49
Traits de la personnalité dépressive/masochiste et violence conjugale au sein du couple Mémoire doctoral Emmanuelle Cloutier Doctorat en psychologie Docteur en psychologie (D.Psy.) Québec, Canada © Emmanuelle Cloutier, 2016

Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

1

Traits de la personnalité dépressive/masochiste et violence conjugale au sein du couple

Mémoire doctoral

Emmanuelle Cloutier

Doctorat en psychologie

Docteur en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

© Emmanuelle Cloutier, 2016

Page 2: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques
Page 3: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

iii

Résumé

Jusqu’à présent, peu de chercheurs se sont intéressés à l’étude de la personnalité

pathologique dans le cadre des relations conjugales selon une perspective psychodynamique, et

encore moins à l’étude de la personnalité dépressive/masochiste (PDM) telle que conceptualisée

dans le modèle de l’organisation de la personnalité de Kernberg (1984). Puisque la prévalence des

troubles de la personnalité dans la population clinique est élevée, l’approfondissement des

connaissances dans ce domaine constitue une priorité scientifique. Le présent projet propose de

mieux comprendre l’impact des traits de la PDM sur la satisfaction conjugale en considérant l’effet

médiateur de la violence conjugale chez des couples selon une perspective dyadique. L’échantillon

est composé de 158 couples consultant en psychothérapie et ayant tous remplis l’Inventaire de

l’organisation de la personnalité, un questionnaire permettant de mesurer les traits de la PDM,

l’Échelle d’ajustement dyadique, un outil mesurant la satisfaction conjugale, et la version la plus

récente du Conflict Tactics Scale (CTS-2), une mesure permettant d’évaluer la présence de violence

conjugale perpétrée et vécue.

Page 4: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques
Page 5: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

v

Table des matières

Résumé ............................................................................................................................................... iii

Table des matières ............................................................................................................................... v

Liste des tableaux ............................................................................................................................... vii

Liste des figures ................................................................................................................................... ix

Remerciements .................................................................................................................................... xi

Introduction .......................................................................................................................................... 1

L’approche psychodynamique ......................................................................................................... 4

Théorie de l’organisation de la personnalité de Kernberg ............................................................ 5

La personnalité dépressive/masochiste ....................................................................................... 6

Masochisme et satisfaction conjugale ............................................................................................. 9

Personnalité et relation conjugale .................................................................................................. 10

Violence conjugale situationnelle ............................................................................................... 12

Violence conjugale et personnalité ............................................................................................ 13

Objectifs et hypothèses ..................................................................................................................... 16

Méthode ............................................................................................................................................. 16

Mesures ......................................................................................................................................... 17

Satisfaction conjugale ................................................................................................................ 17

Traits de personnalité dépressifs/masochistes .......................................................................... 17

Violence conjugale ..................................................................................................................... 18

Procédure ...................................................................................................................................... 18

Plan d’analyses statistiques ........................................................................................................... 19

Résultats ............................................................................................................................................ 20

Discussion ......................................................................................................................................... 23

Bibliographie ...................................................................................................................................... 29

Tableaux ............................................................................................................................................ 35

Figures ............................................................................................................................................... 37

Page 6: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques
Page 7: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

vii

Liste des tableaux

Tableau 1 : Moyennes, É-T, tests-t appariés et tailles d’effet pour les traits de la personnalité dépressive /masochiste (PDM), la violence physique vécue (PHYPART) et la satisfaction conjugale (DAS)……………………………………………………………………………………................................35 Tableau 2 : Corrélations entre les variables traits de la personnalité dépressive/masochiste (PDM), la victimisation (PHYPART) et la satisfaction conjugale (DAS) chez les hommes (h) et les femmes (f)………………………………………………………….…......................................................................36

Page 8: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques
Page 9: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

ix

Liste des figures

Figure 1 : Modèle d’interdépendance acteur-partenaire montrant les associations entre la violence physique vécue (PHYPART), les traits de la personnalité dépressive/masochiste (PDM) et la satisfaction conjugale (DAS) chez les hommes et les femmes (*p<.05)……………………………………..…………………………………………………………….........37

Page 10: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques
Page 11: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

xi

Remerciements

Je souhaite d’abord remercier Stéphane Sabourin, mon directeur de recherche et

superviseur clinique. Mon projet de mémoire doctoral m’a passionnée tout au long de mon doctorat

et a stimulé mes apprentissages tant en clinique qu’en recherche. J’estime être choyée d’avoir pu

bénéficier de votre expertise, de votre passion et de votre impressionnante expérience. J’ai eu la

chance d’avoir un directeur de recherche et un superviseur dévoué, à l’écoute, extrêmement

généreux de son temps, de son énergie et de son savoir. Vos qualités de pédagogue et l’intérêt que

vous portez à vos étudiants m’ont permis de développer non seulement mes compétences en

recherche et en clinique, mais également une assurance et une confiance en moi. J’en suis très

reconnaissante. Merci de m’avoir supportée tout au long de mon doctorat et dans tous les défis que

de telles études comportent. Merci également de m’avoir encouragée à toujours me dépasser et à

pousser mes limites. Vous me faisiez remarquer à quel point j’ai cheminé depuis le début de mon

doctorat et je suis fière aujourd’hui de constater tous ces accomplissements. Merci infiniment !

Je souhaite également remercier Catherine Bégin, membre de mon comité de mémoire

doctoral. Votre analyse, votre rigueur et votre minutie ont permis de contribuer grandement à la

qualité de mon travail. Je suis reconnaissante de cette aide précieuse et très fière du résultat final.

