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FÉVRIER 2013 UN MAGAZINE HORS DU COMMUN Téléchargez notre appli GRATUITE pour tablettes Red Bull BC One MOUNIR DÉCOLLE À RIO DE JANEIRO Haut perché RENAUD LAVILLENIE SE LÂCHE ! Marie Martin IL ÉTAIT UNE VOIX L’A M É R I Q U E GEOFF MACKLEY et sa caméra embrasent vos doigts LAVE STORY MAGAZINE SPONSORISÉ

The Red Bulletin_1302_FR

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Certains volcans sont constamment en activité. Prêt pour un long voyage jusqu’àl’archipel du Vanuatu?

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FÉVRIER 2013UN MAGAZINE HORS DU COMMUN

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Red Bull BC One

MOUNIR DÉCOLLE À R IO DE JA NEIRO

Haut perché

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Marie Martin

IL É TA IT UNE VOIX L’A MÉR IQUE

GEOFF MACKLEYet sa caméraembrasentvos doigts

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RED BULL DONNE DES AIIILES.

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FévrierLE MONDE DE RED BULL

FévrierLE MONDE DE RED BULL

Février

COACHINGRachel Atherton

envoie du lourd sur son vélo et vous donne les clefs.

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FévrierLE MONDE DE RED BULL

FévrierLE MONDE DE RED BULL

56 MARTIN L’AN

CHANTEUSE Sa voix dompte

Brooklyn. Marie Martin se glisse

dans ce numéro.

KIRWAN MET LE BLUES DE CHAUFFE

Direction Auckland dans les pas de John

Kirwan, légende vivante du rugby néo-zélandais !

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MELTING-POTDivers et varié, d’hiver et barré ? Plus que jamais, The Red Bulletin s’affiche comme un parfait alliage, un lumineux kaléidoscope de ces femmes et ces hommes, sources d’inspiration salutaires dans le monde (très) prévisible dans lequel nous vivons.« Rien ne développe l’intelligence comme les voyages », écrivait Émile Zola au XIXe siècle. Nous avons donc mis les petits plats dans les grands. Des favelas de Rio à l’archipel du Vanuatu en passant par Thiaroye au Sénégal, découvrez une série de sujets qui, on l’espère, suscitera en vous l’envie de gravir des montagnes à la recherche de vérités... vraies. Comme Renaud Lavillenie dans un entretien déroutant. Le champion olympique 2012 du saut à la perche place la barre à une sacrée hauteur.Bonne lecture ! Votre RédactionPH

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OSCAR Ô DÉSESPOIR

Le monde du ciné-ma n’a d’yeux que

pour ces statuettes dorées. Cérémonie

en bois ? Enquête dans les cordes.

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FévrierLE MONDE DE RED BULL

The Red Bulletin

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Février

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08 Photos du mois 14 Énergisant... à petites doses ! 16 I Love Techno allume Montpellier 20 Les secrets du biathlon 22 Sroka à kite ou double 26 Équilibre sur la corde raide

FÊTE DU BRUIT ! Le mois de février est celui des carnavals. The Red Bulletin ramène un reportage photos saisissant au cœur des favelas.

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Février76

RED BULL BC ONEMounir a porté

très haut les couleurs de la France à Rio.

Reportage.

FévrierLE MONDE DE RED BULL

FévrierLE MONDE DE RED BULL

Février

24 FRANCO

EN IMPOSE Le comédien

James Franco marque les esprits.

(Re)découverte.FITZGIBBONS SE MET À NU Quand The Red Bulletin rencontre Sally, ça fait des vagues.

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FévrierLE MONDE DE RED BULL

FévrierLE MONDE DE RED BULL

FévrierLE MONDE DE RED BULL

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DANS LA GUEULE DU LOUPCertains volcans sont constamment en activité. Nous partons pour un long voyage dans le Pacifi que jusqu’à l’archipel du Vanuatu au nord-ouest de la Nouvelle-Calédonie.

62

CHEFS DE MEUTEAu pays de la Teranga, il n’y a pas que les Lions. Qu’il s’agisse de Yekini ou Tyson, les lutteurs sénégalais sont idolâtrés. Reportage sur sable chaud.

48HEAVEN’S BASEMENTC’est le groupe qui monte en ce début d’année 2013. De la gratte à foison, un gros son et le tour est joué. « Fire, Fire » met le feu dans ce numéro.

« Il me manque

deux choses : l’or aux

Mondiaux et le record de Bubka »

Renaud Lavillenie

42RENAUD MET LE SON

À l’aube d’une riche année 2013 – les France, les

Europe et les Monde au menu – Renaud Lavillenie

se confie sans retenue.

Plus

De corps et d’esprit84 VOYAGEExplorez l’épave du SS Yongala

86 MATOSL’Iditarod, vous connaissez ?94 UN MONDE Événements à ne pas manquer96 FOCUSGros plan sur l’actu

97 KAINRATHJoli coup de crayon sportif pour ce dessinateur adepte d’un second degré léché

98 PLEINE LUCARNEChristophe Ono-dit-Biot livre son point de vue décalé sur le monde

90 NIGHTLIFEDécouvrez quatre pages spéciales pour agrémenter vos nuits. Au menu, un club de la forêt amazonienne et le guide de Red Bull Crashed Ice à Lausanne.

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THEREDBULLETIN-ORIGINAL-202X276_202X276 11/01/13 12:36 Page1

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M au i , H awa i i

Dents De la merC’est le spot le plus violent au monde. Située sur la

côte nord de Maui, Jaws est une vague monstrueuse capable d’atteindre 36 mètres de haut, soit l’équivalent

d’un immeuble de onze étages ! Ici, Jason Polakow se sent comme chez lui : « On chevauche une montagne

d’eau, dit l’Australien. Le cœur bat la chamade et on ne sait jamais comment se terminera la journée.

C’est pourquoi Jaws est unique et exaltante. » Vidéos de Polakow sur www.redbull.com

Photo : Tracy Kraft Leboe/Red Bull Content Pool

du mois

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Dents cassées« Un gars pauvre en arrivant, un homme fier en repartant ! »

Telle est la devise de l’ex-boxeur Nelson Garrido dans sa mission de Zona Leste à São Paulo. Il aime à répéter que

« sur ce ring à ciel ouvert, il n’y a pas d’acte délictueux et, pendant un combat, on ne vend pas de drogues ». Les jeunes

boxeurs de ce quartier défavorisé de la mégalopole brésilienne ont droit à un repas chaud et un surplus de

confiance en soi au pied d’une double voie rapide…Reportage photo intégral sur www.gudzowaty.com

Photo : Tomasz Gudzowaty

du mois

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À PLEINES DENTSBuffalo Soldiers est aussi un raid initié par le vététiste Suisse René Wildhaber. Il fait référence à une légen-daire unité spéciale de l’armée américaine qui, en 1896, teste pour la première fois l’usage de vélos pour ses militaires. « Je voulais remonter aux racines de ce sport, glisse Wildhaber. À l’époque, les soldats “Buffalo” essaient quelque chose de complètement nouveau, tout comme le font de nos jours les sportifs de l’extrême. »Le carnet de voyage de Wildhaber est sur www.buffalo-soldiers.ch Photo : Christophe Margot

DU MOIS

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BullevardÉnergisant... à petites doses !

Santiago Le parapentiste Tom Weissenberger tournoie au-dessus de la capitale chilienne. Juan Luis De Heeckeren

CarnavalesqueLe mot « carnaval » désigne une

période de réjouissances célébrée comme il se doit. Les usages varient selon la culture. Voici un tour du monde des quatre

célébrations les plus débridées.

1. RIO DE JANEIROOfficiellement, le carnaval ne

dure que quelques jours. Officieu-sement, il s’étale sur tout février.

2. COLOGNELe Kölle Alaaf sonne le cri de guerre sur les bords du Rhin. Au menu, bière et fanfares.

3. VENISEAvec ses masques baroques, le carnaval italien allie style

et mystère.

4. PORT OF SPAINRhum et rythmes caribéens

mettent Trinidad et Tobago sens dessus dessous.

Irving Harper est un des plus importants designers industriels du XXe siècle. Il écrit l’histoire avec des meubles cultes comme le Marshmallow Sofa. On peut aujourd’hui découvrir d’autres objets d’Har-per. Devant sa table à dessin, Harper imagine, reproduit et libère ses doigts de fée. Il met en branle des sculptures en papier dont la richesse du détail fascine. Animaux, constructions abstraites, statues, soit plus de 300 œuvres au total. Certaines atteignent un mètre de haut. « Je n’ai jamais dessiné mes sculptures au préalable. Elles ont jailli de mon imagina-tion. Ce premier jet est l’œuvre finale », pré-cise cet artiste quasi centenaire (95 ans ) ! Ses sculptures en papier sont tellement demandées dans le très exigeant milieu de l’art qu’un recueil lui sera consacré.Plus d’Irving Harper sur www.rizzoliusa.com

HARPER, OMG La carrière tardive d’Irving Harper est une bénédiction.

Quelques œuvres signées du maître

Irving Harper

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Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnante repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à :[email protected]

Santiago tournoie au-dessus de la capitale chilienne. Juan Luis De Heeckeren

BullevardÉnergisant... à petites doses !

Irving Harper est un des plus importants designers siècle. Il écrit l’histoire avec des

La carrière tardive d’Irving Harper

du détail fascine. Animaux, constructions abstraites, statues, soit plus de 300 œuvres au total. Certaines atteignent un mètre de haut. « Je n’ai jamais dessiné mes sculptures au préalable. Elles ont jailli de mon imagina-tion. Ce premier jet est l’œuvre finale », pré-cise cet artiste quasi centenaire (95 ans ) ! Ses sculptures en papier sont tellement demandées dans le très exigeant milieu de l’art qu’un recueil lui sera consacré.

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Nirvana is back !Batteur de Nirvana, il écrit l’histoire de la musique. Devenu leader du groupe Foo Fighters, il remplit les stades. Dave Grohl est l’un des musiciens les plus couronnés de succès de notre époque. Depuis peu, il s’essaie, à 43 ans, à la réalisation. Sound City est un film documentaire réalisé par Grohl l’année dernière avec pour sujet les légendaires studios d’enregistrement californien du même nom. Entre 1970 et 2011 des musiciens comme Trent Reznor (Nine Inch Nails), Tom Petty, Lars Ulrich (Metallica) et Stevie Nicks (Fleedwood Mac) y enregistrent leurs albums. Nirvana ne fait pas exception à la règle. Le groupe enregistre son chef-d’œuvre Nervermind dans les studios de Sound City. En composant la bande originale,

Grohl fait à nouveau l’histoire puisque vingt ans après la dissolution de Nirvana, il forme à nou-veau le groupe avec pour leader Paul McCartney.Film disponible depuisla semaine dernière surwww.soundcitymovie.com

Sarah Hendrickson vole vers un podium.

Anza Ryan Dungey et Marvin Musquin main dans la main en cette nouvelle saison AMA Super cross. Simon Cudby

Belgrade Le duo monténégrin Who See sur le ring du Dome Omladine pendant Red Bull MC Battle. Marko Djuric

Paia Les surfeurs de Red Bull Jaws se mettent à l’unisson lors de la cérémonie d’ouverture. Robert Snow

Le saut à ski ne fait pas partie des sports les plus populaires aux États-Unis. Comment l’idée de voler sur des skis vous est-elle venue ?Je grandis à Park City dans l’Utah, non loin du tremplin olympique de Salt Lake City. Un jour, mon frère débute dans le saut à ski. À sept ans, j’en ai eu marre de le regarder. Alors, je me suis lancée dans le grand bain. Dès mon premier saut, la passion pour ce sport s’empare de moi. Qu’est-ce qui fait le charme du saut à ski ?Principalement deux choses : le petit frisson de l’accélération sur le tremplin et la sensation du vol en coussin d’air sous les skis. Une sensation qui ne

souffre d’aucune comparaison. Ce n’est pas une sensation étrange ? Bien au contraire ! J’espère d’ailleurs dans le futur pou-voir vivre tout cela sur les plus grands tremplins.Les championnats du monde 2013 à la fin du mois et les Jeux de 2014 sont deux rendez-vous majeurs pour vous…Arriver aux Mondiaux en étant tenante du titre me met un peu de pression. Une médaille serait super. Mon rêve reste néanmoins de participer aux Jeux Olympiques. Ma victoire en présaison à Sotchi en décembre dernier est un signe encourageant !Suivez Sarah surtwitter.com/schendrickson

I BELIEVE I CAN FLYL’an dernier, à tout juste 17 ans, Sarah Hendrickson remporte la coupe du monde de saut à ski. Entretien.

On airVoix de choc et de charme

à suivre en 2013

Paul McCartney (à dr.) avec deux « Nirvanistes » : Krist Novoselic (à g.) et Dave Grohl.

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ANGEL HAZE Rares sont celles

et ceux qui possèdent le culot

et l’éloquence de cette rappeuse

de 21 ans originaire de Detroit.

SKY FERREIRA Musicienne, manne-

quin et actrice à tout juste 20 ans.

Cette reine de l’indie-pop sort un album très attendu

au printemps.

DEAP VALLYLes concerts

effrénés et les hymnes blues rock décapants du duo californien attirent des fans tels que

Jack White.

PHOTO GAGNANTE

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I LOVE… MONTPELLIERRéputée pour ses universités, ses équipes de football et de handball, la ville de Montpellier vibre aussi pour l’électro.

Vitalic aux platines, ça déménage !

Dandois fait son tourAccompagné de ses complices, Maxime Charve-ron, Julien Massé et Alex Valentino, la star du BMX français, Matthias Dandois, était en représenta-tion pour la 10e et dernière étape des Sosh Ride sessions à la mi-décembre. L’an dernier, les meilleurs riders se sont retrouvés sur des spots indoor ou extérieur à Lille, Paris, Lyon, Hyères, etc. De retour de Berlin, où il a participé avec d’autres riders pros à la 2e série de Back to Berlin streets, Dandois a joué les profs surdoués.Plus sur www.redbull.fr

Signé MukaiSusumu Mukai aka Zongamin a pris possession de l’espace de la galerie 12Mail à Paris. À 38 ans, l’illustrateur londonien d’origine japonaise sur-prend par la qualité et l’innovation de son travail. Son œuvre a trouvé chez 12Mail le cadre idéal pour recevoir l’accueil d’un nombreux public sous le charme notamment d’une mission de recherche disparue en essayant de trouver des traces d’Animas, une civilisation avancée qui maîtrisait l’eau et le feu.Plus sur www.12mail.fr

Dandois dompte Red Bull Circle of Balance.

Dès sa deuxième année d’existence, le festival I Love Techno de Montpellier est en passe de devenir la référence en matière de musique électronique. Le 15 décembre, près de 20 000 personnes ont participé à un marathon de dix heures porté par une programmation répartie sur trois scènes. Vitalic, Para One, Étienne de Crécy, The Zombie Kids, Gesaffelstein, Dave Clark, Joris Voorn, Zeds Dead, Chris Liebing ou Carbon Ariways étaient aux manettes. Avec une telle affluence, l’événement montpelliérain marche sur les traces du succès de son illustre aîné belge. I Love Techno existe chez nos voisins depuis 1995 à Gand. En novembre dernier, il a encore réuni plus de 35 000 personnes.Plus sur www.ilovetechnofrance.fr

L’univers singulier de Mukai

Bologne Alexandr Grinchuk et Chris Pfeiffer (à droite) front contre front lors de Red Bull Speed Day. Olaf Pignataro

Perth Cette spectaculaire épreuve de kitesurf a rassemblé 110 riders à Rottnest Island, non loin de Perth, en Australie. Ian Tungsten

Tauplitz Le freeskieur Fabian Lentsch en a jusqu’aux cuisses avant d’atteindre le sommet de cette montagne autrichienne. Mirja Geh

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EXPLORATION

FRANCO DE PORTUn pied à Hollywood, un autre dans le cinéma indépendant… James Franco affiche fièrement le port

altier des premiers de la classe. The Red Bulletin décortique le CV d’un comédien aux multiples facettes.

OH, JAMES !

Jamais plus qu’en 2013, James

Franco sera autant James

Franco. Il tourne, sous la

direction de Seth Rogen,

avec qui il a réalisé Délire express,

un film dans lequel il joue le rôle de… James Franco.

Il sera aussi Hughes Hefner, dans Lovelace et

le magicien dans Le monde fantastique d’Oz.

Des rôles tout aussi variés les uns que les autres.

Preuve s’il en est de la palette du comédien.

GANESHEn guise de thèse de fin

d’études, Franco écrit un roman. En 2010, il publie aussi un recueil

de nouvelles, Palo Alto, du nom de sa ville natale. En 2011, une expo lui est exclusivement consacrée à New

York et il anime la cérémonie des Oscars. Il a aussi mis de l’argent

dans un défilé de mode et publie un recueil de poèmes.

PAS DE CHOCOLAT

Dans 127 heures, Franco joue le rôle

d’Aron Ralston qui, en 2003, doit se cou-

per le bras gauche alors qu’il est coincé

dans une crevasse, entre un rocher et la

paroi du canyon dans lequel il est

tombé. C’est haut la main (l’autre)

qu’il décroche l’Oscar du meilleur

acteur dans ce « film d’action

dans lequel le héros ne peut pas

bouger », selon son réalisateur, Danny Boyle.

MOBY DICKDans un sketch pour la télé, Justin Timberlake parodie un chanteur qui offrirait une partie de

son anatomie, dans un paquet cadeau, à ses admiratrices. Le clip s’appelle Dick

in a Box… Deux ans plus tard, en 2008, dans un court-métrage,

Franco joue le rôle d’un mec dont la même partie anatomique est

au milieu du visage.

« TED » POUR LA FAMILLE

James Edward Franco est né à Palo Alto, en Cali-

fornie, le 19 avril 1978. Il est le fils de Betsy Lou,

poétesse et éditrice, et de Doug, dirigeant d’une

société de fret maritime. Après une adolescence

heurtée – arrestations, alcoolisme – il entre à

l’université pour étudier l’anglais mais renonce

pour prendre des cours de théâtre.

Il les finance en travaillant

dans la restauration rapide.

À CAUSE DE THE REBELAprès de petits rôles à la télévision et au cinéma, il conquiert ses lettres de noblesse en incarnant James Dean dans une mini-série télé. Le biopic s’intitule Il était une fois James Dean. Franco s’est mis à fumer, a rencontré les amis de Dean et, comme son héros, vivait seul sur et hors du plateau. Il est sacré meilleur acteur aux Golden Globes, en 2002. Pari gagné.

ARTHOUSE

& MULTIPLEXIl est un des seuls à rencontrer le

succès à Hollywood et dans le ciné-

ma indépendant. Ses rôles dans trois

Spiderman, La planète des singes et

Délire express peuvent être comparés

aux succès de Milk, Howl et The Broken

Tower, un film à petit budget qu’il a réa-

lisé en 2011. Il cartonne aussi à la télé

dans le cultissime Freak and Geeks

et la série General Hospital.

APPRENTI TU RESTERASEn 2006, soit dix ans après avoir tout lâché, Franco

retourne à UCLA terminer son diplôme d’anglais. Il en

repart avec son bout de papier en 2008. Deux ans plus

tard, il s’inscrit dans quatre écoles new-yorkaises

travailler son jeu d’acteur. Lors du tournage de Délire

express, le réalisateur Judd Apatow s’est beaucoup

amusé. Franco lisait l’Iliade entre les prises.

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DÉCOUVERTE

MOON WALKÀ quoi ressemblerait un album créé à quatre mains par Buddy Holly et Kanye West ? William Sinclair alias « Willy Moon » a enclenché sous nos yeux la machine à remonter le temps.

Willy Moon a du style. Le costume lui sied à merveille, tout comme la banane. Il a la cool attitude de James Dean, le regard ravageur de Marlon Brando. À 23 ans, le jeune Néo-Zélandais a l’univers de la mode à ses pieds mais c’est avec sa musique aussi géniale que simple qu’il impressionne, notamment l’immense Jack White, ex-White Stripes. Moon associe le son binaire du rock’n’roll à un rythme hip-hop. Sur scène, il roule des hanches et se mue en crooner facétieux.Son deuxième single Yeah Yeah a été choisi par Apple comme bande-son des campagnes publicitaires de ses derniers iPod. La sortie de son premier album le mois prochain risque d’avoir l’effet dévastateur d’un tsunami.

: Vos parents vous ont-ils initié à la musique des années 50 ? : Non, sinon aujourd’hui je la détesterais (rires). C’est à Berlin que j’ai découvert, à 19 ans, les disques de Buddy Holly et de Bo Diddley. J’ai tout de suite kiffé. Les morceaux sont si simples et innocents, on se met naturelle-ment à danser.

