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TECHNOLOGIES ÉMERGENTES : comprendre, faire comprendre, maîtriser. Les conditions d’une sagesse collective COLLOQUE DE LANCEMENT 30 et 31 janvier 2020 Institut de France - Salle Hugot - 3 rue Mazarine, Paris Un projet de l’Académie des sciences morales et politiques soutenu par la Fondation Simone et Cino del Duca

TECHNOLOGIES ÉMERGENTES · 2020. 1. 28. · p.14 │10h35│ Pause café │10h50│ Le forçage génétique ou "gene drive": état des lieux et enjeux associés à cette nouvelle

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  • TECHNOLOGIES ÉMERGENTES : comprendre, faire comprendre, maîtriser. Les conditions d’une sagesse collective

    COLLOQUE DE LANCEMENT

    30 et 31 janvier 2020

    Institut de France - Salle Hugot - 3 rue Mazarine, Paris

    Un projet de l’Académie des sciences morales et politiques soutenu par la Fondation Simone et Cino del Duca

  • Technologies émergentes et sagesse collective

    Le projet « Technologies émergentes et sagesse collective » (TESaCo) s’inscrit dans le cadre des travaux de l’Académie des sciences morales et politiques. Soutenu par la Fondation Simone et Cino Del Duca, il vise à apporter la contribution de l’Académie à l’une des problématiques majeures de l’époque : prendre la mesure de l’impact des nouvelles technologies, dans leurs effets séparés et conjugués, et préparer la société et ses membres à leur donner la place et l’orientation qu’ils jugent les meilleures. Les tech-nologies émergentes forment un ensemble aux contours mouvants, mais comportant au moins les domaines à haut potentiel suivants : les technologies de l’information et de la communication (TIC), en y incluant l’intelligence artificielle et la robotique ; les biotech-nologies ; les technologies dérivées des sciences cognitives et des neurosciences ; les nanotechnologies. Ces différents domaines sont en constante interaction, et leurs sy-nergies souvent imprévisibles amplifient leurs effets disruptifs, qui s’étendent à la plupart des activités humaines.

    La question centrale à laquelle il s’agit d’apporter une réponse est celle-ci : quels moyens nos sociétés peuvent-elles et doivent-elles se donner pour acquérir une sagesse collec-tive, c’est-à-dire la capacité de prendre les meilleures décisions quant au développe-ment et à l’usage des nouvelles technologies ? Une telle capacité implique celle d’appré-cier, en temps utile, leurs potentialités à court et moyen terme (5-20 ans), et de mesurer leurs impacts anthropologiques, sociaux, éthiques, politiques, économiques : c’est préci-sément la tâche des organismes de prospective et de centres de recherche en sciences humaines. TESaCo s’appuiera sur leurs travaux et s’efforcera d’en dégager les leçons principales. Mais si la juste appréciation des faits et des possibilités est nécessaire, la sagesse ne s’y réduit pas : elle requiert la prise en compte équilibrée des risques et avantages potentiels, mesurés à l’aune des intérêts et des valeurs de toutes les par-ties prenantes, dans l’horizon du long terme. Quelle méthodologie peut-elle permettre à la société, et en particulier à la nôtre, de tendre vers cette sagess ? Quels dispositifs, combinant la prospective, la pédagogie, la concertation à tous les niveaux pertinents de l’organisation sociale et politique faut-il imaginer ?

    Daniel Andler, de l’Institut Responsable du cycle d’études TESaCoProfesseur émérite de Sorbonne UniversitéMembre de l’Académie des sciences morales et politiques Membre senior honoraire de l’Institut universitaire de France

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  • PROGRAMME GÉNÉRAL

    Jeudi 30 janvier • 9h30-18h30

    Session 1 : Objectifs et contexte du projet TESaCo

    │09h00│ Café d’accueil

    │09h30│ Présentation et bienvenue Par Gabriel de Broglie, chancelier honoraire de l’Institut de France, président de la Fondation Simone et Cino del Duca, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. p.6

    │09h45│ Présentation du cycle d’études TESaCo Par Daniel Andler, professeur émérite de Sorbonne Université, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. p.6

    │10h45│ Pause café

    │11h00│ Table ronde, Les enjeux sociétaux des technologies émergentes Modérateur : Florian Forestier.Avec Yannick Blanc, président de Futuribles International ; Nicolas Chaillet, directeur du Service de la stratégie de la recherche et de l’innovation, Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ; Alain Bravo, ancien directeur de Supélec, membre de l’Académie des techno-logies ; Elisabeth Grosdhomme, directeur général de Paradigmes et caetera.p.7-8

    │13h00│ Buffet déjeunatoire dans le Salon de la cour d’honneur de l’Institut

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  • Session 2 : Numérisphère, data et sociétéPrésidente de séance : Fabienne Cazalis │14h15│ Qu'est-ce qu'une intelligence artificielle "véritablement éthique" ?