Je tiens également à remercier ma superviseure clinique Danielle Lefebvre. Vous avez

grandement contribué à ériger les bases de ma pratique clinique en m’enseignant l’importance de la

rigueur et de la minutie. Votre capacité à communiquer votre savoir de façon simple et claire, ainsi

que l’aide que vous m’avez offerte afin de stimuler ma réflexion sur certains aspects de moi m’ont

permis de réaliser énormément d’apprentissages qui m’accompagneront tout au long de la carrière

qui se dessine devant moi. La bienveillance, l’investissement et l’intérêt sincère que vous m’avez

porté m’ont grandement supportée tout au long de mon doctorat, même après avoir terminé mes

stages avec vous. Ces apprentissages m’ont servi dans la rédaction de mon mémoire en me

permettant d’y intégrer toute ma sensibilité et mon expérience clinique, ce qui a selon moi,

grandement contribué à enrichir mon travail.

J’aimerais remercier Karine Laforest et Sarah Paquin, mes deux superviseures pendant mon

dernier stage clinique. Vous êtes des modèles de cliniciennes et de femmes que j’admire

grandement. Dans mes yeux de supervisée, vous m’impressionniez par votre flair clinique, votre

Page 12: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

xii

pertinence, vos habiletés de pédagogue, la confiance que vous dégagiez, et ce qui m’impressionnait

par-dessous tout, c’était que vous étiez de jeunes professionnelles qui avaient terminé leur doctorat

depuis peu. Pour moi qui doutais alors énormément de mes compétences, c’était très encourageant

de vous voir travailler et de penser que par mes efforts, j’allais probablement moi aussi développer

cette belle assurance. Vous étiez des alliées précieuses par votre délicatesse et votre sensibilité afin

de m’aider à rester à l’affut des points que j’avais à améliorer. J’estime que ces belles qualités que

vous détenez m’ont permis de réaliser beaucoup d’acquis avant de partir en internat et m’ont

grandement aidé à développer ma confiance en moi. J’en suis très reconnaissante. J’espère avoir la

chance de vous côtoyer encore longtemps!

Enfin, j’aimerais prendre quelques lignes afin de remercier mes proches. Merci à mes fidèles

amies du doctorat Mélodie, Alexandra et Émilie, à mes amies depuis toujours Béatrice, Audrey,

Fanny, Charline et Michelle, ainsi qu’à ma précieuse famille de m’avoir supportée à travers ces

longues années d’études qui ont été ponctuées de plusieurs épreuves. Vous étiez toujours là pour

prendre soin de moi dans les moments les plus difficiles et j’éprouve beaucoup de gratitude pour

cette présence. Votre amour et votre écoute ont été indispensables pour passer à travers toutes ces

années exigeantes. J’estime être choyée d’avoir des personnes comme vous à mes côtés.

Page 13: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

1

Introduction

La dissolution d’une union conjugale marque l’aboutissement d’un processus d’insatisfaction

conjugale de durée variable et elle est associée à plusieurs conséquences négatives sur le bien-être

des individus. Effectivement, comparativement aux couples mariés, les individus divorcés rapportent

davantage de problèmes de santé, un plus grand risque de mortalité, une sexualité moins

satisfaisante et un sentiment de bonheur et d’acceptation de soi plus faible (Amato, 2000).

Actuellement, au Québec, le phénomène de dissolution des unions s’est accéléré; ainsi, de 1969 à

2008, le taux de divorce est passé de 8,8% à 49,9% (Institut de la statistique du Québec, 2011).

Dans ce contexte, la compréhension des déterminants de la satisfaction conjugale est essentielle

pour développer des modes d’intervention efficaces et pour mieux saisir les facteurs contribuant à la

longévité des relations de couple (Karney & Bradbury, 1995).

Parmi les déterminants de la satisfaction conjugale, les conceptions contemporaines font

référence au rôle central de la personnalité pour comprendre le développement, la qualité et la

stabilité des unions (Daspe, Sabourin, Péloquin, Lussier & Wright, sous presse ; Daspe, Sabourin,

Péloquin, Lussier & Wright, 2013; Claxton, O’Rourke, Smith & DeLongis, 2011; Disney, Weinstein &

Oltmanns, 2012; Lavner & Bradbury, 2010; Masarik al., 2013; O’Rourke, Claxton, Chou, Simith &

Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du

Bureau central des statistiques aux Pays-Bas, près de 40% des couples divorcés ont rapporté que la

personnalité de leur partenaire constitue une raison majeure de divorce (De Graaf, 2006 cité dans

Barelds & Barelds-Dijkatra, 2006). Du côté Américain, Amato et Previti (2003) indiquent que les

problèmes de personnalité seraient la cinquième raison la plus souvent évoquée lors du divorce. Ces

statistiques ne tiennent cependant pas compte des relations de cohabitation.

Dans leur modèle Vulnérabilité-Stress-Adaptation (VSA), Karney et Bradbury (1995)

proposent que les vulnérabilités personnelles de l’individu, telle la personnalité, constituent des

variables stables qui contribuent à favoriser l’émergence de situations stressantes dans la relation

conjugale, par exemple les différences d’opinions avec le conjoint et les transitions de vie. Les

vulnérabilités personnelles déterminent également la qualité des stratégies d’adaptation que l’individu

privilégie lorsqu’il est confronté à ces situations. Ces comportements se répercuteraient ultimement

sur la satisfaction conjugale et la longévité de la relation. Quelques études longitudinales ayant

Page 14: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

2

étudié des segments spécifiques du modèle supportent cette conceptualisation (Marshall, Jones &

Feinberg, 2011; Stroud, Durbin, Saigal, & Knobloch-Fedders, 2010; Woszidlo & Segrin, 2013; pour

une recension, voir Karney, 2015).