Dans quel genre êtes-vous le plus à l’aise ?Je ne veux être dans aucun genre, je fais de la musique « Willy Moon ». Avant, il y avait dans la pop deux à trois mouve-ments dominants à la fois. On était soit punk, soit hip-hop. Aujourd’hui, Internet change la donne, toute l’histoire de la pop est accessible d’un seul clic. Il est possible de créer son propre style, de le composer selon ses propres goûts. C’est génial.Quel est le secret de votre banane ?Il vient de la cire, puis d’un gel tenue moyenne. Après le peigne, place à la fixation laquée.Le single Railroad Track est extrait de son premier album qui sort en mars. Plus sur www.willymoon.com

Votre choix de mélanger rock’n’roll et hip-hop est le résultat d’un long processus ?Non. Mon approche est très mathéma-tique. Quand je commence à enregistrer un morceau, j’ai déjà en tête chaque note. L’idée de réunir ces deux genres était très claire dès le départ parce que personne ne l’avait fait jusque-là.Les arrangements de vos morceaux sont sobres. Pourquoi ?Mon studio d’enregistrement se compose de mon ordinateur portable et de ma guitare. J’aime l’idée de mobilité. Je ne veux pas faire de musique avec un orchestre, je me sentirais dépendant. Et la contrainte stimule ma créativité. Regardez la période bleue de Picasso.

Date et lieu de naissance2 juin 1989, à Wellington (Nouvelle-Zélande)

DébutsIl habitait Berlin et vivait de petits boulots jusqu’en 2010. Willy Moon a commencé à composer des chansons par ennui et a décroché un contrat d’enregistrement dès son premier morceau. Aujourd’hui, il vit à Londres.

Préférences cinématographiquesMoon apprécie tout particulièrement Quentin Tarantino : « Je me retrouve beaucoup dans l’art qu’il a de s’emparer de vieux genres et de les retourner complètement. »

MentorSon single Railroad Track est sorti chez Third Man Records, le label de Jack White. En novembre dernier, ils ont partagé une tournée à travers l’Angleterre.

« Le secret de ma banane vient de la cire. Après le peigne, place à la fixation laquée »

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1976 STEYR MANNLICHER SSG 69

Le CIO n’intègre le biathlon comme discipline sportive autonome qu’en 1954. « Il faut ensuite attendre plus de vingt ans pour le passage du grand au petit calibre permettant à plus de nations de participer à la coupe du monde », raconte l’Autrichien Alfred Eder, pionnier de ce sport. Les athlètes étaient couchés sur des cibles de 12,5 cm (distance : 150, 200 et 250 m) et debout sur des « targets » de 25 cm (distance : 100 m).

Alfred est le père de Simon (à droite) et le témoin du chan-gement de calibre.Plus surbiathlonworld.com

Spécialité française depuis de nombreuses années, le biathlon s’est modernisé pour devenir plus spectaculaire. Explications.

HIER ET AUJOURD’HUI

Tirer le gros lot

EFFET DE RECUL

La crosse de la carabine pèse 4,7 kg. Elle est en plastique et longue de 110 cm.

L’important effet de recul de ce grand

calibre provoque souvent des bleus

à l’épaule.

BANDOULIÈRELa sangle du SSG 69 est en cuir. En cas de pluie, elle s’imbibe d’eau et s’alourdit. Les carabines modernes sont équipées de sangles en mousse rembour-rée, plus légères et hydrofuges.

SOUS SCELLÉSLe poids de déclenche-

ment de la détente, c’est-à-dire la force

nécessaire pour appuyer sur celle-ci,

est de 1 à 1,5 kg. La balle de 7,62 mm atteint une vitesse

de 850 m/s.

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2013 ANSCHÜTZ KK 1827 FORTNER

L’Autrichien Simon Eder est une des stars de la discipline.Plus surwww.edersam.com

En à peine seize secondes et demie, Simon Eder atteint cinq fois la cible. Mais ce record n’est pas homologué. Depuis 1978, les athlètes doivent atteindre des cibles de 45 mm (tir couché) et de 115 mm (tir debout) situées à 50 m. Les carabines ne pèsent plus que 3,5 kg et sont fabriquées sur mesure. « Cela réduit le temps passé au stand de tir, explique Eder. Mais atteindre la cible incombe toujours à l’athlète. »

CHARGEURCinq balles de calibre 22 long rifle peuvent être placées dans la crosse. En coupe du monde, la vitesse de

ces balles de 2,6 g (5,56 mm) ne doit pas

excéder 380 m/s.

SUR MESURELa crosse est en balsa

léger avec un noyau en bois dur pour fixer

le canon. Un revête-ment en carbone

augmente la rigidité et protège ainsi le bois

des intempéries et des chutes.

DÉTENTELe système de réarme-ment rectiligne permet de réarmer sans bouger le coude, permettant ainsi de gagner du temps et améliorer la visée. Il a été breveté par Fortner.

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Seul au monde. Le Cap Horn dompté en kite-surf ! Le Brestois mesure aujourd’hui la portée de son exploit.

« Franchir un rocher de quatre kilo-mètres de large, ça n’a pas de sens. Même ma grand-mère aurait réussi. Je voulais faire cent milles pour qu’il y ait un intérêt sportif »

Nullement rassa-sié, Bruno Sroka aime relever de nouveaux défis.

Bruno Sroka est un homme en colère. Lorsqu’il apprend fin 2012 que la Fédéra-tion internationale de voile (ISAF) fait machine arrière, le Brestois voit rouge. Annoncé comme nouvelle discipline olympique aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016, le kitesurf en est finalement exclu. « Sincèrement, je n’y ai pas cru, souffle-t-il. La Commission de l’ISAF s’est réunie pendant toute une semaine. Jusqu’au vendredi soir, nous avions confirmation qu’elle voulait garder le kite aux Jeux. Mais, le samedi, un nouveau Président a été élu. Il a remis en cause les décisions antérieures pour des raisons politiques. » Sroka enchaîne : « J’ai été déçu de voir la manière dont ça s’est déroulé. Le choix n’a pas porté sur le potentiel de ce sport. Quoi qu’il en soit, ce ne sera pas pour 2016. Peut-être 2020 ? On a perdu une bataille mais on n’a pas perdu la guerre… »

En 2020, Sroka aura… 44 ans. Il sera frais comme un gardon. L’homme aime avoir les bras qui brûlent. Le mental tient l’assemblage : « Une traversée, c’est l’ap-prentissage de la persévérance mais aussi le maintien de la motivation et de la concentration au plus haut point. »

Ce colosse affable est fou de sport, d’aventure et de cette envie de donner un sens à sa vie. Il fait partie de ces quelques sportifs de très haut niveau soucieux de hisser leur art au pinacle des causes

L’INUSABLE MONSIEUR SROKASportif de l’extrême au cou bardé de médailles, Bruno Sroka a relevé tous les défis. Le seul homme à avoir passé le Cap Horn en kitesurf ne désespère pas de voir son sport inscrit aux Jeux Olympiques.

humanistes. Gamin, Sroka faisait de la planche à voile et frémissait aux exploits du véliplanchiste Alain de Rosnay qui arpentait les mers du Globe en portant un message. Au sommet de sa carrière et, surtout, en pleine guerre froide, De Rosnay avait traversé le détroit de Béring avec, sur la voile, les drapeaux américain et soviétique. En kite, Sroka prend le relais. En janvier 2009, après un énième cessez-le-feu entre Israël et les Palesti-niens, il traverse le golfe d’Aqaba. Les États riverains se nomment Israël, Égypte, Jordanie et Arabie saoudite… Sur sa voile, une colombe de la paix.

Sroka a aussi navigué pour lui. Et plutôt très bien. Il a été un des rares à remporter les classements PKRA (Profes-sional Kiteboard Riders Association) et KPWT (Kiteboard Pro World Tour). C’était en 2009. Il a aussi réalisé un rêve qui l’ob-sédait depuis ses 8 ans : le Cap Horn. Tem-pérature ambiante 0 °C, eau à 3 °C, cinq centimètres de neige sur le bateau accom-pagnateur, de la grêle sur le visage et neuf heures de navigation âpre et violente avec des pointes de vent à 40 nœuds et des creux de cinq mètres. Il lui faudra quatre tentatives. À la première, il avait passé le caillou le plus mythique des océans, puis avait chuté. « Franchir un rocher de quatre kilomètres de large, ça n’a pas de sens, peste-t-il. Même ma grand-mère aurait réussi. Je voulais faire cent milles pour avoir un intérêt sportif. » Prochain défi ? Rallier la pointe Finistère et Cork dans la même journée. Soit 430 km.Plus sur www.brunosroka.com

Date et lieu de naissance9 juin 1976 à Clamart

Taille, poids1,89 m ; 79 kg

RésidenceBrest

PalmarèsChampion du monde PKRA 2007 4e mondial (slalom) et 3e Championnat d’Europe (2012) Triple vainqueur de la Coupe du monde de Kite racing (2007, 2009 et 2010) Triple champion d’Europe et de France Vice-champion du monde vagues 2004 Vainqueur de Red Bull Kite Quest 2012

Autres passionsSurf, stand-up paddle, parapente, snowboard

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lescroisiereselectroparis - hiver 2013

EMBARQUEMENT AU PIED DE LA TOUR EIFFEL DE 21H30 A 1H : MIX DE DJ RECONNUS

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2 PHASE D’APNÉEFin 2011, je me suis brisé le poignet gauche dans la vague de Cloudbreak, aux Îles Fidji. Je suis trop descendue sous l’eau et je me suis retrouvée projetée contre le récif. J’ai écopé de six semaines d’arrêt. En plein été australien, ce n’était vraiment pas cool, j’ai cru devenir folle.

4 (IN)FLEXIBLELe surf sollicite simultanément les muscles du tronc, du dos, des jambes et des fessiers. De ce fait, mon entraînement porte sur l’ensemble du corps. Les cuisses sont parmi les plus performants de mes groupes musculaires. Je les renforce avec des squats variés pour faire face à des figures de plus en plus exigeantes.

3 LA COLONNELors de ma première année sur l’ASP World Tour en 2009, je me suis blessée au dos dès l’épreuve d’ou-verture, à Gold Coast. Cinq mois de rééducation ont été nécessaires pour me remettre d’aplomb. Mais j’ai disputé les dernières compétitions dans la douleur pour conserver ma place la saison suivante sur le circuit pro.

5 À BOUT DE SOUFFLERégulièrement, je parti-cipe à des stages d’entraî-nement Red Bull. Entre autres, à un cours d’apnée l’an dernier. J’y ai appris à retenir ma respiration jusqu’à quatre minutes et à ne pas paniquer en cas de situation critique dans l’eau. Cela peut sauver la vie d’un surfeur.

1 ÉTAT D’ALERTEDès qu’il s’engouffre dans la vague, le corps entre en état d’urgence. Le surf exige une capacité de réaction immédiate et un excellent sens de l’espace, en plus de solides connais-sances du comportement de l’océan.

Vidéos exclusives de la belle Sally Fitzgibbons sur l’appli iPad de The Red Bulletin !

Championne du monde junior en 2008, la sur-feuse Australienne accède à l’ASP World Tour la sai-son suivante. Invariable vice-championne du monde depuis 2010, la gauchère de 22 ans ambitionne cette année la plus haute marche.Plus sur www.sallyfitzgibbons.com

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VITE FAIT, BIEN FAIT Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

L’Autrichien Gregor

Schlierenzauer a remporté pour la

deuxième fois de sa

carrière la Tournée

des Quatre Tremplins.

C’est du saut à ski.

Grâce à un Triple Cork 1440 déployé dans le Colorado, le snow-boarder américain Mark McMorris anime le Dew Tour.

La Canadienne Kaya Turski, reine du slopestyle et de l’ironie, fait une razzia sur le Dew Tour. Nous sommes toujours dans le Colorado, à Breckenridge.

Le fondeur norvégien Petter Northug n’a laissé que des miettes à ses adversaires lors des 35 km de Toblach. À 27 ans, il est incontournable.

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Grâce à un Triple Cork 1440

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FORMULE MAGIQUE

SUR LE FILLa slackline (ou funambulisme) comptede plus en plus d’adeptes. Si cette discipline vous tente, voici le dessous des cartes.

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GYMNASTIQUE DES NOMBRES*Un objet est en équilibre lorsque la perpendiculaire du centre de gravité passe par la surface d’appui. Ceci se vérifie lorsqu’on tend un fil imaginaire sur toute la longueur de la surface d’appui. Dans le cas de notre artiste funambule sur vélo, la surface d’appui n’excède pas la lar-geur du câble. Pour garder l’équilibre, il faut s’assurer que la perpendiculaire du centre de gravité passe en perma-nence par cette étroite surface d’appui. Si elle en sort, cela génère un moment de force (M) qui fait basculer l’artiste (Fig. A). On dit que M = F · r, F étant le poids du vélo, de l’artiste et de la barre et r l’écart normal de la force de l’axe de rotation qui, dans notre cas, est égale à celle du câble.

Pour un vélo en situation normale, c’est-à-dire sur route, la surface d’appui est tout aussi étroite. Si on se penche trop, on exécute un léger virage et le vélo se redresse (chose impossible sur un câble).

La deuxième loi de Newton qui veut que la force soit égale à la masse multipliée par l’accélération (F = m · a) s’applique par analogie à la rotation : le moment de force est égal au moment d’inertie multiplié par l’accélération angulaire (M = I · α). En combinant les deux équations de M on obtient α = F · r/I. À poids et angle de déviation égaux (valeurs identiques de r) la vitesse angulaire est de ce fait indirectement proportionnelle au moment d’inertie : α ~ 1/I. En d’autres termes, si par exemple le moment d’inertie est deux fois supérieur, l’accélération angulaire se réduit alors de moitié.

Le moment d’inertie montre à quel point il est difficile de mettre un objet en rotation. Il se calcule avec la formule I = ∑imi · ri² , mi étant la masse de chacun des éléments et ri leur distance de l’axe de rotation. C’est ici qu’intervient la barre d’équilibre. Elle peut mesurer jusqu’à 20 mètres de long et peser jusqu’à 30 kilos. Sa masse et surtout la dis-tance entre ses extrémités et l’axe de rotation augmentent considérablement le moment d’inertie de l’ensemble, et selon α ~ 1/I, l’artiste bascule beaucoup plus lentement.

Par ailleurs, la barre lui permet de se stabiliser. Si, par exemple, l’acrobate menace de basculer vers la droite, donc dans le sens des aiguilles d’une montre, il tourne la barre de même dans cette direction (Fig. B). Le maintien du moment cinétique induit un déplacement du corps et du vélo dans le sens inverse des aiguilles d’une montre permettant ainsi à notre funambule de se redresser.

MISE EN PRATIQUEEn 2008, l’Américain Nik Wallenda parcourt pas moins de 72 mètres lors de son record du monde sur vélo à une hauteur de 41 mètres. « Je viens d’une famille de funam-bules, dit-il. The show must go on! »Plus sur www.nikwallenda.com

* Le Professeur Martin Apolin a 47 ans. Il est physicien, spécialiste en Sciences du sport et enseigne à la faculté des Sciences de Vienne. Cet Autrichien est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.

Nik Wallenda dans ses œuvres en 2008 lors de son record du monde établit à Newark, dans la grande banlieue de New York. À vélo, c’est plus compliqué…

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6L’Harley-Davidson connaît aussi une carrière

au cinéma : Peter Fonda et Dennis Hopper meurent à son guidon, Arnold Schwarzeneg-ger et elle sautent d’un pont. En dehors des

plateaux, des stars tels Elvis Presley, Elizabeth Taylor ou Jay Leno s’affichent avec elle. En

1990, le chanteur Billy Idol, à l’apogée de sa carrière, termine sa virée à Los Angeles tragi-quement. Heurté par une voiture, l’Anglais est

sauvé par une opération d’urgence mais une longue rééducation de six mois met un

terme à sa vie professionnelle.

Plus sur www.harley-davidson.com

427,25En 1970, la marque souhaite, à travers une ten-tative de record du monde de vitesse, redorer son image pour contrer la concurrence japo-naise. Dans le Grand Désert de sel de l’Utah, le pilote américain Cal Rayborn tente, au guidon du Streamliner en forme de torpille, de battre le record de 405 km/h détenu par Yamaha. Sa première tentative, soldée par une grave chute, est un échec. Quelques jours plus tard, il établit un nouveau record à 427,25 km/h. Il faut attendre 1985 pour que Dan Kinsey atteigne 460 km/h sur une Harley équipée d’un seul moteur, la Tenacious.

833Aujourd’hui, le chiffre d’affaires annuel d’Harley-Davidson s’élève à 4,6 milliards de dollars auxquels s’ajoutent environ 250 millions de dollars générés par la vente de vêtements au logo de la marque et 750 millions par la vente d’accessoires moto. Le catalogue 2013 des accessoires propose environ 9 000 articles et pièces détachées au long de 833 pages.

150En 1900, deux jeunes inventeurs, William S. Harley et Arthur Davidson, s’affairent dans le garage d’une arrière-cour de Milwaukee pour développer un engin motorisé à deux roues. Ils achèvent leur prototype en 1903 : un vélo à cadre renforcé avec un moteur monocylindre de deux chevaux et courroie de distribution. Leur premier client est un certain M. Miller de Milwaukee mais il ne restera pas le seul. En 1907, l’Harley-Davidson Motor Company Inc. produit et vend déjà 150 motos.

1953Impossible d’évoquer les Hells Angels sans parler d’Harley-Davidson et vice-

versa. Lors de la création en 1948 du célèbre gang californien de

motards, il suffisait pour en être membre de posséder une

moto, quelle qu’elle soit. C’est en 1953 que la marque devient le sym-

bole du gang. Sonny Barger, le leader fondateur des Hells Angels : « Nous

avons choisi l’Harley parce que Indian, son concurrent américain, a cessé sa production. À ce jour, je roule sur une

Harley bien que ma préférence se porte plus sur une BMW ou une Triumph. »

80 000 000Le plus grand fabricant américain de motos est

au bord de la faillite en 1981. Sommé par la banque de fournir des garanties, Willie Davidson, petit-fils

du fondateur, aurait eu cette réponse célèbre : « Je possède le seul logo au monde que les gens

se font tatouer. » Un crédit de 80 millions de dollars est accordé, l’entreprise est sauvée.

CHIFFRES DU MOIS

HARLEY-DAVIDSONCélébrée par le duo Gainsbourg-Bardot à la fin des années 60, cette moto de légende fête ses 110 ans.

Pour vous, records de vitesse, crises profondes, clubs de bikers et emblèmes tatouées. À toute berzingue !

Cal Rayborns Streamliner

Billy Idol

Jay Leno

Tatouages à gogo

HellsAngels

Film culte : Easy Rider

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L’APPLI RED BULLETIN

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DU PÈRE

DANSER AU NOM

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Bienvenue au cœur de la favela Vila Vintém, nichée dans la banlieue

de Rio de Janeiro. à l’heure du carnaval,

la foule envahit les rues pour célébrer l’ultime

répétition en costumes de l’école de samba

Unidos du Padre Miguel...Texte : Damian Platt Photos : Jane Stockdale

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Musique et danse sont insépa-rables. Une basse couvre le martè-lement des tambours et s’immisce sous la peau. Les enceintes, authentique mur du son, bloquent la rue. C’est l’heure du baile funk.

Au contraire des autres écoles de samba, Unidos de Padre Miguel est restée fidèle à ses racines – la vie et les habi-tants de sa fave-la. Après d’ul-times répétitions, les danseurs sont à la fête.

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Le carnaval de Rio reste le plus connu. Avant d’accueillir la

Coupe du monde 2014 et les Jo 2016, la ville se pare de ses plus

beaux costumes

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R io et tout le Brésil se

préparent à la grande trêve du carnaval, l’événement de l’année pour les Cariocas. Une immense parade colorée, rythmée et kitsch pour ceux qui la regarderont à la télévision ou mieux, pour ceux qui auront pu s’offrir une place à 720 € dans les tribunes du Sambadrome.

Chaque tableau de cette gigan-tesque parade est réalisé par une école de danse locale. Pour celle des Unidos de Padre Miguel, créée en 1957 au cœur de la favela de Vila Vintém, le carnaval est l’affaire de tous. Depuis plus d’un demi-siècle, cette petite troupe de quartier rêve de briller un jour au firmament du carnaval. À sa façon. Les Unidos dé-fendent leur identité, très éloignée des grandes écoles. Tous les habi-tants du quartier sont concernés par l’aventure. On vient ici par pas-sion, pas pour gagner de l’argent.

