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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
« Manières de faire des liens : travailler la référence et la référenciation1 en cours d’arts plastiques »
1 Cf. Néologisme tiré de l’ouvrage « Quelles sont vos références ? », p. 94.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Introduction : Les arts plastiques, l’aventure des formes…
Hypothèse et questions de recherche : Retrouver la chair de la
référence…
1 - Premières expérimentations pédagogiques : travailler la référence sous différents angles
1.1 – Approcher la référence par la pratique ; écart, détournement, appropriation…
1.2 – Se questionner sur la référence
1.3 – Bilan concernant ces deux approches
2 - De la référence à la référenciation
2.1 – Typologie des références rencontrées
2.2 – Faire des liens : pratiquer la « relation à… »
3 - Nouvelle expérimentation pédagogique : créer la carte des références (faire apparaître et manipuler le champ référentiel par les élèves)
4 – Conclusion
5 – Bibliographie
6 - Annexes
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Introduction : Les arts plastiques, l’aventure des formes…
Notre discipline comporte une dimension pratique et une dimension culturelle.
Si la pratique est là pour mettre en œuvre des savoir-faire et enclencher des
expérimentations, la culture spécifique est là pour éclairer la démarche des élèves,
l’enrichir, la questionner, et la mettre en perspective face à l’histoire et à l’actualité
des formes et des concepts des arts plastiques. Ainsi par ses actions, éclairées par
la réflexion, l’élève découvre un vaste domaine de signes et de significations que les
pédagogues nomment le champ référentiel.
Il faut que petit à petit, au travers de ses réalisations, la pratique de l’élève lui
devienne signifiante, qu’il goûte lui-même à l’invention de signes et à la production
de sens. Il faut alors pour cela, savoir prendre du recul sur la chose produite. Qu’est-
ce ? Comment est-ce fait ? D’où est-ce que ça vient ? A quoi cela sert-il ? Cela
ressemble-t-il à quelque chose que je connais ? A travers l’énonciation des gestes et
des choix opérés, à travers les échanges avec les autres (lors de la verbalisation),
l’élève découvre et apprend à comprendre la portée de ses actions. Il analyse sa
pratique.
« L’élève apprend à ce que son travail soit considéré et il apprend lui-même à
donner sens à ce qu’il fait et à ce que font les autres et ce d’autant par la
confrontation qu’il convient d’établir avec la réalité des œuvres d’art. »2
Le professeur est là pour mettre en place les moyens, les dispositifs et les
méthodes qui permettront à ceux-ci de découvrir et de s’orienter dans ce vaste
champ de références stratifié tout au long du cursus au collège. C’est entre autre ce
que tentent, la projection d’images, les recherches au CDI, la visite au musée ou
2 Cf. Pélissier, (2006).
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
l’emprunt d’une œuvre à l’artothèque, les fiches de synthèses3 et les documents
distribués aux élèves. La mise en place d’une culture de classe, de la classe d’arts
plastiques.
Face à cette mémoire collective archivées dans la classe, dans le collège et
hors du collège, face à ce savoir reconnu, celui qui fait référence, se développe un
autre type de savoir… celui de la créativité. Un inconnu, un horizon ouvert à partir de
questions posées par le professeur : une aventure dont l’élève est le personnage
principal. Passionnante discipline qui allie connu et inconnu, découverte et invention,
intelligible et sensible, maîtrise de savoir-faire et expérimentation, apprentissage et
invention de mondes…
Mais quelles difficultés et quelle responsabilité ! Transmettre aux élèves les
outils et les capacités d’accumuler du savoir connu pour s’orienter dans des univers
inconnus.
Quel défit passionnant !
3 Toutes les fiches de synthèse des séquences évoquées dans ce mémoire se trouvent dans la rubrique « Annexe » à titre d’exemple.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Hypothèse et questions de recherche : Retrouver la chair de la référence…
Au début de l’année scolaire, on nous posa la question concernant notre
question de recherche pour notre mémoire professionnel. A vrai dire, je n’en avais
pas… ou plutôt, j’en avais trop, toutes ! Comment enseigner les arts plastiques à des
collégiens ? Il y a-t-il des techniques pour transmettre ? Que noter et comment
noter ? Comment s’assurer que le savoir est transmis ? Comment fixer la
connaissance ?, etc. Tout était à faire. Une question tout de même revint plusieurs
fois et sans doute pas par hasard.
Lors du séminaire sur la question de la référence à l’IUFM4, cette question fit
écho à plusieurs du même genre que je me posais. Est-ce que je montre les bonnes
références ? Ne suis-je pas trop contemporain ? Est-ce que j’en montre assez ? Que
comprennent-t-ils de cette sculpture de Jeff Koons ou de cet urinoir de Marcel
Duchamp ? Ont-ils aimé Joseph Kosuth, pourtant si conceptuel et si peu dans
l’éclat ?
J’aime tellement l’art … je ne voudrais pas gâcher une référence. Leur gâcher
une si belle occasion de rencontrer l’art et d’apprendre…
Au début de mes cours, j’ai eu le sentiment que je n’utilisais pas bien les
références. Quelques fois, le temps passé sur les images avait débordé sur le temps
restant pour la pratique, dommage. Quelques fois, c’était l’inverse, une référence
montrée 2 minutes avant la sonnerie, sans commentaire. Quelques fois le sentiment
de montrer une image sans véritable justification, parce que c’était le moment de la
référence… Certaines fois l’impression d’avoir projeté quelque chose de trop
compliqué ou à côté su sujet… ou bien n’avais-je pas su faire le lien pour eux ?
Quelques fois, je faisais le commentaire à leur place… j’aime tellement les œuvres.
4 Séminaire dispensé par Cécile Hartl, le 29/09/2009.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
J’avais le sentiment que je pouvais mieux faire. D’autant que mon goût pour
les œuvres m’obligeait à travailler là-dessus.
Je savais que le moteur de ma pédagogie vient de l’art, des œuvres elles-
mêmes. Que souvent l’idée pédagogique vient d’une œuvre-clé. Mais comment à
partir de celle-ci garder l’essentiel et le transmettre aux élèves. Comment dépasser
l’accumulation d’étiquettes, de noms d’artistes, de titres d’œuvres, de mots de
vocabulaire et de notions abstraites ? Comment éviter l’aspect quantitatif du
catalogue de références et retrouver le qualitatif, le sens, la chair de la référence ?
A la suite de ces premiers constats et de ces premières questions. Je précisais mon
interrogation. Comment travailler la référence en cours d’arts plastiques ? Comment
amener les élèves à s’approprier le champ référentiel ?
Finalement ces deux questions essentielles se rejoignaient. Elles étaient deux faces
d’une même problématique ; d’un côté la référence une forme porteuse de sens et
de qualités plastiques, de l’autre un réseau complexe de termes, de notions et de
vocabulaire.
Elles se synthétisèrent en une seule question :
Comment travailler les références en cours d’arts plastiques de manière à ce que les
élèves s’approprie le champ référentiel ?
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
1 - Premières expérimentations pédagogiques : travailler la référence sous différents angles
A propos de la référence… « Ce concept défini en deux temps, appropriation
d’abord, puis déplacement-dépassement, conduirait ainsi à écarter dans un premier
temps une copie simple, d’un document à un autre, dont la finalité de ne serait que
mimétique. » P. 94.
Suite à ces premières réflexions, j’ai décidé de mettre en place plusieurs
expériences pédagogiques qui me permettraient de mieux travailler la référence en
cours d’arts plastiques et de ce fait espérer une meilleure transmission du champ
référentiel. Je présente donc ici deux approches que j’ai voulues complémentaires.
La première partie présente des expériences basées sur l’utilisation des références
d’un point de vue pratique plastique, les références, souvent iconiques, y sont
directement manipulées, interprétées, modulées… Dans la seconde partie, j’ai tenté
une approche de réflexion sur les références avec les élèves, il s’agit donc d’une
approche plus intellectuelle de la référence (même si bien sûr, toute approche
pratique use aussi de l’intellect), le but visé n’est une production mais la transmission
d’une réflexion sous forme écrite. Toutes ces séquences dispensées sont illustrés
par leur fiche de synthèse – fiches récapitulatives des sujets donnés aux élèves,
accompagnées du vocabulaire, des références artistiques, des critères d’évaluation
ainsi que des éléments iconiques vus pendant le cours – en fin de mémoire dans la
rubrique « Annexe », afin que le lecteur puisse se faire une idée des données
transmises aux élèves : références, notions, vocabulaire, questions…
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
1.1 - Travailler la référence comme matériau plastique ; écart, détournement, appropriation…
1.1.1 – Niveau 6ème, « Une version énergique », réinterpréter Zurbaran
Lors de cette séquence, il s’agissait d’aborder la question de la touche en
peinture avec des élèves de 6ème. La touche en tant que l’empreinte du pinceau
laissée sur la toile mais aussi en tant que style, manière de faire de l’auteur5. En
somme une identité incarnée dans la matière par le geste du peintre…
Le sujet fut d’abord distribué aux élèves accompagné d’une reproduction en
noir et blanc au format A4 de la « Nature morte aux citrons » de Zurbaran, 1633.
L’image en couleur, de bonne définition, était projetée durant toute la séquence.
Comme à notre habitude, nous avons commencé par la commenter ensemble :
- Que voit-on ?
- Qu’est-ce qu’une nature morte ?
5 PEINT. Action, manière de poser, d'appliquer à l'aide du pinceau la peinture sur la toile; p. méton., couleur appliquée d'un seul coup de pinceau; résultat du coup de pinceau. Synon. facture1, griffe1, style1. Cf. Trésor de la Langue Française Informatisée (TLFI), http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?11;s=1871720655;r=1;nat=;sol=0;
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Nous avons évoqué la composition, la nature des objets disposés, la matière,
la couleur, la touche et la ressemblance. Enfin, nous avons lu le sujet :
« On vous demande de faire une version d’une nature morte de Zurbaran sur
un format imposé. Le commanditaire vous demande de rajouter de la vitalité,
du « punch » à ce tableau. Il est extrêmement pressé et viendra regarder les
différentes versions. Toute la classe participe à cette épreuve. »
Alors les questions arrivèrent :
- « Monsieur, c’est quoi le punch ? »
- « Comment donner de l’énergie à cette image ? »
- « Monsieur, ça doit ressembler ? »
- « Est-ce qu’on est obligé de tout représenter ? »
- « Est-ce qu’on doit faire les mêmes couleurs ? »6
Je profitais alors pour préciser ce qu’est la touche en peinture. Puis je
rappelais que cette forme, laissée par le pinceau qui peut être plus ou moins visible,
effacée, cette trace… nous l’avions déjà expérimentée en début d’année scolaire lors
de la séquence « Un outil insolite ». Les élèves avaient fabriqué des outils pour
peindre à partir d’objets et de matériaux de récupération, puis avaient produit
plusieurs types de traces et d’empreintes avec. Ils connaissaient donc cela par la
pratique, cela allait-il les aider à remarquer les coups de pinceaux dans les
références projetées ? Allaient-ils d’eux-mêmes réactiver des gestes déjà appris ?
