Tertullien - Contre Marcion

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  • 7/24/2019 Tertullien - Contre Marcion

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    Tertullienpre de l'glise

    Contre Marcion - livre 1

    Nous avons dj combattu autrefois les dogmes de Marcion; ce sectaire ne l'ignore

    pas. Voici une nouvelle attaque qui nat de l'ancienne. 'avais refondu dans untravail plus complet cet opuscule lui!m"me# parce que je l'avais d'abord crit la$%te. 'ai perdu ce second trait par l'infidlit d'un c$rtien# notre fr&re alors#apostat depuis# qui# apr&s avoir drob mon manuscrit avant qu'il ft en tat# lerpandit dans le public# tout c$arg encore des fautes qu'il ( avait laisses. )escorrections taient devenues ncessaires. 'ai pris occasion de ces c$angements pour( faire quelques additions. *insi# cet ouvrage remani diverses reprises# letroisi&me aujourd'$ui et dsormais l'unique# anantit les publications prcdentes.'ai d en avertir la t"te de cet opuscule# pour que l'on ne soit pas surpris derencontrer + et l quelques diffrences.

    ,a mer qui s'appelle -ont!u/in 0c'est!!dire la mer $ospitali&re1# a re+u par une

    ironie de mot un surnom que dment sa nature. Ne cro(e2 pas que sa positiongograp$ique la rende plus favorable au/ navigateurs. lle s'est loigne 34 de nosplages civilises comme si elle avait $onte de sa barbarie. ,es peuples les plusfroces l'$abitent# si toutefois c'est l'$abiter que d'( vivre errants dans des c$ars.-oint de demeure fi/e5 )es $abitudes brutales# la promiscuit des femmes# desvolupts grossi&res et sans voile. ,eur arrive!t!il de cac$er leurs plaisirs dans lasolitude6 le carquois dnonciateur est suspendu au joug pour carter d'indiscretstmoins. 7ls ne rougissent pas de ces armes accusatrices. 7ls gorgent leurs p&respour se nourrir de leur c$air qu'ils m"lent celle des animau/. Mal$eur quitermine ses jours par une mort naturelle# sans emporter l'espoir d'"tre dvor par lessiens5 la maldiction p&se sur son trpas. , les femmes sont trang&res tous les

    sentiments de pudeur propre leur se/e. ,es m&res refusent leurs mamelles leursenfants. *u lieu d'une quenouille# la $ac$e; au lieu du mariage# les rudes e/ercicesde la guerre. ,e ciel lui!m"me est de fer dans ces rgions sauvages. amais de jourlumineu/; un soleil tardif et ne se montrant qu' regret; pour atmosp$&re de sombresvapeurs; pour toute saison# l'$iver; tout vent est pour eu/ aquilon. ,es liquides nerecommencent couler qu' l'aide de la flamme; le cours des fleuves est enc$anpar les glaces; les montagnes grandissent sons les neiges qui s'( amoncellent. -artoutla torpeur# l'engourdissement# la mort. n ces lieu/ il n'( a d'ardent que les passions

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    froces. *ussi la sc&ne tragique a!t!elle emprunt ces lieu/ sinistres foutes sestragdies# les sacrifices de la 8auride# les amours de 9olc$os# les tortures du9aucase. Mais parmi les monstrueu/ enfantements de celle terre# la production laplus monstrueuse# c'est Marcion. Marcion5 plus farouc$e que le :c(t$e# plusinconstant que l'ama/obien# plus sauvage que le Massag&te# plus audacieu/ quel'ama2one# plus tnbreu/ que l'ouragan# plus froid que l'$iver# plus fragile que laglace# plus fallacieu/ que l'7ster# plus abrupte que le 9aucase.

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    divinit nouvelle et trang&re# qui s'est rvle rcemment dans son c$rist. 9'estainsi qu'il corrompt la masse de la foi par le mauvais levain de l'$rsie. Dn nomm9erdon# p&re de ce scandale# le rev"tit de sa premi&re forme. ,es aveugles5 ilss'imagin&rent qu'il leur tait plus facile d'entrevoir deu/ divinits# eu/ qui n'avaientpu en contempler une seule dans sa plnitude5 on sait qu'un flambeau unique sepeint double des (eu/ malades. *insi# l'un de ces dieu/ que le sectaire taitcontraint d'avouer# il l'anantit en lui attribuant tout le mal. * l'autre qu'il l&vepniblement sur un vain c$afaudage# il confie le gouvernement du bien. :ur quelressort a!t!il tabli ces deu/ naturesI rivales6 Notre rfutation l'apprendra.

    ,e fond de la dispute# la dispute tout enti&re est une question de nombre. Cst!ilpermis d'introduire deu/ divinits6E Nous connaissions dj les liberts de laposie# les liberts de la peinture. Nous en avons de nouvelles# les liberts del'$rsie. Mais la vrit c$rtienne a prononc en termes clairsB C:i )ieu n'est pasun# )ieu 3J n'est pas.E 7l ( aurait un moindre blasp$&me nier son e/istence qu'dfigurer sa nature. Voule2!vous avoir la certitude invincible de son unit69$erc$e2 quel il est# et vous trouvere2 qu'il ne peut "tre autrement. 8out ce que

    l'intelligence $umaine peut saisir de l'essence divine je le rduis ces termessimples# e/pression universelle de la conscience de tousB )ieu est l'"tresouverainement grand# ncessairement ternel# incr# sans principe# sanscommencement# sans fin. 8elle est la nature de l'ternit# qu'elle constitue le )ieusouverainement grand. 9e que je dis de son ternit# ne convient pas moins sesautres attributs# l'ide de )ieu emportant avec elle l perfection la plus absolue dansl'essence# dans la compr$ension# dans la force# dans la puissance. ,'esprit $umainad$&re partout ces principes; car nul ne peut refuser )ieu la supr"me grandeursans l'abaisser par l m"me au!dessous d'un rival# de sorte que retranc$er quelquec$ose )ieu# c'est le nier.# 9ela tabli# e/aminons quelle sera la loi constitutive del'"tre souverain. :a loi6 9'est que tout s'incline devant lui# c'est qu'il n'( ait cKt de

    sa grandeur aucune grandeur voisine. -lace2 en face de lui un second "tre dou desm"mes attributs# vous lui donne2 un gal; d&s que vous lui cre2 un gal# vousanantisse2 la loi de son "tre qui e/clut toute concurrence avec cette majestsouveraine. ,'"tre souverainement grand doit par consquent demeurer unique etsans rival# sous peine de s'abdiquer lui!m"me. 7l n'a d'autre mode d'e/istence que leprincipe inviolable de son "tre# l'unit absolue. -uisque )ieu est l'"tresouverainement grand# la vrit c$rtienne l'a donc bien dfini# quand elle a renducet oracleB C:i )ieu n'est pas un# )ieu n'est pas.E ?u'est!ce dire6 serait!ce quenous doutions de l'e/istence de )ieu6 non sans doute; mais# dans notre fermeconfiance qu'il est l'"tre souverainement grand# nous nous crionsB C* moins d'"treun# )ieu n'e/iste pas.E )ieu sera donc unique. -oint de 3L dieu# s'il n'est l'"tre pare/cellence; point d'"tre par e/cellence# s'il n'e/clut tout rival; point d'"tre sans rival#s'il n'est unique. 8ourmente2!vous tant qu'il vous plaira dans vos laborieusesconceptions. -our ta(er la majest dbile de votre dieu# il lui faudra commeattribut ncessaire et essentiel l'ternit avec la souveraine grandeur. >r# je vous ledemande# le mo(en que deu/ "tres souverainement grands subsistent la fois#quand l'essence de l'"tre souverainement grand n'admet point d'gal# et qu' )ieuseul appartient cette sublime prrogative5

    Vous vous trompe2# s'crie!t!on5 )eu/ "tres souverainement grands peuvent

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    subsister la fois# mais distincts et confins c$acun dans ses limites. -uis# avec lapurile persuasion que les c$oses divines se comportent comme les c$oses$umaines# on all&gue les ro(auts de la terre# ro(auts nombreuses et pourtantsouveraines dans les contres oH elles s'e/ercent. -r"tons!nous un pareilraisonnement. ?ui emp"c$e d&s!lors de faire intervenir# je ne dis pas un troisi&meou un quatri&me dieu# mais autant de dieu/ que la terre compte de rois6 Nel'oublions pas5 il s'agit ici de )ieu# dont l'attribut essentiel est de repousser toutecomparaison. * dfaut d'un 7sae proclamant cette vrit# ou de )ieu lui!m"mes'criant parla bouc$e de son prop$&teB C* qui me comparere2!vous6E la natureelle!m"me le crie asse2 $aut. -eut!"tre qu' toute force on pourrait trouver quelquespoints de ressemblance entre les c$oses $umaines et les c$oses divines# il n'en vapas de m"me de )ieu. *utre est )ieu# autre ce qui vient de lui. Mais vous qui.descende2 sur la terre pour lui emprunter vos e/emples# prene2 garde# l'appui vavous manquer. n effet# ce monarque terrestre# si lev que je le suppose sur sontrKne# n'est grand toutefois que jusqu' ce )ieu devant lequel il s'abaisse. 9ompare la majest ternelle# la majest du temps croule et s'anantit. -ourquoi donc desrapproc$ements aussitKt vanouis que con+us6 3

    77 ( a plus. :i parmi ces majests prcaires# il ne peut se rencontrera la fois plusieurspuissances souverainement

    grandes# et qu'il doive en surgir une surminente# solitaire# sans doute qu'au ciel il (aura e/ception pour ce Ooi des rois# couronnement de toute lvation# grandeur sansseconde# source inpuisable d'activit et de puissance qu'il communique des degrsdivers. -rodigieuse dmence5 compare2 un un ces monarques subalternes# c$efsindpendants dans leur empire# et placs au!dessus de rois infrieurs qui rel&vent deleur volont; oppose2 la ric$esse la ric$esse# la population la population#

    l'tendue l'tendue; force vous sera# apr&s cet e/amen# d'en couronner un seul# etde prcipiter tour tour du rang supr"me ces pouvoirs confronts l'un l'autreB tantil est vrai que considre isolment et dans c$aque individu# la supr"me grandeurpeut bien apparatre multiple# mais qu'en vertu de sa nature# de ses facults et deslois qui la rgissent# elle est unique. )e m"me si vous place2 en regard l'un del'autre deu/ dieu/# comme deu/ monarques gau/# comme deu/ "tressouverainement grands# il rsultera invinciblement de votre confrontation logiqueque la majest souveraine ira se confondre dans un seul "tre# et que l'un des deu/#grand# si vous le voule2# sans toutefois possder la souveraine grandeur# cdera laprminence son rival. ?u'arrive!t!il alors6 ,e concurrent une fois annul# il sefait autour du vainqueur une solitude immense. 7l domine sans gal# il r&gne dans sasublime unit. Vous ne vous arrac$ere2 jamais cet enlacement ine/tricableB >u ilvous faut nier que )ieu soit l'"tre souverainement grand; blasp$&me qui ne sortirajamais de la bouc$e du sage; ou il vous faut reconnatre que )ieu estincommunicable.

    )eu/ "tres souverainement grands5 ,a sagesse a!t!elle jamais imagin un pareils(st&me6 :i vous admette2 deu/ "tres souverains# je vous demanderai d'abord#pourquoi pas plusieurs6 ,a substance divine ne paratrait!elle pas 3P plus fconde sielle s'tendait un plus grand nombre6 7l a t bien plus consquent et plus

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    magnifique ce Valentin# qui# du moment qu'il eut os concevoir deu/ dieu/# A(t$oset :ig# engendra jusqu' trente ons et rpandit dans le monde un essaim dedivinits# porte non moins merveilleuse que celle de la laie de ,avinium. ,a raisonqui rpugne plusieurs "tres souverainement grands rpugne deu/ au m"me titrequ' plusieurs. *pr&s l'unit# le nombre. Mais que mon intelligence accepte deu/dieu/# il lui faudra bientKt en accepter davantage. *pr&s deu/ la multitude# une foisqu'on est sorti de l'unit.

    nfin# la foi du c$rtien e/clut# par les termes m"me# la pluralit des dieu/. :anss'arr"ter la dualit# elle tablit l'unit de )ieu sur cette base inbranlableB )ieu estde foute ncessit ce qui n'a pas d'gal# en sa qualit d'"tre souverainement grand;)ieu est de toute ncessit l'"tre unique# en sa qualit d'"tre sans gal.