Faire partie des Unidos, c’est l’occa-sion de s’illustrer dans la mégapole carioca comme jamais les habitants de la favela ne pourront le faire, eux qui ne peuvent se payer un tic-ket au Sambadrome. Pour les dan-seurs et les musiciens, le carnaval est la récompense d’une année de travail acharné, l’occasion de révéler l’étendue de leurs talents. Contrairement aux autres écoles, ici les participants ne paient ni leur inscription ni leur costume. En échange, tous s’engagent à assister assidûment aux répétitions et à représenter l’école avec fierté. Pour financer le projet, différents événe-ments ont permis de récolter des fonds. En 2011, Unidos se classe 2e de sa catégorie. « C’était beau comme si on avait ramené le titre chez nous », résume Joao, un des participants, sourire aux lèvres.

Les répétitions se déroulent en plein air. Une façon d’associer tout le quartier au projet et de montrer que l’école appartient à tous. En ces jours de carnaval, la vie semble paisible dans les favelas. Une am-biance de fête qui est la bienvenue.

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Ici, on danse par passion et non

pour l’argent. La fierté de la

favela est en jeu

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Throughout the year an ultra-motivated team of volunteers work to design and create the theme.

From the floats to the costumes to the drums - eve-rything‘s built from scratch.

Les volontaires travaillent tout au long de l’année sur le thème du carnaval. La conception des chars et la musique des percussions sont le fruit de vraies réflexions.

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Pascoal a toujours vécu à Vila Vintém.

Depuis l’enfance, comme ses amis,

il s’est engagé en faveur des

Unidos de Padre Miguel. Il a tout

sacrifié à l’école de samba. Il n’a

pas le choix. Il se dévoue

comme jamais.

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This is the moment everyones waited for. .

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Les Unidos entrent dans le Sambadrome. Peu avant, un dé-cor, une immense guitare, s’était coincé sous une passerelle. Le péril est écarté, le sourire revient.

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N’étant qu’une école de troisième « division », Unidos n’apparaît qu’à la fin du défilé. Elle pénètre dans le Sambadrome à 17 h, au moment où l’ambiance est la plus survoltée. D’ailleurs, la Avenida a des airs de volcan.

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Au terme du défilé, les cos-tumes sont récu-pérés et rangés avec soin pour être éventuelle-ment réutilisés l’année suivante. Tous repartent vers Vila Vintém pour une fête mémorable.

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Pour les membres d’Unidos, le carnaval

est la récompense d’une année de travail acharné

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Six mois après son sacre olympique, Renaud Lavillenie est un homme apaisé mais déterminé. À 26 ans, le Clermontois dévoile deux manques majeurs : le titre de champion du monde et les 6,14 mètres « himalayesques » de Sergueï Bubka. Avant de bisser aux JO de Rio de Janeiro en 2016 ?

MissionÀ ses débuts, certains le jugent « pas assez de physique ». Ils s’aper-cevront plus tard que Lavillenie a bel et bien les trois qualités indis-pensables pour la pratique du saut à la perche de très haut niveau : vitesse, tech-nique et coordination. « À l’arrivée, je claque les perfs et ils se retrouvent comme des cons. »

Dehors, il fait gris. La pluie, froide, n’ac-corde aucun répit. Bienvenue à Clermont-Ferrand. Confortablement installé, Renaud Lavillenie est un volcan. Il tré-pigne d’impatience et se lâche. En cette fin d’automne, le Clermontois a faim. Faim de reprendre la compétition. Faim de titres. Faim de gloire. Faim de s’envo-ler vers d’autres cieux. À La Réunion avec l’équipe de France en décembre dernier ou dans le Nevada, à Reno, au spectacu-laire National Pole Vault Summit de jan-vier, en guise de hors-d’œuvre à une riche saison post-olympique (Championnat d’Europe indoor début mars et Mondiaux en août). En attendant, Lavillenie savoure un succulent duo hachis parmentier- salade verte marqué à la culotte par une savoureuse crème (très) brûlée.

: Je vous tends une… perche. Comment êtes-vous tombé dans la marmite ? : Annie, ma grand-mère, faisait de l’athlé. Elle était cham-pionne régionale du 100 mètres. Mon grand-père a aussi coaché mon père lorsque celui-ci était adolescent et débu-tait à la perche. Ma mère est sortie de la maternité un samedi. Ce jour-là, mon père avait une compétition, il m’a posé sur le tapis de perche qui faisait 25 m2. Je faisais 50 cm, ç’aurait pu faire une belle photo !Quels sont vos premiers souvenirs, dans cette discipline ?J’avais quatre ans. Je faisais semblant de courir avec une tringle à rideaux. Plus tard, je sautais dans le jardin avec une barre de fer longue de deux mètres.

« Le record du monde me semble

ACCESSIBLE »Textes : Christophe Couvrat Photos : Paul Calver

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Le foot, le rugby ou le basket ne vous intéressaient pas ?À un moment, on a quitté Cognac pour Grenade-sur-l’Adour dans les Landes. J’avais des copains qui faisaient du basket. Ça m’a tout de suite plu. J’en ai fait pen-dant trois ans de la 6e à la 4e. J’étais me-neur. Ensuite, je suis revenu à Cognac. J’ai repris la perche, sans me poser de ques-tions. Pendant ces trois ans, je n’en ai pas touché une seule. J’arrivais à couper un morceau de branche assez solide pour sauter dans les champs, par-dessus une remorque, des trucs comme ça… C’était juste pour le plaisir de s’envoyer en l’air, j’avais ça dans le sang. C’était ma passion.Finalement, votre taille n’a jamais été un problème (il mesure 1,77 m, ndlr)…(Il soupire.) On me l’a rabâché plein de fois. Je n’y accordais aucune importance, j’aime la perche tout simplement. Je ne me

Matos1. Sa montre-bracelet calcule la dépense énergétique. Aussi, les perches ont leur propre longueur et une dureté unique. Lavillenie les personnalise.2. Ces pointes sont celles de Londres. Elles doivent avoir un bon compromis entre main-tien et semelle dynamique afin de mettre en avant ses qualités de pied et de vitesse.3. Le pot à magnésie est un accessoire indispensable pour mettre du grip entre les mains et la perche. Il est personnalisé pour… « ne pas se le faire piquer ».

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LON DRES 2012Après deux échecs à 5,91 m, la barre est à 5,97 : « Je ne voulais pas revivre Daeghu (3e). Je me dis : 5,97 m, tu les as faits il y a un mois et là, il y a des super conditions, t’es en forme, t’as juste à tout donner dans l’ordre. » Dos au mur, Lavillenie est aussi le meilleur.

BIO EXPRESSDate et lieu de naissance18 septembre 1986,Barbézieux-Saint-HilaireTaille 1,77 mPoids 69 kgPalmarèsJO : 1er (2012)CM : 3e (2009, 2011)CE : 1er (2010, 2012)Records 6,03 m en salle, 6,01 m en extérieur

Oui, c’était pile la période où j’ai bien ex-plosé. J’ai décroché d’un endroit pour rac-crocher de l’autre (sic). Ça tombait à pic.Et, là, vous décollez…En 2007, je vais à Bordeaux rejoindre le groupe Mesnil, Dossevi… J’avais validé à Poitiers ma 1ère année en deux ans. Je me dis que je veux quand même aller plus loin. Manque de chance, je passe de 5,45

à 5,70 m pendant l’hiver 2008 et j’obtiens mes deux premières sélections en senior et un contrat chez ASICS. Cette année-là, il y avait les Mondiaux de Va-lence et les Jeux de Pékin mais je ne les ai pas faits. J’ai rejoint Clermont car j’ai vu que la fac n’était pas loin du stade. Je passe 5,81 mètres durant l’hiver et 6 mètres le 21 juin 2009. Là encore, mon an-née a été interrompue…... car vous aviez des résultats. Vous changez de coach l’an dernier. Un choix pour le moins sur-prenant ! Tout semblait vous réussir (Philippe d’Encausse remplace Damien Inocencio après les JO de Londres, ndlr)…Pas vraiment. Certains pensaient même que j’au-rais pu le faire bien avant. Le relationnel est aussi important que le sportif.

Quand on n’est pas sur la même longueur d’ondes, ça ne sert à rien de forcer les choses. Avec Damien, il n’y avait pas de différence au sein du groupe d’entraîne-ment, qu’il s’agisse d’une fille qui végétait ou d’un gars qui préparait les JO. Mais j’ai aussi entendu à mon sujet : « Il aurait pu être entraîné par un boulanger et passer 6 mètres… »Ça rappelle la Russe Yelena Isinbayeva…Exactement ! Elle a attendu l’hiver 2011 pour changer d’entraîneur. Elle a perdu plus de deux ans en raison de résultats moins bons. Moi, j’ai fait ce choix pour, justement, éviter de perdre deux années. Rio est dans trois ans, c’était le bon mo-ment pour changer. Ce n’est pas ça qui va me perturber. Celui qui fait les perfs c’est l’athlète, pas l’entraîneur. J’ai changé de coach car c’est un cheminement qui va me permettre de progresser.Justement, quel est votre souhait d’ici aux Jeux de Rio de Janeiro de 2014 ?Je veux des titres. D’ici là, tous les ans, il y a un championnat d’Europe en salle et un championnat du monde en extérieur

suis pas dit : « Je ne suis pas assez grand, je ne vais pas pouvoir faire de la perche ». Après, j’ai aussi eu de la chance mais j’ai pu démontrer à tous ces pseudos inven-teurs du sport qu’on peut y arriver. Leurs remarques rentraient par-là (il montre son oreille, ndlr) et ressortaient direct. Ça montrait bien la philosophie ambiante, dans le genre : « Tu fais du sport car t’es bon et pas parce que tu l’aimes. » Moi c’était l’inverse. C’est toute la différence. C’était bien marrant tous ceux qui disaient : « Vous avez vu comme il est ! » Au final, je claque des perfs et ils se retrouvent comme des cons !Vos parents vous répétaient-ils souvent : « Il faut d’abord que tu sois bon à l’école » ?Tout le temps, oui (rires) ! Je fai-sais le minimum mais j’avais de bons résultats. Je participais à des meetings régionaux et je gagnais 50 euros par ci, 80 par là. Après, quand j’ai eu le bac (scientifique, ndlr), j’ai beaucoup progressé. Je suis parti de Cognac pour aller en Staps (fac de sports, ndlr) à Poitiers. En un an, j’ai gagné 50 centimètres, je suis passé de 4,70 à 5,20 mètres. Là, ça commençait à devenir sérieux. Je gagnais 100, 200 voire 300 euros. Normalement, tu fais des études pour gagner de l’argent dans la vie. Moi, je considérais que je per-dais mon temps car je gagnais de l’argent en faisant de la perche.Vous étiez destiné à une carrière de prof de sport…Oui, sauf que c’était la fameuse période des grèves (en mars 2006 contre l’instau-ration du CPE, contrat première embauche, décidé par le gouvernement Villepin, ndlr) ! On avait l’impression que pour être prof de sports, il fallait surtout être intello plutôt que sportif. Le rapport avec les élèves était inexistant alors que, pour moi, il est primordial.D’où le décrochage…

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BestialRenaud Lavillenie est

une bête d’entraîne-ment capable d’enchaî-

ner 35 sauts dans une séance normale

et jusqu’à… 90 au maximum. Démentiel.

«  Certains se prennent pour des stars, d’autres sont LouChes. Quitte à passer pour un Connard, je préfère rester dans mon truC »

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ou vice-versa. Sans oublier la Diamond League.Des titres mais pas les records de Sergueï Bubka (6,15 mètres en salle et les 6,14 mètres franchis à Sestrières le 31 juillet 1994, ndlr) ?(Direct.) Le record du monde passe après les titres. Il me semble acces-sible. Dur mais accessible. Il me manque deux choses : l’or aux Championnats du monde et ce record. Un titre, tu l’as à vie. Jean (Galfione, ndlr) n’a plus que son titre d’Atlanta.Vous croisez souvent les « vieilles gloires » de la perche française ?J’ai très peu croisé Pierre Quinon (Champion olympique aux JO de Los Angeles en 1984 et décédé en août 2011, ndlr). Je connais Thierry Vigneron depuis 2005, nous avons de très bons rapports. Mais celui dont je suis le plus proche est

m’accompagnait au début en tant que spectateur, puis acteur de second rôle puis de premier plan. Bientôt, il ne dira plus : « C’est grâce à mon frère mais grâce à moi ! »En quoi êtes-vous différents ?On a un saut différent. Il n’y a pas la même maîtrise. À Lyon, cet automne, il est tombé au bord du tapis, la barre est retombée sur lui. Moi, ça ne m’était jamais arrivé. Il a beaucoup d’énergie mais elle n’est pas totalement maîtrisée. Jeune, il sautait un peu plus haut que moi mais n’a jamais réussi un championnat de France. Moi, en sautant moins haut, j’étais capable d’être en finale chez les jeunes. Il a mis du temps pour avoir sa première médaille aux France. Moi, ça faisait deux ans que j’étais sacré.Quelle est l’ambiance en équipe de France ?Je m’entends très bien avec Christophe (Lemaitre, ndlr). Il y en a que je ne peux pas voir, avec qui je ne parle pas. On ne peut pas avoir des affinités avec tout le

Jean Galfione. Philippe Collet était aux Jeux aussi. J’ai vibré pour eux et, au-jourd’hui, ils vibrent pour moi. Ça fait chaud au cœur. Et, dans dix-quinze ans, je vibrerai pour la nouvelle génération !Celle de votre frère Valentin ?J’espère qu’il sera au prochain Champion-

nat d’Europe (en salle, du 1er au 3 mars à Göteborg, ndlr). Être ensemble à Rio, c’est l’objectif !Il est plus fort que vous au même âge (Valentin a 21 ans, ndlr) ?Non (rires) ! Mais il a tout ! Il a les conseils sportifs et per-sonnels sur la gestion du quo-tidien, les avantages de l’équi-

pement, le panel de contacts qui s’offrent à lui et les meetings qu’il n’aurait jamais faits s’il s’était appelé autrement… Quand tu te retrouves avec Bolt lors de ta première compétition, tu as envie d’y retourner ! Il

COLLECTIONPas superstitieux mais conservateur : « Je garde tout ! Dossards, chaussures, combis, médailles, accrédita-tions, etc. Il me faudrait une pièce entière pour faire un petit musée. »

«  QUAND ON PARLE DE LA FRANCE CES DERNIERS TEMPS, CE N’EST PAS FORCÉMENT EN BIEN. NOUS CONTRIBUONS À REDORER LE BLASON DU PAYS »

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envie de venir dans l’athlé.Vous en avez discuté avec eux ?Ce ne sont pas des per-sonnes avec lesquelles je discute beaucoup. Ce n’est pas ma discipline. J’ai déjà assez de choses à gérer comme ça !Les gains en meeting sont-ils équitables ?Il y a un fossé entre ceux qui raflent médaille sur médaille et les athlètes qui sont en finale sans rien gagner. Pour ces derniers,

ce sera de plus en plus dur.Quel est le salaire annuel de Renaud Lavillenie ?L’an dernier, ça s’est chiffré en quelques centaines de milliers d’euros. Ç’a été l’année la plus lucrative de ma carrière. Je gagne plus que très bien ma vie. J’exerce ma passion, c’est une chance. Mais il y a les impôts…La France a-t-elle un problème avec l’argent ?Il y a un très gros problème ! La prime olympique est imposable depuis cette année. 50 000 euros nous ont été versés par le CNOSF après les Jeux. L’État nous donne de l’argent pour qu’on en redonne ensuite ! Pour beaucoup d’athlètes, 50 000 euros ça représente la moitié des gains d’une saison, voire même plus. Quand on parle de la France dans le monde ces derniers temps, ce n’est pas forcément en bien. Or, nous contribuons à redorer le blason du pays.Quel est votre avis sur le souhait du gouvernement de taxer les plus hauts revenus à 75 % ?Le plus ahurissant, ce sont les avantages accordés aux politiques. Ils ont énormé-ment d’argent et, en plus, ne paient rien. Nous, en tant que sportifs de haut niveau, on va gagner notre vie pendant dix ans. Et après ? Il faut être assez intelligent pour s’assurer de l’après-carrière si on ne veut pas tout perdre. D’ici là, on passe notre temps à payer, payer et encore payer. Après, quand on a besoin d’aide pour dé-velopper le sport en général, il n’y a pas grand-chose. C’est un peu dommage.À vous entendre, Paulette, votre arrière-grand-mère décédée en 2011 à l’âge de 88 ans, aurait été fière de vous…Oui ! Nous étions très proches. Elle suivait mes résultats. Paulette a tout connu, la guerre, la récolte des pommes de terre pour nourrir la famille… Ça permet de relativiser.Plus sur www.iaaf.org

(Il se remet en condition.) J’attends pour faire mon 1er essai à 5,60 mètres. Ils me font attendre, attendre… J’entends du bruit et je saute. J’apprends l’histoire en-suite ! Après le meeting, le seul truc dont on s’est souvenu, c’est le clash. Rien sur les

perfs des uns ou des autres. C’est vraiment moche. Après, quand on voit que Mekhissi est impliqué dans un truc aux Championnat d’Europe l’été dernier (en juin, à l’issue de son titre européen sur 3 000 m steeple à Helsinki, en Finlande, le vice-champion olympique 2008 et 2012 avait violem-ment repoussé la mascotte de la compétition qui lui tendait

un cadeau, ndlr)… Chacun son tempéra-ment, ses pensées mais on doit se montrer irréprochables. Certains se plaignent du manque d’argent, du manque de sponsors mais ce genre d’images ne donne pas

monde. Certains se prennent pour des stars, d’autres sont louches mais je n’ai jamais eu de clash. Quitte à passer pour un connard, je préfère rester dans mon truc. Le terrain va changer ma vie, pas ce qui se passe à l’hôtel.Vous faites des jaloux avec Lemaitre ?C’est sûr. Ce n’est même pas la peine de se poser la question !Vos relations avec Teddy Tamgho sont-elles cordiales ?C’est spécial. Il est adorable, super sympa mais, à côté, il y a un changement qui est là (sic). J’ai été déçu d’entendre tous ces bruits. Pour avoir fait des mee-tings avec lui, c’est un mec bien.Vous étiez en plein concours lors de « l’échange » Mehdi Baala- Mahiedine Mekhissi en juillet 2011 sous l’œil des caméras du prestigieux meeting de Monaco…

CONCU RRENCELavillenie est plutôt du genre… catégorique. À la question : « Vous prenez quoi à Hooker et Otto ? », la réponse fuse : « Rien ! » À Bubka ? « Son record ! Sous pression, il est monstrueux. »

BU BKA , FAN DELorsqu’on demande au « Maître » de nous parler de Renaud Lavillenie, les mots fusent : « C’est un grand athlète. Il l’a prouvé à Londres. On connaît la tradition française dans cette discipline. Peut-il sauter plus haut que 6,14 ou 6,15 mètres ? Pourquoi pas. Il arrive peu à peu à maturité pour battre ces records. »

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« Nous voulons laisser notre empreinte »

Ces quatre jeunes Anglais surdoués ont atteint l’Olympe du hard rock en à peine quelques mois. Tout sauf un groupe de plus. Interview bruyante.

Texte : Florian Obkircher Photo : Thomas Butler

HEAVEN´S BASEMENT

Les poings fermés, le chanteur Aaron Buchanan s’égosille et secoue sa crinière blonde. Genoux à terre, Sid Glover serre sa guitare de toutes ses forces. Formé en 2008, le quatuor Heaven’s Basement dévoué au heavy metal ne donne pas dans la demi-mesure. Bon Jovi, Deftones ou en-core Papa Roach ne s’y sont pas trom-pés, ils les ont conviés à leur tournée. : Comment êtes-vous tombés dans le rock ? : J’ai reçu ma première guitare à quatre ans, je dormais avec. C’était une extension de mon corps. : Il y a une vidéo de moi où je joue de la batterie dans ma chambre sur un morceau d’Aerosmith. J’ai six ans, je suis torse nu et le projec-teur est ma lampe de chevet.C’est vrai que l’un de vos premiers concerts s’est joué dans le stade de Manchester City ? C : Oui, mais pas comme tête d’affiche.S : Bon Jovi était en tournée. Une ra-dio locale s’occupait de choisir le groupe de la première partie, ce dernier devait être originaire de Manchester. Nous avons menti et avons décroché le job.C : On nous avait donné quinze minutes de scène. Pas assez à notre goût.S : Notre temps de scène a été doublé après que le manager de Bon Jovi a assisté à notre balance !Vous êtes réputés pour être des bêtes de scène. Quel est votre secret ? : La magie opère quand on joue ensemble, c’est le cas de nos groupes fa-voris. Les Pink Floyd, Led Zeppelin ou Aerosmith… De Freddie Mercury, j’ai ap-pris à chanter et à me déplacer sur scène.C : Le plus important, c’est de ne pas faire les choses à moitié. Si tu veux démolir ta guitare ou te jeter dans le public, il faut y aller franco.