Dans le sujet proposé, se posait encore la question de la ressemblance ou de
la dissemblance que la plupart des élèves avaient du mal à cerner. « Monsieur, faut-
il que cela ressemble ? ». Je décidais alors de projeter d’autres références afin de
donner des exemples de touches différentes et de « punch »… D’abord Paul
Cézanne « Nature morte aux pommes », 1880, puis Vlaminck « Nature morte au
couteau », 1910. Nous reparlons alors de la touche, les élèves s’approchent pour
regarder. Enfin, je projetais une dernière référence, Willem De Kooning « DAM »,
1975. Mais cette référence, dont le but était d’illustrer la tonicité des gestes du
6 Notes issues de mon carnet de bord, datées du 8/03/2010.
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peintre, en aucun cas le sujet représenté ou le thème, jeta le doute ; « Alors, on peut
faire n’importe quoi ?! ». Je dû préciser que cette référence là était regardée pour le
geste et non pour le sujet. D’ailleurs voyait-on un sujet dans cette peinture ? Et que
l’on devait s’inspirer du sujet de Zurbaran mais des gestes présents dans les autres
peintures montrées. La peinture d’origine devant rester reconnaissable ou au moins
identifiable. Les élèves ont pu constater les coups de pinceaux et les mouvements
laissés dans l’image. Et même si pour certains l’éloignement de la réalité semblait
poser problème, tout le monde s’est accordé que le fait que ces dernières images
étaient plus « dynamiques » que celle de Zurbaran. Puis les élèves se mirent au
travail.
La difficulté technique de devoir reproduire une image à l’identique étant ici
éludée par la nature même du sujet proposé, tous les élèvent semblèrent prendre
beaucoup de plaisir à libérer leurs gestes.
J’avais imposé deux formats différents (A4 et Raisin) en fonction des classes.
Ceci, justement pour observer à quels points les résultats d’une même séquence
seraient différents vis-à-vis d’une même proposition, somme toute assez
contraignante. Malheureusement, les résultats en grand format (Raisin) ne furent pas
très satisfaisants. Même si les gestes étaient plus amples, la difficulté pour les élèves
à gérer un si grand espace semble les avoir plutôt limités que propulsés. Aucun
format n’est rempli entièrement, les espaces sont plutôt assez vides et les traces de
peinture, certes très gestuelles, sont trop éloignées de l’œuvre originale pour faire
sens. Ont-ils pris trop de plaisir à expérimenter le geste au point d’en avoir oublié
l’image de départ ? Ont-ils pris trop de distance vis-à-vis de la référence ?
Par contre, dans l’ensemble, pour les petits formats (A4), l’expérience est
satisfaisante. Ils ont tous été utilisés en entier. La touche, le geste, les couleurs et les
formes y ont été expérimentés au regard de l’image projetée. La référence est à la
fois présente – les images produites montrent approximativement les mêmes formes
agencées approximativement comme celles de la nature morte – et interprétée – les
couleurs et les formes ont pris de la liberté vis-à-vis « du modèle ». Il y a bien
inspiration et distance.
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1.1.2 - 4ème, « Paysage infini » : décadrer Man Ray
Pour cette deuxième expérimentation pédagogique, J’ai demandé aux élèves
de 4ème de composer des paysages à partir d’images de corps. Après la distribution
des images de Man Ray (deux images par élèves en noir et blanc au format A4) et
des sujets, nous avons regardons les images, de qualité, projetées en grand format
et avons lu le sujet :
« À partir d’une des deux photographies proposées par le professeur,
sélectionnez une partie du corps présent dans l’image puis recomposez un
paysage. »
Personne ne semblait, à priori, convaincu qu’une image de corps pouvait
devenir une image de paysage. Et même si la description de telle ou telle partie de
l’image pouvait faire penser à une partie de paysage… il fallait expérimenter, il fallait
pratiquer. Je distribuais alors des feuilles sur lesquelles sont reproduits des cadres
carrés à évider. Puis à l’aide du mien déjà découpé, je recadrais une partie d’une
reproduction de Man Ray de manière à exemplifier le geste de recadrage. Les élèves
s’étaient approchés pour voir. Nous avons alors commenté ensemble les détails
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laissés visibles. Ici un cour d’eau, là une vallée, ici peut-être un nuage et là une
montagne en devenir… Puis les élèves sont retournés à leur place pour faire de
même.
Après avoir choisit une image de départ (l’un des deux Man Ray), il devait
chercher la meilleure partie de l’image qui leur faisait penser à un paysage. Puis, une
fois l’échantillon découpé le coller au centre d’une feuille de papier Canson A4
blanche. Ensuite, par groupe de deux ils ont échangé leur sélection. Je pris alors
deux exemples de recadrages réalisés puis invita de nouveau les élèves à
commenter ce que nous voyions ; « C’est abstrait monsieur ! », « Cela ne ressemble
à rien ». Je leur demandais « pourquoi cet échantillon n’a plus le même sens ? ».
« Parce qu’il est trop petit ! », « Parce qu’il est carré », « Parce qu’on ne sait pas ce
qu’il y avait autour »… Ce fut le moment d’évoquer plusieurs notions ; le cadrage
(j’en profitais pour parler des valeurs de plan) puis le hors-champ… ce qui n’est pas
là ! Nous avons alors évoqué le fait que par l’opération de recadrage, nous venions
de couper l’image de ce qui l’entoure, de son contexte et justement, ce qui entourait
l’échantillon lui donnait sens. Que le contexte informait l’élément... Que diverses
formes peuvent entourer le collage réalisé et qu’en fonction de celles-ci, l’image
n’aura plus le même sens, et que finalement cela ne représentera plus la même
chose… ce ne sera plus la même image. Qu’une image d’origine, une référence,
peut trouver son sens changé par l’addition ou la soustraction de nouveaux éléments
dans celle-ci… par l’incrustation, par la découpe, par le collage…
Les élèves ont tous composé des paysages, plus ou moins réalistes, mais
crédibles7. Durant la séquence suivante, j’ai inversé la demande. A partir d’images
de paysages, je les ai invités à composer des visages.
1.1.3 - 3ème, « Je fais partie de l’œuvre » : s’approprier une œuvre existante
7 Quelques exemples sont visibles en fin de mémoire dans la rubrique « Annexes ».
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Pour cette troisième expérimentation plastique de la référence, j’ai invité les
élèves à inclure leur image dans une reproduction d’une œuvre existante de manière
à s’approprier l’image de référence. J’avais demandé aux élèves d’apporter une
image d’eux ainsi que la reproduction d’une œuvre du XXème siècle.
Au début du cours, j’ai distribué les sujets accompagnés de deux
reproductions, l’une de Fernand Léger « Les constructeurs », 1960 et l’autre de
Picasso ; « Les ménines », 1957. J’avais prévu que certains oublieraient d’apporter
une reproduction d’œuvre mais surtout, j’avais envisagé de proposer des œuvres qui
figuraient sur la liste des œuvres proposées aux 3ème pour l’épreuve d’histoire des
arts. Il s’agissait de permettre aux élèves le désirant d’inclure leur production
plastique dans leur exposé. La plupart des élèves ont choisi les œuvres que j’avais
proposées, la majorité d’entre eux ont pris « Les constructeurs » de Fernand Léger.
A partir de ces références projetées, que nous avons décrites et commentées,
nous nous sommes posé des questions concernant la structure de l’image ; quelle
est son espace ? Comment celui-ci est-il divisé ? Par quoi ? Des droites, des
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courbes ? Quels sont les axes de construction ? Quelles sont les couleurs utilisées ?
Puis vinrent les questions de sens, quelle est la scène représentée ? Où ? Comment
et pourquoi ? Très vite, suite à la lecture du « cartel » - par souci de précision
concernant la transmission des références, toutes les images que je projette sont
accompagnées de leur « cartel » ; auteur, titre, date - les élèves ont soumis l’idée
qu’il s’agissait de parler d’un hommage au travailleurs ou d’une probable évocation
de la reconstruction de l’après guerre.
L’idée était d’habiter l’œuvre… Il fallait donc se poser la question des espaces
possibles à habiter, en haut ? en bas ? Et comment l’habiter ? Tenter de recopier le
style de dessin de Fernand Léger et ses couleurs pouvait être une solution. Copier
non pas pour la performance technique mais pour d’une part imiter afin d’incruster
son portait dans le même style et par là même de tenter une fusion entre l’élément
rapporté et l’image d’origine.
1.1.3 Conclusions concernant ces premières expériences pédagogiques.
Ces trois premiers exemples ont montré divers approches pratiques de la
référence. Dans le premier exemple, la séquence concernant la nature morte, La
difficulté était à plusieurs niveaux. Tout d’abord, le sujet principal… s’inspirer d’une
image de référence et l’interpréter imposait à la fois de s’approcher de la référence et
de s’en éloigner, de prendre de la distance : de travailler l’écart. Les exemples
présentés en fin de mémoire, montrent assez bien ce que je veux dire par là.
Mais j’ai pu constater dans cet exemple que la nature morte, ici employée non
pas comme modèle à reproduire, mais comme source à interpréter était là pour
proposer ses composantes et ses qualités plastiques : un réservoir. C’est ce que j’ai
tenté de faire percevoir aux élèves et de leur transmettre. Par l’expérimentation de
gestes - qui sont présents dans l’image d’origine mais « pliés » dans le faire de
l’image, incrustés et dont l’empreinte est lisible par les coups de pinceau – de
manière à les réactiver, à les déplier… J’ai donc tenté de rendre la référence active
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en tant que potentiel de gestes. Mais finalement que s’agit-il de retenir de cette
peinture ? Le titre ? L’auteur ? La facture ? L’exemplification d’un thème ? Ai-je bien
fais travailler la référence ou bien plutôt la relation à une référence dans la praxis ?
Ce qui existe entre l’objet de référence et ce que je fais ? Ce que je nomme la
chair de la référence comme la chair du visible dont parle Merleau-Ponty, la relation
à... en tant qu’une épaisseur signifiante.
Dans le second exemple, à partir des deux photographies de Man Ray, les
élèves ont expérimenté le recadrage et abordé la question du hors-champ. Il semble
bien que les notions soient passées, nous les avons réactivées la semaine suivante
avec la séquence inverse qui consistait à transformer une image de paysage en
portrait. Mais comme dans le premier exemple, que reste-t-il des références utilisées
durant le cours ?
Un titre ? un auteur ? une date ?
Ici, ces deux images ont été utilisées comme matériau plastique à recombiner
et non comme exemplification. Ces photographies ne présente aucun aspect
particulier du recadrage photographique ou de la recombinaison, de l’incrustation, du
photomontage… je les ai choisies pour leur qualités plastiques, en dehors de ces
questions, pour les noirs et les blancs, et pour les éléments présents dans l’image
qui pouvait même morcelée garder un potentiel graphique fort. Dans cette
séquences, les références ne portent par sur les notions principales à illustrer.
