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ACADEMIE DE PARIS Année 2008-09 MEMOIRE pour l’obtention du DES d’Anesthésie-Réanimation Coordonnateur : Mr le Professeur CM. SAMAMA Par Guillaume DUFOUR Traitement péri-opératoire par statine et morbi- mortalité postopératoire après chirurgie cardiaque valvulaire non coronaire Présenté et soutenu le 15 octobre 2009 à Paris Sous la direction du Dr Ivan PHILIP

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N° ACADEMIE DE PARIS

Année 2008-09

MEMOIRE

pour l’obtention du DES

d’Anesthésie-Réanimation

Coordonnateur : Mr le Professeur CM. SAMAMA Par

Guillaume DUFOUR

Traitement péri-opératoire par statine et morbi-

mortalité postopératoire après chirurgie cardiaque

valvulaire non coronaire

Présenté et soutenu le 15 octobre 2009 à Paris

Sous la direction du Dr Ivan PHILIP

  2  

Table des matières

Introduction 3

1. La chirurgie valvulaire 4

2. Effet des statines 6

a. Effet hypocholestérolémiant 6

b. Effets pléiotropes 6

c. Effet rebond 11

3. Statines et péri-opératoire 13

a. Statines et chirurgie non cardiaque 13

b. Statine et chirurgie cardiaque coronaire 15

c. Statine et chirurgie cardiaque non coronaire 16

4. Objectifs de notre étude 16

Matériel et méthode 17

1. Conception de l’étude et population de patient 17

2. Prise en charge péri-opératoire 17

3. Traitement par statines 18

4. Critères primaires et secondaires d’évaluation 18

5. Analyse statistique 19

Résultats 20

1. Caractéristiques cliniques 20

2. Mortalité hospitalière : analyse univariée 20

3. Analyse multivariée 21

4. Causes de mortalité et complications postopératoires 21

Discussion 26

Conclusion 30

Bibliographie 31

Résumé 35

  3  

Introduction

Les statines réduisent la synthèse de cholestérol en inhibant la 3-hydroxy-3-méthyl

glutaryl coenzyme A (HMG-CoA) réductase. Indépendamment de leur effet

hypocholestérolémiant, les statines on aussi des effets pléiotropes qui expliquent leurs

bénéfices chez les patients avec des taux de Low-density Lipoproteins (LDL) normaux ou

modérément élevés. Les données de la littérature suggèrent qu’un traitement pré-opératoire

par statine serait associé à une diminution de la morbi-mortalité après chirurgie majeure non

cardiaque et chirurgie coronaire. Les données concernant la chirurgie cardiaque valvulaire

non coronaire sont moins convaincantes. Une seule étude a retrouvé un effet bénéfique sur la

mortalité postopératoire.

Notre hypothèse est que le traitement péri-opératoire par statine pourrait être bénéfique en

chirurgie valvulaire principalement chez les patients à haut risque cardio-vasculaire comme

cela a été montré avec les béta-bloquants.

  4  

1. La chirurgie valvulaire

La répartition des différentes étiologies des valvulopathies a considérablement évolué au

cours des dernières décennies avec un retentissement sur la population des patients opérés et

sur le type de chirurgie valvulaire. Ainsi, le rétrécissement aortique (RA) calcifié du sujet âgé

est actuellement la valvulopathie la plus fréquente et le remplacement valvulaire aortique

(RVA) est la principale chirurgie cardiaque non coronaire. Avec le vieillissement des patients

opérés, ceux-ci présentent plus de comorbidité et en particulier d’athérosclérose.

La principale base de donnée concernant les valvulopathies de l’adulte est l’Euro Heart

Survey réalisée en 2001 à l’échelle européenne et qui a inclus près de 5000 patients [1].

L’étiologie la plus fréquente des monovalvulopathies était dégénérative (63% des cas) suivie

par les causes rhumatismales (22%), congénitales (6%, essentiellement les bicuspidies), post-

endocarditiques (3%), ischémiques (2%) et autres (4%). Les valvulopathies dégénératives

sont le plus souvent des rétrécissements aortiques (RA) ou des insuffisances mitrales (IM)

alors que les rétrécissements mitraux (RM) et les insuffisances aortiques (IA) sont en général

secondaires à un rhumatisme articulaire aigu (RAA). La part des valvulopathies dégénératives

a augmenté dans les pays occidentaux ces dernières décennies. Ceci est du à l’augmentation

de l’espérance de vie et à la diminution de l’incidence du RAA.

Les deux principaux registres de chirurgie cardiaque sont le United Kingdom Cardiac

Surgical Register (UKCSR) et celui de la Society of Thoracic Surgeons (STS) (Tableau 1). La

chirurgie valvulaire représente environ 20% de l’ensemble des procédures de chirurgie

cardiaque et les RVA sont de loin les plus fréquentes (environ 2/3). L’association à une

chirurgie de pontage coronaire est fréquente. La mortalité péri-opératoire des RVA est

comprise entre 3 et 5%, elle est plus élevée en cas de chirurgie coronaire associée (6-10%). La

mortalité est plus élevée pour la chirurgie mitrale (6 à 8% pour les gestes isolés, 10 à 12% en

cas de pontage associé). Ces dernières années ont été marquées par une augmentation

  5  

continue de l’âge des opérés et de la proportion de chirurgie valvulaire et coronaire combinée.

Cependant, malgré la proportion croissante des comorbidités, la mortalité est restée stable

entre 1988 et 1997, de 2 à 10% selon l’âge et le terrain [2]. Cette mortalité élevée justifie les

efforts constants pour essayer d’améliorer le pronostic, particulièrement chez les malades à

risque.

Tableau 1 : Registres chirurgicaux United Kingdom Cardiac Surgical Register (UKCSR) et

de la Society of Thoracic Surgeons (STS) (d’après Iung, Cardiologie et maladies vasculaires,

Masson)

Caractéristiques des patients UKCSR (2001) STS (2004) Valvulopathies aortiques 5331 (63,1) 23684 (61,5) geste valvulaire isolé 3321 11665 avec pontage coronaire 210 12019 Valvulopathies mitrales 2420 (28,6) 13878 (36,0) geste valvulaire isolé 2104 7291 avec pontage coronaire 316 6587 Valvulopathie tricuspide 33 (0,4) Polyvalvulopathies 668 (7,9) 963 (2,5) geste valvulaire isolé 561 avec pontage coronaire 107 Total chirurgie valvulaire 8452 (23,5) 38525 (17,6) Pontage coronaire isolé 25127 (69,8) 141579 (64,6) n (%)

  6  

2. Effets des statines

a. Effet hypocholestérolémiant

Les statines inhibent la 3-hydroxy-3-méthyl glutaryl coenzyme A (HMG-CoA) réductase,

qui est une enzyme majeure dans le métabolisme du cholestérol endogène (Fig 1). Cette

inhibition de la transformation de l’HMG-CoA en mévalonate est compétitive et réversible.