La session d’enregistrement au Red Bull Studio de Londres et le lien pour télécharger Fire, Fire sont sur l’appli pour tablettes The Red Bulletin.

Richie Heavanz, votre premier chanteur a quitté le groupe en 2010 du jour au lendemain...S : Richie nous a plantés à une semaine de la tournée. Nous avons demandé en catas-trophe au chanteur d’un groupe ami de le remplacer, mais il a perdu sa voix au bout

de quelques concerts, à la suite de quoi j’ai hérité du micro au pied levé. Comment s’est faite la rencontre avec Aaron ? S : Nous avons auditionné des centaines de chanteurs. Plus qu’un excellent vocaliste, nous voulions quelqu’un prêt à tout donner. C’est lui que nous cherchions. A-t-il eu droit à un bizutage ?S : Et comment ! D’abord, il a emménagé dans la maison du groupe. Ensuite, on lui a fait prendre une énorme cuite pour voir sa réaction et s’assurer qu’il ne se transforme pas en monstre une fois bourré. Et, dans une fête foraine à Nottin-gham, Aaron a dû s’introduire dans les coulisses à l’insu des agents de sécurité. Il a dû passer ce genre de tests avant de pouvoir intégrer le groupe. Nous devions

être sûrs qu’il serait prêt à se jeter d’une falaise pour le groupe. Vous vivez tous ensemble ? C : Oui, ça resserre les liens. Les autres groupes pètent les plombs en studio ou dans le bus de tournée. Vivre ensemble au quotidien nous permet d’éviter cet écueil.

C’est incroyable comme cette confiance aveugle et cette chimie opèrent sur scène. Dès nos premiers concerts avec Aaron, les gens ont eu l’impression qu’il avait toujours fait partie du groupe. Avez-vous déjà eu envie de tout arrêter ? C : Au début, c’était compliqué. Une fois, en tournée, nous n’avions plus d’argent pour manger. La faim nous a poussés à voler notamment dans les stations-service. Quand nous faisions les premières parties de grands groupes, nous nous glissions dans leurs loges pour finir les restes de leurs plateaux traiteur. Ça peut sembler glauque mais au bout du

compte, ces péripéties sont celles qu’on aime se remémorer. Vous en êtes à peine à vos débuts...C : Il n’y a pas si longtemps, quelqu’un nous a demandé ce que nous ferions si les gens détestaient notre album. Je sais que cela n’arrivera pas mais je n’ai pas hésité à répondre : « Continuer ! » Nous sommes au summum de notre forme, nous avons faim, nous voulons laisser notre em-preinte avec nos prestations en concert. Et ça marche : d’une nuit à l’autre, les salles et les foules grandissent. L’album Filthy Empire (Red Bull Records) sort en février. Plus sur www.heavensbasement.com

Le chanteur Aaron Buchanan et le guitariste Sid Glover sur scène à Manchester.

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Heaven’s Basement : le guitariste Sid Glover,

le bassiste Rob Ellershaw, le batteur Chris Rivers

et Aaron Buchanan, le chanteur (de g. à dr.)

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DE HAUTE LUTTE

Les origines de la lutte sénégalaise remontent à la nuit des temps. Aussi loin que la tradition orale veut bien se souve-nir de ces combats anciens. Autrefois, ces affrontements étaient organisés à l’ombre des baobabs, dans les villages reculés, une fois passé l’hivernage (saison des pluies et des récoltes, ndlr). Mbalax, djembés, boubous, c’était la fête autour de ces lutteurs, dignes représen-tants du clan local. Ils se battaient pour la gloire et l’honneur de ceux à qui ils ap-partenaient. Au fil des décennies, ils ont fini par drainer les spectateurs vers les légendaires stades de Dakar, Demba Diop et Iba Mar Diop. La lutte s’est profession-nalisée avec un prize-money, un classe-ment national et des stars comme s’il en pleuvait. Cette discipline est enseignée dans certaines écoles coraniques. De Dakar à Tambacounda, de Thiès à Saint-Louis, la lutte sénégalaise est un phéno-mène de société, gage d’unité nationale. Bienvenue au pays de la Teranga.

La lutte sénégalaise est une des pratiques sportives les plus anciennes d’Afrique occidentale. Au-jourd’hui, elle est plus populaire que le football. Ces combats d’homme à homme sont régis par des règles simples et directes où tous les coups sont permis. Et c’est la foule, en transe, qui valide les victoires. Reportage à Dakar et dans ses environs.Photos : Philipp Horak

PHILIPP HORAK A TRAVAILLÉ SON REPORTAGE PHOTO DANS L’ESPRIT DU FILM 7 915 KM RÉALISÉ PAR NIKOLAUS GEYRHALTER. UN ROAD-MOVIE MAGNIFIQUE SUR LA MAGIE DU DAKAR. INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES SIGNÉES CHRISTOPHE COUVRAT ET PAUL FAYE.

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GRIGRIS SUR SABLE CHAUDParadoxalement, la lutte n’est pas la partie la plus importante de ces affrontements car ils ne durent jamais très longtemps. Le folklore ambiant joue un grand rôle. Avant d’en découdre, les lutteurs font le tour de l’arène, en file indienne, sous les acclamations de leurs supporters et amis. Chaque gladia-teur est entouré d’un véritable staff qui fait office d’autorité spirituelle. Les marabouts exercent une réelle influence dans ce pays de confes-sion majoritairement musulmane. On les présente comme des hommes sages, des guérisseurs et des références morales à consulter régulièrement.Les actes de foi sont nombreux. Avant le début du combat, chaque geste est pesé. Un rituel impose aux lutteurs de se purifier d’eau dite « magique » et de prononcer des incantations. Le corps est bar-dé de grigris. Chaînes métalliques, plumes de coq, bracelets en cuir aux bras et aux chevilles sont légion. De petites bourses recèlent des mélanges d’herbes secrètes. Les recettes sont jalousement gar-dées par les marabouts. Le pouvoir est là pour ces gaïndés (« lions » en sénégalais) des temps modernes. Le vaincu n’hésitera pas à saluer l’influence positive des marabouts d’en face plutôt que de reconnaître ses propres faiblesses.

ŒIL POUR ŒIL La concentration est de rigueur. Les lutteurs se jaugent, se regardent en chiens de faïence. Puis, flanqués de leur garde rapprochée, ils quittent le coin de l’arène qui leur est dévolu. S’amorce alors le face-à-face tant attendu, yeux dans les yeux, toutes incantations dehors et avec cette démarche si particulière. Le combat, tel un coït précoce, est une empoi-gnade atavique, brutale et soudaine. L’adversaire doit être mis au sol. Peu importe la manière et la partie du corps mise à mal. Les coups de poing au visage sont même autori-sés. Trois juges observent le bras de fer. En l’absence de règles strictes, cela va assez vite. Même si une mise à terre semble évidente, les discus-sions vont bon train entre clans rivaux, jusqu’à ce qu’une décision tombe à l’unanimité. C’est de bonne guerre. Une liesse générale s’em-pare des travées du stade pendant que le perdant s’échappe, tête basse et bouche cousue, par une porte dérobée.

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LE COMBAT, COÏT PRÉCOCE, EST UNE EMPOIGNADE ATAVIQUE, BRUTALE ET SOUDAINE. L’ADVERSAIRE DOIT ÊTRE MIS AU SOL. PEU IMPORTE LA MANIÈRE ET LA PARTIE DU CORPS MISE À MAL

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Dans l’arène, les lutteurs sont presque nus. Un caleçon et basta ! Il s’agit de réduire au minimum les zones de prises en main. En revanche, tous affichent une impres-sionnante musculature, entretenue par le très sain Thieboudienne, fameux riz au poisson et un des plats nationaux du Sénégal. Ces hommes sont conscients de l’effet hypno-tique du biceps sur l’adversaire comme sur les spectateurs. Ces héros d’Afrique Subsaharienne signent des contrats publicitaires

GUERRIERS SAÏ SAÏ

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de centaines de milliers de Francs CFA après chaque victoire (plusieurs milliers d’euros). Leur notoriété ou-trepasse les religions et les ethnies. L’attrait porté par le public rappelle celui rencontré par les gladiateurs de la Rome Antique ou, plus près de nous, celui des Japonais pour les Sumotoris. Mais ces Dieux du Stade ne peuvent combattre ad vitam aeternam. Quand vient l’heure de la retraite, ils embrassent souvent une seconde vie, celle de marabout. Belle preuve de mysticisme ambiant.

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LES PATRONYMES SONT RÉVÉLATEURS. DOUBLE LESS, MANGA II, GRIS BORDEAUX, BOMBARDIER OU YEKINI ONT ÉTÉ ÉLEVÉS AU RANG DE DEMI-DIEUX

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DÉCOUVERTE

À tout bout de chant

À New York, on n’entend qu’elle. Ou presque. Marie Martin est la nouvelle voix française qui fait chavirer l’Amérique. Cette Bretonne de 34 ans est déjà

en haut de l’affi che avant la sortie prochaine de son premier album.Texte : Christophe Couvrat

teuse, violoniste, danseuse classique et… comédienne : « Je faisais du théâtre pour enfants. » Le tout avant dix ans. Et cette voix en or aime les choses bien faites. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’une sélection naturelle s’opère. Adieu danse maléfique pour corps meurtri et bonjour sonates !

De sessions d’enregistrement pour La Star Ac’, séries TV ou longs-métrages en concerts dans les meilleures salles

Une voix sucrée salée, très jazz-soul, vous prend aux tripes. Marie Martin a construit un pont entre la côte est des États-Unis et le Finistère. Ploemeur et Big Apple n’ont jamais été aussi proches. Dans son « ghetto » de Bed Stuy à Broo-klyn, « Mwarrrry Mwouarrrteen », petit bout de femme d’1,57 mètre, s’est vu af-fublée du surnom de « M&M’s » de la part de ses voisins commerçants : « C’est lié à mes initiales, bien sûr, mais aussi à ma grande faiblesse, le chocolat… » Le ton est donné. La Bretonne sait cultiver l’art de la dérision dans la jungle new-yorkaise. Il en faut pour se frayer un chemin parmi les stars du music-hall.

Marie Martin est tombée dedans dès son plus jeune âge. Cette Liza Minelli à la française insiste pour préciser qu’elle a fait ses gammes à « Lanester et non à Ploemeur », villes tout juste séparées de cinq kilomètres. Martin est la petite fille d’une mélomane et d’un chanteur, Martial, leader quinze années durant des Music Men, un orchestre de bal : « Mon père travaillait la semaine puis partait en tournée du vendredi soir au dimanche après-midi, rembobine-t-elle. Il a ensuite chanté avec le Big Band de Lo-rient au début des années 80 avant de monter son propre groupe de reprises. À la maison, nous chantions tout le temps. » Dans la famille Martin, je vou-drais aussi un oncle et un cousin, tous deux batteurs professionnels. À cinq ans, « petite Marie » passe ses journées à fredonner des mélodies pendant que ses copines jouent à la poupée. Nullement rassasiée, la gamine s’aperçoit rapide-ment qu’elle n’en a pas assez et décide d’entamer une première carrière de chan-

(Sentier des Halles, Réservoir…), Marie Martin écume Paris. Aujourd’hui, elle ne regrette nullement d’avoir sauté dans le premier avion pour tenter l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique. C’était en 2007. « Le regard un peu dur des musi-ciens parisiens me terrorisait, se sou-vient-elle sans amertume particulière. Je ne suis jamais montée sur la scène d’une jam-session à Paris. Le fait d’être mise à nue, d’avoir à improviser, ce n’était pas moi. Et puis, on aime trop coller une étiquette en France. On consi-dère parfois qu’élargir son répertoire ou ne pas s’arrêter à un instrument veut dire qu’on s’éparpille. Ici, c’est un atout. »

Personne ne l’attend. Elle n’a pas le choix et doit forcer son caractère. « Il fallait que j’aille à ces fameuses jam- sessions. C’était le seul moyen de rencon-trer des musiciens. Je devais me surpas-ser, chanter avec des tueurs. J’y ai pris goût. Ç’a été la meilleure école de ma vie. » Le coup de foudre est réciproque et la mène jusqu’à la consécration du Blue Note en passant par le Zinc Bar ou la BAM (Brooklyn Academy of Music). Mais, comme d’habitude, elle en veut plus. SoNuVo, trio jazzy, voit le jour. Elle chante aussi avec les Nubians, ou lors de soirées privées dans les plus beaux hôtels de Nassau ou de Miami. En seulement cinq ans. Quand on connaît la concur-rence qui prévaut à New York, le bilan est positif. Largement. Montreux lui tend alors les bras. C’était l’été dernier. « J’ai terminé troisième du concours de chant du festival de jazz de Montreux. J’ai aussi réalisé un de mes rêves en rencontrant Quincy Jones. Il présidait le jury. » Plus sur www.marie-martin.net

« On aime trop coller une étiquette

en France. On considère

qu’élargir son répertoire

veut dire qu’on s’éparpille »

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Le premier album de Marie Martin est attendu outre-Atlan-tique. Elle prévient : « Il sera très groovy avec des morceaux jazzy brésiliens, voire espagnols. »

Date et lieu de naissanceNée le 20 janvier 1979, à Ploemeur (Morbihan)

RésidenceBrooklyn, New York

IdolesStevie Wonder, Prince et Sting. « Ils sont uniques, clame-t-elle. Aussi, Rachelle Ferrell, grande technique, Tania Maria, improvisations vocales à couper le souffle, Me’shell Ndegeocello, fusion soul-jazz-pop très talentueuse. »

ProjetsMyriam a cinq ans de plus que Marie. C’est sa sœur aînée. « Elle chante et a écrit deux textes pour moi, précise la benjamine. Nous pourrions former un binôme ! »

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OSCARS RISÉEOSCARS RISÉE

Généralement, le film lauréat raconte l’histoire peu banale d’un homme blanc. C’est le meilleur moyen de se mettre le jury dans la poche. Aussi, l’Académie n’apprécie

que modérément les scènes de brutalité et encore moins celles de nu. Les thrillers psychologiques mettant en scène lesbiennes ou cow-boys gays n’entrent même pas

en ligne de compte. La règle est claire : tout prétendant aux Oscars doit afficher un registre dramatique, les comédies n’ayant que rarement leurs chances.

MODE D’EMPLOIÉviter le zéro pointé

Cet hiver encore, la moitié de la planète se cassera la tête pour savoir quel fi lm triomphera aux Oscars. The Red Bulletin a enquêté auprès de votants et protagonistes infl uents pour tenter de percer le mystère de cette grand-messe du cinéma. Existe-t-il une formule gagnante ? Éléments de réponse en trois prises.Texte : Rüdiger Sturm Illustrations : Carlos Coelho

TIRER LES FICELLESC’est l’histoire d’un homme-

statue tailladé de toutes parts. Une lutte fratricide s’engage. À l’arrivée, la statuette dorée

n’écoute que son instinct. Les notions de bien et de

mal sont sacrées. La morale n’est pas corrompue.

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La marche vers l’Oscar s’oriente inévitablement dans la direction « d’un homme suivant les traces de son destin ». Les performances d’acteurs ont une influence significative. Le meilleur film repart

généralement avec l’Oscar du meilleur comédien. Il faut aussi prévoir beaucoup d’argent et l’investir de manière intelligente et agressive pour décrocher le gros lot. Si vous souhaitez l’emporter,

Harvey Weinstein, le roi des producteurs, peut alors vous être d’une grande aide.

C’est en partie à Bethle-hem que se joue le destin de Hollywood. Bethlehem dans l’État américain du Connec-ticut. C’est là que vit et prie Mère Dolores, une sœur de 74 ans.

Cette bénédictine fait partie de ceux qui peuvent améliorer le sort de nombreux fai-seurs de cinéma. Elle est une des 5 783 vo-tants de l’Académie des Arts et des Sciences du Cinéma (AMPAS) qui décerne la récompense la plus convoitée : l’Oscar.

Quiconque peut y prétendre du mo-ment que son œuvre, d’une durée mini-male de quarante minutes, reste à l’affiche d’un cinéma commercial du comté de Los Angeles au moins pendant sept jours consécutifs. Pour les Oscars 2012, pas moins de 265 productions sont en compé-

tition. Deviner celle qui raflera le jackpot pour le meilleur film défie toute logique. À première vue. Cette année, quelques productions sont favorites : Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow sur la traque de Ben Laden, Argo de Ben Affleck sur le sauvetage d’otages en Iran ou encore l’ode de Spielberg à Lincoln mais les pronostics divergent fortement quant à celui des trois ayant les meilleures chances. S’il y a bien une mission impossible au monde, c’est celle de produire un film qui gagnerait à coup sûr l’Oscar. Di Caprio qui avec J. Edgar n’a obtenu aucune nomination l’an dernier : « Tout n’est qu’un grand jeu de hasard. » Un avis partagé par Jodie Foster, lauréate en 1991 pour son interpré-tation dans Le silence des agneaux : « C’est comme dans une tombola, vous êtes assis là et vous vous dites : Pourvu qu’ils piochent mon numéro. »

Seul Saul Zaentz, l’un des producteurs les plus primés de l’histoire des Oscars avec trois statuettes au compteur, ose proposer une recette certaine : « Il faut être verni. Lorsque nous avions remporté l’Oscar du meilleur film avec Vol au-dessus d’un nid de coucou, on nous avait considé-rés comme des veinards, après celui d’Amadeus comme de sacrés veinards et après celui du Patient Anglais comme de putains de veinards. » Mais il est dans la nature des vainqueurs de minimiser leur victoire. Il y aurait donc une recette qui permettrait d’augmenter significative-ment ses chances de remporter la fa-meuse statuette. Plus exactement un plan en plusieurs étapes. C’est là qu’inter-viennent les personnes comme Mère Dolores, qui dans une autre vie fut elle-même actrice ayant eu le privilège d’échanger des baisers avec Elvis.

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Aux Oscars, il s’agit surtout de satis-faire les goûts de l’Académie, composée principalement d’une horde de retraités. Leur moyenne d’âge : 62 ans. Elle était encore plus élevée il y a quelques années. Seulement 14 % des votants de Hollywood ont moins de 50 ans. Peut-on s’étonner dès lors que Pulp Fiction a été si peu honoré, comme le fantasme lesbien de Black Swan ? Que le traumatisme d’un roi anglais puisse dégommer The Social Network, le film sur Facebook ?

Une bonne dose de testostéroneLes Oscars se déroulent en terre de Country for Old Men avec un accent sur Men. Le cas de Mère Dolores est de ce point de vue une exception. 77 % des membres sont des hommes. Des hommes blancs pour être plus précis. Les Noirs ne représentent que 2 % du groupe et les Hispaniques encore moins. On ne sera donc pas surpris que le thème récurrent du meilleur film aux Oscars tourne autour de l’histoire d’un homme, de type cauca-sien. Généralement un individu excep-tionnel aux prises avec des forces exté-rieures contre lesquelles il s’affirme et se révèle pour l’emporter à la fin, au moins au niveau moral. Des exemples ? Rocky, The Artist, Million Dollar Baby, Un homme d’exception, Gladiator, Le discours d’un roi, La liste de Schindler, Danse avec les loups, Braveheart, American Beauty. Vous en voulez encore ? Kramer contre Kramer, Démineurs, Platoon, Shakespeare in Love, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Forrest

Gump, Les Infiltrés… On a parfois droit à des variantes. Dans Slumdog Millionaire et dans Gandhi, la couleur de peau change. Dans Le silence des agneaux et Titanic, le sexe diffère. Mais une Clarice sans son Hannibal ou une Rose sans son Jack existeraient-elles ? Dans Amadeus ou dans Rain Man, deux hommes se partagent le thème récurrent, trois dans Traffic et une pléiade dans Le retour du Roi. Dans No Country For Old Men, l’odyssée des testostérones connaît une fin désastreuse.

