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MAGAZINE SPONSORISÉ JUILLET 2015 REDBULLETIN.COM CONTENUS INTERACTIFS SUR PLUS DE FRANCE HORS DU COMMUN TOUS À BORD 8 MOIS DANS L’ENFER DES MERS Survivront-ils à la Volvo Ocean Race ? CASQUE VERT EN MISSION AVEC LE COMMANDO DE PETE BETHUNE À l’assaut des pires ennemis de la nature LA PORSCHE 911 GT3 RS À L’ESSAI Mark Webber se met bien au Nürburgring L’ex-zonard devenu acteur sauve le monde dans Jurassic World CHRIS PRATT SPÉCIAL REBELLES FINANCES, HARD ROCK, CUISINE, SPORT Ils sont partout, suivez l’exemple ! « J’ai écumé tous les castings, et on ne me confiait aucun rôle »

The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

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MAGA ZINE SPONSORISÉ JUILLET 2015

R E D B U L L E T I N . C O MCONTENUS INTERACTIFS SURP L U S D E

FRANCE

HORS DU COMMUN

TOUS À BORD8 MOIS DANS L’ENFER DES MERS Survivront-ils à la Volvo Ocean Race ?

CASQUE VERT EN MISSION AVECLE COMMANDODE PETE BETHUNE À l’assaut des piresennemis de la nature

LA PORSCHE 911 GT3 RS À L’ESSAIMark Webberse met bienau Nürburgring

L’ex-zonard devenu ac teur sau ve le monde dans

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CHRIS PRATT

SPÉCIAL REBELLES

FINANCES, HARD ROCK,

CUISINE, SPORTIls sont partout,

suivez l’exemple !« J’ai écumé tous les castings, et on ne me conf iait aucun rôle »

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FREERIDE E-XC

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SAUVÉS DES EAUX On y risque son bateau, parfois sa vie. Seuls les meilleurs marinsosent défier la Volvo Ocean Race.

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NOS REBELLES Les rebelles ici honorés se distinguent par leurs actions et façons de faire, uniques, dans le domaine du sport, de la culture, des finances ou de l’éveil des consciences. La rébellion est jouissive quand menée par Lemmy, hurleur des furieux hard rockeurs de Motörhead. Provocatrice, du côté des Américains dits Yes Men qui bluffent là où ça fait mal. Dérangeante, associée à Edward Snowden, pour la réalisatrice oscarisée Laura Poitras. Elle s’installe aussi dans nos assiettes, grâce au néo-chef suédois Magnus Nilsson. Leurs convictions qui questionnent, rébellion aux différents visages, ont en commun d’être essentielles à nos sociétés. Motivantes ! Bonne lecture !Votre rédaction

« Après mon vol plané,

la bécane a fini à la casse »

CHRIS PRATT, PAGE 62

LE MONDE DE RED BULL

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D’UN COUP D’AILES

GALERIE

10 PHOTOS DU MOIS Les plus belles actions du sport, sur tous les terrains.

BULLEVARD

19 SPÉCIAL REBELLES Tant à apprendre de ceux qui font autrement.

REPORTAGES

34 Casque vertHéros écolo, Pete Bethune, mène l’as-saut contre les ennemis de la nature.

46 Le plein de GTMark Webber pourrait bien convier la Porsche 911 GT3 RS dans son garage.

54 Les forçats des océansLa Volvo Ocean Race, comme s’y vous y étiez. Mais sans vous mouiller.

62 Une histoire rareBoss de Jurassic World, Chris Pratt a vraiment bien fait d’arrêter les joints.

68 Le désert en jugeraCes Ricains qui donnent tout lors d’une course de folie dans le Nevada.

78 Sur sa guest listQuand la nuit de São Paulo se gère avec MC Guimê, la voix locale au top.

ACTION !

85 À VOUS DE JOUER S’initier au jet surf, faire des vrilles sur la tête, trouver le réchaud qui va bien, c’est possible !

94 SAVE THE DATE On compte sur vous 96 OURS Notre équipe à votre service 98 INSTANT MAGIQUE Et la nuit s’éclaire

68TEMPÊTE DU DÉSERT Des bolides par centaines dans ledésert du Nevada. Rares sont lesengins qui achèvent la Mint 400.

AU BRÉSIL, POUR UNE NUITUne virée VIP dans les clubs hip de São Paulo, et c’est MC Guimê, chanteur de baile funk favori de Neymar, qui régale.

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WEBBER MÈNE L’ESSAIL’ex-pilote de F1 Mark Webber a taquiné la Porsche 911 GT3 RS sur le circuit al-lemand du Nürburgring. Alors, rassasié ?

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DE GUERRE SAINELes commandos surentraînés du casque vert Pete Bethune agissent pour le bien de la nature. Des méthodes musclées...

LA RÉBELLION ? QUE DU BON !Rebelles en tous genres, forces positives, ils et elles sont à l’honneur de nos pages spéciales à très haut degré d’inspiration.

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JUILLET 2015

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KÜHLEKÖPFE

Showdown am höchsten Berg Europas: Der Mont Blanc ist der dritt-letzte Turning Point, den die Athleten passieren müssen.

ABWARTEN SPART ZEIT, UMWEGE MACHEN SCHNELL: DIE BESTEN GLEITSCHIRM-PILOTEN DER WELT ZEIGEN BEI

RED BULL X-ALPS, WIE UNKONVENTIONELLES DENKEN EFFIZIENTER ANS ZIEL FÜHRT.

T E X T: A L E X L I S E T Z

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THE RED BULLETIN BACKSTAGEJUILLET 2015

CONTRIBUTEURSNOS ÉQUIPIERS

MAKING OFLE SHOOTING DU MOIS

ÉTIENNE BONAMYJournaliste sportif, ancien rédacteur en chef de L’Équipe, Étienne suit de-puis plus de 30 ans les grands évé-nements du sport en France et à l’étranger. Il ouvre le carnet de bord de la Volvo Ocean Race en page 54.

Le photographe londonien Greg Funnell a pénétré le circuit du Nürburgring où l’ex-champion de F1 Mark Webber testait une Porsche 911 GT3 RS. Ce shooting à grande vitesse a vu Greg passer à l’action depuis le coffre d’une voiture. Foncez en p.46.

AUTOUR DU MONDE

Le Néo-Zélandais Pete Bethune est un cas : ingénieur sur une plate-forme pétrolière, il devient chasseur de criminels environnementaux en Asie. Sans arme. Avec un commando d’élite. Le journaliste autrichien Andreas Rottenschlager et le photographe norvégien Jonas Bendiksen l’ont rejoint sur l’île philippine de Palawan. Et ont appris à arraisonner des bateaux de pêche illégaux. « Bethune est fascinant, selon Ben-diksen. Héros ou hors-la-loi en fonction des points de vue, c’est un insoumis, pour sûr. » Abordez en page 34.

Bethune et Bendisken, selfie baraqué à Palawan.

Dans cette Porsche, le pilote a remporté

neuf Grands Prix de Formule 1.

Un reportage en mode commando The Red Bulletin est publié

dans 11 pays. L’édition autrichienne honore le Red Bull X-Alps, une course à travers les Alpes, de Salzbourg à Monaco, en parapente et à pied.

Toutes nos éditions sur tous les supports ? redbulletin.com

« J’aime le côté romantique des bolides »GREG FUNNELL

RÜDIGER STURMCe Munichois sait interviewer les acteurs et réalisateurs oscarisés. Sturm analyse la singulière carrière de Chris Pratt, l’ex-strip-teaseur pour grands-mères devenu star des blockbusters. À lire en page 62.

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H Y D E R A B A D, I N D E

ART DE RUE Lors d’une exhibition de Formule 1, les gloires internationales d’hier et d’aujourd’hui testent la monoplace Infiniti Red Bull Racing dans les

rues d’Hyderabad. Sur Necklace Road, David Coulthard établit ainsi un record de vitesse qui

restera dans les annales : le radar flashe le pilote à 282 km/h – avec en prime ce burn au

milieu d’un nuage lilas, une façon à lui de participer à la Holi, fête des couleurs en Inde.

Calendrier des courses F1 sur formula1.comPhoto : Predrag Vuckovic

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SANTA CATARINA, BRÉSIL

HOME TRAINERBalneário Camboriú, station balnéaire atlantique, doit sa renommée à deux de ses curiosités : un téléphérique unique au monde reliant deux plages, et son espace de baignade nudiste, le plus ancienne du Brésil. Deux curiosités dont le héros local, Igor Amorelli, n’a que faire. Le vainqueur de l’Ironman 2014 apprécie bien plus d’exploiter au maximum le gigantesque bassin d’entraînement à sa disposition juste devant sa porte.Suivez l’Ironman sur twitter.com/igoramorelliPhoto : Fabio Piva

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OMNISPORTSÀ seulement 30 ans, le triathlète sud-africain Matt Trautman a déjà derrière lui une vie bien

remplie : une participation à un championnat du monde junior de kayak en eau vive et une traver-sée de l’Atlantique en solitaire sur un mini yacht.

Puis il change de sport et se consacre au triathlon où il s’illustre dès ses débuts en remportant

l’Ironman au Pays de Galles. Enfin, il se marie et termine sa lune de miel juste à temps pour s’ali-

gner au départ du Wings for Life World Run.mattytrautman.com

Photo : Kelvin Trautman

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LA ROCHELLE, FRANCE

PAS PERMISEUne plateforme installée à 27 m de haut sur la Tour Saint Nicolas. Quatorze athlètes formant

l’élite du plongeon de haut vol. 75 000 paires d’yeux pour les admirer. Ce 17 mai, l’étape fran-

çaise du Red Bull Cliff Diving World Series fait vibrer La Rochelle. Le Tchèque Michal Navrátil pénétrera l’eau à 16 °C dans 3 secondes. À plus

de 80 km/h, l’erreur n’est pas permise.Prochaines étapes sur redbullcliffdiving.com

Photo : Markus Berger

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PROPRE CONSCIENCE !

THE

RED BULLETIN

REBEL

YELLSPÉCIAL

Y A-T-IL QUELQU’UN POUR SAUVER LE

MONDE ? MAIS OUI ! VOUS ! COMMENT ?

EN VOUS INSPIRANT DE CES INSOUMIS

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LES YES MENLEURS CANULARS SAUVERONT-ILS LA PLANÈTE ?

C’EST SIGNÉ YES MEN !

2004 Le jour du 20e anniversaire de l’accident chimique Bhopal qui a causé l’empoisonnement de milliers de personnes, un porte-parole de Dow Chemical assume à la télévision l’« en-tière responsabilité » de cette catastrophe. Le cours de l’action de Dow Chemical plonge.

2007 Lors d’une conférence, deux re-présentants d’Exxon-Mobil présentent leur dernière innovation : le « Vivoleum » – du pétrole produit à par-tir de restes humains.

2008 Peu après la victoire d’Obama aux élections, une édition du New York Times titre en Une que la guerre en Irak est terminée et George Bush mis en examen.

Jacques Servin et Igor Vamos ont de beaux CV : porte-paroles de Dow Chemical, développeurs de produits pour Exxon-Mobil, éditeurs du New York Times. Mais ces entre-

prises n’en savaient rien. Les Améri-cains Servin et Vamos sont les Yes Men. Ils donnent dans la satire. Pour de faux, dans la vraie vie.

the red bulletin : Vous avez sorti plusieurs canulars in-croyables ces dernières années. Pourquoi les gens gobent-ils tout ce que vous leur racontez ? yes man : Quand nous avons déclaré au nom de Dow Chemical que nous allions faire ce qu’il fallait et que nous assumions la responsa-bilité de l’accident de Bhopal, c’était une annonce « positive ». Les gens voulaient croire en cette information parce qu’elle coïncidait avec l’idée qu’ils se faisaient de ce qui est juste. C’est une histoire de rédemption classique qui parle de purification. Et pour les actions macabres ? Là, il y a d’autres choses qui entrent en jeu. Les gens ont tendance à croire les prétendues autorités et les soi-disant experts. Par ailleurs, des atrocités se produisent sans arrêt dans le monde et il est donc plus facile de croire une chose affreuse de plus – même si elle est complète-ment absurde. Vous vous attaquez au système économique dans lequel nous vi-vons. Qu’est-ce qui doit changer ? Il faut changer les règles écono-miques qui placent le profit à court terme au-dessus de tout. Le capita-

lisme exige une croissance de trois pour cents pour ne pas s’effondrer. Mais nous n’avons qu’une seule planète et nos ressources ne sont pas illimitées. Nous devons donc changer les règles afin que l’écono-mie marche en faveur de l’environ-nement et des plus démunis. Vos victimes ne sont-elles pas aussi des rebelles d’une certaine façon ? Après tout, elles s’en sortent dans la vraie vie avec leurs propres arnaques. Pas du tout ! C’est bien nous les rebelles ! Nos canulars finissent toujours par être découverts assez rapidement, alors que les services de relations publiques nous racontent des mensonges tous les jours sans que personne ne le sache. C’est contre cela que nous protestons. Pouvez-vous continuer à mener des actions ou bien vous recon-naît-on trop souvent maintenant ? Ça va encore. Et si on nous recon-naît, c’est d’autant plus drôle de voir comment certaines personnes es-saient d’intervenir. Dans notre nou-veau film The Yes Men Are Revolting, Jacques apparaît même déguisé. Et c’est le pire déguisement qui soit. En quoi vos actions ont-elles changé depuis que vous avez commencé en l’an 2000 ? Au début, on se contentait d’im-proviser. Pour le fun, et pour faire entrer des sujets importants dans le débat public. Aujourd’hui, on élabore de fines stratégies afin de soutenir des mouvements politiques plus importants de manière ciblée. Quelle est votre plus grande motivation pour une rébellion ?L’amour !

REBEL YELL :«  IL FAUT CHANGER LES RÈGLES DE L’ÉCONOMIE »

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Solution de sauvetage sur mesure et VIP :

la boule de survie pour les grands patrons, en cas de tsunami.

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TINO SEHGALSON ART, C’EST...*

DANIEL NORRISL’HOMME QUI NE VOULAIT PAS DEVENIR MILLIONNAIRE

REBEL YELL :«  ÉCOUTEZ BIEN ! JE N’AI RIEN À DIRE »

REBEL YELL :

«  C’EST SIMPLE : AIMEZ

VOTRE PROCHAIN »

Il faut avoir été là. C’est la seule façon de découvrir l’art de Tino Sehgal. Aucune photo officielle ni aucune vidéo ne le transmet. Rien que des comptes rendus. De petites légendes urbaines. Comme celle des sur-veillants d’une galerie qui se mettent à danser tout à

coup devant les tableaux accrochés au mur et à chanter d’une voix émerveillée : « Oh, this is so contemporary! » Ou bien celle de la petite fille qui flâne dans un musée et qui embarque des visiteurs inconnus dans des discussions profondes sur le capitalisme. Ou encore celle de l’im-mense foule qui se met soudainement à...*

Tino Sehgal, qui est né à Londres et a grandi en Allemagne, crée des « situations construites ». C’est en ces termes qu’il décrit son art. Les acteurs agissent selon les instructions de l’artiste et les personnes présentes font toujours partie de l’œuvre. Sehgal veille soigneusement à ce que son travail ne soit jamais enregistré. Alors, forcément, on voit fleurir d’autant plus de vidéos floues filmées avec des téléphones portables sur Internet. Mais l’art de Sehgal est et reste immatériel. Il n’est que moment présent et inattendu. Rien ne reste. Et même si – ou bien parce que ? – cela le place à l’opposé des cri-tères actuels du marché de l’art, des musées comme le Tate Modern de Londres ou le Guggenheim de New York dépensent des sommes astronomiques pour un original de Tino Sehgal. Tout cela sans contrat écrit, d’ailleurs. Il faut avoir été là, justement.

