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Tabledesmatières
Quillembois, soldatdebois,naquitun jour,comme tous les jouetsdebois,d'unmorceaudesapintourné.
Il fut soldat françaisparceque lehasardavaitplacéàcôtéde l'ouvrierquiétaitchargédel'enluminer,unpotdebleuetunpotderouge.
Ilauraitputoutaussibienêtresoldatanglais,silepotdecouleurbleueavaitétéplusloin:ilauraitétéRussesilepotdecouleurverteavaitétéplusprès;ilauraitmêmepuêtrenègre, si, lorsquevint son tourd'êtrepeint, iln'était restédansl'atelierqu'unpeudenoiraufondd'ungodet.
Lamaindel'ouvrierquiesquissanaïvementlestraitsdesonvisagetremblaitunpeu.VoilàpourquoiQuillemboiseut lenezdetravers;sabouchenefutpasnonplusdansleprolongementexactdesonnez,ainsiqueleveulentlesrèglesdel'esthétique,maissesyeuxnoirs,biend'aplomb,regardaientfranchementenfaced'eux,sanspeurniforfanterie.
Lorsque sa tuniquebleue fut sèche,on lui collaunbrasdeboisdechaquecôté du corps; on lui colla ensuite un fusil jaune le longdubras droit, un sacbrunsurledos,unpomponrougesursonshakoet,souslespieds,enguisedegodillots,unelargeetconfortablerondelleverte,aucentredelaquelleilsetintbiencampé,prêtàrecevoirvictorieusementtousleschocs.
CommeQuillemboisavaitunetêteetuncorpsenbois,ilétaitnaturellementenclin à l'obéissance et peu sensible à la douleur. Il ne se plaignit donc paslorsqu'un jour il futmis dans une boîte garnie demousse et de fragments devieuxjournauxencompagnied'unedouzained'autressoldats,d'untambour,d'uncanon,d'uncapitaine,d'unporte-drapeauetdesixarbresfraîchementvernisdontl'odeurportaitquelquepeuàlatête.
Allongé dans sa boîte, Quillembois regardait devant lui. Il voyait, sur lesplanchettesdont l'atelier était garni, ungrandnombredemaisons, d'arbres, de
moutons,devaches,dechevaux,decanards,d'oies,depoules,debergersetdebergèresquiséchaientenattendantd'êtremisenboîteàleurtour.
Ilvoyaitsurtout,justeenfacedelui,unepetitebergèreàlajupeverteetaucorsagerosedontlesyeuxétaientobstinémentfixéssurlessiens.
Quillemboisetlabergèreseregardèrentdoncpendantdesjoursetdesjoursjusqu'àcequ'onvintlesenempêcherenmettantuncouverclesurlaboîteoùsetrouvaitlepetitsoldat.
Sans savoir pourquoi, Quillembois se sentit le cœur tout gros. Comme ilfaisaitnoiretquepersonnenepouvaitlevoir,ilsemitàpleurerenpensantàlabergèreroseetvertequ'ilnereverraitpeut-êtreplusjamais.
La boîte dans laquelle se trouvait Quillembois fut mise dans un coin del'atelier,àcôtéd'autresboîtessemblables.
Quelques jours après tout cela, il y eut un grand remue-ménage dans lafabrique.Quillemboisentenditdespaspressés,desvoix,descris: il luisemblaque les moutons bêlaient tristement, que les chevaux hennissaient; il crut, aumilieude tous ces bruits, distinguer les sanglots étouffés de la bergère rose etverte.
Maissaboîtefutbrusquementsoulevéeetelleretombaplusloinavecfracas.
Ilentenditensuitedespasdechevaux,desroulementsdecamions,deschocsdeplaquestournantesetdescoupsdesiffletstridents.
Ilcompritqu'ilétaitdansuntrain(carilavaitdéjàvudescheminsdeferenbois)etqu'ilroulaitversquelquedestinationinconnue.
Puisils'endormit.
Tout au fondde laboîte, à travers l'épaisseurde lanuitdans laquelle il setrouvait, Quillembois vit un grand trou noir au fond duquel apparaissait, trèspetit, très lointain,vaguement teintédevert,deroseetdegris,unpetitvillageauxmaisonsdebois,toutpareilàceuxqu'ilavaitvussurlesétagèresdel'atelier.
Puisunelumièreblondenaissaitdoucement.
Ungrospapillonnoirtachédejauneetdeviolets'estompait,seprécisait,setransformait:ilseteintaitderouge,secoloraitdebleu,senuançaitdevert.
EtQuillemboisreconnaissaitlespotsdecouleursàcôtédesquelsilétaitvenuaumonde.
Brusquementlepaysages'illuminait:del'ortombaitduciel,s'accrochaitautoit desmaisons, s'épandait sur les toisons blanches desmoutons; les chevauxgalopaient;lesvachess'enallaientauxchamps;devantleportaildelafermeauxvoletsverts,lapetitebergèreverteetrosedonnaitàmangerauxpouletsetauxdindons.
Là-bas,unepoulequivenaitdepondreledisaitgaiementàtouslesgensde
la ferme: soncrimontait toujours: ildevenaitdeplusenplusaigu,deplusenplusperçant,sibienqu'ilréveillalepetitsoldat.