Elle permet une diminution importante de la concentration du cholestérol total (CT) et des

Low-density Lipoproteins (LDL) athérogènes. Secondairement à la baisse de la concentration

intracellulaire en cholestérol, l’augmentation des récepteurs hépatiques aux LDL participe à la

captation des LDL circulants. Ce phénomène est associé à une augmentation des High-

Density Lipoproteins (HDL) anti-athérogènes. L’effet hypocholestérolémiant est

proportionnel à la dose de statine, mais il existe aussi une grande variabilité entre les

molécules pour une même dose massique [3].

La réduction du taux de LDL est un objectif essentiel de la prévention primaire et

secondaire des maladies cardiovasculaires. Si le bénéfice tardif des statines en prévention

secondaire est LDL dépendant avec une relation directe entre le bénéfice cardiovasculaire et

le taux de LDL, il est admis que le bénéfice précoce, par exemple dans le syndrome

coronarien aigu (SCA), est LDL indépendant et lié aux effets pléiotropes des statines.

b. Effets pleiotropes

Le bénéfice d’un traitement chronique par statine sur le risque d’événements

cardiovasculaires dépasse le bénéfice lié à la seule réduction du taux de LDL. De plus, la

réduction du risque intervient avant la modification de l’hypercholestérolémie. Ces

constatations ont conduit d’une part à la description des effets pleiotropes des statines (effets

qui se manifestent indépendamment de leur effet principal: effets vasodilatateur, antioxydant

  7  

antithrombotique, anti-inflammatoire…) [4, 5] ; et d’autre part à leur utilisation très large en

médecine, bien au-delà de celle d’un simple hypolipémiant.

La dysfonction endothéliale est reconnue comme un élément majeur de la pathogénie de

l’athérosclérose [4]. Elle est la conséquence d’une augmentation de la production de réactifs

dérivés de l’oxygène (ROS) responsables du stress oxydatif et d’une diminution de synthèse,

de libération ou d’activité du NO endogène [6]. Le monoxyde d’azote (NO) libéré par

l’endothélium régule le flux sanguin, l’inflammation et l’agrégation plaquettaire [7]. Les

isoprénoides, comme le farnesyl-PP (FPP) ou le geranylgeranyl-PP (GGPP), sont des

métabolites intermédiaires du cholestérol (fig1). Ils permettent la translocation membranaire

de molécules de signalisation intracellulaires, les Rho GTPases, qui forment un complexe

inhibiteur de la NO synthase endothéliale (eNOS) (régulation de eNOS par les Rho GTPases)

[8]. En plus de son action sur la eNOS, la protéine Rho joue un rôle important sur la fonction

du cytosquelette et l’activation des fibres musculaires lisses endothéliales [9]. En diminuant la

synthèse de GGPP, les statines lèvent l’inhibition de la eNOS. De la même façon, les statines

ont des effets antioxydants en inhibant l’activation de Rac, une autre petite protéine G de la

famille des Rho GTPases qui active la NADPH-oxydase et libère des ROS [9].

Sous statine à forte doses (atorvastatine à 80mg), la normalisation de la fonction

endothéliale est d’apparition très rapide (24 h) et est observée quelque soit le taux de base de

LDL. En revanche, cet effet sur la vasomotricité s’atténue rapidement à l’arrêt du traitement

[10].

  8  

Figure 1 : Action des statines sur la voie du métabolisme du cholestérol (d’après[9])

Les effets anticoagulants et antiagrégants des statines sont médiés par des mécanismes

endothélium dépendants et endothélium indépendants [11]. En augmentant la production de

thrombomoduline (TM) et en diminuant l’expression de facteur tissulaire (FT), les statines

renforcent les propriétés antithrombotiques de l’endothélium. En effet, cette diminution

d’origine transcriptionnelle du FT limite l’initiation de l’agrégation plaquettaire et donc

l’amplification de la coagulation. De plus les statines favorisent un état pro-fibrinolytique en

modifiant la balance plasminogen activator inhibitor (PAI) / tissu plasminogen activator

(tPA) dont l’expression est fortement régulée par la protéine Rho [6]. De façon moins

évidente, les statines inhiberaient l’effet de certains facteurs de coagulation (V, VII, XII) et

auraient des effets indirects sur la coagulation via des propriétés anti-inflammatoires.

  9  

Les propriétés immunomodulatrices et anti-inflammatoires des statines semblent

particulièrement importantes. Les statines se lient directement au lymphocyte function-

associated antigen-1 (LFA-1), récepteur majeur situé à la surface cellulaire des lymphocytes

T circulants, inhibant leur extravasation dans les zones d’inflammation et leur adhésion aux

récepteurs endothéliaux inter cellular molecule-1 (ICAM-1) [12]. Par des mécanismes directs

et indirects les statines réduisent la production de substances chimio attractantes par

l’endothélium (ICAM-1), diminuent l’activité cytotoxique des monocytes/macrophages, des

neutrophiles et des lymphocytes-T et inversent la balance des cytokines pro et anti-

inflammatoire (IL-1, IL-6, IL-8, TNF-α, IFN-γ vs IL-4, IL-10) [5].

Ainsi dans le SCA, les statines réduisent le nombre des cellules immunitaires, leur

activation, leur adhésion à l’endothélium et leur migration dans la paroi vasculaire. Les

statines ont aussi un effet sur les marqueurs non spécifiques de l’inflammation comme la

protéine C réactive (CRP). Un taux élevé de CRP est un facteur indépendant prédictif du

risque coronarien primaire et secondaire [13, 14]. Cependant, l’association entre taux de CRP

et risque coronaire dans les études épidémiologiques est probablement le fruit de facteurs

confondants ou d’une relation causale inversée (l’inflammation associée à l’athérome

augmenterait la CRP…) [15, 16]. Le traitement par statine abaisse la CRP, indépendamment

de l’effet sur le taux de LDL, ce qui est associé à une moindre récurrence des évènements

coronaires après un SCA [17] ainsi qu’à la diminution des accidents cardiovasculaires en

prévention primaire [18]. Cette dernière étude prospective étaye fortement la théorie de la

composante inflammatoire de la maladie cardiovascluaire.

