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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2006 - Thèse n° …… LA PODODERMATITE PLASMOCYTAIRE DU CHAT : CONNAISSANCES ACTUELLES. THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 20 octobre 2006 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par STENTA Claire Née le 1 er juin 1981 à Bron (69).

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2006 - Thèse n° ……

LA PODODERMATITE PLASMOCYTAIRE DU CHAT : CONNAISSANCES ACTUELLES.

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 20 octobre 2006 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

STENTA Claire Née le 1er juin 1981

à Bron (69).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 2 -

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 3 -

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 4 -

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 5 -

A Monsieur le Professeur Michel FAURE

De la Faculté de Médecine de Lyon,

Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse.

Hommages respectueux.

A Monsieur le Professeur Gilles BOURDOISEAU

De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,

Qui nous a fait l’honneur de faire partie de notre jury de thèse,

Sincères remerciements.

A Monsieur le Professeur Jean-Luc CADORE

De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,

Qui nous a fait l’honneur de juger notre travail,

Pour sa gentillesse et sa disponibilité, en toute occasion.

Sincères remerciements.

A Monsieur le Docteur Didier PIN

De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,

Qui fut à l’origine de notre travail,

Pour sa gentillesse, son encadrement, sa patience.

Que ce travail reste un agréable souvenir.

Sincères remerciements.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 6 -

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 7 -

A mes parents,

Pour m’avoir suivie jusque-là, m’entourant de votre affection, de votre soutien,

souvent précieux, et de votre joie de vivre.

Parce que sans vous je n’en serais pas là, parce que sans vous tout n’aurait pas eu

l’air si accessible.

Avec tout mon amour.

A Nelly,

Ma sœur, mon amie, mon double,

Parce que nous sommes fusionnelles, que ça crée nos conflits, mais que ça nous

réussit si bien !

Tu me donnes force et réconfort.

A Laure,

Mon petit chou, ma « petite » sœur,

Parce que tu sais me bousculer quand il faut !

Tu es patiente, présente…et avec le sourire.

A mon papé et ma mamie adorés,

Pour votre affection depuis l’enfance, et encore plus ces dernières années.

A nos moments privilégiés, rien qu’à nous, dans ce Lyon où il ne fait pas si mauvais

temps !

Et à toute la famille,

Tonton, Laurianne et Patricia, qui participez à tout avec enthousiasme et intérêt.

Que nous vivions toujours si proches !

La « Gabelle Family », aux bons moments passés… et à venir ! Aux nouveaux venus,

qui vont enrichir encore nos liens.

A ma mamie Gambe, qui me manque tant. Je te garde au fond de moi, avec tous nos

fous rires et notre relation atypique.

A mon bof, Julien,

Pour ton affection, ta présence, et les papillons que tu mets dans ses yeux !

Aux amis, qui sont bien plus que ça et se reconnaîtront.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 8 -

A Guillaume, ma Quiche,

On en a fait du chemin ! Aux apéros, aux soirées, aux journées cliniques… et aux

« briefings » des exams !

Que notre amitié dure… même si tu as choisi le grand froid.

A Ingrid,

Amie fidèle, compréhensive. A nos gardes mouvementées et nos conversations plus

qu’interminables, à nos apéros ! (Toi aussi !)

Pourvu que ça dure !

A Emilie,

Celle qui m’apaise, qui prend toujours les choses plus cool ! Aux pauses café qui n’en

sont plus, aux soirées mouvementées….et aux apéros ! (Décidément !)

A Tiflette...ne l’emmène pas trop loin de moi !

A Marie-Flore,

Mon binôme. Parce que Marcy c’est bien, mais avec l’accent du sud ça passe mieux !

A nos souvenirs, dans le « nord » comme dans le sud.

A Zilou,

Pour ta pureté et ton affection…et ta voiture !

Au groupe de clinique et à notre belle année, passée sans trop se taper dessus.

A tous les OBI,

Phoeb’s, Julie, Audrey, Magali, Estelle, Yse…aux journées thèse, mais je vous préfère

en boum ! Aude Marie, Anne Laure, Marie Do, Bart, Hélène…Et les piliers de

bar…Lolo, Alex, Baloche, PH, Tiflette (encore ?)…

A ma mère de clinique Anne-Laure et mon fils Bruno : souvenirs en clinique !

A mon poulot Toinou, qui m’a bien fait marrer.

Aux amis du sud (de Lyon),

Pour avoir tenu la distance…

A Isabelle et Edouard,

Pour m’avoir tant appris. Merci pour vos accueils chaleureux.

Merci aux vétérinaires qui m’ont permis d’utiliser leurs CES et m’ont aidé de leur

mieux.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 9 -

A Rani,

Mon amour,

Pour ton soutien, ton aide précieuse,

Pour ton intérêt envers ce monde vétérinaire, si différent du tien.

Vivre à tes côtés est une véritable chance. A notre avenir…

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 10 -

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 11 -

SSOOMMMMAAIIRREE

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN ...................................................................................................................................................... 2211

PPAARRTTIIEE 11 :: PPRREESSEENNTTAATTIIOONN.. IIMMPPOORRTTAANNCCEE DDEESS DDEESSOORRDDRREESS

PPLLAASSMMOOCCYYTTAAIIRREESS.. ...................................................................................................................................... 2233

I. PRESENTATION GENERALE ........................................................... 25

A. Définition ..................................................................................................................... 25

B. Rappels : les plasmocytes chez le chat et l’homme .................................................. 25

1. Description de la structure plasmocytaire ............................................................ 26

2. Localisation normale des plasmocytes................................................................... 26

3. Rôle des plasmocytes ............................................................................................... 26

4. Les immunoglobulines ............................................................................................ 26

C. Rappels : structure des coussinets du chat................................................................ 28

1. L’épiderme ............................................................................................................... 28

2. Le derme et l’hypoderme........................................................................................ 28

3. Le tissu sous-cutané................................................................................................. 28

II. IMPORTANCE DES DESORDRES PLASMOCYTAIRES.............. 31

A. Les désordres plasmocytaires chez l’homme ............................................................ 31

1. Les proliférations plasmocytaires malignes .......................................................... 31

1.1. Le myélome multiple............................................................................................ 31

1.1.1. Définition......................................................................................................... 31

1.1.2. Formes cliniques.............................................................................................. 31

1.1.3. Influence des transplantations d’organes et du virus d’Epstein Barr .............. 32

1.1.4. Traitement........................................................................................................ 32

1.2. La leucémie à plasmocytes................................................................................... 33

1.2.1. Formes cliniques.............................................................................................. 33

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 12 -

1.2.2. Traitement........................................................................................................ 33

1.3. Le plasmocytome osseux solitaire........................................................................ 33

1.3.1. Formes cliniques.............................................................................................. 34

1.3.2. Traitement........................................................................................................ 34

1.4. Le plasmocytome extramédullaire........................................................................ 34

1.4.1. Définition......................................................................................................... 34

1.4.2. Formes cliniques.............................................................................................. 34

1.4.3. Immunomarquages .......................................................................................... 35

1.4.4. Traitement........................................................................................................ 36

1.5. La maladie de Waldenström................................................................................. 36

2. Les proliférations plasmocytaires bénignes .......................................................... 37

2.1. Généralités : la plasmocytose ............................................................................... 37

2.2. Les maladies chroniques intestinales idiopathiques ............................................. 37

2.2.1. Définition......................................................................................................... 37

2.2.2. Manifestations cliniques .................................................................................. 37

2.2.3. Histologie......................................................................................................... 38

2.2.4. Etiologie........................................................................................................... 38

2.2.5. Traitement........................................................................................................ 38

2.3. La plasmocytose cutanée...................................................................................... 39

B. Les désordres plasmocytaires chez le chat ................................................................ 40

1. Les proliférations plasmocytaires malignes ......................................................... 40

1.1. Le myélome multiple............................................................................................ 40

1.1.1. Définition......................................................................................................... 40

1.1.2. Formes cliniques.............................................................................................. 40

1.1.3. Diagnostic ....................................................................................................... 42

1.1.4. Traitement........................................................................................................ 42

1.2. Le plasmocytome extramédullaire........................................................................ 42

1.2.1. Définition......................................................................................................... 42

1.2.2. Formes cliniques.............................................................................................. 43

1.2.3. Histologie......................................................................................................... 43

1.2.4. Immunohistochimie ......................................................................................... 43

1.2.5. Traitement........................................................................................................ 44

1.3. Le plasmocytome osseux solitaire........................................................................ 44

1.4. La maladie de Waldenström................................................................................. 44

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 13 -

2. Les proliférations plasmocytaires bénignes .......................................................... 44

2.1. Les infiltrats plasmocytaires inflammatoires........................................................ 44

2.2. La colite lymphoplasmocytaire ............................................................................ 45

2.2.1. Définition......................................................................................................... 45

2.2.2. Manifestations cliniques .................................................................................. 45

2.2.3. Histologie......................................................................................................... 46

2.2.4. Etiologie........................................................................................................... 46

2.2.5. Traitement........................................................................................................ 46

2.3. La gastro-entérite lymphoplasmocytaire .............................................................. 47

2.3.1. Définition......................................................................................................... 47

2.3.2. Manifestations cliniques .................................................................................. 47

2.3.3. Histologie......................................................................................................... 47

2.3.4. Traitement........................................................................................................ 47

2.4. L’entérite lymphoplasmocytaire........................................................................... 47

2.4.1. Manifestations cliniques .................................................................................. 47

2.4.2. Histologie......................................................................................................... 47

2.4.3. Traitement........................................................................................................ 48

2.5. La stomatite lymphoplasmocytaire....................................................................... 48

2.5.1. Définition......................................................................................................... 48

2.5.2. Caractéristiques cliniques ................................................................................ 48

2.5.3. Histologie......................................................................................................... 49

2.5.4. Pathogénie........................................................................................................ 49

2.5.5. Traitement........................................................................................................ 50

PPAARRTTIIEE 22 :: PPRREESSEENNTTAATTIIOONN CCLLIINNIIQQUUEE EETT TTRRAAIITTEEMMEENNTTSS.. 5533

I. EPIDEMIOLOGIE .................................................................................. 55

A. Les animaux concernés ............................................................................................... 55

1. Age, race, sexe.......................................................................................................... 55

2. Statut immunitaire .................................................................................................. 56

2.1. Influence du virus FIV.......................................................................................... 57

2.1.1. Prévalence du FIV sur la population de chats à pododermatite plasmocytaire 57

2.1.2. Désordres observés lors de FIV....................................................................... 58

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 14 -

2.1.3. Mécanisme pouvant expliquer un rôle du FIV ................................................ 60

2.1.4. Possibilités de modulation du rôle du FIV ...................................................... 61

2.1.5. Conclusion : influence du FIV et conduite à tenir ........................................... 61

2.2. Influence du virus FeLV....................................................................................... 61

2.2.1. FeLV et dermatoses ......................................................................................... 62

2.2.2. Prévalence du FeLV sur la population de chats à pododermatite

plasmocytaire ................................................................................................. 62

B. Les zones géographiques concernées ......................................................................... 62

C. Influence saisonnière ................................................................................................... 63

II. MANIFESTATIONS CLINIQUES....................................................... 63

A. Symptômes locaux ....................................................................................................... 63

1. Généralités : mode d’atteinte ................................................................................. 63

2. Modifications du coussinet ..................................................................................... 65

3. Ulcération ................................................................................................................. 65

4. Douleur ..................................................................................................................... 66

5. Gêne fonctionnelle ................................................................................................... 66

B. Modifications biologiques ........................................................................................... 68

1. Modifications biologiques caractéristiques ........................................................... 68

1.1. Hypergammaglobulinémie ................................................................................... 68

1.2. Titre élevé en anticorps antinucléaires ................................................................. 69

2. Autres anomalies sanguines.................................................................................... 70

2.1. Leucocytose........................................................................................................... 70

2.2. Anémie .................................................................................................................. 70

C. Symptômes généraux................................................................................................... 70

1. Atteinte générale accompagnant l’affection podale ............................................. 70

2. Infiltration plasmocytaire associée : l’infiltratio n nasale .................................... 71

2.1. Aspect du nez infiltré.............................................................................................. 72

2.2. Cytologie ................................................................................................................ 72

2.3. Histologie ............................................................................................................... 72

3. Autres associations suspectées................................................................................ 73

3.1. La stomatite plasmocytaire................................................................................... 73

3.1.1. Caractéristiques : rappels ................................................................................. 73

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 15 -

3.1.2. Les cas présentant une stomatite plasmocytaire dans la littérature.................. 73

3.1.3. Conclusion........................................................................................................ 73

3.2. La polychondrite auriculaire atrophiante.............................................................. 73

3.2.1. Caractéristiques de la polychondrite auriculaire atrophiante ........................... 73

3.2.2. Association évoquée avec la pododermatite .................................................... 75

3.2.3. Conclusion........................................................................................................ 75

3.3. Glomérulonéphrite et amyloïdose rénale.............................................................. 75

3.3.1. Les cas présentant une glomérulonéphrite ou une amyloïdose rénale dans la

littérature........................................................................................................ 75

3.3.2. Les mécanismes évoqués ................................................................................. 76

3.3.3. Conclusion........................................................................................................ 77

III. METHODES DIAGNOSTIQUES....................................................... 77

A. Diagnostic différentiel ................................................................................................. 77

1. Plusieurs membres sont atteints............................................................................. 77

1.1. Diagnostic différentiel avec le traumatisme physique ou chimique..................... 78

1.2. Diagnostic différentiel avec le complexe granulome éosinophilique................... 78

1.3. Diagnostic différentiel la tumeur des glandes eccrines ........................................ 78

1.4. Diagnostic différentiel avec la calcinose cutanée des coussinets ......................... 78

2. Un seul membre est atteint ..................................................................................... 79

2.1. Diagnostic différentiel avec un néoplasme........................................................... 79

2.2. Diagnostic différentiel avec un granulome........................................................... 80

2.3. Diagnostic différentiel avec le complexe granulome éosinophilique................... 80

B. Diagnostic de certitude................................................................................................ 80

1. Cytologie................................................................................................................... 80

1.1. Méthode employée ............................................................................................... 80

1.2. Résultats ............................................................................................................... 80

2. Histologie.................................................................................................................. 81

2.1. Méthode employée ............................................................................................... 81

2.2. Résultats permettant le diagnostic ........................................................................ 81

2.2.1. En zone non ulcérée ......................................................................................... 81

2.2.2. En zone ulcérée ................................................................................................ 82

2.3. Autres observations .............................................................................................. 82

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 16 -

3. Marquages : immunohistochimie........................................................................... 84

3.1. Immunofluorescence ............................................................................................ 84

3.2. Méthode avidine-biotine-péroxydase ................................................................... 84

3.3. Méthode péroxydase-anti-péroxydase.................................................................. 84

IV. TRAITEMENTS.................................................................................... 85

A. Récapitulatif :

Les traitements classiquement utilisés dans la bibliographie et leurs résultats .... 85

B. Traitement médical...................................................................................................... 86

1. La corticothérapie ................................................................................................... 86

1.1. Utilisation des corticoïdes lors de pododermatite plasmocytaire féline ............... 86

1.2. Rappels : propriétés des corticoïdes en dermatologie ......................................... 86

1.3. Rappels : effets secondaires et conditions d’utilisation ....................................... 86

2. La doxycycline ......................................................................................................... 87

2.1. Les Tétracyclines en dermatologie ....................................................................... 87

2.2. Propriétés particulières de la doxycycline ............................................................ 87

2.2.1. La doxycycline................................................................................................. 87

2.2.2. Propriétés de l’association doxycycline et niacinamide ................................. 87

2.3. Utilisation de la doxycycline lors de pododermatite plasmocytaire du chat ....... 88

3. L’aurothioglucose ou sels d’or ............................................................................... 89

4. La vitamine E........................................................................................................... 89

5. L’acétate de mégestrol ............................................................................................ 90

C. Traitement chirurgical ................................................................................................ 90

D. Rémission spontanée ................................................................................................... 91

E. Conduite à tenir thérapeutique .................................................................................. 92

1. La pododermatite occasionne une gêne fonctionnelle.......................................... 92

1.1. Un seul membre est atteint ................................................................................... 92

1.2. Plusieurs membres sont atteints............................................................................ 92

2. La pododermatite n’occasionne aucune gêne ....................................................... 93

3. Une atteinte nasale est associée à l’atteinte podale............................................... 93

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 17 -

V. LA PODODERMATITE PLASMOCYTAIRE DU CHAT :

COMPARAISON AVEC LES AUTRES PROLIFERATIONS

PLASMOCYTAIRES ............................................................................. 95

A. Etiologie ........................................................................................................................ 95

1. L’étiologie inconnue.................................................................................................. 95

2. Les possibilités envisagées dans la bibliographie ..................................................... 95

3. L’étiologie des autres désordres plasmocytaires du chat : comparaison................... 96

3.1. Infiltrations plasmocytaires du tractus digestif..................................................... 96

3.2. Stomatite plasmocytaire ....................................................................................... 96

B. Symptomatologie ......................................................................................................... 97

1. Symptômes locaux : comparaison avec les autres désordres plasmocytaires ........... 97

2. Histologie des infiltrations plasmocytaires bénignes : comparaison......................... 97

3. Modifications biologiques : comparaison ................................................................. 98

3.1. Hypergammaglobulinémie polyclonale................................................................ 98

3.2. Leucocytose et anémie.......................................................................................... 98

3.2.1. Leucocytose .................................................................................................... 98

3.2.2. Anémie............................................................................................................. 99

C. Traitements .................................................................................................................. 99

1. Chez l’homme ........................................................................................................... 99

2. Chez le chat ............................................................................................................... 99

PPAARRTTIIEE 33 :: CCAASS CCLLIINNIIQQUUEESS DDEE LL’’ EENNVVLL.. ................................................................ 110011

I. CAS CLINIQUE N° 1 : SAMY ............................................................... 103

A. Commémoratifs ........................................................................................................... 103

B. Anamnèse ..................................................................................................................... 103

C. Première consultation en dermatologie le 13/09/05.................................................. 103

1. Examen général ......................................................................................................... 103

2. Examen dermatologique............................................................................................ 103

2.1. Général.................................................................................................................. 103

2.2. Des coussinets ...................................................................................................... 103

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 18 -

D. Hypothèse diagnostiques............................................................................................. 104

E. Examens complémentaires ......................................................................................... 104

1. Dans un but diagnostique .......................................................................................... 104

2. Le diagnostic étant posé ............................................................................................ 104

2.1. Sérologies FIV et FeLV........................................................................................ 104

2.2. Bilan biochimique ................................................................................................ 104

2.3. Numération formule sanguines............................................................................. 105

2.4. Electrophorèse des protéines ................................................................................ 105

2.5. Titrage des anticorps anti-nucléaires .................................................................... 106

2.6. Immunomarquages ............................................................................................... 106

F. Diagnostic ..................................................................................................................... 106

G. Traitement.................................................................................................................... 106

H. Suivi et évolution.......................................................................................................... 106

1. Consultation du 05/10/05 .......................................................................................... 106

2. Consultation du 05/11/05 .......................................................................................... 106

I. Discussion ..................................................................................................................... 107

II. CAS CLINIQUE N° 2 : MINET............................................................ 110

A. Commémoratifs ........................................................................................................... 110

B. Anamnèse ..................................................................................................................... 110

C. Première consultation en dermatologie : le 23/02/05................................................ 110

1. Examen général ......................................................................................................... 110

2. Examen dermatologique............................................................................................ 110

D. Hypothèses diagnostiques ........................................................................................... 110

E. Examens complémentaires ......................................................................................... 110

1. Cytologie ................................................................................................................... 110

2. Histologie .................................................................................................................. 111

3. Immunomarquages .................................................................................................... 111

F. Diagnostic ..................................................................................................................... 111

G. Traitement.................................................................................................................... 111

H. Suivi et évolution.......................................................................................................... 111

I. Discussion ..................................................................................................................... 111

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 19 -

III. CAS CLINIQUE N° 3 : LOUKA ......................................................... 114

A. Commémoratifs ........................................................................................................... 114

B. Anamnèse ..................................................................................................................... 114

C. Première consultation au SIAMU : le 14/04/03......................................................... 114

D. Hypothèses diagnostiques ........................................................................................... 114

E. Examens complémentaires ......................................................................................... 115

1. Immédiats .................................................................................................................. 115

2. Différés...................................................................................................................... 115

2.1. Cytologie .............................................................................................................. 115

2.2. Histologie ............................................................................................................. 115

2.3. Sérologies FIV et FeLV........................................................................................ 115

2.4. Immunomarquages ............................................................................................... 115

F. Diagnostic ..................................................................................................................... 115

G. Traitement.................................................................................................................... 115

H. Suivi et évolution.......................................................................................................... 116

I. Discussion ..................................................................................................................... 116

IV. CAS CLINIQUE N° 4 : STANLEY ..................................................... 118

A. Commémoratifs ........................................................................................................... 118

B. Anamnèse ..................................................................................................................... 118

C. Première consultation : le 06/01/05 ............................................................................ 118

1. Examen général ......................................................................................................... 118

2. Examen dermatologique............................................................................................ 118

D. Hypothèses diagnostiques ........................................................................................... 118

E. Examens complémentaires ......................................................................................... 119

F. Diagnostic ..................................................................................................................... 119

G. Traitement.................................................................................................................... 119

H. Suivi et évolution.......................................................................................................... 119

I. Discussion ..................................................................................................................... 119

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 20 -

V. CAS CLINIQUE N° 5 : CARAMEL..................................................... 121

A. Commémoratifs ........................................................................................................... 121

B. Anamnèse ..................................................................................................................... 121

C. Première consultation en dermatologie : le 06/06/06................................................ 121

1. Examen général ......................................................................................................... 121

2. Examen dermatologique............................................................................................ 121

D. Hypothèses diagnostiques ........................................................................................... 121

E. Examens complémentaires ......................................................................................... 121

1. Cytologie ................................................................................................................... 121

2. Histologie .................................................................................................................. 122

3. Numération formule sanguines ................................................................................. 122

4. Sérologies FIV et FeLV ............................................................................................ 122

5. Electrophorèse des protéines ..................................................................................... 122

6. Titrage des anticorps anti-nucléaires......................................................................... 123

F. Diagnostic ..................................................................................................................... 123

G. Traitement.................................................................................................................... 123

H. Discussion ..................................................................................................................... 124

VI. IMMUNOMARQUAGES..................................................................... 127

CCOONNCCLLUUSSIIOONN...................................................................................................................................................................................... 112299

Annexe 1: propriétés des corticoïdes en dermatologie ................................................. 131

Annexe 2: effets secondaires des corticoïdes et conditions d’utilisation .................... 133

Annexe 3: les Tétracyclines en dermatologie ................................................................ 135

Table des illustrations ...................................................................................................... 137

Lexique .............................................................................................................................. 139

BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE.......................................................................................................................................................................... 114411

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 21 -

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

En dermatologie féline, nombreuses sont les affections qui touchent les coussinets ; elles sont souvent invalidantes et les soins sont difficiles à réaliser. Parmi ces maladies, la pododermatite plasmocytaire, non décrite chez le chien, est méconnue ; cela tient sans doute au faible nombre de cas publiés, c’est d’ailleurs ce qui a motivé la réalisation de ce travail. Comme son nom l’indique, cette pododermatite met en jeu des cellules du système immunitaire : les plasmocytes. Plusieurs autres maladies, bénignes ou malignes, d’aspects cliniques très différents, sont causées par des proliférations de plasmocytes, chez le chat et chez l’homme. Nous allons, donc, nous intéresser à ces affections, afin de mettre en évidence d’éventuels points communs, des relations, ou des différences, avec la pododermatite plasmocytaire féline. Nous allons également tenter de préciser, par la suite, dans quelle mesure cette maladie des coussinets du chat est originale. L’étiologie de la pododermatite à plasmocytes étant inconnue, nous allons faire la synthèse des éléments de réponse, déjà apportés par certains vétérinaires dans leurs publications, et définir quelles sont les pistes à étudier. Nous procéderons de la même manière pour dresser un tableau épidémiologique, clinique, lésionnel, de cette affection, le plus juste possible. Nous apporterons, ainsi, au vétérinaire praticien, les moyens de reconnaître et de diagnostiquer cette pododermatite. Les différents traitements, évoqués dans la littérature, seront analysés et nous traiterons de leur réel intérêt ; nous proposerons, ensuite, une conduite à tenir, la plus raisonnable selon nous, d’après les cas publiés ou rencontrés. Enfin, nous illustrerons notre synthèse des connaissances actuelles sur la pododermatite plasmocytaire, par des cas cliniques rencontrés à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, qui permettront, à tout lecteur de ce travail, d’avoir une idée plus précise, et plus concrète, de cette affection.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 23 -

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 25 -

I. PRESENTATION GENERALE

A. Définition

La pododermatite plasmocytaire du chat fait partie, comme son nom l’indique, des maladies dermatologiques podales et inflammatoires.

D’étiologie inconnue à ce jour, cette affection ne touche que les coussinets du chat, et se traduit par l’infiltration de cellules immunitaires lymphoïdes, les plasmocytes, dans les tissus podaux, sans toucher les ongles. Rarement, l’affection touche le chanfrein. On peut la classer parmi les pododermatites nodulaires et ulcératives, non prurigineuses. (36).

En effet, la symptomatologie comprend toujours un gonflement des coussinets très important, souvent indolore, qui évolue vers une ulcération de leur surface. Outre la gêne fonctionnelle, parfois tardive, manifestée par les chats concernés, c’est souvent l’allure spectaculaire de cette pododermatite qui motive les propriétaires à consulter un vétérinaire. (6).

L’étude de cette maladie méconnue nécessite quelques rappels concernant d’abord les cellules qui, sans que l’on sache exactement pourquoi, forment ces infiltrats.

B. Rappels : les plasmocytes chez le chat et l’homme (19, 70)

Les lymphocytes appartiennent au système immunitaire adaptatif ; on parle d’immunité acquise.

Une réaction immunitaire, lors de pénétration d’un immunogène dans l’organisme, est suivie de l’intervention de deux systèmes cellulaires : le système des cellules présentatrices d’antigène et le système lymphoplasmocytaire. Le premier correspond aux cellules chargées de capter l’antigène et de transmettre le message antigénique aux cellules du second, constitué par les cellules immunocompétentes, lymphocytes et plasmocytes, à l’origine des réactions immunitaires spécifiques de l’antigène.

Le système lymphoplasmocytaire est le système effecteur de la réponse immunitaire. On distingue les cellules appartenant à la série lymphocytaire (lymphocytes T et B) et les cellules appartenant à la lignée plasmocytaire (lignée B).

Les plasmocytes, d’abord plasmoblastes, sont produits par transformation des lymphoblastes B, tout comme les lymphocytes B activés et les cellules B mémoires.

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1 Description de la structure plasmocytaire

Les plasmocytes sont des cellules ovalaires, de 8 à 18 microns sur leur grand axe, au contour régulier. Le noyau ovalaire a un grand axe perpendiculaire à celui du cytoplasme. La disposition de la chromatine est caractéristique: six à huit mottes périphériques entourent une motte centrale, dessinant une image en roue de char. Le cytoplasme lui, est basophile, hormis une zone claire para nucléaire.

En microscopie électronique, on observe l’ensemble des organites propres aux cellules qui effectuent des synthèses et des sécrétions protéiques importantes: ribosomes, ergastoplasme et appareil de Golgi sont très abondants. L’ergastoplasme est chargé de produits de synthèse protéique, et peut, lors d’activité intense, être émis dans un fragment de cytoplasme.

Chez l’homme, les plasmocytes mesurent de 12 à 14 microns, sont ovalaires, avec un

noyau excentré de 4 à 5 microns, à chromatine tassée en 7 à 8 mottes périphériques. (42). 2 Localisation normale des plasmocytes

Les plasmocytes, comme toutes les cellules lymphoïdes, se trouvent normalement dans les organes lymphoïdes primaires, où elles acquièrent leur compétence, puis dans les organes lymphoïdes secondaires, où se produit le contact entre antigène et cellule immunologiquement compétente.

Les organes lymphoïdes primaires sont la moelle osseuse et le thymus ; les organes lymphoïdes secondaires sont les ganglions lymphatiques, la rate, les formations lymphoïdes digestives et respiratoires (amygdales, plaques de Peyer, appendice). 3 Rôle des plasmocytes

Les plasmocytes, lors d’une stimulation antigénique, produisent les anticorps, molécules protéiques. Ceux-ci réagissent avec l’antigène qui leur a donné naissance, on les appelle alors des immunoglobulines. Un même plasmocyte peut synthétiser successivement une immunoglobuline M puis une immunoglobuline G et, enfin, une immunoglobuline A.

La destruction de l’antigène fait également intervenir le système du complément, qui, activé notamment par les complexes antigène-anticorps, permet la destruction de l’agent pathogène. 4 Les immunoglobulines

Elles sont constituées de chaînes polypeptidiques, les chaînes légères, d’un poids moléculaire de 22 500 daltons, et les chaînes lourdes, d’un poids moléculaire de 40 000 à 70 000 daltons.

Chaque immunoglobuline est formée de deux chaînes polypeptidiques lourdes et de deux chaînes légères. Il y a cinq formes de chaînes lourdes (α, β, µ, δ, ε) qui permettent de distinguer cinq classes d’immunoglobulines (A, G, M, D, E). Chaque type de chaîne lourde peut être associé à l’une ou l’autre des chaînes légères (К ou λ).

Chez le chat et le chien, la chaîne λ est largement majoritaire par rapport à la chaîne К (92 % des plasmocytes du chat produisent des immunoglobulines à chaîne légère λ, alors que 8 % produisent des immunoglobulines à chaîne légère К); ceci les différencie des autres espèces, chez lesquelles on trouve des proportions variables concernant les chaînes légères, comme le montre le schéma ci-après.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 27 -

λ К

Schéma n° 1 : Répartition de chaînes lambda et kappa dans les sérums des différents mammifères (d’après Hood et coll.)

Chaque classe d’immunoglobulines a des propriétés physico-chimiques et physiologiques particulières :

Classe d’Ig Ig G (1 à 4) Ig A (1 et 2) Ig M (1 et 2) Ig D Ig E

% des Ig > 80 % 10 % 6 % 0,2 % 0,01 %

Taux sérique (g/L)

8 à 12 2 à 4 1,2 0,03 0,0001 à 0,0007

Poids moléculaire

(Da) 150000 160000 900000 170000 185000

Demi-vie (j) 21 6 5 3 2 à 3

Taux de synthèse (mg/kg/j)

40 21 4 0,4 ?

