production. Cependant, de nombreusesexploitations issues de la redistribution des terres sont de très petites tailles,certaines d’entre elles sont à peine viables. Les arrangements concernant lapropriété n’encouragent ni la productivité à court terme ni la gestion des ressourcesnaturelles à long terme. Les principales céréales sont le blé et l’orge. Les rendementsdes cultures pluviales varient énormément d’une année à l’autre, en fonction de lapluviométrie. Néanmoins, les petits agriculteurs de ce système produisent la plusgrande partie des céréales de la Turquie. Les ménages agricoles consomment à peuprès la moitié du blé produit, l’autre moitié est commercialisée. L’orge est presqueentièrement utilisée pour l’alimentation animale ou exportée. L’élevage des moutonset des chèvres joue un rôle important dans le système; les bovins sont peunombreux. Il existe une certaine intégration agriculture élevage issue des pratiquestraditionnelles. L’alimentation des animaux est constituée de la paille des cultures,des mauvaises herbes, de l’herbe des terres en jachère et des pâturages des zonesnon cultivables. Le surpâturage des prairies, des terres marginales, des forêts et des

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herbages de montagne est courant; il est responsable de dégâts importants surl’environnement et de la faible productivité de l’élevage.

Bien que la pauvreté augmente, la diminution du taux de croissance de lapopulation a réduit la pression sur les terres redistribuées et l’industrialisationoffre des possibilités de travail à mi-temps ou à plein-temps à de nombreuxagriculteurs.

Système d’exploitation agricole extensif céréales-élevage Ce système se rencontre dans la zone agroécologique semi-aride de la Fédération deRussie et dans le nord du Kazakhstan, il couvre aussi des surfaces importantes dansle sud du Kazakhstan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan. C’est le domaine de lasteppe, traditionnellement utilisée par les troupeaux de nomades jusqu’à sa mise enculture au cours des dernières décennies. Les principales productions sont le blé, lefoin et autres productions fourragères associés aux bovins et moutons. Dans lesparties plus sèches (pluviométrie annuelle de 200 à 300 mm) les terres sont misesen jachère tous les deux ans. Ce système couvre une superficie totale de 425 millionsd’hectares, dont environ 107 millions d’hectares sont cultivés. Sa population estestimée à 14 millions de personnes. Le régime de la propriété est en cours demutation: on y rencontre des exploitations collectives et d’état, des coopératives ougroupes par actions et un nombre croissant de petites exploitations familiales. Lapauvreté augmente chez les personnes âgées, les jeunes familles et les anciensmembres des coopératives ainsi que dans les zones urbaines.

Système d’exploitation pastoralC’est le système typique de la plupart des étendues du sud de l’Asie centrale. Ilcouvre environ 82 millions d’hectares et sa population agricole dispersée est estiméeà 9 millions de personnes. Les populations rurales constituent une part importantede la population totale, elles atteignent 60 pour cent au Kirghizstan. L’essentiel despâturages se situe en haute montagne ou dans des zones sèches adjacentes. L’élevageest essentiellement constitué d’ovins et de quelques bovins. A côté de l’élevage,activité dominante, quelque 14 millions d’hectares situés dans les vallées, où lesconditions sont un peu plus favorables, sont consacrés à la culture des céréales, desfourrages et des pommes de terre destinés à l’autoconsommation. Le modèle deconduite des troupeaux est le suivant: pâturage sur les parcours communaux duvillage pendant le printemps et l’automne; pâturage en montagne en été, où lesparcours sont souvent surpâturés; alimentation à l’étable pendant l’hiver. Ladétérioration de la végétation naturelle et l’érosion des sols, causées par unepopulation animale excessive, une mauvaise gestion des parcours et le surpâturage,constituent un des principaux problèmes de ce système. La production de laine, quifut très importante à l’époque soviétique, a considérablement diminué depuis ledébut des années 90; dans le même temps, la production de viande a augmenté par

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le remplacement des races traditionnelles par des races à viande. La pauvreté esttrès fréquente dans ce système.

Système d’exploitation agricole dispersé (froid)Ce système se rencontre en Russie, au nord du système extensif céréale-élevage. Ilcouvre 1 260 millions d’hectares dont seulement 23 millions d’hectares ont été misen culture dans la Toundra et les forêts de la Taïga, principalement dans la partieeuropéenne. Sa population est estimée à 2 millions de personnes. La taïga reste laplus grande réserve de bois du monde. Les conditions naturelles difficiles nepermettent que des cultures limitées de seigle, d’avoine, de pommes de terre et d’unpeu de maraîchage, complémentées par l’élevage de porcs. Les principalescontraintes sont: la brièveté de la période végétative, les températures très basses etla pauvreté des sols. Le type de sol dominant est le podzol, caractérisé par unlessivage intense des éléments nutritifs et une acidité importante. Divers groupes depopulations indigènes, dont les Yakuts et les Evenks, pratiquent le pastoralisme durenne. Le potentiel de développement agricole de ce système est très limité.

Système d’exploitation agricole dispersé (aride)Ce système couvre 143 millions d’hectares, sa population agricole est d’environ 7 millions d’habitants. On le rencontre dans sud de la steppe eurasienne, dans lapartie sud de l’Asie centrale englobant la majeur partie des territoires duTurkménistan et de l’Ouzbékistan ainsi qu’une partie importante du Kazakhstan.Les zones les plus sèches sont uniquement utilisées par les nomades. La cultureextensive des céréales associée à l’élevage des moutons est pratiquée dans les zonesles plus favorables, soit sur environ 8 millions d’hectares; la culture des céréalesalterne généralement avec une jachère cultivée pour y maintenir l’humidité du sol.La majorité des exploitations est de grande taille. Ces exploitations très endettées,sans irrigation, ne sont plus viables maintenant que les subventions ont été retirées.Lorsque la faillite est autorisée, comme c’est le cas au Kazakhstan, les exploitationsmises en liquidation sont le plus souvent achetées pour leur équipement (tracteurset machines), ne laissant d’autre choix aux ouvriers que de migrer vers les villes. Amoins que l’irrigation ne soit possible, mais les ressources en eau sont déjàsurexploitées, les possibilités de développement agricole sont très réduites. Dans lesparties les plus arides la reconversion vers une certaine forme de pastoralisme estinévitable.

Système d’exploitation agricole urbainCe système se trouve à l’intérieur et autour des villes de la région7. Bien qu’il n’existepas de statistiques sur l’agriculture urbaine, il est clair que son importance s’est

7Il existe certaines similitudes avec le système traditionnel dacha.

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accrue au cours des dernières années en raison de l’augmentation du chômage et dela pauvreté. Ce type de production se fait essentiellement sur des terres privéesrésidentielles, on peut aussi le rencontrer sur des terres du domaine public allouéesà certaines catégories de bénéficiaires. L’agriculture urbaine produit surtout dumaraîchage, en particulier des légumes à feuilles, toutefois, le petit élevagereprésente aussi un élément important de ce système. Comme dans le cas desagriculteurs cultivant de petites parcelles familiales en zones rurales, la majorité desagriculteurs cultivant ces parcelles urbaines utilisent leurs productions pour leurpropre consommation, occasionnellement les surplus sont vendus sur les marchéslocaux. Cependant, certains de ces agriculteurs urbains commercialisent l’ensemblede leurs productions.

GRANDES TENDANCES EN EUROPE DE L’EST ET EN ASIE CENTRALE

Cette section décrit les principales tendances au niveau de l’ensemble de la régionen termes de population, de faim et de pauvreté; de ressources naturelles et declimat; de science et de technologie; de libéralisation du commerce et dedéveloppement des marchés; d’institutions politiques et de biens publics; etd’information et de capital humain. Trois des systèmes d’exploitation agricolerégionaux décrits dans les sections précédentes ont été choisis pour être décrits etanalysés plus complètement à la fin de cette section.

Population, faim et pauvretéA la différence d’autres régions du monde à revenus bas ou moyens, la populationde cette région n’augmente plus de nos jours. Elle s’élève pour l’ensemble de larégion à 478 millions d’habitants. Son taux d’accroissement devrait être très faibled’ici 2015 et même négatif de 2015 à 2030.

Cette faible croissance de la population est probablement due à la baisse duniveau de vie qu’a connu la région depuis la chute du système économique planifiécentralisé à la fin des années 80. La consommation de calories par tête, qui étaitsupérieure à celles des pays industrialisés au milieu des années 80, a chuté de prèsde 15 pour cent au cours de la décennie suivante. Elle est encore nettementsupérieure à la moyenne mondiale des pays en développement, mais inférieure àcelle des pays industrialisés et des pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afriquedu Nord. Une lente récupération de la consommation est prévue au cours des 30prochaines années, elle devrait toutefois rester, en moyenne, légèrement inférieureà celle des années 80.

Les niveaux de pauvreté ont augmenté plus rapidement que ceux de la faim.Une étude sur l’impact de la transition, faite à partir d’enquêtes de consommationdes ménages, estime que le nombre total des pauvres est passé de 14 millions en

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1987-1988 à 147 millions en 1993-19958. Les niveaux de pauvreté n’ont guèreaugmenté dans les pays baltes et en Europe centrale, ils sont importants en Pologneet dans les Balkans et très importants dans le reste de la région. La fréquence de lapauvreté de la seule Fédération de Russie est passée de 2 à 50 pour cent pendantcette période, ce qui signifie un accroissement du nombre des pauvres de 2 millionsà plus de 74 millions de personnes pendant cette décennie. La situation estsemblable en Ukraine, en Moldavie et en Biélorussie; les états d’Asie centrale, dontles niveaux de pauvreté étaient plus élevés au départ, ont, quant à eux, atteint desniveaux allant jusqu’à 88 pour cent de la population (cas de la République duKirghizstan).

Ressources naturelles et climatLe rapport entre le potentiel en ressources de bases disponibles et le taux decroissance attendu de la population de cette région est plus favorable audéveloppement que celui de beaucoup d’autres régions en développement. Sasuperficie des terres est d’environ 2,3 milliards d’hectares9, soit 17 pour cent desterres émergées du globe, alors que sa population ne représente que 8 pour centde la population mondiale. Cependant, le potentiel d’expansion des terresagricoles est très limité; toutefois, nous verrons ci-dessous qu’il est possibled’augmenter considérablement l’intensité de la production. Certaines terres,particulièrement dans le système extensif céréale-élevage10, ne sont plus cultivées;la plupart d’entre elles ne conviennent pas aux cultures et devraient êtreconverties en pâturages.

La pression des populations sur les ressources naturelles continuera à être laplus forte dans les Balkans, en Asie centrale, en Turquie et dans le Caucase. Ellemenacera les efforts de conservation, à moins que de nouvelles pratiques ne soientadoptées, comme par exemple la gestion améliorée des bassins versants qui a étéintroduite sur le plateau d’Anatolie en Turquie. Les résultats des réformes encours dans les zones où les grandes exploitations dominent auront une influencesur l’utilisation des ressources naturelles et sur les risques de dégradation del’environnement. Les changements de climat exerceront une pressionsupplémentaire; certaines études prévoient un déclin de la pluviométrie et desrendements des cultures en Asie centrale11 au cours du XXe siècle.

Les cultures annuelles et pérennes couvrent environ 292 millions d’hectares,parfois sur les sols les plus fertiles du monde – les tchernoziom. On a assisté au cours

8Milanovich (1988) utilise des seuils de pauvreté définis au niveau national, plus élevés que le standard international de1$ EU par jour.

9Cette superficie ne tient pas compte des 100 millions d’hectares de lacs et mers intérieures de la région.

10Au Kazakhstan, la superficie des terres cultivées a baissé de 34,9 millions d’hectares en 1991 à 21,8 millions d’hectares en1997; on estime que 30 pour cent de la terre cultivée en céréales a été convertie en pâturages.

11Fischer et al., 2001.

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des années 90 à une diminution des surfaces cultivées; dans des zones telles quecelles des systèmes d’exploitation agricole extensif céréale-élevage on ne cultiveaujourd’hui que 60 à 70 pour cent des ressources potentielles de terre. Les raisonsde cette situation sont les suivantes: i) difficultés d’accès à la mécanisation et auxintrants; ii) problèmes de commercialisation; et iii) perte de capacité d’irrigation dueau manque d’entretien. Cependant, cette diminution vient après des décenniesd’expansion à grande échelle des surfaces labourées au détriment des marais, desforêts, des steppes, souvent dans des zones ne convenant pas à une agriculturedurable. On devrait assister à un abandon des cultures dans les terres les plusmarginales, mêmes dans des terres irriguées lorsque cette technique n’est pas viable.En fait, presque partout, la terre en soit n’est pas un facteur limitant, les vraisproblèmes sont l’accès à la terre, les services d’appui et la capacité de gestion desexploitations. Toutefois, la terre est un facteur limitant dans certaines zonesspécifiques, comme par exemple dans le Caucase et dans les vallées étroites desmontagnes d’Asie centrale.

L’irrigation couvre presque 29 millions d’hectares dans la région: près de 20 millions sont situés dans les pays de la CEI (Kazakhstan, République kirghize,Tadjikistan et Ouzbékistan), 5 millions d’hectares en Europe de l’Est, surtout enRoumanie (2,8 millions d’hectares) et le reste en Turquie (4,2 millions d’hectares) oùdes études ont montré qu’il serait possible d’irriguer jusqu’à 8,7 millions d’hectares.Dans le but de faire face à la stagnation de la production agricole, la politique a étéd’accroître les surfaces irriguées dans la région, elles ont augmenté à un taux annuelmoyen de 2,8 pour cent de 1961 à 1990. Une grande partie de cette superficie setrouve dans les pays de l’Asie centrale12 où 20 à 30 pour cent des terres cultivées sontirrigués. Le coton a toujours été irrigué dans cette sous-région, mais au cours desdernières années l’irrigation a été très utilisée pour la production des céréales. Ledéveloppement de très grands systèmes d’irrigation, combiné à un accroissementrapide des populations de la sous-région, a conduit à des retraits d’eau trèsimportants qui ont eu de très importantes répercussions négatives surl’environnement (voir encadré 4.1).

Les forêts couvrent environ 4 pour cent de l’Asie centrale et, en moyenne, plusde 20 pour cent d’autres sous-régions. Les Etats baltes et la Fédération de Russie ontles plus grandes proportions de forêt sur leurs sols, respectivement 37 et 45 pour cent. La plupart des zones forestières appartiennent encore à l’état, maisune partie des ressources forestières a été privatisée dans certains pays de l’ECS.Dans la plupart des pays, les multiples bénéfices que l’on peut tirer des forêts ne sontpas reconnus, aussi les investissements destinés à leur protection et à leur gestiondurable sont-ils insuffisants.

12Kazakhstan, Kirghizstan,Tadjikistan,Turkménistan et Ouzbékistan.

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Science et technologieLes changements technologiques ont été à l’origine de l’accroissement de laproductivité agricole et de la promotion du développement agricole de tous les paysde la région. Dans le passé, les technologies furent sélectionnées et adoptéesprincipalement pour accroître la production et la productivité, et la rechercheagricole fut orientée vers la résolution des problèmes des grandes exploitationsagricoles. Aussi la région manque-elle cruellement de technologies adaptées à lapetite agriculture familiale.

Le tableau 4.2 ci-dessous présente les tendances de l’évolution des superficiescultivées, des rendements et de la production.

A l’exception de certaines zones où elle a pu augmenter, la production végétalea été stable dans la région depuis 1995. On a assisté à une augmentation des surfacesréservées aux productions vivrières (blé, pommes de terre et un peu de maraîchage)dans les assolements au détriment des fourrages et des cultures industrielles. Lesrendements ont chuté, principalement en raison de la baisse de la consommationd’engrais. Cependant, les labours tardifs, le manque d’irrigation, la mauvaise qualitédes semences et le manque d’expérience des agriculteurs à qui les terres ont étéredistribuées sont autant de facteurs importants qui ont aussi contribué à la baisse

Encadré 4.1 Développement non durable de l’irrigation

Le bassin de la mer d’Aral est le cas le plus impressionnant du désastre causé àl’environnement par une irrigation non durable. Plus de 8 millions d’hectares furent irriguésà partir des eaux des fleuves de la région de Tien Shan Range qui se déversent normalementdans la mer d’Aral. Cette pratique entraîna une réduction de moitié de la superficie de la merintérieure. Les sols furent contaminés par le sel, de plus, un mauvais drainage des zonesirriguées combiné à un entretien défectueux des systèmes d’irrigation entraîna ledétrempage des sols et des problèmes de salinité, qui entraînèrent des chutes de rendementsdes cultures. Les superficies irriguées ont considérablement diminué au cours des 10dernières années en raison de l’absence de maintenance des systèmes d’irrigation et del’utilisation de l’eau durant l’hiver pour produire de l’énergie; il est peu probable qu’ellespuissent revenir à leur niveau d’origine.

Dans d’autres sous-régions, particulièrement dans le Caucase, l’irrigation est réalisée àpartir de pompages profonds qui ne sont plus rentables aujourd’hui. Partout, la maintenancede l’infrastructure de l’irrigation et du drainage est souvent négligée, aussi l’agricultureirriguée devient-elle moins fiable et voit-elle ses surfaces diminuer. Cette tendance devrait sepoursuivre pendant un certain nombre d’années. Rétablir les systèmes et remettre sur piedsles institutions chargées de la gestion de l’irrigation est un long processus, et demande desressources importantes ainsi qu’une réelle volonté politique. De nombreux systèmes ontbesoin d’être redessinés et réduits en taille; quelques-uns devront même être abandonnés,parce que trop coûteux à faire fonctionner.

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Tableau 4.2 Tendances de l’évolution des superficies récoltées, des rendements et des productions de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale 1970-2000

Superficie Rendement Produits Variation annuelle moyenneCulture 2000 2000 2000 1970-2000 (%)

(m ha) (tonne/ha) (m tonnes) Superficie Rendement Production

Blé 58 1,9 111 -1,2 0,9 -0,4

Orge 24 1,7 40 -0,4 0,0 -0,3

Maïs 10 2,8 27 -0,5 0,1 -0,5

Autres grains 19 1,6 31 -1,8 0,8 -0,9

Racines et 8 12,1 101 -1,2 -0,3 -1,5tubercules

Légumineuses 4 1,2 5 -2,5 0,3 -2,2

Oléagineux 18 0,4 7 0,8 0,3 1,0

Maraîchage 5 15,8 71 -0,3 1,2 1,5

Fruits 6 5,2 30 -0,1 0,0 0,1

Source: FAOSTAT.Note: La couverture géographique est comparable pour 1970 et 2000. Cependant, des changements dans les procéduresstatistiques de collecte peuvent entraîner des distorsions importantes (par exemple, exclusion des activités privées avant 1990).

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de la productivité. La dose actuelle d’engrais n’est que d’environ 25 kg/ha de terrecultivée, c’est-à-dire moins du quart du niveau antérieur à la réforme.

Les changements dans les rendements et les assolements eurent d’abord lieu dansles exploitations privées, démontrant ainsi leurs facultés d’adaptation aux nouvellesconditions de marché. Les grandes exploitations ont eu tendance, même après leurréorganisation, à conserver leurs assolements traditionnels et leurs styles de gestion,aussi leurs rendements sont restés inférieurs à ceux des agriculteurs privés. Lesrendements, stimulés par la recapitalisation des exploitations, par la disponibilité entechnologies améliorées, et par une expérience croissante dans la gestion des culturesavec de faibles niveaux d’intrants extérieurs, devraient augmenter très lentementdans l’avenir. On s’attend à des changements dans les assolements en réponse auxbesoins du marchés: diminution des cultures vivrières et augmentation des culturesde plus grandes valeurs. Lorsque les conditions sont difficiles, comme dans la steppede Sibérie, l’augmentation des rendements est elle-même difficile, leur stabilisation etla réduction des coûts de production représentent alors les principales améliorationsauxquelles on peut s’attendre dans le futur.

La consommation d’engrais a baissé au cours de la dernière décennie, enmoyenne de 15,8 pour cent par an dans les pays de la CEI et de 6,2 pour cent par

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an en Europe centrale. Ces baisses sont principalement dues à l’arrêt dessubventions sur les énergies qui a entraîné une augmentation du prix des engrais,un manque de capitaux propres et l’absence d’institution de crédit. Les faibles dosesd’application d’engrais ont entraîné des baisses de rendement, surtout chez lescultures les plus sensibles aux déficiences en d’éléments nutritifs, telle que lespommes de terre et les betteraves à sucre. Les rendements se sont plus ou moinsstabilisés à un niveau bas dans les pays de la CEI, tandis qu’ils remontent en Europecentrale.

Les tendances de l’évolution des populations animales et de leur production sontprésentées au tableau 4.3 ci-dessous.

Les populations animales de la région sont les suivantes : bovins, 88 millions;moutons et chèvres, 117 millions; porcins, 78 millions; et volailles, 1 100 millions. Lenombre d’animaux et la production animale ont tous deux diminué durant les dixdernières années. On prévoit une lente récupération et la croissance du nombred’animaux d’ici 2030. L’augmentation attendue de la production en viande devraitdonc surtout provenir de l’accroissement de productivité par animal.

Tous les systèmes d’exploitation agricole ont connu, apparemment pour desraisons diverses, une chute des populations animales. Dans les zones les plus froidespar exemple, l’élevage du bétail dépend essentiellement des céréales importées, iln’est aujourd’hui plus rentable. Dans le Caucase et, encore plus, dans le sud de l’Asiecentrale où il existe de grandes étendues de parcours convenant bien à laproduction animale à faible coût, les petits agriculteurs furent au départ incapables

Tableau 4.3 Tendances de l’évolution des populations animales et de leur productionen Europe de l’Est et Asie centrale, 1970-2000

Espèces Millions de têtes 2000 Variation annuelle moyenne 1970-2000 (%)

Bovins 88 -1,5

Petits ruminants 117 -2,3

Porcins 78 -0,6

Volaille 1 111 0,5

Produit Production 2000 Variation annuelle moyenne(millions de tonnes) (%)

Total viande 18 -0,2

Total lait 103 -0,5

Total laine 0,2 -3,1

Total oeufs 5 1,1

Source: FAOSTAT.Note: voir note du tableau 4.2

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de conserver tous les animaux libérés par la liquidation des sovkhozes et deskolkhozes. Ils souhaiteraient aujourd’hui reconstituer les troupeaux. Néanmoins,même avec la réintroduction des cultures fourragères dans la rotation, le manque deparcours près des villages pourrait limiter l’expansion de l’élevage dans ces zones.Globalement, bien que l’on puisse augmenter la productivité de l’élevage par uneamélioration de la santé animale et une meilleure gestion de son alimentation, iln’est pas certain qu’il soit possible de revenir aux anciennes charges d’animaux parunité de surface. On assistera probablement à une plus grande spécialisation de laproduction.

Libéralisation du commerce et développement des marchésDe nombreux pays ont perdu leurs marchés traditionnels en raison de la rupturedes liens économiques entre les pays de l’ancien bloc soviétique et des conflits armésexistant dans certaines zones. La libéralisation du commerce a entraîné uneaugmentation rapide des importations qui a gravement concurrencé les producteurslocaux et a perturbé les marchés intérieurs. Les pays traditionnellementexportateurs de produits horticoles ont été les plus touchés par ce phénomène(Bulgarie, Géorgie, Moldavie, Arménie et Macédoine). La lenteur des progrès desréformes économiques et les difficultés à répondre aux critères de qualité exigés ontrendu la réorientation vers les marchés régionaux et mondiaux difficile.

Le démantèlement des énormes complexes agroalimentaires a entraîné lacassure des réseaux traditionnels de commercialisation. En l’absence de cadresinstitutionnel et économique efficaces pour l’agriculture et l’agro-industrie et deservices d’appui à la commercialisation, les agriculteurs sont incapables de vendreleurs produits sur les marchés locaux et régionaux. La présence de monopoleslocaux qui représentent souvent la seule possibilité pour l’achat des intrants et la vente des produits constitue parfois une réelle contrainte pour lacommercialisation des produits agricoles.

La mauvaise qualité des produits, la faible productivité et l’absence deconcurrence, ont constitué des traits communs aux systèmes agricoles de la région,et ont limité leur compétitivité sur les marchés mondiaux d’exportation. On s’attendà une dégradation des conditions de commercialisation des produits de base aucours des 30 prochaines années; il sera dans ces conditions difficile d’améliorer lacompétitivité des produits agricoles à l’exportation, spécialement pour ceux deszones irriguées. Cependant, si des progrès importants sont réalisés dans laréorganisation et la gestion des exploitations, les céréales produites dans la régionen général et dans le système d’exploitation agricole céréale-maraîchage à grandeéchelle en particulier, pourraient devenir compétitives au niveau international. Deschangements de politiques agricoles de la Fédération de Russie, de l’Ukraine et dela Moldavie pourraient transformer le marché mondial des céréales en rendant cespays compétitifs face aux productions subventionnées de l’UE.

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Politiques, institutions et biens publics Tous les pays de la région ont du s’adapter pour satisfaire aux exigences del’économie de marché. Cette adaptation a nécessité des changements importants deleurs institutions. Les pays de l’Europe centrale ont réalisé des progrès importants(réformes institutionnelles et politiques) dans la perspective de rejoindre l’UE.

Bien que des progrès importants aient été réalisés dans la plupart des pays,principalement dans les domaines macroéconomique et de politique commerciale,des efforts restent à faire pour l’ajustement des structures foncières, des marchés etdes politiques agricoles. Durant les premières années de transition, l’appui àl’agriculture diminua beaucoup, les instruments de politique changèrent, le rôle dela planification centrale diminua et les barrières commerciales furent réduites.Cependant, dans les pays d’Europe centrale, l’assistance à l’agriculture s’accrutprogressivement à partir du milieu des années 90. Dans d’autres pays de la région,les réformes commencèrent plus tard; elles sont encore en cours pour laprivatisation des terres et l’établissement des droits de propriété, la restructurationdes entreprises agricoles, et la déréglementation des marchés. De nouveauxinstruments politiques ont été introduits, toutefois, le cadre politique et lesarrangements institutionnels doivent encore s’adapter aux nouveaux concepts del’économie de marché.

Les grandes exploitations collectives et d’état ont dominé l’agriculture de cetterégion durant la seconde moitié du siècle passé, à l’exception de la Pologne et despays de l’ex-Yougoslavie où les petites exploitations familiales ont toujours subsisté.Ces grandes unités, qui couvraient des milliers ou même des dizaines de milliersd’hectares et employaient des centaines ou des milliers de travailleurs, étaientresponsables de la production vivrière, de la commercialisation des produits, de lafourniture de services économiques et sociaux et, dans une certaine mesure, del’organisation de la vie familiale des travailleurs. La transition à partir ducommunisme a dépendu bien souvent de la volonté politique de démantèlement deces unités13. Il existe, d’un pays à l’autre, de grandes variations dans la mise enœuvre des réformes foncières, et dans le rythme et les procédures derestructurations. Le trait commun à tous ces pays est la complexité imprévue de ceprocessus de transformation, liée à l’extrême difficulté de réinventer des systèmesd’exploitation agricole fondés sur la propriété et la gestion individuelle.

A côté d’une certaine résistance des défenseurs du système précédant, larésistance au changement est, pour de nombreux ménages ruraux, liée à la craintede quitter un environnement protégé dans lequel ils avaient leurs habitudes pourun monde plein de risques et d’incertitudes qui n’a pas encore de services etd’institutions capables de les assister. Aussi, même si la terre est officiellementprivatisée, les nouveaux systèmes d’exploitation agricole sont, dans de nombreux

13Cette politique rencontre de la résistance dans un certain nombre de pays (Russie, Ukraine, etc.).

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pays, loin d’être mis en place. La restructuration des exploitations est à peinecommencée dans la plus grande partie de la Russie et de l’Ukraine; dans la plupartdes autres pays on assiste à la coexistence d’un grand nombre de formes depropriétés: i) les sociétés par actions; ii) les sociétés à responsabilité limitée; iii) lescoopératives (souvent impliquées dans la production des produits de base); iv) lesassociations d’agriculteurs; v) les exploitations paysannes (nouvellement formées depetits groupes de ménages individuels); vi) les exploitations familiales; et viii) les parcelles individuelles. Dans certains pays, l’état reste encore propriétaired’une part importante des terres ou détient une part du capital des exploitationsdémantelées.

La propriété foncière demeure encore un problème majeur et, dans la plupartdes pays, l’attribution des titres de propriétés traîne et les droits de propriété sontpeu clairs. Aussi, beaucoup d’agriculteurs ne peuvent-ils pas utiliser leur terrecomme garantie auprès des banques. Dans d’autres cas, les titres de propriété ontété distribués mais pas les parcelles de terre. Ceux que l’on appelle les «propriétairesabsents», qui incluent ceux qui refusent de quitter la collectivité et une forteproportion des retraités qui ont reçu des parts de terre mais qui ne souhaitent pasles exploiter, sont assez nombreux. Dans de nombreux cas, les contraintes légales

Encadré 4.2 Fragmentation et consolidation des propriétés foncières dans le système d’exploitation agricole mixte de Bulgarie14

La structure de la propriété foncière changea radicalement en Bulgarie lors du démarrage dela restitution et de la distribution des propriétés; différents types d’exploitation agricolefirent alors leur apparition. Le secteur privé, avec ses quelque 1,75 millions de petitspropriétaires terriens, devint dominant. Cependant, 95 pour cent de ces agriculteurs cultiventune superficie égale ou inférieure à deux hectares. La très forte fragmentation des terres estconsidérée comme un obstacle au développement d’un secteur agricole sain. Les réformesfoncières et structurelles entraînèrent l’apparition de trois principaux groupes de structuresopérationnelles en agriculture: les exploitations privées individuelles, les coopératives et lesexploitations d’état.Toutes souffrent de la parcellisation des terres.

Dans l’environnement économique et institutionnel existant, l’approche la plus courantepour augmenter la taille des exploitations est la consolidation informelle à court terme. Dansla région de Dobjudja, le regroupement des terres se réalise souvent à partir d’accordsmutuels et informels entre agriculteurs à l’intérieur d’un territoire d’une mêmecommunauté. Les pratiques les plus courantes sont: la location de terre appartenant au fondsdes terres d’état pour une période de 10 ans; l’achat de terre agricole à partir du fondsd’obligations compensatoires; l’échange de parcelles privées dispersées avec des terres d’étatconsolidées par le fonds; l’échange de parcelles entre producteurs et entre propriétaires; etl’achat et la vente de terres agricoles.

14Kopeva 2001.

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(restrictions sur les transferts de propriété, interférence du gouvernement dansl’évaluation de la terre et la détermination de son prix) ou les problèmes de titres depropriété empêchent les marchés fonciers de fonctionner. On est souvent enprésence d’arrangements informels peu transparents de location, qui ne favorisentpas la gestion à long terme des ressources en terre ni les investissements pour sonamélioration.

L’une des conséquences du processus de distribution des terres est lafragmentation de celles-ci (voir encadré 4.2). Les bénéficiaires ont reçu leurs terressous forme de nombreuses parcelles de qualités diverses sur lesquelles peuvent êtreprésentes des productions pérennes variées. Ceci a pour conséquence d’entraînerdes difficultés de mécanisation des travaux sur les petites parcelles et unaccroissement des coûts de transport sur des parcelles dispersées. Le regroupementdes terres devrait, dans l’avenir, se faire de deux façons: i) les producteurséchangeront leur terre d’une façon formelle ou informelle; et ii) les plus actifsconcentreront de grandes superficies de terre par location ou achat. Cesphénomènes devraient être encouragés par des campagnes d’informationconcernant le cadre légal approprié pour ces échanges; la consolidation des terresne devrait, en aucune façon, être forcée.

La distribution des actifs – comprenant le matériel agricole, les bâtiments, lesmagasins, les véhicules et même les équipements de transformation – représente unautre problème associé à la restructuration des terres. En théorie, les agriculteursavaient droit à une certaine part de ces actifs. En pratique, ils ont été largement lésésde ce droit pour les raisons suivantes: i) pillage des équipements; ii) difficulté dedistribuer des gros équipements ou des bâtiments à des individus; iii) manqued’information concernant les droits des agriculteurs; et v) actifs obsolètes.

Finalement, la plupart des grandes exploitations de la région ont des dettesgigantesques. L’accumulation de ces dettes fut, en partie, le résultat d’une politiqued’annulation des dettes par un jeu d’écriture, qui devint la règle et qui n’incita pasles agriculteurs à contrôler leurs dettes. A leur tour, ces dettes importantes, quientraînèrent des faillites15, devinrent un sérieux obstacle à la restructuration desentreprises agricoles collectives de la région. L’endettement a aussi empêchél’adoption de meilleures technologies.

Information et capital humainBien que des initiatives aient été prises pour que les services d’appui soient plus àl’écoute des demandes des agriculteurs en matière de connaissances agricoles, lesproblèmes liés à la transformation des systèmes de transmission des connaissancesagricoles et à leur recentrage sur les besoins du marché agricole sont encore très

15Le problème des dettes accumulées est aussi un des facteurs qui a favorisé le non paiement des taxes. Les autoritéslocales prirent parfois comme excuse les cas de sociétés incapables de payer leurs taxes pour résister aux initiatives derestructuration.

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courants16. Des coupures sévères dans les budgets ont affaibli les systèmes derecherche existants et surdimensionnés. L’avenir dépendra largement des réformesinstitutionnelles et de la mise en place d’un consensus entre les intéressés sur lesprincipes qui doivent présider à l’établissement d’une recherche agricole et dessystèmes de vulgarisation pour répondre à la demande au meilleur coût.

Avec la fin de la planification centralisée, il devint rapidement évident que lesagriculteurs avaient besoin d’un accès à l’information sur les technologies, sur lagestion agricole, sur la planification des activités commerciales, sur les marchés et,plus particulièrement, sur les prix. De nombreux pays ont, le plus souvent avecl’aide d’une assistance technique et financière venant de donateurs extérieurs, établides systèmes d’information sur les marchés (SIM). Plusieurs de ces systèmesd’information se rendent compte qu’ils non pas les ressources suffisantes pourcontinuer à fournir un service complet une fois les fonds des donateurs épuisés. Ilserait souhaitable que divers canaux privés d’information et de conseils sedéveloppent mais, en l’absence d’un support du secteur public à la vulgarisation, cesservices bénéficieront surtout aux agriculteurs les plus riches et laisseront la majoritéd’entre eux sans information et sans conseil.

Bien que les systèmes de diffusion des connaissances agricoles se soientdétériorés, un potentiel humain important subsiste, particulièrement dans ledomaine technique; ce potentiel devrait être utilisé pour développer et disséminerles technologies économiquement rentables, efficaces et durables pourl’environnement. Les réformes ultérieures et les changements dans les systèmes derecherche et de vulgarisation, associant les secteurs privé et public, pourront aiderau transfert des options technologiques. Ces réformes, associées à une participationaccrue des agriculteurs en ce qui concerne l’adaptation participative des nouvellestechnologies et les pratiques de gestion, pourraient diminuer les coûts d’accès auxtechnologies.

Le rapide développement urbain des dernières décennies, combiné à la fin des restrictions de déplacement et de changement de résidence a entraîné unemigration systématique des jeunes ayant fait des études, des zones rurales vers lesvilles et un vieillissement des populations rurales. Du fait des difficultés économiquesde la période de transition associées aux restructuration des fermes d’état et desfermes collectives, à la mise à pied du personnel en surnombre et à l’absenced’emploi dans les zones rurales, les migrations et le vieillissement des populationsrurales continuent et même s’accélèrent.

Les anciennes politiques économiques et sociales ont contribué au suremploidans les fermes d’état et dans les fermes collectives, entraînant une faibleproductivité du travail. Avec la disparition des activités non agricoles, les parcellesfamiliales ont pris une plus grande importance pour les ouvriers agricoles. En raison

16Voir Rolls (2001) pour une revue complète des services de conseils en Europe de l’Est.

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de la détérioration continue de la situation économique, l’agriculture continuera àêtre la seule possibilité de maintien d’un mode de vie décent pour la plupart desanciens ouvriers agricoles, et elle devra aussi absorber la force de travail d’autressecteurs.

Sélection des systèmes d’exploitation agricole pour analyseTrois des 11 systèmes d’exploitation agricole identifiés ont été sélectionnés pour fairel’objet d’une analyse plus complète pour leur potentiel à réduire la pauvreté et àaugmenter la production agricole, et pour leur importance démographique etéconomique. Ces systèmes sont:

● Le système d’exploitation agricole mixte;

● le système d’exploitation agricole céréale-maraîchage à grande échelle;

● le système d’exploitation agricole extensif céréale-élevage.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

De par son type de propriété, sagestion, ses traditions agricoles et sesmodèles de production, le systèmed’exploitation agricole mixte qui couvre 85 millions d’hectares est trèsreprésentatif des pays d’Europecentrale qui souhaitent entrer dansl’UE17. Les conditions agroécologiquesde l’Europe centrale, bien que variées,sont en générale bonnes. Les types et la qualité des sols sont très variables (des solspauvres sableux aux riches tchernozioms). La pluviométrie annuelle varie de 300 mm au sud-est à plus de 3 000 mm dans les parties montagneuses. Des périodestrès sèches affectent sporadiquement la production végétale et les rendements deszones les plus chaudes de la région. Malgré cela, les zones irriguées ne représententqu’un peu plus de 10 pour cent des 35 millions d’hectares de terres cultivées. Cesterres sont situées dans les plaines, séparées entre-elles par des montagnes et des

Encadré 4.3 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte

Population totale (m) 99

Population agricole (m) 16

Superficie totale (m/ha) 85

Zone agroécologique Subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 35

Superficie irriguée (m/ha) 4

Population animale (m) 14

17Bien que les caractéristiques générales des Etats baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) soient semblables à celles des autrespays en ce qui concerne leur accès à l’UE, les différences dans les conditions agroécologiques et dans les ressourcesnaturelles de base font que les systèmes d’exploitation agricole de ces pays sont principalement basés sur l’élevage et lesproductions forestières (voir le système agricole d’élevage basé sur la forêt).

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collines qui conviennent mieux à la production animale. On estime à 14 millions lenombre de têtes de bétail dans ce système.

La population totale est de 99 millions de personnes, dont 36 millions vivent enzone rurale et 16 millions mènent des activités agricoles. Bien que, jugée d’après desstandards régionaux, la fréquence de la pauvreté y soit faible, il existe cependant desgroupes de population plus vulnérables, exposés à la pauvreté (minorités, groupesmarginaux, travailleurs sans emploi et sans qualification et personnes vivant enzones marginales).

De nombreux agriculteurs privés cultivent la terre à l’aide de machinesobsolètes provenant des anciennes coopératives ou achetées aux enchères;toutefois, ceux qui gèrent les plus grandes exploitations ont réussi à acheter denouvelles machines. Afin de minimiser les coûts les agriculteurs réduisent souventles façons culturales et utilisent de faibles doses d’engrais. Les cultures les plusimportantes sont le blé d’hiver, le tournesol, le colza oléagineux, les fourrages etdans une moindre mesure l’orge de printemps et la luzerne. Le maïs, la betteraveà sucre et les potirons sont cultivés sur les meilleurs sols. Cependant, les surfacesconsacrées aux cultures de forte valeur sont limitées. La production animale àl’étable vient souvent en appoint de la production végétale, une partie descultures est alors utilisée comme aliment du bétail. Le revenu des plus petitesexploitations diversifiées (voir encadré 4.4) dépend beaucoup de l’élevage. Cesystème d’exploitation agricole comprend aussi un certain nombre d’exploitationsplus importantes, spécialisées dans l’élevage; le nombre d’animaux varie alors de30 à 70 porcs, de 10 à 30 vaches laitières ou de 15 à 40 génisses ou taurillons àl’embouche, selon le type de spécialisation.

Encadré 4.4 Une ferme familiale typique du système d’exploitation agricole mixte

Une ferme familiale typique mixte culture-élevage dispose de 20 ha de terres cultivées,principalement en propriété familiale avec de la terre en location partout où cela estpossible. Elle a quatre ou cinq membres, et une force de travail équivalant à 1,6 personnesemployées à plein temps. La plupart du travail est effectué par la famille.

Les principales cultures sont le blé et l’orge (20 à 30 pour cent), le maïs pour le grain oul’ensilage (30 à 40 pour cent) et les oléagineux (5 à 15 pour cent). Les deux tiers du revenude la ferme proviennent de la production animale (2 à 3 cochons à l’engraissement, 1 à 5 vaches laitières et 1 à 3 bouvillons à l’engraissement ainsi que de la volaille). La productionvégétale représente le tiers restant. La culture est mécanisée, l’agriculteur utilise dessemences certifiées, des engrais (60 à 80 kg/ha d’éléments nutritifs) et des apports limitésde pesticides.

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TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE

Les rendements ont baissé, particulièrement pour les petites exploitations familiales,en raison de la diminution de l’utilisation d’intrants et des changements dansl’assolement des cultures qui ont suivi la privatisation des terres. La superficie desterres cultivées par les agriculteurs privés s’est accrue, son utilisation est devenuemoins intensive. Dans certaines zones, la production végétale est sujette à defréquentes calamités naturelles (sécheresse, inondation) contre lesquelles il n’existepas de système d’assurance efficace. La hausse du prix des intrants comparée à celledes produits a entraîné une baisse de leur utilisation. Toutefois, leur utilisation aaugmenté à nouveau dans certains pays où la politique de prix leur est favorable.Les taux d’intérêts élevés de nombreux pays de l’ECS, limite aussi leur utilisation.

Actuellement, de nombreuses exploitations familiales sont petites et fragmentées,mais les réformes structurelles et l’ajustement au modèle de l’agriculture de l’UEdevraient entraîner la consolidation des terres et l’accroissement de la taille desexploitations de 20 à 120 ha. Les revenus hors exploitation, lorsqu’ils sont possibles,ainsi que l’agriculture à mi-temps devraient permettre d’accroître les revenusfamiliaux.

Les agriculteurs ne sont pas encore certains de pouvoir vendre leurs produits etd’en recevoir le paiement à temps. L’accès aux intrants est encore difficile en raisondes monopoles locaux dus à la privatisation incontrôlée des capitaux non fonciersdes exploitations d’état et des coopératives antérieures. Les nouveaux propriétaires,souvent anciens directeurs, louent les machines agricoles, fournissent les intrants etservent d’intermédiaires dans la vente des produits agricoles. Le manqued’institutions d’appui et d’information sur les marchés ainsi que le manque decapacité de gestion et de connaissance empêchent l’accroissement de lacommercialisation et l’établissement de relations avec la chaîne de distributionalimentaire. L’absence de marchés efficaces d’intrants agricoles et de produitsempêche le bon fonctionnement du secteur agricole nouvellement privatisé.

Dans le processus d’accession à l’UE, les pays candidats sont en train d’ajusterleurs cadres institutionnel et politique. Bien que beaucoup de progrès aient étéréalisés dans un certain nombre de domaines, il existe encore une prise deconscience insuffisante, particulièrement aux niveaux local et de l’exploitation, del’étendue des changements nécessaires. Il est essentiel d’arriver à une définitionclaire des droits de propriété, d’élaborer et de mettre en application la législationnécessaire qui permettra le développement d’un marché de la terre pleinementfonctionnel et de systèmes de crédit rural efficaces. Ces réformes faciliteront l’accèsaux nouvelles technologies et aux pratiques agricoles améliorées, elles auront unimpact bénéfique sur les rendements et la productivité, et sur l’environnement desexploitations.

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PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE

Les priorités pour améliorer les systèmes agricoles des agriculteurs pauvres sontassociées à: i) l’intensification de l’ensemble des productions existantes; ii) ladiversification des activités; et iii) l’augmentation de la taille des exploitations grâceà un régime foncier et à un marché de la terre améliorés. De plus, le revenu horsexploitation deviendra une source importante de réduction de la pauvreté.

La fragmentation des petites exploitations familiales réduit leur efficacité;toutefois, en l’absence d’un marché de la terre fonctionnel, les possibilitésd’accroissement de la taille des exploitations sont, à moyen terme, limitées. Dans lemême temps, dans un certain nombre de pays, des zones importantes sont laisséesincultes, car de nombreux anciens propriétaires qui ont récupéré leurs terres nesont pas intéressés par l’agriculture. C’est pourquoi il est nécessaire de faciliter etd’améliorer les possibilités de location de terre pour que les ménages agricoles lesplus pauvres puissent en bénéficier. A plus long terme, il sera nécessaire d’améliorerle fonctionnement du marché de la terre et de mettre en place des programmes deconsolidation des terres. Dans le cas des petites exploitations, l’intensification – etdans certains cas la spécialisation – peut permettre d’améliorer la compétitivité etd’accroître les possibilités d’augmenter les revenus.

Les canaux de commercialisation conçus pour la production à grande échelle quiexistaient dans le passé n’ont pas été remplacés par des mécanismes appropriés desupport au marché, laissant ainsi les exploitations familiales nouvellement installéessans possibilités de commercialiser efficacement leurs produits. De plus, l’intégrationde la production et des phases suivantes est insuffisante pour permettre une qualitéalimentaire qui puisse concurrencer les importations subventionnées. Enconséquence, les petites exploitations familiales ont un accès difficile non seulementà l’exportation mais aussi aux marchés nationaux. Le développement et lapromotion des marchés locaux devraient, dans de nombreux cas, être considéréscomme prioritaires. Afin de pouvoir profiter des nouvelles possibilités qu’offre lesmarchés, les agriculteurs ont besoin d’une meilleure information, de servicesd’appui aux décisions et de développer leurs qualités de gestionnaires etd’organisateurs. Une meilleure coopération et une participation accrue des groupesd’intérêts et des organisations d’agriculteurs peuvent aider à la promotion desservices et des compétences. Il existe de nombreux exemples où les agriculteurs sesont organisés par eux-mêmes, parfois sans l’aide du gouvernement ou sans cadreinstitutionnel approprié.

La restructuration des grandes exploitations coopératives ou des sociétés paractions et l’agrandissement des petites exploitations familiales devraient êtreaccompagnés de mesures permettant d’accroître les possibilités d’emploi horsexploitation en zone rurale. De plus, l’orientation vers le mode d’agriculture de l’UEimplique aussi une approche intégrée pour les zones rurales – non seulement pour

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fournir l’espace aux activités agricoles mais aussi pour créer des possibilités dedéveloppement de toute une gamme d’activités hors exploitation et de services(tourisme rural, protection des sites et de l’environnement, etc.). Dans tous les payscandidats à l’accession, les programmes agricoles passés et récents financés par l’UEont servi à aider au développement institutionnel et des infrastructures. Lapromotion d’activités de remplacement ou complémentaires sur l’exploitation ethors exploitation est nécessaire pour faciliter la création de nouvelles possibilités parles programmes de développement rural, et pour permettre ainsi de créer denouvelles sources de revenu et de diversifier les systèmes de mode de vie.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE CÉRÉALES-MARAÎCHAGE À GRANDE ECHELLE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricolecéréales-maraîchage à grande échelleest typique des pays en transition moinsavancés ayant de bonnes conditionsagroécologiques – par exemplel’Ukraine et la Moldavie – mais peutaussi être rencontré dans les paysvoisins. Il couvre un total de 100millions d’hectares, dont 40 millionssont cultivés. La pluviométrie annuellevarie de 360 mm (dans la péninsule deCrimée où l’irrigation est indispensable pour satisfaire les besoins en eau descultures d’été) à 1 600 mm dans les montagnes des Carpates du nord-ouest del’Ukraine. Les sécheresses sont fréquentes dans les zones de sud et de l’est.Cependant, seule 10 pour cent de la surface cultivée est irriguée, particulièrementdans les zones où le niveau de la nappe souterraine a baissé de façon importante àcause d’un drainage excessif.

La population totale est d’environ 70 millions de personnes, la populationagricole est estimée à 15 millions. La taille de la plupart des exploitations estcomprise entre 500 et 4 000 ha. Il existe encore des exemples d’exploitations de trèsgrande taille dépassant 10 000 ha où vivent de grandes communautés rurales de 500à 800 personnes, dont beaucoup sont employées. Les ouvriers agricoles travaillentaussi leurs parcelles individuelles. Les principales cultures sont le blé, l’orge, le maïs,le tournesol, la betterave à sucre et le maraîchage. Il y a près de 25 millions de têtesde bétail dans ce système.

Encadré 4.5 Données de base: systèmeagricole céréales-maraîchage à grandeéchelle

Population totale (m) 68

Population agricole (m) 15

Superficie totale (m/ha) 100

Zone agroécologique Subhumide/semi-aride

Superficie cultivée (m/ha) 38

Superficie irriguée (m/ha) 4

Population animale (m) 24

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TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME CÉRÉALES-MARAÎCHAGE À GRANDE ÉCHELLE

Ce système est caractérisé par un potentiel de production très élevé. Ce potentiel nefut pas pleinement utilisé pendant l’ère soviétique et la productivité a chuté depuis.Les sols de tchernoziom qui s’étendent de l’Ukraine à la Russie voisine et à l’Asiecentrale confèrent à ce système son potentiel élevé de rendement. Ces sols sontparmi les premiers sols à blé du monde. Les principales contraintes sont la faiblepluviométrie et, pour le blé, les hautes températures pendant la période végétative.La pluviométrie est insuffisante, très peu de pluie s’infiltre dans le sol et atteint lanappe phréatique ou les rivières. Cependant, la fonte des neiges sur les terres geléespeut entraîner du ruissellement et de l’érosion. Au cours des années 80, lesrendements moyens des exploitations collectives et d’état furent de 3 tonnes/ha pourle blé d’hiver et de 25 à 30 tonnes/ha pour la betterave à sucre18; ces rendements ontdepuis baissé pour atteindre 2 tonnes/ha pour les céréales et 10 tonnes/ha pour labetterave à sucre. Cependant, l’expérience a montré que les rendements descéréales, même sur les grandes exploitations collectives, pouvaient atteindre 7 à 8 tonnes/ha et être maintenus à ce niveau sans effets négatifs apparents surl’environnement. Les rendements des betteraves à sucre peuvent atteindre 60 tonnes/ha avec des technologies relativement simples.

La technique qui permit au pays d’Europe de l’Ouest, à la fin des années 70, dedébloquer le potentiel de production de leurs systèmes agricoles de production decéréales fut la synergie entre l’utilisation des engrais azotés et des fongicidesmodernes19. Le paquet technologique est simple, il se compose de doses modérées

18Comme élément de comparaison, les rendements de l’Europe de l’Ouest étaient à peu près le double et continuent àaugmenter.

19L’adoption et l’utilisation par les agriculteurs de cette nouvelle technologie s’est répandue rapidement et créa unedemande pour les services de vulgarisation. La quantité de fongicide appliquée est assez faible et n’entraîne pas de risquepour l’environnement, en particulier en raison de la faible percolation du sol.

Encadré 4.6 Une ferme typique du système agricole céréales-maraîchage à grande échelle

Un modèle de production typique de ce type d’exploitation est constitué de 45 pour centde céréales (blé, orge et maïs), 13 pour cent de tournesol, 15 pour cent de betterave à sucreet 2 à 5 pour cent de maraîchage. La taille de l’exploitation varie entre 500 à 4 000 ha, elleemploie environ 250 ouvriers agricoles. La plupart de la surface est cultivée sans irrigation,toutefois certaines exploitations disposent d’irrigation (dans ce cas, environ un tiers de laterre peut être irrigué). La production est mécanisée, en utilisant la plupart du temps devieilles machines en mauvais état. En raison des difficultés financières, l’utilisation des engraisminéraux est très réduite. De faibles doses de pesticides sont appliquées.

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d’azote et de phosphate, d’un fongicide moderne et d’un simple régulateur decroissance. Les équipements agricoles disponibles peuvent être utilisés pour lescéréales, la betterave à sucre et les oléagineux, mais il est souvent nécessaired’améliorer le système de filtration et de distribution des pulvérisateurs. Cependant,les responsables des exploitations n’ont pas encore adopté ces technologies, en raisonde leurs coûts relativement élevés par rapport aux rendements attendus. Néanmoins,le recours aux cultures à système racinaire profond permet une utilisation efficace desces sols profonds et fertiles. Le potentiel technologique et écologique des sols noirs decertaines zones de l’Ukraine est directement exploitable, même à court terme, pour larécupération du secteur vivrier. Le blé d’hiver, l’orge de brasserie de printemps, labetterave à sucre et les oléagineux, particulièrement le tournesol et le colza, sont descultures qui ont ou auront très rapidement un avantage comparatif dans ce système etqui intéressent les industries de transformation.

L’ancienne organisation du travail, basée sur une main d’œuvre abondante etune responsabilité individuelle très limitée a laissé en héritage, aussi bien chez lesouvriers que chez les cadres, une faible motivation et de très mauvaises pratiques detravail. L’information disponible était alors utilisée non pour améliorer la gestion etla productivité mais pour éviter d’encourir des blâmes. Cette déresponsabilisationest probablement le problème le plus difficile à résoudre de l’ancien système.

La formation en gestion des affaires et direction d’entreprise revêt, pour le longterme, une grande importance; toutefois, la formation en agronomie, y compris engestion intégrée des cultures (GIC) est encore plus vitale à court terme pour la miseen place et le maintien d’une agriculture durable. Les agriculteurs privés ont besoindu même type de formation: gestion d’entreprises agricoles, technologie deproduction, GIC et commercialisation. Un certain nombre d’employés des grandesfermes d’état ne sont pas directement impliqués dans les activités agricoles, maistravaillent dans des emplois tels que la restauration, l’enseignement, le transport etla réparation du matériel agricole. La formation pourrait les aider à se reconvertirdans des petites entreprises privées de service et permettre ainsi aux grandesexploitations de se débarrasser de ce type d’activités pour se concentrer sur desactivités vraiment agricoles.

Les exploitations privées n’ont pas accès aux services agricoles de vulgarisation.Les grandes entreprises agricoles ont encore leur propre expertise interne, elle seracertainement inadaptée au passage à l’économie de marché. Il est donc nécessairede mettre à la disposition, aussi bien des petites exploitations que des grandesentreprises, des systèmes de vulgarisation efficaces, capables de fournir del’information technique et des conseils. Cette assistance devrait couvrir toutes lesactivités agricoles, de la production animale – en particulier pour les petitesexploitations privées – à la production végétale et à la commercialisation. Il fautabsolument éviter que l’information provienne exclusivement des entrepriseschargées de la commercialisation des intrants. L’information de ces entreprises est detype commercial, elle ne saurait couvrir l’ensemble des besoins des agriculteurs.

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PRIORITÉS DU SYSTÈME CÉRÉALES-MARAÎCHAGE À GRANDE ECHELLE

La réduction de la pauvreté des ménages des petites exploitations passe par: i) l’accroissement de la taille des exploitations (ou tout au moins de la terretravaillée individuellement), ii) l’intensification des modèles de productionexistants; et iii) la diversification des activités.

La continuation du processus de privatisation des exploitations demeure lagrande priorité afin de créer des exploitations familiales bien gérées. Cetteprivatisation (distribution des terres et répartition des actifs des entreprisescollectives) permettra à une grande partie de la population rurale de subvenir àses besoins, réduisant ainsi sa pauvreté, et de participer à la valeur ajoutée de laproduction agricole nationale. Une attention particulière doit être portée à ladistribution des terres et des actifs aux individus et aux entreprises collectives, ainsiqu’à la possibilité pour les ouvriers agricoles de les conserver lorsqu’ils s’en vont.Toutefois, ceci serait encore une garantie insuffisante pour donner confiance à tousles nouveaux entrants potentiels. Il est important d’analyser les raisons pourlesquelles un certain nombre d’ouvriers agricoles hésitent à se mettre à leurcompte – même si les exploitations privées ont de meilleurs résultats que lesgrandes exploitations. La possibilité d’octroyer une aide initiale, par exemple sousla forme de petits prêts comme capital de démarrage, devrait être étudiée.

L’introduction des techniques de production des céréales de l’Europe del’Ouest pourrait s’avérer efficace pour aider à revitaliser ce système et pour assurerla rentabilité et permettre la recapitalisation des exploitations agricoles, plusparticulièrement en terme de fertilité des sols et d’équipement (voir encadré 4.7).De tels programmes devraient mettre l’accent sur: la collaboration entreagriculteurs et scientifiques afin de valider et d’ajuster les techniques proposées; laformation et les courtes visites d’exploitations d’Europe de l’Ouest; l’accès renforcéà l’assistance technique et à certains équipements spécialisés.

Les agriculteurs privés, qui devraient répondre plus vite que les grandesexploitations, devraient être les premiers impliqués. La communication sera aussiun facteur important pour faire accepter les changements par les communautésagricoles, les cercles gouvernementaux et le secteur privé.

Le développement des ressources humaines est prioritaire pour modifier etdiversifier le système céréale-maraîchage à grande échelle. Les directeursd’exploitation ont besoin de formation en gestion financière, en stratégie desentreprises et en développement et gestion des ressources humaines. Les ouvriersagricoles, quant à eux, ont besoin de formation pour développer leurscompétences techniques et les responsabiliser: les agriculteurs privés sortiront deleur rang.

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SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE EXTENSIF CÉRÉALES-ÉLEVAGE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Ce système est typique des régionssemi-arides de la Fédération de Russieet du nord du Kazakhstan, on lerencontre aussi dans quelques zones ausud du Kazakhstan, et au Turkménistanet en Ouzbékistan voisins. La duréemoyenne de la période végétative est de125 jours. La pluviométrie annuellevarie de 200 à 400 mm. Les pluiestombent principalement au printempset en automne.

20Martinenko, 2001.

Encadré 4.7 Utilisation des ressources naturelles et viabilité économique dessystèmes agricoles en Ukraine du Sud20

La mauvaise utilisation, sur une longe période, des ressources physiques, financières etnaturelles entraîna une chute de rendement de près de 30 pour cent vers la fin des années90. Une mauvaise gestion des terres, un emploi inadéquat des engrais et des pesticides et uneérosion non contrôlée ont causé des pertes en éléments nutritifs et la dégradation des terres.Un déséquilibre entre terres cultivées, pâturages naturels et zones forestières, associé à destechniques de travail du sol inefficaces, entraîna une détérioration de l’environnement et unemauvaise utilisation des ressources naturelles.

Il existe cependant un certain nombre d’exemples de grandes exploitations agricole du sudde l’Ukraine qui ont su utiliser les ressources à leur disposition d’une façon durable en:i) mettant en place des nouveaux modèles de rotation qui excluent les cultures non rentablesprécédemment fortement subventionnées; et ii) en mettant en œuvre des programmes deconservation des terres incorporant des légumineuses et des pâturages de bétail. Lesexploitations complexes et surdimensionnées ont été divisées en unités plus petites,spécialisées et plus faciles à gérer.

L’introduction de nouveaux assolements, associé à des technologies améliorées, a permisd’augmenter la production et le profit. Au départ, les exploitations étaient endettées etperdaient de l'argent; les nouveaux programmes ont permis de générer des profits et de payerles dettes. Ces changements ont permis d’améliorer la balance hydrique et la qualité des sols,et d’accroître la biodiversité des terroirs. L’utilisation de techniques de conservation des solsdans la production végétale a amélioré leur fertilité et leur contenu en matière organique.

Encadré 4.8 Données de base: systèmed’exploitation agricole extensif céréales-élevage

Population totale (m) 98

Population agricole (m) 14

Superficie totale (m ha) 425

Zone agroécologique Semi-aride

Superficie cultivée (m ha) 106

Superficie irriguée (m ha) 2

Population animale (m) 14

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Les hivers apportent un peu de neige (200 à 300 mm), de nombreux jours desoleil et des vents très forts. Les étés sont secs et chauds, avec des vents secs. C’est ledomaine de la steppe avec des prairies naturelles et des sols qui varient des sols noirs(Tchernoziom) au nord aux sols bruns de la forêt, plus légers dans la partie sud dela zone. Cette région hébergea, dans le passé, les gardiens de troupeaux à larecherche de pâturages saisonniers, migrant sur de grandes distances pour éviter leshivers rigoureux. L’agriculture sédentaire est quasi-inexistante. Pendant l’époquesoviétique, les pasteurs furent regroupés en collectivité; la production animale, àbase de fourrage cultivé en irrigué, s’intensifia. Cette politique entraîna, vers lemilieu des années 80, une forte augmentation des populations de moutons, associéeà une sérieuse dégradation des pâturages et à une réduction de la productivité desactivités animales.

Le système s’étend sur 425 millions d’hectares dont 106 millions sont cultivés. Lapopulation est proche de 100 millions de personnes et la population agricole estestimée à 14 millions. Cette région était renommée pour ses immenses fermes d’étatet ses fermes collectives établies dans le cadre du légendaire Programme des terresvierges qui transforma littéralement la steppe de pâturages permanents enexploitations hautement mécanisées pour la production de blé. La culture du bléétait basée sur une technologie très intensive en intrants pour atténuer les effets des variations climatiques sur les cultures. Certaines fermes atteignaient300 000 ha (surfaces cultivées et pâturages extensifs). La ferme et la communautérurale ne faisait qu’un. Pendant les réformes de restructuration, les anciennesfermes d’état et les fermes collectives furent officiellement privatisées ettransformées en coopératives de production, en sociétés en partenariat et sociétéspar actions, en exploitations privées et exploitations familiales. Les exploitationssont en général de grande taille, celle-ci dépend des conditions agroclimatiques dela zone. Les grandes exploitations, dénommées coopératives de production, ont une

Encadré 4.9 Une exploitation typique du système d’exploitation agricole extensif céréales-élevage

Cette exploitation consacre 60 à 65 pour cent de sa surface cultivée au blé et à l’orge etquelque 15 à 20 pour cent à la production de foin et de cultures fourragères, le reste auxcultures industrielles, dont le tournesol, et maraîchères. La culture principale est le blépluvial, surtout le blé de printemps, avec une jachère tous les deux ans dans les parties lesplus sèches, tous les 3 à 5 ans ailleurs; la jachère est utilisée pour le pâturage. Lesrendements moyens du blé sont de 0,8 tonne/ha. Le nombre d’hectares par ouvrier agricolevarie selon la taille de la ferme, de 4 à 10. La culture est mécanisée, les équipements sonten très mauvais état. L’utilisation des engrais minéraux (5 kg/ha) et des pesticides estminimum en raison des difficultés financières. Les semences de qualité ne sont utilisées quesur 20 pour cent de la superficie en blé.

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taille moyenne de 14 000 ha, il existe encore des exploitations beaucoup plusgrandes. La taille moyenne des sociétés en partenariat ou par actions est enmoyenne de 8 500 ha; celle des exploitations relativement petites, appeléespaysannes est d’environ 450 ha.

L’ensemble des coopératives de production et des sociétés en partenariat et paractions occupent 80 pour cent des terres agricoles. Les parcelles individuelles,situées à l’intérieur des exploitations de grande taille ont pris une importancecroissante, elles représentent environ la moitié de la valeur ajoutée en agriculture.Les produits principaux sont le blé et l’orge, le foin et quelques cultures industriellesassociés à l’élevage de races traditionnelles de mouton, de bovins et de chevaux. Laproduction animale repose sur le pâturage d’été et l’alimentation à l’étable en hiver.Du fait de la privatisation de l’élevage, environ 85 pour cent des animauxappartiennent aujourd’hui au secteur privé. La production agricole fluctue d’uneannée à l’autre au gré des conditions climatiques.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME EXTENSIF CÉRÉALES-ÉLEVAGE

La productivité du travail et des autres ressources de ce système a diminué au coursdes dernières années, elle est aujourd’hui très basse. Les désordres de la période detransition, la réduction du pouvoir d’achat de la population due à l’arrêt dessubventions alimentaires et à la détérioration des conditions économiques, la pertedes anciens marchés nationaux et d’exportation, la baisse d’utilisation des intrants,et la détérioration des infrastructures d’irrigation et du parc des machines agricoles,associés à la faillite de l’économie monétaire, ont entraîné le déclin de la productionagricole. Les critères de rentabilité économique, de spécialisation régionale oud’avantages comparatifs basés sur les marchés mondiaux, furent rarement utilisésdurant les décennies de la planification centralisée soviétique. La dégradationprogressive des ressources de base, causée par de nombreuses années d’assolementsculturaux non durables a aussi contribué à la forte baisse de la productivité du blé.Le blé a été abandonné sur environ 20 pour cent des terres impropres à cetteculture.

La situation financière des exploitations de grandes tailles s’est continuellementdétériorée en raison d’un endettement croissant, de l’incapacité grandissanted’acheter des d’intrants et de la réduction de la productivité. Les salaires ne sont paspayés régulièrement, ils sont payés en nature ou avec des mois ou des années deretard. Certains ouvriers agricoles ont été réduits à un emploi à mi-temps ou mis encongé; ils reçoivent des rations alimentaires de base et du fourrage commepaiement. Le rôle des parcelles familiales pour subvenir aux besoins s’estconsidérablement accru.

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La réforme foncière a, dans la forme, dissout les fermes collectives d’état; toutefois,la restructuration agricole a souvent été imparfaite. Les employés des fermesmanquent d’information sur leurs doits à la terre et au capital et sur les possibilités decréation de nouveaux types d’exploitations – y compris les exploitations paysannes etfamiliales. Beaucoup d’entre eux, en raison de leur manque d’expérience en gestionagricole, de leur manque de connaissances techniques et des difficultés d’accès auxintrants et aux services agricoles, n’étaient pas près à gérer une exploitation privée.Pour toutes ces raisons et parfois sous la pression de l’ancien directeur21, beaucoupd’entre eux mirent leurs terres et leurs capitaux en commun pour former de nouvellesgrandes exploitations collectives, dont la gestion est peu différente de celles desanciennes fermes. Aussi la restructuration n’a pas apporté beaucoup de gaind’efficacité à la plupart de ces exploitations réorganisées, et leur situation financièrecontinue à se détériorer. D’autre part, la terre reste propriété de l’état, ce quicomplique l’accès au crédit et décourage aussi l’investissement dans des technologiesqui amélioreraient la productivité.

Cependant, la situation s’améliore dans certaines zones. Par exemple, auKazakhstan la nouvelle politique concernant la faillite a conduit à la création demilliers de nouvelles entités indépendantes, la plupart d’entre- elles étant desexploitations paysannes. Cette approche a deux objectifs: i) supprimer les dettes etpermettre ainsi l’accès au crédit bancaire; et ii) accélérer les changements dans lataille des exploitations, la propriété et la gestion de sorte qu’elles puissent devenirefficaces et viables. De nouvelles formes de propriété et de gestion ont aussi étéintroduites, telles que le contrat de culture ou l’acquisition de ferme par de grandessociétés céréalières ou industrielles permettant ainsi l’intégration verticale. Lerésultat n’est pas positif partout car, après l’annulation des dettes, certainesexploitations conservent leur ancien mode de gestion. La restructuration s’accélèredans les zones du sud et dans les zones irriguées du nord, où les conditions agricolessont plus favorables et où vit la majorité des pauvres. Les exploitations des zonesmoins favorables semblent préférer la faillite et clore l’exercice. Un grand nombrede ces exploitations sont alors rachetées par des étrangers et dépouillées de tout bienmobilier, laissant les ouvriers agricoles sans équipement. De plus, la restructurationen cours implique le transfert des services sociaux aux gouvernements locaux,entraînant le risque pour les pauvres de perdre l’accès aux soins de santé, àl’éducation et aux services sociaux.

Les difficultés financières des agriculteurs ont eu pour conséquence de réduiretrès gravement l’utilisation des intrants (engrais et produits phytosanitaires pour lecontrôle des maladies et des mauvaises herbes). L’infestation de criquets a étéparticulièrement sévère ces dernières années. Le secteur des semences, en l’absencede réglementation et de politique claire, est peut-être le plus difficile à revitaliser. Le

21Banque mondiale, 2000d.

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manque de pièces de rechange pour le parc des machines agricoles est aussi unproblème sérieux. De plus, les équipements dont on a aujourd’hui besoin sontdifférents de ceux produits précédemment: ils devraient être plus petits, plus légerset plus précis. De tels équipements sont inabordables pour la majorité desexploitations.

L’industrie agroalimentaire, la distribution et la commercialisation semblent êtreles maillons les plus faibles du système agricole. La proximité des zones urbaines etl’accès direct aux marchés sont des facteurs importants pour la rentabilité desexploitations. Les capacités de transformation sont suffisantes dans la région, maisla majorité des unités sont anciennes et inefficientes. Un équipement inadapté et demauvaise qualité pour le stockage, la transformation, le transport et la manutentionentraîne des pertes après récolte importantes, et des prix bas au niveau desproducteurs. Les anciennes entreprises d’état, qui continuent de jouir d’uneposition de monopole dans l’industrie, limitent l’accès des producteurs à un marchélibre et concurrentiel, et restreignent l’arrivée de nouveaux capitaux, de nouvellestechnologies et méthodes de gestion. Le troc domine les échanges et représenteencore plus de 80 pour cent des ventes totales.

PRIORITÉS DU SYSTÈME EXTENSIF CÉRÉALES-ÉLEVAGE

Les principales stratégies pour réduire la pauvreté sont: i) l’accroissement de la tailledes exploitations des petites exploitants et des troupeaux; et ii) l’intensification del’ensemble des productions existantes. Bien que la taille moyenne des exploitationsait été réduite, il existe encore de nombreuses exploitations très grandes, seulesquelques-unes d’entre-elles ont été divisées en unités familiales. Compléter laréforme agraire et le processus de restructuration demeure une priorité majeureafin d’augmenter la taille des exploitations des ménages pauvres.

En raison des conditions agroclimatiques qui prévalent dans les régions associantl’agriculture à l’élevage - précipitations très faibles et très irrégulières combinées àdes vents violents – l’amélioration de la culture du blé nécessite l’utilisation depratiques agronomiques de conservation des sols afin de permettre de retenirl’humidité pendant l’hiver, d’utiliser efficacement les précipitations estivales et delimiter l’érosion éolienne due à la mise en culture. L’amélioration de la productivitédes céréales passe impérativement par le contrôle des mauvaises herbes etl’utilisation efficace de l’humidité; le travail du sol de conservation constitue unetechnologie potentiellement utile. Il a déjà été utilisé avec succès dans des conditionsagroécologiques semblables dans d’autres pays et devrait être essayé dans cesystème. D’autres types de rotations et la diversification des cultures, capables deprocurer plus de souplesse aux agriculteurs, tout en protégeant leurs ressources debase, devraient aussi être recherchées.

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L’insuffisance alimentaire, les problèmes de santé animale entraînant des tauxélevés de mortalité et la mauvaise gestion technique et financière représentent lesprincipales contraintes au développement de la production animale. Les racestraditionnelles sont bien adaptées aux conditions locales et au type de gestion plusextensif rendu aujourd’hui nécessaire. Tant que les prix de la laine n’auront pasaugmenté au niveau local, la promotion des races ovines pour la production delaine n’est peut-être pas dans l’intérêt des petits producteurs. La racetraditionnelle pour la viande nécessite moins de fourrage pendant l’hiver, ellepeut ainsi être maintenue sur les pâturages des zones semi-arides et est plusrentable. Il est urgent de promouvoir l’utilisation des pâturages naturels pourdiminuer les coûts de production, d’améliorer la gestion des pâturages, deréhabiliter la production des semences fourragères et de promouvoir ladistribution de nouvelles espèces fourragères auprès des éleveurs. Il est nécessairede mettre en place une politique et un cadre légal afin de préserver la diversitédes pâturages, d’éviter que les terres ne soient accaparées et d’assurer la sécuritéet les droits d’utilisation des petits producteurs.

La recherche agricole est encore largement dominée par le modèle soviétique;ses activités ont considérablement diminué par manque de financement. Lesystème est très surdimensionné; il doit maintenant répondre, à la fois, auxbesoins des grandes exploitations et des exploitations paysannes à l’aide deprogrammes de recherche plus pratiques et répondant à la demande desintéressés. Les systèmes d’allocations ciblées permettraient aux gouvernementsd’utiliser les fonds budgétaires disponibles plus efficacement pour la rechercheagricole, et de mobiliser les ressources du secteur privé. Les services devulgarisation n’étaient pas nécessaires dans l’ex-URSS car, en plus des spécialistesdu gouvernement, les anciennes fermes collectives avaient leurs proprestechniciens. A la suite de la restructuration, les techniciens agricoles ont créé leurspropres exploitations et ne sont plus disponibles pour conseiller les autresagriculteurs qui pourraient avoir besoin de leurs services. Il est aujourd’huinécessaire de mettre en place des services de vulgarisation capables de conseillerles agriculteurs, plus particulièrement les exploitations familiales, dans cenouveau contexte d’économie de marché. Ces services devront être partiellementfinancés par l’état (voir l’encadré 4.10).

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PRIORITÉS STRATÉGIQUES DE L’EUROPE DE L’EST ET DE L’ASIE CENTRALE

Cette section met en lumière quelques-uns des principaux défis de la région etpropose des approches et des possibilités d’investissement. Le tableau 4.2 indique lepotentiel de chaque système pour la croissance agricole et la réduction de lapauvreté ainsi que l’importance relative des cinq principales stratégies des ménagespour la réduction de la pauvreté. Ce tableau a été préparé à partir d’avis d’experts,et les moyennes pour la région ont été calculées à partir des moyennes pondéréesdes populations agricoles (voir tableau 4.1).

22Meng, 2001.

23Le projet d’assistance à la post-privatisation de la BM, le programme d’appui à l’agriculture de la BAD, et le programmed’assistance à la restructuration du secteur agricole pour le développement de la BAD.

Encadré 4.10 Services de conseil et d’assistance dans les systèmes d’exploitationagricoles extensifs céréales-élevage22

De nombreuses technologies mises en place pendant la période soviétique ne sont plusrentables dans le nouveau contexte économique, particulièrement en raison du coût élevé desintrants. Les technologies capables de réduire les coûts de production ne sont généralementpas disponibles. De plus, la disparition des anciens systèmes de dissémination de l’informationa créé un vide. La réforme agraire et la restructuration des exploitations ont entraînél’apparition de nouvelles formes d’unités de production qui ont besoin d’être conseillées.Cependant, les gouvernements n’ont pas été capables de créer les services de vulgarisationnécessaires et leur ont généralement accordé une faible priorité en raison de leur coût ressenticomme élevé et de la nécessité de réduire les budgets et les effectifs des fonctionnaires.

Des projets récents de la Banque mondiale (BM) et de la Banque asiatique dedéveloppement (BAD), destinés à aider l’agriculture et la privatisation des fermes collectivesdu Kazakhstan, ont inclus dans leurs activités des initiatives pour faciliter l’accès au créditauprès des banques commerciales et la création de services de conseil et d’assistancetechnique des gouvernements locaux et des instituts de recherche23. Ces initiatives visent àaider les exploitations qui peuvent accéder à des prêts auprès des banques commerciales enhypothéquant leurs biens. Une bonne partie des exploitations, en particulier les exploitationsfamiliales de petite taille ne remplissant pas les conditions de garanties, ne pourront pasbénéficier de ces prêts; leurs propriétaires et ouvriers ne pourront pas sortir de la pauvreté, àmoins que des solutions ne soient trouvées pour créer des emplois et des sources de revenus.

Les gouvernements de la région ont proposé une liste toute faite de recommandationssupposées résoudre tous les problèmes des agriculteurs. Cependant, les problèmes despopulations rurales sont complexes. Une stratégie participative souple est nécessaire pour lesrésoudre. Si le personnel des services de vulgarisation ne comprend pas les points de vue etles besoins des agriculteurs, ces services ont peu de chances de devenir crédibles, efficaces et durables.

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Bien que ces deux objectifs ne soient pas forcément interdépendants (enparticulier en raison de la distribution de la terre), il est possible de viser à la fois lacroissance agricole et la réduction de la pauvreté.

L’intensification de la production est, au niveau de la région, la plus prometteusedes stratégies pour réduire la pauvreté, elle est suivie par l’augmentation de la tailledes exploitations. L’essentiel de l’augmentation de la taille des exploitations devraitprovenir de nouvelles distributions de terres; toutefois, l’amélioration du

Tableau 4.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages pour laréduction de la pauvreté en Europe de l’Est et en Asie centrale.

Stratégies de réduction de la pauvreté

Système Potentiel Potentiel Intensifi- Diversifi- Accroissement Accroissement Sortied’exploitation de de cation cation de la taille de du revenu de agricole croissance réduction de l’exploitation hors l’agriculture

agricole la pauvreté exploitation

Irrigué important moyen 4 3 1 1 1

Mixte moyen important 3 2,5 2 1,5 1

Elevage basé moyen moyen 3 2 2,5 1 1,5sur la forêt

Mixte moyen moyen 4 2 2 1 1horticulture

Céréales à important moyen 2,5 2 4 1 0,5grande échelle

Céréales-élevage faible moyen 3 2 2 1 2à petite échelle

Céréales-élevage faible moyen 3 1 4 1 1extensif

Pastoral faible moyen 2 1 2 2 3

Dispersé (froid) faible faible 1 1 1 3 4

Dispersé (aride) faible faible 1,5 1 0,5 2 5

Urbain faible faible 2 2 0 2 4

Moyenne pour la région 2,7 1,8 2,3 1,4 1,8

Source: Avis d’experts.Note: Le total des points pour chaque système agricole est de 10. Les évaluations ne concernent que les agriculteurs pauvres. Lespondérations par système des populations agricoles sont tirées du tableau 4.1.

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fonctionnement du marché de la terre (à la fois formel et informel) devraitprobablement y contribuer au cours des prochaines 30 années. Un nombreimportant de ménages devrait quitter l’agriculture pour d’autres emplois. Lesfutures actions publiques devraient faciliter la mise en œuvre de stratégies pouraider ces ménages. Ces conclusions doivent être interprétées dans un contexte deréduction et de vieillissement des populations rurales24.

Certains systèmes de production caractérisés par des petites exploitationsfamiliales privées pourraient gagner en importance avec la poursuite de laprivatisation, des ajustements structurels et de la libéralisation des marchés. Aprèspresque 10 ans de réformes, les différences entre les pays de l’ECS et les pays baltesd’une part, et les pays de la CEI d’autre part, se sont accentuées. L’adoption depolitiques de transition plus complètes a permis une transformation plus rapide del’agriculture en Europe centrale et dans les pays baltes; la production agricolerécupère et la productivité du travail s’accroît, en partie grâce à la création d’emploisen dehors de l’agriculture.

La transformation de l’agriculture dans les pays de la CEI n’en est encore qu’àses débuts. Les unités agricoles de grande taille ont survécu dans de nombreux pays,et les distorsions dans la production, dans la structure des prix et dans lacommercialisation des produits «stratégiques» perdurent. Pour toutes ces raisons, lesdiscussions ci-dessous concernent les pays de la CEI, où les problèmes sontbeaucoup plus graves et où les solutions ne sont pas toujours disponibles.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

Les tentatives de réforme des exploitations de grande taille de la Russie et del’Ukraine25, menées dans le cadre de projets internationaux, n’ont pas étécouronnées de succès. Les exploitations restructurées sont encore trop grandespour être gérées efficacement, les rendements restent faibles et la réorientation versles marchés difficile. Dans la plupart des cas, le processus de restructuration n’aabouti qu’à la création d’un nombre restreint d’exploitations familiales.

Il serait nécessaire de trouver une autre approche qui prenne en compte latotalité de la communauté agricole si la réforme de l’ensemble de la structure de lagestion agricole venait à échouer. Il est significatif de constater que la production desparcelles familiales s’est considérablement accrue au cours de la dernière décennieet représente maintenant près de 50 pour cent de la valeur totale de la production.Cependant, les agriculteurs de parcelles familiales ne sont pas encore prêts – ou nesont pas autorisés – à devenir des agriculteurs privés. Une relation tend à se

24Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, certaines études montrent que les vieilles personnes sont mieux traitées

que les jeunes couples avec enfants (D’Avis, communication personnelle).25

Lerman et Csaki, 2000..

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développer entre les petites unités de production et la ferme mère26, les premièresse spécialisant, si possible, dans des activités gourmandes en main-d’oeuvre et laseconde dans la fourniture de services (accès aux intrants, tracteurs, et parfoiscommercialisation). Les ouvriers agricoles ont besoin de parcelles familiales pournourrir leur famille, tandis que la position des directeurs des fermes sembledépendre plus des relations qu’ils entretiennent avec la communauté des ouvriersque de leur performance dans la gestion de groupes coopératifs. Une telle formed’association pourrait devenir le cadre de la transformation des exploitations degrande taille, même si elle implique la création d’un grand nombre d’exploitationsfamiliales, trop petites au départ pour être rentables. Cette possibilité peut êtrepréférable à la liquidation à grande échelle des fermes mères entraînant leurdépouillement de tous leurs actifs valables et le départ des ouvriers agricoles – commecela se passe dans des zones marginales du Kazakhstan.

Dans les pays où la restructuration agricole est incomplète, il est conseilléd’essayer d’autres types de restructuration qui prennent plus en compte ladimension sociale et moins en compte le souci de maintenir les grandes exploitationsen vue d’accroître la production nationale. Même dans les zones relativementmarginales du système d’exploitation agricole extensif céréale-élevage, uneexploitation de 40 à 50 ha de terres cultivées qui a accès aux pâturages procure àune famille un meilleur niveau de vie que le travail dans une grande exploitation;d’autre part, la contribution agricole de cette famille à l’économie nationale estsupérieure. Le minimum de terre nécessaire peut tomber à moins de cinq ha dansles zones à haut potentiel du système d’exploitation agricole céréale-maraîchage.

Les meilleures combinaisons et voies pour atteindre les meilleurs résultats finauxvarient d’une zone à l’autre. On peut aussi envisager deux autres approches, l'uneaboutissant à de petites exploitations privées recevant les services d’un groupeagricole coopératif de taille moyenne27, louant les terres de ses ex-membres etfournissant des services sur une base contractuelle. L’autre approche conduirait à depetites exploitations complètement indépendantes qui assureraient entre-elles lafourniture des services (par exemple propriétaires de tracteurs pour les services demécanisation) ou qui auraient recours à divers mécanismes de coopération. Lapremière solution aurait le mérite de permettre aux grandes unités de conservercertains des services principaux requerrant des qualifications spécialisées et unéquipement coûteux (par exemple, ateliers de réparation), jusqu’à ce que le secteurprivé puisse effectivement prendre la relève. Les problèmes spécifiques entraînéspar de telles solutions varieraient en fonction du lieu, leur solution nécessiteraitgénéralement l’annulation de la dette de l’ancienne ferme de grande taille. Les

26Serova, 1998.

27En Russie, de nombreux officiels de l’agriculture étudient la possibilité de conserver les grandes unités, lorsqu’elles sontefficaces et qu’elles peuvent attirer directement les investissements étrangers et les technologies améliorées (D’Avis,communication personnelle).

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arrangements fonciers devraient, si possible, permettre le libre transfert des titres de propriétés, au moins pour la terre cultivée. En ce qui concerne les terres depâturage, des arrangements de location passés avec les communes pourraientassurer une meilleure gestion et éviter l’exclusion des plus pauvres.

Bien que les restructurations du secteur agricole ne soient pas encore terminéesdans les pays de l’ECS, la plupart des terres sont, à l’exception de deux pays,maintenant sous le contrôle d’individus. Cependant, la part de la terre sous lecontrôle de l’état reste importante dans certains pays où le marché de la terre est peudéveloppé. Toutefois les changements sont rapides, en particulier dans les payssouhaitant rejoindre l’UE. Il est très important de mettre en place un système depropriété foncière qui facilite la sécurité et l’accès équitable à la terre. Celanécessitera la création de fonctions administratives foncières, généralement assuréespar le secteur public dans les économies de marchés développés, dont les activitéscouvrent l’enregistrement, l’estimation de la valeur et la planification. Cela impliqueaussi la formation des professionnels et des institutions associées à ces activités et à d’autres activités en rapport avec le marché de la terre. Maintenant quel’enregistrement des terres est sur le point d’être terminé, l’attention se concentresur l’amélioration et le renforcement de l’administration foncière et de ses structurespour assister les transactions commerciales. Il est nécessaire de mettre en place desmécanismes afin d’assurer un accès équitable, transparent et sûr à la terre et auxressources naturelles – soit dans le cadre de la propriété soit de la location – et pourprotéger les droits de propriété.

De nouvelles qualifications professionnelles sont nécessaires, particulièrementdans le domaine de l’estimation de la valeur et de la gestion des biens immobiliers. Ilest donc nécessaire d’aller plus loin que l’actuelle mise en place d’institutionsmodernes de cadastres et de systèmes d’enregistrement, qui restera cependantprioritaire. Il faudra aussi aider au développement d’autres institutions, faisantnormalement partie de l’administration foncière, et à la formation de leur personnel.La mondialisation du capital et le développement de standards internationaux decomptabilité et d’évaluation, entraînent la nécessité de formation dans ces domaines.

Les politiques de réforme agraire axées sur la création de grandes exploitationsefficaces, en espérant que les ouvriers agricoles trouvent du travail à l’intérieur deces exploitations, peuvent faire plus de mal que de bien. Toute politique agricole, enparticulier dans les pays où la majorité les exploitations est de grande taille, doit êtretestée pour son impact potentiel sur le travail et la pauvreté. Des politiquesspécifiques de réduction de la pauvreté rurale sont nécessaires pour, entre autre,améliorer l’accès des pauvres à une information objective sur les droits de propriétéde la terre et sur leurs autres droits, et pour impliquer la société civile dans laprotection des droits des pauvres. La formulation des initiatives de diminution de la pauvreté rurale doit tenir compte de l’importance des communautés rurales et deleur mode de vie. Elle doit en particulier tenir compte des aspects non agricoles

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de la vie rurale, tels que la santé, l’éducation, l’infrastructure et les activitéséconomiques non agricoles. Ces méthodes participatives, impliquant les ONGlorsque cela est possible, facilitent la mise en place d’approches intégrées dudéveloppement local et de la réduction de la pauvreté.

LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

La commercialisation des produits agricoles est l’une des principales difficultésrencontrées par les producteurs de la région, particulièrement face à la nécessite dediversifier les productions pour réduire la pauvreté. Cependant, la situation actuelleest différente dans les deux sous-régions.

Au cours des dernières années, l’environnement macro-économique est devenuplus favorable dans les pays de l’ECS (sauf dans la plupart des pays des Balkans);les prix sont, en général, libres et soumis aux influences du marché mondial. Lesaides à l’agriculture et la protection des marchés intérieurs se sont accrues durantles quatre à cinq dernières années; elles restent généralement inférieures à cellespratiquées dans l’UE mais devraient les rattraper dans les prochaines années. Ledéfi consistera à conserver les types d’aides qui permettront une efficacité et unecompétitivité accrues, plutôt que la protection de structures agricoles inefficaces.

Dans la plupart des pays de la CEI, la situation paraît bien pire qu’avant latransition. La réforme économique a souvent entraîné la faillite du systèmeprécédent fondé sur l’allocation contrôlée par l’état de produits bruts ettransformés et la spécialisation de certaines régions ou républiques dans laproduction agricole. Cependant, le processus naturel prévu de transition vers uneéconomie de marché semble, après 10 ans, n’avoir pas été capable de mettre enplace une infrastructure de remplacement pour la commercialisation ou les servicesd’appui. Ceci a contribué à augmenter la pauvreté parmi les producteurs et àdévelopper une économie de troc durant les années 90. Des pays entiers, dontl’économie reposait sur l’agriculture, ont vu disparaître leurs mécanismes dedistribution et de production centralisés et sont tombés dans la pauvreté. Ceci estparticulièrement le cas de la Moldavie, de l’Arménie, de la Géorgie (spécialiséesdans les produits horticoles tels que les fruits, le maraîchage et les vins) et à unmoindre degré de la Macédoine.

Les causes profondes de cette situation sont: i) la généralisation de la criseéconomique dans la région qui a entraîné une chute dramatique du pouvoir d’achatdes populations et de la demande pour les produits agricoles; ii) l’inefficacité etl’obsolescence des industries de transformation locales de grande taille, souvent enfaillite, et leur obstruction à des approches de remplacement pour lacommercialisation et le développement des marchés; iii) des barrières de toutessortes au commerce dans toute la région, qui réduisent la concurrence entre les

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intermédiaires, gênent la recherche et l’expérimentation de nouvelles opportunitésde marché, et en général, limitent les possibilités des agriculteurs à se spécialiserdans des activités où ils auraient un avantage comparatif; iv) l’incapacité actuelle àpénétrer d’autres marchés tels que ceux des pays de l’Europe de l’Ouest pour uncertain nombre de raisons telles que les mesures de protection, les difficultés desatisfaire les standards de qualité, le manque de stratégies de développement ducommerce, et les difficultés de transport; v) la faiblesse de la position desproducteurs, dispersés, produisant de petites quantités d’une gamme limitée deproduits inégaux et souvent de mauvaise qualité; et vi) le manque d’information surles marchés.

Il semble très difficile de trouver dans la région des projets de commercialisationqui aient réussi et qui puissent servir d’exemple. Au niveau politique, il est aussiimportant d’améliorer la politique des prix et de la commercialisation que decomprendre le fonctionnement des mécanismes informels qui entravent lecommerce et de voir comment les atténuer. Les politiques devraient s’attaquer auxobstacles légaux, qui entravent le développement des marchés, et à la nécessitéd’améliorer, entre autres, la qualité par la promulgation de certaines normes, touten favorisant l’émergence de nouvelles formes de petites entreprises detransformation. Cependant, les politiques ne peuvent pas faire grand-chose sansune mise en œuvre efficace. Des obstacles à la création et à la croissance denouvelles entreprises existent fréquemment en violation de la législation nationaleet des déclarations politiques; ils sont le fait de groupes établis qui ne veulent pasvoir les systèmes évoluer en dehors de leur contrôle. A cet égard, les possibilités dedévelopper un secteur commercial efficace et fonctionnel dans la région sontgénéralement étroitement associées à la création d’entreprises privées efficaces,domaine qui va bien au-delà de l’agriculture.

Le renforcement des institutions locales, capables d’encourager et d’aider ledéveloppement de nouvelles structures de commercialisation, est aussi trèsimportant. Ceci pourrait inclure l’aide à la création d’organisations de producteurs(coopératives, groupes de commercialisation) et d’organisations professionnellesformées autour de produits spécifiques ou d’une gamme de produits; cesorganisations permettraient un meilleur échange d’information entre lesparticipants (sur les besoins du marché par exemple) et faciliteraient lesarrangements contractuels.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

La revitalisation et le renouveau des systèmes de recherche agricole nécessiteront,en plus de la volonté politique et des ressources financières dont nous avons discutéci-dessus, des efforts accrus dans le domaine de l’enseignement et de la formation.

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Les agriculteurs et leurs fournisseurs de services auront besoin de formation sur lesaspects techniques et agronomiques de leurs entreprises respectives, dans ledomaine de la planification et de la gestion – gestion administrative et comptabilité– et dans le domaine de la commercialisation. Cette importante tâche ne peut êtreréalisée que si les efforts et les coûts induits sont répartis entre le gouvernement, lesformations locales, les services de conseils et les bénéficiaires eux-mêmes.

L’ancienne économie dirigée fonctionnait sans système de vulgarisation: destechniciens spécialistes étaient disponibles sur les fermes, ils utilisaient les techniquesprescrites pour exécuter les ordres centralisés. Ainsi, la recherche est délabrée et lavulgarisation toujours non-existante. Des services de conseil ont besoin d’êtrerapidement mis en place, particulièrement pour les petites exploitations familiales.Leur rôle ne devrait pas être limité aux aspects techniques, bien que ceux-ci soientimportants. En raison du peu de techniques réellement bien adaptées disponibles,les conseillers devront tester, dans des expérimentations simples faites avec laparticipation des agriculteurs, des variétés différentes ou des nouveaux systèmes degestion et de conservation des ressources, etc. Ce travail devrait aussi englober laformation et le conseil en gestion agricole; la planification des activités d’entreprise;la comptabilité et la tenue des livres comptables; et le crédit et ses applications.Certains de ces services pourraient être payés par les agriculteurs, qui devraientprendre une part actives dans les nouveaux réseaux de systèmes de conseil agricoleen développement afin d’échanger l’information, d’organiser les réunions et lesvisites pour partager les nouvelles connaissances, non seulement sur les systèmes deproduction mais aussi sur la planification de la commercialisation.

La plupart de ces services auront besoin d’un financement public, au moins dansla phase initiale. Cependant, les erreurs communes aux grands systèmes publiquesde vulgarisation devraient être évitées, car elles coûtent très chères et ne peuventêtre supportées par les budgets nationaux. Cette situation peut être évitée enmettant les conseillers dans un système quasi-concurrentiel, pour les obliger àoeuvrer pour le bénéfice des agriculteurs. Des formules variées peuvent être utiliséesà cette fin, dont les coupons (système un peu pesant), les primes ou rétributions auxfournisseurs de service, payées à partir d’un programme de travail établi avec lesgroupes d’agriculteurs. La mise en route progressive et souple du système,permettant une adaptation qui tienne compte des situations locales et assurant desservices de qualité, est préférable à un démarrage rapide couvrant dès le départ tousles problèmes. Les programmes d’appui au développement des services de conseildevront mettre l’accent sur la formation, particulièrement en ce qui concerne lesméthodes participatives et la gestion agricole.

Les services d’assistance aux grandes exploitations devraient être privés dès ledépart; l’état pourrait assurer le financement de la formation des techniciens de cesservices et une assistance financière au démarrage des activités. Les servicesd’information doivent pouvoir atteindre un grand nombre d’agriculteurs et leur

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fournir une information utilisable directement. L’information permettant auxagriculteurs de prendre conscience de leurs droits (droits concernant la terre, lasanté publique et l’information commerciale, etc.) est particulièrement importante.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

Le potentiel d’amélioration de l’ensemble de la productivité par l’utilisation detechnologies améliorées est généralement important, aussi l’intensification de laproduction des exploitations familiales est-elle considérée comme la voie prioritairepour permettre la réduction de la pauvreté au niveau de la région. Certaines desmeilleures possibilités consistent à développer une agriculture qui permette depréserver les ressources naturelles des zones semi-arides, particulièrement dans lesystème d’exploitation agricole extensif céréale-élevage par l’introduction du travailréduit du sol et par des pratiques de semis plus précises. L’intensification de laproduction céréalière du système d’exploitation agricole céréale-maraîchage àgrande échelle pourrait se faire grâce à l’introduction et à l’adaptation de certainestechnologies mises au point en Europe de l’Ouest. Il faut cependant être prudentdans ce domaine; en effet, 40 ans d’intensification ont entraîné la production desurplus et l’éclatement des communautés rurales et ont causé des dommages àl’environnement.

La réintroduction des cultures fourragères dans la rotation et le développementde systèmes de gestion des pâturages bien adaptés aux situations locales est unmoyen de combattre ces effets, en réduisant la dépendance en céréales pourl’alimentation animale et en permettant une meilleure association agricultureélevage. Simultanément, il est possible d’améliorer la gestion de l’eau d’irrigationafin de réduire la consommation totale, de limiter ainsi les dommages surl’environnement et d’accroître la productivité.

Les systèmes de recherche peuvent être réhabilités. Ils ont besoin d’êtreréorganisés et bien financés, même s’il s’agit là d’un long processus demandant uninvestissement à long terme. Le recours aux stimulants financiers, primesd’incitation en fonction des résultats, est une bonne stratégie pour modifier lescomportements au travail des vulgarisateurs et les inciter à résoudre les problèmespratiques des agriculteurs. Ces changements doivent s’accompagner d’efforts en vued’obtenir une participation accrue des agriculteurs dans le choix des priorités et leurengagement dans l’évolution des stratégies nationales de recherche. L’infrastructure,l’équipement, la formation et les programmes centraux répondant aux objectifs, auxpriorités et aux stratégies, doivent faire l’objet d’investissements importants. Il estpréférable d’installer un nombre réduit de centres bien équipés plutôt qu’un grandnombre d’installations dispersées et spécialisées, surtout en tenant compte du faitqu’une proportion croissante d’essais sera effectuée dans les champs des

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agriculteurs. Un réseau d’activités de recherche appliquée au niveau desexploitations, réalisées par des groupes d’agriculteurs, basées dans des régionsagroécologiques ou socioécologiques distinctes, pourrait être relié à ces centresprincipaux. Il est recommandé, lors de la réhabilitation des systèmes de recherche,d’introduire des sociologues dans les équipes et de bannir toute approchetechnocratique centralisée des programmes de recherche et de développement detechnologies.

La réhabilitation des systèmes de recherche est un processus à long terme. Lesagriculteurs n’ont pas le temps d’attendre les résultats, il faut utiliser des raccourcis.Une partie de la technologie peut être empruntée à l’extérieur et être adaptée auxconditions locales. L’horticulture et l’agriculture irriguées, par exemple, pourraientbénéficier de transferts de technologie. Dans la sous-région de l’ECS, lestechnologies convenant aux conditions locales, qui ne sont pas disponibleslocalement, peuvent généralement être empruntées au pays de L’UE et être assezfacilement adaptées. Cela est rarement le cas pour la plupart des pays de la CEI. Parcontre, on peut trouver en Amérique du Nord, où les grandes exploitationsdominent, des conditions agroclimatiques assez semblables à celles rencontrées dansla région du système d’exploitation extensif culture-élevage. Cependant lescontextes socioculturels et économiques sont très différents et un simple transfert detechnologie n’est généralement pas possible. Même lorsque l’adaptation estrelativement facile, comme dans le cas du système d’exploitation culture-maraîchageà grande échelle, l’introduction, auprès des directeurs d’exploitations, detechnologies améliorées pour la production des céréales s’est avérée difficile. Il y ad’importantes leçons à tirer de l’évolution rapide des structures agricoles en Europeet des changements importants qui ont eu lieu aux Etats-Unis durant les trentedernières années.

La culture pluviale, qui doit faire face à divers contraintes (humidité, sol outempérature) et dont les ressources en capital sont limitées, a besoin d’adaptationsimportantes aux conditions locales. Dans ce cas, le développement participatif detechnologie (DPT) peut être la meilleure approche pour produire, vérifier, adapteret diffuser une technologie nouvelle. Une telle approche permet aux agriculteurs dese former à l’expérimentation et de décider, avec l’aide des scientifiques, des objectifset des méthodes. Il existe encore peu d’exemples de réussite du DPT dans les paysde la CEI; les essais en cours (projets de vulgarisation au Kirghizistan financés parles Suisses, par exemple) montrent que le DPT nécessite du temps et une assistancetechnique importante pour obtenir des résultats fructueux. Mais, dans un certainnombre de domaines il n’existe pas d’autre possibilité que le développement detechnologies locales. Les domaines pour lesquels l’approche DPT peut êtreparticulièrement intéressante sont ceux de l’agriculture de conservation (y comprisle non travail ou le travail réduit du sol), ceux de l’amélioration des systèmesd’alimentation animale et de gestion agricole.

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RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

Les défis soulevés par le développement inconsidéré des périmètres irrigués et ladifficulté de les réhabiliter et de les maintenir ont déjà été mentionnés. Toutefois,certains pays ont trouvé des solutions faisant appel à la gestion participative, pouréviter toute nouvelle dégradation et pour développer des systèmes durables,particulièrement au niveau des exploitations. Un nombre important de ces systèmesirrigués a été mis en place dans des zones où la culture peut être réalisée sansirrigation, en améliorant substantiellement les pratiques culturales. L’agriculture deconservation, déjà explorée par un certain nombre de scientifiques soviétiques, maisdécriée sous l’ancien système politique, permettra, en plus d’une amélioration dessols et de la teneur en matière organique, une meilleure utilisation de l’eau de pluie,l’augmentation des rendements et la réduction des risques de sécheresse et des coûtsde production. Ces systèmes furent, au départ, mis au point pour la production decultures de rente telles que le coton et la betterave à sucre. Le revenu net de cescultures est faible et risqué en raison de la faiblesse des marchés et des prix de cesproduits. Les options possibles sont soit la réduction de l’irrigation qui permettraitle développement de systèmes plus durables et la réhabilitation de l’environnement,soit la production intensive de cultures vivrières pour améliorer la santé et le revenudes populations locales ou une combinaison de ces deux approches.

La pénurie en ressources et la mauvaise gestion des pâturages ont eu desconséquences sévères sur les ressources naturelles de base du système d’exploitationagricole pastoral d’Asie centrale, entraînant la détérioration de la végétationnaturelle et une érosion importante des sols. Face à cette situation, il est nécessairede mettre au point de nouveaux systèmes de gestion des pâturages capables depréserver les ressources de base et d’en contrôler l’accès sans en exclure les pauvres.De tels systèmes différeront selon les conditions locales, ils doivent être développésconjointement avec les communautés concernées. Ils devraient, en général, mettrel’accent sur la protection et la réhabilitation des zones de pâturage intensif situéesprès des villages et sur une plus grande utilisation des prairies éloignées. Dans leszones cultivées, la gestion de systèmes individuels de coupe et de transport de foinpeut être préférable au pâturage communal. Les ressources plus éloignéesresteraient sous la responsabilité de l’administration locale ou sous celle de l’état, quiautorise généralement une certaine diversité dans les modes de gestion despâturages pour tenir compte des droits d’utilisation des nomades et des groupestranshumants. Les interventions techniques peuvent associer l’enrichissement deszones de pâturage et des pentes dégradées grâce au semis d’espèces bien adaptées,avec ou sans travail minimum du sol, au contrôle des animaux et à la réintroductiondes cultures fourragères. Pour réussir, la mise en œuvre de tels systèmes doit se faireen même temps que la mise en place d’une gestion des systèmes communaux depâturage (voir l’étude de cas concernant la steppe syrienne dans la région du

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Moyen-Orient et d’Afrique du Nord du chapitre 3) dans laquelle les utilisateurs desressources jouent un rôle actif dans la planification, l’exécution et le contrôle dusystème. Pour être efficaces, de tels systèmes requièrent un important capital socialet une bonne organisation.

CONCLUSIONS

Les possibilités d’augmenter la production agricole et de réduire la pauvreté auniveau de la région sont importantes. L’intensification de la production est lameilleure stratégie pour permettre aux ménages pauvres d’échapper à la pauvreté,elle est suivie par l’augmentation de la taille des exploitations. Notre analyse, réaliséeau niveau régional, ne permet pas de faire des recommandations spécifiques auniveau national; toutefois, la réduction de la pauvreté fait globalement appel à troisinitiatives stratégiques. Elles concernent toutes le renforcement des capacités desinstitutions locales – publiques et privées – afin de tirer le meilleur profit de larestructuration des exploitations et de la libéralisation de l’économie. Cela impliqueque le secteur public abandonne son rôle de planificateur d’un système économiquecentralisé pour celui de guide et d’assistant de la restructuration. Cela suppose aussil’acquisition par le secteur privé des connaissances et des qualifications nécessairespour opérer dans une économie ouverte. Il est, d’autre part, nécessaire de mettre enplace des structures qui permettent aux agriculteurs d’avoir accès aux nouvellesinstitutions et de participer activement à leurs activités, par exemple dans le cadrede groupes de producteurs. La réhabilitation des périmètres irrigués viables etl’établissement de mécanismes de financement doivent aussi être considérés commeprioritaires. Cependant, ces actions ne pourront se faire efficacement sans lerenforcement des capacités locales.