Toutefois, les résultats d’études longitudinales majeures réalisées au cours des 20 dernières

années suivant le développement du modèle de Karney et Bradbury (1995) ont contribué à une

remise en question de la stabilité des vulnérabilités personnelles et de la personnalité telle que

conçue par Karney et Bradbury (Roberts, Walton & Viechtbauer, 2006; Blais-Bergeron, 2013 ;

Allemand, Hill & Lehmann, 2015; Boyce, Wood, Daly & Sedikides, 2015; Kandler, Kornadt,

Hagemayer & Neyer, 2014). Par exemple, la méta-analyse de Roberts et ses collègues (2006)

auprès d’échantillons de la communauté rassemblant 50 120 participants soutient l’hypothèse d’une

évolution longitudinale normative de la personnalité. Les traits de personnalité évolueraient dans le

temps en fonction d’étapes développementales que les individus traversent dans leur vie, comme

l’entrée sur le marché du travail, le mariage, l’arrivée des enfants, etc. De même, les résultats de

l’étude longitudinale d’Allemand et al. (2015), réalisée auprès de 526 individus de la communauté sur

une période de 12 ans suite à un divorce, ainsi que l’étude de Boyce et ses collègues (2015),

réalisée auprès de 6 769 individus de la communauté ayant confronté ou non une perte d’emploi sur

une période de quatre ans, concordent également avec ceux obtenus par Roberts et al.. Ces auteurs

montrent que l’exposition à des stresseurs majeurs, comme un divorce ou une perte d’emploi, est

associée à des modifications des traits de la personnalité. Par ailleurs, l’ étude longitudinale réalisée

par Kandler et ses collègues (2014) auprès de 410 jumeaux âgés entre 64 et 85 ans sur une période

de cinq ans révèle que les stratégies d’adaptation employées afin de faire face aux réalités du

vieillissement sont associées à des modifications de la personnalité, notamment à une élévation du

névrosisme ainsi qu’à une diminution de l’extraversion, de l’agréabilité, de l’ouverture à l’expérience

et du caractère consciencieux (Kandler et al., 2014). Ces auteurs ont également montré que

l’exposition à des facteurs environnementaux différents chez chacun des jumeaux est associée à des

différences individuelles au plan de l’ensemble des traits de personnalité tels que mesurés par

l’inventaire de la personnalité en cinq facteurs (Costa & McCrae, 1992), mis à part l’extraversion. Qui

plus est, les résultats d’une étude longitudinale réalisée par Blais-Bergeron (2013) auprès d’un

échantillon de la communauté montrent que l’adoption de stratégies de gestion des conflits basées

sur des conduites de violence estimée par les partenaires, qui peut être conceptualisée comme une

stratégie d’adaptation inadéquate, prédit l’estimation ultérieure de l’organisation limite de la

Page 15: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

3

personnalité telle que mesurée par l’Inventaire de l’organisation de la personnalité (Normandin et al.,

2002). Ces données empiriques sont d’une grande importance d’un point de vue théorique puisqu’ils

remettent en question les conceptualisations unidirectionnelles de l’association entre la personnalité,

les stratégies d’adaptation et les événements stressants telle qu’illustrée dans le modèle VSA

(Karney & Bradbury, 1995).

En raison du caractère novateur des résultats des études présentées ci-dessus et de leurs

répercussions potentielles sur les conceptualisations contemporaines de la personnalité dans le

contexte des relations conjugales, le présent projet de recherche vise à mieux comprendre

l’association entre les stratégies d’adaptation, opérationnalisées via la violence physique entre les

conjoints, et la personnalité telle que conceptualisée par Kernberg (1984).

Jusqu’à présent, la plupart des auteurs s’étant intéressés au modèle de Kernberg (1984)

dans le contexte des relations conjugales se sont penchés sur l’étude d’une portion de ce modèle,

soit les principaux construits structuraux de la personnalité, c.à.d. les défenses primitives, le contact

avec la réalité et l’intégration de l’identité. Ces concepts seront définis dans une section ultérieure du

texte. Très peu d’études portent sur la validation de la seconde portion du modèle qui concerne les

relations objectales névrotiques (hystérique, obsessionnelle et dépressive-masochiste) ou limites

(narcissique, paranoïde, infantile, schizoïde). Seulement trois études ont été recensées (Naud et al.,

2013; Doering et al., 2013; Normandin et al., 2002). Parmi ces trois études, Naud et ses collègues

(2013) se sont plus particulièrement intéressés aux traits de la personnalité dépressive/masochiste

(PDM), qui constituent un type de relation objectale caractérisé par le sacrifice de soi excessif, dans

le contexte des relations conjugales. En raison des caractéristiques de la PDM, entre autres, la

présence de difficultés au plan de la gestion de l’agressivité, il s’avère pertinent de s’intéresser à la

propension de ces individus à avoir recours à des stratégies de résolution des conflits basées, en

partie, sur des conduites de violence. Les caractéristiques de ce trouble de la personnalité sont

décrites en détail dans une section ultérieure du texte. Le présent projet propose donc de poursuivre

le travail de validation entrepris par Naud et ses collègues (2013) en s’intéressant également aux

traits de la PDM dans le contexte des relations de couple. Plus précisément, l’étude vise à mieux

comprendre l’effet médiateur des traits de la PDM sur l’association entre les stratégies d’adaptation,

dans ce cas-ci le recours à des conduites de violence physique, et la satisfaction conjugale.

Page 16: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

4

L’approche psychodynamique

Jusqu’à présent, la plupart des chercheurs qui se sont intéressés à la pathologie de la

personnalité dans le contexte conjugal l’ont fait en se basant sur le modèle de la personnalité en cinq

facteurs, une théorie développée pour conceptualiser la personnalité normale (Costa & McCrae,

1992).