Quillembois ouvrit les yeux. A côté de sa boîte grande ouverte, unphonographe martial nasillait une marche militaire de toute la force de sesdisques;Quillemboisdistinguaaussideslumières,descouleurs,despersonnes.
Ilvitalorsqu'iln'étaitplusenchemindeferetils'aperçutque,pendantsonsommeil,ilavaitététransportédanslerayondesjouetsd'ungrandmagasin.
ToutàcôtédeQuillembois,unarbreécrasaitlapoitrineducapitaine;unfusilmenaçant était prêt à crever le tambour et cinq ou six de ses camaradesétouffaientàquimieuxmieuxparcequ'ilsétaientcouchésàplatventre, lenezdanslamousse.Quillemboisavaitlachanced'avoirlatêteappuyéesurleborddelaboîte:ilpouvaitainsirespirerlibrementetvoircequisepassaitautourdelui.
Tandis que le phonographe qui l'avait réveillé continuait sa musique, deschemins de fer àmécanique roulaient bruyamment sur les tables voisines, despoupées glapissaient «PPPA-PPA-MMMA-MMA». Quillembois voyait encoredes mâts de navires, tandis qu'au-dessus de sa tête, des aéroplanes sepoursuivaientsanspouvoirjamaisserattraper.
Enfindesgensallaientetvenaient.
Comme ils regardaient tous le bord de la boîte, à l'endroit même oùQuillemboisappuyaitlatête,lepetitsoldatcrutquelesvisiteursétaientséduitspar sa bonne mine et sa gentillesse: il redressa le torse et bombaavantageusement la poitrine; songeant à des succès inespérés, il oubliamême,l'ingrat,que,là-bas,ilnesavaitoù,unepetitebergèreverteetrosepleuraitpeut-êtreenpensantàlui.
Maisilfutbienpunidesavanitélorsque,penchantlatête,ilvit,au-dessousdelui,colléesurlaboîte,uneétiquetteportantunprix.Ilcompritalorsquecette
étiquette,bienplutôtquesapersonne,attiraitl'attentiondesclientsquipassaient,calculantlemontantdeleursachats.
Malgré tout le brouhaha qui se faisait dans tout le magasin, Quillemboisregardaattentivementlespetitsjouetsaumilieudesquelsilsetrouvait.
Prèsdelui,àcôtéd'unebergerieauxmoutonsfrisés,uncortègedebêtesaux
formesbizarressortaitd'uneArchedeNoé.
Des manèges de chevaux de bois, aux cavaliers de toutes les couleurs,tournaientausondeleurboîteàmusique,etdespantins,encostumed'Arlequin,réjouissaient les passants de leurs contorsions plus comiques les unes que lesautres.
Desoiseauxchantaientdansleurscages.
Desmarinsramaientdansleursbateaux.
Et toute une ribambelle de petites poupées à un sou dansaient, dansaienttoujourssurleursquatrecrins,infatigables.
Lesjouetsd'unprixélevéétaientgroupésaufonddumagasin:ilsformaientunaristocratiquerayon,aussi lointaindumodestepetit soldatdeboisquepeutl'être,d'unsimplepioupiou,lepalaisd'unroioud'unempereur.
Quillembois contemplait ce rayon avec de grands yeux écarquillés. Ilfrissonnad'admirationenpensantqu'ilyavait làdesjouetssichersqu'ilauraitfalludixouvingtmillesoldatscommeluipourpouvoirlespayer:desautomates,fiersdeleurgrandepopularité,quijouaientdelamandolineetbuvaientdusirop;desjouetsscientifiques,desbateauxàvapeur,dessous-marins,deslocomotives,desballonsdirigeablesetdesaéroplanes.
Ilyavaitlàdesanimauxenétoffe:desânesgrisquihochaienttristementlatête,sesouvenantdel'injusteetlointainetraditionquilescondamneàresterpourtoujourslesymboledel'ignoranceetdelaparesse;
de gros éléphants bons enfants, que leur réputation d'animaux pas méchantsrendaitpropresàsubirtouteslesmystificationsdeleurscompagnonslessinges;descanardsdetouteslescouleurs,deslions,desvaches,destigres,desoursetdeschameaux.
Il y avait aussi des chauffeurs cossus et de riches automobilistes. Leursvoitures étaient lancées à toute allure sur de grandes tables:mais, hélas! leurspauvrestêtesdeporcelaineétaientàlamercid'uncaillouquisetrouvaitlà,d'unchienmécaniquequipassaitdevanteux,d'unviragemalpris.
Etcesroisdelarouterisquaientàtoutmomentdesebriserenmillemiettes
au pied même de la table sur laquelle ils accomplissaient leurs exploits,terrorisanttouslesautresjouets.
Plusloin,dehautesetsuperbesquillessemblaientdéfiertoutlemonde.
Mais,aumoindrecoupdeboule,ellestombaientparterre,heurtantdurementlesoldeleurnezcamardetneserelevaientplus.
Ilyavaitdessoldatsdeplomb:
Musiciens aux instruments de cuivre, fantassins aux pantalons garance,tambours,porte-drapeau.
Chasseursàchevalauxtuniquesbleudeciel.
Dragonsauxcasquesd'argent.
Turcosauxchéchiasrouges,zouavesauxturbansblancs.
Généraux et officiers de toutes sortes, aux brillants uniformes, auxaiguillettesd'or,auxmultiplesdécorations.