Les initiatives, interdépendantes, sont les suivantes:

Amélioration de l’accès aux ressources. L’utilisation efficace de la terre et l’émergenced’unités agricoles privées, rentables, passent obligatoirement par l’amélioration des systèmes fonciers. Ceci implique de parachever la distribution des terres, decontinuer d’aider au développement de systèmes administratifs fonciers efficaces,d’encourager les transferts légaux de terre (par la location ou la vente) faits à partird’une estimation juste de la valeur des terres et d’assurer la formation en gestion debiens immobiliers.

Réorientation et renforcement des services agricoles. La viabilité des systèmes agricolesréclame de nouveaux types de services post-privatisation. Ceci entraîne la mise surpied de services mixtes secteurs public et privé de conseil et de formation afin

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d’améliorer les qualifications techniques, commerciales et de gestion desexploitations privées.

Renforcement du développement des marchés. L’existence de marchés efficaces pourles produits alimentaires et pour les autres produits agricoles, intrants et travail, estessentielle. Le développement de ces marchés implique: l’appui aux organisationsefficaces de producteurs, de commerçants et d’industriels; l’investissement dansl’infrastructure des marchés (y compris les systèmes d’information sur les marchés et les prix); l’amélioration de la qualité des produits alimentaires pour se conformer aux normes internationales; et la levée des barrières légales à unecommercialisation efficace.

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CONTEXTE RÉGIONAL

CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉGION

L’Asie du Sud telle qu’elle est définie dans cet ouvrage comprend huit pays, dontl’Afghanistan1. L’agriculture représente une part importante du PIB de toute larégion et a connu, grâce à la révolution verte, un taux de croissance exceptionneldurant les 30 dernières années. Néanmoins, cette région possède le plus grandnombre de personnes mal nourries et pauvres de toutes les régions endéveloppement; plus des deux tiers de celles-ci vivent en zone rurale.

La population de l’Asie du Sud est de 1 344 millions d’habitants2, soit plus duquart de la population du monde en développement. Parmi eux, 970 millions (72 pour cent) vivent en zones rurales. Quelque 150 millions de ménages,correspondant à 751 millions de personnes peuvent être définis comme agricoles3

En raison de la forte population rurale de cette région et de sa superficie limitée (514 millions d’ha), la densité de population rurale de l’Asie du Sud (1,89 personne par ha) est la plus forte de toutes les régions en développement.De plus, la proportion importante de terres inhospitalières a conduit à laconcentration de la population sur moins de la moitié de l’étendue des terresentraînant, en de nombreux endroits, une forte pression sur les ressourcesnaturelles. La longue histoire de l’occupation humaine a conduit à une grandediversité dans l’utilisation des ressources naturelles en l’agriculture. En termesagroécologiques4, 20 pour cent des terres de la région sont constitués de collineset de montagnes à fortes pentes où ne vivent que 5 pour cent de la populationtotale; 19 pour cent sont densément peuplés – les basses terres humides ou

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● ● ●

1Voir l’annexe 3 pour les pays faisant partie de la région.

2FAOSTAT.

3FAOSTAT.

4Voir l’annexe 5 pour une explication des zones agroécologiques.

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subhumides – elles abritent la majeur partie de la population de la région (43 pour cent); les zones au climat sec subhumide qui représentent 29 pour centdes terres sont aussi très peuplées puisqu’elles abritent 33 pour cent de lapopulation de la région. Les 32 pour cent restant sont des terres basses arides etsemi-arides n’accueillant que 19 pour cent des habitants de la région. Onrencontre des zones de collines et de montagnes dans tous les pays; toutefois, ellesprédominent le long des pentes sud du massif de l’Himalaya (Inde, Bhutan,Népal, Pakistan et Afghanistan). Ces zones de collines ont particulièrementsouffert de graves déforestations et d’érosion importante des sols.

Les zones agroécologiques humides et subhumides qui bénéficient des pluiessaisonnières de la mousson et de plus de 180 jours de période végétative par an,sont situées au Bangladesh et dans les parties du nord, de l’est et du sud de l’Inde;elles couvrent aussi le centre, l’ouest et le sud du Sri Lanka. Avec de grandessuperficies de sols alluvionnaires et une forte proportion de terre sous cultureintensive du riz, ces zones abritent une population particulièrement dense. Leszones sèches subhumides caractérisées par 120 à 179 jours de période végétativepar an, couvrent la quasi-totalité du plateau du Deccan au centre de l’Inde. Lenord-ouest de l’Inde, la presque totalité du Pakistan et de l’Afghanistancorrespondent à des zones arides ou semi-arides avec de grandes étenduesdésertiques, où la longueur de la période végétative est inférieur à 120 jours et ladensité de population très faible. L’ensemble de la région, compte environ 74 millions d’ha de forêt (14 pour cent du total des terres), 49 millions d’ha deparcours et environ 213 millions d’ha de terres cultivées et en culturepermanente, équivalent à moins de 0,16 ha de terre agricole par tête. Lesressources en eau sont relativement rares.

Plus de 43 pour cent des 1 200 millions d’habitants de la planète vivant au-dessous du seuil de pauvreté exprimé en dollar habitent l’Asie du Sud. La grandemajorité de ceux-ci vivent en zone rurale. Des progrès importants ont été réalisésdans le domaine de la sécurité alimentaire durant les trois dernières décennies;ces progrès n’ont pas encore bénéficié à toute la population de la région où la FAOestime que 254 millions de personnes sont encore sous-alimentées. Desindicateurs, tels que d’analphabétisme féminin (59 pour cent), la mortalitéinfantile (89 pour 1000 pour les enfants en dessous de cinq ans), et la malnutritiondes enfants (51 pour cent)5, montrent aussi l’importance de la pauvreté. Lespauvres en zones rurales sont particulièrement vulnérables aux sécheresses,inondations et autres catastrophes naturelles. Selon des estimations du FIDA6, lespetits agriculteurs représentent environ 66 pour cent de la population vulnérablede Inde et les familles d’artisans pêcheurs 2 pour cent. Les femmes sontparticulièrement défavorisées; le revenu moyen d’un foyer agricole ayant une

5Banque mondiale, 2000a.

6Jazaïry et al., 1992..

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femme à sa tête est beaucoup plus faible que celui d’un foyer équivalent ayant unhomme à sa tête.

Parmi les huit pays de la région, seuls les revenus des Maldives et du Sri Lankasont considérés comme ayant atteint un niveau intermédiaire. Le revenu moyenpar tête est bas (PIB de 440 dollars EU par tête). L’aide officielle audéveloppement n’était en 1998 que de 4 dollars EU par tête (comparé à 21 dollarsEU en Afrique subsaharienne); cette aide ne représentait que 0,9 pour cent duPIB régional. Les surplus générés par le secteur agricole ont entraîné lacroissance et le développement des autres secteurs de l’économie. Ce processusest le plus avancé en Inde et au Pakistan où le PAIB (produit agricole intérieurbrut) représente respectivement 27 pour cent7 et 24,6 pour cent8 du PIB. Lavaleur ajoutée pour l’agriculture était en 1999 de 28 pour cent du PIB régional9.Le secteur emploie 59 pour cent10 de la force de travail et génère 16 pour cent dela valeur totale des exportations11.

PRINCIPAUX SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE DE L’ASIE DU SUD

Dans le cadre de cette étude, nous avons identifié 11 principaux systèmesd’exploitation agricole. La distribution géographique de neuf d’entre eux estindiquée sur la carte jointe. Les principales caractéristiques des 11 principauxsystèmes sont indiquées dans le tableau 5.1 (superficie et proportion de lapopulation agricole dans la population totale de la région, modes de vie les pluscourants et fréquence de la pauvreté). Une brève description de chaque systèmeagricole est faite dans les paragraphes suivants, quatre d’entre eux sont ensuiteanalysés plus en détail.

Système d’exploitation agricole rizCe système agricole est dominé par la culture12 intensive du riz aquatique par lesagriculteurs et les fermiers dans des champs morcelés avec ou sans irrigation. Des 36 millions d’ha que représente ce système, 22 millions d’ha, soit plus de 60 pourcent, sont cultivés; 10 millions d’ha, soit 43 pour cent de la surface cultivée sontirrigués. Quelque 130 millions d’habitants, représentant 17 pour cent du total de lapopulation du système qui s’élève à 263 millions, sont considérés comme agricoles.Ce système est concentré au Bengladesh et dans l’ouest du Bengale, on le trouve

7Gouvernement de l’Inde, 2000.

8Gouvernement du Pakistan, 1998.

9Banque mondiale, 2000a.

10FAOSTAT.

11FAO, 1998 b.

12Intensif est utilisé ici pour indiquer la pratique de deux cultures, ou plus, de paddy par an.

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Tableau 5.1: Les principaux systèmes d’exploitation agricole de production de l’Asie du Sud

Systèmes Superficie Pop. agricole Principales Fréquence de d’exploitation (% de (% de activités la pauvretéagricole la région) la région)

Riz 7 17 Riz aquatique (deux saisons), Elevéemaraîchage, légumineuses,activités hors exploitation

Pêche côtière artisanale 1 2 Pêche, noix de coco, riz Moyenne à légumineuses, élevage élevée

Riz-blé 19 33 Riz irrigué, Blé, maraîchage, Moyenne à élevage et production de lait, élevée

activités hors exploitation

Mixte des hautes terres 12 7 Céréales, élevage, Moyenne à horticulture, migration élevée

saisonnière

Mixte pluvial 29 30 Céréales, légumineuses Elevée fourrages, élevage, (variations hors exploitation saisonnières)

Pluvial sec 4 4 Céréales, céréales irriguées Moyennelégumineuses activités

hors exploitations

Pastoral 11 3 Elevage, cultures irriguées, Moyenne à migration saisonnière élevée

(spécialementen période

de sécheresse)

Dispersé (aride) 11 1 Elevage où le permet Moyenne à l’humidité saisonnière élevée

(spécialement enpériode desécheresse)

Dispersé (montagne) 7 0,4 Pâturage d’été Moyenne (spécialementdans les zones

éloignées)

Arboricole Dispersé 1 Cultures d’exportation Moyenne ou agro-industrielles, (surtout chez

céréales, travail les ouvriers salarié agricoles)

Urbain <1 1 Horticulture, lait, volaille Moyenne autres activités

Source: Données FAO et avis d’experts.Note: La fréquence de la pauvreté représente une évaluation relative à la région.

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aussi sur de plus faibles étendues en Inde, dans les états du Tamil Nadu et du Keralaet au sud du Sri Lanka. La population bovine, utilisée pour la traction animale, lelait et le fumier, est de 50 millions de têtes, il y a aussi un nombre considérable depetits ruminants. Les agriculteurs pauvres travaillent de très petites surfaces, etcomptent sur des revenus en dehors de l’exploitation pour survivre. La pauvreté esttrès fréquente et très sévère.

Système d’exploitation agricole associé à la pêche côtière artisanaleSur une bande étroite le long d’une grande partie des côtes du Bangladesh et del'Inde et autour des Maldives les ménages supplémentent la pêche côtière artisanaleavec la production de cultures vivrière, souvent du riz, et des cultures de rentecomme les noix de coco, ainsi que l’élevage et le maraîchage.

Le principal moyen de subsistance de ce système est menacé par lasurexploitation des ressources communes, aussi bien localement que par lesbateaux de pêche plus grands et mieux équipés. La superficie des terres estestimée à cinq millions d’ha dont la moitié est cultivée. Les ressources en terre lelong des côtes sont sous la pression de la forte densité de population et de l’expansion des entreprises d’aquaculture modernes à forte intensitécapitalistique. Un tiers de la surface cultivée, soit 0,8 millions d’ha, est irrigué.Quelque 18 millions de personnes sur un total de 45 millions, sont classésagricoles. Le revenu hors exploitation constitue, spécialement pour les ménagespauvres, une part importante des moyens de subsistance. La gestion du systèmeest complexe à de nombreux égards; la complexité associée à sa situationd’interface entre les écosystèmes marins et terrestres est aggravée par lacomplexité des situations des parties prenantes aux objectifs conflictuels. Lapauvreté est, dans ce système, moyenne à forte.

Système d’exploitation agricole riz-bléCaractérisé par la culture d’été du paddy suivie par la culture du blé d’hiver irrigué(et parfois par une culture maraîchère de printemps), le système agricole riz-bléforme une large bande qui s’étend du nord du Pakistan à l’Inde, des zones irriguéesde l’Indus dans le Punjab et le Sindh, à la plaine Indo-Gangétique jusqu’au nord-estdu Bangladesh. Sa surface totale est de 97 millions d’ha, dont environ de 62 millionsd’ha, soit plus de 60 pour cent, sont cultivés. On estime que 48 millions d’ha, soit 78 pour cent des terres cultivées, sont irrigués. L’intégration agriculture élevage estimportante dans ce système où le cheptel bovin, estimé à 119 millions de têtes, estutilisé pour la traction animale et la production de lait et de fumier. Environ 73 millions de petits ruminants sont élevés surtout pour leur viande. Quelque 254 millions de personnes sur les 484 millions que compte la population totale de larégion, sont classés agricoles. Les systèmes d’exploitation agricole riz et riz-blécouvrent ensemble 40 pour cent des terres cultivées de la région et produisent lamajorité des céréales commercialisées pour l’approvisionnement des villes et deszones urbaines de l’Asie du Sud.

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Système d’exploitation agricole mixte des hautes terresCe système agricole, généralement situé entre les plaines du système riz-blé desbasses terres et les zones de haute montagne peu peuplées, s’étend sur toute lalongueur de la chaîne de l’Himalaya, de l’Afghanistan à l’extrême nord-est de l’Inde,ainsi que dans des zones isolées du Kerala et du Sri Lanka central. Les principalesproductions rencontrées sont les céréales, les légumineuses, les tubercules, lescultures maraîchères, les cultures fourragères, les arbres fourragers, les vergers et lesproduits de l’élevage. La superficie totale de ce système est de 65 millions d’ha dont19 millions sont cultivés, soit environ 29 pour cent. On estime à 2,6 millions lenombre d’hectares irrigués, soit 14 pour cent des terres cultivées. Le cheptel bovinest d’environ 45 millions de têtes, celui des petits ruminants de 66 millions de têtes.Près de 53 millions de personnes sont classées agricoles sur une population totale de82 millions. L’incidence de la pauvreté, moyenne à forte, est aggravée parl’éloignement et le manque de services sociaux.

Système d’exploitation agricole mixte pluvialCe système d’exploitation agricole où domine les cultures pluviales et l’élevageoccupe la plus grande partie du sous-continent et, à l'exception de quelques petiteszones du nord du Sri Lanka, est entièrement situé en Inde. Sa superficie totale estde 147 millions d’ha, dont environ 87 millions d’ha cultivés, soit 59 pour cent. Lesprincipales cultures sont le riz, le mil, le sorgho, un peu de blé, une grande variétéde légumineuses et d’oléagineux, la canne à sucre, les cultures maraîchères et lesfruits. On estime que 14 millions d’ha, soit 16 pour cent de la surface cultivée, sontirrigués. Le cheptel bovin est de 126 millions de têtes, le cheptel des petits ruminantsest, quant à lui, de 64 millions de têtes; l’élevage de ces animaux est partiellementintégré à la production des cultures. La population totale du système est de 371 millions de personnes, 226 millions d’entre-elles sont classées agricoles. Denombreuse parcelles, relativement petites, sont irriguées à partir de réservoirs; aucours des dernières décennies, les forages ont contribué à une augmentation duniveau de la production céréalière et à sa stabilité. La vulnérabilité est liée auximportantes variations économiques et climatiques. La pauvreté est fréquente et sasévérité s’accroît nettement après les sécheresses.

Système d’exploitation agricole pluvial secSitué à l’intérieur du système d’exploitation agricole mixte pluvial de la partie ouestdu Deccan, dans une zone où la pluviométrie est plus faible, ce système agricolepossède une plus forte proportion de terres irriguées que les zones humidesavoisinantes, lui permettant de cultiver une gamme de cultures pluviales et irriguéessemblables, en dépit d’un climat plus sec. Sa superficie totale est de 18 millions d’haenviron dont 10 millions d’ha sont cultivés, soit environ 53 pour cent. On estime que3,5 millions d’ha, soit 36 pour cent des terres cultivées, sont irrigués; cette irrigationest un facteur essentiel de ce système agricole. Sa population totale s’élève à 45 millions de personnes dont près de 30 millions sont agricoles. L’irrigation rend ce

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système moins vulnérable à la sécheresse que le système pluvial voisin, aussi leniveau de pauvreté n’y est-il que moyen.

Système d’exploitation pastoralLes pasteurs transhumants conduisent leurs troupeaux mixtes dans les zones arideset semi-arides du Rajasthan en Inde au Pakistan et en Afghanistan. La présence depetites poches irriguées dispersées atténue l’extrême vulnérabilité saisonnière despasteurs. La superficie totale de ce système est de 55 millions d’ha, les populationsanimales sont de 12 millions de bovins, 30 millions de petits ruminants plus un petitnombre de chameaux. On estime que les zones de culture dispersées couvrent 6,8 millions d’ha dont les deux tiers (4,6 millions d’ha) sont irrigués et cultivées enriz, blé et autres cultures vivrières et fourragères. Le revenu hors secteur agricolecontribue d’une façon importante à la subsistance des familles. La population totalede ce système est de 27 millions de personnes; on estime qu’environ 21 millionsd’entre-elles sont pasteurs ou agriculteurs. Ce système agricole, qui n’abrite que 3 pour cent de la population de la région et 10 pour cent des populations animales,n’a pas une très grande importance. Le niveau de pauvreté, périodiquementaggravé par les sécheresses, y est moyen à élevé.

Système d’exploitation agricole dispersé (aride)La superficie de ce système est estimée à 57 millions d’ha dont 1,7 millions d’ha sontcultivés, presque tous irrigués. Les populations animales sont de 16 millions debovins et 29 millions de petits ruminants. Il existe des points de regroupementirrigués dans les zones arides; ils sont, dans la plupart des cas, utilisés par lespasteurs pour améliorer leurs conditions de vie. Le reste du territoire, là où l’eau estdisponible pour les animaux, sert de pâturage. La population du système est de 23 millions de personnes dont 9,6 millions sont de pasteurs ou des agriculteurs. Latransition entre le système pastoral et celui-ci est graduelle. La pauvreté est moyenneà élevée, souvent sévère après les sécheresses.

Système d’exploitation agricole dispersé (montagne)Ce système est situé au-dessus de 3000 m d’altitude, entre les altitudes moyennes etles pentes élevées de la chaîne de l’Himalaya. Il couvre une superficie estimée à 34 millions d’ha et sa population est de 3 millions de personnes dont 2,8 millionssont agricoles. Un petit nombre de sédentaires dépendent de la culture des pommesde terre et du blé dur, des bovins et des yacks. La superficie cultivée est de 1,9 millions d’ha, soit 5 pour cent de la superficie totale; quelque 10 pour cent desterres cultivées sont irrigués. On estime les populations animales à 10 millions debovins et de yacks, et 9 millions de moutons et de chèvres. Les éleveurs font paîtreles bovins et les yacks sur les pentes les plus hautes pendant l’été. Généralement, lamigration saisonnière et dans certains cas le commerce, l’alpinisme et le tourisme,permet d’augmenter le revenu des ménages. La pauvreté est moyenne dansl’ensemble, plus forte dans les zones éloignées.

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Système d’exploitation arboricoleCe système dispersé recouvre les plantations des compagnies et celles des petitsagriculteurs qui produisent sur des zones importantes du thé, de l’hévéa, descocotiers et d’autres cultures arboricoles. On estime la surface de ce système à troismillions d’ha, dont 1,2 millions d’ha de cultures annuelles et permanentes. Cesystème est localisé dans les basses terres du Sri Lanka (spécialement les cocotiers)au Kerala en Inde (y compris les épices) et dans les hautes terres de l’Inde, duNépal, du Bangladesh et du Sri Lanka (plantations de thé). Sa population agricoleest estimée à 7 millions de personnes. La pauvreté qui est moyenne, est surtoutprésente chez les ouvriers agricoles. En raison de sa nature dispersée, ce systèmen’est pas répertorié sur la carte.

Système d’exploitation agricole urbainLa production intensive de denrées périssables de grande valeur – telles que le laitet les produits maraîchers frais – s’est accrue dans la plupart des grandesagglomérations et des villes de la région. Cette production est généralement le faitde systèmes commerciaux à hauts niveaux d’intrants externes, qui ont des liensefficaces avec les zones rurales voisines pour l’alimentation animale et le fourrage.La population agricole de ce système est estimée à 11 millions de personnes, lapopulation animale à environ 12 millions de têtes de bovins (bœufs et buffles).

GRANDES TENDANCES EN ASIE DU SUD

Populations, faim et pauvretéLa population de la région était de 1 344 millions13 en 1999; elle devrait croître à unrythme d’environ 1,4 pour cent par an pour atteindre 1 650 millions en 2015. Lacroissance de la population devrait alors ralentir à environ 1 pour cent par an et lapopulation devrait atteindre 1 920 millions de personnes en 2030. La populationurbaine, qui représente aujourd’hui 28 pour cent14 de la population totale, asensiblement augmenté au cours des quatre dernières décennies; elle devraitcontinuer à croître pour atteindre 53 pour cent de la population totale en 2030.

Le rythme et la direction des changements qui affecteront les populationsdépendront de la mobilité des personnes, spécialement des hommes adultes, pourrépondre à l’urbanisation et à la création d’emploi en dehors des exploitations.Dans certains cas, cette mobilité conduira à l’adoption de systèmes de productionplus extensif nécessitant moins de travail – tels que la culture du paddy plutôt quecelle du coton – afin d’assurer des revenus plus élevés par jour de travail pendantles périodes qui peuvent convenir aux emplois hors exploitation. La capitalisationde l’exploitation devrait ainsi augmenter: plus de mécanisation sur une plus

13FAOSTAT.

14Banque mondiale, 2000a.

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grande superficie de terre par agriculteur. Les femmes devraient assumer de plusgrandes responsabilités dans la gestion et les activités des exploitations, au fur età mesure qu’un plus grand nombre d’hommes adultes migreront de façonsaisonnière et semi-permanente à la recherche de possibilités d’emplois.

Le nombre total de personnes sous-alimentées de la région, environ 284 millions en 1995-199715, est resté constamment élevé, comme le montre lafigure 1.2 du chapitre 1; il devrait beaucoup baisser, pour n’être plus que de 82 millions vers 2030. Ainsi le pourcentage des personnes sous-alimentéespasserait de 23 pour cent de la population totale à seulement 4 pour cent. Laconsommation moyenne était estimée à 2 424 kcal par personne et par jour en1995-1997, elle devrait atteindre 2 790 kcal vers 2015 et 3 040 kcal vers 2030. Laqualité du régime alimentaire devrait aussi s’améliorer et on devrait assister à un doublement de la consommation en viande et en produits laitiers entre 1995-1997 et 2030.

A l’exception du Sri Lanka où ils sont plus bas, les niveaux de pauvreté sontélevés dans toute la région. En Inde, quelque 44 pour cent de la population viventavec moins d’un dollar EU par jour, et 86 pour cent avec moins de 2 dollars EU16.Les chiffres sont légèrement plus faibles, mais comparables pour le Népal, lePakistan et le Bangladesh. Bien que les chiffres pour l’Afghanistan ne soient pasdisponibles, on estime qu’environ 530 millions de personnes vivent en Asie duSud avec moins d’un dollar EU par jour. D’après les projections de la Banquemondiale, le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvretéexprimé en dollar devrait, selon le scénario de croissance retenu, diminuer duniveau actuel de 40 pour cent à 18-25 pour cent vers 2030.

Ressources naturelles et climatLa superficie des terres sous cultures annuelles et permanentes de la région estestimée à 213 millions d’ha (49 pour cent de la superficie totale); son augmentationdevrait être faible d’ici 2030. L’augmentation des surfaces cultivées pourrait provenirprincipalement des parcours et des forêts; elle nécessiterait des investissementsimportants et la disparition de certaines productions. On estime que l’augmentationde surfaces cultivées devrait pouvoir compenser les pertes dues aux constructions etaux travaux de génie civil dans les grands centres urbains existants17.

L’érosion des sols des hautes terres et des bassins versants pluviaux est trèsimportante, elle est encore aggravée par le surpâturage et la perte en élémentsnutritifs des terres cultivées. Le surpâturage a aussi contribué à la dégradation dessols dans des zones importantes des systèmes d’exploitation agricole mixte etpastoral. On trouve aussi de graves problèmes de gestion des sols dans les

15FAO, 2000a. Sauf indiqué autrement, l’information quantitative de cette section provient de la FAO, (2000 a).

16Banque mondiale, 2000b.

17La taille moyenne des exploitations pourrait augmenter d’ici à 2030 en raison des migrations continues des populationsrurales vers les zones urbaines et des économies d’échelle réalisées, en particulier grâce à la mécanisation.

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systèmes agricoles riz et riz-blé où les rendements augmentent plus lentement oumême stagnent dans certaines zones de culture intensive. Certains spécialistesattribuent ce phénomène à la détérioration des propriétés physiques du sol, à labaisse de la teneur en matière organique, à une fertilisation déséquilibrée (fumureazotée trop élevée et comparativement niveau trop faible des fumures pour lesautres éléments et microéléments) et à la baisse de l’utilisation du fumier animal18.

La rareté générale des ressources en eau et leur distribution géographique ontmodelé le développement des systèmes agricoles de l’Asie du Sud. Les surfacesirriguées de la région devraient augmenter lentement, pour passer de 85 millionsd’ha à 95 millions (44 pour cent des terres cultivées) en 2030. Le coût élevé deconstruction de nouveaux périmètres durables pour l’environnement et le refusdes donateurs de financer de grands projets d’irrigation peuvent inciter lesgouvernements à moderniser certains périmètres irrigués existants et à améliorerl’efficacité d’utilisation de l’eau19. Ce processus nécessitera une gestionparticipative ou un transfert de propriété aux utilisateurs, l’amélioration desplans des systèmes existants, un meilleur drainage et la récupération des coûts.Les possibilités d’améliorer la conservation et l’utilisation des eaux de pluie, lestockage de l’eau et d’utiliser conjointement l’eau souterraine, sont trèsimportantes. L’amélioration de la conservation de l’eau au niveau de l’exploitationpeut être réalisée par l’agriculture de conservation avec mulch, diguettes et brise-vent.

Le manque d’eau souterraine a déjà limité l’utilisation des forages de certaineszones des systèmes d’exploitation agricole intensif riz et riz-blé20. La situationdevrait empirer au cours des trois prochaines décennies. On a estimé que sil’augmentation des taux d’extraction se poursuivait, un tiers des périmètresirrigués seraient surexploités d’ici à 202021. La faible disponibilité en eaux desurface et souterraines limitera aussi les productions végétale et animale dessystèmes d’exploitation agricole mixte pluvial et pastoral. On assistera, au coursdes prochaines décennies, à un accroissement de la demande en eau de la part desusagers industriels et urbains. En conséquence, des marchés locaux de l’eaudevraient se développer au détriment de l’agriculture, sauf dans le cas descultures à forte valeur. L’augmentation du coût de la main-d’œuvre devraitentraîner une utilisation accrue de l’eau pour remplacer le travail de préparationdes terres et le contrôle des mauvaises herbes dans la culture du riz. La pressioncroissante sur les ressources en eau semble aussi avoir entraîné une baisse de laqualité de l’eau potable, allant jusqu’à des empoisonnements à l’arsenic courantsau Bangladesh.

18Tran et Nguyen, 2001.

19Une étude récente du secteur des ressources en eau, financée par la Banque mondiale, recommande de porter plusd’attention à la gestion et moins au développement.

20Même si les ressources en eau souterraine se rechargent chaque année, à la différence d’autres régions.

21Gouvernement de l’Inde, 2001.

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Les fortes densités de population menacent les ressources forestières de tousles pays de la région. Les données de la FAO montrent un léger accroissement dela couverture forestière de la région, qui a atteint 85 millions d’ha en 1994;toutefois, au cours des années 90, la déforestation a été de 0,13 millions d’ha paran, soit 0,2 pour cent par an. Les pressions sur la forêt devraient encoreaugmenter, particulièrement dans le système d’exploitation agricole mixte deshauts terres – peu de forêts demeurent dans la plupart des autres systèmesagricoles de la région. Dans de nombreux cas, la déforestation est due àl’augmentation des surfaces agricoles; des conflits d’intérêts entre les individus etles départements des forêts y ont aussi contribué. La prise de conscience de plusen plus grande que les communautés forestières doivent être pleinementimpliquées dans la gestion des forêts et que les forêts doivent être gérées pour lebénéfice de ces communautés a beaucoup contribué à dépasser les conflitsd’intérêts.

Les changements climatiques prévus devraient avoir un impact négatifimportant sur la production agricole de la région. La fréquence des orages quis’abattent sur les côtes du Bangladesh et de l’Inde devrait augmenter. Lavariabilité du climat entraînera non seulement des fluctuations de rendements,mais des cultures pluviales pourraient voir leurs rendements moyens chutersubstantiellement22.

Science et technologieLa réorganisation des systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) aconsidérablement renforcé la recherche agricole en Asie du Sud au cours des 40 dernières années grâce: i) à la création d’unités centrales de coordination23; ii) àla décentralisation des activités dans les centres de recherche régionaux; et iii) aurenforcement de la force de travail et du niveau des investissements. Les SNRA dela région ont largement bénéficié de leurs relations étroites avec les Centresinternationaux de recherche agricole (CIRA), tels que l’IRRI, le CIMMYT etl’ICRISAT, et de leur participation aux activités des réseaux et au développement dela technologie de la révolution verte. Plus récemment, de nombreux SNRA ontmodifié leurs priorités pour se concentrer sur les défis post-révolution verte(stagnation des rendements et gestion des ressources) et développer destechnologies pour les agriculteurs des environnements aux ressources naturelleslimitées.

La demande croissante, les changements dans les préférences desconsommateurs et la dégradation des ressources sont autant de défis que lessystèmes de recherche auront à relever; la mise au point de technologiesdiversifiées de plus en plus complexes sera nécessaire pour faire face à ces défis.

22Fischer et al., 2001.

23La planification stratégique à long terme des conseils des SNRA démontre l’esprit d’initiative de leurs directions.

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La nécessité de résultats de recherche pour les terres marginales24, le rôle de plusen plus important des femmes dans les décisions des ménages agricoles etl’émergence de nouveaux domaines de recherche intégrée (agroforesterie,biotechnologie, etc.) exigeront le développement de nouvelles compétences et desefforts de recherche interdisciplinaires. Face au rôle de plus en plus important dela recherche financée par le secteur privé dans le développement des nouvellestechnologies pour améliorer la profitabilité des entreprises commerciales, larecherche agricole financée sur fonds publics continuera à se consacrer enpriorité aux petits agriculteurs pauvres en ressources.

Il semble qu’au niveau de la région, la recherche agricole (technologied’irrigation, variétés à haut rendement et engrais) se soit, dans le passé,principalement intéressée à certains systèmes25 tels que les systèmes d’exploitationagricole riz et riz-blé. Les nouveaux problèmes requièrent une meilleurecoordination entre la recherche en amont (recherche de base ou stratégique) etcelle en aval (adaptative et participative au niveau de l’exploitation). Le fait queles efforts de la recherche agricole ne permettent pas de proposer des solutionsaux principales préoccupations des agriculteurs, comme par exemplel’amélioration des pratiques culturales à faible niveau d’intrants et la minimisationdes risques de production, est préoccupant.

L’utilisation des engrais chimiques s’est, au cours des dernières décennies,développé rapidement en Asie du Sud; elle est passée de 3 kg/ha d’élémentnutritif en 1970 à 79 kg/ha au milieu des années 90. Le taux d’utilisation devraitcontinuer à croître, bien que plus lentement. Les doses d’application des systèmesagricoles irrigués intensifs sont élevées comparées à celles utilisées dans lesenvironnements de production à risque, sans irrigation. Dans certaines zoneséloignées, telles que celles du système d’exploitation agricole dispersé enmontagne, les coûts élevés de transport peuvent facilement dépasser celui desengrais.

Dans certains cas, on assiste à un gaspillage très importants d’éléments nutritifs– particulièrement de l’azote dans les cultures irriguées et les terres humides – quisont utilisés de façon peu efficace. Au Pakistan, grand consommateur d’engraisazoté, les pertes par volatilisation sont très importantes. Le taux d’augmentationde l’utilisation de engrais devrait diminuer dans l’avenir, cette diminutiondépendra, dans une certaine mesure, des progrès réalisés dans l’efficacitéd’utilisation des engrais. Les pertes d’azote par volatilisation, lessivage etruissellement pourraient donc rester constantes ou même diminuer.

Actuellement, l’utilisation des engrais pour la production du paddy est freinéepar les bas prix du riz. Au cours des prochaines décennies, l’application d’engraisdépendra du prix des engrais (probablement plus élevés en termes réels), du prixdes produits (probablement plus bas), de l’utilisation des engrais organiques (qui

24Fan et al., 2000.

25Anderson, 1994.

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devrait augmenter) et de l’efficacité de l’utilisation des engrais (aussi enaugmentation). On doit aussi prendre en compte la possibilité d’apport importantd’azote par fixation biologique de cet élément26. Parallèlement à l’augmentationde l’utilisation des engrais, la demande en produits phytosanitaires s’est aussiaccrue; elle a toutefois été ralentie par les progrès en gestion intégrée desravageurs (GIR).

Le paddy a traditionnellement toujours été la culture la plus importante del’Asie du Sud; son importance s’est encore accrue durant ces 30 dernières années,principalement grâce à la révolution verte qui a permis des augmentationsmoyennes de rendements de près de 2 pour cent par pendant cette période. Bienqu’à un rythme plus faible, les surfaces en riz ont aussi augmenté (voir tableau 5.2)entraînant une augmentation de la production de 2,5 pour cent par an au coursdes 30 dernières années, pour atteindre 184 millions de tonnes en 2000. Laproduction devrait continuer à augmenter d’ici à 2030. En revanche, les surfacesde céréales comme le mil et le sorgho ont baissé durant cette même période; defaibles augmentations de rendements ont permis d’éviter un véritable déclin de laproduction de ces cultures.

La tendance de la production des fruits et des cultures maraîchères a été aucours des dernières années la même que celle du blé, montrant que ladiversification des cultures des assolements traditionnels est déjà bien entamée.Les surfaces récoltées ont augmenté plus vite que celles des autres cultures. Lesfaibles augmentations des surfaces irriguées prévues ainsi que l’amélioration dessystèmes d’irrigation devraient probablement encourager à l’avenir une plusgrande diversité dans les cultures. La croissance de la demande urbaine etinternationale, et l’amélioration des canaux de commercialisation et detransformation devraient entraîner une forte croissance dans la production desfruits, des cultures maraîchères et des autres produits non traditionnels.

Les facteurs culturels de la région ont une grande influence sur la productionanimale et sur sa consommation. Le nombre de têtes de bovins est passé de 230 millions en 1970 à 277 millions en 2000 (voir tableau 5.3) correspondant àune assez faible croissance annuelle de 0,6 pour cent. Le nombre des buffles aaugmenté plus vite, environ 1,9 pour cent de croissance annuelle sur la mêmepériode; toutefois le taux de croissance a diminué durant la dernière décennie.On a observé des taux de croissances semblables pour les petits ruminants dont letotal atteignait 231 millions en 2000. Les volailles présentent les plus forts taux decroissance pour le nombre d’animaux et pour la production. La productionintensive à grande échelle s’est déjà développée dans la plupart des pays de larégion, afin de satisfaire la demande urbaine. Le taux de croissance du nombrede volailles a été de 3,8 pour cent par an entre 1970 et 2000.

La production de viande, de lait et d’œufs a augmenté plus rapidement que lenombre d’animaux, montrant que l’efficacité de la production s’est améliorée au

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26FAO 2001.

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cours des dernières décennies. Le nombre de buffles et de bovins a augmenté de moins d’un pour cent par an, celui des petits ruminants d’à peine plus de 2 pour cent, tandis que la production laitière s’est elle accrue de plus de 4 pourcent. L’augmentation des revenus devrait entraîner une forte augmentation de la consommation de viande (particulièrement de viande de volaille et d’œufs, etde viande de chèvre et de mouton) et de produits laitiers. Cependant, leremplacement des animaux de trait, buffles et bœufs, par des tracteurs, devraitentraîner la stabilisation ou même la diminution des importantes populations debovins de la région. L’amélioration de la productivité des populations animalesdevrait compenser la diminution de leur nombre.

Libéralisation du commerce et développement des marchésLa tendance récente de libéralisation des marchés devrait se poursuivre au cours desprochaines décennies. La détérioration des conditions de commercialisation auniveau international, spécialement pour les céréales, pourrait pénaliser lesexploitations agricoles commerciales. On s’attend à assister à une diversificationimportante des productions dans tous les systèmes d’exploitation agricole, d’unepart, en réponse à la concurrence extérieure accrue avec l’ouverture des marchéspour des produits de base comme le riz, et d’autre part en réponse aux nouvellespossibilités d’exporter. L’Asie du Sud pourrait profiter de sa position dominante au

Tableau 5.2 Tendances de l’évolution des superficies cultivées, des rendements et des productions en Asie du Sud, 1970-2000.

Superficie Rendements Production Variation annuelle moyenneCulture récoltée 2000 2000 1970-2000 (%)

2000 (m ha) (tonne/ha) (m tonnes) Surface Rendement Production

Riz 60 3,1 184 0,5 2,0 2,5

Blé 39 2,5 98 1,4 2,8 4,3

Millet 13 0,8 10 -1,7 0,7 -1,0

Sorgho 11 0,9 10 -1,6 0,7 0,5

Maïs 8 1,7 14 0,4 1,0 1,6

Légumineuses 27 0,6 15 0,3 0,2 0,5

Oléagineux 42 0,2 10 1,3 1,4 2,6

Maraîchage 8 10,7 71 1,7 1,2 3,0

Fruits 3 1,3 40 3,0 1,2 4,3

Source: FAOSTAT

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niveau mondial sur quelques créneaux de marché – tels que les mangues et lesproduits de l’anacardier (noix de cajou) – et développer une gamme compétitiveimportante de fruits, d’épices, de colorants et d’autres produits tropicaux. Laprésence d’un grand nombre d’expatriés d’Asie du Sud vivant dans les paysindustriels et la popularité de la cuisine régionale devraient entraîner une fortecroissance de la demande en produits alimentaires industriels. Cette tendancepourrait s’accélérer grâce aux progrès réalisés dans l’emballage et le transport, quipermettent d’approvisionner les marchés occidentaux à bas prix.

Bien que les populations rurales de l’Asie du Sud ne puissent, à moyen terme,offrir que des marchés limités pour l’importation des produits alimentaires, lesgrands marchés urbains en expansion deviendront, au cours des prochainesdécennies, de plus en plus demandeurs de produits alimentaires régionaux etextra-régionaux. L’agriculture urbaine va continuer à se développer et às’intensifier pour répondre à cette demande. Le secteur laitier (y compris lesproduits laitiers industrialisés) continuera à croître et la consommation de volaille,d’agneaux et de chèvres s’étendra rapidement. Le maraîchage et la productiond’huile végétale continueront à connaître une forte croissance. Avec ledéveloppement des marchés internationaux du travail, les envois d’argent destravailleurs d’outre-mer vont augmenter; une part importante de ces envois iravers l’agriculture et les investissements ruraux en général. Ces revenusmonétaires contribuent grandement à la subsistance des populations des zonesrurales marginales – par exemple dans le système d’exploitation agricole mixtedes hautes terres – et financent souvent des améliorations agricoles.

Tableau 5.3 Tendances de l’évolution des populations animales de l’Asie du Sud 1970-2000

Espèces Millions de têtes 2000 Variation annuelle moyenne 1970-2000 (%)

Buffle 122 1,9

Bovins 277 0,6

Petits ruminant 321 2,1

Volaille 742 3,8

Produit Product (millions de tonnes) Variation moyenne annuelle (%)

Viande total 8 3,2

Lait total 105 4,2

Laine total 1 0,9

Oeufs total 2 6,2

Source: FAOSTAT.Note: La couverture géographique est comparable pour 1970 et 2000. Cependant, des changements dans les procéduresstatistiques de collecte peuvent entraîner des distorsions importantes (par exemple, exclusion des activités privées avant 1990).

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Politiques, institutions et biens publicsUne grande partie de l’accroissement de la production céréalière s’est produite, aucours de la révolution verte indienne, dans les districts qui avaient une bonneinfrastructure locale, en particulier, pour la gestion de l’eau, pour le transport etpour l’électricité pour les forages; ces districts représentaient approximativement10 pour cent de l’ensemble des districts. Le manque d’infrastructure a limité ledéveloppement agricole de nombreuses zones de la région. En particulier, lemanque de routes dans les zones éloignées et peu peuplées fait monter les coûts detransport des intrants et des produits commercialisables et la faiblesse des services desanté et d’éducation réduit la productivité du travail27.

Les politiques de la plupart des pays de la région favorisent plus les zonesurbaines et le secteur manufacturier que les secteurs agricole et rural.L’intervention sur le marché pour maintenir artificiellement les prix des denréesalimentaires à portée des populations urbaines capable de s’exprimerpolitiquement, peut aussi entraîner la baisse des prix internes des céréales, déjàbas, aggravant ainsi la tendance à défavoriser les communautés rurales. Lamajorité des pauvres vivant dans les zones rurales, la réduction de la pauvreté,passe par l’augmentation des revenus agricoles.

La décentralisation et le bon fonctionnement des institutions locales seront lesfacteurs déterminants du développement de la plupart des systèmes agricoles.Des départements gouvernementaux ont déjà abandonné certaines de leursfonctions au secteur privé. Ils ont aussi commencé à en transférer d’autres àcertaines communautés rurales responsabilisées; cette tendance s’accentuera dansle futur. Cependant, ce transfert peut être assez lent, la qualité de sa mise enapplication demandera un suivi en raison des relations existant entre les votes descommunautés rurales et les politiciens. La décentralisation devrait aussi avoirpour conséquence importante d’entraîner un rôle croissant des femmes dans lespanchayats (conseils locaux) et dans les prises de décision au niveau du district. Lerenforcement du partenariat entre le secteur privé et le secteur public en matièrede développement rural aura des conséquences d’une grande portée sur ladécision des priorités agricoles.

Dans certains pays de la région (en Inde par exemple) on est en train demandater des institutions locales pour leur permettre de jouer un rôle plusimportant dans l’administration foncière; toutefois, elles n’ont souvent pas lescapacités de prendre en charge de telles fonctions. En général, les réformesfoncières n’ont, le plus souvent, pas réussi à améliorer l’accès aux ressourcesagricoles. Les limites maximales de terre ont eu un impact limité et lesagriculteurs ayant le plus de terre ont souvent trouvé les moyens de maintenirleur propriété. La mise en œuvre de ces programmes est, dans certaines zones,rendue difficile par l’enregistrement défectueux des terres.

27L’étude des relations entre le SIDA et l’agriculture a été principalement conduite en Afrique; on réalise que le SIDAentraînera beaucoup de souffrance et affectera la productivité agricole des 30 prochaines années partout dans le monde, ycompris en Asie du Sud.

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Information et capital humainVers 2030, la majorité des ménages agricoles devrait savoir lire et écrire et presquetous les jeunes – y compris les femmes – devraient posséder une éducation de base.Il est cependant nécessaire de continuer à investir dans l’enseignement rural, nonseulement pour assurer cette transformation mais aussi pour apporter une solutionà deux problèmes essentiels au développement des ressources humaines: i) doter lesouvriers de qualifications nécessaires à leur transfert à l’économie non agricole; ii) assurer que ceux qui restent dans l’agriculture possèdent les qualifications pourgérer les nouveaux systèmes agricoles à forte intensité de connaissances. Les besoinstotaux en main-d’oeuvre de l’agriculture ne devraient pas augmenter; toutefois, demeilleures qualifications seront nécessaires pour améliorer l’efficacité et laproductivité. L’accroissement du capital humain devrait favoriser le développementd’une industrie locale de petite taille, à l’image des meilleurs exemples de réussitede l’industrie rurale en Chine.

Le changement vers des systèmes d’exploitation agricoles commerciaux baséssur les connaissances requiert une amélioration du flot d’information vers lesagriculteurs, ainsi que la mise en place de services d’appui en matière denouvelles technologies et d’information sur les marchés. La résolution de cesproblèmes, qui peut se faire dans le cadre d’un partenariat public privé, estessentielle. Dans certains pays (au Bangladesh par exemple) les téléphonescellulaires sont en train de révolutionner le transfert d’information sur lesmarchés. Certains systèmes informatisés de vulgarisation agricole, tels que lesécrans tactiles testés par la Fondation de recherche Swaminathan, sontprometteurs. Il existe de nombreuses références bibliographiques surl’amélioration du flux d’information entre les gouvernements et les ONG28 .

On s’accorde à penser qu’une révolution de l’information va se produire enAsie du Sud rurale, on ignore encore quels seront ses effets. Cependant, la grandedisponibilité en information sur les marchés devrait certainement améliorersubstantiellement l’efficacité du système et faciliter l’accès des petits agriculteurs àcette information. La diffusion à grande échelle de l’information pourraitentraîner une redéfinition du rôle de la vulgarisation agricole.

Sélection de systèmes agricoles pour l’analyseQuatre des systèmes agricoles présentés dans la section précédente ont été choisispour faire l’objet d’une analyse plus détaillée. Leur sélection a été faite sur les critèressuivants: population agricole, fréquence de la pauvreté et potentiel apparent decroissance agricole et de réduction de la pauvreté au cours des prochaines 30 années.

● Système d’exploitation agricole riz;

● système d’exploitation agricole riz-blé;

● système d’exploitation agricole mixte pluvial;

● système d’exploitation agricole mixte des hauts plateaux.28

Farrington et Thiele, 1993.

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La majorité des habitants pauvres de la région vivent dans un de ces quatresystèmes d’exploitation agricole, qui contribuent aussi à plus des trois quarts duPAIB régional.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE RIZ

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricole rizcouvre environ 7 pour cent des terresde la région (voir encadré 5.1); ilenglobe la plupart des zones de rizaquatique anciennement développées,particulièrement celles du sud duBangladesh et du sud du Punjab, leszones côtières du Tamil Nadu et duKerala et, la zone humide et les zonesirriguées de la partie sèche du SriLanka. La terre est en général cultivée par des agriculteurs propriétaires ou par desmétayers.

D’après leur taille, il existe deux types d’exploitations: un grand nombre depetites exploitations de 0,3 à 1 ha, en propriété ou en métayage (voir encadré 5.2)et quelques exploitations moyennes ou grandes qui peuvent atteindre 4 à 10 haou plus. Le riz est toujours cultivé en saison humide. Une seconde culture de rizou une autre culture moins exigeante en eau (céréales, oléagineux, légumineuses,maraîchage) est pratiquée en saison sèche.

Dans la plupart des cas, les cultures reçoivent des irrigations de complémentpendant la mousson et sont entièrement irriguées pendant la saison sèche. Lesactivités hors exploitation sont courantes dans ce système d’exploitation agricoleen raison des faibles ressources de base et de la proximité des zones urbaines. Lesservices de vulgarisation sont bien développés en raison de l’importancestratégique du riz comme culture vivrière et de l’accès relativement facile de ceszones. La paille constitue, dans les zones plus sèches, la seule ressource fourragèrede la culture en continue du riz pour alimenter les ruminants (buffles ou bœufs),qui servent à la production de lait et à la traction animale, lorsqu’ils n’ont pas étéremplacés par des tracteurs. Néanmoins, ce système d’exploitation agricolereprésente une proportion importante des bovins et d’animaux laitiers de larégion, en particulier à cause de sa proximité des grands centres urbains.

La plupart des agriculteurs connaissent l’intérêt des engrais et des semencesaméliorées. Néanmoins, ils se montrent souvent peu enthousiastes à utiliser lesvariétés améliorées principalement pour les raisons suivantes: absence de

Encadré 5.1 Données de base :système d’exploitation agricole riz

Population totale (m) 263

Population agricole (m) 130

Superficie totale (m/ha) 36

Zone agroécologique humide

Superficie cultivée (m/ha) 22

Superficie irriguée (m/ha) 10

Population animale (m) 51

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Encadré 5.2 Un ménage typique du système d’exploitation agricole rizUn ménage typique de métayer pauvre du système d’exploitation agricole riz de l’ouest duBengale en Inde a une famille de cinq membres et cultive 0,4 ha de terre irriguée. Uneseconde culture irriguée de riz ou une culture maraîchère suit la culture du riz de kharif(mousson). Les variétés modernes de riz sont repiquées durant les deux saisons; leurrendement varie de 1,9 à 2,4 tonnes/ha, le métayer donne les deux tiers de la production aupropriétaire qui fournit la terre, les buffles de trait et les intrants (engrais, environ 150 kg/had’éléments nutritifs et produits phytosanitaires pour environ quatre applications par saison).Le ménage est propriétaire de deux chèvres et de quelques canards et poulets et projetted’acheter en commun avec un membre de sa famille une bufflesse pour le lait. Deux adultestravaillent environ 120 jours par an dans de grandes exploitations voisines et dans desindustries locales. Le ménage a un revenu annuel très bas, il est très vulnérable aux mauvaisesrécoltes ou à l’absence de revenu hors exploitation dû à la maladie ou à l’absence d’emploi.

semences certifiées de bonne qualité, mauvaises qualités gustatives de certainesnouvelles variétés, moindre tolérance au repiquage précoce ou tardif et, parfois,faible différence de rendement comparé à celui des variétés locales. D’une façongénérale, les ménages agricoles ont besoin d’un revenu hors exploitation pourassurer leur sécurité alimentaire.

Ce système recouvre une extrême diversité, depuis sa zone de transition avecle système d’exploitation agricole riz-blé dans les parties nord du Bangladesh etdans l’Etat du Bihâr, jusqu’à l’existence d’une aquaculture très développée et laprésence plus importante de bétail (y compris de vaches laitières) et de volailledans le sud. Les risques de cyclones et d’inondations sont plus faibles dans le sud-est du Tamil Nadu et dans le sud-ouest du Kerala; les cultures arboricoles y sontplus courantes.

Malgré une diversification croissante, les ménages dépendent encore durevenu d’un nombre limité de cultures dont les rendements sont extrêmementvariables, pouvant aller jusqu’à la destruction complète de la récolte dans leszones sujettes aux inondations et aux cyclones. L’impossibilité de trouver dutravail dans le voisinage et les maladies, souvent fréquentes, sont les principalescauses de vulnérabilité des ménages. Il existe un certain nombre de mécanismestraditionnels qui peuvent aider les pauvres; l’accès aux services sociauxgouvernementaux, tels que les programmes de garantie de l’emploi, est souventinefficace. A cet égard, les petits agriculteurs pauvres sont aussi vulnérables queles ouvriers agricoles sans terre.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME RIZ

Au cours des 30 prochaines années, la disponibilité en terre par habitant devraitdiminuer en raison de l’augmentation des populations et de la perte de terre due à

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l’expansion urbaine. Cette perte pourrait être aggravée par la dégradation des sols,érosion et salinisation. Avec la croissance de la demande interne et des secteursindustriels, l’eau devrait être de moins en moins disponible pour l’agriculture.Cependant, le marché devrait entraîner la consolidation des terres et la réductionprogressive du métayage. Les niveaux d’éducation des hommes et des femmesdevraient augmenter substantiellement. La culture du riz hybride devrait sedévelopper à partir des variétés existantes et des nouvelles variétés, à l’exception descultures en eau profonde et des autres écologies défavorables au riz.

La détérioration des conditions de commercialisation pour le riz etl’accroissement des coûts de production entraîneront la diversification desproductions (production laitière et aquaculture par exemple). La forte pressionsur la terre limitera la disponibilité en fourrage et conduira à une diminution dunombre des buffles. La traction animale par les buffles sera remplacée par lestracteurs à deux roues, qui seront aussi très utilisés pour le transport local.L’augmentation des coûts de la main-d’oeuvre favorisera la mécanisation d’uncertain nombre d’opérations, telles que le semis, le désherbage et le battage.L’augmentation de l’utilisation des intrants externes devrait être faible en raisonde la baisse de profitabilité de la culture du riz; elle devrait stagner dans les zonessujettes aux inondations. La baisse progressive de la profitabilité de la culture duriz et l’augmentation de la pression démographique forceront de nombreuxhommes à rechercher une part de plus en plus grande de leur revenu en dehorsde l’exploitation. Cette situation entraînera les femmes à supporter une partcroissante du fardeau que représente le travail agricole. Toutefois, la sécuritéalimentaire des ménages pourrait s’améliorer et la pauvreté diminuer.

Les infrastructures publiques et certains aspects de l’environnementsocioéconomique touchant la production agricole, tels que le transport,l’éducation et la santé, devraient s’améliorer. Ces améliorations serontaccompagnées d’une décentralisation importante des prises de décision auxniveaux du district et des panchayats locaux. Les organisations localesd’agriculteurs devraient se renforcer. L’importance de la pauvreté fémininedevrait commencer à diminuer dans de grandes zones d’Asie du Sud. La présenced’un quota obligatoire d’un tiers de femme dans l’administration locale permettrade prendre de plus en plus en compte les besoins des femmes; celles-ci sont pourl’instant fréquemment plus pauvres que les hommes.

Du fait de la diminution des budgets de recherche et de vulgarisation, l’accentsera mis sur le secteur privé, sur les organisations d’agriculteurs, et surl’expérimentation individuelle au niveau des agriculteurs et le partage destechnologies. Les messages de la vulgarisation devraient être plus pertinentsgrâce au renforcement du rôle des agriculteurs et du secteur privé dans lesservices de vulgarisation. Le succès de la Banque Grameen au Bangladesh aentraîné une pléthore d’activités de microfinance à travers toute la région. Onassistera probablement à une augmentation de la migration saisonnière etpermanente et à une faible croissance de l’économie rurale hors exploitation.

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Les principales contraintes pouvant faire évoluer le système sont, d’une part,l’augmentation des coûts de la main-d’oeuvre et, d’autre part, les prix bas, et enbaisse continue, du riz. Ces contraintes rendent l’utilisation de fortes dosesd’engrais de moins en moins rentables et empêchent la croissance de laproductivité du riz. Les bas prix nationaux du paddy reflètent, en grande partie,la baisse des cours mondiaux. Cependant, dans certains cas cette tendance estexacerbée par les efforts des gouvernements pour maintenir les prix bas (contrôledes prix, monopole d’achat et subventions compensatoires sur les engrais,l’irrigation et les autres intrants29) afin de satisfaire les populations urbaines.

PRIORITÉS DU SYSTÈME RIZ

Les priorités stratégiques qui doivent être mises en place pour réduire la pauvretédes ménages sont les suivantes: diversification, accroissement du revenu horsexploitation, intensification des productions existantes et sortie de l’agriculture.L’intensification et la diversification de ce système d’exploitation agricole requièrentde prêter une attention particulière aux ressources naturelles (gestion du sol etinondations surtout); toutefois, le bas niveau des prix et leur baisse progressive, quiont entraîné une détérioration des conditions de commercialisations, posent leprincipal problème. Ce problème ne peut être résolu, à long terme, qu’enaméliorant la compétitivité de la production locale de riz par le recours à despratiques de production plus efficaces. Aussi est-il nécessaire de mettre en route unprogramme efficace de recherche et de vulgarisation ayant pour objectif d’améliorerla productivité du facteur travail et de moderniser les pratiques de production desagriculteurs. Afin de maintenir la stimulation les agriculteurs il sera aussi nécessaired’éviter que les politiques commerciales et économiques ne leur soient défavorables.

La productivité du système d’exploitation agricole riz peut être accrue parl’intensification de la production; toutefois, l’approche doit être différente de cellesuivie précédemment pour l’intensification à partir du mixe variétés, produitsphytosanitaires et engrais. Malgré les investissements importants réalisés dans lepassé pour améliorer l’infrastructure des systèmes d’irrigation, de nombreuxpérimètres ne fonctionnent toujours pas correctement. La modernisation de cessystèmes pour améliorer la sécurité de l’irrigation ainsi que l’introduction de foragespour l’utilisation de l’eau souterraine, permettent généralement des accroissementsimportants de production et de revenu agricoles. La création d’associationsd’usagers de l’eau est un bon moyen pour améliorer l’efficacité de son utilisation30.L’encadré 5.3 montre que des petits ajustements des politiques et des technologies

29On estime que les subventions et transferts représentent près de 40 pour cent des dépenses du Gouvernement del’Inde (Banque mondiale, 2000a).

30Dans les périmètres de Gal Oya et Mahaweli au Sri Lanka, 500 000 agriculteurs ont organisé 33 000 associationsd’utilisation de l’eau qui ont permis d’augmenter l’intensité culturale et de diminuer les problèmes d’irrigation.

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peuvent déclancher des investissements importants dans le secteur rural quipermettent d’augmenter la productivité et de réduire la pauvreté.

Des interventions dans le domaine de la recherche et du développementpeuvent permettre d’accroître la productivité de ce système agricole. Cesinterventions peuvent concerner: i) la formation des agriculteurs (particulièrementen gestion agricole, en gestion intégrée des ravageurs [GIC]31 et autres pratiquesagricoles); ii) la mécanisation de certaines opérations comme le désherbage et lebattage; iii) le regroupement des terres et les mécanismes de location pouraccroître la taille des parcelles cultivées et, à plus long terme, la taille desexploitations; et iv) l’amélioration du contrôle après récolte et de latransformation. L’encadré 5.4 montre les possibilités d’associer intensification etdiversification dans les systèmes riz irrigué du Bangladesh.

Lorsque les systèmes sont déjà très intensifs, il est possible d’accroître laproductivité par des diversifications dans des activités génératrices de revenucomme la production laitière, l’aquaculture, l’horticulture et la transformation deproduits au niveau de l’exploitation32. Lorsque le risque d’inondation est faible,l’aquaculture peut fournir un revenu supplémentaire entre les récoltes. L’élevagede canards et de poulets est une autre possibilité; toutefois, avant de les mettre enroute, il est nécessaire de comparer les revenus de ces activités à ceux d’activités

31Plus de 80 000 agriculteurs ont été formés à la GIC pour l’amélioration des cultures de riz, de coton, de canne à sucre et d’oléagineux.

32Ces possibilités qui concernent des marchés spécialisés ou des ressources non exploitées, comme la pisciculture dans lesparcelles de riz après l’arrêt d’utilisation de pesticides, peuvent être désignées sous le terme de «créneau» d’améliorationdes systèmes.

Encadré 5.3 Changements cruciaux de politique pour la diffusion des forages au Bangladesh.

Le développement des forages peu profonds au Bangladesh au cours des années 90, lié àdes changements de politiques, a entraîné des modifications importantes du systèmed’exploitation agricole. Ces changements comprenaient la libéralisation de l’importationdes moteurs, des pompes et des tubes d’irrigation (permettant ainsi la participation activedu secteur privé) et l’abolition des restrictions sur les forages peu profonds (après avoirreconnu que l’eau souterraine pompée se rechargeait annuellement). En 1989, 70 000 petitsmoteurs de pompe (à environ 200 dollars EU l’unité) furent importés par les opérateursdu secteur privé et utilisés intensivement pour le pompage de l’eau d’irrigation peuprofonde. L’eau d’irrigation était fournie aux agriculteurs en échange de 25 pour cent deleur récolte. La demande de pompes excédait de loin l’offre, aussi les opérateurs de pomperendirent-ils l’application d’engrais obligatoire pour pouvoir avoir accès à l’eau d’irrigation.L’utilisation d’engrais entraîna une forte augmentation de la production céréalière duBangladesh, l’objectif de production de 20 millions de tonnes fut atteint en 1990, sans aucuncoût pour le trésor public.

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hors exploitation. Leur adoption à grande échelle nécessiterait aussi lerenforcement des services d’appui appropriés.

Le choix de stratégies d’intensification ou de diversification des cultures dansune zone spécifique dépend non seulement des conditions individuelles desménages agricoles, mais aussi de la disponibilité en technologies appropriées;cette disponibilité dépend beaucoup de l’efficacité de la recherche agricole dansla zone considérée.

Le système peut aussi être amélioré par une diversification en culturesmaraîchères ou en cultures de rente pour répondre à une demande urbaine,comme l’a montré le développement de la production horticole autour de Bograau Bangladesh34. La combinaison de ces activités, dans des conditions favorables,conduit à des systèmes d’exploitation agricole intégrés intensifs, rentables et trèsproductifs. De même, la production laitière a été un moteur traditionnel decroissance pour les systèmes d’exploitation agricole des petits agriculteurs del’Asie du Sud. Un des programmes laitiers bien connu est celui du Milk Vita auBangladesh (voir encadré 5.5).

33Hoque, 2001.

34Comme cela a été montré lors de la mise en oeuvre du projet de développement horticole du Gouvernement duBangladesh/FAO/BAD.

Encadré 5.4 Intensification et diversification des systèmes d’exploitation agricoleriz irrigué33

L’intensification et la diversification peuvent, ensemble, permettre d’améliorer la sécuritéalimentaire et les revenus des petits agriculteurs pauvres des systèmes d’exploitationagricole riz irrigué. Ce potentiel a été démontré dans la plaine inondée du YoungBramaputhra et dans les plaines côtières du Chittagong au Bangladesh.

Les principales interventions pour l’intensification de la production rizicole sont: i) lasélection des terres en fonction de la culture; ii) l’utilisation de semences améliorées à ladensité de plantation recommandée; iii) l’utilisation équilibrée et en temps voulu desengrais; iv) le respect des dates optimum de semis et de récolte; et v) l’application demesures de protection des plantes. L’introduction de l’irrigation de la culture de boro aaugmenté la sécurité alimentaire des communautés des zones de basses terres et a créédes emplois supplémentaires pour les paysans sans terres. L’assurance d’avoir une culturede boro avec un rendement élevé dans les basses terres a, à son tour, encouragé lesagriculteurs à diversifier leur assolement dans les terres un peu plus hautes et à ainsiaccroître la productivité globale de leur système agricole.

Cependant, dans d’autres zones, les profits financiers les plus importants ont été tirésdu développement et de l’intensification de systèmes de production associant élevage,pêcherie et productions à la ferme, plutôt que de l’intensification de la production de riz.Certains agriculteurs pratiquent l’association riz-poisson pendant la saison aman de rizrepiqué, mais la majorité l’évite en raison des risques d’inondation.

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SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE RIZ-BLÉ

CARACTÉRISTIQUES DUSYSTÈME

Le système d’exploitation agricole riz-blé couvre 19 pour cent de l’ensembledes terres de la région (voir encadré5.6); il occupe une large bande de terreallant du nord du Pakistan, à la plainede l’Indus et du Gange comprenant leTeraï du Népal et la plaine du Gange enUttar Pradesh, le Bihar et le sud duBengale, pour finir au nord-ouest duBangladesh. Ce système d’exploitationagricole est caractérisé par une culture de riz en été (saison de mousson) sur lesterres humides et une culture de blé en hiver (saison sèche) – parfois suivie par unecourte culture maraîchère de printemps (voir encadré 5.7).

35Dugdill et Bennett, 2001.

Encadré 5.5 Commercialisation du lait des petits producteurs35.

A partir d’un début modeste de fourniture d’un paquet technologique complet pourl’amélioration de la production du lait, de la capacité organisationnelle au niveau du village etd’un système de collecte, transformation et distribution à 4 300 ménages très pauvres, sansterre, de zones rurales isolées du Bangladesh, une coopérative s’est développée pour devenirune entreprise laitière commerciale très rentable. Aujourd’hui, le lait collecté auprès de 40 000 membres producteurs, organisés en 390 coopératives de villages, est ensuiteconditionné et distribué dans toutes les principales villes du pays. Depuis le début desactivités, les profits ont été multipliés par dix en termes réels. L’accroissement du nombre debovins et de l’épargne résultant des activités sert de matelas de garantie contre les effetssouvent dévastateurs des inondations qui affectent régulièrement le pays.

Démocratiquement élus, les membres producteurs et distributeurs de la coopérative sontmaintenant majoritaires au conseil d’administration de la Milk Vita. Cette évolution préparele terrain au retrait du gouvernement de la gestion quotidienne de la coopérative, permettantainsi au conseil de recruter des gestionnaires professionnels. Ces performances, en constanteamélioration, permettent d’insérer continuellement un plus grand nombre de pauvres dans leréseau de collecte du lait. La banque Grameen est actuellement en train d’adapter lemodèle pour l’étendre à ses clientes (femmes) les plus pauvres engagées dans la piscicultureen eau douce.

Encadré 5.6 Données de base : systèmed’exploitation agricole riz-blé

Population totale (m) 484

Population agricole (m) 254

Superficie totale (m/ha) 97

Zone agroécologique sèche subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 62

Superficie irriguée (m/ha) 48

Population bovine (m) 119

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La pauvreté et l’insécurité alimentaire des ménages sont très fréquentes,principalement parmi les ouvriers agricoles sans terre et les métayers. Danscertaines zones, la culture du coton fait partie du système; toutefois, ses besoinsimportants en main-d’œuvre et son cycle végétatif très long limitent son expansion.Le système bénéficie normalement d’une certaine forme d’irrigation. Lespopulations de bovins, ovins et caprins sont plus importantes que dans le systèmed’exploitation agricole riz; souvent les animaux ne font par strictement partie dusystème, mais appartiennent, sous forme de grands troupeaux, à des propriétairesterriens ou à des hommes d’affaires. Ils paissent la paille après récolte et retournentdans les terres incultes ou les hautes terres pendant la saison culturale. Il existe desinégalités importantes dans ce système d’exploitation agricole, principalement ence qui concerne l’accès aux ressources en terre et en eau.

Le développement de variétés améliorées de riz et de blé, associé à l’utilisationde l’irrigation et des l’engrais, a entraîné un accroissement très important de laproduction du système d’exploitation agricole riz-blé. Cependant, au cours desdernières années, la diminution ou la stagnation des rendements et des facteursde productivité du système est devenue inquiétante. L’actuel programme derecherche du Consortium riz-blé pour les plaines de l’Indus et du Gange cherchedes solutions.

Le système est plus mécanisé et possède généralement moins d’animaux dansla partie ouest du Pakistan. Dans les zones irriguées, hors des districts sujets auxgrandes inondations, la vulnérabilité est engendrée par les variations de prix, lesravageurs et l’incapacité de trouver des revenus suffisants hors exploitation. Lagestion de ce système est difficile; pour permettre un rendement satisfaisant, lesemis du blé doit suivre immédiatement la récolte de riz. Avec le temps, le systèmes’est étendu à des zones où l’eau souterraine n’est pas facilement accessible, aussil’irrigation n’étant pas sure, les agriculteurs doivent-ils repiquer le riz au début de

Encadré 5.7 Un ménage typique du système d’exploitation agricole riz-blé

Un ménage représentatif des métayers pauvres du système riz-blé de l’Uttar Pradesh, en Inde se compose de deux adultes et de trois enfants, il cultive 0,8 ha de terre irriguée. Laculture de riz de kharif (mousson) est suivie par celle du blé, et parfois par une culturemaraîchère courte. Les variétés modernes de riz produisent normalement un rendement de 1,9 tonnes/ha dont le métayer conserve les deux tiers. Les rendements du blé sont enmoyenne de 2,5 tonnes/ha. Le ménage possède une part de vache laitière et le lait est livréchaque jour au village à un centre de collecte. La vache est nourrie avec de la paille, desherbes coupées dans les champs et en bordure des chemins. Les adultes travaillent environ160 jours par an comme ouvriers dans de grandes exploitations voisines et dans l’usinelocale. Le ménage possède un revenu total moyen juste en dessous du seuil de pauvretéinternationale, il est à la merci de mauvaises récoltes, de la perte de sa vache laitière et del’absence de revenu hors exploitation.

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la mousson. Afin de maintenir une certaine souplesse dans le système, ilscontinuent à utiliser des variétés traditionnelles, tardives. En conséquence, le bléest, trop souvent, semé trop tard et les fortes températures au moment de laformation des grains entraînent des baisses de rendement.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME RIZ-BLÉ

La taille moyenne des exploitations continuera à progresser en raison desmigrations permanentes et saisonnières des jeunes gens. La disparité dans la tailledes exploitations devrait s’accentuer au cours de la prochaine décennie. Le nombredes métayers et des petites exploitations devrait ensuite diminuer. La terre prochedes centres urbains prendra rapidement de la valeur, et certains observateurspensent que le nombre des propriétaires absents de leur terre devrait augmenter. Lemétayage présente des avantages; toutefois, son gros inconvénient est de mainteniren place un système traditionnel et immuable à l’intérieur duquel l’innovation estdifficile ou impossible à promouvoir.

Le déclin de la productivité du sol dû, entre autre, à des fumuresdéséquilibrées, va probablement continuer encore quelques temps, entraînant desbaisses des rendements du riz et du blé. La recherche n’a, jusqu’à maintenant,apporté aucune réponse à ce problème.36 De même, l’accroissement de la salinitéet de l’alcalinité des zones sèches de l’ouest du système, dû à la mauvaise gestionde l’eau, continuera jusqu’à ce que des mesures appropriées soient prises pouraméliorer le contrôle de l’eau au niveau de l’exploitation. Le renversement de cestendances dépendra autant des futurs succès de la recherche et de la vulgarisationque des décisions politiques favorisant l’application de fumures équilibrées etl’utilisation efficace de l’eau.

Le rapide développement des forages dans certaines zones, telles que l’ouestet le centre de l’Uttar Pradesh, a entraîné une baisse des nappes phréatiques. Enraison du grand nombre de propriétaires de forages (quelques millions) il a étépratiquement impossible de mettre en place une réglementation (autorisations) etd’en assurer le suivi, aussi les efforts pour réglementer l’extraction de l’eausouterraine ont-ils eu des très effets limités. Ce qui s’est passé dans le Gujarat etle Rajasthan37 montre que lorsque les nappes phréatiques sont épuisées oudégradées, les agriculteurs dépendant de l’eau souterraine pour leur irrigationn’ont d’autre choix que de se convertir entièrement ou partiellement à la culturepluviale. La mécanisation, qui est déjà répandue au Pendjab pakistanais où laplupart des bœufs de trait ont disparu, devrait se développer, spécialement pourle premier labour. L’exploitation typique va se diriger vers plus de production

36Cependant, des technologies prometteuses d’agriculture de conservation (minimum et non travail du sol) ont été testéesaux champs et se diffusent rapidement. On estime que 40 000 ha bénéficieront de ces méthodes d’amélioration cetteannée à Haryana (Mololos, communication personnelle).

37Moench 2001.

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laitière, d’horticulture et de céréales pour l’alimentation animale. En raison de ladisponibilité en céréales pour les animaux, de la présence de sous-produits derécolte et de la proximité des marchés urbains importants, ce systèmed’exploitation agricole devrait attirer la production industrielle de volaille àgrande échelle, aujourd’hui en expansion.

La plupart des ménages d’agriculteurs devraient parvenir à assurer leursécurité alimentaire et à accroître leur revenu d’ici à 2030. La hausse des salairespourrait entraîner une diminution progressive de la pauvreté des paysans sansterres, même si le nombre d’emplois agricoles diminue. Les infrastructures,particulièrement le réseau routier, devraient s’améliorer. La décentralisationrapprochera les centres de décision; grâce à ce processus, le rôle des femmes dansl’administration locale est appelé à augmenter. Les organisations d’agriculteursdevraient se renforcer. Le financement public de la recherche et de lavulgarisation devrait diminuer; le rôle du secteur privé et des organisationsd’agriculteurs dans l’expérimentation et les services de conseil devrait sedévelopper; ce processus devrait améliorer l’efficacité de la diffusion del’information technique. La croissance de l’économie rurale hors exploitationdevrait rester modeste.

PRIORITÉS DU SYSTÈME RIZ-BLÉ

Les stratégies suivantes doivent être considérées comme prioritaires pour réduire lapauvreté dans ce système d’exploitation agricole: diversification; accroissement desrevenus hors exploitation; intensification du modèle de production existant;augmentation de la taille des exploitations; et départ de l’agriculture. Il existe uncertain nombre d’options qui pourraient appuyer la lutte contre la pauvreté etfavoriser la croissance agricole; toutefois, le coût de la main-d’œuvre seradéterminant pour leur mise en application.

La prise en compte des problèmes de conservation des ressources est la prioritédes priorités. Elle doit s’attaquer au déclin de la fertilité des sols, à l’accroissementdes problèmes de salinité et d’alcalinité sur les terres irriguées des zones ouest et àépuisement des eaux souterraines en zones irriguées à l’aide de forages. Desactivités de recherche sont en cours pour permettre de développer des technologiescapables d’améliorer le niveau de fertilité des sols, qui a baissé à la suite despratiques intensives de production céréalière depuis le début de la révolution verte.Cependant, les gouvernements poursuivent parfois des politiques qui vont àl’encontre des efforts de la recherche. Par exemple, la poursuite des fortessubventions de l’urée en Inde, accompagnée de la dérégulation du prix des engraisP et K, entraîne un déséquilibre dans les fumures utilisées par les agriculteurs, enparticulier chez les plus pauvres qui pratiquent la rotation riz-blé. Ces pratiquesconduisent à un épuisement des sols en éléments nutritifs P et K, avec desconséquences à long terme sur la productivité.

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Un facteur important du développement de la salinité et de l’alcalinité des solsde ce système en zones irriguées est, comme nous l’avons déjà dit, l’utilisationinefficace de l’eau, particulièrement au niveau de l’exploitation. La sous-évaluation du prix de l’eau distribuée par les canaux, les fortes subventions(jusqu’à 100 pour cent pour les forages et 25 à 50 pour cent pour les pompes) etles divers tarifs de l’électricité pour le pompage, sont autant d’éléments quistimulent une consommation exagérée de l’eau de la part des agriculteurs, avecpour conséquence l’apparition de phénomènes d’engorgement des terres. Lesmêmes subventions et l’absence de contrôle et de mécanismes de régulation sontresponsables de l’épuisement des nappes phréatiques par les pompagesinconsidérés mis en place. En attendant que les gouvernements prennentdirectement en main ces problèmes politiques, une autre option consisterait àaméliorer la conservation de l’humidité en utilisant toute une série de techniquestelles que le non travail du sol, l’utilisation de plastic et autres mulchs et laplantation de brise vents. L’amélioration de la sécurité de l’irrigation amélioreraitaussi le système, en permettant l’adoption de variétés de riz à cycle court, les semisdu blé en temps voulu et la production de maraîchage de printemps.

Beaucoup de ces technologies de gestion des ressources ne dépendent pas de lataille de l’exploitation, aussi les petits agriculteurs pauvres, non métayers, auraient-ils tout à gagner à les utiliser. La nécessité de coordonner étroitement la gestion del’eau, l’utilisation des engrais, le contrôle des maladies et les autres pratiquesculturales a conduit à développer le concept de système de gestion intégrée descultures (GIC)38. La dissémination des pratiques de la GIC auprès des agriculteurspermettrait d’accroître les rendements du riz et de réduire les coûts de la productionrizicole de l’Asie du Sud. Dans certains pays, la participation active des femmes à cespratiques constituera un défi à relever. Une autre approche qui pourrait êtreadoptée, particulièrement pour les zones de cultures pluviales sensibles à l’érosionou lorsque les coûts sont élevés, est l’agriculture de conservation (AC) avec travailminimum du sol afin de maintenir une meilleure conservation de l’humidité et dessols. Les agriculteurs pourraient choisir eux-mêmes les approches et les pratiquesconvenant le mieux à leurs conditions d’exploitation.

La rentabilisation des résidus de récolte, l’utilisation plus intensive du fumieret la possibilité de tirer un revenu régulier de la production laitière sont autant deraisons qui militent en faveur d’une meilleure intégration des ruminants dans lessystèmes d’exploitation agricole des petits agriculteurs. Le traitement de la pailleà l’aide d’urée ou d’autres produits chimiques pour accroître sa valeur, va sansdoute être adopté plus largement. L’expansion de la production animale,gourmande en main-d’œuvre, dans les systèmes d’exploitation agricole des petitsagriculteurs augmentera la production finale et réduira la pauvreté. La

38La GIC a été efficacement utilisée pour augmenter le rendement et la productivité du riz en Australie, en Egypte, enRépublique de Corée et dans le projet BGD/89/045 de la FAO intitulé «Identification et transfert de technologie pour la production des céréales au Thana, Bengladesh».

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production animale industrielle à grande échelle, surtout pour le lait et la volaille,devrait aussi se développer. L’expansion des entreprises de production animalesstimulera la production et l’industrie des aliments du bétail. Le choix de lalocalisation de la production industrielle devrait permettre de minimiser les coûtsde transport de l’alimentation et de limiter les problèmes d’environnement liés àla transformation. La production industrielle animale entraînera uneaugmentation de la production mais aura peu d’impact sur la réduction de lapauvreté, aussi sera-il nécessaire d’encourager la coopération entre la productionindustrielle animale et les petits producteurs, pour le bénéfice des plus pauvresd’entre eux. Les investissements dans la production industrielle animale danscette zone seront sans doute pour le court terme, car à moyen et long termel’implantation de la production d’aliments du bétail et la production industrielleanimale pourra se déplacer vers le système d’exploitation agricole mixte pluvial,où la valeur des terres et les densités de population sont plus faibles.

Le système peut aisément incorporer de nombreuses autres formes dediversification, y compris l’introduction de l’arboriculture fruitière et de culturesde rente lorsque le propriétaire exploite lui-même ses terres; toutefois, ce type dediversification ne serait normalement pas possible pour les métayers. Ladiversification nécessitera des investissements dans la commercialisation,l’infrastructure des transports, la recherche, la vulgarisation et d’autres servicesd’appui. Les gouvernements devraient pouvoir continuer à fournir certainescatégories de semences et de plants; toutefois, les coopératives d’agriculteurs et lesecteur privé devraient prendre progressivement le relais dans ce secteur. Demême, la fourniture d’informations techniques et commerciales pourrait êtreassurée par un partenariat public privé.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE DES HAUTES TERRES

CARACTÉRISTIQUESDU SYSTÈME

Les principales productions du systèmed’exploitation agricole mixte des hautesterres sont les céréales, les tubercules,les légumineuses, les fourrages, lesarbres à fourrage et l’élevage (voirencadré 5.8). Il s’étend sur une bandeétroite des hautes terres du Pakistan, del’Inde, du Népal et du Bangladesh,située entre d’une part les plaines, àplus basse altitude, et les zones

Encadré 5.8 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte des hautesterres

Population totale (m) 82

Population agricole (m) 53

Superficie totale (m/ha) 65

Zone agroécologique humide subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 19

Superficie irriguée (m/ha) 3

Population bovine (m) 45

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montagneuses généralement inhabitées au-dessus. Il couvre aussi une petite zone auSri Lanka. Ce système couvre environ 13 pour cent des terres de la région. Dans lesparties les plus isolées, où les engrais minéraux sont très chers ou introuvables et lesmarchés éloignés, l’apport d’éléments nutritifs aux cultures provient uniquement dupâturage ou de la coupe d’arbres à fourrages des zones boisées en d’altitude.Cependant, dans les parties plus accessibles, telles que les hautes terres du centre duSri Lanka, le succès de la production maraîchère, en particulier les pommes deterre, a entraîné le développement d’un système de production commercial trèsintensif. De même, la production horticole, vergers de pommes surtout, s’estdéveloppée dans les collines de l’Himachal Pradesh.

Les ruminants, qui fournissent la traction animale, le lait, le fumier et lesrevenus monétaires, forment généralement une part importante du système. Unménage agricole typique de ce système est décrit dans l’encadré 5.9.

Dans la plupart des cas, les communautés vivent dans ces zones depuis desmillénaires, sociétés souvent tribales, qui à l’origine pratiquaient la cultureitinérante. En fait, les deux tiers des populations indigènes du monde vivent enAsie, beaucoup d’entre elles dans le système d’exploitation agricole mixte deshautes terres. La plupart d’entre elles ont maintenant adopté un modeagriculture plus sédentaire. Dans certaines zones, ces communautés d’origine ontété rejointes par des populations venues de la vallée, repoussées vers les hauteurssous l’effet de la pression démographique; ce phénomène a conduit, dans certainscas, à des tensions ethniques. Il existe aussi des exemples de spéculation foncière:les zones forestières sont alors déboisées par les «agriculteurs» avec l’appui d’unpropriétaire terrien local ou d’un homme d’affaire.

Dans la plupart des cas les agriculteurs de ces zones n’ont pas de titre depropriété et certaines communautés vivent à l’intérieur des limites de la forêt avecl’assentiment du département des forêts. Le problème majeur est l’accroissementde la pression démographique, causé à la fois par la réduction du taux demortalité et par l’arrivée des agriculteurs venant de la vallée, ce qui peut, à terme,rendre non durable ce système déjà fragile.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DES HAUTES TERRES

La principale tendance pour ces hautes terres, particulièrement dans les zones oùl’assistance au développement a été limitée, est la détérioration générale des revenus,des niveaux de vie et de l’environnement dans son ensemble. La réduction de lacouverture forestière sur les pentes les plus hautes, l’absence de progrès enagriculture et la culture continue sur de fortes pentes, souvent dans des sols fins etpauvres, ont conduit à l’appauvrissement des communautés, qui surviventdifficilement aujourd’hui. Elles n’ont pratiquement pas de revenu monétaire et lesfemmes doivent marcher de plus en plus loin pour trouver l’eau et le bois de chauffe.

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La conservation de l’eau et du sol est, dans ces conditions, mal assurée; l’érosion et labaisse de fertilité des sols peuvent menacer gravement la survie des ménages.

Les possibilités d’emploi des jeunes sur place sont limités, aussi sont-ils souventobligés d’aller trouver du travail ailleurs, laissant derrière eux une populationrésidente âgée. Les difficultés rencontrées par les agriculteurs itinérants devenussédentaires sont un autre facteur de départ. Comme dans d’autres systèmes,l’insécurité générale du régime foncier a empiré la situation; la plupart desfamilles se sont installées soit sur une terre communale soit à l’intérieur des limitesde la forêt. Dans certaines zones la cohésion sociale est absente ou très faible –chaque famille faisant sa propre loi, sans contact avec la hiérarchie établie desconseils de village et des chefs. Le manque de cohésion sociale rend difficile larésolution des disputes individuelles sur les propriétés ou l’obtention d’un accordsur l’utilisation et la gestion des terres communales. La solution de ces types deproblèmes – préalable au développement – est indispensable pour l’introductionde technologies améliorées, de conseils d’utilisation des terres, et pourl’application des méthodes de conservation des sols et des eaux. Plusieurs autresfacteurs, comme le faible niveau d’éducation et la pauvreté des moyens decommunication, aggravent encore le manque de cohésion sociale.

Il existe cependant quelques résultats prometteurs qui méritent d’êtrementionnés. L’apparition de petites zones de cultures de rente ou de productionanimale démontre la possibilité d’améliorer l’ensemble des systèmes agricoles. Cesexemples comprennent les productions de pommes dans le Himanchal Pradesh, decitrus à l’est du Népal, de plants de pommes de terre exempts de virus au Pakistanet de semences de cultures maraîchère au Népal. Dans ces exemples, la productiona été associée à des systèmes de collecte et de commercialisation bien organisés,souvent avec l’implication du secteur privé. La qualité de l’information technique etcommerciale est à l’origine de tous ces succès. L’accès routier a constitué un facteurdéterminant du développement de la production laitière et, dans une moindremesure, de celui de productions non périssables telles que les semences maraîchères.

Encadré 5.9. Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte des hautes terres

Un ménage pauvre typique du système d’exploitation agricole mixte des hautes terres duNépal central est composé de cinq personnes; il possède 0,5 ha de terre dont 0,2 sontcultivés en riz irrigué en rotation avec une culture de blé mal irriguée (toutes les deux pourl’autoconsommation), les 0,3 ha de terre restant sont cultivés en maïs pour l’alimentationhumaine et en mil pour la préparation d’alcool. L’exploitation a quelques arbres fruitiers etproduit un peu de maraîchage. Elle possède un bœuf, une vache et plusieurs chèvres quidépendent pour leur nourriture des parcours communaux surpâturés et de la forêt. Il vendquelques oranges et des veaux. Seule la migration saisonnière au Teraï ou en Inde, à larecherche d’un travail salarié, peut permettre de constituer un capital.

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PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DES HAUTES TERRES

La mise en œuvre des stratégies suivantes, citées par ordre d’importance, pourraitpermettre de réduire substantiellement la pauvreté des ménages de ce système:sortie de l’agriculture; diversification; augmentation du revenu hors exploitation; etintensification de la gamme des productions existantes. La migration peut êtrefacilitée par des mesures entraînant l’amélioration du fonctionnement des marchésruraux et urbains de l’emploi, et par la délivrance d’un enseignement de base et laformation technique pour les plus pauvres du système.

Les réussites en matière de diversification et d’intensification, mentionnées ci-dessus et décrites dans l’encadré 5.10, indiquent le type d’interventionsstratégiques à suivre. Dans des zones dispersées, ayant un assez bon accès aumarché on une assez bonne cohésion sociale, par exemple le long des routes decollecte de lait des principales villes des hautes terres telles que Katmandu,l’intensification de la production laitière est facile. Au nord-est de Katmandu, laproduction de maraîchage s’est développée et le revenu monétaire engendré apermis d’accroître l’utilisation d’intrants sur les autres cultures. Dans certaineszones, la plantation extensive d’arbres pour le fourrage et le bois, en réponse àl’interdiction de l’accès aux ressources forestières, améliore les ressources desexploitations et favorise le recyclage des éléments nutritifs grâce à l’associationagriculture élevage39. D’autres exemples ont montré comment le renforcementdes pouvoirs de la communauté peut améliorer la gestion des ressources et lesrevenus, même pour les villages les plus pauvres. Cela peut se réaliser par lagestion commune des ressources communales et par la création de groupesd’action pour accroître la production, grâce à l’acquisition de variétés améliorés etd’intrants associée à une meilleure commercialisation40.

L’arrêt de la dégradation des terres, grâce à la conservation des sols et deseaux, est l’élément prioritaire de tout programme d’ensemble destiné à améliorerles niveaux de vie. Les techniques traditionnelles de conservation des sols étantonéreuses et souvent non durables, il nécessaire de mettre en route un ensembled’activités biologiques intégrées. Ces activités pourraient être: l’intégration del’agriculture et de l’élevage; l’agroforesterie; l’introduction de cultures de rentepérennes comme le café ou les arbres fruitiers (lorsque cela est faisable et qu’unmarché existe); la plantation de cultures fourragères; l’alimentation des animauxavec de la paille; les services de santé animale gérés par la communauté; et laprovision d’eau potable. Les résultats de ces mesures pourraient être encorerenforcés par le semis, en culture relais, de légumineuses fourragères, telles quele trèfle d’Egypte (Trifolium alexandrianum), dans les terres humides du riz avant

39Plusieurs paquets technologiques ont été testés avec succès, par exemple à Pakribas et à Lumle au Népal, ainsi que laculture permanente à Jajarkot, Népal. Le développement de l’industrie des pommes dans l’Himanchal Pradesh estsouvent cité comme un grand succès, il souffre maintenant de la concurrence des pommes importées de l’Asie de l’Est.

40Comme cela est démontré par le Programme FAO/UNDP de gestion des ressources au niveau de l’exploitation.

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que celles-ci ne s’assèchent. Cette pratique améliorerait la fourniture d’aliment dubétail et procurerait un engrais vert pour la culture suivante.

L’éloignement et les coûts de transport élevés rendant l’utilisation des engraisminéraux difficile ou impossible dans les zones des hautes terres, ledéveloppement des activités d’élevage, telles que la production laitière ou dechèvres avec alimentation à l’étable, l’amélioration de la nutrition animale et lacollecte du fumier, paraît être une bonne façon de s’attaquer à la pauvreté. Leschances de réduire la pauvreté sont augmentées lorsque il est possible d’associerles activités décrites ci-dessus à des productions commerciales capables deprocurer un revenu monétaire (verger d’arbres fruitiers ou maraîchage).Cependant, il est parfois difficile de trouver des cultures de rente adaptées auxzones isolées. Toutefois, il existe des productions de valeur et peu encombrantes

Encadré 5.10 Interactions culture-élevage-forêts dans le système d’exploitationagricole mixte des hautes terres41

Un certain nombre d’innovations ont été démontrées avec succès au Népal. Celles-cipourraient faire partie de la stratégie pour relever les défis posés par l’amélioration dusystème d’exploitation agricole mixte des hautes terres: terres en pente, sols pauvres, stresshydrique saisonnier, cycles végétatifs limités, pression démographique importante,fragmentation des exploitations (plus de 60 pour cent des exploitations de ce système ont,au Népal, une surface inférieure à 0,5 ha), ainsi que l’éloignement des marchés. L’une desinnovations étudiées les plus prometteuses a été le passage du pâturage extensif à l’élevageà l’étable avec l’alimentation en fourrage coupé et transporté, pour les gros ruminants.L’alimentation à l’étable a eu un impact bénéfique sur toute une série de facteurs, dont ladisponibilité en travail, la présence des enfants à l’école, l’amélioration des races et laréduction du nombre d’animaux. Il a, de plus, permis la production de plants d’arbres fruitierssur de plus grandes surfaces au fur et à mesure de la réduction des surfaces consacrées aupâturage. La coopération intra-communautaire et le pouvoir des institutions locales ont étérenforcés par la nécessaire mise en place, à l’intérieur de la communauté, de comités dedéveloppement de l’élevage pour gérer les programmes de reproduction, de clôtures pourprotéger les zones fourragères et de soins vétérinaires.

D’autres types d’interventions sont aussi très prometteurs: i) l’évaluation des variétés parles agriculteurs, permettant ainsi la sélection pour un grand nombre de caractères recherchéset la diffusion plus rapide des variétés; ii) la gestion participative intégrée des bassins versantspour améliorer les niveaux de vie et encourager la recherche d’autres activités de subsistance;iii) la location de terres forestières dégradées des collines à des ménages se trouvant endessous du seuil de pauvreté, payés pour leur remise en état; et iv) la gestion communautairedes forêts, par le transfert de forêts nationales du Népal à des communautés locales.

41Kiff et Pound, 2001.

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qui peuvent être faites même dans ces zones éloignées, comme par exemple lessemences maraîchères, les épices et les plantes médicinales.

L’ensemble du programme devra être mis en œuvre d’une manièreparticipative, en impliquant complètement la communauté locale, avec l’appuiconjoint du gouvernement et des ONG partenaires. La mise en œuvre d’unepolitique en faveur de l’environnement, qui devra être créée si elle n’existe pas,facilitera les prises de décision au niveau local et permettra le développement localde la gestion des ressources, spécialement en raison des difficultés decommunication avec les autorités centrales et même celles du district. Le transfertdes prises de décision aidera aussi à renforcer la cohésion sociale, qui manqueparfois chez les populations des collines. La recherche participative et les servicesde vulgarisation seront nécessaires pour aider les ménages et les communautéspendant la période d’adoption et d’adaptation. Les projets actuels dedéveloppement des bassins versant des hautes terres insistent sur l’importance del’entière participation des communautés dans tous les aspects de la formulation etde la mise en œuvre. De tels projets prévoient aussi d’aider les communautés localesà développer leur capacité à prendre en charge leurs propres affaires et à gérerleurs ressources en terres et en eaux, tout en continuant à demander des conseilstechniques aux agences gouvernementales concernées lorsque cela est nécessaire.

Dans certains cas, les interventions de développement rural doivent, en plus,inclure l’éducation et les soins de santé. La création d’écoles d’apprentissage debons niveaux facilitera les revenus hors agriculture, qui constituent une sourceimportante de revenus des ménages ruraux et contribuera à limiter lafragmentation des exploitations et à maintenir des tailles d’exploitation viables.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE PLUVIAL

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricolemixte pluvial couvre près de 30 pourcent des terres de la région (voirencadré 5.11), la quasi-totalité de l’Indecentrale et du Sud ainsi qu’une petitezone au nord du Sri Lanka. Il n’existeaucun grand périmètre irrigué dans cesystème; cependant, dans de nombreuxcas, des surfaces relativement petitessont irriguées à l’aide de réservoirs,réduisant ainsi les risques liés à la

Encadré 5.11 Données de base :système d’exploitation agricole mixtepluvial

Population totale (m) 371

Population agricole (m) 226

Superficie totale (m/ha) 147

Zone agroécologique sèche subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 87

Superficie irriguée (m/ha) 14

Population bovine (m) 126

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sécheresse et permettant la culture de saison sèche. Ce système traditionnel deréservoir de complément s’est élargi au cours des dernières décennies grâce àl’utilisation de forages.

Cependant, les risques sont relativement élevés dans ce système d’exploitationagricole essentiellement pluvial, aussi l’introduction de nouvelles technologies yest-elle difficile. Les principales cultures sont le blé, l’orge, les culturesmaraîchères et fourragères dans les parties les plus fraîches du nord; tandis quele maïs, le sorgho, le mil, les cultures maraîchères, le pois d’Angola, le haricotmungo, Vigna radiata (greengram) et l’arachide sont plus courants dans les partiessud de l’Inde au climat plus chaud. Des petites surfaces de soja, de colza, depiments, d’oignons et de sésame sont cultivées surtout comme cultures de rente.La double culture n’est possible qu’avec l’irrigation. Dans l’Inde du Sud et la zonesèche du Sri Lanka, où les exploitations sont plus petites, les agriculteurspréfèrent cultiver le riz sur les terres humides où l’irrigation est possible, ainsi quedans les fonds de vallées mal drainés pendant la saison humide. Les céréalesmentionnées ci-dessus, les légumineuses et les oléagineux sont cultivées sur lesparties hautes. Quelques arbres fruitiers comme le manguier sont cultivés dans lesjardins domestiques. L’encadré 5.12 décrit un ménage représentatif de ce système.

L’élevage est très important dans ce système qui abrite le plus grand nombrede bovins, d’ovins et de caprins de la région. Il fournit habituellement la plusgrande partie du revenu monétaire de la famille agricole, surtout grâce à la vented’animaux jeunes ou adultes, la plupart de ces zones étant trop éloignées descentres urbains pour la production commerciale de lait. Cependant, au fur et àmesure de l’amélioration des infrastructures de certaines zones, la productionlaitière prend de l’importance.

La superficie totale couverte par ce système est plus grande que celle dusystème d’exploitation agricole riz-blé. Cependant, en raison du caractère pluvialde son agriculture, sa densité de population est beaucoup plus faible que celle dusystème riz-blé (à peine la moitié). Une grande partie de la population rurale dusystème d’exploitation agricole mixte pluvial vit dans une pauvreté chronique,aggravée par les sécheresses qui entraînent des périodes de grande pauvreté (voir

Encadré 5.12 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte pluvial

Un foyer agricole pauvre représentatif de ce système mixte pluvial est composé de sixmembres, il cultive 3 ha de terre dans le Madhya Pradesh en Inde. Les cultures sont lessuivantes: un hectare de sorgho (après la saison des pluies) avec un rendement de 1,3 tonne/ha; environ 0,5 ha de pois chiche avec un rendement de 0,85 tonne/ha; 0,2 ha depois d’Angola avec un rendement de 0,5 tonne/ha; 0,3 ha d’arachide avec un rendement de0,6 tonne/ha; 0,2 ha de colza avec un rendement de 0,7 tonne/ha. Le ménage est propriétairede deux têtes de bétail, plusieurs chèvres et quelques volailles. Il a un revenu moyen juste endessous du seuil de pauvreté internationale et est très exposé aux pertes de récolte.

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encadré 5.13). L’agriculture est orientée vers la subsistance des familles; lesinfrastructures et les services de la plupart des zones éloignées des marchés, sonttrès peu développés. Les services de vulgarisation agricole de ces zones sont peudéveloppés; les agriculteurs utilisent surtout des technologies traditionnellesaxées vers la minimisation des risques. Le régime foncier est souvent unproblème; les agriculteurs ne possèdent pas de titres de propriété suffisammentclairs pour pouvoir être utilisés comme garantie pour l’obtention d’un créditofficiel.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE PLUVIAL

Malgré l’accès limité aux marchés, la gamme des activités a évolué assez rapidement.L’existence d’un marché a entraîné le développement de la production maraîchèreet laitière là où l’irrigation à partir de réservoirs était possible. L’attribution desubventions42 importantes a entraîné un boom de la production d’oléagineux, leurcroissance devrait continuer. L’accroissement de la demande agricole et urbaine eneau devrait entraîner une pénurie. La dégradation des terres, y compris le déclin defertilité des sols, devrait s’accentuer. La production vivrière va s’accroître etl’utilisation de sorghos et de mils hybrides devrait s’étendre. Le soja et le haricotmungo pourront remplacer, dans une certaine mesure, les légumineusestraditionnelles. L’accroissement modeste de l’utilisation des intrants externes et de lamécanisation devrait entraîner la commercialisation d’une partie de la production.La productivité de l’élevage devrait augmenter grâce à l’alimentation à l’étable et àun meilleur accès aux marchés. Bien que la sécurité alimentaire des ménagess’améliore, les déficits alimentaires subsisteront en année de sécheresse.

Les infrastructures (transports et services sociaux) devraient s’améliorer. Lesagences gouvernementales devraient décentraliser partiellement leurs activités etle rôle des femmes dans les prises de décision locales devrait être renforcé danscertains pays. Le rôle du secteur public dans la recherche et la vulgarisation estappelé à diminuer, laissant ainsi plus de place aux organisations d’agriculteurs

42Gulati et Kelley, 1999.

Encadré 5.13 Vulnérabilité saisonnière

La vulnérabilité saisonnière est un aspect critique des moyens de subsistance sur le plateaudu Deccan, elle est parfois considérée comme un moyen de mesurer la pauvreté. Les pertesde récolte sont plus fréquentes que dans n’importe quelle autre zone de culture importantede l’Asie du Sud, et les mécanismes traditionnels pour assurer la survie se sont affaiblis. Denouvelles formes de réduction des risques pour les petits agriculteurs, telles que l’assurancerisque sécheresse, semblent intéressantes.

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dans la fourniture des services agricoles. L’économie rurale hors exploitationdevrait connaître une croissance limitée.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE PLUVIAL

La mise en œuvre des stratégies suivantes, citées par ordre d’importance, pourraientpermettre de réduire la pauvreté des ménages de ce système: diversification puisintensification, accroissement des revenu hors exploitation et sortie de l’agriculture(tous d’égale importance) et finalement augmentation de la taille des exploitations.

Peu de choses peuvent être faites pour réduire la pauvreté dans le systèmed’exploitation agricole mixte pluvial sans améliorer d’abord la sécurité d’accès àl’eau des ménages agricoles, qui non seulement est un préalable à l’intensificationet la diversification, mais améliore aussi considérablement leur qualité de vie.Dans le passé, cela a consisté à améliorer la disponibilité en eau pour laconsommation humaine et pour l’irrigation en réparant les réservoirs existants,en conduisant des travaux de diversion des cours d’eau, en augmentant la collectede l’eau et en acquérant des pompes et des forages. Pour être durables, cesaméliorations nécessitent une mobilisation sociale et une planificationparticipative.

Cependant, à l’avenir, l’accent doit être mis sur la maximisation de laconservation de l’humidité des sols pour accroître la production. L’agriculture deconservation réduira aussi l’impact des risques climatiques. Cette approchecomprend des mesures telles que les pratiques culturales en temps voulu, letravail minimum du sol, le semis précoce avec des variétés à cycle court, lemulching et, lorsque le coût de la main d’œuvre est suffisamment bas pendant lasaison sèche et que la nature du sol le permet, le buttage et billonnage cloisonné.Les nouvelles technologies sont dans ce domaine, au mieux, adoptées lentement.Des méthodes plus sophistiquées, comme l’utilisation de films plastiques pour laconservation de l’eau, sont complètement absentes. La culture d’espècesfourragères et l’alimentation à l’étable permettent d’améliorer la productionanimale. Cette pratique peut entraîner l’augmentation de la fertilité des sols,l’augmentation des rendements des cultures pluviales et l’augmentation des sous-produits de récoltes pour l’alimentation du bétail. L’encadré 5.14 souligne lespossibilités de conservation de l’eau qui sont ensuite discutées dans l’étude de casqui l’accompagne.

La survie du système agricole dépendant de la pluviométrie et probablementde l’eau souterraine, il est nécessaire que la couverture forestière des partiessupérieures du bassin versant soit suffisante pour réduire le ruissellement etfavoriser l’infiltration et la percolation qui peuvent recharger les nappesphréatiques. Les améliorations du système requièrent une interventionpluridisciplinaire: le génie civil pour l’irrigation, la foresterie, la production defourrage, l’élevage et l’horticulture, et, bien sûr, les agronomes des cultures

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traditionnelles. L’éloignement des marchés a toujours freiné l’introduction del’horticulture et des arbres fruitiers. Cette difficulté peut être contournée dans leszones où il existe des avantages comparatifs pour ces cultures, à la condition quele secteur privé soit prêt à y installer des industries de transformation.

Certaines stations de recherche affirment avoir développé des paquets depratiques convenant au système d’exploitation agricole pluvial. En général,l’adoption de ces recommandations est d’une lenteur décevante, qui s’expliquepar l’aversion des agriculteurs pour le risque, ou par le manque de main-d’œuvreou d’autres ressources nécessaires à la mise en œuvre de ces améliorations. Pourréussir, les programmes ou les projets d’assistance ont besoin d’avoir un objectifplus large que la simple mise en œuvre de mesures agricoles. La fourniture d’eaupotable est généralement la principale priorité des besoins de ces zones. D’autresservices sociaux, comme les dispensaires et les écoles primaires, manquentsouvent aussi.

Le développement des marchés est moins important que dans le systèmed’exploitation agricole riz-blé. L’accès des ménages pauvres à la terre, à l’eau etaux ressources forestières est un problème critique. De même, l’accès aux sourcesd’information est important pour l’intensification et la diversification de cessystèmes. Inversement, le développement des systèmes de diffusion d’informationsera important et devrait accélérer la diversification d’une partie du système versdes activités de haute valeur, lorsque les besoins alimentaires auront été satisfaits.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES DE L’ASIE DU SUD

La population agricole totale de l’Asie du Sud est la deuxième du monde juste aprèscelle de l’Asie de l’Est et du Pacifique, mais son taux de croissance est bien supérieur.Comparée à plusieurs autres régions, l’Asie du Sud a relativement peu de réserves

43Extrait de l’étude de cas n°4, annexe 1.

Encadré 5.14 Conservation de l’eau43

Dans les zones semi-arides et subhumides, la conservation de l’eau pourrait permettre à desmillions de personnes d’accéder à l’eau, à la nourriture et à la sécurité alimentaire. Desexemples de réussite montrent comment une gestion améliorée de l’eau augmente ladisponibilité en eau domestique et les revenus des cultures. Ces améliorations permettent àleur tour l’augmentation du nombre d’animaux et finalement la production de culturesarboricoles. Ce processus permet aussi l’amélioration des ressources naturelles et desbassins versants; le revenu des villages peut doubler. L’expérience montre que l’organisationde la communauté est un préalable essentiel au succès de la conservation de l’eau.

