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Abstracts / La Revue de médecine interne 35S (2014) A86–A200 A95 CA020 Thalassémie acquise non-alpha lors d’une maladie de Vaquez traitée par Pipobroman J. Victor a , Y. Imbert a , S. Grosleron a , P. Rispal a , E. Dupont a , A.M. Cordier b a Service de médecine interne II, centre hospitalier du Saint-Esprit, Agen, France b Laboratoire d’hématologie, centre hospitalier du Saint-Esprit, Agen, France Introduction.– 20 % des syndromes myélodysplasiques (SMD) sont secondaires. Ils ont un plus mauvais pronostic et sont associés à de plus fréquentes anomalies acquises du caryotype. La révélation par une microcytose liée à une thalassémie acquise est exceptionnelle. Nous pensons rapporter la première observation d’une thalassémie acquise non-alpha sur myélodysplasie secondaire au Pipobroman. Patients et méthodes.– Un patient de 74 ans est traité depuis 21 ans pour une maladie de Vaquez, par 250 mg de Pipobroman par semaine en moyenne, permettant une hémoglobine inférieure à 15 g/dL. Observation.– En 2012, le VGM chute à 61 3 et l’hémoglobine à 8,5 g/dL avec apparition d’une myélémie sans hiatus. Les plaquettes sont normales. La mutation Bcr-Abl est négative et JAK2 positive à 93,5 %. Il n’y a pas de syndrome inflammatoire ni de carence martiale (ferritinémie à 300 g/L, saturation de la sidérophiline à 30 %). Le myélogramme retrouve une myélodysplasie multi- lignée avec 12 % de myéloblastes. Le patient est mis sous-Azacitine dont il recevra quatre cycles, avec support transfusionnel empê- chant d’apprécier la normalisation du VGM. Il décède en avril 2013 dans un contexte septique. L’électrophorèse de l’hémoglobine est de type delta-bêta-thalassémie hétérozygote (HbF à 4,9 % et HbA2 abaissée à 1,8 %). Mais l’analyse moléculaire ne montre aucune anomalie de séquence sur le locus bêta globine (méthode des QMPSF). De même, il n’y a pas de mutation détectable dans le gêne ATRX. Discussion.– L’apparition d’une microcytose importante doit faire évoquer l’acquisition d’une thalassémie lors d’une myélodysplasie. Bien que très rare la thalassémie alpha dans le cadre de mutations du gêne ATRX a été identifiée [1] (ATMDS : acquired somatic ATRX mutations in myelodysplastic syndrome associated with ˛ thalasse- mia). Cependant aucun cas de mutation de thalassémie bêta et/ou delta acquise n’a été rapporté à ce jour. D’autres mutations acquises, non encore identifiées, pourraient rendre compte de celles-ci. Par ailleurs, parmi les complications du Pipobroman, les myélodyspla- sies sont bien entendu connues, notamment lorsque celui-ci est utilisé de fac ¸ on prolongée. En revanche, l’enquête nationale de pharmacovigilance ne fait pas état de thalassémie acquise suite à son utilisation [2]. Conclusion.– Bien que cela soit atypique, un SMD peut être révélé par une anémie microcytaire, en l’absence d’explication, celle-ci doit alerter le clinicien et faire rechercher une thalassémie acquise alpha ou non-alpha par une électrophorèse de l’hémoglobine avant toute transfusion. Références [1] Steensma DP, et al. Blood 2005;105(2):443–52. [2] Commission nationale de pharmacovigilance du 23 novembre 2010. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.134 CA021 Bicytopénie révélatrice d’une hémoglobinurie paroxystique nocturne H. Ben Mansour , F. Ajili , H. Ghedira , N. Bousetta , J. Laabidi , N. Ben Abdelhafidh , B. Louzir , S. Othmani Médecine interne, hôpital militaire de Tunis, Tunis, Tunisie Introduction.– L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) constitue l’unique anémie hémolytique « AH » corpusculaire acquise. Elle se caractérise par des poussées d’hémolyses intravas- culaires souvent nocturnes à l’origine d’une coloration dite « rouge porto » des urines témoin d’une hémoglobinurie. Elle peut se révéler par une AH acquise à Coombs négatif, une insuffisance médullaire, des thromboses veineuses profondes et par des signes fonction- nels aspécifiques divers, source d’errance diagnostique. En effet, La bicytopénie est un mode de découverte rare de cette maladie. Nous rapportons l’observation d’une patiente chez qui une bicytopénie est révélatrice d’HPN. Patients et méthodes.– Une patiente âgée de 42 ans sans antécédents médicaux ou chirurgicaux notables enceinte à 31 SA. Résultats.– Était hospitalisée en janvier 2012 pour exploration d’une bicytopénie faite d’anémie avec thrombopénie. L’examen clinique montrait une pâleur conjonctivo-muqueuse, un ictère conjonctival. L’examen abdominal était sans anomalies et les urines étaient foncées. L’examen biologique montrait une anémie hémolytique (Hb 6,4 g/dL, VGM 108, Plq 42 000, LDH 2688 U/L, bilirubine libre à 24 mol/L et une haptoglobine indosable), le test de Coombs était négatif. Échographie abdominale avait conclue à une absence de splénomégalie ou d’adénomégalies décelable. L’électrophorèse de l’hémoglobine était sans anomalies. Les dosages de la vitamine B12 et des folates étaient normaux. La recherche des Ac anti-Fi et des auto-Ac anti-cellules pariétales de l’estomac était néga- tive. L’activité enzymatique de la PK et de la G6PD était normale. Le bilan immunologique était normal et la biopsie ostéomédul- laire n’avait pas montré d’anomalies. Devant l’enquête étiologique classique négative, la cytométrie en flux des cellules sanguines a permis de faire le diagnostic d’HPN. Elle mettait en évidence un clone leucocytaire déficient pour le CD 13+/CD14à 75 %. Dans l’optique thérapeutique d’une allogreffe un typage HLA complet de la patiente et de ses 2 frères et 3 sœurs est pratiqué et a montré une sœur HLA identique. La patiente est actuellement transfusée à raison de 3–4 CGR/mois, et elle est programmée pour une allogreffe de cellules souches péri- phériques. Conclusion.– Cette observation tire son originalité des circonstances de découverte de I’HPN, des difficultés diagnostiques et thérapeu- tiques auxquelles elles ont donné lieu. L’HPN reste une pathologie rare mais importante à connaître car ses complications sont graves et des traitements peuvent être mis en place. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.135 CA022 Pancytopénie et leishmaniose viscérale : penser au syndrome d’activation macrophagique I. Sadki , H. Bennasser Alaoui , S. Hamaz Médecine interne, CHU Mohammed VI, Oujda, Maroc Introduction.– La leishmaniose viscérale constitue une cause fréquente du syndrome d’activation macrophagique (SAM) notam- ment chez l’enfant, mais également chez l’adulte. Le SAM secondaire à une leishmaniose grave peut représenter une réelle menace vitale et justifier un traitement spécifique en plus du traitement anti-infectieux. Nous en rapportons une nouvelle obser- vation. Patients et méthodes/observation.– Il s’agit d’un jeune patient de 20 ans, hospitalisé pour une fièvre prolongée évoluant depuis 3 mois, avec un syndrome hémorragique fait d’épistaxis, héma-