Taux de glucides

2 % 10 % 10 à 12 % 11 % 12 %

Fixation du complément

+ (sauf Ig G4)

+ + - -

Fixation aux monocytes

+ (sauf Ig G 2)

- - - +

Fixation aux mastocytes

-

- - - +

Tableau n° 1 : Propriétés des différentes classes d’immunoglobulines. (70).

Chez le chat, seules trois classes d’immunoglobulines G sont reconnues. De plus, les immunoglobulines D n’ont pas été mises en évidence dans cette espèce.

Les fonctions et les localisations habituelles des plasmocytes étant rappelées, il convient de décrire l’anatomie des coussinets du chat.

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C. Rappels : structure des coussinets du chat (3, 4, 50, 79)

La peau est épaisse ou fine, selon les zones du corps ; ceci est dû, au moins en partie, à l’épaisseur de l’épiderme et de la couche cornée. Ces deux couches sont plus épaisses dans les zones d’appui et de contact, telles que les coussinets. Une peau plus fine recouvre le reste du corps. 1 L’épiderme

L’épiderme des coussinets du chat, dépourvu de poil, est le plus épais de l’ensemble du corps. Des crêtes épidermiques très développées sont présentes.

Plusieurs parties constituent cet épiderme, du derme vers la surface :

• La couche basale est constituée d’une seule assise de cellules en colonnes ou cuboïdes, dont certaines se multiplient activement. Elle repose sur une membrane basale.

• La couche épineuse est constituée de nombreuses assises de kératinocytes cuboïdes, polygonaux ou aplatis.

• La couche granuleuse est formée d’une ou deux assises de cellules qui accumulent des granules basophiles de kératine dans leur cytoplasme.

• La couche claire, inconstante, contient des cellules qui, en s’approchant de la surface, perdent leur noyau et deviennent homogènes et translucides.

• Enfin, la couche cornée, la dernière, est constituée de nombreuses strates de cellules mortes sans noyau, entièrement kératinisées.

2 Le derme et l’hypoderme

Très épais, le derme forme des papilles dermiques s’emboîtant dans les crêtes épidermiques. Cette partie superficielle, qu’on appelle le derme papillaire, participe à la cohésion de la jonction dermoépidermique ; il compense, au niveau des coussinets, l’absence des invaginations épithéliales de surface que sont les follicules pileux. Le reste du derme est formé de tissu dense et irrégulier ; on parle de derme réticulé.

Le derme et l’hypoderme contiennent des glandes sudorales, exclusivement localisées aux coussinets plantaires des carnivores, les glandes sudorales eccrines. Celles-ci sont constituées de cellules myoépithéliales périphériques et d’un épithélium sécréteur, simple et cubique, qui repose sur une membrane basale. Elles possèdent un canal propre qui les abouche à la surface du coussinet.

Les glandes sudoripares eccrines contribuent peu à la fonction de thermolyse, car la surface réduite des coussinets diminue ce rôle. Elles sont innervées par le système sympathique, d’où l’excrétion constatée en cas d’émotions. Un des rôles serait que la moiteur des coussinets, en élevant considérablement le coefficient de friction, permettrait une meilleure adhérence. 3 Le tissu sous-cutané

Le tissu sous-cutané est un tissu adipeux qui permet au coussinet de jouer un rôle d’amortisseur.

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Photo n° 1 : Histologie de coussinet de chat (X 50 coloration PAS) (ENVL, D. Pin).

Epiderme

Derme

Hypoderme

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Photo n° 2 : Histologie de l’épiderme du coussinet (X 100 coloration PAS) (ENVL, D. Pin).

Les différentes zones de l’épiderme :

• a : la couche cornée • b : la couche claire • c : la couche granuleuse • d : la couche épineuse • e : la couche basale

Ces rappels étant faits, nous allons nous intéresser aux maladies résultant d’une perturbation de la lignée plasmocytaire, chez l’homme puis chez le chat. Nous tenterons ainsi de préciser quel type de désordre intervient lors de pododermatite plasmocytaire du chat et, par la suite, nous évoquerons les comparaisons que l’on peut faire concernant, notamment, l’étiologie et le traitement, entre cette affection et d’autres, mieux connues.

a

b c d e

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 31 -

II. IMPORTANCE DES DESORDRES PLASMOCYTAIRES

A. Les désordres plasmocytaires chez l’homme 1 Les proliférations plasmocytaires malignes

En médecine humaine, on regroupe sous le terme de maladie plasmocytaire maligne (15) :

• le myélome osseux multiple ou maladie de Kahler • la leucémie à plasmocytes • les plasmocytomes osseux solitaires • les plasmocytomes extramédullaires primitifs

1.1 Le myélome multiple (7, 12, 15, 42, 57, 88, 89)

Le myélome multiple est la maladie plasmocytaire maligne la plus répandue et la plus grave. Elle est responsable de plus de 14 000 morts par an aux Etats-Unis. (57). L’âge moyen des patients est de 60 ans et la population noire semble deux fois plus touchée que la population blanche. (7). 1.1.1 Définition (15)

Le myélome est une prolifération de type sarcomateux, le plus souvent simultanée, en des endroits multiples du squelette, de cellules libres appartenant morphologiquement à la lignée plasmocytaire. Beaucoup plus rarement, la localisation tumorale est unique. Les cellules infiltrantes envahissent et remplacent le tissu médullaire osseux. 1.1.2 Formes cliniques (7, 15, 42)

Dans sa forme multiple, le myélome correspond à la dissémination, dans le squelette, de nombreux foyers nodulaires au caractère très ostéolytique. Les localisations préférentielles sont les os plats et les os courts (côtes, crâne, vertèbres, bassin, sternum, clavicules).

Dans sa forme solitaire, il correspond à une tumeur osseuse, plus ou moins volumineuse, très ostéolytique, qui peut rester unique ou s’étendre à l’ensemble du squelette.

Macroscopiquement les tumeurs plasmocytaires sont soit noueuses ou multi nodulaires, soit géodiques ou multi géodiques.

Dans le premier cas, elles sont nombreuses, hémisphériques et saillantes, arrondies ou ovoïdes, soufflant l’os et effondrant la corticale et le périoste.

Dans le second, elles forment des zones d’ostéolyse, en logettes, qui fragilisent le segment osseux et, selon leur extension, entraînent soit une fracture, soit des tassements, soit encore, des déformations au niveau du squelette axial et des os longs proximaux.

Microscopiquement, le tissu tumoral est constitué par une prolifération dense de

plasmocytes tumoraux, souvent bien différenciés. Cette prolifération détruit totalement l’architecture osseuse. On diagnostique le myélome à partir de 15% de plasmocytes médullaires.

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Les symptômes principaux rencontrés sont des douleurs osseuses, une altération de l’état général, des infections. Cependant d’autres manifestations, correspondant à des localisations particulières, peuvent survenir.

Les métastases sont fréquentes lors de forme multiple, dans la rate, le foie, les ganglions lymphatiques surtout. L’extension osseuse est progressive et inexorable : l’os devient fragile, le tissu osseux est remplacé par une substance molle et friable, de consistance souvent gélatineuse.

Parmi les lésions associées les plus fréquentes, on trouve l’amylose localisée, du stroma de la tumeur et l’amyloïdose systémique, ainsi que la néphrite. Les foyers infectieux sont très fréquents. Une insuffisance rénale concerne 20 % des patients ; elle est due soit à l’hypercalcémie, soit au dépôt d’immunoglobulines dans les tubules rénaux. (7).

Une anémie accompagne fréquemment l’infiltration de la moelle osseuse par les cellules tumorales.

Une augmentation du taux d’immunoglobulines (hyperglobulinémie) est quasi systématique. L’immunoglobuline monoclonale est majoritairement la G (55 % des patients), puis la A (25 %) et la D (1%). (7). 1.1.3 Influence des transplantations d’organes et du virus d’Epstein Barr (12, 89)

Le virus d’Epstein Barr est un herpesviridae, agent de la mononucléose infectieuse. Il infecte préférentiellement les cellules épithéliales de l’oropharynx, siège de la réplication virale, et les lymphocytes B. Le virus reste en état de latence dans le compartiment lymphoïde, les cellules B infectées persistant dans le tissu hématopoïétique au sein d’une fraction minime de la population lymphoïde.

La rupture de l’équilibre hôte-virus, telle qu’elle peut être observée dans les déficits

immunitaires, en particulier acquis après transplantation d’organe ou lors d’infection par le virus du SIDA, autorise le développement incontrôlé d’une population de lymphocytes B, induite par le virus d’Epstein Barr.

Lors de transplantation d’organe, on observe donc des proliférations lymphoïdes dans

1 à 10 % des cas ; 80 à 90 % de ces cas sont associés au virus d’Epstein Barr. Ces proliférations, monomorphes, sont le plus souvent de type immunoblastique, avec une nette différenciation plasmocytaire. Elles vont d’une hyperplasie plasmocytaire à une réelle prolifération maligne monoclonale. Les plasmocytomes extramédullaires sont exceptionnellement rapportés. 1.1.4 Traitement (7, 57, 88)

Le myélome multiple a fait l’objet de nombreuses études de chimiothérapies, mais aucune n’était standardisée et n’a permis d’identifier le meilleur traitement à mettre en place. (57).

Depuis de nombreuses années, le melphalan et la prednisone constituaient les agents thérapeutiques classiques du myélome multiple. La réponse à ce traitement était d’environ 50 %, la médiane de survie de 3 ans. (7, 88).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 33 -

La combinaison vincristine, doxorubicine, dexaméthasone a été beaucoup utilisée, avant une transplantation d’organe, chez les patients risquant de développer un myélome multiple. Or cette combinaison présente des contraintes pour le patient, puisque l’hospitalisation est nécessaire, l’administration se faisant par voie intraveineuse. D’autre part l’agent le plus important est la dexaméthasone à haute dose. C’est donc seule que celle-ci est souvent utilisée, considérée la plus sûre et la mieux tolérée. (88).

Le thalidomide est une molécule anti-cancéreuse ayant d’abord montré une activité intéressante lors de rechute de myélome ; l’association dexaméthasone et thalidomide a donc été testée, et s’est montrée intéressante lors de rechute, mais aussi sur un myélome récemment diagnostiqué. Il s’est avéré que l’association de la dexaméthasone et du thalidomide était plus efficace sur le myélome que la dexaméthasone seule, l’avantage majeur étant l’administration de cette chimiothérapie par voie orale.

Par contre, la toxicité est elle aussi augmentée par la combinaison, notamment les risques de thromboembolie, et de neurotoxicité, dus au thalidomide. Des précautions sont donc prises afin de réduire ces risques.

Le lenalidomide, analogue du thalidomide, peut-être plus sûr, s’est montré également efficace en association avec la dexaméthasone. (88).

L’importance de la réponse initiale au traitement n’est pas corrélée à la durée de survie des patients. On considère tout de même qu’il est souhaitable de mettre en place un traitement donnant une bonne réponse initiale, avec une faible toxicité. (88).

Les autres proliférations lymphoplasmocytaires malignes sont moins monomorphes que le myélome et constituées de plasmocytes moins différenciés, associés à des lymphocytes. En fait, elles sont situées entre la prolifération lymphoïde et la prolifération plasmocytaire. Ceci rend leur diagnostic histologique parfois difficile. 1.2 La leucémie à plasmocytes (42)

La leucémie à plasmocytes est très rare. 1.2.1 Formes cliniques

Chez des sujets de 60 ans, on observe des douleurs osseuses, accompagnées parfois de signes radiologiques, de signes hémorragiques, d’une hépatosplénomégalie, d’adénopathies. La leucocytose sanguine à plasmocytes est généralement inférieure à 100 000, bien qu’elle puisse atteindre 300 000, et formée de cellules immatures parfois très atypiques, difficiles à distinguer des blastes des leucémies aigues myéloblastiques. 1.2.2 Traitement

Lors de leucémie à plasmocytes, la chimiothérapie ne permet que des remissions de courte durée et la durée de vie moyenne est de 4,8 mois. 1.3 Le plasmocytome osseux solitaire (42)

Le plasmocytome osseux solitaire est beaucoup plus rare que le myélome multiple.

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1.3.1 Formes cliniques

La localisation de la prolifération plasmocytaire est uniquement osseuse et l’aspect radiologique reste localisé, soit sous forme d’une lacune nette, soit d’une ostéoporose, soit d’images trabéculées ou vésiculées. 1.3.2 Traitement

Le plasmocytome osseux solitaire répond bien à la radiothérapie : il existe des rémissions prolongées jusqu’à 20 ans, mais dans 10 % de cas, il apparaît une deuxième localisation. 1.4 Le plasmocytome extramédullaire (12, 16, 42, 58, 89, 100) 1.4.1 Définition (42)

Les plasmocytomes extramédullaires sont des proliférations plasmocytaires malignes dans les tissus mous sans atteinte médullaire associée. Peu fréquents, ils concerneraient plus les hommes que les femmes. 1.4.2 Formes cliniques (42)

Dans 75% des cas, les voies aériennes supérieures, fosses nasales et amygdales, sont atteintes ; moins fréquemment, sont touchés les voies aériennes basses, le poumon, les ganglions et la rate, la peau et le tissu sous-cutané, le tube digestif, la thyroïde et les testicules.

Alors que les atteintes malignes plasmocytaires, myélome, leucémie et plasmocytome osseux, ne concernent que rarement la peau (sauf lors de métastases), les plasmocytomes extramédullaires peuvent être cutanés, sans qu’il y ait de myélome, donc d’atteinte osseuse, associé. Cette présentation clinique est toutefois très rare.

Les plasmocytomes extramédullaires peuvent être des métastases de néoplasmes plasmocytaires primitivement médullaires et atteindre secondairement la peau.

� Plasmocytomes extramédullaires cutanés malins métastatiques (42)

Parmi les métastases des cancers à plasmocytes, des lésions non spécifiques sont rapportées. Certaines de ces lésions seraient liées à la dysglobulinémie, comme un purpura, une cryoglobulinémie, une amylose, un xanthome, une pyodermite. D’autres seraient de nature paranéoplasique, ou d’association fortuite, comme l’érythème figuré, l’ichtyose, le zona.

Par contre, des lésions spécifiques sont associées aux tumeurs plasmocytaires malignes : il s’agit de plasmocytomes cutanés malins, dont la localisation peut être diverse, membres, thorax, visage, abdomen, testicules…On se trouve alors dans un contexte métastatique.

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En particulier, le myélome et la leucémie à plasmocytes sont particulièrement associés à des atteintes de la peau. Il s’agit en fait de plasmocytomes extramédullaires au cours d’un myélome, qui se situent, soit dans le derme, soit dans le tissu sous-cutané. Leur taille est variable, ainsi que leur coloration. Une ulcération peut survenir. Aucune douleur n’est en général notée. Ces tumeurs sont constituées de plasmocytes souvent très immatures et indifférenciés, dont quelques-uns sont binucléés, en mitose, ou dystrophiques ; il s’agit de tumeurs malignes à plasmocytes. Une régression spontanée des nodules peut être observée, mais un traitement médical est généralement entrepris.

Une forme cutanée particulière du plasmocytome existe chez l’homme.

� Plasmocytomes extramédullaires cutanés malins associés au virus d’Epstein Barr chez les transplantés d’organes (12, 16, 89)

Comme exposé précédemment, ce n’est qu’exceptionnellement que les désordres

lymphoprolifératifs post-transplantation, associés au virus d’Epstein Barr, sont de type myélome ou plasmocytome. (12).

Cependant, certains patients présentent, quelques années après leur greffe, des plaques ou des nodules cutanés. (12, 16). Les biopsies de ces tumeurs révèlent alors un infiltrat de plasmocytes, soit matures, soit atypiques, dans le derme ou l’hypoderme, avec de nombreuses mitoses. (12, 16, 89). Aucun dépôt d’amylose n’est noté dans les cas rapportés.

Des atteintes primitives de la peau se retrouvent, rarement.

� Plasmocytomes extramédullaires cutanés malins primitifs (42, 58)

Ce sont des proliférations de plasmocytes malins, au niveau cutané, qui sécrètent parfois une immunoglobuline monoclonale. Des localisations aux tissus mous peuvent être associées. Le nombre et la localisation des lésions sont très variables, la gêne fonctionnelle rare.

L’atteinte cutanée stricte prédomine, avec une forme nodulaire plus courante. La tumeur est de taille variable, rouge violacée, non adhérente au plan profond et peut s’ulcérer. L’atteinte sous-cutanée, moins fréquente, présente des aspects divers (nodule, tuméfaction…).

Les cellules néoplasiques évoluent de plasmocytes bien différenciés vers des cellules très atypiques, avec des noyaux pléomorphes et hyper chromatiques, de nombreuses mitoses et des cellules binucléées.

Les symptômes généraux, parfois associés, sont une adénomégalie, une hyperthermie, un amaigrissement. Les modifications biologiques, accompagnant certaines tumeurs, sont une anémie et une hyperglobulinémie monoclonale.

L’évolution de ce cancer dépend de la présentation clinique lors du diagnostic, avec possibilité de métastases. Aucune régression spontanée n’est rapportée. 1.4.3 Immunomarquages (12, 16)

L’identification des plasmocytomes extramédullaires humains se fait, par l’examen histologique classique, complété par une étude immunohistochimique: les cellules à différenciation plasmocytaire expriment les marqueurs CD 79a et CD 138.

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1.4.4 Traitement (42, 100)

Les plasmocytomes extramédullaires peuvent être traités localement par irradiation, combinée ou non à une intervention chirurgicale. La rémission est immédiate mais les récidives fréquentes. Le traitement de celles-ci peut permettre une rémission plus longue.

Les formes cutanées de ces plasmocytomes peuvent faire l’objet d’une chirurgie, de radiothérapie ou de chimiothérapie. Les effets sont plus ou moins satisfaisants et il n’existe pas de consensus sur la prise en charge thérapeutique.

La chimiothérapie par melphalan et prednisone, en cures tous les mois, est efficace mais ne modifierait pas le risque de transformation en myélome multiple à plus ou moins long terme.

Un cas de plasmocytomes cutanés multiples a été récemment traité, avec succès, par

chimiothérapie locale : une application quotidienne de miltéfosine à 6 %, une goutte par nodule, a permis la disparition totale de 20 nodules sur 23 en 3 semaines, sur une patiente qui n’a pas rechuté par la suite. La miltéfosine, hexadecylphosphocholine, est un analogue des éthers lipides et exerce sa cytotoxicité en interagissant avec la synthèse des phospholipides des membranes cellulaires. Elle est actuellement utilisée pour traiter les métastases cutanées de cancer du sein. Ce traitement semble bien toléré localement, à part quelques cas de prurits, voire d’ulcérations ou de nécroses. Il pourrait constituer une alternative de choix, dans la thérapie des plasmocytomes cutanés primitifs, et mérite d’être étudié. (100).

La maladie de Waldenström est considérée comme un désordre lymphoprolifératif distinct et n’est pas toujours classée parmi les désordres plasmocytaires malins de l’homme. 1.5 La maladie de Waldenström (7, 62)

Il s’agit d’un lymphome, avec production d’une immunoglobuline monoclonale M. Il y a prolifération de lymphocytes et de plasmocytes, dans la moelle osseuse, les nœuds lymphatiques et la rate. L’âge moyen des patients est 60 ans.

Les signes cliniques sont une lymphocytose, une anémie et un syndrome d’hyperviscosité sanguine. Apparaissent ensuite une lymphadénopathie, une splénomégalie et une hépatomégalie.

Cette maladie est incurable et les traitements ne sont mis en place que pour prolonger la durée de vie du patient, dans les meilleures conditions possibles. Seuls les patients présentant des symptômes, ou des anomalies hématologiques sévères, ou dont la maladie progresse clairement, sont traités. Différentes options se présentent, avec les agents alkylants (chlorambucil), seuls ou en combinaison, les stéroïdes et les analogues de la purine. Une plasmaphérèse est souvent nécessaire, pour réduire le taux d’immunoglobulines M circulantes et le syndrome d’hyperviscosité.

La plupart des perturbations de la lignée plasmocytaire, chez l’homme, correspondent donc à des processus cancéreux. Ces maladies sont bien connues et de nombreux articles s’y rapportent. Par contre, en ce qui concerne les désordres bénins, la bibliographie est beaucoup plus pauvre et cela constituera nous le verrons, une différence avec l’espèce féline.

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2 Les proliférations plasmocytaires bénignes 2.1 Généralités : la plasmocytose (15)

Dans les cas de processus bénins avec prolifération de plasmocytes, on parle de plasmocytose. La plasmocytose est caractérisée par un nombre anormalement élevé de plasmocytes dans les tissus, les exsudats ou le sang périphérique.

Elle correspond à une prolifération cellulaire, équilibrée et polyclonale, diffuse ou localisée.

Dans la plasmocytose diffuse, un nombre important de plasmocytes, ou de cellules lymphoplasmocytaires, est observé dans la moelle osseuse, les ganglions lymphatiques et la rate.

Dans la plasmocytose localisée, on observe des plasmocytes, associés à des macrophages et à des leucocytes, ce contingent cellulaire étant limité au foyer inflammatoire.

En comparaison avec les plasmocytomes, on constate une vascularisation plus développée lors de phénomène bénin, de même qu’une population plus polymorphe. Les plasmocytes sont différenciés, adultes, avec de rares corps de Russell. Par contre, tout comme dans les phénomènes malins, des dépôts amyloïdes sont observés.

Certaines de ces proliférations intéressent le tractus digestif. 2.2 Les maladies chroniques intestinales idiopathiques (71)

On observe, chez l’homme, des proliférations plasmocytaires intéressant le tractus digestif, lors de maladies inflammatoires chroniques idiopathiques. Nous verrons que, chez le chat, les maladies inflammatoires chroniques peuvent être dues à un infiltrat plasmocytaire et intéresser différentes zones du tractus. Ces affections sont mal définies et ne sont qu’une partie de l’ensemble des inflammations chroniques (neutrophiliques, éosinophiliques, histiocytaires). 2.2.1 Définition

Chez l’homme, lorsqu’on parle de maladie inflammatoire chronique intestinale, il s’agit de deux maladies distinctes et longuement étudiées : la maladie de Crohn et la colite ulcérative. Bien que, dans les deux cas, l’infiltrat inflammatoire soit composé de différents types cellulaires, c’est un contingent histiocytaire qui domine lors de maladie de Crohn, alors qu’il est lymphoplasmocytaire lors de colite ulcérative. C’est donc cette dernière qui nous intéresse particulièrement. 2.2.2 Manifestations cliniques

Les symptômes sont ceux de toute colite ou entérite : diarrhée, douleur abdominale, inconfort intestinal. Des manifestations plus générales accompagnent souvent ces signes locaux : atteintes articulaires (arthropathies périphériques, spondylites ankylosantes, sacro-iléites), cutanées (pyoderma gangrenosum, vasculite cutanée), oculaires (conjonctivites, uvéites antérieures, épisclérites), hépatobiliaires (péricholangites, stéatoses hépatiques, cholé lithiases), vasculaires (thromboses), néphro-lithiases, amyloïdose (foie, rein).

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2.2.3 Histologie

Les critères histologiques de diagnostic reposent, chez l’homme, sur l’évaluation des modifications inflammatoires et des lésions architecturales. Le critère histologique principal d’activité reste la présence de polynucléaires neutrophiles dans les structures épithéliales avec, ou sans, lésion épithéliale telle que la cryptite, l’abcès cryptique et l’érosion.

Quel que soit l’infiltrat prédominant, c’est la population neutrophile qui est importante car elle est facilement reconnue à l’examen histologique, son potentiel inflammatoire via la production de métabolites est important, sa survie hors des vaisseaux sanguins est limitée à quelques heures, et, donc, la présence de cette population dans la muqueuse traduit la persistance d’un stimulus agressif. 2.2.4 Etiologie

L’étiologie précise de ces maladies reste inconnue. Elle est très certainement multifactorielle, faisant intervenir l’immunorégulation du tissu lymphoïde digestif, la barrière muqueuse de l’intestin et les agents environnementaux. Ces anomalies pourraient avoir une origine héréditaire.

La pathogénie du syndrome implique une réponse d’hypersensibilité vis-à-vis d’antigènes du tube digestif, dont les plus importants seraient les antigènes de la flore bactérienne normale, mais qui pourraient, chez certains, être des antigènes alimentaires ou des auto-antigènes. L’inflammation causée par la réaction d’hypersensibilité entraîne un cercle vicieux, où l’augmentation de la perméabilité intestinale due à l’inflammation entraîne une surexposition des cellules immunocompétentes de la muqueuse aux antigènes luminaux, ce qui exacerbe la réponse immunitaire et inflammatoire. 2.2.5 Traitement

Lors de colite ulcérative, la corticothérapie est utile lors d’une atteinte initiale, ou d’une rechute, aiguë de la maladie. Mais lors d’utilisation prolongée, l’efficacité décroît et les effets secondaires augmentent.

La sulfasalazine, anti-inflammatoire non stéroïdien, est efficace dans le traitement des poussées de colite ulcérative et en prévention des rechutes. Par contre, on observe un fort degré d’intolérance et des effets secondaires fréquents.

On a recours à des médicaments immunorégulateurs, car l’intervention d’un désordre de l’immunorégulation dans l’apparition de la maladie inflammatoire est probable. L’azathioprine est utilisée le plus fréquemment, lors de colite ulcérative chronique, afin de réduire les doses de corticoïdes.

Un traitement symptomatique accompagne les manifestations cliniques : modificateurs de la motilité intestinale, pansements gastro-intestinaux.

De nombreuses stratégies thérapeutiques sont à l’étude, notamment de nouveaux immunomodulateurs, et visent à éviter l’usage de la corticothérapie.

Un traitement chirurgical est nécessaire lors de certaines complications de la colite. Ainsi, 30 % des patients à colite ulcérative subissent une colectomie totale.

Un autre type de plasmocytose est particulièrement intéressant, puisqu’il concerne la peau ; cependant, les cas décrits sont rares.

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2.3 La plasmocytose cutanée (32, 73)

Il a été décrit, par le passé, chez l’homme, des lésions cutanées intéressant le pied et la jambe, à type de placards érythémateux violacés, indolores, non prurigineux, au niveau desquelles la peau était indurée, lisse, sèche et épaissie. Les lésions, bien qu’extensives, restaient à bords nets. Une adénomégalie locorégionale était présente.

L’examen histopathologique révélait un derme infiltré par des plasmocytes normaux, se distribuant le long de petits vaisseaux élargis, avec des signes de vasculite, sans nécrose.

La plasmocytose médullaire était modérée, mais une hypergammaglobulinémie très importante portait sur les immunoglobulines G, A, M ; cette hyperglobulinémie polyclonale était accompagnée d’une cryoglobulinémie. Le patient présentait également une monocytose.

Seul un traitement anti-cancéreux a permis la guérison. On parla alors de réticulose cutanée à plasmocytes. (32).

Un peu plus tard, ce type de réaction fut mieux défini. En effet, en 1983, Kimura et al.

décrivirent un patient avec des plaques et des nodules cutanés multiples caractérisés par une prolifération de plasmocytes matures, avec une hypergammaglobulinémie polyclonale. Ils nommèrent cette affection plasmocytose cutanée. La même forme clinique, mais atteignant d’autres organes, en plus de la peau, fut retrouvée, plus tard, et nommée par Watanabe et al. plasmocytose systémique. Des cas similaires ont, par la suite, été rencontrés, toujours chez des patients japonais. (73).

Pourtant, un cas plus récent décrit dans la littérature, concerne un homme blanc. Celui- ci a présenté des papules et des nodules multiples, bien délimités, rouge à brun, durs, sur le visage, le dos, les extrémités et le torse.

L’examen histopathologique de biopsies cutanées a révélé un infiltrat dense péri-vasculaire, composé principalement de plasmocytes associés à un nombre plus faible de lymphocytes et d’histiocytes. Les plasmocytes ne montraient aucune atypie. L’étude immunohistochimique a, ensuite, mis en évidence une hypergammaglobulinémie polyclonale. Divers examens complémentaires ont exclu les hypothèses de myélome, ou autre désordre néoplasique, ainsi que certaines maladies inflammatoires.

En effet, on distingue les plasmocytoses primaires, des plasmocytoses secondaires à une maladie inflammatoire, soit infectieuse comme la syphilis, soit non infectieuse, comme le lupus érythémateux. On parle de plasmocytose primaire quand la prolifération plasmocytaire bénigne est le composant principal de l’affection et que l’on exclut une cause sous-jacente. Concernant ce patient, l’évolution s’est faite avec envahissement de certains nœuds lymphatiques et de la moelle osseuse, toujours par des plasmocytes normaux et sans caractère néoplasique. Les traitements cytostatiques et immunosuppresseurs n’ont eu aucun effet. Ses manifestations cliniques et biologiques n’ont pas évolué, durant un an sans traitement. (73).

La plasmocytose cutanée, chez l’homme, reste un désordre d’étiologie inconnue. Elle est caractérisée par une prolifération bénigne, polyclonale, de plasmocytes. Il a été évoqué un rôle possible de l’interleukine 6 dans l’apparition de cette affection. Cependant, peu de sources bibliographiques traitent de ces désordres bénins, en comparaison de nombreuses études concernant les maladies néoplasiques liées à une prolifération plasmocytaire. (73).

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Nous allons maintenant nous intéresser à l’espèce féline et nous verrons que, si l’homme est un modèle parfait d’étude, pour le chat, en ce qui concerne les tumeurs plasmocytaires malignes, ce n’est pas le cas pour les désordres bénins. En effet, le chat présente des désordres plasmocytaires variés, d’étiologie inconnue, qui, pour certains, présentent des similitudes avec les maladies humaines (maladies digestives), mais, pour d’autres, ne sont décrits que dans cette espèce (pododermatite plasmocytaire).

B. Les désordres plasmocytaires chez le chat

1 Les proliférations plasmocytaires malignes

Les tumeurs plasmocytaires du chat sont classées de manière similaire à celles de l’homme (41, 75, 101) :

• le myélome multiple • le plasmocytome extramédullaire • le plasmocytome osseux solitaire

Certains auteurs incluent la macroglobulinémie à immunoglobuline M, ou maladie de

Waldenström, dans les néoplasmes plasmocytaires. (87). La leucémie à plasmocytes, décrite chez l’homme, l’est aussi chez le chien mais aucun cas

n’a été rapporté chez le chat. (87).