    Par Antonio A. Casilli, professeur Telecom Paris, Institut Polytechnique de Paris. p.9

    │15h10│ Robotique : l’intelligence de la gravité. Par Jean-Paul Laumond, directeur de recherche émérite au CNRS,équipe Willow (ENS, CNRS, INRIA), membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies. p.10

    │16h15│ Pause café

    │16h30│ Le numérique est-il un objet politique démocratique?Par Axelle Lemaire, ancienne Secrétaire d’État en charge du numérique et de l’innovation, directrice de Terra Numerata. p.10

    │16h55│ Interactions Humain-Machine : quel cadre juridique penser pour demain ? Par Célia Zolynski, professeure à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. p.11

    │17h45│ Évolution et perspective de l’article 1 de la Loi informatique et libertéPar Régis Chatellier, chargé d'études prospectives au Laboratoire d'innovation numérique (LINC) de la Commission nationale de l’informatique et des libertés. p.11

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  • Vendredi 31 janvier • 9h00-18h30

    Session 3 : Génétique et biotechnologiesPrésident de séance : Daniel Andler │08h30│ Café d’accueil

    │09h00│ GATTACA : Sommes-nous prêts ? Par Alex Peluffo, project leader genetic data analyses, Pharnext. p.13

    │09h40│ L’édition du génome ou l’aube d’une révolution en marche. Par André Choulika, fondateur et président-directeur général de Cellectis. p.14

    │10h35│ Pause café

    │10h50│ Le forçage génétique ou "gene drive": état des lieux et enjeux associés à cette nouvelle biotechnologie. Par Virginie Courtier-Orgogozo, directrice de recherche au CNRS, Institut Jacques Monod. p.15

    │11h30│ Débat

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  • Session 4 : Intelligence artificielle, robotique, nanotechnologiesPrésident de séance : Jean Lorenceau │12h15│ De la toxicité de certains termes associés à "technologie" : impact, éthique,

    problème, solution, usage… Par Daniel Kaplan, cofondateur du Réseau Université de la Pluralité et de la Fing. p.16

    │13h00│ Buffet déjeunatoire dans le Salon de la cour d’honneur de l’Institut

    │14h15│ L'évolution de la notion de responsabilité au temps des algorithmes. Par Gilles Dowek, directeur de recherche à l’Inria, professeur attaché à l'École normale de Paris-Saclay. p.16

    │15h15│ Traiter les maladies graves à l’aide de nanomédicaments : pour un Hommeréparé mais pas augmenté. Par Patrick Couvreur, professeur émérite à la Faculté de pharmacie de l’Université Paris-Sud, membre de l’Académie des sciences, de l’Académie des technologies, de l’Académie nationale de médecine, de l’Académie nationale de pharmacie. p.17

    │16h15│ Pause café

    │16h30│ Table ronde Avec les intervenants présents

    │17h45│ ConclusionsDe Pierre Delvolvé, professeur émérite de l'Université Panthéon-Assas, président de l’Académie des sciences morales et politiques. p.18

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  • Jeudi 30 janvier

    Session 1 : Objectifs et contexte du projet TESaCo

    Ouverture par Gabriel de Broglie, chancelier honoraire de l’Insti-tut de France, président de la Fondation Simone et Cino del Duca, membre de l’Académie des sciences morales et politiques

    Pendant dix-huit ans, Gabriel de Broglie se consacre à l’audiovisuel. Il est successivement directeur-général adjoint de l’ORTF (1971-1974), directeur général de Radio-France (1975-1979), président de l’INA (Institut national de l’audiovisuel), où il succède à Pierre Em-manuel, membre de la Haute Autorité de l’audiovisuel, membre de la Commission nationale de la communication et des libertés, élu pré-sident de la C.N.C.L. (1986-1989). Comme historien, il publie biogra-phies et études sur l’orléanisme et le XXe siècle. Comme essayiste,

    il donne des témoignages sur ses activités, le Conseil d’État, la télévision, la langue française. Il participe, depuis 1981, aux différentes instances de la langue française, Haut Comité (1981-1982), Conseil supérieur (1984, 1986, et depuis 1999) et présidence de la Commission générale de terminologie et de néologie (1996-2006). Il a été élu, en 1997, à l’Académie des sciences morales et politiques, et le 22 mars 2001, à l’Académie française. Il a été chancelier de l’Institut de France de 2006 à 2017.

