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Mai 2014 #38 La revue annuelle de la Fondation Sonnenhof Temps forts ... “Chaque vie est une lumière” www.fondation-sonnenhof.org DOSSIER • La spiritualité • Les Soins

Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

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Mai 2014#38

La revue annuelle de la Fondation Sonnenhof

Temps forts...

“Chaque vie est une lumière”www.fondation-sonnenhof.org

DOSSIER• La spiritualité• Les Soins

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DOSSIER la spiritualité

DOSSIER les soins

Temps forts 2o14Edito. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3

Jean-Claude GIRARDIN

Interview d’Anne-Caroline BINDOU . . . . . . . . p 4-5

Thème de l’année . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 6-7

La relation entre « Dieu et moi »

Introduction au dossier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 8-11

La Confirmation, le sacrement de l’Eucharistie, la Profession de foi : des étapes dans la Vie Chrétienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 12

Témoignage d’un parent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 13

La Spiritualité et le handicap

La communication non-vebale au service de ma Foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 14-15

Accompagner jusqu’au bout . . . . . . . . . . . . . . p 16-17

Interview avec Cathy Vix

La Vie Spirituelle des Personnes Âgées . . . . . p 18

La réorganisation d’un service de soins de la Fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 19-24

La recherche de Fonds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 25

Les dons et legs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 27SOM

MAI

RE

Page 3: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Une œuvre diaconale

protestante fondée sur la

foi en Jésus-Christ : c’est en ces

termes qu’est définie la Fondation

protestante SONNENHOF, dans

l’article premier de ses statuts.

Dans le monde qui nous entoure,

en profonde mutation, devant

l’inquiétude que provoque en nous le

manque d’éthique, le délitement voire

la rupture dans les relations entre les

personnes, dans les familles, dans

les entreprises, dans la société

en général, la défiance des uns

envers les autres qui se traduit par

de l’agressivité, nous avons besoin

de repères, d’un socle commun

solide, de donner du sens à nos

actions, de partager un projet

collectif.

OUI, dans ce contexte, nous

réaffirmons notre vocation chrétienne,

fidèles à l’héritage vivant reçu de nos

Fondateurs et transmis à travers les

générations, et restons à l’écoute

des interpellations nouvelles du

temps présent : nous voulons être

un lieu d’accueil marqué par la

spiritualité et être une institution

qui porte témoignage.

Nous voulons vivre notre spécificité

protestante tout particulièrement

à travers l’attachement à la Bible

comme vecteur de la Parole de Dieu

et au salut offert à tout homme par

pure grâce : Dieu a un projet pour

chacun de nous.

La spiritualité constitue une des

dimensions importantes de toute vie.

Au SONNENHOF, la dimension

spirituelle s’inscrit explicitement

dans l’approche globale de la

personne, elle est inscrite dans

notre projet institutionnel et dans les

différents projets d’établissement,

elle est indissociablement liée

aux dimensions : éducatives,

thérapeutiques, culturelles et

sociales. Elle est animée par

la pasteure Léa LANGENBECK,

entourée d’une équipe œcuménique

pastorale et d’un conseil

d’accompagnement.

Le Conseil d’adminitration, la direction

générale et la direction de chaque

établissement de la Fondation en

sont également les garants. Je vous

invite, au fil des contributions et des

témoignages de ce nouveau

numéro de « Temps Forts », à vous

laisse imprégner des valeurs qui

nous animent, à découvrir les

innombrables facettes de notre

spiritualité qui parle à l’âme

et au corps, ces moments

extraordinaires comme le culte de la

fête annuelle, les cultes mensuels,

les fêtes religieuses, les moments

de communion et de prière, les temps

de catéchèse hebdomadaires ou

encore la célébration commune de

la Confirmation, du sacrément de

l’Eucharistie et de la Profession de

Foi avec le pasteur et le prêtre. Tous

ces temps forts sont vécus comme

des repères qui donnent sens à la vie,

qui permettent d’exister ensemble

devant Dieu, qui nourrissent la

qualité des relations à soi-même, aux

autres et à Dieu.

Jean-Claude GIRARDIN, Président du Conseil d’administration

EDITO : Temps forts 2o14

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Page 4: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Interview de Anne-Caroline BINDOU, nouvelle Directrice Générale de la Fondation.

• Mme BINDOU, pouvez-vous vous présenter ?Mon nom est Caroline BINDOU, j’ai

46 ans, je suis mariée et maman de

3 enfants. Ma formation initiale est

juridique avec une Licence en Droit

à l’Université de Strasbourg, puis

une spécialité en Achats à l’ESAP

(Ecole Supérieure des Acheteurs

Professionnels) et enfin un troisième

cycle en école de commerce fait à

l’ESSEC. J’ai rejoint en janvier 2009

le Conseil Presbytéral de la Paroisse

Protestante d’Eckbolsheim, où je

réside, à l’invitation de notre

Pasteure. J’y œuvre de mon mieux,

en qualité de vice-présidente.

• Quel a été votre parcours professionnel ?J’ai travaillé durant plus de 20

années, au sein de groupes

industriels dans le secteur de

l’agroalimentaire, dans la fonction

Achats. J’ai notamment été en

charge des achats indirects des

Brasseries Kronenbourg, puis suite

à la cession de l’entreprise à un

groupe brassicole Ecossais, j’ai été

nommée adjointe au Directeur

des Achats du Groupe Scottish &

Newcastle.

Durant près de cinq années j’ai

œuvré à la mise en place de synergies

Le 5 avril 2014, le Conseil d’Administration a nommé Madame Anne-Caroline BINDOU comme Directrice Générale de la Fondation.

C’est l’aboutissement d’une longue démarche de recrutement engagée dès l’élection de Monsieur ALBECKER comme Président de l’EPCAAL, en octobre dernier.

Je suis particulièrement heureux que vous puissiez faire sa connaissance au travers des réponses qu’elle a données à cette interview de «Temps forts».

Confiant dans ses grandes qualités humaines et ses compétences pour diriger notre Fondation, je lui souhaite de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice de ses responsabilités au service de nos résidents.

Sous le regard bienveillant de notre Seigneur !

Jean-Claude GIRARDIN, Président du Conseil d’administration

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au niveau du groupe, étant basée à

Edimbourg, tout en vivant à

Strasbourg et en étant présente

dans cinq pays de mon périmètre

de responsabilité. Suite au

démantèlement du groupe ayant

subi un rachat par deux Brasseurs

Européen de premier plan, j’ai

eu l’opportunité de réorienter ma

carrière vers une activité me

permettant une plus grande présence

auprès de ma famille. J’ai ainsi repris

mes études et à l’issu de 18 mois de

formation, j’ai créé une entreprise de

conseil à Strasbourg. Dans ce cadre,

j’ai notamment dirigé le programme

de marketing territorial de la Région

Alsace : la marque partagée Alsace.

• Pourquoi avoir voulu que votre carrière prenne un nouveau virage ?C’est à la faveur de la pause

professionnelle liée à l’arrivée de

notre troisième enfant et d’échanges

avec des personnes ayant choisies

de mettre leur vie professionnelle plus

en harmonie avec leur convictions

personnelles, qu’a germé en moi

le projet de mettre mes savoir-faire

et connaissances au service d’une

structure plus petite et plus orientée

sur des problématiques locales et

humaines.

• En quoi votre expérience professionnelle passée pourra apporter quelque chose à la Fondation protestante Sonnenhof ?Mes différentes expériences de

management, acquises au fil de

précédents postes seront précieuses

pour engager l’ensemble des

personnes, individuellement et

collectivement, dans les

nécessaires processus de changement.

Ma philosophie de management

d’équipes issue de ces expériences

est basée sur un relationnel de

qualité, sur l’écoute et la

compréhension des moteurs et freins

individuels. J’ai appris à prendre

le temps nécessaire à connaître

et comprendre les parties

prenantes, à m’assurer de la bonne

compréhension des enjeux par tous.

Mon expérience d’optimisation sera

également transposable au sein

du Sonnenhof, où tout doit

concourir au mieux vivre des

résidents, dans le respect du

travail réalisé quotidiennement par

l’ensemble des collaborateurs.