La stabilisation de la plaque athéromateuse est probablement le plus important des

effets pleitropes vasculaires des statines [5, 19]. L’action des statines est multiple. Tout

d’abord, la diminution du taux de LDL plasmatique par le traitement à long terme contribue à

  10  

la diminution de la taille du core lipidique qui constitue la plaque athéromateuse. Cependant

l’instabilité de la plaque est liée à sa structure même et à des phénomènes inflammatoires plus

qu’à sa taille. Le corps lipidique est infiltré de macrophages activés qui libèrent des

métalloprotéases (MP). La couche fibreuse recouvrant le corps lipidique est alors fragilisée

par l’action protéolytique de ces enzymes qui dégrade la matrice extra-cellulaire sous

endothéliale. L’érosion ou la rupture de cette couche fibreuse (plaque instable) entraine la

formation d’une thrombose responsable d’obstruction de la lumière vasculaire ou d’embolie

distale (Fig 2).

Les statines exercent un effet stabilisant en transformant les plaques riches en lipides en

plaques plus fibreuses et calcifiées, en réduisant la prolifération des macrophages et la

sécrétion des MP et en diminuant l'expression du FT. Chez les patients ayant présenté un

SCA, la récidive de la rupture de plaque est fréquente et grave. Elle traduit l'extension de

l'instabilité des plaques dans le réseau coronaire. L’étude randomisée PROVE IT a montré

que l'administration précoce de statines à doses élevées (atorvastatine 80mg) réduit le risque

de récidive [20]. Cependant, d’après une méta-analyse, il n’y a pas de bénéfice à court terme

(dans les 4 mois) sur la diminution de la morbi-mortalité [21].

  11  

Figure 2 : La triade pathologique vasculaire impliquée dans l’instabilité de la plaque

d’athérome (d’après[5])

c. Effet rebond

Les bases moléculaires de l’effet rebond à l’arret des statines sont en partie connues [9].

Le principal mécanisme est la disparition de leurs effets bénéfiques sur la vasomotricité

endothéliale. L’interruption d’un traitement chronique est associé à une diminution très rapide

et très importante de la biodisponibilité du NO endothéliale (Fig 3). La réponse vasculaire à

un stimulus vasodilatateur est alors une vasoconstriction paradoxale. Cette dysfonction

endothéliale est encore plus marquée que celle observée chez le patient athérosclérotique non

traité de façon chronique par statine. Les capacités d’adaptation vasculaire sont donc

  12  

diminuées avec des conséquences cliniques importantes en situation instable comme que le

péri-opératoire de chirurgie majeure.

Plusieurs études réalisées chez des patients médicaux présentant un syndrome coronarien

aigu (SCA) ont montré une augmentation significative des récidives de SCA ou de la

mortalité à l’interruption d’un traitement chronique par statine [22, 23]. En péri-opératoire de

chirurgie vasculaire, Le Manach et al. ont montré de façon rétrospective que cette interruption

est associée à une augmentation très importante du risque de complication cardiaque post-

opératoire [24].

Figure 3 : Mécanismes moléculaires impliqués dans l’effet rebond après l’arrêt du traitement

chronique par statine (d’après[11])

A l’état de base, la protéines Rho associée au GGPP est active et inhibe la eNOS. Après   l'initiation   du  

traitement  par  statine,  la  synthèse  de  GGPP  est  interrompue,  Rho  est  inactive  dans  sa  forme  cytosolique,  

ce  qui  se   traduit  par   la  up-­‐régulation  de   la  eNOS.  A   l'arrêt  du  traitement  chronique  par  statine,   le  GGPP  

devient  disponible  et  Rho  est  transférée  à  la  membrane,  provoquant  la  down-­‐régulation  de  la  production  

de  la  eNOS  au-­‐dessous  des  niveaux  de  référence.

  13  

3. Statines et péri-opératoire

Chez les patients polyvasculaires, la période péri-opératoire est une période à risque de

rupture des plaques athéromateuses instables. La stimulation adrénergique liée à la chirurgie

et à la douleur post-opératoire ainsi que le déséquilibre de la balance du myocarde en oxygène

(tachycardie, hypotension artérielle, anémie, hypoxémie, hypothermie) génèrent un stress sur

la paroi artérielle. L'activation des phénomènes inflammatoires et la modification de la

coagulation pourraient également jouer un rôle délétère. De par leurs effets pléiotropes, les

statines semblent être bénéfiques en péri-opératoire de chirurgie lourde chez les patients à

risque cardiovasculaire.

a. Statines et chirurgie non cardiaque

L’essentiel des études sur le bénéfice des statines en péri-opératoire de chirurgie non

cardiaque concerne la chirurgie vasculaire. La première étude à montrer l’impact d’un

traitement en cours par statine sur la mortalité post-opératoire est une étude rétrospective cas-

témoins appariant des patients de chirurgie vasculaire majeure (essentiellement chirurgie de

l’aorte abdominale) décédés et non décédés [25]. La première cause de décès (68%) était

vasculaire: infarctus du myocarde (IDM) et accident vasculaire cérébral (AVC). La mortalité

périopératoire était réduite de 4,5 fois chez les patients traités par statine (OR ajusté sur les

traitements associés et les autres facteurs de risque de 0,22 avec IC 95% [0,10–0,47]). Le

bénéfice sur la mortalité à court terme et la nécrose myocardique non fatale était indépendant

de celui apporté par les β-bloquants [26]. De plus, la même équipe rapporte un effet bénéfique

du traitement par statine sur la survie à long terme [27].

Une autre étude rétrospective portant sur 780000 patients concerne essentiellement la

chirurgie majeure non vasculaire (68% orthopédique et digestive) [28]. Le traitement non

interrompu par statine était associé à une plus faible mortalité à court terme et surtout

  14  

l’analyse de sous-groupe montrait un bénéfice d’autant plus important que les patients étaient

à haut risque de complication cardiaque post-opératoire (score de Lee [29] > 3). En effet, dans

ce sous-groupe de patients le number needed to treat (NNT) était de 30 (IC 95% [27–35])

contre 186 (IC 95% [168–214]) dans le groupe de patients ayant un score de Lee inférieur à 1.

Parallèlement à ces résultats, une étude réalisée sur 3360 endartériectomies carotidiennes

montre que le traitement par statines était associé à une réduction de la mortalité et des AVC

ischémiques périopératoires uniquement chez les patients symptomatiques avant

l’intervention (événement cérébral ou oculaire) [30].