Les proliférations plasmocytaires tumorales sont caractérisées par une gammapathie monoclonale. Lors de tumeur plasmocytaire, on observe la sécrétion, à haute dose, d’un seul type d’immunoglobuline, par une lignée de plasmocytes anormale. (101). 1.1 Le myélome multiple (31, 38, 55, 87)

Moins de 1 % des néoplasmes hématopoïétiques félins sont des myélomes multiples.

Les plasmocytomes sont encore plus rares. (55). Les individus touchés sont âgés de 10,8 ans en moyenne. On n’observe aucune

prédisposition de race. Il n’a pas été démontré de relation avec les virus FeLV et FIV. 1.1.1 Définition (55)

Le myélome est une prolifération, exagérée et non contrôlée, de plasmocytes s’accompagnant de la sécrétion d’une immunoglobuline monoclonale. On parle de myélome multiple lors de tumeur plasmocytaire ayant pour origine la moelle osseuse et touchant d’autres organes. Il s’agit d’un processus néoplasique d’évolution généralement progressive et fatale chez le chat. 1.1.2 Formes cliniques (31, 38, 55)

Chez le chat, le motif de consultation le plus fréquent est un mauvais état général, avec un poil piqué, de l’anorexie,des vomissements, une apathie ou une asthénie.

Les symptômes ont deux origines : la présence d’une immunoglobuline monoclonale produite par les cellules néoplasiques et l’infiltration des organes par ces cellules.

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� L’immunoglobuline monoclonale

Dans une étude récente (55), portant sur 9 chats atteints de myélome multiple, une polyuro-polydipsie était présente dans 4 cas sur 9. Les modifications biologiques observées étaient : une hyperglobulinémie (supérieure à 50 g/l) dans les 9 cas, un taux de créatinine supérieur à 110 µmol/l dans 4 cas, une hypercalcémie (calcium total supérieur à 3 mmol/l et calcium ionisé supérieur à 5,7 mg/dl) dans 3 cas, une hypo-albuminémie (albumine inférieure à 25 g/l) dans 6 cas.

En effet, l’immunoglobuline monoclonale est responsable de troubles de la coagulation, de symptômes urinaires et rénaux, d’hypercalcémie et d’un syndrome d’hyperviscosité sanguine.

- Syndrome d’hyperviscosité sanguine (38)

Le syndrome d’hyperviscosité du sérum associé au myélome peut causer des hémorragies rétiniennes ou des décollements de rétine, des anomalies cardiovasculaires ou des troubles neurologiques.

Les chats malades présentent, en effet, lors de l’examen ophtalmologique, des vaisseaux rétiniens tortueux et dilatés ou des foyers d’hémorragies sur le fond d’œil. On peut observer une absence de réflexe cornéen, de réflexe palpébral ou de clignement à la menace. D’un point de vue cardiovasculaire, c’est une cardiomégalie avec hypertrophie du ventricule gauche qui complique souvent le myélome.

Ce syndrome est rencontré chez des chats dont la gammapathie monoclonale est à immunoglobulines A, G ou M. Ceci constitue une différence avec l’homme, chez lequel ce sont les agrégats d’immunoglobulines G qui causent l’hyperviscosité.

Alors que l’insuffisance rénale fait partie du tableau clinique du myélome chez le chat, elle peut être, aussi, une complication du syndrome d’hyperviscosité, qui entraîne une hypoxie rénale.

- Symptômes urinaires et rénaux (38, 55)

Un myélome multiple peut engendrer une insuffisance rénale chez le chat par plusieurs mécanismes: des lésions tubulaires dues à la filtration des immunoglobulines, l’infiltration rénale par les cellules tumorales, une pyélonéphrite secondaire due à l’abaissement des défenses immunitaires, l’hypercalcémie, ou le syndrome d’hyperviscosité sanguine.

Malheureusement rarement réversible, elle donne un mauvais pronostic au myélome.

� L’infiltration par les cellules tumorales

L’envahissement de la moelle par les cellules tumorales peut entraîner une anémie, un déficit immunitaire, des lésions osseuses. (31).

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1.1.3 Diagnostic (55, 87)

Un diagnostic de myélome multiple est établi si l’on rencontre, au moins, deux des critères suivants :

� Gammapathie monoclonale � Lésions d’ostéolyse visibles en radiologie � Protéinurie de Bence Jones (présence de protéines à chaîne légère dans les urines) � Présence de plasmocytes tumoraux dans la moelle osseuse ; les sources divergent quant

à la proportion minimale permettant d’établir le diagnostic: 5 % ou 20 %. 1.1.4 Traitement (55)

On constate que les traitements du myélome du chat sont sensiblement les mêmes que ceux employés chez l’homme, ou du mois ceux qui étaient employés chez l’homme par le passé.

Ainsi, même si les posologies sont parfois variables d’une publication à l’autre, le traitement est le suivant :

� melphalan (Alkeran®) 0,1 mg/kg une fois par jour, 14 jours, puis tous les jours sauf complication, jusqu’à réponse clinique ; ensuite 0,1 mg/kg tous les 7 jours.

� prednisolone (Prednicare®) 0,5 mg/kg une fois par jour par voie orale.

Si une leucopénie importante survient, le melphalan est arrêté et la cortisone poursuivie.

La réponse clinique est bonne si les symptômes régressent, le taux de protéines diminue, les lésions osseuses visibles en radio disparaissent ou s’atténuent.

Une antibiothérapie doit accompagner ce traitement de base, car les infections sont souvent la cause de mort lors de myélomes. Ces infections s’expliquent par la prolifération de cellules B anormales et le relargage d’un facteur inhibiteur des cellules normales, ou par l’envahissement de la moelle osseuse par les cellules tumorales.

Quand le traitement est efficace, c’est souvent la protéinurie de Bence Jones qui diminue en premier, avant les protéines M. (87). 1.2 Le plasmocytome extramédullaire (17, 41, 43, 55, 75, 87, 91, 101) 1.2.1 Définition (41, 55, 75, 101)

Le plasmocytome extramédullaire est une tumeur plasmocytaire unique, dans un organe autre que la moelle osseuse. Il est caractérisé par sa localisation extra squelettique. Des plasmocytomes extramédullaires ont été rapportés chez le chat au niveau de la peau, des jonctions cutanéo-muqueuses, du tractus gastro-intestinal, du foie, de l’espace rétro- péritonéal et de l’orbite. Dans cette espèce, ils sont plus rares que chez le chien.

Les animaux atteints sont généralement âgés de plus de 10 ans. Certaines études rapportent une atteinte préférentielle des mâles.

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1.2.2 Formes cliniques (17, 41, 43, 87, 101)

On retrouve les mêmes symptômes généraux que dans toutes les proliférations plasmocytaires malignes, à savoir les conséquences de l’immunoglobuline monoclonale (hyperviscosité sanguine, amyloïdose). S’ajoutent au tableau clinique les signes relevant de la localisation de la tumeur plasmocytaire. (41, 101).

Les plasmocytomes cutanés progressent, parfois, de manière intermittente, sans provoquer de réels symptômes cliniques au départ. (17). Ces masses cutanées sont souvent bénignes, alors que les autres localisations sont, plus fréquemment, associées à des métastases. (87). Les localisations préférentielles des plasmocytomes cutanés chez le chat sont les coussinets, le thorax, le cou, l’épaule, la queue, le métatarse et le nez. (43).

Ces plasmocytomes n’évoluent pas, généralement, vers le myélome multiple. Toutefois, un cas de plasmocytome cutané du tarse ayant évolué vers un myélome multiple est rapporté dans la littérature. (87). 1.2.3 Histologie (43, 75)

Le plasmocytome extramédullaire félin est une tumeur constituée d’une population monomorphe de cellules plasmocytaires, entourée par un infiltrat inflammatoire composé de macrophages, de quelques lymphocytes et de mastocytes.

On peut appliquer la même classification que chez le chien, soit celle de Bartl et al et Platz et al :

• le plasmocytome de type mature : les cellules tumorales sont des plasmocytes matures ; les cellules géantes et multinucléées sont rares.

• le plasmocytome de type clivé : les cellules tumorales présentent une anisocytose et ont des noyaux indentés et clivés ; beaucoup de cellules géantes multinucléées sont observées.

• le plasmocytome de type asynchrone : la croissance du noyau et du cytoplasme est asynchrone, avec présence d’un noyau blastique, avec un nucléole central.

• le plasmocytome de type polymorphe : les cellules tumorales sont polymorphes, avec de nombreuses cellules géantes, multinucléées.

Chez le chien on distingue un cinquième type de tumeur, non rencontré chez le chat.

1.2.4 Immunohistochimie (41, 91)

Les méthodes d’immunohistochimie sont souvent utiles à l’établissement du diagnostic de plasmocytome extramédullaire. En effet, dans les conditions physiologiques, 92 % des plasmocytes du chat produisent des immunoglobulines à chaîne légère λ, alors que 8 % produisent des immunoglobulines à chaîne légère К. Le plasmocytome produit une seule classe d’immunoglobulines à chaîne légère. C’est ainsi que, dans un cas de plasmocytome cérébral sur un chat, on a mis en évidence la présence de plasmocytes produisant exclusivement des immunoglobulines à chaîne légère К ; ceci a permis d’établir le diagnostic de prolifération monoclonale de cellules de la lignée B. (41).

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On observe également que les populations plasmocytaires composant ces tumeurs sont souvent associées à des dépôts amyloïdes. En utilisant des anticorps spécifiques, dirigés contre une immunoglobuline à chaîne légère, on a mis en évidence une réaction positive des protéines composant ces dépôts amyloïdes. On a observé la même réaction positive avec les plasmocytes composant les plasmocytomes. Il a donc été prouvé que c’est l’immunoglobuline à chaîne légère, produite par les cellules tumorales du plasmocytome, qui est à l’origine de l’amylose. (91). 1.2.5 Traitement (17, 87)

Dans les cas de plasmocytomes cutanés, la chirurgie est en général curative ; par contre les plasmocytomes non cutanés, agressifs, avec une atteinte gastro-intestinale et des métastases aux nœuds lymphatiques locaux, nécessitent la mise en place d’une chimiothérapie (prednisone et melphalan). 1.3 Le plasmocytome osseux solitaire (87)

La forme osseuse du plasmocytome solitaire semble encore plus rare, chez le chat, que les autres localisations.

En se basant sur les cas rencontrés chez le chien, on peut s’attendre à une atteinte préférentielle des os longs, des corps vertébraux, de l’arcade zygomatique et des côtes. Les plasmocytomes osseux solitaires canins peuvent évoluer vers un myélome multiple. 1.4 La maladie de Waldenström

La macroglobulinémie, ou maladie de Waldenström, présente les mêmes caractéristiques chez le chat que chez l’homme. La gammapathie monoclonale consiste en la production d’une immunoglobuline M.

Sans aborder directement encore l’affection qui nous concerne, étudions les maladies qui, semble-t-il, sont du même type ; nous verrons, plus tard, quels sont leurs points communs et leurs éventuelles associations. 2 Les proliférations plasmocytaires bénignes 2.1 Les infiltrats plasmocytaires inflammatoires (41, 65, 101)

Il s’agit d’infiltrats riches en plasmocytes ; la pododermatite plasmocytaire en fait partie.

D’un point de vue histologique, les infiltrats plasmocytaires sont constitués de différents types cellulaires, incluant des neutrophiles, des éosinophiles, des lymphocytes et un grand nombre de plasmocytes. (65). D’un point de vue immunohistochimique, la méthode péroxydase-anti-péroxydase peut permettre de différencier une prolifération plasmocytaire néoplasique, d’une prolifération plasmocytaire inflammatoire, en déterminant la présence d’un ou plusieurs types de chaînes légères d’immunoglobulines dans les cellules.

Les plasmocytomes malins sont constitués de plasmocytes sécrétant un seul type d’immunoglobuline (immunoglobuline monoclonale) ; les immunoglobulines produites sont strictement identiques, notamment elles possèdent la même chaîne lourde (donc le même type A, G ou M) et la même chaîne légère (К ou λ).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 45 -

Lors d’infiltrats inflammatoires , les plasmocytes produisent des immunoglobulines qui peuvent présenter différents types et des chaînes légères différentes. Chez le chat, comme chez l’homme lors d’inflammations chroniques des gencives et de la peau, le type G prédomine par rapport aux types A et M. (65). Pour un même type d’immunoglobuline, on peut mettre en évidence une polyclonalité pour le type de chaîne légère.

Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, chez le chat, 92 % des immunoglobulines comportent la chaîne légère λ, contre 8 % pour la chaîne légère К ; si l’étude immunohistochimique révèle la présence d’immunoglobulines à chaîne λ seulement, on ne peut pas faire la différence entre une prolifération monoclonale et une prolifération polyclonale.

Les maladies chroniques inflammatoires peuvent être accompagnées d’une amyloïdose réactive, à différencier de l’amyloïdose accompagnant le phénomène malin. (101).

Parmi ces maladies chroniques, on distingue, chez le chat, des infiltrations plasmocytaires du tractus digestif : colite, gastro-entérite et entérite lymphoplasmocytaires et stomatite lymphoplasmocytaire. 2.2 La colite lymphoplasmocytaire (24, 71) 2.2.1 Définition (24)

Cette affection est caractérisée par l’infiltration, de la lamina propria et de la sous-muqueuse du colon, par un grand nombre de lymphocytes et plasmocytes. Elle est mieux décrite chez le chien que chez le chat, tant au niveau des symptômes que du traitement.

Aucune prédisposition de race n’a été notée. L’âge moyen des animaux atteints serait de 5,1 ans. 2.2.2 Manifestations cliniques (24, 71)

Parmi les symptômes cliniques, la diarrhée et l’hémochésie sont les plus fréquents. Ténesme, augmentation de la fréquence de défécation, mucus dans les fécès, odeur nauséabonde des selles, bien que non spécifiques de la colite lymphoplasmocytaire, permettent souvent de localiser l’affection au gros intestin.

D’un point de vue plus général, une perte de poids et des vomissements peuvent se manifester. Ces vomissements sont même le premier signe observé chez 30 % des animaux à colite.

Les anomalies hématologiques sont peu spécifiques : neutrophilie, lymphopénie, monocytose, dans les cas sévères; ceci représente probablement une réponse physiologique au stress ou l’inflammation chronique.

Une étude sur 14 cas de colite lymphoplasmocytaire a révélé une activité de l’alanine-amino-transférase augmentée dans la moitié des cas; cette atteinte hépatocellulaire peut être causée par des toxines absorbées par la barrière colique muqueuse.

Les images endoscopiques de colons atteints montrent des pétéchies, une congestion de la muqueuse, reflétant le processus inflammatoire.

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2.2.3 Histologie (24)

Les biopsies de muqueuse colique montrent un infiltrat de lymphocytes et de plasmocytes normaux. La sévérité de l’inflammation est variable selon les cas, avec une infiltration pouvant atteindre la sous-muqueuse et la musculeuse du colon.

Des neutrophiles et des éosinophiles occupent l’infiltrat de manière inconstante, sans rapport apparent avec la gravité des lésions.

2.2.4 Etiologie (24, 71)

Concernant l’étiologie de la colite lymphoplasmocytaire, bien que les agents pathogènes, tels que Giardia et Campylobacter, ne puissent pas être mis totalement hors de cause, il est pourtant peu probable qu’ils jouent un rôle prépondérant dans l’apparition des symptômes.

On sait, en effet, que Giardia cause des diarrhées chroniques chez le chat mais il affecte plutôt le jéjunum et l’iléon et touche peu le colon. Toutefois, les méthodes utilisées pour détecter la présence de ce parasite sont souvent peu sensibles.

La bactérie Campylobacter cause des colites sévères chez l’homme. Elle a été isolée chez un chat à colite lymphoplasmocytaire mais est présente, parfois, sur des chats en bonne santé. Cet agent ne peut être, directement, mis en cause.

Par ailleurs il n’est rapporté aucune influence des virus FeLV ou FIV sur l’apparition de ce désordre inflammatoire.

On pense que, comme chez l’homme, l’ensemble des maladies inflammatoires chroniques du chat aurait une origine multifactorielle. (Voir A-2.2.4) 2.2.5 Traitement (24, 71)

Le traitement de cette colite passe par un régime alimentaire enrichi en fibres. Ce régime semble être efficace seul mais l’emploi d’une corticothérapie et d’une antibiothérapie peut s’avérer justifié.

Les fibres agissent en supprimant la motilité anormale du colon, elles stimulent les contractions segmentaires et prolongent la durée du transit, permettant une meilleure absorption des nutriments. De plus, les fibres absorbent l’eau, diminuant l’humidité des fécès et, donc, la diarrhée. Enfin, elles protègent la muqueuse colique en capturant et diluant les acides biliaires, ainsi que tout autre agent nocif du contenu intestinal. On peut aussi donner un régime hypoallergénique contenant des protéines hautement digestibles. Celui-ci réduit l’intensité des défenses immunitaires de la muqueuse colique, qui ne font qu’entretenir l’inflammation.

Si le traitement diététique semble efficace sur les symptômes de cette affection du colon chez le chat, il n’a pas été mis en évidence d’effet réel sur les modifications histologiques de la muqueuse.

En cas d’échec, ou d’inflammation colique sévère, on peut mettre en place une corticothérapie à base de prednisolone (2 à 4 mg/kg/j pendant 4 semaines, puis doses régressives).

Le pronostic de la colite lymphoplasmocytaire chez le chat est plutôt bon.

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2.3 La gastro-entérite lymphoplasmocytaire (23, 71) 2.3.1 Définition (23)

Cette affection est caractérisée par un infiltrat riche en lymphocytes et plasmocytes dans la muqueuse gastro-intestinale. 2.3.2 Manifestations cliniques (23, 71)

Les vomissements et la perte de poids sont les symptômes les plus fréquents. Les vomissements sont associés à l’atteinte duodénale. La diarrhée et la léthargie sont des symptômes fréquemment associés.

D’un point de vue hématologique, on retrouve, souvent, les mêmes modifications, non spécifiques, que lors de colite. 2.3.3 Histologie (23)

On observe une inflammation lymphocytaire et plasmocytaire de l’estomac et du duodénum. L’infiltrat affecte de nombreux sites anatomiques, l’importance de l’inflammation variant d’un site à l’autre. 2.3.4 Traitement (23, 71)

Si la colite lymphoplasmocytaire répond, souvent bien, au régime alimentaire seul, la gastro-entérite lymphoplasmocytaire nécessite souvent un traitement corticoïde, à faible dose, ou, lors de cas sévères, à dose immunosuppressive (de 1 à 4 mg/kg/j).

Le métronidazole, antibiotique à effet anti-inflammatoire, semble avoir des effets complémentaires intéressants. 2.4 L’entérite lymphoplasmocytaire (53, 71) 2.4.1 Manifestations cliniques (71)

Les manifestations cliniques sont les mêmes que lors d’atteinte gastro-intestinale. En effet, il n’est pas rare que l’inflammation qui concerne l’intestin grêle concerne aussi l’estomac. Egalement, parfois, colon et intestin grêle sont touchés simultanément, on parle alors d’entérocolite lymphoplasmocytaire. 2.4.2 Histologie (53)

D’un point de vue histologique, on retrouve de nombreux lymphocytes et plasmocytes dans la lamina propria. Les infiltrats se retrouvent surtout dans les villosités, une zone dans laquelle on ne les trouve pas dans un intestin sain. La distribution peut se faire en foyers. La musculeuse de la muqueuse peut être envahie de lymphocytes, de plasmocytes, d’éosinophiles et d’histiocytes. Les neutrophiles sont souvent associés à des érosions ou des ulcérations.

Souvent, les villosités sont atrophiées et fusionnées. On voit des érosions coalescentes multifocales, des déformations de la surface épithéliale. L’architecture des cryptes est parfois déformée et hypertrophiée. Certaines cryptes sont obstruées ou dilatées par du mucus. La lamina propria peut être oedémateuse, à cause de l’augmentation de perméabilité vasculaire et de la formation de lymphe.

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2.4.3 Traitement (71)

Là encore, le traitement diététique seul est rarement efficace. On conseille de traiter par de la prednisolone, de la même manière que précédemment, et par du métronidazole. L’azathioprine peut être employée en dernier recours, si les symptômes ne régressent pas ; son emploi est restreint, notamment, par les effets secondaires d’aplasie médullaire qu’il provoque, particulièrement chez le chat.

L’infiltration plasmocytaire du chat la plus connue reste certainement celle que nous allons aborder maintenant : la stomatite lymphoplasmocytaire. 2.5 La stomatite lymphoplasmocytaire (56, 74, 77, 103) 2.5.1. Définition (56, 103)

Le chat présente une atteinte inflammatoire spécifique de la cavité buccale : la « gingivo-stomatite chronique » ou « stomatite lymphoplasmocytaire ». Bien que courante, cette affection demeure mal comprise. Les chats adultes sont touchés ; une étude sur 40 cas de stomatite plasmocytaire a montré que l’âge moyen d’apparition était de 7 ans environ. 2.5.2. Caractéristiques cliniques

� Symptômes locaux (74, 77, 103)

La stomatite lymphoplasmocytaire se caractérise, cliniquement, par une gingivite, une palato-glossite (inflammation des plis palatoglosses localisés dans l’oropharynx) et une bucco-stomatite ; peuvent être associées une maladie parodontale (inflammation puis destruction des tissus de soutien de la dent provoquée par l’accumulation de la plaque dentaire bactérienne) et des lésions de résorption odontoclastique.

Les zones inflammatoires sont érythémateuses, ulcérées, prolifératives, et peuvent atteindre les parois pharyngées. Du tartre est parfois présent.

La maladie parodontale est toujours précédée par la gingivite. Quand la gingivite devient plus sévère, les tissus gingivaux perdent leur intégrité et l’ulcération se creuse permettant aux bactéries et à leurs produits d’entrer profondément dans les structures péridontales.

� Symptômes généraux (103)

D’un point de vue général, on constate fréquemment de l’anorexie associée à une difficulté de préhension et de mastication des aliments, une halitose, du ptyalisme et un amaigrissement. Les nœuds lymphatiques mandibulaires sont, dans certains cas, de taille augmentée.

� Modifications biologiques (56, 77, 103)

On note, chez les sujets atteints, une augmentation des protéines totales sanguines, avec hypergammaglobulinémie polyclonale.

Les autres anomalies semblent non spécifiques. Une hyperleucocytose est notamment souvent rapportée. L’analyse biochimique des paramètres rénaux et hépatiques est indispensable afin d’écarter une cause rénale ou hépatique à l’affection buccale. (77, 103).

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Des analyses réalisées sur le sérum et sur la salive de chats malades montrent que :

- les taux d’immunoglobulines G, M et A sont nettement plus élevés que la normale dans le sérum,

- les taux d’albumine et d’immunoglobulines G et M sont plus élevés que la normale, dans la salive,

- le taux d’immunoglobuline A salivaire est par contre plus faible que la normale. (56). 2.5.3. Histologie (74, 103)

L’infiltrat des lésions buccales est composé d’ une population dense, diffuse dans la muqueuse et la sous-muqueuse, dominée par des plasmocytes et des lymphocytes, dans la majorité des cas, ou, parfois, uniquement par des plasmocytes. Peuvent être associés des corps de Russell, des neutrophiles, des éosinophiles, des macrophages. 2.5.4. Pathogénie (56, 77, 103)

� Taux d’immunoglobulines (56, 103)

Les concentrations élevées en immunoglobulines G et M dans la salive peuvent résulter du passage de celles-ci, du sérum vers la salive ; elles peuvent aussi venir de la population de plasmocytes qui infiltre les tissus de la cavité buccale. Ces plasmocytes produisent principalement des immunoglobulines G, qui peuvent rejoindre la salive, notamment par transsudation à travers l’épithélium muqueux enflammé. Ces concentrations plus élevées que la normale, ne semblent pas corrélées à la sévérité des lésions buccales observées.

La relativement faible concentration en immunoglobulines A dans la salive peut être due à leur destruction par des protéases bactériennes ou à leur absorption par la plaque bactérienne locale. Chez l’homme, les protéases produites par les bactéries de la plaque dentaire, comme Porphyromonas gingivalis, clivent les immunoglobulines A; des protéases similaires sont retrouvées chez le chat, produites par le même type de bactéries. Il reste à savoir si elles agissent aussi sur les immunoglobulines A.

Il est intéressant de noter que, sur un animal sain, les immunoglobulines A protègent la cavité buccale en neutralisant les agents pathogènes et les toxines, en inhibant l’adhésion et la croissance des micro-organismes à la muqueuse et aux dents et en activant des facteurs de défense non spécifiques. De ce fait, la faible quantité d’immunoglobulines A dans la salive des chats à stomatite plasmocytaire est, peut-être, un élément important de la pathogénie de celle-ci, prédisposant les animaux à des infections répétées et persistantes.

Les auteurs ayant étudié la stomatite plasmocytaire apportent les éléments de réponse suivants concernant les causes de la maladie : il semble qu’une hypersensibilité à des agents bactériens ou viraux, et une immunodépression, soient à l’origine des lésions.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 50 -

� Immunodéficience

Une immunodéficience locale pourrait être due à des anomalies anatomiques ou physiologiques, congénitales ou acquises, des muqueuses orales et du parodonte, ainsi qu’à des déficiences des processus immunitaires locaux, humoraux ou cellulaires. Toute déficience de l’immunité locale se manifestera par une atteinte de la cavité buccale.

Une immunodéficience systémique acquise peut être congénitale, ou acquise, due à un virus (FIV ou FeLV), à des médicaments, à un trouble métabolique (diabète, insuffisance rénale), au stress, à l’âge.

Les virus FIV et FeLV induisent une immunodépression systémique et les inflammations bucco-dentaires sont fréquemment décrites parmi les signes de ces infections virales chroniques.

� Hypersensibilité

L’infiltrat lymphoplasmocytaire retrouvé lors de stomatite, ainsi que l’hypergammaglobulinémie mesurée, suggèrent une activation polyclonale des cellules B. Or les bactéries du genre Bacteroïdes, appartenant à la flore buccale du chat, sont de puissants activateurs polyclonaux des cellules B. D’autre part, on sait que, chez la souris, il existe une hypersensibilité aux activateurs polyclonaux B, d’origine génétique. On peut imaginer, alors, que certains chats, soient prédisposés à développer une telle hypersensibilité.

Ainsi, des agents infectieux pourraient profiter d’un organisme immunodéprimé ou provoquer une hypersensibilité ; l’activation polyclonale résultante conduirait à une destruction tissulaire et une inflammation chronique. Les résultats de différentes études à ce sujet restent incertains. (103). 2.5.5. Traitement (56, 74, 77, 103)

Une antibiothérapie est généralement instaurée lors de stomatite. Luttant contre la prolifération bactérienne, elle diminue l’inflammation et réduit les symptômes douloureux. Son utilisation reste, si possible, de courte durée. Elle débute généralement au moment de l’extraction dentaire.

Aucun antibiotique n’est préconisé en particulier (amoxicilline et/ou acide clavulanique, céfalexine, clindamycine, doxycycline, enrofloxacine), mais le métronidazole (aux effets immunosuppresseurs), à la dose de 10 mg/kg, per os, deux fois par jour, donne les améliorations les plus nettes et les plus rapides. On préférera les formes liquides afin d’éviter la douleur causée par l’administration de comprimés. (77, 103). Il a été démontré que l’association de ce métronidazole, à 15 mg/kg, per os, deux fois par jour, à l’enrofloxacine à 5 mg/kg, per os, deux fois par jour, donnait des résultats positifs sur le long terme. (74).

Si une infection se reforme dans les 30 jours après la fin du traitement antibiotique, on peut administrer les antibiotiques, à dose normale, mais pendant 3 à 4 jours, puis on arrête, une à deux semaines, et on reprend pour 3 à 4 jours. Ce mode d’administration peut durer indéfiniment, étant donné que l’on gère plus une stomatite plasmocytaire, qu’on ne la soigne. (74).

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Parmi les anti-inflammatoires, les corticoïdes sont souvent plus efficaces mais leur utilisation doit être restreinte, étant donnés la prolifération bactérienne et le statut infectieux des animaux atteints. C’est l’acétate de méthylprednisolone qui donne les meilleurs résultats à une dose de 2 à 5 mg/kg en intra-musculaire ou sous-cutané, tous les 14 jours jusqu’à réponse, puis renouvelé toutes les 6 à 8 semaines.

L’utilisation de cette molécule entraînerait, d’après une étude récente (56), une réduction du taux d’immunoglobulines G plus importante qu’avec les autres traitements ; cette réduction serait maintenue avec une utilisation de méthylprednisolone à une dose de 0,5 mg/kg tous les jours après rémission des symptômes.

Comme chez l’homme lors de maladie intestinale chronique, on tente de réduire l’utilisation des corticoïdes, notamment par l’emploi d’azathioprine.

L’acétate de mégestrol, progestagène aux propriétés anti-inflammatoires et aux effets immuno modulateurs, peut être utilisé à 1 mg/kg tous les 1 à 4 jours.

Son usage est réservé aux animaux réfractaires à tout autre traitement, car les effets secondaires dus à son utilisation prolongée sont graves et parfois irréversibles (obésité, diabète, tumeurs mammaires).

Les sels d’or (aurothioglucose) sont inutilisables en France actuellement.

Les meilleurs résultats semblent être obtenus avec l’administration de corticoïdes ou d’aurothioglucose qui peuvent être associés, notamment chez les chats FeLV et FIV positifs. Cependant l’aurothioglucose reste non disponible en France.

A ces 4 types de traitement de la stomatite plasmocytaire, que nous retrouverons avec la pododermatite plasmocytaire, s’ajoutent de nombreux autres traitements dont l’utilisation est parfois controversée (thermoablation au laser, cyclosporine).

Le détartrage avec excision des dents abîmées (résorption odontoclastique, parodontite) et une alimentation adaptée sont indispensables.

L’intervention chirurgicale peut intéresser l’ensemble des dents et permettrait une complète rémission dans 60 % des cas. L’extraction doit être complète et confirmée par radiographie. Tous les tissus inflammatoires doivent être correctement débridés. Les soins post-opératoires peuvent consister en une analgésie appropriée et une gastrotomie ou une pharyngostomie, afin de permettre au chat de se nourrir. (74).