Daniel Norris, 22 ans, remplit le réservoir de son minibus. Pour 20 dollars. Et puis, il roule. Aussi loin que

l’essence le lui permet. Il cherche un endroit pour s’arrê-ter la nuit, idéalement n’im-porte où sur la plage, il se prépare un plat rapide au camping-gaz et se détend en écoutant de la musique sur son autoradio. Le soleil s’enfonce dans la mer. Pour la nuit, Norris se glisse dans un sac de couchage thermique. Le lende-main matin, il se met en quête d’une station essence. C’est son quotidien en off-saison. Le bonheur à l’état pur. L’Améri-cain Daniel Norris est lanceur pour l’équipe de baseball des Blue Jays de Toronto. Et multimillionnaire.

Dans un monde qui mesure la réussite d’un sportif à sa propension à vivre en dehors de la réalité, des hommes comme Daniel Norris sont à bout d’arguments. Pas de mai-son sur la plage en Californie pour profiter de la trêve ? Même pas un super écran plat dans le salon ? Ah mais oui, au fait – quel salon ? La maison de

Norris, c’est sa Volkswagen Westfalia de 1978 achetée avec son premier salaire de joueur de baseball pro. À l’époque, il a 18 ans et les Blue Jays lui versent deux millions de dol-lars du jour au lendemain.

Depuis le temps, Norris a l’habitude des réactions de surprise dans son entourage. Certains passants le prennent pour un sans-abri. Et pour bon nombre de ses collègues du milieu du sport, il est tout sim-plement taré. Mais du point de vue de Norris, c’est son style de vie qui est le bon, qui va de soi. Tout le reste serait inapproprié : « Qu’est-ce que j’ai fait de si extraordinaire ? »

MLB Daniel Norris joue avec les Blue Jays de Toronto en Ligue majeure pro (baseball) depuis 2014.

Lanceur rapide Lanceur gaucher, Norris a l’un des bras les plus rapides de la Ligue. Ses balles s’approchent du batteur à une vitesse de plus de 150 km/h.* Il n’y a rien ici ? Évidemment ! C’est de cela dont il

s’agit. Pour saisir tout l’art de Sehgal, il faut être présent au moment où la performance a lieu ! 22 THE RED BULLETIN

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the red bulletin : Course automo-bile et protection de l’environnement – comment concilier les deux ? leilani münter : Ça ne sert à rien de faire de longs discours devant des gens qui sont totalement d’accord avec toi. Pour faire bouger les choses en matière de protection de l’environnement, ce sont ceux qui ne pensent pas du tout comme toi qu’il faut convaincre. En tant que pilote de course, j’ai un public potentiel de 75 millions d’Américains. Comment convertir les non-croyants ? Je ne pointe pas du doigt ceux qui roulent en Hummer ou mangent de la viande tous les jours. Je montre seule-ment ce que moi, je fais : j’ai une voiture électrique, et des panneaux solaires sur le toit de ma maison. Je peux rouler 425 km sans dépenser un dollar. Mais ta voiture de course, elle roule bien à l’essence ? C’est pour cela que pour chaque course à laquelle je participe, j’achète un demi-hectare de forêt tropicale. Je sais, c’est juste symbolique, mais cela permet de compenser un peu les émissions de CO2 produites pendant la course. Comment rendre le monde meilleur en trois étapes ? Un : arrêter la viande. Deux : utiliser des énergies renouvelables. Trois : utiliser sa matière grise au supermarché.

LEILANI MÜNTERSAUVER LE MONDE À FOND LA CAISSE

Volant vert Biologiste, modèle, activiste environne-mentale et pilote de course ARCA. L’Améri-caine Leilani Münter roule pour le futur.

REBEL YELL :

«  IL FAUT UTILISER SA

MATIÈRE GRISE ! »

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Le chef dans sa tenue d’hiver immaculée : Magnus Nilsson sur le chemin de la cuisine.

REBEL YELL :

«  JE TUE MOI-MÊME

CE QUE JE MANGE »

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Le trentenaire se pro-mène tranquillement, fusil à l’épaule, sans se soucier du buzz qu’il génère. Magnus Nilsson, Suédois d’origine, a fait ses

armes dans les cuisines de deux excellents restaurants parisiens. Aujourd’hui, il exerce ce qu’il sait le mieux : un art de la table divin. Il est le chef cuisinier de Fäviken, situé dans la pampa du nord de la Suède, considéré comme l’une des meilleures tables du monde. Magnus Nilsson égrène ici les six commande-ments de la bonne bouffe.

1.Il n’y a pas de règle. C’est la plus importante de toutes les règles.

2.Faites avec ce que vous avez. Fäviken est situé très au Nord, mais quand

même pas au pôle Nord. Notre milieu est riche en agricul-ture. Et à proximité de la mer. Pas besoin d’aller à Pétaouch-nok, on s’approvisionne presque exclusivement dans notre environnement immédiat.

3.Posez-vous des limites. Ça pousse à être créatif. Les hivers sont

longs ici. Mais ce n’est pas pour autant qu’on fait venir des fruits et des légumes par avion. On conserve beaucoup d’aliments dans la saumure. Cela donne des textures et des nuances de goût incroyables aux produits.

4.Choisissez de bons produits. Si la matière première est mauvaise,

ni le meilleur cuistot ni la meilleure recette au monde n’en feront un aliment ou un met d’exception.

5.Ne négligez pas le facteur temps. Chaque denrée nécessite un

temps de cuisson, de repos ou de préparation différent, à respecter afin de préserver ses saveurs et qualités nutritives.

6.Ayez conscience d’où provient votre repas. La viande que je mange,

c’est un animal que j’ai tué moi-même. Je préfère éviter de laisser cette responsabilité aux grandes entreprises.

MAGNUS NILSSONUN CUISTOT QUI PRÔNE L’AUTONOMIE

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1er novembre 2008. 1 BITCOIN = 0,00 $ US « J’ai conçu un nouveau système monétaire électronique qui fonctionne entièrement en peer- to-peer », voilà le début du message que les membres d’une obscure liste de mailing sur la cryptographie ont reçu un beau matin. L’expéditeur : un certain Satoshi Nakamoto. Il décrit un nouveau type de monnaie basé sur un réseau informatique et sur un système de cryptage sophistiqué. Nakamoto a nom-mé ce système bitcoin. « Essayez-le », écrit Nakamoto. Et c’est ce que feront des millions de personnes dans les années qui suivront. 18 mai 2010. 1 BITCOIN < 0,004 $ US Le bitcoin est utilisé pour la première fois comme moyen de paiement : un membre du forum bitcointalk.org fait livrer deux pizzas à un autre membre – contre 10 000 bitcoins. (Au cours actuel, cela représente environ 2,5 millions de dollars.) Mais Satoshi Nakamoto se fait de plus en plus rare en ligne. Très vite, il disparaît même totalement. Et ne répond plus à aucun e-mail. Le mythe autour de l’inventeur du bitcoin est né.

10 octobre 2011. 1 BITCOIN = 4,25 $ US L’auteur américain Joshua Davis se lance sur les traces de Satoshi Nakamoto pour le magazine The New Yorker. Ses recherches le mènent à Michael Clear, un étudiant en cryptographie Irlandais alors âgé de 23 ans. Mais ce dernier dément immédiate-ment : « Je ne suis pas Satoshi – et si c’était moi, je ne le dirais pas. » Sur le Net, les spéculations vont bon train concernant l’identité de Nakamoto. Ou les iden-tités. D’après le chercheur en sécurité informatique Dan Kaminsky, « soit l’inventeur du bitcoin est une équipe d’experts, soit ce type est un véritable génie ».

30 novembre 2013. 1 BITCOIN = 1 119,96 $ USSuite à une analyse de son style rédactionnel, le blogueur informatique Skye Grey en vient à la conclusion que Nakamoto doit être Nick Szabo, un professeur américain qui faisait déjà des recherches sur les monnaies cryptées dans les années 1990 et qui avait même donné le nom de « bit gold » à son concept de l’époque. « Not Satoshi, but thank you », déclare alors Szabo sur Twitter.

6 mars 2014. 1 BITCOIN = 657,02 $ USUne journaliste du magazine Newsweek affirme avoir découvert le vrai nom de Satoshi Nakamoto. Il s’agit de... Dorian Satoshi Nakamoto. C’est le nom d’un ingénieur d’origine japonaise qui vit en Californie. Lui aussi dément immédiatement. Dès le jour sui-vant, le compte de Satoshi Nakamoto refait surface sur un forum bitcoin – après presque quatre ans de silence radio. Il n’écrit que ces six mots : « Je ne suis pas Dorian Nakamoto. » Et disparaît à nouveau.

5 avril 2015. 1 BITCOIN = 257,03 $ US Sur son profil en ligne, Nakamoto avait indiqué une date de naissance : le 5 avril 1975. C’est pourquoi le 5 avril de chaque année, la communauté bitcoin célèbre le Satoshi Nakamoto Day. Au passage, qui que soit celui qui se cache derrière ce nom, il possède encore près d’un million de bitcoins – soit environ 250 millions de dollars aujourd’hui. Mais les fans de bitcoin se prêtent de moins en moins à ce jeu de devinettes – la plupart d’entre eux préféreraient que le secret autour de Satoshi Nakamoto ne soit jamais révélé : au final, c’est la figure de proue idéale d’un système monétaire anonyme, sans banque centrale, un inventeur qui n’a pas de nom et qui n’a plus rien à voir avec sa création.

SATOSHI NAKAMOTOGÉNIE ANONYME DE LA FINANCE

BITCOINest un système de paiement sécurisé sur le net créé en 2008 à partir de rien. La confiance accordée à la monnaie numérique, a transformé sa valeur en argent véritable au fil du temps.

«  SOIT L’INVENTEUR DU BITCOIN EST UNE ÉQUIPE D’EXPERTS, SOIT

C’EST UN VÉRITABLE GÉNIE »

REBEL YELL :«  J’AI CONÇU UN NOUVEAU SYSTÈME

MONÉTAIRE. ESSAYEZ-LE DONC ! »

Qui se cache derrière le nom Satoshi Nakamoto ? Toutes les spécula-tions n’ont rien donné jusqu’ici. Enfin, la vérité ?

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TOM

MAC

KIN

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UPGRADE TO AWESOME SOUND*

*UPGRADE SUR LE SON

Sean Malto

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LEMMY KILMISTERMETAL TOUJOURS ARDENT

Backstage à Munich. Dans une loge dépouillée, Lemmy Kilmister, chapeau de cavalerie sur la tête, joue à une machine à sous. Un couteau argenté traîne sur sa table. Voilà quatre décennies que la voix éraillée du leader de Motörhead, 69 ans, tonne dans les stades et clubs du monde.

Son groupe a survécu à toutes les modes : disco, punk, grunge. Le concert de ce soir affiche complet depuis déjà trois semaines. Nous manifestons notre présence par un raclement de gorge. Aussitôt, Lemmy lève la tête. L’homme qui a écrit Iron Horse, un hymne aux Hell’s Angels, dévoile un regard d’une étonnante douceur.

the red bulletin : En créant le groupe le plus bruyant de la terre, contre qui le jeune Kilmister se rebellait-il ?lemmy kilmister : Contre le monde entier : parents, voisins, politiciens… Et il n’a pas changé.L’attitude est restée la même mais votre look a évolué depuis 1975…Oui, j’ai enfilé une vieille veste militaire et mes cheveux ont poussé jusqu’au bas du dos. J’ai gran-di dans l’Angleterre d’après-guerre, le rock’n’roll n’existait pas encore. Les ados devaient se farcir la musique de leurs parents. Un supplice jusqu’à ce que Chuck Berry et Elvis viennent nous libérer. C’était la musique qu’on attendait.Cette année, Motörhead fête ses 40 ans. Comment expliquer une telle longévité ?En restant imperméable aux modes.Vraiment ? Oui. Le rock, ce n’est pas compliqué. La théorie, le feeling, tout ça c’est du blabla. Nous jouons fort avec un tempo effréné, et nos concerts attirent du monde. Point barre.Votre groupe est l’un des premiers à s’être produits à guichets fermés en ex-Yougoslavie communiste, et dans les stades en Argen-tine. Le Japon est l’un des pays où vous car-tonnez le plus. Comment expliquer que des fans de cultures aussi différentes puissent s’enthousiasmer pour la même musique ?

Le rock est universel. Vous l’écoutez et un frisson vous parcours le corps. Trois accords et le public s’enflamme.Les Japonais dingues de metal… vraiment ?Vous n’avez pas idée ! Les fans japonais de rock sont déments. Ils ont tous la coupe d’Elvis. Leurs cheveux s’y prêtent parfaitement. Et les filles, n’en parlons pas (imitant la voix de son attachée de presse, ndlr) :« Lemmy euh… tu me rejoins backs-tage quand tu auras fini avec les demoiselles ? » Qu’est-ce qui, chez les rocks stars, fascinent autant les filles ? La célébrité. Il y a bien sûr des filles qui n’aiment que les beaux garçons. Je ne suis plus aussi frin-gant qu’autrefois mais elles viennent encore me voir après les concerts. Elles ont cette façon de vous regarder, vous voyez ce que je veux dire. Mais je m’en accommode très bien.Vous n’avez jamais été marié. Pourquoi ? Je n’ai pas rencontré celle qui me dissuade d’en regarder d’autres (rires). C’est dingue. Et puis, nous sommes toujours en tournée. Pas idéal pour une relation stable.Nous avons une théorie pour expliquer le succès de Motörhead. Vous incarnez l’image du rockeur à une époque où les rebelles se font rares.C’est vrai. Il n’y a plus de jeunes rock stars. Du moins, de celles qui en imposent. Les jeunes de nos jours font tous du rock alternatif. Foutaises ! Alternatif à quoi ? Vous êtes condamnés à nous supporter car je ne vois pas grand monde à l’horizon.Vous allez avoir 70 ans. Comment évite-t-on de se ringardiser avec l’âge ?En ne le devenant pas, tout simplement.Concrètement ?Vous travaillez bien dans un bureau, n’est-ce pas ?Oui…Laissez pousser vos cheveux.Ça ne posera pas de problème…Essayez quand même. Vous serez surpris, vous en agacerez plus d’un. Aftershock, le dernier album de Motörhead, est sorti chez Warner Music. Dates de concerts : imotorhead.com

REBEL YELL :

«  VOUS ÊTES CONDAMNÉS

À NOUS SUPPORTER ! »

LA BIBLE

Caravanes en feu, concerts sous LSD et basse tonitruante… La fièvre de la ligne blanche, l’autobiogra-phie de l’ex-roadie de Jimi Hendrix, retrace sur 300 pages la vie d’une des légendes du rock.

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Lemmy Kilmister : « En musique, céder aux

modes ne mène nulle part. »

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BER

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CHEN GUANGBIAOACTIVISTE ENGAGÉ (À VÉRIFIER)

Inspiré de La folle histoire

de l’espace de Mel Brooks : de l’air

pur en canette.

LETTRE OUVERTE AU DR. WHO

Chen Guangbiao est le plus grand activiste écolo de Chine. Enfin, c’est ce que qui se dit dans les médias. Ses déclarations politiques saugrenues tiennent de la performance. Mais à quoi cela peut-il bien rimer ? C’est ce que nous avons voulu savoir. Au début.

REBEL YELL :

«  À BAS LES BAGNOLES ! 

ELLE EST OÙ, LA CAMÉRA ? »

Cher monsieur Guangbiao,Qui êtes-vous au juste ? Sur votre carte

de visite, on peut lire : Personne la plus influente de Chine, Modèle adoré, Leader moral de la Chine. Hum hum.

Ce qu’on sait sur vous nous vient sur-tout des médias. Tous fascinés par votre activisme excentrique, seuls quelques uns le sont par vos activités de directeur de Jiangsu Huangpu Renewable Resources Ltd., entreprise qui commercialise de l’air pur en canettes. Vous détruisez votre Mercedes avec un robot de démolition en l’honneur de la journée sans voiture. Vous vous coincez un vélo dans la mâchoire pour prouver que le cyclisme, c’est bon pour la santé. Et tout cela en public, tou-jours devant des caméras et toujours de manière un peu trop ostentatoire. Et vous allez même jusqu’à changer officiellement de nom pour un engagement en matière de politique environnementale.