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de terres fertiles et bien arrosées (irrigation ou pluviométrie). La région a unelongue histoire d’agriculture intensive, qui a entraîné une dégradation importantedes ressources de certains sites. Durant les 30 dernières années, contre toute attente,la recherche et les services d’appui à l’agriculture du système ont permis unecroissance de la production alimentaire supérieure à celle de la population et ontainsi réduit la proportion de personnes vivant dans la pauvreté. Le développementéconomique de la région a eu, au cours des dix dernières années, un impact profondsur la dynamique des systèmes d’exploitation agricole. A l’image des changementstechnologiques, institutionnels et des marchés, les systèmes d’exploitation agricolede la région devraient évoluer rapidement au cours des 30 prochaines années; lerythme de ces changements devrait s’accélérer.

On prévoit une amélioration des indicateurs de réduction de la faim et de lapauvreté au cours des prochaines années, à un rythme toutefois plus lent quecelui qui serait nécessaire pour atteindre l’objectif de développementinternational de diminuer de moitié la faim et la pauvreté44. Des efforts accrus dela part des organisations publiques et privées et des communautés rurales serontnécessaires pour atteindre cet objectif. Le tableau 5.4 montre, pour chaquesystème de la région, le potentiel de croissance et de réduction de la pauvreté.Bien que le système arboricole, qui se concentre sur des productions de valeurrelativement élevée avec des gains très importants de productivité, ait peut être leplus grand potentiel de croissance, les possibilités les plus importantes deréduction de la pauvreté proviendront plus probablement du systèmed’exploitation agricole riz-blé où la pauvreté est sévère et très répandue.

Le tableau 5.4 montre aussi l’importance relative des cinq stratégies desménages pour échapper à la pauvreté. En raison de leur importance dans laplupart des systèmes, il apparaît clairement qu’il sera nécessaire d’aider, à la fois,la diversification des petites exploitations et la croissance des possibilités d’emploihors exploitation. Les mesures pouvant aider les ménages à quitter l’agricultureconstitueront une troisième priorité importante; elles devront inclurel’amélioration de l’enseignement rural et la formation à des qualificationsprofessionnelles. Il est aussi possible de réduire fortement la pauvreté enintensifiant les productions existantes, en particulier par l’amélioration de lagestion de l’eau et l’adoption de technologies améliorées. Les possibilités deréduction de la pauvreté par l’augmentation de la taille des exploitations ou decelle des troupeaux des ménages pauvres sont assez faibles, en raison de lapression existant sur les terres. Les sections suivantes résument les prioritésstratégiques des actions, dans les domaines des politiques, des marchés et desinformations; des technologies et ressources naturelles; de la libéralisation ducommerce et du développement des marchés; de l’information et du capitalhumain; de la science et de la technologie; et des ressources naturelles et du climat.

44FAO, 2000a.

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POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

La plupart des pays de la région ont des politiques qui, en fait, favorisent les zonesurbaines et le secteur manufacturier plutôt que les zones rurales et le secteuragricole; les distorsions existant dans les prix et le commerce national ont un impactnégatif sur la commercialisation des produits agricoles. Par exemple, le besoin demaintenir les prix des denrées alimentaires à des niveaux accessibles auxpopulations urbaines croissantes et capable de s’exprimer politiquement, entraîne,de la part de certains gouvernements, des politiques visant au maintien des prix àun niveau artificiellement bas, en déstockant des céréales lorsque les prix montent;ces pratiques ont des effets négatifs sur les prix au niveau des exploitations. Lamajorité des pauvres se trouvant dans les zones rurales, la réduction de la pauvretédevrait être axée sur l’accroissement du revenu des ménages agricoles. De plus, la

Tableau 5.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages pour laréduction de la pauvreté en Asie du Sud

Stratégies de réduction de la pauvreté

Système Potentiel Potentiel Intensifi- Diversifi- Accroissement Accroissement Sortied’exploitation de de cation cation de la taille de du revenu de agricole croissance réduction de l’exploitation hors l’agriculture

agricole la pauvreté exploitation

Riz Moyen Moyen 2 3 0,5 2,5 2

Pêche côtière artisanale Faible Moyen 0 3 0 3 4

Riz-blé Moyen à fort Fort 2 3,5 1 2,5 1

Mixte des hautes Moyen Moyen 1 3 0 2 4terres

Mixte pluvial Moyen Moyen 2 3 1 2 2

Pluvial sec Moyen à fort Moyen 2 4 1 2 1

Pastoral Faible Faible 1 1 1 2,5 4,5

Dispersé (aride) Faible Faible 0 1 0 2 7

Dispersé(montagne) Faible Faible 0,5 1,5 0 3 5

Arboricole Fort Moyen 2 3 1,5 2,5 1

Urbain Faible Faible 1 3 2 4 0

Moyenne pour la région 1,8 3,1 0,8 2,3 1,9

Source: Avis d’experts.Note: Le total de chaque système agricole est égal à 10. Les évaluations ne concernent que les agriculteurs pauvres. La moyennerégionale pondérée des populations agricoles des systèmes est tirée du tableau 5.1.

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réduction de la pauvreté rurale a un impact positif sur la pauvreté urbaine, l’inversen’étant pas vrai. Le débat est vif dans ce domaine, les efforts conjoints desorganisations de la société civile pourraient aider les gouvernements à résoudre cesproblèmes.

La décentralisation et l’amélioration du fonctionnement des institutionslocales seront les grandes priorités stratégiques pour le développement de laplupart des systèmes agricoles. Dans la plupart des pays, les départementsexécutifs ont déjà abandonné certaines de leurs anciennes fonctions au secteurprivé; ils prévoient de renoncer à certaines autres afin de renforcer le pouvoirdes communautés. Cette tendance devrait s’accentuer à l’avenir, sonfonctionnement efficace nécessitera probablement un suivi attentif en raison desrelations étroites pouvant exister entre les organisations des communautés ruraleset les politiciens. Le développement rural dépendra finalement surtout del’efficacité des institutions locales, y compris de celle des institutions descommunautés. Pour cette raison, il faudra mettre en place des schémas destimulation des performances. Les ressources publiques devraient être investiesdans la formation des capacités organisationnelles au niveau des communautés etdu district. Parallèlement à la décentralisation, le rôle croissant des femmes dansles prises de décisions locales, par exemple dans les panchayats de l’Inde, doit êtreencouragé. Le développement du partenariat public privé au niveau local, siimportant pour la détermination des priorités en matière de recherche agricole,devrait être encouragé.

Durant la révolution verte indienne, l’accroissement de la production descéréales s’est fait dans les districts bénéficiant de l’irrigation et d’un bon réseaulocal de transports. L’absence d’infrastructure a limité le développement agricolede nombreuses autres zones de la région. En particulier, le manque de routesdans les zones éloignées et peu peuplées entraîne une augmentation des coûts detransports des produits et des intrants45, et la faiblesse des services de santé etd’éducation réduit la productivité du travail 46. Les investissements en matière deroutes et de services d’éducation, devraient donc être un élément essentiel de lastratégie d’augmentation de la production agricole et du développement rural.

La gratuité de l’eau d’irrigation était, dans de nombreuses zones, souventconsidérée comme une façon d’aider les agriculteurs et de maintenir les prix desdenrées alimentaires bas. Cependant, il ne sera possible d’améliorer réellement lagestion de l’eau que si des systèmes de payement réalistes de cet intrant sont misen place. Les systèmes de redevance pour les eaux de surface, devront prendreen compte, d’une façon équitable, les services fournis aux usagers en aval, comme

45Fan et al. (2001) indiquent, en Inde, des taux de rentabilité plus élevés pour les investissements en matière de routes etde recherche en zones pluviales qu’en zones irriguées. Leurs potentiels de réduction de la pauvreté étaient aussi plusimportants.

46Les études des relations entre le SIDA et l’agriculture ont été principalement conduites en Afrique; on réaliseaujourd’hui que le SIDA entraînera beaucoup de souffrance et affectera la productivité agricole des 30 prochainesannées partout dans le monde, y compris en Asie du Sud.

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l’irrigation et l’énergie électrique, et le bien-être des communautés en amont,dans le bassin versant, et autour des barrages.

La révision des anciennes lois foncières pourrait avoir un double bénéfice,pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté. L’augmentation dela surface des parcelles cultivées facilitera, avec le temps, l’amélioration de lagestion des ressources, l’intensification et la diversification. De plus, le régime delibre accès aux ressources doit être adapté pour prendre en compte, dans uncadre légal efficace, les situations de pauvreté existant.

L’existence de liens entre la croissance de la productivité agricole proprementdite et la croissance économique en dehors des exploitations est démontrée47.Cependant, on connaît moins bien l’intégration des économies des exploitationsagricoles et des économies hors exploitation, en particulier les types dedéveloppement capables de les renforcer mutuellement et de favoriser laréduction de la pauvreté.

LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

Les trois principaux problèmes qui affectent cette région sont : i) l’accès aux marchésdes pays développés de l’OCDE; ii) la détérioration des conditions decommercialisations des produits agricoles; et iii) la continuation des subventions àl’agriculture dans les pays développés. Les conditions de commercialisation du riz,du blé et des autres céréales se sont détériorées et l’ouverture en cours deséconomies au marché mondial expose les agriculteurs, spécialement ceux dessystèmes d’exploitation agricole intensifs riz et riz-blé. Certains producteurs de cessystèmes intensifs peuvent rester compétitifs sur le marché mondial; cependant, desajustements de marché seront inévitablement nécessaires, même pour les zonesfavorables. Généralement, les priorités des systèmes intensifs en matière de marchésdoivent répondre à deux problèmes: i) la réduction des risques associés à lamonoculture par la promotion de la diversification des productions et de latransformation locale donnant de la valeur ajoutée; et ii) le développement d’autressources de revenu pour les producteurs sans terre ou marginaux. Il existe sur lemarché un grand nombre de produits secondaires capables d’apporter des revenusaux ménages pauvres; les galettes de fumier et de fourrage séchés en sont deuxexemples importants.

Les producteurs des autres systèmes pour lesquels le potentiel des produitstraditionnels est plus faible devront développer des stratégies commercialesà partir d’autres avantages. Dans les zones où la pauvreté est relativementimportante, telles que celle du système d’exploitation agricole mixte des hautesterres, les activités nécessitant beaucoup de main-d’œuvre, comme l’horticultureet la production laitière, sont, lorsque l’accès au marché existe, de bonnes voies de

47Voir chapitre 1.

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diversification. Ces systèmes peuvent aussi avoir des besoins particulier en matièrede développement des infrastructures, telles que routes d’accès et équipementsdes marchés, afin de faciliter la commercialisation. Cependant, les ménages plusisolés qui échoueront devront quitter le système; ils auront pour cela besoin deformation et de services d’appui à la sortie de l’agriculture.

La résolution des problèmes globaux est importante; néanmoins, les petitsagriculteurs sont plus directement intéressés par le fonctionnement des marchésdes produits locaux et des systèmes d’information sur les prix. L’expérience d’unpassé récent a démontré que la croissance à partir du marché ne bénéficie pasnécessairement aux pauvres, à moins que de puissantes institutions ne soient enplace. Des investissements considérables sont nécessaires dans ces zones, surtoutdans les systèmes agricoles les plus éloignés, tels que les systèmes d’exploitationagricole mixte des hautes terres et pastoral. De même, le développement ultérieurde services financiers ruraux, y compris au niveau local, et leurs liens avec lesservices bancaires centraux, sont nécessaires pour le complet développement dessystèmes agricoles.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

L’investissement dans l’éducation rurale est nécessaire pour deux principalesraisons: i) donner aux ouvriers les qualifications nécessaires à leur passage del’agriculture à une économie en dehors de l’exploitation (localement ou après unemigration permanente); et ii) former ceux qui restent dans l’agriculture à la gestiondes nouveaux systèmes agricoles intensifs, qui requièrent beaucoup plus deconnaissances. Les besoins totaux en main-d’œuvre de l’agriculture ne vontprobablement pas augmenter; toutefois, il sera nécessaire d’améliorer lesqualifications pour accroître l’efficacité et la productivité. Ces améliorations ducapital humain au niveau local sont nécessaires à la diversification vers desexploitations plus spécialisées, aux productions de plus grande valeur et audéveloppement de la petite industrie rurale locale.

De plus, l’investissement ultérieur dans la formation des professionnels pourla recherche et les services d’appui agricole devrait suivre. L’accent devrait êtremis sur deux aspects. D’abord, les professionnels les plus âgés devraient êtrerecyclés aux approches modernes et aux qualifications nécessaires audéveloppement rural. Ensuite, certaines institutions de formation supérieuresdevraient incorporer de nouvelles approches pour l’enseignement agricole.

Le changement vers une approche plus commerciale des systèmes agricolesintensifs nécessite d’améliorer l’accès à l’information sur les technologies et lesmarchés, à la fois pour les agriculteurs et pour les services d’appui. Cela pourraittout à fait se réaliser dans le cadre d’un partenariat public-privé. Les systèmesd’information gérés sur financement public, surtout ceux fournissant des donnéessur les marchés, entraînent des coûts opérationnels importants à long terme et se

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sont souvent montrés peu efficaces pour aider les petits agriculteurs. Destechnologies existent aujourd’hui pour faciliter l’accès des villages à l’informationgrâce aux systèmes informatiques ou à Internet. Les investissements permettantl’accès des petits agriculteurs à l’information sur les marchés, sur les services et surles technologies, grâce à Internet seront prioritaires au cours des 30 prochainesannées.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

Bien qu’il existe toute une gamme de technologies prêtes à être adaptées et adoptéespar les agriculteurs, il est nécessaire de continuer les efforts de recherche pourrépondre aux besoins de ceux-ci et à un certain nombre de questions stratégiques etprioritaires concernant la production. Ces questions sont relatives à la dégradationdes sols dans les systèmes intensifs de culture, à l’amélioration continue desressources génétiques des cultures vivrières et, peut être la plus importante à longterme, à la fixation biologique efficace de l’azote pour accroître la productivité descéréales par des rotations avec des légumineuses. Un certain nombre de réussitesont déjà montré la capacité des principaux systèmes nationaux de recherche agricole(SNRA) à utiliser les techniques modernes de recherche telles que la biotechnologie,par exemple pour la création de nouveaux génotypes à haut potentiel, résistants auxstress biotiques. D’autres possibilités existent aussi dans les domaines suivants:reproduction animale, techniques de recyclage tel le biogaz48 et valeur ajoutée grâceaux nouvelles technologies de l’agro-industrie.

Les banques de ressources génétiques des SNRA et le Groupe consultatif surla recherche agricole internationale (GCRAI), ce dernier sous les hospices de laFAO, constitueront d’importantes ressources pour la recherche des secteurspublic et privé en matière de sélection des plantes. Les investissements en faveurde la recherche agricole et de la vulgarisation – y compris pour l’élevage, la forêtet les pêches – seront particulièrement utiles s’ils sont utilisés dans le cadre d’uneapproche multidisciplinaire destinée à résoudre les problèmes au niveau desexploitations. Deux axes prioritaires consisteraient à : i) maintenir et étendre lacapacité de la recherche publique, tout en assurant son adéquation aux besoinsdes agriculteurs; et ii) développer parallèlement des partenariats entre le secteurpublic, le secteur privé et les organisations d’agriculteurs. Des structures derecherche répondant à la demande seront donc essentielles dans le futur.

Dans de nombreux pays de la région, il est possible d’augmenter grandementl’efficacité des engrais chimiques. A court terme, l’amélioration de la gestion deséléments nutritifs au niveau de l’exploitation est une priorité. Elle doit se faire en

48La découverte de digesteurs tolérants au froid, qui permettrait la production de biogaz dans les zones d’altitude, auraitun impact positif dans la lutte contre la déforestation, la diminution du travail des femmes et l’amélioration du recyclagedes éléments nutritifs pour la production végétale.

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combinant les sources d’engrais minéraux et organiques et en aidantfinancièrement l’utilisation de formules équilibrées, afin de réduire les émissionsde gaz à effet de serre. Ces améliorations devraient être associées auxaméliorations technologiques telles que les engrais capables de libérer lentementleurs éléments (lorsqu’ils sont rentables) afin de réduire les pertes en élémentsnutritifs. A long terme, les progrès de la fixation biologique de l’azote, s’ils ontlieu, pourraient avoir un impact très important sur l’agriculture.

Il est généralement admis qu’une croissance agricole vigoureuse est unpréalable au développement de l’économie rurale en dehors des exploitations etque ces deux sous-secteurs sont étroitement associés au niveau de laconsommation, de la production et du marché du travail. Cependant, la politiqueagricole et la planification du développement devront tenir compte du fait que lesrôles sont souvent inversés. Dans de nombreux cas, l’emploi hors exploitationfavorise l’économie agricole rurale et la croissance de l’agriculture dépend desinvestissements réalisés à partir de revenus hors exploitations, y compris lesapports d’argent de l’extérieur. Le revenu fréquemment plus bas d’une journéede travail dans l’agriculture comparé à celui hors exploitation ainsi que lecaractère saisonnier de l’emploi hors exploitation ont des implicationsimportantes sur la disponibilité en main d’œuvre au niveau de l’exploitation –particulièrement au moment des pics de besoin en main-d’œuvre. Il est nécessairede mener des recherches socioéconomiques afin de déterminer l’impact de cephénomène sur les activités de l’exploitation et de proposer des solutions pourque l’agriculteur puisse s’adapter aux demandes d’emploi hors exploitation. Legouvernement doit mieux comprendre les implications politiques de cephénomène, par exemple la nécessité de faciliter les services de mécanisation dela préparation des terres et de la récolte par des groupes d’agriculteurs ou par lesecteur privé.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

La croissance de la demande en aliments et en autres produits agricoles, liée à lacroissance démographique, entraîne une pression accrue sur les ressourcesnaturelles. La pression démographique sera probablement plus importante chez lessystèmes agricoles déjà très éprouvés, comme les systèmes d’exploitation agricole riz,riz-blé et mixte des hautes terres. Aussi la gestion durable des ressources dépend-elledes mesures prises pour limiter l’augmentation de la pression démographique surles ressources naturelles de base, spécialement en zones marginales.

La pression déjà exercée sur la forêt (ses surfaces sont aujourd’hui trèsréduites) devrait s’accentuer au cours des trois prochaines décennies. Dans laplupart des pays de la région, les départements des forêts ont été lents à modifierleur approche de la gestion de leurs forêts. Ce manque de réaction s’est produiten dépit de l’intérêt évident d’un système conjoint de gestion forestière pour

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l’accroissement durable de la productivité pour les communautés habitant lesforêts. La réorientation des politiques de développement forestier et lechangement des réglementations départementales pour faciliter l’établissementde systèmes de gestion conjoint des forêts devraient être des priorités. Ceschangements donneraient un pouvoir accru aux communautés locales, etentraîneraient ainsi une production plus efficace des produits forestiers. Laredéfinition des limites des forêts, conduisant au développement de systèmes degestion optimale pour des zones de gestion conjointe et à des zones de gestiondépartementale conventionnelle des forêts, sera nécessaire au développementharmonieux de celles-ci. De telles mesures devraient s’accompagner d’incitationsau développement de l’agroforesterie – production de fourrages et d’espècescommerciales, et parcelles communales pour le bois de chauffe et le bois deconstruction.

La gestion des ressources en eau a des dimensions transnationales, nationaleset locales. Des accords équitables sur le partage de l’eau entre états faciliteront sonutilisation optimale. Aux niveaux national et local, la conservation des ressourcesen eau dans les zones cultivées nécessitera la mise en place de stimulants pour sonutilisation efficace et de mécanismes de suivi et de réglementation de l’emploi del’eau – particulièrement pour l’eau souterraine et pour la qualité de l’eau. Lesressources en eau peuvent être encore développées par des moyens traditionnels,tels que la construction ou la réhabilitation des réservoirs et les forages, etl’amélioration de la gestion de l’eau.

L’introduction de taxes réalistes sur l’eau pourrait probablement améliorer lasituation. Cette mesure sera de toute façon nécessaire car les gouvernements dela région seront incapables de supporter longtemps le poids financier despérimètres irrigués. Il existe toute une série de techniques pour l’amélioration dela gestion de l’eau, comme par exemple le nivellement des parcelles au laser,l’irrigation par aspersion et au goutte-à-goutte. Les techniques les plus propres àaméliorer la gestion de l’eau sont: i) la conservation de l’humidité du sol au moyende mulch, diguettes, cultures relais, brises vents; ii) la plantation d’arbres; et iii) laplus importante: la conservation de l’eau. La conservation de l’eau devraitpermettre de doubler la productivité des zones semi-arides et subhumides49.

La dégradation des sols est un problème grave dans la plupart des systèmesd’exploitation agricole. Les programmes en cours et les nouveaux programmes derecherche participative et de vulgarisation qui traitent de ces problèmes, tel que leConsortium riz-blé pour les plaines de l’Indus et du Gange qui a déjà permis ledéveloppement spectaculaire de la culture du blé sans labour dans le systèmed’exploitation agricole riz-blé, doivent être prioritaires. Un certain nombre deprojets pilotes de gestion participative communautaire des bassins versant dessystèmes d’exploitation rurale mixte pluvial et mixte des hautes terres, sont des

49Agarwal, communication personnelle.

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modèles de réussite. Leur approche méthodologique peut être utilisée pouraméliorer la gestion d’un grand nombre de bassins versants de la région50.

Afin d’assurer un niveau satisfaisant d’autosuffisance, à un prix acceptable,pour les principales cultures vivrières, les gouvernements vont probablement, etavec raison, continuer à prêter une grande attention aux zones céréalières bienarrosées des systèmes d’exploitation agricole riz et riz-blé à potentiel relativementélevé. La principale stratégie technique consistera à améliorer l’efficacité de laproduction. Les zones où des forages relativement peu chers permettent d’irriguerafin d’assurer le repiquage du riz au bon moment (entraînant ainsi uneaugmentation du rendement du riz et de la culture suivante), ce que les systèmesd’irrigation gérés par l’état ne peuvent souvent pas faire, ont des potentielsévidents. Le paiement de l’eau entraînera très probablement des changementsimportants dans la gestion de l’eau (nivellement des parcelles au laser, irrigationpar aspersion, au goutte-à-goutte, techniques de conservation de l’humidité dans le sol comme le travail minimum du sol, le mulch, les brises vents et lescultures relais.

La gestion des sols devra être considérablement améliorée dans les zones à hautpotentiel. On est en train de mettre au point des solutions pour améliorer lagestion des sols dans les systèmes d’exploitation agricole riz-blé, où la cultureintensive et l’utilisation de formules d’engrais déséquilibrées ont entraîné ladétérioration de la structure des sols et de leur fertilité. Il est impératif dedévelopper une gamme de technologies capables d’assurer une bonne gestion dessols sous culture intensive, continue et irriguée. La fertilisation équilibrée estnécessaire non seulement pour assurer une bonne formation des grains mais aussipour minimiser la pollution de l’eau souterraine. Il est aussi nécessaire d’améliorerla gestion des ravageurs, si possible par voie biologique, pour la plupart descultures et, de plus en plus, pour l’élevage. Ces zones devraient rester trèsspécialisées dans la production céréalière. On assistera toutefois à un certain degréde diversification vers des productions de plus grande valeur telles que les vergerset l’élevage. Les moyens de subsistance des ménages se diversifieront aussi, unepart croissante du revenu des petits agriculteurs proviendra d’activités horsexploitation.

Le potentiel de production des cultures vivrières des systèmes d’exploitationagricole mixtes pluvial et pastoral est, par nature, plus faible que celui des bassesterres. La gestion durable des ressources et la conservation de l’eau sontnécessaires pour assurer la diversification vers des productions commerciales deplus grande valeur. La grande pauvreté de ces zones entraînera probablement des migrations saisonnières et permanentes, réduisant ainsi la pressiondémographique sur les ressources de base.

50L’approche de la gestion améliorée des bassins versants, combinée avec la génération de revenu (qui a été mise enœuvre avec succès en Tunisie, encadré 3.6 du chapitre 3) a d’abord été essayée dans un réseau global qui comprenait unprojet pilote dans un système d’exploitation agricole mixte des hautes terres du Népal couronné de succès. Certainsaspects de cette approche pourraient être utilisés dans la gestion participative des bassins versants de la région.

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Cependant, le potentiel de développement est important. Une approche auniveau des communautés des petits bassins versants, à l’exemple de ce qui se faitdans certaines parties de l’Inde, devrait permettre le développement du systèmed’exploitation agricole mixte pluvial. Il sera nécessaire d’introduire l’agriculturede conservation ainsi qu’une plus grande intégration de l’élevage et des arbresdans les systèmes agricoles (arbres à fourrage, cultures de rente et engrais vert).De tels programmes devraient conduire à la création d’entreprises commercialespour la production laitière et les cultures fruitières partout où l’accès au marchéest possible. La conservation du sol et de l’eau doit être un élément essentiel deces programmes. Le développement d’une agroforesterie durable et d’activitésforestières en gestion participative, sera nécessaire au maintien d’une bonnecouverture forestière dans les parties en amont des bassins versants ainsi que dansles vastes étendues de terres incultes de la région.

CONCLUSIONS

Le développement agricole restera une composante importante des programmes deréduction de la pauvreté de l’Asie du Sud dans un proche avenir. La dégradationimportante des ressources et les liens avec l’économie rurale hors exploitationdevront être sérieusement pris en compte. Les meilleurs moyens de réduire la faimet la pauvreté sont dans l’ordre: i) la diversification vers des productions de plusgrande valeur et leur transformation au niveau local; ii) l’augmentation du revenuhors exploitation; iii) l’intensification des assolements existants; et iv) la sortie del’agriculture. L’augmentation de la taille des exploitations devrait avoir moinsd’importance. Quatre initiatives stratégiques générales sont proposées:

Amélioration de la gestion des ressources en eau. L’amélioration de la gestion del’eau est essentielle pour permettre l’intensification et la diversification de laproduction et pour réduire l’appauvrissement des ressources en eau, aussi bienpour les périmètres irrigués avec l’eau de surface que pour ceux utilisant l’eausouterraine. Les principales composantes sont: l’utilisation de technologiesefficaces; la taxation de l’eau et autres mesures réglementaires; les associationsd’usagers de l’eau; et la protection des bassins versants.

Renforcement des groupes d’utilisateurs des ressources. Le renforcement desgroupes d’utilisateurs des ressources permet de lutter contre la dégradationimportante des terres et des eaux dans les plaines et les collines, et de protéger lesressources des bassins versants. Les principales composantes sont: les groupes degestion des ressources pour la gestion des bassins versants dans les zonesmontagneuses et de collines; les groupes de gestion des parcours dans les zonespastorales; et les politiques d’encouragement de gestion des ressources enpropriété commune.

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Réorientation des services agricoles. La réorientation de la recherche agricole, del’enseignement, de l’information et des systèmes de vulgarisation afin d’assurerl’entière participation des agriculteurs, permettra l’intensification et ladiversification des exploitations et la promotion d’une gestion durable desressources. Les principales composantes sont: les modèles de fourniture deservices conjoints public-privé; les services de conseils pluridisciplinaires; lafourniture d’informations techniques et sur les marchés délivrées à partird’Internet aux petits agriculteurs; et l’incorporation d’approches et d’étudesmultidisciplinaires dans les systèmes d’enseignement supérieur.

Amélioration de l’infrastructure rurale. Les retours sur investissement dans ledomaine des transports et de la santé sont importants et bénéficient aux pauvres,spécialement dans les zones à bas potentiel des hautes terres de la région. Lescomposants comprennent: les routes, l’eau potable, les écoles, les dispensaires etdes modèles fonctionnels de participation du secteur privé.

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CONTEXTE RÉGIONAL

La population totale de la région de l’Asie de l’Est et du Pacifique est de1 836 millions de personnes (soit un peu plus du tiers des habitants du monde endéveloppement); 62 pour cent d’entre eux (1 124 millions) vivent de l’agriculture.On constate des différences considérables entre pays pour la taille, la densité depopulation et la proportion de la population habitant dans les zones rurales. Laplus grande partie de ces populations vit dans deux pays, la Chine (1 278 millionsd’habitants soit 68 pour cent de la région) et l’Indonésie (205 millions d’habitants)respectivement premier et quatrième pays parmi les plus peuplés du monde. Detrès fortes densités de population se concentrent dans certaines zones rurales,comme par exemple l’est de la Chine et les Iles de Java et de Bali en Indonésie.

La superficie totale de la région est de 1 639 millions d’hectares. La couvertureforestière est estimée à 380 millions d’ha (23 pour cent de la superficie) dont170 millions considérés comme de la forêt dense. La surface des terres cultivées estestimée à 232 millions d’ha (15 pour cent de la superficie), le reste étant occupé pardes prairies, des terres incultes, des montagnes, des zones urbaines, des lacs et desrivières.

Quelque 278 millions de personnes (15 pour cent de la population régionale)vivent dans un état d’extrême pauvreté avec des revenus journaliers inférieurs à 1 dollars EU. Un quart de ces pauvres vivent en Chine, mais on en trouve danspresque tous les pays de la région. Environ 240 millions4 de personnes (soit 13 pourcent du total de la population) sont sous-alimentés. La pauvreté en zone rurale est

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1Voir l’annexe 3 pour la liste des pays de l’Asie de l’Est et des îles du Pacifique compris dans la région. Hong Kong,l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Singapour et Taiwan (province de Chine) ne font pas partie de cette liste.

2FAOSTAT.

3Banque mondiale, 2000a.

4FAO, 2000a.

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environ deux fois plus grande que dans les zones urbaines5. La prévalence de lapauvreté rurale varie de 4,6 pour cent en Chine et 57,2 pour cent au Vietnam. Al’exception de la Chine et de la République de Corée, les économies de la régionsont fortement agraires. La contribution moyenne du secteur agricole au PIB quiest de 13 pour cent, est très influencée par le poids de la Chine (17 pour cent)6. EnRépublique de Corée, la valeur ajoutée du secteur agricole n’est que de 5 pour cent;elle est supérieure à 50 pour cent au Laos, au Myanmar et au Cambodge.

PRINCIPAUX SYSTÈMES AGRICOLES EN ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE

L’utilisation des critères définis au chapitre 1 a permis d’identifier onze principauxsystèmes d’exploitation agricole7. Le tableau 6.1 en donne la liste; leur localisationgéographique est indiquée sur la carte ci-après.

Système d’exploitation agricole du riz de basse terreCe système d’exploitation agricole se rencontre dans les terres plates, bien arrosées des zones agroécologiques humides et subhumides8. Il couvre environ197 millions d’hectares; avec une population agricole de 474 millions depersonnes, ce système est le plus peuplé de la région. La surface cultivée est de 71 millions d’ha, dont environ 45 pour cent sont irrigués. De grandes superficiesde ce système se trouvent en Thaïlande, au Vietnam, au Myanmar, dans le sud etle centre-est de la Chine, aux Philippines et en Indonésie. De plus petites surfacessont situées au Cambodge, en République de Corée, en République démocratiquepopulaire de Corée, en République démocratique populaire du Laos et enMalaisie. Ce système d’exploitation agricole est basé principalement sur la culturedu riz; l’intensité culturale dépend de la distribution des pluies, de la longueur depériode végétative et de la disponibilité en irrigation de complément. Lesprincipales cultures secondaires sont, pour l’ensemble de la région, les oléagineux,le maïs, les racines et tubercules, le soja, la canne à sucre, le coton, les culturesmaraîchères et les cultures fruitières; le blé étant, quant à lui, important dans lecentre-est de la Chine. L’élevage et le revenu hors exploitation contribuent à lasubsistance des ménages. La sécurité alimentaire régionale dépend de laproduction de ce système. Bien qu’élevée au Myanmar et au Cambodge, lafréquence de la pauvreté est moyenne dans l’ensemble.

5Voir Banque mondiale (2000a), la RPD de Corée, la République de Corée, le Myanmar et la Papouasie-Nouvelle-Guinéesont exclus de cette étude par manque de données concernant la pauvreté.

6Banque mondiale, 2000f.

7Voir le chapitre 1 pour l’explication de l’approche suivie pour la description des systèmes d’exploitation agricole.

8Voir l’annexe 5 pour la définition des zones agroécologiques en fonction de la longueur des périodes végétatives.

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Tableau 6.1 Principaux systèmes d’exploitation agricole de Asie de l’Est et du Pacifique

Systèmes Superficie Pop. agricole Principales activités Fréquence ded’exploitation (% de la (% de la la pauvretéagricole région) région)

Riz de basse terre 12 42 Riz, maïs, légumineuses, Moyennecanne à sucre, oléagineux,

cultures maraîchères,élevage, aquaculture,

travail hors exploitation

Mixte arboricole 5 3 hévéa, palmier à huile, Moyennecocotier, café, thé, cacao, épices,

riz, élevage, travail hors exploration

Racines et tubercules 2 <1 Racines (igname, taro, Faiblepatate douce), légumineuses,

fruits, élevage (porcin et bovin),travail hors exploitation

Mixte intensif des 19 27 Riz, légumineuses, maïs, Elevéeterres de moyenne canne à sucre, oléagineux,altitude fruits, légumes, élevage,

travail hors exploitation

Mixte extensif des 5 4 Riz pluvial, légumineuses Moyennehautes terres maïs, oléagineux, fruits,

produits de la forêt, élevage,travail hors exploitation

Mixte tempéré 6 14 Blé, maïs, légumineuses, Moyenneoléagineux, élevage,

travail hors exploitation

Pastoral 20 4 Elevage avec cultures irriguées Elevée,dans les zones propices spécialement en

sec

Dispersé (forêt) 10 1 Chasse, cueillette, travail Moyennehors exploitation

Dispersé (aride) 20 2 Pâturage où l’eau est disponible, Elevéetravail hors exploitation

Pêche artisanale côtière 1 2 Pêche, cocotier, cultures, Moyennemixtes, travail hors exploitation

Urbain <1 1 Horticulture, lait, volailles, Faibleautres travaux

Source: Données FAO et avis d’experts.

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Système d’exploitation agricole mixte arboricoleCe système d’exploitation agricole se situe surtout dans la zone agroécologiquehumide, on le rencontre aussi dans les zones humides subhumides, principalementsur les sites plats à ondulés aux sols pauvres, inaptes à la culture intensive du riz. Lasuperficie totale du système est de 85 millions d’ha; sa population agricole est de30 millions de personnes. La surface cultivée est estimée à 18 millions d’ha dont unpeu de plus de 12 pour cent sont irrigués.

Des surfaces importantes de ce système se trouvent en Malaisie, en Indonésie,en Thaïlande, au Cambodge, au Philippines, au Vietnam, en Chine du Sud et enPapouasie-Nouvelle-Guinée. Les principales cultures industrielles sont l’hévéa, lepalmier à huile, le cocotier, le café, le thé et le caco, avec d’autres cultures associéescomme le poivre et autres épices. Les cultures arboricoles sont pratiquées à la foisdans les grands domaines privés et chez les petits agriculteurs. Les petitsagriculteurs pratiquent aussi les cultures vivrières et de rentes; ils élèvent unnombre considérable de gros bétail et complètent leurs moyens de subsistance pardes revenus hors exploitation. Les plantations de cocotier sont très courantes dansla plupart des pays d’Asie de l’Est et du Pacifique. Ce système d’exploitationagricole a constitué une source traditionnelle de revenus à l’exportation pourl’Indonésie et la Malaisie; c’est aussi un domaine d’investissement important pourle secteur privé et public. La fréquence de la pauvreté y est moyenne.

Système d’exploitation agricole à base de racines et de tuberculesCe système d’exploitation agricole se rencontre dans les zones agroécologiqueshumides et subhumides, aussi bien en plaines que sur les collines, normalement dansles zones à basse densité de population. La superficie totale du système est de 25 millions d’ha, sa population agricole est d’environ 1,5 million d’habitants. Lasurface cultivée est approximativement de 1,2 millions d’ha, soit moins d’un pourcent de la superficie totale. Ce système n’est jamais irrigué. On le trouve enPapouasie-Nouvelle-Guinée et, plus généralement, dans les îles du Pacifique,souvent en association avec le système d’exploitation agricole associé à la pêchecôtière artisanale le long des côtes. Bien que d’importance mineure au niveaurégional, c’est le système d’exploitation agricole qui domine dans de nombreux paysdu Pacifique. Il est basé sur l’utilisation des racines et tubercules comme culturesvivrières (igname, tarot, patate douce), le maraîchage et les fruits (particulièrementla banane), le cocotier et l’élevage, complémentés par la chasse et la cueillette enforêt. La pauvreté est relativement peu répandue dans ce système.

Système d’exploitation agricole mixte intensif des terres de moyenne altitudeCe système d’exploitation agricole se trouve sur les terres et les collines de moyennealtitude et sur les pentes des zones agroécologiques humides et subhumides. Sasuperficie totale est de 314 millions d’ha et sa population agricole de 310 millions depersonnes; c’est le deuxième système le plus peuplé de la région, après celui du rizde basse terre. Sa surface cultivée est de 75 millions d’ha dont un peu moins d’un

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quart est irrigué. C’est le plus courant et le plus hétérogène des systèmesd’exploitation agricole de la région (on y trouve même des vestiges de culturesitinérantes); il est présent, avec des surfaces importantes, dans tous les pays de l’Asiede l’Est et du Sud-Est. Ce système est caractérisé par une gamme importante decultures, la plupart permanentes; les préférences en matière de cultures varientselon la zone géographique, les conditions agroclimatiques, la pente des terrains, laprésence de terrasses et le régime hydrique. Une partie importante de ce système –principalement cultivée en riz – est irriguée à partir des rivières et fleuves locaux. Laproduction animale est une composante importante de la plupart des revenus desexploitations (52 millions de têtes de gros bétail et 49 millions de petits ruminantsdans le système); elle contribue à la traction animale, à l’alimentation (viande), aurevenu monétaire et à l’épargne. Le travail hors exploitation est une sourceimportante de revenu pour de nombreux ménages pauvres. La fréquence de lapauvreté est importante, son intensité est moyenne à forte.

Système d’exploitation agricole mixte extensif des hautes terresCe système d’exploitation agricole se trouve sur les collines et les montagnes enhaute altitude et sur les fortes pentes, aussi bien dans les zones agroécologiqueshumides que subhumides. Il est souvent situé au-dessus du système d’exploitationagricole mixte intensif des terres de moyenne altitude; toutefois, ses ressources et sadensité démographique sont plus faibles. La superficie totale du système est de 89 millions d’ha, sa population agricole n’est que de 87 millions d’habitants. Lasurface cultivée est de 8 millions d’ha, dont environ un cinquième est irrigué. Ilinclut d’importantes zones forestières, certaines d’entre elles, peu peuplées, sontassez semblables au système d’exploitation agricole dispersé (forêt) décrit ci-dessous;il fournit des aires de parcours à quelque 16 millions de gros ruminants. Lesprincipales zones sont situées au Laos, au nord et au centre du Vietnam, au nord dela Thaïlande, au nord et à l’est du Myanmar, au sud-ouest de la Chine, auxPhilippines et dans certaines parties de l’Indonésie. Ce système peut être subdiviséen sous-systèmes: cultures permanentes et cultures itinérantes. Les deux sous-systèmes produisent des cultures (dont des cultures pérennes tels les arbresfruitiers), de l’élevage et des produits forestiers. Ce système nourrit un certainnombre de groupes tribaux (indigènes). La pauvreté y est moyenne à forte.

Système d’exploitation agricole tempéré mixteCe système d’exploitation agricole est situé dans les zones agroécologiques humideet semi humide du centre-nord de la Chine et, d’une façon très limitée, en Mongolie.Sa superficie totale est de 99 millions d’ha, sa population agricole de 162 millions d’habitants. Sa surface cultivée est de 31 millions d’ha, dont environ untiers est irrigué. La limite de transition entre ce système et le système d’exploitationagricole du riz de basse terre du centre-est de la Chine n’est pas facile à définir; lesystème se mélange aussi au système d’exploitation agricole extensif céréale-élevagedu sud de la Sibérie et d’une partie de l’Asie centrale (voir chapitre 4, Europe de

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l’Est et Asie centrale). Les principales cultures sont le blé et le maïs; selon latempérature et la disponibilité en eau, on y trouve aussi de plus petites surfaces deriz, de coton, de soja, de patate douce, de colza, ainsi que des agrumes et quelquesfruits tempérés. L’élevage est important (bovins, porcins et surtout volaille). Lafréquence de la pauvreté est moyenne.

Système d’exploitation agricole pastoralCe système d’exploitation agricole se situe dans les zones agroécologiques semi-arides et aride tempérée (avec moins de 120 jours de période végétative par an) aussibien en plaine que sur les collines. Il est très courant dans l’ouest de la Chine etcouvre la plus grande partie du centre et du nord de la Mongolie. Sa superficietotale est de 321 millions d’ha, sa population agricole est un peu supérieure à 42 millions de personnes, sa surface cultivée dépasse à peine 12 millions d’ha dontquelque 20 pour cent sont irrigués en zones dispersées. Ce système d’exploitationagricole est dominé par le pastoralisme transhumant dont les troupeaux mélangés –chameaux, bovins, chèvres et moutons – paissent dans les grandes étendues depâturages naturels. Les principales cultures irriguées sont le coton, l’orge, le blé, leslégumineuses, les pois, les fèves, la pomme de terre et le raisin; l’élevage des vers àsoie y est parfois pratiqué. Une grande pauvreté, souvent déclenchée par lasécheresse ou les hivers rudes, qui entraînent des pertes importantes de bétail, estcourante aussi bien dans les zones pastorales que dans les zones irriguées.

Système d’exploitation agricole dispersé (forestier)Bien que très étendu, l’importance économique des systèmes d’exploitation agricoledispersés (aussi bien forestier qu’aride) est faible. Le système d’exploitation agricoledispersé (forestier) se situe à des altitudes moyennes à élevées, au nord et à l’ouestdes principales zones du système d’exploitation agricole mixte extensif des hautesterres de l’ouest de la Chine et du nord du Myanmar, ainsi que dans le nord de laMongolie, où il inclut certaines parties du système dispersé (forestier) extensifsibérien, et dans les principales îles de l’Indonésie, à l’exclusion de Java, et de laPapouasie-Nouvelle-Guinée. Le système couvre une superficie totale de 172 millionsd’ha; sa population est de 23 millions de personnes dont 15 millions sont classéescomme agricoles. Sur le continent asiatique, des petits groupements humainsdispersés dépendent de la culture de la pomme de terre et du sarrasin ainsi que del’élevage (troupeaux de bovins et de yacks). Dans les forêts denses de Malaisie,d’Indonésie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des petits groupes dispersés (surtouttribaux) dépendent de la culture du riz pluvial, des racines et des tubercules et del’élevage des petits et gros ruminants, complémentés par la cueillette de plantessauvages et la chasse au gibier. La superficie du système est d’environ 10 millionsd’ha de cultures dispersées; le système abrite 14 millions de bovins et 20 millions dechèvres et moutons. La fréquence de la pauvreté est moyenne.

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Le système d’exploitation agricole dispersé (aride)La superficie totale du système d’exploitation agricole dispersé (aride), situé dansl’ouest de la Chine et dans le sud de la Mongolie, est estimée à 322 millions d’ha. Ilabrite neuf millions de bovins et 59 millions de petits ruminants. A peine plus d’unpour cent de la surface totale du système est cultivé (moins de 4 millions d’ha), dontenviron les deux tiers sous irrigation. On y rencontre deux types d’irrigation:l’irrigation sur de grandes étendues, concentrée à l’ouest et les petits périmètresirrigués dispersés des pasteurs utilisés pour complémenter leurs moyens desubsistance. La population totale est de 24 millions de personnes, dont 17 millionssont classées éleveurs ou agriculteurs. Les étendues arides représentent la plusgrande partie de ce système, elles sont utilisées comme parcours occasionnels pourle bétail. La pauvreté est fréquente et sévère, spécialement après les sécheresses.

Système d’exploitation agricole associé à la pêche côtière artisanaleLocalisé sur les bandes côtières étroites de nombreux pays de la région et denombreuses îles, la superficie de ce système est estimée à 38 millions d’ha; il abritequelque 28 millions de personnes qui supplémentent la pêche artisanale avec desproductions vivrières – riz de Java à la Chine, racines et tubercules dans les pays duPacifique – et cultures de rente telles que le cocotier et l’élevage. La surface cultivéeest estimée à trois millions d’ha. La localisation du système n’est pas cartographiée.La pauvreté y est moyenne.

Système d’exploitation agricole urbainLa production intensive de denrées périssables de valeur, telles que le lait et leslégumes frais, s’est développée dans la plupart des villages et des villes de la région;elle emploie aujourd’hui environ sept millions de personnes. Ce systèmed’exploitation agricole – qui n’est pas non plus cartographié – est généralementcaractérisé par l’utilisation d’intrants externes et par une organisation commercialeayant des liens fonctionnels avec les zones rurales avoisinantes en ce qui concernel’élevage et l’alimentation du bétail. La pauvreté y est généralement faible, en raisondes possibilités d’autres emplois.

GRANDES TENDANCES EN ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE

Cette section décrit les principales tendances de la région en matière de: population,faim et pauvreté; ressources naturelles et climat; science et technologie; libéralisationdu commerce et développement des marchés; politiques, institutions et bienspublics; et, information et capital humain. A la fin de la section, quatre systèmesd’exploitation agricole régionaux sélectionnés parmi ceux décrits ci-dessus sontanalysés plus en détail.

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Population, faim et pauvretéLa région est habitée depuis plusieurs milliers d’années; sa rapide croissancedémographique n’a démarré qu’au siècle dernier, elle a entraîné, dans certaineszones, de fortes densités de population. En réponse à la surpopulation, denombreux gouvernements ont introduit des programmes de contrôle des naissancesqui contribuent à faire baisser les taux de croissance de la population. Cettetendance à la baisse du taux de décroissance continuera, avec des variationsimportantes entre pays. Il est prévu que la population de la région augmente enmoyenne de 0,9 pour cent par an, pour atteindre 2,13 milliards d’habitants en20159, et de 0,5 pour cent par an au delà de cette date pour atteindre 2,31 milliardsd’habitants vers 2030. Le taux d’urbanisation devrait passer du chiffre actuel de 37 pour cent à 53 pour cent en 203010. Cependant, dans de nombreux pays endéveloppement de la région, une part importante de la population totale et lamajorité des ruraux continueront à vivre du secteur agricole. Néanmoins, lapopulation rurale va vieillir progressivement avec la migration des jeunes vers lesvilles à la recherche d’emplois. Ce phénomène a des conséquences négatives aussibien sur les conditions socioéconomiques que sur la qualité et la disponibilité de lamain-d’œuvre en zone rurale.

La forte croissance économique qu’ont connue la plupart des pays de la régionau cours des deux dernières décennies a entraîné des améliorationssocioéconomiques importantes, surtout pour les populations urbaines. En fait, àl’exception de la Chine et de la République de Corée, les économies régionalesdemeurent fortement agraires. La part du PAIB dans le PIB a continuellementdiminué, elle reste encore importante. Cette tendance devrait se poursuivre danstous les pays; toutefois, la majorité de la population dépendra encore du secteuragricole en 2030. Les indicateurs socioéconomiques (revenu des ménages,pauvreté, santé, alphabétisation, mortalité infantile, mortalité, longévité, etc.) despopulations rurales, s’améliorent progressivement, ils restent généralement trèsinférieurs à ceux des populations urbaines. Les revenus ruraux ont progressélentement, mais peut-être pas en termes réels; dans presque tous les pays ladisparité entre les revenus ruraux et urbains est de plus en plus forte.

Le PIB moyen par tête est d’environ 1 000 dollars EU (équivalent à 3500 dollarsEU en pouvoir d’achat) 11, ce qui est bas comparé à d’autres régions endéveloppement. On considère que 278 millions de personnes (15 pour cent de lapopulation totale), les deux tiers en zones rurales, vivent dans une extrêmepauvreté, avec un revenu journalier inférieur à 1 dollar EU. Un quart de cespersonnes vivent en Chine, mais les populations pauvres sont importantes danspresque tous les pays de la région. De plus, le niveau d’éducation et de scolarisationdes populations rurales est faible dans de nombreux pays et l’analphabétisme y est

9Sauf indication contraire, ces données proviennent de la FAO (2000a).

10Pour l’ensemble de l’Asie. Les données concernant l’Asie de l’Est seule ne sont pas disponibles.

11Banque mondiale, 2000f.

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important. Ce phénomène a des conséquences négatives sur le niveau deconnaissances et de qualifications des agriculteurs. La figure 1.3 du chapitre 1 montre la réduction importante de la pauvreté dans la région au cours de lapériode 1978-1987. Bien que certains de ces facteurs puissent s’améliorer, lesdisparités entre ruraux et urbains devraient continuer à augmenter dans denombreux pays d’ici à 2030, à moins que les gouvernements ne prennent desinitiatives politiques actives et n’élaborent des plans spécifiques pour redresser cedéséquilibre.

La consommation moyenne alimentaire est estimée actuellement à environ 2 780 kcal par personne et par jour; soit 6 pour cent plus élevée que la moyenne del’ensemble des pays en développement. Cependant, les céréales (riz et blé)représentent une forte proportion de l’apport calorique total. Le régimealimentaire de la région s’est beaucoup amélioré au cours des deux dernièresdécennies (30 pour cent d’augmentation de la prise totale de calories), entraînantainsi de fortes réductions de la sous-alimentation dans la plupart des pays. Laconsommation alimentaire devrait passer respectivement à 3 020 kcal et 3 170 kcalvers 2015 et 2030. La proportion de la population sous-alimentée a diminué enChine de 30 pour cent en 1979-1981 à 13 pour cent en 1995-1997, et en Indonésiede 26 pour cent à 6 pour cent durant cette même période12. La sous-alimentationne s’est accrue que dans deux pays: la Mongolie (de 27 pour cent en 1979-1981 à 48 pour cent en 1995-1997) et la RDP de Corée (19 pour cent à 48 pour centpendant la même période). Cependant, dans un certain nombre d'autres pays, lepourcentage de personnes sous-alimentées restent plus élevés que la moyenne dumonde en développement de 18 pour cent; c’est le cas du Cambodge (33 pourcent), de la RDP du Laos (33 pour cent), de la Thaïlande (24 pour cent), et de laPapouasie-Nouvelle-Guinée (24 pour cent). Dans l’ensemble, le nombre depersonnes sous-alimentées de la région a diminué de moitié entre 1970 et 1995-1997 (de 504 millions à 240 millions, voir figure 1.2 du chapitre 1).

Ressources naturelles et climatLa superficie cultivée est estimée à 231 millions d’ha dont 134 millions se trouventen Chine. Ce chiffre représente moins de 15 pour cent du total de la superficierégionale. Les augmentations de surfaces cultivées devraient être faibles d’ici à 2030en raison des grandes étendues de désert, de montagnes et autre zones neconvenant pas à l’agriculture, et de la perte en terres arables due à l’urbanisation.La surface nette de terres cultivées de la Chine a diminué au cours des deuxdernières décennies, cette diminution devrait se poursuivre d’ici à 2030,l’urbanisation de terres agricoles allant plus vite que la mise en culture de nouvellesterres. Malheureusement, l’urbanisation s’empare de certaines des terres les plusproductives, tandis que les nouvelles terres cultivées sont souvent plus fragiles,moins fertiles, en pente, plus sujettes à la sécheresse et avec des sols moins profonds.

12FAO 1999a.

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Cependant, un accroissement net de la terre cultivée est prévu d’ici à 2030 danscertains autres pays de la région.

L’agriculture actuelle est essentiellement le fait de petits agriculteurs quiproduisent pour leur subsistance. Depuis de nombreuses décennies, la taillemoyenne des exploitations n’a cessé de diminuer dans la plupart des pays. Lapopulation rurale n’a diminué que dans quelques pays, permettant ainsi uneaugmentation de la taille moyenne des exploitations, comme cela s’est produit dansles pays industrialisés il y a plusieurs dizaines d’années. La plupart des exploitationsde la région resteront petites et familiales d’ici à 2030; toutefois, la proportion desexploitations semi commerciales et commerciales devrait augmenter. Les ressourcesen eau renouvelables de la région représentent 32 pour cent des ressources totalesdu monde en développement. L’efficacité actuelle de l’irrigation, qui n’est que de38 pour cent, devrait augmenter lentement pour atteindre 42 pour cent en 2030,alors qu’elle devrait atteindre à cette même date, 50 pour cent pour l’ensemble dumonde en développement. Les surfaces cultivées irriguées devraient augmenter duniveau actuel de 71 millions d’ha (30 pour cent de la surface cultivée) à 85 millionsd’ha (35 pour cent) en 2030. La Chine, à elle seule, a irrigué 51 millions d’ha en1995-1997; elle devrait irriguer neuf millions d’ha de plus d’ici à 2030.

La couverture forestière13 est estimée à 380 millions d’ha (23 pour cent de lasuperficie), dont 170 millions d’ha (10 pour cent de la superficie) couverts de forêtsdenses. Cette surface a diminué de 0,8 pour cent par an (trois millions d’ha) entre1990 et 1995, en raison de pratiques non durables d’abattage. Elle devrait

Tableau 6.2 Tendances de l’évolution des superficies cultivées, des rendements et des productions des cultures en Asie de l’Est et Pacifique 1970-2000

Superficie Rendements Production Variation annuelle moyenneCulture récoltée 2000 2000 1970-2000 (%)

2000 (m ha) (tonne/ha) (m tonnes) Surface Rendement Production

Riz 74 4,6 344 0,4 1,8 2,2

Blé 27 3,7 100 0,1 4,0 4,1

Maïs 31 4,1 127 1,0 2,7 3,8

Autres céréales 7 2,1 15 -3,5 1,4 -2,2

Oléagineux 47 0,9 41 2,2 3,7 5,8

Racines et tubercules15 16,3 239 0,1 1,2 1,3

Légumes 18 17,2 313 4,4 1,5 6,0

Fruits 13 8,4 105 4,7 1,2 5,9

Source:FAOSTAT.

13Banque mondiale, 1998.

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continuer à diminuer en raison de la faible reforestation des forêts naturelles et del’effort limité de plantations de nouvelles forêts.

En raison de l’étendue des côtes basses du continent et des innombrables îles, larégion de l’Asie de l’Est et du Pacifique est particulièrement vulnérable auxinondations et aux tempêtes maritimes. La fréquence et la sévérité des oragesdevraient s’intensifier en raison du réchauffement général. De plus, la montée duniveau des mers pourrait menacer certaines îles au cours du siècle à venir.

Science et technologieL’ensemble de la production végétale de la région s’est accru de 3 pour cent par anau cours des années 80, principalement grâce à l’adoption de technologiesaméliorées générées par le GCRAI et par les systèmes nationaux de rechercheagricole; ce taux de croissance a diminué depuis. Les rendements des culturesaugmentèrent de 3,6 pour cent par an pendant la période 1967-1997; cettecroissance devrait être divisée par trois pour la période 2000-2030. L’augmentationdes surfaces cultivées devant être très faible, la croissance future de la productionvégétale ne pourra provenir que d’une intensification des cultures et d’uneaugmentation des rendements. Cependant, il existe de grandes variations entre lesprojections de croissance des diverses cultures. La production de riz paddy,principale culture de la région, s’est accrue d’environ 2,2 pour cent par an entre1970 et 2000 (voir tableau 6.2) pour atteindre 345 millions de tonnes (200 millionsde tonnes pour la Chine seule). Ce taux de croissance était plus faible que celui del’Asie du Sud. Cette production ne devrait croître que lentement d’ici à 2030.

Avec une augmentation de la production d’environ 4 pour cent par an au coursdes dernières 30 années (presque entièrement due aux augmentations derendements), la croissance de la production du blé a été la plus rapide de celle detoutes les céréales. Cette production devrait continuer à croître durant la période2000-2015. La région (essentiellement la Chine) produit aujourd’hui 100 millionsde tonnes de blé par an, comparé à seulement 30 millions de tonnes en 1970. Lesproductions de maïs et d’orge devrait aussi augmenter considérablement, celles demil, sorgho, manioc et légumineuses devraient croître beaucoup plus lentement. Laproduction des oléagineux tels que le colza, le soja, le sésame, le tournesol et l’huilede palme, des fruits et des cultures maraîchères (un des groupes de culture qui aeu la plus forte croissance de la région, presque 6 pour cent par an depuis 1970)devrait connaître une forte augmentation d’ici à 2030. La production de cotondevrait augmenter lentement, tandis que celle des autres plantes à fibre devraitstagner. Les productions de thé et de café devraient connaître une forteaugmentation. La production de caoutchouc naturel a augmenté de 2,7 pour centpar an dans le passé. En fait, elle a doublé entre 1961 (5,6 millions de tonnes paran) et 1999; elle devrait à nouveau doubler d’ici à 2030. La croissance de laproduction des cultures maraîchères et fruitières a été très forte au cours des trentedernières années; cette croissance devrait se poursuivre.

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L’utilisation des engrais a rapidement augmenté au cours de la période 1961-1997 (taux annuel de croissance de 8,9 pour cent). En conséquence, les dosesd’engrais sont élevées, 147 kg par ha, comparée 90 kg par ha en moyenne pourl’ensemble du monde en développement. Ces doses élevées d’engrais sontessentiellement dues à l’utilisation massive qui en est faite en Chine; la moyenne dureste de la région n’est que de 95 kg par ha. La Chine consomme à elle seule 73 pour cent des engrais de la région; ses doses par hectare sont deux fois plusélevées que la moyenne des autres pays de la région. Ce taux de croissance devraitse ralentir entre 2000 à 2030, les doses d’engrais devraient alors atteindre 180 kgpar ha. Pour les pays autres que la Chine, le taux de croissance annuel devrait êtrefaible et la consommation moyenne devrait atteindre 106 kg par ha en 2030.

Les consommations totales et par tête d’habitant de viande et de lait ontaugmenté rapidement au cours des vingt dernières années. Entre 1983 et 1993, laconsommation annuelle de viande par tête est passée de 16 à 30 kg en Chine et de11 à 15 kg dans les pays de l’Asie du Sud-Est; au cours de la même période laconsommation de lait par tête augmentait de 3 à 7 kg en Chine et de 10 à 11 kgdans les pays de l’Asie du Sud-Est.

L’essentiel de la forte croissance de la production animale est dû audéveloppement rapide du secteur animal en Chine. Le nombre de porcs et devolaille s’est accru très rapidement au cours des trois dernières décennies pouratteindre respectivement plus de 500 et 6 000 millions de têtes (voir tableau 6.3).Aujourd’hui, plus de 50 pour cent des porcs et 36 pour cent des poulets du mondeentier se trouvent dans la région. Le taux de croissance en Chine devrait se ralentirentre 2000 et 2030. Malgré cela, la demande en aliment du bétail devrait connaîtreune forte croissance en Chine. Ces demandes supplémentaires devraient êtresatisfaites par la conversion d’importantes superficies de riz et de blé en maïs et parl’accélération des importations de maïs. Les augmentations du nombre d’animauxet de la production de viande dans les autres pays de la région devraient proveniressentiellement des porcs et des volailles, le potentiel de croissance de l’offre enviande de ruminants étant faible (voir ci-dessous). L’accroissement de la productiondes volailles et des procs entraînera une concurrence accrue pour les céréales entreles humains et les animaux.

Les ruminants représentent une source importante d’énergie pour la traction,de viande, d’épargne et de revenu dans les systèmes d’exploitation agricole de toutela région. Les populations totales de bovins et de buffles (y compris les animauxspécialisés pour la production laitière) d’une part, et de moutons et de chèvresd’autre part sont estimées respectivement à 190,3 millions, et 338 millions.Principalement en raison du développement de la mécanisation, la croissance dunombre de buffles a été faible durant ces dernières décennies; celle des bovins etdes petits ruminants a été particulièrement forte (taux annuels de croissance derespectivement 1,9 et 2,8 pour cent au cours des trois dernières décennies). Le tauxde croissance de ces deux types d’animaux devrait être moyen au cours de la

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période 2000-2030. En effet, le potentiel limité d’augmentation de l’offre d’alimentpour les ruminants devrait constituer une sérieuse contrainte dans la plupart despays. Les possibilités d’améliorer et d’étendre les prairies naturelles permanentes,les productions de fourrages et les prairies temporaires sont limitées. L’offred’aliments pour les ruminants dépendra principalement des fourrages cultivés etdes prairies permanentes plutôt que des céréales et des concentrés.

Libéralisation du commerce et développement des marchésLa région abrite aujourd’hui les principaux exportateurs mondiaux d’un certainnombre de produits dont l’huile de palme (Malaisie, Indonésie, Chine, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Iles Salomon), le caoutchouc (Thaïlande, Malaisie et Indonésie)et le riz (Thaïlande, Vietnam et Philippines). Certains pays de la région ont unebalance commerciale en produits agricoles largement positive, c’est le cas de laThaïlande, de la Malaisie et du Vietnam; pour d’autres pays, par contre, cettebalance commerciale est très négative (Chine, République de Corée, RPD de Coréeet Philippines). La libéralisation des marchés devrait encourager la diversificationagricole et entraîner la production et la commercialisation de produits de plus fortevaleur dans tous les systèmes d’exploitation agricole. La croissance des marchésurbains et l’augmentation des revenus par tête conduiront à l’accroissement ducommerce intérieur dans la plupart des pays; l’agriculture urbaine et périurbaine

Tableau 6.3 Tendances de l’évolution des populations animales et de leur production en Asie de l’Est et Pacifique 1970-2000

Espèces Millions de têtes, 2000 Variation annuelle moyenne1970-2000 (%)

Bovins 38 1,9

Buffles 152 0,3

Petits ruminants 338 2,8

Porcins 501 3,0

Volaille 6 073 5,6

Produit Production 2000 Variation annuelle moyenne (millions de tonnes) 1970-2000 (%)

Total viande 74 6,9

Total lait 16 6,1

Total laine 0,3 2,8

Total œufs 26 7,7

Source: FAOSTAT.

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devrait se développer et s’intensifier pour satisfaire la demande croissante en fruitset légumes, viande et produits laitiers.

Politiques, institutions et biens publicsDe nombreux pays de la région ont encore à leur tête des régimes issus ducommunisme (Chine, Cambodge, Laos, Corée du Nord et Vietnam) ou dirigés pardes militaires (Myanmar). Dans ces pays, le régime politique a marqué les politiquesgouvernementales, les lois et les réglementations, affectant ainsi l’environnementdans lequel le commerce et l’agriculture doivent opérer. Les restrictions sur lecommerce et les prix, les positions de rente et la persistance d’entreprisesgouvernementales inefficaces ont eu toutes un impact négatif sur la distribution desbiens, les services agricoles et les entreprises privées. Dans d’autres pays, labureaucratie gouvernementale étouffante et inefficace, et la corruption courante onteu aussi des effets pervers sur la croissance, la productivité et la profitabilité dusecteur agricole. En dépit de ces imperfections collectives, des réformes politiquesont été accomplies ces dernières années afin de permettre la libéralisation desmarchés, l’amélioration de l’efficacité des gouvernements et de leur gestion et ladiminution de la corruption dans les services publics. Cependant, la mise en œuvrede ces réformes politiques est un énorme défi.

La plupart des pays ont introduit, le plus souvent dans le cadre de projetsd’assistance financés par des donateurs, des changements afin de renforcer leursystème de recherche et de vulgarisation agricole. Les connaissances techniques, lesqualifications et la capacité de ces services ont été améliorées; les efforts dans ce sens doivent se poursuivre. Les gouvernements attachent aujourd’hui plusd’importance à la protection et à la gestion des ressources naturelles (terre, eau,flore et faune) et à l’environnement; il est cependant nécessaire de mettre à niveaules institutions gouvernementales responsables des politiques concernant lesressources naturelles, la planification et la gestion. Des liens plus étroits devraientêtre établis entre les agences gouvernementales chargées de la production agricoleet celles chargées de la gestion des ressources naturelles.

Information et capital humainLes populations urbaines éduquées sont pratiquement les seules à avoir bénéficiédes dernières technologies de l’information. Traditionnellement, la diffusion del’information agricole auprès des agriculteurs s’est faite par les services publics devulgarisation. Cette diffusion fut réalisée par les habituels mécanismes formels etinformels de formation des agriculteurs, les émissions de radio et de télévision, ladistribution de fascicules, les visites de terrain, etc. Dernièrement, quelques pays ontintroduit dans les agences traitant des problèmes ruraux des systèmes de gestion del’information par informatique et des systèmes d’information géographique. Ils ontaussi commencé à développer des programmes d’information de base sur desthèmes de recherche et de vulgarisation, et certains ont même introduit desprogrammes de prise de décision au niveau de l’exploitation agricole. L’information

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de base délivrée par Internet peut révolutionner la fourniture de services àl’agriculture. Cependant, ces développements n’en sont qu’à leur début et n’ont pasencore atteint l’ensemble du public agricole.

Sélection de systèmes d’exploitation agricole pour analyse

A partir des critères suivants: population agricole, incidence de la pauvreté etpotentiel attendu de croissance agricole et de réduction de la pauvreté au cours desprochaines 30 années, quatre des systèmes d’exploitation agricole présentés dans lasection précédente ont été choisis pour faire l’objet d’une analyse plus détaillée:

● Le système d’exploitation agricole du riz de basse terre;

● le système d’exploitation agricole mixte arboricole;

● le système d’exploitation agricole mixte tempéré ;

● le système d’exploitation agricole mixte intensif des hautes terres.

Ces quatre systèmes d’exploitation agricole abritent la plupart des pauvres de larégion et produisent plus des trois quarts du PAIB.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE DU RIZ DE BASSE TERRE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricole duriz de basse terre est, en termeséconomique et démographique, leplus important système d’exploitationagricole de l’Asie de l’Est. Il couvre197 millions d’ha (12 pour cent de lasurface régionale). Sa populationtotale est de 825 millions depersonnes, et sa population agricolereprésente plus du quart de lapopulation agricole de la région (474millions), voir encadré 6.1. Il couvre des zones agroécologiques humides (270 à 365jours de période végétative) et subhumides (180 à 269 jours de période végétative)dans des paysages généralement plats. Ce système se rencontre surtout enThaïlande, au Vietnam, au Myanmar, dans le sud et le centre-est de la Chine, auxPhilippines et en Indonésie. On en trouve aussi de plus petites zones au Cambodge,en RDP Corée, en République de Corée, en RDP du Laos et en Malaisie.

Encadré 6.1 Données de base: systèmed’exploitation agricole du riz de basseterre

Population totale (m) 825

Population agricole (m) 474

Superficie totale (m/ha) 197

Zone agroécologique Humide subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 71

Superficie irriguée (m/ha) 33

Population bovine (m) 52

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Les revenus moyens des ménages sont bas et la pauvreté fréquente et sévèredans de nombreux endroits. La propriété foncière est de type traditionnelle ou –moins souvent – libre. Les droits traditionnels, qui ne sont pas légalementreconnus, assurent en général un usage à long terme de la terre. Le système estgénéralement bien pourvu en routes, communications, communautés, biens etservices d’appui.

On estime la superficie cultivée à 71 millions d’ha, soit presque un tiers de lasuperficie totale du système. Il existe de grandes variations dans l’intensification dela production agricole. Les systèmes de production les plus intensifs se trouventdans les zones où les densités démographiques sont les plus forts et où les tailles desexploitations sont les plus petites, comme par exemple en Chine. Ainsi, la surfacecultivée par exploitation peut atteindre plusieurs hectares dans le centre de laThaïlande, alors qu’elle n’est que de 0,24 ha dans le delta de la rivière Rouge (voirencadré 6.2). Dans d’autres zones la taille des exploitations est, le plus souvent,comprise entre 0,5 et 1 ha; elle est en moyenne de 0,79 ha de terre cultivée dans ledelta du Mékong et est estimée à 0,67 ha en Chine. La taille moyenne des ménagesvarie entre six personnes dans le Delta du Mékong à quatre personnes dans laprovince du Jiangsu, en Chine.

Comme son nom l’implique, ce système d’exploitation agricole estprincipalement basé sur la culture du riz, dont le nombre de récolte par an peutaller jusqu’à trois selon la distribution des pluies, la longueur de la saison végétativeet la disponibilité en irrigation de complément. La surface irriguée est d’environ33 millions d’ha, soit 45 pour cent de la terre arable du système d’exploitation

Encadré 6.2 Un ménage typique du système d’exploitation agricole du riz de basse terre

Un ménage typique d’une exploitation de la province de Thai Binh dans le delta de la rivièreRouge au Vietnam pratique la culture intensive du riz (ce qui n’est pas le cas dans lesexploitations de plus grande taille des pays de l’Asie du Sud-Est). La famille de quatrepersonnes cultive une surface totale de 0,24 ha avec une intensité de culture de 190 pourcent. Deux cultures de riz repiqué (89 pour cent de la surface cultivée de l’exploitation) sontsuivies par de petites surfaces de patate douce, maïs et soja. Des variétés modernes de rizsont repiquées au cours des deux saisons; elles produisent 2,5 tonnes de paddy par an(équivalent à 6,5 tonnes/ha de paddy pour le riz de printemps et 5,8 tonnes/ha de paddy pourle riz d’hiver). Les rendements des trois autres cultures sont les suivants: 14,6 tonnes/ha pourles patates douces, 4 tonnes/ha pour le maïs et 1,7 tonne/ha pour le soja. La productionannuelle totale du ménage pour ces quatre principales cultures est d’environ 2,8 tonnes (soit0,7 tonne par tête). Le premier labour est mécanisé. Les services de transport réalisésfournissent un revenu additionnel. Le ménage élève quelques cochons. Le revenu par ménage,qui a augmenté rapidement durant les 20 dernières années, atteint seulement maintenant leseuil international de pauvreté.

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agricole. Elle constitue presque la moitié de toute la surface irriguée de la région.La superficie totale annuelle en riz est estimée à 96 millions d’ha. La secondeculture par ordre d’importance est le blé (21 millions d’ha) qui est semé commeculture d’hiver, principalement dans la partie nord de ce système d’exploitationagricole (centre-est de la Chine). Les autres cultures, par ordre décroissantd’importance pour leurs surfaces, sont les cultures maraîchères, les oléagineux, lemaïs, les racines et tubercules, le soja, la canne à sucre, le coton et les fruits. Les groset les petits ruminants, les cochons et la volaille, relativement peu nombreux,représentent toutefois une source importante de revenu.

Le riz est surtout cultivé sur des sols compactés par l’eau, en conditions pluvialeou irriguée. Les sols sont lourds et, par nature, plus fertiles que d’autres solscultivés; toutefois, la culture continue avec des apports en éléments nutritifsinadaptés et déséquilibrés, entraîne la baisse de leur fertilité. Le rendement moyendu paddy dans la région est de 3,1 tonnes/ha, il est en fait très faussé par lesrendements très élevés obtenus en Chine (jusqu’à 8,1 tonnes/ha dans la provincedu Jiangsu). Les variétés à haut rendement sont utilisées dans tous les pays;toutefois les variétés traditionnelles à faibles rendements, préférées pour leursqualités organoleptiques, sont encore cultivées sur des surfaces importantes.L’utilisation d’engrais, aussi bien minéraux qu’organiques, est moyenne à forte. Lesdoses élevées d’engrais minéraux et organiques associées à l’utilisation de variétés àhaut rendement expliquent les hauts rendements obtenus en Chine. Le riz estprincipalement repiqué; toutefois, dans certains pays où la main-d’œuvre est unfacteur limitant, on sème à la volée des semences prégermées ou même desplantules (Thaïlande et certaines zones de Chine). La triple culture implique lerepiquage du riz et la disponibilité en eau toute l’année.

Les animaux fournissent la traction, la viande, le revenu et l’épargne. Cesystème abrite environ 39 pour cent (52 millions de têtes) des gros ruminants(bovins et buffles) de la région. La traction est assurée par les buffles dans les terresbasses et humides, alors que les bovins sont plus fréquemment utilisés dans lesparties légèrement plus hautes. Les moutons sont peu nombreux, la populationcaprine est estimée à 36 millions de têtes (12 pour cent du total régional). Lepâturage extensif est de règle pour les ruminants, les services de santé animale sontgénéralement peu développés. Les cochons et les volailles représentent uneimportante source de viande et de revenu pour les ménages. Dans les zones dusystème où l’agriculture est la plus extensive, les animaux divaguent pendant lejour et reçoivent un complément d’alimentation. L’importance des buffles devraitprogressivement diminuer avec la mécanisation. On trouve en Chine des systèmesde production de cochons et de volailles plus intensifs. Les animaux sont alorsgénéralement gardés à l’étable; les niveaux de productivité sont plus élevés enraison d’une meilleure alimentation et de meilleurs soins de santé.

La production de poisson sur l’exploitation est une importante source denourriture et de revenu de ce système d’exploitation agricole. Les poissons sont

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élevés en association avec le riz aquatique et dans des mares. La culture du riz a étéintroduite dans les zones côtières de la Chine où elle est combinée avec desproductions marines telles que les crabes, les crevettes et les perles. Ce type dediversification agricole présente de nombreux avantages: meilleur contrôle desravageurs, recyclage des éléments nutritifs et un revenu monétaire plus important,qui peut être utilisé pour l’achat des intrants pour les cultures.

La majorité des ménages agricoles de ce système assure sa propre sécuritéalimentaire et vend les surplus de riz, de cultures de rente et d’animaux y comprisde poissons. Cependant, la plupart des pays sont à peine capables de satisfaire lademande nationale; seule la Thaïlande et le Vietnam exportent des quantitésimportantes de riz. Jusqu’à présent, la commercialisation des animaux et despoissons s’est limitée au plan national; cependant de petites quantités d’autresproductions sont commercialisées au niveau mondial.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME DU RIZ DE BASSE TERRE

Le taux de croissance de la production du système d’exploitation agricole du riz debasse terre devrait diminuer au cours des prochaines années en raison despossibilités limitées d’extension des surfaces cultivées et de la baisse du taux decroissance des rendements. Bien que l’on doive probablement assister à uneintensification importante de la production, la réduction de la pauvreté devraitd’abord provenir de la diversification des cultures et des activités non végétales tellesque la production animale intensive, l’aquaculture (mares, association riz poisson,crevettes, crabes, etc.). La production rizicole pourrait même baisser dans certaineszones, remplacée par d’autres productions plus lucratives qui deviennentpopulaires. La part du revenu hors exploitation devrait augmenter pour unefraction de plus en plus importante de la population rurale. Ces revenus pourraientprovenir de l’agro-industrie, de la fourniture de services ou de migrationssaisonnières dans les zones urbaines (travail de construction par exemple). Leschangements technologiques permettront non seulement un accroissement de laproduction et des revenus mais aussi une utilisation plus durable des ressourcesnaturelles de base. L’efficacité de l’irrigation devrait s’améliorer; les surfacesirriguées devraient, dans une certaine mesure, augmenter.

Les problèmes spécifiques du système d’exploitation agricole du riz de basseterre qui devront être résolus pour réduire la pauvreté sont les suivants:fragmentation des terres; utilisation déséquilibré d’engrais; utilisation inefficacedes ressources en eau; mauvaise qualité des semences; mauvaise gestion aprèsrécolte; faiblesse des diversifications; et manque d’unités locales de transformationdes produits agricoles.

La fragmentation des terres agricoles est due à la croissance de la populationagricole et à l’absence de droit d’aînesse pour maintenir l’intégrité du patrimoine.Dans de nombreux cas, la taille des exploitations n’est aujourd’hui plus viable.

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Même en adoptant des technologies améliorées, les moyens de subsistance de cesexploitations resteront limités. Si cette tendance se poursuit, une fraction de plusen plus importante des agriculteurs ne pourra plus compter sur l’agriculture pourassurer sa sécurité alimentaire et ses revenus. En conséquence, on pourrait assisterà un accroissement important des activités hors exploitation, et même à la sortiemassive de l’agriculture entraînant une migration permanente vers les zonesurbaines.

L’adoption de méthodes intensives de production végétale, basées surl’utilisation de fortes doses d’engrais chimiques et de pesticides a, dans denombreux cas, entraîné une réduction de la qualité des sols et des ressources eneau. La culture continue du riz, associée à l’utilisation de fumures minéralesdéséquilibrées et de fumures organiques trop faibles est, dans certains cas,responsable de la détérioration des propriétés physiques et chimiques des sols et dela baisse des rendements. Les mauvaises pratiques après récolte et les conditionsinadéquates de stockage au niveau des exploitations entraînent, dans denombreuses zones, des baisses importantes de la qualité du riz commercialisé et desrevenus. Les perspectives d’extension des systèmes d’irrigation sont limitées. Seulsquelques pays n’exploitent pas complètement leurs ressources en eau. Danscertaines zones, le manque d’eau d’irrigation se fait cruellement sentir pendant lasaison sèche. De plus, l’eau est souvent utilisée de façon peu efficace.

Dans la plupart des pays, les semences sont souvent de mauvaise qualité;fréquemment, les variétés utilisées ne sont pas celles qui sont recommandées, lesagriculteurs ayant l’habitude de ressemer leur propre récolte pendant denombreuses générations. Les nouvelles variétés ou hybrides créées par les servicesde recherche et par les compagnies privées, dont le potentiel de rendement est plusélevé que celui des anciennes variétés, sont la plupart du temps introuvables et, deplus, ne conviennent pas à leurs pratiques culturales. La production de semencesde variétés améliorées de riz est, dans de nombreux pays, conduite par les servicesgouvernementaux, les quantités produites sont généralement très inférieures auxbesoins des agriculteurs. Cette situation a des conséquences fâcheuses sur lerendement des cultures et sur l’ensemble de la production végétale.

Historiquement, la production agricole a été axée sur le développement de lamonoculture du riz aquatique. Les récentes tendances à la diversification desproductions de ce système d’exploitation agricole par l’introduction de nouvellescultures (y compris les cultures maraîchères) et par la production de petitsruminants et de poissons ont entraîné une amélioration des régimes alimentaires etdes revenus. Cependant, les possibilités de diversification agricole dépendant desconditions locales (présence de marchés, infrastructures et autres facteurs) doiventêtre identifiées pour chaque zone. Dans de nombreux endroits, la productivitéanimale est faible en raison de son caractère extensif. Les possibilitésd’intensification de la production des petits ruminants doivent être étudiées entenant compte des ressources existantes et des conditions de commercialisation.

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Le revenu hors exploitation constitue déjà, dans de nombreuses zones, une partimportante du revenu total des ménages. Il est nécessaire d’étudier de nouvellespossibilités afin d’augmenter la valeur des productions. Dans certains pays, lesagences gouvernementales continuent à détenir le monopole de la distribution desintrants, ils contrôlent aussi les prix et la commercialisation des produits agricoles.Il est dans ce cas nécessaire de mettre en place des politiques et des actions ayantpour but de privatiser la fourniture des intrants et libéraliser la commercialisationdes produits.

PRIORITÉS DU SYSTÈME DU RIZ DE BASSE TERRE

Les principales priorités stratégiques nécessaires à l’amélioration de ce systèmed’exploitation agricole concernent: i) la diversification des exploitations; ii) lerenforcement des liens avec l’économie hors exploitation afin d’augmenter lesrevenus; iii) l’amélioration de la gestion des ressources pour maintenir et mêmeaugmenter les hauts niveaux actuels de productivité; iv) la consolidation des terrespour accroître la taille des champs; et v) l’amélioration de la gestion de certainsaspects de la production (éléments nutritifs du sol, mauvaises herbes et maladies).

Les démonstrations, et les programmes d’enseignement interactif et deformation peuvent favoriser la diversification de la production agricole (cultures enchamp, productions fruitières annuelles, maraîchage, petits ruminants et poissons)afin d’accroître les revenus, de minimiser et d’étaler les risques, de protéger lesressources naturelles et l’environnement, et d’améliorer le régime alimentaire desfamilles agricoles (voir encadré 6.3). Les programmes devraient encourager ledéveloppement de nouvelles cultures de plus hautes valeurs ayant de bonnesperspectives de commercialisation. L’intensification des petits élevages au niveaudes villages (poulets, canards, cochons, etc.) devrait être encouragée par la mise enplace de services de santé animale efficaces et par la diffusion de techniquesaméliorées pour l’alimentation et la conduite des élevages, et de races améliorées.La fabrication locale d’aliments pour les animaux à partir de sous-produits derécolte et de cultures spécifiques devrait aussi être encouragée. L’aquaculture dansles mares, les systèmes riz-poisson, riz-crevettes et crabes, devraient être encouragéslorsque les conditions locales le permettent. La diversification devrait entraîner uneaugmentation progressive de la productivité des cultures existantes et de l’élevage.

L’introduction de pratiques améliorées de contrôle après récolte, detransformation et de stockage, qui permettrait de réduire les pertes quantitativeset qualitatives des produits récoltés, doit être considérée comme prioritaire. Cesmesures devraient s’accompagner du transfert au secteur privé de la responsabilitéde la production, de la distribution et de la vente des semences et plants améliorés,dans le but de remplacer les services de production de semences gouvernementauxinefficaces et mal adaptés. Ces réformes doivent aller de paire avec l’améliorationdes systèmes de commercialisation, par l’assistance aux agriculteurs, la diffusion

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d’informations sur les marchés et la mise à disposition de structures decommercialisation afin d’éviter les pertes de produits et d’accroître la part desagriculteurs dans le prix au consommateur.

Il est très important de mettre en place des mécanismes financiers appelés àdevenir progressivement des services financiers capables de faciliter l’utilisation desressources locales. Dans les zones marginales, l’accès au crédit pourrait, dans unpremier temps, être facilité par le développement de groupes locauxd’autoassistance (GLA) capables de mobiliser l’épargne et de fournir des prêts àcourt terme. Le rattachement de ces GLA aux institutions financières officielles etl’utilisation des techniques de microcrédit, pourraient élargir le champ d’action etla durabilité des services financiers.

La gestion améliorée des ressources naturelles peut être réalisée grâce à la miseen œuvre de programmes de gestion intégrée des éléments nutritifs du sol quiimplique la promotion de l’utilisation des fumures organiques, la rotation descultures avec des légumineuses, la fertilisation équilibrée pour améliorer ladurabilité de la fertilité du sol et qui entraîne l’amélioration des rendements descultures. Ces actions devraient être accompagnées de programmes de formation etde démonstrations axés sur l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau,l’arrêt de la pollution des ressources en eau, des opérations communautaires degestion, le recouvrement des coûts des systèmes d’irrigation et la mise en place desystèmes de drainage efficaces.

L’amélioration de la gestion des ressources sera facilitée par le regroupement etla consolidation des terres conduisant à une augmentation progressive de la tailledes parcelles et, au cours du temps, de la taille des exploitations. Les initiatives

Encadré 6.3 Développement intensif du système d’exploitation agricole à base de riz14

Le système d’exploitation agricole du riz de basse terre en Asie de l’Est est à la base de lasécurité alimentaire de plusieurs pays de la région. Il existe des différences de productivitétrès importantes entre les exploitations, les provinces et les pays. Certains systèmes trèsperformants, tels ceux de la province de Zhajiang en Chine ont atteint, d’une façon durable,des rendement très élevés. Cependant, de tels rendements exigent une très bonne gestionde la production, une attention particulière aux ressources en sol ainsi qu’une améliorationcontinuelle des technologies grâce à de solides services d’appui à la production. Bien que leriz soit encore aujourd’hui la principale culture des zones de basses terres, la diversificationvers d’autres cultures de meilleur rapport, tels que les oléagineux et les culturesmaraîchères, et vers d’autres activités rentables, telles que la production de poisson, est encours. La productivité agricole totale devrait continuer à croître au cours de la prochainedécennie.

14Wang 2001.

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politiques devraient, dans ce domaine, être les suivantes: i) délivrance de titres depropriété; ii) développement des marchés de la terre; iii) location des terres; iv)établissement de banques foncières; et v) utilisation de la terre comme garantiepour financer l’achat de terre supplémentaire et l’investissement dans les activitésde production agricole. Les gouvernements doivent, en outre, mettre en route desinitiatives pour faciliter l’accès des ouvriers agricoles à des emplois différents dansles zones rurales grâce au développement d’industries locales, permettant ainsi lasortie d’ouvriers agricoles et d’agriculteurs de l’agriculture. Ces initiativescontribueraient à la consolidation des terres; elles fourniraient aussi des revenushors exploitation aux ménages qui resteraient agricoles.

On devrait encourager une approche plus globale intégrant la rechercheparticipative et la vulgarisation et mettant moins l’accent sur la recherche parculture. Ainsi, l’accent serait d’avantage mis sur le bénéfice tiré des synergies entreactivités productives et considérerait le système d’exploitation agricole dans sonensemble, y compris l’utilisation durable des ressources naturelles et la protectionde l’environnement. Un effort particulier devrait être fait pour doter la rechercheen équipement et en ressources humaines spécifiques afin de mieux tirer profit desnouvelles techniques de biotechnologie et du génie génétique. Simultanément, il estnécessaire de développer les connaissances des agriculteurs et du personnel devulgarisation en matière de systèmes d’exploitation agricole participatifs etd’identifier des possibilités de développement associées à un enseignement desagriculteurs au champ afin de promouvoir les nouvelles technologies. Ces mesuresdevraient être associées au renforcement des liens entre la recherche et lavulgarisation afin de permettre une meilleure disponibilité et diffusion del’information au bénéfice du développement technologique.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE ARBORICOLE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Ce système couvre 85 millions d’ha,principalement en Thaïlande, enMalaisie et en Indonésie; de pluspetites zones se rencontrent aussi auCambodge, aux Philippines, auVietnam, dans le sud de la Chine eten Papouasie-Nouvelle-Guinée. Sapopulation totale est de 48 millionsd’habitants, dont 30 millions sontconsidérés comme agricoles (voir

Encadré 6.4 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte arboricole

Population totale (m) 48

Population agricole (m) 30

Superficie totale (m/ha) 85

Zone agroécologique Humide – subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 18

Superficie irriguée (m/ha) 2

Population bovine (m) 19

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encadré 6.4). L’environnement tropical de cette zone est surtout humide (270 à 365jours de période végétative), avec quelques extensions en zone humide subhumide(180 à 269 jours de période végétative). Les cultures arboricoles, mises en place sousforme de plantations ou de grands domaines, servent à l’approvisionnement enproduits industriels, en boissons et en condiments. Elles sont pratiquéesprincipalement sur des sites plats ou ondulés aux sols acides de faible fertilité audépart.

La surface cultivée totale est estimée à 18 millions d’ha dont quelque 2 millionsd’ha seulement sont irrigués. Au XIXe siècle, de grandes superficies de culturesarboricoles furent implantées dans le cadre de grands domaines privés en Malaisieet en Indonésie, d’abord pour la production du caoutchouc et plus tard de l’huilede palme. Il existe aujourd’hui, d’importantes surfaces aux mains de petitsplanteurs. Les plantations de cultures arboricoles des petits exploitants ont, engénéral, une surface maximum de 2 à 3 ha selon le type de culture. Les plantationsde cocotiers sont très répandues dans toute l’Asie du Sud-Est et le Pacifique; ellessont aujourd’hui principalement gérées par des petits agriculteurs.

Les plantations de thé et de café sont confinées aux zones agroécologiquesd’altitude. Les cocotiers sont, en général, cultivés en culture intercalaire dans lesbasses terres tropicales humides. Les condiments, clou de girofle, poivre, etc., sontgénéralement produits par des petits agriculteurs. Les cultures arboricoles sontdominantes dans ce système de production; toutefois, un certain nombre de petitesexploitations sans cultures arboricole, dispersées à travers tout le système,produisent des cultures vivrières (riz et maïs), de rente (soja) et pratiquent l’élevage(voir encadré 6.5). Le gros bétail est peu présent dans ce système; toutefois, dans de

Encadré 6.5 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte arboricole

Un petit agriculteur typique est producteur de caoutchouc sur 0,75 ha de terre concédé parle grand domaine central planté en hévéa. La gestion des hévéas est étroitement superviséepar le personnel du domaine. Le caoutchouc est la source principale de revenu du ménage.De plus, le ménage produit des cultures vivrières, dont le riz pluvial et le maïs sur 0,9 hasupplémentaire. Aucun engrais n’est utilisé sur les cultures vivrières, aussi, les rendementssont-ils faibles et la famille doit-elle acheter un complément de riz. Cette famille estconstituée de sept personnes; elle possède aussi un perkarangan, jardin familial étagé, avecune variété de fruitiers, d’herbes, d’épices et de cultures maraîchères qui complémente lerégime alimentaire, en améliore sa qualité nutritionnelle et procure un petit revenu grâce àla vente de fruits. Le ménage élève deux bovins et leur descendance, six chèvres et unedouzaine de poulets en liberté; la vente des animaux génère aussi quelques revenus. Lesdommages climatiques sur les productions sont rares; toutefois, le système est directementsoumis aux variations des cours mondiaux.

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nombreux endroits, les plantations abritent un nombre considérable de petitsruminants. Les revenus des petits agriculteurs sont moyens et la pauvreté, peufréquente, se rencontre surtout parmi les petits agriculteurs et les ouvriers agricolessans terre.

Dans un certain nombre de pays, les gouvernements ont établi des stations derecherche ou des instituts spécialisés par produit pour améliorer les culturesarboricoles; les services gouvernementaux de recherche et de vulgarisation assistentles petits agriculteurs.

Les rendements des cultures ont augmenté avec l’introduction de variétésaméliorées développées grâce à la recherche publique ou, dans certains cas, par degrandes compagnies multinationales impliquées dans l’industrie des plantations.De nouvelles variétés naines de palmier à huile et de cocotiers ont été développéesces dernières années, elles ont permis d’augmenter de façon significative lesrendements de ces cultures. Dans les plantations bien gérées, l’engrais est appliquérégulièrement et le contrôle des mauvaises herbes est réalisé de façon efficace.Toutes ces cultures nécessitent une main-d’œuvre importante pour la récolte et latransformation, aussi la rentabilité dépend-elle directement du coût local du travail.Dans certains pays, tel que la Malaisie, les hausses des salaires affectent aujourd’huisérieusement la profitabilité des plantations d’hévéa, entraînant un changementvers la culture des palmiers à huile.

Les compagnies privées et les gouvernements ont installé de grandes usines avecde gros investissements pour la transformation du caoutchouc, de l’huile de palme,du thé et du café. Les petits agriculteurs fournissent à ces usines la matièrepremière ou les produits partiellement transformés. Il y a peu de coopératives depetits agriculteurs, aussi ceux-ci n’ont-ils souvent par d’autre possibilité qued’accepter les prix offerts par les intermédiaires ou les usines pour leur produitsbruts. Des cultures intercalaires sont mises en place pour accroître et diversifier lesrevenus, aussi bien durant les premières années d’installation des nouvellesplantations que dans les plantations adultes. Dans certains systèmes de culturesarboricoles (caoutchouc et plantation de cocotiers) la production des culturesindustrielles a été associée à l’élevage. On a assisté, ces derniers temps, audéveloppement de nouveaux produits afin de diversifier et d’augmenter lesrevenus de certaines plantations, comme par exemple les produits du bois d’hévéaet de cocotiers disponibles au moment de la coupe des vieux arbres et de lareplantation.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE ARBORICOLE

Les principaux facteurs pouvant influer sur l’avenir du secteur des culturesarboricoles sont: i) le volume de la demande internationale et les prix des produitsdes cultures industrielles; ii) la mécanisation des opération de récolte et detransformation, gourmandes en main-d’œuvre et coûteuses pour certaines cultures

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comme le caoutchouc, le palmier à huile et le thé; iii) le développement et l’adoptionde technologies améliorées de production; iv) la plantation de variétés à rendementbeaucoup plus élevé; et v) les changements qui pourraient se produire dans lerapport entre le nombre de compagnies privées et de petits producteurs. Malgré leralentissement de la croissance de la population mondiale, la demande en produitsdes cultures industrielles (oléagineux, caoutchouc, boissons, fibres naturelles,condiments, etc.) devrait continuer à être forte. Cependant, le prix de ces produits,qui entrent en compétition avec des produits synthétiques, sera, à l’avenir, fortementdéterminé par les prix du pétrole.

Les croissances annuelles de production d’ici 2030 devraient être de 3,4 pourcent pour l’huile de palme, 2,8 pour cent pour le caoutchouc, 3,4 pour cent pourla noix de coco, 1,8 pour cent pour le café, et 3,8 pour cent pour le thé. Cesaugmentations de production devraient venir à la fois de l’expansion des surfaceset de l’accroissement des rendements. L’accroissement de la taille des domainesprivés dépendra de leur profitabilité d’ensemble; à moyen terme, le secteur despetits agriculteurs devrait rester important. Certaines plantations industriellescontinueront à être en grande partie gérées par des petits exploitants.

Les discussions qui suivent sur les problèmes du système d’exploitation agricolemixte arboricole concernent uniquement les petits agriculteurs. Les principauxproblèmes à résoudre pour augmenter la productivité et le revenu des petitsplanteurs sont les suivants: faiblesse des rendements, absence de productions deremplacement; qualifications des agriculteurs inadéquates; technologies et gestiondes cultures inadéquates; première transformation des produits bruts; etmécanismes de commercialisation.

Les services de recherche et de vulgarisation gouvernementaux et privés ontété responsables du développement de variétés à haut rendement possédant unerésistance accrue aux maladies et aux ravageurs. Ces efforts ont surtout concernél’hévéa et le palmier à huile; l'attention portée à l’amélioration de la productiondes autres cultures arboricoles a généralement été insuffisante. Les politiquesgouvernementales ont pour but d’aider la production des petits planteurs;toutefois, cette assistance doit être faite à partir d’une analyse en profondeur de la demande future des produits afin d’éviter la surproduction et la baisse des prix.

Les prix des produits des cultures industrielles sont sujets aux grandesvariations des cours mondiaux. De nombreux pays ont mis en place, sans grandsrésultats, des comités par produit afin de stabiliser les prix. Au niveau local, lespetits agriculteurs doivent, en général, accepter des prix inférieurs à ceux dumarché, en raison de leur besoin immédiat en argent. L’amélioration de latransformation au niveau de l’exploitation et la commercialisation groupée desproductions par des associations de petits exploitants, pourraient permettred’augmenter les revenus des petits agriculteurs. Les gouvernements ont essayé decréer des coopératives pour les petits planteurs. Les agriculteurs n’ayantgénéralement tiré aucun avantage de ces coopératives, celles-ci ne se sont pas

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développées ou même ont fait faillite. Néanmoins, l’achat collectif d’intrants, lacollecte, la distribution et la commercialisation groupés des produits, peuvent semontrer financièrement très intéressants. Il sera nécessaire de définir de nouvellesmodalités pour le fonctionnement des coopératives, des associations d’agriculteursou des petites sociétés commerciales. Le niveau de formation des agriculteursimpliqués dans la production des cultures industrielles est généralement bas. Dansde nombreux cas, l’identification participative des problèmes, des contraintes et desopportunités pour le développement des produits est inadéquate, de plus, l’aidequ’elle reçoit de la part des services gouvernementaux de vulgarisation et desservices de recherche spécialisés est insuffisante. La collaboration entre la recherchepublique et la vulgarisation pour la diffusion de l’information et le développementtechnologique est généralement insuffisante. Le transfert de technologie descompagnies privées (multinationales) vers les petits agriculteurs se fait très mal,même si celles-ci possèdent souvent leurs propres services de recherche et devulgarisation orientés vers la plantation des cultures arboricoles.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE ARBORICOLE

Les options stratégiques pour le secteur des petits agriculteurs sont les suivantes:accroissement de productivité, diversification des activités et organisation degroupes pour l’achat d’intrants et la commercialisation. Des mesures permettantd’accroître la production des plantation (caoutchouc, huile de palme, noix de coco,etc.), comme l’introduction de variétés clones modernes, permettraient aux petitsagriculteurs de réaliser de grands progrès. Comme nous l’avons déjà mentionné, ilexiste de nouveaux clones, très productifs pour un certain nombre de cultures tellesque le palmier à huile et le cocotier; de plus, les instituts spécialisés créentcontinuellement de nouveaux clones. On devrait assister au remplacementprogressif et accéléré des vieux clones par des nouveaux clones à haut rendement.

Il est possible lors de la régénération des vieilles plantations de mettre en placedes cultures intercalaires capables de procurer un revenu immédiat durant lespremières années d’installation. On devra accorder une importance touteparticulière à la transformation locale capable d’apporter de la valeur ajoutée aussibien pour les productions que pour les produits ligneux. Il est aussi possibled’étendre les cultures intercalaires aux plantations arrivées à maturité afin destabiliser les revenus et de réduire les risques liés à la fluctuation des prix; cespratiques permettraient aux ménages de cultiver des petites surfaces de culturesvivrières et d’élever des petits ruminants, telles les chèvres, en utilisant les surplusalimentaires et les fourrages produits autour des plantations. Les programmes derecherche devraient faire une part plus importante aux cultures mineures. Lescapacités de recherche devraient être accrues pour tirer profit des progrès enbiotechnologie et en génie génétique afin d’améliorer les rendements et larésistance aux maladies et aux ravageurs.

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La mise en route de coopératives de commercialisation, d’associations ou desociétés devrait se faire graduellement afin d’éviter de surcharger des institutionsfragiles avec des fonctions multiples. Aussi est-il préférable de commencer par uneactivité importante, comme par exemple la commercialisation des intrants ou desproduits. Lorsque les canaux de commercialisation et un solide réseau de clientsauront été établis, il sera temps de diversifier les activités à d’autres domaines etd’adjoindre, par exemple, la fourniture d’intrants et le crédit. Il est nécessaired’élargir la panoplie des services financiers fournis aux agriculteurs par lesinstitutions financières formelles et informelles. Les coopératives decommercialisation, les associations d’agriculteurs ou les petites sociétés pourraientgraduellement étendre leurs activités à la médiation financière et jouer un rôleimportant dans la mobilisation de l’épargne, source de fonds pour l’offre de crédit.

Dans de nombreux pays, les efforts du gouvernement en matière d’aide à lavulgarisation et à la recherche destinés aux producteurs des cultures industriellesont été insuffisants. La possibilité de créer des services privés d’appui à lavulgarisation doit être étudiée; leurs financements pourraient être assurés par lescoopératives de commercialisation des petits exploitants. Le renforcement desconnaissances techniques des petits agriculteurs ne devrait pas se limiter à laproduction végétale, il devrait englober également les méthodes et pratiques decontrôle après récolte et de transformation des produits afin de maximiser laqualité et les prix de leurs productions. Une approche enseignement desagriculteurs au champ, associée à des programmes de formation technique destinésaux agriculteurs, devrait permettre la promotion de nouvelles technologies.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE INTENSIF DES TERRES DE MOYENNE ALTITUDE

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Ce système, qui est le plus répandu et leplus varié des systèmes d’exploitationagricole de la région, couvre310 millions d’ha. On le rencontre, surde grandes étendues, dans tous les paysde l’est et du sud-est asiatique (voirencadré 6.5). Sa population totale estde 530 millions de personnes et sapopulation agricole de 314 millions. Satopographie est partout la même; parcontre, les variations écologiques d’une zone à l’autre peuvent être très importantes.Ce système se rencontre dans les environnements tropicaux, subtropicaux et

Encadré 6.6 Caractéristiquesprincipales du système de productionagricole mixte intensif des hautes terres

Population totale (m) 530

Population agricole (m) 314

Superficie totale (m/ha) 310

Zone agroécologique Variée

Superficie cultivée (m/ha) 75

Superficie irriguée (m/ha) 18

Population bovine (m) 52

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tempérés, humides et subhumides des terres et des collines de moyenne altitude surdes pentes modérées à fortes. La productivité de ses sols, généralement peuprofonds et sujet à l’érosion, est le plus souvent faible. La superficie cultivée de cesystème est estimée à 75 millions d’ha. Les cultures y sont très variées en fonctiondes zones géographiques, de la pente du site, de la présence de terrasses et durégime hydrique. L’encadré 6.7 présente une description d’un ménage représentatifde ce système.

Des zones forestières, en cours de régression en raison de pratiquesd’exploitation non durables, sont dispersées dans le système. Les ressourcesnaturelles, la biodiversité et l’ensemble de l’environnement se détériorent dans denombreux endroits. Cette détérioration est due aux fortes densitésdémographiques, entraînant la culture extensive de pentes fragiles sans l’adoptionde pratiques appropriées de gestion des sols et des eaux. En conséquence, lesménages sont à la merci des catastrophes naturelles et des pertes de récolte.L’infrastructure locale est généralement insuffisante. Du fait de son isolement, lamajorité des populations n’a pas accès aux marchés et aux autres services. Lapauvreté est moyenne à forte; toutefois, il existe de réelles possibilités d’accroître lesproductions et les revenus et de réduire ainsi la pauvreté dans l’avenir.

La majorité de la production agricole est conduite en condition pluviale;toutefois, environ un quart de la surface cultivée (18 millions ha), en grande partieen terrasse, est irrigué à partir des rivières et fleuves locaux. Dans certains endroits,comme aux Philippines et en Indonésie, d’importantes terrasses ont été construitespour la culture du riz, mais dans la plupart des cas il s’agit de simples terrasses(c’est-à-dire de diguettes pour la culture du riz) sans aucune structure pour laconservation du sol et des eaux. Les cultures comprennent le riz irrigué et le rizpluvial, le blé, le maïs, la canne à sucre, le coton, les légumineuses, les oléagineux,les fruits et les cultures maraîchères. Le riz est la culture vivrière des zones

Encadré 6.7 Un ménage représentatif du système d’exploitation agricole mixteintensif des terres de moyenne altitude.

Un ménage agricole typique de la province du Yunnan en Chine est composé de cinqmembres. Il cultive une surface de 0,94 ha (21 pour cent sous irrigation), l’intensité deculture est de 84 pour cent. Les principales cultures sont: le maïs (21 pour cent de lasurface cultivée, rendement de 4 tonnes/ha), le riz (16,5 pour cent de la surface, rendement6,1 tonnes/ha) et le blé (13,2 pour cent de la surface, 2,2 tonnes/ha). La production agricoleannuelle du ménage pour ces trois cultures est de 1,7 tonne/an, équivalent à 337 kg partête. Peu d’intrants externes sont utilisés. Le ménage possède un cochon, quelques volailleset une chèvre à l’engraissement. Sa sécurité alimentaire n’est pas assurée et son revenuannuel par tête ne dépasse pas 166 dollars EU, c’est-à-dire, bien au-dessous du seuil depauvreté internationale.

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tropicales et subtropicales, il est remplacé par le blé dans les zones plus au nord. Laculture des fruits, tropicaux ou tempérés, et du maraîchage varie selon les zonesclimatiques. A côté des petits jardins utilisés pour la production de fruits et légumespour la consommation des ménages et la vente locale, il existe des zones de grandeproduction commerciale de fruits et de maraîchage.

La production animale constitue une importante composante du système. Lesanimaux sont utilisés pour la traction, la production de viande, le revenu monétaireet l’épargne. Le système abrite quelque 52 millions de bovins et de buffles (soit 28 pour cent du total régional) et 49 millions de chèvres et de moutons (soit 14 pourcent du total régional). Les cochons et le volaille représentent aussi une partimportante de la production de viande et du revenu monétaire. Les taux decroissance de la production animale sont généralement faibles; dans de nombreuxpays l’élevage est extensif et les techniques de production et de santé animale sontmauvaises. Il existe en Chine des systèmes de production plus intensifs,particulièrement pour les cochons et la volaille. L’aquaculture, généralementassociée à la production rizicole, est pratiquée lorsque les ressources en eau lepermettent. Les activités forestières au niveau de l’exploitation sont très réduites.