Plusieurs spécialistes ont récemment questionné la validité du modèle de la personnalité en

cinq facteurs (Costa & McCrae, 1992) pour expliquer les modes d’organisation dysfonctionnels de la

personnalité (Clark, 1993; Kernberg & Caligor, 2005; Laverdière et al., 2007 ; Shedler & Westen,

2004). Les concepts au cœur de ce modèle ne seraient pas suffisamment spécifiques pour

appréhender la personnalité pathologique (Clark, 1993). Kernberg et Caligor (2005) questionnent

également la possibilité d’utiliser les connaissances émergeant de ce modèle en pratique clinique

puisque ce dernier ne serait lié à aucune approche théorique et clinique particulière.

Le modèle de l’organisation de la personnalité de Kernberg (1984) permet de pallier à

certaines des limites du modèle de la personnalité en cinq facteurs. Il a été spécifiquement

développé afin de mieux comprendre les modes pathologiques d’organisation de la personnalité. Il

s’agit d’un modèle conceptualisant la pesonnalité sur un continuum de sévérité et qui propose un

rationnel théorique permettant d’expliquer la présence de comorbidité entre les troubles. De plus, il

est basé sur un rationnel théorique complexe qui offre des hypothèses quant à l’étiologie et la

symptomatologie des troubles (Blais-Bergeron, 2013). Par ailleurs, la qualité des relations d’objet est

centrale dans le modèle de Kernberg (1984) et constitue la base du traitement psychodynamique des

troubles de la personnalité. Les concepts au cœur de la théorie de Kernberg (1984) s’avèrent

pertinents en pratique clinique puisqu’ils font l’objet d’un manuel de traitement psychodynamique des

troubles de la personnalité dont l’efficacité a été démontrée dans des études cliniques randomisées

(Clarkin, Foelsch, Levy et al., 2001; Clarkin, Levy, Lenzenweger & Kernberg, 2007; Doering et al.,

2010; Levy et al., 2006). L’efficacité générale de l’approche psychodynamique a d’ailleurs aussi été

démontrée dans des contextes diversifiés, notamment en thérapie individuelle, familiale et conjugale

(Vermote, Lowyck, Vandeneede, Bateman & Luyten, 2012 ; Leichsenring, 2010).

En dépit de la pertinence du modèle de l’organisation de la personnalité de Kernerg (1984) et

des appuis empiriques dont il dispose, très peu de chercheurs se sont intéressés aux construits

Page 17: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

5

psychodynamiques de la personnalité, notamment aux relations d’objet, dans l’étude des relations

conjugales (Naud et al., 2013).

Théorie de l’organisation de la personnalité de Kernberg

Kernberg (1984) propose un modèle hybride de la personnalité pathologique qui est à la fois

dimensionnel et catégoriel. Il s’agit d’un modèle qui s’intéresse principalement à l’organisation de la

personnalité, c’est-à-dire aux mécanismes à la base de la personnalité qui sous-tendent le

comportement. Le modèle de Kernberg se subdivise en deux paliers. Le premier concerne les

mécanismes structuraux c.à.d. l’intégration de l’identité, le contact avec la réalité et les mécanismes

de défenses. L’intégration de l’identité correspond au niveau auquel le concept de soi et des autres

est bien défini et intégré. Les mécanismes de défense réfèrent à des stratégies psychologiques

inconscientes de régulation des émotions chroniques et inflexibles, par exemple, le clivage, la

projection ou le déni. Le contact avec la réalité consiste en la capacité de différencier la réalité

interne de la réalité externe. Le second palier du modèle concerne les relations objectales. Les

relations d’objet déterminent la façon dont l’individu se perçoit et perçoit autrui dans ses relations

interpersonnelles et elles façonnent les comportements que l’individu adopte dans ses interactions.

La personnalité est conceptualisée sur un continuum de sévérité en fonction du degré d’altération

aux mécanismes structuraux et à la qualité des relations objectales. Kernberg identifie (1984) trois

types d’orgnaisation allant de la moins sévère à la plus sévère : l’organisation névrotique, limite et

psychotique. À l’intérieur de ces trois organisations, Kernberg identifie douze troubles de la

personnalité. Puisque le présent projet se concentre sur la PDM, un trouble se retrouvant au niveau

d’organisation névrotique, c’est seulement ce type de relation objectale qui sera approfondi dans le

présent projet.

L’organisation névrotique se caractérise par une bonne intégration de l’identité, c.à.d. une

intégration adéquate des représentations bonnes et mauvaises du concept de soi et des autres. Elle

se caractérise également par des défenses matures (p.ex. bonne tolérance à l’anxiété, contrôle des

impulsions, fonctionnement sublimatoire). L’organisation névrotique est associée à un bon contact

avec la réalité, soit une capacité à différencier adéquatement la réalité interne de la réalité externe.

Enfin, les relations objectales sont diversifiées et profondes chez ces individus. L’organisation

névrotique se distingue de la personnalité normale par sa rigidité affective, cognitive et

Page 18: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

6

comportementale. Elle est associée notamment aux troubles de la personnalité obsessive-

compulsive, dépressive-masochiste et hystérique.

Les relations d’objet sont particulièrement pertinentes dans le présent projet puisqu’elles

constituent, à travers les relations amoureuses, une expression comportementale des autres

mécanismes structuraux mentionnés ci-dessus. Puisque ce mode d’expression comportementale est

central dans le présent projet, celui-ci sera davantage approfondi.

Les relations d’objet prennent naissance dans les relations significatives de l’enfance. Durant

cette période, lorsqu’un affect est fréquemment éprouvé dans un contexte particulier d’interaction,

l’individu se crée une représentation durable de cette interaction caractérisée par l’affect vécu. Ce

processus correspond à l’internalisation de la relation d’objet. Au cours du développement, plusieurs

types de relations objectales sont internalisés. Ces différentes relations d’objet s’activent de façon

automatique et récurrente dans les relations interpersonnelles en fonction de la personne avec qui

l’individu est en interaction (Diguer, Laverdière & Gamache, 2008). Selon Kernberg (1984), les

relations objectales sont primordiales, car elles constituent les fondements de la structure psychique

qui modulent la perception de la réalité externe de l’individu. En effet, elles permettent à l’individu

d’interpréter et de déterminer ses propres comportements et attitudes, ainsi que ceux des autres,

dans des contextes d’interaction particuliers. Lorsque les relations d’objet sont variées, nuancées et

adaptées, les individus sont en mesure d’entretenir des relations harmonieuses avec autrui. Au

contraire, lorsque les relations objectales sont appauvries, rigides et peu adaptées, les individus ont

tendance à développer des relations interpersonnelles chaotiques et instables.