Mais pour qui faites-vous cela, Monsieur Guangbiao ? Certains détracteurs arguent que le seul développement durable auquel votre activisme écolo contribue, c’est le gonflement de votre ego. On a tenté à plu-sieurs reprises de vous poser ces questions

directement. Mais seul Mailer Daemon a daigné nous répondre.

Le site Web de votre entreprise est fermé depuis 2013. Tous les numéros sonnent dans le vide. Et votre soi-disant assistante (qui porte le nom d’une guer-rière de manga chinoise) a non seulement une voix d’homme endormi, mais nous a aussi immédiatement raccroché au nez. Existez réellement, M. Guangbiao ? Vous cachez-vous ? Êtes-vous séquestrés ? Vous aurait-on tellement censuré que vous au-riez complètement disparu ?

Aux USA, ils ne se sont toujours pas remis de votre engagement envers les pauvres : vous avez offert un dîner de gala à 250 sans-abri new-yorkais et vous leur avez promis 300 dollars d’argent de poche. Vous vouliez aussi reprendre le New York Times pour qu’à l’avenir, on parle de votre pays d’une manière plus « objective ». Quelle noblesse. Là où ça coince, c’est que les SDF n’ont jamais vu votre argent. Et que le New York Times ne vous a même pas invité à dîner.

Sérieusement, monsieur Guangbiao, qui êtes-vous vraiment ? Un projet ar-tistique tordu ? Une satire sociale bien ficelée ? Et qui en est le scénariste ? Rupert Murdoch? Sasha Baron Cohen ? Est-ce un hasard si Guangbiao signifie « le curseur » ? Mais oui, vous êtes le troisième Yes Man !

Quoi qu’il en soit, nous vous tirons quand même notre chapeau. Parce que vous nous montrez à quel point nous sommes avides de spectacles bizarres. Parce que vous incitez les super-riches de Chine à se montrer généreux. Et parce que vous nous vendez des solutions bien trop simples en des temps qui, eux, ne sont pas si simples. Pour nous, vous êtes un rebelle. Un rebelle comme il n’en existe que dans les contes.

Cordialement, The Red Bulletin

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GET

TY

IMAG

ES, R

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Un homme en vert dans la Chine rouge.

L’humour est son arme secrète.

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Extrait de casier (TOP SECRET) : « Épiée depuis dix ans par les autorités, la réalisatrice estime que cette surveillance va s’intensifier à l’avenir.

« Sa dernière œuvre subversive, le film Citizen-four sur le traître Edward Snowden (cf. dossier U41KL091), a reçu la plus haute distinction du monde du cinéma en remportant l’Oscar du meil-leur documentaire en 2015. Cela pourrait inciter Poitras à entreprendre encore plus d’activités illégales. Pour échapper à cette surveillance, elle vit à Berlin depuis plus de deux ans.

« Poitras a commencé ses activités suspectes en 2004 lorsqu’elle s’est rendue en Irak pour suivre l’intervention militaire américaine. De ce séjour, on sait qu’elle s’est notamment rendue à la prison d’Abou Ghraib (cf. dossier IR514BU22) et qu’elle a filmé les forces d’intervention des unités 727233 et 2938 en action. Dans ses films My Country, My Country (2006) et The Oath (2010), elle s’attaque à la politique étrangère américaine. Elle n’hésite pas à rendre publiques les affaires internes les plus délicates (PRISM). Dans les interviews qu’elle a accordées aux médias internationaux ces der-nières années, elle a insisté à plusieurs reprises sur le fait que la vie privée devait rester un “droit fon-damental” et une “nécessité” pour l’être humain.

« De nombreuses mesures ont déjà été prises à l’initiative de Hdidisd diddd. Mais elles n’ont pas pu empêcher la “cible” de poursuivre ses activités subversives. Depuis juin 2006, ses billets d’avions portent la marque “SSSS” (Secondary Security Screening Selection) afin qu’elle soit soumise à un contrôle renforcé pendant ses voyages. Depuis, les forces de sécurité sont intervenues plus de 40 fois, notamment dans les aéroports de Wien, Ams-terdam et London. On lui a refusé la présence d’un avocat lors de ces contrôles. Outre des notes écrites et des factures, son téléphone portable et son ordinateur lui ont également été confisqués à plusieurs reprises pour être examinés de manière approfondie. Ces mesures n’ont cependant donné aucun résultat probant pour l’instant et n’ont pas eu l’effet dissuasif escompté.

« Poitras transmet ses communications numé-riques de manière exclusivement cryptée. Elle fait preuve d’une maîtrise grandissante dans la gestion de la surveillance exercée par les autorités. En outre, on veille soigneusement à la protection des données dérobées à la NSA de X5.6R à D3.53, auxquelles Poitras a accès de par sa collaboration avec Edward Snowden. »

LES DOSSIERS DELAURA POITRAS

UNE RÉALISATRICE QUI ÉNERVE

DOSSIERMention U282WE998 16 juin 2015, Washington D.C.

IDENTITÉLaura Poitras, née en 1964 à Boston (MA), États-Unis.

AUTORITÉSACTIVESFBI, NSA, Joint Terrorism Task Force (US Dept. of Justice), MI6, etc.

Elle épie ceux qui nous surveillent : Laura Poitras à découvert sur les toits de Berlin.

REBEL YELL :

«  LA VIE PRIVÉE DOIT RESTER L’UN

DE NOS DROITS FONDAMENTAUX ! »

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MA

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AIF

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THE RED BULLETIN

REBEL

YELLSPÉCIAL

C A S Q U E V E R T

P E T E B E T H U N E , N É O - Z É L A N D A I S Q U I N Q U A G É N A I R E , A T R È S B I E N G A G N É S A V I E E N T R AVA I L L A N T S U R U N E P L A T E - F O R M E P É T R O L I È R E , AVA N T D E T O U T P L A Q U E R .

A U J O U R D ’ H U I , I L P A R C O U R T L E S O C É A N S E T L E S C O I N S L E S P L U S R E C U L É S D E L A P L A N È T E , A C C O M P A -G N É D ’ U N C O M M A N D O S U R E N T R A Î N É E T F I N A N C É P A R

D E S D O N S , P O U R S A U V E R L E S E S P È C E S A N I M A L E S M E N A C É E S D E S B R A C O N N I E R S E T R E V E N D E U R S .

T E X T E   : A N D R E A S R O T T E N S C H L A G E R P H O T O S   : J O N A S B E N D I K S E N

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Pete Bethune, 50 ans et activisteécologiste : « Est-ce que je peuxrendre ce monde un peu meilleur ? Je crois que oui. »

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L’ I D É E L U I E S T V E N U E E N P R I S O N   : I L F O R M E R A U N T O P C O M M A N D O F A I T D ’A N C I E N S S O L D A T S D ’ É L I T E

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Bethune et son commando,lors d’un entraînement devant l’île de Palawan. Armés de faux M4, ils s’apprêtent à simuler l’abordage d’un bateau.

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Un engin curieux et noir fend la surface houleuse de l’océan Pacifique, à quelques milles de l’île de Palawan, au large des Philippines. À y regarder de plus près, il s’agit d’un impressionnant hors-bord amphibie aussi bruyant que rapide. À son bord, le capitaine Pete Bethune, concen-tré, tient fermement la saisine. Quatre hommes en tenue de camouflage, casqués et accroupis, sont à ses côtés. Tous les regards sont fixés sur un vieux chalutier qui tangue à l’horizon, une longue tige de bambou planté sur le pont en guise de mât. Lorsque le hors-bord arrive à sa hau-teur, sur un signe de Bethune, l’équipe passe à l’abordage.

Tout s’enchaîne alors très vite. Une fois à bord, les hommes se postent à l’avant et l’arrière du bateau, Bethune fait irruption dans la cabine du capitaine en hurlant « Haut les mains ! » Le capitaine du chalutier, tee-shirt orange et tongs aux pieds, obtempère. Les deux hommes se toisent du regard, avant de s’applaudir mutuellement.

« Voilà un bon adversaire », plaisante Bethune. L’autre sourit. Nous sommes fin mars, la chaleur tropicale de l’après-midi se fait déjà bien sentir, et Pete Bethune

Pete Bethune soupçonne un individu de faire commerce d’espèces protégées. Lui et ses quatre hommes surveillent le suspect jour et nuit en quête de preuves.

«   L E S O P É R A T I O N S D ’A R R E S T A T I O N S O N T T O U J O U R S C O N D U I T E S AV E C L’A C C O R D D E S A U T O R I T É S   »

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L’abordage des naviresn’a plus de secret pourcet ancien de l’ONGSea Shepherd.

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et ses équipiers s’entraînent depuis tôt le matin à aborder des embarcations hors-la-loi. L’équipe du chalutier « ennemi » est constituée de cinq garde-côtes volon-taires. Cette opération d’abordage est déjà la huitième du jour : « Vingt minutes de pause ! On répète ensuite la procédure d’arrestation. »

Pete Bethune n’est pas un militant écolo comme les autres. Partout dans le monde, il chasse tous ceux qui violent les lois de protection de la nature. Ses outils ? Un puissant hors-bord et un commando d’hommes expérimentés, tous d’an-ciens paras ou soldats. Parmi eux, Matt et Tim

(respectivement 34 et 25 ans), deux anciens Marines, Phil, 27 ans et ancien lieutenant des forces spéciales de l’US Navy, et Stéphane, un Français et ancien parachutiste de 48 ans, qui a aussi servi comme garde du corps pour des jour-nalistes en Syrie. Pendant quatre mois, Bethune et son unité vont stationner à Palawan et faire la chasse aux pêches illégales et aux braconnages. On peut suivre leurs interventions dans la mini-sé-rie télé The Operatives. Des « éco-soldats », eux ? Oui, mais ils ne sont pas armés. Quant au financement de ces opérations de sauvegarde, il provient essentiellement de dons. « Grâce à nos équipes expérimen-tées et à notre matériel de surveillance, explique Bethune, nous offrons notre aide

aux gouvernements des pays en dévelop-pement. Les arrestations sont toujours conduites en accord avec les autorités locales. »

Retour sur le pont du bateau. Torse nu, Bethune a roulé son tee-shirt en turban pour protéger son crâne des rayons du soleil. C’est en 2011 qu’il a décidé de fonder l’équipe des Operatives (en anglais), pour faire pression sur les gouvernements à appliquer leurs lois de protection de la nature. Ensemble, ils ont filmé le massacre de phoques sur les côtes namibiennes (la vidéo est disponible sur YouTube), utilisé des drones pour détecter des pêcheurs hors-la-loi, et fait arrêter quatorze chercheurs d’or qui opéraient dans une zone protégée au Costa Rica – une opération qui leur a valu de se faire tirer dessus avec des AK-47.

Fin de la pause à bord du chalutier. L’entraînement reprend. Les hommes de Pete vont montrer aux garde-côtes locaux comment procéder à l’arrestation et au menottage de suspects. L’ex-Marine Matt Griffin aime les groupes de death- metal norvégiens et les tatouages. Ancien lieutenant chez les Navy Seal, Phil – qui préfère ne pas donner son nom – est un bonhomme barbu peu loquace, mais au regard doux. Matt empoigne Phil et lui passe les bras dans le dos en hurlant « Get down ! » Phil résiste, Matt lui donne un coup derrière le genou, Phil tombe à terre. Il est immobilisé. Matt s’agenouille sur sa nuque et ses cuisses, pour lui attacher les mains. « Parlez fort et avec autorité », explique Matt aux garde-côtes, qui hochent la tête sans mot.

Les appareils de plongée sont des recycleurs. Ils ne lâchent aucune bulle d’air, pour permettre au plongeur de rester quasi invisible.

Tim, un ancien Marine,participe à la formation des gardes-côtes locaux. Ici, il simule l’arrestation d’un braconnier.

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En 2011, deux agents sud-coréens de la sécurité côtière ont reçu des coups de couteau alors qu’ils tentaient d’arrêter des pêcheurs chinois illégaux. Pete Bethune : « Depuis, on se protège. »

E N P R I S O N AU J A P O NLe CV de Pete Bethune ressemble à un roman d’aventures. Après des études d’ingénieur, il travaille et vit sur des plates-formes pétrolières. Une vie financièrement confortable mais parti-culièrement monotone. Il décide de tout plaquer et de se lancer dans la promotion des bio-carburants. Pour ce faire,

il construit un trimaran futuriste éton-nant, et carburant au bio-diesel. Après avoir établi le record du monde du tour le plus rapide en power-boat, il voyage sur son bateau pendant quatre ans. « C’est là que j’ai vu l’état catastrophique de nos océans, raconte-t-il. Aux îles Fidji, les réserves marines n’étaient pas respectées. Aux Philippines, des pêcheurs asper-geaient les récifs de corail de cyanure pour tuer les poissons qui s’y réfugiaient. »

Il s’engage comme capitaine auprès des Sea Shepherd, l’ONG américaine de protection de l’environnement, et part faire la chasse aux baleiniers japonais dans les mers de l’Antarctique. En janvier

2010, une collision avec l’un de ces mastodontes de 490 tonnes a failli lui coûter la vie. Le trimaran noir coula, mais Pete Bethune passa à l’abordage, blessa un marin japonais en lui jetant une flasque d’acide butyrique, et fit irruption dans la cabine du capitaine japonais qui alarma les autorités nippones. S’en suivirent cinq mois dans une prison de haute sécurité japonaise, et un procès, à l’issue duquel il fut condamné à deux ans de prison avec sursis pour intrusion illégale et vandalisme. Dans sa minuscule cellule de moins de 5 m², Pete marche. De long en large, dix pas pour en faire le tour, une ronde qu’il répéta des milliers

M A T, L E F A N D E D E A T H - M E T A L , S E C H A R G E R A D U P R O C H A I N A S S A U T   :

«   A U C U N E P O R T E N E L U I R É S I S T E   »

Stéphane Rousseau et Pete Bethune se reposent après quatre heures d’un entraînement intensif.

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Briefing avec Phil (à gauche),l’ancien Navy Seal, et Tim (à droite), l’ex-Marine.

N O YA D E , T I R S , P E T E B E T H U N E A S U R V É C U À T O U T. À 5 0 A N S , I L S E B AT T O U J O U R S P O U R L A P R O T E C T I O N D E S E S P È C E S A N I M A L E S

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de fois, pour garder la forme. La nuit, il dort sur une paillasse en plastique. Et réfléchit. Il cherche d’autres formes d’acti-visme écologiste plus combatives, plus efficaces. « L’idée de fonder mon propre commando m’est venue comme ça. Je ne voulais pas d’activistes classiques, mais des professionnels de la surveillance et de l’abordage des navires. »

Extradé en Nouvelle-Zélande, il sort de prison en juillet 2010. Un ami lui envoie quelques noms d’anciens militaires, que Pete contacte sur Facebook. Il leur propose 200 dollars par jour. Pour chaque mission, une équipe différente. Et ce ne sont pas les candidats qui manquent :

plus d’une centaine l’an dernier, rien que pour les missions en Asie. Il en choisira quatre pour l’accompagner à Palawan. Sur le chalutier qui mouille devant Puerto Princesa, les hommes de Pete Bethune ont remis leur casque et se préparent à répéter l’opération d’abordage. « On en aura bientôt besoin », lance-t-il.

S AU V E U R D ’ E S P È C E SPete Bethune monte dans sa jeep et prend la route du nord du Puerto Princesa, petite ville grouillante de tuk-tuks et paradis des routards, pour rejoindre le campement des Operatives. C’est-à-dire

Les Operatives en pleine gym matinale : « Rester au top de saforme, ça te sauve parfois la vie. »

Sur son ordinateur, Bethune suit la route d’un bateau suspecté de braconnage (en rouge), grâce à un traceur GPS posé par Phil sur le mât.