    Présentation du projet TESaCo par Daniel Andler, professeur émé-rite de Sorbonne Université, membre de l’Académie des sciences morales et politiques

    D’abord mathématicien, spécialisé en logique, Daniel Andler s’est ensuite tourné vers la philosophie des sciences, occupant des postes dans l’une puis l’autre discipline. Ses principaux travaux portent sur les sciences cognitives, domaine que sa double formation lui a per-mis d’investir sur le plan scientifique et philosophique, tout en contri-buant à l’organisation du domaine au plan national et européen ; il a notamment fondé et dirigé le Département d’études cognitives de l’École normale supérieure, la Société de philosophie des sciences,

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  • et avec des collègues européens la Société européenne pour la philosophie et la psy-chologie. Il s’intéresse aujourd’hui aux rapports entre sciences cognitives et sciences sociales et aux applications des sciences cognitives, notamment dans le domaine de l’éducation, en relation avec les technologies. Il travaille également sur les processus collectifs à l’œuvre dans les sciences et dans leur déploiement, ainsi que dans les dé-cisions de politique publique. Enfin, la récente résurgence de l’intelligence artificielle l’amène à aborder à nouveaux frais la question de ses fondements, qu’il avait examinée au cours de son émergence au siècle dernier.

    Table ronde : Les enjeux sociétaux des technologies émergentesModérateur : Florian Forestier

    Yannick Blanc, président de Futuribles InternationalYannick Blanc est haut fonctionnaire au ministère de l’intérieur, où il a notamment été chargé des élections, des cultes, des associa-tions et fondations. Il a été préfet de Vaucluse et du Val d’Oise et a présidé l’Agence du service civique de 2016 à 2019. Engagé à titre personnel dans le champ de la prospective et de l’innovation sociale, il a présidé la Fonda, think-tank du monde associatif et la Société française de prospective ; il préside aujourd’hui le Carrefour des inno-

    vations sociales et l’association Futuribles International. Il a publié Après le Léviathan, l’État dans la grande transition, la Fonda éditions, 2016.

    Alain Bravo, ancien directeur de Supélec, membre de l’Acadé-mie des technologiesAlain Bravo a d’abord exercé au ministère des Postes et des Télé-communications pendant quinze ans. Président fondateur de SFR en 1988, il a ensuite été directeur de la recherche et de la technologie du groupe Alcatel jusqu’en 2001. Pour l’ANRT Il a dirigé la phase 1 de l’opération FutuRIS, prospective sur le système français de re-cherche et d’innovation (2003-2004). Directeur général de Supélec

    de 2004 à 2013, il a présidé la Fondation de coopération scientifique Digiteo-Triangle de la physique pour le projet du Plan Campus Paris-Saclay en 2008-2009 et il a contri-bué à la création de CentraleSupélec dont il a été le président de transition en 2015. Il est actuellement Président honoraire de l’Académie des Technologies. Alain Bravo est diplômé de l’Ecole Polytechnique (1965) et de l’Ecole nationale supérieure des télécom-munications-Paris (1970).

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  • Nicolas Chaillet, directeur du Service de la stratégie de la re-cherche et de l’innovation, Ministère de l’Enseignement supé-rieur, de la recherche et de l’innovationIngénieur Télécom Physique Strasbourg et docteur de l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, Nicolas Chaillet était jusqu’à récem-ment professeur à l’Université de Franche-Comté à Besançon, où il a supervisé un groupe de recherche en microrobotique depuis 1995. Il a été directeur du Laboratoire d’Automatique de Besançon

    en 2007, directeur de l’Institut FEMTO-ST en 2012 et président de la COMUE Université Bourgogne Franche-Comté de 2016 à 2018. Ses activités de recherche sont dédiées à l’automatique, à la microrobotique et aux microtechnologies. Il a dirigé ou codirigé 14 thèses et est co-auteur de 150 articles et communications internationales, ainsi que de plusieurs livres. Il a rejoint le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en octobre 2019 en tant que chef du Département de la stratégie de la recherche et de l’innovation et adjoint au Directeur général de la recherche et de l’inno-vation.