La personnalité dépressive/masochiste

Dans la section qui suit, la personnalité dépressive/masochiste (PDM) telle que définie par

Kernberg dans ses écrits sera exposée (Kernberg, 1988, 1995, 2011). Les relations amoureuses

des individus ayant une organisation névrotique de la personnalité sont caractérisées par une

capacité à l’idéalisation romantique du partenaire, à la capacité de tomber en amour et de s’engager

dans la relation. Toutefois, ces individus possèdent une difficulté à établir des relations amoureuses

matures en raison notamment de leur rigidité, de leurs standards moraux élevés et de leur surmoi

punitif. Selon les observations cliniques de Kernberg, les traits de la PDM sont présents chez les

Page 19: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

7

hommes et les femmes, mais seraient plus prévalents chez ces dernières, surtout dans le contexte

des relations amoureuses. Il existe toutefois peu de données empiriques à ce propos.

Kernberg identifie plusieurs traits spécifiques à la PDM. Ceux-ci rendent compte des

relations d’objet particulières qui s’activent dans leurs relations. Premièrement, les individus ayant

une PDM présentent des traits reflétant un surmoi extrêmement sévère. Ils ont tendance à être

sérieux, responsables, consciencieux et à accorder une grande importance au travail et à la

performance. Ils entretiennent des standards et des attentes élevées envers les autres et eux-

mêmes. Quand leurs attentes ne sont pas comblées, ces individus ont tendance à se sentir

déprimés. Dans les cas les plus sévères, ces personnes peuvent inconsciemment se placer dans

des situations souffrantes qui confirment leur impression d’être maltraitées, rabaissées ou humiliées.

Au sein des relations amoureuses, l’expiation de la culpabilité inconsciente liée à un surmoi sévère et

punitif s’exprimerait par une tendance inconsciente à s’attacher à des partenaires qui ne sont pas en

mesure ou peu disposés à répondre à leurs grands besoins d’amour et d’approbation, ce qui

confirme leur impression d’être maltraités et rejetés. Selon Kernberg, ces individus ont tendance à

rechercher l’amour du partenaire à travers la souffrance induite par un discours interne moralisateur

et punitif (« Je me soumets à ta volonté de me punir parce que venant de toi, cette punition doit être

nécessairement juste. La souffrance que je subis me permet de préserver ton amour et de te garder

auprès de moi»). C’est uniquement à l’intérieur d’une relation insatisfaisante et frustrante que

l’expression du désir sexuel et de la tendresse envers le partenaire est possible.

Typiquement, chez les individus ayant une PDM, la non réciprocité des sentiments amoureux

augmente l’intensité des affects positifs ressentis vis-à-vis le conjoint plutôt que de les diminuer

comme il est habituellement attendu. Durant l’adolescence, le fait de tomber en amour avec un

partenaire indisponible peut être considéré comme une manifestation normale de la réactivation d’un

conflit œdipien. Toutefois, la persistance de ce type d’expériences amoureuses et plus

particulièrement leur intensification suite à la prise de conscience d’une réelle non réciprocité des

sentiments amoureux est caractéristique des relations amoureuses de la pathologie

dépressive/masochiste. La persistance du conflit œdipien mène ces individus à répéter

continuellement le même type d’expérience amoureuse tandis que les individus ne présentant pas

une telle pathologie ont davantage tendance à surmonter graduellement l’idéalisation du partenaire

indisponible et à devenir de plus en plus sélectifs dans le choix de leur partenaire amoureux.

Page 20: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

8

Deuxièmement, les individus ayant une PDM présentent des traits reflétant une dépendance

extrême au support, à l’amour et à l’acceptation des autres. La dépendance se traduit typiquement

par la soumission au partenaire et a pour but d’assurer l’amour de ce dernier. Cela contraste avec la

dépendance saine caractéristique des relations amoureuses matures qui est fortement associée au

sentiment de gratitude à l’égard de l’amour donné par le conjoint. Ces individus présentent

également une tendance à réagir de façon excessive lorsqu’ils ont l’impression que leur partenaire

ne répond pas à leurs besoins. En raison de leurs grands besoins d’amour et d’approbation, ainsi

que de leur sensibilité, les individus ayant des traits de la PDM ont souvent tendance à se sentir

rejetés et maltraités suite à des altercations mineures avec leur partenaire. Ces sentiments les

mènent à adopter inconsciemment des comportements visant à faire sentir leur partenaire coupable,

ce qui peut ensuite mener leur conjoint à effectivement se distancier. Ce cercle vicieux peut

engendrer des difficultés importantes dans les relations amoureuses et déclencher des sentiments

dépressifs lorsque l’individu a l’impression réelle ou perçue d’avoir perdu l’amour de son partenaire.

Kernberg souligne que le deuil normal vécu après une séparation inévitable devrait mener à

l’acceptation de la perte et à la volonté de poursuivre sa vie. Le deuil de la relation ne devrait pas

être empreint de sentiments excessifs de culpabilité, de dévaluation de soi ou d’insécurité. Toutefois,

chez les individus ayant un trouble de la PDM, les menaces de séparation tout comme la séparation

s’accompagnent d’une dépréciation excessive de soi et d’une soumission envers le partenaire même

si leur situation amoureuse est irréconciliable ou impossible. Malgré leurs expériences amoureuses

négatives, ces individus persistent typiquement à tomber en amour avec des partenaires

indisponibles et idéalisés, à se soumettre excessivement à ces derniers et à saboter inconsciemment

leur relation, tout en rejetant la possibilité de nouer une relation qui pourrait potentiellement être plus

gratifiante.

