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Toulouse : un infirmier du CHU de Rangueil s'est suicidé dans son bureau lundi matin Le CHU8 de Rangueil / © Maxppp Un infirmier du CHU s’est donné la mort dans son bureau lundi 13 juin 2016. Un soutien psychologique du personnel a été mis en place. Des enquêtes médico-judiciaire, administrative et interne ont été lancées. Par Michel Pech Publié le 17/06/2016 à 11:48 Mis à jour le 17/06/2016 à 12:45 Soutien immédiat à la famille C'est lundi matin que la victime a été retrouvée dans son bureau. La famille a été reçue dès lundi après-midi par des responsables de l’institution. La communauté hospitalière et particulièrement les personnels du service d’Hypertension artérielle (HTA) thérapeutique, de la fédération de Cardiologie et du pôle Cardiovasculaire et métabolique sont profondément affectés par ce décès et un soutien psychologique a été immédiatement mis en place. Des temps d’échange et des entretiens individuels sont organisés, en lien avec l’équipe de la médecine du travail et la psychologue du personnel. Des enquêtes médico-judicaire, administrative et interne dans le cadre du Comité d’Hygiène Sécurité et Conditions de Travail, sont en cours pour déterminer les circonstances de ce décès et les raisons de cet acte. Au CHU depuis 1985 Agé de 55 ans, cet infirmier a été recruté au CHU de Toulouse en novembre 1985. Il a travaillé pendant 26 ans en chirurgie Cardiovasculaire avant de rejoindre les secteurs d’HTA en 2011. Excellent professionnel, il a toujours exercé sa mission au CHU avec beaucoup de disponibilité et sens du devoir envers les personnes malades. 1 sur 7

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Toulouse : un infirmier du CHU de Rangueil s'est

suicidé dans son bureau lundi matin

Le CHU8 de Rangueil / © Maxppp

Un infirmier du CHU s’est donné la mort dans son bureau lundi 13 juin 2016. Un soutien psychologique du personnel a été mis en place. Des enquêtes médico-judiciaire, administrative et interne ont été lancées.

Par Michel Pech Publié le 17/06/2016 à 11:48 Mis à jour le 17/06/2016 à 12:45

Soutien immédiat à la famille

C'est lundi matin que la victime a été retrouvée dans son bureau.

La famille a été reçue dès lundi après-midi par des responsables de l’institution.

La communauté hospitalière et particulièrement les personnels du service d’Hypertension artérielle (HTA) thérapeutique, de la fédération de Cardiologie et du pôle Cardiovasculaire et métabolique sont profondément affectés par ce décès et un soutien psychologique a été immédiatement mis en place.

Des temps d’échange et des entretiens individuels sont organisés, en lien avec l’équipe de la médecine du travail et la psychologue du personnel.

Des enquêtes médico-judicaire, administrative et interne dans le cadre du Comité d’Hygiène Sécurité et Conditions de Travail, sont en cours pour déterminer les circonstances de ce décès et les raisons de cet acte.

Au CHU depuis 1985

Agé de 55 ans, cet infirmier a été recruté au CHU de Toulouse en novembre 1985. Il a travaillé pendant 26 ans en chirurgie Cardiovasculaire avant de rejoindre les secteurs d’HTA en 2011. Excellent professionnel, il a toujours exercé sa mission au CHU avec beaucoup de disponibilité et sens du devoir envers les personnes malades.

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Depuis Egora.fr (http://www.egora.fr) Accueil > Série de suicides au CHU de Toulouse : "C'est un scénario à la France Télécom"

Série de suicides au CHU de Toulouse : "C'est un scénario à la France Télécom"

Conditions d’exercice par Fanny Napolier le 02-09-2016

Le CHU de Toulouse a connu quatre suicides au mois de juin, et deux autres en cours d'année.

Sans compter les tentatives, et les appels à l'aide. "La pression est permanente. Ils veulent réduire les effectifs, on ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs", déplore Julien Terrié manipulateur en radiologie et délégué CGT.