    8outefois# admettons cet absurde s(st&me5 -ourquoi deu/ divinits gales#souveraines# identiques6 >H est l'avantage de la dualit# quand ces deu/ "tressemblables ne diff&rent pas de l'unit6 car une c$ose# la m"me dans deu/substances pareilles# demeure toujours une. :uppose2 m"me une infinit d'"tres

    pareils; ils n'en seront pas moins une seule et m"me c$ose# puisqu'en vertu de leurgalit# aucune diffrence ne les distingue. >r# si l'un ne diff&re en rien de l'autre# etcomment diffreraient!ils# puisqu'ils sont tous deu/ souverainement grands#possdant c$acun la divinit6 si l'un n'a pas la prminence sur l'autre# je c$erc$evainement dans cette galit de pouvoir la raison de leur double e/istence. 7l faut aunombre une raison dcisive# souveraine# ne serait!ce que pour indiquer l'$ommeincertain auquel des deu/ pouvoirs il doit porter ses $ommages. n effet# me voicien face de deu/ divinits semblables# identiques# souveraines; que faire6 les adorertoutes deu/6 mais ces $ommages surabondants vont passer pour une ridiculesuperstition bien plus quepour un culte 3Q religieu/# attendu que ces dieu/ pareils#doubles dans leur individualit# je puis me les rendre propices en ne m'adressant

    qu' l'un d'eu/. Mon adoration devient un tmoignage de leur ressemblance et deleur unit; j'adore l'un dans l'autreB ce double principe se confond pour moi dans unseul. *dresserai!je mes supplications un seul6 autre an/it. n $onorant l'un deprfrence l'autre sans tenir compte du dieu superflu# je paratrais c$erc$er couvrir l'inutilit du nombre. ?u'est!ce dire6 pour sortir d'embarras# je trouveraiplus sr de les supprimer l'un et l'autre que d'$onorer l'un des deu/ avec remords# outous les deu/ sans profit.

    usqu'ici nous avons raisonn dans l'$(pot$&se que Marcion tablissait deu/divinits gales. 9ar tel est le terrain sur lequel nous nous sommes plac# lorsquevengeur de l'unit divine# nous cartions toute ressemblance# toute parit avec l'"tresouverainement grand. n dmontrant que deu/ dieu/ ne peuvent "tre gau/# en

    vertu m"me de l'ide qui s'attac$e l'"tre souverainement grand# nous avons prouvsuffisamment qu'il n'en peut e/ister deu/; mais telle n'est pas la doctrine du sectaire#il cre deu/ dieu/ dissemblables# l'un juge sv&re# cruel# ami des combats; l'autredou/# ami de la pai/# bon et e/cellent.

    /aminons galement la question sous un autre point de vue. ,a disparit peut!ellesupposer deu/ dieu/ si la parit les e/clut6 7ci encore# nous invoquerons pour appuila m"me r&gle que nous adoptions pour l'"tre souverainement grand. ,a divinit

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    repose sur ce fondement inbranlable. n effet# resserrant Marcion dans le cerclequ'il a trac# et nous armant de ses aveu/# il n'a pas plus tKt accord au crateur ladivinit# que nous sommes autoris lui rpondreB 8es oppositions et ta diversitsont# une c$im&re. -oint de diffrence entre deu/ "tres que tu reconnais

    pour dieu/ titre gal. :ans doute des $ommes peuvent diffrer entre eu/ avec lem"me nom et la m"me 3IR forme; il n'en va pas de m"me de )ieu. >n ne peut nil'appeler ni le croire )ieu s'il n'est pas l'"tre souverain. >r# puisque le sectaire estcontraint de reconnatre la souveraine grandeur dans celui auquel il accorde ladivinit# je ne puis admettre qu'il retranc$e quelque c$ose la grandeur souveraineen la soumettant une autre grandeur semblable. -our )ieu se soumettre# c'ests'anantir. >r# est!il d'un dieu d'anantir sa majest souveraine6 ,a divinit peut!ellediminuer et dc$oir dans le )ieu crateur6 ,a supr"me grandeur courra les m"mesrisques dans le dieu prminent de MarcionB il sera capable de s'abdiquer aussi bienque le nKtre. -ourquoi cela6 c'est que deu/ dieu/# a(ant t une fois proclamssouverainement grands# il rsulte de toute ncessit que l'un ne sera ni plus puissant#ni plus faible# niplus minent# ni plus abaiss que l'autre. * l'Guvre donc# Marcion#refuse la divinit ton dieu cruel; refuse la supr"me grandeur celui que tuabaisses. n proclamant dieu/ et le nKtre et le lien# tu as proclam deu/ "tressouverainement grands. 8u ne retranc$eras rien l'un# tu n'ajouteras rien l'autre.n reconnaissant la divinit# tu as ni la diversit.

    8u m'objecteras peut!"tre# pour branler ce raisonnement# que ce nom de dieu n'estqu'une qualification d'emprunt# autorise par plusieurs passages des critures. C,e)ieu des dieu/ s'est lev dans l'assemble des dieu/# dit le -salmisteB il jugera lesdieu/ publiquement. !!!!t j'ai ditB Vous "tes des dieu/.E Vous l'entende25 les angeset les $ommes sont appels des dieu/ sans "tre pour cela en possession de l'"tre par

    e/cellence. 'en dis autant de votre crateur.

    t moi# je rponds l'insens qui. l'oublieB ,'argument se retourne avec le m"meavantage contre le dieu de Marcion. >n l'appelle dieu# de m"me que l'on pr"te cenom sublime au/ "tres sortis des mains du 9rateur; mais on ne prouve pas que ledieu nouveau soit l'"tre par 3II e/cellence. :i la communaut des noms est unprjug en faveur du rang et de la condition# que de misrables esclaves ds$onorentaujourd'$ui les noms fameu/ de )arius# d'*le/andre# d'olop$erne5 cependant cesnoms tombs si bas# rabaissent!ils les princes qui les portaient jadis6 il ( a plus. ,esstupides simulacres qu'adorent les nations ne sont pas des dieu/ pour la multitude6Mais pour devenir dieu# il ne suffit pas d'une vaine qualification. ,e 9rateur# au

    contraire# est )ieu# non pas seulement en vertu d'un nom# en vertu d'un mot contestou approuv# mais en vertu de sa substance elle!m"me laquelle cette dsignationappartient. ?uand cette substance m'apparat sans commencement# sans principe#seule ternelle# seule cratrice de l'univers# je revendique la souverainet pare/cellence# l'"tre infini# non point pour un nom# mais pour une ralit# non pointpour une appellation variable# mais pour de vivants attributs. Vous# parce que lasubstance laquelle j'accorde en toute proprit le nom de )ieu# a mrit seule cetitre# vous vous imagine2 que je l'attac$e un nom# attendu qu'il faut au langage$umain un mot pour dsigner cette substance infinie. 9'est donc la substance qui fait

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    le dieu# la substance qui constitue l'"tre souverainement grand. Marcion rclame!t!illa m"me prrogativepour son dieu6 st!il dieu en vertu de son essence#indpendamment de son nom6 $ bien5 nous soutenons nous que cette grandeursouveraine attribue )ieu d'apr&s la loi de sa nature et non d'apr&s le $asard d'unnom# deviendra gale dans ces deu/ comptiteurs de la divinit# puisqu'ils poss&dentla substance laquelle nous attac$ons le nom de dieu. n effet# par l m"me qu'ilssont appels dieu/# c'est!!dire des "tres souverainement grands# c'est!!dire encoredes substances incres# puissantes et souveraines par consquent# d&s!lors# un "tresouverainement grand ne peut "tre ni infrieur son rival# ni plus mauvais que lui.,a souveraine grandeur rside!t!elle dans le dieu de Marcion avec une flicit# uneforce et une 3I4 perfection absolue6 9es sublimes attributs rsideront au m"me titredans le nKtre. ,es c$erc$e!t!on vainement dans le dieu que nous proclamons6 esomme le dieu de Marcion d'( renoncer galement. *insi deu/ "tres que l'ongratifie de la souveraine grandeur ne sont pas gau/B le principe m"me sur lequelrepose la souveraine grandeur e/clut toute comparaison. 7ls ne seront pas davantageingau/. Dne autre loi non moins inviolable veut que l'"tre souverainement grand nepuisse subir de diminution. -ilote maladroit# te voil pris dans l'agitation des flots de

    ton -ont!u/in. )e toutes parts t'enveloppent les flots de la vrit; tu ne peu/t'arr"ter ni des dieu/ gau/# ni des dieu/ ingau/# parce que deu/ dieu/n'e/istent pas.

    Voil ce qui rfute proprement la pluralit des dieu/# quoique toute la discussionroule sur le double principe# nous l'avons resserre dans des limites troites oH nousniions e/aminer isolment les proprits de ces dieu/.

    9'est sur l'orgueil que les Marcionites l&vent cet difice d'orgueil# puisqu'ilsintroduisent un dieu nouveau# comme si nous avions rougir du )ieu ancien. 9esont des enfants qui s'applaudissent d'une c$anson nouvelle# mais dont les disciples

    du vieu/ pdagogue n'auront pas de peine dissiper la vaine gloire. n effet# quandils me montrent leur dieu# ce dieu nouveau pour l'ancien monde# nouveau pour tousles %ges qui ont prcd# inconnu tous les adorateurs de l'ancien )ieu# ce dieu#dis!je# qu'un fau/ sus!9$rist galement nouveau et inconnu de tous a seul rvlau monde apr&s tant de si&clesE et dont jamais nul autre que lui n'a parl# je me $%tede rendre gr%ces leur vanit qui me fournit des armes contre elle!m"me# enm'apportant la preuve irrfragable de leur $rsie# dans cette reconnaissance d'une)ivinit enti&rement nouvelle. 9ette nouveaut est marque au m"me coin que celledu

    paganisme avec sa lgion de dieu/ pour lesquels il n'( avait ni asse2 de noms# niasse2 d'emplois. ?u'est!ce qu'un dieu nouveau# sinon un fau/ dieu6 ,e 3I= vieu/:aturne lui!m"me ne peut se prvaloir de son anciennet pour devenir )ieu# parcequ'un jour aussi la nouveaut le consacra une premi&re fois dans le respect desmortels. Mais la divinit relle# vivante# ne doit son origine ni la nouveaut# ni l'antiquit. ,a vrit qui lui appartient en propre# voil son "tre. 7l n'( a point detemps dans l'ternit. 8out ce qui est temps# c'est elle. 9elui qui cre le temps# n'estpoint soumis l'action du temps. -oint d'%ge en )ieu#' par la raison qu'il n'a punatre. Vieu/6 il n'est pas )ieu. Nouveau6 il n'a jamais t. ,a nouveaut suppose

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    un commencement; l'anciennet annonce une fin. Mais )ieu est aussi tranger toutcommencement et toute fin# qu'il est l'abri du temps# cet arbitre des c$oses$umaines# qui mesure notre commencement et notre fin.

    e sens dans quel sens les Marcionites parlent d'un )ieu nouveau# il ne l'est selon

    eu/ que dans la manifestation. $ bien5 c'est prcisment cette manifestation d'$ier

    par laquelle on scandalise des %mes sans e/prience; c'est lec$arme naturel qui s'attac$e la nouveaut que je viens combattre ici# et par suitediscuter les titres de ce dieuinconnu. n effet proclamer sa rcente conscration# n'est!ce pas dmontrer qu'iltait non avenu avant# cette poque6 *u/ armes donc5 )escendons dans l'ar&ne uneseconde fois.

    -ersuade2!vous# si cela est possible# qu'un )ieu a pu rester inconnu. e trouve# il estvrai# dans les te/tes saints que des autels furent prostitus des dieu/ inconnus;

    mais c'est l une idol%trie grecque; des dieu/ incertains# mais c'est l unesuperstition romaine. >r des dieu/ incertains sont des dieu/ peu connus# puisqu'ilsn'ont qu'une e/istence douteuse. -ar consquent ils sont inconnus# par leurquivoque m"me. ,equel de ces deu/ titres graverons!nous au front de la moderneidole6 ,'un et l'autre mon sensB dieu de Marcion# incertain aujourd'$ui# inconnupar le 3IF pass. ,e 9rateur# )ieu connu et certain# a fait du vKtre un dieu inconnuet incertain.

    e pourrais vous direB :i votre dieu est rest inconnu et m(strieusement cac$#quelque rgion tnbreuse r cette rgion nouvelle#inconnue et incertaine comme votre idole# est une rgion immense nanmoins et plusvaste incontestablement que le )ieu enferm dans ses abmes.