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quelques cabanes en bambous sur une plage sauvage encerclée d’une mangrove.

Puerto Princesa est une plaque tour-nante du trafic d’animaux, notamment des tortues marines et des pangolins, deux espèces pourtant protégées. Le pangolin, seul mammifère à écailles au monde de la taille d’un blaireau, est réputé en Asie du sud-est pour la saveur de sa chair et les prétendues vertus curatives de ses écailles.

Il est un animal en voie d’extinction, cible du braconnage et du commerce illégal vers la Chine. Il y a deux ans, les garde-côtes philippins ont arrêté un cargo chinois qui transportait 3 000 cadavres de pangolin. « Personne ne s’intéresse à leur sort », déplore Bethune. Depuis deux semaines, lui et ses hommes surveillent nuit et jour les activités d’un marchand de la ville, sus-pecté de trafic illégal d’animaux. « Chaque nuit, deux Marines sont postés près du hangar, et en journée, on utilise des drones pour filmer d’en haut, explique-t-il, tout sourire. Sans oublier le traceur GPS qu’on a installé sur son bateau. »

Et comment fait-on pour monter inco-gnito sur un potentiel bateau de contre-bande ? « Une nuit, Phil, notre Navy Seal, a rejoint le bateau à la nage. Il est monté à bord et a escaladé le mât pendant que l’équipage dormait pour y installer l’en-gin. En vingt minutes, c’était réglé. »

Pete Bethune peut suivre les allées et venues du bateau sur son ordinateur, indiquées en rouge sur une carte mari-time. « On a pu remarquer qu’une fois par semaine, le bateau faisait un gros détour vers l’ouest, en plein océan, alors qu’il est enregistré comme pêcheur côtier. Comme il n’a aucune raison de pêcher dans cette zone, je suppose que c’est là qu’il ren-contre ses clients. » Si le gouverneur de l’île donne son accord, Bethune et ses hommes pourront procéder à la perqui-sition du hangar et à l’arrestation en mer des membres de l’équipage. Pour cette opération, il enverra Matt, le Marine fan de death-metal, escorté par des garde-côtes philippins : « Aucune porte ne lui résiste. » On peut dire que ce défenseur jusqu’au-boutiste de la nature est un resca-pé. Lors d’une plongée de reconnaissance au Costa Rica, il a failli mourir noyé, et il a essuyé plusieurs fois des tirs de contreban-diers fâchés. Pourquoi tous ces risques ? « Je me suis toujours demandé si je pouvais rendre ce monde un peu meilleur, nous répond-il. Je crois que oui. En empê-chant les pêches illégales, en protégeant les pangolins notamment. » Pete Bethune ne possède rien. Sa maison appartient à son ex-femme, ses vêtements tiennent dans quatre sacs plastique : trois tenues de camouflage, deux paires de bottes mili-taires et une chemise blanche, qu’il garde pour les grandes occasions. Notamment quand il doit comparaître devant les juges. Sa définition du bonheur ? « Une cause pour laquelle on veut se battre. »facebook.com/petebethune

Bethune dans sa cabane de bambous, sur une plage de l’île de Palawan : « Questionfinances, je suis toujours limite. »

INFORMÉ Avant chaque mission, Bethune fait vérifier l’intégrité des autorités locales par un think tank.

ÉQUIPÉPour trouver les feux de camp des braconniers, il utilise des drones militaires équipés de caméras infrarouges.

DISCRET Il préfère naviguer en zodiac plutôt qu’en embarcation semi-rigide, plus grosse et moins maniable.

EXPERT Spécialiste du combat rapproché, plongeur nocturne... Bethune choisit ses coéquipiers en fonction de ce qu’ils peuvent apporter au reste de la troupe.

À L’AFFÛTLES 4 RÈGLES D’OR DE L’ÉCO-GUERRIER

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Mark Webber, 38 ans et 215 GP au compteur, ici sur le circuit alle-mand du Nürburgring, la première de ses neuf victoires en F1.

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LE PLEIN DE GTM a rk Webber, pi l ote Porsche engagé dans le championnat d u monde

d’endura nce, a testé la 911 GT3 RS, nouveauté de la marque allema nde, sur le circ u it du Nürburgring. L’Australien de 3 8 ans raconte cette expér ience.

Texte  : Werner JessnerPhotos : Greg Funnell

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DDepuis que j’ai disputé le dernier de mes 215 Grand Prix le 24 novembre 2013, ma vie a changé, et plutôt en bien. Beaucoup d’ex-collègues pilotes se sont trompés en se retirant trop loin des circuits. Pendant plusieurs années, ils sont restés aux abon-nés absents, ils ont pris du bon temps, du bide, et le jour où ils ont été prêts à être sollicités à nouveau au volant, il n’y avait plus personne pour les appeler. Je ne voulais pas que cela m’arrive.

J’étais encore en F1 quand Porsche m’a proposé de devenir son pilote d’usine en WEC, le World Endurance Championship, avec les 24 Heures du Mans en point d’orgue. Cela m’implique sur huit courses par saison, sur des circuits classiques avec des prototypes hybrides d’un incroyable niveau technique qui réalisent des temps au tour talonnant d’à peine quelques se-condes ceux d’une Formule 1… À la diffé-rence près que ces voitures-là peuvent maintenir leur vitesse pendant 24 heures. Quand on a la chance de piloter des en-gins de ce genre, on reste automatique-ment affûté pour piloter.

Vers la fin de ma carrière en F1, je me suis découvert une passion pour les mo-dèles de route de Porsche. Au fil du temps, je me suis retrouvé propriétaire d’une 356, à la fois mignonne et clas-sique, d’une Carrera 2,7 du début des années 1970 et de deux 911 GT RS de l’avant-dernière série.

Arceaux de sécurité et hi-fi, performances sur circuit et

revêtement intérieur raffiné : la Porsche 911 GT3 RS allie le

meilleur des deux mondes.

Piloter une Porsche en plein trafic, surtout chez moi en Angleterre, ce n’est pas l’idéal. L’appel du Red Bulletin pour une mission spéciale, sur circuit, en Allemagne, est tombé à pic. On m’a pro-mis “le Nürburgring, et sa célèbre boucle Nord, la Nordschleife”, rien que pour moi. Et j’ai eu droit en plus au soleil et à la toute nouvelle 911 GT3 RS. Par précau-tion, j’ai demandé de quelle couleur était la voiture avant d’accepter. Malgré sa couleur orange vif, j’ai accepté. Je suis le genre de type qui s’achète une voiture en fonction de sa couleur idéale. Par exemple, la supersportive 918 est parfaite en rouge, tandis que si je devais me payer la GT3 RS, et j’y pensais sur la route en allant au circuit de Nürburgring, je la prendrais en vert acide.

Est-ce que j’allais m’en acheter une ? Je le saurais à la fin de cette journée.

Chaque modèle de Porsche a son meil-leur temps sur la Nordschleife, réalisé par un spécialiste du circuit dans des condi-tions idéales. Six minutes et 57 secondes, c’est le record absolu et toujours détenu par une 918 de 887 chevaux.

Sur le circuit de 20,8 km, cela fait déjà dix ans que Walter Röhrl a réussi un temps de 7 minutes et 28 secondes au volant d’une Carrera GT de 612 chevaux. Le deuxième meilleur chrono avec une Porsche de série. Le meilleur temps de l’engin orange de seulement 493 chevaux que j’ai devant les yeux, et qui a les traits habituels d’une 911 : 7 minutes et 20 secondes.

Le circuit de Nürburgring, je n’en garde que de bons souvenirs, depuis ma première victoire en F1 ici. J’aime bien venir dans cette région de l’Eifel.

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Les fans Allemands ont toujours été sym-pas avec moi, même si j’ai couru contre leur grande idole pendant plusieurs sai-sons. Je ne signe pas moins d’autographes en Allemagne qu’ailleurs, c’est même plu-tôt le contraire.

D’habitude, je n’ai pas de mal à retenir un nouveau circuit, dans ses moindres détails. En quelques tours c’est plié. Mais là, avec les 20,8 km de la Nordschleife, ce tracé du Nürburgring qui n’a plus été dédié à la F1 depuis 1976, c’est impos-sible ; surtout que la trajectoire idéale n’est pas du tout celle à laquelle on pour-rait s’attendre. Pour s’en sortir vivant, il faut éviter les bosses, négocier plusieurs virages comme s’il n’y en avait qu’un alors que le circuit en compte plus de 70 ! Ou encore se forcer à prendre la corde pour garder de l’élan dans les passages en côte. Et il y en a pas mal. Ce circuit, c’est un sacré grand huit, rien à voir avec une piste normale.

Même avec les meilleures capacités d’apprentissage, il faut le concours d’une équipe expérimentée pour assimiler toutes les spécificités de ce tracé. Par exemple, pour déterminer quelle bordure je peux toucher sans bousiller la jante, pour décider si je dois rétrograder avant les sauts de bosse ou si ça peut encore le faire dans les airs… Les hommes de l’équipe de développement de Porsche savent faire tout ça, et sur la Nordschleife, elle est comme chez elle. Quand ils disent qu’il faut y aller à fond au niveau de la section de l’Antoniusbuche et que le point de virage est à 280 km/h, on peut les croire sur parole. Peut-être que je me pencherai en sortie de virage pour voir ça, parce que je vais avoir envie de savoir si le pneu avant droit va rester sur la route jusqu’au bout, ou si je vais devenir la ton-deuse à gazon la plus rapide d’Allemagne. En gros, ces gars-là ne se sont encore ja-mais trompés, et il me semble judicieux de faire ce qu’ils disent.

Ce jour-là, j’étais content que personne ne s’attende à ce que je fasse un temps record. Je visais 7 minutes 40, et même moins de 7 minutes 30 après une journée d’essais. Pour faire mieux, il me faudrait pas mal de temps.

Au démarrage, le système hi-fi de série passait de la musique qu’on n’entend

« Avant les sauts de bosse, la voiture doit être pa rfaitement pos itionnée. U n travail au millimètre près à plus de 20 0 km/h »

493 chevaux, aérody-namique au top et grand cœur : Webber n’a pu se priver de pilo-ter la Porsche 911 GT3 RS sur le Nürburgring.

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« Les freins sentent le chaud, les pneus a ussi

ont bien chauffé. Mon temps  ? Je n’a i pas

envie de le savoir. Je ne compta is pas

établir de re co rd »

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qu’en Allemagne, Scorpions ou un truc dans le genre. Avant d’éteindre la radio, je me suis dit que ça faisait bizarre d’en-tendre un titre des Scorpions dans le 2e modèle de route le plus rapide que Por-sche ait construit. Même si cela est tech-niquement possible, je ne vais pas tenter le diable. Coupons le son. La radio et la Nordschleife, voilà deux choses qui ne sont pas compatibles. Là, je ne parle même pas de Scorpions. Je dois rester concentré à 100 % sur mon parcours.

La 911 GT3 RS est dotée d’une boîte 7 vitesses à double embrayage qui se commande avec des palettes. Pas d’em-brayage, pas de levier de vitesses, les deux mains sur le volant. Et ça, ça me plaît. À quoi bon se fatiguer si la boîte PDK fait tout mieux et plus vite que je pourrais ne le faire ? Je demande aux techniciens de Porsche à quoi je devrais faire attention une fois que le moteur et l’essence seront chauds. Aux freins ? Aux pneus ? “À rien, me répondent-ils. Éclate-toi, c’est tout !”

Premier obstacle en début de parcours. Il y a une bosse à droite, dans le premier virage, à éviter en passant sur l’intérieur. Ensuite, on descend sur le virage d’Hatzenbach. Repartir sur la droite pour pouvoir tirer tout droit ensuite, et prendre les deux virages suivants sur la droite d’un seul élan. C’est fait, ouf ! Je continue. Après la section d’Hoheneichen, les jantes ne doivent pas toucher les bordures. Et là, pour la première fois, ça devient marrant. Avant la bosse de Flugplatz (qui signifie “aérodrome”), la voiture doit se trouver sur le bord le plus à gauche. Un travail au millimètre près en 5e, à plus de 200 km/h. Juste après l’atterrissage, retour en 4e. La Porsche fait automatiquement un double débrayage, le moteur rugit à l’arrière. Il faut ralentir au bon moment. À la sortie du triple virage suivant sur la droite, les petits chiffres du gros compteur analo-gique affichent de nouveau 180 km/h.

Vue du cockpit, la descente de la Fuchsröhre ressemble à une série de pe-tits virages. Ne vous fiez pas à cette im-pression. On me lance : “C’est une des-cente, point ! Il faut la prendre tout droit.” Et ça marche. Le poids de la voiture est complètement sur l’avant en bas, le comp-teur affiche 260. Dès qu’on voit que ça va remonter, il faut oublier cette sensation si agréable de l’air qui passe à travers les na-rines, et aller à fond sur les freins. Impos-sible de me rappeler le nom de chaque

Avant le Brünnchen, un bruit horrible se fait entendre, le spoiler avant a touché le sol quand le nez de la voiture a plongé. Pas grave, tout est en carbone, capot du moteur et garde-boue avant inclus.

La très longue ligne droite de la Döttinger Höhe est aussi bosselée que le reste du circuit. Malgré les énormes pneus 325 de 20 pouces à l’arrière – parfaits pour un SUV – la 911 tient parfai-tement la route. Encore quelques virages jusqu’à l’arrivée, puis retour direct dans les stands provisoires.

Les freins sentent le chaud, les pneus ont aussi bien chauffé. Mon temps ? Au-cune envie de le savoir, je ne comptais pas établir de record. Ce qui m’importe, c’est tout autre chose. Ma GT3 RS, je la com-mande en vert ou non ? Je me demande si cet orange ne claque pas plus. »

L’aileron arrière réglable caractérise les modèles GT3. Sur une piste de course, il est une pure nécessité.

tronçon. J’ai reconnu l’endroit où Niki Lauda a eu son accident (le 1er août 1976, le pilote autrichien, en tête du classement général, perd le contrôle de sa Ferrari et s’écrase contre le rail de sécurité. Quatre pilotes l’extirpent de sa monoplace en feu, ndlr), les deux “Karusselle” où ça péta-rade méchamment, et puis les nombreux passages risqués, ces virages aveugles qu’on prend à 200 km/h et qu’on quitte en étant encore à 170.

C’est jouissif de sentir la 911 GT3 RS réagir aussi rapidement et facilement, alors que c’est une voiture tout à fait “nor-male”, homologuée pour la route et avec un autoradio qui passe les Scorpions.

« Homologuée pour la route, la Porsche 911 GT3 RS est une voiture to ut à fait “normale” »

UN MYTHE À PORTÉE DE VOLANTSchwedenkreuz, Fuchsröhre, Caracciola- Karussell, Brünnchen… sur 20,832 km, la Nordschleife du Nürburgring fait envie avec ses tronçons techniques et ses 73 virages exigeants. Se confronter à « l’enfer vert » est possible. Presque tous les jours, elle ouvre ses portes aux fans, qui peuvent vivre cette expérience lors d’une sortie touristique bien particulière, au volant de leur voiture. Infos sur nuerburgring.de

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LES FORÇATS DE LA MER

L a V o l v o O c e a n R a c e , l e t o u r d u m o n d e e n é q u i p a g e , e s t u n e c o u r s e m y t h i q u e . C h a q u e m é d i a m a n à b o r d d ’ u n b a t e a u e n f a i t v i v r e l e q u o t i d i e n a g i t é p e n d a n t p l u s d e 8 m o i s . A v e c l e u r s p h o t o s , c e s e n v o y é s s p é c i a u x m o n t r e n t e t r a c o n t e n t l ’ e n f e r d e l ’ i n t é r i e u r . T e x t e   : É t i e n n e B o n a m y & A l b e r t N i e m a n n i

9 ÉTAPES / 11 ESCALES / 38,739 MILLES NAUTIQUES

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Abu Dhabi Ocean Racing surfe dans le Pacifique Sud vers le Horn. À la manœuvre, Simon « SiFi » Fisher courbe le dos face aux vagues et garde le cap. Insubmersible.