Egora.fr : Quelle est la situation au CHU de Toulouse ?

Julien Terrié : En juin, un infirmier s'est suicidé sur son poste de travail. Cet infirmier était en réanimation cardio, qui est un poste très exigeant. Il a eu un accident de travail en 2011, avec des problèmes dorsaux et ne pouvait plus exercer en réanimation. Il y a eu une restructuration, et cet agent a été envoyé dans un autre service adapté à ses restrictions médicales mais moins valorisant et mis dans une espèce de placard. Au sens propre. C'était une chambre sans lumière. Le fait d'être dégradé professionnellement, le fait d'être mis dans un placard, c'est difficilement supportable. Et quand il n'y pas d'amélioration, on pense que ça peut entrer en compte dans l'explication du geste. On ne dit pas que c'est la seule explication. Mais des choses auraient pu être faites par l'employeur.

Il y a aussi trois autres cas de suicide en juin. Les enquêtes sont encore en cours. Ces situations sont hors du lieu de travail. Il y a un infirmier des urgences, une aide-soignante en formation, et une auxiliaire puéricultrice. Elle avait signalé un harcèlement moral auprès du directeur général. Elle était...[pagebreak] sur un poste soi-disant aménagé mais qui ne respectait pas les restrictions. Un certificat médical de son médecin traitant atteste que sa dépression est en lien avec ses conditions de travail.

Nous disons depuis longtemps que les agents avec des restrictions peuvent avoir des rôles dans les services de soins. Même s'ils ne peuvent plus manipuler les patients, ils peuvent avoir un rôle de formation, surtout quand ce sont des personnes expérimentées, comme c'était le cas. Mais la politique du CHU n'est pas celle-là. La direction dit toujours que la personne doit "faire le deuil" de son ancienne activité. Cette expression effroyable revient toujours.

Comment expliquer cette accumulation de drames à Toulouse ?

Au-delà des cas particuliers, il y a un mépris des droits des agents au CHU de Toulouse presque systématique. C'est une bataille permanente pour la prévention des risques professionnels, pour la prévention des droits fondamentaux des agents. On est régulièrement au tribunal. Une directrice avait dit : "Si cette aide-soignante ne sait pas gérer son stress, elle n'a qu'à faire caissière à Casino." Après ça, pas de sanction. Elle est toujours en poste, et a géré la restructuration où il y a eu le suicide de l'auxiliaire puéricultrice en juin.

Il y a eu un changement de directeur général il y a moins d'un an. Il y a eu un bilan financier un peu plus poussé et il y aurait plus de 40 millions d'euros de déficit, alors que ce qui est annoncé c'est 22 millions.

Panique à bord. Il faut trouver des postes d'économies supplémentaires.

Et il y a la logique globale hospitalière hôpital-entreprise, qui a été très forte au CHU. Il y a un contexte de hausse de productivité qui est exagéré et qui crée de la souffrance au travail. Il y a une pression permanente. Il y a aussi eu une restructuration gigantesque. C'est l'une des plus importantes en Europe.

Ils ont construit 5 bâtiments hospitaliers en 2014, 2015. Ils ont profité de ce déménagement pour dégraisser beaucoup de personnel, dans des organisations déjà fragilisées. En cumulant les heures supplémentaires, les comptes épargne-temps on estime qu'il manque 500 à 1 000 personnes, sur un effectif de 14 000.

Quelle est la réponse de la direction ?

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Ils disent qu'ils prennent en compte. Qu'ils vont faire attention, sauf que concrètement, quand on demande des expertises pour risque grave sur un bloc, la direction nous met au tribunal pour...[pagebreak] éviter l'expertise. C'est une entrave permanente au travail du CHSCT.

Quelles sont vos demandes ?

Des moyens exceptionnels en termes d'effectifs pour faire en sorte d'avoir une organisation de travail fonctionnelle.