    Mais quoi bon ces e/cursions lointaines6 e vous opposerai cette courte etlumineuse prescriptionB Votre )ieu n'a pu rester inconnu. 7l a d se manifester parsa grandeur; il a d se manifester par sa bont surtout# double fondement de saprminence sur le 9rateur. 8outefois comme les preuves que nous sommes endroit d'e/iger de tout dieu nouveau et inconnu par le pass# doivent se formulerd'apr&s les prcdents au/quels le 9rateur a voulu s'assujettir lui!m"me#dmontrons pralablement que celle requ"te est lgitime. Notre argumentation n'ensera que plus solidement tablie.

    e vous le demanderai d'abord# vous qui proclame2 un )ieu du 9rateur# en

    reconnaissant que du cKt de la manifestation la priorit lui est acquise# commentse fait!il que vous ne pesie2 pas les prtentions nouvelles# au poids et la balanceoH vous fut dmontre la divinit d'un autre6 8out antcdent fournil; sa r&gle auconsquent. Voil deu/ dieu/ en prsenceB un dieu inconnu# un dieu dj connu.?uant ce dernier# l'enqu"te est inutile# son e/istence est depuis long!tempstablie. :erait!il connu# s'il n'e/istait pas6 ,a dispute se concentre donc surl'inconnu. 7l peut ne pas e/ister. :'il e/istait# il serait connu. 9e que l'ignorancec$erc$e pntrer# demeure incertain aussi long!temps qu'elle doute. *ussi long!

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    temps que demeure incertain ce qu'elle c$erc$e# l'objet de ses investigations peutnepas e/ister. Vous ave2 donc un dieu certain puisqu'il est connu# un dieuquivoque puisqu'il est inconnu. )ans cet tat de cause# la justice veut que les"tres 3IJ incertains et douteu/# appels par!l m"me prouver leur e/istence# laprouvent d'apr&s les principes# la forme et les r&gles que l'on applique au/ "tresdont l'e/istence est certaine. ete2 au milieu de ces obscurits des raisonnementssans consistance# qu'arrivera!t!il6 >n s'enlace dans des discussions ine/tricables;l'incertitude des preuves se communique la foi que l'on essaie d'tablir; puisviennent Cces questions interminables# que l'apKtre n'aime pas.E

    r# qu'ils soient dieu/ l'un et l'autre# le fait demeure tabli. $ bien5une fois que l'essence fondamentale est accorde# si on demande des "tresincertains une preuve non quivoque# il faudra leur appliquer la r&gle des "trescertains# avec lesquels ils partagent l'essence fondamentale# afin qu'ils soient en

    communaut de preuves aussi bien que d'essence. *ppu( sur ce principe# j'tabliraivictorieusement que celui!l n'est pas dieu qui est encore incertain aujourd'$ui#puisqu'un )ieu certain n'e/iste dans la conscience publique# qu'autant qu'il n'ajamais t ni incertain# ni inconnu.

    -ourquoi cela6 c'est qu' l'origine des c$oses# le )ieu qui cra l'univers se rvla enm"me temps que son 3IL Guvre# la cration n'a(ant eu d'autre but que lamanifestation de la )ivinit. ?uoique Mose# postrieur de peu d'annes au berceaudu monde# semble avoir le premier consacr le )ieu de l'univers dans le temple dessaintes ,ettres# ne vous imagine2 point pour cela que la connaissance du vrai )ieusoit ne avec le -entateuque. n effet# les livres du lgislateur sacr ne sont quel'$istoire de ce nom incommunicable# commen+ant dans le paradis avec *dam# loinqu'il faille dater sa promulgation de l'g(pte ou de Mose. Voule2!vous une autrepreuve6 ,'immense multitude du genre $umain n'avait jamais entendu parler duprop$&te $breu# encore moins de ses livres. lle connut cependant le )ieu deMose. *u milieu des ombres d'un paganisme qui obscurcissait le r&gne de la vrit#les nations idol%tres distinguent l'ternel de leurs vaines idoles et le nomment deson nomB C,e )ieu des dieu/; si )ieu le permet; ce qui plat )ieu; je merecommande )ieu.E Oponds5 st!ce le connatre que de proclamer sa toute!puissance6 ,es livres de Mose n'( sont pour rien. ,'ame a prcd la prop$tie. ,a

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    conscience de l'ame# depuis le commencement de l'$omme# est un don de )ieu. lleest la m"me# elle rend les mKmes oracles dans l'g(pte# dans la :(rie# dans le -ont.,e )ieu des uifs# c'est le )ieu que proclame la conscience universelle. Ne viensplus# barbare $rtique# placer *bra$am avant le monde. ,e 9rateur n'et!il t le)ieu que d'une seule famille# il serait encore venu avant ton )ieu# Marcion; il ett connu des $abitants du -ont avant le lien. *pprends d'un prdcesseur la mani&rede se prouver. ,'incertain se prouve par le certain# l'inconnu par le connu. amais)ieu ne restera dans l'ombre. amais il ne manquera de tmoignages. 8oujours il sefera connatre# entendre# voir comme il voudra. 7l a pour tmoin et tout ce que noussommes# et le monde oH nous sommes. )ieu est prouv )ieu et unique par l m"mequ'il est connu# tandis que l'autre travaille se rvler. 3I

    Vous ave2 raison# s'crient les Marcionites. ?ui donc est moins connu des siens

    que des trangers6 -ersonne. e prends acte de cette dclaration. 9omment

    supposer que des cratures soient trang&res )ieu# lorsque rien ne

    peut lui "tre tranger# s'il e/iste# puisque le caract&re distinctif d'un dieu c'est que toutlui appartienne et se rapporte lui6 ?uant au dieu improvis# nous ne lui adresserons pas pour le moment cettequestionB C?u'a!t!il de commun avec des trangers6E lle viendra en son lieu avecplus de dveloppement. ?u'il nous suffise maintenant de prouver que l'"tre dontaucune Guvre ne rv&le l'e/istence# est un "tre c$imrique. )e m"me que le9rateur est )ieu# et un )ieu indubitable# parce que la cration est son domaine etque rien dans ce domaine ne lui est trangerB de m"me son rival n'est pas dieu#parce que la cration n'est pas son domaine et que dans ce domaine tout lui esttranger. *llons plus loin. :i l'ensemble de l'univers appartient au 9rateur# je nevois plus de place pour un autre dieu. ,'immensit est pleine de son auteurB pas unpoint que n'occupe son infinie majest. Oest%t!il quelque espace pour je ne saisquelle divinit parmi les cratures# cette divinit ne peut "tre que fausse. ,a vritest ouverte au mensonge. 7l ( a tant d'idoles sur cette terre5 -ourquoi le dieu deMarcion n'( trouverait!il pas aussi sa place6

    )'apr&s cette ide que nous avons d'un 9rateur# je prtends que )ieu a d semanifester par ses Guvres# par un monde# des $ommes# des si&cles qui viennent delui. Vo(e2 le paganisme5 8outes ces prtendues divinits# qu'il confesse dans sesmoments de bonne foi n'"tre que des $ommes# pourquoi son erreur les a!t!elledifies6 -arce que c$acune d'elles# se disait!il# a pourvu mes besoins et monbon$eur. 8ant l'univers s'tait persuad d'apr&s l'ide qu'on a de )ieu# qu'ilappartient l'essence divine de se rvler elle!m"me par quelque cration ou 3IP

    quelque largesse utile la vie prsente5 8ant il est vrai que les dieu/ inventss'accrdit&rent par les mo(ens qui avaient tabli l'autorit du )ieu vritable5 7l fallaitque le dieu de Marcion se lgitim%t au/ (eu/ de l'univers# ne ft!ce qu'en luiapportant quelques misrables pois c$ic$es de sa fabrique# afin de se faireproclamer un nouveau 8riptol&me. :i ton dieu e/iste# e/plique!moi son oisivet parune raison digne d'un )ieu5 )ieu vritable# il n'et pas manqu de produire. 'enappelle la conscience du genre $umainB )ieu n'a pas d'autre preuve de sone/istence# que la cration de l'univers. n effet le principe que nous opposons nos

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    ennemis demeure inbranlable. 7ls ne peuvent d'une part confesser la divinit du9rateur# et de l'autre soustraire le dieu qu'ils prtendent lever cKt de lui# au/preuves sur lesquelles les Marcionites eu/!m"mes# d'accord avec la conscienceuniverselle# font reposer le )ieu des 9$rtiens. :i personne ne rvoque en cloutel'e/istence du 9rateur# par cela m"me qu'il a cr ce vaste univers# il suitinvinciblement que personne ne reconnatra une divinit qui n'a rien!cr# moinsque l'on n'assigne son oisivet une raison lgitime. )es raisons# je n'en connaisque deu/B ou sa volont# ou son impuissance. ,a troisi&me# je la c$erc$eraisvainement. N'avoir pu est indigne d'un )ieu. Ne l'a!t!il pas voulu6

    /aminons si sa dignit le permettait.

    Oponds!moi# Marcion5 8on dieu a!t!il eu dessein de se manifester dans un tempstel quel6 ?uand il est descendu sur la terre# quand il a pr"c$# quand il a endur sapassion# quand il est ressuscit# avait! il un autre but que de se rvler au/ $ommes6* coup sr# s'il est connu# c'est parce qu'il l'a voulu. ,ui adviendrait!il quelque

    c$ose sans son aveu6 -ourquoi donc tant d'efforts dans le but de se manifester# pourse montrer au/ $ommesparmi les abaissements de la c$air# abaissements plus$onteu/ encore# si cette c$air est une imposture6 n effet# a!t!il tromp l'universsous ce corps fantastique6 suspendu au 3IQ bois# a!t!il encouru la maldiction du9rateur6 Nouvelle infamie5 N'et!il pas t mille fois plus $onorable de sepromulguer lui!m"me par quelque tmoignage e/trieur# surtout quand il avait lefaire en face d'un )ieu auquel il tait inconnu par ses Guvres# depuis lecommencement du monde6 st!il vraisemblable d'un cKt que ce )ieu crateur#ignorant qu'if ( avait un dieu suprieur lui comme le disent les Marcionites# et seproclamant avec serment le )ieu unique# ait tabli la vrit de son e/istence par desi beau/ ouvrages# lui qui pouvait ngliger ce soin dans la persuasion d'"tre seul5

    st!il vraisemblable# d'un autre cKt# que ce )ieu suprieur sac$ant qu'il avait pourinfrieur un )ieu si bien tabli# n'ait rien dispos pour se rvler# et cela quand ilaurait d produire des Guvres plus remarquables et plus clatantes afin de se fairereconnatre )ieu par ces Guvres comme il convenait un 9rateur# et m"me pardes Guvres plus sublimes# pour se montrer plus grand et plus noble que son rival6

    9ependant# admettons pour un moment ce dieu c$imriqueB toujours faudra!t!ill'admettre sans cause. :ans cause# puisqu'il ne se manifestera par aucune Guvre#tout "tre produisant $ors de lui!m"me des effets qui lui appartiennent. >r#comme il est impossible qu'un "tre e/iste sans "tre cause# parce qu' cettecondition# il est comme s'il n'tait pas# n'a(ant pas pour raison de lui!m"me descratures qui rel&vent de lui# il me parat plus consquent de nier l'e/istence de)ieu# que de lui refuser l'action. ncore une fois# il e/iste sans cause# celui quin'a(ant pas d'effets n'a pas davantage de cause. Mais )ieu ne doit pas e/ister decette fa+on. ?ue je nie sa causalit# tout en souscrivant son e/istence# j'tablis parl m"me le nant de ce )ieu. :'il e/istait# serait!il demeur inactif6 )'apr&s cesprincipes# je dis que le dieu de Marcion vient sans cause surprendre la bonne foi del'$omme qui est $abitu croire )ieu d'apr&s l'autorit de ses Guvres# parce qu'il 34Rne connat rien autre c$ose qui puisse lui rvler )ieu.