    Elisabeth Grosdhomme, directeur général de Paradigmes et caeteraElisabeth Grosdhomme est directrice générale de Paradigmes et caetera, une société qu’elle a fondée en 1998, spécialisée dans la prospective et l’innovation. Elle était précédemment inspecteur des finances, puis conseiller technique au cabinet du Premier ministre et enfin chef de l’unité de marketing et communication externe de l’IN-SEE. Parallèlement à cela, Elisabeth Grosdhomme a exercé depuis

    2003 divers mandats d’administrateur dans des sociétés cotées ou non cotées (Société générale, SNCF Réseau, Safran, Bongrain, Ciments Français, Elsan). Elle est diplômée de l’École normale supérieure, de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Ecole na-tionale d’administration et agrégée de Lettres modernes.

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  • Session 2 : Numérisphère, data & société Présidente de séance : Fabienne Cazalis

    Qu’est-ce qu’une intelligence artificielle «véritablement éthique» ?Antonio A. Casilli, Professeur Telecom Paris, Institut Polytechnique de Paris

    Résumé : Depuis 2015, au moins 85 chartes éthiques de l’intelligence artificielle ont été publiées. En dépit d’un accord sur ses principes de base, une divergence se fait jour autour de ce qui constitue une «IA éthique». Dans la mesure où les dissensions sont dues principalement à la tendance à aborder les enjeux sociétaux de l’IA en ne se pen-chant que sur son utilisation et en négligeant ses modalités concrètes de production, une nouvelle approche attentive au rôle du travail humain nécessaire pour la conception et la fabrication des technologies intelligentes peut contribuer à recentrer le regard que les sciences sociales portent sur les technologies. Il nous faudra alors cartographier les pratiques mondiales de production de ces technologies et déplacer notre regard des «sublimes» concepteurs de la Silicon Valley, vers les «travailleurs du clic» précaires qui depuis l’Europe ou les pays émergents rendent possible l’automation.

    Antonio A. Casilli est professeur à Telecom Paris (Institut Polytech-nique de Paris) et chercheur associé au LACI-IIAC de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris). Ses recherches portent principalement sur le numérique et les droits fondamentaux. Il est le co-fondateur du réseau ENDL (European Network on Digital Labour). Parmi ses publications : En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic (Paris: Seuil, 2019, Grand Prix de la Protection So-ciale 2019, Prix de l’Ecrit Social 2019) ; Qu’est-ce que le digital labor ?

    (INA Editions, Paris, 2015, avec D. Cardon) ; Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Editions du Seuil, Paris, 2010)

    Robotique : l’intelligence de la gravitéJean-Paul Laumond, directeur de recherche émérite au CNRS, équipe Wil-low (ENS, CNRS, INRIA), membre de l’Académie des sciences et de l’Aca-démie des technologies Résumé : La robotique peut se définir comme l’étude du couplage des machines à cal-culer (les ordinateurs) avec les machines tout court, celles qui depuis Aristote dialoguent avec la gravité et se définissent comme productrices de mouvements. Les progrès tech-niques du début du siècle dernier en matière de composants électroniques ont permis à la fois le développement de nouveaux instruments de mesure et de nouveaux modes

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  • de transformation de l’énergie électrique en énergie mécanique. Du déterminisme mé-canique auquel étaient soumises les machines, on passe à des systèmes électroniques de régulation qui dotent les machines de nouvelles capacités d’adaptation. Le bouclage sensori-moteur est théorisé par la cybernétique dans les années cinquante. La numéri-sation du signal permet de s’affranchir du bouclage analogique. Les machines à mouve-ment héritent ainsi des capacités des machines à calculer et elles s’adaptent de mieux en mieux à leur environnement pour effectuer les tâches qui leur sont assignées. Il reste que la maîtrise par le calcul des lois de la physique reste un défi pour l’intelligence ar-tificielle : en quoi jouer au go est-il plus « simple » que prendre un verre sur une table ?

    Jean-Paul Laumond est roboticien, directeur de recherche émérite au CNRS. Il effectue sa carrière au LAAS-CNRS à Toulouse jusqu’en 2019, date à laquelle il rejoint l’équipe Willow du département infor-matique de l’ENS à Paris (unité mixte 8548 ENS-CNRS-INRIA-PSL). De formation mathématique, sa recherche est dominée par l’algorith-mique de la planification de mouvement en robotique, un domaine scientifique dont il a contribué à jeter les bases. De 2001 à 2003, il crée et dirige la société Kineo CAM qui commercialise ces techno-

    logies dans le domaine du prototypage virtuel. La société est acquise par Siemens en 2012. En 2006 il crée le groupe de recherche Gepetto dédié à l’étude des fondements calculatoires de l’action anthropomorphe et co-dirige dans ce cadre le laboratoire fran-co-japonais JRL sur la robotique humanoïde de 2005 à 2008. De 2014 à 2018, il conduit le projet Actanthrope soutenu par l’European Research Council (ERC). Il est Fellow de l’IEEE. En 2011-2012 il est le titulaire de la chaire Innovation Technologique Liliane Bet-tencourt du Collège de France. En 2016 il est le lauréat du prix international IEEE Inaba Technical Award for Innovation Leading to Production. Il est membre de l’académie des technologies et membre de l’académie des sciences.