ÉTAPE 5 / AUCKLAND-ITAJAÍ / PACIFIQUE SUD

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LA ROUTE DE LA VOLVO OCEAN RACE 2014-2015

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Team Brunel « englouti » dans les eaux du Cap Horn. On passe rarement près du « Monstre » sans se mouiller. À une allure de régate, il faut prendre tous les risques.

ÉTAPE 5 / AUCKLAND-ITAJAÍ / CAP HORN

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Des instants de repos indispensables à bord de Dongfeng. Éric Péron (en haut), « Black » Liu Xue (à gauche) et Jack Bouttell récupèrent après une journée de manœuvres.

L’équipage d’Abu Dhabi Racing Team est en tête et en vue de la côte brésilienne. Itajaí attend les vainqueurs de la plus longue étape de cette Volvo Ocean Race : 6776 milles nautiques.

ÉTAPE 5 / AUCKLAND-ITAJAÍ / POINT FINAL

ÉTAPE 3 / ABU DHABI-SANYA / BONNE NUIT

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Changement de voile pour le Team Alvimedica au large de la Nouvelle- Calédonie. Le vent forcit, chaque minute compte et le Néo-Zélandais Dave Swete grimace. Cadences infernales à bord.

Au milieu du Pacifique Sud où le Dong Feng Race Team force l’allure aux premières places, Dave Swete s’offre une pause déjeuner frugal. Avant d’aller prendre son quart.

ÉTAPE 4 / SANYA-AUCKLAND / À TABLE

ÉTAPE 4 / SANYA-AUCKLAND / GALÉRIEN

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I L S D O R M E N T A V E C L A C R A I N T E D E P E R C U T E R U N C O N T E N E U R O U U N E B A L E I N E E N D O R M I E

À la barre d’Alvimedica, Stu Bannatyne navigue sans crainte dans un Pacifique Sud inhospita-lier. Le bateau US sera le premier à franchir le Horn, quelques minutes devant ses concurrents.

À 1 000 milles d’Auckland, Team Alvimedica est à la poursuite du trio de tête. Après une nuit de travail, les mains de Ryan Houston témoignent du travail accompli.

ÉTAPE 5 / AUCKLAND-ITAJAÍ / GROS TEMPS

ÉTAPE 4 / SANYA-AUCKLAND / JEUX DE MAINS

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e 4 octobre 2014, jour de départ de la Volvo Ocean Race 2014-2015 à Alicante, quelques-uns des meilleurs marins du monde, le visage bronzé et tanné par le soleil, ont le regard sérieux. Sept bateaux s’apprêtent à parcourir les océans de la planète pendant huit mois dans une course effrénée en neuf étapes avec des escales en Afrique du Sud, dans les Émirats arabes, en Chine, en Nouvelle- Zélande, au Brésil, aux États-Unis, au Portugal, en France et en Suède à Göte-borg, point d’arrivée de la course.

À écouter les récits des athlètes sur la jetée à Alicante tandis que les mouettes braillent au-dessus de leurs têtes, on croi-rait avoir affaire à des masochistes. Ils parlent de températures caniculaires et glaciales, d’orages, de tempêtes, de dan-gers mortels. D’étapes pendant lesquelles la tempête leur jette des stalactites, d’un mélange entre chevauchée et vol au- dessus de vagues hautes comme des immeubles.

« En surfant sur certaines de ces vagues monstrueuses, la proue arrive à s’enfon-cer dans le creux des vagues », raconte l’Allemand Tim Kröger qui a déjà partici-pé plusieurs fois à la Volvo Ocean Race. « Un mur d’eau d’un mètre et demi peut emporter n’importe qui. Après, on se re-trouve assis avec de l’eau gelée jusqu’aux hanches. On arrête de penser. Et c’est très bien, car penser peut vite se transformer en douter. Et ce ne serait pas le moment. »

Pendant des semaines, les marins vivent sur leur bateau de 20 mètres de long, entassés à neuf dans quelques mètres carrés. Pendant des jours, ils gardent les mêmes vêtements trempés. Dans l’obscurité, à 60 km/h, ils dorment avec la crainte de percuter un conteneur flottant ou une baleine endormie, ce qui peut rapidement tourner à la catastrophe. Ils crispent le visage quand ils pensent aux nouilles qu’ils aspirent d’une sorte de tube.

Certains atteignent un tel niveau de stress pendant la course que leur barbe arrête de pousser, tandis que d’autres perdent jusqu’à dix kilos lors de certaines étapes.

Ken Read, ancien skipper de la Volvo Ocean Race, nous aide à imaginer la course : « Pendant une tempête, asseyez-vous sur le toit de votre voiture et roulez à toute allure sur une mauvaise route de montagne. Alors vous aurez une vague idée de ce que nous vivons. »

La plus grande peur de Ken a toujours été d’entendre un jour le cri « Un homme à la mer ». « La pire situation que j’ai vécue pendant une Volvo Ocean Race ? Lorsque le marin Hans Horrevoets s’est noyé en 2006 après être passé par-dessus bord sur un autre bateau. »

Le danger est présent à chaque minute de la course. Fin novembre 2014, soit peu de temps après le départ, le nombre de concurrents passe de sept à six : le bateau Vestas Wind éventre sa coque sur un récif de l’Océan Indien, au nord-est de l’Île Maurice. Avant d’être secouru au petit matin, l’équipage passe la nuit sur le flanc du bateau.

Les bateaux qui participent à la Volvo Ocean 65 sont des machines de course faites de kevlar, de fibres de carbone et d’autres matériaux innovants. À bord, ils sont bardés d’électronique de pointe et de systèmes hydrauliques surpuissants, mais ils sont tout sauf confortables. La simple absence d’isolation dans les bateaux rend la vie à bord cauchemardesque. Dans les régions où la température de l’océan est à 1 °C, il ne fait même pas 10 °C dans la cale caverneuse du bateau. Les bruits vont de clapotis paisibles à des mugissements assourdissants, comme lorsque, sur le

pont, un marin borde le monstrueux gennaker avec l’une des énormes mani-velles et que l’on a l’impression que le bateau se fracasse.

« Dormir trois heures d’affilée est une bénédiction », confie l’un des hommes sur la jetée à Alicante. « Deux hommes se partagent un sac de couchage à tour de rôle pour économiser de la place et du poids. » Le Français Yann Riou, 31 ans, est le média man du team franco-chinois Dongfeng. Comme les six autres « repor-ters », il lui est certes interdit de participer aux manœuvres, mais il partage le quotidien de l’équipage.

Yann a eu son lot d’émotions à l’ouest du Cap Horn. « J’étais en train de parler avec le barreur Charles Caudrelier à l’intérieur du bateau, quand soudain on a entendu un craquement terrible. » Le haut du mât venait de se briser. « Dans un tel cas, il faut monter couper le bout cassé pour éviter qu’il ne tombe sur le pont. Ce serait encore plus grave. »

À quoi ressemble un jour typique de course à bord ? Pour l’ancien skipper Ken Read : « Chaque jour est différent. Les premiers jours sont les pires. Après, on s’habitue à tout. »volvooceanrace.com

L En route vers la Nouvelle-Zélande, le bateau franco-chinois mène la bagarre. Pour le plus grand plaisir de « Wolf » Yang Jiru. À l’arrivée, Dongfeng finit 2e à 4 minutes de l’Espagnol MAPFRE.

ÉTAPE 4 / SANYA-AUCKLAND / À L’ATTAQUE

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J O U R S S O N T L E S P I R E S   »

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Dans Jurassic World, Chris Pratt, élevé au bon grain du Minnesota, se joue d’un dino génétiquement modifié.

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CHRIS PRATT REVIENT DE LOIN. STAR DE JURASSIC WORLD,

ANNONCÉ COMME LE PROCHAIN INDIANA JONES, L’AMÉRICAIN A

MIS LES GAZ POUR PASSER DU NÉANT AUX SPHÈRES VIP DU

SYSTÈME HOLLYWOODIEN.TEXTE : RÜDIGER STURM

PHOTOS : PETER YANG

UNE HISTOIRE

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C’EST DANS UN CAFÉ DE HAWAII OÙ CHRIS PRATT EST SERVEUR QUE VA DÉBUTER SA CARRIÈRE... IL Y RENCONTRE L’ACTRICE RAE DAWN CHONG, VUE DANS UN CLASSIQUE DU CINÉMA D’ACTION, COMMANDO

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Ceux qui ont connu Chris Pratt à la fin des années 90 n’en reviennent pas. À cette époque, le jeune homme avait tout du hippie marginal, dormant dans un van pourri garé sur la plage de Maui alors qu’il était parti avec un ami vivre un an à Hawaii. Financées par des petits boulots de serveur, ses « occupations » princi-pales consistaient à boire de l’alcool à volonté et à fumer du chanvre indien, ou cannabis, pour ne pas citer ce produit stupéfiant.

Changement de décor et d’époque. Nous sommes en mars dernier, dans l’une des luxueuses suites du Four Seasons, un hôtel clean de Los Angeles. De mauvaises langues soi-disant introduites dans le milieu hollywoodien nous avaient dit que Chris Pratt accompagnait volontiers ses interviews d’un verre de whisky. Faux. À côté de lui trône une bouteille d’eau minérale, et non gazeuse. C’est un bel homme qui nous apparaît, tout en muscles. Envolée, l’image du marginal zonnard aux yeux rougis par la fumette, cet Américain de 36 ans est aujourd’hui un acteur apprécié et reconnu. À son actif, des rôles clés dans des blockbusters comme seul les States savent en produire : Les Gardiens de la Galaxie ou Jurassic World, suite hyper attendue de Jurassic Park, en salles depuis le 10 juin. Malgré ces références ciné-matographiques enviables, Chris Pratt a le succès modeste. Quand est venue à ses oreilles une rumeur l’annonçant comme favori des studios Disney et de Lucasfilm pour incarner le nouvel Indiana Jones, il fut le premier à s’en étonner sincèrement.

Après des études placardées en moins d’un se-mestre, et une belle succession de boulots alimen-taires, Chris se pose quelques mois comme profes-

« JE N’AURAIS EU AUCUNE GÊNE À JOUER LE PREMIER HÉROS OBÈSE DE L’HISTOIRE DU CINÉMA »

sionnel du strip-tease. Sans grand succès, quand bien même la grand-mère de l’un des copains se souvien-dra jusqu’à la fin de ses jours d’une performance très hot redevable à cet originaire du Minnesota bien bâti. Lorsqu’un groupe de potes lui propose de le rejoindre à Hawaii pour s’y installer, Chris n’hésite pas. C’est là-bas qu’il se met à envisager de plus en plus de s’essayer au métier d’acteur, même s’il n’a, forcément, aucun plan concret. « J’ai toujours aimé jouer la c o-médie, lance-t-il, comme si cette déclaration semblait résumer son destin. Quand j’avais 3 ans, nous sommes allés voir mon grand frère jouer une pièce à son école. Ma mère était émue aux larmes, et c’est à ce moment-là que je me suis dit à que moi aussi, je pourrais faire du théâtre ! »

À Hawaii, le destin frappe à sa porte. Enfin, plutôt à celle du café où il s’acharne à accumuler quelques dollars en tant que serveur. C’est sous les traits de la Canadienne Rae Dawn Chong que la chance lui appa-raît. Cette actrice aux cheveux bouclées, Chris l’a vue dans Commando, un classique du cinéma d’action des années 80 (que tout un chacun se doit d’avoir vu), dans lequel on peut apprécier cette scène magique : Arnold Schwarzenegger portant à bout de bras un tronc d’arbre alors qu’il fait route vers son foyer (où l’attend sa fille, interprétée par la pétillante Alyssa Milano, âgée de 13 ans à l’époque). En lui apportant son assiette de crevettes (à Rae, pas Alyssa), Chris reconnaît la comédienne et se jette à l’eau. Après un numéro de charme apparemment efficace, Rae lui propose un rôle dans son tout premier film, la comé-die (déviant vers l’horreur) titrée Cursed, part III, et le fait venir à Los Angeles.

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« QUAND TU AS EU À FAIRE À DES GRANDS-MÈRES EN CHALEUR, TU NE PEUX PLUS TE PRENDRE AU SÉRIEUX »

ne fois ce film tourné, Chris connaît le long chemin de croix de tout acteur débutant et inconnu à Hollywood. Il se présente à tous les castings, essuie refus sur refus, mais persévère. Des journaux se sont permis de rapporter qu’il a vécu son essai raté pour Avatar, le film à près de 15 millions d’entrées, comme la désillusion ultime. Ironique, Chris rectifie, avec aussi une pointe d’amertume : « C’en était un de raté parmi tant d’autres ! À cette époque, je m’écumais tous les castings, et on ne me confiait aucun rôle. C’est simple : j’ai auditionné pour presque tous les films dans lesquels je ne figure pas. »

Ce qui l’a fait tenir ? « Une confiance absolue en moi, un enthousiasme indestructible, et la conviction que tous ceux qui n’avaient pas voulu de mes talents commettaient une affreuse erreur. » Ce qui ne fait pas de Chris Pratt un mégalo imbu de sa personne. Au contraire, il sait considérer son métier avec recul et humilité. Après avoir fait ses classes dans des séries télé, il avoue être davantage intéressé par les rôles de caractère que par les rôles principaux.

C’est pour cette même raison que Chris Pratt relève tous les défis de transformation physique : prendre du poids pour jouer Andy Dwyer, le sympa-thique nigaud de la série Parks and Recreation, se mettre au régime pour le rôle d’un joueur de baseball dans Le Stratège, dans lequel Brad Pitt interprète un coach hors du commun, avant de réapparaître sur les écrans avec 20 kilos de plus dans la comédie Ten Years. Pas de problème pour lui qui fait passer les exigences d’un rôle avant son ego. Pour Delivery Man,

2011 LE STRATÈGEStar du base-ball aux côtés de Brad Pitt, dans un film cinq fois nominés aux Oscars.

2012 ZERO DARK THIRTYLes forces spéciales US en chasse contre Oussama ben Laden. Un film nominé cinq fois aux Oscars.

2012 5 ANS DE RÉFLEXIONMeilleur ami de Tom, l’éternel fiancé, dans cette comédie de Nicholas Stoller.

2014 LA GRANDE AVENTURE LEGOEmmet, c’est lui ! Le bonhomme jaune est destiné à sauver le monde Lego.

2015 LES GARDIENSDE LA GALAXIERebelle intergalac-tique dans l’adapta-tion des comic books de Marvel.

SES RÔLES AU TOP

comédie sur fond de paternité multiple, il a même dû monter jusqu’à 150 kilos, avant de retourner soulever de la fonte, non par orgueil, mais pour préparer son rôle de héros musclé dans Les Gardiens de la Galaxie. « Cela dit, je n’aurais eu aucune gêne à jouer le pre-mier héros obèse de l’histoire du cinéma. » D’ailleurs, le projet lui a tellement plu qu’il s’est lancé dans l’aventure à fond, en dépit des prévisions d’un flop total, qui aurait mis sa carrière en péril. À l’époque, personne ne pariait sur les aventures de ces super- héros issus des comic-books de Marvel qui par-courent la galaxie à la recherche d’un hypothétique caillou. Pourtant, le film a été un succès avec une recette de 774 millions de dollars, et a valu à Pratt le titre de Rebelle de l’année 2014, conféré par le magazine Hollywood Reporter. Ce qui installe logi-quement Chris en couverture de notre numéro, dédié aux rebelles en tous genres.