Au moment de la réalisation de ces études, le traitement par statine était encore peu

utilisé dans la prise en charge du patient à risque cardiovasculaire (de l’ordre de 10% des

patients). Une étude plus récente en chirurgie vasculaire retrouvait 45% des patients traités au

long cours par statine avec un effet protecteur sur les complications cardiaques péri-

opératoires (OR 0,52 avec IC 95% [0,35–0,76]) [31].

L’étude de Durazzo et al. est une des rares études prospectives contrôlées sur le bénéfice

des statines en chirurgie cardiovasculaire [32]. Cent patients de chirurgie vasculaire, non

traités par une statine, ont été randomisés en un groupe atorvastatine (20 mg) et un groupe

placebo. Le traitement était débuté en moyenne 30 jours avant la chirurgie et poursuivi 15

jours après. A six mois, le critère composite de morbidité (décès de cause cardiaque, IDM non

fatal, SCA, AVC ischémique) était réduit d'un facteur 3,2 (p = 0,03) dans le groupe statine. Le

pourcentage de survivant sans complication à cette période était respectivement de 91 vs 73 %

(p < 0,02). Il faut cependant noter que l'incidence globale des événements cardiovasculaires

est élevée dans le groupe placebo (26 %).

L’étude randomisée DECREASE III, présentée uniquement en abstract, a évalué l’intérêt

d’un traitement par fluvastatine chez les patients à risque subissant une chirurgie vasculaire et

  15  

recevant des β-bloquants. Elle retrouvait 2 fois moins d’épisodes d’ischémie myocardique

(détectée sur l’ECG et l’élévation de troponine) dans le groupe traité vs placebo.

b. Statines et chirurgie cardiaque coronaire

Dans ce premier type de chirurgie cardiaque, la littérature est comparable à celle de la

chirurgie vasculaire majeure et les arguments en faveur de l’utilisation des statines en péri-

opératoire sont nombreux.

Tout d’abord, le traitement par statine diminue à long terme la progression de la maladie

athéromateuse ainsi que le risque d’obstruction des pontages aorto-coronaires (PAC) [33-35].

Dans une étude non contrôlée, les statines réduisaient l'incidence d'un critère composite

(associant décès, infarctus du myocarde, arythmies) dans les 60 premiers jours après PAC

[36]. Dans une autre étude rétrospective portant sur 1 663 patients, il a été montré qu'une

statine administrée avant PAC réduisait le risque de décès, toutes causes confondues, jusqu'au

30e jour postopératoire (1,8 vs 3,7 %, p < 0,05) [37]. Cependant il n’y avait pas de différence

entre les deux groupes en termes de survenue d'IDM, d'arythmie, d'insuffisance rénale ou

d'AVC.

Une étude récente prospective observationnelle a mis en évidence un effet dose sur le

bénéfice des statines après PAC [38]. Dans cette étude, les fortes doses de statines étaient plus

efficaces sur la prévention des évènements cardiovasculaires périopératoires que les faibles

doses.

Plusieurs études négatives apparaissent toutefois. Pour Ali et al., l’utilisation de statine en

péri-opératoire de chirurgie cardiaque (coronaire et valvulaire) n’est pas associée à une

réduction de la mortalité ou de la morbidité sévère après analyse avec un score de propension

[39]. Les résultats étaient similaires dans le sous-groupe de chirurgie coronaire [40].

  16  

c. Statines et chirurgie cardiaque non coronaire

Il n’existe que peu d’étude sur l’effet des statines en chirurgie valvulaire et les résultats

sont moins convaincants [41-44]. Toutes ces études sont rétrospectives avec analyse par un

score de propension pour limiter le biais lié à l’absence de randomisation. Une seule étude

montre un bénéfice du traitement par statine sur la mortalité (OR 0,25 avec IC 95% [0,12–

0,54]) mais sans diminution significative des évènements cardiovasculaires (AVC ou nécrose

myocardique) [43]. Si l’étude de Clark et al. a mis en évidence une réduction de la morbi-

mortalité en chirurgie cardiaque (coronaire et/ou valvulaire) grâce au traitement préopératoire

par statine, ces résultats sont non significatifs dans le sous-groupe de chirurgie valvulaire non

coronaire [41].

2. Objectifs de notre étude

L'ensemble de ces études épidémiologiques sur de grands collectifs de patients suggère

que l'administration de statines semble avoir un impact favorable sur le devenir péri-

opératoire des patients à risque cardiovasculaire élevé opérés de chirurgie majeure ou de

chirurgie cardiaque coronaire. En revanche aucune des études en chirurgie valvulaire non

coronaire n’a observé cet impact chez les patients à haut risque cardiovasculaire. Nous avons

fait l’hypothèse que le traitement par statine en périopératoire de chirurgie valvulaire pourrait

être essentiellement bénéfique chez les patients à haut risque cardiovasculaire comme cela a

été montré en chirurgie majeure non cardiaque [28]. L’objectif de notre travail était donc

d'évaluer si un traitement péri-opératoire par statine était associé à une diminution de la

mortalité post-opératoire chez les patients bénéficiant d’une chirurgie cardiaque valvulaire

non coronaire, avec une attention particulière au sous-groupe de patients ayant un risque

cardiovasculaire élevé.

  17  

Matériel et méthode

1. Conception de l’étude et population de patient

Il s’agit d’une étude monocentrique rétrospective réalisée à l’hôpital Bichat-Claude

Bernard chez des patients hospitalisés en soins intensifs dans les suites d’une chirurgie

cardiaque avec circulation extra-corporelle (CEC). Tous les patients adultes opérés entre

novembre 2005 et décembre 2007 d’un remplacement valvulaire ont été inclus. Les critères

d’exclusion concernent les patients avec une sténose coronaire significative (50% sur tronc

commun et 70% sur les autres coronaires) necessitant un PAC et les patients ayant bénéficié

d’un geste chirurgical combiné sur l’aorte ascendante (tube sus-coronaire...). Les

caractéristiques périopératoires sont obtenues à partir d’une base de donnée locale

(Cardiobase) sur l’ensemble des patients opérés depuis novembre 2005 et mise à jour

prospectivement.

Les patients étudiés sont regroupés en 2 classes : un groupe à haut risque incluant les

patients avec 2 ou plus facteurs de risque cardiovasculaire parmi l’HTA, le diabète, l’âge ≥ 65

ans, l’hypercholestérolémie, le tabac (actif ou sevré) et un groupe à faible risque avec aucun

ou un seul de ces facteurs de risque.