L’alimentation, sous forme de boîtes, favorise le développement de tartre et l’apparition de gingivites par rapport aux croquettes. Il est donc conseillé d’utiliser ces dernières et, éventuellement, de complémenter la ration en vitamines et en zinc.

Malheureusement, tant que l’étiologie de cette affection ne sera pas clairement connue, les rémissions totales et définitives resteront difficiles à obtenir.

La pododermatite plasmocytaire féline, elle aussi bénigne et inflammatoire, se distingue pourtant, en certains points, des affections que nous venons d’étudier.

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I. EPIDEMIOLOGIE

A. Les animaux concernés 1 Age, race, sexe

Les ressources bibliographiques sont toutes d’accord et rapportent qu’il n’existe aucune prédisposition de race, d’âge ou de sexe concernant la pododermatite plasmocytaire du chat. (13, 14, 30, 43, 48, 86, 96).

Certains auteurs affirment n’avoir noté aucune prédisposition d’âge, de race ou de sexe, parmi les cas de leur étude, en accord avec ce qui est dit dans la littérature. (29, 49, 67).

Un seul article, à notre connaissance, se distingue, en affirmant que, comme pour les gingivites plasmocytaires, on aurait une prédisposition des femelles de 5 mois à 10 ans, avec un âge moyen de 5,5 ans. (65). Mais cette information est trop peu renseignée pour être prise en compte.

Nous avons fait la synthèse de l’ensemble des cas référencés.

� Le sexe des chats atteints

Sur 69 cas de pododermatite décrits, on compte 19 femelles pour 50 mâles, ce qui donne environ 72 % de mâles. (13, 14, 21, 22, 25, 26, 27, 29, 30, 37, 44, 45, 48, 49, 59, 60, 63, 65, 66, 67, 69, 78, 80, 81, 84, 86, 96, 99). Le fait que les animaux soient stérilisés ou pas est précisé de manière trop inconstante pour en tirer une quelconque conclusion.

femelles (28%)

mâles (72%)

Diagramme n° 2 : Répartition des cas selon le sexe d’après nos références.

� L’âge des animaux

Il est variable, mais plus d’un tiers des chats ont 5-6 ans, soit 38 % ; en effet, sur 65 cas dont l’âge est connu, 25 ont entre 5 ans et 6,5 ans. (13, 14, 21, 22, 25, 26, 27, 29, 30, 37, 44, 45, 48, 49, 59, 60, 63, 65, 66, 67, 69, 78, 80, 81, 84, 86, 96, 99).

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0

2

4

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0,5 an 1 an 2 ans 3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans

n

ombr

e de

cas

Diagramme n° 3 : Répartition des cas selon l’âge d’après nos références.

Concernant la race des chats, c’est sans surprise que les chats européens sont les plus nombreux. Quelles conclusions tirer de ces observations ?

Concernant une possible influence du sexe, on peut se demander si la population féline mâle ne domine pas dans les foyers, par rapport aux femelles. Pourtant, par exemple, les consultations du service d’urgences de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon (SIAMU) apparaissent concerner autant de chattes que de chats.

Nous retiendrons, tout de même, que les mâles semblent plus atteints sur l’ensemble des cas que nous avons étudiés, sans pour autant affirmer que le fait d’être un chat mâle prédispose à l’apparition d’une pododermatite plasmocytaire.

Au sujet de l’âge d’apparition, il apparaît un âge moyen de manifestation de la maladie de 5-6 ans. Là encore, nous ne conclurons pas à une « influence » de l’âge et en resterons à une constatation, car il se peut que 5-6 ans soit l’âge moyen de la population féline domestique. 2 Statut immunitaire

La pododermatite plasmocytaire du chat consiste en une infiltration des coussinets par une population plasmocytaire normale, dont nous décrirons les caractéristiques en détails plus loin.

Groux et Guaguère affirment que cette affection, tout comme la stomatite plasmocytaire ou la chondrite plasmocytaire, est parfois due à l’activation des lymphocytes B lors de rétrovirose féline, FeLV ou FIV. Ils vont jusqu’à la classer parmi les dermatoses virales. (46, 47).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 57 -

2.1 Influence du virus FIV

Rappelons que le virus de l’immunodéficience féline (FIV) appartient à la famille des Rétroviridae, à la sous-famille des Lentiviridae, ainsi nommés en raison de l’évolution particulièrement lente des infections qu’ils génèrent. 2.1.1 Prévalence du FIV sur la population de chats à pododermatite plasmocytaire

Il est très souvent fait mention d’une étude (GUAGUERE E., PRELAUD P., Feline plasmacytic pododermatitis : clinical haematological and immunological finding in 10 cases. Proceeding ESVD congress, Luxembourg. 1991), qui aurait donné un résultat de 50 % de chats séropositifs vis-à-vis du FIV parmi ceux atteints de pododermatite plasmocytaire. (14, 22, 50, 51, 86). Cependant, cette étude ne portait que sur 10 cas (48), ses résultats ne sont donc pas significatifs.

Ainsi, les vétérinaires qui publient des cas de pododermatite plasmocytaire, mentionnent quasi-systématiquement les résultats du test qu’ils ont réalisé afin de connaître le statut de leur patient vis-à-vis de ce virus.

C’est ce qui nous a permis de dresser un bilan, sur l’ensemble des cas en notre

possession, concernant la proportion de chats FIV + parmi les chats à pododermatite plasmocytaire. (14, 21, 22, 25, 26, 27, 29, 37, 45, 48, 59, 60, 63, 66, 67, 69, 78, 80, 81, 86, 99). 54 tests FIV ont été réalisés sur des chats dont la pododermatite plasmocytaire était diagnostiquée ; 22 étaient positifs, soit 40,7 % des cas.

Il est difficile de conclure à partir de tels résultats. Une consoeur, au cours de son étude de 26 cas de pododermatite plasmocytaire (67) a obtenu 57,7 % de FIV + sur 26 chats testés ; Guaguère et Prélaud ont obtenu 50 % de FIV + sur 10 chats testés ; nous obtenons 40,7 % de FIV + sur 54 chats testés (incluant les 26 de notre consoeur).

Un plus grand nombre de cas est souhaitable pour apporter des informations sérieuses. Cependant, le nombre de chats FIV + est, sans aucun doute, élevé parmi les cas de pododermatite plasmocytaire.

Il ne faut pas oublier la possibilité de faux négatifs, dus à un test avant la séroconversion (jusqu’à plusieurs mois) ou en phase terminale, par épuisement des immunoglobulines. Un dépistage rigoureux devrait comporter deux tests réalisés à trois mois d’intervalle. (28).

� Pour juger plus précisément de ce résultat, il nous faudrait connaître la prévalence du FIV en France sur la population féline globale. Aucune étude ne nous a apporté cette information ; par contre, ce travail a été réalisé en Amérique du Nord, récemment. (72).

Il s’agit d’une étude américaine récente destinée à déterminer la séroprévalence des virus FeLV et FIV, chez les chats d’Amérique du Nord, et à identifier les facteurs de risque de séropositivité. Un grand nombre de chats, de tous les âges, de tous les modes de vie, ont été testés avec un kit Elisa. La séroprévalence fut alors définie comme le pourcentage de chats positifs au test Elisa.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 58 -

Les tests positifs pour le FeLV ont, en général, été confirmés par immunofluorescence indirecte, et les tests positifs pour le FIV, confirmés par méthode Western Blot.

Les faux positifs peuvent être les chats vaccinés contre le FeLV ou les chatons de femelles vaccinées ou infectées FIV. Les faux négatifs sont possibles quand les chats n’ont pas encore fait leur séroconversion après une exposition récente au virus, et quand la concentration en anticorps, spécifiques du FIV, dans le sérum est à la limite de détection du test.

� Sur 18 038 chats testés, 446 étaient séropositifs pour le FIV, soit 2,5 %. Il ressort donc un pourcentage de 2,5 % de séropositifs FIV sur une population

« normale », en Amérique du Nord. Le risque de séropositivité apparaît plus élevé chez les adultes, que chez les jeunes, et chez

les mâles, que chez les femelles. Egalement, le risque est plus élevé chez les chats qui sortent. Les adultes mâles représentent 49 % de l’ensemble des chats testés et ils constituent 71, 7 % des chats séropositifs vis-à-vis du FIV. Conclusion :

Nous constatons que 71 % des chats à pododermatite plasmocytaire sont des mâles, que les mâles représentent environ 71 % des chats séropositifs ; il est donc logique que nous obtenions un nombre de chats séropositifs plus élevé que la normale parmi notre population malade. Pour autant, si l’on se base sur une séroprévalence moyenne de 2,5 % comme celle d’Amérique du Nord, l’écart est trop important (2,5 % / 41 %) pour n’être justifié que par ce fait. Il est donc probable que le virus du FIV exerce une réelle influence sur l’apparition de la pododermatite plasmocytaire.

Nous pouvons étudier quelques manifestations liées au virus FIV, afin d’établir un lien avec les signes observés lors de notre pododermatite. 2.1.2 Désordres observés lors de FIV.

� Manifestations immunologiques (28, 54, 94,105)

Durant une période variable de latence, après entrée du virus dans l’organisme, le FIV entraîne des anomalies immunologiques, en particulier, une déplétion des lymphocytes CD4 +, avec une inversion du ratio CD4 + / CD8 +. Des infections peuvent facilement, alors, rendre le chat malade. Chez les hommes HIV +, l’apoptose a été proposée comme premier mécanisme responsable de la déplétion des lymphocytes CD4. (105, 54). On a d’abord cru que cette apoptose ne concernait que les CD4 ; mais des études récentes ont clairement démontré que les CD4 et les CD8 subissaient tous l’apoptose. On retrouve ce phénomène sur les chats FIV +. (28). Mais sont aussi touchés les macrophages, les lymphocytes B (réservoir viral majeur au cours de l’infection chronique) et les astrocytes. La lignée B est d’ailleurs la cible d’une activation polyclonale. (28). Une hypergammaglobulinémie est notée chez environ un tiers des chats FIV +. (54).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 59 -

La phase chronique de l’infection pourrait favoriser l’apparition de maladies buccales, fièvre, lymphadénopathie ; certains auteurs évoquent même l’apparition de maladies dermatologiques. La stomatite plasmocytaire et l’entérite plasmocytaire ne sont pas rares. D’un point de vue sanguin, on retrouve une anémie et une leucocytose, le plus souvent. La moelle osseuse est parfois envahie par un grand nombre de plasmocytes et lymphocytes.

Ces désordres induits par le FIV montrent des similitudes avec les troubles observés lors de pododermatite plasmocytaire.

� Manifestations histologiques lors de FIV (11, 50, 95)

- Générales (11)

Une étude menée en 1991 sur 17 cas de chats infectés naturellement par le virus d’immunodéficience féline (FIV) a porté sur les modifications histologiques des organes, lymphoïdes ou non, en comparaison avec les résultats obtenus sur des hommes infectés par le virus d’immunodéficience humaine (HIV).

Cette étude était motivée par le fait que, si une minorité (10 %) de chats FIV + sont en bon état clinique ou n’ont que des problèmes mineurs, la majorité est malade. Sur les 17 cas étudiés, les résultats furent :

� Quatre cas de lésions macroscopiques de l’intestin grêle ou du gros intestin ; sur ces chats, ainsi que sur trois autres sans lésion macroscopique, une infiltration massive par plusieurs types de cellules inflammatoires était présente : cellules lymphoïdes, plasmocytes, histiocytes. En de nombreuses zones, l’inflammation traversait l’épaisseur de la paroi intestinale pour atteindre la couche musculaire. La cause précise de ces lésions intestinales n’est pas connue. En revanche, chez l’homme, les affections intestinales des patients HIV + sont associées, en principe, à des infections secondaires.

� Dans un cas, le système nerveux central était envahi par une énorme masse ; celle-ci était composée d’histiocytes, de cellules lymphoïdes et de plasmocytes. Sur trois autres chats, une méningo-encéphalite non suppurée était causée par une infiltration de cellules lymphoïdes et de plasmocytes. Probablement ces atteintes du système nerveux central reflètent des infections secondaires, mais on n’a pas pu identifier les causes spécifiques.

� Dans cinq cas, le foie était infiltré par des cellules lymphoïdes, des plasmocytes et des histiocytes.

� Différents degrés de stomatites et gingivites ont été retrouvés sur 4 chats ; les lésions étaient constituées par des quantités variables de cellules lymphoïdes, plasmocytes et histiocytes.

� Trois chats avaient les reins envahis par des amas de cellules lymphoïdes et plasmocytes.

� Les nœuds lymphatiques répondaient macroscopiquement à trois types d’évolution : hyperplasie folliculaire, association d’hyperplasie et d’involution folliculaire, sévère involution folliculaire. Ces 3 aspects entrent dans la classification des modifications morphologiques des nœuds lymphatiques, chez les hommes HIV + ; il existe alors un 4ème type, l’hyperplasie folliculaire avec hyper vascularité. Parmi les cas d’involution folliculaire, cinq cas présentaient un envahissement des nœuds lymphatiques par des plasmocytes.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 60 -

L’infiltration tissulaire par la population plasmocytaire apparaît comme une conséquence possible de l’infection par le virus FIV.

- Pododermatites (50, 95)

Dans une étude, est rapporté l’examen nécropsique de 9 chats séropositifs vis-à-vis du FIV ; leur statut avait été déterminé par sérologie et confirmé par isolement viral. Ils n’étaient pas co-infectés par le FeLV. On a examiné les coussinets de 6 chats :

� 4 présentaient une pododermatite plasmocytaire sur un ou plusieurs pieds. Les lésions

étaient caractérisées par un infiltrat marqué de plasmocytes dans le derme profond et le tissu adipeux, parfois avec ulcération du coussinet.

Par technique immunohistochimique sur tissus congelés, avec utilisation d'anticorps anti- gp130 (membrane virale) et anti-gp40 (enveloppe virale), on a trouvé quelques cellules immunoréactives vis-à-vis du FIV, dans les nœuds lymphatiques et la rate. De plus, dans un coussinet atteint, à partir duquel on avait réalisé des coupes congelées, les cellules immunoréactives furent détectées en groupes, dans l’infiltrat inflammatoire.

� Ces résultats suggèrent une association entre la pododermatite plasmocytaire et l’infection par le FIV. 2.1.3 Mécanisme pouvant expliquer un rôle du FIV (26, 27, 35, 37, 67, 86, 99)

Chez l’homme, on sait que le HIV entraîne une activation polyclonale des cellules B. Les lymphocytes infectés produisent en abondance certaines cytokines et, plus particulièrement, l’interleukine 6 (IL 6). Or celle-ci est, entre autres rôles, un puissant activateur de l’activité lymphocytaire B.

Les lymphocytes B, transformés en plasmocytes, synthétisent alors des immunoglobulines.

Ceci aboutit à une gammapathie polyclonale, la présence d’auto-anticorps circulants et l’infiltration de certains organes par des plasmocytes. (35, 86).

Les dysfonctionnements immunitaires des chats FIV+ étant similaires à ceux des hommes HIV+, une étude s’est intéressée à la réponse humorale à un groupe d’antigènes différents des antigènes viraux spécifiques chez des chats infectés, soit naturellement, soit expérimentalement, par le FIV. Les résultats prouvent que l’infection par le FIV induit une activation polyclonale des cellules B, similaire à celle décrite chez les hommes infectés par le HIV. (35).

On peut donc supposer que se produisent, chez le chat FIV +, les mêmes conséquences d’une activation polyclonale que chez l’homme HIV+. L’infiltration de plasmocytes dans les coussinets lors de pododermatite plasmocytaire serait alors une conséquence de l’infection par le FIV.

Certains expliquent ainsi la gammapathie polyclonale associée à des forts taux d’anticorps anti-nucléaires, l’éosinophilie et la lymphocytose souvent décrites (86) ; nous verrons plus loin que ces paramètres ne sont en fait pas significativement modifiés.

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2.1.4 Possibilités de modulation du rôle du FIV (76)

L’interleukine 6 est une cytokine qui possède plusieurs fonctions. En synergie avec d’autres facteurs de croissance, elle intervient dans la prolifération des cellules hématopoïétiques, la différenciation et la croissance des cellules B et T, la différenciation des macrophages et des neurones, la production des immunoglobulines et la phase aiguë de la réponse immunitaire. Avec les facteurs α de nécrose tumorale (TNFα), les interleukines 1, 8, 12, 18 et les interférons, elle appartient au groupe des cytokines pro-inflammatoires, qui permettent le déclenchement de la réponse inflammatoire.

Elle est produite par différents types de cellules, incluant les phagocytes mononuclées, les fibroblastes, les cellules endothéliales, les cellules B et T, et les ostéoclastes. Elle stimule la formation des précurseurs aux ostéoclastes à partir de la moelle osseuse et les processus de résorption osseuse, en synergie avec les autres cytokines et le facteur TGF β.

Il est donc logique que l’interleukine 6 joue un rôle important dans les maladies à composante inflammatoire. Chez l’homme, on pense qu’elle est impliquée dans la pathogénie du myélome multiple, désordre plasmocytaire majeur, nous l’avons vu en première partie. Il a été montré qu’elle est importante dans la croissance in vivo du plasmocytome et du myélome multiple.

En médecine humaine, on étudie donc les moyens de moduler, ou d’inhiber, l’interleukine 6, afin de progresser dans la prévention de ces maladies. Notamment, on travaille sur des peptides antagonistes de l’interleukine 6, interférant avec ses récepteurs sur certaines cellules B. 2.1.5 Conclusion : influence du FIV et conduite à tenir.

Bien que les données concernant la pododermatite plasmocytaire restent insuffisantes, on peut affirmer qu’au moins 40 % des chats atteints sont séropositifs FIV. Si la prévalence de ce virus est variable, et souvent inconnue, selon les zones géographiques, on sait que ce pourcentage est plus élevé que sur une population saine.

De plus, une influence de ce virus est possible, via l’interleukine 6, et retrouvée en médecine humaine lors d’autres maladies, consistant également en des proliférations plasmocytaires.

On ne peut donc que conseiller, comme déjà préconisé par certains auteurs au praticiens qui rencontreraient un cas de pododermatite plasmocytaire féline, de réaliser un dépistage FIV le plus fiable possible (éventuellement deux tests espacés de trois mois d’intervalle) afin d’apporter des données supplémentaires concernant l’étiologie de cette affection. (48). 2.2 Influence du virus FeLV

D’après certains auteurs, l’association de la pododermatite plasmocytaire avec le virus leucémogène félin (FeLV) est fréquente. (1, 27, 86). Cependant, l’influence possible de ce virus, sur l’affection qui nous intéresse, est moins évoquée que celle du FIV.

Ce virus est connu pour être associé à l’apparition de certaines dermatoses.

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2.2.1 FeLV et dermatoses (18, 34, 83)

L’infection par le FeLV est associée à de nombreuses dermatoses, d’étiologie fongique, parasitaire ou bactérienne. Cependant, un effet direct du virus sur la peau a rarement été démontré. Toutefois, le virus FeLV est associé à deux grands syndromes : la dermatose à cellules géantes et les productions cornées épidermiques. (34).

Lors de dermatose à cellules géantes, les chats présentent des lésions squameuses et

croûteuses, principalement sur la face et le dos. Des lésions ulcératives et vésiculeuses affectant les coussinets et les muqueuses sont parfois rapportées. La caractéristique histologique est la présence de kératinocytes syncitiaux et de cellules à kératine anormale. On peut retrouver par méthode immunohistochimique, la présence d’antigènes viraux ou, par PCR, la présence du génome FeLV dans la peau. (34).

L’étiologie des productions cornées épidermiques est inconnue, mais on sait qu’elles sont associées à une immunodépression et qu’elles peuvent être associées au FeLV. Cliniquement, on observe sur les coussinets des masses kératinisées uniques ou multiples, bien circonscrites, coniques ou cylindriques, et fermes. Elles sont, en général, plus hautes que larges. L’examen histologique révèle des kératinocytes multinucléés. Le diagnostic différentiel doit être fait avec les papillomes. Le seul traitement efficace est l’exérèse de ces masses. (18, 83).

Le virus FeLV est oncogène et peut favoriser l’apparition d’un lymphome. Cependant, les lymphomes cutanés sont rares et apparaîtraient plutôt sur des animaux négatifs vis-à-vis du FeLV. (34).

Etant donné le rôle du virus FeLV, dans l’apparition de dermatoses, et les dires de certains auteurs, nous avons fait le point sur la prévalence de ce virus, parmi les cas de pododermatite plasmocytaire référencés. 2.2.2 Prévalence du FeLV sur la population de chats à pododermatite plasmocytaire

Nous avons dénombré 33 sérologies FeLV, parmi nos chats à pododermatite plasmocytaire, et seuls 2 tests sont positifs, ce qui donne un pourcentage de 6 % de chats FeLV + parmi la population à pododermatite plasmocytaire. (13, 14, 21, 22, 25, 26, 27, 37, 45, 48, 49, 59, 60, 63, 66, 67, 69, 78, 80, 81, 86, 96, 99)

On ne peut, au vu de ce chiffre, parler d’une influence du virus leucémogène félin sur l’apparition d’une pododermatite plasmocytaire. On ne peut, toutefois, pas exclure le rôle prédisposant d’une immunodéficience et tester les animaux systématiquement reste un bon réflexe, tant d’un point de vue général que pour la documentation des cas.

B. Les zones géographiques concernées

Des vétérinaires ont décrit la pododermatite plasmocytaire féline en Europe, en Amérique du nord, en Australie et au Japon. (1). La répartition est vraisemblablement mondiale (6), mais trop peu de cas sont publiés à ce jour.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 63 -

C. Influence saisonnière

D’après la bibliographie, certains cas, rares, de pododermatite plasmocytaire seraient saisonniers. Cet aspect serait en faveur, d’après différents auteurs, d’une origine allergique de l’affection. (43, 50, 51). Cependant, si cette influence est souvent évoquée (29, 59, 96), elle n’a jamais été démontrée.

L’aspect saisonnier est l’apparition des lésions durant la période estivale. (30, 49). La guérison se fait alors spontanément, soit en quelques semaines (49), soit au cours de l’hiver (30). Ce phénomène peut se répéter plusieurs années de suite. (30).

L’évolution saisonnière de la maladie n’est pas vérifiée sur un nombre significatif de cas étudiés. De toute façon, la mise en place, souvent rapide, d’un traitement, peut masquer cet aspect de l’épidémiologie et les praticiens, qui publient des cas, ne précisent généralement pas à quelle période de l’année les lésions sont apparues pour la première fois.

L’étude épidémiologique de la pododermatite plasmocytaire nous amène à conclure qu’aucune population de chats n’est particulièrement prédisposée à développer la maladie. Si elle ne semble pas encore de répartition mondiale, il est probable que ce soit dû à l’absence de diagnostic des cas existants. Le suivi sérologique des animaux, vis-à-vis du virus FIV surtout, mais du virus FeLV éventuellement, reste intéressant, l’étiologie de la maladie étant toujours inconnue.

Nous allons maintenant décrire les caractéristiques cliniques de cette pododermatite particulière.

II. MANIFESTATIONS CLINIQUES

A. Symptômes locaux

La pododermatite plasmocytaire du chat évolue sur un mode d’abord asymptomatique. On note, parfois, une apparition subite des lésions. (50, 51). Mais souvent, le problème évolue depuis quelques semaines, plusieurs mois, voire un an, au moment de la consultation. (6, 26, 37, 59, 69, 81, 99). 1 Généralités : mode d’atteinte

Le coussinet central, des métacarpes ou des métatarses, est toujours atteint, les coussinets digitaux le sont inconstamment. (19, 26, 49, 59). Dans ce dernier cas, ils peuvent, rarement, être atteints plus gravement que les coussinets centraux. (37).

Il est rapporté un cas d’atteinte, non pas des coussinets, mais de la zone interdigitée, située entre le coussinet métacarpien et les doigts : 2 nodules se prolongent par de petits cordons indurés dans le derme, jusqu’au coussinet métacarpien. (78).

On peut rencontrer une atteinte d’un ou plusieurs membres; il semblerait que l’atteinte unipodale soit la plus fréquente, dans la littérature. (25, 29, 48, 67, 78, 80).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 64 -

0

5

10

15

20

25

30

1 pied 2 pieds 3 pieds 4 pieds

nom

bre

de c

as

Diagramme n° 4 : Répartition des cas en fonction du nombre de pieds atteints (sur 64 cas).

On peut ensuite rencontrer tous les cas de figure : atteinte unipodale antérieure ou postérieure, atteinte bipodale ou de 3 membres. Quand 2 membres sont touchés, ce ne sont pas nécessairement les 2 antérieurs ou les 2 postérieurs. (29, 63). Quand l’atteinte est quadripodale, on peut avoir une répartition homogène des lésions ou les 2 antérieurs plus atteints que les postérieurs (66) ou, encore, une atteinte de gravité différente sur chaque pied. Ce dernier cas se retrouve également lorsque 2 ou 3 membres sont touchés. (26).

0

2

4

6

8

10

12

14

MAD MAG MPD MPG

nom

bre

de c

as

membre atteint

Diagramme n° 5 : Extrémité atteinte lors de pododermatite unipodale (sur 27 cas).

(MAD = membre antérieur droit ; MAG = membre antérieur gauche ; MPD = membre postérieur droit ; MPG = membre postérieur gauche)

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 65 -

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

2 antérieurs 2 postérieurs 1 antérieur et 1 postérieur

nom

bre

de c

as

membres atteints

Diagramme n° 6 : Extrémités atteintes lors de pododermatite bipodale (sur 13 cas).

2 Modifications du coussinet

L’évolution commence par une augmentation du volume des coussinets qui deviennent mous et oedémateux. Cette phase est non douloureuse en général. (30, 49, 59, 63).

On décrit, parfois, l’aspect des coussinets atteints, comme spongieux et on compare leur consistance à celle de « marshmallows ». (1, 14, 26, 99).

L’épiderme paraît aminci, fragilisé (14, 48, 81, 86) et prend, parfois, un aspect brillant et argenté. (86). Il peut même se décoller par fines pellicules translucides (squamosis). (25, 45, 66, 81). Ces squames peuvent prendre une teinte jaunâtre et s’agglutiner, en dessinant un sillon sur le coussinet. (26). L’amincissement de l’épiderme peut être tel que le contenu du coussinet fait hernie à travers celui-ci, formant une excroissance rougeâtre. (45).

L’augmentation de volume peut être spectaculaire, jusqu’à trois fois le volume normal. (96). Le coussinet apparaît faiblement pigmenté et prend souvent une teinte violacée. (44, 84, 59, 81, 66, 99, 60). Il est, parfois, recouvert de stries blanches qui lui donnent un aspect marbré ou craquelé. (14, 59, 26, 25, 99, 60). Les praticiens parlent parfois de fissures. (66).

La palpation peut mettre en évidence une certaine chaleur du coussinet. (81). En revanche, la peau environnante n’est pas du tout atteinte. (84). 3 Ulcération

Ensuite l’évolution peut se faire jusqu’à l’ulcération de l’épiderme. (19, 37, 59, 60, 63, 81, 99). Celle-ci apparaîtrait dans un tiers des cas de pododermatite plasmocytaire. (9, 67). D’ailleurs, certains propriétaires, lors de la consultation, avancent comme motif la présence d’une « plaie ». (60).

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Cet ulcère forme, alors, un lit pour le tissu de granulation exubérant qui apparaît rouge. (29, 49).

A la faveur de l’ulcération, les hémorragies peuvent se déclencher, provoquant des saignements intermittents très gênants pour les propriétaires. (1, 37, 99).

A ce stade, on peut constater la présence de pus, mélangé au sang, qui apparaît à la pression, par des fistules formées dans l’épaisseur du coussinet craquelé. (14, 49, 96).

C’est après cette phase d’ulcération que les proliférations bactériennes peuvent secondairement se produire. (49). Les surinfections sont d’autant plus fréquentes que les lésions sont anciennes. (50, 65).

La cicatrisation des zones ulcérées est associée à la formation de croûtes. L’évolution peut en être à ce stade lors de la première consultation. (60). 4 Douleur

Une douleur peut être manifeste chez les chats atteints de pododermatite plasmocytaire. Certaines études rapportent cette douleur comme rare (30) alors que, selon d’autres, elle est présente dans plus de la moitié des cas (9).

Si beaucoup d’auteurs considèrent que douleur et ulcération sont étroitement liées, certains ont constaté une indépendance des deux aspects de l’affection. En effet, ils ont observé une douleur vive, sur des chats aux coussinets non ulcérés, et une absence de douleur, sur des malades aux coussinets très érodés. Pour autant, les praticiens ayant noté une douleur lors d’ulcération ont mis celle-ci en évidence par palpation des ulcères. (27, 37).

Ces résultats doivent toujours être considérés avec précaution, les observateurs étant, pour chaque cas, différents, et la douleur une notion très subjective. (9). 5 Gêne fonctionnelle

D’un point de vue fonctionnel, on ne note souvent pas de gêne réelle chez les animaux atteints. (49).

Cependant, lors d’ulcération, ou de douleur sans ulcération, on peut constater une réticence à la marche, un soulagement de la pression exercée sur les coussinets. (45, 59, 63, 81). Lors d’atteinte isolée des membres antérieurs on observe, par exemple, des animaux qui restent souvent assis et reportent, tant que possible, leur poids sur les membres postérieurs lors des déplacements.

Les boiteries sont souvent le premier signe de douleur (50, 51) et constituent le motif de consultation dans la majorité des cas (67). Les animaux parfois se lèchent le dessous du pied. (45).

Modifications principales des coussinets lors de pododermatite plasmocytaire

• Augmentation de volume du coussinet central • Coloration violacée et aspect marbré de la peau • Evolution vers l’ulcération

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Photo n° 3 : Coussinet de chat sain (cliché personnel).

Photo n° 4 : Pododermatite plasmocytaire : coussinet ulcéré. (Cas Minet, membre antérieur gauche).