• Qu’est-ce qui vous a attiré au Sonnenhof ?« Chaque vie est une Lumière » .

C’est par cette affirmation

réjouissante que j’ai découvert

l’univers du bien nommé

SONNENHOF. C’est cette phrase

simple et belle, résumant ma

recherche de sens dans mon projet

professionnel, qui m’a amenée à venir

œuvrer avec vous aujourd’hui. Cette

Lumière c’est bien plus qu’un mot,

bien plus qu’un concept, c’est ici une

réalité, que j’ai eu la grande chance

de voir. D’abord dans les yeux,

le regard et le rayonnement des

résidents que j’ai pu rencontrer,

ensuite dans l’enthousiasme de

celles et ceux qui chaque jour

les accompagnent, enfin dans

l’énergie reçue à l’occasion d’un

culte que je ne suis pas prête

d’oublier.

Ce jour-là, la Lumière partout

présente m’a confortée dans ma

démarche.

• Que peut-on vous souhaiter ?Si j’ai un vœu à formuler, c’est de

toujours agir en Vérité, que mon

action soit guidée par la

Lumière, afin d’écrire ensemble,

avec tous les acteurs concernés :

collaborateurs, administrateurs,

familles, une nouvelle page de

l’histoire du SONNENHOF qui rende

la vie meilleure à tous nos résidents.

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Thème de l’annéeLa relation entre « Dieu et moi »« Je me tourne vers toi, Seigneur, au matin,

tu écoutes ma voix » (Psaume 5)

« Maintenant, l’Eternel, qui t’a créé, ô peuple

de Jacob, et qui t’a façonné, ô Israël, te

déclare ceci : ‘’Ne sois pas effrayé car je t’ai

délivré, je t’ai appelé par ton nom, tu es à

moi !’’ » (Esaïe 43, 1)

Ces deux extraits d’un côté du livre des

Psaumes, de l’autre du Prophète Esaïe,

montrent très bien que l’existentielle de la

foi est la relation directe et personnelle de

l’homme avec Dieu et de Dieu avec l’homme.

Ce n’est pas pour rien que le premier récit de

la création raconte que Dieu a fait l’homme

pour avoir un vis-à-vis :

« Puis Dieu dit : “Faisons l’homme à notre

image, à notre ressemblance !’’ »

Pour l’homme, Dieu est relation, Dieu

est dialogue dès le début.

C’est pour cela qu’après quelques

années où des « objets » ou images très

concrets servaient de fil conducteur lors

des célébrations et partages (comme la

montagne ou la lumière), l’Equipe Pastorale

Œcuménique a choisi pour l’année 2013/14

le thème « Dieu et moi » : la relation.

Ce thème n’est pas seulement un thème

central de la foi mais aussi de l’être humain.

Pour entrer dans ce thème, j’aime bien faire

référence au philosophe Martin Buber. Il

est pour moi un témoin incontournable car il

a développé cette pensée de relation et y a

consacré une partie de son œuvre.

Né le 8 février 1878 à Vienne dans une famille plutôt assimilée juive, il sera très influencé par son grand-père qui était un érudit de grande renommée en matière de tradition et de littérature juives. Parmi les œuvres de Martin Buber se trouveront plus tard, entre autres, des livres sur le hassidisme ou encore une traduction de la Bible hébreux en allemand (traduite par Franz Rosenzweig), qui essaie de rester le plus proche possible du texte et de l’hébreux.

L’homme est un être de dialogue, de relation

Il rédigera son chef-d’œuvre philosophique

et théologique en 1923 : « Je et Tu ». Une

œuvre théologique car le « Tu » éternel et

absolu est Dieu.

C’est ici qu’apparaît l’idée que l’homme

est par essence « homo dialogus ». Il

n’existe donc pas en soi mais qu’en

vertu d’une relation. La vie véritable

se constitue donc d’une relation qui

s’instaure entre deux êtres qui se font

face. Si les deux êtres se considèrent

mutuellement comme personnes – et pas

comme choses - ils instaurent entre eux un

dialogue.

Le dialogue dans le langage de Buber

n’est pas le simple échange entre deux

personnes, mais une attitude existentielle,

un résultat de la rencontre et l’expression

d’une relation.

Enfant juif, Martin Buber se penche sur

les écritures de l’Ancien Testament. Il trouve

dans les récits bibliques une vaste illustration

de rencontres, de relations et de dialogues.

Il décrit l’Ancien Testament comme « rempli

d’un dialogue entre le ciel et la terre ». *

Ce dialogue « entre le ciel et la terre » à

travers différents récits bibliques et sous

différents aspects, était déjà et sera encore

abordé cette année.

Ce dialogue prend des formes

très différentes :

Il y a l’appel de Dieu et la réponse de

l’homme, par sa parole ou par ses actes.

C’est l’exemple d’Abraham (Genèse 12,

1ss) qui fut l’histoire du culte de rentrée :

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Dieu appelle Abraham pour lui dire de

quitter son pays. Abraham ne répond pas

par la parole (selon le récit biblique) mais

par l’acte et par son attitude : la confiance.

En fait la réponse de l’homme est plus qu’un

simple mot, elle est la mise à disposition de

sa personne pour le projet de Dieu.

Il y a aussi ce qui devient plus qu’un

dialogue : la présence de Dieu parmi les

hommes en la personne de Jésus : « Dieu

tout près de moi ».

C’est ainsi que nous avons intitulé le culte

de l’entrée dans le temps de l’Avent, après

le récit de l’annonce de la naissance de

Jésus à Marie (Luc 1, 26ss). Dieu se découvre

aux hommes et se livre à une existence

humaine et aux humains jusqu’à la dernière

conséquence, jusqu’à la mort.

Ce qui est abstrait peut devenir palpable

Ce qui semble à première vue comme un

thème très abstrait, peut pourtant se vivre

de façon très concrète et même palpable :

• Jésus s’invite chez Zachée pour partager

le repas avec lui (Luc 19, 1ss). Nous aussi,

nous partageons ainsi, lors du culte, un petit

gâteau. Tout le monde est invité au partage,

les justes et les injustes, les croyants et les

non-croyants.

• Le prophète Elie (1 Rois 19,9ss) a besoin de

ressentir la présence de Dieu pour retrouver

le courage de vivre, Dieu passe devant lui

dans un souffle léger. Nous faisons sentir

à l’autre, ce à quoi pourrait ressembler la

présence et la tendresse de Dieu en lui

caressant la joue avec une plume.

Suivant la pensée de Martin Buber et son

affirmation que la relation est la raison d’être

de l’homme, nous allons élargir la réflexion

et continuons l’année prochaine avec le

thème « Dieu, moi et l’autre ».

La relation avec Dieu doit forcément

avoir un impact sur ma relation avec

l’autre et sur notre vie commune.

Léa LANGENBECKPasteure aumônier

* cf. «Découvrir Dieu dans l’expérience humaine» selon Martin Buber par Annick Vanderlinden ; Conférence donnée à Strasbourg le 13 mars 2001 dans le cadre des conférences de l’Union Protestante Libérale, publiée dans les « Annales 2001 » de l’UPL, pages 21 à 29

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Introduction• Le regard qui traverse le paysage à partir

du sommet d’une montagne.

• Le son de l’orgue qui fait vibrer les fibres

de mon corps.

• Le chant de l’alouette tôt le matin.

• Un moment de silence absolu dans une

église.

• Un train entre en gare et ramènera enfin

l’être aimé…

• Des moments de grandes émotions ou

d’une paix profonde.

• Des moments en dehors du temps et

du lieu, des impressions qui se gravent

profondément dans ma mémoire…. ou

dans mon âme ?

... ne sont-ils pas des vécus spirituels ?

Pour pouvoir parler de la spiritualité je

cherche d’abord l’endroit où ce vécu,

cette émotion, cet état particulier

est ancré dans notre être humain.

On le nomme souvent « âme », et pas

seulement dans un contexte chrétien.

Parler de l’âme, c’est essayer de parler de

quelque chose qui dépasse mon corps,

le matériel et peut-être même le mortel.