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    !!!! Mais la plupart des Marcionites croient cette c$im&re.

    !!!! ,eur cro(ance insulte la raison# puisqu'ils n'ont pas pour gages de la divinitdes Guvres dignes d'elle. 9ette divinit inerte# et qui n'a rien su produire# est coupabled'impudence et de malice. )'impudenceB elle mendie une cro(ance illgitime qu'ellen'a pris la peine d'asseoir sur aucun fondement. )e maliceB elle a jet les $ommesdans l'incrdulit# en leur drobant des motifs de foi.

    -endant que nous c$assons de ce rang usurp le dieu imposteur qui n'a rendutmoignage son e/istence par aucune Guvre de sa cration# et digne de ladivinit# comme l'avait pratiqu le 9rateur# les Marcionites# race impudente etperverse# c$angent de tactique# et le mpris sur les l&vres# ils vont jusqu' ladestruction des Guvres du 9rateur. ,e monde# s'crient!ils5 merveilleu/ ouvrageen vrit5 cration sublime et digne d'un )ieu5

    !!!! Oefuse2!vous au 9rateur la plnitude de la )ivinit'6 !!!! nonB il est vraiment)ieu. !!!!)onc le monde n'est pas indigne de )ieu; car )ieu peut!il rien crer qui

    soit indigne de lui# quoiqu'il ail produit le monde pour l'$omme et non pour lui!m"me6 8out ouvrage vaut moins que son auteur. t. pourtant# s'il est indigne d'undieu de produire quelque c$ose# avouons!le# il est mille fois plus malsant l'essence divine de n'avoir rien produit# m"me de peu digne d'elle# ne ft!ce qu'unsimple essai qui ft esprer des Guvres plus merveilleuses.

    8outefois# pour dire un mot de cette production si dcrie# comme on le prtend# dece monde que les Srecs ont nomm d'un mot qui signifie ornement et $armonie# etnon inco$rence et dsordre# les matres de la sagesse antique# au gnie desquelstoute $rsie moderne est vomie se fconder# ont divinis les substances diversesque l'on affecte si fort de mpriser. 8$al&s pla+ait le principe 34I divin dans l'eau#eraclite dans le feu# *na/im&ne dans l'air# *na/imandre dans l'ensemble des corpsclestes# :traton dans le ciel et la terre# Tenon dans la combinaison de l'air et del't$er# -laton dans les astres. ,orsque celui!ci traite du monde# il appelle les astresla race igne des dieu/. n e/tase devant la grandeur# la force# la puissance# lamajest# l'clat# l'abondance# l'$armonie constante et les invariables lois de c$acunde ces lments par le concours desquels s'engendre# s'alimente# se perfectionne# serenouvelle l'universalit des "tres# la plupart des p$(siciens n'ont pas os assignerun commencement ces substances merveilleuses. ,e dclarer leur paraissait unattentat leur divinit. ,'>rient les adore; les mages c$e2 les -erses# les$(rop$antes parmi les g(ptiens# les g(mnosop$istes dans les 7ndes. ?ue dis!

    je6 9ette dgradante idol%trie# cette superstition universelle# rougissant aujourd'$uide ses vains simulacres# de ses $ros difis# et de ses noms fabuleu/# se rfugiedans l'interprtation des p$nom&nes naturels# et voile sa $onte sous d'ingnieusesallgories. coute2!la5 upiter reprsentera la substance igne# et unon# son pouse#l'air# ainsi que le mot grec l'atteste; Vesta# c'est le feu; les Muses# l'eau; la grandem&re des dieu/# la terre qui nous livre ses moissons# que le bras $umain dc$ire#que des pluies arrosent. *insi >siris# enseveli dans la mort# renaissant de lacorruption et retrouv avec joie# figure la constance invariable des germes#

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    l'$armonie des lments# et le retour de l'anne mourant pour ressusciter. -lus loin#les lions de Mit$ra sont les s(mboles d'une nature brlante et aride.

    7l rsulte de l que ces substances# suprieures par leur situation ou leur nature# ontt regardes comme des dieu/# plutKt que proclames indignes de la divinit.*baissons nos regards plus bas. Dne $umble fleur# je ne dis pas de la prairie# maism"me du buisson# le plus obscur coquillage# comme celui qui nous donne lapourpre# l'aile du plus insignifiant oiseau comme la magnifique parure 344 du paon#vous montrent!ils dans le 9rateur un ouvrier si mprisable6

    Mais loi qui souris de piti l'aspect de ces insectes que le grand ouvrier a rendussi remarquables par l'adresse# l'$abilet ou la force# afin de nous apprendre que lagrandeur se manifeste dans la petitesse# aussi bien que la force dans l'infirmit#selon le langage de l'*pKtre# imite# si tu le peu/# les constructions de l'abeille# lesgreniers de la fourmi# les filets de l'araigne# la trame du ver soie. Oeproduis nos(eu/ ces $umbles animau/ qui se jouent dans tes v"tements# ou sur ta couc$e; t%c$ed'galer le venin de la cant$aride# l'aiguillon de la mouc$e# la trompette et la lance

    du mouc$eron5 ?ue penseras!tu des animau/ plus grands# lorsque de si petitescratures peuvent te servir ou le nuire# afin de t'apprendre respecter le 9rateurjusque dans ses moindres ouvrages6

    Mais sans sortir de loi ! m"me# consid&re l'$omme au dedans et au de$ors de lui.-ardonneras!tu cet ouvrage de notre )ieu# que ton matre# le )ieu le meilleur# aaim d'un amour si tendre; pour lequel il a daign descendre de son troisi&me cieldans notre c$tive et indigente $umanit; pour lequel il n'a pas rougi de mourir surune croi/# captif dans l'troite prison oH l'enfermait le 9rateur6 Moins ddaigneu/#lui# il n'a rpudi jusqu' ce jour# ni l'eau du 9rateur dont il lave ses disciples# nil'$uile dont il les consacre# ni le mlange du lait et du miel avec lequel il enfante les

    siens# ni le pain# reprsentation vivante de son corps. usque dans ses sacrements# ila besoin des aumKnes du 9rateur.

    Mais toi# disciple suprieur au matre# serviteur au!dessus du seigneur# ta sagesse estmille fois plus sublimeB lu dtruis ce qu'il aime# tu anantis ses ouvrages; mais es!tude bonne foi6 Vo(ons si ces biens que tu affectes de fouler au/ pieds# tu ne lesconvoites pas. *ntagoniste du ciel# tu aspires la libert dans les pavillons du ciel.8u mprises la terreB la terre a t le berceau de ta c$air 34= rprouve; tu dc$iresles entrailles de la terre pour lui arrac$er tes aliments. M"me ddain pour la mer;mais f on ddain ne va point jusqu' ses productions# que tu regardes comme unenourriture plus saine. ?ue je t'offre une rose# tu n'oseras plus calomnier le 9rateur.Misrable $(pocrite# quand m"me tu prouverais par ta mort# fruit d'une abstinence

    volontaire# que tu es Marcionite# c'est!! dire que tu rpudies le 9rateur et sesGuvres# 0car tel devrait "tre votre mart(re vous autres# puisque le monde vous fait$orreur1 tu t'agites vainementB sur quelque mati&re que tu te replies# tu ferastoujours usage de la substance du 9rateur. )plorable aveuglement de l'orgueil5 tumprises les "tres dont tu vis et tu meurs.

    -uisque lu attribues aussi ton )ieu des Guvres# un monde et un ciel qui luiappartiennent# qu'il ait prcd ou suivi la cration de cet univers# peu nous importe.

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    Viendra le moment d'e/aminer ce troisi&me ciel# quand nous discuterons les titres devotre apKtre. -our le moment# contentons!nous d'affirmer qu'une substance# quellequ'elle soit# a d se manifester avec son auteur. 9e principe accord# par quellefatalit arrive!t!il que ton )ieu se rv&le la dou2i&me anne de 8ib&re!9sar# et queson ouvrage demeure totalement inconnu jusqu' la dou2i&me du r&gne de :v&re#surtout quand cette production mille fois suprieure au/ futiles crations de notre)ieu# aurait d sedgager de l'ombre le jour oH son auteur surgit la lumi&re6 :i l'Guvre n'a pu sefaire jour dans le monde# comment la notion du matre s'( est!elle tablie6 :i lemonde a admis le matre# pourquoi n'a!t!il point admis la substance6 :erait!elle par$asard plus grande que le matre6

    9ette question nous conduit naturellement l'e/amen du lieu. Vo(ons oH rside cemonde suprieur et le dieu dont il mane. n effet# si vous tablisse2 que ce dieu aaussi un monde impalpable# au!dessous de lui et au!dessus de son mule# il l'a donccr dans une sp$&re qui s'ouvrait entre ses pieds et la t"te du 9rateur. ,'essencedivine 34F tait donc enferme dans cet espace# oH elle laborait son inonde6

    ?u'arrive!t!il alors6 9e lieu devient plus grand que votre )ieu# plus grand que sonmonde# puisque tout contenant estplus grand que son contenu. -renons!( gardem"me. 7l pourrait bien se faire qu'il rest%t quelque place vacante pour un troisi&medieu# pr"t envelopper de son monde les deu/ autres dieu/. Maintenantcommen+ons le dnombrement de ces divinits. )'abord# l'espaceB il est

    devenu dieu un double titreB il est plus grand que son contenu; il est sans principe#sans commencement# ternel# gal )ieu# domicile ternel de )ieu. nsuite# si ledieu prtendu a fa+onn son monde avec une mati&re flottante sous ses pieds#pre/istante# incre# contemporaine de )ieu# toutes les qualits que Marcion

    abandonne au 9rateur s'appliquent galement la majest du lieu oH rsidaient)ieu et la mati&re. :econde divinit. 9ar la voil aussi devenue dieu# elle en a lesproprits fondamentales; elle ne connat ni principe# ni commencementB elle estternelle comme )ieu.

    )ire2!vous que ce dieu a form le monde de rien6

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    )ans l'impuissance oH se trouvent les Marcionites de nous montrer leur secondmonde aussi bien que le dieu dont il mane# que font!ils6 7ls partagent l'univers endeu/ substances# les visibles et les invisibles# assignent c$acune de ces crations des dieu/ diffrents# et revendiquent pour leur dieu le domaine des invisibles. le dieu vraiment suprieur# dont on ne peut citer aucune oeuvre e/cellente# moins qu'elle ne s'applique l'$omme# ouvrage du dieu subalterne5 8outefois je tesomme de prouver son e/istence par les arguments que l'on attend d'un )ieu. *vanttout# montre!nous ses productionsB tu nous vanteras ensuite ses bienfaits. ,e point

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    principal est de savoir s'il e/iste. ?uelle est sa nature6 9ette question n'est quesecondaire; l'un se reconnat au/ Guvres# l'autre au/ bienfaits. )e ce que tu luiassignes la rdemption# son e/istence ne m'en est pas plus dmontre. Mais sone/istence une fois atteste# attribue!lui l'$onneur de la Odemption# si lu veu/; jen'aurai plus qu' constater s'il l'a rellement accomplie# parce qu'encore 34 il sepourrait bien qu'il e/ist%t sans avoir dlivr le genre $umain. e te

    le demande# lui pr"ter la rdemption# est!ce tablir son e/istence# puisqu'il pourraitbien e/ister sans avoir sauv le monde6

    9ette discussion nous a loigns un moment de la controverse fondamentale quitraitait du )ieu inconnu. 7l est suffisamment notoire d'une part qu'il n'a rien cr# del'autre# qu'il ( avait pour lui obligation de crer# enfin de se manifester lui!m"me parses Guvres# parce qu'en admettant son e/istence comme relle# il aurait d "treconnu# et cela d&s l'origine du monde. Nous nous sommes appu(s sur ce principeB7l ne convient pas un dieu de rester cac$. Maintenant la ncessit nous ram&ne la question premi&re# afin d'en dvelopper les diffrentes ramifications. 7l s'agirad'abord d'e/aminer par quelle voie ce dieu nouveau s'est fait connatre dans la suitedes temps; pourquoi dans la suite des temps# plutKt qu'an berceau d'un mondeauquel il tait ncessaire en sa qualit de dieu. 7l ( a mieu/. -lus on fait de lui undieu bienveillant# plus on proclame sa' ncessit; moins par consquent il a d sesoustraire nos regards.