Les variations d’intensité de culture et de production agricole à l’intérieur dusystème sont considérables, les plus fortes intensités de production se rencontredans le sud de la Chine. Dans les zones où la production végétale est la plusextensive, les systèmes de production de beaucoup d’exploitation assurent toutjuste la subsistance des familles (autoconsommation et ventes limitées pourrépondre aux besoins essentiels). Aussi les revenus moyens sont-ils bas et lapauvreté et l’insécurité alimentaire souvent sévères. Le crédit rural est rarementdisponible. Les ménages sont à la merci des catastrophes naturelles, des pertes derécolte et des problèmes de santé. L’infrastructure rurale est souvent insuffisante,particulièrement dans les zones éloignées où l’accès aux biens et aux services est trèsinsuffisant.

La culture itinérante est pratiquée dans des zones de collines et de montagnes,spécialement en Asie du Sud-Est, où le système axé vers la subsistance des famillesest caractérisé par une très grande pauvreté et insécurité alimentaire.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE INTENSIF DES TERRES DE MOYENNE ALTITUDE

Les principaux facteurs pouvant avoir une influence sur les futurs changementsdans le système d’exploitation agricole mixte intensif des terres de moyenne altitudesont: i) la préservation des ressources naturelles de base; ii) l’amélioration destechnologies pour la production végétale, et la gestion des bassins versants; iii) ladiversification vers des produits de plus grande valeur; iv) le développement etl’intensification de la production animale; v) le développement du système definancement rural; vi) l’amélioration des conditions favorisant la commercialisation

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et l’emploi hors exploitation; et vii) une meilleure adaptation des services d’appuiaux besoins des agriculteurs.

Les principales améliorations de la production agricole devraient provenir del’intensification et de la diversification de la production végétale, d’une extensionlimitée de l’ensemble de la surface cultivée et de l’amélioration de la productivité del’élevage et des cultures arboricoles. Ce système n’étant généralement pascompétitif pour la production commerciale de céréales, il devrait se diversifier versdes productions agricoles de plus grande valeur (cultures pérennes et annuelles derente) et intensifier sa production animale. Le choix des nouvelles cultures de rentedépendra des conditions climatiques locales et de l’accès aux marchés; les culturesencombrantes et périssables seront cultivées près des grands marchés, tandis qued’autres moins volumineuses et moins périssables seront cultivées dans des zonesplus éloignées.

Le nombre d’animaux s’accroît dans les systèmes extensifs utilisant peud’intrants, la productivité reste faible. Si la tendance se poursuit, le taux decroissance du nombre d’animaux devrait être faible en raison du manqued’aliments du bétail. Cependant, on devrait assister à une faible intensification de laproduction animale résultant de l’amélioration général des revenus entraînant unedemande accrue en produits animaux. Ces changements entraîneraient uneaugmentation des revenus des ménages et réduiraient la pauvreté.

L’accroissement des populations qui vivent dans les zones de collines et demontagnes et qui exercent une pression croissante sur les ressources naturelles (sol,eau, flore et faune) pose un problème majeur pour le futur développement dusystème d’exploitation agricole mixte intensif des terres de moyenne altitude. Ladégradation sévère et courante des ressources naturelles est, dans de nombreuxendroits, responsable de dommages importants tels que baisse des rendements,glissement de terrain et raréfaction de l’eau en saison sèche. Les dommages en avalcausés par la sédimentation et les inondations sont eux aussi importants. La grandepriorité pour les agriculteurs est de produire les cultures vivrières annuelles poursubvenir aux besoins de leur famille. La pression croissante de la population aentraîné l’augmentation des cultures annuelles sur des sites plus fragiles et leraccourcissement de la jachère dans les systèmes de culture itinérante. De plus, enraison de leur pauvreté, les agriculteurs sont très réticents à investir dans desstructures pour le contrôle de l’érosion. Tous ces facteurs ont des effets négatifs surla production agricole et sur les ressources naturelles. Si la majorité des famillescontinue à demeurer dans un système de semi subsistance, la pression sur lesressources naturelles deviendra de plus en plus forte, à moins qu’il ne soit possibleaux agriculteurs de trouver des emplois hors exploitation ou de sortir du système.

Un problème critique pour le développement ultérieur des zones de moyennealtitude de nombreux pays est le manque de sécurité de la propriété foncière. Enraison de leur système politique, de nombreux gouvernements ne souhaitent pasdonner de titre légal de propriété pour les terres; dans ces conditions, lesagriculteurs ne veulent généralement pas investir pour les améliorer. Les

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gouvernements devraient réexaminer leurs politiques en matière de propriétéfoncière, de location et de marché des terres pour encourager le développementdes terres de moyenne altitude et des zones montagneuses.

Les agences gouvernementales et les grandes sociétés d’exploitation forestière ontété responsables de l’exploitation forestière non durable des forêts naturelles dusystème. Les surfaces des forêts naturelles ont, au cours des deux ou trois dernièresdécennies, considérablement diminué dans tous les pays de l’Asie de l’Est. Peud’efforts ont été faits pour replanter les zones déboisées ou pour développer dessystèmes de gestion durable des forêts naturelles; les nouvelles plantations d’arbressont rares. La gestion communautaire des ressources forestières villageoises et lapromotion des systèmes d’agroforesterie au niveau des exploitations sont deuxaspects importants pour le développement de ces zones. Cependant, lesgouvernements sont en général peu enclins à accorder aux communautés locales laresponsabilité de la gestion des ressources forestières locales.

Le développement technologique passé a été surtout orienté vers desproductions spécifiques; il ne s’est pas attaché au développement intégré desystèmes productifs, économiquement attractifs, assez faciles à gérer et capables defournir toute une série d’options pour l’utilisation des sols dans des conditionsagroécologiques variées. En raison de cette orientation, on a développé très peu detechnologies rentables et attractives capables de régénérer les ressources etl’environnement des petits agriculteurs.

La production animale est une source importante de revenu monétaire pour lesménages du système; elle peut être considérablement développée. Cependant,comme dans le cas des cultures, peu d’efforts on été faits pour le développement desystèmes intégrés améliorés pour la production animale. Ces systèmes devraientprendre en compte l’amélioration de l’alimentation animale, des races et despratiques d’élevage en liaison avec les autres activités agricoles, ainsi que lafourniture de services de santé animale efficaces.

La faiblesse des infrastructures rurales, et le mauvais état des communicationset des réseaux de transport ont sérieusement handicapé la commercialisation desproductions dans les zones des terres de moyenne altitude. A quelques exceptionsprès, les gouvernements n’ont pas accordé une grande priorité aux mesurespolitiques en faveur du système d’exploitation agricole mixte intensif des terres demoyenne altitude. Cette situation a aggravé les difficultés inhérentes à ces zones.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE INTENSIF DES TERRES DE MOYENNE ALTITUDE

Les stratégies de réduction de la pauvreté sont par ordre décroissant d’importance:la recherche de revenu hors exploitation suivie de près par la sortie du systèmed’exploitation agricole puis par l’intensification et la diversification. La gestiondurable des ressources naturelles et l’amélioration de l’efficacité des services

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agricoles peuvent aussi améliorer le système. Les futurs programmes d’assistancedevraient mettre, en priorité, l’accent sur la gestion des bassins versants,l’agriculture de conservation, la conservation de l’eau et l’introduction destechnologies appropriées (voir encadré 6.7). Il est important que la gestion des petitsbassins versants fasse l’objet d’une approche intégrée. L’expérience montre que laparticipation des communautés et leur engagement dans la gestion et l’emploi desressources naturelles sont essentiels pour la réussite des programmes. La promotiondes techniques de gestion du sol et des eaux, qui permet le maintien de laproductivité et l’augmentation de la production végétale, est un bon moyen destabiliser les rendements. L’utilisation des techniques de conservation de l’eaudevrait être encouragée là où les conditions naturelles permettent la capture deseaux de surface. Les technologies introduites doivent être holistiques et permettredes retours économiques à court, moyen et long terme.

Les zones forestières disséminées se rencontrent surtout en altitude. En raisonde ses effets bénéfiques sur l’environnement et lorsque cela est justifié, les futursprogrammes de développement devraient mettre l’accent sur la gestioncommunautaire des forêts, source importante de matériaux de construction, derevenu et d’alimentation pour les communautés locales. L’agroforesterie devraitêtre encouragée sur les terres très en pente: plantations sur les lignes de niveaud’espèces arboricoles adaptées pour la production de fruits, de bois de constructionet de chauffage et d’autres produits forestiers. Ces plantations aideraient ainsi à laconservation des sols et de l’eau et fourniraient des revenus complémentaires auxagriculteurs.

Les futurs programmes d’assistance doivent s’attaquer aux problèmes politiquesliés au régime foncier, à la location et aux marchés de la terre, dont la résolution estindispensable au développement des zones de terres de moyenne altitude. Lesprincipales priorités dans ce domaine sont: la mise en œuvre de marchésopérationnels de la terre grâce à l’établissement ou à l’accélération de la mise à jourdes cadastres, à la mise en place de titres de propriété, et à l’établissement ou aurenforcement des marchés financiers pour permettre l’achat et la vente de terre.

Les nouvelles technologies améliorées sont: i) les modèles de productionaméliorés à partir de cultures qui peuvent contribuer à l’alimentation et au revenumonétaire des familles; ii) la conservation du sol et des eaux et la reconstitution dela fertilité; iii) la plantation d’arbres et de buissons le long des courbes de niveaux(pour la production de bois, de fourrage, de fruits et de grains vivriers); iv)l’utilisation de mulch et autres techniques de conservation du sol; v) les produits deplus grande valeur; et vi) l’alimentation du bétail. Le développement de l’élevageest une priorité pour le système. Il est important de tirer profit de toutes lespossibilités d’intensifier la production des petits animaux (poulets, canards,cochons, etc.) et des gros ruminants au niveau des villages. Les technologies àintroduire doivent permettre l’amélioration de la santé animale, de l’alimentation

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du bétail, des pratiques d’élevage et des races. Leur transfert nécessitera la mise enplace de services de vulgarisation et de santé animale. Dans certains cas il seranécessaire d’envisager l’introduction de techniques améliorées de productionfourragères et de conduite des pâtures pour l’alimentation des bovins.

Encadré 6.8 Transformation de la culture itinérante au Laos15

La culture itinérante est surtout pratiquée dans les systèmes d’exploitation agricole desterres de moyenne altitude sur une large bande de l’Asie de l’Est, comprenant le Vietnam,la Chine, le Laos, la Thaïlande et le Myanmar. Elle consiste à brûler de petites étendues deforêts de façon à libérer la terre pour la culture, à contrôler les mauvaises herbes et àrecycler les éléments minéraux dans le sol.Traditionnellement, plusieurs années de culturesont suivies par de longues périodes de repos pendant lesquelles la couverture végétalese régénère spontanément. Cependant, sous la pression démographique ou, parfois desmarchés, on assiste aujourd’hui dans toute l’Asie à une réduction de la durée des jachères,entraînant une dégradation des ressources naturelles.

Un nouveau projet dans la province de Houaphanh au nord-est du Laos, financé par laBanque asiatique de développement, apporte une solution à ce problème en aidant lesménages agricoles à remplacer la culture itinérante par des systèmes d’exploitationagricole sédentaires. Normalement, une famille cultive environ 1 ha de riz en sec par an,coupant ainsi 10 ha de forêt sur dix ans. Le nouveau projet a pour objectif de remplacerles 10 ha utilisés pour la culture itinérante par 4 à 5 ha de production agricole,principalement des cultures pérennes, sauvant ainsi 5 à 6 ha de forêt permanente. Lasécurité alimentaire est renforcée par: i) l’accroissement de la production du riz grâce àl’extension des zones de paddy dans les vallées; ii) l’adoption des techniques amélioréesde production; iii) l’amélioration des structures de conservation de l’eau; iv) laconstruction de petites mares ou de réservoirs; et v) l’installation de petites pompes. Lesautres activités agricoles pouvant fournir des revenus supplémentaires sont:i) l’amélioration de la production animale grâce à une meilleure alimentation et uneassistance vétérinaire; ii) le développement des mares pour les poissons; iii) l’améliorationde la production des cultures de rente, particulièrement celles ayant des cycles végétatifsrelativement courts telles que le gingembre, le piment, le sésame, le soja, l’arachide, et l’ail;et iv) la production et l’extraction durables de produits forestiers autres que le bois.

Ces changements devraient permettre de doubler la production de riz aquatique etd’augmenter celle de gingembre, de fruits, de viande bovine, de poulets et, plus encore,celle de poisson. Ainsi, la sécurité alimentaire et le revenu monétaire des agriculteursaugmenteront d’une façon importante. Les ressources forestières naturelles sedévelopperont et augmenteront sur les pentes et sur les sites les plus fragiles. L’expérienceacquise dans le cadre de ce projet devrait pouvoir être utilisée dans d’autres zones decultures itinérantes des provinces voisines du Laos et d’autres pays.

15Ishihara et Bachmann 2001.

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En général, le manque de capital freine souvent l’investissement dans lesactivités productives et le développement rural. L’assistance des donateurs devraitse concentrer sur l’amélioration des services financiers ruraux et sur l’accès desagriculteurs à ces services (mise en place de fonds gérés par les communautés, etc.,dans le but de familiariser les communautés agricoles à l’utilisation des servicesfinanciers commerciaux).

En raison de l’éloignement des marchés (faiblesse des réseaux decommunication et des transports) d’une grande partie des exploitations de cesystème, l’accent doit être mis sur les productions agricoles peu pesantes, degrandes valeurs, faciles à transporter, non périssables ou pouvant être transforméeslocalement pour augmenter leur valeur commerciale. De plus, le développementde bonnes infrastructures rurales est non seulement un préalable audéveloppement rural dans ces zones mais aussi un moyen de développer lespossibilités de travail hors exploitation, particulièrement dans le tourismeécologique. L’aide extérieure peut aider à développer l’infrastructure; cependant,celle-ci ne sera durable que si les bénéficiaires et les institutions rurales participentà la planification de sa construction, et contribuent au coût et à la gestion desopérations de maintenance.

Pour de nombreuses raisons, éloignement, complexité du système, manque deressources en eau, manque de reconnaissance de son importance, etc., le systèmed’exploitation agricole mixte intensif des terres de moyenne altitude a moinsbénéficié de la recherche publique et des services de vulgarisation que les systèmesd’exploitation agricole des basses terres. Cependant, ce système représente unepart importante du secteur agricole de la plupart des pays de la région. Lespriorités stratégiques sont: le renforcement de la capacité des gouvernements àfaire participer les agriculteurs à l’identification des problèmes, des contraintes etdes opportunités de développement agricole; et la fourniture d’une assistancepublique ou privée et des services de recherche nécessaires dans ces zones. Lacomplexité et la diversité du système impliquent une approche intégrée de larecherche et de la vulgarisation. La participation active des agriculteurs devraitpermettre de mettre l’accent sur la conservation des ressources naturelles et laprotection de l’environnement.

Le développement agricole dépendra d’abord du développement desconnaissances et de la formation des agriculteurs. Les programmes d’assistancedoivent mettre l’accent sur l’analyse participative des systèmes d’exploitationagricole et sur l’identification des opportunités associé à l’enseignement au champdes agriculteurs afin de promouvoir les nouvelles technologies qui ont le mieuxdémontré leurs capacités à augmenter la production agricole et le revenu familial.Le développement des qualifications et des connaissances doit être, à l’avenir, unecomposante essentielle de l’assistance. En raison de l’éloignement de ce systèmeagricole des sources d’information, il devra être associé à l’utilisation des systèmesaméliorés de diffusion de cette information.

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SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE TEMPÉRÉ

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricole mixtetempéré couvre quelque 99 millionsd’ha, principalement dans le centre-estet le nord-est de la Chine, et de pluspetites surfaces en RDP de Corée et enMongolie (voir encadré 6.9). Sa popula-tion totale est de 247 millions depersonnes, dont 162 millions sont classéescomme agricoles. Le climat de la zone estsurtout sec subhumide (120 à 179 jours de période végétative). Dans le centre de laChine, la limite entre ce système et celui du système du riz de basse terre est difficileà définir. Les revenus des agriculteurs sont, dans l’ensemble, bas et la pauvretémoyenne. La surface cultivée est d’environ 31 millions d’ha, le blé étant la culturedominante. Les autres cultures importantes sont le riz, le maïs, le soja, les patatesdouces et le colza ainsi que les agrumes et quelques fruits tempérés. L’irrigationcouvre environ 12 millions d’ha du système. Les pâtes de blé représentent l’alimentde base préféré de toute la région.

Il existe deux sous-systèmes principaux: le sous-système des plateaux de Lœssavec des cultures d’été et des cultures d’hiver et le sous-système du nord dans lenord-est de la Chine, la RDP de Corée et quelques parties de la Mongolie, où leclimat ne permet que les cultures d’été. Ces deux sous-systèmes sont caractériséspar une pluviométrie concentrée dans les mois d’été et des gelées sévères en hiver,particulièrement dans les zones du nord. La taille moyenne des exploitations variede 0,3 ha sur le plateau de Lœss en Chine à plusieurs hectares vers le nord, où lesystème se mélange petit à petit avec le système d’exploitation agricole pastoral. Lataille moyenne des ménages est approximativement de quatre à cinq personnes.

Sur le plateau de Lœss en chine, le blé et les oléagineux sont les principalescultures d’hiver; alors que le maïs, le riz, le coton, le soja et les patates doucesreprésentent les principales cultures d’été. L’intensité culturale est d’environ150 pour cent. Les cultures sont menées en pluvial et irrigué. Le rendement moyendu blé était en 1999 de 4 tonnes/ha. Les rendements ont considérablementaugmenté depuis 1970 et même au cours de la dernière décennie leur croissanceannuelle a été de 2,7 pour cent.

La culture n’étant possible qu’en été, dans le sous-système du nord (nord-est dela Chine, RDP de Corée et Mongolie), le blé (0,5 millions d’ha en RDP de Corée etMongolie) et les autres céréales sont cultivées simultanément et entre en

Encadré 6.9 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte tempéré

Population totale (m) 247

Population agricole (m) 162

Superficie totale (m/ha) 99

Zone agroécologique Sèche subhumide

Superficie cultivée (m/ha) 31

Superficie irriguée (m/ha) 12

Population bovine (m) 11

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concurrence pour les terres. Les rendements sont plus bas dans ces zones en raisondes conditions climatiques difficiles, les céréales peuvent alors être supplantées pardes cultures plus résistantes au froid telles que les pommes de terre et les choux.Les hauts rendements obtenus en Chine sont dus à l’utilisation de fortes dosesd’engrais chimiques et organiques et aux pratiques intensives de lutte contre lesravageurs. Dans ce système, l’intensité culturale globale est forte et les possibilitésd’expansion des surfaces cultivées limitées.

L’élevage est aussi une composante importante du système: les bovins, surtoutpour la traction animale, les cochons, les petits ruminants et la volaille pour laviande. Le système abrite quelque 11 millions de bovins et 35 millions de moutonset de chèvres et de nombreux cochons et volailles. L’élevage est conduit de façonextensive dans la plupart des pays. Cependant, on trouve en Chine des systèmesplus intensifs, spécialement pour les cochons et la volaille. Dans ce pays, les cochonssont, la plupart du temps, élevés en porcheries et leur nourriture est supplémentéeavec des céréales et des concentrés.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE TEMPÉRÉ

Les surfaces en blé ont diminué dans tous les pays au cours de la dernière décennie,cette tendance devrait se poursuivre dans l’avenir. Par contre, les rendements du bléont rapidement augmenté et l’ensemble de la production blé devrait continuer àcroître, les augmentations de rendements l’emportant sur les diminutions dessurfaces. Les surfaces en maïs ont, quant à elle, augmenté; cette croissance devraitcontinuer si la culture reste compétitive face aux importations. Dans la partie sud dusystème, tout accroissement du maïs se fera probablement au détriment du riz. Sous

Encadré 6.10 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte tempérée

Un ménage typique d’une exploitation à base de blé de quatre personnes de la province deShandong en Chine cultive 0,55 ha (60 pour cent irrigués), l’intensité de culture est de 140 pour cent. La terre est partiellement irriguée; le niveau de la nappe phréatique baisseavec l’expansion de l’irrigation. La surface, la production et le rendement des principalescultures sont les suivants: blé, 36 pour cent de la surface cultivée, 1,45 tonne par an avecun rendement de 5,3 tonnes/ha, et maïs, 25 pour cent de la surface cultivée, 1,1 tonne paran avec un rendement de 5,6 tonnes/ha. La production annuelle pour ces deux cultures estde 2,5 tonnes, équivalent à 630 kg par personne. Les premières façons culturales sontexécutées à l’aide de motoculteurs. Le ménage tire des revenus complémentaires de lafourniture de services de transport. Le ménage élève en général un porc, une chèvre etquelques poulets. Le revenu annuel par tête est d’environ 280 dollars EU; il s’est accrurapidement au cours des 20 dernières années, mais reste en dessous du seuil de pauvreté.

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l’effet de l’augmentation des surfaces et des rendements et pour répondre à lademande croissante d’aliments du bétail, l’ensemble de la production du maïsdevrait doubler d’ici à 2030. L’engraissement des animaux pour les marchés locauxà partir de paille de céréales traitée devient de plus en plus courant, spécialementdans la partie sud du système.

Plusieurs problèmes spécifiques devront être traités afin de réduire les niveauxde pauvreté de ce système. Les hauts niveaux de rendement des systèmes deproduction intensifs de la Chine sont dus aux fortes doses d’azote et de phosphoreutilisées. Des fumures mieux équilibrées permettraient, dans l’avenir, denouveaux gains de rendements. Le potassium est aujourd’hui un facteur limitantimportant, mais l’engrais potassique, entièrement importé, est beaucoup pluscher que les engrais azotés et phosphatés, produits localement. Environ 40 pourcent de la surface cultivée de ce système sont actuellement irrigués.L’accroissement de l’utilisation de l’eau de surface et de l’extraction de l’eausouterraine des nappes phréatiques pourrait permettre d’étendre quelque peu lessystèmes d’irrigation existants. Cependant, dans certaines zones, lasurexploitation des nappes aquifères peu profondes entraîne déjà la nécessité deforages plus profonds.

Le système est fortement basé sur les cultures, mais la demande du marché enviande, maraîchage et fruits s’accroît en même temps que les revenus urbains. Lesexploitations devront se diversifier pour satisfaire ce changement dans la demandealimentaire; ce changement pourrait s’accélérer si les prix mondiaux des céréalescontinuent à baisser. On pourrait alors assister à une certaine compétition dans lechoix des cultures pour répondre à la demande pour l’alimentation humaine etpour l’alimentation animale.

En Chine, le faible taux de croissance de la population et la migration vers lesvilles ont entraîné des pénuries de main-d’œuvre aux moments cruciaux ducalendrier agricole. Cette tendance devrait continuer. La petite mécanisationagricole devient urgente. Le revenu familial est faible en raison de la petite taille desexploitations. Les agriculteurs devront pratiquer des cultures de plus grandevaleur et accroître la taille des exploitations pour augmenter d’une façonimportante les revenus agricoles disponibles; ils devront aussi avoir plus recours autravail hors exploitation.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE TEMPÉRÉ

L’augmentation du revenu hors exploitation, grâce à un fort développement del’agro-industrie et d’autres activités sources d’emplois hors exploitation, est lameilleure stratégie des ménages pour réduire la pauvreté rurale. Les deux autresstratégies, qui suivent de près la première, sont d’abord la diversification puis la

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sortie du système d’exploitation agricole. Il est aussi possible d’étendre etd’intensifier la production du maïs pour l’alimentation animale. On prévoit pour laChine une extension de 18 pour cent des surfaces irriguées d’ici à 2030; toutefois, laprincipale priorité pour la Chine et pour d’autres pays est de mettre en place desprogrammes visant à améliorer l’efficacité des périmètres irrigués existants etl’efficacité de l’utilisation de l’eau au niveau des champs.

L’intensification de la production végétale résultera de la promotion de variétésà haut rendement – particulièrement les variétés hybrides –, d’un meilleur équilibredes fumures et de l’augmentation de la disponibilité en eau et de l’efficacité de sonutilisation. On ignore aujourd’hui dans quelle mesure l’offre en intrantsproviendra, dans l’avenir, du secteur privé ou du secteur public. La futureassistance devrait promouvoir la mécanisation agricole et le développement dusecteur privé pour l’approvisionnement en biens et services.

Il est important de stimuler l’intensification de la production animale à petiteéchelle – surtout les procs – et la production des cultures maraîchères et fruitières,afin de répondre à la demande pour ces produits de plus grande valeur qui vas’accroître avec l’augmentation des revenus urbains. La possibilité d’engraisser lesanimaux à partir d’un régime à base de paille de céréale traitée a déjà étédémontrée; la recherche publique et les services de vulgarisation devront fournirles conseils techniques appropriés et l’appui nécessaire à ces changements dans lesystème de production.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES DE L’ASIE DE L’EST ET DU PACIFIQUE

La Chine ainsi que d’autres pays de la région ont connu, au cours des dernièresdécennies, une croissance économique et une réduction de la pauvretéremarquables. Néanmoins, la faiblesse des indicateurs socioéconomiques denombreux pays de la région continue de refléter: i) la difficulté d’intensifier et dediversifier la production des exploitations agricoles; ii) le manque d’emploi horsexploitation et la faiblesse des revenus de nombreux ménages agricoles; iii) lemanque d’accès aux ressources financières; et iv) la petite taille des exploitations.Cette situation est la résultante d’un certain nombre de facteurs: i) lasurpopulation; ii) la fragmentation des terres; iii) l’absence de système depropriété foncière sûr; iv) la détérioration des ressources naturelles; v) le manqued’informations et de connaissance; vi) le manque de crédit et l’offre inadéquated’intrants de production; et vii) les mauvaises perspectives pour lacommercialisation (éloignement des marchés, mauvais état des infrastructures,faible demande des marchés locaux). Une réduction importante de la pauvretépourrait être obtenue par la mise en place de facteurs catalytiques des activités des

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communautés rurales, poussant les ménages à investir leur travail, leur capital etleurs ressources physiques dans le développement rural.

L’avis de divers experts a permis de préparer le tableau 6.4 qui montrel’importance relative de chacune des cinq stratégies des ménages pour réduire lapauvreté à l’intérieur des différents systèmes d’exploitation agricole de Asie del’Est et du Pacifique au cours des prochaines décennies. A sa lecture, on se rendcompte que l’importance des différentes voies varie considérablement d’unsystème à l’autre. En règle générale, la réduction de la pauvreté des systèmes à

Tableau 6.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages pour la réduction de la pauvreté de l’Asie de l’Est et du Pacifique

Stratégies de réduction de la pauvreté

Système Potentiel Potentiel Intensifi- Diversifi- Accroissement Accroissement Sortied’exploitation de de cation cation de la taille de du revenu de agricole croissance réduction de l’exploitation hors l’agriculture

agricole la pauvreté exploitation

Riz de basse terre Moyen Moyen 1,5 3,5 1 3 1

Arboriculture mixte Elevé Elevé 2 3 1 3 1

Racines et tubercules Moyen Moyen 3 2 1 2 2

Intensif mixte des terres Moyen Moyen 1 3 0,5 3,5 2de moyenne altitude

Extensif mixte Faible Moyen 0 2 0 3 5des hautes terres

Tempéré mixte Faible Faible 1 3 0,5 3,5 2

Pastoral Moyen Elevé 0 1 1 3 5

Dispersé (forestier) Faible Faible 0 1 0 3 6

Dispersé (aride) Faible Moyen 0 1 0 3 6

Pêche côtière Moyen Faible 1 2 0 5 2artisanale

Urbain Faible Moyen 1 2 2 5 0

Moyenne pour la région 1,1 3,0 0,7 3,3 1,9

Source: Avis d’experts.Note: Le score total pour chaque système d’exploitation agricole égale 10. Les évaluations ne prennent en compte que lesagriculteurs pauvres. La moyenne régionale pondérée par les populations agricoles des systèmes est calculée à partir des donnéesdu tableau 6.1.

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faible potentiel viendra plutôt de la migration vers les villes et vers les autreszones, alors que pour les systèmes dont le potentiel est plus élevé, elle devraitplutôt provenir de la diversification des productions et de l’accroissement de laproductivité. L’augmentation des revenus hors exploitation est une stratégieimportante de la réduction de la pauvreté dans tous les systèmes.

Les larges possibilités d’accès au revenu hors exploitation font que cettestratégie est la meilleure pour réduire la pauvreté de l’ensemble de la région.Quelque 40 pour cent de réduction de la pauvreté pourrait venir de cettestratégie. La diversification des activités agricoles de l’exploitation est la deuxièmestratégie par ordre d’importance; elle représente avec le revenu hors exploitationprobablement 70 pour cent du potentiel de développement régional.

Des priorités stratégiques spécifiques visent à créer un environnementfavorable à une forte croissance agricole et à une réduction ultérieure de lapauvreté dans la région.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

Les économies de nombreux pays de la région (Chine, Vietnam, Laos, Cambodge etMyanmar) sont encore largement sous le contrôle de l’état. De nombreusespolitiques, réglementations et pratiques de ces pays sont des freins audéveloppement de certains produits, à l’investissement pour l’amélioration desressources en sol et en eau ou à l’utilisation accrue des intrants agricoles. A l’avenir,l’assistance devra mettre l’accent sur l’ajustement de politiques qui causent encore degraves distorsions d’ordre macroéconomique en général et dans le secteur agricole,dissuadant souvent les agriculteurs d’investir dans le développement agricole. Ledéveloppement des infrastructures, spécialement de celles liées à la gestion desressources en eau et en sol, au transport et aux marchés, est un stimulant importantpour le développement des systèmes d’exploitation agricole. Il est aussi nécessairede créer un environnement favorable au développement de services décentralisésforts et de services d’assistance aux industries efficaces (telles qu’à celle des semences,de la mécanisation et de l’agro-transformation).

Les institutions de donateurs ne se sont généralement pas intéressées à l’accèsau crédit des agriculteurs. Il est aujourd’hui nécessaire de restructurer et definancer les services bancaires ruraux et les institutions de crédit. L’assistance desdonateurs est essentielle pour améliorer l’accès des agriculteurs aux servicesfinanciers formels, le fonctionnement des marchés financiers ruraux, pour stimulerl’épargne rurale et les fonds gérés par les communautés, et pour préparer lesagriculteurs à l’utilisation des mécanismes financiers commerciaux.

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LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

Dans une économie de plus en plus mondialisée, le développement agricole doits’appuyer sur les avantages comparatifs au niveau local et international. La région adéjà un rôle prépondérant dans l’exportation de l’huile de palme, du caoutchouc,du riz, et de certains produits industriels. Avec l’amélioration des infrastructures, denombreux producteurs sont de plus en plus exposés aux cours mondiaux pour uneplus large gamme de produits; ils pourraient être confrontés à une baisse du prix decertaines céréales telles que le blé ou le maïs alors que les importations deviennentplus accessibles. Il est de la responsabilité des gouvernements d’identifier et depromouvoir des systèmes de production qui puissent permettre aux agriculteurslocaux de tirer profit des avantages de leurs localisations et de leurs ressourcesagroécologiques. D’autre part, l’amélioration des revenus devrait accélérer leschangements de régime alimentaire et accroître la demande pour des produits deplus grande valeur (lait, viande, fruits, maraîchage, etc.). La diversification vers desproduits de plus grande valeur et de meilleure valeur ajoutée au niveau del’exploitation devrait augmenter le niveau général et la stabilité du revenu desménages. La formation et la démonstration de nouvelles technologies sontnécessaires pour améliorer la production, le contrôle après récolte, l’emballage et lacommercialisation de ces produits.

Il est admis que l’agro-industrie des zones rurales est en Asie un facteurimportant de croissance et de réduction de la pauvreté. La majorité desproductions des petits agriculteurs est vendue sur les marchés nationaux, auxconsommateurs des zones rurales ou urbaines. La transformation locale desproductions devrait être encouragée pour permettre d’ajouter de la valeur auxproduits agricoles et de créer des emplois hors exploitation. Ainsi, presque partout,les politiques qui favorisent le développement d’entreprises locales detransformation et de commercialisation contribuent à l’amélioration des revenusdes agriculteurs. Cette association sera particulièrement importante pour lessystèmes d’exploitation agricole mixtes extensifs des hautes terres et intensifs desterres de moyenne altitude. Dans ces systèmes où l’infrastructure des transportsn’est généralement pas bonne, il sera évidemment plus intéressant de se tournervers des produits de valeur élevée sous un faible volume.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

Le développement des qualifications, des connaissances et de l’éducation desagriculteurs est prioritaire pour le développement agricole. Le niveau d’éducationdes agriculteurs est généralement faible et l’analphabétisme est important danscertains pays. La plupart des gouvernements n’ont pas de grands programmes

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d’éducation pour les agriculteurs, l’accès à l’information leur est difficile et limité.Aussi la promotion de l’éducation, de la formation et de la diffusion de l’informationdoit-elle être une composante prioritaire de toute future assistance. Ledéveloppement des technologies modernes d’information (réseaux informatiques,accès local à l’information à partir de l’ordinateur, etc.) sera une composanteessentielle du futur développement agricole.

Le défi du futur pour les agences gouvernementales est de développer, encollaboration avec le secteur privé et les communautés bénéficiaires, des systèmesinformatiques pour le transfert de l’information. Ce développement impliquenécessairement de mettre l’accent sur trois aspects majeurs: i) la productiond’informations; ii) les systèmes de transfert de l’information; et iii) les systèmeslocaux d’accès à l’information. Des initiatives intéressantes ont déjà été prises dansla région pour développer le transfert d’information à des communautés éloignéesqui ne bénéficient pas d’infrastructures de base, telles que l’électricité et lestélécommunications. Le manque d’éducation et l’analphabétisme des habitants desvillages les plus éloignés constituent aussi un frein à l’échange d’information, il n’estpas insurmontable.

En raison de l’importance des revenus hors exploitation en tant que stratégie deréduction de la pauvreté et moteur de la croissance économique rurale, il est essentielque l’éducation des jeunes porte sur l’acquisition de qualifications professionnellesutiles pour l’agro-industrie, l’industrie légère et les services tel le tourisme.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

La diversification vers des produits de plus grande valeur et la valeur ajoutée par leurtransformation augmentent l’ensemble des revenus des ménages et améliorent leurstabilité. La formation et les démonstrations de nouvelles technologies sont nécessairespour améliorer la production, le contrôle après récolte, l’emballage et lacommercialisation de ces produits. Il serait souhaitable d’encourager le développementlocal de l’agro-industrie afin d’augmenter la valeur ajoutée des produits.

A l’avenir, la recherche pourrait s’appuyer sur un partenariat public-privé. Onattend du secteur privé qu’il prenne une part de plus en plus active dans lafourniture de biens et de services aux agriculteurs, et des gouvernements qu’ilscontinuent à fournir une aide et des services essentiels aux petits agriculteurspauvres. Les priorités stratégiques du futur devraient aider les gouvernements àrenforcer leurs capacités à identifier, avec la participation des agriculteurs, lesproblèmes, les contraintes et les opportunités du développement agricole. A partirde cette connaissance, les gouvernements pourraient alors fournir un cadreharmonieux pour le développement de services de recherche et de vulgarisationefficaces, en partenariat avec le secteur privé.

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La recherche gouvernementale doit se tenir au courant des développements dela recherche privée en termes de qualité et d’intérêt. Les applications de labiotechnologie au sens large, et du génie génétique en particulier doivent êtreévaluées et utilisées lorsqu’elles sont appropriées. Plusieurs pays asiatiques,particulièrement la Chine, ont déjà des programmes de recherches et des résultatsintéressants dans ce domaine; ces programmes devraient continuer à se renforcertout en tenant compte des risques qu’ils pourraient engendrer (voir l’étude de cassur la biotechnologie). La future recherche doit aussi être plus étroitement associéeà la vulgarisation, mieux utiliser les synergies, considérer la situation desexploitations et les technologies intégrés dans leur ensemble, et mettre l’accent surl’utilisation efficace et durable des ressources naturelles. Il est nécessaire de mieuxexploiter le potentiel des agriculteurs pour l’expérimentation, l’adaptation destechnologies et leur transfert entre eux. Les grandes priorités stratégiques de larecherche agricole dans la région sont: l’amélioration de l’utilisation de l’eau, de lagestion de la structure et de la fertilité des sols, et la restauration de la croissance dela productivité des céréales.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

La principale cause du bas revenus des ménages ruraux dans la région tient au tropgrand nombre de personnes qui ont un accès limité aux ressources nécessaires à laproduction agricole. Les progrès techniques, qui apportent une efficacité accrue,peuvent rarement compenser l’appauvrissement en ressources lié à l’accroissementdes populations qui entraîne la fragmentation continuelle des terres. Dans cescénario, bien que la production agricole augmente dans son ensemble, la situationsocioéconomique des ménages ruraux stagne. La majorité des agriculteurs sont des producteurs assurant tout juste leur subsistance sur des exploitationséconomiquement non viables en raison des faibles volumes produits et de la faiblevaleur des productions.

De plus, dans les pays où la gestion est sous le contrôle de l’état, l’absence desécurité foncière constitue un obstacle supplémentaire à la croissance agricole.Lorsque la terre appartient à l’état, ou qu’elle est allouée sous quelque forme quece soit, pour une courte période, les agriculteurs sont réticents à investir dans sondéveloppement. De plus, sans titre de propriété, ils sont incapables d’utiliser laterre comme garantie pour l’obtention de prêts. Il est, dans ces conditions,impossible de développer un marché efficace des biens fonciers, élémentindispensable au regroupement des terres. Il faudra, dans l’avenir, aider lesgouvernements à mettre en place des programmes: i) d’attribution de titres depropriété des terres rurales aux personnes physiques; ii) de création de marchés dela terre; iii) de suppression des obstacles au regroupement des très petites parcelles

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de terres des propriétés morcelées; et iv) de création d’emplois locaux à mi-tempset à plein temps hors exploitation pour les agriculteurs des exploitationsmarginales et pour ceux qui se trouvent déplacés de leur terre.

Une meilleure gestion des sols, une meilleure utilisation des rares ressourcesen eau et une gestion durable des forêts, permettraient de récupérer une partiedes ressources agricoles de base très dégradées de la région. Parallèlement àl’amélioration de la gestion des ressources, il est nécessaire d’intensifier d’unemanière durable la production agricole existante afin de maintenir et mêmed’accroître les revenus des ménages face à la détérioration des conditions decommercialisation des céréales.

CONCLUSIONS

La région de l’Asie de l’Est et du Pacifique est la plus peuplée des six régions envoie de développement. En dépit d’une forte croissance économiqueaccompagnée d’une réduction constante de la pauvreté dans certains pays, unegrande pauvreté et une malnutrition importante subsistent. L’analyse ci-dessus amontré que le développement rural de la région devrait se concentrer sur lesdéterminants fondamentaux de la performance économique, particulièrementceux de la croissance économique rurale au niveau de l’exploitation et horsexploitation. De nombreuses politiques mettent l’accent sur les problèmessociaux; la résolution de ces problèmes en zone rurale dépend surtout de lacroissance agricole. Une forte croissance économique agricole et horsexploitation, ainsi que l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages,dépend d’un ensemble de facteurs favorables capable de créer des systèmesd’exploitation agricole commerciaux dans lesquels des surplus agricoles sontproduits pour la vente.

Il est nécessaire d’offrir aux membres les plus pauvres des communautésrurales des possibilités d’accroître la productivité du travail agricole et d’utiliserles surplus de main-d’œuvre dans le secteur hors exploitation. La croissanceagricole, si elle est équitable, créera des opportunités bénéfiques pour tous – ycompris celles de permettre aux ménages ruraux désavantagés d’accéder à desrevenus hors exploitation en tant que fournisseurs de biens et de services ou dansla transformation des matières premières. A l’intérieur de ce cadre général, il seranécessaire d’entreprendre des actions spécifiques à l’égard des familles pauvres,désavantagées et sans sécurité alimentaire.

L’analyse ci-dessus ne permet pas de prescrire des actions spécifiques auniveau national. Toutefois, le défi global de réduction de la faim et de la pauvretédans la région requiert quatre initiatives stratégiques interdépendantes:

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Accroissement de la compétitivité des petites exploitations. L’accroissement de lacompétitivité des petits agriculteurs pauvres passe par une diversification réussiedans de nouvelles activités agricoles de plus grande valeur. Les composantes decet accroissement de la productivité sont: l’amélioration de la commercialisationet de la transformation; le renforcement des normes pour les produits; unmeilleur accès au financement; et des technologies intégrées pour permettre desaccroissements durables de productivité aussi bien pour des productions à fortevaleur ajoutée que pour les cultures de base traditionnelles (spécialement le riz, leblé et les produits arboricoles).

Amélioration de l’accès aux ressources. La consolidation des terres permettra auxpetits exploitants d’avoir des champs plus grands qui conviennent mieux àl’utilisation de techniques améliorées et à la mécanisation capables de permettrela diversification et l’intensification. Les composantes de cette consolidation desterres sont: l’amélioration des politiques foncières, l’octroi de titres de propriété,les arrangements pour les locations de terre et le crédit rural.

Mise en place d’un environnement favorisant l’emploi hors exploitation. Les emploishors exploitation représentent le meilleur moyen d’échapper à la pauvreté ruraledans la région. Les composantes favorisant l’emploi hors exploitation en zonerurale sont: la promulgation de politiques appropriées mettant plusparticulièrement l’accent sur les communautés; la transformation et le tourisme;et l’amélioration de l’infrastructure de nombreux systèmes.

Renforcement des ressources humaines. Pour poursuivre les progrès réalisés aucours des dernières décennies, il est vital que les membres des ménages agricolesdes petites exploitations améliorent leurs connaissances de base et leurs capacitésà répondre aux nouvelles exigences des conditions agricoles et aux possibilitésd’emploi et de revenu hors exploitation. Les composantes permettant lerenforcement des ressources humaines sont: l’aide à la création d’entreprise et laformation des plus jeunes aux qualifications professionnelles requises.

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CONTEXTE RÉGIONAL

CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉGION

La région Amérique latine et Caraïbes couvre quelque 205 millions d’ha etcomprend 42 pays dont la population totale était estimée à 505 millions depersonnes en l’an 2000. L’étendue de la région, sa grande diversité agroécologiqueet sa faible densité de population (0,25 personnes par ha), associées à un tauxd’urbanisation de 75 pour cent, ont entraîné une biodiversité très importante.Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)1, cetterégion possède cinq des dix pays les plus riches du monde en terme de biodiversitéet 36 pour cent des principales cultures et espèces industrielles en sont originaires.Le bassin de l’Amazonie abrite la forêt tropicale intacte la plus grande du monde;en 1994, la région possédait 28 pour cent des surfaces forestières du monde,représentant près d’un milliard d’ha.

Cette abondance est en partie due aux conditions climatiques favorables de larégion. Elle possède 40 pour cent des zones humides du monde en développement,presque la moitié de ses ressources en eaux renouvelables et seulement 4 pour centdes terres arides et semi arides. Quelque 90 pour cent des terres de la région sonthumides et subhumides.

La région comprenait, en 1999, 160 millions d’ha de terres cultivées2, dont 18 millions d’ha équipés pour l’irrigation. Ces surfaces irriguées ne représententque 18 pour cent du potentiel estimé de la région3 et l’on estime que l’on n’utiliseaujourd’hui pas plus de un pour cent de l’eau disponible4. Une superficie de

7

1Programme des Nations Unies pour l’environnement, 2000.

2Superficies des cultures annuelles et permanentes.

3FAO, 2000a.

4Programme des Nations Unies pour l’environnement, 2000.

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● ● ●

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600 millions d’ha est pâturée. La région est, dans son ensemble, importante pourun certain nombre de cultures; leurs rendements sont souvent nettementsupérieurs à ceux de la moyenne du monde en développement.

Avec un PIB moyen par tête de 3940 dollars EU en 1998, cette région est la plusriche des régions en développement et la moins dépendante de l’agriculture – en1998 son PAIB ne représentait que 8 pour cent du PIB. Comme la croissance de lavaleur ajoutée agricole est plus faible que celle de l’industrie et des services, cettepart va sans doute continuer à baisser. Les données nutritionnelles de la FAOindiquent que le régime alimentaire moyen est de 120 pour cent du minimumjournalier requis5. La Commission économique pour l’Amérique latine et lesCaraïbes (CEPAL) signala que l’indice alimentaire par tête pour la région augmentade 15 pour cent sur la période 1980-19976.

Néanmoins, il existe de graves problèmes d’équité dans la distribution desrichesses. Les riches contrôlent une des plus fortes proportions des ressources den’importe quelle région du globe7; de plus, les zones urbaines sont fortementfavorisées au détriment des zones rurales. Selon les estimations de la CEPAL8 de1997, 54 pour cent des ménages ruraux étaient considérés comme pauvres, contreseulement 30 pour cent dans les zones urbaines. L’extrême pauvreté9 affecte31 pour cent des ménages ruraux mais seulement 10 pour cent des ménagesurbains. Un total de 47 millions de ruraux sont considérés comme extrêmementpauvres auquel s’ajoute 78 millions de pauvres. La pauvreté varie énormémentd’un pays à l’autre – de moins de 2 pour cent de la population de l’Uruguay vivantau-dessous du seuil de pauvreté de 1 dollar EU par jour à plus de 40 pour cent auGuatemala et en Honduras10. Les problèmes d’équité sont particulièrementévidents en ce qui concerne la distribution des terres11.

PRINCIPAUX SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE DE L’AMÉRIQUE LATINE ET DES CARAÏBES

En raison de son énorme étendue en latitude, de sa topographie variée et de sa richebiodiversité, la région de l'Amérique latine et des Caraïbes possède la gamme desystèmes d’exploitation agricole la plus diverse et la plus complexe du monde. Seize

5La FAO estime qu’une consommation moyenne de 2000-2300 kcal par jour est nécessaire pour une activité moyenne.

6FAO, 1999b.

7Les données de la Banque mondiale montrent que le Brésil a la plus forte inégalité de revenu du monde (10 pour centde la population contrôlent 47,9 pour cent des biens), et que 11 des 20 pays les plus inéquitables se trouvent enAmérique latine et aux Caraïbes.

8Echevarria, 2000.

9Voir l’annexe 5 pour une explication de l’extrême pauvreté ou pauvreté en dollars.

10Banque mondiale, 2000a (tableau 2).

11Une partie des coefficients GINI (inégalité) les plus élevés du monde pour la propriété foncière se trouvent dans la régionALC. Ces coefficients atteignent plus de 0,9 au Pérou, au Paraguay et au Vénézuela; ils sont un peu plus faibles enColombie et au Brésil (Deininger, 2000, communication personnelle).

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Principaux systèmes de productionAMÉRIQUE LATINE ET CARÏBES

Notes :Projection = Géographique (Lat/Long)Cartographie- Equipe collecte de données et d'analyse spatialeEtude globale FAO/Banque mondiale sur les systèmes de production

Déni de responsabilité de la FAO

Les dénominations utilisées et les informations figurant sur les cartes n'impliquent de la part de la FAO aucun jugement concernant le statut légal ou constitutionnel d'un pays, territoire ou étendue maritime ni aucune approbation ou acceptation de ses frontières

Système de production

1. Irrigué

2. Axé sur la forêt

3. Plantations côtières et mixte

4. Mixte intensif

5. Céréales-élevage (Campos)

6. Mixte tempéré humide-forêt

7. Maïs-Haricots (Amérique Centrale)8. Mixte intensif des hauts plateaux (Andes septentrionales)

9. Mixte intensif (Cerrados & Llanos)

10. Mixte tempéré (Pampas)11. Mixte aride

12. Mixte extensif aride (Gran Chaco)

13. Mixte des hauts plateaux d'altitude (Andes centrales)

14. Pastoral

15. Dispersé (Forêt)

Limites territoriales

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principaux systèmes ont été identifiés dans le cadre de cet ouvrage. Ils sontbrièvement décrits ci-dessous et résumés dans le tableau 7.1. Tous les systèmes, saufle système urbain sont localisés sur la carte jointe.

Système d’exploitation agricole irriguéCe système comprend d’énormes zones de terres arides du nord et du centre duMexique, et des zones côtières et des vallées intérieures du Pérou, du Chili et del’ouest de l’Argentine. Sa surface totale est de près de 200 millions d’ha dontseulement 7,5 millions d’ha de terres cultivées, presque toutes irriguées. On trouveaussi des productions irriguées dans de nombreux autres systèmes d’exploitationagricoles; elles y jouent un rôle mineur. Néanmoins, le système d’exploitationagricole irrigué ne représente que 40 pour cent du total des surfaces irriguées de larégion (18,5 millions d’ha). La présence d’une infrastructure pour l’irrigationpermet une intensification assez poussée de la production – généralement orientéevers la commercialisation. La population agricole totale de ce système est de près de11 millions de personnes. Les principales productions sont le riz, le coton, les fruits,l’horticulture et la vigne. La pauvreté est faible à moyenne.

Système d’exploitation agricole basé sur la forêtCe système est essentiellement situé dans le bassin de l’Amazonie où il couvre 600millions d’ha soit 30 pour cent de la région. Il est caractérisé par des activitésagricoles indigènes dispersées utilisant peu d’intrants, parsemées d’élevage extensifde bovins et de plantations occasionnelles spécialement à la périphérie de la zone.Un peu plus d’un pour cent de la surface de ce système est cultivée; l’irrigation y esttrès rare. La densité de population est très faible, la population agricole estd’environ 11 million de personnes, ce qui correspond à moins de 0,02 personnes parha. La pauvreté est généralement faible à moyenne.

Système d’exploitation agricole mixte côtier-plantation Ce système couvre 186 millions d’ha et sa population agricole est estimée à 20 millions de personnes. Sa superficie cultivée est de 20 millions d’ha cultivés dont13 pour cent sont irrigués. Ce système occupe des terres parmi les plus riches de larégion, mais comprend aussi des marécages de mangrove et des zones isolées deforêt tropicale. Il comprend deux principaux sous-systèmes: i) les petitesexploitations familiales de polyculture, qui associent des activités de pêche côtière etdes emplois hors exploitation (comme le tourisme) ; et ii) les grandes plantationssouvent multinationales, avec une production intensive spécifiquement orientée versl’exportation. La pauvreté est grande chez les ouvriers et peu fréquente par ailleurs.

Système d’exploitation agricole mixte intensifSitué essentiellement dans l’est et le centre du Brésil, le système d’exploitationagricole mixte intensif représente le cœur de l’agriculture brésilienne et occupeenviron 81 millions d’ha; sa population agricole est légèrement inférieure à

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10 millions de personnes. Quelque 13 millions d’ha de terre sont cultivées dont 8 pour cent irrigués. Les principales productions sont le café, l’horticulture et lesfruits. Les niveaux de pauvreté de ce système sont relativement bas.

Le système d’exploitation agricole céréale-élevage (Campos)Les Campos représentent une transition progressive pour l’humidité et souventpour la qualité du sol avec le système intensif décrit ci-dessus. Ils couvrent unesurface légèrement supérieure à 100 millions d’ha au sud du Brésil et au nord del'Uruguay. La population rurale est estimée à environ 7 millions de personnes. Lesystème est fortement orienté vers l’élevage et la production rizicole. On estime lessurfaces cultivées à 18 millions d’ha dont 10 pour cent sont irrigués. La pauvreté estfaible à moyenne.

Système d’exploitation agricole tempéré humide mixte forestier Ce système est un des rares systèmes agricoles tempérés de la région; il rappellefortement la Nouvelle-Zélande par sa topographie et son climat. C’est un petitsystème ne couvrant que 13 millions ha, limité à la zone côtière du centre du Chili.Il est caractérisé par des forêts naturelles et plantées extensives (plus d’un milliond’ha) associées à la production laitière, à l’élevage de moutons et à la production dequelques cultures, telles que les betteraves à sucre, le blé et l’orge. Sa surface cultivéen’excède pas 1,6 millions d’ha, l’irrigation y est très peu développée. La populationagricole du système est estimée à un peu plus d’un million de personnes. Lapauvreté est généralement faible.

Le système d’exploitation agricole maïs-haricot (Amérique centrale)Le système d’exploitation agricole maïs-haricot s’étend du centre du Mexique aucanal de Panama, sa population agricole, estimée à environ 11 millions depersonnes, comprend une proportion importante de populations indigènes. Cesystème de subsistance est basé historiquement et culturellement sur laproduction du maïs et du haricot; il couvre 65 millions d’ha. Il comprend 2,4millions d’ha irrigués, soir 40 pour cent des terres: la plus forte concentrationd’irrigation en dehors du système irrigué. Toutefois, la perte des meilleures terresde vallées au profit de colons non indigènes et d’opérations commerciales aentraîné une grande pauvreté et une forte dégradation des terres dans denombreux endroits.

Système d’exploitation agricole mixte intensif des hautes terres (Andes du Nord)Ce système couvre 43 millions d’ha et sa population agricole est de 4 millions depersonnes. D’après l’altitude, on différencie généralement deux sous-systèmes: i) celui bien développé des vallées et des faibles pentes – le cœur de la production ducafé et de l’horticulture des Andes; et ii) celui des hautes terres et des valléessupérieures où les cultures tempérées, le maïs et l’élevage des cochons prédominentet où la culture indigène traditionnelle est fortement ancrée. La surface cultivée

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Tableau 7.1 Principaux systèmes d’exploitation agricole de l’Amérique latine et des Caraïbes

Systèmes Superficie Pop. agricole Principales Fréquence de d’exploitation (% de (% de activités la pauvretéagricole la region) la region)

Irrigué 10 9 Horticulture, Faible àfruits, élevage moyenne

Basé sur la forêt 30 9 Subsistance/élevage Faible à moyennede bovins en ranch

Mixte côtier-plantation 9 17 Cultures d’exportation/ Faible à élevée-arboriculture, pêche, sévère (extrê-

racines, tourisme mement variable)

Mixte intensif 4 8 Café, horticulture, fruits, Faible (sauftravail hors exploitation chez les ouvriers

agricoles)

Céréale-élevage 5 6 Riz et élevage Faible à moyenne(Campos)

Tempéré humide 1 1 Lait, viande, Faiblemixte forestier céréales, forêt, tourisme

Maïs-haricot(Amérique 3 10 Maïs, haricots, café, horticulture, Elevée et centrale) travail hors exploitation sévère

Mixte intensif 2 3 Légumes, maïs, café, Faible à élevée des hautes terres bovins/porcins, céréales, (spécialement en (Andes du Nord) pommes de terre, travail haute altitude)

hors exploitation

Mixte extensif 11 9 Elevage, oléagineux, Faible à moyenne (Cerrados et Llanos) grains, un peu de café (petits

propriétaires)

Mixte tempéré (Pampas) 5 6 Elevage, blé, soja Faible

Mixte des terres 6 9 Elevage, maïs, manioc, Elevée spécialement sèches travail salarié, en cas de

migration saisonnière sécheresse

Mixte extensif 3 2 Elevage, coton, cultures Moyennedes terres sèches (Gran Chaco) de subsistance

Mixte de haute 6 7 Tubercule, ovins, grains, Elevée et sévère altitude (Andes lamas, légumes, travailcentrales) hors exploitation

Pastoral 3 1 Ovins, bovins Faible à moyenne

Dispersé (forêt) 1 <1 Ovins, bovins, exploitation, Faibleforestière, tourisme

Urbain <1 3 Horticulture, production Faible à moyennede lait, volailles

Source: Données FAO et avis d’experts.Note: La fréquence de la pauvreté est une estimation relative à cette région.

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totale est estimée à 4,4 millions d’ha dont 20 pour cent sont irrigués. La pauvreté estgénéralement moyenne dans les zones les plus basses, mais elle est très fréquente,et souvent sévère à plus haute altitude.

Système d’exploitation agricole mixte extensif (Cerrados et Llanos)Ce système couvre d’énormes surfaces boisées et de savane ouverte (230 millionsd’ha) du centre-ouest du Brésil, de l’est de la Colombie, du Venezuela et de laGuyane. Sa population agricole est d’environ 10 millions de personnes. Moins de15 pour cent de sa surface sont cultivés (31 millions d’ha) et l’irrigation est presquetotalement absente. Ce système, limite des terres cultivées dont le développementintensif est récent, possède un potentiel de développement agricole énorme pourl’élevage, les céréales et le soja entre autres. La pauvreté, bien que plus forte parmiles immigrants sans terre, est dans l’ensemble, relativement faible.

Système d’exploitation agricole mixte tempéré (la Pampa)Couvrant 100 millions d’ha dans le centre et l’est de l’Argentine et en Uruguay, cesystème, à l’origine largement basé sur l’élevage, comprend aujourd’hui 20 millions d’ha cultivés; l’irrigation y est négligeable. C’est la demande en culturestelles que le blé, le soja, et le tournesol ainsi que l’approvisionnement en produitshorticoles de Buenos Aires et de Montevideo qui ont stimulé la croissance de cesystème. La population agricole est maintenant estimée à près de 7 millions depersonnes, elle devrait continuer à croître. La pauvreté est généralement faible.

Système d’exploitation agricole mixte des terres sèchesEn raison de son caractère très localisé, près de la côte nord-est du Brésil et dans lapéninsule du Yucatan au Mexique, la structure productive et économique de cesystème très étendu, près de 130 millions d’ha, est bien établie; il est toutefoisconfronté à de sérieuses contraintes en matière d’humidité et de qualité des sols. Sapopulation agricole est d’environ 10 millions de personnes. Malgré les sécheressesfréquentes, seulement 2 pour cent des 18 millions d’ha cultivés sont irrigués. Lapauvreté est élevée et sévère chez les petits producteurs qui subsiste à la limite desranchs de grande taille et qui, souvent, dépendent de migration saisonnière et detravail salarié pour leur survie. La dégradation des terres constitue un problèmesérieux.

Système d’exploitation agricole mixte extensif des terres sèches (Gran Chaco)Ce système, qui couvre 70 millions d’ha et dont le développement économique estrécent, s’étend du centre-nord de l’Argentine au Paraguay et à l’est de la Bolivie. Sapopulation rurale est inférieure à 2 millions de personnes. Sa surface cultivée estestimée à moins de 8 millions d’ha, l’irrigation y est négligeable. A l’inverse des zonesde Cerrados et Llanos, le potentiel de croissance du Gran Chaco est très limité parla mauvaise qualité des sols et l’humidité réduite. La pauvreté est élevée parmi lespetits colons.

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Système d’exploitation agricole mixte de haute altitude (Andes centrales)Ce système, qui est lui aussi divisé en deux sous-systèmes, couvre 120 millions d’ha;sa population agricole est de plus de 7 millions de personnes. Dans la plus grandepartie du Pérou, il occupe les hautes vallées de la sierra, tandis que du sud du Pérouà l’ouest de la Bolivie et au nord du Chili et de l’Argentine il s’étend surtout surl’altiplano. Ce système est caractérisé par une production agricole à des altitudessupérieures à 3 200 m, par sa dépendance aux production de grains indigènes, depommes de terre, de moutons et de lamas et par sa forte culture indigène. Lorsquel’altitude et l’humidité le permettent, on y produit les mêmes cultures tempérées quecelle des Andes du Nord. Plus d’un tiers de la surface cultivée, qui s’élève à 3,1millions d’ha, est irrigué. La pauvreté y est élevée et souvent sévère.

Système d’exploitation agricole pastoralLes pampas deviennent de plus en plus sèches et froides vers le sud, pour finalementse fondre avec les plaines faiblement peuplées de Patagonie qui couvre quelque 67 millions d’ha où les ranchs de moutons et de bovins sont la seule activité agricolebien développée. La surface cultivée est négligeable et l’on ne recense aucun systèmed’irrigation. La pauvreté de la population agricole, qui s’élève à moins d’un millionde personnes est faible, à moyenne.

Système d’exploitation agricole dispersé (forêt)A la limite sud des Andes, la culture est généralement très peu développée enraison des basses températures combinées à des altitudes toujours importantes. Lerevenu de la population agricole, qui est inférieur à 250 000 personnes (presque150 ha par personne), dépend surtout de l’élevage (pâturage), de la forêt et dutourisme; cette population cultive moins de 0,5 pour cent de la superficie totaledu système. En raison de la faible densité de population, la pauvreté est faible àmoyenne.

Système d’exploitation agricole urbainComme dans toutes les autres régions du monde, des systèmes agricolesspécifiques péri et intra urbains se sont développés pour répondre à la demandedes groupements d’agglomérations et des populations des centres urbains de larégion. Axés sur des produits périssables très demandés et n’exigeant que defaibles surfaces de productions, ces systèmes urbains comprennent généralementl’horticulture, la volaille et l’élevage laitier. Le revenu hors exploitation (denombreux membres de la famille travaillent à temps partiel dans l’agriculture) faitpartie intégrante du revenu familial. On estime que 3 pour cent de la populationagricole vivent de ce système.

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GRANDES TENDANCES EN AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES

Les sections suivantes résument les tendances régionales en les comparant, lorsquecela est possible, à celles de l’ensemble des pays en développement12 Elles décriventles principales tendances de la région en matière de: i) population, faim et pauvreté; ii) ressources naturelles et climat; iii) science et technologie; iv) libéralisation du commerce et des marchés; v) politiques, institutions et bienspublics; et vi) information et capital humain.

Population, faim et pauvretéLa population devrait augmenter de 40 pour cent entre 2000 et 2030, pouratteindre 725 millions de personnes13. Cette croissance est inférieure à celle prévuepour l’ensemble des pays en développement (estimée à 47 pour cent), mais plusélevée que celle l’Asie de l’Est, par exemple. En fait, le taux de croissance régionalede la population a fortement baissé au cours des 40 dernières années; il est passé de2,8 pour cent par an dans les années 1960 à environ 1,6 pour cent dans les années1990. Le pourcentage de la population vivant en zone rurale14 devrait diminuer de25 à 17 pour cent au cours des prochaines 30 années, entraînant une légèrediminution de la population rurale (de 128 à 121 millions); toutefois, les différencesdevraient être importantes entre les sous-régions. Les pays les plus pauvresdevraient maintenir des taux de croissance élevés, entraînant une croissance réelledes populations rurales dans des zones telles que l’Amérique Centrale, la Bolivie, leParaguay et Haïti. D’un autre côté, les populations rurales de pays commel’Argentine et le Brésil devraient probablement diminuer de 20 pour cent ou plus.En général, les populations rurales des pays pour lesquels on prévoit uneaugmentation de l’ensemble de la population de 50 pour cent ou plus, devraientaugmenter d’ici à 2030.

Au cours de la période 2000-2030, la consommation alimentaire moyenne partête et par jour de la région devrait augmenter de 10 pour cent pour passer de2791 kcal à 3080 kcal, maintenant ainsi sa moyenne au-dessus de celle du mondeen développement jusqu’en 2030. L’accroissement de la consommation de caloriesdevrait venir principalement de la viande et des huiles végétales (33 pour cent pourchacun de ces éléments) et des produits laitiers (18 pour cent). La consommationde racines et tubercules devrait diminuer. Le nombre de personnes sous-alimentées– actuellement de 53 millions – devrait baisser à 32 millions d’ici à 2030. Ainsi, lepourcentage de personnes sous-alimentées passerait-il de 11 à 5, c’est-à-dire encoreplus élevé que l’objectif international.

12Sauf indication contraire, les données historiques sont tirées du système statistique FAOSTAT, tandis que lesprojections futures sont largement extraites de FAO (2000 a).

13Division de la population des Nations Unies, 1999.

14Rural est défini comme excluant les villes de plus de 50 000 habitants et les zones périurbaines avec des densitésde plus de 1000 personnes/km2. Ainsi, les petites villes sont exclues de la définition de rural.

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Ressources naturelles et climatLa superficie des terres cultivées a augmenté de 47 pour cent depuis 1961; mais,durant la même période l’intensité culturale ne s’est accrue que de un pour cent. Onprévoit pour la période 2000-2030 une nouvelle extension des terres cultivées de 20pour cent (selon l’évolution des systèmes agricoles) correspondant à un taux decroissance environ trois fois plus faible que celui observé durant les 40 dernièresannées (1,76 pour cent). Cependant, ce taux pourrait être sous-estimé, étant donnél’énorme potentiel d’expansion agricole des Cerrados, des Llanos, du Chaco et dubassin de l’Amazonie15.

Durant la période 2000-2030, la surface irriguée devrait passer de 18 millions à22 millions d’ha; toutefois, le pourcentage des terres irriguées par rapport au totaldes terres devrait rester constant (14 pour cent)16. L’efficacité de l’irrigation estfaible; on n’utilise probablement que 8,5 millions d’ha de la surface équipée.L’irrigation de surface représente presque 90 pour cent des surfaces irriguées.L’efficacité d’utilisation de l’eau ne devrait pas beaucoup augmenter au cours de lapériode 2000-2030.

De 1982-1984 à 1992-1994 la surface des parcours et pâturages a augmenté de3 pour cent en Amérique du sud et 6,2 pour cent en Amérique centrale pouratteindre 600 millions d’ha17. La surface en pâturage du Guatemala ont augmenté,d’une façon incroyable, de 65 pour cent (mais à partir d’un niveau faible) pouratteindre 2,6 millions d’ha. A la fin des années 80, la déforestation était estimée à7,4 millions d’ha par an, équivalant à 0,8 pour cent par an18. Ce taux semble avoirdepuis diminué en Amérique du sud et augmenté en Amérique centrale, pouratteindre 1,3 pour cent par an.

Des faits récents ont rappelé combien de grandes étendues de la régionpouvaient être vulnérables aux variations climatiques (ouragans en Amériquecentrale, inondations et pertes de pêche sur la côte Pacifique de l’Amérique du Sud,et sécheresse dans le nord-est du Brésil). Les changements climatiques discutés auchapitre 1 vont sans doute augmenter ces risques et même réduire les rendementspotentiels. Il est encore impossible de prédire avec précision l’impact de ceschangements climatiques pour les différentes régions géographiques, l’influencedes changements de climat n’étant absolument pas uniforme.

Science et technologieLa valeur de la production agricole s’est accrue à 2,8 pour cent l’an au cours des 20 dernières années. Cependant, on a assisté à un ralentissement de la demande ennourriture et en matériaux bruts au cours des dernières années, en raison duralentissement de la croissance démographique et de la relativement faible élasticité

15Toutefois, cette expansion peut ne pas être durable, si l’on n’applique pas les pratiques de gestion des ressources.

16FAO, 2000c.

17Institut mondial des ressources, 2000.

18FAO, 1995.

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de la demande. On estime qu’au cours des 30 prochaines années le taux decroissance ne devrait pas dépasser 2,4 pour cent par an. Le tableau 7.2 montre letaux de croissance des principales cultures de la région. La production desprincipales céréales a augmenté fortement durant ces 30 dernières années, presqueentièrement en raison de l’augmentation des rendements; la région comptemaintenant pour plus d’un quart de la production de maïs du monde endéveloppement. La production céréalière devrait continuer à augmenter à unrythme toutefois inférieur à celui des dernières décennies. La production de fruitset de cultures maraîchères a aussi fortement augmenté; la croissance des surfacesconsacrées aux productions fruitières a été, durant cette période, supérieure à cellede n’importe quelle autre culture.

Ce sont les oléagineux, soja et tournesol surtout, qui ont connu la plus fortecroissance de production au cours des 30 dernières années. Cette production estpassée de 3 millions de tonnes par an en 1970 à près de 16 millions de tonnes en2000. Son taux de croissance a presque atteint 6 pour cent par an. Depuis 1961,plus des trois quarts de la croissance de la production de soja des pays endéveloppement et plus de 40 pour cent de l’augmentation de la productionmondiale proviennent de cette région. Cette croissance devrait se poursuivrejusqu’en 2030. Les cultures de fibres, coton surtout, sont les seules à avoir diminuémalgré une augmentation importante des rendements. Cette tendance devrait serenverser au cours des prochaines décennies.

L’ensemble de la production agricole devrait croître de 1,7 pour cent par an d’ici2030. Cette augmentation devrait résulter d’une augmentation des surfacescultivées plutôt que d’une augmentation de l’intensité culturale (seulement 11 pour

Tableau 7.2 Tendances de l’évolution des superficies cultivées, des rendements, et desproductions des cultures en Amérique latine et aux Caraïbes, 1970-2000

Superficie Rendement Produits Variation annuelle moyenneCultures 2000 2000 2000 1970-2000 (%)

(m ha) (tonne/ha) (m tonnes) Superficie Rendement Production

Blé 9 2,7 24 0,4 2,1 2,5

Riz 6 3,6 23 -0,1 2,3 2,2

Maïs 28 2,7 76 0,3 2,1 2,3

Racines et tubercules 4 12,6 53 -0,1 0,4 0,2

Oléagineux 32 0,5 16 3,1 2,4 5,7

Fibres 2 0,7 2 -3,8 2,8 -1,1

Légumes 2 14,2 32 1,3 1,8 3,3

Fruits 7 14,2 99 2,8 0,1 2,8

Source: FAOSTAT.

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cent d’accroissement d’ici à 2030). Pendant la période 2000-2030, la moyenne desrendements devrait croître de moins de 50 pour cent, reflétant ainsi une plusgrande expansion des surfaces cultivées comparée aux autres régions.

Les 356 millions de bovins de la région représentent 26 pour cent du total desbovins du monde en développement. Le taux de croissance, de 1,6 pour cent paran au cours des trois dernières décennies, a été plus élevé que la moyenne des paysen développement. La croissance des autres espèces a été comparativement pluslente. Son taux de croissance a même diminué au cours des 10 dernières années.Le taux de croissance des populations bovines devrait être de à 0,9 pour cent paran d’ici à 2030, et celui des moutons et des chèvres de 0,7 pour cent par an. Lesnombres de cochons et de poulets devraient augmenter respectivement de 0,9 et1,6 pour cent par an.

De 1970 à 1990, la productivité du travail agricole s’est accrue d’environ 2 pourcent par an, c’est-à-dire moins vite que celle de l’ensemble des pays endéveloppement (entre 3,5 à 4,5 pour cent par an19). Le faible taux de croissance dela productivité du travail de la région n’est qu’en partie dû à l’abondance de terre.En effet, les taux de croissance ont été particulièrement bas dans des zones tellesque les Andes et l’Amérique Centrale, où il existe une plus forte concentration depetits agriculteurs.

Tableau 7.3 Tendances de l’évolution des populations animales et de leur production en Amérique latine et aux Caraïbes, 1970-2000

Espèces Millions de têtes 2000 Variation annuelle moyenne 1970-2000 (%)

Bovins 356 1,6

Petits ruminants 119 -0,8

Porcins 75 0,6

Volaille 2 396 4,9

Produit Production 2000 Variation annuelle (millions de tonnes) moyenne (%)

Total viande 31 3,5

Total lait 60 2,9

Total laine 0,2 -2,0

Total œufs 5 4,3

Source:FAOSTAT.

19Dans de nombreux pays industrialisés, la croissance de la productivité du travail a atteint 6 pour cent par anpendant des périodes de 20 ans ou plus. En fait, c’est aussi le cas pour les Pampas, le sud du Brésil et les bassesvallées de Colombie.

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Au cours de la dernière décennie, la consommation d’engrais s’est accrue de2,1 pour cent par an, pour atteindre 88 kg/ha d’éléments nutritifs, chiffre prochedu taux moyen du monde en développement20. L’utilisation des engrais devraitaugmenter lentement d’ici à 2030 (environ 1 pour cent par an).

Libéralisation du commerce et développement des marchésLes taxes à l’exportation des produits agricoles étaient en 1995 beaucoup plus faiblesque 10 ans auparavant (respectivement 10 à 20 pour cent et 20 à 60 pour cent).Néanmoins, il existe de grandes différences entre pays et entre produits. La régiondétient une importante part du commerce mondial d’un certain nombre de produitstels que le café (Brésil, Colombie, Amérique centrale), le jus d’orange (Brésil), lesbananes (Equateur, Honduras, Costa Rica), le raisin de table et les fruits de contre-saison (Chili), les cultures maraîchères (Mexique), les fleurs coupées (Colombie,Equateur), les ananas (Costa Rica, Guyane) et les crevettes (Equateur, Honduras).Une forte croissance est prévue pour des productions aujourd’hui importantes dansles pays développées, soit en raison des coûts croissants de la terre et du travail(sucre, coton, jus d’agrumes, maraîchage) ou des dommages causés àl’environnement (porcs, champignons, et probablement poulets).

Pendant la période 1995-1997, le déficit commercial net en céréales de la régiona été de 16 millions de tonnes par an; il devrait doubler d’ici à 2030, entraînant unebaisse de l’autosuffisance de 90 pour cent à 87 pour cent. Cependant, cette régionest la seule du monde en développement à avoir une balance commerciale positivepour les animaux (874 000 tonnes par an) et, à la différence d’autres régions endéveloppement, ses exportations animales devraient tripler d’ici 2030. Sesimportations nettes actuelles de 6,3 millions de tonnes de produits laitiers devraientaugmenter d’ici 2030, pour suivre l’augmentation de la population.

Le grand mouvement de libéralisation des marchés des dernières décennies duXXe siècle a permis de lever de nombreuses contraintes sur les marchés du travailrural en Amérique latine (un peu moins aux Caraïbes). En conséquence, la part durevenu hors exploitation dans la subsistance des ménages des agriculteurs pauvress’est accrue; cette tendance devrait se poursuivre jusqu’en 2030. Dans les systèmesagricoles les plus densément peuplés, les membres du foyer travaillent localement,tandis que dans les zones plus éloignées ou très pauvres, la population rurale estsouvent forcée d’avoir recours aux migrations saisonnières pour trouver du travail.

Un renversement de la libéralisation du commerce en cours est possible; dansce cas, les pays changeraient leur politique agricole et alimentaire et chercheraientl’autosuffisance, ce qui impliquerait le relèvement des barrières douanières pour lescéréales de base et autres produits vivriers. Le mouvement d’expansion vers denouvelles terres, qui est en grande partie une réponse à la libéralisation desmarchés, se ralentirait et même s’inverserait. L’abandon de la production desproduits de base, de la part des petits producteurs des systèmes les plus pauvres,

20Banque mondiale, 2000f.

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serait remis en cause, puisque les prix internes de ces produits pourraientaugmenter. D’un autre côté, si la libéralisation était accélérée, les ajustements àl’intérieur des systèmes agricoles seraient rendus plus difficiles, la pauvreté, sansaucun doute, augmenterait rapidement et les migrations vers les zones urbainess’intensifieraient. En fait, les chiffres sur la pauvreté suggèrent que cela a déjà étéle cas depuis le milieu des années 90. Cependant, la continuation de la libéralisationdu commerce pousserait à l’expansion vers de nouvelles terres et accélèrerait lechangement vers des assolements avec des produits encore protégés dans les paysindustriels, tels que la canne à sucre, le coton, les jus d’orange et le tabac.

Politiques, institutions et biens publicsNulle part ailleurs dans le monde en développement les logiques de l’ajustementstructurel et de la libéralisation économique n’ont été conduites aussi vite, et aussiprofondément qu’en Amérique latine. A commencer par le Chili dans les années 70,la région a connu la privatisation de larges secteurs des économies nationalesauparavant sous le contrôle du gouvernement, dont les banques, lestélécommunications, l’énergie, le transport et, en ce qui nous concerne, lacommercialisation et le financement agricole. Les ministères de l’agriculture denombreux pays, qui étaient précédemment des modèles de bureaucratie employantdes milliers de personnes, furent amputés sans ménagement. Les services desecteurs, tels que la vulgarisation et la recherche, furent aussi grandement réduits.De telles réductions auraient dû être théoriquement compensées par unaccroissement du rôle du secteur privé. Cependant, seuls la recherche et ledéveloppement de produits importants sur les marchés internationaux, tels que labanane, le café et les agrumes ont pu attirer assez facilement les investissements du secteur privé. Les cultures n’intéressant que les petits producteurs ou sansmarché important en dehors de la région, ont rencontré peu d’appui de la part du secteur privé, bien que plusieurs agences internationales21 aient maintenu leurs programmes concernant les cultures de base, surtout le manioc et la pommede terre.

Il apparaît peu probable que la tendance à la réduction de la participation dusecteur public dans agriculture se retourne prochainement; les contraintesbudgétaires limitent la capacité des gouvernements à couvrir les énormes coûtsinduits et à accepter les déficits budgétaires qui en découleraient comme cela avaitété le cas précédemment. Cependant, deux facteurs pourraient rendre la situationplus facile à l’avenir. Le premier est la reconversion probable des petits agriculteursdans des productions orientées vers les marchés et vers l’exportation, plusattractives pour le secteur privé. Le second est la prise de conscience croissante qu’ilexiste des perspectives de partenariat public privé efficaces en ce qui concernel’appui aux services agricoles.

21Le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT), le Centre international de la pomme de terre (CIP) et leCentre international pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT).

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La deuxième principale tendance qui est apparue au cours des dernièresdécennies du XXe siècle est la décentralisation. Très étroitement liée au processusd’ajustement structurel, la décentralisation a souvent été utilisée d’abord pourreporter les responsabilités budgétaires aux niveaux local et régional dugouvernement. Néanmoins le processus de décentralisation pourrait avoir desimpacts importants sur l’ensemble du développement rural de la région, entransférant les prises de décision à des niveaux beaucoup plus proches des rurauxpauvres et en affectant la fourniture et le financement des services aux producteurs.Cela nécessitera aussi un renforcement considérable du gouvernement au niveaulocal et de la capacité de planification, de mise en oeuvre et de contrôle financier dela part des communautés.

Il est difficile de savoir aujourd’hui si la tendance à la décentralisation continueraau cours des trois prochaines décennies. Une réelle décentralisation implique uneréduction considérable du pouvoir des gouvernements au niveau central; il estpossible que les structures du pouvoir en place résistent lorsqu’elles s’apercevrontque le processus est plus que symbolique. Les élites locales pourraient aussis’emparer d’une bonne part des bénéfices, rendant la décentralisation inefficace.

Information et capital humainLe développement de l’information et du capital humain représente pourl’Amérique latine et les Caraïbes un défi aussi important que pour les autres régionsen développement, peut-être même plus, en raison de l’orientation marché prisepar la région dans son ensemble. Les demandes du marché se font plus pressantes,les technologies changent plus rapidement, et les qualifications sont de plus en plusindispensables au développement. Historiquement, une grande part des ressourcesde la région fut allouée à l’enseignement secondaire et supérieur, bénéficiant surtoutaux populations urbaines les plus riches. En revanche, l’enseignement primairerural, les communications et les services d’information ont été les parents pauvres.Cependant, au cours des trois dernières décennies, le nombre d’écoles a augmentédans les zones rurales et l’alphabétisation s’est nettement développée, bien que lesbudgets de l’éducation rurale soient encore extrêmement bas.

Le processus de transition entraîné par la mondialisation pénalisera les petitsagriculteurs non préparés à y répondre, la prise de conscience de ce phénomènedevrait influer sur les priorités de l’éducation et de l’information au niveaunational. En fait, la privatisation des télécommunications a probablement plus faitpour le raccordement des zones rurales à l’information que n’importe quelle autredécision politique prise au cours de ces dernières années. La privatisation de lafourniture d’énergie accélère aussi l’électrification rurale, préalable indispensableau développement de nombreux services modernes. Il est probable que lessystèmes agricoles les plus riches, tels que le système d’exploitation agricole mixteintensif du Brésil, seront parmi les premiers à bénéficier des nouvelles technologiesde l’information; il reste à savoir si les ménages agricoles pauvres du Guatemala,d’Haïti ou de Bolivie pourront aussi en profiter au cours des prochaines décennies.

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Sélection des systèmes agricoles pour l’analyseQuatre des systèmes agricoles présentés dans la section précédente ont été choisispour faire l’objet d’une analyse plus détaillée, principalement à partir des troiscritères de sélection suivants: fréquence de la pauvreté, population et potentiel decroissance.

● Le système d’exploitation agricole mixte des terres sèches (nord-est du Brésil et Yucatan);

● le système d’exploitation agricole maïs-haricot (Amérique centrale);

● le système d’exploitation agricole mixte de haute altitude (Andes centrales).

Un autre système d’exploitation agricole a aussi été sélectionné car il représentel’une des frontières agricoles majeures laissées au monde en développement; ils’agit du :

● Système d’exploitation agricole mixte extensif (Cerrados et Llanos)

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE EXTENSIF(CERRADOS ET LLANOS)

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈMELe système d’exploitation agricolemixte extensif couvre environ 230millions d’ha, dont 190 millions d’ha– les Cerrados – sont situés dans lecentre du Brésil et 40 millions d’ha –les Llanos – qui s’étendent de laGuyane au sud du Venezuela et à l’estde la Colombie. La population totaledu système est de 24 millions depersonnes dont environ 40 pour centsont des ruraux22. La zone possèdeun climat tropical subhumide (pluviométrie de 1000 à 2000 mm par an) avec unesaison sèche bien marquée; les Llanos sont plus humides que les Cerrados. Lacouverture végétale naturelle va des prairies ouvertes des savanes arborées auxcouvertures forestières le long des rivières.

Historiquement, les zones de savane, éloignées des villes de la côte, aux solsacides et pauvres en éléments nutritifs et aux longues saisons sèches furentconsidérées n’être bonnes qu’à l’élevage extensif. Au début des années 70, seuls

Encadré 7.1 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte extensif(Cerrados et Llanos)

Population totale (m) 24

Population agricole (m) 10

Superficie totale (m ha) 233

Zone agroécologique Humide à subhumide

Superficie cultivée (m ha) 32

Superficie irriguée (m ha) 0.4

Population animale (m) 60

22La proportion de population non agricole de ce système est plus élevée que ce à quoi on pourrait s’attendre àcause de la présence de Brasilia dans ce système.

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3 pour cent d’entre-elles étaient cultivés. Depuis lors, la mise en culture a étérapide, spécialement sur les meilleurs sols des Cerrados. Le riz en sec est souvent lapremière culture pratiquée, elle est encore dominante dans les Llanos. Cependant,le soja et le maïs ont pris aujourd’hui plus d’importance dans les Cerrados. Lasurface totale cultivée de ce système est actuellement évaluée à plus de 30 millionsd’ha, y compris les cultures permanentes. Toutefois, on estime qu’une mauvaisegestion des terres a entraîné la dégradation sévère de 40 millions d’ha de Cerrados,principalement les zones mises en culture durant les premières années decolonisation de ces terres semées simultanément en riz et en Brachiaria.

De grandes exploitations (supérieures à 500 ha) dont les propriétaires sontsouvent absents, ont traditionnellement dominé les Cerrados et les Llanos; ellesreprésentent aujourd’hui encore 10 pour cent des exploitations. L’élevage en ranchest toujours l’activité principale de la grande majorité des exploitations (70 pourcent dans les Cerrados et probablement plus dans les Llanos). Cet élevage couvre40 à 45 millions d’ha de pâturages et compte 60 millions de têtes de bétail pourl’ensemble de ce système d’exploitation agricole.

En dépit de la prédominance de l’élevage en ranch, il existe dans la zone desCerrados un nombre croissant d’exploitations mixtes agriculture-élevage parmicelles dont la taille varie de 10 à 100 ha, qui représentent 50 pour cent du nombretotal d’exploitations (voir encadré 7.2). Ces unités de taille moyenne ont tendance àemployer un nombre considérable de travailleurs saisonniers. Les Cerradosreprésentent déjà environ 20 pour cent de la production nationale de haricot –importante culture de base du Brésil – tandis que la production de café se développe

Encadré 7.2 Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte extensif(Cerrados et Llanos)

L’exploitation de 50 ha est cultivée en famille dans le nord de l’Etat de Goias, au cœur desCerrados; elle fut créée et enregistrée il y a 20 ans et pourrait avoir été achetée à un richepropriétaire de ranch établi depuis longtemps dans la région. Une grande partie del’exploitation est encore consacrée à l’élevage extensif de 40 bovins pour la viande, mais lescultures annuelles de haricot (4 ha),maïs (4 ha) et riz (2 ha), ainsi que la production de culturesmaraîchères pour la consommation familiale, représentent des activités importantes. Lesrendements sont assez bons grâce à l’utilisation d’engrais; toutefois, la formation de semellesde labour pose un problème croissant. La famille, composée de six personnes, vit presqueexclusivement des revenus de l’exploitation car il y a peu de possibilités de travail régulier endehors de celle-ci. De la main-d’œuvre saisonnière peut être recrutée pour les récoltes. Lacommercialisation des produits et l’achat des intrants représentent un des principauxproblèmes pour la famille car la ville la plus proche se trouve à 40 km et les routes sont enmauvais état, spécialement pendant la saison des pluies.Aussi n’est-il pas possible de produiredes denrées périssables. En raison de l’isolement, l’éducation et les soins de santéreprésentent des problèmes supplémentaires. La pauvreté n’est pas importante.

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à l’est. Les autres productions importantes des Cerrados sont: le soja (34 pour centde la production brésilienne), le maïs (21 pour cent) et le riz (21 pour cent).L’agriculture est beaucoup moins développée dans les Llanos. L’irrigation, utiliséeaujourd’hui sur moins d’un pour cent des terres (0,4 millions ha) se développe.

Le rôle des exploitations de taille moyenne devient de plus en plus importantaussi bien dans les Cerrados que dans les Llanos. Les chiffres indiquent que, durantla période 1961-1997, le nombre des exploitations de plus de 1 000 hectares desLlanos à chuté de plus d’un tiers; le nombre des exploitations de moins de20 hectares a aussi diminué pendant la même période. De même, moins de 10 pourcent des exploitations des Cerrados ont une superficie inférieure à 10 ha et lesstatistiques de certains états montrent que leur nombre a diminué depuis 1970. Cesfaits tendent à prouver que la consolidation des terres est en cours.

Des études sur le potentiel agricole des Cerrados estiment que la surface desterres cultivables dépasse 100 millions d’ha. Dans les Llanos, dont les sols posentplus de problèmes, quelque 10 à 15 millions d’ha supplémentaires pourraientprobablement être mis en culture. Ces nouvelles possibilités permettraient untriplement des superficies actuellement cultivées. L’expansion rapide del’agriculture dans ce système a cependant entraîné une dégradation trèsimportantes des sols et une réduction de la biodiversité originelle.

Le niveau de pauvreté de ce système est, dans l’ensemble, beaucoup moinsimportant que dans le système d’exploitation agricole mixte aride qui borde lesCerrados. Les deux tiers des agriculteurs sont propriétaires de leur exploitation;une faible proportion d’entre eux loue leurs terres. Cependant, le nombred’ouvriers émigrés sans terre s’accroît dans les Cerrados. On compte aussi uncertain nombre de faillites parmi les agriculteurs.

En raison de la faible densité de population qu’a toujours connu le systèmemixte extensif, les infrastructures sont peu développées et les coûts de transport etde stockage sont restés relativement plus élevés que ceux d’autres zones pluspeuplées. La productivité des terres est faible en raison du prix élevé des intrants,de la faible teneur des sols en éléments nutritifs et du bas prix des terres. Lesrendements des principales cultures sont inférieurs aux moyennes nationales (80 à90 pour cent pour le soja et le maïs, et seulement 50 pour cent pour le riz dans lesCerrados). Les investissements du gouvernement dans l’éducation, la formation etles autres services sont faibles.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE EXTENSIF(CERRADOS Y LLANOS)

La croissance actuelle du système d’exploitation agricole mixte extensif devraitcontinuer et même s’accélérer au cours des prochaines années; toutefois, les taux decroissance dépendront étroitement de l’accès aux marchés et de la demande en soja,en viande, en céréales et dans les autres cultures. La surface cultivée totale devrait

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être proche de 70 millions d’ha en 2030 ou plus de 100 millions d’ha en y incluantles pâturages. L’élevage ne sera plus à l’avenir l’activité dominante. La spéculationsur la terre pourrait devenir un problème. Les données relatives à la zone desLlanos indiquent déjà, pour 1995, un renouvellement annuel des propriétésfoncières de 12 pour cent, beaucoup plus important que la moyenne nationale de3,5 pour cent au Venezuela. La future structure des exploitations aura un impactmajeur sur la nature du développement. La pauvreté pourrait considérablementse développer si la terre reste dans les mains de grands propriétaires. Cependant,si la distribution des terres devient plus équitable, comme les tendances actuellessemblent en démontrer la possibilité, le développement de la pauvreté ne devraitpas avoir lieu. L’intensification pourrait aussi survenir plus rapidement queprévu.

On peut s’attendre à ce que des investissements très importants, en partiefinancés par le secteur privé, soient réalisés dans les systèmes de transport, lesfacilités de stockage, l’infrastructure sociale et la transformation. Ces changementsdevraient réduire les coûts de transport, augmenter les revenus agricoles, faciliterla diversification et accroître l’emploi hors exploitation (et entraîner unemigration plus importante vers ces zones). En raison de son taux actuel decroissance et des migrations, la population totale du système devrait doubler aucours des 30 prochaines années. Cependant, le taux de croissance despopulations agricoles devrait être légèrement plus faible que celui des populationsurbaines.

Les possibilités de diversification agricole dans des activités telles que laproduction des fruits tolérants aux sols acides (pamplemousse, fruit de la passion,mangue et avocat) sont importantes. Les cultures vivrières de saison sèche tellesque le pois d’Angola et le petit mil devraient aussi s’étendre dans les Cerrados.Ces deux types de cultures pourraient devenir plus intéressants, surtout pour lespetits producteurs. Cependant, l’augmentation de l’intensité culturale entraîneraun accroissement de la demande en eau pour l’irrigation; elle nécessitera uneplanification efficace faute de quoi des conflits pourraient survenir.

Le principal changement à venir pour les cultures annuelles dans les Cerradosdevrait être l’adoption de méthodes de production sans labour. Déjà pratiquées surplusieurs millions d’ha, elles pourraient s’étendre rapidement dans le futur. Lesprincipaux avantages en sont: i) l’augmentation du nombre de semis réalisés àtemps; ii) l’amélioration des rendements; iii) la récolte plus précoce permettant uneseconde culture, qui peut être un engrais vert; iv) la conservation de la matièreorganique du sol; et v) la réduction des coûts de production. Cependant, toutes lesexpériences d’agriculture sans labour n’ont pas été des réussites. Les principauxproblèmes rencontrés ont été: les traitements pesticides inappropriés, le manque detechnologies adaptées aux petits agriculteurs et la mauvaise formation desvulgarisateurs.

La recherche entreprise au niveau des exploitations par l’Institut brésilien derecherche agricole (EMBRAPA), montre que l’adoption à grande échelle d’une

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approche de production durable pour l’environnement permettrait, au cours des30 prochaines années, des gains importants de productivité pour les cultures etpour l’élevage. Les potentiels d’accroissement des rendements sont de plus de100 pour cent pour le maïs et les haricots de plein champ (jusqu’à 5,5 tonnes/ha et3,2 tonnes/ha respectivement pour ces deux cultures), de 75 pour cent pour le riz(jusqu’à 2,8 tonnes/ha) et de 40 pour cent pour le soja (jusqu’à 3,5 tonnes/ha). Laproduction de viande à l’hectare pourrait augmenter de 300 pour cent, pouratteindre 0,2 tonne/ha par an. Les augmentations de rendements prévuesviendraient exclusivement de l’amélioration des systèmes de production et non desvariétés améliorées, alors que les fortes augmentations de production de viande àl’hectare seraient dues à la réhabilitation de grandes étendues de pâturagesdégradés.

En résumé, les principaux problèmes du système d’exploitation agricole desnouvelles terres de savanes seront au cours des 30 prochaines années:● La distribution de la propriété et de la taille des exploitations à l’intérieur du

système, et l’impact de cette distribution sur la pauvreté et sur l’intensificationde la production.

● La création d’une bonne infrastructure pour aider l’accélération dudéveloppement économique de la zone.

● La réalisation de la future expansion agricole sans dommage pour les solsfragiles de la zone de savane.

● La capacité d’inverser la tendance à la dégradation de grandes étendues depâturages mal gérés.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE EXTENSIF (CERRADOS ET LLANOS)

Les principales stratégies pour réduire la pauvreté des agriculteurs de ce systèmesont l’intensification de la production associée à l’amélioration des infrastructures età l’augmentation de la taille des exploitations des petits producteurs. Les stratégiessecondaires sont la diversification des productions et l’accroissement du revenu horsexploitation.

Une série d’actions prioritaires est recommandée pour relever les défis décritsci-dessus. Ces actions sont la mise en place de mécanismes pour promouvoirl’agrandissement des unités de production petites à moyennes, le renforcement desservices d’assistance technique aux petits producteurs, un régime fiscal favorableaux exploitations de moins de 100 ha, le financement de l’acquisition de terres, etla promotion de coopératives et d’autres formes collectives de services pour lacommercialisation des produits et des intrants. Le développement de nouvellesagroindustries et activités après récolte (aux niveaux familial, coopératif ou desociétés par actions) devrait être facilité afin de créer une nouvelle demande et desemplois hors exploitation.

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Il est important de valider et de diffuser l’information sur les systèmes intensifsde production intégrée et sur les possibilités de diversification, spécialement pourles petits agriculteurs, en particulier l’utilisation efficace de l’eau, les méthodes deculture sans travail du sol et les systèmes intégrés élevage-agriculture. Pour êtreefficace, cette diffusion requiert l’amélioration des communications avec lesagriculteurs et la participation de ceux-ci à la recherche adaptative et aux essais.Les efforts devraient se concentrer sur la restauration des quelque 40 millions d’hade pâturages dégradés, correspondant à une surface supérieure à celleactuellement cultivée, afin de canaliser la croissance agricole sur les zones existanteset de réduire ainsi la pression pour la mise en culture de nouvelles terres desavane.

On peut s’attendre à ce que des interventions spécifiques puissent entraîner deschangements importants au cours des 30 prochaines années. Cependant, il existedéjà des approches et des technologies innovantes capables de restaurer les terresdes pâturages dégradés (voir encadré 7.3). Bien que testées principalement sur degrandes exploitations, ces approches sont aussi adaptées aux petits producteurs;elles ont démontré leurs capacités à permettre un accroissement durable trèsimportant de la charge animale à l’hectare.

La combinaison optimale des cultures du système varie en fonction del’humidité disponible. Certaines de ces cultures, telles que le ricin, le petit mil, lesgraines d’amarante, le kenaf, le pois d’Angola et le quinoa, sont peu connues dansla savane. Les systèmes de production intégrés qui ont été testés ont inversé latendance à la dégradation des sols et entraîné d’importantes augmentations derendement. Les résultats obtenus sur le terrain montrent que la production deviande à l’hectare peut être augmentée de 300 pour cent, et celle du maïs et desharicots de 100 pour cent. Les revenus nets moyens des agriculteurs participants à

Encadré 7.3. Réalisation d’accroissements durables de la productivité dans lesystème d’exploitation agricole mixte extensif23

L’absence de rotation dans les systèmes de production basés sur l’élevage ou sur les cultures,a contribué à la dégradation importante des sols sur 40 millions d’ha du système et pose desproblèmes en termes de maladies et de ravageurs. La recherche et les essais en champ ontclairement démontré l’importance des effets bénéfiques de l’association agriculture-élevagedans les systèmes de production. L’introduction du soja et d’autres cultures et le semis depâturage dans les zones d’élevage en ranch (typique des grandes exploitations) peuventpermettre la restauration des terres et, par la suite, de plus fortes charges de bétail à l’hectaredans le cadre de rotations. Les petites exploitations qui élèvent des bovins, à la fois pour lelait et pour la viande, à partir de leurs cultures, pourraient bénéficier de ces innovations etaugmenter ainsi la charge animale à l’hectare.

23Spehar 2000.

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ces opérations se sont accrus de 200 à 350 dollars EU. Alors que l’adoption destechniques d’agriculture mixte par les agriculteurs possédant de grandes surfacesne requiert que peu de soutien en matière d’investissement, elle nécessite uneassistance beaucoup plus importante pour les petits agriculteurs. Le potentielagricole du système justifie: i) l’accroissement des programmes de rechercheappliquée, en particulier au niveau du terrain; ii) la multiplication des semences; etiii) le recours aux systèmes de gestion intégrée des ravageurs. Ces technologiespourraient être utilisées non seulement dans les Llanos mais aussi dans les savanesde Afrique de l’Ouest.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE DES TERRES SÈCHES

CARACTÉRISTIQUESDU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricolemixte des terres sèches comprend deuxzones principales en Amérique latine; i) le nord-est du Brésil, où il couvreenviron 20 pour cent de la surface dupays, soit 110 millions d’ha; et ii) lapéninsule du Yucatan au Mexique, où ils’étend jusqu’au nord du Petén auGuatemala sur environ 17 millions d’ha.La population agricole du système estestimée à environ 500 000 personnes auYucatan et presque 11 millions de personnes au Brésil (voir encadré 7.4). La moitiéde la population rurale du Brésil vit dans ce système24. Les précipitations annuellesau nord-est du Brésil varient de 400 à 600 mm dans la partie ouest, la plus sèche dusystème brésilien, à 1000 mm à l’est. Dans le Yucatan, la moyenne varie de 600 à1500 mm. Dans ces deux régions, les sols sont généralement peu profonds etpierreux avec des zones de couverture forestière basses et des altitudes faibles àmoyennes. Les terres de bonne qualité sont rares et les mesures de contrôle del’érosion peu répandues. La désertification est importante sur quelque 18 millionsd’ha de la zone semi-aride du nord-est du Brésil.

La longue saison sèche, les sécheresses fréquentes et la pluviométrie irrégulière,typiques du système, font de l’agriculture une opération très risquée pour la grandemajorité des producteurs qui ne dispose pas d’irrigation de complément. Plus de80 pour cent des agriculteurs des deux zones pratiquent une production de semi-

Encadré 7.4 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte des terressèches

Population totale (m) 27

Population agricole (m) 11

Superficie totale (m ha) 127

Zone agroécologique Sec à humide/ subhumide

Superficie cultivée (m ha) 18

Superficie irriguée (m ha) 0,4

Population animale (m) 24

24Ce système d’exploitation agricole exclut la zone côtière très urbanisée du nord-est du Brésil.

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subsistance (voir encadré 7.5). Les pertes de récoltes – spécialement de maïs et deriz – sont fréquentes si les pluies sont tardives. Dans le Yucatan, la cultureitinérante, qui était une pratique traditionnelle de subsistance des Mayas, estencore largement utilisée aujourd’hui. Cette forme d’agroforesterie fait succéderdeux phases: la phase de culture (milpa) où maïs, haricots et courges sont cultivéssimultanément, et l’autre phase (acahual) où les buissons sauvages et les arbresrepoussent et envahissent le sol. La culture dure traditionnellement deux à troisans et la jachère de cinq à vingt ans, selon le sol, la végétation et la disponibilité enterre.

La distribution de la terre est fortement bi modale (grandes et petitesexploitations). Dans le nord-est du Brésil, quelque deux millions d’agriculteurs dusystème cultivant une superficie estimée à 15 millions d’ha. Cependant, plus de lamoitié d’entre eux (59 pour cent) ont des exploitations de moins de cinq ha, dontla surface correspond à moins de 6,1 pour cent de la surface totale des terresarables (22 pour cent des exploitations ont des superficies comprises entre 5 et 20ha). A l’autre extrême, 8,2 pour cent des exploitations dont les surfaces sontsupérieures à 50 ha représentent à elles seules 61 pour cent des surfaces totales25.Les plus grandes exploitations se concentrent principalement sur la culture dumaïs (souvent pour l’alimentation du bétail), de la canne à sucre vers la côte et surl’élevage (49 pour cent des agriculteurs produisent de la viande de bœuf, 55 pourcent du lait et 40 pour cent de la volaille).

Dans le Yucatan, chaque ejidario26 possède entre 4 à 8 hectares de terrescultivées (en moyenne entre 4 et 4,5 ha). La superficie totale semée dans le Yucatanétait de 1,1 million d’ha en 1995. Un peu plus de la moitié (58 pour cent) desagriculteurs du nord-est du Brésil sont propriétaires; toutefois, le nombre desgrands propriétaires est plus élevé que celui des petits propriétaires. Les fermierset métayers représentent 17 pour cent et le reste, soit 25 pour cent, est constituéd’occupants informels (ou illégaux).

Les petits producteurs du système se sont appauvris au cours des dernièresdécennies. Plus de 50 pour cent des familles rurales du nord-est du Brésil viventdans une pauvreté chronique et sévère avec un revenu familial moyen nedépassant pas 366 dollars EU par an (comparé à la moyenne nationale de 938 dollars EU et à la moyenne du sud de 1744 dollars EU)27. Les agriculteursn’utilisent généralement ni semences améliorées, ni engrais, ni pesticides, nimécanisation. Les rendements des cultures reflètent ce faible niveau technique etce bas niveau d’intrants. Les rendements moyens dans le système sont d’unetonne/ha pour le maïs, de 0,45 tonne/ha pour les haricots, de 9,9 tonnes/ha pour

25Institut de géographie et de statistiques du Brésil 1996.

26Un ejidario est un membre d’une communauté de gestion qui gère les terrains communaux (ejidos) ou quibénéficie d’une superficie de terre pour laquelle on lui a accordé un droit d’usage héréditaire, mais non depropriété. Cependant, depuis la libéralisation des contrôles légaux sur les ejidos en 1992, un nombre croissantd’ejidarios a converti ses droits d’usage en titre de propriété.

27Institut de géographie et de statistiques du Brésil, 1996.

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le manioc et de 1,59 tonne/ha pour le riz pluvial. Néanmoins, le nord-est du Brésilreprésente plus de 30 pour cent de la production nationale de haricot et demanioc28. Dans le recensement de 1996, on enregistra dans le nord-est du Brésil 20millions d’ha de prairies originelles et 12 millions d’ha de prairies améliorées, dontseulement quelque 15 pour cent dans des exploitations de moins de 50 ha. Onestime que la superficie des prairies a beaucoup augmentée depuis le recensement.

L’agriculture irriguée est peu développée, en partie à cause du manque dedisponibilité en eau, en partie en raison des mauvaises conditions des sols et aussiparce que les investissement nécessaires dépassent les capacités financières de laplupart des petits producteurs. Au Yucatan, il n’y avait que 47 000 ha irrigués en 1995, soit moins de 5 pour cent de la surface cultivée, tandis qu’au Brésil, latotalité des surfaces irriguées du système est inférieure à 400 000 ha. Par contre,d’importantes mesures de conservation des eaux ont été mise en place, réservoirs,barrières de rétention de salinisation, etc., mais aucune ne fonctionne correctementdurant les périodes de grande sécheresse. Les technologies mise en place ne sontfréquemment pas comprises par ceux qui sont supposés en bénéficier.

L’infrastructure de l’ensemble du système des terres sèches marginales est peudéveloppée. Les services publics, tels que la santé et l’éducation, n’existent quedans certains endroits et leur financement est généralement insuffisant pour leurpermettre de fonctionner correctement. Le mauvais entretien des routes et lefaible développement des marchés s’ajoutent aux problèmes auxquels ledéveloppement économique de la région doit faire face.