Thalassémie acquise non-alpha lors d’une maladie de Vaquez traitée par Pipobroman

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Page 1: Thalassémie acquise non-alpha lors d’une maladie de Vaquez traitée par Pipobroman

Abstracts / La Revue de médecine interne 35S (2014) A86–A200 A95

CA020Thalassémie acquise non-alpha lorsd’une maladie de Vaquez traitée parPipobromanJ. Victor a, Y. Imbert a, S. Grosleron a, P. Rispal a,E. Dupont a, A.M. Cordier b

a Service de médecine interne II, centre hospitalier du Saint-Esprit,Agen, Franceb Laboratoire d’hématologie, centre hospitalier du Saint-Esprit, Agen,France

Introduction.– 20 % des syndromes myélodysplasiques (SMD) sontsecondaires. Ils ont un plus mauvais pronostic et sont associés à deplus fréquentes anomalies acquises du caryotype. La révélation parune microcytose liée à une thalassémie acquise est exceptionnelle.Nous pensons rapporter la première observation d’une thalassémieacquise non-alpha sur myélodysplasie secondaire au Pipobroman.Patients et méthodes.– Un patient de 74 ans est traité depuis 21 anspour une maladie de Vaquez, par 250 mg de Pipobroman parsemaine en moyenne, permettant une hémoglobine inférieure à15 g/dL.Observation.– En 2012, le VGM chute à 61 �3 et l’hémoglobine à8,5 g/dL avec apparition d’une myélémie sans hiatus. Les plaquettessont normales. La mutation Bcr-Abl est négative et JAK2 positiveà 93,5 %. Il n’y a pas de syndrome inflammatoire ni de carencemartiale (ferritinémie à 300 �g/L, saturation de la sidérophilineà 30 %). Le myélogramme retrouve une myélodysplasie multi-lignée avec 12 % de myéloblastes. Le patient est mis sous-Azacitinedont il recevra quatre cycles, avec support transfusionnel empê-chant d’apprécier la normalisation du VGM. Il décède en avril2013 dans un contexte septique. L’électrophorèse de l’hémoglobineest de type delta-bêta-thalassémie hétérozygote (HbF à 4,9 %et HbA2 abaissée à 1,8 %). Mais l’analyse moléculaire ne montreaucune anomalie de séquence sur le locus bêta globine (méthodedes QMPSF). De même, il n’y a pas de mutation détectable dans legêne ATRX.Discussion.– L’apparition d’une microcytose importante doit faireévoquer l’acquisition d’une thalassémie lors d’une myélodysplasie.Bien que très rare la thalassémie alpha dans le cadre de mutationsdu gêne ATRX a été identifiée [1] (ATMDS : acquired somatic ATRXmutations in myelodysplastic syndrome associated with ˛ thalasse-mia). Cependant aucun cas de mutation de thalassémie bêta et/oudelta acquise n’a été rapporté à ce jour. D’autres mutations acquises,non encore identifiées, pourraient rendre compte de celles-ci. Parailleurs, parmi les complications du Pipobroman, les myélodyspla-sies sont bien entendu connues, notamment lorsque celui-ci estutilisé de facon prolongée. En revanche, l’enquête nationale depharmacovigilance ne fait pas état de thalassémie acquise suite àson utilisation [2].Conclusion.– Bien que cela soit atypique, un SMD peut être révélépar une anémie microcytaire, en l’absence d’explication, celle-cidoit alerter le clinicien et faire rechercher une thalassémie acquisealpha ou non-alpha par une électrophorèse de l’hémoglobine avanttoute transfusion.Références[1] Steensma DP, et al. Blood 2005;105(2):443–52.[2] Commission nationale de pharmacovigilance du 23 novembre