Parler de l’âme, ou de l’esprit, c’est parler

de l’élément en moi qui crée le lien avec

le transcendant et ramène le transcendant

dans ma vie. La poète polonaise Wisława

Szymborska a écrit un poème qui décrit

magnifiquement le caractère de l’âme. En

voici quelques extraits :

L’âme, on l’a parfois.

Personne ne la possède pour toujours

Et sans interruption

….

Elle fait seulement son nid plus durablement

Dans l’enthousiasme

Et les peurs de l’enfance,

Parfois seulement dans l’étonnement de voir que nous avons vieilli.

Elle nous accompagne rarement

Dans nos actions pénibles,

Comme déplacer des meubles,

Traîner des bagages,

Ou faire de longs trajets avec des chaussures trop petites,

Quand nous remplissons des formulaires

Ou hachons la viande

Elle prend congé, généralement.

(L’original publié en «Odra» Nr. 1/2000, Wrocław)

DOSSIER La spiritualité

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On entend bien par les mots de la poète,

que l‘âme est d’un côté une partie de mon

être, mais qu’elle garde de l’autre côté son

indépendance. Je n’en dispose pas et je ne

la maîtrise pas entièrement. Elle semble être

en outre d’une autre époque car elle n’arrive

pas à suivre ou refuse de suivre le rythme et

les occupations de notre vie moderne.

L’image de l’âme de Wisława Szymborska

rejoint en ce premier aspect celle donnée

par la Bible, particulièrement par l’Ancien

Testament. L’âme peut être un deuxième

« Je » qui est en nous et avec qui on peut

dialoguer. Dans le Psaume 42, le Psalmiste

demande son âme : « Pourquoi donc, ô

mon âme, es-tu si abattue et gémis-tu sur

moi ? Mets ton espoir en Dieu ! Je le louerai

encore, car il est mon Sauveur. »

Autant l’âme garde une certaine

indépendance de l’homme à qui elle

« appartient », autant l’âme est, dans

la tradition judéo-chrétienne, la relation

indestructible avec le divin.

Le mot qui est traduit par âme dans le

Psaume 42 dans la Bible hébraïque est

« Nefesh ».

« Nefesh » apparaît également dans le récit

de la création de l’homme dans Genèse

2,7 : « Le Seigneur Dieu prit de la poussière

du sol et en façonna un être humain. Puis il

lui insuffla dans les narines le souffle de vie,

et cet être humain devint vivant. » Il faut

donc le souffle de Dieu pour vivre, pour

que l’âme devienne vivante.

Mais le champ de signification de ce mot est

large. Il va de la force qui fait vivre – dans le

sens de la création - jusqu’au synonyme de

« l’être » en soi et pour sa vie.

L’homme est lié à Dieu par ce souffle qui le

fait vivre et qui crée ce lien particulier avec

son créateur.

La conception de l’âme, dans l’Occident

chrétien, n’est pas seulement un héritage de

la tradition juive. Elle est probablement plus

imprégnée par la philosophie antique et plus

particulièrement par Platon.

L’âme et le corps sont, selon leur constitution

et leur sort, deux entités complètement

différentes. Une grande différence entre les

deux c’est que l’âme est immortelle. Il est

souhaitable, selon Platon, de séparer les

deux. Il appelle le corps même « tombeau

de l’âme ».

Pendant des siècles l’âme était le sujet d’une

riche discussion entre les théologiens.

Malgré d’autres voix, ce dualisme platonique

a laissé ses traces jusqu’à la réformation :

la mort signifie encore pour Jean Calvin la

libération du corps et avec lui du péché.

La spiritualité au Sonnenhof

Aujourd’hui nous essayons de retrouver

une spiritualité qui n’oppose pas l’âme

et le corps, mais qui soit une spiritualité

complémentaire.

Le défi, plus particulièrement au Sonnenhof,

est de retrouver une spiritualité qui se base

sur le témoignage biblique et qui permette de

redécouvrir une spiritualité qui parle à l’âme

et au corps, avec tous les sens et tous les

moyens qui sont nécessaires et possibles.

Quand nous parlons de « Spiritualité » dans

le contexte du Sonnenhof, il vaudrait mieux

employer le terme du « vécu transcendantal »

ou « rencontre avec Dieu ».

Nous pouvons nous référer à un Psaume

qui montre que cette mise en relation ne se

limite pas à l’esprit :

« Mon âme, bénis l’Eternel ! Que tout ce

qui est en moi bénisse son saint nom ! Mon

âme, bénis l’Eternel, et n’oublie aucun de

ses bienfaits ! C’est lui qui pardonne toutes

tes fautes, qui guérit toutes tes maladies.

C’est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui

te couronne de bonté et de compassion.

C’est lui qui rassasie de biens ta vieillesse,

qui te fait rajeunir comme l’aigle. »

(Psaume 103)

DOSSIER La spiritualité 9

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La spiritualité chrétienne peut être pratiquée

de façon individuelle ou en communauté.

C’est alors que nous pourrons :

• aller à la rencontre de Dieu et de sa Parole,

• lui faire une place en nous,

• entrer en dialogue avec Dieu au travers de

la Parole de la Bible,

• exprimer nos joies et nos peines, par la

louange ou par la plainte,

• nous laisser guider et inspirer par la vie,

par le message et l’exemple de Jésus

Christ et chercher en lui le visage visible de

Dieu le Père,

• accueillir en nous la présence de Dieu, ce

que nous appelons aussi le Saint Esprit,

• nous laisser « inspirer » de nouveau par ce

souffle vivant qui fait vivre.

La communauté est le lieu où

la spiritualité se vit d’une façon

exemplaire, dans la prière pour les

autres, le partage et la solidarité.

Jésus-Christ lui-même nous appelle à

la communion les uns avec les autres en

disant : « En effet, là où deux ou trois sont

rassemblés en mon nom, je suis au milieu

d’eux. » (Matthieu 18, 20)

Vivre une spiritualité au Sonnenhof,

avec des hommes et femmes

d’horizons et avec des capacités très

différentes, signifie utiliser divers

moyens pour préparer un moment de

rencontre avec Dieu. Nous savons que

nous ne serons pas maître de ce qui se

passera ou pas, de ce que percevront les

résidents.

Certaines circonstances nous rendent

plus ou moins disposés à l’écoute, nous

encouragent à laisser derrière nous

l’agitation et les préoccupations de notre

vie quotidienne. Il y a des gestes qui parlent

à notre raisonnement, mais aussi à notre

ressenti. Il y a des sons, des odeurs, des

mélodies qui font ressortir des souvenirs et

donnent place à des émotions.

Musique et spiritualité

La musique joue un rôle important, pas

seulement ici, mais en général lors des

célébrations. Elle touche en nous une

souche pré-cognitive, presque prénatale.

Dans le ventre, l’enfant à naître entend la

voix de sa mère, mais aussi les voix des

autres. Il ne les perçoit pas comme une

langue, avec des mots qui ont un sens,

mais comme une mélodie. C’est comme

de la musique. Par la mélodie de la langue,

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la mère transmet aussi des émotions. Le

nouveau-né va reconnaître ces « mélodies »

de la langue après sa naissance et elles

provoqueront en lui aussi des émotions. Un

nouveau-né reconnaîtra aussi la musique

qu’il a entendu avant sa naissance.

Consciemment ou inconsciemment

nous utilisons des mélodies et des

chants pour transmettre des émotions,

pour créer une ambiance particulière

ou pour faire revivre un souvenir. C‘est

un langage qui touche profondément et

qui est accessible même à ceux qui ne

comprennent pas le sens des mots. La

musique crée souvent cette disponibilité

en nous qui permet le vécu spirituel, la

rencontre avec le divin.

Pour conclure : la spiritualité ne se vit

pas seulement dans le cadre d’une

célébration, d’une prière ou d’un

partage biblique. La spiritualité se vit

tous les jours, parfois à l’imprévu. Vivre

la spiritualité, c’est faire vibrer et chanter

son âme et devenir conscient du lien avec

le divin, le transcendant, de ce qui dépasse

ma personne, ma vie, mon temps.

Vivre la spiritualité, c’est faire une place à

l’extraordinaire, à l’infini, à l’éternel dans ma

vie de tous les jours, dans ma vie banale,

éphémère et limitée.