Artilleursauxsombrescostumes.
Spahisauxburnousflottants.
Fourgonsrégimentaires,parcsd'artillerie,voituresd'ambulance.
Il y avait enfin de monstrueux canons à air comprimé, jetant plusieursprojectilesàlaseconde.
Quillemboislesregardasanseffroi.
Il ne savait pas encore que les soldats de bois, comme les autres, sontquelquefoisobligésd'alleràlaguerreetdeprendrepartàdeterriblescombatsàlafindesquelslescanons,seuls,restentdebout.
Enfin,unjour,unedamevintaumagasinetemportalaboîtedanslaquellesetrouvaitQuillembois.
Ce fut avec une grande joie qu'il quitta le magasin: les phonographesl'assourdissaient,leslumièresl'éblouissaient,lapoussièreluidonnaitdesnauséesetlefroiddelanuitdesrhumatismes.
Deplus, l'humidité le faisait un peu enfler, tout comme ces tiroirs de boisqu'onnepeutplusfermerniouvrirlorsqueletempsestàlapluie.
Ladameemportalaboîtechezelle,puislamitdansunearmoireaufonddelaquelled'autresjouetssetrouvaientdéjà.Quillemboisretrouvaainsilecalmeetlachaleurdontilavaitétéprivédepuissonarrivéeàlaville.
De tempsen temps, ladamesortait soigneusement les jouetsde leurboîte:elleregardaitsitouteslespetitespiècesdontilssontcomposésétaientbienàleurplace;ilfallaitparfoischangerlecrincasséd'unepoupéequiavaittropdansé,oudonner un nouveau fusil, fait d'un morceau d'allumette, à un soldat qui avaitperdulesien;certainsjouetsn'avaientplusnibrasnijambes:labonnedameleurendonnait de tout neufs, qu'elle taillait elle-mêmedansdepetites planchettes,puiselleprenaitsoigneusementcespauvreséclopésetleurfaisaitpasserlanuitaucoindufeuafinquelacollesèchebienetqu'ilsaient,dèslelendemain,desmembresassezsolidespourqueriennepuissepluslesfairebouger.
Ilfautdirequependantlanuit,àl'heureoùtoutlemondedortprofondément,les jouetsnesontpluslespetitsobjetsdénuésdemouvementetdepenséequenousvoyonspendantlejour.
Ilsvivent, au contraire, commedevéritablespetitshommes: ilsvontd'uneboîte à l'autre, causent entre eux, et les événements qui se passent dans notre
mondefontsouventl'objetdeleurconversation.
Mais le moindre regard qui se pose sur eux leur fait reprendreimmédiatementleurapparenceinaniméedebois,demétaloudecarton.
Aussijamaispersonnen'a-t-ilpulesvoirremuer.
Mais ceux qui savent comprendre leur langage entendent quelquefois,derrièreuneporte,leshistoiresqu'ilsracontent.
Unsoirdonc,untambour,auquelilavaitfallurecollerunebaguette,parlait,aucoindufeudevantlequelilséchait,àunemarchandeenporcelainequ'ilavaitfallu fixer plus solidement aux brancards de sa voiture d'oranges et qui, pourcetteraison,occupaitl'autrecoindelacheminée.
«Encetemps-là,disaitletambour,leshommesvivaientheureux.
«Tandis que les soldats, mes camarades, faisaient l'exercice devant leursforts, lespetitesbergèresmenaientpaître lesvacheset lesmoutons sur l'herbevertedesprairies.Ellestrayaientleursvachesetlebonlaitécumeuxcoulaitdansles seaux de cuivre.De belles dames, bien coiffées et bien habillées, venaientdans les fermes: elles achetaient le lait et le faisaient boire à leurs bébés quiconservaientainsileurbonnemineetleursjouesfraîchesetroses.Leshommesfauchaient, moissonnaient. Tout le long de ce pays, les chemins de fertransportaient sans cesse des voyageurs qui s'en allaient çà et là, les uns pourleurs plaisirs, les autres pour leurs affaires. Les automobiles sillonnaient lesroutes, et toutes les usines étaient en action, tissant, tournant, forgeant etdécoupantsansarrêt.
«Or, voici qu'un soir d'été, en 1914, un tambour battit dans un village,d'autres tambours lui répondirent; les cloches des petites églises sonnèrent àtoutevolée;tousleshabitantsdesvilles,desvillagesetdesfermesaccoururentsur lesplacespubliqueset ilsapprirentavecconsternationquelaguerrevenaitd'être déclarée à nos soldats aux pantalons rouges par les soldats de la nationvoisine,quiétaientvêtusdegris.
«Letambourroulaittoujoursetdessoldatsvenaientdetouslescôtés:lesunsétaientdetrèsjeunesgens,fortsetrobustes,d'autresétaientplusâgés.Jeunesetvieux partaient tous, pleins d'ardeur et de vaillance, au secours de leur paysenvahi.
«Pendantquelessoldatsserassemblaient,lesbergersetlesbergèresfaisaientrentrer leurs troupeaux dans les étables; les belles dames bien habillées secachaient avec leurs bébés tout au fond de leurs boîtes ou préparaient de lacharpiepourlesblessés;et,déjà,surterreetsurmer,danslesplainesetsurlesmontagnes, les fusils partaient, les canons tonnaient, coulant des bateaux,abattantdesbataillonsentiersdesoldats.