Alors ici encore, que faudrait-il retenir de ces images ? Qu’est-ce que l’élève
est sensé retenir de tout cela ? Man Ray, la date de réalisation, la facture, les
composantes, les notions ? Il semble que plus que l’étiquette, le nom de l’artiste ou
la date c’est le potentiel plastique de cette image qui devait être retenu difficile notion
à transmettre. Mais surtout, est-ce vraiment une référence ? Suffit-il d’avoir utilisé un
Man Ray pour sa force plastique pour parler d’une référence ? Ne suis-je pas à côté
de mon sujet ? Ai-je bien travaillé la référence ? Ou bien à mesure de mes
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
expériences, mon sujet n’est-il pas en train de se déplacer ? N’y-a-t-il pas plusieurs
types de références en fonction des usages ? D’où la difficulté d’en saisir l’impact…
Pour le troisième exemple, celui de l’incrustation de son portrait dans une
œuvre du XXème siècle, l’analyse de l’image devait permettre à l’élève de soumettre
une proposition subtile d’incrustation de son portrait. Il fallait comprendre la
référence pour l’habiter, la saisir pour en tordre le sens ou en tout cas le changer. Et
cette compréhension pouvait se faire de deux manières ; par l’analyse commune et
individuelle de l’image de référence et par la reproduction totale ou partielle de celle-
ci. En somme, une intégration intellectuelle et/ou sensible de la référence. Ici, La
seule utilisation plastique, la recomposition, la sélection d’un élément ou d’une
couleur devait être accompagnée d’une réflexion quand à l’espace à utilisé. Les
références jouaient donc un rôle de conteneur de matériau plastique (comme dans le
cas du recadrage de Man Ray) mais aussi de moteur de sens, la thématique devait
être respectée.
L’articulation devait donc jouer sur les deux niveaux du visible et de
l’intelligible. Il me semble que dans cette séquence, la référence a vraiment été
travaillée en tant que telle ; par le transfert de ses contenus plastiques et de son
sens, par la réactivation de gestes et de pensées présentes dans l’image source. Ici,
même si les réalisations ne le démontrent pas forcément, toutes les dimensions de
la références semblent avoir été mises en jeu : composantes plastiques,
composantes symboliques, notions, vocabulaire, titre, auteur, date, iconographie. Il
faut dire que c’est la dernière des expérimentations. Peut être pas la plus réussie,
mais la plus complète en ce qui concerne le travail de la référence en cours d’arts
plastiques.
A partir de ces premières expériences, il m’a semblé que le l’usage des
références, la manière dont on les utilisait ne transmettait pas la même chose,
dépendamment que l’on visait une notion, une qualité plastique particulière, un savoir
faire technique, une méthode de mise en œuvre. De même, il me semblait difficile
voire impossible de séparer la référence des actes qui l’ont mis en forme. Comme
expliqué ci-dessus, les concepts et les gestes pliés dans l’œuvre ne sont-ils pas la
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chair de la référence, plus que l’étiquette… au-delà des œuvres. Comment alors
travailler ces matières contenues dans les œuvres ? Plus je travaillais la référence et
plus je me rendais compte que la référence, que j’avais tendance à restreindre
d’abord à la question de l’œuvre, la vrai référence avait plus à voir avec une manière
d’activer des processus plastiques de pensée ou de geste qu’avec une étiquette
brillante. En somme que se passe-t-il entre la pratique de l’élève et ces formes
« modèles », « containers de gestes et de concepts », « exemples », « illustrations »,
« contre exemples », « matériaux plastiques » ? N’était-ce point la cible la référence
le centre de la question ou plutôt « la relation à… » Cette référence ?
Pour continuer cette enquête, je décidais de m’accompagner de mes
collaborateurs les mieux placés, ceux qui travaillaient les références, ceux qui
avaient déjà expérimentés la référence, les élèves de 6ème 6.
1.2 – Se questionner sur la référence
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1.2.1 - 6ème, Questionnaire sur les références : s’interroger sur ce qui a été vu…
J’ai commencé par poser le plus simplement aux élèves : Qu’est-ce qu’une
référence ? A quoi ça sert ? Au même moment, je me suis dit, c’est bien trop
compliqué, trop difficile pour eux… mais les premières réponses en guise
d’introduction m’étonnèrent :
- Monsieur, c’est pour repérer des objets dans les magasins !8
- Oui, c’est vrai ça permet de repérer des choses, mais en dehors du cadre
commercial, dans un cours d’arts plastiques par exemple, qu’est-ce que cela
peut-il vouloir dire ?
- C’est quand quelqu’un est un modèle, une star ?
- C’est des idées…
- c’est des modèles … ou des exemples
- C’est des aides
- C’est pour démontrer
8 Notes extraites de mon carnet de bord, datées du 8/02/2009.
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Je fus étonné par ces premières réponses car si la référence commerciale sort du
cadre attendu, je ne l’avais pas envisagée, elle corresponde tout de même à une des
dimensions de la référence, son accessibilité au travers d’une multitude d’objets. De
même, la notion de modèle ou l’exemplification, et enfin l’aide sont des approches
possibles de la référence. J’en rajoutais tout de même une dimension qui me
paraissait essentielle : celle de l’enrichissement culturel.
Afin de savoir ce qu’avait retenu les élèves des références projetées depuis le
début de l’année et aussi ce qui avait été compris, j’avais réalisé un questionnaire
que je leur distribuais. Un exemplaire de celui-ci est consultable en fin de mémoire
dans la rubrique « Annexes ». Ce questionnaire regroupe toutes les séquences
données aux élèves de 6ème. Afin de restreindre les éléments présentés et de
simplifier le travail qui me semblait déjà relever d’un défit, je n’ai sélectionné qu’une
seule des références par séquence présentée aux élèves. Chacune d’entres est
accompagnée du même jeu de question. Si toutes les séquences furent renseignées
par les élèves, je n’ai choisit ici de ne développer ici l’analyse des réponses à une
seule d’entre elles car, j’en arrive aux mêmes conclusions.
J’ai tenté de savoir si les élèves reconnaissait l’image présentée, s’il la mettait en
relation avec le sujet traité et/ou avec leur propre réalisation, et finalement ce qu’il
avait appris durant cette séquence. Les élèves ont travaillé par groupe durant deux
séances pour répondre à ce questionnaire. Ils pouvaient s’aider de leur porte-vues
dans lequel sont consignées les fiches de synthèse des sujets traités.
Cette séquence est la première de l’année scolaire dispensée aux élèves de 6ème.
« Je ne sais pas dessiner ». Elle est d’autant plus intéressante qu’elle remonte loin
dans le temps et que le public concerné est celui des nouveaux arrivants au collège
qui pour la plupart ne connaissent donc pas l’approche des arts plastiques dans ce
contexte. Qu’ont-ils appréhendé de ce que nous avons vu ? Qu’ont-ils retenu ?
Lors de cette séquence ; « Je ne sais pas dessiner », les élèves furent invités à
dessiner leur paire de ciseaux quatre fois de suite. D’abord dans un temps très court
puis progressivement dans un temps très long, cela sur une feuille A4 à l’aide d’un
crayon à papier (cf. fiche de synthèse dans la rubrique « Annexe » en fin de
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
mémoire). Nous avions préalablement observé des autoportraits de Rembrandt et de
Dürer et remarqués la qualité des gris due aux divers coups de crayon.
Dans ce questionnaire distribué aux élèves, le tableau présente une image coupée
de son « cartel » (auteur, titre, date), qu’il faut retrouver de mémoire ou bien dans
son porte-vues. Puis quelques questions :
- Qu’avons-nous travaillé lors de cette séquence ?
- Dans le travail demandé, quel est le rapport avec cette référence ?
- Dans le travail que vous avez réalisé, il y a-t-il un rapport avec cette référence ? Si
oui, lequel ?
- Qu’avez-vous appris lors de cette séquence ?
On le voit à travers ces questions je cherchais à mettre à jour un rapport ou
plutôt plusieurs rapports… entre l’image et la pratique de l’élève, entre les références
et les notions (souvent implicites pour l’élève), entre des images et le souvenir qu’on
en a (que réactive la projection d’une référence chez l’élève ?).
Séquence 1 « Je ne sais pas dessiner »
Qu’avons-nous
travaillé lors de
cette séquence ?
Corentin : « Nous avons travaillé les traits épais ou fins dans des
temps rapides et lents ».
Ulraïcha : « Nous avons essayé de dessiner et on nous
chronométrait ».
Jeanne : « Lors de cette séquence, nous avons travaillé sur les
différentes valeurs de gris en utilisant de la gouache et un
pinceau ».
Melvin : « Nous devions dessiner une paire de ciseaux en
dessinant les ombres ».
Fadia : « Dessiner dans un temps record ».
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Thomas : « Nous avons dessiné des ciseaux avec ou sans
modèle, en temps définis »
Mathilde : « On a travaillé la nuance de noir »
Anne : « Nous avons travaillé sur l’ombre »
Lola : « Nous avons travaillé à prendre notre temps et aller
jusqu’au bout des choses avec le temps donné »
Dans le travail
demandé, quel
est le rapport
avec cette
référence ?
Corentin : « Le rapport avec le travail demandé est le trait
(valeurs de gris, épaisseur) ».
Cloé : « le rapport : dans notre travail, nous avons dû faire des
nuances de gris ».
Jean-Baptiste : « Il y a des traces de crayon à papier ».
Elodie : « C’est dessiné avec plein de coups de crayon ».
Thomas : « On devait dessiner ce qu’on voyait en jouant avec
les ombres ».
Nathan : « Garder la mémoire »
Anne : « L’autoportrait est fait à partir de petits traits et l’ombre
des ciseaux aussi »
Claire : « Il y a un rapport car sur le dessin nous voyons des
nuances de gris »
Dans le travail
que vous avez
réalisé, il y a-t-il
un rapport avec
cette référence ?
Si oui, lequel ?
Adam : « Oui, mais que pour les valeurs du gris et les ombres
mais pas la tête ».
Juliette : « Oui, les nuances de noir, gris et blanc ».
Qu’avez-vous
appris lors de
cette séquence ?
Melvin : « Nous avons appris à dessiner les ombres ».
Thomas : « On peut savoir dessiner sans savoir dessiner ».
Johana : « Nous avons appris à dessiner en peu de temps ».
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Thomas : « Nous avons appris à faire des effets d’ombre ».
Anne : « Nous avons appris que l’on peut faire une ombre avec
des traits »
Claire : « Nous avons appris à dessiner une paire de ciseaux
mémorisée ou en reproduction avec le plus de détails »
1.2.2 Bilan concernant cette dernière approche de la référence
Si concernant le travail accompli, certains semblent n’avoir retenu que l’aspect
performatif et les contraintes de la séance «… On nous chronométrait. », « …Dans
un temps record », d’autres ont mis l’accent sur la technique, « Nous avons travaillé
les traits épais ou fins », « Nous avons travaillé sur l’ombre ». D’autres ont saisi le
travail à un autre niveau. Ainsi dessiner « dans un temps record » devient « prendre
le temps » celui du regard ? … « À aller jusqu’au bout des choses », toujours le
regard ? Si l’analyse ne va pas plus loin, pour certains, elle laisse supposer la
compréhension d’une donnée qui leur était implicite, celle de la relation entre le
temps d’observation et celui de l’exécution, la relation œil-main.