    *llguera!t!on pour e/cuse qu'il n'( avait dans le monde ni motifpour qu'il semanifest%t# ni lments pour apprcier cette manifestation6 *ssertion mensong&re59e monde oH votre )ieu vient de tomber des nues renfermait alors et l'$ommecapable de le connatre# et la malice du crateur laquelle dans sa bont il devait

    obvier. ?u'en conclure6 >u il a ignor l'indispensable ncessit de sa manifestationet les lments sur lesquels elle s'e/ercerait# ou il a $sit# ou il a t frappd'impuissance# ou la volont lui a manqu. 8outes c$oses indignes d'un )ieu# etsurtout d'un )ieu tr&s!bon. Mais nous montrerons ailleurs la c$im&re de cettetardive rvlation. ?u'il nous suffise de l'indiquer pour le moment.

    $ bien5 qu'il ait apparu dans ce monde quand il l'a voulu# quand il l'a pu# quandl'$eure fatale est 34P arrive; e/cusons!le. -robablement il tait contrari dans sanaissance par la marc$e ascendante de quelque constellation. ,es enc$antements deje ne sais quelle magicienne# le carr sinistre de :aturne# le triangle malencontreu/de Mars# arr"taient sa conception. ,es Marcionites# en effet# sont fort adonns l'astrologie. 7mpudents qui ne rougissent pas m"me de vivre des toiles du9rateur5 Nous avons traiter ici de la qualit de la rvlation. *!t!il t connud'une mani&re $onorable6 7l s'agit de l'e/aminer# afin que nous sac$ions s'il e/istevraiment# et que de la dignit de sa rvlation sorte la certitude de son e/istence.)es Guvres dignes d'un dieu prouveront le dieu.

    -our nous# tel est notre principeB nous connaissons )ieu sa nature# nous lereconnaissons sa doctrine. ,a premi&re se constate par les Guvres# la seconde parles prdications. Mais les attestations naturelles manquent qui la nature fait dfaut.

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    -ar consquent votre )ieu aurait d se rvlerait moins par des prop$ties# surtoutquand il avait se manifester en face d'un )ieu qui# malgr les Guvres qu'il a faites#malgr les clatantes prdictions qui l'avaient devanc# avait peine conquis la foide l'univers. 9omment donc s'est!il rvl6 )iras!tu que c'est par des conjectures$umaines# indpendantes de sa volont6 *lors dclare impudemment qu'un dieupeut "tre connu autrement que par lui!m"me. Mais ici je t'opposerai# outre lese/emples du 9rateur# la grandeur divine et l'infirmit $umaine. -ar l lu faisl'$omme plus grand que le dieu. ?uoi5 quand un dieu se cac$e dessein# jel'arrac$erai par ma propre force ses m(strieuses obscurits# et je le tranerai# quoiqu'il en ait# au grand jour de la lumi&re6 Nous n'ignorons pas cependant# gr%ce latriste e/prience des si&cles# que la dbile intelligence de l'$omme se forge plusfacilement des dieu/ nouveau/# qu'elle ne se tourne vers le )ieu vritable# djmanifest ses regards par ses Guvres. )'ailleurs# si l'$omme se cre des dieu/imaginaires# si un Oomulus dresse des autels 9onsus# un 8atius 34Q 9loacine# unostilius la -eur# un Mtellus *lburne# tout rcemment un souverain *ntinous#passons!leur ces ridicules apot$osesB c'taient au moins des consuls# c'taient desempereurs. Mais le pilote Marcion# nous le connaissons5

    * la bonne $eure# rpliquent les Marcionites5 Notre dieu ne s'est pas rvl d&s leberceau du monde; il ne s'est pas rvl par des Guvres palpables. Mais en vertu desa propre puissance# il s'est manifest dans la personne de sus!9$rist.

    Nous consacrerons au 9$rist et l'conomie de la rdemption un livreparticulier# car il est bon de distinguer les mati&res# afin de les traiter avec plusd'ordre et de dveloppement. -our le moment# il nous suffira# d'opposer l'assertion nouvelle la dmonstration que le 9$rist n'est la vivante empreinted'aucun autre dieu que du )ieu crateur. e le ferai en peu de mots.

    ,a quin2i&me anne de 8ib&re# sus!9$rist daigna descendre du ciel# esprit desalut et de rdemption. n quelle anne l'ardente canicule a!t!elle vomi $ors du-ont le salutaire mtore de l'$rtique# ainsi le veut son s(st&me6 'ai estimcette investigation superflue. 8outefois on est d'accord sur ce point. 9ettemonstrueuse invention

    appartient au r&gne d'*ntoninB l'impie a paru sous le monarque pieu/. -uisqueMarcion le premier a introduit un dieu non avenu jusque!l# d&s!lors la vrit estmanifeste pour tout esprit raisonnable. ,es poques proclament# qu'un dieu# apparupour la premi&re fois sous *ntonin# n'apparut point sous 8ib&re# par consquent# quece n'est pas le 9$rist qui a rvl le dieu promulgu la premi&re fois par Marcion.

    -our complter cette preuve# j'emprunterai ce qui suit nos adversaires eu/!m"mes.Marcion a spar la loi ancienne de la loi nouvelleB voil son c$ef!d'Guvre lui# sarecommandation distinctive. :es disciples nieront!ils ce qui est crit au frontispicede leur livre# sorte d'initiation pour 3=R les adeptes# d'encouragement pour les initis#je veu/ parler des *ntit$&ses ou >ppositions dans lesquelles le matre s'efforced'tablir qu'il ( a conflit entre l'vangile et la loi antique# afin que de la lutte desdeu/ testaments# il inf&re la diversit des dieu/6 *insi# puisque l'autre dieu de

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    l'vangile oppos au )ieu de la loi antique# a commenc avec la sparation de la loimosaque et de l'vangile# il est vident qu'avant cette prtendue scission ce dieutait inconnu# sa notion ne datant que de cette poque. 'en conclus que ce dieu nes'est point manifest dans la personne d'un c$rist qui e/istait dj avant cettesparation# >H donc a!t!il pris naissance6 )ans le cerveau du sectaire. ,'vangile etla loi vivaient dans une $armonie que rien n'avait trouble jusque!l depuisl'apparition du 9$rist; jusqu' l'impudence de Marcion. -oint d'autre dieu de la loi etde l'vangile# que le 9rateur. ,a raison proclamait cette vrit; il fallait qu'apr&s unsi long intervalle un $abitant du -ont vnt faire cette sparation.

    9ette preuve# courte et lumineuse# attend de nous un complment pour rduire ausilence les vaines clameurs de nos ennemis. >n veut que Marcion# loin d'avoir rieninnov# en sparant la loi mosaque et l'vangile# n'ait l'ait que ramener soninstitution primordiale la vrit que l'on avait corrompue. > 9$rist# matre sipatient# tu as pu endurer pendant tant d'annes que ta parole ft pervertie jusqu' ceque Marcion et les siens vinssent ton secours5Cn effet# ils font grand bruit du prince des apKtres et des autres colonnes de

    l'piscopat# censurs par -aul# pour n'avoir point marc$ droit dans les sentiers del'vangile.E Mais -aul# encore nouveau dans la gr%ce# troubl# craignant de courirou d'avoir couru inutilement dans la carri&re oH il tait novice# confrait pour lapremi&re fois avec les apKtres# venus avant lui. ?u'est!ce dire6 :i -aul crut avecl'ardeur d'un nop$(te# qu'il ( avait quelque c$ose bl%mer dans les coutumes dujudasme# c'est!!dire qu'il fallait accorder l'usage des 3=I viandes offertes# il devaitbientKt se faire tout tous pour les gagner tous sus!9$rist# juif avec les juifs#observateur de la loi avec ceu/ qui observaient la loi; toi# interpr&te mensongerd'une rprimande qui portait seulement sur une conduite que son accusateur lui!m"me devait adopter# tu la convertis en reproc$e de prvarication envers )ieu et lasainte doctrine5 Nous lisons cependantB C,eurs mains s'taient jointesE en signe

    d'unit# et avant de se partager la conqu"te de l'univers# ils s'taient concerts sur lapromulgation de la m"me foi et du m"me vangile# C)e leur bouc$e ou de lamienne# dit l'apKtre quelque part# c'est toujours le m"me )ieu qui vous estannonc.E

    !!!! Mais il parle ailleurs de fau/ fr&res# qui se glissent aupr&s des Salates etc$erc$ent les attirer un nouvel vangile6

    !!!! -ar l'altration que subissait l'vangile# il entendait non pas une l%c$e dsertionvers un autre dieu et un autre c$rist# mais le maintien des observances antiques. 7lnous l'atteste lui!m"me en reprenant ceu/ qui perptuaient la circoncision# Cetsupputaient les temps# les jours# les mois et les annesE des crmonies judaques#

    lorsqu'ils ne pouvaient ignorer qu'elles taient tombes devant les institutionsnouvelles du 9rateur# abolition signale d'avance par ses prop$&tesB C,esprescriptions antiques ont pass# s'crie 7saeB voil que je cre toutes c$osesnouvelles.... 'tablirai mon alliance# mais une alliance diffrente de celle que j'aicontracte avec vos p&res. lorsque je les ai tirs de la terre d'g(pte. Oenouvele2!vous dans un renouvellement complet# nous dit rmieB pratique2 la circoncisionen l'$onneur de votre )ieu# mais la circoncision du cGur.E

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    Voil quelle circoncision tablissait l'apKtre# quel renouvellement il commandait#lorsqu'il interdisait les anciennes crmonies dont le fondateur avait prop$tis parla bouc$e d'>se la proc$aine abolition. C:es joies# je 3=4 les abolirai# avec sessabbats# ses solennits# ses nomnies# et toutes ses observances.E 7sae parlecomme >se. CVos nomnies# vos sabbats# votre jour solennel me sont en $orreur.Mon ame repousse avec dgot vos veilles# votre jene# vos jours de f"te.E :i le9rateur avait rpudi long!temps d'avance ces rites passagers# dont l'apKtreproclamait le discrdit# la dcision de l'apKtre est donc en $armonie avec les dcretsdu 9rateur. lle atteste invinciblement que le )ieu pr"c$ par lui est le m"me )ieudont il faisait respecter les antiques et solennels dcrets. 7l n'avait pas d'autre pensequand il censurait ces fau/ apKtres# et ces fr&res $(pocrites# qui# sans tenir comptede l'vangile promulgu par l'envo( du 9rateur# sacrifiaient l'antique allianceque celui!ci avait rpudie# la nouvelle alliance dont il avait prop$tis l'avnement.

    )'ailleurs# si prdicateur d'un dieu nouveau# il travaillait abolir la loi du )ieuancien#pourquoi# muet sur le

    dieu de Marcion# se contente!t!il de proscrire la loi ancienne uniquement6-ourquoi6 -arce que la foi au 9rateur subsistait. -arce que la loi ancienne devaitseule disparatre# comme le -salmiste l'avait c$ant d'avance. CArisons les c$anesdont ils nous ont enlacs; loignons de nos t"tes le joug qu'ils portaient.E N'a!t!ilpas dit encore6 C,es nations se sont rassembles en tumulte et les peuples ontmdit des c$oses vaines. ,es princes de la terre ont t debout# les magistrats sesont ligus contre )ieu et son 9$rist.E ?ue -aul annon+%t un autre dieu# -aul et!ildisput avec le prince des apKtres sur le maintien ou l'abrogation d'une loi quin'appartenait point au dieu nouveau# ennemi de la loi antique6 n effet# lanouveaut et l'opposition de ce dieu eussent tranc$ la question de la loi ancienne et

    trang&re; il ( a mieu/B jamais la question n'et t souleve. Mais non; enpromulguant dans le 9$rist le )ieu de la loi ancienne# on drogeait # sa loiB l taitle point fondamental. *insi# toujours la foi dans le 9rateur# toujours la foi dans son3== 9$rist; mais les pratiques et la discipline c$ancelaient. tait!il permis de mangerdes viandes offertes au/ idoles6 fallait!il voiler les femmes6 le mariage# le divorce#l'esprance de la rsurrection# voil les questions qui partageaient les esprits; sur)ieu# pas le plus lger dbat. :i cette controverse avait t agite# les ptres del'*pKtre en conserveraient des traces# d'autant plus que c'tait l le point capital.