    Le numérique est-il un objet politique démocratique?Axelle Lemaire, ancienne Secrétaire d’État en charge du numérique et de l’innovation, directrice de Terra Numerata

    Juriste internationale de formation, Axelle Lemaire est associée au sein du cabinet européen de conseil en stratégie Roland Berger, où elle y dirige l’écosystème d’innovation Terra Numerata. Secrétaire d’Etat en charge du Numérique et de l’Innovation de 2014 à 2017, elle a accompagné l’envol de la French Tech, permis l’ouverture des données publiques, amplifié le Plan France Très Haut Débit, lancé la première stratégie nationale d’intelligence artificielle. Axelle Lemaire

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  • a aussi défendu au Parlement la loi pour une République numérique, co-construite pour la première fois avec les citoyens et adoptée à l’unanimité. Elle a obtenu le Prix euro-péen de l’Innovation politique en 2017 et le Women in Business Award en 2018.

    Interactions Humain-Machine : quel cadre juridique penser pourdemain ?Célia Zolynski, professeure à l’Université 1 Panthéon-Sorbonne Résumé : Le déploiement et la transformation des interactions humain-machine sus-citent de nouvelles interrogations relatives aux effets induits par l’exploitation croissante de l’attention de l’utilisateur ou portant sur la possible manipulation de ses émotions. Cela pourrait justifier une adaptation du cadre juridique existant, et au-delà de repenser la place de l’humain dans ces interactions pour lui reconnaître la qualité d’agent du sys-tème pensée comme condition de sa liberté.

    Célia Zolynski est professeur de droit privé à l’Ecole de droit de la Sorbonne de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où elle codirige le Département de recherche en droit de l’immatériel de la Sorbonne (IRJS-DreDis). Membre du Comité pilote national pilote d’Ethique du Numérique, elle est en outre personnalité qualifiée au sein de la Commission consultative nationale des droits de l’Homme (CNCDH) et du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) après avoir été membre du Conseil national du numérique (CNNum)

    de février 2016 à décembre 2017. Ses activités de recherche et d’enseignement portent sur le droit du numérique, le droit de la propriété intellectuelle, le droit du marché et les libertés fondamentales. Elle est l’auteur de différentes publications dans ces do-maines, notamment sur les liens qu’entretiennent le droit interne et le droit de l’Union européenne. Elle anime plusieurs groupes de travail interdisciplinaires et projets de re-cherches collectives sur la protection et la valorisation des données et la régulation des systèmes algorithmiques.

    Évolution et perspective de l’article 1 de la Loi informatique et libertéRégis Chatellier, chargé d’études prospectivesau sein du LINC, CNIL

    Résumé : Si depuis 40 ans la France puis l’Europe se sont dotées de cadre juridique pour s’assurer que l’informatique ne porte atteinte «ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques» (article 1 - Loi Informatique & Libertés), il n’en demeure pas moins que la numérisation de nos vies

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  • quotidiennes continue à faire émerger de nouveaux enjeux pour les libertés et notre capacité à vivre en société.La CNIL publiait dès 2017 son rapport «Comment permettre à l’Homme de garder la main ?» dans lequel elle décrivait les enjeux éthiques des algorithmes et de l’intelligence artificielle. Ses usages tendent à se développer dans tous les domaines, depuis la sur-veillance à la recherche en santé, en passant par les nouvelles formes de management par les données de l’économie à la demande. Les choix technologiques, de plus en plus, deviennent des choix politiques, pour lesquels nous devons être proactifs, si nous voulons garder la main sur le modèle de société que nous souhaitons.

    Régis Chatellier pilote des projets d’études et d’explorations pros-pectives de sujets émergents liés aux données personnelles et à la vie privée au sein du LINC (Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL). Ses travaux se situent à la rencontre entre innovation, tech-nologies, usages, société, régulation et éthique. Ses travaux et mis-sions se déclinent sur trois axes : explorer (par une activité de veille technologique et de publications), échanger (être point de contact des écosystèmes d’innovation), et expérimenter (en pilotant ou ac-

    compagnant des projets d’expérimentation). Diplômé de l’Institut d’études politiques de Grenoble, il enseigne la « Gouvernance de la donnée urbaine » à l’Ecole urbaine de Sciences Po Paris.