Troisièmement, les personnes présentant une PDM présentent des traits reflétant une

difficulté d’expression et d’identification de l’agression. Dans des conditions qui devraient

normalement provoquer de la rage ou de la colère, ces personnes ont tendance à ressentir des

sentiments dépressifs. Lorsqu’elles expriment leur colère, elles éprouvent souvent de la culpabilité,

ce qui complique davantage le cercle vicieux présenté ci-dessus. Effectivement, l’adoption des

comportements visant à faire sentir le partenaire coupable peut ensuite mener l’individu présentant

des traits de la PDM à s’excuser et à se soumettre de façon excessive. La soumission de ces

derniers et la façon dont ils se sentent traités par leur partenaire engendrent typiquement une

Page 21: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

9

seconde vague de colère. La capacité des conjoints d’exprimer leurs sentiments suite à une

altercation sans tenter d’induire des sentiments de culpabilité est centrale dans une relation

amoureuse mature. La capacité de communiquer son sentiment d’être blessé sans blâmer le conjoint

est une qualité subtile, mais essentielle d’une communication saine et ouverte reflétant une réelle

confiance en l’autre. Le mode particulier de communication des individus ayant des traits de la PDM

indique, entre autres, la présence d’un sentiment de culpabilité lié à la possibilité de vivre une relation

conjugale harmonieuse et saine.

Masochisme et satisfaction conjugale

Seulement trois groupes de chercheurs se sont intéressés à l’association entre les traits de

la PDM et la satisfaction conjugale (Kilmann, 2012; Knabb et al., 2012; Naud et al., 2013). Ces trois

études ont démontré que ces traits semblent être liés de façon négative à la satisfaction conjugale.

Longitudinalement, cet effet serait plus fort chez les femmes que chez les hommes (Naud et al.,

2013). Knabb et al. (2012) ont étudié l’association entre les traits pathologiques de la personnalité et

le fonctionnement conjugal auprès de 270 couples hétérosexuels en détresse qui consultaient en

thérapie. Ces auteurs ont utilisé le MCMI-III, une mesure permettant d’évaluer divers traits et

pathologies de la personnalité, dont le masochisme. Leurs résultats indiquent que les femmes ne

présenteraient pas significativement plus de traits de la PDM que les hommes. Toutefois, les femmes

ayant des traits de la PDM rapporteraient un moins bon fonctionnement conjugal. Cet effet n’est pas

significatif chez les hommes. Kilmann (2012) s’est intéressé à l’association entre la personnalité et la

détresse conjugale en tenant compte de l’effet modérateur de la durée de la relation chez 92 couples

qui consultaient en thérapie. Ces auteurs ont effectué les analyses selon que les couples étaient

dans une relation de moins de six ans ou dans une relation de plus de sept ans. Tout comme Knabb

et al. (2012), ces auteurs ont utilisé le MCMI-III. Les résultats de Kilmann (2012) montrent que chez

les couples mariés depuis six ans ou moins, les traits de la PDM des femmes sont associés

positivement à leur détresse conjugale, alors que chez les hommes, leurs traits de la PDM ainsi que

ceux de leur femme sont associés positivement à leur détresse conjugale. Chez les couples mariés

depuis sept ans ou plus, les traits de la PDM des femmes sont associés positivement à leur propre

détresse conjugale, tandis que chez les hommes, aucune association n’est significative. Tout comme

chez Knabb et al. (2012), les résultats de Kilmann (2012) montrent que les femmes ne présenteraient

pas significativement plus de traits de la PDM que les hommes dans les mariages d’une durée de

Page 22: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

10

moins ou plus de sept ans. Naud et al. (2013) ont quant à eux examiné, chez 299 couples de la

communauté, comment le style d’attachement et la PDM permettent de prédire la satisfaction

conjugale initiale et à long-terme par le biais d’une perspective dyadique. Ces auteurs ont utilisé

l’Inventaire de l’organisation de la personnalité (IPO), une mesure permettant d’évaluer la pathologie

de la personnalité selon la conceptualisation de Kernberg (1984). Les résultats des analyses de

régressions multiples hiérarchiques démontrent que les femmes présenteraient significativement plus

de traits de la PDM que les hommes, ce qui concorde avec les observations cliniques de Kernberg

(1995) discutées précédemment. Toutefois, la taille de l’effet est relativement petite. Au premier

temps de mesure, les résultats montrent que chez les hommes, leurs propres traits de la PDM ainsi

que ceux de leur femme permettent de prédire leur satisfaction conjugale initiale. Chez les femmes,

c’est seulement leurs propres traits de la PDM qui permettent de prédire leur satisfaction conjugale

initiale. À long terme, les traits de la PDM de la femme et ceux de l’homme ne permettent pas de

prédire la satisfaction conjugale de la femme, alors que les traits de la femme permettent de prédire

celle de l’homme au deuxième temps de mesure. Toutefois, les traits de la PDM constituent des

prédicteurs longitudinaux significatifs de la satisfaction conjugale des hommes et des femmes

lorsque le style d’attachement des partenaires est considéré. En effet, les résultats de Naud et ses

collègues (2013) suggèrent que la sévérité des traits de la PDM interagit de façon complexe avec le

style d’attachement préoccupé ou évitant des partenaires.