Les célébrations et les partages rythment la

vie spirituelle de chacun et chacune d’entre

nous, ils donnent des impulsions et ouvrent

de nouveaux horizons.

Le théologien Dietrich Bonhoeffer, (parrain

de notre nouvelle maison à Soultz

sous Forêts) écrivait, dans « De la vie

communautaire », en particulier au sujet

de la prière des Psaumes en communauté:

« Cela me permet de m’élever au-dessus

de ma situation personnelle et de prier en

faisant abstraction de moi-même. »

Ces moments de prière sont des

moments de ressourcement où nous

ne nous enrichissons pas seulement

grâce à la Parole de Dieu mais aussi

grâce à la présence de chacun et

chacune d’entre nous.

Léa LANGENBECKPasteure aumônier

DOSSIER La spiritualité 11

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Le Baptême fait de nous des enfants

de Dieu. Nous entrons dans la

communauté Chrétienne, communauté

autour du Christ pour célébrer sa gloire

et accueillir son amour.

Dans la communauté de vie de la Fondation

Protestante Sonnenhof, chacun est invité

à vivre sa relation au Christ selon ses

possibilités. Ainsi, nous proposons aux

parents et aux enfants, de préparer et de

célébrer la Confirmation, le sacrement de

l’Eucharistie et la Profession de Foi au sein

de la Fondation.

Pourquoi cette proposition de

célébration dans la Fondation ?

Les enfants qui nous sont confiés participent

aux temps spirituels proposés à la

Fondation : un temps de catéchèse une fois

par semaine et un temps de célébration une

fois par mois. Leurs particularités demandent

une adaptation dans la transmission de la

Bonne Nouvelle. La Fondation devient alors

en quelque sorte leur paroisse, un lieu où

la Foi peut se construire et s’exprimer en

toute sécurité pour eux et leurs familles.

Dans la mesure du possible et du souhait

des parents, nous accompagnons aussi les

enfants dans leur paroisse d’attachement.

Comment se fait la préparation ?

La préparation est œcuménique en

respectant les spécificités de chaque

confession. Nous nous retrouvons une fois

par semaine à la chapelle, lieu de référence

pour les enfants, «la maison de Jésus»

pour un temps de catéchèse. En début

de préparation, le groupe est présenté à la

communauté lors d’un grand culte.

Déroulement de la séance :

• Allumer la bougie : signe de la présence de

Dieu parmi nous.

• Chant : choisi en début de parcours et

conservé tout le long et utilisé lors de la

célébration.

• Temps de découverte d’une étape de la

préparation : cette année le parcours est

basé sur les Perles de la Foi.

• Temps de réalisation pratique : cela peut

être un coloriage ou un bricolage en lien

avec l’étape du jour.

• Prière personnelle où chacun peut

exprimer ce qu’il porte en lui.

• Prière du « Notre Père » : cette année, il

est gestué. Tous les enfants n’ayant pas la

même capacité d’expression orale.

• Chant de fin de séance : chant de l’année

commun à toute la Fondation.

La célébration

A lieu particulier, célébration particulière : La

célébration de la Confirmation, du sacrement

de l’Eucharistie et de la Profession de Foi se

fait lors d’une célébration unique avec la

présence du Prêtre et du Pasteur.

Cette célébration nécessite une préparation

commune avec tous les participants pour

garantir le respect des spécificités. Cette

célébration est toujours un temps fort où la

grâce de Dieu est palpable.

« Quiconque se rendra humble comme cet

enfant sera le plus grand dans le royaume

des cieux. »

Sylvie BORSCHNECKResponsable pédagogique

La Confirmation, le sacrement de l’Eucharistie, la Profession de foi : des étapes dans la Vie Chrétienne

12

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Témoignage d’un parentLa spiritualité et le handicap Ils sont si handicapés ! Que vont-ils

comprendre du culte ?

On entend souvent cette réflexion des

personnes qui ne connaissent pas nos

enfants !

« Comprendre » : Intellectuellement, cela

sera sans doute difficile pour certains

comme Adrien, notre fils, polyhandicapé…,

mais qui peut me dire qu’il a saisi le fin

mystère de l’incarnation de Dieu en Jésus ?

Les théologiens y travaillent et y réfléchissent

pour nous.

Il y a pourtant une chose qu’Adrien

comprend très bien, c’est le don de

l’amour de Dieu et l’action vivifiante de

l’Esprit qui lui sont donnés comme un

cadeau ! Lors des cultes à la Fondation

Sonnenhof, il y a du bruit, oui, mais il y a aussi

des moments de grâce et de silence, habités

par la présence furieuse de nos jeunes et

l’encouragement de Dieu. S’ils n’ont peut-

être pas bien vu les images bibliques que

le pasteur, Léa Langenbeck projette sur un

grand écran, tous se sentent interpellés par

la lumière de la bougie qui passe de l’un

à l’autre. Quand Léa les nomme tous en

chantant, des visages se lèvent, comme

happés par l’appel, et certains se risquent

même à une réponse discrète, avec un

sourire qui déborde de leur visage. D’autre

rugissent en un cri de satisfaction qui traduit

que chacun est pris en compte, chacun est

unique et qu’on le reconnaît.

Alors non, ils ne pourront jamais écrire une

thèse ou un mémoire bien composé sur

tout ce qu’ils ressentent, mais ces moments

de rencontre dans les cultes, nous fortifient

tant dans notre foi que j’ai bien envie de

simplement vous inviter à venir voir et vivre

avec nous la joie que nos jeunes ont à nous

proposer ! Ils vous donneront courage.

Laissez-vous offrir quelque chose d’eux,

vous verrez, ils ont beaucoup à partager.

Ils sont lumières, comme vous !

Isabelle BEYROUTHY

DOSSIER La spiritualité 13

Page 14: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Le langage du cœur ne ment jamais, le

langage du cœur ne trompe jamais, le

langage du cœur plein de simplicité se

reconnaît partout quelle que soit la langue

parlée, le langage du cœur n’a pas de

frontières.

L’accompagnement concerne toutes les

dimensions de la vie des résidents :

physiologique, affective, fonctionnelle,

spirituelle...

L’accompagnement spirituel fait partie

intégrante de notre démarche d’accom-

pagnement : une forme de relation

d’aide qui implique à la fois l’affectivité,

la vie relationnelle et la spiritualité.

Les résidents et usagers du FAS / FAM

(Foyer d’Accueil Spécialisé / Foyer d’Accueil

Médicalisé) Gustave Stricker peuvent

solliciter un accompagnement spirituel avec

des questionnements sur le sens de la vie,

avec ses joies et ses peines.

Comment répondre à un tel besoin?

Quelle approche complémentaire

proposer ?

Les formes de l’accompagnement spirituel :

• une démarche qui vise une expression de

son intériorité, de son intimité « celle qui

vient du fond du cœur » (expression d’un

résident). Elle concerne ses croyances,

sa vie de prière, la compréhension des

textes bibliques, ses rapports avec les

autres, l’autre (Jésus-Dieu) : les échanges

entretenus avec...

• le développement de son « intelligence

émotionnelle » par une approche psycho-

logique des émotions, des sentiments dans

une recherche d’harmonie spirituelle.

Je voudrais rappeler qu’étymologiquement

les termes « communier » et « communiquer »

viennent du latin communicare, mettre en

commun ou recevoir en commun.

Communier a le sens de partager,

recevoir, éprouver avec d’autres

tandis que communiquer signifie faire

partager, donner une part de ce qu’on

possède.

C’est avant tout une expérience de vie, un

cheminement spirituel partagé avec « Jésus

au milieu de nous » au rythme de chacun. Il

m‘importe de soutenir la personne dans son

aspiration à se relier à ... quelque soient ses

handicaps, ses pathologies, ses limites.

Comment développer ce lien

essentiel ?

Le langage parlé ne suffit pas toujours

pour rendre audible le message que je

tente de transmettre. La communication

non-verbale avec les aides visuelles

montre qu’il y a moyen de communiquer

autrement que par la parole : par le

toucher, tous les sens, les gestes, les

attitudes corporelles, les images ; la

danse, la musique, le chant gestué...

pour que Sa parole puisse s’incarner en

tout homme.