La formule utilisée en 1961 dans La Lame nue a lancé la marche vers l’Oscar. Une recette qui peut être encore affinée. La brutalité passe mal auprès de nos papys, si celle-ci n’est pas justifiée par une fin plus noble. La nudité encore moins. En général, les films lauréats sont destinés au grand public. Le film anglais Shame (2011) primé aux festivals et encensé par la critique n’aurait jamais dû espérer être nominé, chose qu’il n’a d’ailleurs pas obtenue. Comme dans tout conserva-tisme, il n’y a pas de place pour le réac-tionnaire. Une moyenne d’âge de 62 ans signifie que les membres sont de la géné-ration hippie et ont commencé leur carrière cinéma dans les années 70, à une époque où le cinéma hollywoodien pro-duisait les films les plus osés et les plus progressistes de son histoire. Il était éclai-ré, original et socialement engagé. Une étiquette que la plupart des exemples cités peuvent revendiquer. Mais gare à ne pas en faire trop. Des cow-boys homosexuels, ça ne passe pas du tout. Brokeback Mountain en sait quelque chose. Il faut en effet tenir compte des « mangeurs de steaks », un terme qui désigne les techni-ciens et artisans du cinéma dont la culture est machiste et partagée par un nombre important de membres de l’Académie.

Une fois l’axe narratif établi, il ne faut pas donner dans la fausse modestie. Un film susceptible de gagner aux Oscars doit se prendre au sérieux et l’affirmer. Cela explique pourquoi une comédie n’a pratiquement aucune chance. « Il faut un drame et il doit être de taille », témoigne Wolfgang Petersen, premier Allemand depuis 1947 à être nommé en 1981 dans la catégorie meilleure mise en scène pour Le bateau. La taille du drame concerne aussi la durée du film. Des épopées lon-gues de plus de deux heures sont appré-ciées aux Oscars, sans pour autant être un must comme le prouvent The Artist et ses cent minutes. Bien sûr, la durée ne suffit pas.

Un autre coup d’œil sur la composition des membres montre que 21 % des vo-tants sont des acteurs, 1 205 précisément.

Et il faut les pourvoir en rôles d’excep-tion : « Une performance d’acteur marque les gens. Cela permet de construire tout un film autour de celle-ci », explique en bonne connaisseuse Robin Swicord, membre de l’Académie et nominée en 2009 pour la meilleure adaptation avec L’étrange histoire de Benjamin Button. Que les « meilleurs films » décrochent aussi un Oscar du meilleur acteur n’est pas non plus le fait du hasard. C’est le cas de seize des vingt-cinq films cités ci-dessus. Pour les créatures d’Avatar, le combat était en revanche perdu d’avance. D’autant plus que James Cameron avait bafoué la reine des actrices, Meryl Streep, à l’occasion d’une cérémonie.

Salutaire divinitéNous le répétons, l’élément le plus impor-tant est une histoire d’hommes avec une trame dramatique susceptible de toucher la sensibilité des votants et leur deman-dant une bonne dose de patience. Une fois ces prérequis réunis, une prière de Mère Dolores ne fait pas de mal. Mais sans un minimum de qualité, cela ne marche pas. Et vouloir faire un bon film équivaut à vouloir « mettre un éclair en bouteille », comme le dit Akiva Goldsman, le scénariste primé d’Un homme d’excep-tion. Ou pour citer Keira Knightley pres-sentie cette année pour une deuxième nomination grâce à son jeu dans Anna Karenine : « Je l’ai vécu tellement souvent.

21 % des membres de l’Académie sont des comédiens. Il y a une religieuse.

QUI VOTE ?

L’Oscar 2013 du meilleur film est attribué à…Trois longs-métrages arrivent en tête de liste : Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, Argo de Ben Affleck et le biopic Lincoln signé Steven Spielberg.

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Vous avez le meilleur scénario, le meilleur metteur en scène, le meilleur de tout mais les choses ne se goupillent pas comme il faut. » Est-ce à dire que tout est affaire de hasard ? L’œuvre de Dieu ?

Les exemples de flops produits par l’as-sociation de grosses pointures sont légion et inversement, des metteurs en scène et des scénaristes peu expérimentés raflent régulièrement la statuette. À l’instar des réalisateurs novices, Kevin Costner et Mel Gibson. Avant American Beauty, Sam Mendes était metteur en scène de théâtre, Le discours d’un roi était le premier véri-table long-métrage de Tom Hooper. Dans la même veine, Michel Hazanavicius a éclipsé un Alfred Hitchcock ou un Stanley Kubrick. Le Français a reçu l’Oscar du meilleur réalisateur pour The Artist, les deux autres sont morts bredouilles. Martin Scorsese, nominé à cinq reprises, avait en-fin remporté en 2007 sa première statuette pour Les Infiltrés. Il n’avait guère pris cela au sérieux : « Après les Oscars, mon agent n’arrêtait pas de m’appeler pour me dire : Tu es au courant que Les Infiltrés a gagné ? On s’est beaucoup marrés. »

Le Roi HarveyHarvey Weinstein. Même ses adversaires les plus acharnés reconnaissent qu’il sait mieux que quiconque faire campagne. Les films produits par son ancienne com-pagnie Miramax totalisent 249 nomina-tions et soixante victoires aux Oscars.

Dont trois pour le meilleur film. Ces dernières années, il a gardé la main avec Le discours d’un roi et The Artist. Cela tient pour une part à son flair mais aussi à sa lutte infatigable pour gagner chaque votant. Il va jusqu’à appeler les membres de l’Académie chez eux pour s’assurer qu’ils ont bien vu ses films. Et pour cela, il dépense et se dépense sans compter : mai-lings, annonces publicitaires, projections et soirées. Il aurait investi quinze millions de dollars (soit plus de onze millions d’euros) pour permettre à Shakespeare in Love d’atteindre la plus haute marche en éclipsant des favoris comme Le Soldat Ryan. Il faut compter en moyenne un bud-get communication de deux millions de dollars (soit un million et demi d’euros) pour une nomination. Si vous ne disposez pas d’un Harvey Weinstein dans vos rangs, vous pouvez toujours vous inspirer des producteurs du petit film Les Démi-

neurs qui avaient mené avec succès une campagne à la David contre Goliath face au gigantesque Avatar en 2010.

Bien sûr, il y a les ceux qui font la moue. « Les Oscars sont devenus un concours de popularité », selon le vétéran Mike Medavoy, responsable de studios impliqués dans des films comme Rocky ou Le silence des agneaux, et lui-même nomi-né trois fois en tant que producteur pour le meilleur film. « C’est une véritable cam-pagne électorale où il faut serrer les mains et poser pour la photo. » George Clooney le concède : « Je me suis senti sali après coup. » Mais pour le lauréat, cela est rentable. Une nomination dans la catégo-rie du meilleur film booste les entrées de 22,2 %, auxquels s’ajoutent 15,3 % sup-plémentaires en cas de victoire. Par contre, ce prix recèle en lui une décep-tion : l’éclat des Oscars se conserve mal. « Chez moi, elles prennent la poussière », reconnaît Meryl Streep à propos de ses trois statuettes. « J’ai dû l’emballer pour qu’elle ne rouille pas à cause de l’air marin », se souvient Halle Berry. Dustin Hoffman semble leur avoir trouvé une utilité, sensuelle qui plus est : « Toutes les nuits, je me couche avec mes deux Oscars. Je leur fais des mamours. Cela ne pose aucun problème : elles sont asexuées et ma femme n’a rien contre. » Mère Dolores n’en dirait pas autant mais elle n’a jamais eu de statuette.Plus sur www.oscars.org

« C’est une véritable campagne électorale où il faut serrer des mains et poser pour la photo »

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77 % sont des hommes blancs. Il n’y a que 2 % d’Afro-Américains. 14 % d’entre eux ont moins de 50 ans.

La moyenne d’âge monte à 62 ans.

5 783 membres de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences délivreront les statuettes dorées le 24 février prochain. Larmes et cris de joie seront au rendez-vous.

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Jouer avec le feuGeoff Mackley consacre sa vie à filmer les catastrophes naturelles. En août dernier, le Néo-Zélandais est venu poser à quelques mètres de la lave du mont Marum, un cratère actif de l’archipel volcanique du Vanuatu. Chaud devant.Texte : Robert Tighe Photos : Bradley Ambrose

Passion brûlante. Nathan Berg, l’assis-tant de Geoff Mackley, contemple le lac de lave du mont Marum situé sur l’île d’Ambrym (archipel du Vanuatu).

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repartir sans rien voir. Du coup, j’ai suffi-samment appris pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Au début, on a connu des soucis avec l’équipement et les tentes, c’est pourquoi on utilise aujourd’hui du matériel de haute technologie. Mais les problèmes ont été souvent causés par les membres de l’expédition. »

L’été dernier, Mackley est accompagné de Bradley Ambrose et de Nathan Berg, deux compatriotes néo-zélandais, et du cinéaste américain Rui Cavender. Ambrose, un cameraman free-lance, a connu Mackley il y a quelques années à l’occasion d’un reportage sur un accident

ette question n’a cessé de hanter l’esprit de Geoff Mackley tout au long des dix dernières années : « Que ressent-on face au lac de lave du mont Marum ? » Depuis le 10 août dernier, il a la réponse. « Ça ressemble à la surface du soleil, crie-t-il dans sa radio à Bradley Ambrose qui filme la scène cent mètres plus haut, appuyé sur un éperon rocheux. C’est comme dans mes rêves les plus fous. » Et pourtant, le volcan Marum niché sur l’île d’Ambrym de l’archipel du Vanuatu et perdu dans l’océan Pacifique sud a tout pour faire reculer les plus téméraires. Il a la particu-larité d’abriter au fond de son cratère des lacs de lave régulièrement en activité. Depuis 1997, Mackley a dépensé près de 350 000 euros en expéditions sur l’île pour rallier la rive du lac en fusion après avoir descendu en rappel une paroi verti-cale de 400 mètres.

« J’ai dû m’y rendre treize ou quatorze fois, compte Mackley mais les prises de vue en bas, ça fait quinze ans que je les avais en tête. Dans les premiers voyages, on avait l’habitude de transporter tout notre matériel jusqu’au sommet du cra-tère et, à cause de la pluie, on restait sous les tentes pendant des semaines avant de

Bradley Ambrose, un des cameramen : « Nathan descend la falaise, habillé d’une combinaison ignifugée et d’un masque respiratoire. Il nous a aidés à tester tout le matériel et savait quoi faire en cas d’urgence. »

routier. Depuis, ils travaillent ensemble. Quant à Berg, il était plongeur dans un bar lorsqu’Ambrose, le beau-père de son meilleur ami, lui propose de rejoindre l’équipe. L’adolescent de 18 ans, qui n’a jamais quitté son île, saute sur l’occasion. « Je ne leur coûte pas très cher, rigole-t-il. En plus, je suis en forme, je bosse à fond et je fais ce qu’on me dit. » Les trois Kiwis arrivent à Port-Vila, la capitale du Vanua-tu, dans les derniers jours de juin avant que Cavender ne les rejoigne une semaine plus tard.

Les caprices de la météo et la perte d’une partie des équipements indispen-

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sables les privent jusqu’à mi-juillet de l’hélicoptère préposé au transport de la tonne et demie de matériel au sommet du volcan. Aussi pesante que la pression qui les accompagne pour réussir la mission. « Lors de mon dernier séjour, il y a deux ans, on avait réussi à tourner de bonnes images, glisse Mackley, dont les camera-men étaient alors des alpinistes qui ont pu descendre à 50 mètres du lac. » Le Néo-Zélandais poursuit : « La seule façon de faire mieux, c’était d’aller au bord de la lave. » Depuis ses débuts comme reporter d’images il y a vingt ans, Mackley adore filmer l’action au plus près. À l’époque, les incendies et les accidents de la route jon-chaient son quotidien, jusqu’en 1995 et l’éruption d’un volcan de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, le Ruapehu. Il file là-bas avec sa caméra et progresse dans la neige pendant cinq heures pour se rap-procher du cratère fumant. Ses images font le tour du monde. Une société de production anglaise lui achète quinze mi-nutes de son reportage au tarif de quinze euros la seconde ! Au total, il empoche 13 500 euros. Le prix de son audace. C’est le déclic. Sa carrière prend une nouvelle direction, il va parcourir le monde en quête de reportages, là où se trouvent l’événement et le danger. Il ramène des États-Unis des images de tornades, cap-ture le tsunami qui a inondé la ville thaï-landaise de Phuket et ravagé l’océan Indien en décembre 2004 ou encore couvre la guerre en Afghanistan. Mais les volcans restent sa passion.

La chaîne américaine Discovery Chan-nel lui commande une série de reportages sur le sujet. Son nom : Volcano Detectives. Pour le tournage, Mackley approche l’un des volcans les plus actifs au monde, le mont Yasur sur l’île Tanna du Vanuatu. Lors de ce séjour, les habitants lui ré-vèlent l’existence d’un lac de lave im-mense sur l’île d’Ambrym. « Mes accompa-gnateurs disaient que c’était faux, raconte Mackley. Que s’il y avait un lac de lave,

Dans la brume : « Les drapeaux de la Nouvelle-Zélande et du Vanuatu flottent sur le campement, note Ambrose. On aperçoit au fond le nuage de gaz toxiques qui vient vers nous. »

« C’EST COMME DANS MES RÊVES LES PLUS FOUS »

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Ambrose, ici à droite : « Nous nous apprê-tons à descendre dans le cratère avec Geoff. Nous portons des masques à gaz et des visières à l’épreuve de la chaleur. Ils protègent nos yeux des pluies acides. »

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tout le monde le saurait et que ce serait devenu une attraction touristique. Tout de suite, j’ai voulu en avoir le cœur net. »

Le Néo-Zélandais n’a pas les moyens de louer un hélicoptère, il effectue à pied les 1 334 mètres d’ascension du mont Marum. Il en atteint le sommet et découvre, déçu, qu’un récent tremblement de terre a ense-veli la lave sous les rochers. Mackley dé-taille : « On n’apercevait plus que quelques panaches de fumée sortant de la roche. » Mais, quelques mois plus tard, il apprend que la lave est réapparue à l’air libre. Il décide de retourner sur place. « C’est sûr qu’elle était là, au fond d’un énorme trou. La météo était terrible et je savais qu’on risquait de ne l’apercevoir que quelques secondes entre deux averses. Mais je voulais descendre la voir. Je savais ce qui m’attendait, à quel point ce serait dur d’y aller et de descendre. J’étais accompagné de guides d’Ambrym qui avaient l’expé-rience d’expéditions dans l’Everest, on est arrivés là-haut mais au dernier moment, ils m’ont dit : “Pas question de descendre là-dedans.” Je ne pensais pas qu’ils refuse-raient si près du but. »

Beaucoup d’autres lacs de lave existent dans le monde, mais d’après Mackley « ils sont dangereusement instables ». Alors que le niveau de la masse rocheuse en fusion du mont Marum, qui peut dé-passer 1 250 °C, est toujours resté stable depuis que Mackley s’y rend. Il précise : « Le lac de Marum n’est pas éruptif. La pression se libère régulièrement. Dans la plupart des cas, il faut éviter de s’ap-procher trop près de la lave, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. » Dès lors, comment peut-il deviner les réactions des entrailles du Marum ? « Je ne sais pas vraiment, admet-il, mais c’est facile de regarder jusqu’où la lave est montée récemment. Si je descends plus bas que ce niveau, là oui, c’est risqué. »

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u début de l’été, Mackley établit son

campement sur la plaine de cendres au sommet du volcan, dans un endroit déser-tique. Non loin du camp, depuis une étroite crête rocheuse il peut apercevoir le lac incandescent, situé 400 mètres plus bas. Même à cette distance, le chaudron de lave de presque 200 mètres de dia-mètre – la taille de deux terrains de foot-ball – dégage une lueur intense. « C’est fascinant, souffle Ambrose. On dirait une PH

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« S’IL Y AVAIT UN LAC DE LAVE ICI, TOUT LE MONDE LE SAURAIT. CE SERAIT DEVENU UNE ATTRACTION TOURISTIQUE »

créature vivante. » Leur camp de base compte sept tentes : une pour chaque membre de l’équipe, une pour les réu-nions, une pour le guide et le générateur électrique et un abri où l’on peut cuisiner, regarder des films et se remonter le moral quand la météo gâche tout. L’altitude, la chaleur et les émanations de gaz toxiques du volcan perturbent la météo en perma-nence. « Il a dû faire beau et ensoleillé pendant seulement cinq jours depuis qu’on est là, râle Bradley Ambrose. On a l’impression de vivre dans un nuage. » Mackley poursuit : « Le ciel aurait dû être dégagé mais il a plu à grosses gouttes au sommet du volcan. Si on avait eu un temps clément, une semaine nous aurait suffi. »

L

e mauvais temps a aussi un impact sur le budget

de l’expédition qui a enflé « de plus de 30 000 euros », selon Mackley. Le séjour sur le volcan ne devait pas aller au-delà de trois semaines, il va dépasser trente-huit jours. Ce qui signifie plus de fourni-tures, de rotations d’hélicoptère. Sans oublier l’argent versé aux habitants du vil-lage voisin de Ranvetlam. « On aurait pu laisser l’hélicoptère là-haut, près du camp, et ne rien dépenser mais cela aurait été stupide, concède Geoff Mackley. Sur une île, on est à l’écart de tout, entourés de gens pour qui on est une source de revenus. On a passé un accord avec le village qui nous a fourni des guides. Ce ne sont pas vraiment des guides mais c’est un deal pour que tout se passe bien. Sur l’île, ces gars-là ont des armes et des machettes. »

Lors de ses voyages précédents, Mackley avait passé un accord avec le village de Lalinda, perché sur le versant opposé du volcan. Les relations avaient fini par se dégrader car les villageois exi-geaient une rançon de plusieurs centaines de dollars en échange de la restitution du matériel qu’ils avaient volé à l’équipe. L’un d’eux avait frappé le pilote de Mackley avant de menacer de tirer sur son appareil s’il survolait le village. Sur l’île d’Ambrym, la vraie menace reste le volcan, bien plus dangereux que la colère de quelques villa-geois. « Tout ce qui se passe là-haut peut nous tuer lentement, précise Mackley. Parfois la nuit, nous sommes obligés d’enfiler un masque à gaz pour éviter d’être asphyxiés dans notre sommeil,

Irrespirable : « Les nuages de gaz passaient la plupart du temps au large du camp, précise Ambrose. Mais, cette fois, Nathan s’est fait surprendre sans son masque. » Descente aux enfers (ci-dessus) : « Le lac de lave au sommet du cratère du Marum. »

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Volcan Marum

Plaine de cendres

comme le vent peut rabattre sur le camp les gaz toxiques du cratère. Aussi, l’hydro-gène sulfuré et le dioxyde de soufre qui s’échappent dans l’air forment des pluies acides qui peuvent brûler notre peau. Les habitants de l’île disent que le Marum est « l’entrée de l’enfer ». Mackley est d’ac-cord : « Il y a des moments où je me de-mande ce que je fais là. » Jusqu’à présent, les grosses pluies et la mauvaise visibilité ont empêché les membres de l’expédition de commencer à escalader et à filmer.

À la première amélioration, ils ins-tallent dare-dare les cordes et les pitons pour préparer le chemin que Mackley, Ambrose et le matériel de tournage descendront à flanc de paroi. Mackley est le premier à s’élancer, il progresse le long de la corde de 200 mètres. Juste avant d’être à bout de corde, il se pose sur une plateforme, large d’une dizaine de mètres. Un répit pour préparer la seconde partie de la descente. Ambrose rejoint Mackley promptement. Tout comme les caméras suspendues au bout d’une autre corde. La descente finale attendra, le temps se gâte à nouveau. La tentative est reportée. Pendant près de deux semaines, la pluie ne s’arrête pas. Tout le monde reste à l’abri sous les tentes. Démoralisant.

Au 45e jour de l’expédition, la chance tourne enfin. Le 10 août, Mackley profite d’une éclaircie pour une nouvelle tenta-tive. Après deux heures de descente, il atteint le fond du cratère et marche sur une cinquantaine de mètres au pied de la falaise, à seulement trente mètres au-des-sus de la surface bouillonnante de lave. Vêtu d’un T-shirt et d’un pantalon cargo, il ne reste que cinq ou six secondes à l’observer avant de battre en retraite en raison de la chaleur insoutenable. « Je ne

m’attendais pas à aller si loin, reconnaît-il, mais après quinze années de tentatives, il était hors de question de ne pas le faire alors que j’étais arrivé en bas. » Le lende-main, la météo est à nouveau conciliante, Mackley a revêtu une combinaison ignifu-gée et un masque respiratoire. Cette fois, il reste quarante-cinq minutes au bord de la lave à observer le bouillonnement du magma rouge-orangé brillant. Le repor-tage de Mackley et de son équipe a été vu plus de deux millions de fois dans les jours qui ont suivi sa mise en ligne sur le Web. Depuis, le Néo-Zélandais a été approché par la BBC et des chaînes co-réennes et japonaises voudraient se rendre avec lui sur l’île d’Ambrym pour tourner de nouveaux reportages.