Concernant le rapport entre la référence (ici l’autoportrait de Rembrandt) et le
travail demandé aux élèves, la plupart des élèves ont bien compris ce qu’il fallait
relever : les valeurs de gris, les différents coups de crayons, les épaisseurs, les
nuances. Mais une réponse est très frappante car elle devance de loin ce que
j’attendais de la part des élèves, et ce à plusieurs niveaux. Celle de Nathan :
« Garder la mémoire ». Nathan comprend-il réellement le dessin de Rembrandt
comme la mémoire d’une chose ou d’un geste ? Ou bien veut-il nous dire que le
travail à effectué est un travail de mémoire de la chose observée ? Etonnante
réponse car elle met à jour la problématique de ma séquence qui était précisément
de confronter mémoire et observation. Nathan aurait-il trouvé la problématique
motrice de ma séquence par lui-même ? Pourtant cette problématique n’est jamais
donnée telle quelle aux élèves mais reste présente de manière implicite dans la fiche
de préparation de cours sous la forme d’une question.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Concernant le rapport entre la pratique des élèves et l’image montrée, les
élèves font bien la relation et pointe les différences. Il s’agit bien de traiter les valeurs
de gris mais pas le modèle qui a changé, « Oui… mais pas la tête ». La relation est
donc personnalisée entre ce que j’ai fait et ce que je vois. Par ailleurs, concernant
d’autres séquences, à la même question (« Dans le travail que vous avez réalisé, il y
a-t-il un rapport avec cette référence ? Si oui, lequel ?), certains élèves n’hésitent
pas à répondre « Aucun », « Je n’en fait pas » ou « Je n’en vois pas ».
Enfin, que reste-il de notre travail ? « Des effets d’ombre » ? A ma grande
surprise, à ces questions difficiles car pour certaines d’entre elles abstraites, les
élèves ont donné beaucoup de réponses et des informations essentielles.
On le voit ici la diversité des liens exprimés, entre la pratique de l’élève et la
référence observée, mettent en évidence diverses perceptions et diverses
mémorisations des sujets proposés par le professeur. Certains ne retiennent que les
contraintes et le dépassement de celles-ci par la performance. D’autres s’attachent
aux détails présents dans l’image et oublient le but de la séance, pratiquer,
expérimenter. D’autres enfin retiennent l’expérience ; l’observation et la réalisation.
Personne n’a raison, tous selon leurs modes de perception du temps, de l’action et
l’appréhension du sujet auront su tisser leurs propres rapports au sujet… et aux
références.
2 - De la référence à la référenciation
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Que cela soit du point de vue de la pratique ou du point de vue de la réflexion,
j’ai tenté de faire manipuler les références par les élèves. Mon souhait était
d’améliorer la transmission de celles-ci sous leurs différentes dimensions : notions,
titres, dates et images. Cependant, Il me semblait que ni la réflexion, ni la pratique
seules ne pouvait se passer l’une de l’autre ? Et au fil de ces premières expériences
je constatais qu’une autre question ne pouvait se soustraire à la première, comment
les élèves faisaient-ils des relations avec ces termes abstraits (Comment eux
s’appropriaient-ils le champ référentiel). Autrement dit, quelles sont les différentes
manières de relier, de trouver des rapports, d’établir des comparaisons entre ces
références. C’est-à-dire la manière de faire des liens… ce que certains nomme la
référenciation.
C’est cela que je nomme la chair de la référence, le sens, le contenu, ce qu’il y a
entre moi et la chose, ce qui va faire sens, notion, étiquette, vocabulaire, savoir-
faire… tout cela constituant une agrégation qui fait sens pour moi dans ma rencontre
et la chose.
Finalement, j’avais d’abord raccourci ma question de recherche en centrant la
sur la référence. Il fallait désormais ouvrir ma question à l’acte de faire référence.
« Référenciation, issu de la linguistique, désignait « dans une unité d’information
les marques verbales ou autres qui renvoient le lecteur à une unité d’information qui
lui est liée », une définition en boucle, où la référence apparaissait comme un
mécanisme, celui que nous utilisions tous, élèves, enseignants, adultes, enfants.
J’imaginai alors que ce mécanisme se devait d’être « bien huilé », afin que sa
fonction de circulation des références soit efficace. Du même coup, grâce à cette
précision donnée à la référenciation, je limitais la référence à ce à quoi l’on se réfère
(ou ceux à qui l’on se réfère). »9
9 Cf. « Quelles sont vos références », p. 20-21.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Mais avant d’aller plus loin dans cette question de la référenciation… cette
nouvelle piste de fit écho à une remarque de Giordano Bruno dans son ouvrages
« Des liens » :
« Il est des choses qui lient par elles-mêmes, d’autres qui lient par certaines
partie ou qualités en elles ; il en est qui lient en raison d’une autre chose dont elles
sont voisines, solidaires, ou auprès de laquelle elles sont disposées – tout comme un
édifice de belle forme résulté de l’agrégat de parties informes en elles-mêmes. »
Si des choses doivent être liées, et si j’espère que les élèves feront des liens
avec ce qui est vu, de manière à s’approprier les choses. De manière à tisser leur
rapport aux choses et de ce fait à développer leur propre relation au monde… la
manière dont on peut lier ces choses, qu’elles soient choses concrètes (des gestes,
des morceaux de matériaux différents) ou abstraites (des idées, des notions) n’est-
elle pas contingente des choses elles-mêmes ? Lier n’est-il pas dépendant de la
nature ce qu’il faut lier
J’ai constaté que référence et modalité de référenciation sont donc deux faces
de la même problématique. Et cette remarque éclairée par les propos de Giordano
Bruno me renvoie à une autre question que je ne peux éviter. On l’a vu la référence
est apparu sous de multiples dimensions. Existe-t-il plusieurs types de références ?
Peut-on alors les travailler de la même manière ?
Dans la prochaine partie, je tente une typologie des différents types de
références rencontrées. Celle-ci, expérimentale, ne prétend pas donner des
réponses ou des solutions. Mon expérience pédagogique manque encore de
profondeur, de recul… de temps. De plus, une typologie des références utilisées en
arts plastiques pourrait être le sujet d’un mémoire. Cependant, ma proposition tente
ici de synthétiser ce que j’ai rencontré comme type de référence de manière à
m’interroger sur la manière de les transmettre (côté professeur) et la manière de se
les approprier (côté élèves) : Quels termes pour quels relations ? Quelles notions
pour quelles mises en action ?
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
2.1 Typologie des références rencontrées en cours d’arts plastiques
« II Condition du liable : Rien n’est lié s’il n’est apprêté de façon très appropriée,
parce que l’éclair ne se communique pas à toutes choses en même façon. »10
En observant les seules 4 fiches de synthèse en fin de mémoire, le lecteur
pourra se faire une idée des informations « minimales » que l’élève est sensé retenir.
A raison d’une dizaine de séquences par année scolaire, il s’agit donc d’environ dix
fiches de synthèse par niveau comportant chacune au minimum 6 œuvres. Au terme
d’une année de collège l’élève aurait donc vu au strict minimum 60 œuvres, soit 240
sur les 4 années du collège… Mais bien sûr, l’élève en voit encore plus…
Le début du mémoire a présenté un ensemble de références travaillées, en
tant que matériau plastique et/ou conceptuel. Mais les élèves ont vu bien d’autres
références, les « classiques », une soixantaine d’œuvres, des notions, du
vocabulaire, des savoirs techniques. J’invite le lecteur à regarder les quatre fiches de
synthèse présentes en fin de mémoire afin de se faire une idée de ce qui est montré
durant une séquence d’arts plastiques. J’ai choisi ci de ne détaillé que quatre
références parmi toutes celles vues depuis le début de ce mémoire et de mettre à
jour leurs particularités. Nous le verrons, deux références présentes sur la même
fiche de synthèse n’ont pas eu le même rôle dans la séquence, n’auront pas mis en
jeu les mêmes savoirs (savoirs intellectuels, savoir-faire, savoirs méthodologique,
savoirs comportementaux).
Man Ray, « Noir et blanche », 1926
10 Cf. Bruno, p. 36.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Référence explicite
Montrée durant toute la séquence
Reproduction sur papier noir et blanc au
format A4
Utilisée comme source de matériaux
plastiques
Alfred Stieglitz, « A dirigible », photogravure, 1910
Référence explicite
Montrée au début de la deuxième séance
Reproduction vidéo projetée en grand format
Utilisée pour illustrée la notion de paysage
Ces deux premières images furent utilisées lors de la séquence « Un paysage
infini » présentée au chapitre 1. La première référence, « Noir et blanche », y fut
utilisée comme source de matériaux plastiques à découper puis à ré-agencer. Cette
image a été choisie pour son potentiel plastique, comme une réserve de matière, dû
à la qualité de ses gris, noir et blanc. Le sens de la photographie n’a pas été étudié.
Seuls quelques mots concernant la composition, l’orientation des figures et
l’opposition du noir et du blanc en relation avec des commentaires sur le titre. Tandis
que la deuxième photographie, « A dirigible » a été utilisée pour illustrer un type de
paysage en noir et blanc. Nous avons alors observé et parlé des différentes valeurs
de gris, du velouté particulier dû de la photogravure, du sens de l’image ; des
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
éléments iconiques présents et de la composition. On le voit la manière d’aborder
deux images dans un même cours permet d’orienter différemment le regard
(l’analyse) et les gestes (la pratique) de l’élève, et sans doute la mémoire des
choses vues, entendues et pratiquées. Le rapport à la référence y est donc différent.
Une référence utilisée comme source de matériaux plastiques appellera une mise en
action. Une référence utilisée comme illustration fera appelle à l’observation à
l’analyse et éventuellement à une catégorisation de l’image vue.
Zurbaran, « Nature morte aux citrons », 1633
Référence implicite et explicite
Montrée durant toute la séquence
Reproduction vidéo projetée en couleur
en grand format
Utilisée comme « moteur pédagogique »,
comme source à interpréter (inciter) et
comme source de matériaux plastiques
Vlaminck, « Nature morte au couteau », 1910
Référence explicite
Montrée au début de la première séance
Reproduction vidéo projeté en couleur en
grand format
Utilisée comme exemple de tonicité
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Dans l’exemple ci-dessus, la première image est le pilier de la séquence
pédagogique. Elle a permis à la fois d’élaborer la séquence, d’en extraire les notions
à travailler, mais aussi elle exemplifie, elle illustre, elle est un modèle… à dépasser.
Cette référence a été utilisée pour toutes ses composantes, iconiques, symboliques,
plastiques et sous diverses dimensions ; notions, vocabulaire, « cartels »… Elle est
le moteur et le centre de la séquence, tout tourne autour d’elle. En revanche, la
seconde image, « Nature morte au couteau » est utilisée comme un exemple parmi
d’autres (Cf. la fiche de synthèse en fin de mémoire montre toutes les autres
références). Elle fait donc partie d’une série qui illustre d’autres possibles dont la
production de l’élève fait partie, en relation avec le sujet posé. Si potentiellement,
toutes sont égales dans cette séquence, la « Nature morte aux citrons » prédomine
en tant que modèle… à dépasser.