Chris Pratt garde la tête froide en toutes circons-tances. Même lorsqu’il partage l’affiche avec une star comme Brad Pitt, dans Le Stratège. Il avoue tout de même avoir fait semblant de ne pas être intimidé : « C’était vraiment cool de jouer avec lui. J’aurais peut-être dû en profiter davantage. »

Les vrais héros, pour lui, ne se trouvent pas dans les films : « Ce sont des gens qui viennent en aide aux autres sans le moindre intérêt, sans attendre un merci. Par exemple, un type comme Russell Wilson, joueur de l’équipe de football américain des Seahawks de Seattle, est un héros pour moi, non pas parce qu’il a emmené son équipe jusqu’en finale du Super Bowl deux années de suite, mais pour ses engagements, comme aller rendre visite à des enfants malades dans les hôpitaux. Les vrais héros sont des gens comme lui et tous ces inconnus qui prennent des risques au quotidien pour aller sauver des vies, sans rien attendre en retour. »

Chris Pratt est un mec à la cool, et il est drôle. C’est justement son humour et son talent d’improvi-sation comique qui ont plu aux auteurs de la série Parks and Recreation et à Colin Trevorrow, le réalisa-teur de Jurassic World, la première fois qu’ils l’ont au-ditionné. Des aptitudes que Chris Pratt explique par son passé de marginal : « Quand tu as eu à faire aux rats, aux poux et aux grands-mères en chaleur, tu ne peut plus te prendre au sérieux. »

Un credo qui vaut pour toutes les étapes de sa vie, y compris son nouveau film, Jurassic World, au budget astronomique de 180 millions de dollars. D’ailleurs, quand on lui demande quel a été le meil-leur moment du tournage, il perd son sérieux de fa-çade et répond, goguenard : « C’est quand j’ai dû conduire une moto à fond la caisse. J’ai terminé la course par un magnifique vol plané involontaire. La bécane était bonne pour la casse. Bref, un grand moment ! » Un éclair de malice traverse son regard.jurassicworldmovie.com

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Chouchou de Steven Spielberg, il est pres-senti pour succéder à Harrison Ford dans le rôle d’Indiana Jones.

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LE DÉSERT EN JUGERA

Née en 1967, la Polaris RZR Mint 400 est une course motorisée de légende. I ls sont des

centaines chaque année, pros et amateurs, à venir dynamiter leurs voitures, quads ou

buggies à l ’assaut du désert du Nevada. The Red Bulletin a suivi l ’un d’eux, de la préparation

de son truck au verdict de la course. Texte  : Cole Louison Photos  : David Harr y Stewart

Rendez-vous majeur du calendrier des courses hors-route, la Mint 400 est un monde impitoyable.

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Plus de 300 équipages sont en concurrence, mais seuls quelques uns d’entre eux voient la ligne d’arrivée.

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«  Tu grimpes là-dedans, tu mets ton casque,

et.. . pas besoin de mots, ce sont juste

des sensations »

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Deux jours avant son rendez-vous de l’an-née, la Great American Off-Road Race plus connue sous le nom de Mint 400, Justin Park reçoit sous le porche de sa maison des faubourgs d’Encinitas, en Cali-fornie, sans lâcher du regard le truck garé dans l’allée. « Tu grimpes là-dedans, tu mets ton casque, et… pas besoin de mots, ce sont juste des sensations. Regarde la bête ! » Cette bête, la sienne, il la flatte maintenant de la main. Une Ford Ranger customisée, moteur V6 gonflé aux hor-mones de croissance, structure tubulaire invulnérable, pneus obèses et suspensions vitaminées. Ce taureau tout-terrain s’est refait une beauté grâce à ce mari poli et professionnel des systèmes informatiques de 39 ans qui a investi 40 000 dollars dans son buggy. Trois mois d’ouvrage, avec son équipe. Demain, ils vont emprunter la Route 15, direction Las Vegas.

La Polaris RZR Mint 400 réunit plus de 300 des meilleures équipes améri-caines, lancées dans une course au Big Money et à la visibilité. Les sponsors des pros veulent être vus, les amateurs veulent être vus des sponsors. Les deux camps sont facilement discernables : les équipes professionnelles sont équipées de combinaisons, casques et bottes neufs, et chaque centimètre carré visible du buggy est recouvert des stickers publicitaires de grandes marques. Les amateurs, eux, font dans l’ancien pour leur équipement. Idem pour leurs montures qui cachent mal l’usure et la modestie promotionnelle.

Pour la course, Park et son copilote porteront une combinaison noire liserée de blanc et des chaussures personnali-sées, offertes par leur sponsor. Les autres partenaires s’affichent en bas de leurs manches. « La Mint est mythique, raconte Justin Park debout sur la plateforme qui portera le lendemain sa Ford Ranger. J’ai grandi ici en entendant les adultes raconter des histoires sur cette course. Si vous y faites une bonne performance, votre vie peut changer. J’ai la pression. » Park parle d’une voix claire et précise. Il n’a pas l’accent traînant des surfeurs californiens et ses propos révèlent son esprit cartésien d’ingénieur informatique : « L’organisation élève l’équipe vers le suc-cès. » Ou son goût pour la chose difficile : « Mon père est un vétéran des Navy Seals, il y a passé 28 ans. Il a travaillé avec Jacques-Yves Cousteau sur le premier

«  J’ai grandi en entendant des histoires sur la Mint 400. Si vous performez dans cette course, votre vie peut changer  »

La Mint 400 se vit de l’aube jusqu’à tard dans l’après-midi.

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Les équipages père-fils ou père-

fille ne sont pas rares. La Mint est

devenue un évé-nement familial.

appareil respiratoire sous-marin. Il aimait les choses étonnantes et j’ai aussi ressenti ce besoin d’être Superman, et d’aller me frotter à des conditions difficiles. »

L’aventure a commencé en dirt bike dans les zones rurales de la Californie.Puis, quand ce dernier a commencé à ri-mer trop souvent avec blessures, Justin a glissé vers les petits trucks et a commencé à gagner de petites courses. Par hasard, il a rencontré des sponsors et a commencé à travailler avec un investisseur avec qui il a développé la Baja Olive, une marque d’huile d’olive. La marque trône fière-ment sur son truck. La péninsule de la Baja California, à l’ouest du Mexique, est le terrain de jeu parfait pour la course hors-piste. Sans doute la Mecque du tout- terrain, étendue sur 1 207 kilomètres. Tout en dunes sablonneuses et rideaux de cactus, elle accueille une autre course fameuse : la Baja 1000. Son succès avait inspiré un directeur de la communication recruté par un magnat du jeu qui venait d’ouvrir un hôtel : The Mint. Ainsi était née la Mint 400.

Une journée classique pour Justin Park débute par un petit-déjeuner avec sa femme Mia, pianiste et éditrice. Puis il part bosser, pendant neuf heures, occupé à résoudre les problèmes informatiques de la société de conception qui l’emploie, tout en gérant son entreprise d’huile d’oli-ve, et en courtisant d’éventuels sponsors dont il espère des pièces de rechange.

Christine Vitel • 13.05.15 14:22co-pilote ou copilote

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5 heures du mat’ sur le parking du Gold Strike Casino. Parmi ces équi-pages, certains resteront prisonniers du désert

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Les véhicules engagés dans la MINT 400,

sur 25 classes au total, s’élancent

deux par deux.

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Aux alentours de 18 heures, il est de retour chez lui, passe une heure sur les réseaux sociaux pour promouvoir Baja Olive et, s’il lui reste un peu de temps avant le dîner, il bosse sur la chambre d’hôtes qu’il est en train de lancer. Dîner, vaisselle et gestion de ses combinaisons de course sont à suivre. Enfin, il retourne s’occuper de son truck.

À 48 heures du départ de la course, l’équipe de Park claque enfin les portes du truck. James O’Shea, 39 ans, et Scott Breauxman, 47 ans, ont grandi dans le comté de San Diego, là où le cœur de la course hors-route bat fort. Très fort. Les deux ont cet accent traînant du sud de la Californie – celui que vous entendez dans les films de surf – mais ils sont surtout des experts bénévoles imprégnés d’expériences de la course dans le désert. Leur amitié a un quart de siècle. Ils font route avec Park.

près une infinie quantité de détails à résoudre en deux jours, Justin fait monter le régime moteur de son engin sur le par-king du Gold Strike Casino Resort, sous la lune froide du désert. Il est cinq heures du matin. Park est engoncé dans son cockpit avec O’Shea, devenu son copilote après avoir été longtemps son assistant dans les stands. Une boucle dans un crissement

La course a aussi la réputation d’attirer de jolies spectatrices.

de pneus, et l’équipage se glisse dans la longue file des pilotes qui rejoignent la ligne de départ. S’y trouvent des truc-ks, des quads, des buggies, de vieilles Coccinelles et des sand rails, aux vieux airs d’insectes mangeurs de légumes. Éco-durable ? Non. Ici, ça vrombit et ça fume. Sur le chemin, certaines montures caleront et ne repartiront jamais.

Le format de la course est particulier. Les voitures s’élancent deux par deux, et pas en peloton aux ordres d’un drapeau à damiers agité. L’idée est d’envoyer les monstres à l’assaut de la piste divisée par une rangée de cônes, au moment où la poussière des précédents partants s’assa-git et offre un peu de visibilité. Déjà, la piste ressemble à un dessin après un coup de gomme : tout semble un peu flou et les matières se sont regroupées. Au total, 25 classes courent la Mint 400,

LA MINT 400 EN CHIFFRES Voici les marqueurs de la Polaris RZR Mint 400

1 500 MOTS Ou la place qui a été accordée au journaliste de Sports Illustrated Hunter S. Thompson pour qu’il relate la Mint 400 de 1971.

15 000 MOTS Le nombre de mots que le journa-liste a fini par envoyer à son rédac chef. Son récit de la Mint 400 a pris des airs de Las Vegas Parano.

65 000 FANS Voilà la foule immense qu’a réussi à mobiliser la folle Polaris RZR Mint 400 en cette année 2015.

149 ÉQUIPES Presque la moitié des 330 trucks et buggies engagés dans la course n’ont pas rallié la ligne d’arrivée.

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relève même pas la tête de sa tablette quand Park marque l’arrêt sur la ligne de départ avant de s’élancer dans un nuage de poussière. Park n’ira même pas jusqu’au premier check-point, situé à 80 kilomètres de là. Très vite, il a perçu les défaillances de son régime moteur. Au km 53, son truck décroche, mais re-part pour une dizaine de minutes, puis cale pour de bon à 5 kilomètres du point A. Un texto laconique file vers l’équipe : « Problème ». Suffisant pour que Scott Breauxman passe en mode urgence, et balance toutes les pièces de rechange dis-ponibles dans son 4×4 Toyota, puis fonce à travers les dunes, les creux, les bosses, les cailloux, le sable, les restes de feux de camp et les cactus. Jusqu’à Park, O’Shea et le truck souffreteux. Quand ils tentent de relancer son moteur, celui-ci émet un sifflement sec, puis cale dans un « pop » couvert par le vacarme d’un buggy en bonne santé, qui fonce à quelques mètres seulement de leur garage improvisé.

« On a appelé le gars qui a construit le moteur. On a eu un souci d’huile. Justin a vu des étincelles, aussi. Je ne sais pas trop ce qui arrive… », déclare O’Shea. « C’est le moteur », résume Park, pas plus fixé. Il a la tête du type qui a appris une sale nouvelle mais qui ne sait pas vraiment si c’est une mauvaise blague ou non. Park aide Breauxman à fixer le câble de remor-quage à la suspension avant de son truck.

de la classe 5 (VWs) à la classe 7 des Stock Mini – celle où concourt Justin Park. Le plus rapide de chaque classe remporte la course. Le temps de chaque coureur est relevé par le GPS, auquel on ajoute d’éventuelles pénalités de temps.

Le soleil est tout juste retenu par les crêtes rocheuses quand Park s’élance. L’officiel, chaussettes et gilet orange, ne

Le voyage de retour jusqu’aux stands sera bien long…La journée doit s’achever par une remise des prix, au moins aussi longue que les courses, dans les cris de joie qui accompagnent la remise des di-zaines de récompenses attribuées. Park et son équipe n’y assisteront pas. Ils vont aussi zapper la fameuse soirée qui clôture la course, et rallier leur hôtel situé à une cinquantaine de kilomètres. Très tôt le lendemain matin, ils prendront la route du retour.

« C’était bien le moteur », expliquera Park deux semaines plus tard. Un dys-fonctionnement de l’ordinateur de bord a causé un problème majeur sur le running lean, le régime basse consommation, qui a empêché l’essence d’affluer. Justin Park a été battu, mais pas abattu. Il a déjà l’esprit tourné sur le rendez-vous du mois d’août, le Great Tire Vegas to Reno, un trek de 845 kilomètres, toujours dans le désert. « Cette fois-ci, le désert a gagné mais c’est bien pour ça qu’on appelle ça une course. Il y en a toujours une après, lâche Justin Park. Celle qui s’annonce est une épreuve monstrueuse : c’est long, il va faire très très chaud, et on va beau-coup se préparer pour ce rendez-vous. Maintenant, c’est notre objectif. C’est cela qui fera notre histoire.» Un fils de Navy Seals ne se laisse jamais abattre.

Les plans les mieux pensés peuvent se

noyer dans le désert du Nevada, et partir en fumée. Après des mois de préparation,

le truck de Justin Park s’est immobilisé à

cause d’une panne de l’ordinateur de bord.

«  Le désert a gagné. Mais ce n’est qu’une course, i l y en a toujours une autre à venir  »

Justin Park : à la fois père de famille et aspirant champion.

Retrouvez la Mint 400 dans les Red Bull SignatureSeries sur NBC le 28 juin, de 21 à 23 heures.

THE RED BULLETIN 77

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L e B r é s i l i e n M C G u i m ê , c h a n t e u r r e c o n n u d e b a i l e f u n k n é à S ã o P a u l o , n o u s a i n v i t é à s u i v r e s e s e s c a p a d e s n o c t a m b u l e s a u c œ u r d e l a m é g a l o p o l e p a u l i s t a .T E X T E   : F E R N A N D O G U E I R O S P H O T O S   : R O B E R T A S T L E Y S P A R K E

S U R S A

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Jolies filles et fans survoltés : les nuits en compagnie de MC Guimê (à g.) sont longues et animées.

G U E S T

L I S T

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De la zone aux loges VIP des clubs de São Paulo : en 4 ans, Guimê est devenu une star en son pays.

L e L i o n s N i g h t c l u b a d y n a m i s é t o u t u n q u a r t i e r d e S ã o P a u l o   : r a p p e u r s , m a n n e q u i n s e t g a y s s ’ y p r e s s e n t

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Page 81: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

MC Guimê en concert : certains clips de ce chanteur brésilien

affichent plus de 50 millions de vues.

A arborant des chaînes en or souvent plus grosses que lui. « Neymar est un type nor-mal, pas prise de tête, avec lequel on peut déconner. » Hormis leur taille, l’autre point commun entre les deux Paulistes : leur degré de popularité au Brésil. Neymar est au foot ce que MC Guimê est à la musique. Et pour ce qui est de la vie nocturne locale : MC Guimê est à São Paulo ce que David Guetta est à Ibiza : le guide idéal.

Un gros van noir et luxueusement aménagé file dans les rues de São Paulo. À l’intérieur, confortablement installés sur les banquettes en cuir, Guimê, six de ses potes, et autant de chaînes en or, de lunettes noires et de casquettes bombées.

En fond sonore, Brazil We Flexing, l’un des morceaux de notre guide pour la soirée. Mélange de Miami bass, d’élec-tro-funk, de hip-hop et de musique brési-lienne traditionnelle, le baile funk, dont MC Guimê, de son vrai nom Guilherme Aparecido Dantas, est le meilleur et le plus célèbre représentant, affiche un style ostentatoire proche du rap : bagnoles, grosses bagouses à tous les doigts, et jolies pépées.