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  • Vendredi 31 janvier

    Session 3 : Génétique et biotechnologies Président de séance : Daniel Andler

    GATTACA: Sommes-nous prêts ?Alex Peluffo, project leader genetic data analyses, Pharnext

    Résumé : Sorti en salles il y a 23 ans, le film GATTACA d’Andrew Niccol, version mo-derne du Brave New World d'Aldous Huxley donnait à voir une société régie par le dé-terminisme où la dystopie avait largement dépassé les bénéfices que pouvait apporter la génétique. Aujourd’hui, la génétique révolutionne de nombreux secteurs comme la santé, la justice et le sport. Les avancées sont considérables. Mais alors qu'il devient possible de prédire les risques de maladies complexes, comme la maladie d’Alzheimer ou les accidents cardiovasculaires, alors qu’il est maintenant possible de retrouver des criminels par le biais de bases de données gigantesques directement alimentées par les citoyens et accessibles à tous, alors qu'il est maintenant proposé de choisir bien plus que la couleur des yeux et des cheveux de ses enfants et alors qu’il est possible de corriger par thérapie génique des maladies orphelines graves, la question se pose de notre capacité à anticiper, sur le plan social, politique et économique, l’avènement d’un GATTACA qui devra respecter nos valeurs les plus fondamentales.

    Alex Peluffo est diplômé de l'École normale supérieure de Paris (biologie 2011), titulaire d'un doctorat en génétique statistique de l'université Paris Diderot, d'un master en génomique de l'université Pierre et Marie Curie et d'un master en philosophie des sciences de l'université Paris I Panthéon Sorbonne. Il effectue ses recherches à l'interface entre génétique et intelligence artificielle chez Pharnext à la recherche de nouveaux traitements contre des maladies telles que la maladie d'Alzheimer et la maladie de Charcot-Marie-Tooth. Il

    a notamment contribué au dictionnaire encyclopédique de l'identité sur les sujets liés à la génétique et la médecine personnalisée (Folio Gallimard, à paraître cette année).

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  • L’édition du génome ou l’aube d’une révolution en marcheAndré Choulika, fondateur et président-directeur général de Cellectis

    Résumé : Il existe un décalage grandissant entre les capacités technologiques actuelles en ingénierie du génome et la perception du grand public, des pouvoirs publics et du législateur. Les technologies d’édition du génome ne sont capables aujourd’hui que d’in-duire une cassure dans l’ADN à un endroit prédéterminé. Aucune de ces technologies n’a de mécanisme de réécriture de l’ADN intégré. L’état de l’art de l’édition du génome en est à ses balbutiements et nous pouvons nous attendre à une importante augmen-tation des performances techniques dans les prochaines décennies. Cette augmenta-tion des performances techniques de l’édition de gènes ouvrira de nouveaux champs des possibles, notamment thérapeutiques. Cela permettra d’apporter à des millions de patients une réponse thérapeutique adaptée, mais aussi réduire de façon significa-tive les dépenses de santé. Nous entrons dans un monde fascinant où l’homme est en train d’achever une quête vieille de onze mille ans : prendre le contrôle sur la vie. De la création d’espèces nouvelles à un homo-deus, ni la France ni l’Europe ne peuvent se déclasser de cette formidable course à la maîtrise de l’ADN. La question qui se pose est : où s’arrête l’édition de génome thérapeutique et où commence l’édition de génome esthétique, de confort, ou encore dans le but d’améliorer des performances physiques ou intellectuelles ?

    André Choulika, docteur ès sciences, est l’un des fondateurs de Cel-lectis, dont il est le Président-directeur général depuis sa création en 1999. Il est également Président du Conseil d’administration depuis 2011 et Président de Calyxt depuis août 2010. De 1997 à 1999, An-dré Choulika mène des études post-doctorales dans le département de médecine moléculaire du Boston Children’s Hospital, où il est l’un des inventeurs d’une technologie de modification du génome fondée sur les nucléases et devient un pionnier dans le domaine de l’ana-

    lyse et de l’utilisation des méganucléases pour modifier les génomes complexes. Après l’obtention de son doctorat en virologie moléculaire à l’Université de Paris VI (Pierre et Marie Curie), il entreprend des recherches au sein du Département de génétique de la Harvard Medical School. Il a également suivi une formation en gestion à HEC (Challenge+).