Le rapport à la référence, qu’il soit du côté du professeur ou du côté de l’élève,
diffère donc suivant l’utilisation que l’on en fait. Et de ce fait, ce qu’on en retient est
différent. Au-delà de ces quatre exemples qui montrent différents types de
références suivant l’usage qui en a été fait. J’ai réalisé un tableau récapitulatif
laissant apparaître les différentes manières d’aborder la référence. Ce tableau n’est
pas exhaustif mais il tente tout de même d’être le plus complet possible afin de voir
la diversité des références possibles, elles sont très nombreuses.
Typologie et modalités d’usages des références en cours d’arts plastiques11
Implicite (uniquement
visible côté
professeur)
Explicite (visible par l’élève)
11 Certaines information de ce document proviennent du séminaire donné par Cécile Hartl le 23/09/2009 à propos des références.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
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velle
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Nature et support de la référence, œuvre originale ou reproductionImages animées : (extrait de reportage télévisuel), documentaire, CD-Rom
Images fixes : affiches, diapositives, transparents, CD-Rom, vidéo projection, livre, revue, photocopie
FonctionsGuider, réguler, recentrer, inciter, provoquer, susciter, discerner, désigner, repérer, exemplifier, relancer, ouvrir,
déplacer, comparer, évaluer, établir, questionner, « moteur pédagogique »
A la lecture de ce tableau, on remarque que certaines références ne sont pas
visibles pour les élèves. Il s’agit exclusivement de références utilisées par le
professeur lors de ses préparations de cours.
Elles sont ce que je nomme des « moteurs pédagogiques ». Elles contiennent
en elles des notions, des qualités plastiques, des concepts qui inspirent le
pédagogue pour élaborer ses séquences. Il en décrypte les rouages (plastiques et
conceptuels), les démonte, sépare les constituant pour les répartir dans d’autres
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
objets ou processus qui seront eux rendus visibles lors des séquences dispensées
aux élèves. Elles prendront alors forme de fiches récapitulatives, de questions
posées sous formes d’incitations, de photocopie à découper, ou de recherches à
mener au CDI. Mais aussi, elles pourront finalement être montrées durant le cours
même pour exemplifier ce qu’elle porte comme notion, matière et concept. Une
référence montrée aux élèves (explicite) est d’ailleurs souvent d’abord une référence
implicite. Elle n’a pas été choisie forcément comme moteur, inspiration de la
séquence mais l’est au moins à titre d’un exemple possible ou de matériau plastique
disponible.12
La visibilité ou non d’une référence est donc un critère important quand à
l’usage de celle-ci. Par exemple, dans le cas d’une œuvre qui a servie à construire
une séquence mais qui n’est pas montrée aux élèves, le problème de la copie est
éludé. On le sait, les élèves nous le rappellent, une référence peut être un modèle.
Mais que faudrait-il retenir de ce modèle ? Comment aller au-delà des apparences
de celui-ci ? Se servir d’une œuvre comme réservoir de forme, de concept et de
notions puis transférer ces composantes dans une séquence pédagogique sans
montrer l’œuvre « porteuse » pourrait être une solution possible.
Mais aussi pour illustrer la même idée, la place temporelle d’une référence
lors d’une séquence change la relation à celle-ci. Ainsi, montrer une œuvre en fin de
séquence lui donne un rôle d’exemplification et non plus de modèle. Celle-ci vient, au
même titre que les productions des élèves, montrer un possible. La même œuvre en
début de cours aurait pu avoir tendance à modéliser les réalisations des élèves ou
pour le dire autrement à restreindre le faisceau des possibles.
Le type de support utilisé peut évidemment avoir son importance, entre une
reproduction noir et blanc au format A4 d’un tableau de Zurbaran, sa vidéo projection
ou mieux l’original sous les yeux, l’impact sur les élèves ne sera pas le même. Tout
d’abord l’échelle du regard aura un impact certain si l’œuvre est projetée en très
grand format surpassant l’échelle du corps elle impressionnera probablement plus
l’élève qu’une vignette reproduite dans un livre d’art. Mais encore la fréquentation
12 Les séquences « Une version énergique », « Un paysage infini » et « Je fais partie de l’œuvre » présentée en première partie illustre ce propos.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
d’une œuvre originale sur place ou au musée rend tangible une chose réelle souvent
aborder par des reproductions et donc beaucoup imaginée à partir de ces
documents, c’es-à-dire fantasmée13.
La fonction d’une référence à aussi son importance. Que peuvent retenir les
élèves d’une référence reproduite au format A4 et dont le but est d’être découpée
comme dans la séquence « Un paysage infini » ? Le matériau, la photocopie, n’est
pas noble, mais l’utilisation, bien que justifiée, n’est pas vraiment noble non plus.
Même si la citation peut être vue comme une des modalités de l’appropriation d’une
œuvre. Une œuvre dont on s’inspire, une œuvre que l’on contemple, une œuvre que
l’on analyse ou bien que l’on découpe, ce n’est pas la même chose. On en retient
pas la même chose.
Enfin, la place dans la séquence pourra avoir un rôle très différents suivant
que l’on regarde l’œuvre au début, ce qui peut inspirer, certes, mais aussi modéliser,
ou à la fin de la séance, ce qui peut être perçu comme un exemple parmi les
productions sinon comme l’Exemple. Le temps passé sur la référence, à y réfléchir
ou à la pratiquer a évidemment son importance quant à l’expérience qu’on en fait et
ce qu’on en retient.
Dans toutes ces dimensions, l’expérience sensorimotrice que l’on fera de la
référence aura un impact différent, qui ne mettra pas en jeu les mêmes facultés
cognitives et créatives. Mémoire, réflexion, invention, analyse… la richesse et la
diversité des types de références est très grande et permet à qui veut bien se
pencher sur la question une variété de jeux possibles qui favoriseraient une
approche multiple de la référence… pour une meilleure transmission du champ
référentiel ?
2.2 – Faire des liens : pratiquer la « relation à… »
13 J’envisage d’organiser une sortie pour les élèves de 6ème au musée de Pau. Si possible pour voir l’exposition « Picasso, Arte y Arena » et de faire travailler les élèves face à des œuvres originales.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
« I définition du lien :Chez les Pythagoriciens et les Platoniciens, le liens de la beauté
est dit éclair, rayon, action – ou tout du moins son ombre, son simulacre et sa trace :
répandu en premier lieu dans la pensée qu’elle orne de l’ordre des raisons, en
second lieu dans l’âme qu’elle pourvoit de la suite des raisons, en troisième lieu au
sein de la nature qu’elle différencie et soutient de ses semences, en quatrième lieu
dans la matière qu’elle pare de formes. »14
A la suite de certains textes de l’ouvrage « Quelles sont vos références ? »,
CRDP de l’académie de Créteil, 2004, ma réflexion s’est précisée quant à la manière
d’établir des liens au travers du champ référentiel. La référenciation, puisque le
néologisme tiré de cet ouvrage traduit bien la « mécanique pour faire circuler les
références15 », était une manière de faire sens en pratiquant l’acte de se référer à…
Faire des liens ; tisser, tracer, dessiner, tricoter, câbler, tendre, coudre, attacher,
arrimer, amarrer, mémoriser, connecter, ancrer, entrelacer, nouer, lacer, accrocher,
annexer, coupler, enchaîner, ficeler, joindre…
Comment alors faire travailler les différentes modalités de la référenciation.
Comment pratiquer les liens ? Comment apprendre à tisser une relation qui ait un
sens ? Ne serait-ce point cela au fond, le vrai travail de fond. Non pas communiquer
un élément (ici la référence) mais bien cultiver sa relation aux champs de
connaissance de la discipline (comprenant la théorie et la pratique).
… Nous arrivons là au cœur même de la problématique liée à la référence et à ce
que je considère comme sa surface d’élaboration, la référenciation. Soit la référence
est approchée comme un objet réifié, repéré et imposable en tant que tel au nom du
ciment social, ou en tant qu’objet culturel/cultuel, ce qui peut parfois se confondre
dans certaines approches. Soit elle est considérée en tant qu’ingrédient repéré
participant à une élaboration fondatrice du sujet au sein de sa pratique et mise en
tension avec d’autres objets référents dans un lieu que Jacques Lévine aurait appelé
une « aire intermédiaire d’expérience », en anglais experiencing c’est-à-dire, qui met
14 Cf. Bruno, p. 59.15 Cf. « Quelles sont vos références ? », p. 20-21.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
plus l’accent sur le processus, le mouvement que sur l’état, et « à laquelle
contribuent simultanément la réalité intérieure et la vie extérieure ». p. 92.
Depuis plusieurs années, j’utilise des logiciels de Mind Map pour préparer mes
projets artistiques, pour rédiger des articles ou pour compiler des médias différents
autour d’un même sujet. En somme pour organiser ma pensée quelle soit sous forme
iconique, textuelle ou symbolique (des diagrammes par exemple). Les Mind Map ou
cartes mentales en français, traduites aussi sous le terme de cartes heuristiques,
sont des cartes visuelles qui permettent de positionner dans un même espace (une
feuille de papier ou une page virtuelle d’un logiciel) des éléments hétérogènes (des
mots, des images, des sons, des vidéos, etc.) de manière à les interconnecter pour
organiser sa pensée. Le concept vient de Tony Buzan16, psychologue anglais qui a
travaillé sur l’apprentissage, la mémoire et le cerveau, qui a remarquer qu’en
extériorisant des schémas mentaux complexes sous forme de carte, en utilisant plus
le cerveau droit (créatif) au service du cerveau gauche (logique), l’homme manipulait
mieux des systèmes complexes.
Suite à une discussion concernant ces cartes de la connaissance avec ma
directrice de mémoire, je décidais d’élaborer une séquence lors de laquelle les
élèves créeraient leur propre organisation du champ référentiel, leurs propres cartes
mentales, leurs propres visualisations, leurs propres mise en forme du territoire des
références. Finalement en décomposant la référence sous forme de tous ses constituants
élémentaires (cartel, notion, iconographie) la référence apparaîtrait alors comme mise à nue
et seul un travail de liaison, de tissage entre ses constituants et le champ des autres formes
ou concepts présent pourrait lui redonner du sens. J’envisageais de donner à manipuler le
champ des références aux élèves, sous la formes d’un jeu plastique de combinaison et
d’enquête, une enquête de sens et dont la plasticité, celle de la carte, prendrait sens pour
eux lors de son invention.
16 Pour plus d’information concernant les Mind Map ainsi que sur Tony Buzan, le lecteur pourra se reporter à ces quelques pages synthétiques sur Internet :http://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_heuristiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Tony_BuzanOu observer quelques exemples de cartes :http://images.google.fr/images?um=1&hl=fr&rlz=1T4ADSA_frCA368CA368&tbs=isch%3A1&sa=1&q=mind+map&aq=f&aqi=g2&aql=&oq=&gs_rfai=&start=0&imgtbs=z&imgsz=l
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
3 - Nouvelle expérimentation pédagogique : créer la carte des références (faire apparaître et manipuler le champ référentiel par les élèves)
« … Comme les poètes l’imaginent pour Protée ou Acheloüs, on peut
imaginer qu’une même matière transmigre en diverses formes et figures,
si bien qu’il faut, pour la lier, recourir continuellement à de nouvelles
sortes de nœuds. »17
Déroulement…17 Cf. Bruno, p. 7.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
J’ai d’abord découpé tous les éléments constituants les références vues par
les 6ème auxquels j’ai ajouté quelques réalisation de la classe. J’ai présenté tout ce
matériau distribué aux élèves en fin de mémoire dans la rubrique « Annexe » de
manière à ce que le lecteur se fasse une idée de la quantité, de la nature ainsi que
de la qualités des éléments à manipuler… Au total, 39 images, 21 cartels, 6 titres de
séquence, 23 mots de vocabulaire ou de notions abordées… ce qui donnerait selon
un calcul mathématique 113022 possibilités de liaison auxquelles il faudrait sans
doute ajouter tous les accidents possibles... En somme un terrain très vaste de
possibles, d’agrégation, de liaison, de territoires mais un territoire non pas potentiel
mais actualisé, un territoire non pas fantasmé mais qui devra prendre sens pour eux,
au travers de leurs manipulations. Pas n’importe lequel de ces territoires potentiels !