Les temps de rencontre suivent un

cheminement, un déroulement qui rappelle

toujours la présence de cet Autre, invisible et

indicible pour qu’il n’y ait pas de confusion,

marqués par des objets symboliques, lecture

de textes bibliques, temps de prière

(spontanés ou non), de partage, de chants

avec des aides visuelles.

De plus en plus, j’intègre des supports

visuels projetés sur grand écran dans

une dynamique interactive : on peut

s’approcher, toucher, suivre les lignes, imiter,

se reconnaître, se parler, écouter, regarder...

Cette approche m‘ouvre à une écoute

différente et m‘interroge davantage sur :

mes propres convictions, mes croyances,

pour éviter tout jugement et toute démarche

prosélyte ; ma place entre cet entre-deux

La communication non-verbale au service de ma Foi

14

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(l’accompagné - Dieu) dans sa quête

individuelle, ce mouvement vers... pour que

la liberté de chacun soit respectée. Quelle

responsabilité !

Le temps de la bénédiction gestuée,

partagée avec son voisin, avec la «pasteure

Léa», reste un moment important car

il concentre le message d’amour, de

confiance qui nous est délivré. Le silence de

ces mots-là nous imprègne parfois plus que

les paroles énoncées.

Le langage symbolique (des pictogrammes)

se trouve souvent confronté à des concepts

difficiles à «imager».

Comment se mettre à l’écoute du langage

symbolique de la Bible ? Double difficulté !

Le « codage pictographié » de la prière

commune adressée à « Notre Père » nous

a confronté à cette difficulté d’imaginer

une langue visuelle commune avec un

sens partagé afin qu’il reste un langage

« universellement » parlant.

Aujourd’hui une documentation qui s’enrichit

au fil du temps à partir des thématiques

annuelles abordées est disponible. Elle

est constituée de textes bibliques codés,

de versions progressives, adaptées du

« Notre Père », d’une introduction à la

vie de Jésus sous forme de diaporama

interactif, d’un calendrier de l’avent, d’un

dossier pour un accompagnent au deuil,

d’un vocabulaire de mots pictographiés, de

posters personnalisables... mais là encore

rien n’est figé.

L’harmonie, le bien être réside dans la

recherche d’un accord profond entre

pensée, parole, actions mais aussi de son

cadre de vie tout entier (les autres, les

hommes, son habitat, la nature)... cultiver

le bien-vivre ensemble. L’accompagnement

spirituel consiste à ramener la paix,

l’harmonie et l’équilibre dans un

cheminement personnel, intime et unique.

La communication non-verbale comme

une approche multimodale, participe au

développement de la spiritualité, avec

authenticité et simplicité.

Présence, écoute, relation, partage, sont des

mots clefs qui guident mon action avec ce

que je suis aujourd’hui. Pour le reste, je

laisse le Saint-Esprit parler à votre cœur.

Audrey BOBBÉEducatrice spécialisée

avec mes remerciements à Sylviane GUESNON

pour les visuels Guimel

DOSSIER La spiritualité 15

Page 16: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Accompagner jusqu’au bout…

Interview avec Cathy Vix (Aide medico-psychologique à Marie Durand)

Quelle est la place et l’importance

des cultes d’enterrement et de souvenir

dans le vécu des résidents et des

accompagnateurs de la Résidence

Marie Durand (Foyer d’Accueil Médi-

calisé pour personnes âgées) ?

Le Foyer d’Accueil Médicalisé pour

personnes agées Marie Durand est

évidemment le plus souvent touché par le

décès d’un de ses résidents.

Comment est-ce que les résidents

vivent le décès d’un d’entre eux,

est-ce que la mort est thématisée,

est-ce qu’on en parle, posent-ils des

questions ?

Cathy Vix : Les résidents sont touchés

chacun à sa manière par le décès de

l’un des leurs. Tout dépend si la personne

était malade avant ou non.

Certains parleront de leur propre souhait de

fin de vie. C’est souvent le moment de se

rendre compte qu’ils prennent de l’âge et

que la mort fait partie de la vie.

Les premières questions sont toujours :

« Ira-t-il au ciel ? », « Va-t-il rejoindre ceux qui

sont partis avant ? », « Sera-t-il crématisé ? »,

« Où sera-t-il enterré ? », « Le culte aura lieu

où ? »

Lors d’un décès nous avons l’habitude

de procéder à la toilette mortuaire avec

les infirmières et de préparer la chambre

de la personne décédée pour qu’elle

puisse recevoir les dernières salutations.

Les résidents sont alors libres de faire une

dernière visite. Pour certains, cela se fera

en groupe et on en profitera pour faire

une prière et chanter un cantique que la

personne appréciait. Il est alors rassurant

pour tout le monde que le pasteur participe

à ce moment de partage.

Une résidente disait : « Lors du décès d’un

ami je pense particulièrement à Dieu qui

l’accueillera. »

Pour Lydie il est très important que lors

de son décès, on fasse un moment de

recueillement autour de son lit avec un

maximum de copines pour chanter les

chants qu’elle a choisi. Son souhait le plus

cher est que son amie Mme L. M. vienne à

la cérémonie d’enterrement.

La cérémonie est préparée en équipe

avec le pasteur et la famille, s’il y a lieu.

Nous avons dans le projet personnel

individualisé, un item qui relate les choix

16

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de la personne si elle s’est exprimée au

sujet de ses dernières volontés. Nous

essayons, dans la mesure du possible, de

respecter leurs demandes. Pour certains,

ils choisissent les chants et les prières pour

le culte, ainsi que l’endroit et le mode de la

mise en terre. Certains vœux peuvent être

farfelus comme par exemple, A. qui voudrait

un cercueil en verre. Elle attendra le prince

charmant qui viendra la réveiller telle Blanche

Neige. Elle ajouta : « Je l’ai attendu toute ma

vie et il n’est pas venu ! »

Comment est-ce que les résidents et

les accompagnateurs participent à la

préparation du culte et au culte même ?

Cathy Vix : Pour Lydie par exemple il est très

important de célébrer un culte. Il faut parler

et penser aux personnes décédées étant

donné qu’on a passé du temps et partagé

des moments de joie et de peine avec eux.

Même si l’enterrement a lieu ailleurs qu’au

Sonnenhof, il est très important de faire ce

moment de culte, de souvenir, pour tous

ceux qui le désirent. Lorsque la cérémonie a

lieu en famille, cette dernière vient en général

assister à ce moment de partage.

Il est plus facile pour les résidents de

comprendre et de faire le deuil quand ce

moment de souvenirs a eu lieu.

Lors de nos célébrations de souvenir

ou d’enterrement quel est le moment le

plus important pour toi et/ou pour les

résidents ?

Cathy Vix : Pour moi personnellement, le

moment fort lors d’un enterrement, c’est

la lecture d’un texte que je choisis ou que

je compose en fonction de la personnalité

du résident. Les résidents sont toujours

interpellés pour le choix des chants,

des prières et du verset biblique qu’ils

connaissent. Ils sont libres de participer ou

d’aller au cimetière.

Certains résidents ne vont jamais aux cultes

de l’année ou aux échanges bibliques

mais ils iront à tous les enterrements de la

résidence.

Après la cérémonie, peu importe si c’était

un enterrement en bonne et due forme ou

juste un moment de souvenir, il y a toujours

une collation.

Est-ce que tu as des souvenirs

particulièrement forts et/ou touchants ?

Cathy Vix : Oui, bien sûr ! J’ai des souvenirs

très forts et des moments de grandes

émotions. Après un accompagnement de fin

de vie, les enterrements sont particulièrement

émouvants.

Un constat qui m’a profondément marqué,

c’est lors du premier enterrement au

cimetière de Bischwiller : la mise à l’écart

dans le cimetière, de la partie réservée à

la Fondation Sonnenhof qui est séparée

par une grosse rangée d’arbres ; comme

si le handicap pouvait être contagieux et

ce même une fois enterré. La tempête a eu

raison de briser cette haie qui séparait les

deux parties.