Cette étude observationnelle ne modifiant pas la pratique des cliniciens ou des biologistes,

le comité d’éthique local n’a pas jugé nécessaire de recueillir le consentement éclairé des

patients.

2. Prise en charge péri-opératoire

La prise en charge péri-opératoire est standardisée dans notre hôpital. Les médicaments

anesthésiques utilisés sont laissés à l’appréciation de l’anesthésiste. Le monitorage minimal

  18  

comporte un cathéter veineux central et un cathéter artériel avec enregistrement de la pression

artérielle invasive. La mise en place d’une échographie trans-oesophagienne ou d’un cathéter

artériel pulmonaire est également laissée à la discrétion de l’anesthésiste. Un traitement par

antifibrinolytique est administré dès la mise en place des canules de CEC jusqu’à la fermeture

de la sternotomie. Tous les patients reçoivent soit de l’acide tranexamique, soit de l’aprotinine

en cas de chirurgie jugée à risque (patients redux, patients sous double anti-agrégation

plaquettaire) et ce jusqu’à son retrait du marché en juin 2008 suite à l’étude canadienne

BART [45]. La circulation extra-corporelle se déroule en normothermie.

A la fin de l’intervention, le patient est transféré en réanimation de chirurgie cardiaque. En

l’absence de complications hémodynamique, respiratoire ou neurologique, le patient est

extubé dans les 8 premières heures puis la sortie est autorisée à partir de la 48ème heure.

3. Traitement par statines

Les patients traités par statines en pré-opératoire depuis au moins 15 jours les poursuivent

jusqu’au jour de l’intervention. Le traitement est réintroduit dès J1 à la même posologie, par

voie per-os ou par sonde naso-gastrique. Il n’y a pas de nouveau traitement débuté en péri-

opératoire.

4. Critères primaire et secondaire d’évaluation

Le critère primaire d’évaluation est la mortalité post-opératoire, toute cause confondue,

définie par le décès survenant dans les 30 jours suivants l’intervention pour les patients sortis

de l’hôpital, ou lors de la même hospitalisation (même après le 30ème jour). Cette définition

correspond à celle de l’Euroscore.

La cause principale de mortalité est définie par le type de défaillance d’organe à l’origine

du décès : cardiaque (ischémie myocardique, troubles rythmiques, insuffisance cardiaque,

  19  

thrombose de valve prothétique) ; neurologique (accident vasculaire ischémique ou

hémorragique) ; pulmonaire (pneumopathie, insuffisance respiratoire) et syndrome de

défaillance multiviscérale.

Les complications sévères post-opératoires aussi sont aussi collectées : souffrance

myocardique (évaluée par le dosage de la troponine Ic (TnIc) à H20 [46]) ; choc

cardiogénique (défini par un index cardiaque inférieur à 2 l/min/m2 nécessitant un support

inotrope durant plus de 4h) ; insuffisance rénale (définie par une élévation de la créatininémie

de plus de 50% de la valeur de base) ; sepsis sévère (pneumopathie, médiastinite) et choc

septique.

5. Analyse statistique

Les résultats sont exprimés en moyenne ± déviation standard ou médiane [25ème-75ème

percentile] pour les variables continues, selon leur distribution, et en pourcentage pour les

variables qualitatives. Les variables continues ont été comparées par le test de Student ou le

test de Mann-Whitney et les pourcentages par le test du χ² ou le test de Fisher. Le seuil de

significativité a été fixé à p <0,05.

Nous avons réalisé une analyse de sous-groupe chez les patients à haut risque cardio

vasculaire. Les facteurs de risque associés à la mortalité hospitalière en analyse univariée

(avec p<0,10) sont analysés en analyse multivariée par une régression logistique. Afin

d’éliminer un possible biais lié à l’absence de randomisation du traitement par statine,

l’équipe de biostatistique de l’hôpital Bichat a réalisé une analyse par un score de propension.

Une deuxième analyse multivariée a été réalisée, incluant ce score de propension.

  20  

Résultats

1. Caractéristiques cliniques

Sur la période étudiée, 772 patients ont bénéficié d’un remplacement valvulaire (RV) isolé

et ont été inclus dans l’étude : 425 (55%) RV aortique, 270 (35%) RV mitral et 77 (10%) RV

mitro-aortique. Le groupe des patients à haut risque, présentant 2 facteurs de risque

cardiovasculaire (FDRCV) ou plus, compte 430 (56%) patients. Les caractéristiques de

l’ensemble de la population sont présentées dans le tableau 2. Le groupe des patients à haut

risque cardiovasculaire a un EuroSCORE plus élevé (p=0,004) et plus de comorbidités que le

groupe des patients à faible risque.

Dans le sous-groupe à haut risque (tableau 3), les patients traités par statine en

préopératoire ont un index de masse corporelle (IMC) plus élevé (p=0,003), une artériopathie

oblitérante périphérique plus fréquente (p=0,0008) et des antécédents coronariens plus

nombreux (p<0,0001) que les patients non traités par statine.

2. Mortalité hospitalière : analyse univariée

Sur l’ensemble de la population, la mortalité hospitalière est de 6,6%, IC95% [4,8–8,3].

Elle est identique chez les patients traités ou non par statine (5,7% vs 7,0% ; p=0,6). Dans le

sous-groupe à faible risque CV, la différence sur la mortalité hospitalière est non significative

(p=0,2). En revanche, chez les patients avec 2 ou plus FDRCV (groupe à haut risque CV),

l’analyse univariée montre que le traitement préopératoire par statine est associé à une

diminution de la mortalité hospitalière après RV isolé (5% vs 10% ; p=0,068) (tableau 4).

Nous avons donc réalisé une analyse multivariée uniquement dans ce groupe à haut risque

CV.

  21  

3. Analyse multivariée (tableau 5)

L’EuroSCORE a été exlus de cette analyse puisqu’il est construit à partir de certaines des

autres covariables. L’IMC a une relation non linéaire avec la mortalité et a donc été utilisée

comme variable binaire (IMC > 30). La pression artérielle pulmonaire systolique (PAPS) est

de distribution non normale et a donc été transformée avant analyse par une fonction

logarithmique base 2. Huit patients (1,9%) ont été exclus en raison de données manquantes.

En analyse multivariée, le traitement préopératoire par statine n’est pas significativement

associé à une réduction de la mortalité hospitalière (OR 0,52 ; p=0,09) alors que la PAPS et la

baisse de la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) sont associées à une surmortalité

(p<0,05). Après utilisation du score de propension, le traitement par statine a un effet

protecteur sur la mortalité (OR 0,42 ; p=0,043).