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  • Le forçage génétique ou "gene drive": état des lieux et enjeux as-sociés à cette nouvelle biotechnologieVirginie Courtier-Orgogozo, directrice de recherche au CNRS, Institut Jacques Monod Résumé : Le forçage génétique est une nouvelle technique de manipulation génétique qui a été développée ces cinq dernières années et qui permet de propager rapidement des modifications génétiques dans les populations naturelles. Les applications poten-tielles sont nombreuses, à la fois en santé publique, en agriculture et en biologie de la conservation. Nous discuterons des développements actuels de cette biotechnologie, ainsi que des enjeux et risques qui y sont associés.

    Virginie Courtier-Orgogozo est agrégée des Sciences de la vie et de la terre et directrice de recherche au CNRS à l’Institut Jacques Mo-nod à Paris. Sa recherche porte sur les mécanismes impliqués dans l’évolution des espèces, afin de mieux comprendre nos origines et le futur des espèces vivantes.

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  • Session 4 : Intelligence artificielle, robotique et nanotechnologiesPrésident de séance : Jean Lorenceau

    De la toxicité de certains termes associés à "technologie" : impact, éthique, problème, solution, usage…Daniel Kaplan, Cofondateur du Réseau Université de la Pluralité et de la Fondation internet nouvelle génération Résumé : Même le discours critique sur les technologies tend à en faire des objets presque autonomes, dotés d'une dynamique propre : elles apparaîtraient en réponse à des "problèmes", produiraient des "impacts" positifs ou négatifs, ces derniers nécessi-tant un travail "éthique", en même temps qu'on en développe et en régule à la fois les "usages"... Tout cela permettant de manière commode d'évacuer deux questions : d'où et de qui ces technologies viennent-elles ? De quel agenda relèvent-elles ?

    Pionnier du numérique et de l’internet, entrepreneur et prospecti-viste, Daniel Kaplan a cofondé la Fondation internet nouvelle gé-nération (Fing) et l’a dirigée jusqu’en 2016. Il développe depuis le Réseau Université de la Pluralité, réseau international de celles et ceux qui mobilisent les imaginaires pour élargir le champ des futurs pensables : artistes, utopistes, designers…

    L'évolution de la notion de responsabilité au temps des algorithmesGilles Dowek, directeur de recherche à l’Inria et Professeur à l'École nor-male de Paris-Saclay

    Résumé : Selon le code de la route, le conducteur d'un véhicule est responsable des in-fractions commises par lui dans la conduite dudit véhicule. Mais que se passe-t-il quand ce conducteur est un algorithme ? Au delà de l'opportunité de donner personnalité juri-dique aux algorithmes, cette question nous mène à nous interroger sur la nature et le rôle de la sanction, quand une décision est prise par un algorithme.

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  • Gilles Dowek est chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) et professeur attaché à l'École normale de Paris-Saclay. Il est l'auteur de Le temps des algorithmes (avec Serge Abiteboul, Le Pommier, 2017) et Ce dont on ne peut parler il faut l'écrire (Le Pommier, 2019).

    Traiter les maladies graves à l’aide de nanomédicaments : pour un Homme réparé mais pas augmenté.Patrick Couvreur, professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université Paris-Sud, membre de l’Académie des sciences, de l’Académie des tech-nologies, de l’Académie nationale de médecine, de l’Académie nationale de pharmacie

    Résumé : Le développement de nanomédicaments a pris un essor considérable au cours de la dernière décennie ; plus de 50 nanomédicaments ont déjà obtenu l’autorisation de mise sur le marché, principalement pour le traitement du cancer et pour l’imagerie mé-dicale. S’appuyant sur de nouveaux concepts, la recherche pharmaceutique a permis d’imaginer des systèmes sub-microniques pour l’administration ciblée de médicaments. Ces nanovecteurs sont capables (i) de protéger le médicament de la dégradation/méta-bolisation, (ii) de favoriser sa pénétration intracellulaire et (iii) de contrôler sa libération au bon moment et au bon endroit de l’organisme. Des exemples concrets seront donnés dans le domaine du traitement de la douleur, des accidents vasculaires cérébraux et du cancer. Le développement de nanovecteurs non viraux pour la thérapie génique sera aussi discuté. L’utilisation des nanomédicaments en médecine humaine vise exclusive-ment à guérir le patient mais elle pourrait aussi déboucher sur des projets visant à aug-menter certaines capacités humaines, physiques ou cognitives, en dehors des champs habituels de la médecine et de la pharmacie.