On dit aussi au gens d'aller au tribunal et de faire condamner ce management pathogène et agressif. Il y a beaucoup de procédures en cours pour des atteintes au droit. Il y a un agent qui a enchaîné 19 CDD depuis 2007 et qui a été viré en juin 2016. Il était travailleur handicapé. Il y a aussi un agent dont le CDD n'a pas été renouvelé. Dans la fonction hospitalière, c'est au CHU de payer l'indemnité chômage. Ça fait 7 mois qu'elle n'a rien touché. Elle vit avec 0 euros par mois. Les plus visés sont les fins de CDD, c'est un moyen facile de faire baisser la masse salariale, les agents avec restrictions médicales, et ceux qui pointent les dysfonctionnements.

Que pensez-vous du silence de Marisol Touraine sur ces drames ?

Ce n'est pas étonnant. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Il faut supprimer 22 000 postes. Si les gens peuvent partir tout seul, c'est plus facile. On a quand même un statut de fonctionnaire solide, donc il faut nous faire partir par la pression. De plus en plus de collègues nous disent qu'ils veulent démissionner. Ça devient dangereux, ils arrivent avec la boule au ventre, ils ont peur de faire des erreurs médicales. C'est pour ça qu'on parle de scénario à la France Télécom.

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mercredi 07 février, 00:14, Sainte Eugénie

Hôpital Purpan : des internes dénoncent le harcèlement sexuel dans une lettre ouverte

Les internes de l'hôpital Purpan ont écrit une lettre ouverte à la direction./ Photo DDM Michel Viala

Jeudi 11 janvier, un collectif d’internes et d’externes de l’hôpital Purpan de Toulouse avait voulu frapper fort et organiser une action au sein de l’internat pour dénoncer une fresque, qui s'y trouve, qu’ils jugent sexiste. Ils dénonçaient également un climat de harcèlement sexuel au sein du monde médical. L’action avait tourné court, la secrétaire de l’internat empêchant l'action de se dérouler, l’autorisation nécessaire n'ayant pas été obtenue.

Aujourd’hui, le collectif qui a décidé de se nommer "Jeudi Onze" en référence à cette première action, écrit une lettre ouverte à la directrice du CHU, Anne Ferrer.

"Nous avons chacune et chacun déjà vécu des situations de harcèlement sexuel, qu'il s'agisse de propositions sexuelles de la part de nos supérieur-e-s hiérarchiques, de propos ou manières de nous interpeller dégradantes ( "l'externe femelle", « ma foufoune »), de blagues sexistes répétées.", commencent les auteurs de la lettre. Ils poursuivent : "Il est difficile de nous exprimer quand les auteur-e-s de ces propos sont nos supérieur-e-s hiérarchiques et que la validation de nos stages en dépend."

Cliquezpourlirelalettreducollectifd’internesetd’externesdel’hôpitalPurpandeToulousedanssonintégralité.

Une forme de harcèlement sexuel Le collectif revient aussi sur la présence de la fresque : "Les fresques représentées à l’internat de l’Hôpital Purpan et de l’Hôpital Rangueil sont une forme de harcèlement sexuel : il s’agit en effet de propos humiliants et dégradants auxquels nous sommes confronté-e-s de façon quotidienne lorsque nous allons prendre nos repas à l’internat. De plus, ces fresques entretiennent des stéréotypes sexistes et nient ou tout au moins banalisent les situations de harcèlement sexuel."

Lafresqueinstalléeprèsdelacantinedel'hôpitalPurpan./PhotoDDM

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Lalettreseconclutpardeuxrevendications:

"nous demandons le retrait de toutes les fresques à connotation sexuelle ayant un caractèredégradantethumiliantdesinternatsdeshôpitauxRangueiletPurpan"

nousdemandons égalementquedesactionsde sensibilisation sur leharcèlement sexuel soientmenéesauprèsdupersonneldehôpital."