Les élèves de 6ème 6 avaient déjà abordé la question de la référence au travers
du questionnaire (présenté en première partie de ce mémoire). Ils étaient donc les
meilleurs acteurs possibles puisqu’ils venaient de pratiquer un premier travail de
rétrospection sur le travail engagé depuis le début de l’année scolaire. Tout cela était
encore frais, la mémoire venait d’être réactivée. De plus ce questionnaire avait
permis de poser les bases d’une réflexion sur le quoi, où, pourquoi des références
dans les séquences. Mais comme je l'avais constaté, la seule « réflexion sur… » ne
suffisait pas. J’ai proposé aux élèves de constituer des groupes par affinités
considérant qu’il s’agissait d’un cours spécial et que les affinités encourageraient un
travail de réflexion et de mise en forme de qualité. Huit groupes se sont
naturellement constitués et répartis dans la salle d’arts plastiques. Chaque groupe
disposait d’une boîte métallique (destinée à rassembler les éléments découpés non
encore collés), de tubes de colles, de ciseaux, de feuilles blanches grand format
(Raisin), de crayons de couleurs et de feutres. Un jeu de feuilles A4 rassemblant les
composants du champ référentiel.
Puis j’ai projeté quelques références que les élèves ont reconnues et
identifiées plus ou moins précisément et expliqué la demande. J’ai précisé qu’il
s’agissait d’un travail collectif, qu’ils pouvaient s’aider de leur porte-vue, et qu’au
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
terme de deux séances nous déciderions ensemble laquelle des cartes serait la plus
représentative de notre travail sur les références. Cette demande leur paraissait tout
de même sortir de nos habitudes, j’ai dû préciser ce que j’ai du préciser ce que
j’entendais par carte, « Monsieur, c’est une frise ? », justement non évitons la
chronologie et son séquençage temporel… essayons plutôt le rhizome… « Monsieur,
c’est comme un plan ? ». « Oui, c’est comme une ville mais dont les bâtiments
seraient des idées, des mots ou des images ». Je leur rappelais alors les ensembles
sous forme de patates que l’on manipule dès le primaire et dessinais un exemple de
ces schémas sur le tableau blanc. Ceci leur parla. « Comment regrouper des choses
ensemble ? Comment relier ces choses entre elles ? Comment distribuer les choses
sur un plan ? Faut-il hiérarchiser les éléments ? Par la couleur ? Faut-il tracer des
flèches, des lignes ? En trait continu ou discontinu ? » Enfin, je leur ai montré un
exemple de carte réalisé avec le logiciel V.U.E18 un logiciel de Mind Mapping.
Les élèves se sont mis au travail avec enthousiasme. Certains se sont
distribué les tâches faire ; découper, rassembler, classer, positionner, coller sur les
grands formats pour enfin relier les éléments composants du champ référentiel.
Comme je m’y attendais, chaque groupe a adopté une stratégie différente,
C’est ce que je cherchais. Non pas à aboutir à un modèle de carte reconnaissable
par tous mais avant tout à les faire s’approprier ces éléments en les manipulant car
après tout je leur avais imposé comme référence. La dimension du jeu, de
construction, de combinaison mais aussi l’enquête menée au travers des portes-vue
et au travers du souvenir gardé du travail accompli ont naturellement porté les élèves
vers cette expérimentation. Chacun faisant ses hypothèses sur l’identité ou
l’appartenance des éléments à un groupe. « On a vu ça dans la séquence avec les
ciseaux ! », « Le géant c’est Nam June Paik ! ».19 Chacun énonçant sa logique
d’organisation par la distribution dans l’espace, par la liaison des éléments, par un
code couleur, par des ensembles tracés…
18 Un logiciel gratuit de Mind Mapping : http://vue.tufts.edu/19 Notes extraites de mon carnet de bord, datées du 29/03 /2009.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Découper…
« Principalement, mais en aucun cas totalement, faire le monde consiste à séparer
et à réunir, et souvent les deux ensemble : d’un côté, diviser les totalités en parties,
partitionner les genres en espèces, analyser les complexes en les traits qui les
composent, établir des distinctions ; de l’autre, recomposer les totalités et les genres
à partir de leurs membres, parties et sous-classes, combiner les composants en des
complexes, et faire des connexions. »20
Tout d’abord, il est intéressant d’observer la manière de répartir les éléments
découpés sur la table. Car déjà, ces morceaux de papier regroupés font sens.
Certains les ont amassés par tas suivant qu’il s’agisse d’images ou non. D’autres ont
choisi de commencer à regrouper les papiers découpés par les titres des séquences.
D’autres enfin ont tout découpé et posé dans un tas chaotique ! Mais pourquoi pas,
en quoi cela pour le moment ferait-il sens pour eux autrement que comme un amas
compliqué de mots et d’images ? Le tas chaotique peut même se défendre comme
une organisation due hasard.
Agencer…
« En réalité, c’est seulement grâce à des arrangements et des regroupements
convenables que nous pouvons manipuler de grandes quantités d’objets dans la
perception ou la connaissance. […] Quoi qu’on puisse dire d’autres de ces modes
d’organisation, ils ne sont pas « trouvés dans le monde », mais construits pour faire
un monde. Autant que la composition et la décomposition, autant que la pondération
des totalités et des genres, l’agencement participe aux manières de faire le monde.
»21
20 Cf. Goodman, p. 23.21 Cf. Goodman, p. 31, 32.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Sur les grands formats, certains ont d’abord réparti les images, peut-être
parce que ce sont les plus grandes vignettes ? Les élèves ont-ils anticipé la
saturation de l’espace et de ce fait collé d’abord ce qui est grand afin de voir
ensuite ? Ou bien s’agit-il de s’occuper de ce qui d’abord les attire, les images, puis
ensuite, on verra… D’autres élèves ont positionné les mots ensembles au centre de
la feuille, sans séparer les titres des séquences, des cartels des œuvres. Est-ce la
même chose pour eux ? Ou bien s’agit-il encore une fois d’une écologie de travail.
D’abord les mots puis les images. Mais ce groupe (le groupe n° 1) a ensuite dû
trouver de la place disponible pour placer les notions. Effectivement, à mesure de
l’avancée de la deuxième séance, je fis constater à la classe que personne n’avait
collé les notions et le vocabulaire. Etait-ce volontaire de leur part ? Cela constituait-t-
il la partie la plus compliquée à positionner sur la carte ? Il m’a semblé que oui mais
certains avaient visiblement oublié ces vignettes qui sont de la plus petite taille.
Certains alors, se remirent au travail en prenant en compte ma remarque. D’autres
préfèrent terminer ce qui avait été commencé ; d’abord les images, ensuite les titre et
les cartels, enfin… les notions. Tout de même, la hiérarchie mise en place
naturellement dans le traitement des éléments dit beaucoup de choses. Pour
l’ensemble, les notions ont été reléguées à la fin ou tout simplement non prise en
compte. Je remarquais alors, qu’il s’agissait très certainement de la partie la plus
difficile pour eux car la plus abstraire. Mais il s’agissait aussi d’une des parties les
plus intéressante car elle constituait réellement le sens du travail pédagogique
entreprit.
Relier…
Certains ont décidé de lier les éléments par leur proximité géographique.
Ceux-là avaient alors semble-t-il pré-visualisé les futurs liens à tracer dans l’espace
et envisagé les problèmes que cela poserait. D’autres en revanche, semblent avoir
positionné les éléments au hasard, sans avoir pré-visualisé les relations possibles
entre eux et se trouvent désormais contraints à trouver des stratégies de liaison ou
d’appartenance ; des codes couleurs inscrits au bas des vignettes, des liens
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
dessinés qui doivent retraverser tout le plan de la carte, une limite de couleur qui
entoure les éléments. D’autres enfin ont dessiné des flèches qui indiquent
explicitement la relation entre deux éléments. Toutefois, l’orientation de la flèche ne
semble pas avoir été pensée.
Description de deux cartes abouties
Malheureusement aucune des cartes n’est totalement terminée, nous n’avions
que deux séances de disponibles pour réaliser ces cartes et il semble que la
multiplicité des éléments à découper puis à coller et à relier a pris beaucoup plus de
temps que ce que j’avais imaginé. Avec le recul, j’airai certainement dû restreindre le
nombre d’éléments et/ou répartir les types d’éléments à découper par groupe puis
rassembler de nouveau les élèves pour travailler sur les cartes. Seule trois d’entre
elles sont bien avancées et nous ont permis une verbalisation. Il semble aussi que ce
travail, bien que plaisant par sa dimension de jeu et d’enquête, leur a été difficile.
Plus de temps aurait été nécessaire. Ou bien revenir en plusieurs étapes sur cette
question. Nous avions décidé de choisir la meilleure carte pour représenter notre
mémoire collective sur les murs de la classe, en grand… Les élèves ont
majoritairement choisi une carte, quasiment terminée, celle du groupe 6, mais qui ne
faisant pas apparaître les notions et le vocabulaire. J’ai donc accepté ce vote mais
toutefois en leur demandant que cette carte soit complétée pour la rentrée des
vacances d’avril afin que nous l’affichions dans la classe ou bien la réalisions en
grand. N’étant pas assez abouties pour être commentée ici, je ne l’ai pas choisie
comme exemple à décrypter. J’ai relevé deux cartes parmi celles les plus abouties.
Deux cartes bien différentes qui témoignent de deux approches, de deux
appropriations et de deux mises en forme différentes.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
La carte des références du Groupe n° 8
Les élèves du groupe n° 8 ont d’abord placé les éléments iconographiques
selon leur ressemblance ou selon leur appartenance à un même thème22. Ainsi, les
géants imaginés pour la séquence « L’alliance contre le géant » côtoient
l’autoportrait de Tony Cragg et « l’Olympe de Gouge » de Nam June Paik,
clairement, c’est la ressemblance formelle entre les éléments qui prédomine sur une
même ligne. Tandis qu’au dessous, des œuvres présentant des assemblages se
suivent. Le tout, les géants et les assemblages sont réunis dans un ensemble
délimité par la couleur bleue. Les élèves ont pris soin de barrer les termes
22 La carte en détail est visible en fin de mémoire au chapitre « Annexes »
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
« assemblage » et « détournement » puis les ont écrits en grand au coin de la bulle
bleue. Ont-ils estimé que la notion n’était pas assez visible ?