«Des fermesétaienten feu,desvillagesentierscroulaient sous lechocdesobus; les soldatsgrisétaient sansnombre,maisd'autres soldatsarrivaient sanscessepourluttercontreeux:lesunsvêtusdebrunoudevert,lesautrescoiffésdehauts turbans;etdesblancsetdesnègres, et touteunearméequivenaitdebien au delà des mers, et de hardis cavaliers qui chargeaient sans répit, sanstrêve, jusqu'au moment où les soldats gris, harcelés de tous côtés, vaincus,s'enfuyaientendéroute.
«Déjàlesbellesdamesetlesbébésbrandissaientdesdrapeauxdetouteslescouleurs.
«Revenus enfin au pays qu'ils avaient délivré de l'ennemi, les soldatsembrassaient leurs femmes et leurs enfants, reprenaient avec joie leurspacifiquestravaux;ettouslesgens,fermiers,bellesdames,ouvriers,voyageurs,bergers,disaientavecsatisfaction:«Lapaixestfaite,lapaixestfaite.»
«Et pourtant, des femmes qui avaient perdu leurs fils ou leurs marispleuraientencore;desenfantsétaientvêtusdenoir;desinfirmespassaientsansbras, ou sans jambes, ou sans yeux pour voir la lumière du soleil.Années detueries!annéesdemassacre!Pourquoitoutcela?Pourquoi?Pourquoi?»
Un léger craquement se fit entendre à cemoment du côté de la porte. Letambourneparlaitdéjàplus.Lamarchanden'entendaitplus.
Quelques jours sepassèrent.Puis,un soir, ladamepritdélicatementpar latailleQuillemboisetsescamaradesetlesmitenrangsurleparquet.
Ilsétaientalignéscommeàlarevueouàlaparade.
Et ils avaient bien froid, car, ce soir-là, il n'y avait pas de feu dans lacheminée.
Devanteuxungrandarbrevertparaissaitsortirduplancher,ettandisquesesplus basses branches touchaient le sol, les plus hautes montaient jusqu'auplafond.
Ladames'enallaetlachambrerestaplongéedansl'obscurité.
Alors,dansl'arbre,unepetitelumières'alluma.
Puisuneautre.
Puisd'autresencore:etbientôtcefutuneilluminationcomplète.
Commeilfaisaitchaud,maintenant!
Au loin, des musiques se faisaient entendre, de doux airs de harpe et deviolon.
Etvoicique,dufonddelacheminée,dessoldatsdeplombdébouchèrent.
Précédésde joyeuses fanfares, ilsdéfilèrentdevant l'arbreet se lancèrentàl'assautdesesplusbassesbranchessurlesquellesilss'installèrent.
Parterre,uneglaceentouréedemoussesemblaitêtreunétanglimpidedanslequelsereflétaientleslumières:surcelacungrandvoilierétaitàl'ancreetdespetitsbateauxallaientetvenaientautourdelui.
Untroupeaudevachesentraitmaintenant:tandisquelesbergersjouaientdela musette, les vaches avançaient lentement et venaient se ranger au bord de
l'étang.
Unpetitoursaccourutentrottinant:ilsecoualacendrequis'étaitattachéeàsespattesetgrimpalestementtoutenhautdel'arbre.
Surlesbranchesdusapinetautraversdelachambre,desfilsd'oretd'argentscintillaient;degrossesboules,lesunesdemétaljaunelesautresdemétalblanc,ressemblaientàdesbouquetsdesoleilouàdesguirlandesdelunes.
D'autresjouetssortaientencoredelacheminée.
Des pantins bariolés sautaient adroitement sur le coin des meubles et s'yasseyaientsansfaçon;unelocomotivesuiviedeseswagonsbondissaitàtraverslesrameauxdel'arbreets'yaccrochait.
Uneéglise,depetitesmaisons,arrivaientensautillant;despoules,desoies,
descanardslessuivaient;unéléphantmarchaitpesammentenavantdesbêtesdelaménagerieetunepièced'artillerieentraitavec fracas,augrandgalopdeseschevauxblancs.
Ausonduchalumeau,desbergersetdesbergèresmenaientleurtroupeaudemoutonsenrubannés.
AlorsQuillemboissentitbattrebienfortsonpetitcœurdebois:devant lui,timide et rougissante, la petite bergère rose et verte était arrêtée et lui souriaitgentiment.
Unbruitd'ailessefitentendredanslacheminée:lesmusiquesseturent,leslumièress'éteignirent.
Danslaville,lesclochessonnaientàtoutevoléeetdefraîchesvoixd'enfantsdisaient:
«Noël,Noël,JoyeuxNoël.
«MerryChristmas.»
Laportes'ouvrit.
Des têtes blondes et des têtes brunes d'enfants apparurent. Tous ces petits
regardaient avec admiration l'arbre deNoël et les jouets qui l'entouraient: prisd'un grand respect pour un si beau spectacle, ils n'osaient pénétrer dans lachambre,maisladamevintetilslasuivirentàpetitspas.