Il est une heure du matin, un jour en semaine. C’est l’une des rares soirées libres de Guimê, qui joue en moyenne 40 concerts par mois. Ce soir, il veut en profiter. Ce qui signifie : direction le Lions Nightclub, première étape de la soirée. Fréquenté par les mannequins, les rappeurs et les gays, ce club est la réfé-rence en matière de rap et de hip-hop.

vec ses 12 millions d’habitants, São Paulo est la plus grande ville du Brésil, et la plus prospère, dopée par l’une des plus fortes croissances au monde. On y trouve les plus belles filles du pays, et la vie nocturne y est trépidante. Le chanteur MC Guimê, un MC de baile funk parmi les plus connus, interprète de País de Futebol – l’hymne non- officiel de la dernière Coupe du Monde de foot – et grand pote de Neymar, star planétaire du ballon rond qui apparaît dans le clip de ce méga hit à 50 millions de vues sur YouTube. Un score désormais presque banal pour ce rappeur brésilien à la frêle silhouette, couverte de tatouages et

Un DJ en plein mix au Lions Nightclub, le temple à São Paulo du rap et du R’n’B.

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J e s u i s f i e r d u c h e m i n

p a r c o u r u   »

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Soirée Groovelicious au Lions Nightclub. On y danse jusqu’à l’aube

sur du rap US mais aussi brésilien.

« Même quand je suis crevé, je n’arrive pas à me coucher avant 4 heures du matin. »

L e b a i l e f u n k e s t u n m i x d e M i a m i b a s s , d ’ é l e c t r o - f u n k , d e h i p -h o p e t d e m u s i q u e b r é s i l i e n n e t r a d i t i o n n e l l e

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Casa 92, alors forcément, son équipe est un peu tendue, malgré leurs deux bouteilles de vodka dans le nez.

Il est trois heures et demie du matin, et la troupe arrive devant le club. Comme par hasard, le DJ passe l’un des morceaux préférés de Guimê, Blister In The Sun des rockeurs alternatifs américains de Violent Femmes. La Casa 92 a été aménagée dans une vieille maison, coincée entre deux gratte-ciel, dans le quartier de Pinheiros. Ici, ce n’est pas la même faune qu’à down-town, et le public préfère le son des Violent Femmes au hip-hop, bande-son du Lions Nightclub. Une fille aperçoit Guimê et se pend à son cou. Ils engagent la conversation.

« Même quand je suis crevé, je n’arrive pas à me coucher avant 3 ou 4 heures du matin, lâche-t-il plus tard, après s’être installé sur l’un des sofas à l’extérieur du bâtiment, sous les palmiers. Je travaille souvent très tard au studio lorsque j’enre-gistre, et quand j’ai le temps, j’aime profi-ter de la nuit à São Paulo. Cette ville a plein de problèmes : le trafic, le chaos omniprésent, mais les soirées sont incom-parables ! Quand je suis en voyage, c’est ça qui me manque. » 4 h 20 du matin, Guimê danse à l’abri des palmiers sur Bizarre Love Triangle de New Order, puis sur le très brûlant Sex Machine de James Brown. Les filles se succèdent dans ses bras pour un selfie ou deux, lui offrant des bises en guise de récompense. Il lance : « Profiter de l’instant, c’est ça qui compte ! » Dans l’air chaud de la nuit, Nena et son 99 Luftballons résonnent.facebook.com/mcguimeoficial

São Paulo est une ville suffisamment dingue

pour que les fêtards en tous genres y

trouvent leur compte.

Guimê y est passé une fois, avant d’être la star qu’il est aujourd’hui : « Je n’étais rien, un petit pauvre que personne ne connaissait. Aujourd’hui, quand je pars faire la fête, c’est dans les loges VIP des clubs. Je suis fier du chemin parcouru. » À son arrivée devant le club, la foule s’écarte pour laisser passer ce jeune ar-tiste de 22 ans qu’elle a bien évidemment reconnu. Celui qui a été découvert alors qu’il se faisait de l’argent en distribuant des flyers pour des soirées est désormais un passe-partout lorsqu’il s’agit de s’introduire dans les meilleurs endroits de la nuit locale.

Facundo Guerra, le propriétaire des lieux, est le roi de la nuit à São Paulo, proprié-taire de quelques-uns des clubs les plus branchés de la ville. Ce colosse barbu au look de hipster a ouvert le Lions Nightclub il y a cinq ans, dans le down-town de São Paulo, alors complètement délaissé. « C’était plus une question de coût qu’autre chose. Ailleurs, les loyers étaient trop chers. » Depuis, les bars et les clubs y ont poussé comme des champi-gnons, faisant de ce quartier central de São Paulo l’un des plus animés.

Guerra explique : « São Paulo, ce n’est pas une, mais cinq villes réunies. Chacune a ses quartiers qui eux-mêmes ont leur propre flair, leur vie nocturne. C’est une ville de dingues, et tout le monde peut y trouver son compte : ceux qui aiment les clubs new-yorkais comme ceux qui pré-fèrent faire la fête dans la rue, torse nu et bière à la main. Mais le plus important, ce qui fait que la vie nocturne de São Paulo est aussi authentique, vivante et variée, c’est qu’elle n’a rien à voir avec un quel-conque business, comme à Madrid, Paris, Londres ou Ibiza, où les clubs dits bran-chés vivent essentiellement de l’affluence et de l’argent des touristes. Ici, on n’a pas de touristes ! Tous les fêtards sont des gens du coin. »

Alors que les danseurs, majoritairement des danseuses, se trémoussent devant la loge de Guimê et qu’un autre seau à champagne – rempli de bouteilles de vodka – arrive, le Brésilien poids plume fait signe à sa clique de lever le camp. « On va à La Casa 92 », s’exclame-t-il. Sitôt dit, sitôt fait. Une fois dans le van, l’un de ses amis sort son téléphone pour prendre en charge les questions logistiques. Il in-terroge son contact à la Casa 92 : « Vous avez préparé les boissons et le seau à glace ? » Bref silence. « Bien, parce qu’on arrive. » Soulagement visible des fêtards embarqués. Il faut dire que c’est la pre-mière fois que Guimê débarque à la

La Casa 92 dans le quartier de Pinheiros est un rendez-vous bien connu des clubbeurs paulistes.

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JETSETTERS

Une planche motorisée en Australie

Un jour, Paul Strauch, rider hawaïen de légende, comparait

le surf au sexe : « À chaque fois, c’est un plaisir renouvelé,

peu importe la fréquence. » Même les meilleures choses sont

perfectibles. En 2008, le Tchèque Martin Sula, un ingénieur automo-

bile, crée le jet-surf. À l’intérieur d’une planche de surf en fibre de carbone, il loge un moteur

deux temps de 86 cm³ ou de 100 cm³ selon le modèle.

À voir, à vivre, à faire…

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M ATOS

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M OT E U RS

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C U LT U R E

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E T S I …

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AG E N DA

VOYAG ES

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VOYAG ES

A C T I O N !

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JEFF

FLI

ND

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VERS PERTH

On change de mode.

Le puissant moteur d’un jet surf propulse le surf traditionnel dans une nouvelle dimension.

De quoi transformer une mer plate en un paradis pour surfeurs.

« C’est un sport à mi-chemin entre le surf et la MotoGP, précise l’Américain Kai Lenny, 22 ans et déjà sextuple cham-pion du monde de stand-up paddle. Le jet surf génère une poussée d’adrénaline d’un genre nouveau, et pas besoin d’une grosse vague. » Enthousiaste, il ajoute : « On avance sur l’eau comme sur une vague géante. Dès qu’on est dans la courbe, on est grisé par la force d’accé-lération. On devient très vite accro. »

Le flotteur de la planche, longue de près de 2 mètres, abrite un moteur de 12 ch pour une vitesse de 58 km/h, alors que le plein d’essence assure une auto-nomie d’environ 75 km ou 90 minutes.

Grâce à une manette connectée à l’unité de contrôle électronique via un câble portée au poignet, accélérer et ralentir est un jeu d’enfant.

En cas d’urgence, le surfeur peut cou-per le moteur d’un mouvement de bras pour déconnecter la manette.

Si le moteur effectue l’essentiel du travail, se maintenir en équilibre sur la planche pendant une longue période exige un effort physique important, quand la plupart des surfeurs sont habitués à surfer une vague seulement pendant quelques minutes.

« Cette glisse dure plus d’une heure et n’est interrompue que par la nécessité de refaire le plein, dit Martin Sula, le concepteur de cette planche. Cela exige une endurance physique et mentale. »

Malgré tout, le jet surf, d’un poids total de 14 kg, est très maniable sur l’eau et facile à transporter.

Les as du ciel

Devenez copilote pendant 45 minutes et vivez l’adrénaline d’un combat aérien reconstitué à bord

d’un avion de guerre, un Nanchang

CJ-6A.warbirdswa.com

Le fou du volant

Découvrez ce qu’un moteur V10 de

5 litres peut faire d’une Lamborghini Gallardo de 700 ch. Pour cette mise à

l’épreuve, vous dis-poserez de 8 tours de piste, sur un circuit

privé très technique.supercarsperth.com.au

Une descente rapide

Arrimez-vous à bord d’un raft et descendez

les rapides déchaî-nés de l’Avon River, théâtre de la plus

longue course en eaux vives à travers le parc national de Walyunga.

rafting.com.au

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Pour l’instant, la location de jet surfs n’est possible que dans peu d’endroits. Perth, ville pittoresque de l’ouest australien, est l’un d’eux. Qu’on soit surfeur ou pas. Et quelle que soit la météo, sauts et backflips sont ga-rantis à chaque sortie avec ce nouvel engin alliant pureté du surf et fougue mécanique.

PerthVous vous laissez tenter par le jet surf ? Rendez-vous sur perth.com.au

Perth,AUSTRALIE

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CONSEIL AVISÉ« Si vous couvrez de grandes distances, mieux vaut emporter un GPS ou un mobile… au cas où… », glisse Martin Sula.

« LE JET SURF CRÉE UNE POUSSÉE D’ADRÉNALINE D’UN GENRE NOUVEAU, SANS AVOIR BESOIN D’UNE GROSSE VAGUE »

Kai Lenny s’instruit avant de se jeter à l’eau.

Initiation au jet surf : on s’envoie

en l’air à Perth.

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Page 87: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

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Page 88: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

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étanchéité jusqu’à 30 bars. Son chrono-graphe réduit possède un compteur de 30 mi-nutes, et une réserve de 54 heures. longines.com

Zenith El Primero 400 BPour ses 150 ans, la marque suisse sort un chronographe à échelle tachymétrique calculant la vitesse moyenne. Une édition spéciale avec un boîtier de 45 mm à com-mandes vissées et fond transparent, résistant à une pression de 20 bars. zenith-watches.com

GRANDE BLEUEQuand Tudor s’émancipe, en mode étanche.

AC T I O N M ATOS

Le boîtier 42 mm en titane et fond en acier inoxydable contient une valve à hélium pour préserver la montre en plongée à saturation. Une couronne vissée et un système de triple étan-chéité complètent cette Tudor.

Tudor Pelagos BlueEn 1946, l’Allemand Hans Wilsdorf, fondateur anglophile de Rolex, lance Tudor, censée proposer une gamme plus abordable. La Tudor Oyster, le premier modèle, sort en 1947, puis la Sport 7922 en 1954, une montre de plongée à cadran rotatif prisée des collectionneurs, mais étran-gement similaire à la Rolex Submariner. Avec la Tudor Pelagos, lancée cette année, la marque s’émancipe définiti-vement de Rolex. Résolument moderne, elle est équipée du mouvement mécanique MT5612 à remontage automa-tique, fabriqué entièrement par Tudor. Une première. Le résultat est probant, c’est une montre aussi fonctionnelle et fiable que séduisante. Remon-té, le mouvement de 6,5 milli-mètres d’épaisseur dispose de 70 heures de réserve, et reste étanche jusqu’à 500 mètres.tudorwatch.com

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Page 89: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

En mode Ducati Scrambler

Très attendue, la Ducati Scrambler est

disponible à l’achat, et le constructeur italien compte bien

mettre la gomme sur sa nouvelle ligne de

vêtements et d’acces-soires lifestyle résolu-

ment pleine de vie. ducati.com

Marma London Aston Martin

CollectionGrâce au créateur de

lunettes Marma London, Aston Martin a sa propre

gamme de solaires. Au choix dans cette

gamme, verres tintés, réfléchissants et

polarisants.marma.co.uk

Cette année, Alpina célèbre son 50e anniversaire. À mi- chemin entre un constructeur automobile et un spécialiste de la personnalisation, le fabricant allemand a conçu des voi-tures à partir de châssis BMW, parmi les plus performantes de la planète. Pour marquer son demi-siècle d’existence, Alpina sort un nouveau modèle, l’un des plus puissants à ce jour. L’édition 50 propose 100 véhicules, 50 B6 coupés et 50 B5 berlines. La version standard 4.4 L V8 bi-turbo a été boostée et bénéficie de 60 chevaux supplémentaires.

Résultat, l’édition 50 dote ses nouvelles créations de 600 chevaux, avec une vitesse de pointe dépassant 320 km/h. L’intérieur sobre et discret est entièrement re-couvert de cuir pleine fleur Lavalina. Pas vraiment ce à quoi nous nous étions habitué avec la maison allemande, mais l’édition 50 tire de cette relative modestie une partie de son charme, et elle augmente son panache lcar ses atouts lui permettent de surclasser d’autres supers bolides.alpina-automobiles.com

Depuis son lancement en 1970, le fameux Range Rover a connu de nombreuses vies, chacune l’éloignant un peu plus de son look rural d’origine. À l’occasion du dernier salon automobile de New York, la marque britan-nique a présenté un modèle tout en finitions luxueuses et revisitées, produisant une tête de gamme de près de 200 000 euros : la Range Rover SVAutobiography. Disponible en diesel, hybride ou V8 essence 5.0 L surcomprimée de 550 chevaux. Land Rover clame haut et fort qu’il est le SUV de série le plus luxueux du marché, pointant la pré-sence d’innombrables gadgets, d’aluminium fraisé et de cuir sur tout l’intérieur. Avec un tel prix, les acheteurs potentiels ne la confondront pas avec une voiture de fermier. landrover.com

HAUT DE GAMMELand Rover se la donne.

PRODUITS DÉRIVÉS

Plaisir de conduire décuplé.

AC T I O N M OT E U RS

MONSTRES DE PLAISIRAlpina gagne en vitesse.

Exercice de style : l’édition 50 reprend la garniture du modèle 1982, le légendaire B7 S Turbo coupé.

Jaguar-Pinarello K8-S

La passion qui unit le constructeur anglais

et l’équipe cycliste Sky a donné naissance à un vélo. Jaguar l’a imaginé,

l’Italien Pinarello l’a fabriqué. DOGMA K8-S roule déjà sur le pavé avec Chris Froome et

ses coéquipiers.jaguar.com

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Kwamie Liv, ou l’envoûtement

par le son.

ON DIT OUI À KWAMIE !L’exquise chanteuse dano-zambienne lance son label et update le EP Lost In The Girl qui l’a révélée. Focus.the red bulletin : Kwamie, vous êtes basée à Copenhague, après avoir vécu dans pas mal de pays (Zambie, Afrique du Sud, Kenya)... Chacune des ses étapes se retrouve-t-elle dans vos paroles et musiques ? kwamie liv : Toutes les chansons que j’ai écrites sont liées aux endroits où j’ai habité ou que j’ai visités, et aux gens que j’y ai rencontrés. Ma chan-son Comin THRU est inspirée de mon séjour au Kenya et aux copines que j’avais là-bas. Six nanas, de six natio-nalités différentes. Sortir en douce par la fenêtre, apprendre à cracher loin, chauffer les mecs... On a tout fait ensemble ! Il y avait une espèce de douce innocence, mêlée d’un senti-ment puissant de force et d’unité.Quoi de neuf côté disques ?J’ai lancé un label, FAME BEAR, et je bosse sur de nouveaux morceaux. Mon EP va ressortir avec des remixes, de nouvelles vidéos seront ajoutées.