On remarque donc des ensembles colorés qui regroupent images, cartels, titre
de séquence identifiés par les notions. Ceux-ci sont quelques fois maladroitement
dessinés : un renflement greffé sur la forme principale indique qu’un élément avait
été oublié puis qu’on l’a rajouté ensuite. Les couleurs des ensembles sont là pour les
identifier clairement, les flèches présentent dans les ensembles sont de la même
couleur. Il s’agit donc d’un code qui permet l’identification des grandes familles
d’éléments et les relations internes aux éléments appartenant à cet ensemble. A
l’intérieur de ceux-ci, des flèches précisent les relations entre les termes. Il s’agit
donc d’un deuxième niveau de relation, imbriqué dans le premier. D’abord des
ensembles cernés par des couleurs, puis dans ces ensembles certains éléments
reliés entre eux par des flèches de la même couleur que l’ensemble d’appartenance.
Une hiérarchie en somme, qui nous indique que certains éléments sont plus reliés
que d’autres… qui restent « flottants ».
Ainsi, dans l’ensemble bleu, l’ensemble « assemblage, détournement », la
notion de point de vue est reliée à 3 dessins d’élèves représentant les créatures
géantes. Cette logique, celle des ensembles colorés sous forme de patates
fonctionne plutôt bien. On cerne bien les différentes grandes familles ainsi que les
éléments contenus. Mais celle-ci fonctionne moins bien lorsqu’un terme appartient à
deux ensembles. Là, il semble que l’intersection ou la coappartenance ait eu du mal
à être représentée. Dans la partie de droite de la carte, le terme « Outil insolite » :
titre d’une séquence a bien du mal à être situé du fait de sa coappartenance aux
deux séances qui étaient liées pédagogiquement. Les élèves n’ont pas su contourner
ce problème. A moins qu’il ne l’ait pas vu. Ceci aurait pu facilement être résolu en
manipulant les intersections d’ensembles.
Mais bien qu’imparfaite cette représentation répond à une appropriation tout à
fait valable du champ référentiel par les élèves, c’est la leur. Elle manque de soin sur
certains aspects et de finition sur d’autres, mais dans l’ensemble, la proposition
démontre une vraie recherche plastique et intellectuelle et répond à une
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
appropriation du champ référentiel par la manipulation. De plus, la demande est
sommes, il faut bien le rappeler. Comment mettre en forme graphiquement des
données aussi abstraites ?
Enfin, ce schéma dans sa lisibilité démontre son processus même
d’élaboration. On voit bien que d’abord les éléments ont été regroupés, agrégés par
séries métonymiques, par ressemblance puis qu’ensuite les notions sont venues
assoir l’identité de l’ensemble. Par contre, on voit aussi que les multiples relations
n’ont pas été pensées ou du moins pas avant que les termes eu été collés. Cette
carte montre donc des ensembles qui apparaissent comme mous et emboîtés les
uns contre les autres. Malgré le chaos des lignes mal faites ceux-ci sont très
organisés. Tout l’espace de la double feuille a été occupé de manière homogène,
pas de trou et un relatif équilibre. De même, mots et images semblent répartis
également sur l’ensemble du plan. Au travers de cet exemple, je lis donc une
représentation du champ référentiel assez organisée, homogène, cohérente et
globale (pratiquement tous les éléments donnés ont été utilisés). Les élèves ont
utilisé tous les ingrédients. Ils ont donc appréhendé tout l’ensemble des
« ingrédients » du champ référentiel, joué avec et trouvé des solutions plastiques
quant à l’occupation de l’espace, de la hiérarchisation des éléments.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
La carte des références du Groupe n° 1
Le groupe n°1 a quant à lui adopté une autre stratégie… D’abord les mots ont
été regroupés au centre de la double page. Qu’ils s’agissent de cartels ou bien de
titres de séquences touts ont été rassemblés sans distinction au centre de l’espace.
Puis les images ont été distribuées autour – satellisées – de manière plus ou moins
chaotique. Les différentes reproductions des peintures réalisées pour le sujet « Une
version énergique » par exemple ne sont pas placées les unes à côté des autres.
Par contre, les dessins réalisés pour la séquence « L’alliance conte le géant » sont
regroupées en haut dans le coin droit, une logique de proximité donc. Mais une
logique qui n’aura pas été appliquée partout également… Un manque de rigueur ?
Un oubli ? Un manque de temps ? Tout de même pour les dessins de « Je ne sais
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
pas dessiner » ou bien les boîtes, socles et supports de « Une collection pour un
outil insolite », ceux-ci sont relativement regroupés dans les mêmes zones. Il y avait
bien une volonté de travailler par zones laissées libres autour des titres.
Cependant, en faisant le tour des tables, je fis remarquer aux élèves que les notions
étaient quasiment laissées de côté. Effectivement, avant mon intervention,
quasiment aucun groupe n’avait utilisé les vignettes de vocabulaire et de notions (cf.
Toutes ces vignettes sont présentées en fin de mémoire dans la rubrique « Annexe).
S’agissait-il d’un oubli ou bien d’un manque d’intérêt pour cette partie du travail à
réalisée moins plaisante… ou encore d’une difficulté à manipuler des éléments plus
abstraits que des titres et des images ? Une difficulté repoussée vers la fin de la
séance… si on a le temps.
Quoi qu’il en soit, le groupe n°1, a tout de suite réagit à la suite de ma
remarque. Ils ont alors placé les notions où il y avait de la place. Ce qui vient, d’une
certaine manière contredire la première organisation, relativement minimale (titres au
centre et images autour) et brouiller le premier schéma. Ai-je bien fais de leur fait de
leur faire remarquer l’oubli de ces notions ? Car s’ils avaient poussé leur logique
jusqu’au bout, où seraient-ils arrivés ? D’un autre côté, il s’agissait d’un travail
collectif de réflexion… et je m’inclus dans ce « collectif », pouvais-je les laisser
continuer sans prendre en compte, ce qui me semblait être un point clés de
mon/notre interrogation. Mais qui pour eux ceci semble avoir été un point difficile à
résoudre… à éviter ou à repousser consciemment ou non.
Cependant, ils ont su inventer et trouver de la place pour ces nouveaux
éléments. Au final, la carte se lit assez bien, le réseau dessiné par ces lignes qui
contournent les images montre bien à la fois les liaisons entre les éléments et les
difficultés à les relier dans un espace préconçu pour autre chose. Ce tricotage de la
liaison prend des allures de câblage électrique. Cependant, qu’en est-il du code
couleur ? Quelle logique ont choisi les élèves concernant la couleur et le sens des
flèches qui relient les images et les mots ?
Il semble malheureusement qu’il n’y ait pas que leur réflexion n’est pas allée
jusque là, que la couleur a été choisie au hasard, dommage. Les titres et les cartels
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
d’un même sujet n’ont pas forcément la même couleur, alors que cela aurait pu être
le cas. De même que les liens tracés entre les notions et les images sont
majoritairement tracés en marron, pourquoi ? Mais encore une fois ce résultat
répond très bien à ma demande. On y voit un véritable travail d’appropriation, dans
son résultat et dans son processus même lisible sur la carte. Cette carte est la leur,
elle témoigne de choix et de partis pris quelques fois négociés. Elle témoigne, dans
ses qualités, ses errances et ses erreurs d’une réflexion et d’une mise en forme du
champ référentiel.
Conclusion générale
« Le sujet et l’objet donnent une mauvaise approximation de la pensée. Penser n’est
ni un fil tendu entre un sujet et un objet, ni une révolution de l’un autour de l’autre.
Penser se fait plutôt dans le rapport du territoire et de la terre. »23
Ces cartes, dans toutes leurs qualités, leurs imperfections, leurs oublis ou les
erreurs comprises témoignent d’une véritable manipulation et d’une appropriation du
champ référentiel… Les élèves ont manipulé les références de manière tangible. Ils
ont proposé des mises en forme du champ référentiel (une spatialisation du savoir,
du savoir-faire, une objectivation des éléments vus). Au travers de cette expérience,
Ils ont « designer » le champ de la connaissance. Les élèves ont habité cet espace
conceptuel dans le même temps qu’ils l’ont créé. Ils en ont imaginé la géographie,
les voies de liaisons, les pôles de densité et les déserts. Même si tout ceci s’est fait
sous l’angle d’un jeu, un jeu pour inventer un espace, un jeu pour retrouver les
indices dans le porte-vues, une fiction, ils ont momentanément réellement habité cet
espace. Espérons que le souvenir de cette expérience laissera des traces… de
chemins parcourus, et de personnages rencontrés24.
23 Cf. Deleuze Gilles (2005) : « Qu’est ce que la philosophie ? », Les éditions de Minuit, Paris.24 Cf. Je fais ici références aux personnages conceptuels dont parle Gilles Deleuze, Ibid. p. 60.
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
Le partage de ce travail, en groupe, par la mise en commun des avis, des idées, par
les contradictions et les mésententes aura permis de mettre à jour cette mémoire
collective des références.
La pensée visuelle déployée lors de cette expérience, ainsi que les gestes opérés
seront aussi certainement des moyens par lesquels l’expérience a été enregistrée et
laissera des traces du point de vue de l’élève. En tout cas je l’espère car il s’agit à
mon avis d’un outil dont l’exploitation peut être très utile en cours d’arts plastiques.
Je regrette toutefois de n’avoir pu, faute d’expérience, de temps et de connaissance
de la pédagogie de mon propre domaine, mettre en place cette expérience dès le
début de l’année scolaire. Car cette carte pourrait se constituer petit à petit, au fil des
séances, se dessiner comme un archivage de la mémoire collective de la classe,
dépliée et objectivée sur les murs.
A travers le visuel, tous les objets sont manipulables, et c’est bien une des grandes
vertus de notre discipline. Ainsi le dessin ouvre à tous les possibles, à toutes les
virtualités représentées. Mais nos représentations, qu’elles soient mentales,
dessinées dans des carnets ou dépliée sur les murs d’une classe… ont toujours
besoin d’un fond pour apparaître, un fond qui permet aux figures d’être lisibles de se
détacher. Comme le remarque Peter Anders :
« Space helps us think qualitatively. While iconically we identify and relate objects
and artifacts, with our symbolic mentality we can interpret graphic symbols to follow
an argument. […] Spatial literacy is one of our first acquired skills. Space and its
imagery is so internalized that it is fundamental to thought.” 25
L’espace nous aide à penser qualitativement. Tandis qu’à l’aide de la « mentalité
iconique » nous identifions et relions les objets et les artefacts, avec notre mentalité
symbolique nous pouvons interpréter des symboles pour suivre un argument […]
« L’alphabétisation spatiale » est une de nos premières facultés, (traduction libre)
En suivant les arguments d’Anders, l’espace serait donc notre médium par
excellence et notre manière de s’en servir comme support en l’intériorisant ou en
l’extériorisant :
25 Cf. Anders, p. 20.
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“We use our environment to help us think. We have notes, files and books to hold
information otherwise difficult to manage. Designers make sketches or models to
record their thoughts. At a larger scale libraries and museums institutionalize these
external memory systems. Monuments are built solely to maintain memories. In all
these cases our consciousness extends outside our bodies into environment. Space
and its objects mediate our externalized thought to ourselves and others.”