Encadré 7.5. Un ménage typique du système d’exploitation agricole mixte des terres sèches

Sur une exploitation de 3,5 ha dans l’Etat du Piauí au nord-est du Brésil, la famille de septmembres produit surtout des haricots (1,5 ha), du maïs (1 ha) et du manioc (0,5 ha) sur desterres louées ou en métayage auprès d’un propriétaire local. Les rendements sont bas, etreflètent la faible qualité du sol, le manque d’humidité et l’utilisation limitée d’intrants (aucunesemence n’est achetée). Une forte proportion de la production revenant au propriétaire, lafamille ne consacre qu’un tiers de ses revenus monétaires aux activités rurales et préfère enconserver la plus grande part pour couvrir ses autres besoins. La plupart des tâches agricolessont assumées par la femme et les enfants, car le mari travaille souvent en dehors del’exploitation, soit comme ouvrier agricole local soit dans un emploi entraînant une migrationsaisonnière. Un travail récent dans une plantation de canne à sucre de la côte a permis à lafamille le luxe de se payer une vache laitière qui, avec les deux chèvres, est nourrie des résidusde récolte et de la végétation poussant le long de la route. La famille possède aussi quelquespoulets. Elle n’a jamais reçu la visite d’un agent de vulgarisation et les services rudimentairesde scolarisation et de santé s’arrêtent souvent de fonctionner faute de budget.

28Super intendance pour le développement du Nord-Est, 1999.

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Au Yucatan, la réduction de la durée de jachère du système de cultureitinérante, due à la pression démographique croissante, a entraîné une crise sérieuse.En conséquence, la durée de récupération des terres milpa est insuffisante pourpermettre la reconstitution de la fertilité après les périodes de culture. Lesrendements et la capacité de résistance à la sécheresse ont ainsi été réduits,abaissant les niveaux de sécurité alimentaire des communautés rurales. Lacroissance rapide du tourisme sur les zones côtières du Yucatan et les offresd’emplois qui en ont découlé ont eu aussi un impact direct profond sur la structure,la constitution et la situation économique de ce système d’exploitation agricole. Denombreuses familles ont migré d’une façon permanente vers les nouvelles villescôtières, telles que Cancun et Cozumel29. Un mode de migration semblable seproduit aussi dans le nord-est du Brésil. En raison de la faible productivité de lazone et des sécheresses récurrentes affrontées par les producteurs, la populationrurale est devenue très dépendante de l’assistance périodique du gouvernement.Aucune solution à long terme n’ayant été proposée, ces populations représententun flux migratoire potentiel énorme (8 à 13millons de personnes pourraient êtreconcernées).

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DES TERRES SÈCHES

Les secteurs clés pouvant contribuer à la croissance du revenu régional sont letourisme, les services et l’agroindustrie. La structure productive de ce systèmed’exploitation agricole sera sans doute plus concentrée en 2030 qu’aujourd’hui et denombreux producteurs marginaux auront alors disparu. Le système ayant peu dechance de financer son propre développement, il continuera à dépendre desressources du gouvernement. La population totale devrait croître à un taux d’unpour cent l’an. La distribution des revenus continuera d’être très inégalitaire et toutediminution de la pauvreté dépendra beaucoup des programmes d’action dugouvernement.

La capacité opérationnelle des institutions publiques, y compris celle du secteurde la recherche et de la vulgarisation, devrait s’accroître. Cependant, à moins quedes mesures importantes ne soient prises en vue de restructurer l’organisation et lagestion de la recherche, il est peu probable que les besoins des agriculteurs soientmieux pris en compte et que l’on assiste à une coopération accrue avec le secteurprivé. D’un autre côté, l’organisation et la démocratisation de la société devraient serenforcer.

L’accroissement de l’instabilité climatique et la dégradation des ressourcesnaturelles, qui réduit la capacité du système à résister à de longues périodes desécheresse, devraient entraîner, au fil des ans, une aggravation des effets de la

29Torres 1997.

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sécheresse. L’impact sera très important, entraînant une dégradation plusimportante des sols et de la végétation et un exode accrue des populations. Ceseffets négatifs seront atténués par le développement de l’irrigation (0,5 million d’hade terres nouvelles devraient être irrigués). La plupart de cette irrigation seradestinée à la production de fruits tropicaux pour l’exportation, entraînant lacréation de près de 300 000 emplois nouveaux. Une contrainte importante est laperception largement répandue que le manque d’eau résulte de ressourcesnaturelles limitées. En réalité, il est en grande partie dû à la distribution inégale dela terre, aux techniques inappropriées, et à la mauvaise gestion des ressources. Ladégradation des terres dans les exploitations marginales exacerbe encore leproblème, bien que des possibilités existent réellement pour la mise en place desystèmes nécessitant peu d’eau (noix de cajou par exemple).

Le Yucatan doit faire face à un défi particulier concernant la durabilité descultures itinérantes. Les changements techniques du système milpa se limitent àl’introduction d’intrants externes tels que les herbicides, les semences de variétésaméliorées et, dans une certaine mesure, les engrais. La diversification des cultureset le changement du cycle des cultures sont autant d’adaptations possibles dusystème milpa. Cependant, si la durée de la jachère continue à diminuer, le seulrésultat possible sera une sérieuse dégradation du sol et de la végétation et unebaisse importante des rendements. Cela pourrait bien arriver, à moins quel’émigration se fasse à un rythme supérieur à celui de la croissance de la population.Les autres problèmes importants à considérer sont :

● La réforme du régime foncier pour permettre la consolidation des terres desexploitations et accroître leur efficacité ;

● le contrôle de la désertification des zones les plus sèches;

● l’exploitation du potentiel de l’écotourisme pour créer des emplois.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DES TERRES SÈCHES

A l’inverse d’autres régions du monde qui ont déjà accompli leur transition vers despratiques agricoles modernes, le système d’exploitation agricole mixte des terressèches n’a pas encore entrepris les changements nécessaires qui puissent permettreun développement agricole et socioéconomique plus équitable et plus important. Enraison du manque de ressources, même des progrès technologiques majeurs nepermettraient pas à une population agricole pauvre de 10 millions de personnesd’échapper à la pauvreté au cours des 30 prochaines années. Seules une réductionde la population agricole et une distribution plus équitable des terres pourraientpermettre d’augmenter les revenus de ceux qui resteront et d’arrêter la dégradationtoujours plus grande des ressources naturelles de base.

Deux principales approches stratégiques de réduction de la pauvreté peuventêtre proposées : i) des moyens de subsistance de remplacement, principalement par

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la sortie de l’agriculture; et ii) l’accroissement des revenus hors exploitation.D’autre part, la croissance agricole grâce à l’augmentation de la taille desexploitations, à la diversification et à une certaine intensification de la productioncontribuera à la réduction de la pauvreté.

L’offre de nouveaux moyens de subsistance aux familles agricoles marginales àl’intérieur de la région nécessite des stimulants pour la création d’agroindustries etd’autres activités rurales, telles que la formation des travailleurs et la taxation desbénéfices. L’aide à l’installation des agriculteurs marginaux dans des zones agricolesen expansion (comme celles des Cerrados) est aussi importante; elle pourraitprendre la forme de primes d’incitation pour quitter les terres actuellementoccupées et d’accès facilité au financement pour permettre d’acheter de la terredans les zones d’expansion. Un élément supplémentaire de cette approchestratégique est l’offre de formation de qualification et l’amélioration desinfrastructures afin de faciliter les mouvements de population (surtout les jeunes etles femmes) vers les zones urbaines régionales.

La deuxième approche stratégique consiste à fournir à ceux qui restent sur lesexploitations la possibilité d’accroître leurs revenus par l’achat de terre et ladiversification vers des cultures de plus grande valeur (peut-être pour le secteurdu tourisme). Cela peut entraîner l’exclusion de nombreux locataires qui n’ontpas des surfaces suffisamment importantes, au départ, pour pouvoir s’étendre.Cependant, dans un certain nombre de pays, l’expérience a montré que lefinancement des seuls coûts d’achat de la terre ne suffisait pas. Tout programmede ce type doit aussi répondre aux points suivants: i) besoins en investissement del’exploitation et en capitaux circulants; ii) diffusion de techniques capablesd’améliorer la productivité lorsque l’humidité est une contrainte (développementet dissémination de variétés résistantes à la sécheresse et encouragement auremplacement du maïs); iii) diffusion de techniques sans travail du solappropriées aux petits producteurs; et iv) mise en œuvre de la petite irrigationlorsqu’elle est réalisable.

L’introduction de pratiques culturales capables d’inverser le processus de ladégradation des ressources naturelles de base est prioritaire. Ces pratiques sont: i) l’utilisation croissante des cultures de légumineuses et de plantes fourragères(Mucuna pruriens et Canavalia ensiformis par exemple); ii) le pâturage limité ou mêmele non pâturage pour les petits élevage; et iii) une plus grande attention au potentielde la végétation naturelle. La planification de l’utilisation des sols devrait êtreprioritaire afin d’améliorer l’identification des zones à risques. Il serait aussi utile dedévelopper la recherche météorologique afin de pouvoir prévoir les périodes desécheresses dans toute la région.

Il est nécessaire, qu’à côté de ces principales approches stratégiques, lefinancement public se dégage des opérations d’urgence contre la sécheresse ou desprogrammes semblables pour se tourner vers le financement d’activités qui puissentpermettre d’éviter dans l’avenir ce genre de situation.

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SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MAÏS-HARICOT(AMÉRIQUE CENTRALE)

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈMELe système d’exploitation agricole maïs-haricot d’Amérique centrale s’étend surune superficie d’environ 65 millionsd’ha. Il occupe principalement leshautes terres depuis le canal de Panamajusqu’aux hauts plateaux du Guatemalaet du centre du Mexique. Le système est caractérisé par : i) une proportionimportante de population indigène30;ii) le rôle central, à la fois agricole etculturel, du maïs et des haricots ; iii) lapetite taille des exploitations –typiquement moins de 5 ha, moins de 2 ha au Salvador31; iv) la forte proportiond’autoconsommation (plus de 65 pour cent au Honduras)32; et v) l’importance desmigrations saisonnières des travailleurs salariés vers les plantations de café des bassesterres agricoles. Le café et le maraîchage intensif sous petite irrigation (dans leszones proches des routes et des centres urbains) représentent des sourcesimportantes de revenu, souvent critiques pour déterminer le degré de pauvreté àl’intérieur d’une communauté.

La terre cultivée peut s’étendre jusqu’à des altitudes de 3 500 m au dessus duniveau de la mer sur les hauts plateaux du Guatemala, mais la majorité se trouveentre 400 et 2 000 m; les précipitations varient de 1 000 à 2 000 mm par an.L’irrigation est très importante, surtout chez les plus grands agriculteurs, bien que lessystèmes de petite irrigation jouent un rôle important en horticulture. La plupart dessols sont d’origine volcanique et relativement fertiles, mais ils sont souvent peuprofonds et sujets à l’érosion sur les pentes33. Les études de la FAO des années 80 ontestimé que l’érosion était sévère et qu’elle touchait jusqu’à 45 pour cent des sols duSalvador et 25 à 35 pour cent de ceux du Guatemala34. La couverture forestière s’estconsidérablement réduite au cours de XXe siècle, ne laissant de grandes zones deforêt continue que dans les endroits inaccessibles et les parcs nationaux. On

Encadré 7.6 Données de base: systèmed’exploitation agricole maïs-haricot(Amérique centrale)

Population totale (m) 77

Population agricole (m) 11

Superficie totale (m ha) 65

Zone agroécologique Sec à humide/ subhumide

Superficie cultivée (m ha) 6

Superficie irriguée (m ha) 2

Population animale (m) 14

30Les indigènes représentent 66 pour cent de la population du Guatemala et 29 pour cent de celle du Mexique,mais la proportion est plus basse dans les autres pays d’Amérique centrale. A l’intérieur du système, la proportionest estimée à 60-80 pour cent.

31Comité d’action pour le Développement social et économique de l’Amérique centrale/Commission européenne, 1990.

32Comité d’action pour le Développement social et économique de l’Amérique centrale/Commission européenne, 1990.

33FAO, 1999a.

34MAG/FAO/CIP/IICA 1996, p. 63.

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rencontre dans le centre du Mexique35 un sous-système distinct, qui partage leséléments agroéconomiques et culturels du système principal, mais qui estagroécologiquement différent: il est situé sur des hauts plateaux (2 000 à 3 000 m)où les températures sont plus basses et les sols plus pauvres.

La population agricole de ce système est estimée à 11 millions de personnes, lamoitié d’entre elle vivant au Mexique36. Elle est la plus forte au Guatemala où ellereprésente 50 pour cent de la population agricole et la plus faible au Honduras oùelle représente moins de 20 pour cent de la population agricole de ce pays. Cesystème occupe de 40 pour cent des terres arables au Salvador à 10 pour cent decelles du Panama37. En 1989, on estimait à 1,4 million le nombre de producteurs degrains de base en Amérique centrale38, la grande majorité d’entre eux vivant dansle système.

De grands domaines, fréquemment plus de 100 ha, sont dispersés dans tout lesystème. Souvent contrôlés par des propriétaires absents ou des sociétéscommerciales, ces domaines se sont traditionnellement consacrés à la productioncommerciale de café et de viande, bien que l’on ait assisté ces dernières années audéveloppement de la production de caoutchouc et de fleurs coupées. De plus, desexploitations commerciales familiales créées par des colons européens sontregroupées dans les vallées les plus fertiles du système où elles se dédient souventà la production maraîchère et laitière ainsi qu’à celle du café. La plupart desproducteurs indigènes exploitent leurs parcelles familiales dans le cadred’arrangements coutumiers sans aucun statut légal, ce qui rend l’accès au créditofficiel très difficile (voir encadré 7.7).

Les rendements sont généralement bas: 1 à 2 tonnes/ha pour le maïs39

comparées aux 6 tonnes/ha de maïs de l’Etat du Sinaloa où l’irrigation est couranteet de 0,6 à 0,9 tonne/ha pour le haricot, comparé au rendement moyen national duMexique qui se situe au-dessus d’une tonne/ha40. Néanmoins, la contribution despetits producteurs indigènes à la production nationale de ces cultures estimportante. Au Mexique, en 1999 plus de 50 pour cent des surfaces en maïs étaientsemés dans ce système. Au total, 6 à 7 millions d’ha de maïs sont récoltés dans cesystème41. L’importance du système est encore plus prononcée pour le café quirequiert des altitudes supérieures à 500 m pour un bon développement et unebonne fructification. Presque toute la production régionale de café provient de lazone de ce système. Cependant, les grands domaines représentent la plus grandepartie de cette production.

35Comprenant une bonne partie des Etats de Hidalgo,Tlaxcala, Guanajuato, Queretero, et Mexico.

36Institut national de statistique, de géographie et d’informatique, 1995.

37MAG/FAO/IICA, 1996.

38Comité d’action pour le développement social et économique de l’Amérique centre/commission européenne,

1990.39

Les rendements dans la zone de l’altiplano du Mexique central sont un peu plus élevés (de 2 à 2,5 tonnes/ha) enraison de la proximité des marchés urbains.

40Secrétaire á l’agriculture, á l’élevage, au développement rural, á la pêche et á l’alimentation, 1998.

41Secrétaire á l’agriculture, á l’élevage, au développement rural, á la pêche et á l’alimentation, 1998.

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Une grande pauvreté est présente dans tout le système, elle atteint 80 pour centde la population dans les départements de Huehuetenango et de Quiché auGuatemala. En 1991, l’IICA a estimé sa moyenne régionale à 60 pour cent42. Lamalnutrition est aussi très fréquente, spécialement au cours de la périodeprécédant la récolte. Les revenus par unité de surface des zones où l’on pratiquela production du café sont souvent plus élevés, mais les densités de population ysont aussi plus fortes et la taille des exploitations plus petite. L’insécuritéalimentaire est aggravée par les variations importantes des prix du café d’uneannée à l’autre.

L’infrastructure publique est réduite ou complètement absente lorsque l’ons’éloigne des centres administratifs locaux, spécialement dans les zones qui ont étéle théâtre de longs conflits armés au cours des dernières décennies (Chiapas auMexique, Guatemala, Salvador et Nicaragua), et de nombreuses communautésindigènes se trouvent à plusieurs heures de la route la plus proche. De même,l’accès à l’enseignement, aux soins de santé et aux autres services est très limité. Laforte cohésion sociale de nombreuses communautés permet la mobilisationcommunautaire pour l’exécution d’un grand nombre de tâches. Le contrôle desforêts par les communautés est aussi fréquent mais il tend à se relâcher.

42FAO, 1999a.

Encadré 7.7 Un ménage typique du système d’exploitation agricole maïs-haricot(Amérique centrale)

Un ménage agricole du département de Quiché au Guatemala a un droit traditionneld’exploitation sur 3,5 ha, dont 1,5 ha dédié à la production du maïs et 0,75 ha à celle deharicots. Selon le type de sol et la pente, une seconde récolte de faible rendement peut êtrepossible sur une certaine partie de ses terres. Le café, principale culture de rente, occupemoins de 0,5 ha, et les arbres fruitiers et les cultures maraîchères pour l’autoconsommationet la vente locale peuvent encore parfois occuper 0,5 ha. Le ménage vit sur l’espace restant.Le ménage peut avoir une vache pour le lait et la traction animale et quelques poulets s’il estassez riche ou s’il reçoit de l’argent de l’extérieur. Le chef de ménage peut être une femmeindigène, spécialement dans les zones où se sont déroulés des conflits armés ou dans leszones où le phénomène migratoire est important. Lorsque le chef de ménage est un homme,il sera absent pendant le travail saisonnier sur la côte qui lui procure un revenu. Le recoursaux intrants est faible en dehors du café pour lequel ils sont normalement utilisés. Le ménagen’a pas accès au crédit officiel, mais certains acheteurs itinérants font des avances de fonds àleurs clients réguliers. Il existe parfois une école primaire pas trop éloignée, mais son accèspar la route n’est probablement pas possible toute l’année.

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TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MAÏS-HARICOT (AMÉRIQUE CENTRALE)

La fragmentation des terres due aux héritages successifs et à d’autres causes aaugmenté le nombre des exploitations et a entraîné une diminution de leur taillemoyenne au cours des dernières décennies. Le nombre de exploitations produisantdu maïs au Guatemala a plus que doublé entre 1964 et 1996 (de 321 000 à667 000)43, elles n’appartenaient pas toutes à ce système. Ce phénomène a été plusrapide que la croissance de la population. Bien que les taux d’urbanisation necessent d’augmenter, on ne prévoit pas de diminutions importantes des populationsrurales au Mexique et en Amérique centrale au cours des 30 prochaines années.Cette constatation laisse penser que la pression sur la terre – une des causesprofondes de nombreux conflits civils dans la région durant ces 20 dernières années– va continuer.

Les tendances actuelles vont probablement se poursuivre en raison de la faibledisponibilité en terres inexploitées. Ces tendances sont: i) l’exploitation de terres deplus en plus en pente; ii) l’intensification des systèmes de production traditionnels;et iii) la diversification des productions. La mise en culture des fortes pentesn’apportera que des bénéfices à court terme, en effet la structure du sous-sol estdifficile à maintenir et l’érosion augmentera. De plus, la variabilité climatiquecroissante, entraînant des pluies torrentielles et des inondations, est déjàresponsable de dégâts importants dans de nombreuses zones dégradées. Cettetendance s’intensifiera probablement.

La relation existant en Amérique centrale44 entre la densité de population et lesniveaux de rendements laisse penser que les rendements du maïs et des haricotsdevraient augmenter à l’avenir, peut être de 50 à 100 pour cent. Cependant, latendance à la baisse des prix des grains de base à l’exploitation va accroître lapression sur les petits agriculteurs de subsistance. La baisse des prix internationaux,qui devrait se poursuivre au cours des dix prochaines années45 et la libéralisationdu commerce ont affaibli la protection dont bénéficiaient précédemment lesproducteurs nationaux. Les agriculteurs du système dont les sols sont très pauvreset qui dépendent de leurs propres productions de semences ne pourront pasbénéficier pleinement des progrès importants qui pourraient être réalisés enmatière de rendement du maïs dans les pays industrialisés.

Une diversification accrue devrait permettre une certaine compensation.L’augmentation des revenus des populations nationales urbaines entraînera unedemande de produits de plus grande valeur; d’autre part, l’amélioration des

43Comité d’action pour le développement social et économique de l’Amérique Centrale/Commission européenne(1990), p. 17 pour 1964-1979. Données de 1996: Unité sectorielle de planification agraire et de l’alimentation(1996).

44En 1985, le Panama, avec une densité de population de 28 personnes/km2, enregistrait des rendements moyens enmaïs de 0,93 tonne/ha tandis qu’au Salvador où la densité de population était de 265 personnes/km2, lerendement était de 1,84 tonne/ha. Les autres pays d’Amérique centrale se situaient entre ces deux extrêmes.

45Banque mondiale, 2000e.

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techniques de contrôle après récolte devrait permettre d’exporter plus de produitsspécialisés vers les pays industrialisés. Un grand nombre de ces productionsnécessitent beaucoup de main-d’œuvre et peuvent convenir à un travail familial. Ladiversification en horticulture et production fruitière a déjà eu lieu dans les zonespériurbaines et autres zones favorables du système; elle devrait s’accélérer au coursdes 30 prochaines années.

Quatre principales stratégies de développement des ménages sont prévues pourles petits producteurs du système maïs-haricot. Premièrement, ceux qui possèdentsuffisamment de ressources favorables (la possibilité d’irriguer, une bonnelocalisation et un bon capital humain) sortiront sans doute de la pauvreté, en dépitde la petite taille de leur exploitation, grâce à des productions spécialisées pourl’exportation, (voir encadré 7.8).

Il existe d’autres cas de diversifications en horticulture intensive et enproduction fruitière telles que la production d’oignons doux au Nicaragua et depiments au Belize. Le maïs et les haricots continueront d’être cultivés uniquementpour l’autoconsommation des ménages, les rendements pourraient augmenter, cegroupe aura alors des ressources pour adopter les nouvelles techniques deproduction. Cependant, cette stratégie ne pourra être adoptée que par un nombrerelativement faible de petits agriculteurs du système, probablement 15 pour cent aumaximum.

Deuxièmement, un grand nombre de petits exploitants continuerontprobablement à dépendre de leur exploitation pour leur subsistance; cependant,ces exploitants auront de plus en plus recours à des emplois hors exploitation pourfinancer les dépenses de base de leur ménage (médecine, éducation, vêtements,etc.); ces revenus pourront aussi financer une utilisation accrue d’intrants,entraînant ainsi des augmentations de rendements. Le développement de laproduction orientée vers l’exportation des agriculteurs commerciaux et des petitsagriculteurs innovateurs créera des opportunités d’emploi, aussi bien dansl’agroindustrie que dans les services. L’expansion du tourisme pourrait aussipermettre de créer des emplois.

Une troisième voie regroupera les familles qui abandonneront leur exploitationpour aller vivre dans les centres urbains. Il est probable qu’au cours des troisprochaines décennies, cette stratégie de sortie sera suivie par une bonne proportionde la population rurale, pouvant atteindre 20 à 25 pour cent des populationsagricoles pour des zones telles que le Salvador où les densités de population sontfortes.

La quatrième voie inclura ceux qui ne bénéficieront pas des nouveauxdéveloppements et qui ne migreront pas à la recherche de travail. Ce groupecomptera, d’une façon exagérée, sur la mise en culture des fortes pentes, au risque dedégâts importants sur l’environnement et de pertes humaines dues aux inondations etaux glissements de terrain. Les revenus de la production agricole baisseront en termeréel avec la diminution progressive des rendements due au manque de ressource pouracheter des intrants. La pauvreté s’aggravera, peut être très fortement, pour ce

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groupe. Malheureusement, ce groupe pourrait être le plus nombreux, allant jusqu’àreprésenter plus de la moitié de la population de certaines zones.

L’infrastructure publique et les services devraient continuer à s’améliorer dans cesystème grâce aux programmes importants d’investissement qui ont suivi la fin desconflits dans des pays tels que le Nicaragua, le Salvador et le Guatemala. Laparticipation du secteur privé et de la société civile devrait se développer en zonesrurales.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MAÏS-HARICOT (AMÉRIQUE CENTRALE)

Le système est caractérisé par une pauvreté fréquente et souvent sévère. La seuleaugmentation des rendements des produits traditionnels peut, au mieux,entraîner une réduction limitée de la pauvreté. Les agriculteurs produisentsuffisamment pour couvrir leurs besoins alimentaires, leur problème est dedégager des revenus monétaires plus importants pour satisfaire les besoins duménage. En l’absence de revenus extérieurs, l’obligation où ils se trouvent devendre ce qui pourrait autrement être consommé par le ménage, entraîne unemalnutrition induite.

Pour les producteurs qui occupent les pentes dégradées ou fragiles et qui nepeuvent pas ou ne veulent pas abandonner ces terres à leur vocation forestière, lapriorité consiste à promouvoir des modèles de production plus durables, pouvantêtre rapidement adoptés avec peu de ressources et être rapidement bénéfiques enterme de production ou d’utilisation de la main-d’œuvre. Les interventionsspécifiques pouvant les aider sont: i) la mise en place de cultures permanentes dehaute valeur; ii) la réduction du travail du sol; iii) les semis à plus fortes densités;iv) les cultures en courbe de niveau; v) l’utilisation de semences de variétésaméliorées; vi) la plantation d’arbustes en courbe de niveau; vii) les culturesintercalaires; viii) la couverture à l’aide d’arbres dispersés ; et ix) le mulch. Uncertain nombre de projets innovants ont clairement démontré, à l’intérieur mêmedu système, la faisabilité de ces techniques et les bénéfices que l’on pouvait tirer deleur adoption. Ces pratiques peuvent à la fois accroître les rendements et conduireà une utilisation plus durable des ressources naturelles; cependant, à moins d’êtreintégrées dans des programmes de diversification et de commercialisation, ellesn’auront qu’un impact limité sur l’augmentation des revenus et ne peuvent, de cefait, être considérées que comme une partie de la solution.

La diversification est certainement la meilleure stratégie; toutefois, il seranécessaire d’aider les agriculteurs capables de l’entreprendre. Le secteur privé estle mieux à même de fournir cette assistance, car ce sont les entrepreneurs qui ontla meilleure connaissance des besoins et des demandes du marché. Néanmoins, lerôle du gouvernement reste essentiel pour assurer un environnement propice àl’interaction des petits agriculteurs et du secteur privé. D’importantes mesuresdoivent être prises afin d’assurer: i) un environnement compétitif favorable

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aux entreprises (peu de barrières d’entrée et le contrôle des pouvoirsmonopolistiques); ii) la promotion d’associations d’agriculteurs et de groupes depetites entreprises pouvant financer efficacement l’assistance technique et laformation en matière de gestion; et iii) la participation renforcée des producteurset des commerçants dans l’élaboration des politiques, des négociations et ducontrôle des accords commerciaux. Le développement des marchés de la terreaccélèrerait la transition en permettant aux producteurs d’acheter les terres desvoisins moins performants et de constituer le noyau d’un secteur agricole familialcommercial.

Les emplois hors exploitation et autres emplois ruraux peuvent engendrer undéveloppement en chaîne de l’emploi, des revenus, et accroître ainsi la demande46

Tiré de l’étude de cas n° 5, annexe 1.

Encadré 7.8 Support du secteur privé à la diversification des petits agriculteurs46

Le rôle essentiel du secteur privé dans la diversification et la génération de revenu chez lespetits agriculteurs indigènes des hautes terres du Guatemala montre ce que peut apporterune coopération efficace entre le secteur privé et les agriculteurs traditionnels. Bien que laproduction de pois mange-tout et de brocolis ait été lancée par l’agroindustrie au début desannées 70, en dix ans la production de ces produits périssables passa aux mains des petitsagriculteurs. Malgré le peu, ou même l’absence d’assistance extérieure, ces culturespermettaient en 1996 de faire vivre plus de 21 000 familles indigènes grâce à un revenu brutannuel supplémentaire estimé à 33 millions de dollars EU, équivalent à 1 500 dollars EU parfamille. On estime que plus de 2 500 emplois associés aux activités post-récolte et decommercialisation ont été créés. L’expansion se poursuit et de nouvelles cultures nontraditionnelles telles que les groseilles se développent. Les besoins élevés en main-d’œuvre etl’intensification de la culture ont conduit à ne cultiver en moyenne que 0,24 ha par famille,assurant une bonne répartition des revenus et démontrant que les petits agriculteurs peuventavoir un avantage comparatif pour ce type de produits.

On a démontré que l’expansion rapide de la production des petits agriculteurs et la forteproportion du prix final (47 pour cent) leur revenant étaient directement associées à lacréation d’un marché compétitif dû à la présence de nombreuses entreprises decommercialisation, de moyennes et petites tailles, actives dans ce domaine non-traditionnel.Le succès de ces entreprises est, à son tour, en grande partie dû à la politique générale d’appuidu gouvernement, et, en particulier, au support dynamique d’un organisme decommercialisation (GEXPRONT). Cette coopération a contribué à faciliter l’accès au marchédes petites entreprises en levant les principales contraintes à la commercialisation et, plusrécemment, en faisant profiter les producteurs de l’appui du secteur privé en matière derecherche appliquée et de vulgarisation. Ces résultats montrent que le support du secteurprivé, quand il facilite l’ouverture des marchés et permet d’améliorer l’efficacité desopérations, peut constituer une stratégie efficace pour la diversification des petitsproducteurs.

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de biens et de services parmi ceux qui ne sont pas en mesure de diversifier leurproduction. On peut aussi stimuler les investissements des agroindustries de taillemoyenne à grande, la construction d’usines et le tourisme en offrant des incitationsnon financières. Ces incitations peuvent prendre la forme de: i) mise à dispositiond’infrastructures publiques dans les zones où les sociétés vont installer leursopérations; ii) assistance pour la mise en place et l’organisation des fournisseurs decontrats; iii) formation du personnel des sociétés; et iv) assistance à la négociationavec les municipalités dans l’acquisition de terre, la taxation locale, etc.

La stratégie de réduction de la pauvreté rurale pour les familles incapables dediversifier leurs productions ou d’obtenir un emploi hors exploitation consistera àfaciliter leur départ de ces zones. On a montré que les fractions les plus pauvres dela population ne migrent pas aussi facilement que les ruraux plus riches: ilsmanquent de ressources pour le faire47. Il est possible d’attaquer ce problème surdeux fronts: en fournissant des ressources pour la migration et en essayantd’augmenter les chances d’une intégration réussie sur le lieu de destination. Uncapital de départ pour les migrants pourrait être fourni sous forme de: i) paiementpour le transfert des droits fonciers traditionnels à des groupes s’intéressant à laconservation et à la biodiversité, permettant ainsi l’arrêt des cultures sur ces terresmarginales; et ii) financement de l’achat des droits fonciers par des petitsproducteurs plus performants. Il est aussi important d’assurer la formationprofessionnelle et l’alphabétisation des migrants volontaires et de leurs familles,afin de leur fournir des qualifications de base pour l’emploi.

SYSTÈME D’EXPLOITATION AGRICOLE MIXTE DE HAUTEALTITUDE (ANDES CENTRALES)

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Le système d’exploitation agricolemixte de haute altitude (Andescentrales) s’étend sur 121 millions d’hade Cajamarca au nord du Pérou, à laBolivie, au nord du Chili et au nord-estde l’Argentine (voir encadré 7.9). Onestime que 40 pour cent du territoiredu Pérou et de la Bolivie se situent àl’intérieur des limites de ce système,ainsi que de plus petites portions duChili et de l’Argentine. Au nord, une

47Banque interaméricaine de développement, 1999.

Encadré 7.9 Données de base: systèmed’exploitation agricole mixte de hautealtitude (Andes centrales)

Population totale (m) 16

Population agricole (m) 7

Superficie totale (m ha) 121

Zone agroécologique Semi-aride à sec/subhumide

Superficie cultivée (m ha) 3

Superficie irriguée (m ha) 1

Population animale (m) 9

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série de chaînes entrecoupées de vallées longitudinales constitue la sierrapéruvienne. Plus au sud, à une latitude d’environ 14° sud, les Andes se divisent endeux chaînes principales entourant les hauts plateaux ou altiplano du Pérou, de laBolivie et du nord du Chili et de l’Argentine. Cette vaste zone de terre sans arbresest constituée de plateaux à plus de 3 500 m d’altitude caractérisés par un drainageinterne. Certaines terres agricoles culminent à 4 500 m48. La pluviométrie, qui variede 150 mm par an dans les parties ouest à 1 000 mm dans les parties est, estconcentrée en une seule saison d’une durée variable. Les sols, ainsi que leurspotentiels agricoles sont extrêmement variables; toutefois, leur fertilité estgénéralement faible. L’érosion est partout sévère.

D’un point de vue agroécologique, la zone est extrêmement complexe49. Lagrande variation des types de sol et les changements brusques et fréquentsd’altitude entraînent des changements très importants de température, d’humiditéet de pluviométrie. Un gradient d’aridité, de l’est vers l’ouest, affecte les Andescentrales, ainsi que toute la chaîne du nord au sud. La température moyenneannuelle varie énormément avec l’altitude. La température moyenne journalièreest généralement inférieure à 10°C et les gelées sont fréquentes, spécialementpendant la saison sèche.

Les traits caractéristiques de ce système sont, en plus de l’altitude, l’importancede la population indigène, la quasi-absence de grandes exploitations, inhabituelleen Amérique latine, et le faible niveau d’utilisation des intrants. La plupart dusystème faisait autrefois partie de l’Empire Inca, il en a conservé des élémentsculturels forts, qui n’ont changé que superficiellement. La pauvreté est trèsfréquente dans ce système. En 1997, 68 pour cent de la population rurale du Pérouvivaient en dessous du seuil de pauvreté nationale; bien qu’aucune donnée récentene soit disponible, on estime que ce chiffre doit être plus élevé en Bolivie.

La surface de près de 60 pour cent des exploitations de la sierra péruvienneétait, selon le recensement de 1994, inférieure à 3 ha; la surface cultivée,constituée de parcelles souvent isolées, variait de 1,5 à 2,5 ha. Ce mêmerecensement indiquait que sur l’altiplano la taille des exploitations atteignait 15 à20 ha dont 1,5 à 2 ha cultivés. La parcellisation des surfaces cultivées ainsi que leurfaible productivité due à l’altitude et à l’aridité, entraînent une pauvretéendémique, la dégradation fréquente des sols et l’érosion; aussi les migrationssont-elles devenues un élément important du système. Il existe un flux importantde migrations permanente et saisonnière vers les nouvelles terres de l’est desAndes et, au-delà, vers les basses terres amazoniennes. Néanmoins, en dépit de cesmigrations, on estime que la population rurale du système s’est accrue de 1,6 pourcent par an au cours de la période 1960-1990. On pense que ce taux de croissancedevrait diminuer à l’avenir.

48La limite d’altitude pour la culture de la pomme de terre est de 4200 m à la latitude 15° sud.

49Plus de 60 zones biotiques sur les 103 trouvées dans le monde sont représentées dans les Andes centrales etl’altiplano près du lac Titicaca.

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Les zones les plus densément peuplées de ce système d’exploitation agricolesont la sierra péruvienne avec environ 0,3 habitant par ha et l’altiplano bolivien oùla densité peut atteindre 0,4 habitant par ha dans certains endroits, tels les zonesautour de La Paz, Cochabamba et Potosi. Le reste des parties arides et sub-aridesdu Chili et de l’Argentine sont très peu peuplées. La moyenne de la densité de population rurale de l’ensemble du système d’exploitation agricole est de 0,06 personnes par ha (soit 17 ha par personne).

La surface cultivée du système est d’environ 3,1 millions d’ha, elle représente untiers de la surface cultivée au Pérou et en Bolivie. On estime à 1,2 million d’ha lasurface irriguée, située principalement dans la partie ouest aride du Pérou. D’aprèsles statistiques de 1994, on estime que 1,2 million d’exploitations du Pérou50 et0,6 million d’exploitations de Bolivie51 appartiennent à ce système. Le nombre totald’exploitations pour l’ensemble du système serait de plus de deux millions. Lesdroits légaux sur les propriétés et sur les autres ressources sont peu fréquents.Environ un tiers des exploitations de la sierra péruvienne a des titres de propriétélégaux, tandis que les deux tiers restants font l’objet d’arrangements traditionnels.Bien qu’ils puissent y avoir des arrangements informels, il n’existe pratiquementpas de location formelle de la terre. La population agricole totale du système est de7 millions de personnes, dont les trois quarts vivent au Pérou52, dépend d’unsystème de production de subsistance mixte comprenant les pommes de terre, lescultures andines précolombiennes (quinoa et chénopode par exemple), l’orge, lemaïs, et le pois du Cap. Les moutons sont nombreux dans la sierra péruvienne,tandis que les camélidés (lamas, alpagas) dominent plus au sud. Les cochons d’Indereprésentent une production importante des plus hautes terres. Le potentield’irrigation est assez bon. Cependant, en raison de la topographie du système, laplupart de l’eau n’est disponible que sur les flancs les plus bas de l’ouest des chaînes.

Il existe dans la sierra péruvienne, selon l’altitude, trois principaux modèles desystèmes de production: i) la culture du maïs, du quinoa, du chénopode et despommes de terre dans le fond des vallées. Lorsque l’eau est disponible, des petitssystèmes traditionnels d’irrigation permettent des productions horticoles; ii) lespentes intermédiaires où les terrasses plus sèches à l’ouest sont utilisées pour laproduction d’orge et d’autres grains, tandis que les meilleurs pentes à l’est sontréservées à la culture des tubercules; et iii) les parties hautes où l’on pratique lescultures résistant aux gelées associées à des activités pastorales.

Sur l’altiplano plus au sud, l’utilisation de la terre dépend principalement dugradient de pluviométrie. L’agriculture est bien développée dans les zones les plushumides, tandis que dans les zones plus sèches, l’élevage extensif prédomine. Dansquelques zones arides et semi-arides telles que les valles altos de Bolivie, la

50Institut national de statistique et d’informatique, 1996.

51Muñoz, 1999.

52La population rurale du système est estimée à 40 pour cent du total de la population rurale du Pérou et à 45 pour cent de celle de la Bolivie.

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dégradation importante des sols a modifié profondément les modèles de culture,rendant impossibles des cultures traditionnelles telles que le maïs.

Les rendements moyens de ce système sont non seulement limités par lesconditions agroécologiques mais aussi par l’utilisation réduite d’intrants externes etpar la faible productivité du travail familial. On estime que dans la sierrapéruvienne, moins de 10 pour cent des petits agriculteurs utilisent des semencesachetées, mais que près de 70 pour cent d’entre eux utilisent un engrais organiquesous une forme ou sous une autre. Généralement les rendements du maïs nedépassent pas 1 tonne/ha, ceux du quinoa sont de 0,85 tonne/ha et ceux de lapomme de terre de 10 tonnes/ha. Ils sont pour les autres céréales (blé, orge) del’ordre de 1 à 1,2 tonne/ha, toutefois, ces rendements plus élevés peuvent être dusà la participation de producteurs plus importants. Plus au sud, sur l’altiplano lesrendements baissent encore: pommes de terre 4 à 5 tonnes/ha, quinoa 0,6 tonne/haet blé et orge de 0,6 à 0,7 tonne/ha.

Les programmes d’ajustement structurel et sectoriel survenus au cours de ladeuxième moitié des années 80 et du début des années 90 ont entraîné deschangements importants dans les économies nationales. La production alimentairea connu des taux annuels de croissance de 3 pour cent pour la Bolivie et 5 pourcent pour le Pérou53, alors que les exportations agricoles augmentaient plusrapidement encore: 8 et 9 pour cent respectivement pour ces deux mêmes pays.Les importations alimentaires ont aussi crû, mais à un taux plus faible, entraînantune nette amélioration des secteurs agricoles. Néanmoins, il a été démontré que laplupart de ces gains ont été obtenus grâce au secteur agricole moderne, laissant peude bénéfices aux producteurs du système de haute altitude. Le secteur agricolemoderne a aussi bénéficié de la plupart des ressources allouées aux zones rurales,y compris du développement de techniques agricoles améliorées. Le système estcaractérisé par un manque général d’infrastructure de base en matière d’éducation,de santé, de routes et de marchés. En Bolivie, la part de l’ensemble des ressourcespubliques allouées au secteur agricole ne correspond pas à la contribution de cesecteur à l’économie du pays. En 1999, le PIB agricole représentait 16 pour cent duPIB national, mais ce secteur n’a reçu que 6 pour cent du budget public total.L’allocation des ressources au secteur agricole est plus équitable au Pérou: lesdépenses et le PIB agricole sont tous deux autour de 7 pour cent.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DE HAUTEALTITUDE (ANDES CENTRALES)

Au cours des prochaines 30 années, les populations rurales du système ne devraientpas diminuer de façon significative. La compétition pour l’accès à la terre persisteraalors que la baisse des prix réels des produits agricoles conduira les producteurs à

53Le taux de croissance a été calculé sur la période 1985-1996 pour la Bolivie et 1990-1996 pour le Pérou.

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étendre leurs surfaces cultivées et à augmenter la charge de bétail à l’hectare. Lafaible productivité explique l’apparente contradiction entre le faible rapportpopulation/surface cultivée et la forte pression persistante sur la terre. L’érosion dusol, qui est très courante sur les pentes de la sierra péruvienne et sur l’altiplano, vaprobablement s’accentuer, à moins que l’on ne modifie profondément les modèles deculture et les pratiques de gestion des ressources naturelles. Une forte croissanceéconomique au niveau national et, plus particulièrement, dans les vallées les plusbasses et les basses terres de l’Amazonie pourrait accélérer le phénomène migratoire.Bien que la main-d’œuvre ait toujours été relativement abondante, elle pourraitdevenir, comme l’humidité, les sols et les pentes, un facteur limitant la production.

L’évolution du système foncier et de la distribution des exploitations au coursdes 30 prochaines années est un sujet très complexe. Elle dépendra surtout de lamise en place ou non de systèmes appropriés d’enregistrement, de financement etde marché des terres. La mise en place de tels systèmes nécessitera de trèsimportantes réformes institutionnelles et législatives54.

On s’accorde à trouver les niveaux de rendement bas; cependant, l’adoption desnouvelles technologies aujourd’hui disponibles requiert l’utilisation d’intrants quine sont pas, dans les conditions actuelles, à la portée de la plupart des producteurs.En fait, à l’avenir, la dégradation des ressources naturelles et le possible manque demain-d’œuvre vont poser un problème de plus en plus critique à résoudre pourpouvoir augmenter la productivité. Bien que l’extension de l’irrigation et laprotection des cultures sous tunnels de plastiques puissent ouvrir de nouvellesvoies, les possibilités de diversification des cultures sont plus réduites que dansd’autres zones.

Une meilleure organisation des communautés, pour permettre de tirer lemeilleur profit du potentiel de valeur ajoutée des productions existantes, pourraitbien être la meilleure solution pour de nombreux producteurs. Le renforcementdes relations avec les utilisateurs finaux (supermarchés, institutions et restaurants)et la transformation des matières brutes (lait, pomme de terre et céréales)pourraient permettre d’augmenter de façon importante les revenus des familles;d’autre part, il devrait être possible de tirer profit de l’exportation de spécialitéstelles que le quinoa et la laine de camélidés. Les principaux problèmes à résoudrepour permettre la réduction de la pauvreté et la croissance économique sont:

● Les pratiques non durables de gestion des ressources naturelles, causes de ladégradation des sols et l’érosion;

● les bas prix des produits agricoles;

● le manque d’emploi hors exploitation et de possibilité de création de revenus;

● la faible productivité des facteurs de production, spécialement du travail et dela terre;

54La réglementation actuelle du marché de la terre a été établie au Pérou par la réforme foncière de 1953 quidemeure populaire parmi les petits agriculteurs mais empêche le regroupement des exploitations.

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● la faiblesse des investissements du secteur public dans les infrastructures et lesservices agricoles.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DE HAUTE ALTITUDE (ANDES CENTRALES)

Les conditions agroécologiques extrêmes, la fragmentation des exploitations, lapauvreté des sols et le manque d’emplois hors exploitation sont responsables del’extrême pauvreté existant à l’intérieur du système d’exploitation agricole de hautealtitude des Andes centrales. Aussi le développement durable de ce système est-il àla fois une nécessité et un défi. La dégradation des sols sur les pentes de la sierrapéruvienne et sur l’altiplano compromet le potentiel de la productivité des terres àlong terme55. Bien que la pauvreté soit reconnue comme la principale force affectantla dynamique des sols en zones montagneuses, son action sur les systèmes deproduction est complexe. Les projets de contrôle de l’érosion mis en œuvre dans lesystème n’ont eu que des résultats limités; les réponses purement techniques sontincapables de résoudre ce problème. Les solutions techniques doivent être associéesà la création de conditions économiques améliorées pour les petits agriculteurs, touten tenant compte des limitations qu’imposent la faible productivité du travail et lafragmentation des exploitations.

En produisant exclusivement des produits de faible valeur pour les marchésnationaux, les petits producteurs se trouvent face à une demande stagnante et à desconsommateurs qui ne sont pas prêts à payer des prix plus forts pour desaméliorations comme les variétés, les opérations après récolte et l’emballage.Toutefois, certaines productions du système pourraient devenir des spécialités auniveau international et se positionner sur des certains créneaux de marché. Il a étédémontré que certains produits comme la laine de lama et d’alpaca, le quinoa,certaines variétés de pommes de terre et d’autres produits semblables pourraientêtre payés beaucoup plus cher sur les marchés, surtout s’ils pouvaient faire l’objetd’une appellation d’origine ou d’un contrôle. Des accords commerciaux équitablespourraient aussi permettre des augmentations de revenu; ils ne pourraient,toutefois, se faire qu’à petite échelle. La diversification vers les marchésd’exportation nécessitera l’amélioration des organisations des producteurs afin decoordonner les activités et de regrouper les volumes nécessaires pour desexpéditions à l’exportation, ainsi que la mise en place de mécanismes efficaces pourla fourniture des intrants (y compris leur financement). Une assistance techniquedevra être apportée pour assurer le contrôle de la qualité, développer les opérationsaprès récolte et l’emballage et pour établir des liens commerciaux efficaces.

Les revenus hors exploitation, surtout ceux associés à l’agroindustrie, peuventpuissamment contribuer au développement rural dans les zones des petites

55Morales et Knapp, 1987.

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exploitations agricoles. L’agroindustrie entraîne souvent des changementstechniques rapides de la part des petits agriculteurs participant; elle contribue aussià augmenter la demande en produits locaux56 et à créer des emplois horsexploitation (voir encadré 7.9). Cependant, le mauvais fonctionnement desmarchés a, jusqu’à maintenant, empêché un développement important del’agroindustrie orienté vers les petits agriculteurs. Cela est particulièrement vrai ence qui concerne le crédit rural57, le marché de la terre, l’assurance pour les activitésagricoles, l’information, la technologie et les intrants spécialisés. Les agroindustriesont eu recours à un certain nombre de stratégies pour pallier les effets de cesimperfections des marchés: fourniture de crédit agricole, de technologie etd’intrants ainsi que location de la terre des petits agriculteurs58.

Il est difficile de faire des recommandations précises pour de tels programmeset politiques en dehors du contexte d’une activité spécifique; cependant, cesrecommandations concernent en général la réduction des coûts de l’information,l’amélioration des relations entre les marchés et les producteurs afin de leur assurerl’accès à ces marchés et le financement des coûts de production. Il est nécessaire demettre place une stratégie capable d’assurer le renforcement de l’assistancetechnique. Il sera aussi important de réduire les coûts de transaction associés auxpremières étapes de la collaboration entre l’industrie et les agriculteurs59 grâce àdes mécanismes d’arbitrage rapides, simples et exécutoires pour résoudre lesconflits qui apparaissent souvent entre les agriculteurs et l’agroindustrie au coursde leurs transactions. L’aide à l’accès au crédit et à la levée des contraintes légales etcommerciales qui empêchent les petits agriculteurs d’agrandir leurs exploitations,est aussi très importante. La diminution des coûts de formation (aussi bien pour lesagriculteurs que pour l’agroindustrie) et l’assistance aux organisations d’agriculteurssont aussi prioritaires.

Le système d’exploitation agricole de haute altitude est caractérisé par une trèsfaible productivité des facteurs terre et travail, aussi l’accroissement de laproductivité de ces deux facteurs est-il une priorité. La taille moyenne des petitesexploitations est relativement grande, comparée à celle de nombreux autressystèmes agricoles; toutefois, en raison de la faible productivité de la terre et dutravail, les agriculteurs tirent peu de bénéfices de leurs efforts. La faibleproductivité du système est, en partie, due aux conditions climatiques adverses et àla faible fertilité des sols; toutefois, le système est loin d’utiliser efficacement lesressources dont il dispose. La recherche participative et la diffusion de semences de

55Morales y Knapp 1987.

56Bien documenté dans CEPAL, FAO et GTZ (1998).

57Les agroindustries orientées vers l’exportation ont souvent besoin de produits nécessitant des niveaux d’intrantset des coûts de production plus élevés que les cultures traditionnelles.

58de Grandi, 2001.

59Une collaboration très novatrice entre agriculteurs et agroindustrie a été établie dans la vallée Ica du Pérou. Uneusine de transformation de tomates loue la terre des agriculteurs locaux qui travaillent sur leur propre terrecomme employés de l’usine.

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variétés adaptées à cette zone de haute altitude (courte période végétative,tolérance à la sécheresse, etc.) doivent être considérées comme prioritaires. Il estbon de signaler la réussite de certain essais pour promouvoir des technologiesindigènes, telles que la culture sur de longues plates-bandes de semis séparées pardes tranchées profondes, destinées à réduire les effets du gel en empêchant lacirculation d’air froid sur les plantes; des études complémentaires seraientnécessaires dans ce domaine.

Il est important d’accélérer la mise en place de la réglementation et del’enregistrement des propriétés agricoles; leur absence entrave sérieusement le

60Les agroindustries préfèrent généralement travailler avec le secteur commercial, car les coûts de transaction sontmoins élevés qu’avec le secteur des petits agriculteurs.

Encadré 7.9 Organisation des agriculteurs pour la création de revenu, pour l’emploihors exploitation et pour l’accroissement de valeur ajoutée à la production59

L’industrie de transformation laitière qui s’est développée chez les petits agriculteurs dans lazone des hautes terres de la sierra péruvienne démontre qu’il existe un potentiel de créationde revenus supplémentaires pour les agriculteurs pauvres du système d’exploitation agricoledes Andes centrales. Bien que l’agroindustrie traditionnelle joue un rôle majeur dans latransformation et l’approvisionnement en produits laitiers, une multitude de petits agriculteursdispersés sur les hautes terres produisent et vendent encore traditionnellement leursproductions. En 1987, dans les sierras du District de Chuquibamba au Pérou, un groupe de 57 agriculteurs décida, avec l’aide d’une ONG, de construire sa propre petite usine laitière.Cette production, principalement orientée vers l’approvisionnement en fromage et en yoghourtdes zones urbaines voisines augmenta rapidement, de 91 tonnes par an en 1987 à 639 tonnesen 1996. Cette expérience fit des émules dans les autres communautés et chez les agriculteursindividuels de la région. De 1991 à 1995, 16 usines laitières supplémentaires furent installéesdans la région, regroupées à l’intérieur d’un seul district.Actuellement, l’ensemble des 17 usinestransforme près de 11 000 tonnes de lait par an et procure un revenu brut annuelsupplémentaire estimé à 6,6 millions de dollars EU à 1 100 agriculteurs, équivalent à 0,33 dollarsEU par personne et par jour, représentant une amélioration de 17 pour cent du revenu desfamilles. Quelque 155 emplois, directs et indirects, ont ainsi été créés. L’investissementnécessaire à la création d’un poste de travail est faible, 1 400 dollars EU par travailleur.

Ce cas démontre qu’il est possible de réduire la pauvreté des petits agriculteurs; toutefois,seule une analyse plus approfondie pourra permettre d’évaluer la viabilité à long terme de cesusines laitières rurales de petite taille et leur compétitivité sur des marchés de produits laitierslibéralisés. L’intervention des ONG a été, dans cette expérience, essentielle pour la fourniturede l’assistance technique et financière indispensable ainsi que pour le développement du capitalhumain des paysans; toutefois cette intervention est probablement trop limitée pour pouvoirêtre dupliquée à grande échelle. L’amélioration des politiques publiques et des services estindispensable pour assurer le développement à long terme des initiatives de création de revenupour les petits agriculteurs.

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développement du marché de la terre. La mise en place d’une telle réglementation,incluant l’information, les services notariés, l’identification des terres disponibles etles services d’hypothèque, faciliterait les achats de terres.

L’accroissement de la productivité est étroitement lié aux investissements dansles infrastructures et les services capables d’améliorer le capital humain de lapopulation agricole grâce à l’éducation, aux soins de santé, à la mise à dispositionde programmes gouvernementaux spécifiques pour la promotion et ledéveloppement du secteur agro-industriel, et à l’achèvement des réformes dumarché des intrants61. Il ne semble pas que les conditions nécessaires pouratteindre ces objectifs soient réunies. Il est reconnu que la stabilitémacroéconomique et un rapport de prix plus équilibré ne sont pas suffisants pourqu’une stratégie de développement rural puisse conduire à une croissance de laproductivité agricole à grande échelle. Ces conditions doivent être complétées parun support gouvernemental, en particulier sous la forme d’investissementspublics plus favorables à l’agriculture. A cet égard, il est nécessaire que desajustements budgétaires permettent une meilleure allocation des ressources àl’agriculture.

PRIORITÉS STRATÉGIQUES DE L’AMÉRIQUE LATINE ET DES CARAÏBES

L’analyse des quatre systèmes agricoles sélectionnés, complétée par des informationscommuniquées par des experts des autres systèmes, a permis de dégager les grandespriorités stratégiques suivantes. Les conclusions concernant la réduction de lapauvreté et la croissance agricole présentées ci-dessous peuvent s’appliquer àl’ensemble de la région62. Les possibilités de réduire la pauvreté agricole enAmérique latine et aux Caraïbes sont très importantes. Cet objectif peut être atteintpar l’intensification de la production, la diversification (y compris la valeur ajoutée),l’expansion de la taille des exploitations, l’emploi hors exploitation et la sortie del’agriculture63. Le tableau 7.4 indique l’importance relative de chacune de cesstratégies pour réduire la pauvreté à l’intérieur des divers systèmes agricoles del’Amérique latine et des Caraïbes au cours des prochaines décennies.

L’importance relative des différentes stratégies des ménages varie grandementd’un système à l’autre. D’une façon générale, les stratégies de sortie de l’agriculture,de migration vers les villes, d’abandon des exploitations pour un emploi horsexploitation ou d’entrée dans un autre système sont plus efficaces pour réduire lapauvreté dans les systèmes à faible potentiel que dans les systèmes à potentiel plusélevé, pour lesquels l’accroissement de la productivité serait une meilleure stratégie.

61Il est peu probable qu’une réforme agraire soit conduite à moyen terme car les étapes préparatoires nécessaires(comme celles entreprises au Mexique dans le cadre du processus de réforme agraire) n’ont pas encorecommencé en Bolivie et au Pérou.

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La diversification est une stratégie qui permet de réduire la pauvreté agricoledans tous les systèmes, à l’exception des plus isolés. La diversification implique unchangement vers des cultures non traditionnelles de plus grande valeur ainsi quela mise en route d’activités à plus forte valeur ajoutée, telles quel le calibrage,l’emballage et la transformation sur l’exploitation. L'accroissement des emplois etdes revenus hors exploitation est aussi généralement considéré comme important.Par contre, des stratégies telles que l’augmentation de la taille des exploitationspour les petits agriculteurs, ne sont capables de réduire la pauvreté que dansquelques cas.

Les sections suivantes résument les priorités stratégiques des actions dans lesdomaines suivants: politiques, marchés, et informations; technologies et ressourcesnaturelles; libéralisation du commerce et développement des marchés; informationet capital humain; science et technologie; et ressources naturelles et climat.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS

Les rôles institutionnels et gouvernementaux pour les systèmes d’exploitationagricole de l’Amérique latine et des Caraïbes seront déterminants dans troisdomaines stratégiques au cours de 30 prochaines années: i) l’amélioration de l’accèsà la terre et, dans une moindre mesure à l’eau, pour les systèmes agricoles où ilexiste une grande pauvreté et pour les groupes pauvres des systèmes plus riches; ii) la promotion d’emplois de remplacement pour les ruraux pauvres qui n’ont pasaccès suffisamment à la terre et à l’eau pour leur permettre d’échapper à lapauvreté; et iii) le renforcement des biens publics en zones rurales. Dans tous cesdomaines, le gouvernement doit, tout en travaillant en coopération avec la sociétécivile et le secteur privé, jouer un rôle majeur.

Dans de nombreux systèmes agricoles, une petite minorité de grosagriculteurs possède une grande partie des terres, qu’elle utilise souvent d’unefaçon extensive, alors que la plupart des producteurs sont confinés dans despetites exploitations qui deviennent de moins en moins viables. Cette situation aentraîné de nombreux conflits civils plus ou moins violents. En ce qui concerneles systèmes maïs-haricot (Amérique centrale) et mixte des terres sèches, et dansune moindre mesure, le système des Andes centrales, les niveaux de pauvreté sontdirectement liés aux problèmes d’accès et de contrôle des ressources naturelles,en premier lieu la terre. La nécessité de mettre en place des politiques foncièresefficaces se fait aussi sentir dans les zones de nouvelles terres (par exemple lesystème mixte extensif) où les migrations venant des systèmes voisins pauvres

62Il existe aussi un potentiel de réduction de la pauvreté et de croissance dans le système forestier couvrant lamajorité de l’Amazone et des zones humides adjacentes. On peut espérer une croissance économique trèsimportante – y compris en agriculture – de ce système au cours des 30 prochaines années. Cependant, desérieuses contraintes politiques et de ressources naturelles rendent son développement très problématique.

63Voir le chapitre 1 pour une discussion des stratégies des ménages en vue d’échapper à la pauvreté.

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Tableau 7.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages pour la réduction de la pauvreté en Amérique latine et aux Caraïbes

Stratégies de réduction de la pauvreté

Système Potentiel Potentiel Intensifi- Diversifi- Accroissement Accroissement Sortied’exploitation de de cation cation de la taille de du revenu de agricole croissance réduction de l’exploitation hors l’agriculture

agricole la pauvreté exploitation

Irrigué Moyen Faible 4 3 1 2 0

Basé sur la Moyen Moyen 3 3 2,5 1 0,5forêt à élevé

Mixte côtier- Moyen Moyen 2 2 1 3 2plantation

Mixte intensif Moyen Faible 3 2 3 1 1

Céréale-élevage - Moyen Moyen 3 2 2 1 2(Campos) à élevé

Tempéré humide Faible Faible 3 3 0,5 2,5 1mixte forestier

Maïs-haricot Faible Elevé 1,5 2 1 2,5 3(Amérique centrale) à moyen

Mixte intensif Moyen Moyen 2 2,5 1 2 2,5des hautes terres (nord des Andes)

Mixte extensif Elevé Faible1/ 4 2 3 1 0(Cerrados et Llanos)

Mixte tempéré Moyen Faible 3 2 0 2,5 2,5(Pampas)

Mixte des terres sèches Faible Elevé 0,5 1,5 1 3 4

Mixte extensif des Moyen Moyen 3 3 2 2 0terres sèches (Gran Chaco)

Mixte de haute Faible Elevé 1 2,5 0 2 4,5altitude (Andes centrales)

Pastoral Faible Faible 0 1 0 3 6

Dispersé (forêt) Faible Faible 0 2 0 5 3

Urbain Moyen Faible 2 3 0 4 1

Moyenne pour la région 2,4 2,1 1,5 2,1 1,9

Source: Avis d’experts.Note: Le total des points pour chaque système d’exploitation agricole est de 10. Les évaluations ne concernent que les agriculteurspauvres. Les pondérations de population agricole par système sont faites à partir des données du tableau 7.1.

1/ Mais il existe un potentiel très important de réduction de la pauvreté pour les migrants qui entrent dans le système à partird’autres régions.

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pourraient entraîner des conflits. Les principales priorités stratégiques sont: i)l’amélioration du fonctionnement du marché des terres grâce à l’accélération desprocédures cadastrales et de délivrance de titres de propriété, à la mise en placede mécanismes de règlement des conflits et aux changements de la structure destaxes foncières; ii) la création de «banques de terres» chargées d’acheter lesexploitations marginales et les grandes exploitations et de revendre la terre envue d’agrandir les petites exploitations commerciales; iii) la mise en place demesures fiscales décourageant la sous utilisation des terres et incitant à les vendreaux «banques de terre»; et iv) l’aide à la sortie de l’agriculture pour lesproducteurs marginaux en les aidant à négocier, lorsque cela est possible, leursdroits traditionnels à la terre.

La mise en application de la législation interdisant la prise illégale de terres etd’autres ressources doit être un aspect essentiel des réformes politiques. Cettelégislation ne concerne pas uniquement la prise de terres du domaine public pardes intérêts puissants, mais aussi l’occupation illégale de terres privées par despetits producteurs et des colons s’appropriant des terres communautairesindigènes. Lorsque de tels risques existent, la terre ne devrait pas être mise surle marché ou offerte à la location de crainte d’attirer des occupations illégales. Cephénomène est devenu, par exemple, un problème majeur au cours desdernières années dans la zone côtière du Guatemala.

Malgré les possibilités de diversification et d’accroissement de la valeur desproductions qui peuvent exister pour les petits agriculteurs, il y aurainévitablement un grand nombre d’agriculteurs marginaux qui n’auront pas lesressources humaines, financières, naturelles et de localisation pour pouvoirprofiter de ces opportunités. Il existe deux alternatives pour ces agriculteurs:l’emploi local hors exploitation et la migration.

L’emploi hors exploitation représente la principale voie pour échapper à lapauvreté dans les systèmes agricoles où les contraintes sont nombreuses. Lespolitiques, l’appui institutionnel et les biens publics peuvent tous jouer un rôleprimordial pour développer de tels emplois. Les industries basées surl’exploitation des ressources naturelles offrent des opportunités d’emploi, mais ilest souvent peu attractif pour ces industries de s’installer en zones rurales. Lesgouvernements pourraient, au niveau national et local et en collaboration avec lesecteur privé, formuler des programmes intégrés où les grands employeurspotentiels (agroindustries, etc.) se verraient proposer des incitations pourcontrebalancer les avantages des installations dans les zones urbaines. Des tellesmesures d’incitation pourraient inclure: i) l’amélioration des infrastructures dansla zone de l’usine et de ses fournisseurs, peut être accompagnée d’un contrat àlong terme de financement de l’entretien de la part de l’employeur; ii) laformation du futur personnel de l’employeur; iii) l’organisation del’approvisionnement en matières premières (cultures, élevage, etc.); et iv) la miseen place de mécanismes d’arbitrage rapides, transparents et exécutoires, et derèglements des relations entre les fournisseurs et l’employeur.

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Les principales interventions pouvant faciliter le développement d’entreprisesde petite taille sont: i) la simplification des procédures d’enregistrement etd’autorisation des petites entreprises; ii) l’assistance à la préparation de dossiersréalistes d’investissement et d’activité; iii) la formation aux procédures comptableset administratives; iv) le financement plus rapide et plus souple desinvestissements; v) la priorité pour la fourniture de services de base (électricité,téléphone, eau, etc.); et iv) l’encouragement et l’apport de ressources auxassociations représentant les entreprises rurales de petite taille.

Les migrations ont été la réponse habituelle de ceux qui n’ont pas été enmesure de diversifier leurs productions ou de trouver un emploi dans desactivités hors exploitation. Durant ces dernières années on s’est exclusivementattaché à maintenir les populations rurales sur place et à décourager leurmigration. Toutefois, on doit se demander si cette politique de maintien despopulations est la bonne lorsque les possibilités d’améliorer les conditions de viesur place sont très réduites. Il est temps d’identifier et de mettre en oeuvre desmesures capables d’assurer que toute migration est positive, à la fois pour lesmigrants et pour ceux qui restent dans le système. Ces mesures innovantespourraient prendre la forme de mesures incitatives à la migration, permettantd’accroître le capital humain et financier des migrants et de leur assurer ainsi demeilleures possibilités d’intégration économique à l’avenir. Ces incitationspourraient comprendre la fourniture d’un capital aux candidats au départ contrela remise du contrôle de leurs terres à l’agence de financement. Les terres tropmarginales pour être utilisées pour la production agricole seraient remises auxautorités pour la conservation, la reforestation et les mesures de protection desbassins versants. Pour les autres, les banques de terre financeraient leuracquisition par les voisins plus riches, contribuant ainsi au regroupement desterres.

Il est indispensable de renforcer la formation – particulièrement celle desfemmes et des jeunes – en matière de qualification professionnelle directementliée à l’emploi hors exploitation et à la migration. La priorité de cette formationdevrait, en tant que service social en zone rurale, venir juste après celle del’enseignement primaire de base.

L’infrastructure est un élément essentiel des équipements publics. Il est de plusen plus admis que le développement de l’infrastructure est une activité dépendantlargement du secteur privé; toutefois, des domaines tels que les routes,l’électrification, l’adduction d’eau et sa distribution pour l’irrigation, cruciauxpour la diversification et l’intensification des activités de nombreuses zones,doivent rester aux mains du secteur public. Le retrait de l’état de nombreusesactivités institutionnelles rurales (banque, vulgarisation, commerce) rend lerenforcement des capacités de supervision des institutions civiles et privéesessentiel.

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LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DESMARCHÉS

La libéralisation du commerce et des marchés est probablement la principaleforce capable de faire évoluer les systèmes agricoles et ainsi la pauvreté rurale etla faim dans la région. Les produits importés concurrencent de plus en plus lesproduits locaux, surtout sur les marches urbains facilement desservis, souvent audétriment des producteurs locaux. Alors que les producteurs doivent faire face àune baisse des prix des produits traditionnels et à des difficultés de diversificationde leur production vers de nouveaux produits à marges plus importantes, lalibéralisation rapide des marchés entraînera une augmentation de la pauvreté àcourt terme. Les systèmes dans lesquels la pauvreté est la plus sévère seront les plus sérieusement affectés, car les ressources humaines, financières ettechnologiques nécessaires à leur ajustement sont insuffisantes. A plus long terme,la libéralisation des marchés devrait faciliter le développement du commerce et ladiversification; cependant, les participants des différents systèmes ne seront pastous en mesure de profiter de tels changements.

Le rôle des gouvernements vis-à-vis des marchés et du commerce est légitime.Cependant, l’expérience a montré que de nombreuses interventions étatiquesbloquent les processus de transition tout en apportant peu de bénéfice réel auxménages agricoles pauvres. En revanche, nous avons montré dans la sous-sectionprécédente (voir aussi l’étude de cas du système d’exploitation agricole maïs-haricot en Amérique centrale) que la stratégie la plus efficace consiste souvent àmettre en place les conditions favorisant le développement d’un secteur privé etcivil actif et compétitif en zone rurale. Une telle stratégie devrait comprendre, enplus de la création d’un environnement favorable à la création et à la croissancede petites entreprises (voir sous-section précédente), des interventionsd’assistance aux agriculteurs pour les aider à s’organiser eux-mêmes afin derépondre aux nouvelles opportunités. Ces interventions pourraient être: i) laformation des chefs de groupe à la gestion commerciale et à l’administration; ii)la fourniture d’information, de matériel génétique et d’assistance technique dansle but de promouvoir l’adoption de nouvelles cultures; iii) la promotion d’activitésà valeur ajoutée (tri, empaquetage, transformation) par une assistance techniqueet financière pour la mise en œuvre de standards de qualité, pour la création delabel et la commercialisation ciblée; et iv) la facilitation de l’accès au financementnécessaires aux investissements.

En raison de la restructuration et de la décentralisation, l’élaboration et la miseen application des normes et standards des marchés, domaines traditionnelsd’intervention publique, ont été négligées dans de nombreux systèmesd’exploitation agricole. Les activités dans des domaines tels que les poids etmesures, les standards de qualité, le dépistage et le suivi des maladies et lescontrôles sanitaires sont toutes des fonctions essentielles du secteur public pour lebon fonctionnement des marchés et des systèmes commerciaux.

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INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

Des changements rapides paraissent inévitables dans les systèmes traditionnels, ceprocessus nécessitera que l’information et les ressources humaines soient améliorées.La fourniture d’information par le secteur public, qui souvent ne répond pas auxréels besoins du marché, entraîne des coûts récurrents importants; ce service estsouvent mieux assuré par les acheteurs et les commerçants du secteur privé ou parles associations de producteurs et de commerçants. Le meilleur appui que legouvernement puisse apporter pour la diffusion de l’information est l’améliorationdes réseaux de communication: réseaux de téléphone cellulaire, autorisation delicence pour les stations de radio locales ou simplement amélioration des routesd’accès aux zones rurales.

Le développement des ressources humaines devrait mettre l’accent sur laformation professionnelle et la comptabilité. L’alphabétisation pourrait ne pas êtrela première priorité. Les ruraux ne sont pas tous agriculteurs, la formation agricolene devrait être qu’une formation proposée parmi d’autres comme celles de tailleur,de mécanicien, de forgeron, de cuisinier, etc. Ces qualifications peuvent êtreparticulièrement utiles pour faciliter les futures migrations volontaires(spécialement celles des jeunes) en les aidant à trouver un emploi dans leur futurezone de résidence. La formation devrait aussi concerner les besoins spécifiques desemployeurs en zone rurale (agroindustrie ou non agricole) afin de faciliter ledéveloppement des entreprises rurales.

L’utilisation des nouvelles technologies de communication, telles qu’Internet,pourrait, au cours des 30 prochaines années, révolutionner le transfert del’information et la formation des communautés rurales les plus pauvres.Cependant, la révolution promise ne pourra se faire sans un développement trèsimportant des infrastructures ainsi qu’un changement profond de la conception desgouvernements en matière de services et de fourniture de services.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

Un certain nombre de projets innovants ont montré qu’il existait déjà une série detechniques capables d’améliorer la gestion des ressources naturelles et la tolérance àla sécheresse. Ces techniques sont: i) l’augmentation du taux de matière organiquedu sol, par exemple à l’aides des légumineuses (Mucana pruriens et Canavaliaensiformis); ii) le non travail du sol, la culture multiple et la petite irrigation associéeà la fabrication de terrasses sur les pentes les plus faibles et dans les zones semi-arides; et iii) les barrières végétales, les protections en contour (lignes de niveau),les cultures permanentes et l’agroforesterie sur les pentes les plus fortes. Dans lecadre de la gestion intégrée des sols fragiles de savane une autre techniqued’amélioration prometteuse est l’interdiction ou le contrôle du pâturage desanimaux, spécialement des chèvres.

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Cependant, des changements importants sont nécessaires dans le domaine de larecherche agricole appliquée. Il est aussi nécessaire de promouvoir une approcheparticipative dans des domaines tels que l’amélioration variétale etl’expérimentation aux champs de nouvelles cultures dans le cadre de ladiversification. Ces changements ne pourront se faire qu’en restructurantprofondément l’organisation des recherches nationales dans de nombreux paysd’Amérique latine et des Caraïbes et en veillant particulièrement aux mécanismesd’allocation des dépenses et à la formation du personnel aux méthodesparticipatives. La réponse des systèmes de recherche à la demande du marché doitêtre améliorée. Bien que les hybrides puissent répondre aux besoins de ladiversification, il est probable que les variétés susceptibles d’être multipliées par lesagriculteurs eux-mêmes sont préférables pour les cultures traditionnelles.

Plus de recherche sera nécessaire pour mettre à la disposition des petitsagriculteurs, des cultures à cycle végétatif court, tolérantes à la sécheresse et destechnologies capables d’améliorer la productivité du travail des systèmes danslesquels le niveau de pauvreté est particulièrement élevé. Afin d’aider les petitsproducteurs à faire face efficacement à la concurrence des marchés internationauxen expansion, la recherche sera aussi nécessaire dans des domaines tels que: i) l’adaptation des technologies après récolte, existantes et futures, aux besoins despetits producteurs; ii) la gestion intégrée des ravageurs (GIR), les pratiques et lesoutils de l’agriculture biologique (contrôles biologiques par exemple); et iii) letestage aux champs des nouvelles variétés et espèces et la détermination desmeilleurs pratiques agronomiques.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

La dégradation des ressources naturelles est importante dans nombreux systèmesd’exploitation agricole régionaux. En l’absence de droit d’aînesse ou de marchésfonctionnels de la terre, la croissance des populations entraîne peu à peu lemorcellement des exploitations. La conséquence de cet état de fait, en l’absence depolitiques incitatives appropriées ou de technologies permettant l’accroissement desrendements et l’amélioration de la fertilité du sol, est l’épuisement des sols etl’extension des cultures vers des zones marginales. Les accroissements depopulations prévus dans les systèmes les plus pauvres – tels que le système maïs-haricot de l’Amérique centrale et le système mixte de haute altitude des Andescentrales – aggraveront encore ce phénomène. Les systèmes des terres neuves où lesdensités de population sont plus faibles doivent faire face à une série de contraintesdifférentes. La colonisation de ces systèmes a été historiquement clairsemée, aumoins en partie à cause du potentiel agricole limités de leurs terres. Une mauvaisegestion des terres peut endommager gravement les ressources naturelles, commecela a été constaté dans les Cerrados.

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La solution à ces problèmes a été en partie décrite dans d’autres sous-sections (ycompris l’accroissement des revenus hors exploitation); néanmoins, il existe desréponses spécifiques pour les systèmes densément peuplés. Parmi celles-ci, on peutciter le développement et la mise en œuvre d’un plan de gestion efficace desressources naturelles au niveau de la communauté. De telles interventionsnécessitent une assistance technique et des incitations; elles doivent en outre fairela démonstration que des bénéfices rapides peuvent être tirés de l’amélioration desbassins versants, de la foresterie et d’autres activités de gestion des ressources.D’autres interventions prometteuses concernent les technologies de conservationde l’humidité dans les zones les plus sèches pour combattre la sécheresse et ladésertification (nord-est du Brésil et Andes centrales par exemple) et la protectionefficace des bassins versants (Amérique centrale et nord des Andes). Les impacts dela sécheresse et de la désertification deviendront probablement plus sévères avecles changements climatiques prévus, entraînant la nécessité de renforcer lesmécanismes de réduction des risques.

Il est prioritaire de mieux connaître les ressources naturelles des systèmes desterres neuves ainsi que leurs caractéristiques, et d’utiliser ces connaissances pourpréparer les outils et planifier une approche appropriée de gestion des ressources.Cette approche sera soutenue par une recherche pour le développement devariétés adaptées aux contraintes de ces terres neuves (tolérance à l’aluminium,caractéristiques après récolte) et par la diffusion des résultats. Les gouvernementsdevront aussi promouvoir des politiques de colonisation et de développementcapables d’encourager de meilleurs modèles d’utilisation des terres, en utilisant des instruments tels que les taxes foncières (régionale et municipale), les allocationsde terres, les facilités de crédit pour les investissements ou pour le capital circulantet l’accès aux services d’appui (commercialisation, vulgarisation, servicesvétérinaires, etc.).

Les plus grandes exploitations sont évidemment mieux à même de s’adapteraux nouvelles réalités économiques; toutefois, il n’est pas certain que les plusgrandes exploitations soient toujours les plus compétitives. L’expérience a montré,au Guatemala par exemple, que les petites exploitations peuvent être plus efficacesque les exploitations commerciales en ce qui concerne les cultures gourmandes enmain-d’œuvre. En principe, les petits agriculteurs de tous les systèmes agricolespourraient être compétitifs pour certaines productions ou être capablesd’augmenter leurs revenus par un travail hors exploitation; toutefois la proportionde ceux qui réussiront variera énormément d’un système à l’autre. Lorsque lesconditions agroécologiques sont favorables et les marchés sont d’accès facile, commepar exemple dans le système d’exploitation agricole mixte plantation-côtier, uneproportion relativement importante de petits agriculteurs est capable de suivre cesstratégies. Cependant, lorsque les conditions agroclimatiques et les régimes foncierssont plus contraignants, moins de producteurs sont capables d’évoluer et lastratégie de sortie du système prend alors le dessus. Cela est probablement le casdans le système d’exploitation agricole mixte de haute altitude des Andes centrales

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et le système d’exploitation agricole mixte des terres sèches du nord-est du Brésilet du Yucatan.

Les systèmes agricoles de la région ont un potentiel élevé en raison del’abondance des ressources en eau et de leurs climats largement tropical etsubtropical. Cependant, beaucoup de zones de terres neuves – telles que celles dusystème d’exploitation agricole mixte extensif des Cerrados et Llanos ou du systèmeforestier de l’Amazone – ont des sols fragiles avec des éléments nutritifs en quantitélimitée. Les stratégies de développement dépendent, bien sûr, du potentielagronomique du système concerné; toutefois, l’importance du rôle de la distributiondes terres fait que les différences de potentiel agronomique ont moins d’importancedans cette région que dans de nombreuses autres parties du monde. Même dans lessystèmes à haut potentiel, les améliorations de rendement ou d’intensité culturale descultures traditionnelles ne participent que faiblement à la réduction de la pauvretéparmi les petits agriculteurs. En revanche, la diversification et l’emploi horsexploitation constituent les meilleures approches stratégiques pour les petitsproducteurs à la fois dans les systèmes à fort et à faible potentiel.

CONCLUSIONS

La région d’Amérique latine et des Caraïbes offre un contraste marqué entre seszones de terres neuves, extensives, avec de faibles densités de population et uneforte croissance potentielle, et les systèmes en place, densément peuplés – avec unegrande pauvreté pour beaucoup d’entre eux. Toutefois, ces deux extrêmes doiventfaire face à un certain nombre de défis communs permettant de définir une prioritéstratégique claire pour le développement agricole et la réduction de la pauvreté dela région au cours des 30 prochaines années. Bien qu’il soit impossible à partir del’analyse régionale précédente de prescrire des actions nationales spécifiques, ledéveloppement agricole et la réduction de la pauvreté de la région requiert la miseen place de trois initiatives régionales associées entre-elles.

Gestion durable des ressources. La gestion durable des ressources naturelles et lerenversement de la tendance à la dégradation des ressources sont des élémentsparticulièrement importants, aussi bien pour les systèmes en place à forte densitéde population que pour les zones des terres neuves en rapide croissance.Cependant, il est essentiel que les changements proposés fassent la preuve d’unimpact positif sur les revenus des producteurs pour qu’ils puissent être adoptés àgrande échelle. Les composantes de cette gestion durable sont: la diffusion detechniques testées chez les petits agriculteurs, spécialement le mulch en vert, le nontravail du sol, les barrières de végétation, les terrasses et le non pâturage; un effortaccru en matière de sélection, de testage et de diffusion de variétés adaptées auxbesoins des petits producteurs, en mettant l’accent sur les cultures permanentes etarboricoles; le financement du départ des producteurs des terres épuisées afin de

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permettre leur reforestation; l’aide aux emplois hors exploitation, de façon àréduire la pression sur les zones très peuplées; et l’amélioration de la connaissancedes terres neuves et de la fragilité de leurs sols.

Meilleur accès aux ressources. Une condition préalable essentielle pour ledéveloppement de la région est l’amélioration de l’accès et du contrôle de la terrepour les populations rurales pauvres. Les composantes de l’amélioration de l’accèsaux ressources sont: les banques de terre pour le financement de l’accroissement dela taille des petites exploitations et pour l’achat, le démantèlement et la revente desgrandes exploitations; l’amélioration des mesures de gestion des terrescommunales, y compris la protection contre l’invasion et la colonisation; et lespolitiques de taxation pour inciter à une utilisation durable des terres.

Compétitivité accrue des petites exploitations. Il est primordial d’améliorer la capacitéde réponse des petits producteurs des systèmes agricoles à la libéralisation ducommerce et au développement des marchés. Les composantes de cette capacité deréponse sont: la formation des groupes d’agriculteurs à la gestion commerciale etaux techniques d’administration; les technologies améliorées pour les productionsde plus grande valeur; la réduction des barrières d’entrée pour les petitesentreprises ainsi que le renforcement des associations d’entreprises; la facilitationou le financement partiel du développement des infrastructures liées à lacommercialisation telle que les routes, les communications et les équipements demarché; et les incitations pour la délocalisation de l’agroindustrie et d’autresentreprises vers les zones rurales (formation du personnel, infrastructures et appuitechnique aux producteurs sous contrats).

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L’insécurité alimentaire des ménages est aujourd’hui grave et très répandue dansde nombreux systèmes d’exploitation agricole; elle constituera un problème majeurà résoudre au cours des prochaines décennies. En effet, la plupart des prévisionsdont nous disposons1 montre qu’il ne sera probablement pas possible de respecterl’engagement pris par la communauté internationale au Sommet mondial del’alimentation de 1996 et dans le Déclaration du millénaire de réduire de moitié lafaim et la pauvreté d’ici à 2015. Dans toutes les régions, la pauvreté et l’insécuritéalimentaire des ménages sont plus fréquentes et plus sévères en zone rurale qu’enzone urbaine. De plus, l’insécurité alimentaire et la pauvreté sont liées. Lesménages n’ont pas un pouvoir d’achat suffisant pour leur assurer une alimentationcorrecte, tandis que l’insécurité alimentaire elle-même entraîne la pauvreté. Lespersonnes mal nourries sont souvent plus sujettes aux maladies; elles ont, en raisonde la diminution de leurs capacités physiques et intellectuelles, une productivité dutravail réduite et de faibles résultats en matière d’éducation. Il est bien sûr urgentde prendre des mesures transitoires pour assurer un niveau nutritionnel minimumet des moyens de subsistance aux plus démunis (filets de sécurité); cependant, desprogrammes à long terme sont nécessaires pour permettre la mise en route d’unprocessus durable de croissance économique et de développement en faveur des pauvres.

Nous examinerons dans ce chapitre les divers moyens de réduire le fossé quiexiste entre le niveau de faim et de pauvreté des projections actuelles (scénariohabituel) et les objectifs internationaux de développement de réduire de moitié lafaim et la pauvreté d’ici 2015. Le chapitre commence par regrouper les 72 systèmesde production identifiés dans les six régions en huit catégories plus larges. Nousexaminerons ensuite, pour chaque catégorie, l’importance relative des stratégiesdes ménages pour échapper à la pauvreté en termes: d’intensification; dediversification; d’augmentation de la taille des exploitations; d’accroissement du

D É F I S M O N D I AU X ,

P OT E N T I E L S E T P R I O R I T É S

8

● ● ●

1FAO 2000a.

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revenu hors exploitation; et de sortie de l’agriculture à l’intérieur du systèmed’exploitation agricole. Afin de mieux mettre en lumière les stratégies de réductionde la pauvreté, les systèmes d’exploitation agricole sont ensuite regroupés selon: i) le potentiel de ressources, et ii) l’intensité agricole (comme indicateur d’accès auxservices).

Nous définirons ensuite une stratégie mondiale de réduction de la faim et de lapauvreté en mettant l’accent sur cinq domaines: la réforme de l'environnementpolitique et institutionnel, les mesures liées à l’efficacité des marchés, l’améliorationde la disponibilité de l’information et du capital humain, la diffusion de techniquesefficaces et la mise en œuvre d’une gestion durable des ressources naturelles.

CATÉGORIES DE SYSTÈMES, DOTATIONS ET STRATÉGIES DES MÉNAGES

CATÉGORIES DE SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE

Afin de faciliter leurs comparaisons et d’intégrer les priorités de chacun d’entre euxdans une stratégie mondiale de réduction de la pauvreté, les 72 systèmesd’exploitation agricole identifiés dans les six régions en développement sontregroupés en huit principales catégories (voir chapitre 1 et annexe 2) d’après les caractéristiques décrites dans les chapitres 2 à 7. Ces huit catégories de systèmesont : i) les systèmes d’exploitation agricole irrigués ; ii) les systèmes d’exploitationagricole à base de riz aquatique; iii) les systèmes d’exploitation agricole pluviaux deszones humides (et subhumides); iv) les systèmes d’exploitation agricole pluviaux deszones en pente et des hautes terres; v) les systèmes d’exploitation agricole pluviauxdes zones sèches ou froides ; vi) les systèmes d’exploitation agricole dualistes avec laprésence simultanée de grandes exploitations commerciales et de petits agriculteurs;vii) les systèmes d’exploitation agricole mixtes à base de pêche artisanale côtière; etviii) les systèmes d’exploitation agricole urbains. Toutes ces catégories de systèmessont, à l’exception du système dualiste, dominées par les petits producteurs.

La qualité des ressources de base varie énormément entre les catégories desystème d’exploitation agricole et même au sein d’un même système. Les systèmesd’exploitation agricole pourvus d’irrigation ou de climats humides ont en généralun potentiel agricole plus important que les systèmes de zones sèches. De plus,l’accès aux services agricoles – spécialement aux marchés – a une grande influencesur les possibilités de développement d’un système d’exploitation agricole. Lafigure 8.1 montre les relations existant entre sept des huit catégories de systèmespour ces deux importantes variables.

Les aires de chaque catégorie de systèmes sont relativement importantes enraison de l’hétérogénéité des systèmes d’exploitation agricole qui les constituent etdes différences entre les environnements des ménages agricoles à l’intérieur d’un

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Figure 8.1 Catégories de systèmes d’exploitations agricoles par dotation en ressourceet accès aux services agricoles

Note: Le système “dualiste” d’exploitation agricole n’est pas représenté dans la Figure ci-dessus car il en dépasse les limites.

345

même système. Pour cette raison, les systèmes dualistes, qui recouvriraientl’ensemble de la figure, n’ont pas été représentés.

On peut observer sur la figure 8.1 (comme cela a été montré dans les chapitresprécédents) que les catégories des systèmes irrigués, du riz aquatique et, dans unemoindre mesure, celle du système pluvial humide ont une dotation moyenne enressource relativement importante. Cependant, leur accès aux services agricolesd’appui et aux marchés varient beaucoup – de mauvais (vers le coin supérieurgauche de la figure, par exemple pour le périmètre irrigué de Gezira au Soudan)à bon (vers le coin supérieur droit, par exemple pour les zones irriguées de la bassevallée du Nil en Egypte).

En revanche, souvent en raison de la mauvaise qualité des infrastructures, lessystèmes d’exploitation agricole pluviaux des hautes terres ont un accès limité auxservices mais leur dotation en ressources peut varier, d’assez bonne (dans le coinsupérieur gauche, par exemple dans le système d’exploitation agricole intensif deshautes terres en Chine) à faible (dans le coin inférieur gauche, par exemple dans lesystème d’exploitation agricole mixte de haute altitude des Andes centrales). Lessystèmes d’exploitation agricole pluviaux des zones sèches et froides ont tendance

Dotations en ressourcesdes ménages

Accès au services agricolesHaut

Hau

t

Bas

Bas

Irrigué

A base de riz aquatique

Pêche artisanalecôtière

Pluvial deshautes terres

Pluvial sec/froid

Urbain

Pluvial humide

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à avoir de faibles ressources et un accès limité aux services (par exemple lessystèmes pastoraux de toutes les régions). D’autre part, les systèmes d’exploitationagricole artisanaux côtiers ont souvent de bons accès aux services mais leur dotationen ressources de base varie, raison pour laquelle ce système se situe du côté droitde la figure. Finalement, les systèmes d’exploitation agricole urbains ont, de parleur situation, un bon accès aux marchés, mais leurs ressources de base estgénéralement très réduite.

Le tableau 8.1, comparant les huit catégories de systèmes d’exploitationagricole, indique les surfaces totales de terres, de terres cultivées et de terresirriguées, la population agricole et les surplus commercialisables. Les six systèmes2

irrigués et à base de riz aquatique totalisent une population agricole de près de900 millions de personnes et une surface cultivée d’environ 170 millions d’ha, dontpresque les deux tiers sont irrigués. Il existe trois principales classes de systèmesd’exploitation agricole pluviaux de petits agriculteurs (en zones humide, de hauteterre et sèche/froide), totalisant une population de plus de 1 400 millions de

Table 8.1 Comparaison des systèmes d’exploitation agricole par catégorie

Irrigués A base Pluvial des PêcheCaractéristiques des petits de riz Pluvial hautes Pluvial Dualiste artisanalecatégories agriculteurs aquatique humide terres sec/froid (grand/petit) côtière Urbains

Nombre de systèmes 3 3 11 10 19 16 4 6

Surface totale 219 330 2 013 842 3 478 3 116 70 n.d(m ha)

Surface cultivée 15 155 160 150 231 414 11 n.d(m ha)

Cultivé/total (%) 7 47 8 18 7 13 16 n.d

Surface irriguée 15 90 17 30 41 36 2 n.d(m ha)

Irrigué/cultivé (%) 99 58 11 20 18 9 19 n.d

Population agricole (million)30 860 400 520 490 190 60 40

Pop. agricole/ 2,1 5,5 2,5 3,5 2,1 0,4 5,5 n.dcultivé (p/ha)

Surplus impor- moyens moyens faibles faibles moyens impor- impor-commercialisables tants tants tants

Source: Donnée FAO et avis d’experts.Note: Surface cultivée pour les cultures annuelles et pérennes. n.d. = non disponible.

2Un système d’exploitation agricole irrigué de la région Europe de l’Est et Asie centrale dont les exploitations agricoles sontrelativement grandes est, dans le cadre de cette discussion, inclus dans la catégorie des systèmes dualistes.

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personnes et recouvrant environ 540 millions d’ha de terre cultivée. Les systèmesdualistes regroupent des exploitations de taille très différentes et abritent unepopulation agricole de 190 millions de personnes sur une surface cultivée de11 millions d’ha. Finalement, deux autres catégories de systèmes de petitsagriculteurs, de moindre importance – quatre systèmes mixtes de pêche côtièreartisanale et six systèmes urbains – totalisent environ 100 millions de personnes.Ces huit catégories de systèmes d’exploitation agricole sont décrites dans lesparagraphes qui suivent.

Les trois systèmes d’exploitation agricole irrigués des petits agriculteurs sont situéssur de grands périmètres irrigués où dominent les petits exploitants agricoles. Bienque cette catégorie ne totalise qu’environ 30 millions de femmes, d’hommes etd’enfants qui cultivent quelque 15 millions d’ha de terre irriguée, elle estimportante en terme de sécurité alimentaire nationale et de revenus à l’exportationpour de nombreux pays. D’énormes investissements ont été réalisés dans les grandspérimètres irrigués; cependant, la plupart d’entre eux se trouvent dans l’obligationd’améliorer l'efficacité de l'utilisation de l’eau au cours des prochaines décennies.De plus, beaucoup d’entre eux – particulièrement en Afrique subsaharienne, et en Europe de l’Est et Asie Centrale – ont de grosses difficultés financières. Ladurabilité de l’environnement pose aussi des problèmes dans un certain nombre decas3. En dehors des grands périmètres irrigués et des systèmes de riz aquatique, lapetite irrigation apporte un complément aux moyens de subsistance de millions deménages agricoles en culture pluviale; cette petite irrigation est considérée commepartie intégrante du système d’exploitation agricole qui l’utilise.

Les trois systèmes d’exploitation agricole à base de riz aquatique de l’est et du sud del’Asie, qui représentent une proportion importante des terres irriguées, abritentune population agricole d’environ 860 millions de personnes. La culture du rizentouré de diguettes est le trait caractéristique de ces systèmes; toutefois, on ypratique aussi la production d’une gamme importante d’autres cultures vivrières etde rente ainsi que l’élevage de poulets et de bétail pour l’autoconsommation et lavente. Ces systèmes dépendent de la mousson, mais près de 60 pour cent des terrescultivées sont équipées pour l’irrigation. Il reste relativement peu de pâturages oude forêts – presque la moitié des terres est occupée par des cultures annuelles oupermanentes – et la pression démographique (5,5 personnes par ha de terrecultivée) sur les ressources naturelles de base est très forte. Ces systèmes, quigénèrent un certain niveau de surplus commercialisables, sont à la base de lasécurité alimentaire nationale de la plupart des pays asiatiques.

Les 11 systèmes d’exploitation agricole pluviaux humides sont basés sur la culture detubercules, de céréales ou d’arbres, par de petits agriculteurs. L’élevage est souventune composante importante de ces systèmes dont la population agricole totale est

3L’encadré 2.9 relate la mauvaise gestion de l’eau, les faibles niveaux d’intrants et de rendements du périmètre de Gezira.Certains des grands périmètres d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, non viables, devraient voir leur taille réduite ou mêmeêtre fermés.

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d’environ 400 millions de personnes. L’irrigation y est rare. La pressiondémographique sur les terres est généralement modérée (seulement 2,5 personnespar ha cultivé en moyenne), elle peut, cependant, être beaucoup plus forte danscertaines zones. Le développement des marchés est variable, moyen dansl’ensemble, mais les possibilités de développement futur sont importantes.

La population agricole totale des 10 systèmes d’exploitation agricole pluviaux deszones en pentes et des hautes terres des petits agriculteurs dépasse 500 millions depersonnes. Ces systèmes, pour la plupart diversifiés mixtes élevage et culture,furent orientés à l’origine vers la subsistance et la gestion durable des ressources.Cependant, ils se caractérisent de nos jours par une très forte pressiondémographique (en moyenne 3,5 personnes par ha cultivé) sur leurs très faiblesressources naturelles de base. La situation est encore aggravée par une fortepression du bétail sur les pâturages qui représentent les quatre cinquièmes desterres non cultivées. Le niveau d’intégration de ces systèmes aux marchés estsouvent faible en raison du manque de route d’accès et d’autres infrastructures.

Les 19 systèmes d’exploitation agricole pluviaux des zones sèches ou froides à baspotentiel couvrent une superficie énorme – environ 3,5 milliards d’ha – maisn’abritent qu’une assez faible population agricole de petits agriculteurs - environ500 millions de personnes. Les activités de base de ces systèmes à faible potentielassocient la culture et élevage ou des activités pastorales. Ils forment, en fait, dessystèmes clairsemés et souvent dispersés de très basse productivité en raison descontraintes environnementales.

Les 16 systèmes d’exploitation agricole dualistes sont caractérisés par le contrasteimportant existant entre les grandes exploitations, souvent commerciales, et lespetites exploitations des petits agriculteurs. L’ensemble de ces systèmes totalise unepopulation agricole de près de 200 millions de personnes sur une superficiecultivée de 400 millions d’ha situés dans des zones écologiques variées aux modèlesde production divers. De tels systèmes sont courants en Europe de l’Est, en Asiecentrale et en Amérique latine; on peut aussi en rencontrer en Afrique. Al’exception du système d’exploitation agricole irrigué de l’Europe de l’Est et del’Asie centrale de taille moyenne à grande, ils sont tous essentiellement pluviaux.

Nous avons décrit quatre systèmes d’exploitation agricole mixtes de pêche côtièreartisanale4. Les cultures y jouent un rôle important pour la sécurité alimentaire desménages, mais la pêche côtière représente le principal moyen de subsistance, enparticulier avec le développement rapide de l’aquaculture dans de nombreuxendroits du monde. Les rendements des cultures sont souvent bas en raison de lafaible fertilité des sols. Les quelques zones plus fertiles doivent souvent affronter desorages et des inondations comme c’est le cas dans la baie du Bengale. Beaucoup deces systèmes associent une petite production de cultures arboricoles (noix de cocoet noix de cajou par exemple) à l’élevage de petits ruminants, spécialement leschèvres, et de volailles.

4Le système d’exploitation agricole mixte côtier-plantation d’Amérique latine a été classé comme système dualiste.

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Six systèmes d’exploitation agricole urbains dynamiques, orientés vers le marché,généralement axés sur une production animale et horticole intensive de hautevaleur, ont été identifiés. En raison de l’urbanisation croissante du monde endéveloppement, ces systèmes d’exploitation agricole devraient prendre de plus enplus d’importance dans l’avenir.

L’analyse de ces huit grandes catégories de systèmes d’exploitation agricole meten évidence de grandes différences dans l’importance relative des stratégies dontdisposent les ménages pauvres pour réduire la faim et la pauvreté. Le tableau8.2, préparé à partir d’avis d’experts, montre l’importance relative de ces stratégiespour les ménages; ces mêmes stratégies sont aussi celles du développement rural àplus grande échelle. Le potentiel relatif de leurs impacts amène à proposer unmélange optimal de ces stratégies pour combler le fossé existant entre lesprojections habituelles de réduction lente de la pauvreté et l’objectif de diminuerde moitié la faim et la pauvreté d’ici à 2015 dans chacun des principaux systèmesd’exploitation agricole.

Tableau 8.2 Importance relative des différentes stratégies de réduction de la pauvretépar catégorie de systèmes d’exploitation agricole

Stratégies de Irrigués A base Pluvial Pluvial Pluvial Dualiste Pêche Urbainréduction de des petits de riz humide des hautes sec/froid (grand/ artisanale la pauvreté agriculteurs aquatique terres petit) côtière

Intensification 3,4 1,7 1,9 0,9 1,5 2,8 0,7 1,3

Diversification 2,9 3,4 2,7 2,7 2,3 2,0 2,5 2,7

Augmentation de la taille 1,2 0,9 1,7 0,6 0,9 2,0 0 1,7des exploitations

Augmentation des 1,9 2,8 2,2 3,0 2,2 1,8 4,2 3,6revenus hors exploration

Sortie de 0,6 1,2 1,4 2,8 3,1 1,3 2,6 0,8l’agriculture

Source: Avis d’experts.Note: Le total des points pour chaque système de exploitation est de 10.

La fréquence de la pauvreté et de la faim est relativement faible dans les systèmesd’exploitation agricole irrigués, aussi les perspectives de diminuer de moitié la pauvretéexistante sont-elles bonnes. On estime que les trois quarts de la diminution de lapauvreté viendront d’améliorations au niveau des exploitations (intensification,diversification et accroissement de la surface cultivée). Un bon tiers viendra del’intensification de la production – les conditions de production sont si favorablesdans ces périmètres que les accroissements de productivité proviendront d’unemeilleure utilisation de l'eau, d’une meilleure gestion de la fertilité des sols et des

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cultures. La diversification, impliquant souvent l'exportation des cultures de rentepar les canaux commerciaux existants, sera aussi responsable de 30 pour cent de ladiminution de la faim et de la pauvreté. Néanmoins, les accroissements de revenuhors exploitation, locaux et provenant de migrations saisonnières, devraientcontribuer à hauteur de près de 20 pour cent à la réduction de pauvreté.

Le développement des systèmes d’exploitation agricole à base de riz aquatiques sefera principalement par des améliorations au niveau de l’exploitation, quicontribueront pour 60 pour cent à la réduction de la pauvreté – particulièrementgrâce à la diversification des cultures, à l’élevage et à la production de poissons. Latransformation des produits au niveau de l’exploitation, qui est une diversification,permettra d’augmenter la valeur des productions et les revenus. Bien qu’inférieured’un tiers à la contribution attendue de l’accroissement de revenus en dehors de laexploitation, l’intensification est aussi une stratégie importante (spécialement pourdes pays comme le Cambodge et le Myanmar). L’importance du revenu horsexploitation reflète le poids de l’économie rurale hors exploitation en Chine, cepays comptant presque la moitié des agriculteurs de cette catégorie de système.

Les cinq stratégies contribuent toute, d’une manière importante, à ladiminution de moitié de la pauvreté des ménages des systèmes d’exploitation agricolepluviaux humides. Les deux stratégies les plus importantes sont la diversification quidevrait contribuer pour plus d’un quart à la réduction de la pauvreté etl’accroissement des revenus hors exploitation pour un peu moins d’un quart. Dansles systèmes agriculture-élevage, l’élevage jouera un rôle important pour ladiversification; d’autre part la petite irrigation contribuera à la fois àl’intensification et à la diversification.

La contribution des améliorations au niveau de l’exploitation (40 pour cent) à laréduction de la pauvreté est plus faible pour les systèmes d’exploitation agricole pluviauxdes hautes terres. Les principales stratégies de réduction de la pauvreté seront lesaccroissements de revenu hors exploitation et la migration (sortie de l’agriculture),dont la contribution est d’un tiers pour chacune de ces stratégies. La diversification,spécialement vers des produits de haute valeur avec des frais de transport et decommercialisation relativement bas, pourrait aussi contribuer à la réduction de lapauvreté de façon importante.

La contribution des différentes stratégies à la réduction de la pauvreté dans lessystèmes d’exploitation agricole pluviaux secs/froids est semblable à celle des systèmesdes hautes terres, en raison de leur faible potentiel agricole et de leurs mauvaisesinfrastructures de commercialisation. Le développement de l’élevage et del’irrigation jouera un rôle important.

La réduction de la pauvreté des ménages dans les systèmes d’exploitation agricoledualiste proviendra des cinq stratégies, plus des deux tiers résultera desaméliorations au niveau de l’exploitation. L'irrigation et le développement des marchés favoriseront l’intensification et la diversification. Les augmentations de la taille des exploitations contribueront pour un cinquième à la réduction de la pauvreté.

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La réduction de la pauvreté des systèmes d’exploitation agricole mixtes à base de pêcheartisanale côtière dépend beaucoup de l’accroissement des revenus hors exploitationet, dans une moindre mesure, de la diversification et de la sortie de l’agriculture.

La réduction de la pauvreté des systèmes d’exploitation agricole urbains dépend del’accroissement des revenus hors exploitation, de la diversification et del’augmentation des ventes.

INCIDENCE DE LA DOTATION EN RESSOURCES DES SYSTEMES AGRICOLES

Les niveaux de vie actuels ainsi que leur potentiel d’amélioration dépendent de laqualité des ressources naturelles et de leur disponibilité5. La meilleure évaluationdes ressources de base d’un système d’exploitation agricole est la richesse moyenneen ressource des ménages agricoles représentatifs, mesurée selon leur potentielproductif à partir des technologies existantes. A quelques exceptions près, tous lessystèmes d’exploitation agricole peuvent être classés de cette manière, en prenant encompte la taille moyenne des exploitations et la qualité des ressources naturelles.Quand on procède de cette façon, les ressources potentielles peuvent êtreconsidérées comme un continuum allant des systèmes des zones arides à ceuxlocalisés dans des conditions fertiles et irriguées.

Les exemples de systèmes d’exploitation agricole dans les zones de faiblepotentiel sont: i) le système agropastoral mil/sorgho d’Afrique; ii) le système mixtepluvial de l’Asie du sud; et iii) le système mixte de haute altitude des Andescentrales en Amérique latine. Les systèmes d’exploitation agricole dans les zones àfort potentiel sont: i) tous les systèmes irrigués; ii) le système mixte céréales-racines

5Jazairy et al 1992.

Table 8.3 Comparaison des systèmes d’exploitation par potentiel de ressources

Caractéristiques Fort potentiel Faible potentiel

Nombre de systèmes 26 25

Population agricole (millions) 1 450 290

Surface cultivée/surface totale (%) 14 6

Surface irriguée/surface cultivée (%) 29 11

Population agricole/surface cultivée (pers/ha) 2,8 1,0

Source: Données FAO et avis d’experts.Note: La surface cultivée se réfère à la fois aux cultures annuelles et pérennes. Neuf autres systèmes avaient un potentiel

indéterminé ou mélangé (les systèmes urbains) et 12 autres des potentiels moyens.

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de la savane humide de l’Afrique centrale et de l’Ouest; iii) le système de culturearboricole de l’Asie de l’Est et du Pacifique; et iv) le système mixte extensif des Cerrados et Llanos de l’Amérique latine. Le tableau 8.3 compare lesdifférentes caractéristiques des systèmes d’exploitation agricole à fort et à faiblepotentiel.