Quand ils eurent contemplé tout ce qu'il y avait sur le plancher et dansl'arbre,ladameleurdistribualesjouets.Unpetitgarçonblondeutlessoldatsdebois,sasœureutlabergèreroseetverte,lesbergers,lesmoutons,labergerieettoutunvillage;lessoldatsdeplombfurentdonnésàunautregarçonbrun,qui,trèsfierducadeauqu'ilavaitreçu,s'enallabienviteenpoussantdegrandscrisdejoie.
Car lespetitsenfantspréfèrentsouvent lessoldatsdeplombauxsoldatsdebois. Les attitudes martiales et variées de ces hommes et de ces chevaux demétal,laprécisiondesdétailsdesharnachementsetdesuniformesséduisenttousceuxqui,commelespetitsenfants,nevoientdanslaguerrequ'unesuitedejolistableaux militaires, abondants en épisodes pittoresques et en situationsthéâtrales,àlafaçondesbataillesd'autrefois.
Les soldats de bois ne sont pas avantageux;mais ils ne savent pas ployer,mais ilssontrustiquesetredoutables.Ceux-là,petits,maigres,basanés,ontété
taillésdansduboisd'olivieroud'amandieretviennentdeProvence.Cesgrandsgaillards,fortsetbienportants,àlafigureviolemmentenluminée,quichantentfort dans les marches, boivent ferme dans les haltes et tapent dur dans lescombats, viennent des régions du Centre et sont faits d'orme ou de peuplier.D'autres viennent de Corse et sont en chêne vert. Il y a des Auvergnats enchâtaignier,desVendéensenbouleau,desParisiensenplataneetenmarronnier.VoicidesNormandsenhêtre,desBretonsenfrêne,etvoicidejeunesgarsauxyeuxbleusquisontensapindesVosges.
Lessoldatsdeboisnesontpasavantageux,maisilssaventtenirlatranchéeetfixerl'ennemi.
Etdansleursfibrescouleencorelabonnesèvequ'ilsontpuiséedanslesoldesforêtsdeFrance.
LelendemaindujourdeNoël,Quillemboisseretrouvadansunearmoire.
On racontait dans la maison que le petit garçon avait mangé trop defriandises,qu'ilétaitmaladeetqu'onleprivaitdesesjouetspourlepunirdesagourmandise.
Quillembois s'ennuya bien pendant quelques jours. Il aurait voulu voir lamaisondanslaquelleilallaitvivredésormaisetenconnaîtreleshabitants.
Ilsedemandaitpourquoiilétaitinjustementcondamnéàdemeurerenfermédansunearmoireparcequ'unpetitgarçonn'avaitpasété raisonnable.Et,pourcombledemalheur,ilentendait,toutprèsdelui,lapetitefillequijouaitaveclabergerie,lesmoutonsetlabergèreroseetverte.
Aussisetrouvait-ilbienmalheureux.
Maisenfinlepetitgarçonguéritetonluirenditsessoldats.
Quillembois fit l'exercice sur une table, à la lueur d'une grosse lampe: ildéfila,aveclesautressoldats,surdeuxrangs,surquatrerangs;ilmontalagardeausommetd'unfort;ilvit,del'autrecôtédelatable,labergèreetsesmoutons.
Lespéripétiesdelamanœuvreleconduisirentmême,àuncertainmoment,toutprèsdesapetiteamie,mais,brusquement,ilvitdisparaîtremoutons,bergèreetbergerie.
Lui-mêmeseretrouva,aprèsungrandchoc,aufonddesaboîte,seheurtantavecsescamarades.
Ilétaitl'heurededîner.
Etonvenaitdedébarrasserlatable.
Quelques jours après cette première sortie, les soldats de bois furent tousrangéssurunfort.
Devant eux, l'armée des soldats de plomb, que le petit garçon brun avaitapportéepourjoueràlabataille,occupaitl'autrecôtédelatable.Unepartiedecettearméesedissimulaitderrièreunerangéed'arbresverts: lacavaleries'étaitmise à l'abri dans un village aumilieu duquel se trouvait un canongris et lespetitspoisquiservaientdeprojectiles.
La mitraille pleuvait dru sur le fort, et les soldats de bois, mal abrités,tombaientavecfracas.Mais,aupieddufort,ungroscanonjauneripostaitfermeet,àchaquecoup,desfilesentièresdesoldatsdeplombs'abattaientsurlatable.
Auplusfortdelabataille,Quillemboisfutenvoyéauxrenseignements.
Attachéàungrosballonrouge,ilmontajusqu'auplafond.Lorsqu'ilfutarrivélà-haut, il ne vit plus, au-dessous de lui, que de petites taches de toutes lescouleurs.Mais,bientôt,ilputdistinguercequisepassaitenbas.
Ilyavaitencore,danslecampadverse,beaucoupdesoldatsetbeaucoupdepetitspois.Et, là-bas,toutaubout,àl'angledelatable,ungénéraletsonétat-majorsetenaienthorsdelaportéeducanondufort.
Alors,ducôtédel'arméedessoldatsdeplomb,unaéroplanepritsonvolaumomentmêmeoùQuillemboiscommençaitsadescente.
Attachéàlasuspension,l'oiseaublancdécrivaitdegrandscerclesau-dessusdelatable;leballoncontinuaittoujourssadescente;lechocétaitinévitable.
Patatras!
Entraîné, déchiré par les ailes de l'avion, l'aérostat se dégonfla aussitôt,s'affala,etQuillemboistombasurunarbre.