S’il y a encore de la famille, est-ce

qu’elle participe aussi à la célébration

à la chapelle du Sonnenhof ? Comment

est-ce qu’ils ressentent ce moment de

souvenir ?

Cathy Vix : Les familles sont bien sûr

les acteurs principaux pour le choix de

l’inhumation et de la célébration. Il est

rassurant pour les familles de savoir que

nous sommes à l’écoute et près à nous

occuper de leur parent jusqu’au bout.

En règle générale, les familles participent

bien sûr à ces moments de partage

ainsi qu’à la collation qui suit toujours les

enterrements.

Propos recueillis par Léa LANGENBECK Pasteure Aumônier

DOSSIER La spiritualité 17

Page 18: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

La Vie Spirituelle des Personnes AgéesVaste programme, aurait dit un célèbre et

grand Général ! Car s’il n’y avait que 200

centenaires en France en 1950, il y en avait

20.000 en 2008 et il pourrait y en avoir

150.000 en 2050. De fait on a gagné 30 à

40 ans d’espérance de vie en un siècle. Mais

en même temps le mode de vie a changé :

les familles sont souvent dispersées

géographiquement, parfois éclatées. De ce

fait, la personne âgée se retrouve seule.

La vieillesse, c’est l’heure du bilan de

toute une vie, où les succès des enfants

et petits-enfants tant dans la vie privée

que professionnelle donnent joie et

sérénité et aident à porter les difficultés

de l’âge.

Inversement, les échecs -voire les décès-

des jeunes sont inacceptables parce que

non-conformes à la chronologie normale.

Il est, dès lors, essentiel que les seniors

soient accompagnés médicalement, mais

aussi spirituellement.

Je suis frappé par tout ce qui peut se

passer lors d’une visite. De considération

sur les joies et peines de la journée, on va

très vite passer au bilan d’une vie ; avec

l’évocation des grandes joies et/ou des

profondes douleurs. Et souvent alors, quand

l’aumônier évoque Dieu, le vieillard peut de

lui-même citer le Psaume 22 « Mon Dieu,

Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »

ou au contraire dire la reconnaissance par le

chant d’un « Grosser Gott wir loben dich »

ou encore exprimer la confiance par le

Psaume 23 : « Le Seigneur est mon berger,

je ne manquerai de rien ». Autant de fruits

d’un catéchisme de jadis où il fallait parfois,

avec peine, apprendre beaucoup par cœur !

Mais ces temps de partage et d’échange

sont essentiels. Il ne s’agit pas de bonnes

ou gentilles paroles -fussent-elles pieuses-

mais d’un partage de la Parole qui permet

de faire monter tous les sentiments, quels

qu’ils soient, vers Dieu : la violence verbale

face à l’approche de la mort, suivie souvent

d’un deuxième mouvement où s’expriment

la gratitude et la louange pour ce qui a été

vécu, et parfois le lâcher-prise.

Dès lors la « consolation » n’est pas un

échange de pieuses paroles mais, au sens

étymologique, « cum solo », la présence de

quelqu’un auprès de celui ou celle qui est

seul.

Être avec quelqu’un qui est seul, c’est

transformer une situation, briser la puissance

du malheur pour inaugurer un temps, sinon

de joie, du moins de paix et d’espérance.

Je pense à cette femme qui me disait,

évoquant sa vie conjugale, qu’elle avait

beaucoup péché. Elle a accepté le temps de

prière que je lui proposais et où j’ai évoqué le

Pardon de Dieu.

C’est les larmes - de reconnaissance - aux

yeux qu’elle m’a dit « Merci ».

Geoffroy GOETZPasteur Aumônier de la Maison de Retraite

Le Diaconat (Bischwiller) et la Maison Bethèl (Oberhausbergen)

18

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DOSSIER Les soins

La plupart des structures médico-sociales

sont centrées essentiellement sur les

dimensions éducatives et occupationnelles,

mais la problématique des soins médicaux

devient de plus en plus prégnante. En effet,

les besoins en soins de la population

accueillie évoluent. Ainsi, la Fondation

Sonnenhof a fait le choix de mutualiser les

effectifs infirmiers dédiés aux soins de ses

établissements des sites de Bischwiller

et Oberhoffen, afin de mettre en place un

service de soins capable de prendre en

charge 24h/24h les problèmes de santé

de ses usagers. En théorie le concept de

la mutualisation est intéressant et répond

à l’objectif principal fixé par l’ARS dans le

cadre du PRSA (Plan Régional de Santé

Alsace). Il consiste à répondre aux besoins

en soins et à assurer la continuité de la prise

en charge de la personne handicapée.

Qui peut bénéficier des soins

prodigués par le service de soins ?

Il s’agit de personnes déficientes

intellectuelles. Ces déficiences peuvent

être plus ou moins sévères. Par ailleurs, le

handicap mental est souvent accompagné

d’un handicap physique, qui lui aussi, se

décline à des degrés très divers en terme de

gravité.

La catégorie d’âge des personnes

accueillies est également très diversifiée

puisque toutes les catégories sont

représentées au sein de la Fondation.

Le service de soins prend en charge tous les

usagers hébergés dans un établissement

de la Fondation. Les usagers ne résidant

pas dans un établissement (personnes en

accueil de jour, relevant des SESSAD, les

externes de l’ESAT, du SAVS,…) sont suivis

à leur domicile par leur médecin traitant pour

ce qui relève de leur pathologie chronique ou

intercurrente. Pour eux, le service de soins et

les médecins de la Fondation n’interviennent

qu’en cas d’urgence médicale. Toutefois,

les traitements prescrits par un médecin

extérieur à la Fondation pourront être

administrés par le personnel de la Fondation,

après accord du médecin référent, sur

présentation de l’ordonnance du médecin

traitant et préparés par les infirmières du

service de soins.

Mais les champs d’action du service de soins

sont bien plus vastes.

(suite page 21)

La réorganisation d’un service de soins de la Fondation :

« Le changement de l’organisation du travail pour répondre aux besoins spécifiques des usagers accueillis »

DOSSIER Les soins 19

Page 20: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Un peu d’histoire…des besoins en soins qui évoluent dans le tempsLa Fondation a été créée en 1876. Son

objectif était alors la prise en charge

des enfants handicapés mentaux.

Cependant, au regard de la lourdeur de certains handicaps, aux difficultés, voire aux carences du milieu familial, la Fondation a élargi ses missions. Elle

propose aujourd’hui une prise en

charge adaptée à tous les âges et à

toutes les dépendances. Ainsi, de l’enfant à la personne vieillissante, en passant par la possibilité d’exercer une activité professionnelle et jusqu’à la fin de vie, les personnes accueillies au sein de la Fondation se voient offrir un lieu de vie adapté tout au long de leur parcours de vie.

Les évolutions ont vu apparaître la nécessité d’une offre en soins de plus en plus importante et diversifiée. C’est ainsi, qu’en 1959 la Fondation fait le choix de créer l’infirmerie. C’est un lieu où les usagers peuvent consulter un médecin. L’accroissement de la demande en soins et l’augmentation constante du nombre de personnes accueillies en lien avec la complexité des pathologies nécessitent de revoir ce fonctionnement.

C’est en 2006 que naît l’idée du SASP (1). La création de 4 lits SASP avec un statut de MAS (2), avec une dérogation pour les enfants à partir de 6 ans, voit le jour en 2009. La fusion de l’infirmerie et du SASP permet en outre une présence 24h/24h de personnels infirmiers et une présence médicale en journée (une astreinte téléphonique la nuit). En outre, cette fusion a permis la création de 4 lits

supplémentaires destinés à prendre en charge les usagers de la Fondation ou d’autres établissements médico-sociaux dont l’état de santé n’est pas compatible avec un maintien en unité de vie (soins de suite, rééquilibration thérapeutique, problème infectieux, soins palliatifs,…).

En 2011, une réflexion sur la centralisation des soins est menée. L’augmentation des soins techniques, l’évolution des obligations liées au circuit du médicament mais également la nécessité d’un suivi régulier et d’un accompagnement des équipes éducatives font apparaitre l’idée d’infirmière coordinatrice sur les différents pôles.