Plus de 60 pour cent de la population agricole des régions en développement– soit quelque 1 450 millions de personnes – vivent dans des systèmes dont lepotentiel d’accroissement de la productivité est, du point de vue des ressources,relativement fort. Les densités moyennes des populations des systèmesd’exploitation agricole des zones à fort potentiel sont généralement plus élevéesque celle des zones à faible potentiel; les infrastructures économiques et sociales ysont meilleures. Cependant, ces zones doivent faire face à un certain nombre dedifficultés; en fait, de nombreux facteurs socioéconomiques et environnementauxentravent leur développement agricole, l’extrême fragmentation des exploitationspeut aussi être un problème. De plus, contrairement à ce que l’on pourrait penser,une proportion importante des pauvres et des affamés vivent dans des zones à fort potentiel.

Dans les systèmes d’exploitation agricole des zones à faible potentiel dont lespluviométries sont faibles ou irrégulières et la fertilité des sols réduite, lespossibilités de développement agricole sont limitées, aussi les agriculteurscherchent-ils plus à minimiser les risques qu’à maximiser la production vivrière oule profit. Les zones à faible potentiel ont souvent à faire face à des risques plusimportants, particulièrement en ce qui concerne la distribution et le volume del’eau disponible pour les besoins agricoles. D’autres désastres naturels, tels que lesattaques de criquets, peuvent aussi causer de sérieux dégâts. Malheureusement, lespossibilités pour les petits agriculteurs d’améliorer leurs moyens de subsistancespar des emplois hors exploitation sont dans ces zones à faible potentiel beaucoupplus restreintes que dans les zones à fort potentiel, en raison du faibledéveloppement des marchés.

La réduction de la pauvreté dans les systèmes à faible potentiel de ressourcesdépend donc souvent des migrations saisonnières ou permanentes à la recherched’un emploi comme ouvrier agricole dans les systèmes plus riches ou en zoneurbaine. La nécessité de trouver des moyens de subsistance de remplacement estfrappante: la sortie de l’agriculture contribue à près de la moitié du potentiel deréduction de la pauvreté et l’accroissement du revenu hors exploitation à environun quart. Dans les deux cas, la migration saisonnière ou permanente devrasouvent se faire sur de grandes distances, parfois au-delà des frontièresnationales. Néanmoins, l’intensification, la diversification et l’accroissement de lataille des exploitations ou des troupeaux – particulièrement axés sur ledéveloppement de l’élevage ou de l’irrigation – contribuent ensemble à environun tiers de la réduction de la pauvreté. Le tableau 8.4 montre les relationsexistant entre les stratégies d’amélioration des ménages et le potentiel desressources.

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En revanche, pour les systèmes d’exploitation agricole des zones à fort potentiel,la réduction de la pauvreté dépend principalement de la diversification et desrevenus hors exploitation, l’ensemble de ces deux facteurs contribuant pour prèsde 60 pour cent au potentiel d’amélioration. La contribution de l’intensificationsera aussi importante, toutefois, elle peut, dans certains cas, être limitée par lemorcellement des terres. Dans l’ensemble, les systèmes à fort potentiel représententle principal espoir d’augmenter la production alimentaire, justifiant qu’uneproportion importante des investissements ruraux soit destiné à augmenter laproduction vivrière globale.

INCIDENCE DE L’INTENSITÉ AGRICOLE ET DE L’ACCÈS AUX SERVICES

La gradation du niveau d’intensité de production existant dans les systèmesd’exploitation agricole, est étroitement associée à l’accès aux services d’appui àl’agriculture (voir tableau 8.5). Les systèmes à faible intensité – comprenant les systèmesd’exploitation agricole agro-pastoraux, pastoraux et dispersés – totalisent 350 millionsde personnes; toutefois, leurs populations sont dispersées, le niveau d’utilisation desintrants est faible et ils dégagent peu de surplus commercialisables. Ces systèmescoïncident plus ou moins avec les zones à faible potentiel de ressources discutées ci-dessus.

Suivant les forces en présence, les systèmes d’exploitation agricole de moyenneintensité, ont évolué vers deux types distincts: le premier orienté vers la productionalimentaire et le second, vers les marchés. Lorsque la pression démographique surles ressources a été le facteur dominant, les systèmes se sont tournés vers laproduction vivrière intensive – tubercules, bananes plantains et céréales – souventà l’intérieur d’un système mixte associant l’agriculture et l’élevage. Les systèmes dece type couvrent plus de 2 000 millions d’ha et font vivre une population agricole

Table 8.4 Importance relative des différentes stratégies de réduction de la pauvretépour les systèmes d’exploitation agricole à fort et à faible potentiel

Caractéristiques Fort potentiel Faible potentiel

Intensification 1,9 0,9

Diversification 3,1 1,4

Augmentation de la taille des exploitations 1,2 0,9

Augmentation des revenus hors exploitation 2,5 2,4

Sortie de l’agriculture 1,2 4,4

Source: Avis d’experts.Note: Le total des points pour chaque type de système d’exploitation agricole est de 10.

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d’environ 950 millions de personnes; ils incluent beaucoup de systèmes de grandepauvreté rurale. Le développement de ces systèmes passe, bien sûr, par undéveloppement modéré de leur orientation vers les marchés en intensifiantl’utilisation d’intrants externes et en augmentant l’intensité culturale.

Le nombre de systèmes du second type – intensité moyenne orientée vers lemarché – est moins important; le développement de ces systèmes s’est faitprincipalement pour répondre à la demande de marchés immédiatementaccessibles, soient locaux (généralement l’horticulture) ou internationaux(souvent fondés sur les cultures arboricoles et industrielles). Avec une populationagricole de seulement 100 millions de personnes, ces systèmes sont moinsimportants pour leur potentiel de réduction de la pauvreté qu’en termes de gainsà l’exportation.

A l’avenir, la sécurité alimentaire mondiale dépendra en grande partie dessystèmes à forte intensité. Ces systèmes comprennent les systèmes irrigués et deriz aquatique (dont plus de 50 pour cent des terres cultivées sont irriguées), ainsique les systèmes avec des ressources et des infrastructures relativement bonnes.En dépit d’une forte pression démographique (presque cinq personnes par hacultivé) et de la petite taille des exploitations, ces systèmes sont très orientés versles marchés; ils utilisent beaucoup d’intrants externes et d’irrigation, ce qui leurpermet de générer un surplus pour la vente aux zones urbaines et aux marchésd’exportation.

Le tableau 8.6 montre l’importance relative des différentes stratégies. Les

Table 8.5 Comparaison des systèmes d’exploitation agricole pour leur niveaud’intensification

Caractéristiques Faible Intensité moyenne, Intensité Forte intensité orientée vers moyenne, intensité

la production orientée vers alimentaire les marchés

Nombre de systèmes 27 20 6 17

Population agricole (m) 350 950 100 1 140

Surface cultivée/surface totale (%) 5 21 17 28

Surface irriguée/surface cultivée (%) 9 14 10 54

Population agricole/ 1,0 2,1 1,0 4,8surface cultivée (pers./ha)

Surplus commercialisables faibles moyens importants moyens

Source: Données FAO et avis d’experts.

Note: Surface cultivée se réfère à la fois aux cultures annuelles et pérennes. Deux systèmes n’ont pas été pris en compte dans cette classification.

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systèmes d’exploitation agricole à faible intensité ressemblent, du point de vue dessources de réduction de pauvreté, aux systèmes d’exploitation agricole des zones àbas potentiel (voir ci-dessus). Tandis que l’amélioration agricole (intensification,diversification et accroissement de la taille des exploitations) comptera pourenviron 40 pour cent de la réduction de la pauvreté, les forces principales seront lasortie de l’agriculture et l’accroissement du revenu hors exploitation.

La réduction de la pauvreté dans les systèmes d’exploitation agricole de moyenneintensité dépendra presque à part égale des améliorations au niveau del’exploitation et des moyens de subsistances de remplacement (accroissement durevenu hors exploitation et sortie de l’agriculture). Logiquement, la principalestratégie d’augmentation de la productivité de l’exploitation capable de réduire lapauvreté est la diversification vers des produits non vivriers. Les systèmesd’exploitation agricole à intensité commerciale moyenne ressemblent aux systèmesorientés vers la production alimentaire, sauf que les améliorations au niveau del’exploitation contribueront pour environ 60 pour cent à la réduction de lapauvreté. Remarquons que l’intensification et la diversification joueront toutesdeux un rôle important.

Les systèmes d’exploitation agricole à forte intensité ressemblent aux systèmescommerciaux, sauf que la diversification sera une stratégie relativement plusimportante et l’intensification moins importante, probablement parce que des gainssubstantiels en intensification ont déjà été réalisés dans ces systèmes à forteintensité. La contribution des améliorations au niveau de l’exploitation à laréduction de la pauvreté sera d’environ 60 pour cent, le revenu hors exploitationdevrait lui aussi jouer un rôle important dans cette réduction.

Table 8.6 Importance relative des différentes stratégies de réduction de la pauvreté parniveau d’intensité des systèmes d’exploitation agricole

Caractéristiques Faible Intensité moyenne, Intensité Forte intensité orientée vers moyenne, intensité

la production orientée vers alimentaire les marchés

Intensification 1,2 1,7 2,7 1,6

Diversification 1,5 2,8 2,3 3,3

Augmentation de taille de 1,3 1,1 1,2 0,9l’exploitation

Augmentation des revenus 2,1 2,5 2,5 2,8hors exploitation

Sortie de l’agriculture 3,9 2,0 1,4 1,4

Source: Avis d’experts.

Note: Le total des points pour chaque type de systèmes d’exploitation agricole est de 10.

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IMPORTANCE GLOBALE DES DIFFÉRENTES STRATÉGIES DERÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

La description ci-dessus est inévitablement une simplification de la réalité, elledonne un aperçu sur les composantes de la stratégie mondiale les plus à même deréduire la pauvreté de n’importe quel type de système, et donc d’en déduire lesapproches – nationales ou internationales – qui justifieront le plus fortement lesinvestissements. Les améliorations au niveau de l’exploitation seront globalementla principale source de réduction de la pauvreté et, particulièrement dans le casdes systèmes à plus fort potentiel, le principal moteur pour atteindre les objectifsde développement international de réduire de moitié la faim et la pauvreté. Ladiversification sera, parmi les stratégies d’amélioration au niveau de laexploitation, la principale source de réduction de la pauvreté; la contribution del’intensification ne sera importante que dans un nombre plus restreint desystèmes. Néanmoins, intensification et diversification vont souvent de pair. Lesrevenus hors exploitation représenteront le principal moyen de subsistance deremplacement pour réduire la pauvreté, leurs contributions seront presque aussiimportantes que celle de la diversification. Les paragraphes suivants examinent lerôle de chacune des cinq stratégies en ce qui concerne la réduction de la pauvreté.

Une intensification renforcée des modèles de productions pourra entraîner uneréduction importante de la pauvreté dans quatre catégories de systèmesd’exploitation agricole (voir tableau 8.2). Elle sera la principale stratégie pour lessystèmes d’exploitation agricole irrigués et dualistes. Elle sera moins importantepour les systèmes pluviaux humides et de riz aquatique, et peu importante pourles deux autres catégories de système. Comme on peut s’y attendre, elle serad’importance moyenne pour les systèmes qui ont déjà un fort potentiel, mais,d’une façon surprenante, elle sera plus importante pour les systèmesd’exploitation agricole commerciaux de moyenne intensité que pour les systèmesd’exploitation agricole à base de cultures vivrières ou de faible intensité.

La diversification est considérée comme un moyen important de réduction dela pauvreté dans toutes les catégories de systèmes d’exploitation agricole. Ladiversification de l’exploitation accorde de plus en plus d’importance aux culturesde rente non traditionnelles – en particulier le maraîchage, les fruits, les épices etcolorants, les produits de l’élevage et de l’aquaculture – spécialement ceux quinécessitent beaucoup de main-d’oeuvre. De plus, la transformation et d’autresactivités post récolte capables d’ajouter de la valeur aux produits sont des voiesprometteuses pour l’avenir. Les systèmes d’exploitation agricole à forte intensitédes zones à fort potentiel devraient être les mieux à même de réussir leurdiversification.

L’accroissement de la taille des exploitations ne semble être une stratégie importanteque pour les ménages pauvres des systèmes d’exploitation agricole pluviauxhumides où la pression démographique sur les terres n’est pas très forte, et dessystèmes d’exploitation agricole dualistes où le potentiel d’accroissement de la

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taille des exploitations est important. La plupart des autres catégories de systèmeont peu de possibilité, à court terme, d’étendre leurs zones agricoles; pour elles,l’accroissement de la taille se fera par fusion des exploitations. Néanmoins, la taillemoyenne des exploitations des systèmes fortement intensifs de Asie de l’Est et,dans une certaine mesure, de ceux de l’Asie du Sud, a tellement diminué qu’uncertain regroupement des terres peut devenir une nécessité pour la réussite desprogrammes d’intensification de la production. Il existe aussi des possibilitésd’étendre les opérations agricoles des ménages urbains pauvres.

L’actuelle tendance à l’augmentation des revenus hors exploitation devraitcontinuer, particulièrement parmi les agriculteurs les plus pauvres. L’exploitationfuture de cette source de revenu est un facteur essentiel de la réduction de lapauvreté dans tous les systèmes; elle revêt une importance particulière dans lescatégories des systèmes de hautes terres et des systèmes pluviaux des zones sèchesou froides. En raison de l’extrême division et du morcellement des terres dues àla pression démographique, les ressources en terres disponibles sont souvent tropfaibles pour permettre aux agriculteurs d’adopter, d’une façon viable, lestechniques agricoles modernes. L’ultime solution pour de nombreuses familles estde sortir de l’agriculture, de chercher un emploi de remplacement, entraînantsouvent la migration vers les grandes zones urbaines ou l’installation sur desterres neuves (comme par exemple dans le système mixte extensif en Amériquelatine ou dans le système mixte céréales-tubercules de l'Afrique de l'Ouest). Cettestratégie de sortie de l'agriculture est importante dans les zones où le potentiel estfaible dans l’ensemble et où il existe peu de possibilités de compléter le revenu duménage par un emploi local hors exploitation. Cette stratégie devrait devenir plusfréquente dans les catégories de systèmes d’exploitation agricoles pluviauxhumides des hautes terres, des zones sèches ou froides et des systèmes mixtes àbase de pêche artisanale côtière.

Bien que la sortie de l’agriculture soit plus fréquente dans les systèmes à faibleintensité, les analyses régionales montrent que les autres stratégies des ménagesdépendent peu du niveau d’intensité du système d’exploitation agricole.Intensification, diversification, accroissement de la taille des exploitations etrevenu hors exploitation sont également importants dans les quatre niveauxd’intensification. Néanmoins, la diversification et l’accroissement du revenu horsexploitation devraient être généralement plus faciles à réaliser dans les systèmesà forte intensité, en raison d’un meilleur développement des marchés et desservices, alors que l’accroissement de la taille des exploitations ne peut être réaliséque dans les systèmes à intensité plus faible6.

6On rappelle que l’accroissement de la taille des exploitations ne concerne que les petits agriculteurs. Des agriculteursplus importants des systèmes plus intensifs pourraient agrandir leurs exploitations en achetant les terres des producteursmarginaux, cette possibilité ne concerne pas les petits agriculteurs.

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UNE STRATÉGIE MONDIALE POUR LA RÉDUCTION DE LA FAIM ET DE LA PAUVRÉTE

Le tableau 8.7 résume les principales initiatives régionales mises en lumière parl’analyse des systèmes d’exploitation agricole et présentées dans les chapitresprécédents. Bien que les titres des initiatives puissent être semblables, lescomposantes réelles des initiatives identifiées varient d’une région à l’autre. Cesinitiatives peuvent être rattachées aux cinq principaux domaines qui ont retenunotre attention dans tout cet ouvrage: i) politiques, institutions et biens publics;ii) libéralisation des marchés et développement commercial; iii) information etcapital humain; iv) science et technologie; et vi) ressources naturelles et climat.

Table 8.7 Principales initiatives régionales pour la réduction de la pauvreté

Afrique Moyen-Orient Europe de Asie du Asie de Amérique subsaharienne et Afrique l’Est et Sud l’Est et latine et

du Nord Asie centrale Pacifique Caraïbes

Gestion durable Gestion durable Amélioration Amélioration Accroissement de Gestiondes ressources des ressources de l’accès de la gestion la compétitivité durable des

aux des ressources des petites ressourcesressources en eau exploitations

Amélioration Amélioration Réorientation Renforcement Amélioration Améliorationde l’accès de la conduite des des groupes de l’accès de l’accès

aux ressources de l’irrigation services d’utilisateurs aux ressources aux ressourcesagricoles de ressources

Accroissement Réorientation Accroissement Réorientation Amélioration Accroissementde la des services du des des de la

compétitivité agricoles développement services possibilités compétitivitédes petites des marchés agricoles d’emplois hors des petites

exploitations exploitation exploitations

Réduction Amélioration Amélioration Améliorationde la des des des

vulnérabilité ressources infrastructures ressources des ménages humaines agricoles humaines

Réponse Rationalisation au SIDA des

politiquesagricoles

Source: Initiatives stratégiques régionales présentées dans les chapitres 2 à 7.

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POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLIQUES

La justification des réformes politiques aux niveaux nationaux et mondiaux capablesd’appuyer le développement durable des systèmes d’exploitation agricole estlargement établie. Ces réformes devraient porter sur la création de cadres macro-économiques favorables et sur le développement des investissements dans lessecteurs des biens publics et des services, afin de réparer les nombreux échecs desmarchés en matière de recherche, d’infrastructure, etc. De nombreux pays ontentrepris des réformes qui ont conduit à réduire les interventions du secteur public,ouvrant ainsi aux agriculteurs de nouvelles possibilités d’accès à une plus grandevariété de services d’origines diverses. Il est aujourd’hui nécessaire de s’assurer queles politiques et les institutions favorisent le développement des petits agriculteurs etle développement de la capacité du secteur privé à fournir des services. Ceci estparticulièrement important en Afrique, en Europe de l’Est et en Asie centrale.

La plupart des études concernant les politiques et les institutions montre que lesgouvernements devraient achever de retirer les aides publiques directes auxproductions agricoles viables et privatiser les services agricoles, tels que ceux dessemences et de la commercialisation. Néanmoins, il est clairement de l’intérêt publicque les gouvernements continuent d’assurer un accès fiable aux biens publics pourles petits agriculteurs et de promouvoir l’utilisation durable des ressourcesnaturelles. Les gouvernements devraient consacrer leurs efforts à la fourniture debiens publics de bases dont les routes, l’éducation et les services de santé, et auxinfrastructures de recherche et de vulgarisation pour répondre aux besoins desagriculteurs pauvres et des zones marginales (voir encadré 8.1). Ils devraient aussis’appliquer à la mise en place des réglementations (commerce équitable, standardsde qualité) en insistant particulièrement sur la suppression des barrières d’entréespour les nouveaux participants.

La sous-traitance de prestations de services publics et d’infrastructures auxfirmes privées, ONG et universités à remporté quelques succès en permettant deréaliser des gains d’efficacité. La participation locale est, dans ce type d’innovation,essentielle pour le contrôle de la fourniture par le privé de tels biens et services. Lesorganisations d’agriculteurs et le secteur privé peuvent jouer un rôle prépondérantdans de nombreux domaines, tels que la multiplication des semences et ledéveloppement variétal (voir encadré 2.5 sur les systèmes de fourniture desemences à partir des communautés). De plus, les associations d’exportateurspeuvent souvent mettre en œuvre l’inspection sanitaire. Les priorités et les budgetsde recherche peuvent être gérés dans le cadre d’appels d’offres et d’arrangementsentre le secteur public et le secteur privé pour le partage des coûts.

Les cinq principaux axes prioritaires relatifs à l’amélioration des politiques, desinstitutions et des biens publics pour la réduction de la faim et de la pauvreté sont:

● L’établissement de droits d’usage équitables, sûrs, transférables et souples pour les ressources;

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● la fourniture d’infrastructures durables aux zones pauvrement desservies;

● l’assistance aux périmètres irrigués gérés par les petits agriculteurs;

● la continuation des réformes des politiques agricoles et le renforcement des institutions de niveau intermédiaire;

● le renforcement des filets de protection ciblés.

Etablissement de droits d’usage équitables, sûrs, transférables et souplespour les ressourcesL’utilisation durable et efficace des ressources en propriété individuelle ou collectiverequiert des droits d’usages clairs, exécutoires et transférables ainsi que lefonctionnent du marché de ces droits, et des politiques fiscales encourageant uneutilisation efficace des ressources. Les services de conseil ont besoin d’acquérir unemeilleure compréhension des mécanismes spécifiques permettant aux communautésde gérer l’accès à la terre et à l’eau, les droits de pâturage, les zones forestières etautres biens naturels.

La reconnaissance des droits fonciers coutumiers – spécialement les droits desressources communautaires – est essentielle pour assurer leur utilisation durable et

Encadré 8.1 Rôles des secteurs public et du privé dans la recherche destinée auxpetits agriculteurs.

Le rôle du secteur privé dans la recherche agricole devrait continuer à se développer, plusparticulièrement dans les domaines des produits commerciaux et des services liés à lasélection végétale, aux pesticides, aux produits vétérinaires et à l’équipement agricole.Certains résultats de cette recherche privée seront importants pour les petits agriculteursdes pays en développement. Dans certains cas, il serait particulièrement intéressant depromouvoir un partenariat public privé qui permettrait de partager les coûts de rechercheet de mettre les technologies développées à la disposition des agriculteurs des pays endéveloppement dans des conditions financières abordables. Par exemple, la petite irrigationou les techniques de non travail du sol pourraient toucher des marchés petits, mais lucratifs,des petits agriculteurs et du jardinage des pays á haut revenu, tandis que des techniquessemblables pourraient avoir de larges applications chez les agriculteurs pauvres. Néanmoins,il subsiste de nombreux domaines cruciaux de recherche dont le secteur public devraprendre la direction. Ces domaines sont la gestion intégrée des ressources naturelles et desbassins versants, la création de certains types de variétés améliorées, la gestion intégrée desravageurs et l’augmentation de la productivité des petits agriculteurs. En raison du laps detemps nécessaire au développement des innovations agricoles, les priorités de recherche quirépondront aux besoins en nouvelles technologies des petits agriculteurs dans 20 ou 30 ansdoivent être identifiées dès maintenant, et les rôles partagés des secteurs public et privédéterminés. Finalement, une volonté nouvelle d’investir dans la recherche, non pas pour lesagriculteurs d’aujourd’hui mais pour la prochaine génération de femmes et d’hommes, estmaintenant nécessaire.

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productive dans de nombreux systèmes où les densités de population sont faibles.Cela permettrait aussi aux communautés qui opèrent dans des systèmes de droitsfonciers traditionnels de passer des arrangements commerciaux avec des groupesde l’agro-industrie. En essayant de protéger les droits coutumiers, la législationexistante empêche souvent de passer des arrangements sur l’utilisation de la terreen matière de contrats et autres accords légaux 7. Finalement, le mauvaisfonctionnement ou les marchés restreints de la terre contribue au morcellement età la diminution sans fin de la taille des exploitations. Ce phénomène commence àdevenir une sérieuse contrainte dans les systèmes les plus intensifs, et les gainsattendus de productions intensives et de diversifications pourraient être freinés sirien n’est fait pour faciliter le marché de la terre.

Dans les pays qui ont hérité d’un système agraire dualiste, l’accès à la terre peutêtre facilité en éliminant progressivement les subventions aux grands agriculteurscommerciaux et en appliquant des taxes fiscales ayant un effet dissuasif surl’utilisation non productive des terres. La reconnaissance de la location informellede la terre et du métayage, l’aide au financement de l’achat de terres et les mesureseffectives pour protéger l’accès des femmes (spécialement des veuves) à la terrepeuvent souvent stimuler le marché de la terre.

Fourniture d’infrastructures durables aux zones pauvrement desserviesLe rythme auquel les systèmes d’exploitation agricole s’ouvrent à l’économie demarché est étroitement corrélé à la disponibilité en infrastructures. L’accès auxroutes et l’électrification ont été, à cet égard, particulièrement significatifs et lescommunications prennent de plus en plus d’importance. L’amélioration de l’accèsdes agriculteurs à une économie de base et à des infrastructures sociales réduit lescoûts de transaction. La connaissance agricole est à la base de l’amélioration dessystèmes d’exploitation agricole; elle entraîne généralement la demande en servicesaméliorés d’éducation. C’est pourquoi l’accroissement de l’investissement dans lesinfrastructures rurales, spécialement axées sur les transports et les communicationsà faibles coûts pour les petits agriculteurs, devrait être une des principales prioritésdes gouvernements.

Les principaux problèmes qui ont freiné la mise à disposition d’infrastructuredans le passé sont: i) la préférence marqué pour les zones urbaines dans lesdépenses publiques; ii) l’incapacité des autorités locales à générer suffisamment derevenu pour en assurer le fonctionnement et la maintenance; et iii) le manque deprise en compte des priorités des communautés et de participation aux étapes de laplanification, entraînant une dépendance passive de celles-ci à l’égard dugouvernement. En raison de la capacité limitée en matière d’investissementspublics, il est essentiel de s’assurer que ceux-ci concernent bien le développementde l’infrastructure capable de satisfaire les besoins des petits exploitants.

7Tanner, 2001.

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La réduction de la pauvreté est souvent plus difficile dans les zones à faiblepotentiel où les perspectives de croissance agricole sont limitées et où les faiblesdensités de population augmentent le coût des services et de l’infrastructure parl’habitant. Pour ces raisons, les investissements publics ont été rares dans ces zones;ils y seraient pourtant particulièrement justifiés car il sera difficile d’y attirer lesecteur privé.

Assistance aux périmètres irrigués gérés par les petits agriculteursDans la plupart des situations, les politiques de développement des ressources eneau devraient donner la priorité à l’irrigation gérée par les petits agriculteurs; elleest en général plus durable et moins onéreuse que celle des grands périmètresirrigués. D’autre part, la réhabilitation des périmètres existants devrait en généralavoir la priorité sur la construction de nouveaux périmètres. Dans les deux cas, il estessentiel d’établir des droits sûrs et reconnus pour la terre et pour l’eau et de mettreen place une gestion locale efficace assurée par les utilisateurs eux-mêmes.

Pour les grands périmètres existants, l’objectif principal devrait être de lesrendre plus durables et plus compétitifs en encourageant une participation accruedes agriculteurs à leur gestion, en réduisant les coûts de fonctionnement et demaintenance et en améliorant l’efficacité de la fourniture et de l’utilisation de l’eau.Ces changements impliquent la mise en place ou le renforcement des associationsd’utilisateurs d’eau, ainsi que l’amélioration des qualifications des agriculteurs enmatière de commercialisation et de gestion de l’eau au niveau de la exploitation.

Continuation des réformes de politique agricole et renforcement des institutions de niveau intermédiaire

De nombreux pays en développement ont déjà connu un processus d’ajustementstructurel. L’achèvement des réformes politiques déjà entreprises par lesgouvernements (spécialement en Europe de l’Est et en Asie centrale) est unepriorité. Il en est de même, au moins pendant le processus de transition, de lasauvegarde des communautés rurales pauvres et des familles dont la vulnérabilité estsouvent accentuée par les mesures d’ajustement. Ce dernier point peut nécessiter, àcourt terme, une combinaison de mesures spécifiques afin d’assurer aux petitsagriculteurs l’accès à une alimentation correcte et de mettre en place des étapesstructurelles pour améliorer leurs moyens de subsistance grâce à l’augmentation dela productivité et de leur capacité à mieux supporter les risques. Dans de nombreuxsystèmes, la pression démographique dépasse déjà les niveaux acceptables pour undéveloppement durable; le principal défi est alors d’identifier de nouvellespossibilités de moyens de subsistance – soit à l’intérieur soit à l’extérieur de la zone.Dans certains cas, cela se fera en encourageant des migrations facilitées par desformations appropriées, par la fourniture de capital et l’établissement de marchésefficaces de la terre.

Il est important de renverser les tendances qui consistent à désavantagerl’agriculture, le développement rural et plus particulièrement les pauvres. Ces

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tendances ont pour objectif de fournir une alimentation à bon marché aux villes oubien elles sont liées à la conservation des ressources naturelles et peuvent alors avoirpour effet de limiter plus l’accès aux ressources des pauvres que des riches – unexemple en est donné par les réglementations forestières dans le systèmes agricolemixte des hautes terres en Asie du Sud. Ce ne sont pas seulement les politiques enelles-mêmes qui désavantagent les pauvres, mais c’est aussi la façon dont elles sontappliquées; au niveau local elles favorisent souvent les puissants au détriment des pauvres.

Il est nécessaire de mettre au point des techniques afin de faciliter l’évaluationdes risques liés aux décisions politiques et d’investissement, en prenant en comptel’accroissement prévu de la variabilité climatique. Trop souvent le risque n’est pasréellement considéré comme un facteur critique dans les prises de décisionconcernant les petits agriculteurs. Pourtant, un grand nombre de décisions, tellesque le choix des priorités de recherche pour les cultures, la planification et lafourniture d’eau et d’infrastructures d’irrigation, et la formulation des politiquesconcernant la gestion des terres, est très influencé par la variabilité et le risque. Deplus, l’adoption des nouvelles technologies par les petits agriculteurs est souventcorrélée négativement aux risques perçus dans cette adoption.

On reconnaît de plus en plus que de nombreux systèmes d’exploitation agricoletraditionnels ont des caractéristiques qui: i) permettent aux agriculteurs de réduireou de partager les risques; ii) font un usage efficace des ressources; et iii) résolventdes conflits potentiels sur l’allocation des ressources, tout en assurant une durabilitéà long terme des ressources naturelles de base limitées. Cela a été spécialement lecas des systèmes d’exploitation agricole pastoral et aride, où des essais pourremplacer les pratiques traditionnelles avec de nouvelles technologies deproduction ont souvent échoué, entraînant une pauvreté accrue et des dommagesdans les systèmes de gestion des ressources existantes.

Peu de progrès ont été réalisés dans la création de mécanismes d’assuranceefficaces pour les petits agriculteurs vivant dans des environnements difficiles. Il estnécessaire d’arriver à mettre au point des mécanismes de réduction des risques quisoient à la fois peu onéreux, acceptés par les participants et capables de protégerdes évènements imprévisibles. La diversification, les cultures intercalaires,l’intégration agriculture-élevage et l’utilisation de variétés résistantes auxconditions de stress assurent une certaine protection contre les risques.

Renforcement des filets de protection ciblésComme nous l’indiquons dans la prochaine section, il est probable que le processusde développement basé sur le marché augmentera, au moins à court et moyenterme, la pauvreté de nombreux ménages agricoles. Les gouvernements ont desresponsabilités sociales à l’égard de ces ménages, particulièrement en ce quiconcerne la protection des citoyens désavantagés (enfants, femmes, réfugiés, et ceuxqui souffrent de catastrophes naturelles) qui dépassent le fonctionnement desmarchés. Même si des programmes d’assistance sociale peuvent entraîner des

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phénomènes de dépendance, le problème de la faim et de la malnutrition doit êtreabordé rapidement. L’intervention du gouvernement en matière économique ethumanitaire peut compléter les fonctions du marché, plutôt que d’essayer deremplacer les marchés par des politiques de soutien général des prix, de subventionset de droits de douane. Cette complémentarité pourrait être mise en place enfournissant des aides ciblées – par exemple par des programmes de sécuritéalimentaire organisés avec la participation des communautés afin d’assurer unenutrition correcte à tous leurs membres. Cela pourrait aussi nécessiter desajustements dans l’accès aux ressources en terre et en eau, des changementsstratégiques dans les systèmes de production (par exemple l'ajout de jardins pour lescultures maraîchères) et des améliorations dans les habitudes alimentaires etd’hygiène. L’assistance alimentaire (par exemple repas à l’école, aliment contretravail pour la création de nouvelles infrastructures et de biens productifs tels que lapetite irrigation) pour les groupes vulnérables incapables de subvenir à leurs besoinsest aussi très importante et peut être réalisée de façon à stimuler les marchés locaux.

LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

La réduction des barrières au commerce international est en route, le rythme de saréalisation est incertain. Ce processus affectera tous les producteurs de l’ensembledes systèmes d’exploitation agricole du monde en développement, à l’exception desplus isolés. Cependant, le type de changement qui en résultera et son impact sur laproduction, la pauvreté et la sécurité alimentaire à l’intérieur de chaque système,dépendra d’un certain nombre de facteurs, dont les plus importants sont ladisponibilité en ressource, l’environnement commercial, les progrès futurs de latechnologie (techniques de préservation, de transport, de communications, etc.) etles changements dans la demande des consommateurs.

Il a été montré dans un certain nombre de systèmes (système maïs-haricot enAmérique centrale, système agricole mixte maïs en Afrique de l’Est dans les années80, et système d’exploitation agricole du riz de basse terre en Asie de l’Est) que lespetits agriculteurs participent avec succès à la croissance due au développement desmarchés et qu’ils augmentent fortement leurs revenus. Néanmoins, les agriculteursincapables de répondre à cet ajustement, par manque de ressources ou en raisond’un environnement politique et institutionnel défavorable – tel que c’estaujourd’hui le cas pour le système d’exploitation agricole mixte du maïs en Afriquedu sud – dépendront encore des cultures traditionnelles pour leur revenumonétaire. Aussi devront-ils faire face, à long terme, à une baisse des revenus au furet à mesure de la réduction des barrières commerciales et de l’apparition denouvelles technologies renforçant la tendance à la baisse des prix internationauxdes produits alimentaires de base.

L’analyse des systèmes d’exploitation agricole de chacune des régions en

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développement a permis de dégager les cinq principaux axes prioritaires pour tirerle meilleur bénéfice de la libéralisation du commerce et du développement desmarchés pour la réduction de la faim et de la pauvreté. Ces axes sont les suivants :

● S’assurer que la libéralisation du commerce fonctionne dans les deux sens; ● axer la production des petits agriculteurs sur des productions exigeantes

en main-d’œuvre ou sur des créneaux spécifiques; ● satisfaire les besoins en sécurité alimentaire des ménages pendant la période

de transition;● favoriser la compétitivité commerciale, spécialement pour les petites

entreprises;● aider au développement des marchés agricole.

S’assurer que la libéralisation du commerce fonctionne dans les deux sensBien que la libéralisation du commerce soit bénéfique, même quand elle a étédécidée unilatéralement, il est indéniable que ce sont les populations urbaines quibénéficient de la réduction des barrières douanières à l’entrée des produits agricoleset principalement les producteurs agricoles qui bénéficient de la diminution desfreins à l’exportation. Des obstacles considérables subsistent encore à l’entrée desprincipales catégories de biens agricoles vers des marchés tels que l’Europe,l’Amérique du Nord et le Japon, ce qui veut dire que les bénéfices du commerce versles pays en développement ont jusqu’ici été largement réalisés dans le premiergroupe – réduction de prix pour les consommateurs urbains. La combinaison de labaisse des prix des produits vivriers et des obstacles continuels à la diversificationrisque d’accroître la pauvreté des producteurs traditionnels.

Il est vrai que les barrières commerciales des pays industrialisés ont été réduitespour de nombreux produits agricoles, mais elles concernaient souvent desproductions nationales limitées ou des productions pour lesquelles le mondedéveloppé avait un avantage technique important. Les niveaux de protection pourdes produits tels que le sucre pour lesquels les pays tropicaux peuvent avoir unavantage comparatif important, sont encore élevés. De plus, on a l’impression – plusou moins justifiée – que les pays industrialisés utilisent facilement toute une série declauses concernant les questions phytosanitaires, environnementales ou politiquespour justifier des contrôles particuliers sur les importations de produits agricolesqui peuvent menacer les intérêts commerciaux nationaux. Les petits pays endéveloppement n’ont simplement pas l’expertise, les ressources financières oul’influence politique internationale nécessaires pour défier sérieusement cescontrôles. Quand des plaintes sont portées – comme dans le cas des contrôles del’Union européenne sur les importations de bananes – on a l’impression que lesaccords sont conclus pour servir les intérêts des pays industrialisés, laissant de côtéles pays en développement.

Ce déséquilibre, qui existe aussi en dehors de l’agriculture dans les domainescomme le textile, contribue à entretenir un profond malaise parmi de nombreux

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gouvernements de pays en développement sur le bien fondé de la libéralisation etpeut finalement entraîner une opposition à tout le processus de mondialisation quipeut aller bien au-delà des protestations de rue lors des principaux foruméconomiques. L’échec du processus de mondialisation serait très dommage, car devrais bénéfices à long terme sont possibles, même pour les petits producteurs despays en développement; mais un ordre économique mondial construit sur unestructure et un processus qui sont largement perçus comme injustes ne saurait êtredurable. Les agences internationales et, en particulier, les gouvernements des paysindustrialisés, doivent reconnaître ces risques sérieux et agir pour réduire lessentiments d’inégalité dans la formulation et la conduite des accords commerciauxmultilatéraux.

Axer la production des petits agriculteurs sur des productions exigeantes en main-d’œuvre ou sur des créneaux spécifiques Les petits agriculteurs souhaiteront inévitablement continuer à produire descultures vivrières pour leur sécurité alimentaire et pour des raisons culturelles;toutefois, les principaux marchés urbains trouveront généralement l’offre deproduits issus de technologies modernes – souvent d’autres pays – plus-avantageuse. Cependant, alors que la demande en produits spécialisés s’accroît etque de nouvelles technologies post-récolte améliorent la qualité des produits etrallongent la durée de vie des produits périssables, les petits producteurs auront deplus en plus de possibilités d’augmenter leurs revenus monétaires par la productionde spécialités où il n’existe pas d’économie d’échelle (productions gourmandes enmain-d’œuvre et créneaux tels que produits horticoles, fruits, épices, plantesornementales, etc.). Une petite taille d’exploitation n’est pas un obstacle pour l’accèsà ces types de marché qui devraient croître rapidement, particulièrement si lesagriculteurs peuvent associer leurs forces dans des associations volontaires. Mêmeles producteurs géographiquement isolés peuvent tirer profit de ces opportunités,en se concentrant sur des produits de valeur et peu pondéreux (colorants, extraits,huiles essentielles, etc.).

La transition vers la production de produits compétitifs répondant à lademande des marchés est une étape cruciale du développement économique ruralet de la réduction de la pauvreté. Ces productions permettent non seulement degénérer des revenus pour les ménages qui s’y consacrent, mais aussi de créer desemplois dans les activités d’emballage, de transport et de commercialisation, ainsique dans la fourniture de services aux producteurs qui réussissent.

Satisfaire les besoins en sécurité alimentaire des ménages pendant la période de transitionLa restructuration des activités agricoles en réponse aux nouvelles opportunités demarché exige l’accès à un minimum de ressources – naturelles, humaines etfinancières – ainsi que l’acceptation d’un certain niveau de risque pendant leprocessus de transition. Dans de nombreux systèmes, en l’absence d’une assistance

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externe importante, seule une minorité de petits producteurs peut accepter cerisque. Cependant, l’exemple de ces producteurs et l’assistance de producteurs plusimportants, qui sont souvent des pionniers en matière d’innovation et decommercialisation des cultures, facilitent l’entrée d’autres producteurs moins bienpourvus en ressources. Les activités des pionniers, qu’ils soient grands ou petits, sontsouvent, elles aussi, importantes pour la création indirecte d’emplois et pour lademande de services d’appui.

Cependant, si le nombre de pionniers potentiels est trop faible, la productionpeut être insuffisante pour créer un volume critique de commercialisation pour cesproduits et le développement de la production orientée par le marché peut être unéchec. Les systèmes d’exploitation agricole dans lesquels la pauvreté chronique estimportante devront souvent affronter cette difficulté. Non seulement lesproducteurs seront plus concernés par la survie de leur famille que par la créationde revenus, mais les acheteurs locaux et les fournisseurs de services seront peunombreux et la mise en place de mécanismes de marché sera plus difficile.L’assistance permettant la transition vers une production orientée vers les marchésne sera possible dans les systèmes dans lesquels la pauvreté est importante quelorsque l’insécurité alimentaire aura été réduite et qu’un minimum d’argent liquidesera disponible grâce à la vente des surplus des cultures traditionnelles.

Dans ces systèmes, l’augmentation de la production des cultures vivrières,l’amélioration de la nutrition familiale et la sécurité alimentaire seront prioritaires.Cela nécessitera des investissements supplémentaires dans le développement dematériel génétique approprié, de structures de stockage pour la nourriture, et dansla gestion des ressources naturelles et l’éducation. Il peut aussi être nécessaired’encourager la diminution des populations rurales par la formationprofessionnelle et autres programmes d’assistance facilitant les migrations.

Favoriser la compétitivité commerciale spécialement pour les petites entreprises De nombreux exemples montrent que l’intervention directe du secteur publiquedans les opérations de commercialisation est généralement inefficace et peut mêmeavoir des effets négatifs. On a montré que le développement des marchés se fait plusfacilement lorsque des individus– producteurs et commerçants – jouent un rôlemajeur dans le fonctionnement des marchés. Dans le cas des petits producteurs quiont très peu de pouvoir sur les marchés, il est essentiel d’avoir un environnementcommercial compétitif dans lequel un certain nombre d’acheteurs sont actifs. Ilsemble que les petits producteurs tirent un bien meilleur avantage de la présence depetits commerçants, de transformateurs et d’autres acheteurs. En effet, de tels petitsintervenants sont généralement incapables de contrôler les prix comme pourraientle faire de plus grandes entreprises; ils sont aussi plus enclins à acheter de petitesquantités dans des endroits isolés. Ils peuvent même faire partie de la mêmecommunauté que celle des producteurs.

Afin d’aider à mettre en place un environnement favorisant lacommercialisation des petits producteurs il est souvent nécessaire d’aider les petits

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entrepreneurs dans des domaines tels que le financement, l’information, et lasimplification des procédures bureaucratiques que seules les grandes entreprisespeuvent gérer. Cela implique aussi un meilleur accès aux biens publics (voir sectionprécédente). Les associations de petits commerçants, transformateurs etexportateurs peuvent aussi fournir un appui important aux petits entrepreneurs,en facilitant leur entrée sur les marchés et en s’assurant que leurs besoins sont prisen considération au moment de créer ou de réviser les politiques sectorielles.

Cela ne veut cependant pas dire que l’influence des grandes entreprises del’agro-industrie est nécessairement négative, en particulier si elles opèrent dans unenvironnement compétitif. En effet, il ne faut pas oublier le rôle de pionniers desgrands agriculteurs et de l’agro-industrie, sources de conseils techniques, de créditet d’emplois rémunérés, et acheteurs de matière première. Les petits commerçants– spécialement dans le cas des cultures d’exportation – doivent en général revendreleurs produits à des entreprises plus grandes situées dans les capitales régionales ounationales. Les associations d’agriculteurs peuvent alors jouer un rôle en aidant lespetits producteurs à négocier plus équitablement avec les entreprises plus grandes,en augmentant les volumes et renforçant leur pouvoir de négociation.

Aider au développement des marchés agricolesBien que les gouvernements aient peu de rôle direct dans les opérations decommercialisation, la transition des systèmes d’exploitation agricole vers desproductions orientées vers les marchés peut être facilitée par la création d’unenvironnement favorable comprenant: i) la mise en place d’infrastructures ruralesappropriées, spécialement routes, électricité et télécommunications; ii) l’engagementau maintien d’un taux de change équilibré et stable; iii) l’établissement et la mise enapplication des normes de marché pour les produits et les intrants; iv) la nontaxation, si possible, des produits agricoles, les impositions se portant plutôt sur lesbiens sous-utilisés ou sur les revenus; et v) le suivi et le mise en application desaccords commerciaux qui ont un effet favorable sur les petits producteurs.

En raison de l’importance de l’agro-industrie sur la demande potentielle de laproduction rurale et de sa capacité de créer des emplois, la suppression des freinsà la localisation des industries agroalimentaires et de leurs opérations en zonesrurales peut aussi aider au développement des marchés. Les aides financières onttendance à encourager des réponses à court terme de l’agro-industrie, entraînantdes investissements non durables et l’arrêt des opérations lorsque le financement(ou les exemptions de taxes) cesse. Cependant, les gouvernements peuventencourager des investissements ruraux durables en associant l’investissement privéà la fourniture d’infrastructure publique, à la formation des employés, à l’assistanceaux fournisseurs sous contrat, à la réduction des formalités à l’investissement, et enassurant des politiques fiscales favorables à long terme.

Finalement, le secteur public peut soutenir des arrangements contractuels fortsentre producteurs, intermédiaires et transformateurs. De tels arrangementspeuvent concerner la simple fourniture de produits ou peuvent aussi concerner

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tout ou partie du processus de production. Des arrangements contractuels maldéfinis ou mal protégés par la loi freineront sérieusement le développement desmarchés. Les procédures de résolution des conflits doivent être peu coûteuses,rapides et considérées comme équitables par les deux parties; la mise en applicationdes contrats doit être garantie.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

Nous avons identifié trois axes globaux prioritaires pour renforcer les bénéfices dela diffusion et de l’utilisation de l’information agricole, et du développement ducapital humain dans la réduction de la faim et de la pauvreté.

● Assurer une large diffusion de l’information agricole;

● fournir, particulièrement aux femmes, une formation générale sur les systèmes agricoles;

● renforcer les qualifications professionnelles en dehors de l’exploitation, spécialement pour les jeunes.

Assurer une large diffusion de l’information agricoleLa mondialisation, l’urbanisation et l’accélération des changements technologiquesentraînent une nécessité accrue de connaissances pour les systèmes d’exploitationagricole de toutes les régions. Le transfert des flux d’information entre sources deconnaissance formelles – telles que les institutions de recherche et les marchés – etagriculteurs, et entre agriculteurs nécessite la mise en place de nouvelles approches.Les petites exploitations n’ont généralement pas le même accès aux technologiesagricoles et à l’information sur les marchés que les grandes exploitations. Pour cetteraison, l’investissement public pour la diffusion de l’information agricole estparticulièrement important pour les systèmes d’exploitations agricoles de petitestailles. Dans certaines régions, les systèmes d’information technologique sont déjàadaptés pour répondre aux besoins en information des petits agriculteurs (voirencadré 8.2); toutefois une aide publique accrue sera nécessaire pour pouvoirpleinement exploiter leurs potentiels, surtout dans les endroits éloignés et de grandepauvreté. Il est nécessaire de développer des mécanismes efficaces de génération, detransfert et d’utilisation de l’information pour les bénéficiaires.

Il est recommandé de consacrer plus de réflexion à la durabilité à long terme età l’intérêt des systèmes d’information agricole qui généralement nécessitent de grosbudgets de fonctionnement. Il semble que les utilisateurs ne veulent pas payer leprix pour que ces services soient autonomes, mais en raison de la faiblesse desbudgets de fonctionnement des gouvernements, la gestion de ces servicesd’informations est assurée à coût minimum lorsque le financement extérieur seretire. En raison de cette situation, l’information disponible est souvent obsolète etde peu d’intérêt pour les besoins réels des utilisateurs (par exemple l’information

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sur les prix des marchés est donnée pour les marchés internationaux parce qu’elleest disponible gratuitement, alors que les données pour les marchés proches sontabsentes car trop onéreuses à collecter).

Fournir, particulièrement aux femmes, une formation générale sur les systèmesd’exploitation agricoleLa formation et l’accroissement des capacités impliquent la responsabilisation desmembres de la communauté pour leur permettre d’identifier les problèmes dans uncontexte système, d’analyser les causes et les effets, afin d’évaluer les options etd’arriver à prendre des décisions en connaissance de cause pour se préparer à

Encadré 8.2 Combler le fossé numérique

Des progrès remarquables ont été faits en matière de technologie de l’information (TI)communication entre région, pays, villages et agriculteurs. Les exemples suivants illustrentcertains de ces efforts au niveau villageois et régional.

La Fondation de recherche Chennai en Inde a établi des réseaux d’information dans neufvillages de l’ouest du Bengale. Chaque village gère sa propre «boutique d’information» – leterminus du réseau – et paye les notes d’électricité et les coûts de communication. Desnouvelles technologies ont été introduites lorsqu’il n’y a pas d’électricité ou de ligne decommunication. Par exemple, le projet a établi un réseau minimal de communications reliantle village de pêcheurs de Veerampattinam, qui n’a pas de téléphone, à la ville de Pondichéry,en utilisant des panneaux solaires pour la génération d’électricité et des systèmes detransmission sans fil. Quatre fois par jour un volontaire contrôle le Web et émet desinformations (prix des cultures, prévisions du temps, etc.) dans un système public villageois.

Kampung Raja Musa est une communauté utilisée comme modèle expérimental pourétendre la TI aux zones rurales de Malaisie. Deux kiosques, équipés d’ordinateurs à écrantactile, ont été établis dans la salle de réunion de cette communauté. A l’aide d’icônes, lesvillageois peuvent avoir accès à des banques de données qui couvrent des sujets comme lesactivités de tailleur, la gestion des exploitations, la façon de commercialiser les produits,comment négocier avec la bureaucratie gouvernementale, etc. Des vidéoclips aident lesutilisateurs à obtenir les informations, de sorte que les terminaux sont accessibles auxillettrés. De plus, des PC ont aussi été installés pour permettre l’accès de la communauté auWeb et aux services de messagerie électronique.

Il existe en Afrique plusieurs initiatives régionales pour permettre la connexion à Internet.La plupart des connections à Internet se trouvent dans les pays de l’OCDE; l’améliorationde l’accès à l’information en Afrique passe d’abord par l’augmentation du nombred’utilisateurs ayant accès au Web. Les premiers utilisateurs seront, bien sûr desprofessionnels des villes, par la suite les nouveaux utilisateurs pourraient être des ruraux etdes agriculteurs. En Amérique latine, une série de projets du FIDA a établi un réseau régionalWeb pour l’échange d’expériences. Ce réseau permet de partager les expériences acquisesgrâce à la mise en œuvre de projets et les performances des technologies dans les différentesconditions, pour le bénéfice des agriculteurs.

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assumer leurs propres responsabilités dans le processus de développement. Celarequiert souvent l’assistance de facilitateurs professionnels pour s’assurer que tousles groupes dans la communauté ont la possibilité d’exprimer leur point de vue pouraider à trouver les solutions techniques appropriées, pour formuler et mettre enœuvre des plans d’actions communautaires, et pour suivre et évaluer les résultats.Cette approche nécessite une réorientation du fonctionnement des services devulgarisation en les basant plutôt sur des techniques d’animation que de direction;la participation communautaire étant l’élément essentiel dans la détermination despriorités et la mise à l’essai des solutions possibles. Cela impliquera l’adoption etl’adaptation d’instruments de diagnostic participatif et de méthodes expérimentalesd’apprentissage. La concomitance étroite entre la formation et le renforcement desintérêts communs ou des groupes d’utilisateurs de ressources, renforcera la capacitéà résoudre les problèmes et l’autonomie des communautés rurales. Sa mise enœuvre demandera probablement un partenariat entre les gouvernements, le secteurprivé ou les ONG fournisseurs de services, les organisations de la société civile et lesgroupes communautaires.

En raison de la diminution des ressources publiques allouées à la recherche et àla vulgarisation, de nombreux systèmes manquent de personnel possédant lesqualifications en analyse de systèmes, méthodes participatives et techniquesd’analyse qualitative. Le pourcentage de personnel professionnel féminin est faibledans la plupart des cas. Les programmes des institutions de formation agricoledoivent être revus et des efforts réalisés afin de recruter et de former plus d’agentsféminins pour permettre d’élargir la formation des professionnels des servicesd’appui agricole – particulièrement aux concepts de systèmes et de pratiquesparticipatives.

Renforcer les qualifications professionnelles en dehors de l’exploitation, spécialementpour les jeunesLes analyses des systèmes d’exploitation agricole présentées dans les chapitresprécédents montrent clairement que les activités agricoles ne permettront pas à tousles ménages agricoles d’échapper à la pauvreté. En fait, une proportion importantede jeunes participera directement à des activités hors exploitation génératrices derevenu ou sortira de l’agriculture; peu d’entre eux ne travailleront toute leur vie quedans le secteur agricole. Les gouvernements doivent renforcer la formationprofessionnelle pour des emplois de remplacement soit dans un environnement ruralsoit en migrant vers des zones urbaines. De plus, il est nécessaire de renforcer lascolarisation des jeunes ruraux, particulièrement aux niveaux primaire et secondaire.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

Durant le 30 dernières années, la plus grande partie de l’accroissement de laproduction alimentaire est venue de l’adoption de technologies augmentant la

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productivité dans les zones à haut potentiel agricole – particulièrement cellesbénéficiant d’une pluviométrie relativement forte et sure ou équipées d’irrigation.Le principal défi des prochaines décennies sera de créer des technologies capablesd’augmenter la production agricole et d’améliorer les moyens de subsistance dansles zones à faible potentiel. On doit s’inquiéter, à long terme, de la forte dépendancede l’agriculture intensive à l’égard de technologies peu durables en elles-mêmes. Lessystèmes d’exploitation agricole d’élevage en batterie sont confrontés à d’énormesproblèmes de rejets de déchets organiques et sont de plus en plus perçus commepouvant poser des problèmes d’hygiène alimentaire. L’application d’engrais malconduite entraîne la pollution des eaux de surface et souterraines par les nitrates,alors que l’utilisation mal contrôlée de pesticides fait courir d’énormes risques à lasanté et à l’environnement. La réduction de la variabilité génétique des variétésvégétales et des races animales est un autre sujet de préoccupation.

Les bases techniques de l’agriculture moderne ne peuvent plus être admises sansdiscussions et il y est nécessaire de rechercher des stratégies d’intensification plusdurables. Cette tâche est urgente en raison du peu d’attention porté jusqu’àmaintenant à la recherche de techniques plus durables pour l’agriculture intensive etdu temps nécessaire au développement et à la diffusion de nouvelles techniques. Lesanalyses des systèmes d’exploitation agricole de cet ouvrage proposent un certainnombre de caractéristiques importantes pour les technologies qui conviennent auxagriculteurs pauvres. Elles suggèrent aussi certaines voies de développementtechnologique permettant de réduire la pauvreté (voir encadré 8.3).

Nous avons identifié cinq principaux axes prioritaires permettant de mieuxcibler les avancées scientifiques et technologies capables de réduire la faim et lapauvreté:

● Mettre l’accent sur les technologies obtenues à l’aide de recherche et de développement participatifs;

● accroître la productivité de la terre et du travail dans les zones à haut potentiel;● accroître la productivité du travail dans les zones à faible potentiel; ● promouvoir l’adoption de biotechnologies offrant suffisamment de garanties.

Mettre l’accent sur les technologies obtenues à l’aide de recherche et de développement participatifsExcepté dans les régions où la révolution verte a eu lieu, il n’est pas possible dediffuser de nouvelles technologies agricoles sous forme de paquets technologiquestout faits, à grande échelle. Chaque exploitation est différente pour sa dotation enressources, spécialement en ce qui concerne les ressources en terre et en travail, sacapacité d’accès aux marchés des intrants et des produits et sa vulnérabilité auxrisques. Chaque ménage diffère aussi en termes de besoins et d’objectifs,particulièrement selon que la production est considérée comme principal apport àla sécurité alimentaire ou comme un revenu monétaire. Il est donc nécessaire derecourir à des approches participatives en matière de recherche et de

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développement de façon à inciter les agriculteurs à diagnostiquer leurs problèmes età identifier les solutions possibles adaptées à leurs conditions particulières. Cesapproches peuvent aussi aider les chercheurs à prendre conscience des domainesprioritaires d’investigation et à mieux comprendre les points de vue et lesperceptions des agriculteurs, et accroître ainsi la pertinence de la recherche.

Accroître la productivité de la terre et du travail dans les zones à haut potentielLe progrès technique n’avance pas d’une façon régulière. Les gains importants deproductivité réalisés pour le riz et le blé au cours des années 70 et 80 ont laissé laplace à un taux de croissance plus lent au cours de la dernière décennie; on ne saitpas encore comment renverser cette tendance à la stagnation. Néanmoins, uncertain nombre de progrès technologiques importants est en vue dont le riz dufutur (golden rice) et la fixation biologique de l’azote pour les espèces nonlégumineuses; ces progrès pourraient avoir un impact très important sur les

Encadré 8.3 Domaines prometteurs de technologies en faveur des pauvres

Les technologies idéales pour les pauvres se caractérisent par un accroissement durable àlong terme de la productivité et une demande forte en main-d’œuvre; elle doivent de plusconvenir aux femmes, être adaptées à la saisonnalité, être stables et durables, compatiblesavec des systèmes intégrés et diversifiés, nécessiter peu d’intrants externes et être faciles àadopter. Les principaux domaines prometteurs sont :

● La fixation biologique de l’azote;

● la gestion intégrée des éléments nutritifs de la plante;

● l’utilisation efficace de l’eau et sa conservation;

● la gestion intégrée du sol et de l’eau;

● l’agriculture de conservation;

● l’agroforesterie et les cultures permanentes;

● l’horticulture et les autres cultures mineures;

● les plantes médicinales et les épices;

● la production de biomasse;

● la gestion de la capture du carbone;

● les variétés sur mesure;

● les systèmes d’exploitation agricole intégrés intensifs;

● la gestion intégrée des ravageurs;

● les cultures source d’énergie;

● la sélection sexuée des animaux;

● la résistance génétique aux maladies animales.

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pratiques agricoles au cours des trois prochaines décennies. Des gains importantspourraient aussi être réalisés en augmentant les rendements moyens pour lesrapprocher de ceux obtenus par les meilleurs agriculteurs en utilisant lestechnologies actuelles (voir encadré 8.4). Il est bon de rappeler qu’il existe dessystèmes traditionnels – systèmes anciens à base de riz par exemple – qui sont restéstrès productifs grâce à l’habileté et aux qualités de gestionnaire des agriculteurs, en

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Encadré 8.4 Ecarts de rendements et baisse des gains de productivité dans la production rizicole8

La révolution verte des années 60 a permis à la production rizicole de répondre à lademande d’une population mondiale en croissance rapide. Le taux moyen de croissanceannuelle (TMCA) des rendements était compris entre 1,7 à 2,3 pour cent au cours de lapériode 1960-1990, cependant le TMCA du riz n’est plus que d’un pour cent et des rapportsprovenant de pays tels que la Thaïlande, l’Inde les Philippines signalent même une baisse réelledes rendements. On ne connaît pas encore les raisons de ce déclin.

Il sera nécessaire au cours des 30 prochaines années, d’accélérer à nouveau la croissancede la productivité afin d’assurer la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté, spécialementen Asie et en Afrique, soit en rapprochant les rendements moyens des rendementsmaximums actuels soit en augmentant les rendements maximums eux-mêmes. Il est probableque le rendement théorique maximum du riz n’est pas très différent de celui du blé, c’est-à-dire 20 tonnes/ha. Cependant, des écarts de rendement de l’ordre de 60 pour cent entre lesrendements moyens et ceux des meilleurs agriculteurs sont observés dans les systèmes deproduction nationaux, montrant qu’il existe là un potentiel considérable d’augmentation dela production. Une partie de ces écarts de rendement est due à la faiblesse des ressourcesnaturelles et à l’environnement, mais une autre partie est due à la conduite de la culture. Desétudes récentes ont permis de faire les recommandations suivantes :

● Appliquer des doses d’engrais équilibrées en éléments nutritifs.● Faire prendre conscience à toutes les parties prenantes des dangers potentiels des

cultures trop intensives.● Introduire des caractères génétiques permettant de stabiliser les rendements des variétés.● Accroître la teneur en matière organique des sols.● Conduire moins d’essais à long terme mais des essais plus appropriés avec des

mensurations et des observations interdisciplinaires plus détaillées.● Suivre l’évolution des rendements et de la productivité dans un grand nombre de lieu.● Développer des variétés adaptées à des lieux et à des technologies particulières, telles que

l’approche de gestion intégrée des cultures dans le cas du Rice check system utilisé pour le riz en Australie.

● Réduire les pertes après récolte.● Améliorer la collaboration entre les services de recherche, de développement, de

vulgarisation et les agriculteurs.

8Extrait de l’étude de cas n° 1, annexe 1.

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dépit d’une culture continue pendant des siècles. Néanmoins, la diminution de lataille moyenne des exploitations et le morcellement des terres sont aujourd’hui lesprincipales contraintes au développement des plus importants systèmes de l’Asie.

On rencontre souvent toute une série de technologies permettant la croissancedans des zones où la main-d’œuvre est abondante et où les possibilités de productiongourmandes en main-d’œuvre et de grande valeur existent. Les produits biologiquesfont partie de ces possibilités (haute valeur, gourmande en main-d’oeuvre). La fortedensité démographique des systèmes périurbains qui représentent une fraction deplus en plus importante des nombreux systèmes à forte densité de population, leurouvre des possibilités intéressantes – spécialement en matière de maraîchage, d’agro-industrie associée à la production laitière, d’engraissement des petits ruminants et deproduction de volaille. De plus, dans ces zones, la main-d’œuvre abondante peut êtreutilisée pour améliorer les capacités de production des terres, par exemple grâce àla réalisation de terrasses ou de drainage.

Accroître la productivité du travail dans les zones à faible potentielDans les zones à faible potentiel agricole les contraintes sont plus souvent associéesau manque de main-d’ouvre qu’au manque de terre. Lorsque les activités deproductions sont dispersées (par exemple transhumance des troupeaux, parcellesde production disséminées, collecte de nourriture), et lorsque la vie de tous les joursdes ménages exigent de longs déplacements pour aller chercher des produits depremière nécessité comme le bois de chauffe ou l’eau, le travail peut rapidementdevenir un facteur limitant important de la production. De telles limitations sontsouvent aggravées par les migrations ou les conflits civils, comme cela a été le casdans le système d’exploitation agricole mixte de haute altitude des Andes centralesou dans de nombreuses régions de l’Afrique. La recherche en matière detechnologies de production à jusqu’ici mis l’accent sur la maximisation des revenusde la terre plutôt que sur le travail, remplaçant essentiellement le travail par lecapital dans les systèmes les plus intensifs (par exemple petits tracteurs à deux rouesdans les systèmes intensifs à base de riz). Toutefois, il existe des possibilitésintéressantes d’améliorer la productivité du travail de nombreux systèmes, commepar exemple le transfert de la préparation manuelle des terres de la saison des pluiesà la saison sèche grâce à l’utilisation de cultures de couverture pour contrôler lesmauvaises herbes, en investissant dans la traction animale et par de simplesaméliorations des outils à main tels que les semoirs à main.

Les technologies qui permettent d’économiser la main-d’œuvre comme le nontravail du sol et l’utilisation d’animaux de trait pour le transport et la culture sontparticulièrement intéressantes lorsque le travail est un facteur limitant et que la terreest disponible. La nécessité entraînera chez les familles rurales la conversion desressources en main-d’œuvre en biens productifs. Le remplacement des engraisminéraux par des fumures organiques et des pesticides par des systèmes de gestionintégrée des ravageurs peut permettre de diminuer les dépenses sans perte de production.

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Promouvoir l’adoption de biotechnologies offrant suffisamment de garantiesLes biotechnologies offre la possibilité de pouvoir sélectionner, aussi bien pour lescultures vivrières que pour les cultures de rente, des variétés nouvelles adaptéesà des systèmes d’exploitation agricole et à de problèmes spécifiques; il est toutefoisnécessaire de prendre garde que les normes de sécurité sont respectées et que lenouveau matériel végétal est offert à un prix abordable (voir encadré 8.5). Ces

Encadré 8.5 Une stratégie de la biotechnologie pour les agriculteurs pauvres9

Les initiatives internationales en matière de biotechnologie au service des agriculteurspauvres sont éparpillées entre les agences bilatérales, les donateurs, les fondations privéeset les organisations multilatérales. Il est particulièrement souhaitable de mettre en communces différentes ressources pour s’attaquer aux priorités permettant de répondre auxbesoins spécifiques des agriculteurs pauvres. Une stratégie mondiale permettant d’établirun partenariat entre les parties prenantes, répondant aux besoins des agriculteurs pauvreset des consommateurs de produits alimentaires, serait d’un intérêt considérable pour lespays en développement. Les différentes composantes de cette stratégie pourraient être:

i) Le transfert de technologie. Bien que la plupart des recherches en biotechnologie soitactuellement menée par le secteur privé dans les pays développés, un certain nombre detechnologies pourrait être utile aux agriculteurs pauvres des pays en développement. Lesorganisations internationales peuvent aider ces pays à les identifier et à négocier leur accèsdans des conditions favorables, facilitant ainsi le partenariat entre pays développés et paysen développement et améliorant du même coup la capacité des pays en développement enmatière de biotechnologie. La première étape serait de dresser l’inventaire destechnologies actuellement disponibles pouvant être utiles aux pays en développement. Lesagriculteurs luttant pour leur subsistance ne concurrençant pas directement l’agricultureindustrielle, ces initiatives faciliteraient l’adoption par les pays en développement detechnologie pour répondre à une demande venant de la base.

ii) Le développement technologique.La plupart des pays en développement profitent aujourd’huides découvertes technologiques des pays développés. Il est crucial de déterminer quellessont les technologies manquantes qui devraient être développées spécifiquement pour lespays en développement pour leur permettre d’améliorer leur sécurité alimentaire. Ceci peutêtre fait en déterminant les contraintes locales qui ne peuvent être levées par les moyensconventionnels. Il est recommandé que les pays développés accroissent leur aide audéveloppement d’activités associées aux biotechnologies. L’ISNAR a réalisé d’excellentesétudes et enquêtes sur les capacités institutionnelles nationales et régionales, y compris surles ordres de priorités et les contraintes à la production, biologiques et d’infrastructure. LaFAO dispose d’un inventaire des technologies disponibles, y compris celles en cours dedéveloppement. Le regroupement de ces données est important pour la formulation desprojets régionaux et nationaux. Il permettrait aussi une meilleure coordination des initiativesinternationales et nationales.

9Extrait de l’étude de cas n° 2, annexe 1.

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variétés sur commande, particulièrement celles résistantes ou tolérantes aux stressabiotiques des zones à faible potentiel, peuvent être bénéfiques pour lesagriculteurs pauvres de l’ensemble du monde en développement.

Dans la mesure où l’initiative en matière d’applications de la biotechnologierestera au secteur privé, il sera nécessaire de prendre les mesures appropriées auniveau international afin de prendre en compte les besoins des agriculteurs pauvresdes pays en développement, qui seraient sans cela laissés de côté. De telles mesurespourraient inclure un financement public international pour la recherche et ledéveloppement de biotechnologies axées sur l’amélioration des performances descultures vivrières tropicales et de l’élevage. Il est aussi nécessaire de mettre en placedes mécanismes et des réglementations afin de réduire les risques de contaminationsdes ressources génétiques indigènes et de se préserver contre toute nouvelle érosiondes ressources génétiques végétales et animales. Les mécanismes de régulation,accords régionaux et protocoles d’évaluation des risques, doivent être mis trèsrapidement en place afin de permettre des transferts des matériaux génétiques sansrisques vers les pays en développement et en provenance de ceux-ci.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

La pression croissante sur des ressources limitées en terre et en eau accélère ladégradation de l’environnement; d’autre part, les possibles changements climatiquessont une menace pour la durabilité des systèmes d’exploitation agricole de toute lesrégions, même celles à faible densité de population. Nous avons identifié quatre axesprioritaires afin de permettre une utilisation plus durable et plus productive desressources naturelles et de minimiser les effets climatiques défavorables:

● mettre l’accent sur une utilisation durable des ressources naturelles;

● rétablir la fertilité des sols;

● améliorer la gestion des ressources en eau;

● accroître la capacité de réponse aux changements climatiques.

Mettre l’accent sur une utilisation durable des ressources naturellesIl existe maintenant une meilleure prise de conscience, aussi bien de la part dupublic dans son ensemble que des agriculteurs en général, du besoin de conserveret de gérer d’une manière productive les ressources naturelles. L’opinion publiquedes pays industrialisés considère la préservation des ressources naturelles pour lesfutures générations et la réduction les dommages causés à l’environnement àl’échelle planétaire comme hautement prioritaire. Cette prise de conscience est laprincipale justification du financement public international du développement et dela promotion de méthodes permettant de maintenir ou de renforcer les ressourcesnaturelles mondiales et d’accroître ainsi les bénéfices pour l’environnement (parexemple, augmentation de la capture du carbone grâce à l’augmentation des teneurs

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en matière organique des sols, réduction de la production de gaz à effet de serre,réduction de la pollution des eaux internationales, etc.).

La diminution de la productivité et du revenu agricole sur les terres dégradéesmontre la nécessité pour les agriculteurs d’améliorer la gestion des ressourcesnaturelles. L’amélioration de la gestion des sols peut être encouragée par lapromotion de pratiques qui sont non seulement bénéfiques pour l’environnementmais qui permettent aussi à l’agriculteur d’en tirer rapidement un bénéficetangible. Aussi la recherche publique et la vulgarisation devraient-ils porter uneattention particulière sur les mesures capables d’accroître les revenus agricoles touten conservant et en renforçant l’état des ressources naturelles. Les technologies detravail minimum du sol et de gestion intégrée des éléments nutritifs des plantes sontun parfait exemple de ces mesures. Elles permettent de réduire les coûts deproduction tout en améliorant la rétention in situ de l’humidité et en augmentantla fertilité des sols, conduisant ainsi à une augmentation et une stabilisation desrendements et à une réduction de l’érosion.

Dans de nombreux cas, l’agriculture de conservation, impliquant une réductiondu travail du sol, permet d’accroître la productivité du travail et l’efficacité desintrants tout en diminuant le stress hydrique. L’agriculture de conservation a étépromue dans une certain nombre de systèmes d’exploitation agricole; ses résultatssont prometteurs en Amérique latine – et plus récemment en Afrique.

Rétablir la fertilité des solsLa perte de fertilité des sols, qui entraîne une stagnation de la productivité, seretrouve dans la plupart des systèmes d’exploitation agricole de toutes les régions.Cette perte est particulièrement forte dans les systèmes d’exploitation agricoleirrigués riz-blé, dans certains systèmes d’exploitation agricole pluviaux (systèmesagricole mixte maïs en Afrique) et dans les systèmes d’exploitation agricole deshautes terres (système d’exploitation agricole de haute altitude des Andes centrales).En raison de la baisse des prix agricoles, des ajustements de taux de change et de laréduction des subventions, l’utilisation d’engrais minéraux sur les cultures vivrièresest aujourd’hui souvent non rentable, aussi son utilisation de la part des petitsagriculteurs a-t-elle fortement baissé dans la plupart des pays en développement.Les agriculteurs n’ont pas encore entièrement compensé cette diminution par uneutilisation accrue des éléments nutritifs d’origine organique, par un meilleuréquilibre des fumures et par l’adoption de pratiques de conservation des sols capablede réduire l’érosion. Les éléments nutritifs étant principalement concentrés à lasurface du sol, la dégradation et la perte de cette surface peuvent réduire fortementles rendements. Le coût des mesures préventives est beaucoup plus faible que le coût(et le temps) nécessaire pour restaurer le niveau de fertilité d’origine des sols, unefois que ceux-ci ont été érodés.

Les initiatives prioritaires nécessaires pour corriger la situation présente sont: i)l’utilisation accrue d’engrais verts, de jachères améliorées et d’autres sources dematières organiques, dont le compost; ii) l’utilisation accrue de la fixation

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biologique de l’azote; iii) une meilleure intégration de l’agriculture et de l’élevage;iv) une plus large adoption des cultures intercalaires; v) l’expansion des systèmessylvopastoraux, spécialement sur les fortes pentes; et vi) l’amélioration desmécanismes d’importation et des services de distribution des engrais afin d’endiminuer le prix à l’agriculteur.

La plupart de ces initiatives font peu appel aux intrants externes, et donc àl’offre d’intrants et aux services de financement; certaines d’entre-elles ontl’avantage de permettre aux agriculteurs d’augmenter la productivité de leur terreen convertissant les ressources en travail, qui ont souvent un faible coûtd’opportunité en dehors de la saison culturale, en biens de production. Ce typed’investissement peut jouer un rôle extrêmement important pour augmenter lafertilité des sols, améliorer la gestion des terres (par exemple, mettre en terrassesles fortes pentes des collines, drainer les bas-fonds) et intensifier son utilisation(plantation d’arbres, construction de mares pour les poissons, etc.). L’élaborationd’une politique de l’environnement qui donne confiance aux petits agriculteursdans le futur de l’agriculture, y compris une sécurité raisonnable du régime foncier,constitue un premier pas important pour ce genre d’initiative.

Amélioration de la gestion des ressources en eauLes conséquences négatives du manque d’eau sont plus fortes dans certaines régionsque dans d’autres; toutefois, le manque d’eau affecte sérieusement des systèmesd’exploitation agricole spécifiques de toutes les parties du monde en voie dedéveloppement, comme par exemple, les terres arides marginales d’Amérique latineou les systèmes agropastoraux de l’Afrique subsaharienne. Dans la plupart des cas,la demande croissante en eau pour les usages domestiques et industriels entraînéepar l’urbanisation sera responsable d’une compétition accrue pour la disponibilitéen eau douce. Dans le cas des systèmes d’exploitation agricole pluviaux,l’amélioration de la capture de l’eau de pluie et de l’utilisation de l’humidité du solreprésentent les meilleures stratégies. Dans ce cas, les mesures suivantes sontrecommandées: i) promouvoir l’adoption des techniques de travail minimum et denon travail du sol auprès des petits agriculteurs, comme cela a été fait avec succès auBrésil; ii) fournir des variétés à cycle végétatif court pour les cultures et résistantes àla sécheresse pour les espèces fourragères afin de pouvoir maintenir les populationsanimales pendant les périodes sèches; et iii) étendre les efforts de conservation del’eau aux petits captages et a l’utilisation du ruissellement, comme cela a été fait avecsuccès dans des pays tels que l’Inde et le Niger 10.

La mauvaise efficacité de l’utilisation de l’eau est souvent due au peu deconsidération que l’on attache à sa valeur, l’eau étant considérée comme un bienpublic gratuit. Dans le cas des systèmes d’exploitation agricole irrigués, il estnécessaire d’agir dans deux domaines clés: la politique de tarification de l’eau et del’énergie rurale et la gestion locale de l’infrastructure des systèmes d’irrigation; ces

10Voir l’étude de cas n° 4, annexe 1.

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deux domaines sont particulièrement important pour accroître l’efficacité del’utilisation de l’eau.

Accroître la capacité de réponse aux changements climatiquesLes changements dans la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes(températures, précipitations ou autres phénomènes atmosphériques) et lesévolutions des conditions agroécologiques, y compris celles déclenchées parl’élévation du niveau des mers, vont probablement modifier radicalement lespratiques agricoles dans certaines zones vulnérables telles que les zones côtières, leszones semi-arides et les terres en pente. Les sécheresses, les inondations et lesouragans ou les typhons seront probablement beaucoup plus fréquents à l’avenir.

Il est urgent de mieux comprendre la nature et l’impact probable deschangements climatiques, afin de pouvoir ajuster les politiques agricoles et lesprojets pour en atténuer les effets négatifs. La protection des bassins versants et lesmesures anti-désertification vont devenir de plus en plus urgentes. Il est aussinécessaire d’améliorer les capacités, nationales et internationales, de réponse auxcatastrophes climatiques, telles que les inondations et les sécheresses, afin deminimiser leur impact à long terme sur la gestion des ressources et les moyens desubsistance des ruraux.

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Ce livre a passé en revue les tendances et les défis auxquels doivent faire face lessystèmes d’exploitation agricoles des six régions en développement du monde. Ilpropose des priorités stratégiques pour la réduction de la pauvreté,l’accroissement de la sécurité alimentaire et la croissance agricole. Puisque lamoitié de la population des régions en développement – et une majorité depauvres et d’affamés – sont des agriculteurs et leur famille, la mise en œuvreréussie de ces recommandations contribuerait grandement à atteindre lesobjectifs internationaux de développement de réduire de moitié la faim et lapauvreté d’ici à 2015.

Ce dernier chapitre commence par souligner les principaux résultatsprésentées au chapitre 8. Il examine ensuite les implications des prioritésproposées pour les rôles des principales parties prenantes ainsi que les différentesfaçons de poursuivre ces analyses aux niveaux nationaux et au niveau mondial.Ce chapitre se termine par une note qui tente de montrer les principauxchangements que l’adoption des recommandations entraînerait dans les pratiquesde développement.

MISE EN LUMIÈRE DES RÉSULTATS

SOURCES DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ AGRICOLE

Une partie de la pauvreté la plus pitoyable du monde concerne les communautésagricoles. De nombreux agriculteurs, femmes, enfants et hommes, dépendent d’unéquilibre précaire de multiples moyens de subsistance; la faim fait partie duquotidien de leur vie; l’accès aux services de base, éducation, santé et eau, est poureux encore plus difficile que pour les pauvres des centres urbains. Contrairement àce que l’on pense généralement, une majorité des familles agricoles pauvres vit dansdes zones où la pluviométrie est moyenne à élevée et où il existe un potentiel de

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développement agricole important. La pauvreté est aussi très forte dans les zonessèches et isolées qui ont un faible potentiel de développement agricole; toutefois, lesdensités de population y sont beaucoup plus faibles. Très souvent, le monde ruraldes pauvres est concentré dans les zones à forte densité de population, où lesexploitations sont de petite taille et où le niveau d’intensification des productionsvivrières est faible à moyen. Le revenu hors exploitation représente souvent unepart importante des moyens de subsistance de ces ménages.

L’analyse présentée dans les chapitres 2 à 7 a montré combien les changementsdans les populations, les marchés, les technologies, les politiques, les institutions etles flux d’information font à la fois peser de nouvelles pressions sur lescommunautés des petits agriculteurs et leur ouvrent de nouvelles possibilités.Lorsque la terre est disponible, la croissance de la population et la demande dumarché entraînent une expansion des terres cultivées, malheureusement pastoujours dans des zones capables de supporter une agriculture durable. Toutefois,dans la plupart des endroits la terre est rare et les incitations à une bonne gestiondes ressources sont absentes; les sols sont en train de s’épuiser, la taille desexploitations diminue et les agriculteurs s’enfoncent de plus en plus dans lapauvreté. Aussi les familles d’agriculteurs doivent-elles avoir de plus en plus recoursà la migration saisonnière puis permanente pour rechercher des moyens desubsistance de remplacement. Mais, lorsque des structures d’appui existent et queles politiques font la promotion d’une gestion efficace des ressources, les petitsagriculteurs réussissent à intensifier et à diversifier leur production, à renforcerleurs ressources de base et à augmenter leurs revenus hors exploitation au moyend’emplois familiaux dans les agro-industries locales.

L’importance relative de ces stratégies varie d’une catégorie de système à l’autre.Dans le but de faciliter la formulation des politiques et des programmes nous avonsindiqué dans le tableau 9.1, pour chaque catégorie de système agricole, les troisstratégies les plus importantes de réduction de la pauvreté. En général, lacontribution à la réduction de la pauvreté des améliorations au niveau del’exploitation (diversification, intensification et accroissement de taille) est plus

Encadré 9.1 Stratégies des ménages pour réduire la faim et la pauvreté

● Intensification des modèles de production agricole existants.

● Diversification de la production, par une orientation de la production de plus en plusmarquée vers les marchés et par des activités après récolte porteuses de valeur ajoutée.

● Accroissement de la taille des exploitations, par le regroupement des exploitationsexistantes ou par l’extension vers des terres neuves.

● Augmentation des revenus hors exploitation pour complémenter les activités agricoles.

● Sortie de l’agriculture, impliquant le départ des zones rurales.

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Tableau 9.1 Principales stratégies de réduction de la pauvreté par catégorie de systèmede exploitation

Stratégies de Périmètres A base Pluvial Pluvial Pluvial Dualiste Pêche Urbainréduction de irrigués de riz humide des sec/froid (grand/petit) artisanale la pauvreté (petits aquatique hautes côtière

propriétaires) terres

Intensification

Diversification

Augmentation de lataille des exploitations

Augmentation des revenus hors exploitation

Sortie de l’agriculture

Note:Voir le tableau 8.2 pour les détails. Les stratégies sont classées premières, secondes ou troisièmes pour chaque catégorie de système.

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importante que celle provenant des activités hors exploitation (augmentation desrevenus hors exploitation et sortie de l’agriculture). Dans le contexte desaméliorations au niveau de l’exploitation, la diversification est une stratégieessentiel de réduction de la pauvreté dans les huit catégories de systèmes, tandisque l’intensification est importante dans les systèmes à fort potentiel, notamment lessystèmes irrigués et dualistes. L’augmentation de la superficie, de la taille dutroupeau ou des activités commerciales n’est importante que pour les systèmesdualistes et urbains.

Des millions d’agriculteurs devraient pouvoir échapper à la pauvreté enaugmentant leurs revenus hors exploitation. Cette stratégie est, pour sept des huitcatégories de système, la deuxième meilleure stratégie de réduction de la pauvreté,après la diversification. La sortie de l’agriculture devrait devenir un phénomène deplus en plus courant, particulièrement pour les petits agriculteurs des systèmes àfaible potentiel, hautes terres et systèmes secs/froids.

Nous avons montré qu’il existe des complémentarités importantes entre lesstratégies de réduction de la pauvreté. En fait, de nombreux agriculteurssimultanément intensifient et diversifient leurs productions. L’intensification et ladiversification agricoles créent les conditions facilitant le développement del’économie hors exploitation et l’accroissent des revenus hors exploitation qui, à sontour, stimule la croissance agricole. Petit à petit, les ménages agricoles les pluspauvres pourront progressivement augmenter leurs activités hors exploitationjusqu’à ce qu’ils abandonnent tout à fait l’agriculture.

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STRATÉGIE MONDIALE DE RÉDUCTION DE LA FAIM ET DE LA PAUVRETÉ

Le chapitre 8 a défini les éléments les plus courants pour une stratégie mondiale deréduction de la faim et de la pauvreté. Ces éléments sont résumés dans lesparagraphes suivants et dans l’encadré 9.2.

Encadré 9.2 Eléments d’une stratégie mondiale de réduction de la faim et de la pauvreté

RECENTRER LES INSTITUTIONS, LES POLITIQUES ET LES BIEN PUBLICS● Etablir des droits d’usage équitables, sûrs, transférables et souples pour les ressources.● Fournir des infrastructures durables aux zones pauvrement desservies.● Assister les périmètres irrigués gérés par les petits agriculteurs.● Continuer les réformes des politiques agricoles et le renforcement des institutions de

niveau intermédiaire.● Renforcer les filets de protection ciblés.

TIRER PROFIT DE LA LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DU DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS● S’assurer que la libéralisation du commerce fonctionne dans les deux sens.● Axer la production des petits agriculteurs sur des productions exigeantes en main-d’œuvre

ou sur des créneaux spécifiques.● Satisfaire les besoins en sécurité alimentaire des ménages pendant la période de transition.● Favoriser la compétitivité commerciale, spécialement pour les petites entreprises.● Aider le développement des marchés agricole.

RENFORCER L’INFORMATION AGRICOLE ET LE CAPITAL HUMAIN● Assurer une large diffusion de l’information agricole.● Fournir, particulièrement aux femmes, une formation générale sur les systèmes agricoles.● Renforcer les qualifications professionnelles en dehors de l’exploitation, spécialement pour

les jeunes.

UTILISER LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ● Mettre l’accent sur les technologies obtenues à l’aide de recherches et de développements

participatifs.● Accroître la productivité de la terre et du travail dans les zones à haut potentiel.● Accroître la productivité du travail dans les zones à faible potentiel.● Promouvoir l’adoption de biotechnologies offrant suffisamment de garanties.

ARRIVER À UNE UTILISATION PLUS DURABLE ET PLUS PRODUCTIVE DES RESSOURCES NATURELLES● Mettre l’accent sur une utilisation durable des ressources naturelles.● Recapitaliser la fertilité du sol.● Améliorer la gestion des ressources en eau.● Accroître la capacité de réponse aux changements climatiques.

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Recentrer les institutions, les politiques et les biens publicsLa création et la fourniture effective de biens publics internationaux, nationaux etlocaux en faveur des pauvres, dans un environnement où la loi et l’ordre règnentet où les politiques et les institutions fonctionnent est le défi majeur à relever pourpermettre la réduction de la faim et de la pauvreté des ménages agricoles. Lespetits agriculteurs ont besoin de droits d’usage des ressources équitables, sûres,transférables et souples et d’infrastructures durables – comprenant les routes et lesstructures d’appui à l’irrigation gérée par eux-mêmes. Pour pouvoir gérer leursressources de façon durable tout en bénéficiant de la libéralisation économique, lesagriculteurs ont besoin d’institutions locales et de niveau intermédiaire plus forteset d’une collaboration efficace entre toutes les parties prenantes. Les pauvrescontinueront à avoir besoin de filets de protection ciblée afin de surmonter lescatastrophes naturelles; ces filets serviront aussi à aider les petits agriculteursincapables de s’adapter suffisamment rapidement aux changements des conditionsdu marché mondial.

Tirer profit de la libéralisation du commerce et du développement des marchésLa réduction de la pauvreté rurale dépend pour une grande part de l’habileté despetits agriculteurs à répondre effectivement aux changements apportés par lalibéralisation du commerce et par le développement des marchés locaux. Ceschangements peuvent être bénéfiques à de nombreux petits agriculteurs pouréchapper à la pauvreté s’ils se concentrent sur des activités à travail intensif pourlesquelles ils ont un avantage comparatif. Les agriculteurs incapables de s’adapterpeuvent eux aussi bénéficier de ces changements grâce aux emplois créés par lesacteurs de la transition. Dans les deux cas, il est crucial de préserver la sécuritéalimentaire des ménages durant le processus d’ajustement. Il est important deveiller à ce que l’environnement soit favorable au développement des marchésgrâce à des mesures d’encouragement aux petites entreprises rurales quireprésentent souvent les principales sources pour les marchés et pour les emploisdes ménages de petits agriculteurs. Il sera aussi nécessaire de mettre en place desmécanismes afin d’éviter les faillites commerciales, spécialement face auxmonopoles et aux importations.

Il existe dans les pays en développement un sentiment général que lalibéralisation internationale du commerce n’a pas été un processus réciproque, carde nombreux marchés agricoles et non agricoles essentiels des pays industrialisésdemeurent très protégés. De leur côté, les agriculteurs du monde industrialisé –souvent généreusement subventionnés – utilisent la libéralisation du commercepour approvisionner les marchés urbains des pays en développement. L’échec dela communauté internationale à trouver une solution à ce déséquilibre pourraitavoir des conséquences très négatives sur la réduction de la pauvreté et menacerl’ensemble du processus de libéralisation.

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Renforcer l’information agricole et le capital humainUne information largement accessible est nécessaire aux petits producteurs et auxentreprises pour leur permettre d’échapper à la faim et à la pauvreté. Les groupespauvres et vulnérables – dont les femmes chefs de ménage agricole – ont besoind’assistance pour pouvoir bénéficier de la révolution de l’information.

Ce processus ne sera durable qu’avec la participation du secteur privé. D’autrepart, il ne sera possible de tirer le maximum d’avantages de la disponibilité del’information qu’en renforçant le capital social et humain des familles agricolespauvres grâce à l’éducation rurale et la formation des agriculteurs. De nombreuxenfants ruraux n’entreront jamais dans l’agriculture et leur formation doit lespréparer à leur futur emploi dans l’industrie et les services. Seuls les pays quisauront investir dans les formations appropriées des techniciens et des cadres del’agriculture et les actualiser pourront bénéficier du potentiel de la révolution del’information.

Améliorer la technologie et la gestion des ressources naturelles Il est important d’avoir pleinement conscience du fait que les différents systèmesd’exploitation agricole ont des besoins technologiques très différents. La productivitéde la terre et la diversification des exploitations sont les deux stratégies capables depromouvoir la croissance dans les zones à forte densité démographique; par contre,dans les zones à faible potentiel et à faible densité de population, les technologiespermettant d’augmenter la productivité du travail sont à préconiser. Labiotechnologie devrait avoir des retombées très importantes en matière de sélectiondes plantes et des animaux, et de contrôle des maladies; toutefois, il est nécessaire des’assurer que les biotechnologies offrent suffisamment de garanties pour que lespauvres puissent bénéficier de ces changements. La réduction de l’écart entre lesrendement des zones à fort et à faible potentiel est possible; cette réduction pourrabénéficier aux pauvres dont les rendements sont généralement en dessous de lamoyenne.

La révolution de la technologie agricole qui s’est produite au cours des dernièresdécennies a permis à un certain nombre de petits agriculteurs d’améliorer leursmoyens de subsistances; toutefois, elle a laissé de côté un grand nombre d’entre eux.Certaines nouvelles technologies – particulièrement les nouvelles variétés – ne sontpas liées à la taille de l’exploitation, mais d’autres, telles que de nombreux types demachines agricoles, n’ont aucun intérêt pour les petits agriculteurs des pays endéveloppement. Le fait que les technologies tiendront de plus en plus compte de lacomplexité des systèmes d’exploitation agricole auxquels elles seront destinées,entraînera une tendance de plus en plus marquée vers des pratiques de productionintégrée et une participation de plus en plus importante des agriculteurs à leurpropre développement et au processus d’adoption. Il est nécessaire d’aider lescommunautés rurales afin qu’elles soient capables de prendre en main laplanification, la mise en œuvre et l’évaluation des activités de développementagricole. Cependant, les gouvernements doivent veiller à assurer un juste équilibre

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entre les objectifs à court terme des agriculteurs pour des lieux spécifiques et lesinvestissements à long terme dans des biens publics nécessaires au bien-être desgénérations futures (préservation de la biodiversité, captation du carbone).

La gestion durable des ressources sera à la base de la réduction à long terme dela pauvreté au cours des décennies à venir. La fertilité des sols et l’amélioration de lagestion des ressources en eau deviennent des domaines essentiels. Finalement, toutestratégie de réduction de la pauvreté serait incomplète si elle ne mettait pas en placedes mécanismes permettant d’accroître la capacité internationale et locale à gérer età répondre aux changements climatiques, qui devraient avoir des impacts substantielssur de nombreuses zones agricoles pauvres au cours des prochaines décennies.

RECENTRAGE DES CONTRIBUTIONS DES PARTIES PRENANTES

La réduction de la faim et de la pauvreté rurales dépend en dernier lieu desdécisions et des actions de 500 millions de ménages agricoles qui constituent lacommunauté agricole des régions en développement. Cependant, il est évidentqu’en l’absence d’un environnement socioéconomique qui sollicite, encourage,soutient et protège leurs aspirations, leurs idées et leurs initiatives, leurscontributions ne pourront se réaliser complètement. La présence d’un secteur privéfort est la composante essentielle de cet environnement; sa création est la piècemaîtresse d’un grand nombre d’efforts récents de promotion de la croissanceagricole. Néanmoins, en dépit de tout ce qui a été écrit au sujet de la nécessité deréduire l’influence du gouvernement dans le processus du développement rural,nous sommes convaincus que la fourniture de biens publics appropriés est encorel’élément essentiel du processus de développement. Un développement réel basé surles agriculteurs exigera la participation d’une grand nombre d’acteurs: lesagriculteurs pauvres et leurs communautés, le secteur privé et la société civile, lesgouvernements locaux et nationaux et les agences internationales. Le recentrage desrôles de chacune de ces parties prenantes est discuté dans les sections suivantes, etrésumé dans l’encadré 9.3.

Libérer le potentiel des agriculteurs pauvres et de leurs communautésLa capacité de prise de décision, le savoir-faire technique, le travail physique,l’accumulation de capital, l’initiative et la créativité des communautés agricoles est àla base de tout programme réussi de réduction global de la pauvreté. Cependant, lesconditions socioéconomiques spécifiques des différentes communautés affectentgrandement leurs relations avec les autres acteurs – secteur privé, gouvernement etsociété civile.

A une extrémité de l’éventail, les communautés agricoles tournées vers lesproductions commerciales, dépendent fortement du secteur privé. Néanmoins,elles continuent de dépendre du gouvernement pour la mise en place d’un

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Encadré 9.3 Recentrage des contributions des parties prenantes dans la réductionde la pauvreté

LES AGRICULTEURS PAUVRES ET LEURS COMMUNAUTÉS● Identifier les contraintes et planifier le développement rural au niveau local.● Gérer les ressources naturelles.● Développer une technologie durable.● Financer le développement à partir de l’épargne.● Transformer et commercialiser les produits agricoles.● Réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et aux crises économiques.

ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ CIVILE● Articuler les besoins des agriculteurs pauvres.● Construire le capital social en mettant l’accent sur les femmes et la jeunesse.● Créer des innovations en matière de développement et favoriser l’esprit d’entreprise.● Diffuser les technologies et l’information sur les marchés.

COMMERCE ET AFFAIRES● Développer les marchés et introduire des technologies de production et de transformation.● Créer de l’emploi et de la valeur ajoutée pour la production agricole.● Financer et fournir l’information sur les marchés et la vulgarisation.● Fournir une gamme plus étendue de services en remplacement des prérogatives

du secteur public.

GOUVERNEMENTS LOCAUX ET NATIONAUX● Maintenir un environnement législatif, politique et fiscal favorable.● Mettre à disposition des incitations pour une gestion durable des ressources.● Répondre aux initiatives des agriculteurs en matière d’enseignement et aider le

développement technologique.● Décentraliser les services publics ruraux pour répondre aux besoins locaux.● Créer des alliances de développement et des partenariats.● Fournir une éducation et une formation répondant aux besoins des zones rurales.

AGENCES INTERNATIONALES● Sensibiliser les principales parties prenantes aux problèmes relatifs à la réduction durable

de la pauvreté.● Arbitrer les discussions sur les mécanismes transnationaux et mondiaux de gestion durable

des ressources, des maladies et des infestations.● Mobiliser les ressources pour des programmes environnementaux orientés vers les

problèmes de pauvreté.● Suivre les tendances climatiques et d’environnement et leurs impacts sur la pauvreté.● Sceller des partenariats public/privé pour le développement technologique.● Sponsoriser l’élaboration de codes de conduite internationaux, de normes et de cadres

réglementaires.● Encourager les investissements de capitaux étrangers qui pourraient bénéficier aux

agriculteurs pauvres.

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environnement politique favorable – dont les réglementations – et pour une bonnepartie du développement technologique et de l’information agricole nécessaire àl’amélioration de l’efficacité des opérations. A l’autre extrémité de l’éventail, sesituent les communautés qui ont de faibles ressources en terre et en financement,et très peu de relations avec les marchés. La fourniture de biens publics à ces zonespourrait accélérer considérablement leur développement et rendre la participationdu secteur privé plus attractive. Pour ces agriculteurs, le rythme du futurdéveloppement dépend beaucoup de l’appui du gouvernement auxinfrastructures, à la recherche agricole, à la diffusion de l’information et audéveloppement des marchés, et de la fourniture de filets de sécurité en ce quiconcerne les catastrophes naturelles ou économiques.

La participation et les actions des communautés dépendent beaucoup desconditions socioéconomiques. Les communautés les plus avantagées mettent plutôtl’accent sur l’environnement et la gestion des ressources naturelles. En revanche,les communautés désavantagées s’attacheront probablement plus audéveloppement des infrastructures sociales de base. Les communautés capablesd’identifier les contraintes locales et de planifier ensuite leur propredéveloppement rural sont particulièrement intéressantes. Cependant, laparticipation des communautés agricoles des régions en développement à laplanification du développement rural est faible. L’encouragement de comités degestion communautaires dans lesquels les parties prenantes locales, dont legouvernement et le secteur privé, sont représentées et la mise à disposition de cescommunautés des outils dont il ont besoin pour identifier, formuler et mettre enœuvre les actions capables d’accélérer leur développement sont de véritables défis.La gestion locale des ressources est aussi un domaine dans lequel les communautéspeuvent prendre leur part de responsabilité. L’intérêt des décisions des agriculteurssur la gestion des ressources – nonobstant le fait que les décisions des agriculteurssont à plus court terme que celles des gouvernements – est qu’elles tiennent mieuxcompte des conditions locales. Il peut être utile de mettre en place des mécanismesde gestion conjointe lorsque l’intérêt national est assez divergeant des intérêtslocaux.

Un autre rôle des communautés pauvres est de mettre en place des mesurescapable de réduire systématiquement les risques, particulièrement en matière devulnérabilité aux catastrophes naturelles et économiques des ménages agricolespauvres. C’est probablement dans le domaine de l’innovation, du développementtechnologique et de sa diffusion que le rôle des communautés agricoles a été jusqu’àmaintenant le plus limité. Les possibilités sont considérables dans ce domaine; ellesont été mises en évidence par de nombreuses expériences de recherches sur lessystèmes d’exploitation agricole ou de développement participatif de technologiesau niveau du terrain. Ce type d’initiative pourrait être à l’origine d’undéveloppement technologique efficace du secteur public et privé.

La capacité des agriculteurs à accumuler de l’épargne et à financer ledéveloppement – même dans les zones de grande pauvreté– est souvent sous-

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estimée. Le financement basé sur l’épargne a généralement démontré son efficacitéau niveau microéconomique; il devrait être promu partout où cela est possible. Decette manière, les initiatives locales peuvent devenir des noyaux autonomes desystèmes financiers ruraux, reliés aux institutions financières extérieures. De telsmécanismes sont à l’origine d’une plus large participation des agriculteurs pauvresdans la transformation et le commerce des produits agricoles.

AIDER LES PARTENAIRES DE LA SOCIÉTÉ CIVILE À S’ENGAGER

Quand on interroge les agriculteurs pauvres, ils répondent souvent qu’unecaractéristique importante de la pauvreté est la difficulté qu’ils ont à se faireentendre. Dans de nombreux pays en développement, les ONG onttraditionnellement joué un rôle important dans l’expression claire des besoins desagriculteurs pauvres et d’autres groupes vulnérables. Les organisationsd’agriculteurs prétendent souvent représenter aussi les agriculteurs pauvres, maisdans beaucoup de pays les agriculteurs tournés vers les productions commercialesont habituellement dominé les débats et les activités de ces groupes. Renforcer lacapacité des ONG et des organisations de petits agriculteurs pour leur défense et lafourniture de services, comme le font le FIDA et la FAO en Afrique du Sud, estaujourd’hui prioritaire.

Les ONG et les organisations d’agriculteurs ont fait leurs preuves dans unegrande variété de domaines de développement au niveau du terrain; leur rôleprincipal, en matière de réduction de la pauvreté devrait se concentrer sur lerenforcement du capital social (par exemple, groupes et réseaux d’agriculteurs,associations de petites entreprises), afin de catalyser l’esprit d’entreprise et dediffuser l’information publique. L’amélioration du capital social, renforcement desgroupes d’agriculteurs et des organisations communautaires, est à la base denombreux aspects du développement agricole du futur. Quelques organisations dela société civile peuvent elles aussi y contribuer par leurs innovations en matière dedéveloppement. Un grand nombre des meilleures pratiques actuelles dedéveloppement agricole ont été initiées par des ONG; de tels efforts devraient êtresystématiquement étendus.

FAVORISER LA COMPÉTIVITÉ DE L’AGRO-INDUSTRIE ET DU COMMERCE,INSTRUMENT DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

Le futur rôle du secteur privé devrait couvrir les activités suivantes:commercialisation, transformation et autres formes de valeur ajoutée, créationd’emploi, financement, transfert de technologie et diffusion de l’information.L’expérience en particulier montre, que le secteur privé peut, dans le cadred’activités commerciales et des associations, étendre son rôle à des activités telles

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que l’inspection phytosanitaire, l’information sur les marchés et la vulgarisation –qui furent considérés à une certaine époque comme du seul ressort du secteurpublic. Néanmoins, en dépit de leur variété, les initiatives privées doivent sedérouler dans un cadre législatif, politique et fiscal mis en place par le secteurpublic. Le secteur privé peut alors être responsable d’un accroissement de lapauvreté chez les petits agriculteurs lorsque les normes et réglementations sontinexistantes ou non appliquées et lorsque des acteurs économiques se permettentd’élever des barrières à l’entrée de nouveaux venus sur les marchés. La situationidéale est la réalisation de profits grâce à l’accélération de la réduction de lapauvreté.

Lorsque les exploitations sont très petites et principalement orientées vers lasubsistance, les sociétés privées importantes sont peu incitées à s’engager dans lacommercialisation, car le volume et la variété des produits agricoles àcommercialiser sont très limités. Dans ces zones, les commerçants locaux et lespetites entreprises – parfois créées par les agriculteurs eux-mêmes – opérerontprobablement avec plus de succès; elles pourront traiter des petits volumes etsouvent pratiquer des avances pour l’achat des intrants nécessaire à la production.Même dans ces cas, les entreprises locales agiront souvent comme agentsd’entreprises régionales ou nationales plus importantes, qui, elles, auront lescapacités financières et techniques pour la fourniture des intrants nécessaires oupour la commercialisation des produits agricoles sur les marchés urbains etinternationaux. En raison de la complexité et des restrictions imposées par leslégislations et les politiques des gouvernements, les entreprises de petite tailledoivent trop souvent opérer à la limite du secteur formel. La suppression desobstacles aux activités des petites entreprises aiderait beaucoup les petitsproducteurs à développer des liens commerciaux.

Des grandes sociétés ont directement investi dans la production agricole(cultures industrielles) de certains systèmes d’exploitation agricole. Cependant,les restrictions politiques et légales sur la propriété foncière, les risques et lesrevenus relativement bas du capital, ont de, plus en plus, conduit les grandessociétés à se désengager de leurs activités de production et à se concentrerprincipalement sur un rôle d’intermédiaire. Ce retrait du secteur privé a souventété utilisé pour justifier les investissements importants du secteur public dans deséquipements de transformation pour des activités conduites auparavant par desentreprises internationales. Dans un certain nombre de pays, les gouvernementsmaintiennent encore de telles entreprises gérées par l’état, dans latransformation, la commercialisation, l’approvisionnement en intrants ou dans d’autres domaines. Ces entreprises se sont montrées inefficaces etmonopolistiques; leurs pertes ont entraîné de lourdes ponctions dans les caissesdes gouvernements. Beaucoup d’entre elles ont été privatisées ces dernièresannées; les gouvernements doivent achever le processus de transfert de cesentreprises inefficaces au secteur privé.

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AUGMENTER L’EFFICACITÉ DES ACTIONS LOCALES ET NATIONALES DESGOUVERNEMENTS EN FAVEUR DE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

Les agriculteurs, la société civile et le secteur privé sont appelés à jouer un rôle deplus en plus important dans la réduction de la pauvreté, toutefois la contribution desgouvernements au niveau local et national demeurera cruciale. Cette contributiondoit créer un environnement favorable pour les parties prenantes et doit permettrela fourniture de biens publics aux agriculteurs pauvres, dans le domaine desconnaissances, en particulier technologie et éducation. Ces points seront examinésdans la section suivante. Les apports de biens publics et de services ont souvent étédes échecs; nous aborderons aussi ce sujet dans une prochaine section.

Priorité des biens publics en matière de réduction de la pauvreté agricoleLe terme biens publics est souvent employé pour désigner des infrastructures tellesque les routes, les hôpitaux et les ports. Cependant, il existe un ensemble trèsimportant de biens publics immatériels associés à la création d’un environnementfavorable au développement et à l’établissement de la capacité nécessaire à la miseen place de services publics efficaces. Ces biens sont: i) la sécurité publique; ii) lesréglementations telles que les quarantaines et le contrôle sanitaire des aliments; iii) les mécanismes efficaces pour encourager la concurrence et la résolution desconflits; iv) l’éducation et la formation; v) la recherche et la diffusion del’information; et vi) les filets de sécurité.