Maisquesepasse-t-il?
Voici que l'arbre oscille sur sa base et s'écroule en faisant tomber d'autresarbres; que ces autres arbres écrasent l'infanterie, l'artillerie et entraînent dansleurchuteunemaisonquijettel'égliseparterre;quel'égliserenverseàsontourlescavaliersquis'abritaientderrièreelleetquesonclochers'abatsurlegénéraletsonétat-majord'officiers,n'enlaissantpasunseuldebout.
Ilnerestaitplusrienmaintenant,absolumentrien,del'arméedessoldatsdeplomb,plus rienque l'aviateur sur son avion, qui sebalançait stupidement, auboutdesaficelle,devantsestroupesanéanties.
Lessoldatsdeboisavaientgagnélabataille;lessoldatsdeplomb,honteux,s'enallèrentpourtoujours.
Ainsi, le sortdesarméesdépendquelquefoisd'un incident futile:unepluiequi tombe, un pont qui s'écroule, un convoi qui arrive en retard peuvent faireperdreougagnerunebataille.
Lessoldatsdeboisfêtèrentlavictoirequ'ilsavaientremportéesurlessoldatsdeplomb.Lesruesetlesmaisonsduvillagefurentpavoisées,ilyeutunegranderevuepasséeparlegénéraldeboisetungranddéfiléauquelassistèrenttousleshabitantsdelaville,descampagnes,desfermesetdesbergeries.
Etlesoirvenu,Quillemboiss'endormitavecdélicessursalitièredemousseetdecopeauxfins.
Parfois, lessoldatsdeboisdupetitgarçonvoisinaient, sur la table,avec labergeriedelapetitefilleetQuillemboisbavardaitaveclesbergers.
Or,ilreconnut,unjour,undecesderniers.Natifsdumêmesapin,ilsavaientététournéslemêmejour.
Silebergern'étaitpassoldat,commeQuillembois,c'estparcequ'aumomentoù il aurait fallu l'armer, il ne restait plus, dans l'atelier, un seul bout de boisassezlongpourenfaireunfusil;lespetitsmorceauxquitraînaientencoresurlesétablis étaient tout au plus bons à faire des triques de berger ou des sabresd'officier.
Ilauraitétéofficiersilepetitmorceaudeboisqu'onluicollaaubrasavaiteulapointeenl'air;ilfutbergerparcequelapointedecemorceaudeboisavaitété,aucontraire,miseenbas.
Maisilétaitsatisfaitdesonsortetiln'enviaitpersonne.
Quillembois et le berger parlèrent ensemble des anciens camarades qu'ils
avaientretrouvésdanslegrandmagasin.
Ungrandbeaugarçon,quiavaitététaillédanslecœurmêmedel'arbre,avaitétémisdansuneboîtedesoldatsdeluxeetilétaitpartiunjourpourl'Amériqueen compagnie de poupées richement habillées et de coûteuses voituresautomobiles.Unautreétaitmarinsuruncuirasséenbois;unautreétaitacteurdansunthéâtredemarionnettes;etpuis,ilyenavaitun,quiavaitmaltourné:ilétaitdevenupiondansunjeud'échecs,avaitétépeintennoiretpassaitdepuispourêtreenébène.
Unpetitmaigriot,quiavaitététaillédansunebranchemorte,était,luiaussi,soldat:maisilavaitlataillesifineetilétaitsifragilequ'iln'avaitmêmepaspuarriverjusqu'aumagasinetqu'ils'étaitcasséendeuxpendantlevoyage.
Mais,depuislongtemps,onn'avaitplusdenouvellesd'aucund'eux.
Etonallaitbientôtlesoublier.
Depuis que les soldats de plomb étaient retournés chez eux, les soldats deboisnefaisaientpluslaguerre.
Sur la table, paisible désormais, ils voyageaient souvent en cheminde fer:parfois,letrain,lancétropfort,nes'arrêtaitpasauborddelatableetiltombaitavecsesvoyageurssurleparquet,maistoutlemondeserelevaitsansmal.
Ils passaient aussi, en rangs serrés, sur des ponts de pierre ou de bois;quelquefois,undecesponts,malconstruit, s'écroulait et lesensevelissait soussesdécombres.
Maisilss'entiraientencoresansdommage.
Aubordd'unecuvettepleined'eau,ilss'embarquaientsurdepetitsbateauxetfaisaientdedangereuses traversées, leplussouventsuiviesdenaufrages;mais,heureusement, les soldats de bois flottent, aussi toutes les pertes se bornaient-elles à quelques bras ou quelques fusils décollés qui étaient remis en place lelendemain.
Mais,unsoiraprèsledîner,laguerreciviledéchaînaseshorreurssurlatablefamiliale.
N'ayantplusdesoldatsdeplombàabattre,lepetitgarçon,voulantseservirdesoncanon,semitàtirersurlabergerieetsurlevillage.
Lespauvresmoutons,frappéspardespetitspoisoudesboulettesdemiedepain, tombaient les quatre pattes en l'air; les petites cabanes à roulette, danslesquelles s'abritent les bergers, les maisons, les arbres, tout était renversé.Quillemboisentenditlapetitefillequipleurait,puisunegrossevoixordonnaauxenfantsd'allersecouchertoutdesuite.
Etlalampes'éteignit.