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B. Modifications biologiques

Les chats atteints de pododermatite plasmocytaire présentent souvent des anomalies sanguines. Dans la majorité des cas, on retrouve une hyperglobulinémie, signe d’une gammapathie polyclonale, caractéristique de l’affection. Un titrage des anticorps anti-nucléaires est généralement réalisé, l’origine immunitaire de la maladie étant suspectée. D’autres anomalies, moins spécifiques, sont retrouvées lors de bilans sanguins généraux, lors de la mise en place du diagnostic. 1 Modifications biologiques caractéristiques 1.1 Hypergammaglobulinémie

Nous l’avons vu, cette variation sanguine fait partie des plus rencontrées. Les auteurs définissent cette anomalie comme un des éléments constants de la pododermatite plasmocytaire du chat.

Dans la moitié des cas étudiés, une électrophorèse des protéines a été réalisée ; cet examen complémentaire a révélé une hyperglobulinémie dans environ 73 % des cas. Parmi ces derniers, c’est une hypergammaglobulinémie qui a été confirmée dans environ 75 % des cas. (1, 13, 14, 25, 26, 49, 59, 63, 67, 86, 96).

Schéma n° 7 : Electrophorèse des protéines sériques, cas Samy (ENVL).

albumine

α 2

β γ Hypergammaglobulinémie

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 69 -

L’hypergammaglobulinémie peut être polyclonale ou monoclonale. Les pics polyclonaux, que l’on retrouve dans certains cas de pododermatite plasmocytaire, sont dus à l’augmentation d’immunoglobulines M, G ou A. (97).

Il n’existe aucune corrélation entre l’hypergammaglobulinémie et la séropositivité vis-à-vis du FIV. 1.2 Titre élevé en anticorps anti-nucléaires (39, 67, 68, 85)

Sur l’ensemble des cas, la recherche des anticorps anti-nucléaires (ACAN) est moins fréquemment faite que l’électrophorèse des protéines. Pourtant, quand c’est le cas, on constate qu’environ 81 % des chats ont un titre positif. Cependant la valeur de ce titre est très variable : dans une étude portant sur 26 cas, 16 ont été évalués concernant ce titre en ACAN, et tous les titres étaient positifs, mais s’échelonnaient de 40 à 1280, avec seulement 4 titres significativement élevés. (14, 26, 45, 48, 67, 86).

� Les anticorps anti-nucléaires, dirigés contre des antigènes nucléaires, sont le support actuel du diagnostic biologique, chez l’homme, du lupus érythémateux systémique. Ils font partie des auto-anticorps.

Leur recherche est donc un examen complémentaire de choix lorsqu’on suspecte une dermatose dont la pathogénie fait intervenir des mécanismes auto-immuns. En effet, on recherche des auto-anticorps dirigés contre des auto-antigènes cutanés et responsables des lésions. Il s’agit soit d’auto-anticorps circulants, recherchés dans le sérum du malade, soit d’auto-anticorps fixés dans la peau, recherchés sur biopsies cutanées.

La recherche des auto-anticorps fixés, sur biopsies, se fait par technique d’immunofluorescence directe. Les auto-anticorps sont révélés par des immuns sérums anti- immunoglobuline G, anti-immunoglobuline M, anti-immunoglobuline A, anti-C3, en général couplés à un marqueur fluorescent.

En ce qui concerne cette méthode, il faut se méfier des erreurs par excès ; en effet, à l’état physiologique, dans certains territoires cutanés spécialisés comme la truffe et les coussinets plantaires, on note la présence d’immunoglobulines (et éventuellement de complément). Selon une étude de Scott et al., on retrouve un dépôt granuleux d’immunoglobulines M dans 45 % des cas sur des coussinets plantaires.

La technique de base, pour la recherche et le titrage des auto-anticorps circulants (dont les anticorps anti-nucléaires), est l’immunofluorescence indirecte.

Par cette technique on étudie la fixation, des anticorps du sérum testé, sur un antigène nucléaire. Les anticorps fixés sont révélés par des anticorps anti-immunoglobulines félines marqués par un fluorochrome ; tous les types d’immunoglobulines sont révélés.

Lors de lupus érythémateux systémique félin on obtient des titres élevés, supérieurs à 320. Mais des titres élevés sont parfois rencontrés chez des chats infectés par le virus leucémogène félin, le virus de l’immunodéficience féline ou le virus de la péritonite infectieuse féline. Enfin, la présence d’anticorps anti-nucléaires a été observée lors d’autres affections, d’origine auto-immune ou non, et lors de la prise de certains médicaments (propylthiouracile, traitement antithyroïdien). (68, 39).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 70 -

De plus, des titres de 40 à 160 sont retrouvés chez 30 % des chats sains, quelque soit leur âge. (85).

Cette dernière observation nous amène à porter un regard critique sur les titres positifs retrouvés dans la littérature, puisque, si l’on ne considère que les titres supérieurs à 160, on ne compte plus que 19 % des titrages en anticorps anti-nucléaires significativement positifs. 2 Autres anomalies sanguines

Nous avons constaté qu’un bilan sanguin général est réalisé dans certains cas de pododermatite plasmocytaire (environ un tiers). Ceci nous permet de constater objectivement que, dans la majorité des cas, aucune anomalie, autre que celles précédemment énoncées, n’est présente.

Les modifications que l’on retrouve, le cas échéant, sont principalement une leucocytose et une anémie, sans association entre les deux. 2.1 Leucocytose (14, 49, 59, 78, 80, 96)

Sur l’ensemble des numérations formules réalisées sur chats atteints de pododermatite plasmocytaire, environ un tiers révèle une leucocytose.

Celle-ci peut s’accompagner d’une lymphocytose, le plus souvent, ou d’une neutrophilie, parfois associée à une éosinophilie.

Le fait que la leucocytose ne soit pas toujours présente marque le fait que l’infiltrat plasmocytaire dans les coussinets n’est pas lié systématiquement à une prolifération sanguine des lymphocytes.

Si l’augmentation des leucocytes traduit le phénomène inflammatoire, on n’observe pas de corrélation entre la sévérité des lésions, notamment l’ulcération, et la leucocytose.

2.2 Anémie (14, 37, 49, 59, 80, 96)

Environ un tiers des numérations formules révèle une anémie. Cette anomalie n’est donc pas rare dans le tableau clinique de l’affection qui nous intéresse. Il faut noter que les chats anémiés ne sont pas préférentiellement des chats séropositifs vis-à-vis du FIV. Trop peu de renseignements nous sont fournis quand à son caractère régénératif ou non.

Bien que les ulcères des coussinets saignent fréquemment, il est peu probable qu’ils soient, seuls, à l’origine de cette anémie.

C. Symptômes généraux

Généralement la pododermatite plasmocytaire du chat se réduit à des symptômes locaux, sans atteinte de l’état général. Mais, dans certains cas, les lésions podales sont accompagnées de manifestations systémiques. 1 Atteinte générale accompagnant l’affection podale

Lors de la première consultation on peut retrouver des chats aux muqueuses pâles (30, 96) ou congestionnées (13). Une hyperthermie peut être notée (1, 30, 50, 51), ainsi qu’une faiblesse ou une léthargie (1, 50, 51). Une polyadénomégalie périphérique peut accompagner les lésions des coussinets et concerne, en général, les nœuds lymphatiques poplités. (1, 13, 30, 50, 51).

Les propriétaires rapportent parfois un changement de comportement avec anorexie ou agressivité. (60).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 71 -

Cependant, les plus fortes atteintes de l’état général se retrouvent chez les chats FIV + (hyperthermie et adénomégalie surtout). Rappelons que la pododermatite plasmocytaire semble plus fréquente parmi la population de chats FIV + que parmi les chats sains. (95).

Par exemple, sur un cas FIV + (80), on a noté une dégradation de l’état de l’animal, avec une généralisation de la prolifération plasmocytaire. L’animal, présenté en consultation abattu, hypothermique, déshydraté, amaigri, fut euthanasié à la demande de ses propriétaires. L’autopsie réalisée a permis de confirmer l’hypothèse de pododermatite plasmocytaire, mais aussi de montrer un « infiltrat interstitiel lymphoplasmocytaire » du rein, un « infiltrat inflammatoire mononucléé lymphoplasmocytaire » du foie, et un « manchon inflammatoire lymphocytaire signant une vascularite lymphocytaire » dans le poumon.

Ce cas nous autorise à penser que le FIV entraîne l’apparition de symptômes variés sur l’animal, avec même possible « généralisation » de la maladie plasmocytaire, sans que cela soit corrélé à la pododermatite seule, qui elle, peut exister sans infection par le FIV.

Malheureusement, les tests n’étant pas systématiques dans les cas de notre bibliographie,

il nous est impossible d’établir une véritable corrélation entre l’atteinte virale et ces symptômes.

Indépendamment des signes que l’on vient de décrire, la pododermatite plasmocytaire peut être associée à d’autres infiltrations du même type. 2 Infiltration plasmocytaire associée : l’infiltratio n nasale (21, 22, 27)

L’atteinte du nez concomitante à celle des coussinets est peu rencontrée dans la littérature et semble également peu connue des auteurs, puisque c’est un aspect de la maladie peu évoqué. Il s’agirait, non pas d’une affection différente associée, mais d’une localisation différente de la maladie. Trois cas nous sont exposés dans la littérature.

0

10

20

30

40

50

60

70

cas avec atteinte nasale cas sans atteinte nasale

nom

bre

de c

as

Diagramme n° 8 : Nombre de chats avec atteinte nasale sur 69 cas référencés.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 72 -

2.1 Aspect du nez infiltré

Lors de pododermatite plasmocytaire avec atteinte nasale, le nez est bombé et tuméfié, uniformément, volumineux, sans poil, « ressemblant à un nez de Shar Peï » (22), indolore malgré l’augmentation de taille (27). 2.2 Cytologie

L’examen cytologique met en évidence un infiltrat inflammatoire avec de nombreux plasmocytes associés à des lymphocytes, des neutrophiles et des mastocytes plus rares.

Cette description cytologique, associée aux symptômes des coussinets, permet de suspecter fortement la pododermatite plasmocytaire, avant le diagnostic définitif histologique. 2.3 Histologie

L’infiltrat inflammatoire nasal intéresse la peau du nez sur le versant cutané et au-dessus de la lame cartilagineuse. Il est à dominante périvasculaire, mais peut être diffus, superficiel et profond.

Cet infiltrat est composé d’une population nombreuse de plasmocytes et contient, parfois, des corps de Russell et de plus rares mastocytes et éosinophiles.

Photo n° 5 : Atteinte nasale : cas Stanley (ENVL, D. Pin).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 73 -

3 Autres associations suspectées 3.1 La stomatite plasmocytaire

Nous avons décrit en première partie la stomatite plasmocytaire ; la présence des 2 affections sur certains patients a suscité l’intérêt de certains auteurs. 3.1.1 Caractéristiques : rappel

Comme nous l’avons étudié, le chat présente une atteinte inflammatoire spécifique de la cavité buccale : la « gingivo-stomatite chronique » ou « stomatite lymphoplasmocytaire ».

Ce désordre de prolifération plasmocytaire serait associé à la pododermatite plasmocytaire, de manière mineure ou occasionnelle, selon les auteurs. (13, 14, 19, 29, 36, 43, 47, 50, 51, 98).

Elle se présenterait alors sous la forme de lésions symétriques, ulcératives et prolifératives, des piliers du pharynx. 3.1.2 Les cas présentant une stomatite plasmocytaire dans la littérature (66, 80)

Un cas nous est rapporté (66), de pododermatite plasmocytaire avec atteinte quadripodale ; un ulcère de la cavité buccale accompagne le tableau lésionnel, il est situé au centre de la langue.

Si l’examen histopathologique a confirmé la nature de l’infiltrat podal, celle, suspectée de la lésion buccale, autrement dit une stomatite plasmocytaire, n’a pas été confirmée. La régression des lésions, tant podales que buccales, après traitement corticoïde, reste cependant en faveur.

Dans une étude portant sur 26 cas de pododermatite plasmocytaire (80), 3 animaux ont une stomatite plasmocytaire, soit 11 %.

Parmi nos autres cas, aucune autre atteinte buccale n’est signalée. 3.1.3 Conclusion

Sur l’ensemble des cas en notre possession, on peut donc considérer que l’association de la pododermatite avec une stomatite de même nature est plutôt rare ; cependant, ce résultat est à nuancer car on peut imaginer que les praticiens n’ont pas systématiquement recherché une atteinte buccale, lorsqu’ils se sont trouvés face à une atteinte podale, elle-même rare et peu connue.

Une autre association possible a intéressé certains auteurs, concernant une maladie peu connue, commune à l’homme et au chat. 3.2 La polychondrite auriculaire atrophiante (5, 26, 40, 52, 99) 3.2.1 Caractéristiques de la polychondrite auriculaire atrophiante (5, 40, 52)

Décrite également chez l’homme, la polychondrite auriculaire atrophiante du chat est exceptionnelle. Il s’agit d’une chondrite touchant une oreille, ou les deux, en général sans autre localisation. L’âge moyen des animaux atteints est de 3 ans. On ne note pas de prédisposition de sexe.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 74 -

Alors que chez l’homme la polychondrite atrophiante touche le nez, les oreilles, l’arbre trachéobronchique, les articulations, entraînant parfois la mort du patient par des troubles respiratoires aigus, ou des anévrismes de gros vaisseaux, chez le chat les manifestations restent localisées.

� Symptômes

Les chats présentent des pavillons auriculaires gonflés sur leur face interne, érythémateux, douloureux, boursouflés voire déformés à certains endroits. Une alopécie sur la face externe peut être présente. On ne note pas d’association avec une otite.

En général sans manifestation systémique, l’affection peut être accompagnée d’une hyperthermie, d’un syndrome fébrile ; cependant rien ne relie ces symptômes directement avec la polychondrite, sauf si on les explique par la phase inflammatoire de celle-ci.

Les yeux et le cœur peuvent être atteints secondairement : opacification bilatérale de la cornée et néovascularisation cornéenne, insuffisance aortique.

� Modifications biologiques

On peut retrouver, comme sur un cas décrit, une leucocytose, avec lymphocytose. Une hyper protidémie due à une hypergammaglobulinémie polyclonale est également observée.

Enfin, le titre en anticorps antinucléaires peut être élevé ; ce paramètre est à considérer avec précaution car son élévation peut être liée à une séropositivité vis-à-vis du FIV.

� Histologie

Les lésions histologiques sont caractérisées par une inflammation avec nécrose et perte de basophilie du cartilage auriculaire ; on trouve d’ailleurs des chondrocytes nécrotiques et vacuolisés.

Le derme est infiltré par des macrophages, des polynucléaires éosinophiles, des neutrophiles et, loin dans le derme profond, par des lymphocytes et des plasmocytes. (5).

Des vascularites et des artérites peuvent, comme chez l’homme, être concomitantes de l’infiltration du cartilage.

� Etiologie

Une association de la polychondrite avec les virus FIV et FeLV a été évoquée ; pourtant elle n’est pas vérifiée, la majorité des cas rencontrés dans la littérature étant négatifs.

Plus de 30 % des patients humains souffrent d’une maladie auto-immune ou hématologique. C’est pourquoi chez le chat, le taux d’anticorps anti-nucléaires est souvent mesuré lors de polychondrite ; aucun résultat concret n’est apporté.

Chez l’homme, on pense qu’il existe un cercle vicieux entre l’inflammation périchondrale et le mécanisme auto-immun de synthèse d’anticorps anti-collagène II, sans pour autant avoir élucidé l’ordre exact de la cascade d’évènements. On pourrait appliquer le même raisonnement au chat.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 75 -

3.2.2 Association évoquée avec la pododermatite plasmocytaire (26, 52, 99)

D’un point de vue histologique, l’infiltrat qui occupe le derme lors de polychondrite est plus ou moins polymorphe selon les cas ; de ce fait, certains auteurs évoquent une prolifération lymphoplasmocytaire, comparable à celle retrouvée lors de pododermatite plasmocytaire.

Or il s’agit bien d’une prolifération largement dominée par les plasmocytes lors de pododermatite, alors que ceux-ci n’occupent que le derme profond lors de polychondrite ; ils caractérisent alors un processus inflammatoire qui accompagne une dégénérescence du cartilage.

De plus, nous ne disposons d’aucun cas sur lequel on aurait diagnostiqué à la fois une pododermatite plasmocytaire et une polychondrite auriculaire atrophiante. 3.2.3 Conclusion

Nous concluons que le rapprochement fait par certains entre la pododermatite plasmocytaire et la polychondrite auriculaire atrophiante ne dispose d’aucun support réel. L’association entre les deux affections ne concerne par ailleurs aucun des cas en notre possession.

Certains auteurs citent, comme possibles complications de la pododermatite plasmocytaire, une amyloïdose rénale ou une glomérulonéphrite. (13, 14, 22, 36, 43, 48, 50, 51, 64). 3.3 Glomérulonéphrite et amyloïdose rénale 3.3.1 Les cas présentant une glomérulonéphrite ou une amyloïdose rénale dans la littérature

(29, 67, 80)

La présence d’une glomérulonéphrite, ou d’une amyloïdose rénale, est peu signalée dans la littérature. Cependant, sur l’ensemble des cas étudiés, 3 rapportent de telles complications. Nous nous y sommes donc intéressés, avant de nous interroger sur la réelle possibilité d’un lien entre ces affections rénales et la pododermatite plasmocytaire.

� Lors d’une étude portant sur 26 cas de pododermatite plasmocytaire (67), un chat présente une forte baisse de l’état général associée à une insuffisance rénale.

Lors de l’autopsie, on constate, macroscopiquement, des reins jaunes pâles, avec une surface légèrement piquetée et des contours irréguliers ; le foie est de taille augmentée, ainsi que les nœuds lymphatiques mésentériques.

D’un point de vue histologique, le rein présente de sévères lésions glandulaires, avec une hypercellularité glomérulaire et un épaississement et, parfois, une sclérose de la capsule de Bowman. Des croissants fibrineux intraglomérulaires, de multiples lésions de vascularite avec présence de thrombi fibrineux intraluminaux et un infiltrat interstitiel lymphoplasmocytaire sont également notés. Le foie présente un infiltrat inflammatoire mononucléé lymphoplasmocytaire portal et parfois intralobulaire.

On note, donc, sur ce cas, des lésions rénales de glomérulonéphrite, ainsi qu’une inflammation lymphoplasmocytaire semblable à celle des coussinets, au niveau du rein et du foie.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 76 -

� Un confrère (80) nous rapporte également le cas d’un chat, présenté à la consultation pour gonflement et ramollissement du coussinet métacarpien droit, avec atteinte sévère de l’état général.

On note de l’anorexie, un amaigrissement, une polyuro-polydipsie, une néphromégalie, une déshydratation et une hypothermie. Le chat est FIV + ; il est euthanasié au vu des premiers résultats sanguins à la demande de ses propriétaires.

Lors de l’autopsie : les reins sont jaunes pâles, avec une surface légèrement piquetée et des contours irréguliers ; le foie est de taille modérément augmentée, mais sans lésion macroscopiquement visible ; un nœud lymphatique mésentérique est hypertrophié. Les biopsies révèlent :

� Pour le coussinet : un derme et un hypoderme très inflammatoires, avec un infiltrat diffus, parfois d’allure polylobée, associant majoritairement des plasmocytes, souvent réactionnels, des macrophages et des lymphocytes.

� Pour le rein : de sévères lésions généralisées, parfois une sclérose de la capsule de Bowman. Des croissants fibrineux intraglomérulaires, de multiples lésions de vascularite avec présence de thrombi fibrineux intraluminaux et un infiltrat interstitiel lymphoplasmocytaire sont également notés.

� Pour le foie : on note un infiltrat inflammatoire mononucléé lymphoplasmocytaire portal et parfois intralobulaire. On diagnostique donc une pododermatite plasmocytaire associée à une glomérulonéphrite et une cholangiohépatite lymphoplasmocytaires chez un chat FIV +. Une vascularite lymphocytaire est également présente au niveau des artérioles pulmonaires.

Il est très probable que l’atteinte lymphoplasmocytaire multicentrique observée dans ce cas soit une modalité réactionnelle par rapport au FIV.

� Enfin, dans un article rapportant 8 cas de pododermatite plasmocytaire (29), on retrouve le cas d’un chat, mort avec une amyloïdose rénale et hépatique.

Même si les lésions rénales sont souvent citées par les différents auteurs sans réel support

clinique, il est malgré tout intéressant de comprendre quel peut être le lien entre ces affections rénales, et notre affection podale. 3.3.2 Les mécanismes évoqués (98, 101)

La glomérulonéphrite est associée à un dépôt de complexes antigènes-anticorps sur la membrane basale glomérulaire, à l’activation du complément et à la réaction inflammatoire, qui entraînent une augmentation de la perméabilité vasculaire, l’activation de la cascade de coagulation. La membrane basale ainsi altérée permet l’augmentation de la perméabilité aux protéines de faible poids moléculaire, comme l’albumine, et le développement d’un syndrome néphrotique.

Or, lors de pododermatite plasmocytaire, des immunoglobulines sont produites en grand nombre et des complexes antigènes-anticorps sont formés.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 77 -

L’amyloïdose rénale est provoquée par le dépôt d’amyloïde, glycoprotéine produite par le système réticulo-endothélial en réponse à une stimulation antigénique, dans les tubules ou les glomérules rénaux.

Or, une amyloïdose réactionnelle peut accompagner une maladie chronique inflammatoire, comme la pododermatite plasmocytaire, et cette amyloïdose peut être médullaire ou glomérulaire. (101). 3.3.3 Conclusion

Il est possible que la pododermatite plasmocytaire engendre des glomérulonéphrites et des amyloïdoses rénales. Cependant ce phénomène serait rare et nous ne pouvons établir un lien de cause à effet direct. Il n’est pas exclu que ces complications surviennent plus facilement sur les chats FIV+.

Intéressons-nous maintenant aux moyens disponibles, pour le vétérinaire praticien, pour établir un diagnostic, lorsque la symptomatologie est celle que nous venons de décrire.

III. METHODES DIAGNOSTIQUES

A. Diagnostic différentiel

Nous avons pu constater que, bien que la symptomatologie de la pododermatite plasmocytaire soit assez caractéristique, des variations existent, quant à l’ulcération ou au nombre de membres atteints. C’est d’ailleurs, sur ce dernier point, que l’on fera la différence concernant les hypothèses diagnostiques à envisager. 1 Plusieurs membres sont atteints (20, 82, 93)

Hypothèses principales Eléments en faveur Eléments en défaveur Examens

complémentaires

Traumatisme physique ou

chimique

Ulcérations, sur un chat qui sort, douleur. Atteinte exclusive des coussinets. Apparition

soudaine.

L’évolution, un chat qui ne sort pas, l’absence

d’ulcération. N’explique pas le gonflement.

Biopsies. Enquête auprès

des propriétaires.

Complexe granulome

éosinophilique

Ulcérations, suintements, croûtes.

Atteinte exclusive des coussinets (pas d’atteinte

de la face, du cou, des espaces interdigités).

Biopsies. Cytologie.

Tumeur des glandes eccrines

Ulcérations fréquentes. Masse sur les coussinets.

Pas d’atteinte des doigts. Des masses nettement

délimitées. Biopsies.

Calcinose cutanée des coussinets

Nodules multiples sur les coussinets.

Ulcération possible.

Pas d’atteinte des espaces interdigités, ni du menton. L’absence de trouble du

métabolisme du calcium et du phosphore (Insuffisance

rénale, hyperthyroïdie).

Biopsies. Analyses sanguines.

Tableau n° 2 : Diagnostic différentiel lorsque plusieurs membres sont atteints.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 78 -

Sont exposées dans le tableau ci-dessus les principales hypothèses envisagées, d’après nos sources, face à une atteinte de 2, 3 ou 4 membres du chat. Sont envisagées moins fréquemment :

� une allergie, médicamenteuse, alimentaire, de contact. L’absence de prurit permet d’éliminer cette hypothèse rapidement.

� une dermatose auto-immune : pemphigus foliacé ou vulgaire, pemhigoïde, lupus érythémateux systémique. L’absence de pustule, de croûtes et d’érosions, ainsi que le gonflement du coussinet, permettent d’éliminer ces possibilités. 1.1 Diagnostic différentiel avec le traumatisme physique ou chimique

Si l’aspect lésionnel de la pododermatite plasmocytaire peut évoquer, pour le praticien, un traumatisme de type chimique ou physique, cette hypothèse peut être exclue par l’anamnèse, en particulier les circonstances d’apparition et l’évolution de l’affection. En effet, cela ne peut se produire à l’insu des propriétaires, si le chat ne sort pas, et, si c’est le cas, l’apparition sera soudaine.

L’examen histopathologique révèle, lors de brûlure thermique, une nécrose de coagulation de l’épiderme et du derme, avec extension possible aux annexes (follicule, glandes sébacées). Lors de brûlure chimique, la nécrose est souvent moins profonde. 1.2 Diagnostic différentiel avec le complexe granulome éosinophilique

Le complexe granulome éosinophilique est une entité fréquente. (93). L’examen histopathologique montre un infiltrat périvasculaire à diffus, parfois

nodulaire, d’éosinophiles associés à des lymphocytes, des histiocytes, des plasmocytes et des foyers de dégranulation des éosinophiles.

Un granulome éosinophilique est un infiltrat dermique d’éosinophiles, accompagné d’un dépôt amorphe de débris en grains, qui sont en fait un mélange de collagène dégénéré et d’éosinophiles dégranulés. 1.3 Diagnostic différentiel avec la tumeur des glandes eccrines (82)

Les tumeurs des glandes eccrines sont très rares et presque toujours malignes. Elles constituent des masses à la limite peu nette, sur les coussinets et sur les doigts. 1.4 Diagnostic différentiel avec la calcinose cutanée des coussinets (20)

La calcinose cutanée des coussinets se manifeste par des nodules multiples, parfois ulcérés, des coussinets et des espaces interdigités ; on peut observer des foyers blanchâtres au centre des nodules.

Lors de l’examen histopathologique, on observe que le derme profond est infiltré par des îlots de minéraux basophiles, entourés par de minces zones d’inflammation granulomateuse incluant des cellules géantes. On parle de calcinose circonscrite.

Cette calcification accompagne un trouble de l’homéostasie du calcium et du phosphore, tel qu’on en observe lors d’insuffisance rénale ou d’hyperthyroïdie.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 79 -

Quand l’atteinte est unipodale, les hypothèses sont différentes. 2 Un seul membre est atteint (93)

Hypothèses principales Eléments en faveur Eléments en défaveur Examens

complémentaires

Néoplasie (carcinome,

mastocytome, lymphome, sarcome indifférencié, tumeur

des glandes eccrines…)

Aspect, douleur. Age, absence de

lymphadénopathie, bon état général.

Biopsies. Cytologie.

Granulome bactérien, fongique,

ou par corps étranger

Aspect, douleur, boiterie, ulcérations.

Absence de fistule, gonflement.

Biopsies, mise en culture.

Complexe granulome éosinophilique

Ulcérations, suintements, croûtes.

Atteinte exclusive des coussinets (pas

d’atteinte de la face, du cou, des espaces

interdigités).

Biopsies. Cytologie.

Tableau n° 3 : Diagnostic différentiel lorsqu’un seul membre est atteint.

2.1 Diagnostic différentiel avec un néoplasme

L’aspect nodulaire que prend le coussinet parfois ulcéré, lors de pododermatite plasmocytaire, peut facilement, s’il n’est présent que sur un membre, évoquer un néoplasme.

Un carcinome épidermoïde, bien que fréquemment rencontré chez le chat blanc au niveau des oreilles, du nez et des paupières, peut siéger sur les membres, mais plus rarement. La biopsie révèle alors des lobules de cellules malpighiennes. De plus, il s’agit plutôt d’un ulcère térébrant.

Un mastocytome, plus rare chez le chat que chez le chien, peut également siéger sur les coussinets. La biopsie révèle un infiltrat de mastocytes, plus ou moins différenciés selon le grade de la tumeur.

D’autres tumeurs cutanées sont envisagées par les praticiens dans leur diagnostic différentiel : sarcome indifférencié, tumeur des glandes eccrines, plasmocytome, lymphome cutané, lipome. On retrouve encore le fait que la présentation de la pododermatite peut être variable, et évoque différentes hypothèses selon cette présentation.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 80 -

2.2 Diagnostic différentiel avec un granulome

Un corps étranger, comme un épillet, une infection bactérienne et une infection fongique peuvent engendrer la formation d’un granulome inflammatoire.

L’histologie est caractérisée par une dermatite granulomateuse ou pyogranulomateuse, c’est-à-dire riche en macrophages et en polynucléaires neutrophiles.

Les mises en culture pourront compléter les moyens diagnostiques. 2.3 Diagnostic différentiel avec le complexe granulome éosinophilique

Voir plus haut, le paragraphe 1.2.

B. Diagnostic de certitude 1 Cytologie

L’examen cytologique, facilement réalisable en première intention (bien qu’une tranquillisation soit parfois nécessaire), permet d’approcher du diagnostic définitif et peut paraître moins contraignant aux yeux du propriétaire. Nous avons constaté que sur l’ensemble des cas rapportés, il était fréquemment réalisé, en complément de l’examen histologique. 1.1 Méthode employée

Certains praticiens réalisent des calques, par impression d’une lame sur le coussinet. En général, les résultats après coloration sont peu intéressants car les hématies dominent sur le contingent plasmocytaire. Cependant, parfois, à ce stade déjà on observe une forte composante plasmocytaire.

La cytoponction, elle, constitue par contre un examen complémentaire intéressant. Sur l’animal endormi, on ponctionne le coussinet à l’aiguille fine, montée sur une seringue de 5 ml et on étale le matériel cellulaire sur une lame, que l’on colore. La coloration la plus employée est le May Grünewald Giemsa (MGG). 1.2 Résultats (14, 25, 26, 37, 48, 59, 60, 63, 67, 69, 80, 81, 99)

Le frottis révèle un infiltrat composé de nombreux plasmocytes, grosses cellules rondes à cytoplasme clair et à noyau volumineux et excentré, généralement associés à d’autres types cellulaires minoritaires.

Les polynucléaires neutrophiles sont les plus fréquemment associés à ce contingent plasmocytaire (14, 63, 69, 80, 81, 99), mais on peut retrouver un frottis plus diversifié, avec des polynucléaires éosinophiles, des macrophages et des mastocytes (37, 59, 67).

Les surinfections bactériennes semblent, d’après la cytologie, plutôt rares (59), mais sont parfois notées (cocci) (48, 60).

L’examen complémentaire de choix, qui peut être réalisé en première intention et qui permet d’établir le diagnostic de pododermatite plasmocytaire, est l’examen histologique.