Le rôle du gouvernement en matière de réduction de la pauvreté rurale devraitêtre de faciliter et de complémenter, et non de contrôler et de donner des ordres.La décentralisation des services gouvernementaux vers les régions permettra demieux adapter les programmes de développement aux besoins locaux. Legouvernement a aussi l’importante responsabilité de créer des accords entre lesparties prenantes au niveau local et d’aider au développement des capacités locales,pour la planification et la mise en œuvre des actions – soit directement, soitindirectement au moyen de contrats avec les ONG. La mise à disposition des bienspublics se fera mal si les organisations sont paralysées par des manques definancement ou par des procédures bureaucratiques qui limitent leur capacité desoutien efficace des services publics aux zones rurales.

Deux tâches du secteur public sont essentieles: assurer la régulation dufonctionnement des entreprises privées dans un cadre normatif approprié; etmettre en place un système d’administration des terres capable de garantir auxagriculteurs pauvres l’usufruit de leur travail, de faire fonctionner le marché de laterre et de faciliter le regroupement des terres. De la même façon, le secteur privéet la société civile doivent jouer un rôle essentiel dans la diffusion de l’information,et les gouvernements doivent créer un environnement favorable et s’assurer quel’information nécessaire atteint les groupes vulnérables.

Un enseignement primaire et secondaire de qualité est certainement le bienpublic le plus important que peut fournir un gouvernement. L’éducation, dans le

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cadre des processus participatifs et d’apprentissage conduit par les agriculteurseux-mêmes, leur donne la capacité de devenir des partenaires dynamiques dudéveloppement, plutôt que des bénéficiaires passifs. La plupart des étudesmontrent que le niveau scolaire est fortement corrélé avec l’adoption destechnologies, le développement local des moyens de subsistance de remplacementet la migration vers des emplois plus rémunérateurs. L’éducation rurale doit tenircompte du fait que de nombreux enfants ruraux gagneront leur vie en dehors dusecteur agricole; elle doit donc leur fournir une formation professionnelle capablede leur faciliter l’accès à des emplois hors de l’exploitation.

Fourniture efficace de biens publicsLa réduction de la pauvreté dépend non seulement du financement adéquat desbiens publics, mais aussi de la façon dont ils sont mis à disposition; l’encadré 9.4 listecertaines modalités efficaces de mise à disposition. Une approche intégrée estsouvent un facteur de succès, aussi bien pour les systèmes d’exploitation agricoleintensifs et complexes des zones à fort potentiel que pour les systèmes sujets à desrisques dans des environnements de plus faible potentiel. Des réussites récentes avecdes approches très participatives et de nombreuses parties prenantes montrentqu’un nouveau modèle de mise à disposition de services intégrés peut êtreparticulièrement intéressant, alors que les projets de développement rural intégrémis en œuvre durant les années 70 et 80 se sont avérés institutionnellement difficilesà gérer et ont donné peu de résultats à long terme. Les succès observés démontrentque l’amélioration des moyens de subsistance des ménages et la gestion desressources demande une coordination des actions.

Lorsque la décentralisation permet un meilleur contrôle local sur les ressourceset le renforcement des capacités locales, elle peut rendre le niveau de décision plusproche des ménages agricoles et assurer ainsi la pertinence de la planification et de

Encadré 9.4 Quelques caractéristiques de modalités efficaces de mise à dispositionde biens publics

● faciliter et complémenter;● intégrer la fourniture des services;● être décentralisé et répondre aux besoins locaux;● appliquer des méthodes participatives;● impliquer les parties prenantes et des modèles de partenariat;● s’appuyer sur les groupes d’agriculteurs et les associations;● utiliser des allocations extérieures de complément;● encourager l’apprentissage dirigé par les agriculteurs eux-mêmes;● donner la parole aux groupes vulnérables, spécialement les femmes et la jeunesse.

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la fourniture de biens publics. Un système décentralisé peut être mieux adapté auxdivers besoins des systèmes d’exploitation agricole locaux. Cependant, la réussitede la décentralisation exige des ressources appropriées et une bonne expertise auniveau local; les responsabilités et la gestion des budgets correspondants doiventalors être données aux autorités régionales et locales. Il est très important de veillerà ce que les élites locales ne s’approprient pas les ressources et les services.

L’allocation de ressources extérieures pour complémenter des financementsréalisés par les bénéficiaires eux-mêmes représente un autre mécanismeprometteur pour assurer que les biens publics répondent aux besoins locaux. Lesbénéficiaires n’apporteront leurs propres ressources que s’ils sont d’accord avecl’intervention prévue. En même temps, ces allocations sont un moyen de canaliserles ressources vers des priorités publiques bien définies établies par catégoriesspécifiques de financement. Les contributions des bénéficiaires représentent aussides ressources additionnelles, qui n’auraient pas été disponibles en l’absence de cetype de programme. Les critères transparents et le procédé de sélection conduisentà des propositions qui permettent généralement d’aboutir à une gamme amélioréed’activités. L’émulation apportée peut renforcer l’efficacité de ce système.

Les ménages agricoles ont une grande capacité d’expérimentation,d’apprentissage et d’échange d’expérience; ce type d’innovation et d’étude est aucœur de l’évolution des systèmes d’exploitation agricole. L’investissement dansl’aide systématique à tous les types d’apprentissage conduits par les agriculteurseux-mêmes offre de grandes possibilités, par exemple pour le testage etl’adaptation des technologies et la vulgarisation directe d’agriculteur à agriculteur.Il est évident qu’il n’est pas possible de planifier le développement d’innovationsspécifiques; toutefois, un certain nombre de mesures peuvent accélérer ceprocessus. Parmi ces mesures, nous pouvons mentionner: l’encouragement àl’étude pour les adultes, les cercles d’innovations, les prix et autres formes dereconnaissance, le renforcement de l’évaluation systématique et de ladocumentation des innovations.

La création d’associations ou de groupes d’agriculteurs pauvres ou de petitscommerçants peut leur permettre de renforcer leur pouvoir économique –spécialement face à des agents économiques puissants tels que les grandscommerçants ou les sociétés de l’agro-industrie. Les associations peuventcontribuer à diminuer les barrières à l’entrée et les coûts d’opération, et peuventfaciliter le développement des capacités endogènes telles que: l’identification etl’adoption de technologies, l’accès au financement, ou simplement l’amélioration dela connaissance des conditions du marché et des besoins. De tels groupesreprésentent aussi des points d’entrée pour planifier et concevoir une large gammede biens publics.

Une grande partie de la diversité existant à l’intérieur des systèmesd’exploitation agricole est due aux différences dans la composition des familles. Lesménages dont le chef d’exploitation est une femme ont souvent moins d’actifs etmoins de disponibilité en travail, ils représentent souvent et de façon chronique un

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nombre disproportionné de pauvres. On devrait reconnaître, au cours de laréalisation des programmes, que les femmes sont souvent confrontées à descontraintes plus sévères que les hommes dans les mêmes situations, et qu’elles ontun accès plus limité aux institutions rurales traditionnelles. On s’aperçoit aussiaujourd’hui que le rôle de la jeunesse et des enfants doit souvent être étudié avecbeaucoup d’attention.

ACCROÎTRE LE ROLE DES BIENS PUBLICS INTERNATIONAUX

Les institutions publiques régionales et mondiales ont un rôle crucial à jouer dansle développement agricole durable et la réduction de la pauvreté. Dans lecontexte actuel de changement rapide des politiques et des problèmes dedéveloppement, les agences internationales peuvent agir comme un bureaucentral d’informations et d’expériences permettant de créer une prise deconscience publique mondiale et de tenir les principales parties prenantesinformées des problèmes cruciaux qui apparaissent. La mondialisation aaugmenté le besoin de modes de conduite internationalement reconnus et denormes pouvant contribuer à la justice, à la transparence et à la sécurité dans lesrelations commerciales internationales. L’établissement de codes de conduiteinternationaux dans des domaines tels que les pêches est un progrès; il en va demême de l’accord sur l’obtention de l’assentiment préalable en ce qui concerne lemarché des organismes génétiquement modifiés et des pesticides. Le travail de lacommission du Codex alimentarius sur les standards alimentaires est aussi depremière importance pour sauvegarder la qualité sanitaire des aliments et pourfournir des normes qui puissent être appliquées aux produits commercialisés,réduisant ainsi les coûts de transaction. La nécessité de développer la portée etl’étendue de tels forums et de tels accords devrait se développer assez rapidement.La mise au point d’un code de bonne pratique agricole pourrait bien être une deces contributions.

L’un des plus grands défis de demain sera de créer des moyens pratiques demédiation transnationaux et des mécanismes mondiaux en matière de ressources,de gestion des ravageurs et des maladies – par exemple pour la moucheméditerranéenne, l’onchocercose et la mouche tsé-tsé. La mise en place demesures pour inciter les agriculteurs à adopter des pratiques de gestion plusdurable de la terre pourrait inclure la capture des gaz à effet de serre grâce à desmodifications des méthodes de travail du sol et à la reforestation. Le mécanismepour un développement propre propose des moyens qui pourraient s’avérerattractifs pour accroître les transferts entre pays développés et pays endéveloppement; toutefois, le développement de méthodes de vérification sûres etbon marché s’avère difficile.

Les dispositions pour diminuer les risques de conflit au niveau international,comme par exemple le financement d’accords sur le partage des ressources en

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eaux internationales, représentent une des séries de mesures capables de réduirela vulnérabilité des populations rurales aux catastrophes. Ces mesurescomprennent aussi: i) l’amélioration des systèmes d’avertissement en matièred’évènements climatiques dangereux; ii) les interventions en temps voulu pourempêcher la propagation transfrontalière de maladies et de ravageurs desanimaux et des cultures; et iii) les accords sur les mesures capables d’assurer uneproductivité durable des écosystèmes marins et agricoles partagés.

La création du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) est unereconnaissance de la nécessité de mobiliser des ressources internationales afind’encourager les pays à entreprendre, en accord avec les objectifs des conventionsinternationales (sur le développement durable, la biodiversité, etc.), des actionsbénéfiques pour l’environnement au-delà de leurs propres frontières et decompenser les coûts marginaux entraînés par de telles actions. Les résultats decette organisation sont toutefois très modestes comparés à l’étendue des menacessur l’environnement. Il est aussi nécessaire de fournir une assistance technique etd’augmenter la capacité du suivi mondial des ressources naturelles, en particulierla situation des océans et des forêts, et de s’assurer que les constatations peuventse traduire en mesures efficaces pour la limitation des dégâts.

Les efforts de la recherche internationale impliquent aujourd’hui denouveaux partenariats pour le partage des coûts et des expériences en matière dedéveloppement technologique. La biotechnologie va sans doute engendrer unegrande variété de modèles de partenariat public-privé aux niveaux national etinternational. La définition des priorités de recherche régionales et mondialesnécessitera aussi des partenariats de recherche internationale, peut-être axés surdes problèmes communs aux systèmes d’exploitation agricole présentés dans ce livre.

Aujourd’hui, les flux d’investissement direct étranger vers les pays à revenumoyen sont en augmentation; certains sont alloués à la production agricole(comme par exemple la production intensive de volaille) et aux services agricoles(création de variétés, approvisionnement en intrants et transformation).Toutefois, il semble, que dans l’ensemble, l’impact des investissements directsétrangers sur la sécurité alimentaire ou sur la réduction de la pauvreté soit assezlimité. Les institutions financières peuvent jouer dans l’avenir un rôle importanten encourageant de nouveaux flux de capitaux étrangers vers les pays les moinsdéveloppés dans des investissements au profit des agriculteurs pauvres.

ORIENTATIONS: ALLER PLUS LOIN À PARTIR DE CE LIVRE

L’analyse contenue dans ce livre est basée sur une grande variété d’avis d’experts,de données secondaires sélectionnées et sur les dernières données disponibles enmatière de population, d’utilisation des ressources et de climat. Le cadre

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analytique est en accord avec les prévisions mondiales récentes généralementlargement admises. Cependant, ces prévisions pourraient être radicalementmodifiées par des événements mondiaux inattendus. Les facteurs les plusimportants apparus au cours de ces dernières années ont été les changements declimat, le SIDA et la mondialisation.

Le consensus entre le grand nombre d’experts qui participèrent auxévaluations est remarquable en ce qui concerne les aspects qualitatifs; les donnésquantitatives ont été, par contre, beaucoup plus difficiles à rassembler. Les zonesagroécologiques de la FAO et les bases de données statistiques ont fourni unexcellent point de départ pour cette analyse. Les données sur les ressourcesnaturelles, les populations, le climat et l’irrigation proviennent en grande partiedes images satellites et des bases de données regroupées aujourd’hui disponibles.L’information concernant les systèmes d’exploitation agricole analysés en détail aété tirée d’études locales et des zones administratives représentatives pour êtreensuite extrapolée à tout le système. Cependant, la qualité des données localesdisponibles varie grandement d’une région à l’autre; il a été pratiquementimpossible d’avoir accès aux données des pays de l’ex-Union soviétique.

Fait étonnant, il s’est avéré invariablement impossible de trouver des donnéesstatistiques locales ou des bases de données du système d’informationgéographique (SIG) pour cartographier au niveau national l’étendue de lapauvreté ou de la faim1 dans le monde en développement; c’est probablement làla plus importante lacune à laquelle les auteurs aient été confrontés. Face à cesinsuffisances, l’avis des experts fut, dans le cadre des données locales et nationalesdisponibles, considéré comme la meilleure estimation de la pauvreté. Les donnéesgéographiques concernant les populations animales ne furent disponibles quepour certaines régions.

Des bases de données géographiques précises sur la faim, la pauvreté, lespopulations humaines et animales et les superficies des cultures devraient êtredisponibles d’ici deux à trois ans. La mise à jour de cette analyse à l’échellemondiale fournira alors une image plus détaillée des nouvelles tendances etproblèmes et des priorités stratégiques. Ces analyses pourraient être ensuiteenrichies par la modélisation dynamique des systèmes d’exploitation agricolesélectionnés, permettant ainsi aux planificateurs de comprendre l’impactprobable des principaux paramètres (revenus des ménages, rendements et prixdes produits agricoles essentiels, etc.) sur la faim, la pauvreté et les taux decroissance économique. Un certain nombre d’analyses utiles supplémentairespourraient déjà être conduites à partir des données existantes. Ces analyses

1Un travail innovateur entrepris par la Banque mondiale et la FAO a conduit à la mise au point de techniques destatistique afin de combler ce manque de données; les études n’ont été, jusqu’à maintenant, réalisées que sur unnombre relativement restreint de pays. L’Atlas de la pauvreté du sud de l’Afrique, financé par la Banquemondiale, est le premier ouvrage de ce type à fournir des données sur la pauvreté avec des référencesgéographiques complètes.

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pourraient concerner l’impact des changements climatiques mondiaux, de lacapture du carbone à différents niveaux, des priorités de la recherche ou durenforcement des institutions locales sur la sécurité alimentaire et la pauvreté.

L’analyse conduite dans ce livre a été menée au niveau régional et mondial.L’approche analytique appliquée au niveau des systèmes d’exploitation agricoleenrichirait grandement ce travail aux niveaux national et infranational. Lastructure des objectifs pourrait être exprimée avec plus de précision au niveaunational; d’autre part, de nombreuses données biophysiques et socioéconomiquessupplémentaires sont disponibles. Il est possible d’enrichir le nombre réduit desystèmes d’exploitation agricole régionaux en définissant des sous-systèmes àl’intérieur des frontières naturelles (de préférence en consultation avec les paysvoisins, de façon à éviter la duplication et les contradictions dans les définitions)afin de les utiliser pour affiner les priorités nationales et locales.

D’autres perfectionnements dans la description des systèmes régionauxd’exploitation agricole mentionnés dans ce livre pourraient s’avérer utiles. Aucours des dernières années un nombre croissant d’investissements pour ledéveloppement rural ont été réalisés sur plusieurs pays à la fois; il serait utile dereconnaître l’importance des systèmes d’exploitation agricole dans ladétermination du modèle d’utilisation des ressources et de la croissanceéconomique. Ceci est particulièrement important en ce qui concerne l’utilisationde l’eau pour les pays qui dépendent étroitement des crues saisonnières desfleuves et de la recharge des nappes phréatiques. Certains des problèmes les pluslitigieux du Moyen-Orient et de Asie du sud concernent les ressourcestransnationales. Le pastoralisme a aussi un caractère transnational dans uncertain nombre de zones – spécialement en Afrique. Finalement, certaines zonesparticulièrement importantes pour lesquelles on prévoit une croissance agricoleau cours des prochaines décennies sont transnationales – c’est le cas des savaneshumides de l’Afrique de l’Ouest, des Llanos du nord-ouest de l’Amérique du Sudet des plaines fertiles de tchernoziom de l’ex-Union soviétique.

NOTE DE CLÔTURE

Le message le plus important de ce livre est que l’amélioration des systèmesd’exploitation agricole des petits agriculteurs pourrait grandement contribuer àréduire la faim et la pauvreté. Non seulement la pauvreté et la faim sont beaucoupplus fréquentes dans les zones rurales que dans les zones urbaines, mais lenombre des pauvres est plus élevé dans les zones à haut potentiel que dans lessystèmes d’exploitation agricole disposant de peu de ressources et peu tournéesvers les marchés. Le potentiel d’accroissement de la productivité existe, aussi lesobjectifs internationaux de diminuer de moitié la faim et la pauvreté sont-ils toutà fait réalisables si la volonté politique et les ressources nécessaires au financementdes grandes stratégies et des investissements sont au rendez-vous.

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L’analyse des différents systèmes d’exploitation agricole a montré la grandediversité des défis à relever. De plus, les modèles de moyens de subsistance desménages varient, non seulement entre systèmes d’exploitation agricole, mais aussid’une zone à l’autre d’un même système et même d’un ménage à l’autre.Cependant, cette diversité peut être une grande force que les gouvernementspeuvent utiliser au cours de la réalisation des programmes de développementrural. Les agriculteurs, femmes et hommes, prendront les décisions quiconviennent pour favoriser la croissance agricole, l’utilisation durable desressources naturelles et la réduction rapide de la faim et de la pauvreté, si lesgouvernements se montrent capables de mettre en place des politiquesappropriées et des environnements institutionnels ainsi que la fourniture effectivede biens publics. Ceci implique de donner la direction du développement ruralaux agriculteurs pauvres et à leurs communautés, et de garantir une participationlocale de qualité dans le cadre de systèmes s’appuyant sur un partenariat entre lesparties prenantes publiques et privées. Ceci nécessitera, à son tour, un financementnational et international des biens publics.

La réduction rapide de la faim et de la pauvreté est la première étapeincontournable pour permettre un développement durable de l’agriculture et dessociétés rurales en général. Il s’agit non seulement d’éradiquer la faim et lapauvreté mais aussi d’assurer aux communautés agricoles la sécurité d’accès àl’alimentation, à l’eau, au revenu et à l’information. Dans un tel futur idéal, lesagriculteurs seront bien éduqués et pourront jouir des mêmes services de base queles populations urbaines. La diversification des moyens de subsistance etl’existence de filets de sécurité sociale, permettront de minimiser leur vulnérabilitéaux catastrophes climatiques et aux crises économiques. Bien que dans la plupartdes pays en développement la taille des exploitations devrait généralement resterpetite à moyenne, les agriculteurs auront à leur disposition un beaucoup plusgrand nombre de technologies pour la production et pour la gestion durable desressources; ils les enrichiront de nouvelles technologies provenant del’apprentissage actif, de l’innovation et des échanges entre agriculteurs. Ilsrecevront, comme cela a commencé à se faire dans les pays industrialisés, descompensations pour leurs services en faveur de l’environnement et d’autres bienspublics. L’amélioration des infrastructures et la mécanisation rendront le travaildes femmes moins pénible. Les communautés rurales auront à leur disposition desmécanismes efficaces et équitables pour permettre la gestion durable des bienscommuns; les ménages participeront activement et sur une base plus égalitaire,aux prises de décisions publiques, aux processus démocratiques et auxnégociations avec les institutions et les entreprises commerciales. En outre, lescommunautés agricoles prendront la direction de la planification, de la réalisationet de l’évaluation des activités de développement local.

Cette vision des systèmes d’exploitation agricole durables, sans pauvreté, avecdes agriculteurs ayant des moyens de subsistance sûrs pour leurs ménages, devraitguider la formulation des stratégies de développement rural à tous les niveaux.

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LISTE COMPLÈTE DES ÉTUDES DE CAS

Les études de cas ci-dessous sont toutes mentionnées dans la bibliographie.

ÉTUDES DE CAS AU NIVEAU MONDIALTran, D. & Nguyen, N. Declining Productivity Gains and the Yield Gap in Rice. Le, H. The Potential of Agricultural Biotechnology.

AFRIQUE SUBSAHARIENNE Brinkman, R. Development in the Moist Savanna Zone of West Africa.Mitti, G. Community-based Seed Supply Systems, Zambia.Mascaretti, A. Tassas - Improved Traditional Planting Pits in Niger.Tanner, C. Community Based Land Tenure Reform in Mozambique.

MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORDBatello, C. Farming Systems in Arid Rangelands of Syria and Jordan.Bazza, M. Improved On-farm Participatory Water Management to Reduce Mining ofGroundwater in Yemen.Fe'D'Ostiani, L. Participatory and Integrated Watershed Management in Upland Areasof Tunisia.

EUROPE DE L’EST ET ASIE CENTRALEMeng, E. Advisory Services for Restructured and Co-operative Farms in ExtensiveCrop/Livestock Regions.Kopeva, D. Transfer of Ownership and Land Fragmentation in the Transition toFamily Farms in Bulgaria. Martinenko, A. Natural Resource Use and Economic Viability as Affected by theTransformation of Farming Systems in Southern Ukraine.

ANNEXE 1

E T U D E S D E CA S

● ● ●

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ASIE DU SUDAgarwal, A. Water Harvesting and Soil Rehabilitation in India: Potential and Practice.

Hoque, F. Integrated Intensified Rice Farming Systems in Bangladesh.Kiff, E. & Pound, B. Integrating Crop Livestock Interactions into Hill Mixed FarmingSystems, Nepal.Dugdill, B.T & Bennet, A. Income Diversification in an Intensive Rice-Based System -Milk Vita in Bangladesh.

ASIE DE L’EST ET PACIFIQUEIshihara, Y. & Bachmann, T. Stablizing High Altitude Swidden Cultivation in Laos.Wang, Z., Innovative Rice-Based Farming Systems Development: Zhejiang Province, China.

AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBESDe Grandi, J. Improved Income Generation among Small Farmers in the `Peruvian Sierra.Gulliver, A. Private Sector-Led Diversification Among Indigenous Producers inGuatemala.Spehar, C. Improvement of Farming Systems in the Savannah Lands of Brazil.

ÉTUDES DE CAS SÉLECTIONNÉES

Les études de cas en caractères gras sont incluses sous une forme condensée dans celivre. Elles ont été retenues parce qu’elles traitent de problèmes de développementde systèmes d’exploitation agricole et de réduction de la pauvreté dont l’importancedépasse l’intérêt régional. Les deux études au niveau mondial examinent desquestions relatives à l’intensification de la production (baisse de productivité etécarts de rendement chez le riz) et à la contribution possible de la science et de latechnologie (biotechnologie). Les études régionales retenues traitent de l’expansiondes surfaces cultivées (ouverture de la savane humide d’Afrique de l’Ouest), del’amélioration de la gestion des ressources naturelles (conservation de l’eau en Indeet tassas en Afrique de l’Ouest combinés en une seule présentation) et du processusde développement des marchés et de la diversification (diversification conduite parle secteur privé en Amérique centrale).

Les 22 cas sont disponibles sous forme électronique complète sur le site FAOconsacré aux systèmes d’exploitation agricole www.fao.org/FarmingSystems/

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A N N E X E 1 : E T U D E S D E C A S

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ANNEXE 1: ÉTUDE DE CAS N° 1

BAISSE DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET ÉCARTS DE RENDEMENT CHEZ LE RIZ1

INTRODUCTIONLa révolution verte a permis à la production rizicole de satisfaire la demande d’un grand nombre de populationscroissantes. Cependant, depuis 1990 l’augmentation de la production du riz s’est ralentie, menaçant ainsi lasécurité alimentaire, particulièrement celle les ruraux pauvres. Des études ont été conduites pour identifier lescauses de ce ralentissement et les interventions qui pourraient permettre une croissance durable de laproduction rizicole et contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté dans les zones rurales.

L’expansion urbaine et industrielle a entraîné, surtout en Asie, une pression de plus en plus forte sur lesressources en terre et en eau nécessaires à la production du riz. Des améliorations en productivité et enefficacité sont essentielles pour augmenter la production du riz dans le futur. Certains rendements rizicolesnationaux sont faibles et les différences de rendement entre pays sont importantes; toutefois, certains paysont réussi à combler l’écart entre les rendements nationaux et les rendements potentiels. Cela démontre quele comblement de l’écart entre les rendements peut être un des moyens d’accroître la productivité du riz. Il estgénéralement admis que les faibles rendements du riz sont dus à un ensemble complexe de problèmesbiophysiques, techniques, socioéconomiques et politiques qui agissent de différentes manières dans chacundes principaux pays producteurs. Le relatif succès des mesures d’aide à la production rizicole au cours des 30dernières années a conduit de nombreux pays à produire des surplus commercialisés sur le marché mondial,entraînant des conditions de commercialisation défavorables et une réduction du prix perçu par lesagriculteurs. Ce seul facteur pourrait avoir eu un impact important sur les décisions des agriculteurs d’investirou non dans des technologies augmentant les rendements.

Il y a aujourd’hui quelque 50 millions d’ha de production intensive irriguée dans des systèmes riz-riz, riz-bléou riz avec une autre culture. La baisse de productivité que l’on a observé dans ces systèmes de productionintensive est une menace non seulement pour une production durable du riz, mais aussi, indirectement, pourles revenus des agriculteurs.

SYSTÈMES DE PRODUCTION RIZICOLELe taux moyen de croissance annuelle (TMCA) du rendement mondial du riz a été d’environ 2,2 pour centdurant la période 1962-1970, il a baissé à 1,6 pour cent entre 1971 et 1980 et puis est remonté à environ 2,3 pour cent pendant la période 1981-1990. Le TMCA n’a été que d’un pour cent au cours de la période 1991-1998.

Le riz est cultivé dans des conditions agroécologiques très variées allant du riz irrigué des basses terres auriz pluvial de moyenne altitude; des climats tempérés aux climats tropicaux; et des terres sous l’influence desmarées (riz de mangroves) aux terres inondées avec une profondeur d’eau de plusieurs mètres pendant unelongue période (riz de submersion profonde). Les rendements varient suivant les conditions agroécologiquespendant les saisons végétatives. En 1999, les rendements nationaux rizicoles de 80 pays étaient inférieurs à lamoyenne mondiale qui est d’environ 3,8 tonnes/ha. La même année, la différence entre les rendements les plusélevés et les plus bas dans le monde était de 9 tonnes/ha (tableau 1).

Plus des quatre cinquièmes du riz mondial sont produits et consommés par des petits agriculteurs des paysen développement à bas revenus. En 1996, presque trois milliards de personnes dépendaient du riz commesource principale de calories et de protéines journalières.

Les systèmes de production de riz et à base de riz fournissent non seulement la nourriture, maisreprésentent la source principale de revenu et de possibilité d’emploi pour environ un milliard de personnesdes zones rurales d’Asie, et pour des quantités plus faibles d’agriculteurs d’Afrique et d’Amérique latine. Lamajorité des petits agriculteurs pauvres en ressources se trouvent dans les pays en voie de développement.Ils n’ont souvent pas accès à des quantités suffisantes d’intrants, spécialement les engrais, au bon momentpour obtenir des rendements élevés; en effet les intrants ne sont souvent pas disponibles sur les marchés devillage. De plus, les petits agriculteurs sont généralement incapables d’acheter des quantités suffisantes

1Cette étude de cas est condensée de Tran et Nguyen (2001).

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d’engrais et de couvrir les autres dépenses culturales par manque de crédit. L’aide de la recherche et de lavulgarisation, essentielle pour assurer une réduction effective des écarts de rendements et pour améliorer laproductivité et le rendement du riz, n’est, elle non plus, pas toujours disponible.

Les systèmes intensifs riz-riz sont courants dans les zones climatiques tropicales, tandis que les systèmesintensifs riz-blé sont dominants dans les zones subtropicales. La plupart des exploitations de riz irrigué d’Asieet d’Afrique sont de petite taille, et les ménages agricoles sont en général pauvres.

Dans les zones non irriguées, le riz est mis en place en conditions pluviales pendant la saison des pluies,d’autres cultures secondaires sont cultivées pendant la saison sèche. Les systèmes de production de rizpluvial aquatique sont dominants en Asie, tandis que les systèmes de production de riz pluvial non aquatiquesont dominants en Afrique subsaharienne et au Brésil. Cependant, les rendements des systèmes de productionde riz pluvial non aquatique sont irréguliers, aussi les agriculteurs de l’Afrique subsaharienne et du Brésildéveloppent-ils de plus en plus des systèmes de production de riz aquatique.

Les producteurs de riz pluvial, aquatique et non aquatique, sont en général plus pauvres que les producteursdes zones irriguées en raison des rendements plus faibles et moins stables de ces systèmes de production.L’amélioration de la productivité des systèmes de production du riz pluvial nécessite des technologies et desvariétés nouvelles. L’Association pour le développement du riz en Afrique de l’Ouest (ADRAO) a récemmentcréé de nouvelles variétés de riz de pluvial, appelées NERICA, pour l’Afrique de l’Ouest et pour d’autresrégions.

Les niveaux de productivité et de rendement des systèmes de production rizicole, spécialement ceux dessystèmes irrigués, pourraient être grandement améliorés en utilisant les nouvelles technologies et une gestionappropriée des cultures. Un projet PNUD/FAO au Bangladesh (BGD/89/045, Identification et transfert detechnologie des céréales au Thana) a, par exemple, montré qu’une combinaison spécifique de recherche etd’appui de la vulgarisation aux agriculteurs a entraîné une augmentation du rendement du riz et a réduit lescoûts de production. Les paquets technologiques recommandés, qui insistaient sur la gestion intégrée descultures en utilisant les technologies actuellement disponibles, furent systématiquement transférés dans lecadre d’une formation efficace et de démonstrations avec la participation des agriculteurs.

BAISSE DES RENDEMENTS DANS LES SYSTÈMES INTENSIFS DE PRODUCTION RIZICOLE Quelque 50 millions d’ha, produisant deux à trois récoltes par an, sont cultivés dans des assolementsintensifs à base de riz (riz-riz, riz-blé et/ou riz et autre culture). Les rendements moyens varient de 4 à 6tonnes/ha par culture ou environ 10-15 tonnes/ha par an. Dans plusieurs pays d’Asie, tels que l’Indonésie, laChine, le Vietnam et le Bangladesh, les agriculteurs pratiquent deux à trois cultures de riz par an en utilisantdes variétés à cycle court de 90 à 100 jours. En Chine, les agriculteurs avaient l’habitude de pratiquer troiscultures de riz, ils sont en train de changer pour deux cultures de riz et une culture d’hiver à cycle court(haricots ou maïs, par exemple). Ce changement est dû au fait que les systèmes à trois cultures de riznécessitent beaucoup de temps et de travail et que leurs revenus sont insuffisants pour justifier les intrantset les efforts.

La baisse des rendements et de la productivité a été observée dans plusieurs systèmes intensifs deproduction rizicole. Dans les zones intensives de la Vallée de Chiang Mai en Thaïlande, les rendements ont,pour des raisons inconnues, baissé de 7 à 4 tonnes/ha dans des conditions normales de culture (Gypmantasiri

Tableau 1 – Rendement mondial du riz, plus haut et plus bas rendements nationaux

Données Valeurs

Rendement moyen mondial 3,84 tonnes/ha

Rendement national le plus élevé au monde 10,07 tonnes/ha

Rendement national le plus faible au monde 0,57 tonne/ha

Nombre de pays dont le rendement moyen national est inférieur au rendement moyen mondial 80

Source: FAOSTAT.

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et al., 1980). En Inde, le rendement sur 10 ans a chuté de près de 6 tonnes/ha à 2-3 tonnes/ha dans la saisonsèche de culture Rabi (Nambiar et Ghosh 1984).

A l’Institut international de recherche du riz (IRRI) à Los Baños Luzan aux Philippines, les rendements du rizsont tombés de 8 tonnes/ha en 1968 à 6 tonnes/ha en 1990, alors que les doses d’application d’engrais restaientles mêmes (Greenland, 1997). Dans trois autres endroits aux Philippines les rendements du riz ont baissé de0,1 à 0,2 tonne/ha par an sur une période de 20 ans (Cassman et al., 1997). Ladha et al. (2000) ont enregistréune baisse du rendement du riz dans quatre des huit sites d’une expérimentation à long terme des systèmesriz-blé de la région Indo-Gange. Les rendements du blé restèrent plus ou moins inchangés ou mêmeaugmentèrent légèrement dans les mêmes sites expérimentaux. En Afrique, on a observé de fortes baisses derendement du riz après quelques années de culture intensive dans les périmètres irrigués de Tanzanie(Duwayri et al., 1999), du Burkina Faso, du Cameroun et du Nigeria (Fagade et Nguyen, 2000). Dawe etDobermann (2000) ont aussi observé des baisses de rendement et de productivité dans des systèmes intensifsriz-riz; ils ont toutefois indiqué que ces baisses ne se produisaient que dans un nombre limité de lieux.

Les baisses de rendement observées dans les expérimentations à long terme ont pu être compensées pardes apports accrus d’engrais azotés. Cela suggère que le niveau d’azote naturel des systèmes des terresinondées a diminué au cours du temps (Cassman et al., 1997). Cependant, le nombre de lieux suivis sur unelongue période est limité. Aussi, les sols et les types de sol où ils se trouvent peuvent ne pas être représentatifsde tous les sols à riz. De plus, les causes des baisses de rendement décrites varient d’un site à l’autre et d’unécosystème à l’autre. Il est souvent difficile de comprendre réellement ce qui s’est passé en raison du nombrelimité de mesures effectuées.

A côté de la baisse du niveau d’azote des sols, plusieurs autres facteurs – tels que les déficiences en zinc,en phosphore et en potassium, l’accroissement de la pression des insectes et des maladies, l’érosion dupotentiel de rendement des nouveaux matériels génétiques et les changements dans la composition chimiquedes sols après une submersion prolongée – furent mentionnés comme étant responsables des baisses derendement dans la culture intensive riz-riz (Pulver et Nguyen, 1999). De même, le document FAO/IAEA (2001)mentionne la baisse du taux de matière organique, la baisse de la capacité à fournir les éléments nutritifs, labaisse de la qualité des sols, les déficiences en microéléments et le déséquilibre des éléments nutritifs commeétant autant de problèmes importants des sols des systèmes riz-blé.

La culture intensive a très probablement des effets importants sur les processus biologiques et chimiquesdes sols rizicoles. Les variétés précoces modernes et le faible coût des engrais azotés ont favorisél’intensification de la culture spécialement sous irrigation. La pression des insectes et des maladies augmentedans de tels systèmes de culture. L’intensification et les fumures déséquilibrées peuvent aussi conduire àl’épuisement du sol en microéléments. En Indonésie, au Bangladesh, et aux Philippines, la réductionimportante des apports de sulfure due à l’utilisation croissants d’engrais concentrés (remplacement du sulfated’ammonium par l’urée) et la culture intensive du riz ont entraîné une déficience croissante en souffre(Ponnamperuma et Deturck, 1993). Ainsi, la culture intensive du riz tend-elle à prolonger les conditionsanaérobiques des sols. Nous ne connaissons pas encore bien la gestion de la matière organique dans lessystèmes de culture intensive du riz.

D’importants facteurs économiques et sociaux ont influé sur la volonté des petits agriculteurs les pluspauvres de continuer à maximiser les rendements des cultures individuelles et d’intensifier les rotations. Cesfacteurs peuvent être liés à la disponibilité et à la rentabilité des moyens de production tels que la main-d’œuvre, l’eau, la traction animale ou la mécanisation, l’accès à l’irrigation, la gestion des structuresd’irrigation et de l’eau, la baisse des prix à l’exploitation et les menaces de la modernisation sur le capitalsocial.

La Consultation d’experts sur les écarts de rendements et la baisse de productivité dans la production duriz qui s’est tenue à Rome en septembre 2000 a discuté des baisses de rendement2 de trois systèmes différentspour lesquels les baisses de rendements avaient des causes différentes. Dans les systèmes irrigués africainsles baisses de rendement et de productivité semblent être principalement dues à la détérioration desinfrastructures et de la gestion; en Asie elles semblent dues à la dégradation des ressources naturelles debase. Dans les systèmes de production pluviaux, la baisse des rendements au cours du temps est due aumanque d’éléments nutritifs et au raccourcissement des jachères entraîné par la croissance démographique.

2S’adresse aux programmes nationaux de développement intégré qui donne la priorité au secteur agricole en améliorantl’accès aux intrants et aux nouvelles technologies.

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En Asie tropicale et en Afrique, les systèmes intensifs de production du riz fournissent les revenus et lesemplois non seulement aux producteurs de riz mais aussi aux ouvriers sans terre des zones rurales. Si cesproblèmes ne sont pas pris en charge dans le cadre d’un programme de développement national intégré quidonnerait la priorité au secteur agricole en améliorant l’accès aux intrants et aux nouvelles technologies, leschutes de rendement observées dans des cas limités pourraient s’étendre à de vastes zones sous cultureintensive au cours des prochaines 30 années, entraînant ainsi une augmentation importante du nombre depauvres dans les zones rurales d’Asie et d’Afrique.

PRODUCTIVITÉ ET ÉCARTS DE RENDEMENT

Les écarts de rendement ont au moins deux composantes:

● La première composante (écart I de la figure 1) est principalement due aux facteurs qui ne sontgénéralement pas facilement transférables, comme les conditions environnementales et certainescomposantes technologiques seulement disponibles en station de recherche. Cependant, lesconnaissances accumulées par les agriculteurs et la disponibilité en technologies innovatrices ont permisde réduire cet écart dans plusieurs pays.

● La deuxième composante (écart II de la figure 1) est surtout due aux différences de gestion de la culture.Cela se produit lorsque les agriculteurs utilisent ce que les chercheurs appellent les doses sous optimumd’intrants ou de pratiques culturales. C’est la différence entre le rendement moyen des grandes parcellesde démonstration ou des 10 pour cent des meilleurs agriculteurs sur un site donné – utilisant la meilleurecombinaison de technologies améliorées disponibles et de pratiques culturales – et le rendement moyen detous les agriculteurs de ce site.

Figure 1: Composantes des écarts de rendement (adapté de Datta, 1981)

On admet généralement que, parmi les diverses stratégies qui permettent d’obtenir la croissance deproduction nécessaire à l’augmentation durable des niveaux de rendements du riz, la meilleure stratégie àcourt terme est la réalisation au niveau des champs des agriculteurs d’une proportion importante du potentielgénétique de rendement aujourd’hui disponible. Cela nécessite l’évaluation de l’écart de rendement,l’identification des principales contraintes technologiques, institutionnelles, socioéconomiques et politiques,et la détermination des remèdes appropriés.

Nouvelles variétés: riz super

Ecart I: Environnement et conditions non transférables(peut être réduit à l’aide de nouvelles technologies)

Ecart II: Gestion des cultures(peut être réduit à l’aide destechnologies existantes)

Potentielmaximum

Rendementpotentiel de la

recherche

Rendementpotentiel desagriculteurs

Rendement réeldes

agriculteurs

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De nombreux scientifiques et professionnels du développement ont considéré que la réduction de l’écart derendement du riz à partir des technologies existantes, était un moyen d’accroître la production rizicole.Cependant, en dépit de cette approche, une telle analyse n’a pas permis de réduire significativement l’écart.Les sociologues ont toujours demandé aux scientifiques d’avoir une approche plus large, d’introduire d’autresfacteurs socioéconomiques et d’avoir une analyse plus systématique. Par exemple, il a été démontré que dansn’importe quelle zone de production rizicole, les rendements varient beaucoup d’un agriculteur à l’autre,suggérant qu’il existait de grandes variations dans le niveau technique des agriculteurs, leurs priorités, lesconditions socioéconomiques qui influencent leur décision en matière d’allocation des ressources, nonseulement pour la production du riz.

On est maintenant d’accord sur le fait que seule une partie de l’écart total de rendement peut être combléepar les technologies disponibles actuellement. On considère que les politiques de l’environnement et lesinterventions sont des composantes essentielles de la stratégie de réduction des écarts. L’échangetechnologique et les groupes d’apprentissage dans le cadre de partenariats recherche vulgarisation etagriculteurs jouent également un rôle important.

Facteurs contribuant aux écarts de rendement Plusieurs groupes de contraintes importantes, des contraintes biophysiques aux contraintes institutionnelles,contribuent à l’écart de rendement:

● Biophysique (climat, sol, eau, pression des ravageurs, mauvaises herbes).● Technique/gestion (disponibilité en travail, exécution en temps voulu des opérations, travail du sol, variétés

et semences, eau, éléments nutritifs, mauvaises herbes, utilisation limitée de la gestion intégrée desravageurs [GIR] et contrôle après récolte).

● Socioéconomique (statut social et économique, traditions culturelles des agriculteurs, engagements etobligations, connaissances techniques, taille de la famille et profitabilité de l’exploitation).

● Institutionnel et politique (politique du gouvernement, prix du riz, crédit, offre d’intrants, régime foncier,marchés, recherche, développement et vulgarisation [RDV]).

● Apprentissage technique et relations (compétence et ressources du personnel de vulgarisation, intégrationRDV; utilisation limitée de l’enseignement des agriculteurs au champ; connaissance et qualifications;relations entre le secteur public, le secteur privé et les ONG chargées de la vulgarisation).

Le travail de Ramasamy (1996) a montré que, dans le sud de l’Inde, les écarts de rendement sont dus à diversfacteurs physiques (problèmes de sols, déficience en éléments nutritifs et toxicité, sécheresse, inondationssoudaines, stress thermique); biophysiques ou reliés à la gestion de la culture (variétés, mauvaises herbes,verse, déséquilibre de la fertilisation); et, particulièrement, socioéconomiques (manque de main d’oeuvre,rapport coût/bénéfice, connaissances techniques des agriculteurs, qualifications et autres).

L’amélioration continuelle du niveau de connaissance des agriculteurs et la disponibilité croissante entechnologies innovatrices devraient entraîner la réduction d’un des écarts de rendement du riz au cours destrois prochaines décennies. A l’avenir, le potentiel de rendement du riz augmentera grâce aux nouvellestechnologies mentionnées ci-dessus; toutefois, un écart de rendement continuera inévitablement d’exister,peut-être plus faible que l’actuel, surtout dans les pays ayant des systèmes nationaux de recherche agricoleimportants capables d’associer plus efficacement les agriculteurs au processus de recherche. Il est trèsimportant que les scientifiques et les vulgarisateurs comprennent le contexte des différents systèmesd’exploitation agricole à base de riz et qu’ils acceptent le fait que le riz, même s’il domine la productionagricole, n’est qu’une composante d’un système complexe de subsistance.

RECOMMANDATIONS POUR ACTIONLa sécurité alimentaire et la situation du revenu des petits riziculteurs du monde, spécialement ceux d’Asie dusud et d’Afrique subsaharienne pourraient être grandement améliorées en inversant la tendance à la baissede la productivité. Des politiques gouvernementales capables d’améliorer l’offre d’intrants, le crédit et les prixà l’exploitation, ainsi que les infrastructures des systèmes irrigués du riz devront constituer la partie essentielledes futurs efforts. A ces mesures devront s’ajouter l’amélioration des connaissances des agriculteurs et lamise à leur disposition de pratiques plus durables de gestion des cultures.

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Inverser la tendance à la baisse de productivité● Beaucoup de chercheurs, de vulgarisateurs et d’agriculteurs ne sont pas suffisamment conscients des

dangers à long terme du déséquilibre des fumures P, K et microéléments. L’éducation et la formation desprincipaux intéressés pour leur faire prendre conscience de l’intérêt des fumures équilibrées en élémentsnutritifs aideront à réduire les problèmes liés à la surexploitation des terres.

● Les systèmes de cultures très intensifs entraînant une submersion continuelle des sols, qui se trouventalors en condition anaérobique pendant de longues périodes, peuvent occasionner de sérieuses baisses derendement et de productivité. Ce phénomène a été étudié dans plusieurs endroits du monde.L’augmentation de l’intensité des cultures peut être nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire;toutefois la recherche nationale devrait être consciente des dangers potentiels d’intensification excessivedes cultures et devrait prendre les mesures nécessaires afin d’en alerter des agriculteurs.

● L’utilisation continue des mêmes variétés sur de longues périodes, particulièrement de celles dont larésistance aux ravageurs et aux maladies est insuffisante, conduit probablement à la baisse desrendements et de la productivité. La stabilisation des rendements et l’augmentation du potentiel derendement peuvent être obtenues par l’utilisation d’une gamme de variétés plus étendue, y compris lesvariétés traditionnelles et culturellement importantes, et par l’introduction de caractéristiques destabilisation du rendement (résistance aux stress biotiques et abiotiques) au moyen de méthodes desélection conventionnelles et innovatrices.

● La baisse de la teneur des sols en matière organique peut être responsable de la baisse des rendementsdans les systèmes de culture riz-blé. La prise en compte de la composante matière organique pourraitpermettre de renverser cette tendance.

● Les processus de salinisation et sodication peuvent affecter les rendements du riz et la qualité des sols. Cesphénomènes peuvent être évités par des changements dans l’utilisation de la terre et de l’eau et dans laconduite de la culture, combinés avec la sélection de variétés tolérantes.

Réduire les écarts de rendement et de productivité● Les principaux groupes de facteurs capables de réduire la productivité doivent être identifiés et compris

dans un contexte le plus large possible. Ces facteurs font partie des domaines socioéconomiques,institutionnels et/ou politiques sous le contrôle ou hors du contrôle direct des agriculteurs; aussi lessolutions doivent-elles être trouvées en collaboration avec toutes les parties prenantes.

● Une analyse du chemin critique peut être nécessaire pour identifier les contraintes politiques,économiques, techniques et sociales et leur donner des priorités, et pour déterminer comment les leverdans chaque situation.

● Toutes les parties prenantes doivent formuler ensemble des recommandations objectives de gestion descultures et des objectifs de rendement, adaptés à leurs conditions spécifiques. Cette approche pourra aiderles agriculteurs, hommes et femmes, à évaluer leur propre rôle et leurs propres performances, à identifierleurs forces et leurs faiblesses, et à agir en conséquence.

● Des mécanismes institutionnels et de formation devraient permettre de mettre en place des procédurescapables d’évaluer, de perfectionner et de délivrer les messages techniques, en étroite collaboration avecles agriculteurs, hommes et femmes; ces mécanismes devraient inclure les services de vulgarisationgouvernementaux, les ONG, les organisations de volontaires, les agences du secteur privé, l’enseignementdes agriculteurs au champ, les groupes d’agriculteurs ou les associations de producteurs.

● Les responsables de la recherche et de la vulgarisation doivent être formés aux méthodes participatives etaux techniques d’animation de groupes d’agriculteurs. Ils doivent aussi avoir connaissance des techniquesles plus récentes.

● La disponibilité en intrants, crédit, et autres facteurs de productions, dans un cadre économiquerationnel, facilitera l’évolution des pratiques appropriées par les agriculteurs. Il y là une possibilitésupplémentaire d’impliquer l’agro-industrie dans la fourniture d’intrants, de services et d’appui techniqueaux agriculteurs.

● Le suivi participatif et l’évaluation dans le temps des performances des cultures et des systèmes agricolesdevront être assurés par des équipes de vulgarisateurs, de chercheurs et d’agriculteurs.

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● Les exemples de réussite doivent être diffusés après des agriculteurs et des autres intéressés en utilisantles stratégies de communication appropriées pour leurs assurer un large impact; ces stratégies peuventêtre: les échanges entre agriculteurs, l’information sur les marchés, les directives, l’aide à la décision, larecommandation de dates optimums pour les différentes opérations, l’alerte à l’apparition de ravageurs,etc., sur support imprimé, à la radio et à la télévision.

● Les agriculteurs devront avoir à leur disposition une infrastructure de recherche et de vulgarisation capablede résoudre leurs problèmes et de les aider. Ce dispositif renforcera la coopération entre recherche,vulgarisation et agriculteurs.

Aucune de ces mesures ne pourra être efficace sans un environnement politique favorable comprenant desservices d’appui, une commercialisation et des conditions de marché équitables. De plus, les gouvernementsdevront inévitablement maintenir un équilibre entre la demande en riz à un prix raisonnable de la part despopulation urbaines croissantes et le besoin de gagner des devises grâce aux exportations; ils devront aussirépondre à l’attente des producteurs de riz en matière de rémunérations justes de leurs efforts.

CONCLUSIONSCe document montre que les systèmes de production de riz doivent faire face à deux problèmes principaux.

Le premier problème concerne les différences observées depuis de nombreuses années entre lesrendements élevés du riz dans les stations de recherche et la moyenne des rendements généralement plusbasse rencontrée dans de nombreux systèmes à base de riz3. Cet article montre que cet écart peut être réduitpar la combinaison de mesures techniques, sociales, économiques et politiques et par un partenariat entre lesnombreuses parties prenantes – chercheurs, agriculteurs, vulgarisateurs et planificateurs.

Le second problème concerne l’observation de l’apparente stagnation et, parfois, de la baisse desrendements et de la productivité du riz dans de nombreux endroits où les rendements avaient été élevéspendant de nombreuses années. Les raisons en sont complexes et nécessitent des recherches dans denombreuses situations; toutefois, ce processus de baisse des rendements pourrait être inversé par unemeilleure compréhension du contexte social, économique, biophysique et technique des systèmes à base de rizet de leurs interactions avec leurs environnements, et par la combinaison des mesures proposées ci-dessus.

ANNEXE 1 : ETUDE DE CAS N° 2

POTENTIEL DE LA BIOTECHNOLOGIE AGRICOLE4

INTRODUCTIONLa FAO estime, qu’au cours des 30 prochaines années, plus des trois quarts de la croissance de la productionvégétale nécessaire pour satisfaire les besoins alimentaires devront provenir des augmentations derendement. Cela ne sera possible qu’avec l’aide d’innovations technologiques importantes. Les outilsmodernes de la biotechnologie de recombinaison de l’ADN, dont le génie génétique, offrent de tellespossibilités d’innovation.

L’utilisation de médicaments et de vaccins issus de manipulations génétiques a soulevé peu de controverses;par contre, le développement de cultures génétiquement modifiées (GM) a rencontré une forte résistance,surtout en Europe, basée sur des considérations éthiques et des préoccupations sur l’impact négatif quepourraient avoir ces cultures GM sur l’environnement et la qualité sanitaire des aliments. Les considérationséthiques tournent autour de sujets tels que la nature artificielle des transferts de gènes d’une espèce à l’autre,les impacts socioéconomiques pouvant être responsables de l’élargissement du fossé entre agriculteurs richeset pauvres et entre pays et la crainte que la biotechnologie agricole n’accroisse la dépendance de la fourniturealimentaire mondiale à l’égard de quelques firmes multinationales contrôlant l’industrie des semences. Ons’inquiète aujourd’hui de savoir si toute la publicité négative faite sur les cultures GM et la résistance des

3Cependant, on sait que les rendements de riz peuvent parfois, sur certaines exploitations, dépasser ceux réalisés enstations de recherche.

4Cette étude de cas est condensée de Le (2001).

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consommateurs européens à ces cultures, ont pu freiner le transfert de cette innovation vers les pays endéveloppement, qui ont un besoin urgent d’accroître la productivité de leurs cultures.

En dépit de la résistance de certains groupes, la biotechnologie est déjà en train de changer la façon deproduire de nombreux produits de la vie de chaque jour: alimentation humaine et animale, fibres, carburant etmédicaments. Dans le domaine agricole, on a utilisé les outils de la biotechnologie pour diagnostiquer desmaladies des animaux et des plantes, pour produire des vaccins contre les maladies animales et pouraméliorer le bétail et des cultures. Les superficies des productions des cultures GM sont passées de deuxmillions d’ha en 1996 à 44 millions d’ha en 2000 (James, 2000); la plus grande partie des ces superficies sesituent dans trois pays, les USA, le Canada, et l’Argentine (PNUD, 2001). L’Argentine compte 10 millions d’ha decultures GM. Toutefois, sans ce pays, la superficie des cultures transgéniques pour les pays en développementreprésente moins d’un pour cent des surfaces cultivées. Les autres pays en développement ayant des surfacesrelativement importantes de cultures GM sont la Chine, le Mexique et l’Afrique du Sud. De plus, seulesquelques cultures ont des variétés GM d’une certaine importance commerciale, c’est le cas du soja, du maïs,du coton, du colza oléagineux, de la pomme de terre, de la courge et de la papaye.

Le manque d’aide au développement des OGM dans la lutte pour la sécurité alimentaire est un fait connu.En juin 2000, sept académies nationales de sciences ont rendu un rapport appelant à un effort concerté dessecteurs public et privé pour le développement des cultures GM – spécialement pour les aliments de base –pour le bénéfice des consommateurs et des agriculteurs pauvres, particulièrement dans les pays endéveloppement. Ce rapport a appelé les firmes privées qui ont développé la technologie des OGM à la partagerafin qu’elle soit utilisée pour réduire la faim et pour améliorer la sécurité alimentaire des pays endéveloppement. Le rapport a aussi proposé des exemptions spéciales pour les agriculteurs pauvres du mondeafin de les protéger contre des restrictions inopportunes à la propagation de ces cultures (NAS, 2000).

RÔLE DE LA BIOTECHNOLOGIEAu sens large, la biotechnologie met en jeu l’utilisation des organismes vivants au bénéfice des humains. Cetteutilisation a deux composantes: i) la culture de cellules et de tissus et 2) les techniques de l’ADN, dont le géniegénétique. Ces deux composantes sont indispensables pour la production des OGM végétaux et animaux.

La culture de tissus végétaux et de cellules est une technologie relativement peu coûteuse, facile àapprendre, à appliquer et largement utilisée dans de nombreux pays en développement. La culture des tissusvégétaux est un outil utilisé pour l’amélioration végétale; il est en particulier utilisé pour: i) la propagation engrande quantité d’un stock d’élite; ii) la production de plantes indemnes de virus au moyen de la culture in vitrode méristème; iii) la sélection de variants somaclonaux pour des caractères particuliers et leur multiplication;iv) la possibilité de surmonter les barrières à la reproduction entre espèces et le transfert de caractéristiquesdésirables aux cultures par croisements larges; v) la possibilité de transférer des gènes par fusion deprotoplasme; vi) l’utilisation de la culture d’anthère pour obtenir des lignées homozygotes dans lesprogrammes de sélection; et vii) la conservation in vitro de germplasm végétal.

La deuxième composante de la biotechnologie, c’est-à-dire les technologies de l’ADN, dont le géniegénétique, utilise les toutes nouvelles connaissances des gènes et du code génétique pour améliorer lescultures, les arbres, le bétail et les poissons.

Parmi les importantes applications des technologies de l’ADN nous pouvons citer l’utilisation de sondesd’ADN spécifiques des pathogènes et ravageurs, pour leur identification, leur suivi et leur contrôle. Lesmarqueurs d’ADN sont particulièrement utiles pour la construction de cartes de gènes afin de les isoler. Cettetechnologie, qui n’est pas controversée, est utilisée pour renforcer l’efficacité des programmesconventionnels de sélection végétale et pour caractériser les ressources génétiques en vue de leurconservation et de leur utilisation.

Une importante caractéristique de la transformation de l’ADN est sa capacité de transférer les gènes, y comprisdu règne animal au règne végétal et vice versa, aidant ainsi à augmenter les pools de gènes de tous lesorganismes, dont des cultures. Bien qu’aujourd’hui controversée, l’ingénierie génétique permet de transférer desgènes utiles de n’importe quel organisme vivant à des plantes ou des animaux afin d’améliorer leur productivité.Les bactéries ou les arbres génétiquement modifiés peuvent être utilisés pour enrichir les sols. De plus, on peutaussi manipuler les voies de la biosynthèse pour ajouter des composants nutritionnels aux cultures, pour fabriquerdes produits pharmaceutiques de haute valeur et autres polymères en utilisant les plantes comme des bioréacteur.Les quelques exemples de technologies actuelles ne donnent qu’une vague idée des vastes implications del’importance potentielle de la biotechnologie pour l’agriculture au cours des deux prochaines décennies.

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Les cultures GM actuellement disponibles ne mettent en jeu que des caractéristiques simples et des gènesuniques; toutefois, les progrès technologiques permettent maintenant le transfert d’au moins 12 gènes sur legénome d’une seule plante (Zhang et al., 1998), ces gènes ne sont pas tous exprimés. Ces progrès permettentla manipulation de caractères plus complexes, mais aussi plus utiles, tels que le rendement et la tolérance àla sécheresse, à la salinité, à la chaleur, au froid, au gel, et à la toxicité aluminique. De plus, de grands progrèssont en cours dans l’utilisation les cultures GM pour la production de vaccins bon marché, qui conviennent auxconditions de stockage des pays en développement (Artzen, 1995, 1996; Landridge, 2000).

Les progrès en biologie moléculaire ont beaucoup aidé la recherche concernant la base physiologique etbiochimique de la tolérance abiotique. Les chercheurs japonais (Kobayashi et al., 1999) et américains (Jaglo-Ottosen et al., 1998) ont indépendamment isolé un facteur de transcription qui lorsqu’il se trouve surexprimédans des plantes GM entraîne une bonne tolérance à la sécheresse et aux stress dus au sel et au gel. Unmécanisme complètement différent a permis d’obtenir la tolérance à la salinité d’Arabidopsis GM et de latomate modifiée pour surexprimer un gène vacuolaire antiport Na+/H+ (Apse et al., 1999, Zhang et Blumwald,2001). L’amélioration de la tolérance au stress, en renforçant la stabilité du rendement tout en remodelant laphotosynthèse par ingénierie génétique, peut accroître le rendement potentiel des plantes. Le transfert desgènes de la photosynthèse du maïs vers le riz a donné expérimentalement une augmentation de 35 pour centdu rendement du riz comparé aux lignées génétiquement semblables (Maurice et al., 1999).

En foresterie, on a réalisé des progrès dans la manipulation génétique des arbres pour qu’ils produisent unbois ayant un contenu en lignine réduit pour la pulpe et l’industrie du papier. De plus, des recherches sont encours pour manipuler les gènes impliqués dans le développement floral afin de produire des arbres sansfloraison, améliorant ainsi la productivité en bois (Rick Meilan, communication personnelle).

La connaissance des gènes de rassemblement et de mise en ordre des gènes dont les modèles d’expressionsont semblables chez Arabidopsis, une dicotylédone, et le riz, une monocotylédone, peut être utilisée pourisoler et caractériser les gènes correspondants et pour comprendre l’ordre des gènes et leur modèled’expression chez d’autres plantes (Somerville et Somerville, 1999). Cette connaissance, associée auxpossibilités de surmonter les barrières génétiques entre espèces, élargit les possibilités de combinaison degènes chez les plantes, ce qui n’aurait pas été possible, ou aurait entraîné d’énormes difficultés, en utilisantles approches conventionnelles. La biotechnologie agricole, particulièrement celle des cultures et des arbres,doit beaucoup à Arabidopsis et aux projets de séquence du génome du riz.

SCÉNARIOS RÉGIONAUX EN BIOTECHNOLOGIEAfin d’apporter l’assistance nécessaire à leur développement, Byerlee et Fischer (2000) ont classé les paysd’après leur capacité biotechnologique. Comme on le sait, la révolution génétique commença par les paysdéveloppés et s’étendit à des pays en développement tels que l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, le Mexiqueet l’Afrique du Sud. Ces pays ont non seulement profité des retombées technologiques, mais ils sont devenus àleur tour des développeurs de technologies. Ils ont de solides programmes de sélection végétale traditionnelset des compétences dans la culture des tissus végétaux et des cellules. Il leur est donc possible de développerleurs compétences dans les technologies de recombinaison sur des bases solides; les connaissances enmatière de culture de tissus et de cellules étant en effet nécessaires à la transformation de l’ADN. Les cellulestransformées, possédant les gènes désirés, doivent être régénérées dans des plantes complètes et évaluéespour la stabilité, à un niveau acceptable, de l’expression génétique au cours des générations suivantes. Bienque la phase de culture de tissus ne soit peut-être plus nécessaire à l’avenir en raison des progrès réalisés dansla transformation du pollen (Burke et al., 1999; Saunders et al., 1997), il est indispensable pour tout programmede biotechnologie végétale de pouvoir s’appuyer sur un solide programme de sélection végétale. Il sera toujoursnécessaire de tester les plantes GM pour leur adaptabilité et leurs performances dans les conditions localesavant qu’elles ne soient autorisées à être commercialisées à grande échelle.

AfriqueCe continent a connu quelques initiatives nationales et internationales en matière de biotechnologie végétale.Récemment, le Kenya a entrepris des tests au champ de patate douce GM à l’aide de la protéine d’enrobagedu feathearly mottle virus (Wambugu, 2000). En Afrique du Sud, un programme très élaboré de recherche enbiologie moléculaire est en cours depuis plus de 20 ans. Récemment, ce pays a conduit des travaux pour isoleret caractériser des gènes de la plante Xerophyta viscosa, qui sont importants pour le fonctionnement de latolérance osmotique, dans le but de créer un matériel végétal plus tolérant aux stress environnementaux tels

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que la sécheresse. L’Afrique du Sud possède déjà une législation en matière de sécurité biologique luipermettant la culture commerciale de plusieurs plantes GM telles que le coton-Bt et le maïs-Bt5. Le Kenya etle Zimbabwe ont tous les deux utilisé, avec beaucoup de succès, des vaccins recombinés contre des maladiesanimales. Fait intéressant, alors que la réaction européenne au génie génétique est loin d’être enthousiaste,les gouvernements africains, en particulier le Nigeria et le Kenya, ont exprimé leur souhait d’avoir accès auxbiotechnologies (Amadu, 2000).

AsieEn Asie, les réglementations sont en place pour permettre les essais en champ et autoriser les cultures GM enChine, en Inde, en Indonésie, au Japon, aux Philippines, à Taiwan province de Chine, et en Thaïlande. La Chinea la plus grande superficie en cultures GM (Ten, 2000); en 1990, elle a autorisé à la vente des variétés de tabacet de tomates GM résistantes aux virus. Depuis lors, la Chine a procédé à 31 essais en champ de cultures GM,surtout pour la résistance au virus, avec le colza, le coton, la pomme de terre, le riz et le tabac. Desexpérimentations avec des cultures GM sont conduites sur de petites surfaces expérimentales en Inde, auxPhilippines, en Thaïlande, au Vietnam, à Singapour, en Malaisie, en Indonésie et en Chine, alors que des essaisen plein champs sont en cours en Indonésie, aux Philippines, en Thaïlande, en Inde et en Chine.

La Thaïlande a réussi, à partir d’une approche moléculaire, à diagnostiquer et à contrôler une maladie viralede la crevette. Le Gouvernement des Philippines a reconnu la biotechnologie comme une stratégie importantepour augmenter la productivité agricole; toutefois, l’opinion publique a empêché les essais en plein champ etla commercialisation des cultures GM (De la Cruz, 2000). En Inde, le gouvernement a beaucoup soutenu labiotechnologie, et les capacités du pays dans ce domaine sont aujourd’hui impressionnantes. Néanmoins,aucune culture GM n’est aujourd’hui commercialisée dans ce pays. Le Sri Lanka a récemment interditl’importation des cultures et des aliments GM.

Moyen-OrientL’Egypte, avec son Institut de recherche agricole en génie génétique (AGERI), est probablement le pays le plusavancé du Moyen-Orient dans l’application des biotechnologies. L’AGERI a conduit des essais en champ d’ungrand nombre de cultures GM en Asie de l’Ouest et en Afrique du Nord. Grâce à la collaboration avec lesecteur privé sous les auspices de l’USAID-ABSP administrée par l’université d’Etat du Michigan, l’AGERI aisolé et fait breveter ses propres gènes Bt locaux – un cas de réussite de la collaboration privé-public entrepays développés et en développement (Lewis, 2000).

Amérique latine et CaraïbesLa région a beaucoup bénéficié du réseau REDBIO patronné par la FAO, qui réuni dans un seul réseaud’information 619 laboratoires appartenant à 32 pays. Il existe aussi dans la région un certain nombre de paysfiers de posséder de bonnes capacités en matière de biotechnologie (Mexique, Brésil, Argentine, Costa Rica etCuba). La recherche conduite au Mexique sur la biologie moléculaire de la tolérance des plantes à l’aluminiumouvre de grandes perspectives dans ce domaine. Depuis 1998, le Mexique a évalué en plein champ des culturesGM de maïs, de coton, de pomme de terre et de tomate. Le cas du Mexique est intéressant en ce qui concernela biosécurité car le maïs est originaire de ce pays. Le Mexique a aussi commercialisé du coton-Bt. Bien que leBrésil ait été un pionnier en matière de recherche, développement et essais en plein champ de cultures GM, unprocès récent a entraîné l’interdiction de leur culture et de leurs essais, ce qui pourrait ralentir les progrès encours de ce pays (Amstalden Sampaio, 2000). Le Brésil est le premier parmi les pays en développement à avoirdéterminé la séquence du génome d’une lignée bactérienne de Xylella fastidiosa, qui attaque les orangers. Ceprojet de séquence fut en partie financé par l’industrie brésilienne de l’orange (Simpson et al., 2000; Yoon, 2000).Le Costa Rica utilise la biotechnologie pour la conservation et la caractérisation de la biodiversité. Ce payscherche aussi à réduire l’utilisation de produits chimiques toxiques en contrôlant les maladies de la banane(Sittenfield et al., 2000). Cuba est, pour les pays en développement, un modèle d’application de la biotechnologieau développement agricole et à la médecine. Une douzaine de cultures GM ont atteint le stade du laboratoireet/ou des essais en champ. Toutefois, Cuba s’est interdit l’utilisation de tabac GM, par crainte de mettre endanger ses industries d’exportation de cigares et de tabac (Lehman, 2000).

5Les cultures Bt sont celles dont les gènes ont subi une manipulation à partir de la bactérie Bacillus thurigiensis. Ces gènescodent des endotoxines toxiques pour des classes spécifiques de ravageurs.

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IMPACT

Revenus importants générés par l’adoption des cultures GMOn a débattu pour savoir si la première génération de cultures GM, axée sur les intrants et des caractèressimples pour l’agriculture industrielle des pays développés, pouvait être bénéfique pour les petits agriculteursdes pays en développement; il est de plus en plus évident que cela est bien le cas. La pratique des culturesGM dans certains pays en développement possédant de fortes capacités en matière de biotechnologiedémontre que ces cultures ont déjà un impact en réduisant le coût des pesticides et les risquesd’empoisonnement; elles sont aussi bénéfiques pour l’environnement et entraînent des gains de productivité.

En Chine, Pray et al. (2000) ont montré que les revenus économiques des petits agriculteurs qui avaient seméle coton-Bt avaient augmenté et qu’ils étaient moins hospitalisés pour empoisonnement par les pesticides queceux qui cultivaient du coton non Bt. L’utilisation du coton-Bt a réduit la consommation de pesticide de 80 pourcent dans la province de Hebei en Chine. L’impact sur l’environnement et la santé est important car lespesticides du coton représentent 25 pour cent de la consommation totale de pesticides pour les cultures.L’expérience sud africaine a montré que les petits agriculteurs pouvaient aussi tirer un bénéfice du coton-Bt.Le nombre de petits agriculteurs cultivant le coton-Bt dans ce pays est passé de 4 à 400 en 4 ans seulement,montrant qu’ils réalisaient des bénéfices en pratiquant les cultures GM (Webster, 2000). Au Kenya, on a prévuque deux variétés de patate douce GM pour la résistance à un virus et à un charançon, génèreront desbénéfices bruts annuels de 5,4 millions et 9,9 millions de dollars EU respectivement. La patate douce étant uneculture de subsistance, les ménages producteurs en seront les premiers bénéficiaires. La grande efficacitédes projets de recherche est confirmée par les retours importants sur les investissements (Qaim, 1999).

En Argentine, les taux d’adoption élevés des cultures GM montre qu’elles ont déjà eu un impact. Lacontrebande illégale de semences GM d’Argentine vers le Brésil montre que les agriculteurs brésiliens, engrande partie producteurs commerciaux, apprécient l’intérêt des cultures GM par rapport aux culturesconventionnelles. Au Mexique, la culture du coton-Bt a permis des bénéfices supplémentaires estimés à 5,5 millions de dollars EU, dont 84 pour cent sont allés aux agriculteurs et 16 pour cent aux fournisseurs desemences (Traxler et al., 2001). A Cuba, la stratégie d’utiliser d’une façon intensive les connaissances enbiotechnologie devrait être payante en termes de royalties pour les propriétaires des technologies. Cubadéveloppe des trousses pour le diagnostic des maladies végétales. Les vaccins cubains issus de l’ingénieriegénétique contre les tiques du bétail et contre les entéro-toxines d’E. Coli, ont déjà été vendus sur les marchésmondiaux et ont réduit les importations de pesticides (Borroto, 2000). La production d’un bionématocidebreveté permettra la réduction de l’utilisation des nématocides toxiques dans les plantations de banane(Lehman, 2000). L’utilisation des vaccins recombinés contre la tique du bétail a réduit les importations cubainesde pesticides de 2,5 à seulement 0,5 millions de dollars EU par an (Borroto 2000).

On utilise aussi la biotechnologie pour découvrir les mécanismes de l’apomixie des plantes pour sonapplication potentielle en agriculture6. Cette technologie pourrait avoir un énorme impact en permettant auxagriculteurs pauvres en ressources de ressemer leurs propres semences qui conserveraient d’une façonpermanente la vigueur hybride des variétés hybrides apomictiques.

On a obtenu en expérimentation des accroissements de rendement de 10 à 35 pour cent pour le riz GM àpartir d’enzymes photosynthétiques dérivés du maïs (Maurice et al.,1999) et un quadruplement du rendementdu riz GM chez lequel on avait transféré un gène d’orge fournissant une tolérance à la faible teneur en fer dessols alcalins (Takahashi et al., 2001); ces résultats montrent que des gains de rendements important sontpossibles.

Amélioration de la qualité nutritionnelle et médicaleAvec 800 millions de personnes mal nourries dans les pays en développement, la génomie nutritionnelleutilisant l’ingénierie génétique pour manipuler les microéléments nutritifs des végétaux pour la santé humaine,offrent des perspectives considérables (Della Penna, 1999; Li et Della Penna, 2001). On les a appelé«nutraceutiques». Bien que leur production puisse, au départ, viser principalement les consommateurs richesdu monde développé, les gènes pourront, par la suite, être introduits dans des cultures pratiquées etconsommées par les agriculteurs pauvres afin d’améliorer leurs régimes alimentaires. Le Golden Rice, issu de

6L’apomixie peut être décrite comme un processus de reproduction (c’est-à-dire de production de semences) sansfécondation, assurant ainsi l’exacte duplication des gènes du stock parental.

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manipulations génétiques, a un endosperme plus riche en vitamine A (Ye et al., 2000). La qualité nutritionnellepeut aussi être améliorée en éliminant la production de certaines substances. Le manioc-GM présente destaux réduits de glycosides cyanogènes (Sayre, 2000), évitant ainsi les problèmes de toxicité associés auxvariétés courantes. On a démontré que, grâce à la réduction des mycotoxines produites par des infestationsde champignons suite aux attaques d’insectes, les cultures GM-Bt permettent une alimentation plus saine quecelle des cultures traditionnelles. Les technologies d’utilisation génétique des restrictions (GURT), y comprisles technologies dénommées terminator, peuvent être très utiles pour empêcher la contamination del’environnement par fuites de gènes en limitant les flux transgéniques non souhaités lors de la production demédicaments et/ou de vaccins à l’aide de cultures utilisées comme bioréacteurs. La mise à disposition devaccins peu onéreux constitués de plantes comestibles contre des maladies endémiques des pays endéveloppement telles que l’hépatite B, le choléra et la malaria, peut permettre aux personnes pauvres demener une vie saine et productive. Souhaitons, qu’un jour, un vaccin contre le SIDA constitué de plantescomestibles puisse être créé.

Utilisation et réhabilitation des terres marginales et dégradéesDans de nombreux pays en développement, d’immenses superficies ne conviennent pas à l’agriculture enraison de contraintes en matière de sols; d’autres zones sont utilisées, et les rendements y sont faibles. Letravail des chercheurs mexicains qui tentent d’élucider le mécanisme moléculaire de la tolérance àl’aluminium et qui créent des plantes GM résistantes à cet ion toxique pourrait avoir un impact considérablesur la mise en valeur des sols acides des pays en développement (de la Fuente et al., 1997), particulièrementla possibilité de cultures plus intensives sur les vastes espaces des Cerrados du Brésil et des savanes humidesd’Afrique de l’Ouest. Plus de 43 pour cent de l’ensemble des sols des zones tropicales étant acides, les culturestolérantes à l’aluminium permettraient d’étendre la production végétale à de nombreuses zones. De plus, 30pour cent des terres cultivées sont alcalines; dans ces terres le fer n’est pas disponible et la productionvégétale n’y est pas optimum. Des chercheurs japonais ont récemment démontré que le riz GM à l’aide degènes d’orge, présentait une meilleure tolérance à la faible disponibilité en fer et donnait, dans les solsalcalins, des rendements quatre fois supérieurs aux variétés non transformées (Takahashi et al., 2001). Desrésultats encourageants sont en cours d’obtention dans le domaine de la tolérance au sel. En présence de 200mM de NaCL, les plantes de tomate et de colza GM arrivent à maturité et présentent respectivement une trèsbonne fructification et une bonne qualité d’huile, (Apse et al., 1999; Zhang et Blumwald, 2001; EduardoBlumvald, communication personnelle, 2001). De plus, les accidents climatiques, tels qu’une sécheressesoudaine ou une gelée peuvent avoir des conséquences graves pour les agriculteurs pauvres en ressourcesvivant dans un environnement marginal. Les applications de la recherche biotechnologique sur les effets desstress environnementaux pourraient assurer des récoltes plus régulières aux agriculteurs pauvres.

Les applications de la recherche biotechnologique pourraient aussi permettre de restaurer la fertilité lessols dégradés, à partir de pratiques conventionnelles à l’aide de cultures GM et/ou de micro-organismes. Lescultures GM, transformées pour produire directement ou indirectement des carburants (par unetransformation en biomasse) pourraient être utilisées comme source d’énergie renouvelable. Latransformation de la biomasse en un carburant tel que l’alcool ne contribuerait pas nécessairement à uneaugmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère; elle pourrait être particulièrement utile si de telscarburants pouvaient satisfaire les besoins du tiers monde, en remplacement des carburants dérivés dupétrole (Guy et al., 2000).

Réduire l’envahissement des environnements marginauxComme n’importe quelle autre technologie capable d’augmenter la productivité, l’accroissement de laproductivité des cultures dû à la biotechnologie peut réduire la pression sur les nouvelles terres et diminuerainsi la nécessité d’envahir des environnements fragiles des régions tropicales et subtropicales. On affirmesouvent que l’augmentation des rendements a sauvé des terres en diminuant la pression sur l’environnement,et, par conséquent, a limité la déforestation qui aurait eu lieu sans cela (FAO, 2000). On a aussi calculé qu’uneaugmentation de la productivité végétale de seulement 1 pour cent par an, équivalant à une augmentationcumulée de 69 pour cent de 1997 à 2050, réduirait de 325 millions d’ha les superficies nécessaires pourrépondre aux futurs besoins, comparé à une perte supplémentaire de 1 600 millions d’ha si la productivitévégétale restait au niveau de 1997 (Goklany, 2000). Cet objectif n’est pas impossible à atteindre car larecherche en biotechnologie avance très rapidement.

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Remplacement des intrantsOn a principalement reproché à la révolution verte d’avoir laissé de côté les agriculteurs pauvres vivant dansles environnements marginaux et ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer des intrants comme lespesticides, les engrais et les coûts de l’infrastructure pour l’irrigation. La révolution du «gène» est, dans unecertaine mesure, en train de redresser ce déséquilibre en créant des cultures qui produisent leur proprepesticide. La recherche en matière d’assimilation des éléments nutritifs par les plantes et de fixation biologiquede l’azote est aussi pleine de promesse pour les agriculteurs pauvres en ressources qui n’ont pas les moyensde se payer des engrais. Elle aiderait aussi à protéger l’environnement en épargnant les carburants fossilesnécessaires à la production d’engrais azotés. Les cultures non légumineuses, tels que le maïs ou le riz,pourraient être modifiées pour fixer leur propre azote. Par ailleurs, l’accroissement de la gamme d’hôtes desbactéries capables de fixer l’azote permettrait à plus de cultures de maintenir des relations symbiotiques avecces bactéries. En ce qui concerne le phosphore, des chercheurs mexicains ont démontré que la capacitéd’absorption du phosphore des plants de tabac génétiquement modifiés était significativement supérieure àcelle des plants témoins (Shmaefsky, 2000). De plus, un groupe de recherche de l’université de Purdue a clonéun gène transporteur du phosphore à partir d’Arabidopsis. On a trouvé de tels gènes chez d’autres culturestelles que la tomate, la pomme de terre et la luzerne. La création de plantes GM pour une absorption plusefficace du phosphate est en cours (Prakash, 2000).

ElevageParallèlement à la biotechnologie végétale, les agriculteurs pauvres peuvent aussi bénéficier des progrès dela biotechnologie animale dus à la révolution de l’élevage qui a lieu actuellement dans la plupart des pays endéveloppement. La recherche a montré que les ruraux pauvres et sans terre obtiennent une plus grande partde leur revenu de l’élevage que les personnes rurales plus aisées. Aussi un accroissement de laconsommation des produits animaux peut-il réellement aider à augmenter le pouvoir d'achat en nourriture despauvres et cette révolution de l’élevage pourrait devenir un moyen essentiel pour réduire la pauvreté au coursdes 20 prochaines années si les politiques et les investissements appropriés sont mis en place (IFPRI, 1999).La biotechnologie animale peut fournir des protéines animales abondantes, plus saines et meilleur marché. Onest en train de réaliser la transformation génétique du porc pour qu’il soit moins gras, des poulets résistantsaux maladies bactériennes et des bovins dont la croissance est deux fois plus rapide avec moins d’aliment dubétail. Les agriculteurs pauvres qui possèdent quelques têtes de bétail verront leurs investissements mieuxprotégés en raison des progrès réalisés en santé animale grâce à l’obtention de meilleurs vaccins, moinschers, produits à partir d’ADN recombiné. La détection de maladies par diagnostic moléculaire profitera aussiaux troupeaux villageois en permettant le contrôle de leur diffusion et en améliorant la santé animale, donc enaidant les communautés rurales en général et en assurant la sécurité alimentaire des ménages.

Impacts immédiats des cultures de tissus et de la micropropagationLes petits agriculteurs des pays en développement commencent à bénéficier des technologies de l’ADN;toutefois, pour de nombreux pays, surtout ceux ayant un faible capital technique, l’impact immédiat résideradans la production et la distribution de variétés locales clonées indemne de maladies et multipliéesvégétativement. Les cultures concernées sont la banane, le plantain, le manioc, l’igname la pomme de terre,la patate douce, l’ananas, la canne à sucre, de nombreux arbres fruitiers tels que le pommier, le poirier, leprunier, le dattier, le manguier et le litchi, et de nombreux arbustes ornementaux et fleurs. Les avantages de lamicropropagation sont immédiats et la disponibilité en main-d’œuvre à bon marché dans les pays endéveloppement les rend très compétitifs dans l’utilisation de cette technologie. La micropropagation dubananier et de la canne à sucre a créé des emplois ruraux à Cuba et a permis l’exportation de propagules deplantes ornementales de l’Inde vers l’Europe. Ces cinq dernières années ont vu la création de près d’unecentaine d’entreprises privées de micropropagation en Inde. En augmentant sa capacité de micropropagationCuba pourrait satisfaire la demande intérieure et épargner ainsi 15 millions de dollars EU par an d’importationde plants de pomme de terre. L’industrie familiale cubaine de culture de tissus procure des emplois à mi-tempsaux épouses rurales. A Shandong en Chine, la micropropagation de plants de patate douce indemnes de virusa permis une augmentation moyenne de rendement d’au moins 30 pour cent, et fournit un taux de rentabilitéinterne de 202 pour cent et une valeur nette de 550 millions de dollars EU (Fuglie et al., 2001). Au Kenya, lesplantules de banane indemnes de maladies ont fortement augmenté les rendements qui sont passés de 8-10 à30-40 tonnes/ha (Anonyme, 2000).

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RECOMMANDATIONS POUR ACTIONIl y a toujours un risque inhérent à toute technologie ancienne ou nouvelle. On s’inquiète au sujet de larésistance accrue des ravageurs résultant des cultures Bt qui pourrait entraîner la perte du pouvoir insecticidede Bt. De tels risques peuvent être contrôlés au moyen d’analyses scientifiques et de la gestion des risques, ycompris le suivi post commercial, associé à une gestion adéquate des systèmes de culture. Aux Etats-Unis,une expérience récente à grande échelle de cultures GM Bt montre le bien-fondé de cette approche.Tabashnik et al., (2000) ont rapporté que, contrairement aux attentes, on n’a pas observé de résistance accruedes insectes dans la région où est cultivé le coton-Bt en Arizona. De plus, des gènes de résistance auxinsectes autres que Bt devraient être identifiés, réduisant ainsi les risques potentiels futurs.

Mettre plus l’accent sur les contraintes végétales et animales importantes pour les petits producteursIl est essentiel qu’un effort concerté soit mené pour s’assurer que les avantages de la biotechnologie sont à ladisposition du maximum de petits agriculteurs des pays en développement afin de pouvoir contribuer à laréduction de la pauvreté et à un développement équitable. Malgré les réalisations et les progrès décrits ci-dessus, la grande majorité de la recherche a été dédiée à des cultures comme le soja, le maïs et le colza quisont de première importance pour les grands producteurs commerciaux du monde industrialisé. Pour changercet état de fait, il est nécessaire d’augmenter les ressources publiques internationales et nationales allouées:aux cultures dites «pauvres» comme le sorgho, la banane, les haricots et les lentilles; à la résistance accrueaux maladies des petits ruminants et de la volaille; et à certains caractères particulièrement importants pourles producteurs à bas revenu (fixation biologique de l’azote). Le partage des données de la séquence du génome du riz avec les chercheurs des pays en développement par le secteur privé (IFPRI 2000) et l’annonce faite récemment de la séquence du génome de la banane(http://www.inibap.org/new/genomics_eng.htm) sont des pas dans la bonne direction pour l’utilisation de labiotechnologie pour le bénéfice des pays en développement.

Les inquiétudes des habitants des pays industrialisés concernant l’impact des biotechnologies sur lasécurité et sur l’environnement constituent, sans aucun doute, une contrainte majeure à l’accroissement dufinancement international. Il existe deux façons de répondre à ces inquiétudes: une meilleure communicationsur les risques réels et les bénéfices que l’on peut attendre de l’adoption des biotechnologies, et l’améliorationdes mesures de sécurité. L’introduction des cultures GM pouvant entraîner des risques différents dans lesdifférents pays, il est important que les organisations internationales, les secteurs privé et public, lesdonateurs et les autres parties prenantes des pays en développement répondent d’une façon appropriée auxinquiétudes publiques et assurent un suivi et un environnement réglementaire efficaces.

Développement des cadres réglementaires● Aider à mettre en place les capacités nationales en matière de biosécurité conformément aux récents

protocoles d’accord de Cartagena. En effet, les propriétaires des technologies seraient très réticents àdonner leurs biotechnologies sous licence à des pays qui n’auraient pas mis en place des législations enmatière de biosécurité et de contrôle. L’ONUDI et le PENU ont la responsabilité d’aider les pays pour lesproblèmes liés à l’environnement. La FAO, quant à elle, est mandatée pour aider les pays membres enmatière de sécurité sanitaire et de biosécurité, en particulier lorsque ces pays doivent importer des OGMpour les utiliser dans leurs programmes de sélection et d’expérimentation ou pour les utiliser pourl’alimentation humaine ou animale.

● Faciliter l’accès des pays en développement aux technologies prioritaires. Le problème des droits à lapropriété intellectuelle (DPI) doit être étudié. Il est important d’améliorer les capacités des pays endéveloppement en matière de DPI afin qu’ils puissent satisfaire au niveau minimum des exigences del’OMC-TRIPS. Les propriétaires de DPI peuvent procéder comme ils le souhaitent, ils peuvent licencier leurstechnologies à bas prix ou même sans royalties au pays les plus pauvres; nous connaissons déjà desexemples de tels arrangements entre des sociétés multinationales et des pays en développement (Qaim,2000; ISAAA, http://www.isaaa.org/inbrief.htm). La communauté internationale a déjà discuté demécanismes de chambre de compensation pour les DPI au bénéfice des pays en développement(http://www.cnr.berkley.edu/csrd/technology/ipcmech/IPCM-background.html). Il serait nécessaire quetoutes les parties prenantes étudient plus avant cette possibilité afin qu’elle devienne une réalité. Enattendant, les pays en développement doivent renforcer leurs capacités en matière de DPI afin de pouvoirnégocier l’utilisation et les échanges des technologies prioritaires.

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Aider la planification économique● Aider les pays à formuler des stratégies agricoles nationales dans lesquelles la biotechnologie est partie

intégrante. Il est important que les buts et les priorités de ces stratégies soient clairs, qu’ils incluent desplans commerciaux qui évaluent les rapports coûts bénéfices des options biotechnologiques et quiprévoient les étapes concrètes de mise en œuvre de la stratégie. Ces plans devraient non seulementcomporter des indicateurs économiques tels que le retour sur investissement, les marges de profit, etc.mais aussi des indicateurs sociaux tels que le nombre de bénéficiaires pauvres de telles stratégies dedéveloppement en termes d’emploi et de revenu.

● Aider les pays ou groupes de pays qui ont un intérêt commun au développement d’une recherchebiotechnologique répondant à leurs priorités – cultures d’exportation et/ou vivrières. La recherche demarché est dans ce cas nécessaire et la Banque mondiale et ses partenaires sont les mieux placés pouraider les pays dans ce domaine. Par exemple, le manioc pourrait devenir une culture industrielle en Afrique,aussi des efforts devraient-ils être entrepris pour aider l’Afrique à améliorer la productivité de cette cultureet pour développer les marchés du manioc transformé.

Promouvoir l’assistance technique entre les institutions nationales, régionales et internationales● Développer d’autres réseaux régionaux sur le modelés du réseau REDBIO d’Amérique latine

(http://www.rlc.fao.org/redes/redbio/html/home.htm) pour faciliter l’échange d’information et lacollaboration technique entre les laboratoires et les pays, afin de travailler ensemble sur des problèmescommuns et de partager leurs expériences. Ces réseaux peuvent permettre une prise de consciencepublique accrue en matière de biotechnologie. Ils peuvent ainsi permettre aux décideurs politiques et auxscientifiques d’avoir accès à des informations qui leur permettront de prendre de bonnes décisions, aumeilleur coût, en matière d’utilisation des technologies appropriées et des experts qui y sont associés. Deplus, la partie biotechnologie d’EcoPort (http://www.ecoport;org) est un outil qui peut être utilisé pourdévelopper des activités spécifiques dans le domaine des cultures.

CONCLUSIONSL’impact de la biotechnologie au cours des 30 prochaines années dépendra dans une large mesure desstratégies que les pays adopteront pour améliorer leurs capacités techniques et pouvoir en bénéficier. Labiotechnologie ne peut pas, à elle toute seule, stimuler la croissance économique et réduire la pauvreté;toutefois, ses innovations constituent certainement un instrument supplémentaire pour combattre la faim. Il ya plus de 30 ans, Théodore Schultz a montré que les agriculteurs pauvres sont des hommes d’affaires efficacesqui savent utiliser les ressources et la technologie à leur disposition afin d’obtenir un revenu maximum de leursinvestissements. Le problème est qu’ils atteignent le point d’équilibre à un niveau très bas. De nouvellesinnovations sont nécessaires afin d’élever ce niveau.

En raison d’un manque d’accès aux intrants nécessaires et de politiques inappropriées, la révolution vertea laissé de coté de nombreux petits producteurs. La «révolution du gène» peut finalement leur fournirl’opportunité de partager les bénéfices de la technologie si les politiques et les investissements appropriéssont mis en place. Il est important d’examiner les stratégies proposées (Byerlee et Fisher, 2000; Spillane, 1999),d’apprendre à partir d’études de cas (Paarlberg, 2000) et de formuler une stratégie mondiale qui canalise lesbénéfices de la biotechnologie agricole vers les pauvres. Au sein de cette stratégie, les institutionsinternationales (donateurs, secteurs public et privé, institutions de recherche de pointe et ONG), dans lecadre de leurs différents mandats, devront mettre leurs ressources limitées en commun et coordonner leursactivités au moyen de réseaux techniques régionaux tels que le REDBIO, pour assurer le développementtechnologique et les transferts. Ces activités, ayant pour but de maximiser les bénéfices tout en minimisantles risques par des mesures de biosécurité au meilleur coût, reposent sur plusieurs fondements dontl’éthique, le dialogue public et les mesures de biosécurité. A cet égard, le rôle de la FAO pourrait être decollaborer avec ses partenaires pour aider les pays membres. Depuis 1999, la Conférence de la FAO et leComité de la FAO pour l’Agriculture (COAG) ont recommandé que l’Agence renforce sa capacité d’assistanceaux pays membres pour les aider à tirer profit du pouvoir de la biotechnologie (FAO, 1999;http://www.fao.org/unfao/bodies/COAG/COAG15/X0074E.htm et http://www.fao.org/biotech/index.asp?lang=fr).Cependant, le succès de cette stratégie dépendra largement des gouvernements nationaux qui, en fin decompte, sont responsables du développement des politiques appropriées et de l’allocation de ressourcessuffisantes à la recherche agricole dans leurs pays respectifs.

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7Cette étude de cas est condensée de Brinkman (2001).

ANNEXE 1: ÉTUDE DE CAS N° 3

DÉVELOPPEMENT DANS LA ZONE DE SAVANE HUMIDE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST7

INTRODUCTIONLa zone de savane guinéenne de l’Afrique de l’Ouest, qui fait partie du système d’exploitation agricole mixtecéréales-racines, a été choisie pour faire l’objet d’une des études de cas en raison du potentiel dedéveloppement que possède cette très importante ressource naturelle sous-utilisée dans laquelle laproductivité et les revenus des ménages sont actuellement bas. Cette étude reste à un niveau général enraison de la complexité des systèmes d’utilisation des terres et de la diversité des interventions nécessaires.

Climat, ressources en eau et en terresLes savanes guinéennes du nord et du sud s’étendent sur une large bande qui traverse la plupart des pays del’Afrique de l’Ouest. Elles ont un régime de température tropical chaud. La longueur de la période végétative(mai/juin à septembre/octobre) varie d’environ 150 jours – avec souvent de courtes périodes de sécheresse audébut de la saison végétative, en bordure du Sahel – à 210 jours dans la partie sud. Les probabilités desécheresse sont faibles pendant la plus grande partie de la saison végétative, bien qu’une petite période desécheresse puisse se produire à mi-saison près de la limite sud avec la zone issue de la savane et la zoneforestière, où les sécheresses de mi-saison ont un impact sur l’agriculture. La longueur de la périodevégétative et la pluviométrie totale varient non seulement d’année en année, mais aussi à l’échelle desdécennies (relativement humides pendant les années 30 à 60, sèches au cours des années 70 et au début desannées 80, relativement humides depuis lors). La moyenne annuelle des pluviométries de la zone varie de 800 mm au nord à 1200 mm au sud. L’évapotranspiration potentielle, qui se situe entre 1500 et 2000 mm, dépassela pluviométrie annuelle. Le surplus pluviométrique pendant la saison humide est généralement inférieur à 300 mm. La profondeur de l’eau souterraine au fond des vallées et des plaines des rivières est variable.

Plusieurs fleuves traversent la zone de savane guinéenne. La Gambie est très saisonnière; durant la saisonsèche, l’eau salée remonte jusqu’à 250 km de l’embouchure. En l’absence de construction importante debarrage, on estime qu’un maximum de 2 400 ha pourrait être irrigué en saison sèche. Les sources du fleuveSénégal se trouvent dans la zone de savane guinéenne. Le débit annuel quittant cette zone est estimée àenviron 8 km3, mais durant la saison sèche, le fleuve s’assèche souvent. On estime que le fleuve Sénégalpourrait permettre d’irriguer quelque 15 000 ha de savane guinéenne. Le débit annuel des eaux du Nigerentrant par le sud dans la zone de savane guinéenne est estimé à 40 km3. Au Mali, plusieurs affluents ayant undébit total annuel d’environ 16 km3 se jettent dans le fleuve Niger avant que celui-ci ne quitte la zone de savanehumide en direction du delta intérieur où beaucoup d’eau est perdue par évaporation. Le débit du Niger estd’environ 30 km3 lorsqu’il entre à nouveau dans la zone de savane humide et d’environ 40 km3 lorsqu’il quittela savane guinéenne au sud. Il est difficile d’estimer le potentiel d’irrigation en zone de savane humide, mais lepotentiel d’irrigation totale du Niger est d’environ 2,8 millions d’ha.

Les sources du fleuve Volta sont situées dans la zone de savane humide. Lorsque la Volta quitte la zone endirection du sud, son débit annuel est estimée à environ 8 km3 et la superficie irrigable à 0,7 million d’ha. Lasuperficie actuellement équipée pour l’irrigation dans cette zone est de l’ordre de 84 000 ha, terres humides etfonds de vallée cultivées non compris.

Les principaux sols de la zone (les lixisols) contiennent des argiles peu actives mais leur saturation basiqueest relativement élevée. On trouve, associés aux lixisols dans les parties les plus humides, des sols plus acides,dont la saturation basique est plus faible (les acrisols) et, dans les parties plus sèches au nord de la zone, dessols acides sableux (les arenosols). Des sols très pauvres, très peu productifs, avec un couche latéritique àfaible profondeur sont dispersés dans toute la zone et peuvent être localement dominants, comme danscertaines parties du nord du Ghana. Les sols sableux sont relativement faciles à travailler mais sont déficientsen éléments nutritifs et retiennent peu d’humidité. La fertilité naturelle des sols acides des parties les plushumides est généralement faible, et beaucoup d’entre eux ont besoin d’applications de chaux et de phosphatepour augmenter leurs rendements. Dans les vallées et les principales plaines fluviales, les sols sont

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généralement fertiles mais intensivement cultivés dans de nombreux endroits. En l’absence d’apports réguliersd’éléments nutritifs, ils peuvent s’épuiser très rapidement.

Les savanes guinéennes font partie d’une zone agroécologique étendue que l’on retrouve aussi en Afriquede l’Est et du Sud, dans la région des Cerrados du nord-est du Brésil, ainsi que dans certaines régions deplusieurs pays d’Asie du Sud-Est et du Sud. Les technologies agricoles d’autres régions de cette zonepourraient être essayées et, si cela est possible en raison de la similitude des conditions, adaptées pour êtreutilisées dans les savanes guinéennes8.

Utilisation générale des terres et systèmes d’exploitation agricole Les savanes guinéennes, moins densément peuplées que les zones plus près des côtes, ont encore des terrestrès peu utilisée, particulièrement en s’éloignant des routes. Les terres facilement accessibles sont trèsutilisées pour la production de cultures annuelles, avec généralement peu d’intrants externes et desrendements faibles. Les cultures sont le maïs et le sorgho; les mils dans le nord ; le coton, le manioc, le sojaet le niébé; l’igname près de la bordure sud; et le riz aquatique dans les plaines et les vallées. On trouve souventdu maraîchage et des fruits dans les jardins familiaux. De nombreuses fermes possèdent des bovins,principalement des N’Dama, utilisés pour la traction animale ou pour la production laitière; toutefois, ils sontmoins fréquents en bordure sud à cause de la menace que représente la mouche tsé-tsé. On rencontresouvent des petits ruminants près des habitations. Le fumier est principalement utilisé pour maintenir laproductivité du jardin de case, une petite partie est parfois aussi répandue sur les champs les plus proches.Une partie des exploitations a recours à la traction animale, surtout les bœufs; quelques unes des plus grandesexploitations ont un tracteur, mais de nombreux agriculteurs travaillent leur terre à la houe, ce qui limiteénormément les surfaces cultivées. Les ménages consomment généralement une grande part des produits del’exploitation, certains sont vendus au moment de la récolte.

Nous avons identifié cinq systèmes d’exploitation agricole (SEA)9 principaux ou variantes dans la zone desavane guinéenne, en fonction des densités de population, des proportions de terre cultivée et des densitésde bétail (tableau 1).

Le premier système (SEA 1) recouvre la plupart de la partie nigériane de la zone, une grande partie duBurkina Faso, certains parties du Togo et du Bénin et une partie du Sénégal. C’est un système agricole mixteoù les densités de population, la proportion de terre cultivée et la densité de bétail sont moyennes à fortes. Uneexpansion et une intensification sont encore possibles. Ce système occupe une grande partie des terres prèsde la transition avec les deux systèmes mixtes intensifs agriculture-élevage pratiqués dans les zonesdensément peuplées et autour des centres urbains (le plateau de Jos et autour de Kano au Nigeria, deOuagadougou au Burkina Faso et de Dakar au Sénégal). Dans un de ceux-ci, le SEA 2, la forte densité depopulation entraîne une utilisation importante de terres et une forte densité de bétail; dans l’autre, le SEA 3, laproportion de terres cultivés et le nombre de têtes de bétail, tous deux plus faibles, reflètent l’effet des centresurbains et de la très forte densité de population urbaine et périurbaine. Dans ces deux systèmes, lesaccroissements de production agricole viendront plus de l’intensification que de l’expansion.

Le SEA 4 couvre de larges étendues au Bénin, au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée, en GuinéeBissau et au Sénégal, et dans le reste des pays mentionnés ci-dessus. Comme on peut s’y attendre, laproportion de terre cultivée et la densité de bétail sont plus faibles en raison des densités de population plusfaibles. Le système comprend un type d’exploitation mixte autour des villages, et l’agropastoralisme et lepastoralisme dans les zones environnantes. En plus des troupeaux de N’Dama, tolérants au trypanosome (parexemple en Guinée), on rencontre des troupeaux de Zébu dans les zones où la pression de la mouche tsé-tséest relativement faible. Ces troupeaux migrèrent vers le Sud avec leurs propriétaires pendant les sécheressesdes années 80 (par exemple vers la Côte d’Ivoire) où nombre d’entre eux se sont installés. L’installation d’unnombre croissant de personnes dans ces endroits de la zone sahélienne vers le nord où l’eau est disponible,a réduit les possibilités de pâturage en saison des pluies et a conduit ensuite les pasteurs nomades à se fixerdans cette zone. L’agriculture et l’élevage de troupeaux coexistent avec peu d’intégration, entraînant desconflits fréquents. Le manque de droit foncier formel ou d’arrangements fonciers sûrs contribue à cettesituation. On rencontre le système mixte (SEA 5) encore plus extensif et un peu plus orienté vers l’élevage versla limite plus humide de la zone guinéenne.

8Un exemple est décrit dans Nachtergaele et Brinkman (1996).

9FAO, 1999.

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Dans la mesure où des facteurs tels que la pauvreté des sols ou la prévalence de l’onchocercose ou de latrypanosomiase animale ne freinent pas leur développement, les expansions de surfaces de ces deuxsystèmes agricoles pourraient être importantes, particulièrement pour les systèmes intégrés agriculture-élevage.

Infrastructure, services et institutionsDans les pays de la savane guinéenne, les efforts des investissements publics en matière de transport rural sesont généralement concentrés sur l’amélioration des routes principales. On estime que 50 à 70 pour cent duréseau des routes secondaires de la zone de savane guinéenne sont en mauvais ou très mauvais état. Leschemins d’accès, qui sont généralement mal entretenus et manquent souvent de structures simples mais debase telles que les fossés, deviennent impraticables pour les véhicules pendant la saison des pluies. Cesconditions renchérissent, ralentissent et parfois même rendent impossible le transport des produits auxmarchés locaux ou un peu plus éloignés.

Un certain nombre de faiblesses affectent le système local de commercialisation, particulièrement les pluspetits marchés ruraux et les marchés secondaires, qui forment le lien entre celui-ci et les principales zones deconsommation. Les problèmes rencontrés sont, en plus des difficultés de transport, le manque d’équipementde base entraînant des gaspillage et des pertes, des distorsions dans les flux des produits, dans la formationdes prix et la transparence du marché. En conséquence, le système commercial est lent à répondre auxdemandes des producteurs et des consommateurs, ses coûts de transaction sont élevés et son mauvaisfonctionnement entraîne des pertes importantes, spécialement pour les produits périssables, y compris lemanioc.

Seule une faible partie de la population rurale de la savane guinéenne bénéficie d’un accès facile à l’eaupotable. Dans la plupart des cas l’approvisionnement traditionnel, à partir des ruisseaux et des mares,nécessite beaucoup de temps et des efforts considérables; ces ruisseaux et ces mares peuvent s’assécherpendant les périodes sèches, de plus la qualité de leurs eaux est très mauvaise durant la saison sèche. Lesmaladies causées par l’eau sont nombreuses. Dans la plupart des pays de la zone de savane guinéenne, moinsde 15 pour cent des villages sont reliés au réseau national d’électricité. Le manque d’électricité limite lespossibilités d’éducation, de fourniture d’eau en zone rurale, d’irrigation et de transformation locale.

Le système de vulgarisation «formation & visite» a été introduit dans la plupart des pays de la zone, il apermis d’unifier des sous-services tels que ceux de l’élevage, des forêts et des pêches. Il a apporté certainsavantages mais s’est révélé financièrement non durable; de plus, il ne fonctionne souvent pas très bien àl’intérieur des structures gouvernementales décentralisées. Dans les zones récemment repeuplées à la suitede l’éradication de l’onchocercose, l’information concernant la vulgarisation circule souvent mal et est mêmeparfois inexistante.

A part quelques crédits liés à la culture du coton, les services d’épargne et de prêt sont le plus souventabsents de la zone. Les taux du crédit informel sont généralement très élevés.

Dans la zone de savane guinéenne, les organisations d’agriculteurs sont en général faibles ou inexistantespour les raisons suivantes: installation récentes des agriculteurs à la suite de l’éradication de l’onchocercose,isolement des villages et faiblesse des communications par rapport aux zones plus proches des côtes.