Personnalité et relation conjugale

Dans ses écrits, Kernberg (2011) explique de façon théorique et selon ses observations

cliniques comment les traits de personnalité peuvent se répercuter sur la qualité de la relation

amoureuse. Peu d’auteurs jusqu’à présent se sont intéressés à l’étude de l’association entre la

personnalité telle que conceptualisée par Kernberg (1995) et la satisfaction conjugale. En effet,

seulement deux études ont été recensées (Verreault, Sabourin, Lussier, Normandin & Clarkin, 2013;

Naud et al., 2013). Les résultats de ces études montrent que les traits pathologiques de la

personnalité sont négativement associés à la satisfaction conjugale. Kernberg (2011) souligne

l’importance de l’agressivité comme facteur permettant de mieux comprendre cette association.

Selon cet auteur, la présence de l’agressivité dans une relation conjugale mature est inévitable et

normale. Lorsqu’un conflit survient dans la relation amoureuse, la possibilité de clarifier et de

résoudre le problème avec le partenaire peut résulter en un approfondissement et une solidification

Page 23: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

11

de la relation amoureuse. Toutefois, de telles résolutions nécessitent une capacité chez les

partenaires à pardonner à l’autre de façon authentique, c.à.d. non seulement être en mesure de

demander le pardon du conjoint, mais également être en mesure de réellement pardonner le

comportement de ce dernier. Une résolution mature des conflits nécessite également une capacité à

dépendre de son partenaire de façon saine, c.à.d. à ressentir de la confiance et de l’ouverture envers

son conjoint de façon mutuelle. Les partenaires sont alors en mesure de nourrir un intérêt réel l’un

envers l’autre et de comprendre le vécu subjectif de leur conjoint malgré les conflits. La relation

amoureuse est compromise lorsque l’équilibre délicat entre amour et agressivité est menacé, c.à.d.

lorsque l’agressivité s’est infiltrée de façon prédominante dans la relation (Kernberg, 2011). Ce

déséquilibre se manifesterait en raison des dynamiques relationnelles particulières qui s’installent de

façon graduelle en même temps que s’élabore l’intimité émotionnelle entre les partenaires (Kernberg,

2011). Ces dynamiques traduisent le souhait inconscient de réparer des relations d’objet marquantes

du passé. La répétition de ces relations permet l’expression de la vengeance et de l’agressivité qui

n’ont pu être manifestées dans le passé. Ce besoin de réparation à travers la répétition explique

l’émergence de ces relations d’objet dans la relation amoureuse actuelle (Kernberg, 2011) et par le

fait même, la possibilité que l’agressivité infiltre la relation de façon prédominante.

L’émergence de dynamiques particulières dans le couple est complexe en raison de

l’interaction entre les relations d’objet activées par chacun des partenaires à des moments

spécifiques. Effectivement, selon Kernberg (2011), lorsque des relations d’objet pathologiques

s’activent dans la relation amoureuse, les partenaires tendent à induire chez le conjoint des

conduites particulières reflétant un conflit lié à l’agression vécue vis-à-vis ces figures significatives.

Ainsi, la dynamique présente entre les conjoints ne serait pas attribuable à un seul des deux

partenaires, mais le résultat de l’interaction entre les deux partenaires. Inconsciemment, les conjoints

complètent leurs relations d’objet pathologiques de sorte qu’un équilibre est créé, générant ainsi une

relation unique et particulière (Kernberg, 2011). Cette interaction décrite par Kernberg (2011)

souligne l’importance de tenir compte de l’aspect dyadique de la personnalité dans l’étude des

relations amoureuses.

En raison des trois caractéristiques principales de la PDM identifiées par Kernberg (1988), il

est possible de s’interroger sur la propension de ces individus à se retrouver dans des situations

conjugales où l’agressivité s’est infiltrée, menaçant ainsi l’équilibre de la relation amoureuse.

Page 24: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

12

Effectivement, la tendance des individus ayant des traits de la PDM à se placer dans des situations

qui confirment leur impression d’être maltraités, la dépendance extrême à l’amour et à l’acceptation

des autres, ainsi que la difficulté d’expression et d’identification de l’agression sont des traits de

personnalité qui pourraient entraver la capacité de ces individus à résoudre les conflits conjugaux de

façon mature. Cette capacité pourrait être notamment entravée par le déni de l’agressivité émise par

le partenaire, c.à.d. par la soumission masochiste à une perception irréaliste de la relation de couple,

où la confiance n’est pas envers le partenaire, mais envers une relation fantasmée qui ne correspond

pas à la réalité (Kernberg, 2011). Selon Kernberg (2011), l’idéalisation et la soumission masochiste à

un partenaire perçu comme agressif ou abandonnique coïncide généralement avec une incapacité à

apprécier la personnalité du partenaire de façon sincère, d’être réellement intéressé par son vécu

subjectif et d’effectuer une évaluation réaliste et en profondeur de la relation conjugale. Les

partenaires amoureux présentant des traits de la PDM pourraient donc avoir tendance à demeurer

dans des relations insatisfaisantes où ils ressentent le besoin de se protéger contre l’agressivité

réelle ou imaginée de la part de leur conjoint. Cette dépendance envers le partenaire contraste

fortement avec la dépendance saine mentionnée précédemment. D’autre part, la difficulté

d’identification et d’expression de l’agression (Kernberg, 1988) pourrait mener les individus ayant des

traits de la PDM à adopter des comportements agressifs et/ou à tolérer ceux qu’émettent leur

partenaire, et ainsi alimenter, sans nécessairement en avoir conscience, une dynamique conjugale

où l’agressivité prédomine.

L’agressivité peut se manifester de différentes façons dans la relation conjugale, notamment

sous forme de violence. La violence conjugale est une forme d’agressivité se traduisant par un

ensemble de comportements verbaux, psychologiques, physiques ou sexuels qui visent à contrôler

et à exercer un pouvoir sur le conjoint (Blais-Bergeron, 2013). Le présent projet s’intéressera à

l’association entre la violence conjugale et la satisfaction conjugale en considérant l’effet médiateur

des traits de la PDM.