    )ira!t!on que depuis les apKtres# la vrit sur l'essence divine a t altre6 -asseencore. Mais la tradition apostolique n'a point t altre l!dessus dans son cours#et de tradition apostolique# on ne peut en reconnatre d'autre que celle qui est

    aujourd'$ui en vigueur dans les glises fondes par les apKtres. >r# on ne trouveraaucune glise d'origine apostolique qui ne c$ristianise au nom du 9rateur. Veut!onqu'elles aient t corrompues d&s leur berceau6 oH les trouvera!t!on intactes6 parmicelles qui repoussent le 9rateur# sans doute6 !!!! $ bien5 montre! nous quelqu'unede tes glises d'origine apostolique# et tu nous auras ferm la bouc$e. -uisqu'il esttablipar tous les points que depuis le 9$rist jusqu' Marcion# il n'( eut jamais dansla r&gle de foi suivre ici d'autre )ieu que le 9rateur# nous avons suffisammentprouv que la connaissance du dieu de l'$rsie naquit avec la sparation de la loi et

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    de l'vangile. ,e principe que nous tablissions plus $aut a re+u toute sa lumi&re.Dn dieu invent par l'$omme ne mrite aucune crance# moins que cet $omme nesoit prop$&te# c'est!!dire qu'il n'( ait rien de l'$omme dans son langage. )esparoles# en donne qui veut# Marcion; mais il faut des preuves. 8oute discussion estsuperflue. )montrer que le 9$rist n'a fait connatre que le 9rateur# et pas d'autre)ieu# c'est repousser l'$rsie par toutes les forces de la vrit.

    Mais comment renverser cet antec$rist# si nous nous bornons la preuve desprescriptions pour arr"ter 3=F le cours de ses blasp$&mes et les dtruire6 $ bien5arrivons la personne m"me de son )ieu# ou plutKt de cette ombre# de ce fantKmede c$rist# et e/aminons!le par l'endroit m"me oH on lui donne la prminence sur le9rateur. , aussi se reconnatra la bont divine des r&gles invariables. Mais cetteboul# il faut pralablement que je la trouve# que ma main la saisisse# afin qu'elle meserve comme d'introduction ces r&gles.

    n effet# j'ai beau remonter la c$ane des temps# depuis que les causes et leslments avec lesquels ce dieu aurait d coe/ister# parurent# dans le monde# nulle

    part je ne l'aper+ois agissant comme il aurait d agir. )j triomp$aient et la mort#et le pc$# aiguillon de la mort# et la malice du 9rateur contre laquelle le )ieubienfaisant avait lutter. )ocile la premi&re loi de la bont divine# ne devait! !!!ilpas manifester qu'elle tait# c$e2 lui in$rente sa nature# et combattre le malaussitKt# que le mal demandait un rem&de6 )ans un dieu# les qualits sontessentiellement in$rentes sa nature# innes# coternelles. Nie2!leB des attributsdivins# vous faites des attributs contingents# trangers# par consquent temporaires#sans ternit. * ce titre donc# j'ai droit d'e/iger de )ieu une bont ternelle#indfectible# qui# dpose dans les trsors de son "tre et toujours pr"te agir#devance les causes et les lments de son action. 7l ne suffit pas de les devancerB jeveu/ que# loin de les prendre en ddain# ou de leur faire dfaut# elle les embrasse

    avec ardeur. n second lieu# de m"me que je demandais il n'( a qu'un momentB-ourquoi ne s'est!il pas rvl d&s l'origine des c$oses6 je demanderai encore iciB-ourquoi sa bont ne s'est!elle pas dplo(e d&s le principe6 ?uel obstacle s'(opposait6 N'avait!il pas se rvler par sa bienveillance# s'il e/istait rellement6tre impuissant sur quelque point5 supposition absurde quand il s'agit d'un )ieu# plus forte raison manquer au/ lois de sa natureB si le libre dveloppement de sesfacults est comprim# elles cessent 3=J d'"tre naturelles. Mais la nature ne connatni suspension# ni repos. ?u'elle agisse; qu'en vertu m"me de son essence elle serpande en bienveillance e/trieure; ce titre# je la dclare e/istante. e le demande#comment se con! damnera!t!elle l'inaction# elle pour qui le sommeil est le nant6,a bont# au contraire# est demeure longtemps inactive dans le dieu de Marcion.)onc une facult qui a sommeill des milliers d'annes dans une lt$argie quirpugne des qualits in$rentes la nature# n'est pas une bont naturelle. :i ellen'est plus naturelle# il m'est impossible de la croire ternelle# ni contemporaine de)ieu. lle n'est plus ternelle si elle n'est plus naturelleB elle n'a plus de base dans lepass# ni de permanence dans l'avenir. lle n'a pas e/ist d&s l'origine# etincontestablement elle ne subsistera point jusqu' la fin; car elle peut aussi biendfaillir un jour qu'elle a dj dfailli dans les si&cles prcdents.

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    -uisque la bont long!temps inactive dans le dieu de Marcion# n'a dlivr quercemment l'univers# et qu'il faut s'en prendre sa volont plutKt qu' sa faiblesse# cedouble point tabli# disons!le# dtruire volontairement sa bont# c'est le comble de lamalice. -ouvoir faire du bien et ne pas le vouloir; tenir deu/ mains sa bontcaptive; assister patiemment l'outrage sans lui opposer de frein# connaisse2!vousmalice plus profonde6 ,a prtendue cruaut dont on gratifie le 9rateur retombe surcelui qui a aid ses barbaries par les dlais de sa misricorde. 9ar le crimeappartient qui# pouvant l'emp"c$er# l'a laiss commettre. ?uoi5 l'$omme estcondamn mourir pour avoir cueilli le fruit d'un misrable arbuste. )e cette sourceempoisonne jaillit un dluge de mau/ et de c$%timents. Voil toutes les gnrations venir enveloppes dans la condamnation de leur premier p&re# bien qu'elles aientignor l'arbre fatal qui les a perdues. t le )ieu bon a pu ne pas le savoir5 il a pu letolrer# alors que s'offrait l'occasion de se montrer d'autant plus 3=L misricordieu/#que le 9rateur dplo(ait plus de cruaut )isons!le# il a manifest une maliceprofonde# celui qui laissa volontairement l'$omme courb sous le fardeau de saprvarication# et le monde sous un joug odieu/. ?uelle ide aurie2 ! vous d'unmdecin qui# entretenant avec complaisance une maladie qu'il pourrait gurir#

    irriterait le mal en diffrant le rem&de# afin d'accrotre sa renomme# ou de mettreses soins l'enc$&re6 $ bien5 fltrissons de la m"me infamie le dieu de Marcion5:pectateur complaisant du mal# fauteur de la violence# l%c$e trafiquant de la faveur#tratre la mansutude# il a t infid&le la bont# l oH il ( avait urgence. *$5 qu'ilse ft $%t de venir en aide au monde# s'il tait bon par nature plutKt que par un effetdu $asard# s'il devait la misricorde son caract&re plutKt qu' l'ducation; s'il taitle )ieu de l'ternit# et non un imposteur qui commence 8ib&re; disons mieu/# 9erdon et son disciple. *insi ce )ieu aura accord 8ib&re ce privil&ge d'avoirfait apparatre sous son r&gne la bont divine sur la terre.

    'oppose Marcion un autre principe. 8out en )ieu doit "tre naturel et raisonnable.

    e somme donc la bont de se montrer raisonnable. ,a bont par essence est si loinde renfermer un principe de dsordre# qu'il n'( a point d'autre bien que ce qui estraisonnablement bon. e dis plus. ,e mal# pour peu qu'il renferme de raison# passeraplus aisment pour le bien# qu'on n'emp"c$era le bien# dpourvu de raison# depasser pour un mal. -our moi# je nie que la bont du dieu de Marcion porte cescaract&res. Mon premier argument# le voici. 7l est entr dans le monde pour sauverdes cratures qui lui taient totalement trang&res.

    $ bien5 s'crie!t!on# tel est prcisment le caract&re et# pour ainsi dire# laperfection de la bont. Volontaire# spontane# elle s'panc$e sur des "trestrangers qui n'ont point la revendiquer comme une dette de famille. Nereconnaisse2!vous pas l cette c$arit surabondante par 3= laquelle il nous estenjoint d'aimer nos ennemis# et# sous ce nom# des trangers6

    * cela que rpondre6 Votre dieu a dtourn sa face de dessus l'$omme d&s leberceau du monde. )&s le berceau du monde# il a sommeill aupr&s de cette craturetrang&re. 9ette oisive indiffrence est la prsomption qu'il n'avait rien de communavec l'$omme. )'ailleurs le prcepte d'aimer son proc$ain comme soi!m"me aprcd l'obligation d'aimer son ennemi ou l'tranger. 9e prcepte a beau "treemprunt la loi antique du 9rateur# vous "tes contraint de confesser vous!m"me

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    que le 9$rist# au lieu de le renverser# l'a rdifi sur une base nouvelle. n effet#comme il resserre# comme il fortifie l'amour du proc$ain# l'oracle qui tend cedevoir jusqu' l'tranger# jusqu' l'ennemi5 -rodiguer une bont que l'on ne doit pas#est une e/agration de la bont que l'on doit. ,a bont que l'on doit vient avant celleque l'on ne doit pas. ,'une est obligatoire# fondamentale; l'autre n'est qu'unecompagne# une esclave dont on se passe. >r s'il est vrai que le premier motif de labont# motif qui n'est autre c$ose que la justice# l'enc$ane la conservation et aumaintien de son Guvre# tandis qu'elle ne se rpand sur l'tranger quesubsidiairement et par cette surabondance de justice inconnue au/ scribes et au/p$arisiens# n'est!ce pas une absurdit rvoltante que d'imputer la seconde esp&ce qui ne poss&de pas la premi&re# une bont qui n'a pas m"me la proprit del'$omme# et par consquent singuli&rement restreinte6 e le demande# une bontsinguli&rement restreinte# qui n'a pas m"me en propre un domaine sur qui elles'e/erce# comment a!t!elle pu rejaillir sur l'tranger6 Montre2!nous la bontessentielle; puis# vene2 nous parler de la seconde. :i aucune dmonstration ne peuts'tablir sans un ordre et un enc$anement rigoureu/# encore moins la raison pourra!t!elle s'en dispenser.

    -r"tons!nous cependant de pareilles e/igences. ?ue 3=P la bont de ce dieubi2arre se meuve dans un ordre inverse; qu'elle commence par l'tranger# puisqu'onl'a imagin ainsi. Marcion ne se maintiendra pas mieu/ sur un terrain qui crouled'autre part. n effet# quelle caract&re se reconnatra la bont subsidiaire etapplicable un tranger6 7l faudra qu'elle s'e/erce sans dtriment pour le lgitimepossesseur. ?uelle que soit la bont# la justice en est la base ncessaire. 8out l'$eure la bont tait raisonnable# quand elle agissait dans les limites de la justice etsur une crature qui lui appartenait. 7ci encore# applique l'tranger# elle retientson caract&re de sagesse# pourvu qu'elle soit en $armonie avec la justice. Mais# K labont singuli&re que celle qui dbute par la spoliation# et cela en faveur d'un

    tranger5 ?u'infid&le la justice au profit d'un membre de la famille# elle paraisseencore jusqu' un

    certain point raisonnable# on le comprend. Mais s'agit!il d'un tranger# qui n'a pasm"me droit une vertueuse bienveillance# je ne vois plus l que violence etdsordre. 9onnaisse2!vous en effet rien de plus injuste# rien de plus inique# rien deplus mc$ant que de secourir l'esclave d'autrui pour l'arrac$er son matre# pourl'adjuger un autre# pour le suborner contre son lgitime seigneur6 t dans quellecondition encore6 9ar voil le comble de l'infamie; dans le palais de ce m"mematre; quand on vit de ses munificences; quand on tremble encore sous son fouet

    vengeur. ,a loi $umaine condamnerait un pareil protecteur. ?uel c$%timentrserverait!elle au plagiaire6