Table 1. Systèmes d’exploitation agricole en zone de savane guinéenne, Afrique de l’Ouest

N° Densité de Terre Densité du Ha cultivés Nbre. bétail Niveau population cultivée bétail /100 pers. /100 pers. d’exploitation(pers/km2) (%) (tête/km2)

SEA 1 63 18 11 29 17 Moyen

SEA 2 142 84 39 59 27 Fort

SEA 3 238* 37* 20* 16* 8* Fort

SEA 4 23 5 8 22 35 Faible

SEA 5 13 2 4 15 31 Faible

* Valeurs non ajustées pour la présence de terre et de population urbaines.

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Cependant, il existe dans la plupart des villages une certaine cohésion sociale basée sur les structures et lesrelations traditionnelles. Cette cohésion sociale pourrait servir de base pour les organisations ruralesd’agriculteurs.

LIMITES ET POTENTIEL DE L’INSTALLATION DANS LES NOUVELLES TERRES ET DU CHANGEMENTS DE LEUR UTILISATION Deux problèmes importants se sont historiquement opposés au développement de cette zone: l’onchocercoseet la trypanosomiase. Les efforts importants du Programme de contrôle de l’onchocercose (PCO) mis en routeen 1974 pour éradiquer la cécité des rivières en Afrique de l’Ouest, ont permis d’éviter plusieurs centaines demilliers de cas de cécité et de récupérer 25 millions d’ha de terres précédemment infestées. La plupart de lasavane guinéenne est maintenant exempte d’onchocercose, et le programme continue à travailler àl’éradication dans les zones endémiques restantes, par exemple certaines parties du Nigeria. Le programme aainsi levé une contrainte majeure au développement socioéconomique et ouvert d’importantes nouvellespossibilités pour les populations de la région. Une partie importante des terres agricoles devenues disponiblesgrâce au contrôle de l’onchocercose (les «nouvelles terres») est probablement relativement fertile et a accèsà l’eau de surface ou souterraine car l’onchocercose se développait le plus fréquemment près des rivières oùle vecteur (la mouche noire) déposait ses oeufs.

Alors que l’onchocercose a été efficacement contrôlée dans plus de 60 pour cent de la zone, latrypanosomiase animale africaine (TAA) transmise par la mouche tsé-tsé représente encore une contraintemajeure au développement agricole. La distribution de la présence de la mouche tsé-tsé, et donc du risque dela trypanosomiase, n’est pas uniforme dans toute la zone. La distribution de la tsé-tsé dépend du climat, elleest associée à la présence de différentes espèces adaptées soit à la savane soit à la végétation le long desrivières. C’est pourquoi dans la bande nord, la partie la moins humide de la zone de savane guinéenne, lamouche tsé-tsé ne sera généralement présente que le long des principaux systèmes de drainage. L’utilisationde pâturages adaptés permet alors aux éleveurs de minimiser l’exposition du bétail à la mouche. Cependant,dans la bande sud, plus humide, la mouche tsé-tsé ne se limite pas aux systèmes de drainage, mais elle envahitaussi, selon la saison, la savane voisine; ainsi, les risques de trypanosomiase augmentent-ils vers le sud.

Pour répondre à cette menace, les agriculteurs ont pris l’habitude d’élever du bétail tolérant à latrypanosomiase, c’est-à-dire tolérant aux trypanosomes, parasites causant la TAA. Il a été effectivementdémontré que le bétail tolérant contribue à réduire le problème de la trypanosomiase; toutefois, la toléranceseule ne permet pas aux agriculteurs d’élever les animaux comme et où ils le souhaitent. La présence de lamouche tsé-tsé demeure un obstacle majeur au développement de l’élevage et freine particulièrement ledéveloppement agricole mixte et l’intensification. La TAA empêche les agriculteurs de transformer leuragriculture de subsistance en un système d’élevage plus intensif. Une étude récente de la FAO10 décrit leszones où l’éradication de la mouche tsé-tsé serait la plus bénéfique pour le bétail. Ces principales zones ensavane guinéenne comprennent le triangle du coton de l’ouest africain (Burkina Faso - Mali - Côte d’Ivoire) etla moyenne ceinture du Nigeria. Une étude en cours étudie plus en détail les bénéfices économiquesd’opérations de contrôle à grande échelle.

La mouche tsé-tsé transmet aussi aux humains la maladie du sommeil. Cette maladie, qui est concentréedans une série de lieux dans les parties les plus humides du sud de la zone de savane guinéenne, est unproblème grave.

PRINCIPAUX PROBLÈMES, POSSIBILITÉS ET INTERVENTIONS ESSENTIELLESLes possibilités et les interventions de développement les plus efficaces pour réduire la pauvreté, augmenterla productivité et assurer la durabilité des systèmes d’exploitation agricoles des ménages de la zone de lasavane guinéenne portent sur l’intensification des systèmes d’exploitation agricole mixte agriculture-élevage.Cette intensification implique: l’irrigation localisée; l’amélioration des services du système pastoral/agropastoral; l’amélioration de l’intégration agriculture-élevage (animaux de trait, alimentation à partir descultures de couverture et des sous-produits de récolte, fumier issu de la production animale intensive); ladiversification par l’introduction de nouvelles cultures et rotations; la promotions d’entreprises localesprocurant de la valeur ajoutée après récolte; et l’amélioration de l’infrastructure, des services et institutions auservice des personnes et des entreprises de la zone.

10Swallow 2000.

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Les possibilités spécifiques et les interventions prometteuses présentées ci-après ne doivent pas êtreconsidérées isolément; elles ont pour but d’aider les ménages et les communautés à améliorer leurs moyensde subsistance à partir des ressources et des systèmes d’exploitation agricole de la zone. Les synergies entreces interventions sont importantes. Par exemple, l’agriculture de conservation réduit le besoin en tractionanimale pour la préparation de la terre, de sorte que les animaux de trait peuvent être utilisés sur de plusgrandes surfaces. Ce type d’agriculture réduit les possibilités de pâturage des terres cultivées pendant lasaison sèche, mais il implique la production de cultures de couverture et augmente les sous-produits derécolte qui peuvent être utilisés pour améliorer l’alimentation des animaux durant la saison sèche. Certainesinterventions peuvent déjà améliorer considérablement la situation actuelle, mais la plupart d’entre-elles neseront pleinement bénéfiques que si elles sont accompagnées d’améliorations des infrastructures, desservices et des institutions comme cela a été mentionné dans la dernière section.

PRODUCTION VÉGÉTALE INTENSIFIÉE RENTABLE ET DURABLE Des changements dans la gestion des sols, des cultures et des ravageurs des plantes peuvent permettre auxménages agricoles d’améliorer grandement leur situation économique et nutritionnelle. Ces modifications dessystèmes d’exploitation agricole permettent de diminuer le coût des intrants, de mieux répartir les charges detravail au cours de l’année, d’améliorer l’action des engrais et de la matière organique, de réduire l’effet desmauvaises herbes et la nécessité de lutter contre les insectes et les maladies, et entraînent l’augmentation etla stabilisation des rendements. Ces changements comprennent trois éléments ou aspects principaux.

L’agriculture de conservation est basée sur le travail minimum ou le non travail du sol, le semis direct et lacouverture continue du sol11; ces techniques améliorent la résistance à la sécheresse et réduisentprogressivement l’action des mauvaises herbes. La gestion intégrée de la nutrition des plantes, basée sur larotation des cultures en y incluant des légumineuses, la couverture continue du sol et le recyclage maximumd’éléments nutritifs – y compris du fumier et des résidus ou déchets après récolte – améliore l’équilibre deséléments nutritifs pour les plantes et augmente l’efficacité des applications d’engrais minéraux. La gestionintégrée des ravageurs et des cultures (GIRC) est basée sur une gestion des cultures qui accroît la résistanceaux maladies et aux mauvaises herbes et sur une observation périodique systématique, de la part desagriculteurs, de l’équilibre entre les prédateurs naturels et les infestations. Ainsi, la GIRC permet de réduire oumême d’éliminer les traitements pesticides, de baisser ainsi les coûts de production et d’améliorer l’étatsanitaire des plantes et les rendements. La culture de mucuna nous fournit un exemple de ces trois éléments:couverture pour le contrôle des mauvaises herbes, renforcement de la fertilité du sol et production d’unaliment pour le bétail. Cette pratique, qui est déjà courante dans certaines parties de la zone de savaneguinéenne, est encore inconnue sur de larges étendues.

De telles améliorations des systèmes d’exploitation agricole existants, ainsi que d’autres changementsdiscutés ci-dessous, ne peuvent pas être simplement délivrés tels quels. Ils doivent être étudiés, testés etadaptés au moyen d’expérimentation en vraie grandeur, d’un apprentissage participatif et de discussions, afind’être parfaitement compris et appliqués avec succès. Les méthodes se rattachant à l’enseignement desagriculteurs au champ, aux comités de recherche d’agriculteurs, au développement participatif detechnologies, à la promotion d’agriculteurs innovateurs, et au campesino a campesino ont toutes démontréleur efficacité pour augmenter et maintenir la participation active, la coopération et l’initiative des agriculteurs.Les organisations d’agriculteurs, les ONG et les fournisseurs privés de service de vulgarisation à petite échelleont tous la responsabilité de permettre aux communautés locales de prendre les meilleures décisions baséessur une bonne compréhension scientifique plutôt que sur des recettes standards.

L’introduction, dans le cadre d’un apprentissage participatif et de découverte, de méthodes de non travaildu sol, de couverture continue du sol avec des rotations adaptées de cultures qui peuvent permettre, en deuxou trois ans, d’augmenter considérablement les rendements et la tolérance à la sécheresse, même en utilisantpeu d’intrants externes, est un bon point de départ. D’autres améliorations peuvent être étudiées par la suiteaprès ce succès initial.

Investissement dans les équipements pour une agriculture de conservationLe manque de puissance de traction, particulièrement pour le travail du sol et les opérations de semis, freineaujourd’hui l’augmentation ou même le maintien de la production agricole. Le manque de main-d’œuvre dû aux

11Des exemples de pratiques agricoles sont décrits dans l’agriculture de conservation des petits agriculteurs, FAO (1997).

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migrations et aux maladies, le manque d’animaux de traction dû à la présence de la trypanosomiase ou aumanque de fourrage et le manque de puissance motorisée dû aux limitations en capital et en services, sontautant de facteurs responsables du retard des opérations de semis, qui entraînent des rendements faibles oulimitent les surfaces cultivées. L’agriculture de conservation, qui nécessite beaucoup moins de puissanceagricole, permet de mener à temps les opérations de semis et d’obtenir ainsi des rendements plus élevés, touten laissant la force de travail disponible pour des activités plus rémunératrices. L’introduction de cettetechnologie peut nécessiter une aide à l’investissement, plutôt sous forme de crédit que de don. Le semoirreprésentera le principal investissement en équipement. Il peut être, en outre, nécessaire de soussoler unefois les terres particulièrement dégradées et d’avoir recours aux traitements herbicides durant les deux outrois premières années. Les cultures de couverture et les résidus laissés après la récolte peuvent êtredécoupés à l’aide d’un rouleau coupant, qui peut être facilement fabriqué localement à bas prix12.

Investissement dans le développement de l’élevageComme nous l’avons expliqué précédemment, la solution du problème que représente la mouche tsé-tsédevrait avoir un impact majeur sur le développement agricole général de cette zone. C’est pourquoi lesrésultats des études en cours sur la rentabilité du contrôle et de l’éradication de la mouche tsé-tsé, menéesconjointement par la FAO et le FIDA, peuvent permettre de préparer des investissements dans cette zone. Laprivatisation des services vétérinaires et de la vulgarisation constitue un bon début; elle nécessite une revuede ce secteur dans toute la région, pour tenir compte des échecs et des succès, afin d’identifier les besoinsprésents et les possibilités d’investissement.

Le pastoralisme de cette zone est de plus en plus sédentaire; il occupe des terrains qui ne sont pas encoreutilisés pour la culture, à une certaine distance des villages. Certains pays doivent encore mettre en place despolitiques et des législations afin d’établir des titres fonciers légaux d’occupation des terres pour les éleveurset pour les agriculteurs. Les approches participatives seront essentielles pour résoudre les problèmesfonciers. On pourrait commencer par mettre en place un cadre légal pour les modèles d’installation etd’occupation des terres plutôt que d’envoyer les éleveurs vers des zones pastorales nouvellement créées.

Les systèmes pastoraux et, de plus en plus, agropastoraux deviendront plus rentables et plus durablesgrâce aux investissements stratégiques associés à la promotion des organisations d’éleveurs et à la formation.Plus spécialement, l’établissement de marchés de bovins, bien distribués et faciles d’accès, et d’abattoirslocalisés aux endroits stratégiques, est essentiel pour s’assurer que les propriétaires de bétail eux-mêmesprofitent de la valeur ajoutée de leur élevage. L’accès aux soins vétérinaires, les installations de quarantaineet de vaccination amélioreront non seulement la santé animale et la productivité, mais permettront aussi lacertification des animaux ou de la viande pour l’exportation, et faciliteront ainsi l’ouverture de nouveauxmarchés et augmenteront l’acceptation des produits. Ces services, ainsi que les marchés et les abattoirs,pourraient relever du secteur privé si des contrôles du gouvernement sur la santé et la qualité sanitaire étaientmis en place.

La promotion de la traction animale est un facteur essentiel pour améliorer l’intégration agriculture-élevage.Ce problème doit être considéré comme faisant partie d’un ensemble permettant l’utilisation durable de latraction animale dans la région et être traité comme tel. Les animaux doivent être issus des troupeaux locauxplutôt que d’élevages des gouvernements. On peut introduire des races améliorées dans ces troupeaux si unesélection appropriée peut être conduite.

L’amélioration des techniques d’élevage devrait être introduite dans les systèmes agricoles mixtes. Cestechniques sont: la stabulation de nuit pour permettre la collecte du fumier ou la stabulation permanente avecune alimentation convenable et une utilisation maximum des résidus de récolte et des sous-produits ainsi quedes plantes fourragères. L’amélioration de l’alimentation grâce à l’utilisation des plantes fourragères et dessous-produits de récolte serait particulièrement bénéfique pour la production laitière ou pour l’alimentation àl’étable pendant la saison sèche. L’intensification de la production animale à cycle court au niveau du village,telle que la volaille et la production d’œufs pour les marchés locaux et l’engraissement des petits ruminantspour les fêtes annuelles, peut se faire en utilisant peu d’intrants. Par contre, l’introduction de pratiquesaméliorées semi-intensives d’élevage de volaille, de petits ruminants et de production porcine, peut être plusdifficile à réaliser. Ces pratiques nécessitent des services vétérinaires et de vulgarisation opérationnels,

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12Des exemples de développement local et de production d’équipement pour l’agriculture de conservation au Brésil sontdécrits dans FAO (2000).

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l’accès à l’alimentation du bétail et aux concentrés, ainsi qu’aux services de reproduction. Tous ces servicespeuvent être fournis pour répondre à la demande d’agriculteurs organisés en associations; ils impliquent aussides investissements complémentaires pour faciliter l’accès aux marchés locaux.

Les coopératives laitières des zones périurbaines n’ont pas toujours obtenu de bons résultats. Deux raisonssont souvent invoquées pour expliquer ce manque de succès: la concurrence avec le lait en poudre, facile àimporter, à stocker et bon marché et le fait que, souvent, les intéressés ne sont pas impliqués dans latransformation, la vente au détail et la distribution. Le prix du lait en poudre restera une contrainte majeure;toutefois, la participation des associations de propriétaires de bétail dès la mise en route des projets pourraitapporter un élément de réponse. En cas de réussite, l’amélioration génétique des races locales pourraitconstituer l’étape suivante. Dans plusieurs endroits les investisseurs privés s’intéressent déjà aux élevagesintensifs périurbains de volaille, de porc et de production laitière. Les zones agricoles proches peuvent profiterde l’établissement de liens commerciaux avec ces systèmes de production, en vendant des aliments pour lebétail et des sous-produits de récolte et en utilisant le fumier de ces systèmes intensifs.

Equipement bon marché pour la petite irrigation Ces dernières années, plusieurs pays ont commencé à développer et à utiliser largement un équipementd’irrigation goutte-à-goutte précis et bon marché. Ces systèmes ont produits de bons résultats sur dessurfaces allant de 20 m2 pour les jardins de case, à quelques hectares pour des groupes d’horticulteurs. Detels systèmes, déjà testés dans certains pays d’Afrique permettront, près de l’eau de surface ou lorsque l’eausouterraine est peu profonde, la production de cultures maraîchères et fruitières pendant la saison sèche pourla consommation locale et pour les marchés. La production de 20 m2 de maraîchage ne requiert que quelquesseaux d’eau par jour; une pompe à main ou à pied de modèle suisse peut fournir l’eau nécessaire à l’irrigationde plusieurs centaines de mètres carrés. Des ensembles de pompes à moteur seront nécessaires pour dessystèmes plus grands. Les pompes à pied, déjà utilisées au Sénégal et en Tanzanie par exemple, peuvent êtrefabriquées localement en utilisant des matériaux bon marché.

Introduction de la culture du palmier à huile et de sa transformationLe récent développement de clones précoces de palmier à huile à haut rendement, adaptés à certainsenvironnements non traditionnels facilite leur introduction dans certaines parties de la savane guinéenne,spécialement dans les vallées et les plaines des fleuves où la présence d’eau souterraine est relativementlimitée.

L’importance économique du palmier à huile provient de sa très forte productivité en huile. Dans le secteurdes plantations, de grandes usines produisent l’huile de palme brute pour les industries de raffinage de l’huilecomestible qui poursuivent la transformation en huile de cuisine, en margarine et en matière grasse pour lapâtisserie. L’huile brute, pour l’utilisation des ménages et la vente locale, est généralement produite à partir deprocédés artisanaux traditionnels. Ceux-ci sont relativement simples mais fatigants et inefficaces; leur taux detransformation est relativement faible. Des procédés manuels ou complètement automatisés, beaucoup moinsfatigants et ayant une bien meilleure efficacité d’extraction, sont aujourd’hui très utilisés pour l’extraction del’huile de palme à petite échelle. L’équipement d’extraction à petite échelle, dont l’efficacité a encore besoind’être améliorée, est produit localement dans un certain nombre de pays de la région.

Transformation locale et commercialisation des produits du manioc et du sojaAfin de le rendre non toxique, d’augmenter sa durée de conservation et de faciliter son transport, le maniocest généralement transformé à la maison ou au village avant sa consommation ou sa commercialisation. Lepremier type de transformation du manioc est la production de chips par dessiccation. Il existe aujourd’hui uncommerce important, mais très concurrentiel, de chips de manioc pour l'alimentation du bétail. Les coûts dedistribution (transport) étant un facteur important pour les importations européennes de chips de manioc, lesports de l'Afrique de l'Ouest peuvent présenter un avantage par rapport aux fournisseurs traditionnels del’Asie. Les chips de manioc pourraient aussi devenir importantes pour l’alimentation des animaux desagriculteurs et des éleveurs locaux.

Le deuxième type de transformation est la production de farine (à partir des chips) et d’une variété deproduits tels que le fufu, produit humide hautement périssable, préparé à partir de la farine de manioc, le gari,aliment de base fermenté, l’attieke, aliment fermenté pré gélatinisé, semblable au gari, le lafun, farine demanioc fermentée et le chickwangue, pâte de manioc pré gélatinisée se présentant habituellement sous forme

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de boules. Tous ces produits sont généralement fabriqués à la maison ou au village en utilisant deséquipements relativement simples pour l’épluchage, le grattage, le séchage, le tamisage et le chauffage (à secou à la vapeur). Un investissement de quelques centaines de dollars peut permettre d’installer une industrie detransformation du manioc au niveau d’un village. Il existe aussi quelques grandes chaînes automatisées pourla préparation du gari, de l’attieke et de la farine de manioc.

La transformation du manioc au niveau des ménages ou des villages nécessite beaucoup de main-d’œuvre;toutefois, son potentiel de génération de revenu en zone rurale est considérable. L’introduction detechnologies améliorées et la formation seraient très utiles dans ce domaine.

La valeur nutritive du soja, aussi bien pour les humains que pour les animaux domestiques, estexceptionnelle. Cependant, il est nécessaire de cuire, de griller ou d’extruder son grain pour qu’il deviennedigestible pour les humains. Le soja peut être aisément transformé au village. Le lait de soja et ses dérivés telsque le tofu, le yogourt et la crème glacée sont relativement faciles à préparer. La production de lait de soja estsimple, elle ne demande aucun équipement spécial et peut être réalisée par les ménages. Un investissementde quelques centaines de dollars permet d’installer une industrie artisanale de production de lait de soja. Denombreuses firmes dans le monde fabriquent des chaînes de production de lait de soja complètementautomatisées. Quelques investissements supplémentaires sont nécessaires pour la production de tofu ou deyoghourt à partir du soja. La fraction solide, restant après la filtration du lait, constitue la base de plusieursplats populaires du Nigeria.

Le procédé d’extrusion-extraction permet la production d’huile de soja à petite ou à moyenne échelle. Ceprocédé permet de récupérer environ la moitié de l’huile contenue dans le grain. Le produit de qualité qui enrésulte, à haute teneur protéique, peut être transformé en farine et utilisé pour augmenter la teneur en protéined’un certain nombre de produits alimentaires pour la consommation humaine. Ce produit peut aussi être utilisécomme un composant riche en protéine de l’aliment du bétail, particulièrement dans les systèmes intensifspériurbains de production de viande ou de lait. On peut produire de la matière grasse de soja complète etmeilleur marché par extrusion directe; ce procédé donne un produit riche en protéine et en calorie pourl’alimentation animale.

Fabrication, maintenance et réparation locales de l’équipement Il est impératif que l’approvisionnement en équipements et l’accès aux services appropriés soient assurés dèsle tout début de l’introduction de l’agriculture de conservation et du semis direct sans travail du sol. Plusieurspays ont mis au point et produisent l’équipement nécessaire pour le semis direct sans travail du sol pour unegrande variété de cultures, de systèmes d’exploitation agricole et de tailles d’exploitation. En conséquence, latechnologie de base existe et peut être introduite en Afrique de l’Ouest. Cependant, l’équipement doit êtreadapté aux conditions locales, aux matériaux disponibles et aux habitudes locales. Cette adaptation nécessite,dès le départ, une collaboration étroite entre les forgerons ruraux, les ateliers et les petits fabricants, et lesagriculteurs, utilisateurs des nouvelles technologies.

L’expérience a montré que le secteur privé est plus à même de réaliser un tel processus de développementtechnologique d’équipement que les stations de recherche. Dès le départ, les ateliers de mécaniques et lesfabricants doivent se sentir pleinement responsables de la mise au point de l’équipement. Les futurs fabricantset les services de réparation devront collaborer étroitement avec les agriculteurs utilisant les technologiespour s’assurer qu’elles correspondent bien aux besoins de l’agriculture de conservation et qu’ellesreprésentent, à long terme, un marché intéressant pour eux.

L’aide à l’introduction de l’agriculture de conservation devrait donc inclure des mécanismes destinés àfaciliter l’établissement d’une petite industrie pour produire, distribuer, fournir les services et développerultérieurement les outils et les instruments de l’agriculture de conservation. Les états du sud du Brésilfournissent un bon exemple de création d’une telle petite industrie.

Investissements pour appuyer l’infrastructure, les services et les institutionsLa diffusion effective des voies de recherche, des innovations et des améliorations des systèmes d’exploitationagricole et des activités économiques qui en découlent, conduite par les personnes concernées elles-mêmes,nécessitera une structure d’appui efficace. Il sera pour cela nécessaire de résoudre les problèmes suivants:l’absorption des surplus de l’offre de produits et de leurs dérivés par les marchés, l’information sur lesmarchés, la disponibilité en intrants appropriés en temps voulu, le crédit saisonnier et, à long terme,l’assistance technique et scientifique capable de répondre à la demande des agriculteurs et de leurs

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associations ainsi qu’une infrastructure de transport bien entretenue. L’assistance extérieure sera, dans denombreux cas, nécessaire pour financer le renforcement nécessaire des institutions et des services, etl’amélioration ou la réhabilitation des infrastructures; toutefois, les opérations de maintenance et d’entretiendevront être financées par des services payants ou par tout autre type de paiement de la part desbénéficiaires. La gestion pourrait être assurée par des communautés locales et des institutions, desentreprises privées ou des entités provinciales ou nationales s’autofinançant, responsables devant lesbénéficiaires payant ces services. L’investissement en matière de services financiers devrait se concentrer surla formation, la promotion de l’épargne et les prêts à des groupes en zones rurales, facilitant ainsil'organisation d’institutions bancaires locales et la formation de leur personnel, plutôt que sur le financementextérieur du crédit.

ANNEXE 1: ÉTUDE DE CAS N° 4

CONSERVATION DE L’EAU ET RÉHABILITATION DES SOLS EN INDE ET EN AFRIQUE: POTENTIEL ET PRATIQUES13

INTRODUCTIONLa plupart des ruraux des pays en développement dépendent d’une économie de subsistance utilisant desproduits végétaux et animaux (Agarwal et Narain, 1989). Cependant, une grande proportion des ruraux pauvresdu monde vit aujourd’hui sur des terres et dans des environnements très dégradés. La pauvreté écologiquepeut être décrite comme le manque de ressources de base écologiquement saines nécessaires à la survie etau développement de la société humaine. Des terres et des écosystèmes sains peuvent fournir la richessenécessaire à une vie économiquement viable, en bonne santé et digne.

Le défi d’aujourd’hui consiste à mobiliser et à responsabiliser les populations pour leur permettred’échapper à leur pauvreté écologique en créant une richesse naturelle et en développant une économielocale forte. L’expérience de l’Inde et de l’Afrique a montré de nombreuses fois qu’un changement économiqueimportant s’est toujours produit lorsque les communautés rurales se sont organisées elles-mêmes afin derégénérer et gérer leurs ressources naturelles de base (Tiffen et al., 1994). Cependant, les systèmes de gestiontechnocratique des ressources imposés de l’extérieur ont invariablement échoué ou se sont montrés nonrentables et donc non adaptés pour répondre aux contraintes financières des pauvres du monde.

CONSERVATION DE L’EAU DE PLUIE ET RÉGÉNERATION DE L’ENVIRONNEMENTAu cours des cent dernières années, la gestion de l’eau a connu dans le monde des changements trèsimportants. Pendant la plus grande partie du siècle dernier, les individus et les communautés abandonnèrentleur rôle de gestion de l’eau à l’état. La simple technologie de stockage et d’utilisation de l’eau de pluie perditde son importance et l’exploitation des rivières, et particulièrement de l’eau souterraine devint prédominante.Cependant, l’attention majeure portée à l’eau des rivières et à l’eau souterraine, qui ne représentent qu’unefaible partie du total des précipitations, conduisit inévitablement à une surexploitation de ces deux origines.Dans de nombreux cas, les gouvernements des pays aux ressources en eau limitées ont encouragé desinterventions massives dans le cycle hydrologique mais ont fait peu de chose pour maintenir l’intégrité dusystème hydrologique lui-même.

En réalité, la collecte de l’eau de pluie et l’utilisation des sources d’eau souterraines sont complémentaireset non substituables. Au cours des années sèches, lorsque la pluie est rare et que les rivières s’assèchent,l’eau souterraine devient une source importante d’eau à la fois pour l’eau potable et pour l’eau d’irrigation(Agarwal, 2000). Cependant, si des systèmes efficaces de conservation de l’eau de pluie étaient mis en place,le recours à l’eau souterraine devrait être très limité dans de nombreux endroits en année normale, où il nejouerait plus qu’un rôle de complément. La conservation de l’eau et l’eau souterraine peuvent, ensemble,mettre les pays à l’abri de la sécheresse et créer la sécurité alimentaire locale.

Dans le cas de l’Inde, par exemple, la moyenne annuelle de la pluviométrie est de 1 170 mm. Mais plus de 50 pour cent de cette pluie tombent sur une période de 15 jours environ et, dans la plupart des cas, en moinsde 100 heures sur un total de 8760 heures par an. Il est donc très important de conserver cette ressource

13Cet article est une synthèse d’études de cas préparés par Agarwal (2001) et Mascaretti (2001).

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extrêmement éphémère avant qu’elle ne soit perdue pour l’utilisation humaine (Agarwal et Narain, 1997). Laconservation effective de l’eau de pluie offre la possibilité de réaliser cela. Il devrait être possible de garantirl’accès à l’eau potable, en quantité suffisante, à tout le pays; de plus, l’eau devrait généralement êtredisponible pour pratiquer au moins les cultures les moins gourmandes en cet élément chaque année.

La conservation de l'eau de pluie peut aussi permettre aux agriculteurs d’être moins dépendants des faiblesinstitutions de l’état. Dans le contexte africain, les tentatives de création de systèmes agricoles intensifs, àgrande échelle et coûteux ont échoué dans la plupart des cas en raison de mauvaises gestions, des politiquesencourageant une utilisation inadaptée et inefficace des ressources en eau et des problèmes financiers quiont pénalisé l’entretien et le personnel.

Cet article présente deux études de cas. Le premier cas, en Inde, décrit la transformation d’une pauvretéécologique en richesse économique durable. Le second cas, au Niger en Afrique de l’Ouest, décrit l’utilisationde technologies locales pour améliorer la conservation et l’utilisation de l’eau. Ces études de cas sontimportantes parce qu’elles montrent, non seulement comment des technologies simples peuvent radicalementaméliorer la disponibilité en eau pour les agriculteurs pauvres, mais aussi parce qu’elles illustrent les impactsécologiques, sociaux et économiques qu’elles entraînent. Les expériences du village de Sukhomajri en Indes’étalent maintenant sur 20 ans. L’expérience du cas du Niger est plus récente, mais reste très spectaculaireet importante.

Au cours des années 70 et 80, l’Inde a connu un certain nombre d’expériences à petite échelle de gestioncommunautaire réussie des ressources. Il est remarquable de voir qu’il est possible de transformer, en peu detemps, un village pauvre et en détresse, sans ressource et écologiquement très abîmé, en un lieu riche et vert.Cela est vrai pour les deux exemples présentés dans ce rapport.

EXEMPLE 1: L’EXPÉRIENCE DE SUKHOMAJRI – DE LA CONSERVATION DE L’EAU AU DEVÉLOPPEMENT D’UNBASSIN VERSANT EN INDE

IntroductionOn a beaucoup félicité le village de Sukhomajri près de la ville de Chandigarh, en Inde, pour ses efforts d’avant-garde dans le développement des microbassins versants. En 1976, Sukhomajri, un petit hameau de 455habitants situé dans les collines pré-himalayennes de Sivalik, avait un environnement végétal dispersé, uneagriculture pauvre et une érosion des sols et un ruissellement très importants. Bien que la pluviométriemoyenne annuelle ait été d’environ 1 137 mm, aucune eau souterraine n’était disponible à une profondeurraisonnable. L’érosion du sol et le ruissellement entraînaient une diminution continue de la superficie agricole.L’agriculture étant particulièrement peu sure, les villageois gardaient des troupeaux pour minimiser les risques.Ils cultivaient environ 50 ha de terre non irriguée et élevaient 411 têtes de bétail. Le pâturage continuelempêchait la régénération des plantes et maintenait les collines avoisinantes dénudées.

En 1979, devant faire face à une sécheresse sévère, les villageois construisirent un petit réservoir pourconserver l’eau de la mousson; ils se mirent aussi d’accord pour protéger leur bassin versant afin d’empêcherque leur réservoir ne se remplisse de sédiments. Depuis lors, les villageois ont construit quelques autresréservoirs et ont protégé la forêt dégradée qui s’étend dans la zone de capture de l’eau (Mishra et al., 1980).Les réservoirs ont aidé à presque tripler la production des cultures, et la protection de la zone forestière acontribué à augmenter la disponibilité en herbe et arbres fourragers. Ces améliorations ont entraîné, à leurtour, un accroissement de la production laitière. La prospérité croissante est la cause de changementsimportants dans l’économie de Sukhomajri.

Impact économiqueLes changements économiques et écologiques suivants se produisirent dans le village au fil des ans:● De 1977 à 1986, la production de blé et de maïs augmenta. Au milieu des années 1980, d’importateur de

nourriture Sukhomajri est devenu exportateur (Sarin, 1996)● La protection du bassin versant a entraîné l’augmentation de production de fourrage qui est passée de

40 kg/ha en 1976 à 3 tonnes/ha en 1993. L’accroissement de la production fourragère a conduit à unetransformation des systèmes de production animale. Le nombre de chèvres chuta tandis que le nombre debuffles augmenta, entraînant une augmentation de la production laitière (même référence). Le villagecommença à gagner environ 350 000 Rs par la vente de lait.

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● La protection du bassin versant a aussi entraîné l’accroissement de la production d’une herbe très fibreuseque l’on trouve communément dans la région appelée bhabhar (Eulialopsis binata). Cette herbe est un bonfourrage quand elle est jeune mais est aussi un très bon produit de base pour la production de pâte à papierquand elle arrive à maturité. Les villageois de Sukhomajri utilisent le bhabhar à la fois comme fourrage etpour la pâte à papier. La vente du bhabhar rapporte collectivement au village quelque 100 000 Rs par an(même référence).

● La forêt de 400 ha de Sukhomajri possède aujourd’hui plus de 300 000 khair (Acacia catechu), de grandevaleur (Dhar 1997). Chaque arbre fournit environ 100 kg de bois vendus à 30 Rs/Kg (70 cents EU). Ainsi,chaque arbre vaut 3000 Rs et la forêt entière vaut 900 millions de Rs soit 21,08 millions de dollars EU.L’exploitation durable de la forêt, coupe d’environ 10 000 arbres par an d’un diamètre de plus de 60 cm,permet un revenu de 3 crore Rs (0,7 million de dollars EU) par an (Mittal 1998).

Dans le cas de Sukhomajri, ce sont les changements de politique du département des forêts qui ont stimuléles efforts des villageois pour les amener à protéger leur bassin versant. Auparavant, le département des forêtsvendait aux enchères l’herbe du bassin versant dégradé à un homme d’affaire extérieur au village, qui exigeaitensuite des droits de récolte élevés des villageois. Les villageois expliquèrent qu’ils protégeaient le bassinversant et qu’ils devaient en retirer des bénéfices, et non pas l’homme d’affaire. Le département des forêtstomba d’accord pour donner les droits sur l’herbe à l’association du village, aussi longtemps que les villageoisleur paieraient une rétribution équivalente au revenu moyen dont le département bénéficiait avant que ceux-ci n’entreprennent la protection du bassin. Les villageois paient à leur association villageoise une petitesomme pour couper l’herbe du bassin versant. Une partie de celui-ci est utilisée pour payer le département desforêts et une partie est utilisée pour générer des ressources communautaires pour le village.

Une institution au niveau villageois pour gérer les ressources naturellesDans tout cet exercice une institution villageoise, spécialement créée pour la protection du basin versant, ajoué un rôle crucial. Cette institution a été appelée la Société de gestion des ressources des collines, elle estconstituée d’un représentant de chaque ménage du village. Elle sert de forum à tous les ménages pour discuterde leurs problèmes, gérer l’environnement local et maintenir la discipline entre ses membres. La sociétés’assure qu’aucun ménage ne fait pâturer ses animaux sur le bassin versant; en retour, elle a créé un cadrepour une juste répartition des ressources ainsi générées entre les ménages, principalement, l’eau, le bois etl’herbe.

Futures stratégies opérationnelles dans le cas de l’IndeEn dépit du succès de Sukhomajri et d’autres communautés qui ont mené des expériences semblables àRalegan Siddhi et à Tarun Bharat Sangh, l’adoption de ces pratiques a été très limitée dans le reste de l’Inde.Les critiques ont souvent prétendues que ces exemples ne pouvaient pas être répliqués car ils étaient le faitd’individus remarquables qui ont persévéré pour apporter un changement. Mais cela n’est pas unedescription correcte de la réalité: ces exemples sont demeurés dispersés en raison de l’absence dans le paysd’un système de gouvernance capable d’encourager le contrôle local des ressources naturelles. Lesexemples actuels existent en dépit du système et non pas grâce à lui. Il faut donc que les individus soientparticulièrement persévérants pour être capables de changer les choses au niveau de leur village.Cependant, ce changement sera plus facile, si le gouvernement permet aux communautés localesd’améliorer et de prendre soin de leurs ressources de base. La Mission de développement du bassin versantde Rajiv Gandhi, du Gouvernement de Pradesh Madhya a montré que l’état peut répliquer ces effortscommunautaires lorsque la volonté politique est là et que la pression sur la bureaucratie administrative ettechnique est suffisamment forte.

Le mise en place d’un cadre conceptuel qui prenne en considération les ressources privées etcommunautaires du village, ses divers besoins en biomasse ainsi que les intérêts et besoins des différentsgroupes socioéconomiques de la communauté villageoise, est le préalable au développement d’un programmede gestion durable des ressources naturelles au niveau du village. Un tel programme met en route toute unesérie d’opérations écologiques successives, commençant par l’accroissement de la productivité et de lasurface des terres arables résultant d’une meilleure conservation de l’eau. Ces premiers résultats entraînentà leur tour l’augmentation de la disponibilité en eau pour l’irrigation, l’accroissement de la production d’herbeet, lentement, l’augmentation de la production de fourrage et de bois de construction à partir des arbres et des

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forêts. Chacune de ces étapes écologiques successives génère ses propres impacts économiques sur lasociété villageoise qui se déploie lentement au fil des ans.

LeçonsCette étude de cas nous enseigne qu’une bonne gestion des ressources naturelles ne peut se faire sans unensemble de mesures politiques. Ces mesures incluent les changements des cadres institutionnel, légal etfinancier afin de créer une démocratie participative au niveau communautaire. C’est seulement lorsque cetensemble de mesures politiques aura été mis en oeuvre que ces microexpériences isolées pourront s’épanouirdans «un million» de villages.

Structures de conservation de l’eau et processus socialLes changements écologiques ont démarré à Sukhomajri avec la collecte de l’eau. La construction destructures de conservation de l’eau est une tâche assez facile. Mais le début d’un processus d’autogestion descommunautés villageoises est beaucoup plus difficile. Il n’est possible que si chaque structure deconservation de l’eau est le résultat d’un processus social coopératif. Un processus social fort doit précéderla construction de chaque structure afin de bâtir un «capital social». C’est un domaine où les résultats desagences gouvernementales sont littéralement inexistants et où les règlements gouvernementaux rigidesjouent contre le principe même de mobilisation sociale. La mobilisation sociale signifie, d’abord, la prise deconscience et la confiance des personnes qui travaillent à la conservation de l’eau. Il est nécessaire de créerensuite des institutions villageoises qui décideront où, quand et comment les structures de conservation del’eau devront être construites, qui les construira, et quelle sera la contribution des villageois aux coûts desconstructions. Une fois que la structure est construite, il est essentiel de décider comment les bénéfices –c’est-à-dire l’eau – seront partagés entre les villageois, spécialement durant les premières années lorsquel’eau est rare, et comment son utilisation sera réglementée. Toutes les composantes de la communauté – ceuxqui ont de la terre, ceux qui sont sans terre et les groupes de femmes – devront tirer profit de l’exercice. Aussides efforts devront-ils être faits pour s’assurer que les bénéfices vont à toutes les composantes de lacommunauté.

C’est pour cette raison que les travaux de conservation de l’eau fonctionnent mieux lorsqu’ils ils sontassociés au développement d’un bassin versant. La nature même des structures de conservation de l’eau faitque ce sont d’abord ceux qui ont de la terre qui en tirent profit, laissant les personnes sans terre sans aucunbénéfice et donc étrangères à l’exercice. Le développement d’un bassin versant, qui permet d’améliorer à lafois la conservation de l’eau et des sols, et les productions herbacée sur les terres communales, profite ainsigrandement aux ménages sans terre. De plus, le processus prolonge la vie et l’efficacité des structures aubénéfice de ceux qui ont des terres en réduisant le phénomène de sédimentation.

EXEMPLE 2: TASSAS – AMÉLIORATION DES TROUS DE SEMIS TRADITIONNELS AU NIGER

IntroductionCe second exemple décrit l’expérience du sous-programme de conservation des sols et des eaux financé parle FIDA au Niger et son succès dans la promotion de la technique tassa, une technique bon marché deconservation de l’eau et du sol. La pratique des tassas est une technique agricole qui permet d’ameublir lescouches profondes du sol et d’enrichir leur contenu en matière organique; la technique consiste à creuser depetits trous et à disposer les semences sur les bordures formées par la terre retirée des trous. L’utilisation detechniques simples et peu coûteuses comme les tassas permet de récupérer des terres dégradées etabandonnées et de les transformer, par des actions individuelles et de groupe, en terres productives. Il existede nombreux exemples semblables en Afrique (Reij et al., 1996).

Le projet de conservation des sols et de l’eau (PCSE), financé par le FIDA, commença en 1988 dans le districtde Illéla (400 mm pluviométrie moyenne), au sud de Tahoua. La pression démographique et une série desécheresses catastrophiques (1972-1973 et 1982-1985) avaient entraîné la dégradation des terres cultivées(raccourcissement et, dans certains cas, abandon des périodes de jachère), des pâturages et des ressourcesen bois, ainsi que la fragilité croissante des systèmes de production. Les agriculteurs sédentaires (surtoutHaoussa) sont largement majoritaires dans le district d’Illela. Le projet FIDA a principalement concentré sesactivités sur 77 villages abritant une population d’environ 100 000 habitants. L’agriculture pluviale domine; lesprincipales productions sont le mil, le sorgho et le niébé. Cependant, la plupart des gens sont incapables de

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survivre de leurs seules cultures. L’élevage et le commerce représentent d’importantes sources de revenu. Lamigration saisonnière des jeunes gens est aussi commune.

Le programme fut conçu comme une action pilote. En fait, le programme couvrit une superficie totale de 6 350 ha, plus du double de ce qui avait été prévu au départ. Les activités se répartirent sur 585 ha de zones sylvo-pastorales, à partir d’initiatives collectives, et sur 5 800 ha de terres cultivées (actions collectives). Les activitésde contrôle d’érosion à grande échelle (construction de banquettes en pierre) furent peu satisfaisantes, mais lestassas – qui n’étaient pas prévus à l’origine parmi les techniques du PCSE – connurent un immense succès, etleur utilisation continue de s’étendre sur des parcelles individuelles, après la clôture du projet.

Les techniques mirent surtout l’accent sur la réhabilitation des terres productives et sur la réduction de lavariabilité interannuelle des productions, renforçant ainsi la résistance des systèmes agricoles aux risquesclimatiques. La technique des tassas, en particulier, s’étend très rapidement, couvrant 2 à 3 ha de plus par ansur certaines exploitations. Les tassas conviennent particulièrement lorsque la main-d’œuvre familiale estabondante ou qu’il est possible de recruter de la main-d’œuvre salariée. Le développement des tassas a donnénaissance à un réseau de jeunes journaliers qui maîtrisent bien cette technique et qui, plutôt que de migrer,vont de village en village pour répondre à la demande croissante des agriculteurs. Il y a même eu des cas oùla terre a été rachetée par des agriculteurs qui avaient compris dès le début le profit qu’ils pourraient tirer decette technique. On peut considérer que le sous-programme du PCSE d’Illéla est une des actions les plusréussies du FIDA en matière de développement de l’agriculture pluviale en zone semi-aride et d’améliorationde la sécurité alimentaire. La disponibilité alimentaire des ménages participant augmenta en moyenne de 20 à40 pour cent, selon les conditions pluviométriques locales.

Une nouvelle approche: techniques peu coûteuses pouvant être reproduites A l’inverse de ce qui s’était fait précédemment, un des principaux objectifs du projet a été l’introduction detechniques de conservation des sols et de l’eau simples et peu coûteuses, qui pouvaient être aisémentmaîtrisées par les agriculteurs. Les principaux objectifs du projet étaient de construire des banquettes en pierresur 2 300 ha en quatre ans et de développer 320 ha avec des demi-lunes. Le projet modifia ses objectifs dès laseconde année. Dix agriculteurs furent envoyés dans la région du Yatenga au Burkina Faso où ils observèrentdivers types de techniques de CSE, y compris les trous de semis traditionnels améliorés (zai). Ceux-ci leurrappelèrent une technique traditionnelle (appelée tassa en haoussa) utilisée dans leur propre région, qui avaitété plus ou moins abandonnée. Le tassa traditionnel consiste à faire des petits trous à la houe pour casser lacroûte superficielle du sol avant le début des pluies. Les améliorations de la technique zai ont consisté àaugmenter leur dimension (diamètre de 10 cm à 20-30 cm et profondeur de 5 cm à 10-25 cm) pour recueillir plusd’eau de pluie et à mettre de la matière organique dans les trous pour améliorer la fertilité du sol. La matièreorganique attire les termites qui la digère et rendent ainsi ses éléments nutritifs plus facilement assimilables parles plantes. Les termites creusent aussi des galeries qui accroissent l’infiltration de l’eau dans le sol.

A leur retour, les tassas améliorés furent essayés sur 4 ha dans le village de Nadara. L’impact futspectaculaire. Quelque 70 ha de terre dégradée furent ainsi réhabilités en 1990. Seuls les trous des tassaspermirent un rendement correcte au cours de la sécheresse de 1990. Ce fait convainquit les agriculteurs dugrand intérêt de cette technique, de sorte qu’en 1991 ils l’utilisèrent sur 450-500 ha et en 1992 sur 1 000 ha deplus. A la fin de 1995, quelque 3 800 ha avaient été ainsi traités dans le seul district d’Illéla. Ces chiffres sous-estiment les réalisations des agriculteurs car ils ne tiennent compte que des relevés des agents devulgarisation. Aucun chiffre n’est disponible pour les autres districts, cependant des observations de terrainindiquent un nombre croissant d’adoptions un peu partout.

Le système de vulgarisationLe projet a organisé des échanges de visites entre les villages, pour leur permettre de partager leursexpériences et pour former les villageois aux divers aspects des travaux de CSE. Ces échanges de visite sontdevenus une des activités essentielles très appréciées des agriculteurs, qui ont eu un impact important surl’accélération de la diffusion des technologies de CSE.

ImpactLe projet financé par le FIDA a mesuré l’impact des tassas, des demi-lunes et des contours en banquettes depierre sur un grand nombre de parcelles de démonstration gérées par les agriculteurs. Une comparaison desdifférentes techniques de CSE sur les rendements du mil montrent qu’en année de sécheresse, les demi-lunes

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ont une performance légèrement supérieure à celles des tassas car les demi-lunes ont une zone de capturede l’eau plus importante, de sorte que plus d’eau de ruissellement est disponible pour les plantes. En revanche,lorsque la pluviométrie est bonne, les performances des tassas sont légèrement supérieures à celles desdemi-lunes, quand on n’utilise que du fumier. Ces résultats montrent que la conservation de l’eau a, en elle-même, un impact important sur les rendements et que l’addition de fumier augmente encore les rendements.La réhabilitation des terres nues dégradées par la technique des tassas est clairement rentable car lesagriculteurs et les commerçants achètent de plus en plus de terres dégradées.

Impact sur la sécurité alimentaire: lorsque la pluviométrie est bonne, la plupart des familles du district d’Illelaproduisent des quantités plus ou moins suffisantes de cultures vivrières, toutes les autres années, enparticulier les années de faible pluviométrie, ces familles ont de sérieux problèmes alimentaires. Poursatisfaire leurs besoins en céréales, elles sont alors obligées de vendre leur bétail ou de migrer pour gagnerde l’argent. Les familles qui ont investi dans la CSE manquent encore de céréales en année sèche, mais moinsqu’avant. En stockant un peu des surplus d’une bonne année, elles pourront satisfaire leurs besoins céréaliersmême les années de faible pluviométrie.

Gestion des sols réhabilités: Le maintien en bon état des travaux de conservation et de fertilité des sols estnécessaire pour assurer la durabilité des niveaux de rendements. Une enquête menée en décembre 1998 amontré que les agriculteurs recreusent rarement les trous des tassas chaque année. Ils continuentgénéralement à utiliser les mêmes trous. Les demi-lunes ont besoin d’être nettoyées et leurs bordures réparéstous les deux ou trois ans. L’entretien de ces structures n’est généralement pas fait de façon régulière, plusparticulièrement celui des demi-lunes qui est plus contraignant.

L’élevage étant une composante importante des systèmes de subsistance des régions semi-arides, laplupart des agriculteurs ont suffisamment de fumier. Le transport du fumier jusqu’aux champs représente laprincipale contrainte. Seule une minorité d’agriculteurs fume chaque année ses tassas. La majorité ne le faitqu’une année sur deux. Dans les circonstances économiques actuelles, la majorité des agriculteurs du Nigern’a pas accès aux engrais minéraux dont l’usage ne serait, de toute façon, pas rentable sur le mil.

Rôle du travail salarié: La réhabilitation des terres dégradées à l’aide des tassas représente un investissementconsidérable en travail. La main-d’œuvre familiale est généralement insuffisante, aussi les agriculteursdoivent-ils embaucher de la main-d’œuvre ou organiser des travaux de groupe traditionnels. Dans plusieurscas, des jeunes gens se sont organisés eux-mêmes en petits groupes de cinq à dix personnes qui peuvent êtreembauchés par des agriculteurs pour conduire des activités spécifiques de CSE. De nombreuses familles ontde plus en plus recours au travail salarié. De nombreux analystes pensent que les agriculteurs pauvres enressources bénéficient particulièrement de ce nouveau marché du travail. Cette nouvelle source de revenu enliquide leur évite de vendre la totalité ou la quasi-totalité de leur bétail en cas de mauvaise récolte ou de devoirmigrer.

Apparition d’un marché de la terre: Dans le cas du projet d’Illela, les agriculteurs ont pu réhabiliter des terressur lesquelles ils avaient des droits d’usage grâce à l’utilisation de techniques simples et efficaces de CSEqu’ils pouvaient mettre en oeuvre par eux-mêmes. Cette situation est très différente de celle d’autresopérations de CSE où la réhabilitation de grandes parcelles de terre a presque toujours entraîné des conflitsfonciers.

Les terres très dégradées du plateau d’Illéla sont à nouveau devenues productives et un marché de la terrea vu le jour. Les agriculteurs achètent et vendent les terres dégradées à des prix qui ont considérablementmonté entre 1992 et 1994. L’apparition d’un marché des terres dégradées montre que les agriculteurs croientque la technique des tassas est un moyen efficace et rentable pour réhabiliter des terres.

Recommandations pour les futures stratégies opérationnelles et actionsC’est l’identification et l’adaptation de technologies locales qui ont permis le succès des tassas au Niger. Lesagriculteurs décident eux-mêmes d’adopter ou non et de reproduire une technique particulière de CSE enfonction de sa facilité de mise en œuvre, de son insertion dans le calendrier cultural et, surtout, de son impactimmédiat sur la production. En dehors des tassas, d’autres mesures, telles que les contours de pierre et lesdemi-lunes, ont aussi été largement adoptées en Afrique de l’Ouest. Elles ont été très appréciées par ceux qui

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étaient intéressés à la réhabilitation des terres dégradées. Elles ont provoqué un ralentissement important del’exode rural car elles offrent des possibilités alléchantes de revenus immédiats et de travail salarié.

Les débuts d’un programme stratégique de conservation adapté sont généralement modestes et lents àmettre en œuvre. Les gouvernements et les agences de financement doivent savoir qu’ils pourront êtreamenés à réexaminer le contenu et les budgets des programmes après un certain temps. Il est essentiel decombiner les perspectives à court terme et les vues à long terme sur la façon de continuer à soutenir lesaccroissements de productivité et la conservation. Dans ce contexte, il semble plus indiqué de développer des«programmes» plutôt que des «projets» pour intégrer convenablement les activités de CSE aux efforts à longterme de développement de la production agricole.

Le projet du Niger montre que l’on doit commencer par renforcer les mécanismes d’identification etd’analyse des technologies et de savoir-faire local. L’équipe du projet doit être encouragée à entreprendrecette espèce «d’inventaire». Cela signifie aussi que les agents de vulgarisations devront être formés auxméthodes de diagnostic participatif dans leurs différents domaines. L’adaptation des technologies appropriéesimplique une étroite coopération entre les agriculteurs et les chercheurs afin de guider ceux-ci dansl’ajustement et l’adaptation locale de principes testés ailleurs.

La plupart du temps, le potentiel de recherche et d’innovation (non seulement pour les pratiquestraditionnelles) des agriculteurs eux-mêmes n’a pas été suffisamment reconnu et exploité. La rechercheinstitutionnelle ayant des moyens trop limités pour répondre à la diversité (et souvent même pour percevoircette diversité) des besoins en matière d’innovation, seule la mobilisation des capacités de recherche etd’expérimentation des petits agriculteurs peut permettre de répondre à ces besoins.

Il est très important, lorsqu’une technologie prometteuse a été identifiée et adaptée par les agriculteurs,d’aider les systèmes locaux capables d’assurer sa diffusion d’agriculteur à agriculteur. Cette méthode dediffusion est peu coûteuse et produit généralement de très bons résultats; elle crée aussi un réseau informelentre les agriculteurs, pouvant être à l’origine d’autres initiatives.

CONCLUSIONSLa gestion locale des sols et de l’eau est le facteur clé de la transformation de la base écologique etéconomique des communautés dépendant des ressources naturelles. Ces deux exemples illustrent le besoinde changements fondamentaux des politiques et des stratégies actuelles de la gestion de l’eau.

Ces deux exemples montrent aussi l’utilité et l’efficacité de combiner les connaissances et les énergies desindividus et des collectivités pour la conservation de l’eau.

ANNEXE 1: ÉTUDE DE CAS N° 5

DIVERSIFICATION CONDUITE PAR LE SECTEUR PRIVÉ CHEZ DES PRODUCTEURSINDIGÈNES DU GUATEMALA14

Introduction15

L’un des problèmes essentiels des systèmes d’exploitations agricoles dans lesquels de nombreux petitsproducteurs dépendent principalement de cultures vivrières à bas rendement, est celui de la production derevenu. Quelques ménages agricoles sont tout juste à un niveau de subsistance; les revenus monétaires sontvitaux, non seulement pour leur assurer une nutrition correcte et l’accès aux services dont ils ont besoin, maisaussi comme source de demande pour les produits et services locaux qui fournissent des moyens desubsistances à de nombreux autres ménages. Même là où les rendements et les superficies cultivéesaugmentent, la détérioration des conditions de commercialisation et la baisse des prix nationaux des culturesvivrières conduisent à la diminution des revenus des petits agriculteurs de nombreux systèmes d’exploitationagricole, les entraînant dans une pauvreté plus grande et étranglant la croissance économique rurale. Il s’estsouvent avéré difficile de créer les conditions initiales de croissance des revenus ruraux. Les projets dedéveloppement ont tendance à mettre l’accent sur le renforcement des technologies, du capital humain et des

14Cette étude de cas est condensée de Gulliver (2001).

15Cette étude de cas doit beaucoup à Contreras, 1996 et Gulliver et al., 1996.

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infrastructures plutôt que sur l’accroissement direct des revenus agricoles; dans tous les cas, leur impact àtendance à diminuer une fois le projet terminé.

L’étude de cas suivante présente un exemple de croissance importante et durable des revenus familiaux depetits agriculteurs du système maïs-haricot des collines d’Amérique centrale, à la suite d’une diversificationdans l’horticulture d’exportation. Le cas est particulièrement intéressant car il touche une populationlargement indigène, dont une grande partie ne parle pas l’espagnol, et que le contrôle du marché du poismange-tout des Etats-Unis s’est fait entièrement à partir d’une production à petite échelle effectuée par plusde 20 000 unités de production familiale.

Ces petits agriculteurs ont atteint cette position dominante sans aucun appui extérieur de la part dugouvernement ou des agences de développement. Elle a pour point de départ les activités du secteur privé enréponse à de nouvelles possibilités sur le marché international. Cependant, l’étude montre que l’efficacité desactions du secteur privé, et donc le succès des petits producteurs, fut grandement facilité par l’apparitionsimultanée d’une association du secteur privé qui se consacrait aux produits non traditionnels et d’une sériede mesures gouvernementales qui soutenaient généralement les besoins d’un secteur d’exportation naissant.Ainsi, c’est un environnement favorable au développement des activités commerciales qui est, au moins enpartie, responsable de l’augmentation importante des revenus des familles d’agriculteurs indigènes pauvres.

DESCRIPTION DU SYSTÈMELe système d’exploitation agricole maïs-haricot des collines d’Amérique centrale couvre 650 000 km2, il s’étendsur la longue chaîne montagneuse reliant l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud à travers le Mexique etl’Amérique centrale16. Il est entouré sur presque toute sa longueur, des deux cotés Pacifique et Caraïbes, parle système d’exploitation agricole mixte plantation-côtier. Comme cela est fréquent dans la région, le systèmed’Amérique centrale est très dualiste, il comprend un grand nombre de petits producteurs pauvres ouextrêmement pauvres, qui occupent les collines et les terres en pente marginales, tandis que les meilleursterres des vallées et des basses terres du système sont la propriété de grands domaines ou d’exploitationscommerciales familiales qui se consacrent à la production du café, de la canne à sucre, du caoutchouc, desbovins et à d’autres activités agricoles. Comparé à d’autres pays d’Amérique latine, la proportion de lapopulation rurale est importante en l’Amérique centrale, elle atteint plus de 60 pour cent de la population totaleau Guatemala; l’agriculture joue un rôle important, elle représente 28 pour cent du PIB du Nicaragua.

Les niveaux de pauvreté du système sont élevés – plus de 80 pour cent de la population des hautes terresdu Guatemala,17 où cette étude de cas a été réalisée, sont considérés comme extrêmement pauvres – et lapauvreté est souvent directement corrélée avec le pourcentage d’indigènes (65 pour cent de la population duGuatemala, peut être plus de 90 pour cent dans la zone du système d’exploitation agricole). La croissance dela population entraîna un morcellement accru des exploitations et une réduction de leur taille18, qui à son touraugmenta la pression sur les ressources en terre et en eau et conduisit à repousser les limites agricoles(souvent sur des pentes et des sols incapables de permettre une production agricole durable) et à augmenterla pauvreté. Au cours des années 80, des études de la FAO estimèrent que l’érosion et la dégradation gravedes sols touchaient 35 pour cent des terres du Guatemala, montrant que le problème des terres en pente dusystème d’Amérique centrale allait probablement s’aggraver. L’importance cruciale de la terre est mise enévidence par les nombreux conflits armés ruraux qui se sont déclarés au cours des 30 dernières années àl’intérieur des limites du système.

La production de maïs et de haricots, largement autoconsommée, est la principale activité de la plupart despetits agriculteurs. Les rendements sont bas19 en raison de l’emploi limité d’intrants externes et des solsmarginaux. Lorsque l’altitude et les sols le permettent, le café est la culture de rente favorite; toutefois, lescommunautés près des centres urbains peuvent traditionnellement produire des fruits et du maraîchage. Lebétail peut jouer un rôle important qui diminue avec l’altitude sauf sur les hauts plateaux du Guatemala et du

16Voir Gulliver et al. (2001) pour une description plus complète du système d’exploitation agricole maïs-haricot des collinesd’Amérique centrale.

17Projet d’état de la région, 1999.

18Selon les données du recensement agricole national, le nombre d’exploitations cultivant le maïs au Guatemala s’est accrude 321 000 en 1964 à 667 000 en 1996, correspondant à un accroissement de plus de 100 pour cent en 32 ans. La taillemoyenne des exploitations des producteurs de maïs était d’environ 3,6 ha en 1996.

19Les rendements moyens sont inférieurs à 1,5 tonne/ha pour le maïs et de 0,75 tonne/ha pour le haricot.

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Mexique où les moutons sont fréquents. Les communautés plus isolées ont souvent recours aux migrationssaisonnières ou de longue durée pour complémenter leur revenu monétaire. En dépit de ces possibilités, lemaïs et les haricots continuent de jouer un rôle culturellement essentiel pour la nutrition et les finances de lamajorité des petits producteurs; la vente des surplus de ces productions fournit le revenu de base de lamajorité des familles. Toutefois, les prix nationaux réels de ces produits ont stagné ou ont même baissé aucours des dernières décennies en raison de l’ouverture des marchés locaux à l’extérieur et, dans une moindremesure, de la protection du marché interne.

Le système possède peu d’infrastructures et de services publics, particulièrement lorsqu’on s’éloigne descentres administratifs. Les guerres civiles répétées ont creusé l’écart entre les grands centres urbains et lescommunautés rurales. Même au Costa Rica, souvent considéré comme un modèle de développementéconomique dans la région, des données récentes montrent que l’indice de développement humain est neuffois supérieur dans les principales zones urbaines que dans les communautés rurales indigènes20. Les30 prochaines années paraissent sombres pour les petits producteurs qui dépendent du maïs et des haricotset pour leurs enfants, qui hériteront de fermes encore plus petites et plus dégradées que leurs parents.

LE CAS ET SON CONTEXTESur une période d’environ 20 ans, de 1974 à 1994, un certain nombre de changements importants, qui ontprofondément affecté la vie de plus de 150 000 habitants pauvres des hauts plateaux ruraux, sont intervenusau Guatemala. Ces changements peuvent être groupés grossièrement en trois catégories.

a) L’émergence de petits producteurs et d’entreprises de petite et de moyenne taille, acteurs essentiels de lacréation d’un commerce d’exportation important de petits pois mange-tout, de brocolis et plus récemmentd’autres produits.

b) La création et la croissance d’une association de commercialisation à l’exportation GEXPRONT et son rôledans la croissance du secteur agricole non traditionnel.

c) La reconnaissance par le Gouvernement du Guatemala de l’importance des exportations, de leur rôlemoteur dans la croissance économique et l’adoption de politiques facilitant les exportations.

Bien qu’ils soient décrits séparément ci-dessous afin d’expliquer les actions prises et de décrire clairementle rôle de chaque groupe, le développement et l’impact des trois ensembles de facteurs sont nettement reliésentre eux et doivent être interprétés comme tel.

L’apparition des petits pois mange-tout et des brocolis au GuatemalaAu début des années 70, la demande croissante en petits pois mange-tout (Pisum sativum) aux Etats-Unis duefaire face à une contrainte majeur: l’approvisionnement en frais de Californie n’était disponible que de juin àoctobre et les importations surgelées de Taiwan (province de Chine) ne donnaient pas satisfaction. Une sourcenouvelle de petits pois mange-tout pouvait être très profitable. On pensa d’abord au Chili mais en 1974 unentrepreneur américain commença à expérimenter la production de petits pois mange-tout au Guatemala.Cette culture était, sur le plan agronomique, bien adaptée aux conditions de l’altiplano du centre et de l’ouestdu Guatemala où les conditions climatiques tempérées permettaient de récolter d’octobre à mai. Les résultatsdes parcelles pilotes furent encourageants et un certain nombre d’agro-industries commencèrent laproduction.

La demande en petits pois mange-tout continua à croître rapidement au cours des années 70 et 80, maisl’expansion de la production s’avéra difficile au Guatemala; l’acquisition de terres sur les hauts plateauxdensément peuplés où peu de propriétaires possèdent des droits légaux était onéreuse et prenait beaucoupde temps. L’offre ne pouvait pas satisfaire la demande et les sociétés agro-industrielles durent se tourner deplus en plus vers les producteurs indépendants pour fournir les acheteurs. Au début des années 80, un certainnombre de petits producteurs commencèrent à court-circuiter l’agro-industrie et à négocier directement avecles petits transformateurs et exportateurs.

20Projet d’état de la région, 1999.

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En dépit de leur manque de formation ou de capital, les producteurs indigènes locaux bénéficièrent d’uncertain nombre d’avantages. Parmi les premiers producteurs, nombre d’entre eux étaient plus ou moinshabitués aux productions horticoles, ayant cultivé des oignons, des tomates et des cultures semblables pourles marchés locaux. Leurs terres était disponibles sans frais monétaire et leur désir d’optimiser la main-d’œuvre familiale convenait parfaitement à une culture nécessitant 516 journées de travail par hectare sur unepériode de quatre mois.

La main-d’œuvre, même payée avec les bas salaires des zones rurales du Guatemala, représentant 35 pourcent des coûts totaux, les petits agriculteurs utilisant la main-d’oeuvre familiale non payée pouvaient tirer desrevenus très importants des petits pois mange-tout comparé aux autres cultures traditionnelles. Un quartd’hectare de petits pois mange-tout (exploitation typique) pouvait générer un revenu de 500 dollars EU, sansprendre en compte le revenu de la terre et la main-d’œuvre. Par contre, dans la même zone le maïs nerapportait que 50 dollars EU. Les opérateurs de l’agro-industrie furent incapables de les concurrencer21. Deplus, une l’irrigation de complément, permit de produire deux cultures consécutives – petits pois mange-toutet brocolis – sur une année et une culture de maïs l’année suivante. En conséquence, la production de brocolis,déjà connue au Guatemala mais considérée jusque là comme peu intéressante par les petits producteurs, vitson importance augmenter considérablement. Etant donné que de très petites surfaces permettaient desaugmentations importantes du revenu des ménages, ceux-ci purent continuer à cultiver le maïs et le haricotsur les surfaces cultivées restantes. Au milieu des années 90 on estimait à 21 500 le nombre de famillesproduisant des petits pois mange-tout et/ou du brocoli, équivalent à une production totale de 23 000 tonnes de petits pois mange-tout et 43 000 tonnes de brocolis par an sur approximativement 4 350 ha.

La croissance des producteurs indépendants n’était possible qu’avec la croissance correspondante desintermédiaires et des exportateurs. La gestion de la production journalière d’un si grand nombre deproducteurs dispersés sur quelque 3 000 km2 de hauts plateaux mal desservis par les services ruraux, son tri,son empaquetage et son expédition par bateau dans les 24 heures après la récolte, demandent un système dedistribution sophistiqué. Aucune estimation n’existe quant au nombre d’intermédiaires impliqués, mais aumoment de l’étude, au milieu des années 90, au moins 50 entreprises exportaient régulièrement des petits poismange-tout pendant la saison de récolte, certaines utilisaient le fret aérien, d’autres des containersfrigorifiques (principalement pour l’Europe)22.

Dans les années 90, de nombreux producteurs – estimés à plus de 60 pour cent – eurent des contratsréguliers avec des intermédiaires locaux, qui représentaient des exportateurs spécifiques. La productioncontractuelle permet aux producteurs d’avoir accès à un fonds de roulement, généralement sous la forme desemences et de produits phytosanitaires. D’un autre côté, la possibilité pour les exportateurs de planifier et decoordonner les dates de récolte et les volumes afin de maximiser les quantités aux moments où les prix sontles plus hauts, était un stimulant très important. Certains agriculteurs restèrent indépendants, vendant leurproduit, souvent en lots de moins de 100 kg, au cours de ventes aux enchères spécialisées dans descommunautés autour de l’altiplano. De 17 heures à minuit, les intermédiaires équipés de camionnettescollectent les lots des contrats et achètent aux enchères des quantités hors contrat afin de remplir leursquotas de la nuit, soit pour la vente directe à un exportateur, soit pour la vente avant l’aube à un des cinqprincipaux centres de grossistes qui travaillent sur ce marché. Au plus fort de la récolte, des quantités allantjusqu’à 1,5 millions de livres (650 tonnes) sont acheminées par ces canaux chaque semaine. Au cours desannées 80 et 90, de nouveaux produits non traditionnels firent leur apparition chez les petits exploitants (petitslégumes, mini épis de maïs, sugar-snaps [pois mange-tout sans parchemin à l’intérieur de la gousse], mûres etsurtout framboises) diversifiant ainsi les productions.

Le rôle de GEXPRONTEn 1978, le Gouvernement du Guatemala créa une agence du secteur public appelée GUATEXPRO, pour lapromotion des exportations nationales; cette institution ne dura que deux ans. Néanmoins, elle convainquit uncertain nombre d’exportateurs de produits non traditionnels qui n’avaient pas derrière eux la puissance des

21Les données concernant les coûts de production des opérateurs commerciaux au début des années 90 montrentqu’un coût du travail de 4 Q/ pers./jour (correspondant approximativement à 1 dollar EU/pers./jour), entraînait uneaugmentation du coût du travail de 2 064 dollars EU/ha.

22Les petits pois mange-tout surgelés n’ont jamais représenté plus de 10 pour cent de la production totale,contrairement aux brocolis qui sont presque entièrement exportés surgelés.

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secteurs du sucre, du café ou de l’élevage, qu’ils avaient besoin d’un forum capable d’influencer et decoordonner les entreprises, surtout petites et moyennes, actives dans ce secteur. Ainsi fut fondée en 1982,l’Association des exportateurs non traditionnels du Guatemala (GEXPRONT). En 1986, lorsque l’USAIDcommença ses opérations d’assistance financière, GEXPRONT reçut une aide importante de cette agence.GEXPRONT est composé de cinq commissions; toutefois, cette étude de cas ne s’intéresse qu’à celle opérantdans le domaine des produits agricoles. En 1995, la commission agricole de GEXPRONT (maintenant nomméeAGEXPRONT) avait 250 membres adhérents. En collaboration avec les autres commissions, et souvent aussiavec d’autres entités du secteur privé, telles que la Chambre de commerce et d’industrie, AGEXPRONT fit dulobbying en faveur d’un certain nombre de changements essentiels du secteur de l’exportation et contribua àces changements. Elle s’occupa peu du développement direct du marché, bien que certaines de ses activitésaient eu pour but d’aider les entreprises à établir des relations commerciales avec des acheteurs d’outre-mer.AGEXPRONT se concentra plutôt sur la résolution des problèmes du système qui empêchaient ses membresde mener à bien et d’étendre leurs opérations. Il s’agissait généralement de problèmes de premièreimportance pour les petites entreprises, qui mettaient souvent en jeu des fonctions de gestion considéréesjusque là comme relevant de la seule compétence du secteur public. En dehors de sa contribution auxchangements de politiques gouvernementales (voir ci-dessous), les changements fondamentaux institués parAGEXPRONT au cours de la première décennie ont porté sur les points suivants:● Création d’une foire annuelle d’exportation «Agritrade» afin de promouvoir les contacts entre les grossistes

étrangers, les courtiers et les exportateurs locaux.● Participation à la création de COMBEX-IM, une société privée à but non lucratif, chargée de la gestion de

tous les avions cargo passant par l’aéroport international du Guatemala, afin de rationaliser les procéduresde manutention des cargos et d’étendre l’espace de stockage à température ambiante et en chambre froidepour les denrées périssables.

● Programmes de précertification des exportations agricoles, comprenant le paiement des coûts desinspecteurs de l’USDA stationnés au Guatemala et la certification du personnel guatémaltèque aux Etats-Unis permettant à la plupart des containers d’entrer aux USA par les ports désignés sans être arrêtés à leurarrivée.

● Organisation des visites d’experts internationaux qui, contre le paiement d’honoraires par un membred’AGEXPRONT, visiteraient les installations des exportateurs et donneraient des conseils. Les petitesentreprises purent ainsi avoir l’avis d’experts à un coût bien inférieur au coût normal.

● Accord avec le Ministère des affaires étrangères pour la prise en charge d’une partie du coût des attachéscommerciaux basés dans les cinq principales villes de négoce, permettant ainsi à AGEXPRONT departiciper à la définition des obligations des intervenants, d’évaluer leurs performances et d’assurer unecapacité de réaction plus rapide aux besoins des exportateurs.Au début des années 90, les rendements commencèrent à stagner pour les brocolis et les petits pois mange-

tout, et la fourniture de produits devint à nouveau un problème, bien que la gamme des cultures nontraditionnelles pratiquées se soit étendue. La faiblesse des infrastructures rurales freinait l’ouverture denouvelles zones de production, et les meilleures terres pour la production des brocolis et des petits poismange-tout avaient déjà été utilisées. Les marchés étrangers attachèrent de plus en plus d’importance aux problèmes de contamination chimique. Pour répondre à ces nouveaux problèmes, les programmesd’assistance d’AGEXPRONT commencèrent à modifier leurs priorités:● On créa des sous-commissions régionales qui rassemblaient les exportateurs de zones géographiques

spécifiques afin de résoudre des problèmes régionaux tels que les routes et l’électricité.● A la demande des producteurs, l’USAID finança la moitié des frais de recherche en matière de production,

dès lors que les sociétés ou les groupes sectoriels étaient décidés à financer l’autre moitié.● Un accord fut négocié avec les représentants du secteur pour collecter des taxes auprès des exportateurs

de petits pois mange-tout23 afin de financer les activités de recherche et de vulgarisation de cette culture.● On obtint des fonds des secteurs public et privé pour financer des tests et l’approbation officielle de

l’utilisation du clorotalonil sur les petits pois mange-tout. Bien qu’approuvé pour les brocolis, l’utilisation de

23Au départ, ces taxes furent à 0,01 Q par livre, générant quelque 65 000 dollars EU par an.

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ce fongicide interdite sur les petits pois entraînait un nombre de conflits croissants avec les autoritéssanitaires des Etats-Unis.

● Toutes les sociétés travaillant dans les brocolis surgelés se mirent d’accord pour contribuer, selon leurvolume d’opération, au financement de deux agents de vulgarisation chargés d’assister tout producteur debrocolis quelque soit l’usine de transformation à laquelle il vendait sa production. Dans la deuxième moitié des années 90, GEXPRONT dut faire face à un nouveau défi: l’aide financière de

l’USAID, qui diminuait depuis quelques années, s’arrêta complètement. Les contributions des membres et lerevenu des activités sponsorisées ne suffirent pas à maintenir les programmes de recherche qui répondaientà la demande des producteurs et d’autres activités de coût élevé. AGEXPRONT renforça alors ses liens avecle Ministère de l’agriculture et persuada le gouvernement qu’une agence du secteur privé pourrait utiliser plusefficacement des fonds publics que le ministère lui-même. En conséquence, beaucoup de ces programmesfurent maintenus opérationnels avec le financement du secteur public.

Le rôle du gouvernementBien qu’il n’y ait aucun doute sur le rôle essentiel des petits agriculteurs et des exportateurs avec lesquels ilsfirent du commerce dans le succès de la production et de l’exportation des petits pois mange-tout, legouvernement joua lui aussi un rôle important au cours des 20 dernières années, en mettant en place un cadrelégislatif et politique approprié qui a permis au secteur d’exportations non traditionnelles de prospérer. Lesmesures essentielles furent les suivantes:● Au milieu des années 80, le gouvernement dévalua le quetzal, mettant fin à une longue période de

surévaluation de la monnaie qui avait favorisé les importations au détriment des exportations.● Il créa CONAPEX pour coordonner les actions des secteurs public et privé dans le domaine des

exportations. Il y inclut, en plus de la Chambre de commerce et d’industrie, les Ministères des finances, del’agriculture, du commerce et des relations étrangères et la Banque centrale. GEXPRONT en fut un desmembres fondateurs.

● CONAPEX coordonna la création de Ventanilla unica (système de comptoir unique), permettant auxexportateurs de donner leur accord à toutes les licences d’exportation et aux procédures d’autorisation àpartir d’un lieu unique.

● En 1989, une nouvelle législation permit d’importer hors taxe les équipements et le matériel destinés à laproduction pour l’exportation.

● Pendant une décennie, au cours des années 90, le gouvernement subventionna le développement dessystèmes de petite irrigation sur les hautes terres, augmentant ainsi considérablement la capacité desproducteurs locaux à faire la double culture des petits pois mange-tout et des brocolis.A la fin des années 1990, le Ministère de l’agriculture (MAG) réduisit fortement son personnel et ses

dépenses internes, mais augmenta de façon importante le montant des fonds publics destinés, parl’intermédiaire de GEXPRONT, à aider les activités des petits producteurs. Il forma aussi des groupes régionauxde développement, incluant le secteur privé, qui essayèrent de coordonner le développement des secteursprivé et public dans les zones rurales les moins favorisées. AGEXPRONT joua un rôle majeur dans le travail deces comités.

IMPACT

Les résultatsOn ne saurait mettre en doute l’impact énorme qu’a eu le développement des exportations des petits poismange-tout et des brocolis sur les petits agriculteurs indigènes de l’altiplano guatémaltèque. De 1980 à 1993,la part du Guatemala dans le marché des pays de l’OCDE pour les produits maraîchers frais, surgelés ettransformés quintupla, passant de 0,09 pour cent à 0,45 pour cent24, même si, dans le même temps, laproduction de ces cultures à l’échelle commerciale déclina jusqu’à devenir presque nulle. En 1995, leGuatemala fournit un tiers des importations des Etats-Unis en petit pois mange-tout, pour une valeur de 55 millions de dollars EU par an. Comme aucune famille n’avait la capacité de travail, de capital ou l’eau

24Inversiones y Desarrollo Corp., 1995.

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nécessaire à la culture de grandes surfaces de maraîchage intensif, les revenus furent largement répartis àl’intérieur de la communauté indigène. La taille moyenne des surfaces consacrées à ces cultures était de 0,24 ha et on ne trouva aucun producteur avec une surface supérieure à 0,5 ha.

En 1996, on estima que 21 500 familles indigènes étaient impliquées dans la production directe de ces deuxcultures, générant des revenus agricoles bruts pour la région estimés à 30 millions de dollars EU, soit presque1 400 dollars EU par famille. Sur une base de 516 jours de travail par ha pour le petits pois mange-tout et 191 pour les brocolis, on peut calculer que le revenu moyen familial fut obtenu par le travail moyen de 0,5 à 0,6 personne par an correspondant à un profit d’environ 2 500 dollars EU/personne employée/an25.

On a calculé que 28 millions de dollars EU revenaient annuellement aux grossistes, à la transformation, àl’empaquetage et aux exportateurs du Guatemala, certains vivant en zones rurales. En fait, une étudeentreprise en 1994 estima que le coefficient multiplicateur indirect du travail associé aux activités agricolesnon traditionnelles26 était de 0,26; elle montrait qu’un total de 27 000 familles avaient pu trouver du travail grâceà ces activités, sans compter celles occupées à produire le petit maraîchage, les groseilles et d’autresnouvelles cultures. En estimant à six personnes la taille moyenne d’une famille (chiffre probablement inférieurà la réalité), ces deux cultures non traditionnelles ont probablement contribué à la réduction de la pauvreté de160 000 ruraux pauvres du Guatemala. Ces chiffres ne tiennent pas compte des fournisseurs de biens et deservices des zones rurales qui purent développer des activités pour répondre à la croissance de la demanderurale; aucune donnée les concernant n’est disponible.

Principaux facteurs opérationnelsBien que l’innovation et le risque pris par les producteurs indigènes et les petites entreprises commercialesaient été essentiels pour le succès du système petits pois mange-tout et brocolis du Guatemala, un certainnombre d’autres facteurs furent probablement également importants. Les faibles coûts d’entrée de ces deuxproductions et l’exportation des petits pois mange-tout donnèrent naissance à un système qui futparticulièrement compétitif, sans avantage apparent d’échelle comme cela avait été le cas pour la surgélationdes brocolis (contribuant peut-être à des revenus beaucoup plus faibles que cette culture). En conséquence,les producteurs récupèrent pour leur propre profit plus de 40 pour cent du prix des petits mange-tout arrivés àdestination, ce qui représente une proportion importante pour un produit périssable d’exportation.

Le rôle d’AGEXPRONT, qui créa (et qui, en collaboration avec le gouvernement, promut) un cadre danslequel un tel comportement compétitif pouvait se développer en fournissant aux nouveaux entrants le supportcommercial et les installations qui auraient autrement été très onéreux à développer, fut aussi très important.En général, AGEXPRONT résista à la tentation de choisir les meilleurs, ne se comportant qu’une fois ainsi avant1996. Il en était probablement mieux ainsi: l’enthousiasme pour les asperges, identifié dans une étude de 1987,conduisit à un certain nombre d’investissements importants qui furent tous des échecs.

Contrairement au comportement des associations commerciales d’exportation, AGEXPRONT assura un rôleleader dans la promotion des liens entre les entreprises et les producteurs, voyant là un moyen essentield’augmenter la disponibilité des produits, et donc du chiffre d’affaire pour ses membres. Dès le début,AGEXPRONT encouragea les exportateurs à développer leurs activités dans une même ligne de produits(melons, mangues, petits pois mange-tout, brocolis, fleurs coupées, etc.) et à former des sous-commissionsdont le but était d’identifier et d’aplanir les obstacles communs au développement des productions. C’est cettestratégie qui conduisit directement à l’établissement des programmes de recherche de terrain financés enpartie par l’USAID et, par la suite, à celui des services de vulgarisation financés par le privé lorsque lesexportateurs se mirent d’accord sur la nécessité de traiter le problème des faibles rendements, descontaminations et autres. En 1997, AGEXPRONT créa sa nouvelle sous-commission pour les exportateurs deproduits écologiques et pour les services.

La relation entre le secteur privé et le Gouvernement du Guatemala fut aussi essentiel pour ledéveloppement rapide du secteur des exportations non traditionnelles et donc, finalement, pour la création derevenu pour les petits producteurs. Bien que les attitudes du gouvernement aient changé au cours des 20 dernières années et que toutes les politiques n’aient pas été à l’avantage du secteur (à la suite duréajustement du taux de change dans les années 1980, il y eut encore une longue période de surévaluation dela monnaie au cours des années 90) le gouvernement a, en général, appuyé les petites entreprises. A plus long

25Toutefois, il est bon de rappeler que ce revenu ne prend pas en compte la valeur de la terre utilisée.

26Samayoa Urrea, 1994.

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A N E X O 1 : E S T U D I O S D E C A S O

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terme, la volonté du MAG d’utiliser AGEXPRONT comme un bras exécutif pour canaliser et gérer les fonds dusecteur public a montré que le financement international n’était pas la seule voie d’accès au financement dontles entités du secteur privé ont besoin pour continuer leurs activités.

DurabilitéLes petits producteurs non traditionnels de fruits et de maraîchage du Guatemala doivent faire face à une forteconcurrence de la part de nombreux autres producteurs. Néanmoins, ils se sont arrangés pour maintenir etmême renforcer leur position en utilisant le climat favorable, le faible coût de la main-d’œuvre familiale et unsystème de commercialisation efficace. Les menaces les plus sérieuses sur le secteur proviennent de sa plusgrande force: sa production très dispersée et atomisée et son système de commercialisation. Elles ont causéde sérieuses inquiétudes en matière de contamination, d’abord à partir des produits phytosanitaires interditset plus récemment à la suite de contamination biologique suspecte de groseilles avec de la cyclosporine. Enraison du grand nombre de producteurs et d’exportateurs il est très difficile de déterminer la source d’unequelconque contamination ou infestation, aussi une expédition peut-elle être entièrement contaminée par unseul producteur. Une deuxième menace potentielle sur la durabilité du système réside dans les difficultésencore rencontrées par les exportateurs pour répondre à la demande en période de pointe (et donc de faireconcorder les prix).

Le contrôle de la production est certainement plus facile lorsque la production est le fait d’un petit nombrede producteurs, mais il n’est pas impossible pour des systèmes de production dispersée. Le futur du systèmeactuel pourrait bien dépendre de la possibilité de convaincre les petits agriculteurs de l’importance critiqued’une bonne gestion sanitaire et chimique de leurs produits et de la nécessité de faire correspondre leurspériodes de semis avec la demande du marché. Assez curieusement, cela pourrait permettre aux agriculteursindigènes participants de se propulser dans les techniques de production du XXIe siècle, grâce aux systèmesde prévision des récoltes basés sur l’utilisation d’Internet, de codes informatiques sur les lots des producteurs,de l’échantillonnages automatisés et de l’analyse des produits.

Il est encourageant de voir qu’il semble inévitable, qu’à l’avenir, la part des productions des Etats-Unisdiminue fortement dans leur propre marché intérieur, même si la demande en produits horticoles exotiques dehaute valeur et en fruits continuera de croître. La concurrence pour l’utilisation des terres de Californie,principale zone de production aux Etats-Unis est forte; de plus, la production continue de cultures nécessitantbeaucoup de main-d’œuvre, même à l’abri de droits ou de pseudo droits de douane élevés peut n’avoir qu’untemps. Cette situation peut ouvrir de nouvelles perspectives de croissance importantes pour le Guatemala, sila concurrence mexicaine peut être tenue à distance27.

Finalement, il est un peu inquiètant que le secteur ait accompli si peu de progrès dans la création de valeurajoutée par la transformation. Au milieu des années 90, les produits frais représentaient encore près de 90 pourcent de la valeur des exportations non traditionnelles, et encore les 10 pour cent transformés étaient surtoutexportés sur les marchés régionaux d’Amérique centrale et non sur les marchés internationaux.

RECOMMANDATIONS POUR LES ACTIVITÉS FUTURES

Leçons

Un certain nombre de leçons importantes peuvent être tirées du cas présenté ci-dessus:● La diversification vers des cultures d’exportation de haute valeur, souvent considérée comme n’étant

réalisable que par un petit nombre de producteurs, peut en fait avoir un impact important aussi bien en cequi concerne le nombre de bénéficiaires que les revenus générés; elle peut être une force d’entraînementpermettant une croissance économique rurale accrue.

● Les petits producteurs indigènes, peu éduqués, sont capables, même sans formation extérieure ou sansassistance, de s’adapter avec succès à une demande nouvelle en cultures périssables. Que de tels groupespuissent concurrencer l’agro-industrie démontre qu’ils possèdent réellement des avantages comparatifs.

● Les efforts de précurseurs des entreprises de l’agro-industrie peuvent fournir des possibilités aux petitsproducteurs en leur démontrant que des productions sont agronomiquement possibles et en ouvrant descanaux de commercialisation.

● Une production ouverte et concurrentielle, et un environnement commercial peuvent avoir un impactimportant en garantissant que les bénéfices du système seront partagés équitablement.

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S Y S T È M E S D ’ E X P L O I TAT I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

● La capacité des petites et moyennes entreprises à collaborer au lobbying et aux activités d’appui ausecteur peut être très importante, particulièrement pour réduire les barrières d’entrée et pour obtenir lesupport des politiques du gouvernement.

● L’amélioration des transports, du financement, des contacts avec le marché et du respect desréglementations peut considérablement améliorer les performances du secteur. Tenter de ne choisir et den’aider que les «gagneurs» est dangereux et a donné de mauvais résultats, surtout lorsque cela est pratiquépar le gouvernement.

ReproductibilitéLa question de la reproductibilité de cette étude, qui décrit plutôt une série d’événements qu’une interventionspécifique, a moins d’importance que pour les autres études de cas. Néanmoins, il est bon de faire certainscommentaires. Aucun des éléments qui ont contribué au développement des exportations de petits poismange-tout et de brocolis n’est unique. Un certain nombre de cultures, gourmandes en main-d’œuvre etd’accès facile, représentent des possibilités de diversification pour les populations des petits agriculteurspauvres de nombreux systèmes agricoles. Bien que rarement aussi actives que GEXPRONT et souventdifficiles à maintenir lorsque le financement extérieur s’est tari, des associations d’exportateurs existent dansde nombreux pays. Il existe aussi de nombreux pays où les gouvernements ont fait des efforts pour promouvoirdes exportations non traditionnelles. Finalement, il existe de nombreux exemples de cas où le secteur privé aété à l’origine de l’apparition de nouvelles cultures et de produits non traditionnels, tels que les fleurs coupéesen Colombie, les crevettes en Equateur, ou le jus d’orange au Brésil. Ce qui est inhabituel dans le cas duGuatemala est le niveau auquel le secteur privé a su pousser un partenariat réussi avec les petits producteurspauvres pour dominer le plus grand marché du monde pour un produit spécifique28. D’autres cultures ont aussiconnu le succès en utilisant la même formule.

Pour les gouvernements et les agences extérieures de financement, la clé de la reproductibilité de cetteexpérience réside probablement dans l’accent mis plus sur l’environnement dans lequel ils évoluent que surles producteurs eux-mêmes, en terme de diversification et de projet d’appui au revenu. Cet environnementinclut bien évidemment des éléments sous le contrôle du gouvernement, tels que l’infrastructure, le contrôledes réglementations, les politiques fiscales et le taux de change; il dépend aussi beaucoup des activités dusecteur privé dans les domaines de la commercialisation, du financement, de l’offre d’intrants, et de la créationd’emploi; en effet le secteur public ne peut répondre durablement à aucune demande dans ces domaines,demande qui ne peut pas non plus être prise en charge par les producteurs eux-mêmes.

Toutefois, il est possible que le secteur privé ait à faire face à des obstacles, parfois sérieux, à ces activités.S’ils peuvent être levés, l’environnement pour la diversification et la création de revenu deviendra beaucoupplus favorable et, pour autant que les conditions agronomiques, socioculturelles et commerciales sontappropriées, les chances de succès augmenteront considérablement. Cependant, le secteur privé doit êtreconvaincu des possibilités de partenariat avec les petits producteurs. Les petites entreprises sont, par nature,plus prêtes à accepter ce principe (les grandes entreprises peuvent trouver que, de toute façon, les coûts detransaction sont trop élevés quand il s’agit de traiter avec des petits producteurs). De plus, seules les pluspetites entreprises sont capables de bien identifier et d’évaluer l’importance des contraintes auxquelles ellesauront à faire face pour mettre en place une production atomisée et des systèmes de commercialisation. D’oùl’importance de permettre aux petits et moyennes entreprises de jouer un rôle leader dans ce processus.

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Irrigué

Mixte des hautes terres

Riz des bassesterres

Racines ettubercules

Mixte tempéré

Mixte intensif de moyennealtitude

Mixte extensifdes hautesterres

Irrigué

A base de forêts

Mixte intensif

Maïs-haricot(Amériquecentrale)

Mixte intensifdes hautes terres

Mixte de hautealtitude (Andescentrales)

Mixte tempéréhumide forêt-élevage

441

ANNEXE 2

CLASSEMENT DES SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE PAR GRANDES CATÉGORIES

● ● ●

AFR MAN ECA ASS AEP ALC

IRRIGUÉ DES PETITS AGRICULTEURS

Irrigué

À BASE DE RIZ AQUATIQUE

PLUVIAL HUMIDE DES PETITS AGRICULTEURS

Forestier

Riz- arboricole

Cultures racinaires

Mixtecéréale-racine

Mixte maïs

SISTEMA DE PEQUEÑOS AGRICULTORES DE SECANO EN TIERRAS ALTAS

Vivace des hautes terres

Tempéré mixte des hautes terres

Riz

Riz-blé

Arboricole

Mixte deshautes terres

Dispersé(montagne)

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S Y S T È M E S D ’ E X P L O I TAT I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

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AFR MAN ECA ASS AEP ALC

Céréale-élevageà petite échelle

Dispersé(aride)

Irrigué

Mixte

A base de forêts etd’élevage

Mixte horticole

Céréale-légumeà grande échelle

Extensifcéréale-élevage

Pastoral

Dispersé (froid)

Urbain

Pastoral

Dispersé(aride)

Dispersé(forêt)

Mixtearboricole

Pêche côtièreartisanale

Urbain

Mixte des terres sèches

Pastoral

Dispersé(forêt)

Mixteplantation-côtier

Mixte extensif(Cerrados etLlanos)

Céréale-élevage(Campos)

Mixte tempéré(Pampas)

Mixte extensifdes terressèches (GranChaco)

Urbain

PLUVIAL SEC/FROID DES PETITS AGRICULTEURS

Agropastoral mil/sorgho

Pastoral

Dispersé(Aride))

DUALISTE

Arboricole

Des grandes exploitationset des petits exploitants

PÊCHE ARTISANALE CÔTIÈRE

Pêche côtière artisanale

URBAIN

Urbain

Mixte pluvial

Sec pluvial

Pastoral

Dispersé(aride)

Pêche côtièreartisanale

Urbain

Mixto de Secano

Seco Mixto

Pastoreo

Disperso(Arido)

Pêche côtièreartisanale

Urbain

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Le classement suivant est préparé à partir des groupes régionaux définis dans leRapport sur le développement dans le monde publié chaque année par laBanque mondiale. Il exclut les pays à haut revenu ainsi que les petitesdépendances (les dépendances ayant de grands territoires sont cependantincluses). Le Rapport identifie six régions, au lieu des cinq régions du Rapportintérimaire FAO AT2015/30 qui exclut la région EAC. Dans le cadre de cettepublication, l'Afrique du Sud est incluse dans la région AFR, la Turquie dans larégion EAC et l'Afghanistan dans la région ASS.

Afrique subsaharienne (AFR)Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert,République Centrafricaine, Tchad, Comores, Congo, République démocratiquedu Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana,Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Lesotho, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali,Mauritanie, Maurice, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Républiqued'Afrique du Sud, Réunion, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Seychelles,Sierra Léone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie,Zimbabwe.

Moyen-Orient et Afrique du Nord (MAN)Algérie, Egypte, Iran, Irak, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Oman, ArabieSaoudite, Syrie, Tunisie, Yémen, Cisjordanie et Gaza.

ANNEXE 3

CLASSEMENT DES PAYS PAR RÉGION

EN DÉVELOPPEMENT

● ● ●

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S Y S T È M E S D ’ E X P L O I TAT I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

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Europe de l’Est et Asie centrale (EAC)Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie,République Tchèque, Estonie, Géorgie, Hongrie, Kazakhstan, République duKirghizistan, Lettonie, Lituanie, Macédoine (ancienne République Yougoslave deMacédoine), Moldavie, Pologne, Roumanie, Fédération de Russie, République deSlovaquie, Slovénie, Tadjikistan, Turquie, Turkménistan, Ukraine, Ouzbékistan,République Fédérale de Yougoslavie.

Asie du Sud (ASS) Afghanistan, Bangladesh, Bhutan, Inde, Maldives, Népal, Pakistan, Sri Lanka.

Asie de l’Est et Pacifique (AEP)Cambodge, Chine, Indonésie, RDP de Corée, République de Corée, Laos,Macao, Malaisie, Mongolie, Myanmar, Philippines, Thaïlande, Vietnam. Plus 22nations des îles du Pacifique: Samoa américaine, Iles Cook, Iles Fidji, Polynésiefrançaise, Guam, Iles Gilbert, Iles Marshall, Etats fédérés de Micronésie, Nauru,Nouvelle Calédonie, Niue, Iles Mariana du Nord, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Iles Pitcairn, Samoa, Iles Salomon, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Iles Walliset Futuna

Amérique Latine et Caraïbes (ALC)Antigua, Argentine, Bahamas, Barbade, Belize, Bermudes, Bolivie, Brésil, îlesCaïmans, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Dominique, RépubliqueDominicaine, Equateur, Salvador, Grenade, Guatemala, Guyane, Haïti,Honduras, Jamaïque, Mexique, Antilles Hollandaises, Nicaragua, Panama,Paraguay, Pérou, Saint-Cristophe et Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent etGrenadines, Suriname, Trinité et Tobago, Uruguay, Venezuela.

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ANNEXE 4

B I B L I O G R A P H I E

● ● ●

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ACRONYMES

AEP Région de l’Asie de l’Est et du Pacifique AGNU Assemblée générale des Nations Unies ALC Région d’Amérique latine et des Caraïbes ASEA Approche système d’exploitation agricole ASD Approche pour une subsistance durable ASS Région d’Asie du SudAUE Association d’utilisateurs d’eauCEI Communauté des Etats indépendantsCIAT Centre international pour l’agriculture tropicaleCICC Commission intergouvernementale sur les changements climatiques CIMMYT Centre international pour l’amélioration du maïs et du bléCIP Centre international pour la pomme de terreCIRA Centres internationaux de recherche agricole DDC Développement dirigé par les communautés DNUP Division des Nations Unies pour les populations DPT Développement participatif de technologies EAC Région de Europe de l’Est et de l’Asie centrale ECSE Europe centrale et du Sud-EstEMBRAPA Institut brésilien de recherche agricole FEM Fonds mondial pour l’environnement ESRP Exposé sur la stratégie de réduction de la pauvreté F&M Fonctionnement & maintenanceF&V Formation et visite (méthode de vulgarisation)FAO Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation FIDA Fonds international pour le développement de l’agriculture FMI Fonds monétaire international

ANNEXE 5

ACRONYMES, ABRÉVIATIONS

ET TERMES SPÉCIAUX

● ● ●

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S Y S T È M E S D ’ E X P L O I TAT I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

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GCRAI Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale GIC Gestion intégrée des culturesGIEN Gestion intégrée des éléments nutritifs GIR Gestion intégrée des ravageurs ICARDA Centre international de la recherche agricole des zones sèches ICRISAT Institut international pour la recherche des cultures des zones

tropicales semi-arides IDH Indice de développement humainIFPRI Institut international pour la recherche sur les politiques alimentaires IITA Institut international pour l’agriculture tropicale ILRI Institut international pour la recherche sur l’élevage IPEGA Irrigation à petite échelle gérée par les agriculteurs IPH Indice de pauvreté humaine IRRI Institut international pour la recherche sur le riz ISNAR Service international pour la recherche nationale agricole MAG Ministère de l’agricultureMAN Région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ODI Objectif de développement international OGM Organisme génétiquement modifiéOMC Organisation mondiale du commerceONG Organisation non gouvernementale PAIB Produit agricole intérieur brutPAS Programme d’ajustement structurelPCO Programme pour le contrôle de l’onchocercosePIB Produit intérieur brutPME Entreprises de petite et moyenne dimension PNB Produit national brutPNUD Programme des Nations Unies pour le développement PNUP Programme des Nations Unies pour l’environnement PPA Parité de pouvoir d’achatPPIGA Petit périmètre irrigué géré par les agriculteursPPPE Pays les plus pauvres très endettés RAF Région de l’Afrique subsaharienne RNA Recherche nationale agricole RSA Recherche système d’exploitation agricoleSADC Communauté sud-africaine de développement SIDA Syndrome d’immunodéficience acquise SIM Service d’information sur les marchés SNRA Système national de recherche agricole UE Union européenneVHR Variété à haut rendementZAE Zone agroécologique

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A N E X O 5 : A C R Ó N I M O S , A B R E V I AT U R A S Y T É R M I N O S E S P E C I A L E S

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ABRÉVIATIONSagric. agricultureha hectarekcal kilocaloriekg kilogrammekm kilomètrekm3 kilomètre cubem millionnbre. nombre% pourcentagepopn. populationpers. personne

LEXIQUE DE QUELQUES TERMES SPÉCIFIQUES UTILISÉS DANS LE LIVRE

Population agricole:La population agricole est définie comme regroupant toutes les personnesdépendant de l’agriculture, de la chasse, de la pêche ou de la foret pour leursubsistance. Cette estimation comprend toutes les personnes travaillant dansl’agriculture et leurs dépendants qui ne travaillent pas.

Terres cultivables permanentes et annuelles / surface cultivée:Somme des terres sous cultures temporaires (les surfaces en double culture ne sontcomptées qu’une seule fois), des prairies temporaires pour la production de foin oupour le pâturage, des potagers familiaux ou commerciaux et des terres en jachèretemporaire (les terres abandonnées pendant moins de cinq ans, ou en raison decultures itinérantes, ne sont pas comprises dans cette catégorie), plus les terresoccupées par des cultures pour de longues périodes et qui ne doivent pas êtrereplantées après chaque récolte, telles que le cacao, le caféier et l’hévéa (cettecatégorie comprend les terres plantées avec des arbustes à fleurs, des arbresfruitiers, des arbres à noix et des vignes, mais exclut les terres où les arbres sontutilisés pour la fourniture de bois de chauffe et de construction).

Zones agroécologiques (ZAE):Les zones agroécologiques sont définies et décrites par la FAO d’après la moyenneannuelle de la longueur de la période végétative des cultures, qui dépend, entreautres, des précipitations et de la température. Les longueurs des périodesvégétatives de ces zones sont: zones humides, supérieure à 270 jours; zoneshumides subhumides, comprise entre 180 et 269 jours; zones sèches subhumides,comprise entre 120 et 179 jours; zones semi-arides, comprise entre 60 et 119 jours;et zones arides, comprise entre 0 et 59 jours.

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S Y S T È M E S D ’ E X P L O I TAT I O N A G R I C O L E E T PA U V R E T É

Seuil international de pauvreté / pauvreté exprimée en dollar:Les seuils de référence de pauvreté fixés en 1993 à 1 dollar EU et 2 dollars EU deconsommation par tête et par jour de parité de pouvoir d’achat (PPA). Cette ancienseuil de référence est généralement utilisé lorsque l’on parle de la pauvreté; quandil est fixé à ce niveau il est parfois désigné sous l’appellation de pauvreté en dollar. Denombreux pays ont aussi fixé leur seuil de pauvreté national diffèrent du seuil depauvreté international.

Superficie irriguée:Les données sur l’irrigation concernent les superficies équipées pour la fourniturede l’eau aux cultures. Elles comprennent les surfaces équipées pour le contrôle totalou partiel de l’irrigation, les surfaces irriguées par les crues et les terres humides etde fonds de vallées équipées.

Superficie des terres:C’est la superficie totale des terres d’un système d’exploitation agricole d’unerégion ou d’une région complète non comprises les surfaces en eau à l’intérieur desterres.

Population totale économiquement active:Cette population se réfère au nombre de personnes employées et sans emploi (ycompris celles qui cherchent un emploi pour la première fois). Elle comprend lesemployeurs, les travailleurs indépendants; les employés salariés, les salariés, lestravailleurs non salariés qui aident leur famille dans des tâches agricoles ou decommercialisation; les membres des coopératives de production et les membres desforces armées. La population économiquement active est aussi appelée force detravail.

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La majeure partie de la nourriture du monde en développement estproduite par quelque 500 millions de petits agriculteurs – hommes etfemmes. Et pourtant, ces paysans et leurs familles souffrent davantage dela faim que les plus pauvres des zones urbaines; la pauvreté est chez euxplus grande et l’accès aux services sociaux de base plus restreinte. On nepourra respecter les engagements internationaux de réduire de moitié lafaim et la pauvreté d’ici à 2015 qu’en étant capables d’atteindre cesménages agricoles. Cependant, les approches traditionnelles n’ont paspermis d’y parvenir. Il est nécessaire, si l’on veut mettre en place lesconditions qui permettront aux ménages agricoles pauvres d’améliorerleurs propres conditions de vie, que les gouvernements, les organisationsnon gouvernementales et les agences internationales comprennent plusclairement l’environnement agroécologique, physique, économique etculturel dans lequel ces agriculteurs et leurs familles vivent – c’est-à-direleurs systèmes d’exploitation agricole. Ce n’est que de cette façon qu’ilsera possible de formuler et de mettre oeuvre les politiques réalistes, lesprogrammes d’investissement et d’assistance technique nécessaires et delibérer totalement les potentialités latentes des populations agricoles.

Ce livre passe en revue un large éventail de systèmes d’exploitationagricole du monde en développement et montre comment l’approchesystèmes d’exploitation agricole peut permettre d’identifier les grandespriorités internationales, régionales et locales capables de réduire la faimet la pauvreté. Il examine les différentes stratégies dont disposent lesfamilles d’agriculteurs pauvres à la recherche d’une vie meilleure etmontre comment l’importance relative de ces stratégies varie d’unsystème d’exploitation agricole à l’autre. Finalement, cet ouvrage montrequ’une réponse efficace à ces priorités et stratégies ne pourra êtreapportée qu’en repensant les rôles des principales parties prenantes duprocessus de développement – les agriculteurs eux-mêmes, leurscommunautés, la société civile, les gouvernements et la communautéinternationale.

Division des Systèmes de soutien àl'agricultureOrganisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agricultureViale della Terme di Caracalla00100, RomeItalywww.fao.org/FarmingSystems/

Département du développement ruralThe World Bank1818 H Street, N.W.Washington, D.C., 20433USAwww.worldbank.org/rural