4. Causes de mortalité et complications postopératoires

Dans le groupe à haut risque, les causes primaires de décès chez les patients traités par

statine sont cardiaques (6 cas), pulmonaires (5 cas) et neurologiques (1 cas). Chez les patients

non traités par statine, ces causes sont cardiaques (12 cas), pulmonaires (4 cas), défaillances

multiples d’organes (3 cas) et neurologiques (2 cas).

Les complications postopératoires du groupe à haut risque cardiovasculaire sont

présentées dans le tableau 6. Dans ce sous-groupe, il n’est pas retrouvé de différence

significative sur l’incidence des évènements postopératoires majeurs entre les patients traités

et ceux non traités par statine.

  22  

Tableau 2- Critères démographiques préopératoires dans les groupes à faible et fort risque

cardio-vasculaire

Patients à faible risque

Patients à fort risque

Caractéristiques des patients (n = 342) (n = 430) p

Facteurs de risque cardio-vasculaire: âge 52 ± 16 70 ± 11 dyslipidémie 15 (4) 252 (59) tabac actif ou sevré 80 (23) 244 (57) hypertension 30 (9) 84 (20) diabète 5 (1) 228 (53) Sexe masculin 150 (44) 231 (54) 0,007 IMC (kg/m²) 24,5 ± 4.7 26,7 ± 4.7 <0,0001 IMC >30 (kg/m²) 38 (11) 101 (23) <0,0001 Logistic EuroSCORE 5,8 ± 6.3 6,7 ± 2.7 0,004 BPCO 14 (4) 69 (16) <0,0001 Antécédent d’OAP 79 (23) 93 (22) 0,6 Antécédent d’IDM 4 (1) 30 (7) <0,0001 Antécédent d’AVC 26 (8) 39 (9) 0,5 Artériopathie périphérique 11 (3) 60 (14) <0,0001 FEVG (%) 60 ± 12 59 ± 12 0,31 PAPs (mmHg) 34 ± 15 35 ± 15 0,43 Clearance de la créatinine (mL/min) 64 ± 28 73 ±30 <0,0001 Traitement pré-opératoire: statines 25 (7) 222 (52) <0,0001 anti-aggrégants plaquettaires 51 (15) 175 (41) <0,0001 anti-arythmiques 83 (24) 102 (24) 0,9 diurétiques 207 (61) 244 (57) 0,3 béta-bloquants 118 (35) 158 (37) 0,5 inhibiteurs calciques 17 (5) 84 (20) <0,0001 inhibiteurs du SRA 108 (32) 228 (53) <0,0001 Chirurgie redux 68 (20) 54 (13) 0,006 Endocardite infectieuse 29 (8) 22 (5) 0,06 Durée de CEC (min) 87 ± 39 78 ± 47 0,006 Durée de clampage aortique (min) 63 ± 26 58 ± 33 0,03 Durée de chirurgie (min) 193 ± 54 181 ± 69 0,008 moyenne ± déviation standard ou n (%) IMC: indice de masse corporelle; BPCO: bronchopneumopathie chronique obstructive; OAP: oedème aigu pulmonaire; IDM: infarctus du myocarde; AVC: accident vasculaire cerebral; FEVG; fraction d’éjection du ventricule gauche; PAPs: pression artérielle pulmonaire systolique; SRA: système rénine-aldostérone; CEC: circulation extra-corporelle

  23  

Tableau 3- Critères démographiques préopératoires chez les 430 patients du groupe à haut

risque cardio-vasculaire recevant ou non un traitement pré-opératoire par statine

Traitement pré-opératoire par statine

Caractéristiques des patients

oui (n = 222)

non (n = 208)

p

Facteurs de risque cardio-vasculaire: âge 69 ± 11 71 ± 11 dyslipidémie 176 (79) 76 (37) tabac actif ou sevré 111 (50) 133 (64) hypertension 52 (23) 32 (15) diabète 124 (56) 104 (50) Sexe masculin 120 (54) 111 (53) 0,89 IMC (kg/m²) 27,4 ± 4.7 26,1 ± 4.6 0,003 IMC >30 (kg/m²) 6,6 ± 2.6 6,9 ± 2.7 0,29 Logistic EuroSCORE 26 (12) 43 (21) 0,01 BPCO 42 (19) 51 (25) 0,16 Antécédent d’OAP 24 (11) 6 (3) 0,001 Antécédent d’IDM 49 (22) 11 (5) < 0,0001 Antécédent d’AVC 22 (10) 17 (8) 0,53 Artériopathie périphérique 43 (19) 17 (8) 0,0008 FEVG (%) 60 ± 12 60 ± 11 0,62 PAPs (mmHg) 34 ± 14 36 ± 16 0,16 Clearance de la créatinine (mL/min) 65 ± 27 62 ± 28 0,23 Traitement pré-opératoire: anti-aggrégants plaquettaires 122 (55) 53 (26) < 0,0001 anti-arythmiques 37 (17) 65 (31) 0,0004 diurétiques 111 (50) 133 (64) 0,004 béta-bloquants 99 (45) 59 (28) 0,0005 inhibiteurs calciques 52 (23) 32 (15) 0,04 inhibiteurs du SRA 124 (56) 104 (50) 0,22 Chirurgie redux 30 (14) 24 (12) 0,54 Endocardite infectieuse 7 (3) 15 (7) 0,06 Durée de CEC (min) 75 ± 38 82 ± 54 0,14 Durée de clampage aortique (min) 56 ± 29 60 ± 36 0,26 Durée de chirurgie (min) 180 ± 59 183 ± 78 0,6 moyenne ± deviation standard ou n (%) IMC: indice de masse corporelle; BPCO: bronchopneumopathie chronique obstructive; OAP: oedème aigu pulmonaire; IDM: infarctus du myocarde; AVC: accident vasculaire cerebral; FEVG; fraction d’éjection du ventricule gauche; PAPs: pression artérielle pulmonaire systolique; SRA: système rénine-aldostérone; CEC: circulation extra-corporelle