    * ces traits reconnaisse2 le dieu de Marcion. *udacieu/ enva$isseur d'un mondequi n'est pas lui# il arrac$e l'$omme son dieu# le fils son p&re# le disciple l'instituteur# l'esclave son seigneur# pour faire de l'$omme une crature impie# unfils dnatur# un disciple ingrat# un esclave rebelle. Oponde25 :i tels sont les fruitsd'une bont raisonnable# qu'adviendra!t!il de la bont contraire6 tre baptis dansune eau trang&re au bnfice d'un 3=Q autre dieu# tendre vers le ciel des mains

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    suppliantes au bnfice d'un autre dieu# "tre jet sur une terre trang&re au bnficed'un autre dieu# clbrer sur un pain tranger des actions de gr%ces au bnfice d'unautre dieu# je ne sac$e pas de plus monstrueuse impudeur. ?uel est donc ce dieuine/plicable dont la bont pervertit l'$omme# dont la protection attire sur le protgle courrou/ de l'autre dieu# j'ai mal dit# le courrou/ du lgitime seigneur6

    )ieu est ternel. )ieu n'agit que par des motifs raisonnables# nous l'avons vu; ilaura de plus la souveraine perfection en toutes c$oses# du moins je l'imagine; car ilest critB C:o(e2 parfaits comme votre -&re qui est dans les deu/.E * l'Guvre donc#Marcion; montre!nous dans ton dieu une bont parfaite. ?uoique nous a(onssuffisamment tabli l'imperfection d'un attribut qui n'est pas in$rent la nature# niconforme la raison# nous allons confondre ton dieu par un autre ordre d'arguments.:a bont ne sera plus seulement imparfaite# mais dfectueuse# petite# sans force#mille fois infrieure au nombre des victimes sur lesquelles elle devait se rpandre#puisqu'elle ne s'applique point toutes. n effet# elle n'a pas sauv la gnralit des$ommes. ,e nombre de ses lus# compar celui des uifs et des 9$rtiens quiadorent le 9rateur# est imperceptible. ?uoi5 la majorit du genre $umain prit# et tu

    oses encore attribuer la perfection une bont qui ferme les (eu/ sur cette ruineimmense# une bont vritable pour quelques favoris# mais nulle pour la plupart des$ommes# esclave de la perdition# complice de la mort5 -oint de salut pour lamajorit5 )&s!lors ce n'est plus la misricorde# c'est la malice qui l'emporte. 9arl'une sauve et l'autre laisse prir. n refusant au plus grand nombre ce qu'elleaccorde quelques rares lus# sa prtendue perfection clate ne secourir pas#beaucoup plus qu' secourir.

    !!!! $ bien5 je retourne contre le 9rateur vos propres 3FR arguments. :a bont estdfectueuse vis!!vis de la gnralit des $ommes.

    !!!!8es aveu/ te condamnent. 8u as proclam toi!m"me sa qualit de juge. 8udclarais par l qu'il ( a sage rpartition dans sa bont# et non profusion irrflc$iecomme c$e2 le tien. 9ela est si vrai que c'est par la bont seule que tu lui donnes laprminence sur le 9rateur. 8on dieu la poss&de!t!il e/clusivement# dans saplnitude6 *lors elle ne doit manquer qui que ce soit. Mais que la grande majoritdes $ommes prisse par sa faute# ne demandons pas cette circonstance untmoignage accusateur contre lui. ,'insuffisance de sa bont va ressortir de ses luseu/!m"mes# qu'elle ne sauve que dans leur ame# et qu'elle anantit pour toujoursdans une c$air qui. c$e2 elle ne ressuscite pas. )'oH vient cette moiti de salut#sinon d'impuissance et de dfectuosit6 U avait!il pour la bont parfaite etconsomme# une loi plus rigoureuse que de disputer la mort l'$omme tout entier#l'$omme tout entier condamm par le 9rateur# tout entier rpar par le )ieu tr&s!

    bon6 *utant qu'il m'est possible de sonder des dogmes tnbreu/# la c$air n'est!ellepas baptise sous les drapeau/ de Marcion6 ,a c$air n'est!elle point tenue loin dessouillures du mariage6 ,a c$air n'est!elle pas dc$ire dans les angoisses dumart(re6 :i l'on impute les prvarications la c$air# l'ame a succomb avant elle. ,aculpabilit remonte l'ameB la c$air n'est l que comme une esclave destine laservir. )'ailleurs la c$air# une fois prive de l'ame# est incapable de pc$. 7l ( adonc injustice et par consquent bont imparfaite laisser sous l'empire de la mort#celle des deu/ substances qui est la plus innocente# une substance qui a failli par

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    soumission plutKt que par c$oi/# dont le 9$rist n'a pas rev"tu la ralit# dans les(st&me de l'$rsie# mais dont il a au moins emprunt selon elle les fantastiquesapparences. -ar cela m"me que le 9$rist s'est montr sous le fantKme de la c$air# nelui devait!il pas quelque $onneur6 t l'$omme# qu'est!ce 3FI autre c$ose que lac$air6 9'est la mati&re corporelle# et non l'lment spirituel# que son auteur aimprim le nom d'$omme. C,e :eigneur cra l'$omme du limon de la terre#E dit lete/te sacr. 7ci ce n'est pas l'ame qui re+oit le nom; l'ame vient du souffle divin.C)ieu rpandit sur son visage un souffle de vie# et il eut une ame vivante.E ,esurnom tait juste pour le fils de la terre. Ct il pla+a l'$omme# poursuit l'crivaininspir# dans un jardin de dlices.E 8u l'entends# toujours l'$omme; ce que )ieu aptri de ses mains# et non le souffle qu'il lui a communiqu; ici encore la c$air# etnon l'ame. :'il en est ainsi# quelle insolente audace de revendiquer la plnitude et laperfection pour une bont qui# fid&le dlivrer l'$omme dans sa partie distinctive etcaractristique# est impuissante le sauver dans ses proprits gnrales5 Veut!onque la misricorde par e/cellence consiste sauver

    l'ame uniquement6 ?u'arrive!t!il alors6 ,a vie prsente# dont nous jouissons#$ommes entiers et complets# vaudra mieu/ pour nous que la vie venir. Oessusciteren partie# qu'est!ce apr&s tout6 Dn c$%timent plutKt qu'une dlivrance. 9e quej'attendais d'une bont consomme# c'est que l'$omme# libr pour rendre $ommageau )ieu tr&s!bon# ft enlev sur!le!c$amp au sjour et la domination du dieucruel. Mais# K insens Marcionite#aujourd'$ui encore# la fi&vre trouble ta raison. Mille aiguillons dc$irent ta c$airB lesfoudres# les guerres# les pestes# et les nombreu/ flau/ du 9rateur# ne sont pas lesseules calamits qui t'enveloppentB ses moindres reptiles t'pouvantent. e suis l'abri de ses coups# dis!tu; et le dard de l'un de ses insectes te remplit de douleur.-rotg contre lui dans l'avenir# pourquoi ne l'es!tu pas aussi dans le prsent# afin

    qu'il ( ait perfection6 Aien diffrente est notre condition# nous# vis!!vis del'auteur# du juge# du souverain offens du genre $umain. 8u prconises un )ieuuniquement bon# mais je te dfie d'accorder la bont parfaite avec un dieu quin'ac$&ve pas ta dlivrance. 3F4

    Nous avons ramen trois points essentiels tout ce qui se rattac$e la bont. llen'est pas conforme l'ide de )ieu# attendu qu'elle ne se rencontre ni in$rente sanature# ni empreinte de sagesse# ni leve la perfection. ,oin de l5 lle est cruelle#injuste# et# ce titre m"me# indigne de ce nom. :upposons m"me qu'elle convnt )ieu5 un )ieu que l'on prconiserait pour une $onte pareille# que dis!je# un )ieu quine possderait que la bont# n'e/isterait pas. ,e moment est venu d'e/aminer ce

    pointB Dn )ieu peut!il n'"tre que bon6 faut!il retranc$er en lui les qualits qui endrivent# la sensibilit# l'motion# c$oses que les Marcionites interdisent leur dieuet renvoient $onteusement au 9rateur# mais que nous autres nous lui reconnaissons#comme des facults dignes d'un )ieu6 9et e/amen nous conduira proclamer lenant d'une divinit qui ne poss&de pas tout ce qui est digne de la divinit. -uisqu'ilavait plu l'$rsie de mendier picure je ne sais quelle divinit souverainement$eureuse# impassible# en garde contre ce qui pourrait altrer son repos aussi bien quele repos d'autrui# et que ce fantKme elle l'a dcor du nom de 9$rist# car telle est

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    l'invention qu'a r"ve Marcion en cartant de son 9$rist les svrits et la puissancedu juge# l'$rsie s'est fourvo(e. lle aurait d on imaginer un dieu enti&rementimmobile# plong dans une stupide langueur; et alors qu'avait!il de commun avec le9$rist# importun au/ uifs par sa doctrine# et lui!m"me par ses impressions6 oubien le reconnatre ses affections diverses comme le fils unique du 9rateur; etalors pourquoi demander au troupeau d'picure une c$im&re aussi inutile Marcionqu'au/ 9$rtiens5 n effet# voil qu'un dieu tranquille autrefois# longtemps peusoucieu/ de rvler son e/istence par la production la plus indiffrente# sort de salangueur apr&s tant de si&cles d'immobilit# se prend de compassion pour ladlivrance de l'$omme et s'branle dans sa volont. *ccessible cette volontnouvelle# ne 3F= nous autorise!t!il pas conclure qu'il est soumis toutes les autresaffections6 U!a!t! il volont sans dsir qui l'aiguillonne6 ,a volont marc$e!t!ellesans quelque sollicitude6 9ite2!moi un "tre raisonnable qui veuille une c$ose qu'ilne dsire pas# qui la veuille et la dsire# sans que ces mouvements de l'ameentranent les soins et la proccupation6 )e ce que le dieu improvis a voulu# aconvoit le salut de l'$omme# il s'est suscit lui!m"me des embarras# il en a suscit d'autres. :i picure dit non# Marcion dit oui. n effet# il a soulev contre lui

    l'lment que sa volont# que ses dsirs# que ses sollicitudes ont combattu# soit lepc$# soit la mort; surtout il a tourn contre lui l'arbitre du pc$ et de la mort# lematre de l'$omme# le 9rateur. -oursuivons. -oint d'Guvre qui s'accomplisse sansjalousie# sinon l oH manque l'adversaire. n voulant# en convoitant# en prenant cGur le salut de l'$omme# il a jalous et le rival qu'il dpouille son proprebnfice# et les c$anes de la victime qu'il affranc$it. *vec la jalousie arrivent contrel'objet qu'elle jalouse# la col&re# la discorde# la $aine# le ddain# le refus# l'outrage#ses au/iliaires insparables. :i tel est le cort&ge de la jalousie# la jalousie e traneavec elle dans la dlivrance de l'$omme. >r la dlivrance de l'$omme est l'acted'une bont qui ne pourra agir sans les sentiments et les affections qui la dirigentcontre le 9rateur. *utrement# ds$rite2!la de ses sentiments et de ses affections

    lgitimes# vous la proscrive2 comme dsordonne et irraisonnable.

    Nous dvelopperons avec plus d'tendue cette mati&re quand il s'agira du 9rateuret des reproc$es qu'on lui adresse.