« À ce moment-là, je planais, se rap-pelle Mackley à l’évocation de ces mi-nutes d’émerveillement venues ponctuer des années de patience. Quand je suis ar-rivé tout en bas, j’étais si épuisé et déshy-draté que je ne pensais à rien. » Et ce bruit ! « C’est le même vacarme qu’un océan en furie puissance 10. Je suis resté là jusqu’à ce que je commence à manquer d’air. Je ne voulais pas partir tant ce spectacle était fascinant. »Plus sur www.geoffmackley.com

AMBRYM C’EST OÙ ?

10 miles

10 km

« Nathan est à cinq mètres du sommet, raconte Ambrose. La lueur orange vient du lac de lave, 400 mètres plus bas. » Geoff, Rui et Nathan remplissent un gros sac de sable pour arrimer les cordes de rappel. Dans cette plaine de cendres désertique, il n’y a rien pour les attacher (à droite).

« IL FAUT ÉVITER DE TROP S’APPROCHER. ON NE SAIT JAMAIS CE QU’IL PEUT SE PASSER »

Située à environ 2 500 km au nord-est des côtes austra-liennes, Ambrym est une île volcanique de l’archipel du Vanuatu, appelé autrefoisNouvelles-Hébrides.

Archipel du Vanuatu

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Les états de grande dépression, John Kirwan connaît. Dans un livre qui a fait un tabac en librairie, All Blacks Don’t Cry, l’ancien prodigieux trois-quarts aile, champion du monde 87, a raconté son long combat contre cette maladie. Sans le dire, les Auckland Blues traversent une période de déprime profonde depuis plusieurs années et la saison dernière a poussé vers le lugubre. Elle restera comme la pire de toute l’histoire de la franchise d’Auckland avec, en point d’orgue, une série de sept défaites consécutives et le départ à l’intersaison de deux stars vers des contrées plus conquérantes : le centre Ma’a Nonu et le pilier gauche Tony Woodcock, incontournables leaders du quinze kiwi. Du coup, les supporters des Bleus de l’Eden Park ont fui le stade où s’est construit le mythe All Blacks. Mais Kirwan s’estime armé pour mener les prochains combats : faire renouer les siens avec le succès et faire revenir les gens au stade. « Quand je suis revenu d’Italie (il a coaché la sélection de 2002

John Kirwan, la légende du rugby néo-zélandais, a accepté une mission compliquée. Le nouveau coach des Auckland Blues doit remettre sur pied une équipe malade et victime du désamour de ses supporters.

A LE BLUESKirwanTexte : Robert Tighe

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à 2005, ndlr), j’ai revu pas mal de choses à la télé sur les Blues. Je suis passionné par cette équipe, mordu de cette région et de cette ville. Nous vivons dans la plus grande ville rugbystique au monde, nous avons le plus grand stade du pays, et tous ces gens méritent une très grande équipe. Il n’est pas possible de jouer dans ce stade de légende sans 50 000 personnes autour de nous. »

Le défi est énorme. Kirwan le sait. Il devra composer avec un effectif disparate, fait de cireurs de banc, de recrues mé-diocres et de trois stars vieillissantes : Keven Mealamu, Ali Williams et Piri Weepu. Même avec ces trois noms estam-pillés All Black, passer devant le Hall of Fame de la franchise, dans les entrailles du stade, laisse un arrière-goût bizarre.

S’y côtoient les photos de l’immense Carlos Spencer, un des demis d’ouverture les plus géniaux, Nick Evans ou encore l’actuel Toulousain Luke McAlister. Mais, Kirwan n’a pas peur : « Ce genre de joueurs va naître spontanément si nous développons tout notre potentiel. Nous devons créer la prochaine génération, je pense sincèrement qu’il y a, dans mon effectif, deux ou trois joueurs qui ont la capacité de devenir des superstars. Mais, avant tout, il faut sauver le bateau des eaux, redorer notre blason cette année, reconquérir le respect. Et, pour ça, il va falloir aller au charbon. » Sur les trente-deux joueurs sous contrat, seize sont des nouveaux venus et onze n’ont aucune expérience du Super XV. La moyenne d’âge est de vingt-trois ans. Kirwan as-sume : « Je sais que j’ai pris de bonnes décisions sur le recrutement, mais aussi de mauvaises. Mais un jeune joueur de rugby, c’est comme un cheval. On peut le regarder pendant des heures mais tant qu’on n’a pas sauté avec, on ne sait pas ce qu’il a dans le ventre. Ce qui est sûr, c’est que nous avons choisi ces jeunes joueurs en pariant qu’ils seraient les Nonu ou Woodcock de demain. »

Le manque de puissance charisma-tique, sur la pelouse, se compense chez les Blues par le staff, étincelant, qui en-toure Kirwan. Wayne Shelford, troisième ligne centre de légende chez les Blacks, dont il fut capitaine, mais aussi Eric Rush, Michael Jones, tueur d’attaques qui ne jouait jamais le dimanche du fait de sa religiosité, Gus Collins et Craig Innes sont autant d’amis et d’anciens équipiers venus soutenir leur pote dans son entreprise de redressement productif. Le ralliement le plus surprenant est celui de Shelford, qui avait raffûté la venue de Kirwan. Il esti-mait que l’expérience internationale du All Black blond, ancien sélectionneur de l’Italie et du Japon (2007-2011) ne repré-sentait pas une garantie suffisante. « Buck n’avait pas tort sur tout, affirme Kirwan. Quand j’ai passé l’entretien, je savais que mon CV présentait des faiblesses. C’est pourquoi j’ai proposé aux dirigeants de monter autour de moi la plus formidable équipe de coaches. » Mais ce n’est

« Le rugby ne s’analyse pas. J’aime juste jouer à ce jeu »

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SIR JOHN KIRWANDate et lieu de naissance 16 déc. 1964 à Auckland

Mémorable Il a inscrit 35 essais en 63 rencontres internationales. Kirwan a notamment dégainé lors du match d’ouverture de la première Coupe du monde de rugby, le 22 mai 1987, en passant en revue neuf Italiens.

Passions « J’ai besoin de nourrir mon esprit. Je lis, je surfe, je nage. J’ai commencé la guitare et, bien que ça ressemble encore à des cris de chat, j’aime ça. »

L’ancien ailier All Black a entraîné les sélections de l’Italie et du Japon (ci-dessous).

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qu’après avoir décroché le job que Kirwan a pu obtenir l’accord de Graham Henry. L’entraîneur des Blacks champions du monde 2011 est conseiller technique, en charge de la défense des joueurs d’Auckland, et mentor. De Kirwan ? Peut-être mais la prise est assurément jolie.

Henry pourrait aider à chasser cette idée préconçue, toujours en circulation, que les grands joueurs font rarement de grands entraîneurs. Dans son autobiogra-phie intitulée Running on Instinct, l’ailier avait écrit : « Pour moi, le rugby ne s’ana-lyse pas. Il n’a pas à être débattu ni dépe-cé. J’aime juste jouer à ce jeu. Mon boulot, c’est d’aider ces jeunes hommes à donner le meilleur de ce qu’ils ont, en les prépa-rant mentalement et physiquement. Et, pour cela, il faut recréer le climat de

pression d’un match tous les jours à l’en-traînement. » Compte tenu de tout ce qui a été dit et écrit sur son prédécesseur, Pat Lam, John Kirwan sait à quoi s’attendre : son inexpérience du Super XV va le soumettre inévitablement au feu des cri-tiques. Dans All Blacks Don’t Cry, il avait expliqué que sa dépression s’était nourrie de la peur de l’échec. « C’était ma plus grande crainte, rappelle-t-il aujourd’hui avant d’affirmer que l’idée d’échouer avec les Blues ne l’effraie pas. Ces émotions ne font plus partie de ma vie. Oui, je veux réussir, oui, je sais qu’il va y avoir des obstacles, mais je n’en ai pas peur. »

Il dut bien y avoir des moments où, au cours des six derniers mois, il s’est dit qu’il ferait mieux de retourner dans sa maison, en Italie. « Un de mes amis ita-liens m’a demandé s’il était bien normal de quitter une maison vénitienne pour retourner en Nouvelle-Zélande. Le rugby m’a offert une vie, il m’a tout donné. Avec les Blues, on est toujours en lune de miel puisqu’on n’a pas encore disputé de match. J’exerce le plus beau métier au monde, je fais ce que j’aime. J’ai vu ce qui grippe la mécanique. Quand tout ça sera réglé, je pense que nous aurons de bons résultats. » Le premier match de la saison se rapproche : un déplacement le 23 fé-vrier chez les Hurricanes. Ensuite, les Crusaders viendront à l’Eden Park, juste avant les Bulls, puis des voyages vers les Waratahs australiens et à Hamilton pour affronter la franchise néo-zélandaise des Chiefs, tenante du titre. Sans surprise, Kirwan est réticent à donner des pronos-tics. « Ce serait comme me tirer une balle dans le pied. Mais la vraie victoire reste de faire revenir les supporters au stade. À moi de composer une équipe qui saurait se faire aimer. »

Soudain, il raconte une histoire. Un jour, au volant de sa voiture, Kirwan croise un travesti de 1,80 mètre. « Quand je l’ai vu, je me suis dit que j’aurais gagné mon pari quand tous les styles de person-nes qui fourmillent dans cette ville auront envie de venir nous voir. Autrement dit, quand tout le monde se libérera pour un match des Blues. »Plus sur www.superrugby.co.nz

« J’exerce le plus beau métier au monde, je fais ce que j’aime »

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Ancien coach assis-tant des Blues en 2001, JK est promu entraîneur en chef en juillet dernier. Visible-ment, il sait s’entou-rer. Pour attaquer sa première saison de Super XV, Kirwan s’est attaché les services de Graham Henry (1). Mais pas que... L’an-cien sélectionneur des Blacks champions du monde 2011 travaillera aux côtés de Mick Byrne, en charge des avants et du jeu au pied, et de Grant Doorey, patron des lignes arrières et du travail technique. Kirwan a aussi fait appel à l’expérience et au sens tactique d’an-ciens internationaux : le troisième ligne centre Wayne Shelford (2), le flanker Michael Jones et ses 55 caps (3), la légende du rugby à sept Eric Rush (4), le trois-quarts aile ou centre Craig Innes (5), Gus Collins (6) et le centre Joe Stanley (7). Ce kaléidoscope de génie est une bénédiction pour Kirwan. Tous ont aussi une expérience unique en Super XV.

Kirwan aime bien le Bleu. Ici, celui de l’Italie (2002-2005).

LES HOMMES DE L’OMBRE

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Dans la fournaise d’une nuit carioca, le Français Mounir Biba a remporté, en décembre dernier, la fi nale de Red Bull BC One, le championnat du monde de breakdance. Reportage à Rio de Janeiro sur cet exploit d’envergure.Texte : Cassio Cortes

MOUNIR SUR LE TOIT DU MONDE

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Mounir décolle. Vicious Victor, Lil Zoo, le prodige japonais Issei,

Sunni et le régional de l’étape, Klesio affûtent leurs armes

(de gauche à droite en médaillon).

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mais ça ira mieux dès que mon corps sera chaud. » À 30 ans, il vient chercher à Rio un doublé inédit : « Je veux être le premier à remporter le titre deux années d’affilée. Quelques-uns des anciens champions s’estiment au-dessus de ça parce qu’ils ont remporté une fois la ceinture mondiale. Pas moi. Je n’ai pas peur de redescendre dans l’arène et de faire face une nouvelle fois à la concurrence. »

Ils sont quinze, déterminés à Iui piquer sa ceinture mondiale. À commencer par Klesio, le seul Brésilien de la finale. Quelques mois plus tôt à Mexico City, il a gagné sa place en triomphant lors des qualifications sud-américaines. À l’opposé de Roxrite, trapu et musclé, Klesio, 22 ans, est un athlète longiligne qui vient des quartiers pauvres de la banlieue de Brasília. Pour qui ne connaît rien au breakdance, le frêle gamin semble n’avoir aucune chance face à la puissance muscu-laire d’un athlète comme Roxrite, au cours d’un match qui exige une incroyable débauche d’énergie. Or, la classe de Klesio saute aux yeux dès les premiers rythmes puissants des musiciens de samba. « Tous les gamins brésiliens grandissent en dansant là-dessus, précise Klesio. C’est ça qui me procure le plaisir de breaker et qui définit mon style. »

Comme lui, cinq autres danseurs ont dû passer par le marathon des qualifications continentales au long de l’année 2012 pour gagner leur ticket pour Rio. Plus de mille breakdancers engagés, soixante cyphers partout dans le monde, six finales de zones et une poignée d’élus. Le Maro-cain Lil Zoo s’est imposé dans la zone Afrique et Moyen-Orient. Le Coréen Shor-ty Force a triomphé en Asie Pacifique, le Bulgare Slav en a fait de même en Europe de l’Est et DOMkey est sorti vainqueur des qualifications de la zone nord-américaine. À ce quintet, il faut ajouter Mounir Biba. Après deux échecs en 2008 et 2011, le danseur angevin membre du Vagabond Crew a remporté le cypher français, tenu à Lille en avril dernier, puis les éliminatoires de la zone Europe de l’Ouest à Rotterdam. Sélectionnés par un jury d’experts pour compléter le Top 16 de cette finale, neuf autres B-Boys de l’élite mondiale du breakdance visent la suprême ceinture : Hill (Mexique), Arex (Colombie), Sunni (Grande-Bretagne), Issei (Japon), Differ (Corée du sud), ExacT (Russie), Vicious Victor et Kid David (USA). Junior, la légende française de retour à ce niveau sept ans après sa dernière apparition où il avait gagné son surnom, « l’extra-terrestre », a hâte d’en découdre (retrouvez le reportage que nous lui avons consacré en septembre dernier sur l’appli tablettes).

ci, on l’appelle le Labyrinthe, un bâtiment droit comme un I et planté au sommet de la favela Tavares Bastos, au milieu des quartiers sud de Rio de Janeiro. Depuis quinze ans, il appartient à un ancien correspondant de la BBC au Brésil, qui a transformé l’immeuble en un bar-hôtel déjanté après être tombé amoureux de Rio et de cette favela où il a rencontré sa future femme. Parvenus enfin au sommet du dédale d’escaliers dans les entrailles du Labyrinthe, on sort à l’air libre pour prendre le spectacle en pleine figure. Irréel dans un tel lieu.

IVingt-quatre musiciens de samba

tapent comme des dingues sur leurs percussions, flanqués de quatre superbes danseuses. Au milieu du décor, seize des meilleurs breakdancers de la planète se déhanchent sur un minuscule terrain de foot en ciment entouré d’immenses immeubles, si tassés les uns contre les autres qu’ils semblent monter jusqu’au ciel. Le site est aussi surprenant que la vue sur le Pain de Sucre que l’on découvre depuis la cime de l’immeuble. Avant la finale de Red Bull BC One, on ne pouvait rêver d’un plus bel endroit pour découvrir l’ambiance de la cité carioca.

On rejoint les stars de l’imminent show du soir qui dansent et suent sous un impi-toyable soleil pour honorer les toutes dernières exhibitions. Les cloques appa-rues sur les mains des B-Boys après leurs passages sur le ciment brûlant en témoignent. Malgré les 40 °C à l’ombre et un taux d’humidité proche de 80 %, l’Américain Roxrite, tenant du titre, porte une veste en nylon sur sa large chemise. Un choix vestimentaire rembourré dont il explique aussitôt la raison : « Une douleur musculaire me lance dans le bas du dos

Les seize finalistes de Red Bull BC One ont chauffé le bitume de Copacabana.

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Fermée en 1976 et reconvertie en centre culturel au début des années 90, une ancienne fonderie du XIXe siècle, la Fundição Progresso, est l’arène de l’affron-tement final. Le passé industriel du lieu où l’on y transformait la fonte est idoine pour offrir une chaude ambiance. Sans air conditionné. L’arène de trois mille places, spécialement aménagée pour la finale de BC One autour du « ring » de danse, ajoute à l’atmosphère étouffante. « Comme chaque personne dégage 80 watts de chaleur par heure, explique Hello Haas, le directeur de la production de Red Bull BC One, je vous laisse faire le calcul. Vous avez intérêt à boire beaucoup d’eau. »

Le public vient de partout. Dès 8 heures du matin, soit douze heures avant le début du show retransmis en direct à la télévision dans dix pays – dont le Brésil et partout dans le monde en streaming sur www.redbullbcone.com – un groupe d’ados qui agite le drapeau de l’État d’Amazonie, distant de 4 000 kilo-mètres de Rio, est déjà posté devant l’entrée. À 17 heures, le mercure, qui

Breaking bad : dans le quart de finale qui l’oppose à Mounir, le Brésilien Klesio (ci-dessus) ne peut rien face aux moves du futur vainqueur.

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flirtait avec les 42 °C en début d’après- midi, commence tout juste à retomber quand les juges arrivent sur place. Rien que du beau monde avec Neguin, le héros local champion 2010, aujourd’hui danseur aux côtés de Madonna, et d’autres stars du breakdance comme Storm, Taisuke, Moy et Niek. « J’ai prévenu les autres juges : Attendez-vous à découvrir une ambiance comme jamais vous n’en avez connu », glisse Neguin en entrant dans la salle. Il est 19 heures, les portes s’ouvrent. La grande bousculade des trois mille fans lui donne raison. En quelques minutes, plus un centimètre carré n’est libre. L’ambiance monte, la chaleur étouffe.

Une heure plus tard, Hill et Slav se présentent pour le premier battle. Ils transpirent à grosses gouttes. La moi-teur ambiante rend d’autant plus glis-sante la surface de la piste et dégage un surcroît de tension. Hill, présenté comme le plus agile de ce Top 16, écarte Slav d’entrée, puis se débarrasse en quarts de finale de Vicious Victor (vainqueur d’un ado japonais Issei âgé de 15 ans).

Trois mille fans dans l’arène surchauffée de la Fundição Progresso sont venus assister au sacre de Mounir (ci-dessous et à droite). La demi-finale fratricide Junior-Mounir divise le clan tricolore. Le Coréen Differ, tout sourire dans les bras de Mounir, est un des favoris de la prochaine édition dans son pays (à droite).

Pour le Mexicain, la compétition s’arrête au tour suivant, éliminé en demi-finale par le Coréen Differ. Favori du public, il avait déjà su faire monter la pression en dominant Roxrite, sans doute encore han-dicapé par ses douleurs lombaires, en quarts. C’est officiel, la couronne mon-diale est à prendre.

Elle a alors de bonnes chances de filer en France. L’autre demi-finale propose un duel franco-français entre Mounir Biba et Junior. Du jamais vu à ce niveau dans

MOUNIR EST VENU A RIO POUR LE TITRE. C

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habité par sa danse, c’est le truc le plus important en B-Boying. »

En finale, Mounir doit affronter Differ, l’autre coqueluche de la salle. La cote du Coréen n’a cessé de grimper tout au long de la soirée. Ses pas de danse empruntés au désormais planétaire Gangnam Style et son expression artis-tique innovante ont tout balayé. Il est le favori. Pour cet ultime battle, le règle-ment prévoit cinq passages pour chaque concurrent contre trois aux tours précé-dents. Au total, chaque finaliste sera passé sur le ring à quatorze reprises. Une vraie torture physique dans cet immense sauna. Mounir le sait. Sûr de son style aérien et de ses expressions, il ne laisse rien paraître de la fatigue qui le gagne. Il a enfilé son sweat gris pour le premier passage, histoire de se chauffer. Il est imbattable. Differ ne peut supporter la comparaison. Épuisé, il baisse d’intensité au fur et à mesure malgré le soutien du public. À l’unanimité des cinq juges, Mounir l’emporte. À pleines mains, il tient enfin la ceinture du vainqueur du plus grand événement mondial de breakdance.

« Avant d’attaquer la finale, j’étais cuit comme jamais mais en arrivant sur le plateau, j’ai vu que Differ était encore plus fatigué que moi », raconte l’Angevin en-core en sueur. Ne jamais céder, c’est le cre-do de son année : « Le cypher national, la qualification européenne, et depuis quatre mois, un entraînement très dur, j’ai tout sacrifié. Je suis venu à Rio pour le titre. Gagner Red Bull BC One, c’était un rêve. C’est devenu une réalité. » Une détermina-tion inflexible qui n’a pas échappé aux cinq juges tout au long de son parcours. « Dans cette fournaise, Mounir est toujours resté au même niveau, sans commettre de fautes. Propre dans ses mouvements, tou-jours en rythme avec la musique », justifie Niek, le Néerlandais du jury.