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2 Histologie 2.1 Méthode employée (14, 43, 59, 102)

Il semblerait que l’utilisation d’un trépan à biopsie soit déconseillée par certains, au profit de la méthode en côte de melon, afin d’obtenir un échantillon plus profond (59). L’utilisation d’un trépan, de 4 à 6 mm de diamètre, permet, d’après nos sources, d’obtenir des échantillons représentatifs, à condition d’être enfoncé suffisamment en profondeur dans le coussinet. Il est déconseillé d’utiliser un diamètre plus petit. (43). Les biopsies en côte de melon (14) donnent également de bons résultats.

Si possible on préfère les zones non ulcérées et non remaniées. (43).

La coloration la plus fréquemment employée pour ces biopsies est la coloration hémalun éosine, ou hématoxyline éosine (HE). (102). 2.2 Résultats permettant le diagnostic 2.2.1 En zone non ulcérée (13, 29, 37, 45, 48, 49, 59, 66, 67, 81, 86, 96, 99)

D’une manière générale, l’examen histopathologique montre un épiderme proche de la normale et une infiltration diffuse et massive du derme voire de l’hypoderme par des cellules inflammatoires, essentiellement des plasmocytes associés à quelques lymphocytes, polynucléaires et histiocytes. (67, 81, 96). Les cellules inflammatoires ne montrent pas d’atypie.

Les plasmocytes sont bien différenciés, montrant un cytoplasme à contours nets et un noyau excentré. (66). Ils sont parfois binucléés. (29).

Certains de ces plasmocytes contiennent des granulations éosinophiles intracytoplasmiques, appelées corps de Russell. Ceci traduit une hyperactivité des cellules: le matériel protéique éosinophilique contenu dans ces granulations étant principalement des globulines. (13, 29, 67). On appelle ces cellules, les cellules de Mott. (37).

La densité du contingent de polynucléaires est sans rapport avec la présence d’ulcération. Le derme est oedémateux. (59). Des foyers de cellules sont présents dans le tissu adipeux des coussinets mais celui-ci n’est pas nécrosé.

L’épiderme peut être atteint. Il est, alors, acanthosique, spongiotique dans ses couches profondes, et le siège d’une exocytose de quelques petits lymphocytes isolés. (48, 86).

La structure du coussinet est fortement remaniée, par la présence de cet infiltrat inflammatoire très dense, qui s’étend du derme jusqu’au tissu adipeux (45, 49, 66) et masque l’architecture normale du coussinet. (99).

Les vaisseaux sanguins dermiques, superficiels et profonds, sont entourés d’un manchon de neutrophiles et de plasmocytes mais ne semblent pas altérés. Des lymphocytes et des histiocytes peuvent aussi être présents. (48).

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2.2.2 En zone ulcérée (48, 49, 63, 67)

En regard des lésions ulcérées, se retrouvent souvent, dans le derme superficiel, des neutrophiles en grand nombre, conséquence de la nécrose avec surinfection. (63). La population des neutrophiles peut aller jusqu’à 50 % des cellules de l’infiltrat inflammatoire, ceci en fonction du degré d’ulcération. L’image caractéristique se retrouve donc sur des lésions récentes non remaniées. (67).

Lors d’ulcération, l’épiderme est remplacé par une couche de tissu nécrotique, de la fibrine et des cellules inflammatoires dégénérées. (48, 49). Il est parfois remplacé par un tissu de granulation exubérant avec une surface nécrotique. (30).

Lors d’évolution longue, le derme adjacent et le tissu adipeux des coussinets sont composés de tissu de granulation vascularisé fortement infiltré par des leucocytes neutrophiles, formant parfois de petits abcès. (49, 63). 2.3 Autres observations (1, 14, 25, 26, 29, 30, 37, 49, 66, 67, 78, 80, 96)

Bien que le contingent plasmocytaire soit toujours prédominant, d’autres types cellulaires, en dehors de polynucléaires neutrophiles peuvent composer l’infiltrat inflammatoire siégeant au niveau du coussinet.

Ainsi, des macrophages, des lymphocytes, des mastocytes et des polynucléaires éosinophiles peuvent être observés au sein de l’infiltrat, en nombre variable. (26, 30, 37, 49, 66, 67, 80, 96).

Rarement, une vasculite leucoclastique est observée. (1, 29). Des signes de fibrose post-inflammatoire sont parfois notés. (78). Enfin, les glandes sudoripares peuvent être obstruées par l’infiltrat cellulaire (14, 25).

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Photo n° 6 : Infiltration plasmocytaire en cytologie, cas Caramel (X 1000, MGG) (ENVL, D. Pin). Un plasmocyte est fléché.

Photo n° 7 : Histologie : infiltration plasmocytaire et cellules de Mott (fléchées), cas Minet (X 400, HE) (ENVL, D. Pin).

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3 Marquages : immunohistochimie (29, 64, 65, 96) 3.1 Immunofluorescence (64, 96)

Au niveau du coussinet, les techniques d’immunofluorescence directe peuvent permettre la mise en évidence d’un dépôt d’immunoglobulines à la jonction dermoépidermique. (64).

Cependant, même sur des cas au diagnostic certain de pododermatite plasmocytaire, cette immunofluorescence peut être négative. Etant donné que des dépôts d’immunoglobulines ont déjà été retrouvés sur la membrane basale des coussinets et du nez de chiens, nous ne considérerons pas cette méthode comme des plus intéressantes pour aider à notre diagnostic.(96). 3.2 Méthode avidine-biotine-péroxydase (29)

Les plasmocytes sont identifiés par immunohistochimie, par la méthode du complexe avidine-biotine-péroxydase.

En résumé, on utilise des sections de biopsies qui sont incubées avec des anticorps polyclonaux contre les chaînes légères λ des immunoglobulines. L’utilisation de différents colorants permet, en fin de réaction, de mettre en évidence la production d’immunoglobulines à chaîne légère dans les cellules étudiées : on observe de nombreux granules cytoplasmiques bruns. (29). Cette méthode montre que les plasmocytes inflammatoires produisent des immunoglobulines à chaîne légère. 3.3 Méthode péroxydase-anti-péroxydase (65)

On peut aussi mettre en évidence le fait que les infiltrats inflammatoires sont associés à la production de plusieurs types de chaîne légère, qu’il y a polyclonalité pour le type de chaîne légère, alors que les plasmocytomes sont associés à la production d’un seul type de chaîne légère. (65).

Pour cela, on utilise des anticorps qui se fixent sur les chaînes lourdes d’immunoglobulines (G, M, A) et des anticorps qui se fixent sur les chaînes légères (λ, К). Par méthode péroxydase-anti-péroxydase, on obtient le marquage des plasmocytes selon le type de chaîne qu’ils produisent.

Dans les cas de pododermatite plasmocytaire, comme pour des stomatites plasmocytaires, on a montré la production de chaînes légères λ et К, et non d’un seul type. Par contre, les tumeurs plasmocytaires ne réagissent qu’avec un seul type d’immunoglobulines à chaîne légère.

Concernant les chaînes lourdes, les immunoglobulines de type G sont le plus fréquemment produites dans les infiltrats inflammatoires, mais on peut avoir d’autres types de chaînes lourdes. (65).

Cependant, rappelons que la démonstration de la polyclonalité vis-à-vis des chaînes légères n’est pas évidente, les chaînes λ étant largement majoritaires chez le chat.

Nous pouvons conclure que, pour un praticien connaissant cette affection, il n’est pas difficile de considérer cette hypothèse au vu des symptômes, puis d’établir le diagnostic. Nous allons voir ensuite quels sont les moyens thérapeutiques disponibles.

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IV. TRAITEMENTS

A. Récapitulatif : les traitements classiquement utilisés dans la bibliographie et leurs résultats

La pododermatite plasmocytaire du chat est une maladie pour laquelle aucun traitement

n’est, à ce jour, unanimement recommandé.

Afin de déterminer quelle est la meilleure option thérapeutique, nous avons dressé le bilan de ce qui était répertorié dans la bibliographie. Bien que limités par le nombre des cas, nous nous sommes intéressés à ce qui était, le plus souvent, pratiqué et, le plus souvent, efficace. Cette notion d’efficacité est bien entendu de portée limitée puisque le suivi de contrôle des animaux « guéris » n’est réalisé que sur une année, en général.

Face à ce bilan, nous nous sommes intéressés aux études les plus récentes, afin de les confronter à nos données, et de tirer les meilleures conclusions possibles quant à la conduite à tenir.

Traitement Nombre de cas

Corticothérapie à une dose > 1 mg/kg 9

Corticothérapie + antibiothérapie (doses inconnues)

1

Corticothérapie à une dose > 1 mg/kg + antibiothérapie + vitamine E per os

1

Exérèse coussinet(s) ulcéré(s) (+ antibiothérapie) 33

Doxycycline à la dose de 20 mg/kg 1

Doxycycline à la dose de 5 mg/kg puis corticothérapie à la dose de 1 mg/kg

1

Vitamine E en application locale 1

Acétate de mégestrol 1

Rémission spontanée 2

Euthanasie 7

Absence de traitement 1 (sans évolution)

Tableau n° 4 : Récapitulatif des traitements efficaces, sur 58 cas bibliographiques répertoriés,

de 1980 à 2004. (13, 14, 25, 26, 27, 29, 30, 37, 45, 48, 49, 59, 60, 63, 66, 67, 69, 78, 80, 81, 96, 99)

En ce qui concerne l’antibiotique utilisé, on note, sur un cas sans exérèse, l’emploi de

marbofloxacine. Dans l’autre cas, la nature de l’antibiotique n’est pas connue. Dans les cas d’exérèse, l’antibiothérapie n’est que pré et post-opératoire. (14).

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B. Traitement médical 1 La corticothérapie (9, 10, 13, 29, 30, 43, 48, 49, 50, 59, 66, 83, 84, 96) 1.1 Utilisation des corticoïdes lors de pododermatite plasmocytaire féline (13, 29, 48, 49,

59, 66, 84, 96)

La molécule utilisée dans les cas traités efficacement par corticothérapie, est la prednisolone. Elle est présentée, en général, sous forme orale (Dermipred ®). Dans un cas, l’acétate de méthylprednisolone est utilisé en injections sous-cutanées sous forme de sel de corticoïde retard.

Les doses efficaces sont, comme le montre le tableau, des doses supérieures aux doses anti-inflammatoires, qui ne semblent d’aucun intérêt sur l’affection qui nous intéresse.

Les praticiens utilisent des doses initiales allant de 2 à 3,6 mg/kg/j, en une prise. Bien entendu, elles sont ensuite dégressives.

La durée du traitement est de plus d’un mois et peut aller jusqu’à 7 mois. (96). Un cas, traité par forme retard, n’a reçu que 2 injections à 20 jours d’intervalle et a rechuté. (48).

La dexaméthasone est utilisée dans un cas à une dose de 0,5 mg/kg/j pendant 1 mois, puis 1 jour sur 2 pendant 3 mois et enfin à doses dégressives sur 3 mois. (96).

� En dehors de ces cas, les auteurs conseillent d’utiliser, lors de traitement par corticothérapie (13) :

� soit la prednisolone par voir orale, à une posologie de 4,4 mg/kg/j, puis à doses dégressives sur plusieurs mois (Dermipred ® 10, Mégasolone ® 5, Mégasolone ® 20, Microsolone ®);

� soit la triamcinolone à une posologie de 0,4 à 0,6 mg/kg/j (Diflamix ® comprimés);

� soit la dexaméthasone à une posologie de 0,5 mg/kg/j (Dexoral ® comprimés, Chlorderma ® comprimés).

On trouve dans la littérature des doses plus faibles (83), mais la synthèse de nos cas nous

montre qu’elles ne sont pas suffisamment efficaces.

La réponse obtenue, lors de pododermatite plasmocytaire féline, à un traitement immuno modulateur (corticothérapie à fortes doses), suggère pour certains que cette affection est à médiation immune. (9, 13, 29, 43, 48, 96). Cet aspect s’ajoute, dans le même sens, aux signes de dysfonctionnement immunitaire que l’on observe sur les chats atteints : hyperglobulinémie polyclonale, infiltration plasmocytaire, titre en anticorps anti-nucléaires parfois élevé. (14, 29, 30, 48, 49, 50). 1.2 Rappels : propriétés des corticoïdes en dermatologie (10)

Voir ANNEXE 1. 1.3 Rappels : effets secondaires et conditions d’utilisation (10)

Voir ANNEXE 2.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 87 -

Bien que moins utilisée dans nos cas bibliographiques, la doxycycline semble représenter un traitement séduisant de la pododermatite plasmocytaire féline. 2 La doxycycline (1, 2, 8, 9, 13, 27, 61, 83, 90, 92, 104)

La doxycycline, peu employée jusqu’à présent sur les cas de pododermatite plasmocytaire, est présentée actuellement comme l’un des traitements de choix de cette affection (et d’autres en dermatologie). 2.1. Les Tétracyclines en dermatologie (61, 92)

Voir ANNEXE 3. 2.2. Propriétés particulières de la doxycycline (2, 8, 9, 27, 90, 92, 104) 2.2.1. La doxycycline

Dans la famille des Tétracyclines, la doxycycline est une cycline de troisième génération, obtenue par hémisynthèse à partir de l’oxytétracycline. Elle est simplement monohydratée, ou salifiée sous forme de chlorhydrate (ou hyclate) ou de polyphosphate. (2).

Active sur la plupart des bactéries Gram+ et Gram-, ainsi que sur les Mycoplasmes, les Chlamydiae, les Rickettsies et les Spirochètes, son utilisation en médecine vétérinaire est assez large : les infections respiratoires telles que les rhinites, les amygdalites, les bronchopneumonies et les coryzas, les infections cutanées telles que dermites suppurées et abcès, les infections du tractus urogénital, cystites et métrites. (2).

Elle possède les propriétés des tétracyclines sur le système immunitaire.

Chez l’homme, l’inhibition du chimiotactisme des polynucléaires neutrophiles, et de leur pouvoir de phagocytose, et l’inhibition de la prolifération lymphocytaire ont été prouvés.

Chez la souris, la doxycycline module la prolifération de thymocytes stimulés par l’interleukine IL-1, alors que la production d’anticorps est supprimée in vitro mais pas in vivo.

Egalement, cet antibiotique inhibe l’activation du complément, la synthèse de prostaglandines, le fonctionnement des lipases (phospholipase A2) et des collagénases. 2.2.2. Propriétés de l’association doxycycline et niacinamide (27, 90, 104)

Le niacinamide est aussi appelé nicotinamide, vitamine PP, ou encore vitamine B3.

La combinaison doxycycline + niacinamide inhiberait la transformation lymphocytaire et le chimiotactisme des polynucléaires neutrophiles. Le niacinamide inhiberait aussi le chimiotactisme des éosinophiles.

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2.3. Utilisation de la doxycycline lors de pododermatite plasmocytaire du chat (1, 9, 13, 27, 67, 83)

L’un des cas bibliographiques montre que la doxycycline, employée à une dose de

5 mg/kg, ne permet pas, seule, la guérison de l’animal. Sur 2 autres cas, cette même posologie n’a permis, au bout de 6 semaines, qu’une amélioration partielle des signes et l’exérèse des coussinets a été réalisée.

Peu d’études nous renseignent sur les posologies efficaces.

� Une étude portant sur 17 cas de pododermatite plasmocytaire (1, 9) s’est intéressée à ce traitement. (Les chats étaient plus nombreux au départ mais 17 ont été suivis jusqu’au bout du traitement)

La doxycycline est utilisée, sous forme monohydratée, à une dose de 25 mg par animal, par voie orale, comme seul et unique traitement pendant une durée assez longue, de l’ordre de 2 mois. 6 animaux guérissent en 3 à 8 semaines. Pour les autres, on observe une amélioration des signes cliniques. Chez 3 d’entre eux, la rémission durera plusieurs mois malgré l’arrêt du traitement.

� Plus récemment (27), le cas d’un chat mâle non castré de 8 ans, présentant lors de la consultation des plaies des coussinets depuis 10 jours.

Les symptômes cliniques et les résultats de la cytologie et de l’histologie permettent de diagnostiquer une pododermatite plasmocytaire avec infiltration plasmocytaire nasale.

Localement, les plaies sont nettoyées à l’aide de chlorhexidine 5% (Hibitan ®).

Un traitement à l’aide de doxycycline est mis en place à la dose de 20 mg/kg/j (Ronaxan ® 100). L’association de niacinamide, dont nous avons présenté les avantages, est impossible à cause du comportement du chat lors de la prise de plusieurs comprimés.

Après 45 jours de traitement, l’animal marche normalement et le nez a diminué de volume. Un examen histopathologique révèle alors la persistance d’un infiltrat plasmocytaire, cependant moins important qu’avant le traitement. Ce dernier est interrompu et 15 jours plus tard, on observe une quasi-guérison.

Bien que la rémission de ce cas puisse être spontanée, cette expérience ne peut que conduire à conseiller l’utilisation de doxycycline lors de pododermatite plasmocytaire.

� Hormis ces cas :

Certains auteurs préconisent l’utilisation de la doxycycline à une posologie de 10 mg/kg/j en deux prises, par voie orale. (1, 13, 83). D’après les cliniciens, et en accord avec des études de Bettenay non publiées, cette posologie permettrait une rémission complète chez tous les chats traités. Cependant, cela prendrait parfois plusieurs semaines à plusieurs mois pour obtenir un aspect normal des coussinets. (1).

La corticothérapie et la doxycycline constituent les éléments essentiels du traitement médical de la pododermatite plasmocytaire. Nous allons nous intéresser à des traitements aujourd’hui moins utilisés, mais qui l’ont été par le passé.

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3 L’aurothioglucose ou sels d’or (1, 13, 14, 48, 50, 51, 59, 67, 83, 96, 103)

Bien que cet agent thérapeutique n’ait été utilisé sur aucun des cas en notre possession, il est dit dans la littérature qu’il donne de bons résultats sur les pododermatites plasmocytaires du chat. (13, 14, 48, 50, 51). Plus précisément, l’utilisation de ces sels d’or est recommandée en cas d’échec du traitement corticoïdes. (1, 96).

Cependant, cette forme de sels d’or, même si elle s’avère efficace, est non disponible en France ; nous ne pouvons donc retenir cet agent comme élément de la thérapeutique de la pododermatite plasmocytaire féline. 4 La vitamine E (13, 33, 49)

L’un des cas a guéri après avoir été traité par application locale de vitamine E et, ce, après échec d’un traitement à la prednisolone. (49). Dans ce cas, les auteurs s’interrogent sur l’origine de la guérison : effet de la vitamine E ou rémission spontanée ?

Dans un autre cas, la vitamine E a été administrée par voie orale (Ephynal ®, produit Roche, 50 mg/j) en complément du traitement corticoïde et antibiotique. (13). Le cas a guéri mais il est impossible de conclure sur l’intérêt réel de l’apport de vitamine.

La vitamine E, α-tocophérol, dont la source principale est le germe de céréales, possède

de nombreuses propriétés. Outre ses rôles dans la chaîne respiratoire et dans l’hématopoïèse, cette vitamine a des

effets utilisés en dermatologie.

� Son rôle principal est celui d’anti-oxydant. Elle s’intègre dans la bicouche lipidique au niveau des zones hydrophobes et interrompt le

développement de la chaîne de libération des radicaux libres, par action contre l’oxygène singulet et tous les radicaux lipidiques. De cette action vient, principalement, l’effet stabilisateur de membrane.

� L’ α-tocophérol agit également sur la réponse immunitaire.

Il stimule l’immunité humorale et la production d’anticorps, ainsi que l’immunité cellulaire, notamment la phagocytose et la prolifération lymphocytaire.

� Enfin, la vitamine E est anti-inflammatoire.

Elle inhibe la synthèse de collagène, réduit les oedèmes, prévient la libération d’acide arachidonique par les membranes et module la synthèse des eicosanoïdes.

Dans le cadre de la pododermatite plasmocytaire féline, les tentatives de traitement à

l’aide de vitamine E sont trop rares et, de tout façon, cet agent ne peut être envisagé que comme adjuvant d’un traitement principal, corticoïde ou antibiotique.

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5 L’acétate de mégestrol (6, 63, 64)

Un cas décrit dans la littérature (63) a été traité par de l’acétate de mégestrol, à une dose de 5 mg, deux fois par semaine, pendant 8 semaines. Les coussinets ont repris un aspect normal et aucune rechute n’a été observée dans l’année qui a suivi.

Certains auteurs rapportent de bons résultats, quoique lents, avec ce traitement (6): ils préconisent l’emploi de 5 mg par jour d’acétate de mégestrol, pendant une semaine, puis 5 mg, un jour sur deux, pendant une semaine, puis 5 mg, deux fois par semaine, pendant 2 semaines.

Cependant, ces conseils sont rares et ne concernent pas les publications les plus récentes.

Rappelons que l’acétate de mégestrol est un progestagène qui a été utilisé largement lors de dermatoses félines. (64). Pourtant, l’emploi chez le chat est dangereux car de nombreux effets secondaires sont décrits.

Les actions, sur le système hormonal, de cet agent sont connues. Il possède une activité anti-inflammatoire, dont le mécanisme est, lui, mal compris. C’est, le plus souvent, cette propriété qui justifie son utilisation en dermatologie. Les doses recommandées sont de 2,5 à 5 mg par jour, ou en jours alternés, jusqu’à amélioration.

Les effets secondaires sont une polyphagie, une prise de poids, des changements de comportement et une polyuro-polydipsie.

Les complications, elles, sont plus graves : apparition de tumeurs mammaires bénignes ou malignes, chez la femelle et parfois chez le mâle, modifications utérines avec risque de pyomètre, diabète sucré plus ou moins réversible à l’arrêt du traitement, hypocorticisme. Ce sont surtout ces complications qui nécessitent l’information du propriétaire, lors de la mise en place d’un tel traitement.

� Les cas de pododermatite traités, de manière efficace, par de l’acétate de mégestrol sont trop rares et les risques d’utilisation trop importants, pour que son utilisation puisse être conseillée.

C. Traitement chirurgical (14, 26, 29, 45, 59, 60, 67, 69, 78, 99)

Nous constatons que le traitement chirurgical est le plus employé par les praticiens confrontés à une pododermatite plasmocytaire. Il présente, en effet, l’avantage de ne mener à aucun échec. La technique employée est simple et le déroulement des événements pré, per et post-opératoires est, sensiblement, le même dans tous les cas.

Une antibiothérapie pré-chirurgicale est instaurée, dans la majorité des cas, à l’aide d’ampicilline (Ampicat ® à la dose de 100 mg/j per os) ou de céfalexine (Rilexine ® à la dose de 30 mg/kg/j per os). L’antibiothérapie mise en place est poursuivie pendant 10 à 15 jours.

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L’anesthésie générale se fait classiquement, soit par voie veineuse uniquement (dométidine et kétamine), soit avec un relais par voie gazeuse (isoflurane). La zone opératoire est alors préparée classiquement : tonte, nettoyage et désinfection.

L’exérèse du coussinet se fait par incision de son pourtour, puis dissection mousse au ciseau courbe. A partir de l’incision, on réalise des points de rapprochement sous-cutanés, à l’aide de fil de prolactine, de taille 9/10 en général. Des points simples cutanés sont alors mis en place, à l’aide de fil, monobrin ou tressé.

L’hospitalisation de l’animal en post-opératoire est nécessaire, avec un maintien en cage. Par contre, la majorité des praticiens mettent en place un pansement compressif sur la plaie opératoire, mais certains la laissent libre (99) et imposent le port de la collerette. Une fois le pansement en place, il est recommandé de le changer, tous les jours, une ou deux fois, ou tous les deux jours. Ces changements, qui permettent la réalisation de désinfections locales, à la chlorhexidine diluée par exemple, sont réalisés jusqu’au retrait des points, parfois moins longtemps, mais avec un animal immobilisé, sous surveillance. Les points sont retirés au bout de 8 à 15 jours.

La surveillance réalisée par les praticiens ayant opéré ces cas de pododermatite nous amène à constater que, plusieurs mois après, aucune récidive n’est à déplorer, et que le coussinet en général se reforme, plus petit, moins épais et plus ou moins recouvert de poils. Les animaux retrouvent une démarche tout à fait normale. On a même l’exemple d’une chatte qui, opérée à l’âge de 8 ans, par exérèse des 4 coussinets, a vécu sans rechute jusqu’à l’âge de 14 ans. (59).

D. Rémission spontanée (14, 27, 36, 48, 49, 86, 96, 98)

Il est souvent dit, dans la littérature, qu’une rémission spontanée est possible, avec disparition des lésions des coussinets (14, 27, 36, 96, 98). Certains auteurs pourtant affirment le contraire. (86).

Notre étude bibliographique nous apporte deux cas de guérison spontanée.

Dans un cas (49) le chat présentait une atteinte des 4 membres et les lésions apparaissaient, puis disparaissaient, sans aucun traitement, chaque été. C’est la traduction de l’influence saisonnière que nous avons évoquée précédemment.

Dans l’autre cas (48), le chat présentait une atteinte de 3 membres, avec seulement un coussinet ulcéré qui a été excisé. Les 2 autres avaient retrouvé un aspect normal 6 mois après et l’avaient conservé un an plus tard sans aucun traitement.

Il est difficile de conclure, le nombre de cas non traités étant faible, mais cette possibilité de guérison spontanée est à retenir, notamment devant des cas non gênés par leur affection ou des lésions modérées. La notion de confort de l’animal est à la base de notre réflexion, dans la conduite thérapeutique à tenir que nous proposons.

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E. Conduite à tenir thérapeutique Afin de donner une conduite thérapeutique concernant la pododermatite plasmocytaire

féline, nous devons envisager deux situations. La première est celle d’un chat gêné par sa pododermatite, qui se déplace mal et saigne. La seconde est celle d’un chat qui ne manifeste aucune gêne et chez qui seule l’apparence des coussinets est modifiée. Les options thérapeutiques ne seront pas envisagées dans le même ordre, dans l’un ou l’autre des cas 1 La pododermatite occasionne une gêne fonctionnelle

Nous avons constaté, en étudiant les cas de pododermatite plasmocytaire de la littérature, que la boiterie était souvent le motif de consultation et que ces animaux avaient parfois une démarche hésitante ou portant sur les postérieurs, lors d’atteinte des antérieurs. Les propriétaires rapportent souvent que ce sont des saignements, dus à l’ulcération des lésions, qui leur ont fait remarquer l’augmentation de volume des coussinets. Nous avons observé, également, que tous les cas de figure existaient concernant les membres atteints : de un seul à quatre, sans préférence pour les antérieurs ou les postérieurs. 1.1 Un seul membre est atteint

Dans le cas d’atteinte unipodale, nous conseillons, dans un premier temps de soulager l’animal par un traitement corticoïde, par exemple de la prednisolone à 2 mg/kg/j. Si le coussinet ne reprend pas un aspect normal, l’animal doit être mis sous antibiothérapie et l’exérèse chirurgicale du coussinet doit être réalisée.

Les suites post-opératoires sont généralement bonnes, et ce d’autant plus qu’un seul coussinet est opéré. L’antibiothérapie doit être maintenue pendant 10 à 15 jours. 1.2 Plusieurs membres sont atteints

Si plusieurs membres sont atteints, la chirurgie peut s’avérer plus délicate, en particulier lors d’atteinte quadripodale. Dans ce dernier cas, elle ne peut se faire qu’en deux temps, afin de permettre à l’animal de se déplacer entre deux interventions.

Nous conseillons alors un traitement médical: doxycycline (Ronaxan ®) à une dose de 20 mg/kg/j, pour une durée minimale de deux mois. L’association avec la niacinamide peut être tentée, mais les cas rapportés dans la littérature, comme notre expérience, montrent que les chats ne prennent pas facilement ce complément.

Si aucune amélioration, ou si une aggravation, est notée à deux mois de traitement, il est conseillé de mettre en place une corticothérapie.

En cas d’échec, et ce malgré l’importance de l’intervention, c’est l’exérèse des coussinets qui devra être réalisée. L’évolution post-opératoire se fait, généralement, sans complication. (14, 99).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 93 -

2 La pododermatite n’occasionne aucune gêne

Dans ce cas, il est possible de ne rien faire dans un premier temps, si le côté inesthétique du, ou des coussinet(s), ne dérange pas le propriétaire, en espérant une rémission spontanée.

Un traitement ne sera mis en place que si les lésions perdurent, finissent par s’ulcérer, ou deviennent gênantes. A ce moment-là, on optera pour un traitement médical à base de doxycycline, ou pour une intervention chirurgicale. 3 Une atteinte nasale est associée à l’atteinte podale

Il est conseillé dans la littérature (22), d’utiliser la triamcinolone, à une posologie de 0,3 mg/kg 1 jour sur 2 pendant 2 mois, et d’ajouter la doxycycline en cas d’infection bactérienne uniquement.

Cependant, une autre étude (27) confirme que la doxycycline est aussi efficace sur l’atteinte nasale que sur l’atteinte podale. La conduite à tenir est donc la même.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 94 -

Récapitulatif : conduite à tenir devant une pododermatite plasmocytaire féline (diagramme n° 9)

L’animal est gêné

Atteinte de plusieurs membres

Attente et surveillance

Doxycycline 20 mg/kg/j au moins 2 mois

Doxycycline 20 mg/kg/j

au moins 2 mois ou exérèse (si pas de

mieux)

Atteinte d’un seul membre

Corticothérapie puis exérèse du

coussinet

L’animal n’est pas gêné

Diagnostic histologique établi

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V. LA PODODERMATITE PLASMOCYTAIRE DU CHAT : COMPARAISON AVEC LES AUTRES PROLIFERATIONS PLASMOCYTAIRES.

A. Etiologie 1 L’étiologie inconnue (1, 6, 9, 13, 14, 22, 27, 29, 30, 43, 48, 49, 50, 51, 84, 86, 96)

Les auteurs qui se sont intéressés à la pododermatite plasmocytaire sont unanimes : c’est une maladie rare d’étiologie inconnue. (1, 6, 9, 27, 30, 49, 84, 86, 96).

Beaucoup soulignent, toutefois, que de nombreux éléments sont en faveur d’une réaction à médiation immunologique : la prolifération plasmocytaire, l’hypergammaglobulinémie, des titres en anticorps anti-nucléaires parfois élevés. (9, 13, 14, 22, 29, 48, 50, 51, 84). La réponse au traitement immunomodulateur s’ajoute à ces éléments. (13, 22, 27, 29, 43, 48).