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http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.134

CA021Bicytopénie révélatrice d’unehémoglobinurie paroxystiquenocturne

H. Ben Mansour , F. Ajili , H. Ghedira , N. Bousetta ,J. Laabidi , N. Ben Abdelhafidh , B. Louzir ,S. OthmaniMédecine interne, hôpital militaire de Tunis, Tunis, Tunisie

Introduction.– L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN)constitue l’unique anémie hémolytique « AH » corpusculaireacquise. Elle se caractérise par des poussées d’hémolyses intravas-culaires souvent nocturnes à l’origine d’une coloration dite « rougeporto » des urines témoin d’une hémoglobinurie. Elle peut se révélerpar une AH acquise à Coombs négatif, une insuffisance médullaire,des thromboses veineuses profondes et par des signes fonction-nels aspécifiques divers, source d’errance diagnostique. En effet, Labicytopénie est un mode de découverte rare de cette maladie. Nousrapportons l’observation d’une patiente chez qui une bicytopénieest révélatrice d’HPN.Patients et méthodes.– Une patiente âgée de 42 ans sans antécédentsmédicaux ou chirurgicaux notables enceinte à 31 SA.Résultats.– Était hospitalisée en janvier 2012 pour exploration d’unebicytopénie faite d’anémie avec thrombopénie.L’examen clinique montrait une pâleur conjonctivo-muqueuse, unictère conjonctival. L’examen abdominal était sans anomalies et lesurines étaient foncées.L’examen biologique montrait une anémie hémolytique (Hb6,4 g/dL, VGM 108, Plq 42 000, LDH 2688 U/L, bilirubine libre à24 �mol/L et une haptoglobine indosable), le test de Coombs étaitnégatif. Échographie abdominale avait conclue à une absence desplénomégalie ou d’adénomégalies décelable. L’électrophorèse del’hémoglobine était sans anomalies. Les dosages de la vitamineB12 et des folates étaient normaux. La recherche des Ac anti-Fiet des auto-Ac anti-cellules pariétales de l’estomac était néga-tive. L’activité enzymatique de la PK et de la G6PD était normale.Le bilan immunologique était normal et la biopsie ostéomédul-laire n’avait pas montré d’anomalies. Devant l’enquête étiologiqueclassique négative, la cytométrie en flux des cellules sanguines apermis de faire le diagnostic d’HPN. Elle mettait en évidence unclone leucocytaire déficient pour le CD 13+/CD14− à 75 %. Dansl’optique thérapeutique d’une allogreffe un typage HLA complet dela patiente et de ses 2 frères et 3 sœurs est pratiqué et a montré unesœur HLA identique.La patiente est actuellement transfusée à raison de 3–4 CGR/mois,et elle est programmée pour une allogreffe de cellules souches péri-phériques.Conclusion.– Cette observation tire son originalité des circonstancesde découverte de I’HPN, des difficultés diagnostiques et thérapeu-tiques auxquelles elles ont donné lieu.L’HPN reste une pathologie rare mais importante à connaître carses complications sont graves et des traitements peuvent être misen place.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.03.135

CA022Pancytopénie et leishmanioseviscérale : penser au syndromed’activation macrophagiqueI. Sadki , H. Bennasser Alaoui , S. HamazMédecine interne, CHU Mohammed VI, Oujda, Maroc

Introduction.– La leishmaniose viscérale constitue une causefréquente du syndrome d’activation macrophagique (SAM) notam-ment chez l’enfant, mais également chez l’adulte. Le SAMsecondaire à une leishmaniose grave peut représenter une réellemenace vitale et justifier un traitement spécifique en plus dutraitement anti-infectieux. Nous en rapportons une nouvelle obser-vation.Patients et méthodes/observation.– Il s’agit d’un jeune patient de20 ans, hospitalisé pour une fièvre prolongée évoluant depuis3 mois, avec un syndrome hémorragique fait d’épistaxis, héma-