(1) SASP : Service d’Accompagnement et de Soins Permanents(2) MAS : Maison d’Accueil Spécialisée Document d’Analyse du Risque Infectieux

20

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Pourquoi réorganiser le service de

soins ?

L’enjeu majeur est la perspective d’une

prise en charge globale, de qualité,

visant le bien être des usagers accueillis.

Cette dimension est très importante en

raison de la nature des troubles associés au

handicap mental des personnes prises en

charge. En effet, les problèmes somatiques

accentuent les troubles du comportement

alors que l’usager est souvent incapable de

le verbaliser ou de le faire comprendre. La

prévention et le suivi de certains éléments

(par exemple l’élimination des selles,

l’hydratation, la nutrition, l’observance des

traitements,…) deviennent des facteurs

essentiels permettant d’améliorer la qualité

de vie de l’usager. Par ailleurs, la réduction

des troubles comportementaux influe

fortement sur les conditions de travail des

différents personnels. En effet, ceux-ci se

trouvent souvent confrontés à des situations

difficiles, parfois violentes (agressivité

physique ou verbale, refus et opposition,…)

dont l’origine est quelquefois un problème

somatique.

Par ailleurs, les obligations règlementaires

dans le domaine du soin en établissement

médico-social évoluent. En effet, ces

règlementations se multiplient et deviennent

de plus en plus exigeantes, le DARI

(document d’analyse du risque inféctieux)

en est un exemple concret. L’enjeu est

également d’ordre économique. In fine,

l’objectif est bien de réduire les coûts

affectés aux soins en agissant sur les

hospitalisations, les complications,… Par

conséquent, il s’agit de réduire les coûts au

niveau des différents pôles en améliorant la

qualité, la sécurité et la continuité des soins

au sein de chaque structure et donc de

l’ensemble de la Fondation.

L’évolution de l’offre de soins au niveau

de la Fondation semble incontournable.

Elle doit répondre aux besoins en soins de

la population accueillie en proposant une

organisation des soins pertinente et efficace

compatible avec l’activité socio-éducative

des établissements.

Dans les établissements médicalisés,

cette réorganisation est passée par

la mise en place d’une infirmière

coordinatrice.

Au niveau des services, cela se traduit par

la redéfinition des rôles et des missions du

service de soins et de ses professionnels,

en collaboration avec les professionnels

et le médecin responsable du service. Les

tâches ont été redéfinies, les outils simplifiés

et harmonisés. C’est ainsi que chaque

personnel doit pouvoir situer son

activité avec un cadre de responsabilité

bien défini : qui fait quoi et qui est

responsable de quoi.

Cela implique aussi de construire

ensemble, autour d’une vision

commune, en respectant la zone

d’expertise de chacun, et en cherchant

et reconnaissant les ressources de

l’autre, professionnel ou usager.

DOSSIER Les soins 21

Page 22: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Répondre aux besoins des usagersCette organisation doit pouvoir répondre

aux besoins en soins de près de 800

usagers répartis sur 4 pôles mais également

permettre d’assurer :

• la prise en charge des 4 usagers accueillis

dans le cadre du SASP. L’accueil peut

être temporaire (quelques mois) ou

définitif (jusqu’au décès de la personne

accueillie ou son transfert dans un autre

établissement) ;

• la prise en charge des usagers accueillis

dans les 4 autres lits financés par les

différents pôles destinés à accueillir les

usagers de la Fondation dont l’état de

santé ne permet pas le maintien en unité

de vie. La durée d’accueil est très variable,

elle peut être de quelques heures à

quelques semaines en fonction du motif

d’admission ;

• l’activité polyclinique qui concerne tous les

usagers de la Fondation. Il peut s’agir de

soins réguliers ou ponctuels programmés

ou non (pansements, prises de sang,

accidents,…) ;

• la gestion des traitements médicamenteux

et la préparation des médicaments pour

les établissements médicalisés MAS

(Maison d’accueil spécialisée), FAM (Foyer

d’accueil spécialisé), IME (Institut médico-

éducatif) ;

• une fonction économat pour les produits

destinés aux soins et à l’incontinence ;

• l’accompagnement des personnels édu-

catifs dans les différents groupes de vie ;

• l’adaptation et personnalisation des prises

en charge en fonction des établissements

et des usagers ;

• la continuité, la sécurité et la qualité des

soins des usagers.

La particularité de l’activité Service

d’Accompagement et de Soins

Permanents :

Le SASP permet d’accueillir des

personnes atteintes de handicap

mental avec polypathologies sévères

surajoutées nécessitant des soins

techniques et continus, qui ne

pourraient pas être pris en charge dans

le cadre d’une activité habituelle pour

des établissements de type MAS ou

FAM. C’est par conséquent une alternative

à des hospitalisations à répétition pour ces

usagers.

Les personnes relevant de ce service sont :

• des adultes et enfants polyhandicapés,

• des personnes atteintes de maladies

génétiques, d’aberrations chromosomi-

ques ou de maladies dites « orphelines »,

L’offre de soins permet :• d’assurer l’accès aux soins de tous les usagers de la Fondation ;• de prévenir les complications liées aux handicaps des usagers pris en charge dans la Fondation ;• de mettre en place des actions d’éducation visant à limiter l’apparition de ces complications ;• d’accompagner, former et encadrer les équipes éducatives lors de la prise en charge d’usagers ayant des problèmes de santé graves et chroniques (insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, diabète,…) ;• de garantir la sécurisation du circuit médicament ;• d’assurer la prise en charge des urgences vitales ;• d’assurer la coordination de la prise en charge des usagers avec :- Le lieu de vie de l’usager ;- L’ensemble des services transversaux ;- Les structures hospitalières environ-nantes (service des urgences, les différents services hospitaliers,…).

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Page 23: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

• des personnes atteintes de maladies

neurologiques dégénératives,

• des résidents atteints de cancers avancés

ou de toute autre pathologie évolutive et

invalidante,

• de manière générale, toute personne

handicapée mentale de notre institution

ou d’un autre établissement, dont l’état

de santé n’est plus compatible avec un

maintien dans un groupe de vie et qui

nécessite des soins soutenus et au long

cours. Cet accompagnement inclut les

« soins palliatifs » nécessaires en fin de vie.

Une prise en charge globale par une équipe pluridisciplinaire

Tous les usagers accueillis dans le

cadre du SASP bénéficient d’une prise

en charge globale grâce à une équipe

pluridisciplinaire. Ces prises en charge

sont individualisées, holistiques et

adaptées quotidiennement en fonction

de l’état de santé de la personne.

Pour les usagers accueillis au long cours,

une synthèse annuelle reprend l’évolution de

la situation de la personne et permet de fixer

des objectifs individuels en termes de prise

en charge.

Pour les usagers accueillis à court terme,

des réunions pluridisciplinaires ponctuelles

nous permettent d’optimiser le séjour en

apportant des réponses rapides comme

par exemple l’adaptation du matériel au

handicap ou de guider certaines familles en

difficulté dans ce domaine.

La présence d’un kinésithérapeute permet

certaines prises en charge notamment

dans les cas de troubles respiratoires

récurrents mais également dans le cadre de

l’adaptation du matériel pour des personnes

atteintes d’importantes déformations

physiques évoluant dans le temps. Son

activité est complétée par celle des autres

kinésithérapeutes, d’une ergothérapeute ou

d’une orthophoniste. Ainsi des améliorations

peuvent être apportées notamment pour les

usagers ayant des troubles de la déglutition.

Par ailleurs, la psychologue affectée au SASP

effectue une prise en charge personnalisée

pour chaque personne accueillie. Les

usagers bénéficient ainsi de séances

Snoezelen régulières mais également

d’outils non verbaux de compréhension

des soins mis en place par la psychologue

(pictogrammes, photos, etc.) en lien avec le

groupe pilote de la Fondation. Des entretiens

individuels sont également possibles dans le

cadre d’un accueil pour séjour de rupture

notamment.

Concernant l’activité des infirmières et des

aides-soignantes, la prise en charge de la

douleur avec la mise en place d’échelles

de la douleur, l’adaptation des soins au

quotidien et une attention toute particulière

concernant les soins de confort, sont des

éléments importants dans toutes nos prises

en charge.