Sur la scène et en coulisses, Mounir répond aux interviews, sourit, tout à son bonheur. Il n’a de cesse d’exhiber fière-ment sa ceinture, avant d’apercevoir Differ, son adversaire de la finale. Le Co-réen récupère : « C’était un battle superbe, ça restera un grand souvenir pour moi. » Mounir l’interpelle : « L’année prochaine, elle sera à toi », lance-t-il en montrant la ceinture. En fin d’année, Red Bull BC One fêtera son dixième anniversaire en Corée du Sud. Differ jouera à domicile.Plus sur www.redbullbcone.com

le BC One. C’est la revanche du battle du cypher de Lille au printemps 2012. Un one-to-one où Mounir ne fait pas figure de favori face à Junior, l’idole du public de la Fundição. Un duel suivi en tribune par un autre Français, Lilou, double vainqueur en 2005 et 2009. L’en-gagement des deux danseurs rend l’issue du face-à-face aussi pesante que la chaleur. Le verdict du jury électrise un peu plus la foule en désignant Mounir vainqueur, 3-2. « Il a affiché une telle confiance en lui, c’est le secret du succès, explique Neguin en justifiant le vote des juges. Il nous a montré combien il était

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Ent in velisit lor in utpat.In exercidui te dolor se-nibh er si bla feummod ea covmmy nullan ut au-gait et, quat.

Inhalt

80 REISE-TIPPRed Bull X-Fighters

82 GET THE GEARIce-Cross-Down-hill

84/85 KULINARIK Daniel Humm, „Coda alla vaccinara“

86 TRAININGTao Berman, Christian Schiester

88 HANGART-7

89 THE STROKES

90 CLUB & CD

91 TAKE 5Jamie xx

92 TOP-SPOTS

94 SAVE THE DATE

96 RED BULL TV-FENSTER bei ServusTV

98 KOLUMNE mit Christian Ankowitsch

Vous avez toujours rêvé d’une balade dans le Grand Nord ? L’Iditarod se dévoile page 86.

D’ESPRITDE CORPSPLUS

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Contenu

84 VOYAGE L’épave du

SS Yongala gît au large de la côte est

de l’Australie

86 PRENEZ LE PLIDallas Seavey

déploie son matos

88 AU BOULOTLa vététiste Rachel

Atherton livre ses secrets

d’entraînement

90 NIGHTLIFEQuatre pages

spéciales pour profiter de la nuit

sous toutes ses coutures

94 AGENDALes meilleurs plans

Red Bull

96 FOCUSÉvénements

à ne pas louper en France

97 KAINRATH

98 PLEINE LUCARNE

L’œil de CODB

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Disparu en 1911, le SS Yongala ne sera identifié que 47 ans plus tard par deux plongeurs australiens.

Hors du temps« Si je devais choisir une dernière plongée avant de mourir, ça serait le Yongala », a lâché la réalisatrice de films sous-ma-rins, l’Australienne Valerie Taylor dans une interview au Sydney Morning Herald. Disparue en 1911, l’épave du SS Yongala n’est pas sans raison une star pour les amateurs de plongée. La coque de ce bateau à vapeur, long de 106 mètres, est restée jusqu’à aujourd’hui intacte, permettant l’apparition d’une incroyable biodiversité marine. « La nature s’est em-parée de cette œuvre du cerveau humain pour la transformer en un récif vivant qui régale les sens. C’est le site sous-marin le plus grandiose qu’il m’a été donné de voir », raconte Taylor.

99e voyage de Brisbane à Townsville, le Yongala fait naufrage. À bord, 122 per-sonnes meurent. Depuis, le colosse de métal gît dans les fonds sablonneux de la réserve marine de la Grande Barrière de corail, à 80 kilomètres au sud-est de Townsville et à 20 milles marins du récif corallien le plus proche.

Seconde vieLongtemps introuvable, l’épave est repérée seulement en 1947 par un dragueur de mines de la marine austra-lienne. Mais il faut attendre 1958 pour qu’elle soit formellement identifiée après que deux plongeurs locaux ont remonté l’un des coffres-forts du bateau.

Gros poissonsÀ partir des années quatre-vingt, des clubs de plongée commencent à organiser des expéditions régulières pour faire découvrir l’épave qui gît à trente mètres de profondeur. Chaque année, le Yongala attire environ 6 000 plongeurs. Sur les forums, un plongeur a émis l’hypothèse que le Yongala aurait eu à son bord des matières radioactives, expliquant pour-quoi « la vie marine, ici, avait un petit quelque chose d’un monde mutant ». Autour de l’épave, on peut observer

Monde engloutiTOWNSVILLE, AUSTRALIE. Il y a 102 ans, le SS Yongala sombrait au large des côtes australiennes. L’épave est devenue un lieu unique d’exploration pour plongeurs.

À trente mètres de profondeur, l’épave du SS Yongala est un paradis aquatique.

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Dernier voyageLe navire a été baptisé Yongala (« eau vaste ») en l’honneur d’une petite ville située dans l’État d’Australie méridionale. Jusqu’au 23 mars 1911, il a effectué son habituel trajet de fret et de transport de passagers, entre les mines d’or de l’Aus-tralie Occidentale et les ports de l’Est : Sydney, Melbourne, Cairns. Lors de son

LET’S GO !LE BON PLAN

DU MOIS

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P L U S D E C O R P S E T D ’ E S P R I T

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INFOS VOYAGE

S’y rendreAdrenalin Dive à Townsville et Yongala Dive dans la ville de Ayr proposent des expéditions pour le Yongala. Depuis Ayr, comptez une demi-heure pour rejoindre l’épave, et trois heures de bateau en par-tant de Townsville. Par grosse mer et vent fort les plongées peuvent être annulées.Meilleure périodeDe septembre à janvier, les vents sont faibles, la température de l’eau agréable et la visibilité sous l’eau est bonne (10- 15 mètres). De juin à septembre, le temps est plus capricieux mais la visibilité est meilleure (20-25 mètres). On peut apercevoir des baleines à bosse.Bon à savoirSi vous avez le mal de mer ou que vous souffrez d’aquaphobie, rabattez-vous sur le Reef HQ de Townsville, le plus grand aquarium de récif corallien. Vous profite-rez des merveilles de la Grande Barrière de corail au sec.

Plus sur www.yongaladive.com.au et www.adrenalindive.com.au

Les plages de la côte nord-est de l’Australie sont un parfait

refuge pour les solitaires amoureux de calme.

La Grande Barrière de corail fascine.

Townsville, charmant petit port de pêche.

des mérous géants, des tortues, des serpents de mer, des requins-tigres, des raies léopards, des barracudas et autres Lutjanidae. Parfois aussi des requins- baleines, des requins-bouledogues et des raies-guitares à nez rond.

Ne pas chatouiller les locauxLa grande majorité des habitants du Yongala est inoffensive, mais en janvier 2002, un plongeur suédois a eu la mauvaise idée de titiller un mérou de 1,4 mètre. Mauvaise pioche ! Ce dernier a tenté de mordre l’intrus scandinave à plusieurs reprises et lui a laissé des traces de morsures sur l’oreille droite et des griffures au visage. « Ce mérou cherchait juste à affirmer sa place hiérar-chique dans la chaîne alimentaire », précise l’Australien Paul Crocombe du centre local de plongée sous-marine Adrenalin Dive.

Alerte à YongalaEn octobre 2003, le Yongala fait les gros titres des journaux. Tina Watson, une Américaine en lune de miel, meurt au cours d’une plongée avec son mari Gabe, plongeur-sauveteur expérimenté. Ce dernier a été condamné en Australie pour homicide involontaire. Il a récem-ment été extradé vers les États-Unis.

L’œil du cycloneUn ouragan est à l’origine du naufrage du Yongala, il y a plus d’un siècle. Au-jourd’hui encore, les cyclones sont fré-quents dans la région. En 2011, Yasi arra-chait la majorité des coraux situés à la surface du bateau. La tempête n’a heureu-sement pas poussé la population marine à l’exode. Depuis, les coraux ont repoussé et l’épave continue d’abriter la faune du Pacifique.

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AUSTRALIE

Brisbane

Townsville

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1. Chiens d’attelageJe démarre avec seize Huskies d’Alaska. Dès que l’un d’eux fatigue, je le libère dans l’un des vingt points de contrôle et je poursuis la course avec un chien en moins. Régulièrement, un vétérinaire ausculte les chiens à ces points de contrôle.

2. TraîneauJe le fabrique moi-même. Pour obtenir un maximum de légère-té et de solidité, j’utilise des crosses de hockey en fibre de carbone, de l’aluminium renfor-cé et des matières plastiques à structure moléculaire dense. Les traîneaux de compétition pèsent environ 20 kg. Trois traî-neaux, pas plus, sont autorisés par course.

3. FreinsL’attelage s’immobilise à l’aide d’une pédale de frein dont les pointes en acier inoxydable permettent un ancrage net dans la neige ou la glace. 4. Réchaud à gamelleFait maison, cet appareil de cuisson fonctionne avec un combustible à base d’alcool. Il me permet de faire fondre la neige pour boire et de préparer une épaisse soupe de viande pour les chiens.

5. Louche en aluQuand la température est de − 40 °C, chaque chien brûle entre 8 000 et 12 000 calories par jour. Cette louche me sert de mesure pour la nourriture des chiens.

6. Couchage Integral DesignsJe prends trente à quarante mi-nutes de pause dans la journée. Juste le temps d’une sieste éclair. Je me glisse tout équipé dans ce sac de couchage, résis-tant jusqu’à − 15 °C.

7. Section cordon élastiqueLes laisses bleues et noires sont faites sur mesure. En cas de freinage brusque, elles jouent un rôle d’amortisseurs entre les chiens et le traîneau.

8. Harnais Taiga En tissu léger imperméable avec des zones de pression limitées, il est réalisé sur mesure pour chacun des chiens et conçu pour des courses longues distances.

9. Patins Prairie Bilt Sleds Runner PlasticPour ne pas avoir à les farter, j’ajoute aux patins un revête-ment en plastique dont la composition varie avec le type de neige. Je remplace ce revêtement tous les 80 à 120 kilomètres.

10. Lampe Black DiamondDurant l’Iditarod, les coureurs passent beaucoup de temps dans l’obscurité. La lumière de cette lampe frontale offre une puissance de 100 lumens.

11. Moufles WiggyEn cas de froid extrême, je peux enfiler ces énormes moufles sur mes gants fins et fonction-nels. Elles me servent parfois aussi de coussin dans le sac de couchage.

12. Mukluks Joe Reddington WiggyLa plupart du temps, je cours près du traîneau ou je le pousse à l’aide d’un pied et d’un bâton de ski. Ces bottes en mousse compacte dotées d’une épaisse semelle en caoutchouc sont résistantes jusqu’à − 45 °C. J’arrive même à les enfiler en route sur mes chaussures de courses légères et isolantes.Plus sur www.iditarod.com et www.aksleddogtours.com

La classe ce Dallas ! L’an dernier, Dallas Seavey est devenu, à 25 ans, le plus jeune vainqueur de l’Idi-tarod. Voici le matos avec lequel il affronte la course de chiens de traîneaux la plus dure au monde et les tempêtes de l’Alaska.

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Les températures flirtent avec les − 50 °C, les vents soufflent jusqu’à 145 km/h. Éprouvant. Au long des 2 000 km de course, les chiens de Dallas Seavey consommeront 900 kg de nourriture.

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PRENEZLE PLI

L’INDISPENSABLEPOUR LES PROS

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La vidéo de Rachel Atherton, la reine de la descente en VTT, est disponible sur l’application iPad de The Red Bulletin !

Sans un maintien en forme strict et régulier, Rachel Atherton ne pourrait perdurer au sommet du VTT fémi-nin. L’Anglaise détaille : « La descente est une discipline courte et intensive. Au bout de trente secondes, les brû-lures musculaires arrivent immanquablement. L’entraî-nement permet à mon corps d’assimiler plus d’acide lactique. Les secousses violentes engendrées par les sauts sollicitent principalement les jambes, le torse et le

tronc. » En cas de chute à grande vitesse, une musculature étoffée offre une meilleure protection au corps. C’est pourquoi Atherton ne compte pas les heures qu’elle passe en salle de musculation. Mais elle sait aussi se faire plaisir : « À table, je donne libre cours à mes envies. Il faut être léger sur un vélo. Ce n’est pas le cas en descente. Si je devais avoir sans cesse l’œil sur mon poids, je changerais de sport. »

Atherton détonneRACHEL ATHERTON. À 25 ans, la double championne du monde de descente en VTT s’astreint à d’éprouvantes séances d’entraînement. Démonstration.

LUNDI ET JEUDI

9 heures : séance fitness (échauffement avec un rouleau en mousse).10 heures : circuit training. Quatre exercices (une minute par exercice), cinq répétitions :• fente avec un médecine-ball au-dessus de la tête • fente avec un BOSU Ball• pompes • tractions 11 h – 14 h : pause14 h – 17 h : vélo en extérieur

MARDI ET VENDREDI

Musculation9 heures : membres supérieurs. Une série de 15 répétitions, • développé épaules• développé couché• rowing avec barre en pronation 10 h 30 : renforcement du tronc : une minute de gainage frontal puis latéral.11 h 30 – 14 h : pause14 h : musculation des jambes (15 minutes d’échauffement, puis 15 minutes d’ergomètre).Une heure d’entraînement avec une barre chargée ou une barre

à squats (50-60 kg). Trois séries de 15 répétitions : squat, fentes avants puis soulevés de terre.15 h 30 – 18 h : reposSoirée : 90 minutes de yoga

MERCREDI ET SAMEDI

Entraînement en descente ou sessions de cross, de dirt et de motocross.

DIMANCHE

Matinée : 90 minutes de yoga

À chaque intersaison, Rachel Atherton s’entraîne dans le nord du Pays de Galles, entourée de ses frères Gee et Dan. Voici le menu de l’une de ces intenses semaines, entre janvier et mars.

La patience est une vertu« Après une blessure, on veut souvent remonter trop vite sur le vélo. Il est essen-tiel de laisser suffisamment de temps à son corps pour une récupération com-plète. Un impératif compris au prix fort. Après une première blessure à l’épaule mal cicatrisée, j’ai rechuté et dû faire l’impasse sur la quasi-totalité de la saison 2011. L’an dernier, j’avais renoncé à la première compétition, en Afrique du Sud, pour m’accorder un mois de plus de récupération. Au final, malgré une course en moins, j’ai remporté le championnat du monde et mon épaule a tenu le choc. »

LES TRUCS DE RACHEL

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AU BOULOT

S’ENTRAÎNER COMME UN PRO

L’épreuve de descente de la

Coupe du monde de VTT est très spectaculaire.

L’Anglaise Rachel Atherton est, ici,

dans son élément.

Plus sur athertonracing.co.uk

Rachel Atherton

Aidée de son frère Gee, Rachel Atherton bosse.

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SOUHAITEZ-VOUS ÊTRE HORS DU COMMUN ?

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NightlifeLa nuit ne nuit pas à la santé

DANDYSME

« La nuit est la moitié de la vie. C’est la moitié la plus belle »Johann Wolfgang von Goethe, poète (1749-1832)

NOUVEAUTÉ

« Atomic Underdog »Jamie Lidell s’attaque à l’élaboration d’un funk pour le XXIe siècle. L’Anglais parle aussi d’Amy Winehouse.

Grâce à son bijou Multiply sorti en 2005, il a ramené la soul dans le conscient de la pop et ouvert la voie à Amy Winehouse et consorts. Quand le renouveau s’amor-çait, Jamie Lidell passait déjà à autre chose. Surfer sur la vague n’est pas le genre de cet Anglais de 39 ans. Son dernier opus est une quête d’univers sonores nouveaux. Si Prince produisait encore des albums géniaux, ils auraient sans aucun doute une Lidell « touch ».The Red Bulletin : Vous avez enregistré votre nouvel album électro à Nashville, capitale de la country. Étonnant !Jamie Lindell : Mon appartement à New York était trop exigu. À Nashville, je disposais d’un grand studio où

je pouvais installer tous mes synthés.Comment jugez-vous le renouveau de la soul ?Quand j’avais fait écouter Multiply aux responsables de mon label, ils s’étaient montrés dubitatifs à l’idée d’un album soul. Ce n’était pas très tendance à l’époque. Mais il contenait aussi quelques morceaux électro. Ensuite, Amy Winehouse a donné toute son ampleur à ce phénomène. Je voulais plutôt être la version soul abstraite. Quel genre de musique vous inspire ?À Nashville, j’ai passé beaucoup de temps en voiture à écouter la radio. Il y a là-bas une super station funk dont le morceau fétiche est Atomic Dog de George Clinton. Il passe une fois par jour. Je l’ai tellement adoré que je me suis moi-même surnommé « Atomic Underdog » !

ACTION

Jamie Lidell (Warp) sort le 18 février. Extraits et dates de tournée sur www.jamielidell.com

Adrénaline on iceLE RETOUR Après un premier passage en 2009, le championnat du monde de Ice-Cross-Downhill est de retour à Lausanne, le 2 mars prochain.

COUP D’ENVOI À partir de 19 heures, les cracks de Ice-Cross-Downhill se ruent sur les 440 mètres du parcours éclairé de mille projecteurs de cinq cents watts et parsemés de sauts, de virages serrés et de pentes abruptes. Entrée libre.

LES FAVORIS Le champion du monde, le Canadien Kyle Croxall, a remporté la manche d’ouverture tenue près des chutes du Niagara. Le public suisse fonde, lui, ses espoirs sur son compatriote Kilian Braun.

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GREEN VALLEYRua Mamoré, 1083, Rio PequenoCamboriú, Brésilwww.greenvalley.art.br

Green Valley. Erick Morillo et Steve Angelo sont una-nimes : le meilleur club au monde se trouve dans la forêt équatoriale brésilienne. Immersion !

« UN DJ avec canon à brouillard »

Il peut accueillir…… jusqu’à 10 000 personnes. Record atteint lors de la soirée David Guetta. Les meilleures soirées sont… … en février pendant le carnaval. Cinq jours de fête non-stop. En temps normal, nous ouvrons de 23 heures à 7 heures, le lendemain.La soirée décolle…… quand les quatre machines à feu crachent au signal du DJ d’immenses flammes dans le ciel. Le DJ dispose aussi d’une machine à brouillard.Le plus beau compliment…… nous vient régulièrement des DJ’s de passage chez nous. Erick Morillo et Steve Angelo sont unanimes : « C’est le meilleur club au monde. »Et pour se détendre…… il y a notre pizzeria maison. Un lounge avec canapés et vue sur nos lacs est prévu à cet effet.Un taxi pour le centre-ville revient à…… environ 30 reais (soit 11 euros). La plupart de nos clients viennent en voiture. Interview : Eduardo Philipps, proprio

Le nom fait référence à…… notre emplacement. Le club se situe au milieu de la forêt équatoriale, dans une petite vallée entourée de lacs. Il n’y a pas de murs, les soirées sont à ciel ouvert. Nous célébrons l’harmonie entre la technique et la nature.

Umhlanga Sling

PRÉPARATION Mettre tous les ingrédients dans le shaker, agiter et verser dans un verre à cocktail. Décorer le verre avec une tranche d’ananas.

COCKTAIL

CLUBDU MOIS

INGRÉDIENTS 1 dose de cachaça1 dose de jus de

mangue1 dose de jus d’ananasFeuilles de mentheGlaçons

Derrière le bar du luxueux hôtel Oyster Box à Umhlanga Kelly, une ville côtière d’Afrique du Sud, John Bauwer est une star. Il est le créateur du Umhlanga (prononcer « Umschlanga ») Sling, un mélange frais et fruité d’eau-de-vie de canne à sucre, de jus de mangue, d’ananas et parfumé de menthe fraîche. Le nom du cocktail est un clin d’œil à son double, le Singapour Sling mondiale-ment connu, servi lui à 9 000 km de là, au bar du Raffles Hotel de… Singapour.

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PETITE FAIM

PAUSEKra� werk façon BeatlesKarl Bartos. Le « Monsieur Rythmes » de Kraftwerk, le mythique groupe allemand des seventies, a mar-qué l’histoire de la musique électronique. Il a puisé ses idées dans les morceaux des Beatles.