  24  

Tableau 4- Facteurs de risques préopératoires de mortalité chez les patients à haut risque

cardio-vasculaire: analyse univariée

décédés vivants Caractéristiques des patients (n = 33) (n = 389)

p ajusté

Sexe masculin 18 (55) 210 (54) 0,951

IMC > 30 (kg/m²) 4 (12) 95 (24) 0,109

BPCO 7 (21) 60 (15) 0,388

Antécédent d’OAP 10 (30) 82 (21) 0,224

Coronaropathie 7 (21) 52 (13) 0,144

Antécédent d’AVC 3 (9) 35 (9) 0,989

Artériopathie périphérique 9 (27) 48 (12) 0,013

FEVG (%) 55 ± 11 61 ± 12 0,016

PAPs (mmHg) 35 [30-44] 30 [25-40] 0,005

FA permanente ou paroxystique 12 (36) 147 (37) 0,94

Clearance de la créatinine (mL/min) 56 ± 27 64 ± 28 0,084

Traitement pré-opératoire:

statines 12 (36) 205 (53) 0,045

anti-aggrégants plaquettaires 13 (39) 159 (41) 0,906

anti-arythmiques 7 (21) 93 (24) 0,685

diurétiques 22 (67) 218 (56) 0,234

béta-bloquants 13 (39) 140 (36) 0,644

inhibiteurs calciques 9 (27) 75 (19) 0,252

inhibiteurs du SRA 18 (55) 207 (53) 0,871

Chirurgie redux 9 (27) 45 (12) 0,012

Endocardite infectieuse 4 (12) 18 (5) 0,075 Moyenne ± déviation standard; mediane [25ème–75ème percentiles] ou n (%) Les valeurs de p sont ajustées sur le score de propension IMC: indice de masse corporelle; BPCO: bronchopneumopathie chronique obstructive; OAP: oedème aigu pulmonaire; AVC: accident vasculaire cerebral; FEVG; fraction d’éjection du ventricule gauche; PAPs: pression artérielle pulmonaire systolique; FA: fibrillation atriale; SRA: système rénine-aldostérone; CEC: circulation extra-corporelle

  25  

Tableau 5- Facteurs de risque de mortalité hospitalière: analyse par régression logistique dans

le sous-groupe à haut risque cardio-vasculaire (n=422), avec et sans ajustement par score de

propension

Caractéristiques des patients Odds Ratio (IC 95%) p Analyse multivariée Statines 0,52 (0,25 - 1,11) 0,090 FEVG 0,97 (0,94 - 1,00) 0,023 PAPs 2,29 (1,20 - 4,36) 0,012 Ajustement par score de propension Statines 0,41 (0,17 - 0,97) 0,043 FEVG 0,97 (0,94 - 1,00) 0,029 PAPs 2,40 (1,25 - 4,63) 0,009 FEVG: fraction d’éjection du ventricule gauche; PAPs: pression artérielle pulmonaire systolique Tableau 6- Incidence des complications post-opératoires sévères dans le groupe de 430

patients à haut risque cardio-vasculaire

Traitement pré-opératoire par statine oui (n = 222) non (n = 208)

p

Pic de TnIc (ng/mL)* 4,8 [2,4-8,9] 4,4 [2,5-6,9] 0,2 AVC 3 (1,4) 1 (0,5) 0,6 Choc cardiogénique 8 (3,6) 7 (3,4) 0,9 Insuffisance rénale ** 22 (10) 29 (14) 0,2 Sepsis sévère 11 (5) 11 (5) 0,9 médiane [25ème–75ème percentiles] ou n (%) *TnIc: Troponine I cardiaque mesurée 20 h après la fin de la chirurgie * * définie par l’augmentation de plus de 50% de la valeur de créatininémie de base

  26  

Discussion

Dans cette étude, nous avons montré que le traitement périopératoire par statine après

chirurgie cardiaque valvulaire était associé à la réduction de la mortalité hospitalière chez les

patients à haut risque cardiovasculaire.

Le bénéfice d’un traitement périopératoire par statine sur la mortalité a déjà été rapporté

principalement après pontage aorto-coronaire (PAC) [37, 38] et après chirurgie vasculaire

majeure [25, 28, 47]. Les résultats concernant la chirurgie cardiaque valvulaire (CCV) sont

moins évidents. Une seule étude a mis en évidence une réduction de la mortalité dans cette

situation [43]. Pour Fedoruk et al., le bénéfice du traitement par statine apparaissait

uniquement sur un critère combiné de morbi-mortalité [42]. Clark et al. ont montré une

différence non significative sur la mortalité chez les patients traités et non traités par statine

après CCV isolée (1,96% vs 7,5%) [41]. Enfin récemment, Virani et al. n’ont retrouvé aucune

association entre le traitement périopératoire par statine et la mortalité après CCV isolée [44].

Ces résultats hétérogénes sont possiblement liés aux types de populations étudiées. Dans notre

étude, l’effet du traitement par statine a été évalué dans deux sous-groupes de patients : ceux à

haut risque CV et ceux à faible risque CV avec un bénéfice retrouvé uniquement dans le

groupe à haut risque CV. Dans le même esprit, deux études randomisées contrôlées en

chirurgie majeure non cardiaque ont montré que le traitement périopératoire par β-bloquant

était associé à une réduction de la mortalité chez les patients à haut risque CV [48, 49].

D’autres études ont confirmé ces résultats sans retrouver le bénéfice du traitement par β-

bloquant chez les patients à faible risque CV [50, 51]. De plus, Poldermans et al. et

Lindenauer et al. ont montré que le traitement préopératoire par statine était associé à une

diminution de la mortalité des patients à haut risque CV en postopératoire de chirurgie

  27  

vasculaire majeure [25, 28]. Ainsi l’ensemble de ces résultats suggèrent que le traitement

périopératoire par statine pourrait être bénéfique mais probablement uniquement chez les

patients à haut risque CV.

En dehors de leurs effets hypocholesterolémiants, les statines sont connues pour leurs

multiples effets pleitropes. Cependant, les mécanismes impliqués dans la réduction de la

mortalité postopératoire ne sont pas encore élucidés. Les effets protecteurs potentiels sur

l’ischémie myocardique est une des hypothèses pour expliquer leur bénéfice après chirurgie

cardiaque avec circulation extra-corporelle et clampage aortique. Dans un modèle

expérimental d’ischémie-reperfusion myocardique chez le rat, les statines ont permis de

limiter les lésions tissulaires [52]. Cependant ces effets sont probablement limités dans notre

étude puisque le traitement préopératoire par statine n’est pas associé à une diminution des

évènements de souffrance myocardique appréciés par la concentration de TnIc à J1. De plus,

les patients sous statine ne faisaient pas moins de choc cardiogénique. De même, Pan et al.

ont publié des résultats similaires chez des patients opérés de PAC [37]. Le traitement

préopératoire par statine était indépendamment associé à une réduction de la mortalité

postopératoire sans être associé à la réduction du risque de nécrose myocardique ou d’autres

évènements majeurs comme les AVC, les arythmies ou l’insuffisance rénale. Enfin, dans une

méta-analyse récente portant sur plus de 3000 patients, le traitement par statine était associé à

une réduction significative de la mortalité après chirurgie cardiaque mais n’était pas associé à

la réduction des nécroses myocardiques ou des insuffisances rénales [53].