Lessoldats, lesmoutons, lesbergerset labergère restèrentdoncpêle-mêlesurlatable.
Auboutd'uninstant,quandlesjouetsfurentbiensûrsqu'ilsétaientseulsetquepersonnene pouvait les voir, ils se hasardèrent à faire unpas oudeux enavant;unrayondelune,quientraitparlafenêtre,éclairaitd'unelueurblafardelesruinesduvillageetdelabergerie.
Mais,déjà,lesbergersétaientrevenus:lesuns,aidésdessoldats,remettaientlesmaisonsdeboutpendantquelesautresramassaientlesmoutons.Quillemboispensa que la petite bergère n'était pas loin. Enjambant les décombres avecprécaution, il la chercha aumilieu des ruines et l'aperçut enfin au bord de latable.
La pauvre petite, les yeux pleins de larmes, regardait l'abîme qu'elle avaitdevantlesyeuxetdont,àcausedel'obscurité,ellenepouvaitapercevoirlefond,quiétaitleparquet.
Elle expliqua àQuillembois qu'elle ne pouvait plus vivre aumilieu de cescoups de canon qui renversaient les villages, les églises, les moutons et lesbergères,etqu'ellenedésiraitrientantquedes'enfuir.
Lepetit soldat lui répondit qu'il nedemandait pasmieuxquede se sauveravec elle; il ajouta qu'il serait bien heureux de la guider dans cette entreprisepleinededangers,siellevoulaitbien,toutefois,leluipermettre.
Commeilétaitdéjàtombéduhautd'unetable,ilsavaitbienquelesjouetsdebois ne se font pas grand mal dans leur chute, mais il pensa aussi que ni labergèreniluinepourraient,unefoisqu'ilsseraientenbas,ouvrirlaporteoulafenêtreetqu'alorsilsseraientramasséstouslesdeux,lelendemainmatin,pourallerrejoindrelesautresjouetsaufonddeleurboîte.
Ils décidèrentdoncde seblottir derrièreun tasdepetits pois.Quillemboiss'étaitrappeléque,touslesmatins,onsecouaitletapisdelatableparlafenêtre;il pensa que, s'ils avaient le bonheur de ne pas être vus au moment où onrangerait les jouets épars sur la table, ils courraient la chance d'être jetésensembledanslejardin,aveclespetitspois,lesmiesdepainetautresdétritus.
Lesévénements sepassèrentbienainsique lesavaitprévus lepetit soldat.Mais,tandisquelabergèretombaitaupieddumurdelamaison,Quillemboisfutjetébeaucoupplusloin:iltombad'abordsurunarbustepourdégringolerensuitedansungroschou.
Unpeuétourdiparsachute,ilessayaitdeseremettred'aplomb,mais,danscemouvement,ilglissamalencontreusemententredeuxfeuilleset,malgrétousleseffortsqu'ilfit,ilneputsedégagerdeleurétreinte.
Prise de peur en se voyant séparée de son compagnon, la petite bergèren'osait plus bouger: tout ce grand monde inconnu qu'elle voyait autour d'ellel'effrayaitplusencorequelescoupsdecanon.
Alors,dedésespoir,ellese laissarouleraubordd'uneallée,espérantqu'onl'yretrouveraitbientôt.
Eneffet,quelquesheuresplustard,Quillemboisentenditlescrisdejoiedelapetitefille,ravied'avoirretrouvésonjouet.
Ilpensatristementqu'ilallaitêtreéloignépourtoujoursdelapetitebergèreroseetverte.
Quillemboispassadelonguesjournéesdanslechou.
Ilsouffritbeaucoup,car,aufuretàmesurequelechoupoussait,sesfeuillesgrossissaient de telle façon que Quillembois était de plus en plus serré entreelles.
Ilavait,deplus,àsubirdeuxfoisparjourlesupplicedel'arrosage,excellentpour leschoux,mais trèsmauvaispour lessoldatsdebois;dans la journée,degrosses mouches se promenaient sur sa figure et le chatouillaientdésagréablement; pendant la nuit, les limaces rampaient sur son corps etlaissaientderrièreellesdestraînéesdeleurbavedégoûtante.
Ilpensaitbienpourrirlà,lorsqu'unjourlechoufutcueillipourêtremisdansla soupe. Quillembois glissa dans la marmite, y resta toute la journée et futretrouvé,lesoir,àtable,danslasoupière.
Maisdansquelétat!!Lesbrillantescouleursdesesjouesétaientternies;sonpantalonrougeétaitd'unrosesale;sabelletunique,décolorée,étaitsouilléedegraisse; son shako noir était devenu gris; ses bras, son fusil, son sac et laconfortablerondellequiluiservaitjadisdesouliers,letout,décollé,flottaitsurlebouillon.
Lacuisinièrefutappelée:onluimontraleshorreursquinageaientlàetonlachassasur-le-champenluiordonnantderemporterlasoupière.Aussi,dèsqu'ellefutdanslacuisine,ellesaisit,derage,lecorpsdeQuillembois,lejetaparterre,et, d'un vigoureux coup de pied, elle l'envoya, sous unmeuble, rouler dans lapoussière.
Commelabonneétaitaussisalequelacuisinière,Quillemboisrestadelongsjourssouscemeuble.Mais,unefoisparmois,lamaîtressedemaisonprésidaitelle-mêmeaubalayage.