“Our external memories are part of shared experience. The realm of these
information artifacts is a social space – the foundation of culture.”26
Nous utilisons notre environnement pour nous aider à penser. Nous avons des
notes, des dossiers et des livres pour porter l’information qui serait sinon difficile à
organiser. Les designers font des croquis ou des modèles pour enregistrer leurs
pensées. A un autre niveau les librairies et les musées institutionnalisent ces
systèmes de mémoires externes. Les monuments sont construits uniquement pour
maintenir les mémoires. Dans tous ces cas notre conscience étend en dehors notre
corps dans l’environnement. L’espace et ses objets « médiatisent » notre pensée
extériorisée pour nous-mêmes et pour les autres (traduction libre).
Permettrait de partager notre connaissance, de la mettre à jour, sur une place
publique. Est-ce que nous avons fait avec les élèves de 6ème ? Je ne saurais le dire
mais j’espère comme le signale Anders que cette expérience sera le début d’une
culture commune pour la classe ou ses fondations en tout cas.
Bibliographie (textes et ouvrages consultés)
26 Cf. Anders, p. 21.
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Anders Peter (1998). Envisionning Cyberspace: Designing 3D Electronic Spaces, Mc
Graw-Hill Professional Publishing.
Arts plastiques... quelles sont vos références ?, CRDP de l'académie de Créteil,
2004.
Bouvier Mathias (2009) : « La question de la référence aux œuvres », document issu
du Plan National de Formation sur les nouveaux programmes d'Arts Plastiques,
Rouen.
Bruno Giordano (2006) : Des liens, Allia, Paris.
Colboc Martine Terville : « Le statut de la référence, une place centrale », disponible
sur <http://www.reunion.iufm.fr/dep/ap/docs_biblio/place_ref.pdf>
Goodman Nelson (2006). Manières de faire des mondes, folio essais, Paris.
Lay Sylvie (2008) : « La référence en cours d'arts plastiques », Groupe didactique de
l'académie de Poitiers.
Pélissier Gilbert (1993.): « Au-delà des images, les œuvres », dans Éducation et
pédagogie, la revue du CIEP.
Pélissier Gilbert (2006) : « Entrevue avec Gilbert Pélissier, propos recueillis par
Christiane Faucher. », Académie de Nantes.
Annexes
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3ème, Fiche de synthèse pour le porte-vues élève, « Je fais partie de l’œuvre »
Titre : « Je fais partie de l’œuvre » Dates :
Sujet : « A partir de l’œuvre de votre choix ou des œuvres proposées par le professeur, et de votre photo en pied, vous vous représenterez dans l’espace de l’œuvre pour en prendre possession. Vous devrez vous intégrer pleinement dans l’œuvre en utilisant les différents éléments qui la composent »
Contraintes : L’œuvre originale doit être clairement identifiable. Votre présence dans l’image devra être pensée.
3 séances : 1 – choix de l’œuvre, choix du format. Esquisses, croquis, essais en noir et blanc ou en couleur.2 – Réalisation3 – Réalisation
Consignes : - Observez bien les rapports d’échelle entre l’espace et les personnages, les différentes couleurs utilisées, le
style et la signification de l’œuvre que vous avez choisie. - L’œuvre originale pourra être représentée en partie ou en totalité.- Possibilité d’utiliser le calque.
Critères d’évaluation : - L’œuvre choisie ainsi que ma représentation sont reconnaissables.- Qualité de l’intégration dans l’œuvre (singularité, signification, composition, échelle)- Maîtrise des moyens techniques et soin.
Vocabulaire :
Echelle (proportion) : qui indique le rapport de taille entre les différents objets ou les différents personnages dans une même représentation.
Appropriation : Procédé qui consiste à utiliser une œuvre existante ou un objet, voire à les citer.
Autoportrait : Portrait d’un dessinateur, d’un peintre, exécuté par lui même
Références :
- Diego Velasquez, « Les Ménines », 1657- Alfred Hitchcock, « Les enchaînés », 1946- Jan Van Eyck, « Les époux Arnolfini », 1434- Mariko Mori, “burning desire”, 1997-98, 305x610cm- Eugène Delacroix, « La liberté guidant le peuple », 1830- Michel Bobillier, autoportrait contrasté, 2007- Daniel Buren, « Platanes de Noël », 2007
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6ème, Fiche de synthèse pour le porte-vues élève, « Une version énergique »
Intitulé : « Une version énergique » Dates :
Sujet : « On vous demande de faire une version d’une nature morte de Zurbaran sur un format imposé. Le commanditaire vous demande de rajouter de la vitalité, du « punch » à ce tableau. Il est extrêmement pressé et viendra regarder les différentes versions. Toute la classe participe à cette épreuve. »
« Au travail ! Il n’y a pas une seconde à perdre ! Le commanditaire attend sa version. »
Contraintes : Format : format imposé (A4 ou Raisin)Technique : peinture2 séances
Critères d’évaluation : - Reconnaître le document de départ ………………………………………………………………………………………/7- Traduction plastique de la vitalité…………………………………………………………………………………………. /7- Prise en compte du format …………………………………………………………………………………………………/6
Vocabulaire :
La touche : manière personnelle de peindre liée à la forme des coups de pinceaux laissés sur la toile
Le point de vue (interprétation) : expression personnelle sur un sujet donné
Références :
- Zurbaran, Nature morte aux citrons, 1636- Cézanne, Nature morte aux pommes, 1880- (hda) Xenia, mosaïque Romaine
- Vlaminck, Nature morte au couteau, 1910- Wilhem de Kooning, DAM, 1975- Wilhem de Kooning, sans titre, 1976
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4ème, Fiche de synthèse pour le porte-vues élève, « Un paysage infini »
Titre : « Un paysage infini » Dates : 16, 23 mars
Formulation du sujet : À partir d’une des deux photographies proposées par le professeur, sélectionnez une partie du corps présent dans l’image puis recomposez un paysage.
Consignes : Individuellement chacun - choisit une image- construit un cadre de 5cm par 5 cm puis observe la partie de l’image à recadrer- découpe la partie choisie puis la colle au centre d’une feuille Canson A4Puis par groupe de deux on échange les images collées - enfin chacun invente le paysage hors du cadre
Contraintes :
- Le paysage réalisé doit être crédible (l’intégration de la représentation par rapport à l’image cadrée doit être cohérente)
- La réalisation doit être en noir et blanc et occuper tout le format- Deux séances :
sélection, collage, réalisation du paysageréalisation du paysage (finalisation)
Technique : gouache, feutres, crayons HB, 2BFormat : A4 sur feuille Canson
Critères d’évaluation : Le paysage représenté est crédible (la composition hors du cadre est en adéquation avec le collage)…………….. /7La réalisation est en noir et blanc, tout le format est occupé …………………………………………………………….../7Maîtrise des moyens techniques et soin apporté à la réalisation………………………………………………………… / 6
Vocabulaire :Cadrage : ce qui est montré à l’intérieur des limites du cadre (photographique)Hors champ : tout ce qui est en dehors du champ de vision (ici hors du cadre photographique)Figuration : qui représente quelque chose ou quelqu’un de réelAbstraction : une forme expressive non figurative
Références : Man Ray, Noire et blanche, 1926Man Ray, Solarisation, 1931Alfred Stieglitz, sans titre (paysage), photographie non datéeAlfred Stieglitz, A dirigible, Photogravure, 1910Brassaï, Avenue de l’Observatoire, 1934(hda) - Joseph Nicéphore Niépce, Photographie à Saint-Loup-de-Varennes, 1826
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Thierry Guibert, PLC2 arts plastiques, mémoire professionnel IUFM2009/2010
6ème, Fiche de synthèse pour le porte vues élève, « Je ne sais pas dessiner »
Intitulé : « Je ne sais pas dessiner ! » Date : 14/09/2009Sujet : Dessins de mémoire et d'observation
Consignes : dessin 1 – Dessiner une paire de ciseaux en 20 secondes (de mémoire, sans modèle)dessin 2 – Dessiner une paire de ciseaux en 20 secondes (avec un modèle sous les yeux) dessin 3 – Dessiner une paire de ciseaux en 2 minutes (avec un modèle sous les yeux)dessin 4 – Dessiner une paire de ciseaux en 30 minutes (avec un modèle sous les yeux)
Pour chacun des dessins, faites le plus de détails possibles. Dessinez jusqu'au bout du temps disponible, prenez votre temps, notamment pour le dernier dessin qui doit être précis dans les formes, les traits, les valeurs, les ombres, les reflets, etc.
Vocabulaire : forme : apparence d'une chosetrait : ligne tracée (plus ou moins fine ou épaisse)valeurs de gris : différentes nuances de gris qui existent entre le blanc et le noir (remarquez que dans cet exercice le blanc est celui de la feuille). En couleur, différentes valeurs d'une même teinte (par exemple du bleu foncé au bleu clair).ombre : zone où la lumière diminuereflet : zone où la lumière est renvoyée
Références :- des représentations d'outil (planches de l'encyclopédie Diderot & D'Alembert)- une référence de l'antiquité, vase Grec (avec représentation de strigile).- un dessin (autoportrait) de Dürer- un dessin (autoportrait) de Rembrandt
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Questionnaire distribué aux 6ème
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Toutes les composantes du champ référentiel en petit format.
Iconographie
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Titre des séquences
« Je ne sais pas dessiner » « L’alliance contre le géant » « L’outil insolite »« Drôles d’oiseaux » « Un outil pour une collection » « Une version énergique »
Cartels des références
Autoportrait, Albrecht Dürer, daté de 1484 Autoportrait, Rembrandt, XVIIème sièclePlanche de représentation d’outils, Diderot et
d’Alembert, XVIIIèmeReprésentation de strigile, vase grec, antiquité
Planche de représentation d’outils de la préhistoire
Pierre Soulages, traces, non daté
Olivier Debré, sans titre, 1990 Un reliquaire, non daté, non identifiéChristian Boltanski, « L’autel du lycée de Chases,
1988Léonard de Vinci, les machines volantes, XVème
siècleMerry-Joseph Blondel, « Le Soleil, la chute
d’Icare », salon de 1819, le LouvreBruegel, « La chute d’Icare », 1558
Royal de Luxe, « Les machines de l’île », sculpture Arcimboldo, « L’eau », 1566
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mécaniqueArman, « Home sweet home », 1960 Tony Cragg, « Autoportrait », 1981
Nam June Paik, « Olympe de Gouge », 1989 Bernard Pras , “Louis XIV”, 2003Publicité Citroën, « Transformer » Zurbaran, Nature morte aux citrons, 1636
Cézanne, Nature morte aux pommes, 1880 Vlaminck, Nature morte au couteau, 1910
vocabulaire et des notions
Forme Touche Trait FormatReliquaire Ombres Expressivité Valeurs (de gris)
Outil Matière Détournement Cabinet de curiosités
Point de vue Fabrication Reflet MatériauTraces Insolite Cartel Construction
Croquis Echelle Assemblage
Création des cartes des références
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Quelques exemples de réalisations pour la séquence « Une version énergique »
Quelques exemples de réalisations pour la séquence « Un paysage infini »
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