    -our le moment il suffira de dmontrer qu'attribuer une bont unique et solitaire un dieu# en lui refusant tous les autres mouvements de l'ame que l'on rige encrime dans le 9rateur# c'est prcisment noncer sa perversit. 7l faut Marcionun dieu sans jalousie# sans col&re# sans condamnation# sans c$%timent# puisqu'il nes'assied 3FF jamais sur un tribunal de juge. Mais alors# que deviennent et lasanction de ses lois# et cette sagesse dont on fait tant# de bruit6 trange dieu quecelui qui tablirait des prceptes dont il ne garantirait pas l'observation5 un dieu quidfendrait le crime et laisserait le crime impuni# parce qu'il manquerait de l'autoritncessaire pour le frapper# tranger qu'il serait tout sentiment qui veille lasvrit et la correction5 n effet quoi bon dfendre des prvarications qu'il nepourra venger une fois commises6 7l ( aurait eu nulle fois plus de sagesse ne pasdfendre ce qu'il ne peut# c$%tier# qu' laisser sans vengeance l'infraction de sa loi.7l ( a mieu/. 7l a d permettre l'iniquit sans dtourB dans quel but pro$iber# quandon n'a ni l'intention# ni la force de punir6 >n permet tout bas# ce que l'on interditsans c$%timent. nsuite on n'interdit que ce qui dplat. -ar consquent le

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    comble de l'insensibilit serait de ne s'offenser pas de ce qui dplat# quand l'offensese trouve en contravention avec une volont# frustre dans son attente. >u bien non;il s'offense# donc il doit s'irriter; il s'irrite# donc il doit se venger. 9ar la vengeance

    est fille de la col&re; la col&re est la solde de l'offense; 'offense# nous venons de ledire# est la transgression de la volont lgislatrice. Mais dans le s(st&me que nouscombattons# )ieu ne punit pas# donc il ne s'offense pas; il ne s'offense pas# donc iln'( a pas transgression de sa volont quand ou a fait ce qu'il a interdit. 'irai plusloin. >n ne p&c$e qu'en consquence de sa volont. U a!t!il contravention l oH iln'( a point d'offense6 >u bien si vous faites consister soit la vertu# soit la bontdivine# ne vouloir pas# interdire m"me# sans toutefois s'mouvoir jamais de latransgression# vous m'autorise2 conclure que s'opposer au crime c'tait n'( "tre pasinsensible# et que l'indiffrence n'arrive point apr&s sa consommation# quand ons'occupait le prvenir. -ar la simple e/position de sa volont# )ieu a prononc uninterdit. N'est!ce pas l juger6 n e/primant ce qu'il veut# par consquent en 3FJdfendant# il a jug qu'il fallait s'abstenirB il a condamn le crime qu'il interdisait.)onc iljuge. :'il est indigne d'un )ieu de juger# ou s'il ne lui convient de jugerqu'autant qu'il condamne et dfend# il ne lui convient pas davantage de punir leprvaricateur. Oien au contraire de plus antipat$ique sa nature que de laisser dansle discrdit les dfenses qu'il a imposes. -ourquoi cela6 d'abord# n'importe la loi oula sentence# il doit lui assurer le respect par quelque sanction# et contraindrel'obissance par la crainte. nsuite la c$ose qu'il n'a pas voulue# et qu'il a dfendueen ne la voulant pas# est ncessairement son ennemie. >r# que )ieu pargn%t le mal#cette dtestable connivence serait plus $onteuse que l'animadversion# surtout quandil s'agit d'un )ieu e/clusivement bon# qui ne peut conserver son caract&re qu' lacondition d'"tre l'ennemi du mal# d'aimer le bien par $aine du mal# de protger lebien pour e/tirper le mal.

    Mais non; d'une part# il juge le mal en ne le voulant pas; il le condamne enl'interdisantB de l'autre# il l'autorise en ne le rprimant pas# et l'absout en ne lepunissant pas. > dieu prvaricateur de la vrit5 dieu asse2 insens pour abroger lui!m"me sa loi5 il craint de condamner ce qu'il accuse; il craint de $ar ce qu'ildsapprouve; il permet apr&s l'vnement ce qu'il a dtendu auparavant. 7l secontente de dclarer sa $aine; mais de justifier son loignement par des actes# ne lelui demande2 pas. Dne pareille bont n'est qu'un r"ve# toute cette doctrine qu'unfantKme# la loi qu'un puril pouvantait# une sauve!garde assure pour le crime.@coute2# pc$eurs# et vous tous qui ne l'"tes pas encore# coute2# afin d'apprendre le devenir. >n a invent votre usage un dieu plus commode# un dieu qui ne

    s'offense pas# qui ne s'irrite pas# qui ne se venge pas; un dieu dans l'enfer de quiaucune flamme n'e/iste; un dieu qui ne poss&de contre vous ni lamentations# nigrincements de dents# ni tn&bres e/trieures; un dieu qui ne connat d'autre 3FLsentiment que la bont# qui dfend le crime# il est vrai# mais seulement par forme etdans le te/te de sa loi. * vous libert pleine et enti&re. :ouscrive2# si vous letrouve2 bon# une vaine formule de soumission et d'$ommage afin de feindre lerespect; pour de la crainte# il n'en veut pas.

    8elle est en effet la banni&re qu'ont arbore les Marcionites. 7ls se vantent de ne pas

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    craindre leur dieu. ,a crainte# s'crient!ils# passe pour le mauvais principe; l'autre#il ne faut que l'amour. 7nsens# tu l'appelles ton seigneur# et tu lui refuses l'$ommagede la crainte5 Oponds!moi. ,e nom m"me de puissance peut!il aller sans lacrainte6 Mais comment aimeras!tu sans craindre de ne pas aimer6 8u ne lereconnais donc ni pour un p&re que l'on aime pour ses bienfaits et que l'on craintpour sa puissance# ni pour un lgitime seigneur dont on c$rit la bienveillance# donton redoute la domination6 Va# c'est ainsi qu'on aime les usurpateurs. -our eu/# on neles craint pas. >n ne craint qu'une autorit lgitime et $abituelle. >n peut m"meaimer une autorit illgitime# elle repose sur les connivences plutKt que sur la loi#sur l'adulation plutKt que sur la puissance. ?uelle adulation plus forte que de fermerles (eu/ sur le crime6 9ours donc# toi qui ne crains pas )ieu parce qu'il estuniquement bon# cours te livrer sans remords la fougue imptueuse de tespassions5 9ar tel est le bien supr"me auquel aspirent ici!bas ceu/ qui ne craignentpas le :eigneur. -ourquoi ne pas te m"ler l'enivrement solennel d'un cirqueidol%tre# au/ jeu/ sanglants de l'ar&ne# au/ inf%mes reprsentations du t$%tre6 ,aperscution est ouverte. Dn pr"tre t'attend au pied de l'idole et l'encensoir la main.te!toiB rac$&te ta vie par un dsaveu. !!!!!Moi# t'cries!tu# moi# un vil apostat5

    !!!! 8u crains donc de pc$er; mais par l m"me# qu'as!tu prouv6 8a fra(eur decelui qui a ditB C8u ne pc$eras point.E

    ,'e/travagance est plus compl&te encore# si portant 3F dans ta conduite le m"merenversement d'ides que ton dieu dans ses ordonnances# lu respectes des lois dont ilne venge pas l'infraction. Mais afin de mettre en lumi&re tout le nant de ce s(st&me#demande2!leur ce qu'ils font du prvaricateur au jour du jugement6 7l sera c$ass dela prsence divine# rpondent!ils. Mais cette e/pulsion n'est!elle pas une sentence6ugement# condamnation# tout est dans ce bannissement# moins que par $asard lepc$eur ne soit banni que pour "tre sauv# comme semblerait l'e/iger un )ieuuniquement bon. Mais "tre banni# qu'est!ce autre c$ose que d'"tre dpossd du bien

    que l'on aurait obtenu sans la volont qui repousse6 7l ne sera donc repouss quepour perdre le salutB sentence qui ne peut maner que d'un matre qui s'irrite# quis'offense# qui poursuit le crime. 'ai nomm le juge.

    Mais enfin# qu'adviendra!t!il de ce coupable ainsi c$ass6 !!!! ,es flammesdu 9rateur lui serviront de

    refuge. !!!! *insi# le dieu de Marcion n'a pas m"me un seul lment lui# ne l'et!ilprpar d'avance que pour ( relguer loin des tortures les violateurs de sa loi# sans"tre contraint de les livrer au/ tourments du 9rateur. t le 9rateur# que fera!t!il decette proie6 il lui ouvrira# j'imagine# un abme de soufre# vaste et profond comme

    ses blasp$&mes; moins que peut!"tre un dieu jalou/ n'pargne les transfuges deson antagoniste. > dieu pervers sur tous les points# partout convaincu de dmence#vain dans c$acune de ses oprations5 )&s qu'on l'approc$e# tout croule sous la main#et son essence# et sa nature# et ses crations# et sa sagesse# tout# jusqu'au sacrementde sa foi.

    n effet# quoi bon le bapt"me dans ce culte6 U verrai!je une rmission despc$s6 9omment remettre les pc$s# quand on est impuissant les retenir6 -our

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    les retenir# il faudrait c$%tier. ,a rsurrection apr&s la mort6 9omment arrac$er lavictime au/ bras de la mort# quand on ne l'a pas enc$ane la mort6 -ourl'enc$aner# il 3FP fallait la condamner originairement. Dne rgnration del'$omme6 Mais on ne rgn&re que quand on a engendr. -oint de ritration quin'a pas agi une premi&re fois. ,a rception de l'sprit saint6 9omment confrera!t!ill'sprit saint# celui qui n'a pas donn l'ame dans le principe6 ,'ame est# en quelquefa+on# le complment de l'esprit. ?ue fait!il donc6 7l marque de son signe l'$ommedont l'empreinte divine n'a jamais t brise c$e2 lui; il lave dans son bapt"mel'$omme qui n'a jamais contract de souillure c$e2 lui; enfin# dans ce sacrement# oHrside le salut tout entier# il plonge une c$air ds$rite du salut. )emande2 l'agriculteur d'arroser une terre qui ne lui rapportera aucun fruit# il s'en gardera bien# moins d'"tre aussi insens que le dieu de Marcion. -ourquoi donc imposer unec$air si faible ou si indigne# le fardeau ou la gloire d'une si grande saintet6 Maisque dire de l'inutilit d'une loi qui sanctifie une ame dj sainte6 ncore un coup#pourquoi c$arger une c$air faible6 -ourquoi orner une c$air indigne6 -ourquoi nepas rcompenser par le salut cette faiblesse qu'on crase# cette indignit qu'onembellit6 pourquoi frustrer la c$air du salaire de ses Guvres en l'e/cluant du salut6

    pourquoi# enfin# laisser mourir avec elle l'$onneur de la saintet6

    ,e dieu de Marcion ne re+oit au bapt"me que des vierges# des veuves# desclibataires ou des personnes maries et qui se sparent comme si tous ceu/!cin'taient pas le fruit de l'union conjugale. 9ette institution a son origineapparemment dans la rprobation du mariage. /aminons si elle est juste;e/aminons!la# non pas pour rabaisser# )ieu ne plaise# le mrite de la c$astet avecquelques Nicolates# apologistes de la volupt et de la lu/ure; mais comme ilconvient des $ommes qui connaissent la c$astet# l'embrassent# la prconisent#sans toutefois condamner le mariage. 9e n'est pas un bien que nous prfrions unmal# mais un mieu/ que nous prfrons un bien. n effet# nous ne rejetons pas le

    fardeau du 3FQ mariage# nous le dposons. Nous ne prescrivons pas la continence#nous la conseillons. ,ibre c$acun de suivre le bien ou le mieu/# selon le degr deses forces; mais nous nous dclarerons les intrpides dfenseurs du mariage# toutesles fois que des bouc$es impies le fltrirontB du nom d'impuret# afin de diffamerpar l le 9rateur qui a bni l'union de l'$omme et de la femme dans des vues$onn"tes# pour l'accroissement du genre $umain# comme il a bni le reste de lacration qu'il a destine des usages bons et sains. 9ondamnera!t!on les aliments#parce que trop souvent# appr"ts grands frais# ils e/citent la gourmandise6

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    c'est que la m"me autorit qui avait jadis l%c$ les r"nes les a resserres aujourd'$ui.* la main qui avait dplo( la voile de la retenir. * qui avait# plant la for"t del'abattre; enfin# qui avait sem la moisson de la recueillir. ,a m"me bouc$e quiavait dit autrefoisB C9roisse2 et multiplie2#E dira aujourd'$uiB C7l faut que ceu/ quiont des pouses soient comme s'ils n'en avaient point.E ,a fin appartient celui quia fait le commencement; toutefois abat!on la for"t parce qu'elle est coupable6 ,e 3JRlaboureur coupe!t!il la moisson pour la punir6 -oint du toutB la for"t# la moisson ontaccompli leur temps. )e m"me# les devoirs du mariage admettent les rserves ellessacrifices de la temprance# non pas qu'ils soient criminels en# eu/!m"mes# maiscomme une moisson mre et bonne cueillir# destine relever la c$astet elle!m"me qui se plat vivre de privations. Voil pourquoi# alors que le dieu deMarcion rprouve le mariage comme un crime et une Guvre d'impudicit# il agit audtriment de la c$astet qu'il semble favoriser. n effet# il en dtruit la mati&re.*n