Notre étude permet de confirmer que l’hyperglobulinémie est fréquente (72 % de nos cas, il s’agit la plupart du temps d’une hypergammaglobulinémie), que la réponse est positive lors de corticothérapie à dose immuno suppressive. Concernant le titre élevé en anticorps anti-nucléaires, il est délicat d’avancer cet élément comme preuve de l’origine immunologique, les résultats n’étant pas clairs (titres positifs mais faibles). 2 Les possibilités envisagées dans la bibliographie (1, 48, 67, 86)

Nous avons déjà observé que certains auteurs évoquaient une origine allergique à la pododermatite, certains cas étant saisonniers. (1, 48). Sur ce point, nos conclusions sont que cette affirmation ne s’appuie sur aucune démonstration et nous ne pouvons en tenir compte. Par contre, il serait intéressant que les praticiens rencontrant des cas notent la période de l’année, afin de renseigner les futurs cas.

L’influence du FIV est la piste la plus concluante concernant la pathogénie. (1, 86). Un mécanisme pathogénique, conduisant à cette infiltration de plasmocytes normaux est possible et les chats à pododermatite, séropositifs, se sont révélés nombreux.

Là encore, seule une étude prospective permettra de tirer des conclusions plus précises. Pour autant, des chats séronégatifs, vis-à-vis du FIV, peuvent manifester une pododermatite plasmocytaire. Il est donc probable que cette affection soit, comme certains l’évoquent (64), d’étiologie multifactorielle.

L’infiltration plasmocytaire peut être, aussi, interprétée comme une modalité réactionnelle vis-à-vis d’antigènes variés, comme par exemple, le virus FIV. (67).

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3 L’étiologie des autres désordres plasmocytaires du chat: comparaison (56, 71, 74)

Le chat présente différents désordres plasmocytaires bénins: les colites, gastro-entérites ou entérites lymphoplasmocytaires, la stomatite plasmocytaire. Il est intéressant de voir si certains mécanismes peuvent être communs dans l’apparition de ces maladies.

Concernant les plasmocytomes cutanés, la comparaison des causes est plus difficile à faire ; pourtant, on ne prouve souvent ni le caractère néoplasique du plasmocytome, ni le caractère non néoplasique de la pododermatite plasmocytaire. Cette comparaison serait finalement tout aussi intéressante. 3.1 Infiltrations plasmocytaires du tractus digestif (71)

L’étiologie précise des affections gastro-intestinales reste inconnue, mais, la comparaison, de ces désordres, avec des troubles similaires chez l’homme, a permis d’émettre des hypothèses. En effet, l’étiologie est certainement multifactorielle, faisant intervenir l’immunorégulation du tissu lymphoïde digestif, la barrière muqueuse de l’intestin et les agents environnementaux. A cela s’ajoute probablement une origine héréditaire.

On peut difficilement faire un rapprochement entre cette affection et la pododermatite plasmocytaire, car elle est trop spécifique de la localisation intestinale. 3.2 Stomatite plasmocytaire (56, 74)

La stomatite plasmocytaire est celle qui semble la plus proche de la pododermatite, puisque parfois associée. Là encore, bien que l’étiologie précise ne soit pas connue, les mécanismes pathogéniques de l’affection buccale sont proches : on sait qu’une hypersensibilité, à des agents bactériens ou viraux, et une immunodépression, sont à l’origine des lésions.

Un point commun entre l’affection buccale et l’affection podale est l’influence du FIV. Lors de stomatite plasmocytaire, la maladie parodontale résulte d’un déséquilibre entre l’hôte et les bactéries buccales. Ce déséquilibre se produit, notamment, lorsque l’immunité du chat est affaiblie. (74).

De plus, on a constaté, chez l’homme, que des concentrations faibles en

immunoglobulines A, dans la salive, accompagnaient l’infection par le virus HIV et qu’elles étaient associées à de fréquentes infections opportunistes de la muqueuse buccale.

De même, le taux salivaire d’immunoglobulines A, chez les chats FIV +, semble plus bas que la normale.

Le FIV peut, donc, être considéré comme un facteur potentiel de stomatite, car il contribue à l’induction de lésions orales en prédisposant l’hôte aux infections secondaires. (56).

Toutefois, l’intervention d’une infection bactérienne locale dans la pododermatite plasmocytaire est difficile à concevoir.

L’étude étiologique ne fait que souligner le fait que la pododermatite plasmocytaire occupe une place particulière et originale dans le groupe de désordres plasmocytaires du chat.

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B. Symptomatologie 1 Symptômes locaux : comparaison avec les autres désordres plasmocytaires (32, 42,

43, 58, 73)

La pododermatite plasmocytaire féline se caractérise par une atteinte limitée aux coussinets, qui deviennent mous et gonflés. (43). On observe, donc, des signes pathognomoniques de l’affection, accompagnés plus ou moins de signes inconstants : ulcération, adénopathie, douleur…

Nous avons envisagé, dans notre diagnostic différentiel, les affections auxquelles peuvent être rapportés de tels signes. Nous pouvons également nous intéresser à la comparaison de ces symptômes avec ceux des autres proliférations plasmocytaires, toujours dans le but de « positionner » notre maladie dans la famille des maladies plasmocytaires.

Si l’on revient sur les désordres plasmocytaires de l’homme, que nous avons décrits en première partie, l’aspect des lésions de notre pododermatite est plutôt comparable avec les plasmocytomes cutanés malins primitifs, dont la forme nodulaire, non adhérente, est la plus fréquente, avec des tailles variables, une couleur rouge violacée et une possibilité d’ulcération. (42, 58). Les plasmocytomes métastatiques sont d’aspect similaire. (42).

De même, les rares plasmocytoses cutanées bénignes décrites dans la littérature, peuvent prendre une forme nodulaire multiple, bien que plus souvent sous forme de plaques érythémateuses, violacées. (32, 73).

Chez le chat, une pododermatite plasmocytaire peut finalement ressembler à un plasmocytome cutané, nodulaire, dont une des localisations préférentielles est, rappelons-le, les coussinets. (43).

Les autres proliférations plasmocytaires bénignes du chat ne présentent pas une forme nodulaire mais, plutôt, comme des infiltrations des muqueuses donnant un aspect inflammatoire et érythémateux.

Ainsi, l’aspect macroscopique de la pododermatite plasmocytaire se rapproche plus de processus néoplasiques que des plasmocytoses inflammatoires. Cependant, celles-ci sont moins connues et peut-être moins étudiées.

Nous pouvons alors revenir sur ces caractéristiques histologiques et les comparer avec celles de la stomatite plasmocytaire, de la colite plasmocytaire ou même, de la polychondrite auriculaire atrophiante, afin de savoir si elles relient vraiment ces maladies entre elles. 2 Histologie des infiltrations plasmocytaires bénignes : comparaison (23, 24, 53, 71, 74,

103)

Lors de stomatite plasmocytaire, les lésions sont caractérisées histologiquement par un infiltrat de plasmocytes et de lymphocytes, dans la majorité des cas, ou, plus rarement, uniquement de plasmocytes. (74, 103)

Des plasmocytes et des lymphocytes sont présents dans la muqueuse lors de colite, de gastro-entérite, ou d’entérite plasmocytaires et sont, plus ou moins, accompagnés d’éosinophiles, d’histiocytes et de neutrophiles (dans les zones ulcérées). (23, 24, 53, 71).

Lors de polychondrite auriculaire atrophiante, l’infiltration est plus variée, parfois, lymphoplasmocytaire, et elle est accompagnée de dégénérescence cartilagineuse.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 98 -

Dans le cas de la pododermatite plasmocytaire, le plasmocyte est vraiment la cellule majoritaire de l’infiltrat inflammatoire ; les lymphocytes, éosinophiles neutrophiles et histiocytes, n’en représentent qu’une minorité. On constate donc une différence avec les autres infiltrations : il semblerait que l’on puisse plus parler de pododermatite « plasmocytaire », et de stomatite, colite, « lymphoplasmocytaires ».

Un autre point paraît essentiel dans notre comparaison : la muqueuse buccale est une zone où se retrouvent de nombreux plasmocytes, au niveau des amygdales notamment, sur un animal sain ; les infiltrations plasmocytaires du tractus gastro-intestinal concernent, principalement, des organes lymphoïdes secondaires. En effet, comme nous l’avons vu en première partie, ces organes contiennent des formations où se logent, normalement, les plasmocytes (plaques de Peyer).

Or, la structure des coussinets ne constitue aucunement une zone lymphoïde. C’est, également, le cas des pavillons auriculaires, mais, dans la chondrite auriculaire, il y a destruction du cartilage.

La pododermatite apparaît donc comme la seule affection pour laquelle on n’a pas une prolifération, mais une réelle infiltration, d’un organe dans lequel on ne trouve habituellement pas de plasmocytes. 3 Modifications biologiques : comparaison 3.1 Hypergammaglobulinémie polyclonale (97)

L’hypergammaglobulinémie polyclonale est la modification la plus constante parmi les cas de pododermatite que nous rapportons.

Nous avons d’ailleurs déjà souligné que ce paramètre marquait la différence entre les troubles néoplasiques, avec gammapathie monoclonale, et les troubles inflammatoires, avec gammapathie polyclonale. En effet, les pics polyclonaux en γ-globulines signent des affections inflammatoires chroniques, des maladies à médiation immune ou, éventuellement, des tumeurs du système phagocytes mononucléés, tandis que les pics monoclonaux signent des tumeurs des cellules de la lignée B (myélome multiple, maladie de Waldenström). (97).

D’ailleurs, nous retrouvons une gammapathie monoclonale dans les processus tumoraux plasmocytaires de l’homme et du chat et une gammapathie polyclonale lors de stomatite plasmocytaire ou de polychondrite auriculaire atrophiante.

De ce point de vue donc, la pododermatite plasmocytaire s’intègre parfaitement dans le groupe des inflammations plasmocytaires. 3.2 Leucocytose et anémie

Ces deux manifestations biologiques semblent, elles, inconstantes. 3.2.1 Leucocytose

Une leucocytose se retrouve lors de stomatite ou de polychondrite auriculaire atrophiante, comme lors de pododermatite plasmocytaire. Traduisant un phénomène inflammatoire, elle pourrait logiquement accompagner chaque atteinte des coussinets, mais ne concerne qu’un tiers des bilans sanguins.

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3.2.2 Anémie (14, 73)

Une anémie est constatée dans un tiers des bilans sanguins, et ne trouve, par contre, pas d’explication évidente. Sur ce point, notre affection se distingue des autres désordres bénins, pour lesquels l’anémie n’est pas rapportée, du moins comme modification fréquente. C’est en revanche lors de processus cancéreux, avec prolifération de cellules tumorales dans la moelle osseuse, qu’elle fait partie du tableau clinique.

Egalement une infiltration de la moelle par des plasmocytes normaux était notée sur un patient humain qui manifestait une plasmocytose cutanée, nous l’avons vu en première partie. D’ailleurs en médecine humaine, la plasmocytose peut être cutanée, ou systémique, par infiltration secondaire d’organes autres que la peau. (73).

Il serait donc peut-être intéressant de réaliser un myélogramme sur les chats à pododermatite plasmocytaire, afin de savoir si, chez le chat, il n’existerait pas aussi une plasmocytose systémique, à point de départ cutané. D’autant plus que, parfois, l’anémie persiste plusieurs semaines après exérèse des 4 coussinets. (14). Mais l’examen est lourd et non indispensable à la réalisation des traitements, donc ne présente pas d’intérêt réel, pour les propriétaires.

C. Traitements 1 Chez l’homme (42, 100)

Ce sont principalement des plasmocytomes qui sont décrits, au niveau cutané, chez l’homme ; il n’est pas intéressant de comparer les traitements employés avec ce que l’on fait lors de pododermatite, puisqu’il s’agit de chimiothérapie anti-cancéreuse. En ce qui concerne les plasmocytoses bénignes, nos références ne nous apportent pas de renseignement intéressant. Seule l’exérèse chirurgicale est en commun, puisque les plasmocytomes cutanés humains sont parfois traités correctement par cette méthode. (42, 100). 2 Chez le chat (1, 9, 13, 27, 67, 71, 74)

Là encore, il n’est intéressant de comparer les traitements qu’avec les infiltrations plasmocytaires bénignes.

Que ce soit lors de colite lymphoplasmocytaire, lors de stomatite plasmocytaire ou lors de pododermatite plasmocytaire, la corticothérapie, à doses immunosuppressives, est efficace, faisant supposer qu’il s’agit de désordres « à médiation immunologique ». Il a été essayé lors de stomatite, ou de colite, d’autres immunosuppresseurs tels que la cyclosporine (71, 74) mais ceci n’a pas été décrit pour la pododermatite.

Dans ces trois affections, on a noté l’intérêt de l’emploi d’une antibiothérapie afin d’éviter les surinfections bactériennes et l’intérêt de choisir un antibiotique à effet anti-inflammatoire. (71, 74). Si le métronidazole est préconisé dans les affections buccales et intestinales, nous avons conclu à l’efficacité de la doxycycline lors d’affection podale. (1, 9, 13, 27, 67).

Dans tous les cas, la conduite à tenir est un équilibre entre traitement médical et chirurgie et doit être adaptée au cas concerné (âge de l’animal, volonté des propriétaires…).

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I. CAS CLINIQUE N°1 : SAMY

A. Commémoratifs

Samy est une chatte européenne stérilisée de 13 ans au moment de la consultation. Elle n’est pas correctement vaccinée ; elle est vermifugée mais non traitée contre les parasites externes.

La chatte vit en maison et elle a libre accès à l’extérieur ; elle est donc en contact avec d’autres chats. Son alimentation est constituée de boîtes, de croquettes et parfois de viande.

B. Anamnèse

Les propriétaires présentent Samy à la consultation pour lésions des coussinets.

En effet, depuis une quinzaine de jours, ils ont remarqué des plaies, d’abord sur les membres pelviens, puis sur les membres thoraciques, qui saignent, et sont accompagnées d’une augmentation de volume des coussinets.

Ils ont d’abord consulté leur vétérinaire traitant, qui a mis en place un traitement de Solipat ® (lotion tannante pour coussinets plantaires) sans aucun effet. Au contraire les lésions ont plutôt évolué vers l’aggravation.

C. Première consultation en dermatologie : le 13/09/05 1 Examen général

L’examen général de Samy s’avère normal, elle présente un état d’entretien correct, et, d’après ses propriétaires, mange et boit en quantités normales. Sa démarche est tout à fait correcte.

Concernant l’appareil respiratoire, les bruits sont augmentés mais l’auscultation est difficile, la chatte étant stressée.

Les nœuds lymphatiques mandibulaires sont de taille augmentée ; la chatte présente une forte gingivite.

L’examen des autres appareils ne révèle aucune anomalie. 2 Examen dermatologique 2.1 Général

On constate la présence de déjections de puces sur l’ensemble du corps et des lésions d’acné sur le menton. 2.2 Des coussinets

Les deux coussinets métacarpiens principaux sont augmentés de volume ; ils ont une surface lisse, de couleur violacée et sont mous au toucher.

Les deux coussinets métatarsiens principaux sont aussi de taille augmentée, avec une ulcération ; sur l’un des deux, le contenu de l’ulcération fait saillie vers l’extérieur.

L’animal ne manifeste par ailleurs aucune douleur, ni gêne.

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D. Hypothèses diagnostiques Devant ce tableau clinique, les hypothèses émises sont :

- une pododermatite plasmocytaire féline - un traumatisme - une pemphigoïde bulleuse

E. Examens complémentaires 1 Dans un but diagnostique

On réalise une cytoponction à l’aiguille fine des coussinets mais les résultats ne sont pas interprétables.

Les biopsies d’un coussinet antérieur et d’un coussinet postérieur, réalisées sous anesthésie, nous apportent les renseignements suivants :

« L’épiderme est épais, avec des crêtes de taille variable, et surmonté d’une couche cornée compacte très épaisse. Le derme, congestif et oedémateux, est le siège, sur toute sa hauteur, d’un infiltrat dense, nodulaire à diffus, composé essentiellement de plasmocytes, associés à des mastocytes, des histiocytes et des polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. De nombreuses cellules de Mott sont présentes. Absence de parasites. Absence d’éléments fongiques après réaction à l’acide périodique de Schiff.»

Ces résultats histopathologiques nous donnent le diagnostic de l’affection des coussinets : il s’agit d’une pododermatite plasmocytaire féline.

On a alors réalisé d’autres examens complémentaires, à la recherche de modifications fréquentes, étudiées en deuxième partie. 2 Le diagnostic étant posé 2.1 Sérologies FIV et FeLV

Les sérologies FIV et FeLV sont négatives. 2.2 Bilan biochimique

Résultat Valeurs usuelles Urée 6,4 mmol/L 3 à 9 mmol/L

Créatinine 103 µmol/L < 110 µmol/L

PAL 31 U/L < 200 U/L

ALAT 48 U/L < 80 U/L

Tableau n° 5 : Bilan biochimique de Samy le 13/09/05. (ENVL).

Les valeurs de ce bilan sont dans les normes.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 105 -

2.3 Numération formule sanguines

Résultat Valeurs usuelles Hématies 6,01 M/mm3 5 à 10 M/mm3

Hémoglobine 7,5 g/dl 8 à 15 g/dl

Hématocrite 23,8 % 24 à 45 %

VGM 40 µ3 39 à 55 µ3

TGMH 12,6 pg 13 à 17 pg

CGMH 31,7 g/dl 31 à 36 g/dl

Leucocytes 12,7 m/mm3 5,5 à 19,5 m/mm3

Polynucléaires neutrophiles

73 % 0 à 60 %

Polynucléaires éosinophiles

2 % 0 à 5 %

Polynucléaires basophiles 0 %

Lymphocytes 23 % 0 à 32 %

Monocytes 2 % 0 à 3 %

Plaquettes 432 m/mm3 300 à 800 m/mm3

Tableau n° 6 : Bilan hématologique de Samy le 13/09/05. (ENVL).

La numération formule est dans les limites de la normale, hormis une légère neutrophilie.

A la lecture du frottis sanguin, on note de petites inclusions dans les globules rouges pouvant évoquer des hémobartonnelles. 2.4 Electrophorèse des protéines

Résultat Valeurs usuelles Protéinémie 95 g/L 54 à 78 g/L

Albumine 20 g/L 11 à 26 g/L

Alpha 1 0,95 g/L 1 à 9g/L

Alpha 2 17 g/L 2 à 7 g/L

Béta 1 7,6 g/L 1,5 à 7 g/L

Béta 2 11,4 g/L 3 à 8 g/L

Gamma 38 g/L 9 à 34 g/L

Tableau n° 7 : Electrophorèse des protéines de Samy le 13/09/05. (ENVL).

On observe une hyperprotéinémie, une hypergammaglobulinémie, une

hyperalpha2globulinémie, une hyperbéta2globulinémie.

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2.5 Titrage des anticorps anti-nucléaires

Le titrage des anticorps anti-nucléaires est négatif, avec un taux inférieur à 64. 2.6. Immunomarquages

Voir VI.

F. Diagnostic

Samy présente une pododermatite plasmocytaire quadripodale, avec hypergammaglobulinémie, hyperalpha2globulinémie, hyperbéta2globulinémie ; elle est négative vis-à-vis du FIV et du FeLV et son titre en anticorps anti-nucléaires est négatif.

G. Traitement

Un traitement médical est mis en place : doxycycline (Ronaxan ®) à 20 mg/kg/j pendant 3 semaines, jusqu’au contrôle.

H. Suivi et évolution 1 Consultation du 05/10/05

L’état des coussinets de Samy s’est amélioré et la chatte semble d’ailleurs plus à l’aise que lors de la première consultation.

Les coussinets sont moins tuméfiés, moins tendus et moins violacés. On note encore une ulcération sur le membre pelvien droit et des lésions croûteuses sur les autres membres. L’évolution est donc favorable.

On prescrit encore de la doxycycline, à une dose de 5 mg/kg/j (Doxyval ®), pendant 3

semaines à un mois. 2 Consultation du 02/11/05

L’amélioration s’est poursuivie. Les coussinets de Samy sont de taille normale mais sont toujours mous. La tuméfaction et

la coloration violette ont encore régressé. Les ulcères sont cicatrisés ; on observe d’ailleurs une cicatrice sur le coussinet du postérieur droit.

On prescrit la poursuite de l’antibiothérapie pour 15 jours (Doxyval ®), puis l’arrêt du traitement. Par ailleurs, un traitement anti-parasitaire externe est mis en place : imidacloprid (Advantage ®) pour tous les chats et Parastop ® dans le milieu.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 107 -

I. Discussion

Samy est une femelle de 13 ans ; elle ne correspond donc pas au profil épidémiologique le plus représenté dans les cas de pododermatite plasmocytaire. Ses lésions sont récentes, ce qui est aussi rare, d’après les cas bibliographiques que nous avons étudiés en deuxième partie.

Concernant la présentation clinique, les signes sont assez représentatifs de notre affection et laissent peu de doute quant au diagnostic. L’atteinte est quadripodale, comme dans la majorité des cas. Nous pouvons noter que Samy ne manifeste pas de douleur particulière, alors que ses coussinets sont ulcérés. La chatte marche même correctement.

D’un point de vue histologique, l’infiltration est dermique et le contingent est « à dominance plasmocytaire », mais assez polymorphe.

Samy fait partie des chats FIV - et à titre en anticorps anti-nucléaires négatifs. Elle présente peu de modifications hématologiques ; par contre on retrouve l’hypergammaglobulinémie, comme dans ¾ des cas de pododermatite plasmocytaire. Par contre, c’est assez original, une hyperbéta2globulinémie et une hyperalpha2globulinémie sont associées.

Enfin, ce cas est un exemple de l’efficacité du traitement médical à la doxycycline, sur atteinte quadripodale, avec ulcération. La dose de 20 mg/kg/j, pendant un mois, suivie d’une dose plus faible pendant quelques semaines, est satisfaisante. Nous notons cependant que la guérison est assez longue.

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Photo n° 8 : Vue des 4 membres de Samy avant traitement (ENVL, D. Pin).

Photo n° 9 : Histologie du coussinet, derme profond : infiltration de plasmocytes (X 400, HE) (ENVL, D. Pin).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 109 -

Photo n° 10 : Membre postérieur gauche de Samy après 2 mois de traitement (ENVL, D. Pin).

Photo n° 11 : Membre antérieur gauche de Samy après 2 mois de traitement (ENVL, D. Pin.)

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II. CAS CLINIQUE N° 2 : MINET

A. Commémoratifs

Minet est un chat européen mâle, d’âge inconnu. Son propriétaire l’a trouvé, alors qu’il vagabondait. Il n’est ni vacciné, ni vermifugé.

B. Anamnèse

Le chat est présenté à la consultation pour une masse rouge, au niveau du coussinet principal du membre antérieur gauche. Le propriétaire n’est pas en mesure de nous renseigner sur la date d’apparition de cette masse.

C. Première consultation en dermatologie : le 23/02/05 1 Examen général

L’état général du chat est bon ; son examen ne révèle aucune anomalie. 2 Examen dermatologique

L’examen rapproché des coussinets met en évidence une masse de 2 cm de diamètre, adhérant au coussinet principal métacarpien gauche, par un pédoncule ; cette masse est de couleur rouge intense, sa surface est lisse, elle est dépressible et peu sensible.

Le coussinet principal du membre antérieur droit est augmenté de volume, décoloré, mou. Les coussinets principaux des membres pelviens sont mous mais de volume normal.

D. Hypothèses diagnostiques

On suspecte fortement une pododermatite plasmocytaire.

E. Examens complémentaires 1 Cytologie

On analyse un prélèvement réalisé par cytoponction des coussinets antérieurs droit et gauche, ainsi que des coussinets postérieurs. L’interprétation n’est possible que pour le coussinet antérieur gauche: le prélèvement a un fond hémorragique et contient de nombreux plasmocytes.

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2 Histologie

Les coussinets des membres antérieurs fournissent des biopsies de bonne qualité, présentant des remaniements identiques, à des différences d’intensité près.

« L’épiderme est soit épais, avec des crêtes de taille variable, et surmonté d’une couche cornée très épaisse, soit nécrotique. Le derme, congestif et oedémateux, est le siège, sur toute sa hauteur, d’un infiltrat dense, nodulaire à diffus, composé essentiellement de plasmocytes, associés à des mastocytes, des histiocytes et des polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. De nombreuses cellules de Mott sont présentes. Absence de parasites. Absence d’éléments fongiques après réaction à l’acide périodique de Schiff.»

L’examen des biopsies des deux coussinets principaux des membres postérieurs montre un aspect normal de ceux-ci. 3 Immunomarquages

Voir VI.

F. Diagnostic

L’examen histologique permet d’établir le diagnostic de pododermatite plasmocytaire féline. Celle-ci concerne uniquement les membres antérieurs.

G. Traitement

L’anesthésie qui permet la réalisation des biopsies permet également l’exérèse de la masse du coussinet antérieur gauche et la castration de Minet.

H. Suivi et évolution

Nous n’avons pu obtenir de nouvelles concernant l’état de santé de Minet.

I. Discussion

Minet présente une pododermatite plasmocytaire bipodale qui concerne, comme dans la majorité des cas, les membres antérieurs. Nous retrouvons aussi une atteinte de degrés différents sur les 2 membres.

Si l’exérèse du coussinet le plus atteint a probablement été curative, il aurait été intéressant de connaître l’évolution du coussinet métacarpien droit, qui n’a pas été traité.

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Photo n° 13 : Aspect du coussinet le plus atteint de Minet (ENVL, D. Pin).

Photo n° 14 : Coussinets des membres postérieurs, sains, de Minet (ENVL, D. Pin).

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Photo n° 15 : Coupe histologique du coussinet atteint, vue d’ensemble (X 50, HE)

(ENVL, D. Pin) (La couche cornée, fléchée, a presque disparu, par ulcération)

Photo n° 16 : Histologie du derme : infiltration de plasmocytes (X 400, HE) (ENVL, D. Pin).

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III. CAS CLINIQUE N° 3 : LOUKA

A. Commémoratifs

Louka est un chat mâle entier, de 4 ans environ. Il vit en maison et a accès au jardin, n’est ni vacciné, ni vermifugé. Il est accompagné de chèvres et de volailles.

B. Anamnèse

Louka est présenté à la consultation d’urgence à l’ENVL, pour deuxième avis concernant une pododermatite.

En effet, depuis un mois, ses coussinets ont un aspect anormal et il a des difficultés locomotrices. Le matin même il a donc été vu par son vétérinaire traitant, qui a émis l’hypothèse d’une brûlure à l’acide ; il a prescrit des soins locaux avec une lotion de Cortizeme ® (association de néomycine et de prednisolone) et un traitement à base de Vasotop ® (inhibiteur des enzymes de conversion de l’angiotensine) pour ses troubles cardiaques. Il a coupé les griffes du chat, dont une incarnée.

C. Première consultation au SIAMU : le 14/04/03 1 Examen général

Louka est maigre et modérément amyotrophié. Il est alerte mais sa démarche est précautionneuse. Sa température rectale est de 39,1 °C.

L’examen de l’appareil cardio-vasculaire révèle un souffle cardiaque systolique apexien gauche, de grade 2/6. 2 Examen dermatologique

Les coussinets principaux des 4 membres sont de volume augmenté ; ils sont érythémateux à violacés, douloureux et flasques au toucher. Un léger squamosis est noté autour des coussinets et des griffes.

D. Hypothèses diagnostiques

L’hypothèse de pododermatite plasmocytaire est émise en premier lieu. Un processus néoplasique n’est pas exclu.

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E. Examens complémentaires 1 Immédiats

Une numération et une formule sanguines sont réalisées.

Les résultats sont :

� Anémie modérée (hémoglobine = 7,9 g/dl) � Leucocytose (21 500/ mm3) � Granulocytose (17 500/ mm3)

2 Différés 2.1 Cytologie

Par cytoponction, on analyse le contenu des coussinets de Louka : il s’agit d’un infiltrat inflammatoire de polynucléaires neutrophiles, d’un « petit contingent lymphoïde à dominante de petites cellules clivées », de cellules histiocytaires et de plasmocytes immatures ou peu matures. 2.2 Histologie

Les biopsies révèlent « un infiltrat dense composé essentiellement de plasmocytes et de quelques polynucléaires neutrophiles et lymphocytes, parfois nombreux focalement. » 2.3 Sérologies FIV et FeLV

Les sérologies FIV et FeLV sont négatives toutes deux. 2.4. Immunomarquages

Voir VI.

F. Diagnostic

Louka souffre bien d’une pododermatite à plasmocytes, quadripodale.

G. Traitement

Dans l’attente du diagnostic histologique, on a d’abord mis en place une antibiothérapie à base de céfalexine (Rilexine ® 75 mg, 1 comprimé matin et soir) et des soins locaux par application de Cortizeme ®.

Une fois le diagnostic établi, un traitement à base de doxycycline et de nicotinamide a été proposé.

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H. Suivi et évolution : le 21/05/03

Louka est venu pour une consultation de contrôle le 21/05/03 : il allait beaucoup mieux, son état général était bon, ses coussinets avaient diminué de volume, étaient peu douloureux. Par contre, on ne sait pas dans quelle mesure le traitement prescrit a été effectué.

I. Discussion

Le cas de Louka illustre le diagnostic différentiel établi dans la deuxième partie de notre travail : le vétérinaire traitant a émis l’hypothèse principale de traumatisme chimique sur les coussinets. Il s’est en effet trouvé devant des lésions assez uniformes, touchant les quatre membres.

L’évolution des lésions a été favorable ; malheureusement, nous ne savons pas si cela est dû au traitement ou s’il s’agit de rémission spontanée.

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Photo n° 17 : Membre antérieur gauche de Louka avant traitement (ENVL, D. Pin).

Photo n° 18 : Membre antérieur gauche de Louka après 1 mois de traitement (ENVL, D. Pin).

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IV. CAS CLINIQUE N° 4 : STANLEY

A. Commémoratifs

Stanley est un chat mâle, non castré, de 3 ou 4 ans. Il vit à l’extérieur avec un autre chat mâle non castré et un chien. Ses propriétaires l’ont adopté quand il était chaton.