J’ai encore beaucoup de choses à ex-plorer avec ce premier disque qui m’a faite connaître. Tenez-vous prêts !Avec quel genre d’esprit créatif vous sentez-vous en sécurité ?J’aime les gens intrépides, passion-nés, et engagés dans leurs projets.Quelles chanteuses vous impres-sionnent-elles le plus?Miriam Mekeba, Nina Simone, Fiona Apple, Tracy Chapman, Joni Mitchell... toutes sont importantes pour moi en tant qu’artiste et compositrice.Et côté mec ?Chet Baker a l’une des plus belles voix que je connaisse, si douce et volontaire.Dans quel mode peut-on le mieux apprécier vos concerts ?Ils sont assez « laid back », tranquilles. Venez comme vous êtes, on installera une ambiance ensemble.Lost In The Girl EP et remixessoundcloud.com/kwamieliv

LE SON EN JEUGTA, toujours plus fortLe jeu Grand Theft Auto est aussi connu pour sa dinguerie que ses bandes-son d’anthologie. Il a inspi-ré deux figures du rap californien, Oh No et The Alchemist, qui lui dédient une compilation, visitée par Action Bronson, Danny Brown, Earl Sweatshirt, ou encore Dam-Funk. Un must. Avec ou sans console. The Alchemist and Oh No Present : Welcome to Los Santos rockstargames.com/V

NAISSANCE D’UNE NATIONWalk This WayEn 1981, une française, Sophie Bramly, s’installe à New York pour y documen-ter les premiers jours du hip-hop. À l’époque, les Afrika Bambaataa, Beastie Boys, Futura 2000, Keith Haring ou Grandmaster Flash qu’elle photographie ne sont pas destinés à s’installer comme des références d’un nouveau genre culturel. Les photos de ces « outsiders » d’alors, représentant toutes les spécialités du hip-hop, créa-tifs ultra-frais, sont enfin réunis dans un livre : Walk This Way. Sophie Bramly y transmet 4 ans d’amitié avec ses sujets, à l’éclosion d’un mouve-ment unique. Un futur classique. Walk This Way, une édition Galerie 213/STEIDL galerie213.com

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« Une pure merveille ! Et un autre tournant dans ma vie: la décou-verte des boîtes de nuit. Un soir, je me suis pointé dans un club où le DJ enchaînait les morceaux, sans qu’il n’y ait de temps mort entre les morceaux. Je n’avais jamais entendu ça auparavant, une grande première pour moi.

J’en suis resté bouche bée. Je n’avais qu’une envie, vivre dans cet univers où la musique ne s’arrêtait jamais. »

Donna SummerLove To Love You Baby

« Quand j’étais enfant, mes parents écoutaient beaucoup de musique à la maison, du jazz surtout. Blue Suede Shoes est le premier morceau qui m’a marqué. C’est aussi le premier cadeau qu’on m’ait fait. Ma grand-mère m’avait offert le single, avec une paire de chaus-

sures en daim bleu. J’ai dû danser devant toute la famille amusée, je me prenais pour Elvis. »

« Écouter du Miles Davis, c’est l’assurance de planer sans avoir besoin de substances. Je suis sérieux (rires) ! Sa musique, c’est du LSD ou des champi-gnons. En particulier, ce mor-ceau incroyable, Bitches Brew. C’est bien plus que du jazz avant-gardiste, Miles Davis crée

là un univers nouveau, tout un monde. Je kiffe ce morceau autant qu’en 1970. Et son titre est génial. Le top ! »

« C’est le morceau qui s’est le plus ouvertement inspiré de Good Times de Chic. À l’époque, notre titre était numéro 1 en Amérique, malgré la mort du disco qu’annonçaient les DJ’s des radios. Un crève-cœur pour moi. Mais notre musique a résisté à tous nos adversaires.

Et parmi les nombreux ennemis du disco, beaucoup ont certainement acheté ce disque de Queen. »

Elvis PresleyBlue Suede Shoes

Miles DavisBitches Brew

QueenAnother One Bites The Dust

LA PLAYLIST DE NILE RODGERSEn 1976, le guitariste Nile Rodgers et le bassiste Bernard Edwards fondent Chic, groupe disco-funk au succès mondial. Jusqu’à l’aube des années 80, leurs tubes règnent sur les charts US et le dancefloor du Studio 54. Rodgers devient un producteur recherché. Bowie, Madonna, Daft Punk et Sam Smith sollicitent l’interprète du légendaire Le Freak pour associer sa patte à leurs albums. Nile Rodgers et Chic signent leur retour avec It’s About Time, premier LP conjoint depuis 23 ans. Le New-Yorkais de 62 ans évoque cinq morceaux qui l’ont marqué. nilerodgers.com

GADGET DU MOISMonster SuperStar BackFloatCette enceinte de poche sans fil éclabousse par sa nouveauté. Étanche, elle fonctionne même sous l’eau. Sa coque résistante, sa connexion bluetooth (portée de 10 mètres) et sa batterie d’une autonomie de 7 heures en font une compagne idéale pour vos virées de l’été. monster products.com

C U LT U R E

DU BON PODCAST AU TOP

L’actu musicale, en moins de 90 min

par semaine.

AC T I O N

Music Popcast(30 min)

Chaque semaine, Ben Ratliff, journaliste

au New York Times, passe en revue un sujet

d’actualité agitant la scène musicale. Experts et musiciens participent

aux débats.

Steve Lamacq’s Roundtable

(30 min)Chaque jeudi, le

Monsieur Musique de la BBC Radio 6 présente

avec trois invités les principales sorties de la semaine. Tous les

styles y sont abordés, artistes connus et

moins connus.

Song Exploder(15 min)

Un podcast au concept simple et original : un

musicien présente ses morceaux. Des groupes

comme The Postal Service ou The National y ont dévoilé de savou-

reuses anecdotes inédites sur leurs tubes.

The DoorsThe End

« Ce morceau m’a profondément marqué. Je l’ai écouté pour la première fois en prenant du LSD. J’avais 13, 14 ans et j’ignorais tout du LSD. The End passait en boucle pendant que je planais. Le pied, et une révélation. Après cette expérience, j’ai arrêté d’écouter de la musique clas-

sique et je me suis tourné vers le jazz, le rhythm and blues et le rock. Un tournant radical dans ma vie. »

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Page 92: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

AC T I O N

Personne ne maîtrise le headspin mieux que Benny Kimoto, l’un des breakeurs

de la troupe berlinoise Flying Steps. « À 14 ans, je suis tombé sur des danseurs

de break à la MJC locale. Leurs perfor-mances m’ont impressionné, et plus que

tout leurs headspins m’ont fasciné, rembo-bine Kimoto. Dès le lendemain, je m’y suis

mis, et j’y ai consacré tout mon temps libre, parfois jusqu’à quatre heures par jour. »

C’était il y a 11 ans. Aujourd’hui, Kimoto et sa troupe donnent des spectacles dans le

monde entier. Ils ont eux-mêmes produit le dernier, Red Bull Flying Illusion, qu’ils pré-

sentaient le 5 juin à Zurich. Kimoto, 35 ans, a appris le headspin à la dure. « À l’époque,

il n’y avait ni tutoriel sur Internet, ni de coach de danse. J’avais juste une cassette

VHS du film Beat Street sorti en 1984. Je me suis ramassé un nombre incalculable de

fois, mais au bout de quelques mois j’ai réussi mon premier headspin. »

ON TOURNAIT SUR LA TÊTE ?

E T S I …

2Faire ami-ami avec un mur« Apprenez à faire le poirier, d’abord avec l’aide du mur, puis réessayez jusqu’à ce que vous soyez à l’aise et que l’effort se répartisse au centre du corps. Commencez avec les pieds joints. Écartez ensuite les jambes comme si vous vouliez faire le grand écart. »

3De l’acharnement« Comme moi, beaucoup de breakeurs ont pratiqué un art martial. Ce n’est pas un hasard, une bonne musculature et un sens instinctif du corps sont de précieux atouts. Mais même sans initiation aux arts martiaux, en moins de trois semaines vous percevrez des signes de progres-sion. Pour peu que vous soyez doué, motivé et prêt à vous entraîner une heure par jour. »

5Déclencher la rotation« Les bras et le torse lancent la rotation, entraînant hanches et jambes à leur suite. Il est impor-tant de maintenir un rythme régulier, d’accélérer progressive-ment en souplesse sans quoi vous tomberez au bout de deux tours. Commencer lentement en gardant un œil sur l’équilibre. La vitesse vient avec la pratique. »

4Anticiper« Faites votre premier headspin sur une surface douce. Un bandana, une casquette ou un casque de skate faciliteront la rotation. Décomposez au préalable toutes les étapes du mouvement dans votre tête, ainsi le cerveau assimilera ce que le corps doit exécuter. »

1Mise en condition« Effectuez un échauffement global de 30 minutes, insiste Kimoto. Étirez le cou, les épaules, les jambes et le dos. Quelques pompes et des redres-sements assis améliorent la ten-sion corporelle. Vous trouverez sur les chaînes YouTube de bons cours de yoga et d’étirements. »

92 THE RED BULLETIN

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Page 93: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour. www.mangerbouger.fr

Page 94: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

Six jours dédiés aux hommes d’action,

où les filles pourront également briller.

16-21 juin Sosh Freestyle Cup Marseille

La Sosh Freestyle Cup est l’événement du début d’été à Marseille où le ren-dez-vous des sports d’action et de la musique qui leur va bien accueille gratuite-ment le public sur la plage Borély. En journée, démos et compétitions de kitesurf, windsurf, SUP, skateboard ou BMX. Et le soir venu, on monte le son avec des concerts sur la plage. La Coupe du monde de skateboard, seule étape française du circuit mondial, sera le top du rendez-vous phocéen. Les meilleurs mondiaux vont se défier sur le bowl du Prado jusqu’à la finale du dimanche. soshfreestylecup.com

AC T I O N AG E N DA

Tout le monde descend !

7-12 juillet VTT au sommet Les Deux-Alpes

Tout là-haut, aux Deux Alpes, l’étape française du Crankworx World Tour promet 4 journées de folie pour les dingues de mountain-bike. Avant que les meilleurs descendeurs du monde s’affrontent le 12 pour la seule manche européenne de Crankworx (qui s’arrête aussi en Nouvelle-Zélande et aux USA), les 3 jours précédents, les compétitions de Whip Off, de Pump Track et de Slopestyle vont rassasier les milliers de spectateurs attendus dans la station iséroise. Pour se hisser sur les podiums, les riders vont devoir tout envoyer. Groooos spectacles en vue. crankworx.com

3-5 juillet Belfort, très fortBelfort

3 jours, 61 artistes, les Euroc-kéennes refont le plein de talents et de fans. Cette 27e édition, fera encore des soirées du Territoire une date majeure des festivals d’été. Chemical Brothers, Sting, Ben Harper, Christine and the Queens comptent parmi les grands noms de 2015. Pour le « reste », citons Die Antwoord, Pusha T ou Run The Jewels. Tentant ! eurockeennes.fr

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Page 95: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

À la nage, l’échappée sera des plus belles.

La finale du Red Bull King of the Rock siéra aux pieds marins.

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AUSSI AU MENU

Expo photos, rollers, BMX…

en juillet, ça sent les vacances.

ÉtonnantsLes rencontres

photographiques s’ouvrent en Arles pour un long été

d’expositions. D’entrée, les nuits de la photogra-phie (7-11.07) donnent le ton d’une program-

mation toujours étonnante.

rencontres-arles.com

6juillet

BondissantsLa piste de BMX

de Massy (Essonne) accueille les champion-

nats de France pour un week-end très…

musclé. À un an des Jeux Olympiques à Rio, tout le monde

veut se montrer. ffc.fr

3juillet

Endurants24 heures pour

effectuer la plus longue distance en rollers,

en relais par équipe, sur le circuit Bugatti du Mans, c’est bien

plus que tourner en rond. Pour les

6 000 compétiteurs, il faut que ça roule.

24rollers.com

27juin

Visité par A$AP Rocky, Christine and the Queens, Brodinski, Brigitte ou encore Archive, l’édition 2015 du festival Garorock fera aussi sensa-tion dans son espace camping, avec le Red Bull Art of Camping. Ouvert sur concours aux plus créatifs des festivaliers, ce projet fou invite les Dali de la sardine et les Keith Ha-ring du maillet à transformer leur tente en chef d’œuvre. Cet abrit en toile, must de l’hébergement out-door, deviendra un lieu de vie artis-tique. Installé au cœur du camping de Garorock (20 000 personnes) dans un espace de 400 m² pour 20 tentes, cette première en France pourrait bien être votre tremplin vers les hautes sphères de l’art contemporain... redbull.com

26-28 juin Marmande

Garorock, ça vous tente ?

26-28 juin De bons démons Poleymieux-au-Mont-d’Or

Aux portes de Lyon, on fait la fête. Le festival Démon d’Or, c’est trois jours de folie musicale et une programmation éclectique sur 5 scènes. Trente artistes, dont Dirtyphonics, General Levy ou Dubmatix, et d’autres pépites vont dynamiter ce début d’été. demondor.com

24 juin ExplosifNice

La tournée mondiale du Nitro Circus Moto Mayhem va faire le show dans l’Allianz Riviera. Les spectateurs du stade niçois vont assister aux prouesses du légen-daire Travis Pastrana et d’une trentaine des meilleurs riders mondiaux en motocross freestyle et BMX. nitrocircus.com

4 juillet À l’abordage

Toulon

Le Red Bull King of the Rock crée l’événement :

c’est en rade de Toulon qu’il regroupera les 48 joueurs

de basketball qualifiés pour sa finale nationale... à bord d’un navire porte- hélicoptères de la Marine

nationale. L’événement sacrera les deux meilleurs du plus envié des tournois en un contre un. Objectif : décrocher les deux seuls

spots qualificatifs pour la fi-nale internationale du

5 septembre. Les six étapes de sélections, démarrées

le 30 mai, s’achèveront à Montpellier le 27 juin.

redbull.com

20-21 juin Gros bras MarseilleInspiré de l’évasion à la nage du célèbre héros romanesque Edmond Dantès, le Défi de Monte-Cristo est le plus grand rassemblement en France de natation en mer. Au départ de l’île du Château d’If, au large de Marseille, les concurrents doivent rejoindre la plage du Roucas Blanc au centre de la cité phocéenne. La distance ? 5 km à la force des bras, avec ou sans palmes. Avis aux costauds. Un défi de 2 km, et un autre de 1 km, sont aussi au programme du week-end. Il faudra juste se jeter à l’eau... defimonte-cristo.com

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Page 96: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

Directeur d’édition Robert Sperl

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Rédaction Stefan Wagner (Chef de service),

Ulrich Corazza, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager Contributeurs indépendants : Muhamed Beganovic, Georg Eckelsberger, Raffael Fritz, Sophie Haslinger,

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Lukas Wagner, Florian Wörgötter

Édition web Kurt Vierthaler (Senior Web Editor),

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Maquette Marion Bernert-Thomann,

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Page 97: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

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Page 98: The Red Bulletin Juillet 2015 - FR

LE CERVIN, 14 JUILLET 1865Ce jour-là, l’Anglais Edward Whymper est le premier à gravir le sommet du Cervin. À l’occasion des 150 ans de cet exploit, le photographe suisse Robert Bösch a mis en œuvre un projet unique. En sep-tembre dernier, 30 guides de montagne de Zermatt, village proche du sommet, ont retracé la route de la cordée de Whymper avec des lampes frontales. Cette guirlande lumineuse déchire le voile des intempéries.

« Malgré − 10 °C et un vent cinglant, 30 grimpeurs ont tenu la position des heures durant »Robert Bösch à propos de sa photo dont le focus porte sur l’arête Hörnli du Cervin, en Suisse.

THE RED BULLETIN NUMÉRO 44 PARAÎTRA LE 15 JUILLET 2015

INSTANT MAGIQUE

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