DOSSIER Les soins 23

Page 24: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

Nos projets pour 2014 L’année 2013 a vu l’infirmerie se transformer

en service de soins. Nous sommes passés

d’un fonctionnement où l’ensemble de

l’activité de soin était centralisée sur un

service à une organisation transversale,

ouverte sur les établissements. Aujourd’hui,

il n’y a plus d’engorgement au niveau du

service de soins, les délais d’attente sont

acceptables et les dysfonctionnements

moins nombreux. Cette réorganisation de

l’activité de soins est une première étape,

il s’agit maintenant de travailler sur les

dysfonctionnements restants pour s’inscrire

dans une démarche d’amélioration continue

de la qualité du service.

En 2014 nous avons dégagé plusieurs axes

d’amélioration. Ceux-ci s’échelonneront

certainement sur plusieurs années.

Il s’agit d’améliorer l’organisation du

travail du service de soins afin de

répondre aux besoins en santé de

l’ensemble des usagers accueillis dans

le service et dans les établissements.

Pour cela il faudra :

• rédiger les différentes procédures liés à

l’organisation des soins et plus particu-

lièrement celui du circuit médicament,

• poursuivre les audits DARI (Document

d’Analyse du Risque Infectieux) sur les

établissements notamment le FAM Valdo

et ensuite l’IME,

• rédiger les protocoles et les instructions

exigés par le DARI sur le service de soins,

• poursuivre et développer le travail en

collaboration avec les différentes directions

et les personnels des établissements pour

améliorer la qualité des soins dispensés

aux usagers,

• revisiter le dossier de soins du résident

(dit D3i) afin de répondre aux exigences

règlementaires dans ce domaine et

d’améliorer les transmissions entre

soignants et équipes éducatives.

En conclusion L’arrivée d’un nouveau cadre dans un service

ou un établissement est souvent synonyme

de changements car c’est un regard neuf,

souvent différent, parfois difficile à accepter

en raison des questionnements et des

remises en question que cela peut susciter.

Néanmoins, le changement d’organisation

du service de soins amorcé en 2012 et

conforté durant toute l’année 2013 porte ses

fruits. Nous sommes fiers des améliorations

apportées à nos usagers dans le domaine

du soin. Nous devons poursuivre nos

efforts et le projet 2013-2017 du Pôle

Thérapeutique nous permet de suivre

les objectifs que nous nous étions fixés.

Chistine FERNBACH, Cadre de Santé

24

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Un des 6 axes de travail que le Conseil

d’Administration a retenu dans son

projet institutionnel « Sonnenhof 2016 »,

prévoit l’augmentation des ressources

et le développement de la notoriété de

la Fondation. L’accroissement des dons

et legs est un moyen de répondre à cet

objectif.

2013 a été l’année de démarrage des

campagnes de recherche de fonds. Après

avoir défini une cible et une stratégie,

différentes actions ont été déployées.

Nous avons souhaité que les donateurs

soient impliqués et informés sur les actions

qui peuvent être menées grâce aux dons

collectés.

En 2013, ce sont 1 693 donateurs différents

qui ont soutenu les actions du Sonnenhof.

Le montant des dons collectés s’élève à

364 400 €. Voici un bilan des actions qui ont

pu être engagées grâce à leur générosité :

• Une socio-esthéticienne a été embauchée

à mi-temps pour une durée d’un an, au

centre de vacances adapté et au Foyer

d’Accueil Spécialisé Théodore Monod

d’Erckartswiller. Elle est également à

disposition des autres établissements.

Les soins qu’elle prodigue apportent

du bien-être et participent à redonner

de l’estime de soi à des personnes en

souffrance.

• Une quarantaine de résidents de la

Fondation a participé à la manifestation

« Protestants en Fête » à Paris fin

septembre. Une occasion pour beaucoup

d’entre eux de découvrir la capitale et de

vivre des moments privilégiés.

• La campagne de recherche de fonds

auprès des personnes susceptibles d’être

redevables de l’ISF, a permis de collecter

près de 100 000 €. Cette somme a été

investie dans l’achat d’équipements

2013, une année de démarrage pour la recherche de fonds au Sonnenhof

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Page 26: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

favorisants le bien-être pour les rési-

dents de la nouvelle Maison d’Accueil

Spécialisée Dietrich Bonhoeffer de Soultz

sous Forêts. Ce nouvel établissement a

accueilli les premiers résidents au mois

de mars 2014.

• Une cuisine pédagogique a été installée au

foyer Amélie de Bergheim de Reichshoffen

pour permettre aux travailleurs handicapés

d’améliorer leurs connaissances et leurs

compétences culinaires.

• De nombreux particuliers ont souhaité

donner à nos résidents, une partie de leur

récolte de pommes sous forme de jus

fraîchement pressé.

• Une ludothèque va pouvoir être installée

pour les résidents au Foyer d’Accueil

Médicalisé Pierre Valdo de Marmoutier.

Le lancement du Club des Ambassadeurs,

le 6 septembre 2013, a marqué l’engage-

ment d’une vingtaine de particuliers et/

ou chefs d’entreprises qui souhaitent se

mobiliser d’une façon ou d’une autre pour

le Sonnenhof.

Investis d’une mission « d’ambassadeur »

de la Fondation, leur soutien prendra

différentes formes ; tout reste encore à

inventer, à imaginer. L’aide n’est pas que

financière, mais peut aussi se manifester

différemment telles que le mécénat de

compétence, le don en nature, le produit-

partage, le produit solidaire ou le don en

nature.

En 2014, nous voulons continuer la mission

qui nous a été confiée en proposant aux

résidents et aux travailleurs handicapés des

conditions d’accueil et d’accompagnement

adaptés :

• Il reste de nombreux achats à réaliser

pour équiper le nouvel établissement de

Soultz sous Forêts.

• Le bassin thérapeutique du Foyer

d’Accueil Spécialisé Stricker est en cours

de rénovation.

• Des chemins devraient être aménagés aux

abords du bâtiment de l’établissement de

Marmoutier et de celui d’Oberhoffen sur

Moder afin de faciliter l’accès aux fauteuils

roulants.

Nous savons que nous pouvons continuer

à compter sur votre générosité et votre

soutien. Grâce à vous, nous pourrons

soulager les souffrances et proposer un

accompagnement adapté aux besoins des

personnes qui nous sont confiées.

Club des ambassadeurs

Cécile CLEMENTResponsable Recherche de

Fonds et Communication

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Fiscalité des dons et legsLa Fondation Sonnenhof étant reconnue d’utilité publique, elle peut percevoir des dons et établir des reçus libératoires permettant aux entreprises et aux particuliers de bénéficier des avantages fiscaux en vigueur.• Don manuel pour les particuliers :

ils donnent droit à une réduction d’impôts sur le revenu de 66% de la valeur du don, dans la limite de 20% du revenu imposable du donateur.

• Mécénat d’entreprise : les opérations de mécénat ouvrent droit à une réduction d’impôts de 60% des versements effectués par les entreprises, dans la limite de 5‰ du chiffre d’affaires.

• Don sur ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) : le contribuable peut déduire 75% du don effectué sur le montant de son impôt.

• Les donations et legs des particuliers sont exonérés de droits de mutation.

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Page 28: Temps forts - Sonnenhof - Fondation protestante · de vivre pleinement sa foi et ses convictions dans l’exercice ... Président du Conseil d’administration 4. au niveau du groupe,

“ Seigneur,Tu me parles de bien des manières.

Donne-moi de comprendreTon silence,

Ce que tu attends de moi aujourd’hui,

Donne-moi de comprendre Les personnes que tu places sur ma route,

Celles qui n’ont que le regardEt les gestes pour exprimer :Leurs attentes, leurs besoins

Tu connais mes faiblessesFortifie-moi pour entendre, comprendre et agir

Selon ta volontéPar mon service et mon témoignage

Eclaire mon chemin de ta lumière”

Jean-Claude GIRARDIN

22 rue d’Oberhoffen - CS 80041 - F - 67242 Bischwiller CedexTél. 03 88 80 23 00 - Fax 03 88 80 23 10

E-mail : [email protected]