Pendant une quinzaine d’années, il a fait partie du groupe électronique le plus novateur de tous les temps. Lorsque Kraftwerk bouleversait les seventies et le monde de la pop de ses morceaux futuristes et que ses quatre musiciens originaires de Düsseldorf se muaient en hommes- machines pour livrer des hits comme Das Model ou Computer Liebe, c’est Karl Bartos qui signait ces rythmes révolutionnaires. Il a quitté le groupe en 1990 : sa collaboration avec les leaders, Florian Schneider et Ralf Hütter, n’évoluait que trop lentement à son goût. Depuis, le percussion-niste de formation classique est un artiste solo et enseigne, à Berlin, les techniques de création sonore. Pour son 5e album, Off The Record, le musi-cien de 60 ans a remis sous tension ordinateurs à rythmique et synthéti-seurs pour concevoir un projet pop-électro phénoménal. Son inspiration, depuis son enfance, lui vient des rois de la pop : les Beatles. Il a 12 ans quand, en 1964, il entend pour la première fois A Hard Day’s Night. Il est subjugué. Et confie aujourd’hui : « Sans ces gars de Liverpool, leurs visions et leurs mélodies, le son de Kraftwerk n’aurait jamais vu le jour. »

Gatsby tient Le CapEntre la casquette de Robert Redford et le gros appétit des habitants du Cap, l’origine de ce sandwich sud-africain reste indécise...

YELLOW SUBMARINE (1966) De prime abord, le morceau

semble simple. Une mélodie et un texte sur un marin, un peu sur le modèle d’une chanson

pour enfants. En écoutant attentivement, on découvre

une autre strate musicale : le bruit de vagues, le son d’un sous-marin et une fanfare.

Selon moi, ce morceau consti-tue le pendant acoustique des

images baroques de Jan Vermeer : l’œuvre d’art recèle

en elle-même une autre œuvre.

TOMORROW NEVER KNOWS (1966)

Avec un tempo de 128 beats par minute, ce morceau

dépasse le rythme classique imposé par l’électro. Ringo

Starr joue à un niveau dingue et dans un nuage de sons

dilués, John Lennon cite The Psychedelic Experience, la

bible des drogues de Timothy Leary, avec un effet très étrange dans la voix. À

l’époque, le morceau avait fait l’effet d’un ovni. À juste titre.

BEING FOR THE BENEFIT OF MR. KITE! (1967)

Ce morceau est un voyage dans le monde du cirque. Les Beat-

les y utilisent des gammes mu-sicales de l’époque victorienne.

Ils développent aussi une méthode de création que nous

adopterons plus tard. Ils ont enregistré le son d’anciennes orgues à vapeur puis fait un nouveau montage avec les bandes magnétiques pour

créer ainsi des phrases musi-cales et des sons innovants.

CE QU’UN GATSBY DOIT SAVOIR FAIRE Tout d’abord caler. Un Gatsby remplit copieuse-ment cette mission. C’est un sandwich énorme dans lequel peuvent cohabiter beaucoup d’aliments. À l’aide d’un couteau, on ouvre le pain pour y déposer de la salade. Puis on peut ajouter, au choix, différents ingrédients : steak masala, poulet, saucisses de Franc-fort, poisson ou calamars. Mais pour obtenir l’appella-tion de Gatsby, il faut encore y ajouter une bonne dose de frites et de sauce, comme la thousand island ou encore la achtar (une sorte de sauce chutney originaire d’Inde, à base de fruits marinés aigres-doux).

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INVENTION D’UN CHEF MAORI…Cette version farfelue dit que le chef spirituel d’une tribu maorie en est le créateur. Il aurait pris la baguette d’un Français, l’aurait ouverte en deux avant d’y ajouter une saucisse polo-naise, puis d’y mordre dedans. Des années plus tard, il aurait vendu cette préparation en Afrique du Sud lors d’un match de rugby. Conquis, les habitants du Cap auraient dare-dare adop-té la recette.

OÙ TROUVER LES MEILLEURS GATSBY ?Au Cap, cette question est source de discorde. Dans la plupart des palmarès officieux, le restaurant Ottery Farmstall, situé dans le sud-est de la ville, arrive en tête. Certains choisissent plutôt le Golden Dish, d’autres le Athlone Fisheries. Celui de Rashaad Pandy, l’un des pseudo-inven-teurs, décroche tout juste la troisième place.

À CHAQUE TAILLE, SON PRIXUn Gatsby peut nourrir toute une famille. Mais l’avènement de la nourriture équilibrée a favorisé l’apparition de versions plus mesurées : le « Half-Gatsby » ou le « Quarter-Gatsby ». Certains snacks proposent aussi des minis. La fourchette de prix varie de 3,50 euros pour un mini à 8,50 euros pour la taille maousse.

… OU HOMMAGE DISCRET À ROBERT REDFORD ?Cette troisième version raconte qu’un jour de 1976, Rashaad Pandy, le propriétaire d’un restaurant fish and chips alors en rupture de poisson, aurait concocté aux travailleurs affa-més un sandwich avec tout ce qu’il pouvait encore trouver. Le pain utilisé pour ce premier Gatsby aurait eu une forme ronde, en référence à la cas-quette gavroche de Robert Redford dont le film, Gatsby le Magnifique, était alors à l’affiche du cinéma jouxtant le restaurant.

QUELLE EST L’ORIGINE PROBABLE DU GATSBY ?Plusieurs versions existent. La moins spectaculaire veut que le sandwich concentre tout simplement les restes oubliés du frigo et qu'ils soient logés entre deux tranches de pain. PH

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Le Japon pour un triplé au World Baseball Classic ?

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Stephanie Gilmore très à son aise sur la Gold Coast.

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En 2011, Petter Northug avait survolé les débats.

Sport20. 2 – 3. 3, VAL DI FIEMME, ITALIE

Championnat du monde de ski nordique

1 Le Val di Fiemme accueille les 49e Champion-nats du monde de ski nordique. Au programme :

saut à ski, ski de fond et combiné nordique. En 2011 à Oslo, deux pays s’étaient partagé l’essentiel des 21 médailles d’or en jeu : la Norvège avait dominé le ski de fond grâce à Petter Northug (3 médailles d’or, 2 d’argent) et Marit Bjørgen (4 or, 1 argent). L’Autri-chien Gregor Schlierenzauer (grand tremplin) avait raflé l’or en saut à ski comme son compatriote Thomas Morgenstern (petit tremplin), les deux équipes masculines et Daniela Iraschko chez les dames.

2–13. 3, GOLD COAST, AUSTRALIE

ASP World Tour 3 La saison débute sur la Gold Coast austra-

lienne, l’un des spots les plus fréquentés au monde. L’accumulation de sable près de Snapper Rocks favorise la constitution d’un banc qui peut offrir des conditions difficiles et des vagues extrêmement étendues. L’enthousiasme sera délirant quand les deux stars locales, Stephanie Gilmore, quintuple championne du monde, et Joel Parkinson, lui aussi sacré en 2012, se jetteront à l’assaut des déferlantes, respectivement lors du Roxy Pro et du Quicksilver Pro. Les Françaises Maud le Car et Justine Dupont seront elles aussi aux antipodes sur le Tour secondaire.

2–19. 3, FUKUOKA & TOKYO (JAP), SAN JUAN (PRI), PHOENIX, MIAMI & SAN FRANCISCO (USA), TAICHUNG (TPE)

World Baseball Classic 2 Organisé pour la 3e fois après les éditions de

2006 et de 2009, ce tournoi est le seul à réunir des baseballeurs pros de la Major League américaine et d’autres ligues majeures. Une phase de poules départage d’abord les seize meilleures équipes. Puis quatre équipes s’affrontent, après un second tour, pour une place en finale, jouée le 19 mars à l’AT&T Park de San Francisco. Les États-Unis visent la finale, ce qui serait étrangement une première pour eux. Mais ils devront battre le Japon, double tenant du titre.

3–10. 3, CHILI

Atacama Crossing4 Longue de 250 km, cette course fait partie de

la fameuse série des 4 Deserts, des mégas marathons courus dans les zones inhabitées les plus inhospitalières au monde. Au Chili, environ 200 partici-pants s’apprêtent à souffrir comme jamais au cœur du désert le plus aride de la planète. Dans l’Atacama, La pluviométrie est de 0,5 mm par an, l’amplitude de la température (40 °C le jour/5 °C la nuit) et l’altitude (jusqu’à 3 000 mètres) rendent les conditions extrêmes. L’an dernier, l’Espagnol Garcia Beneito avait établi un nouveau record en bouclant les six étapes en 23 heures et 46 minutes.

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Un monde en actionFévrier & Mars 2013

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En Alaska, la glace est dans tous ses états.

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Mardi gras est tendance à La Nouvelle-Orléans.

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Wong Kar-wai, président du jury de la Berlinale.

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Culture7-17.2, BERLIN, ALLEMAGNE

Berlinale6 C’est le plus grand festival public au monde.

Pendant dix jours, 430 000 visiteurs prennent d’assaut les salles de cinéma qui projettent 400 films. Le président du jury de cette 63e édition est le réalisa-teur chinois Wong Kar-wai. L’auteur du mythique In the Mood for Love annoncera en clôture du festival le gagnant du prestigieux Ours d’or. À cette occasion, Claude Lanzmann recevra un prix pour l’ensemble de sa riche carrière, marquée par Shoah, son film documentaire de 9 h 30 sur l’Holocauste.

12.2, LA NOUVELLE-ORLÉANS, ÉTATS-UNIS

Mardi Gras7 Le plus coloré et le plus bruyant des carnavals

américains est célébré depuis 1857 à La Nouvelle-Orléans. Avant le mercredi des Cendres, un million de personnes se bousculent dans les rues du quartier français. Fanfares et chars multicolores défilent et une appétissante odeur de grillades flotte dans l’air. Au long de la parade, des colliers en perles de verre sont jetés du haut des chars aux badauds. Surprenant et amusant. La ville garde une activité culturelle très intense.

15-16.2, REYKJAVIK, ISLANDE

Sónar s’exporte 8 Aucune autre ville de taille comparable ne peut

se targuer d’avoir produit autant de musiciens à succès. De Björk à Sigur Rós, Reykjavik est une métropole européenne à la créativité méconnue. Les organisateurs de Sónar, un festival catalan de musique électro, ont décidé d’y exporter l’événement. Aux côtés d’artistes islandais comme GusGus, Ólafur Arnalds et Retro Stefson, de grosses pointures internationales seront de la « party » (comme James Blake, Squarepusher et Modeselektor).

16.2, OKAYAMA, JAPON

Hadaka Matsuri 9 La température est négative, 9 000 hommes

marchent à travers les rues d’Okayama à moitié nus. On dirait un projet du photographe américain Spencer Tunick mais c’est en réalité un rituel nippon vieux de 767 avant J-C dont la curiosité attire des milliers de visiteurs du monde entier. Sa signification ? Le shin-otoko, le chef spirituel de la cérémonie, absout ces hommes dénudés de leurs actes répréhensibles. Vous pouvez noter cette date sur votre agenda et préparer votre voyage pour l’an prochain.

26.2-31.3, FAIRBANKS, ALASKA, USA

Championnat du monde de Ice Art10 Chaque année, le plus grand festival mondial

d’art sur glace réunit les meilleurs sculpteurs, venus de trente pays pour transformer des blocs de glace en œuvres d’art. Lors de l’épreuve Single Block Classic, chaque équipe reçoit un bloc glacé de qua-rante tonnes à transformer en une gigantesque œuvre plastique en deux jours seulement. 50 000 visiteurs bien emmitouflés se précipitent dans cet éphémère musée à ciel ouvert, remplis de palais de glace raffinés et de statues plutôt imposantes.

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5.–10. 3, VOSS, NORVÈGE

Mondiaux FIS de ski freestyle

5 À 100 kilomètres à l’est de Bergen, se déroulera le premier Championnat du monde de ski frees-

tyle, sur et au-dessus du sol norvégien. Six disciplines sont au programme de cette 15e édition : saut acroba-tique, bosses, bosses en parallèle, skicross, half-pipe et slopestyle. Lors des derniers Mondiaux en 2011, Jennifer Heil, Alexandre Bilodeau et consorts avaient permis au Canada d’être à la fête dans la Deer Valley, nichée dans l’Utah. La délégation canadienne avait remporté huit médailles d’or sur douze possibles.

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JUSQU’AU 21 AVRIL, EXPO LINDER, MUSÉE D’ART MODERNE, PARIS

La gri� e Linder

JUSQU’AU 25 MARS, SALVADOR DALÍ, CENTRE POMPIDOU

Génial imposteur ?Célébré dans ce lieu en 1980, Salvador Dalí est à nouveau à l’honneur dans la capitale. Peintures, sculptures, dessins, photos ou vidéos évoquent le génie et la personnalité de l’artiste espagnol, figure majeure de l’art du XXe siècle. L’expo rassemble quelques-uns de ses chefs-d’œuvre cultes dont le célèbre tableau La persistance de la mémoire, communément appelé Les montres molles.www.centrepompidou.fr

Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présente, pour la première fois en France, une rétrospective de la carrière de Linder Sterling, alias Linder. Deux cents œuvres de l’artiste féministe britannique (photos montages, vidéos, costumes) mettent en exergue la femme objet à travers la mode, la musique et les arts visuels.www.mam.paris.fr

FocusFévrier & Mars 2013

17 FÉVRIER, FINALE DE LA COUPE DE FRANCE DE HOCKEY SUR GLACE, PARIS BERCY

Show à BercyFans de la glace et du « puck », la finale de la Coupe de France ne se rate pas. C’est l’événe-ment annuel médiatique pour la fédération française de hockey sur glace. Le match attire plus de 12 000 spectateurs à Bercy. Du show et des chocs ! Comme un petit air de NHL. www.hockeyfrance.com

23-24 FÉVRIER, COUPE DU MONDE DE SKI ALPIN, MÉRIBEL

Méri... bellesUne semaine après la fin des Mondiaux de Schladming (Autriche), la Coupe du monde fémi-nine de ski alpin revient sur le versant français des Alpes. La station de la Tarentaise accueille une descente (le 23) et un super-combiné (le 24). Une bonne répétition pour Méribel qui organisera les finales de Coupe du monde en 2015.www.meribel.net Les montres molles,

sans doute l’œuvre la plus connue de Dalí.

Linder dévoile visages et âmes comme jamais.

JUSQU’AU 21 AVRIL, EXPO LINDER, MUSÉE D’ART MODERNE, PARIS

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rassemble quelques-uns de ses chefs-d’œuvre cultes dont le célèbre tableau La persistance de la mémoirewww.centrepompidou.frwww.centrepompidou.fr

Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présente, pour la première fois en France, une rétrospective de la carrière de Linder Sterling, alias Linder. Deux cents œuvres de l’artiste féministe britannique (photos montages, vidéos, costumes) mettent en exergue la femme objet à travers la mode, la musique et les arts visuels.www.mam.paris.frwww.mam.paris.fr

attire plus de 12 000 spectateurs à Bercy. Du show et des chocs ! Comme un petit air de NHL. www.hockeyfrance.comwww.hockeyfrance.com

Paris comptera une fois de plus sur Ibra.

6 MARS , LIGUE DES CHAMPIONS

Seul Paris Le Paris SG version qatarie veut devenir un grand d’Europe. Pour la première fois depuis 2001, le club est de retour en 8e de finale de la Ligue des Cham-pions. Sa présence dans le Top 16 européen va donc lui permettre de s’étalonner. Pour voir plus loin, il faut déjà se débarrasser de Valence. Le match retour a lieu au Pars des Princes.www.psg.fr

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THE RED BULLETIN NUMÉRO 17 SERA DISPONIBLE LE 13 MARS 2013

THE RED BULLETIN France / Numéro 16 – Février 2013 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bull Media House GmbH. Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeur de la rédaction Robert Sperl Directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Erik Turek & Kasimir Reimann (DA), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia

Druml, Miles English, Kevin Goll, Peter Jaunig, Carita Najewitz Publication Corporate Boro Petric (Directeur), Christoph Rietner (Rédacteur en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (Directeur photos); Lisa Blazek (Rédactrice) ; Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (Tablette) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (Chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis. www.redbulletin.com Siège social Autriche Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdingerstr. 11-15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700. Siège social et Rédaction France 64 rue de Cléry 75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Autriche Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienne, +43 (1) 90221 28800 Imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 (7) 61 87 31 15 ou [email protected] Dépôt légal/ISSN 2225-4722 Nous écrire [email protected] Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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Agrégé de Lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.

M ais regardez le donc, ce pays ! Engoncé dans sa frilosité, n’osant plus rien, tout recroquevillé, on dirait un

bernard-l’ermite, pointant tout juste l’extrémité de ses pinces hors de sa coquille de peur de se faire manger le reste ! Alors que, franchement, nos musées sont pleins, nos mathématiciens rayonnent, nos architectes élèvent des tours partout à la surface du globe, Enki Bilal vampe les collectionneurs chinois, Omar Sy triomphe à Los Angeles comme « The Artist » Dujardin et le chien Uggie avant lui, et que février a aussi un quator-zième jour.

Pourquoi je parle du 14 février, fête de l’amour depuis l’Antiquité (chaque 14 février, en l’honneur du dieu Lupercus, des jeunes gens ivres et à moitié nus cou-raient dans les rues de Rome armés de peau de chèvre pour aller toucher les jeunes filles qui se laissaient faire parce que c’était le dieu de la fertilité…) ? Parce qu’il y a une semaine, j’interrogeais un ami indonésien sur le rivage d’une plage du bout du monde. Je précise « indoné-sien » parce que c’est important. Pour Emmanuel Todd, le démographe que le monde nous envie, l’Indonésie est la prochaine grande puissance planétaire. Donc quand mon ami indonésien parle, il faut comprendre que c’est notre futur maître qui s’exprime. Respect. « Pour toi, ça représente quoi l’Europe par rapport à l’Asie ou aux États-Unis ? », je lui demande. Et Agung (c’est son prénom) me répond : « Les États-Unis, c’est la liberté, l’Asie, c’est le travail et l’Europe, c’est la culture. » La culture ? « Oui, tout ce qui élève, me dit-il, l’art, l’élégance, le patrimoine qui connecte au passé... » Et comme je lui objecte que la Chine a construit, en 2011, 395 nouveaux musées, il me rétorque : « Ah oui ? Et pour quel effet ? Toute la chine déferle dans les musées européens. Et je te rappelle à combien a été estimée la tour Eiffel quand un cabinet d’experts s’est amusé

à le faire : 435 milliards d’euros, excuse-moi, mais le patrimoine culturel, ça pèse. » Continuant mon enquête, je demande alors au futur maître du monde : « D’accord pour l’Europe, Agung, mais la France, ça représente quoi pour toi ? » Il marque une pause et, les yeux devenus si pétillants que je me suis senti immédia-tement propulsé dans la peau d’une proie, il lance : « La France, c’est l’amour ! »

Et du coup, sur cette plage du bout du monde où le plancton phosphorescait, j’ai repris confiance en mon pays. Parce qu’il aurait dit « la sidérurgie » ou « les voitures low cost », je serais allé illico me noyer

dans les vagues écumeuses. Mais il avait dit l’amour ! On était sauvés ! Car Lakshmi Mittal peut voir fondre sa fortune, les tours de Shanghai s’écrouler, les puits de pétrole se tarir, de l’amour, il y en aura toujours. C’est la seule ressource natu-relle inépuisable, regardez donc autour de vous ! Tenez, vous, oui, Monsieur, levez la tête : ces gambettes gainées de cuir caramel, soutenant ce corps emmi-touflé de laine caressante d’où émerge cette jolie tête aux grands yeux de chats, sommée d’une cascade de cheveux blonds, ne vous donnent-elles pas envie d’échanger sur le redressement productif sur une peau de bête, au coin du feu ? Et vous, Madame, regardez donc ce jeune homme, là, cet étudiant sanglé dans sa parka d’esquimau, il a de beaux yeux bleus limpides, il a la vie devant lui, mais il a un peu froid et serait tellement bien entre vos doux bras tièdes, contre votre gorge de cygne devenue valeur refuge.

Et si la relance de l’économie passait par l’amour ? Bilan carbone hyperpositif, recyclage possible, flexibilité de l’outil de production, absence de barrières douanières et, surtout, gratuité de la main-d’œuvre, franchement que deman-der de plus à cette géniale matière pre-mière ? On s’entête avec le gaz de schiste, il y a plus énergique et moins polluant : le soupir orgasmique. Avec, en plus, l’avantage démographique. Deux êtres qui s’aiment en produisent parfois un troisième, et la démographie, c’est le nerf de la guerre de la croissance.

Alors ce soir-là, sur le sable de cette plage, j’ai fait l’amour en pensant à l’avenir économique de la France. Et celui-ci souriait. Un petit cri surgit sou-dain de la bouche de ma partenaire. Une créature des sables venait de lui pincer les fesses. C’était un bernard-l’ermite. Sorti de sa coquille, il s’était décoincé.

Pleine lucarne

Et si le redressement productif passait par la fusion des corps ?

L’amour et le bernard-

l’ermite

P L U S D E C O R P S E T D ’ E S P R I T

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