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LETTRE OUVERTE à Mme Anne FERRER, directrice généraledu CHU de Toulouse, et aux membres du Bureau de l’Internat

de Médecine de Toulouse Objet : Harcèlement sexuel à l'hôpital, nous demandons le retrait des fresques sexistes dans les internats. Chère directrice du CHU de Toulouse,Cher-e-s membres du bureau de l’Internat du CHU de Toulouse, Nous, internes et externes en médecine, médecins, travaillant à Toulouse souhaitons vous parler du harcèlement sexuel à l’hôpital. Il est présent tous les jours, et avons décidé d’en parler afin que ces situations cessent. Nous avons chacune et chacun déjà vécu des situations de harcèlement sexuel, qu'il s'agisse de propositions sexuelles de la part de nos supérieur-e-s hiérarchiques, de propos ou manières de nous interpeller dégradantes ( "l'externe femelle", « ma foufoune »), de blagues sexistes répétées. Quand nous en avons parfois parlé autour de nous, nous avons trouvé peu de soutien : "c'est l’humour carabin" étant la réponse habituelle. Il est difficile de nous exprimer quand les auteur-e-s de ces propos sont nos supérieur-e-s hiérarchiques et que la validation de nos stages en dépend. Qu’est ce que le harcèlement sexuel, d’après le Code Pénal (art. 222-33 2). I. - Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. L’employeur a l’obligation de protéger ses salarié-e-s vis-à-vis du harcèlement sexuel. Les fresques représentées à l’internat de l’Hôpital Purpan et de l’Hôpital Rangueil sont une forme de harcèlement sexuel : il s’agit en effet de propos humiliants et dégradants auxquels nous sommes confronté-e-s de façon quotidienne lorsque nous allons prendre nos repas à l’internat. De plus, ces fresques entretiennent des stéréotypes sexistes et nient ou tout au moins banalisent les situations de harcèlement sexuel.

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"Ceci est du harcèlement sexuel, qu'en pensez-vous?" Voici ce que nous avons affiché à l'endroit de cette fresque à l’internat de Purpan ce jeudi 11 janvier2018, dans le but de poser cette question aux personnes se rendant quotidiennement à l’internat de Purpan (internes, médecins, personnel de service). Nous souhaitions ouvrir un espace de parole sur la problématique du harcèlement à l’hôpital, faire connaître la définition du harcèlement sexuel, donner des outils aux personnes qui en sont victimes, pour avancer vers plus de justice et moins de discrimination.(Note 1) Le harcèlement sexuel ne doit pas forcément s’entendre comme un agissement sexuel direct sur la victime mais s’étend à toute contrainte exercée sur une personne par un environnement professionnel dans lequel se répètent des comportements déplacés à connotation sexuelle et dégradant les conditions de travail de la personne qui ne souhaite plus les subir. En février 2017, la cour d’appel d’Orléans a condamné un employeur pour harcèlement sexuel, considérant que « Le harcèlement sexuel peut consister en un harcèlement environnemental ou d’ambiance, où, sans être directement visée, la victime subit les provocations et blagues obscènes et vulgaires qui lui deviennent insupportables ». (Note 2) Ces discriminations et ces situations de violence peuvent cesser. Pour cela, la cessation du harcèlement environnemental ou d’ambiance est un préalable indispensable, tout comme l’information sur le harcèlement sexuel. Aussi, nous faisons appel à vous : - nous demandons le retrait de toutes les fresques à connotation sexuelle ayant un caractère dégradant et humiliant des internats des hôpitaux Rangueil et Purpan- nous demandons également que des actions de sensibilisation sur le harcèlement sexuel soient menées auprès du personnel de hôpital : par exemple, un lettre d’explication sur les raisons ayant mené au retrait des fresques et sur la définition du harcèlement sexuel, ainsi que sur les droits des victimes et les personnes ressources, pourrait être publiée dans la lettre mensuelle Le Trait d’Union. Dans l’attente de votre réponse et de vos actions, Collectif Jeudi [email protected]

Note 1: https://www.ladepeche.fr/2018/01/11/2719638-fresque-sexiste-choque-plusieurs-internes-hopital-purpan.html Note 2: https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/a-la-une/2017/02/harcelement-dambiance-la-cour-dappel-dorleans-sanctionne-lenvironnement-de-travail

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