    Patrick Couvreur, membre de l’Académie des sciences, est profes-seur émérite à l’Université Paris-Saclay. Titulaire de la chaire « Inno-vations Technologiques Liliane Bettencourt » au Collège de France (2009-2010), il est membre honoraire de l’Institut universitaire de france (IUF). Ses travaux portent sur la conception de nanomédica-ments. Créateur de trois start-ups dont l’une est entrée en bourse, il a obtenu de nombreuses distinctions scientifiques en France (Prix Galien 2009, Médaille de l’Innovation du CNRS 2012, Grand Prix

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  • Achille Le Bel 2019 etc.) et à l’étranger (Host-Madsen Medal en 2007, European Inven-tor Award 2013, Speiser Award 2014 de l’ETH de Zürich, Higuchi Award 2016 au Japon etc.). Il est également membre de l’Académie nationale de médecine, de l’Académie des technologies et Président de l’Académie nationale de pharmacie. A l’étranger, il est membre de la National Academy of Medicine (USA), de la National Academy of En-gineering (USA), de l’Académie Royale de Médecine (Belgique) et de la Real Academia Nacional de Farmacia (Espagne).

    Conclusions Pierre Delvolvé, professeur émérite de l’Université Panthéon-Assas, pré-sident de l’Académie des sciences morales et politiques

    Pierre Delvolvé, agrégé des facultés de droit (1966), a été succes-sivement professeur aux universités de Beyrouth, de Toulouse, de Paris II Panthéon –Assas. Il est professeur émérite depuis le 1er septembre 2010. Il est membre de l’Institut, ayant été élu à l’Acadé-mie des sciences morales et politiques en 2009 ; il en est le président pour l’année 2020.

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  • ÉQUIPE Daniel Andler : Responsable du cycle d’études TESaCO, membre de l’Académie des sciences morales et politiques

    Marianne Tomi : Chargée de mission à l’Académie des sciences sociales et politiques

    Margaux Berrettoni : Chargée de coordination et de communication du cycle d’études TESaCo

    COMITÉ SCIENTIFIQUE Fabienne Cazalis

    Fabienne Cazalis est chargée de recherches en sciences cognitives au CNRS et est affiliée au Centre d’analyse et de mathématique so-ciales (CAMS), CNRS-EHESS.Elle dirige la première grande étude francophone sur les femmes autistes : le projet f-MACA, Mapping Autistic Cognitive Abilities. Fa-bienne Cazalis est également conceptrice de la start-up Collective science qui veut outiller les recruteurs pour mieux repérer les talents issus de la diversité cognitive. https://www.maca.community

    Florian Forestier

    Florian Forestier est docteur en philosophie et conservateur à la bi-bliothèque nationale. Il est directeur des études du think thank #le-plusimportant pour lequel il a dirigé plusieurs démarches et rapports, consacrés aux plateformes d’emploi, à l’intelligence artificielle dans l’éducation ou à la diffusion de la culture scientifique. Il est auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages, en particulier La phéno-ménologie génétique de Marc Richir (2014), Le réel et le transcen-dantal (2015) et Désubériser (2020). Il a participé a l’élaboration du

    programme recherche en sciences humaines de la Stratégie nationale autisme .

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  • Jean Lorenceau

    Jean Lorenceau est directeur de recherche au CNRS (Integrative Neuroscience & Cognition Center). Ses domaines de recherches se concentrent sur les neurosciences de la vision, l’oculomotricité et la pupillométrie. Il est également conseiller scientifique de l’Institut Carnot Cognition et a été directeur du Relais d’information sur les sciences de la Cognition (UMS RISC CNRS/ENS 1997-2017)

    Alex Peluffo

    Alex Peluffo est diplômé de l'École normale supérieure de Paris (biologie 2011), titulaire d'un doctorat en génétique statistique de l'université Paris Diderot, d'un master en génomique de l'université Pierre et Marie Curie et d'un master en philosophie des sciences de l'université Paris I Panthéon Sorbonne. Il effectue ses recherches à l'interface entre génétique et intelligence artificielle chez Pharnext à la recherche de nouveaux traitements contre des maladies telles que la maladie d'Alzheimer et la maladie de Charcot-Marie-Tooth. Il

    a notamment contribué au dictionnaire encyclopédique de l'identité sur les sujets liés à la génétique et la médecine personnalisée (Folio Gallimard, à paraître cette année).

    Un projet de l’Académie des sciences morales et politiques soutenu par la Fondation Simone et Cino del Duca

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  • NOTES

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