Ce jour-là, Quillembois reçut dans les reins un bon coup de balai quil'envoya rebondir sur les marches d'un escalier: au moment même, le petitgarçonblonddescendaitdesachambre.
Au bruit que fitQuillembois le petit garçon se précipita.Après un instant
d'hésitation,ilvitquecettechoseinformeétaitundesessoldatsetQuillemboisfutremisdanssaboîte,aveclesautresjouets,dansl'armoirehabituelle.
LorsquelepauvreQuillemboisfutderetourparmisescamarades, ileutunmomentdebonheur,maissajoiefutdecourtedurée.
Aucun des soldats ne voulut reconnaître, dans cemorceau de bois gras etsale, qui sentait encore le chou, leur ancien compagnon de gloire. Tous luitournaient ledosavecmépriset, comme il insistaitpour reprendresaplaceaumilieud'eux, le capitainedonna l'ordre à ses soldats de jeterQuillembois par-dessusleborddelaboîte.
Les soldats obéirent et Quillembois tomba en plein dans la bergerie: àquelquesrondellesdelui,labergèreverteetrosegardaittoujourssesmoutons.
Enl'apercevant,Quillemboispoussauncridejoieetseprécipitaverselle:ilpleurait d'émotion en retrouvant sa chère petite pastoure qu'il croyait bien neplusjamaisrevoir.
Mais labergèreeutpeurdecethommesansbras,qui titubait sur sonpiedtroppetitetellecourutseréfugierauprèsd'ungrandbergerbleuetgrisquiétaitarmé d'un solide gourdin; comme elle criait de toutes ses forces: «Au fou, aufou!» d'autres bergers accoururent avec des chiens et mirent en fuiteQuillembois,qui,aprèsmilledifficultés,réussitàsehisserjusqu'ausommetdel'église,oùilputenfinéchapperàleurcolère.
Toutel'eaudontils'étaitimbibépendantl'arrosage,toutlebouillondechouxdont ils'était imprégnédanslamarmiteetdanslasoupières'enallèrentdurantcette nuit sous forme de larmes, carQuillembois ne connut jamais de douleurplusamère.
Devant l'église, bergers, arbres, maisons, chiens et moutons dansaientjoyeusementpourcélébrerlesfiançaillesdelapetitebergèreverteetroseetdugrandbergergrisetbleu.
Lorsqu'ileutépuisétoutesseslarmesetqu'ilnefutplusqu'unpetitmorceaudeboissecetratatiné,Quillemboisvouluts'éloignerpourtoujoursdulieudesonmalheur.
Entrel'extrêmeborddurayonsurlequelilsetrouvaitetlaportedel'armoire,ilexistaitunvideassezgrandpourqu'ilpûtypasser.Quillemboisse rappelaitavoirvu,surlaplanchetteinférieure,deslivresetdesplumiers.Ilespéraitqu'aumilieud'euxilpourraitpeut-êtrevivreignoréetserefaireuneexistencecalmeetpaisible,commecelled'unvieuxsavant.
Il abandonna donc son refuge, s'approcha du bord du rayon et se laissatomberauhasard.
Mais sonmalheur voulut qu'il chût la tête la première dans un encrier quin'avait justementpasétébouché.La jupedesa tunique, trop largepourpasserparl'ouvertureduflacon,l'empêchadecoulerjusqu'aufondmaisilrestalà,lespiedsenl'airetlatêtedansl'encre,sanspouvoirsedégager.
Il fut retrouvé le lendemain, dans cette position inattendue, par les enfantsquivenaientchercherleursjouets.Enlevoyant,ilss'accusèrentmutuellementdes'êtrejouécemauvaistouretilssedisputèrentbien.
Mais lorsqu'ils eurent retiréQuillemboisde l'encrier, ils rirent tellement envoyantsapauvretêtenoire,qu'ilsnerestèrentpasfâchéspluslongtempsetqu'ilscoururentverslachambredeleursparents,voulantleurmontrercepersonnageridicule,espérantbienquetoutlemondeenriraitautantqu'eux.
L'encrequidégouttaitde la têtedeQuillembois tacha le tapisde la salle àmanger,l'escalier,leparquetdelachambre.Lehérosdémodén'eutpasunsuccèsderire,maisd'horreur.
Alors, arraché des mains qui le tenaient, il fut jeté dans le feu où il seconsuma.
Ses anciens camarades, le tambour, le capitaine, le porte-drapeaudisparaîtrontàleurtour:lesbergers,lesmoutons,lesbergèresrosesetvertess'enirontaussienfuméeouenpoussière.
Des jouets naissent, des jouets meurent: et leur histoire se ressemblebeaucoup.
TABLE
PAGES
LePortraitdeQuillembois 5
PremierChagrin 7
LeDépart 9
UnRêve 11
LeMagasin 14
LesJouetshumbles 16
LesJouetsriches 18
Quillemboisestvendu 25
UnePaged'Histoire 27
NuitdeNoël 32
Quillemboisestdonné 37
PremièreSortie 40
PremièreVictoire 43
SouvenirsduPassé 48
ViedeGarnison 51
ProjetsdeDépart 54
L'Évasion 57
Quillemboisrevientsansgloire 59
UnegrandeDouleur 62
LaFindeQuillembois 65
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