B. Anamnèse

Depuis 2 mois, ses propriétaires ont remarqué une masse sur sa truffe, ainsi que sur ses coussinets antérieurs. Les lésions semblent s’aggraver. Stanley est abattu depuis l’apparition des lésions.

C. Première consultation : le 06/01/05 1 Examen général

Stanley est abattu ; ses propriétaires rapportent qu’il reste dans un fauteuil toute la journée.

L’examen de l’appareil cardio-vasculaire permet d’entendre un souffle par intermittence. On remarque une adénomégalie mandibulaire à droite. Les reins sont légèrement indurés.

2 Examen dermatologique

La truffe présente un nodule sur son extrémité, type « nez de clown » ; cette masse est érythémateuse, dépilée, lisse. On ne note ni sténose des narines, ni signes respiratoires associés.

Les coussinets principaux des membres antérieurs sont dépigmentés, mous, augmentés de volume. Une ulcération partielle est présente, avec une masse rouge, sanguinolente, qui fait saillie. Une odeur forte, de nécrose, se dégage, mais aucune suppuration n’est observée.

D. Hypothèses diagnostiques

L’hypothèse principale concernant la pathologie des coussinets est :

- une pododermatite à plasmocytes

Moins probablement on peut envisager :

- une phaeohyphomycose - une cryptococcose - un néoplasme

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E. Examens complémentaires

Il est proposé au propriétaire de réaliser divers examens complémentaires : bilan hématologique et biochimique, cytoponctions et biopsies, sérologies FIV et FeLV, échocardiographie. Celui-ci refuse et ramène Stanley à son domicile.

F. Diagnostic

L’hypothèse principale reste une pododermatite à plasmocytes avec atteinte du chanfrein, mais elle n’a pu être confirmée par les examens complémentaires.

G. Traitement

Aucun traitement n’est mis en place.

H. Suivi et évolution

Malheureusement, nous n’avons pu obtenir de nouvelles concernant la santé de Stanley, un an et demi après sa consultation à l’école.

I. Discussion

Concernant Stanley, même si le diagnostic définitif n’a pas été établi, l’atteinte des coussinets, avec celle du chanfrein, sont assez caractéristiques de notre affection, y compris dans le mode évolutif. Nous rappelons que l’atteinte associée du chanfrein est peu rencontrée dans la littérature.

On retrouve un aspect commun, déjà évoqué : la consultation tardive par rapport à l’apparition des lésions. D’ailleurs, Stanley fait partie des chats dont l’état général est altéré ; cependant, on ne connaît pas son statut FIV et FeLV, d’autant qu’il vit à l’extérieur.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 120 -

Photo n° 19 : Vue de face de Stanley, infiltration nasale (ENVL, D. Pin).

Photo n° 20 : Membre antérieur droit de Stanley (ENVL, D. Pin).

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V. CAS CLINIQUE N° 5 : CARAMEL

A. Commémoratifs

Caramel est un chat européen roux, mâle, de 4 ans et demi. Ses propriétaires l’ont recueilli à l’âge de 2 ans.

Il vit en maison avec des congénères, sort. D’après ses propriétaires, il a toujours eu les coussinets volumineux.

B. Anamnèse

Une ulcération des coussinets volumineux est apparue il y a 6 semaines. Des examens histologiques, réalisés chez un confrère, ont permis de diagnostiquer une pododermatite plasmocytaire. Un traitement à base de corticoïdes, et l’exérèse des coussinets, ont été proposés, mais rien n’a été mis en place.

Les propriétaires viennent consulter à l’ENVL pour avoir un deuxième avis.

C. Première consultation en dermatologie : le 06/06/06 1 Examen général

Caramel est un chat maigre, au poil piqué. Il présente des signes de coryza chronique. 2 Examen dermatologique

Les coussinets principaux des 4 membres sont augmentés de volume.

Ceux des membres postérieurs sont marbrés, de couleur violacée, très dépressibles. Sur l’un, un coussinet digité est ulcéré, mais ferme.

Sur chaque coussinet principal des membres antérieurs, un nodule ulcéré de 2 cm de diamètre fait saillie.

D. Hypothèses diagnostiques

L’hypothèse principale est celle de pododermatite plasmocytaire.

E. Examens complémentaires 1 Cytologie

Les résultats de la cytologie sont en faveur d’une pododermatite plasmocytaire.

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2 Histologie

On réalise des biopsies des 4 coussinets principaux et du coussinet digité. L’histologie confirme que les coussinets sont infiltrés par une population de plasmocytes normaux, il s’agit donc bien d’une pododermatite plasmocytaire. 3 Numération formule sanguines

Résultat Valeurs usuelles Hématies 3,39 M/mm3 5 à 10 M/mm3

Hémoglobine 6,7 g/dl 8 à 15 g/dl

Hématocrite 20,7 % 24 à 45 %

VGM 61 µ3 39 à 55 µ3

TGMH 19,8 pg 13 à 17 pg

CGMH 32,3 g/dl 31 à 36 g/dl

Réticulocytes 0,1 %

Leucocytes 15,8 m/mm3 5,5 à 19,5 m/mm3

Polynucléaires neutrophiles

67 % = 10,6 m/mm3 0 à 60 %

Monocytes 5 % 0 à 3 %

Plaquettes 130 m/mm3 300 à 800 m/mm3

Tableau n° 8 : Bilan hématologique de Caramel le 06/06/06. (ENVL).

Le chat présente une anémie marquée, non régénérative, macrocytaire. On note aussi chez Caramel une légère neutrophilie, une monocytose et une thrombopénie sévère. 4 Sérologies FIV et FeLV

La sérologie est positive concernant le FIV. Les résultats de la sérologie FeLV sont douteux. 5 Electrophorèse des protéines

Résultat Valeurs usuelles

Protéinémie 81 g/L 54 à 78 g/L

Albumine 21,9 g/L 11 à 26 g/L

Alpha 1 2,4 g/L 1 à 9g/L

Alpha 2 17 g/L 2 à 7 g/L

Béta 1 6,5 g/L 1,5 à 7 g/L

Béta 2 8,9 g/L 3 à 8 g/L

Gamma 24,3 g/L 9 à 34 g/L

Tableau n° 9 : Electrophorèse des protéines de Caramel le 06/06/06. (ENVL).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 123 -

Schéma n° 10 : Electrophorèse des protéines sériques. Absence d’hypergammaglobulinémie. (ENVL)

On note une hyperprotéinémie, avec une hyperalpha2globulinémie et une hyperbéta2globulinémie. 6 Titrage des anticorps anti-nucléaires

Le titrage en anticorps anti-nucléaires est négatif, avec un taux inférieur à 64.

F. Diagnostic Caramel est atteint d’une pododermatite plasmocytaire quadripodale. Le pronostic est

assombri par son statut FIV positif, et FeLV douteux, d’autant plus que le chat vit avec des congénères félins.

G. Traitement Devant le mauvais état général du chat et son statut vis-à-vis du FIV et du FeLV, aucun

traitement n’est mis en place. Caramel est euthanasié à la demande de ses propriétaires.

α 2 β γ

albumine

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H. Discussion

Caramel fait partie des cas les plus jeunes, puisque ses propriétaires rapportent des coussinets de volume augmenté depuis l’adoption. Comme souvent, la consultation est tardive et n’est due qu’à l’apparition d’ulcérations.

L’électrophorèse des protéines n’est pas caractéristique, avec une hyperalpha2globulinémie et une hyperbéta2globulinémie (déjà rencontrées chez Samy), sans hypergammaglobulinémie.

Par contre, le reste des analyses met en évidence un état général sévèrement altéré, probablement dû au statut FIV +.

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Photo n° 21 : Membre antérieur droit de Caramel (ENVL, D. Pin).

Photo n° 22 et 23 : Membre postérieur : mise en évidence du caractère dépressible

(ENVL, D. Pin).

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Photo n° 24 : Coupe histologique du coussinet principal de l’antérieur droit, vue d’ensemble

(X 50, HE) (ENVL, D. Pin).

Photo n° 25 : Derme profond du même coussinet : infiltration plasmocytaire

(X 200, HE) (ENVL, D. Pin).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 127 -

VI. IMMUNOMARQUAGES

Des immunomarquages ont été réalisés à partir des biopsies de coussinets de Samy, Minet et Louka.

Pour la plupart on a utilisé des coupes en paraffine ; les marquages CD4 et CD8 ont été réalisés à partir de coupes congelées, uniquement pour Samy.

Voici les résultats obtenus pour les différents marqueurs :

Immunomarquages Observations

HM57 (CD79α) Marquage de quelques cellules, en foyers ou isolées.

CD21 Marquage de quelques cellules, en foyers ou isolées.

Ki67 Marquage dense du derme, de cellules en foyers ou isolées, et

important (≈ 40%) de la couche basale de l’épiderme.

Chaîne légère К Marquage de quelques cellules, en foyers ou isolées.

Chaîne légère λ Marquage dense du derme, en foyers et diffus.

Ig G Nombreuses cellules dans le derme, en foyers ou isolées.

Ig M Très rares cellules éparses.

Ig A Quelques cellules éparses.

CD 3

Variable selon les cas : de « très nombreuses cellules, en foyers ou isolées, dans le derme et nombreuses cellules au sein des couches basales et suprabasales de

l’épiderme » à « marquage modéré, en foyers ou diffus sans marquage de l’épiderme ».

CD 4 Marquage assez dense, d’intensité égale à celle du marquage CD8.

CD 8 Marquage assez dense, d’intensité égale à celle du marquage CD4.

Tableau n° 10 : Résultats des immunomarquages (ENVL, D. Pin).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 128 -

Spécificité des marqueurs utilisés :

• HM57 marque une sous-population restreinte de lymphocytes B chez le chat. • CD21 marque un sous-type de lymphocytes B, porteurs du récepteur CR2 du

complément C3d, donc plutôt des lymphocytes B différenciés. • Ki67 reconnaît une protéine nucléaire présente pendant le cycle

cellulaire de division (il indique que des cellules se multiplient). • La chaîne К représente les chaînes légères de type К des immunoglobulines, qu'elles

soient libres ou associées à des chaînes lourdes au sein des immunoglobulines. • La chaîne λ représente les chaînes légères de type λ des immunoglobulines, qu’elles

soient libres ou associées à des chaînes lourdes au sein des immunoglobulines. • IgG, IgM et IgA marquent les différents types d'immunoglobulines. • CD3 est un marqueur Pan-T, il marque tous les lymphocytes T. • CD4 marque un sous-type de lymphocytes T, les helpers, ainsi que, vraisemblablement,

des cellules dendritiques. • CD8 marque un sous-type de lymphocytes, les cytotoxiques/suppresseurs.

Ces données sont, pour certaines, théoriques car tirées des indications chez

l'homme. Chez le chat, nous ne disposons que de très peu de données, en particulier aucune dans la pododermatite plasmocytaire.

Les résultats de ces marquages illustrent les caractéristiques histologiques évoquées en

deuxième partie. En effet, les plasmocytes produisent majoritairement des immunoglobulines de type G et les chaînes légères sont de type К et λ (avec une nette dominance de chaînes λ). Il y a donc polyclonalité concernant les chaînes légères.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 131 -

ANNEXE 1 : Propriétés des corticoïdes en dermatologie (10)

Les glucocorticoïdes font partie des médicaments les plus prescrits en dermatologie.

Leurs modes d’action sur la peau sont nombreux et complexes, mais on peut les

distinguer ainsi :

- action anti-inflammatoire - action anti-allergique - action anti-prurigineuse - action immunosuppressive - action sur le métabolisme et la prolifération cellulaire.

En ce qui concerne la pododermatite plasmocytaire, on retiendra les actions anti-

inflammatoire, immunosuppressive, et sur la prolifération cellulaire, comme mécanismes intéressants.

� Action anti-inflammatoire

La réaction inflammatoire est accompagnée de la libération de médiateurs permettant l’extravasation de cellules sanguines et de protéines du sérum, par vasodilatation et augmentation de la perméabilité vasculaire. Les leucotriènes et les prostaglandines sont les principaux de ces médiateurs.

Or leur formation dépend de la transformation de phospholipides membranaires en acide arachidonique, sous l’action d’une phospholipase A puis d’une lipo-oxygénase, ou d’une cyclo-oxygénase. Les corticoïdes agissent en inhibant la formation de ces médiateurs, en bloquant la phospholipase A.

L’action des corticoïdes est donc précoce dans la cascade de l’inflammation.

� Action immunosuppressive

L’action immunosuppressive des corticoïdes repose sur trois phases de la réponse immunitaire : o Inhibition de la reconnaissance de l’antigène

Normalement, les antigènes, une fois captés par les différentes cellules du système

immunitaire, sont exprimés par fragments à la surface des cellules, et permettent, en association avec des molécules du système d’histocompatibilité, l’activation des lymphocytes T. Les corticoïdes inhibent la reconnaissance des antigènes par le système d’histocompatibilité. o Modification de la réaction d’amplification

L’activation lymphocytaire fait normalement suite à la reconnaissance de l’antigène et fait

intervenir des récepteurs et des réactions spécifiques. La phospholipase C est responsable de l’induction des messagers intracellulaires qui permettent l’activation cellulaire et notamment lymphocytaire. Les corticoïdes inhibent cette phospholipase. De plus, les interleukines interviennent aussi dans ces réactions et leur production est freinée par les corticoïdes.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 132 -

o Inhibition de la phase effectrice de la réponse immunitaire

Les corticoïdes affectent le fonctionnement des macrophages et des polynucléaires en diminuant leur capacité de phagocytose et de synthèse des radicaux libres. Ils diminuent également l’activité des mastocytes dermiques. Par contre, les corticoïdes augmentent la sensibilité des lymphocytes B aux actions des interleukines, donc finalement, malgré une baisse de leur production, affectent peu la production des anticorps.

� Action sur la prolifération cellulaire

Les corticoïdes agissent sur la prolifération et le métabolisme cellulaire, nous l’avons vu, en inhibant la prolifération lymphocytaire. Ils ont, de plus, un effet direct sur les mécanismes qui commandent la multiplication cellulaire, effet bien connu sur les lignées néoplasiques.

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ANNEXE 2 : Effets secondaires des corticoïdes et conditions d’utilisation (10)

La mise en place d’une corticothérapie nécessite le suivi des animaux concernés. Mais, avant tout, le diagnostic de la dermatose doit être établi correctement. En effet, lors de pododermatite plasmocytaire, s’il est intéressant de mettre en place un tel traitement, lors de pododermatite infectieuse, le traitement n’aura que des effets néfastes et aggravants.

Les doses employées, lors de pododermatite plasmocytaire sont des doses immunosuppressives, donc plus délicates d’utilisation.

Les principales manifestations secondaires, sont la polyphagie, la polydipsie et les signes digestifs, voir, après un certain temps, un syndrome de Cushing, une myopathie cortisonique, un diabète, une infection urinaire ou le réveil d’une infection latente.

Ainsi on peut conseiller de réaliser un suivi clinique rigoureux chez un animal recevant une corticothérapie prolongée et, au besoin, un test de stimulation à l’ACTH, un dosage des enzymes hépatiques et musculaires, un dosage de la glycémie et de la créatinémie, un numération formule et un ECBU (examen cytobactériologique urinaire).

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ANNEXE 3 : Les Tétracyclines en dermatologie (61, 92)

� Généralités

Les Tétracyclines furent découvertes en 1948, comme produits naturels de fermentation d’une bactérie du sol, Streptomyces aureofaciens. La première tétracycline purifiée chimiquement fut la chlortétracycline (1954).

Il existe 3 groupes de tétracyclines : - les produits naturels - les composants semi synthétiques - les tétracyclines chimiquement modifiées (CMT).

Elles constituent une famille d’antibiotiques de choix contre beaucoup de bactéries Gram +

et Gram -. Elles sont d’utilisation assez sûre et entraînent peu d’effets secondaires.

� Propriétés chimiques o Structure

Une tétracycline est constituée d’une structure de base de plusieurs chaînes circulaires. Les

tétracyclines à activité antibiotique ont un groupe dimethylamine sur le carbone 4, dans le cercle A. Des manipulations sur ce groupe réduisent les propriétés antibiotiques, mais augmentent l’action non antibiotique.

Les propriétés biologiques peuvent être augmentées en modifiant la zone périphérique supérieure, en particulier les positions C7 et C9 du cercle D. C’est ce qui a été réalisé avec les composants des tétracyclines de semi synthèse, comme la minocycline et la doxycycline. o Propriétés ionophores

Les ionophores sont des composants organiques capables de former des complexes lipo-

solubles avec les cations métalliques. Ils transportent les cations à travers les barrières hydrophobes, les membranes biologiques ou artificielles.

Les tétracyclines capturent les cations métalliques divalents et circulent dans le sang, chélatées aux ions calcium (Ca 2+) et magnésium (Mg 2+). L’ion Ca 2+, après son incorporation dans la cellule, agit comme second messager et affecte les processus sécréteurs, l’activation de récepteurs ou leur inhibition, les divisions cellulaires, les réactions métaboliques. Le rôle de ionophore de l’ion calcium confère donc aux tétracyclines des propriétés cliniques importantes.

� Propriétés non antibiotiques intéressantes en dermatologie o Inhibition de l’inflammation (61)

Les tétracyclines agissent principalement sur le chimiotactisme des neutrophiles lors de la

réponse inflammatoire. Ceci est valable pour des concentrations thérapeutiques. A haute dose, en effet, on n’observe plus la même action. In vivo, chez l’homme, on a montré la suppression du chimiotactisme après administration orale et topique de tétracycline.

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Cet antibiotique est anti-inflammatoire en réduisant la capacité de phagocytose. Ceci a été démontré in vivo et in vitro. L’effet inhibiteur serait dû à l’effet ionophore sur les cations divalents, liés aux membranes cellulaires, et nécessaires à la réalisation de la phagocytose.

Une inhibition de l’activité du complément est, enfin, due à l’action des tétracyclines sur la conversion de celui-ci en sa forme active. o Protéolyse (61, 92)

Les tétracyclines et leurs analogues inhibent les métallo-protéinases matricielles (MMP),

des endopeptidases zinc dépendantes, qui jouent un rôle important dans le remodelage des tissus, ainsi que dans l’embryogenèse, la cicatrisation des plaies, les arthrites rhumatoïdes, les processus tumoraux et métastatiques.

On distingue les MMP qui agissent sur les fibrilles de collagène, appelées collagénases (MMP-1, MMP-8, MMP-13) et les MMP qui touchent la membrane basale du collagène, appelées les gélatinases (MMP-2, MMP-9).

C’est sur les deux types de protéinases qu’agissent les tétracyclines, grâce à l’action ionophore sur les ions calcium et zinc ; en effet, ces cations permettent aux protéinases de garder leur conformation et leur activité hydrolytique. o Angiogénèse (92)

L’angiogénèse, ou formation des vaisseaux sanguins, est un processus intervenant dans de

nombreuses dermatoses, bénignes ou malignes. Les tétracyclines ont un effet anti- angiogénique, ce qui peut être intéressant en thérapeutique lors d’inflammations accompagnées de la formation de nouveaux vaisseaux (désordres auto-immuns, rosacée, cancers).

� Exemples d’utilisation en dermatologie humaine (61, 92) o Dans l’acné

Les tétracyclines sont utilisées comme traitement de l’acné vulgaire depuis plus de 30 ans.

C’est le rôle anti-inflammatoire des tétracyclines, et l’inhibition du chimiotactisme des

neutrophiles qui justifient leur utilisation dans l’acné.

Une étude récente a montré que des doses de doxycycline, plus faibles que les doses anti-bactériennes, soit 20 mg 2 fois par jour, réduisaient le nombre de lésions inflammatoires et non inflammatoires chez des patients présentant une acné faciale modérée. o Dans la rosacée

La rosacée est traitée avec succès, chez plus de 80 % des patients, par les tétracyclines,

grâce à leurs actions anti-inflammatoire et anti-angiogénèse.

Enfin, les tétracyclines, notamment minocycline et doxycycline, inhibent la formation de granulome, par les monocytes exposés à des applications de dextrine. Cet effet serait dû à l’inhibition de la protéine kinase C par les tétracyclines.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Table des photos Photo n° 1 ......................................................................................................................... 29 Histologie de coussinet de chat (X 50, coloration PAS) (ENVL, D. Pin). Photo n° 2 .......................................................................................................................... 30 Histologie de l’épiderme du coussinet (X 100 coloration PAS) (ENVL, D. Pin). Photo n° 3 ......................................................................................................................... 67 Coussinet de chat sain (cliché personnel). Photo n° 4 ......................................................................................................................... 67 Pododermatite plasmocytaire : coussinet ulcéré. (Cas Minet, membre antérieur gauche.) Photo n° 5 ......................................................................................................................... 72 Atteinte nasale : cas Stanley (ENVL, D. Pin). Photo n° 6 ......................................................................................................................... 83 Infiltration plasmocytaire en cytologie, cas Caramel (X 1000, MGG) (ENVL, D. Pin). Photo n° 7 ......................................................................................................................... 83 Histologie : infiltration plasmocytaire et cellules de Mott (fléchées), cas Minet (X 400, HE) (ENVL, D. Pin). Photo n° 8 ......................................................................................................................... 108 Vue des 4 membres de Samy avant traitement (ENVL, D. Pin). Photo n° 9 ......................................................................................................................... 108 Histologie du coussinet, derme profond : infiltration de plasmocytes (X 400, HE) (ENVL, D. Pin). Photo n° 10 ....................................................................................................................... 109 Membre postérieur gauche de Samy après 2 mois de traitement (ENVL, D. Pin.) Photo n° 11 ....................................................................................................................... 109 Membre antérieur gauche de Samy après 2 mois de traitement (ENVL, D. Pin). Photo n° 13 ....................................................................................................................... 112 Aspect du coussinet le plus atteint de Minet (ENVL, D. Pin). Photo n° 14 ....................................................................................................................... 112 Coussinets des membres postérieurs, sains, de Minet (ENVL, D. Pin). Photo n° 15 ....................................................................................................................... 113 Coupe histologique du coussinet atteint, vue d’ensemble (X 50, HE) (ENVL, D. Pin). Photo n° 16 ....................................................................................................................... 113 Histologie du derme : infiltration de plasmocytes (X 400, HE) (ENVL, D. Pin). Photo n° 17 ....................................................................................................................... 117 Membre antérieur gauche de Louka avant traitement (ENVL, D. Pin). Photo n° 18 ....................................................................................................................... 117 Membre antérieur gauche de Louka après 1 mois de traitement (ENVL, D. Pin). Photo n° 19 ....................................................................................................................... 120 Vue de face de Stanley, infiltration nasale (ENVL, D. Pin). Photo n° 20 ....................................................................................................................... 120 Membre antérieur droit de Stanley (ENVL, D. Pin). Photo n° 21 ....................................................................................................................... 125 Membre antérieur droit de Caramel (ENVL, D. Pin). Photo n° 22 et 23 .............................................................................................................. 125 Membre postérieur : mise en évidence du caractère dépressible (ENVL, D. Pin). Photo n° 24 ....................................................................................................................... 126 Coupe histologique du coussinet principal de l’antérieur droit, vue d’ensemble (X 50, HE) (ENVL, D. Pin).

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Photo n° 25 ....................................................................................................................... 126 Derme profond du même coussinet : infiltration plasmocytaire (X 200, HE) (ENVL, D. Pin). Table des tableaux Tableau n° 1 ..................................................................................................................... 27 Propriétés des différentes classes d’immunoglobulines. (70). Tableau n° 2 .................................................................................................................... 77 Diagnostic différentiel lorsque plusieurs membres sont atteints. Tableau n° 3 ..................................................................................................................... 79 Diagnostic différentiel lorsqu’un seul membre est atteint. Tableau n° 4 ..................................................................................................................... 85 Récapitulatif des traitements efficaces, sur 58 cas bibliographiques répertoriés, de 1980 à 2004. Tableau n° 5 ..................................................................................................................... 104 Bilan biochimique de Samy le 13/09/05. (ENVL) ; Tableau n° 6 ..................................................................................................................... 105 Bilan hématologique de Samy le 13/09/05. (ENVL). Tableau n° 7 ..................................................................................................................... 105 Electrophorèse des protéines de Samy le 13/09/05. (ENVL). Tableau n° 8 ..................................................................................................................... 122 Bilan hématologique de Caramel le 06/06/06. (ENVL). Tableau n° 9 ..................................................................................................................... 122 Electrophorèse des protéines de Caramel le 06/06/06. (ENVL). Tableau n° 10 .................................................................................................................... 127 Résultats des immunomarquages. (ENVL, D. Pin). Table des schémas et diagrammes Schéma n° 1 ...................................................................................................................... 27 Répartition de chaînes lambda et kappa dans les sérums des différents mammifères (d’après Hood et coll.). Diagramme n° 2................................................................................................................ 55 Répartition des cas selon le sexe d’après nos références. Diagramme n° 3 ............................................................................................................... 56 Répartition des cas selon l’âge d’après nos références. Diagramme n° 4 ............................................................................................................... 64 Répartition des cas en fonction du nombre de pieds atteints (sur 64 cas). Diagramme n° 5 ............................................................................................................... 64 Extrémité atteinte lors de pododermatite unipodale (sur 27 cas). Diagramme n° 6 ............................................................................................................... 65 Extrémités atteintes lors de pododermatite bipodale (sur 13 cas). Schéma n° 7 ...................................................................................................................... 68 Electrophorèse des protéines sériques, cas Samy (ENVL). Diagramme n° 8 ............................................................................................................... 71 Nombre de chats avec atteinte nasale sur 69 cas référencés. Diagramme n° 9 ............................................................................................................... 94 Conduite à tenir devant une pododermatite plasmocytaire féline. Schéma n° 10 .................................................................................................................... 123 Electrophorèse des protéines sériques. Absence d’hypergammaglobulinémie. (ENVL).

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 139 -

LEXIQUE

Acanthosique (épiderme) (p.81) : épiderme avec une hyperplasie de la couche épineuse. Celle-ci peut être régulière ou irrégulière et forme alors des crêtes épidermiques. Amyloïde (substance) (p.37) : substance extracellulaire solide et translucide, résistant aux enzymes protéolytiques, qui infiltre les organes sans les déformer, qui se dépose dans le tissu interstitiel et dans les tissus des petits vaisseaux. Amyloïdose = amylose (p.32) : affection caractérisée par le dépôt dans de nombreux organes, de substance amyloïde. L’amylose peut être localisée ou généralisée (atteinte rénale prédominante). Anévrisme (p.74) : dilatation de forme et d’importance variables du cœur ou d’un gros vaisseau. Apathie (p.40) : indolence, mollesse. Asthénie (p.40) : faiblesse et inaptitude à l’effort. Chimiotactisme (p.87) : attirance (ou répulsion) avec déplacement vers la substance chimique responsable. Chondrocytes (p.74) : cellules qui forment le cartilage. Cryoglobulinémie (p.34): présence de cryoglobuline dans le sang, c’est-à-dire de protéine sérique qui précipite au froid. Dysglobulinémie (p.34): anomalie au niveau des globulines sériques. Gammapathie (p.40) : anomalie concernant les protéines sériques gamma, c’est-à-dire celles qui migrent le plus lentement lors d’une électrophorèse. Gingivite (p.48) : inflammation des gencives. Halitose (p.48) : mauvaise haleine dont l’origine ne provient pas de la bouche. Hémochésie (p.45): présence de sang en nature dans les selles. Ichtyose (p.34): malformation de la peau (héréditaire). Néovascularisation (p.74) : formation anormale de vaisseaux dans un tissu ou un organe. Oncogène (p.62) : qui provoque la formation d’une tumeur.

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Plasmaphérèse (p.36): prélèvement partiel du sang du donneur. Une centrifugeuse permet la séparation du plasma et des éléments figurés du sang (globules rouges, blancs et plaquettes). Seul le plasma est prélevé, les éléments cellulaires sont restitués au donneur. Dans certaines pathologies, la plasmaphérèse peut être utilisée pour « épurer » le sang ou pour un véritable échange de plasma. Ptyalisme (p.48) : sécrétion salivaire exagérée. Purpura (p.34): présence de taches rouges sur la peau, dues à une hémorragie sous-cutanée. Sarcomateux (p.31) : tumoral touchant les tissus conjonctifs. Sclérose (p.75) : condensation de certains éléments constitutifs du derme (collagène, fibres élastiques) qui confère à la peau un aspect brillant et tendu et une consistance ferme. Spongiotique (épiderme) (p.81): épiderme avec de l’œdème intercellulaire. Stomatite (p.48) : inflammation de la muqueuse buccale. Squamosis (p.65) : phénomène où des lamelles épidermiques se détachent de la peau. Ténesme (p.45): tension douloureuse et brûlure produite par l’irritation des sphincters. Ulcère térébrant (p.79) : perte de substance profonde, perforante. Vasculite leucoclastique = vasculite cutanée (p.82) : inflammation de l’épaisseur des vaisseaux sanguins au niveau cutané. Xanthome (p.34): dépôt de cholestérol. Zona (p.34): affection caractérisée par une éruption de vésicules disposées sur le trajet des nerfs sensitifs.

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La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles - 151 -

STENTA Claire La pododermatite plasmocytaire du chat : connaissances actuelles. Thèse Vétérinaire : Lyon, le 20 octobre 2006.

RESUME : D’étiologie inconnue, la pododermatite plasmocytaire ne se rencontre que chez le chat. Elle se traduit par l’infiltration de plasmocytes normaux dans les coussinets. Ceux-ci sont augmentés de volume, de consistance molle ; ils s’ulcèrent souvent. Le chanfrein peut être, également, infiltré. Le diagnostic repose sur la présentation clinique et la réalisation d’examens complémentaires : cytologie, histologie. Concernant le traitement, le choix du praticien doit se faire entre une approche médicale et une approche chirurgicale, selon le contexte. L’utilisation de doxycycline semble être l’option médicale la plus intéressante ; l’exérèse des coussinets apporte des résultats satisfaisants.

MOTS CLES :

- coussinet - chat - plasmocyte - pododermatite

JURY :

Président : Monsieur le Professeur Michel FAURE.

1er Assesseur : Monsieur le Professeur Gilles BOURDOISEAU. 2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Jean-Luc CADORE. Membre invité : Monsieur le Docteur Didier PIN.

DATE DE SOUTENANCE :

20 octobre 2006. ADRESSE DE L’AUTEUR :

156, allée de Bernicles Lotissement Les Anémones

83270 Saint Cyr sur mer.