Une autre hypothèse pour expliquer les effets bénéfiques potentiels des statines parmi

leurs effets pléiotropes, serait leurs propriétés anti-inflammatoires et immuno-modulatrices

[54-57]. D’un point de vue théorique, limiter la réponse inflammatoire après chirurgie

cardiaque avec CEC pourrait avoir un rôle protecteur. Toutefois, la pertinence clinique de

  28  

l'atténuation de la libération de cytokines pro-inflammatoires comme l’interleukine-6 et

l'augmentation de cytokines anti-inflammatoires comme l’interleukine-10 reste à démontrer.

Enfin, les statines sont bien connues pour leurs propriétés anti-athérosclérotiques [56, 58]

et stabilisantes sur la plaque vulnérable [19]. De nombreux sujets apparemment sains ont de

l’athérosclérose, en particulier ceux avec des FDRCV. Il a été bien établi que le risque

d'occlusion coronaire n'est pas proportionnel à la sévérité de la sténose coronaire initiale [59,

60]. Les interventions chirurgicales majeures et en particulier la chirurgie cardiaque avec

circulation extracorporelle sont associées à un état inflammatoire systémique et local qui peut

conduire à la rupture d’une plaque potentiellement instable, et ce même chez des sujets

apparemment en bonne santé. Les statines grâce à leurs propriétés anti-inflammatoires

pourraient avoir des effets bénéfiques lors de la phase postopératoire immédiate en assurant

la stabilisation de la plaque. Cela pourrait expliquer que le traitement périopératoire par

statine soit associé à un effet protecteur après chirurgie vasculaire majeure [25, 28] et dans

notre étude après CCV isolée uniquement dans le sous-groupe des patients avec plusieurs

FDRCV. L'absence de différence sur les concentrations de TnIc à J1 chez les patients avec ou

sans statine n'exclut pas cette hypothèse puisque les évènements de souffrance myocardique

peuvent avoir été retardés. En effet, le dosage de TnIc à H20 est standard [46] mais ceci a pu

masquer des événements très précoces ou plus tardifs.

Notre étude a un certain nombre de limites. La principale est l’absence de randomisation

du traitement par statine. Néanmoins, nous avons utilisé un modèle de régression logistique

multivariée avec un score de propension visant à limiter les facteurs de confusion. En outre,

une étude contrôlée contre placebo aurait été éthiquement contestable : la plupart des malades

ayant des facteurs de risque cardiovasculaire reçoivent des statines, au long cours, ainsi cela

aurait conduit à l'interruption d’un traitement chronique par statines chez de nombreux

  29  

patients dans le groupe placebo, avec un risque d'événement cardiaque secondaire à l’effet

rebond [22, 23]. Une autre limite est que nous n'avons pas recueilli le type de statine et la

dose du traitement préopératoire. En effet, une étude récente a suggéré une réduction dose-

dépendante des effets indésirables cardiovasculaires après PAC.[38] Enfin, dans notre étude

l'absence d’effet dans le groupe à faible risque CV peut être dû au faible effectif de patients

recevant des statines dans ce groupe. C’est d’ailleurs dans ce groupe à faible risque qu’une

étude prospective randomisée pourrait être réalisée sans problème éthique lié à l'interruption

du traitement préopératoire.

En pratique clinique, les statines apparaissent comme l'un des principaux traitements pour

réduire la mortalité périopératoire des patients à haut risque CV. Les statines sont bien

tolérées et rarement associées à des effets secondaires tels que des myalgies et des

rhabdomyolyses [61, 62]. D’autres études sont encore nécessaires pour évaluer la durée

optimale de traitement, les probables effets dose-réponse ainsi que les possibles différences

d’efficacité entre statines.

  30  

Conclusion

Le traitement périopératoire par statine est associé à une réduction de la mortalité

hospitalière chez les patients ayant des facteurs de risque cardiovasculaire après chirurgie

valvulaire isolée. Nos résultats, ainsi que ceux de la littérature, suggèrent que le traitement

périopératoire par statine pourrait être bénéfique lors de chirurgie majeure chez les patients à

haut risque de complication cardiovasculaire. Néanmoins, des études prospectives

randomisées sont nécessaires dans ces situations en vue de confirmer ces résultats.

  31  

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Résumé

Introduction : Des études récentes ont montré qu'un traitement pré-opératoire par statine était associé

à une réduction de la mortalité postopératoire après une chirurgie vasculaire majeure non cardiaque et

après pontage coronaire. Le but de notre étude était d'évaluer l'influence du traitement pré-opératoire

par statine sur la mortalité hospitalière à la suite d’une chirurgie cardiaque valvulaire non coronaire

chez les patients à risque cardiovasculaire élevé.

Méthodes: Il s'agit d'une étude rétrospective réalisée chez des patients ayant bénéficié d’une chirurgie

cardiaque valvulaire entre Novembre 2005 et Décembre 2007. Le critère principal était la mortalité

hospitalière. Au cours de cette période, 772 patients ont été opérés d’une chirurgie cardiaque

valvulaire isolée. Parmi eux, 430 avaient un risque cardiovasculaire élevé (défini par la présence de 2

ou plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires). Dans ce sous-groupe, 222 (52%) patients avaient un

traitement pré-opératoire par statine.

Résultats: En analyse multivariée, après ajustement par un score de propension, le traitement pré-

opératoire par statine était associée à une réduction significative de la mortalité hospitalière chez les

patients présentant un risque cardiovasculaire élevé (OR = 0,41, IC 95 = 0.17-0.97;% P = 0,04). Une

fraction d'éjection ventriculaire abaissée et une élévation de la pression artérielle pulmonaire ont

également été associés de façon indépendante à la mortalité postopératoire. En revanche, dans le

groupe à faible risque, peu de patients ont reçu un traitement par statine en pré-opératoire (7%) et le

bénéfice sur la mortalité postopéraoire n’a pas été retrouvé.

Conclusion: Cette étude suggère que le traitement péri-opératoire par statine aurait un effet bénéfique

sur la mortalité postopératoire après chirurgie cardiaque valvulaire isolés, au moins chez les patients

présentant un risque cardiovasculaire élevé.