Violence conjugale situationnelle

Différents types de violence sont identifiés en fonction de la sévérité des comportements

agressifs. Puisque la violence situationnelle est la forme de violence conjugale la plus prévalente

(Strauss, 2011), le présent projet s’intéressera exclusivement à celle-ci. La violence situationnelle est

dite modérée, comparativement au terrorisme conjugal qui constitue une forme grave de violence. La

Page 25: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

13

violence situationnelle est une agressivité exprimée sous forme de violence physique par l’un des

partenaires dans le couple (Johnson, 2011). Elle traduit une réaction inadaptée au stress et à la

colère au moment d’un conflit entre les conjoints (Blais-Bergeron, 2013). Contrairement au terrorisme

conjugal, la violence situationnelle est transitoire et ne s’inscrit pas dans une dynamique relationnelle

où le conjoint tente de contrôler son partenaire de façon globale (Johnson, 2011). La violence

situationnelle serait la plupart du temps symétrique, c’est-à-dire que les deux partenaires auraient

tendance à être violents l’un envers l’autre (Johnson, 2011) et surviendrait dans près de la moitié des

nouveaux mariages (Lawrence & Bradbury, 2001; Leonard & Senchak, 1996; O’Leary et al., 1989).

Selon une méta-analyse menée par Desmarais, Reeves, Nicholls, Telford et Fiebert (2012), 24,5%

des femmes qui consultent en clinique rapportent être victimes de violence physique. Le taux de

prévalence au cours de la vie chez la femme serait de 40,7% (Desmarais et al., 2012). Chez les

hommes, ces taux seraient de 16,6% et de 17,6% respectivement.

Les répercussions de la violence conjugale sur la santé mentale des conjoints et la longévité

des unions sont bien établies. Une méta-analyse menée par Golding (1999) a démontré l’association

entre la violence conjugale physique et la santé mentale des femmes qui en sont victimes. Le taux de

prévalence de la dépression serait de 48%, de 18% pour les comportements suicidaires, de 64%

pour l’état de stress post-traumatique, de 19% pour l’abus d’alcool et de 9% pour l’abus de drogue.

Par ailleurs, Lawrence et Bradbury (2001) ont démontré que 44% des mariages dans lesquels des

comportements violents sont émis par les partenaires se terminent en divorce comparativement à

21% des couples qui ne présentent pas de tels comportements. L’importante prévalence de la

violence conjugale et les impacts de cette dernière sur les conjoints soulignent l’importance de

s’intéresser à cette problématique afin de mieux comprendre les déterminants de ce phénomène et

de mieux répondre aux besoins de cette population en pratique clinique.

Violence conjugale et personnalité

Plusieurs chercheurs se sont intéressés à la personnalité comme facteur permettant de

mieux comprendre la victimisation et la perpétration de la violence dans la relation conjugale (Hines

& Saudio, 2008; Pico-Alfonso, Encheburúa & Martinez, 2008 ; Blais-Bergeron, 2013; Dutton, 1994;

Maneta, Cohen, Schulz & Waldinger (2013); Khan, Welch & Zillmer, 1993). Parmi ces travaux, une

littérature scientifique de plus en plus abondante s’intéresse à l’examen du modèle de la personnalité

Page 26: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

14

de Kernberg (1984) afin de conceptualiser la personnalité dans des dynamiques conjugales

marquées par la violence.

Bien que peu d’études portant sur l’association entre la personnalité et la violence conjugale

se fondent sur une approche psychodynamique, les résultats des quelques études se basant sur le

modèle de l’organisation de la personnalité de Kernberg (1984) supportent la valeur de ce modèle

(Dutton, 1994, 1995; Maneta et al., 2013; Blais-Bergeron, 2013). Un bref résumé des résultats de ces

études permettra d’illustrer ce point.

Les agresseurs et les victimes se distingueraient par certains traits de personnalité. En effet,

Dutton (1994) a démontré que les hommes qui émettent de la violence envers leur conjointe et qui

présentent un haut niveau de traits de l’organisation limite de la personnalité (OLP), tels que mesurés

par l’IPO, présentaient également de plus hauts niveaux de colère, telle que mesurée par le

Multidimensional Anger Inventory (Siegel, 1986), ainsi qu’un haut niveau de jalousie, telle que

mesurée par le Interpersonal Jealousy Scale (Mathes & Severa, 1981; Mathes, Phillips, Skowran &

Dick, 1982), comparativement aux hommes ayant un bas niveau de traits de l’OLP. Les scores

obtenus à l’IPO chez les hommes étaient également significativement associés aux échelles

d’agression verbale/symbolique et d’agression physique du Conflit Tactics Scale (CTS) (Dutton,

1994; 1995). Par des analyses fondées sur un modèle d’interdépendance acteur-partenaire (APIM),

Maneta et al. (2013) ont examiné l’association entre les traits de personnalité, tels que mesurés par

l’IPO, et la violence physique, telle que mesurée par le CTS. Toutefois, comparativement aux auteurs

précédents, Maneta et ses collègues (2013) se sont intéressés au contexte dyadique dans lequel la

violence conjugale est perpétuée. Ces auteurs postulent que l’organisation de la personnalité de

l’individu se répercute sur sa propre émission de comportements violents ainsi que sur les

comportements émis par son partenaire. Les résultats de cette étude confirment l’hypothèse des

auteurs : les traits de l’OLP sont non seulement associés à la perpétration de la violence, mais

également à la victimisation chez les hommes. Chez la femme, les traits de l’OLP sont seulement

associés à la victimisation. Ces résultats soulignent la pertinence de s’intéresser à la fois à la

victimisation et à la perpétration de la violence chez chacun des partenaires lorsque la personnalité

est étudiée dans un contexte de violence conjugale. Les résultats obtenus par Blais-Bergeron (2013)

apportent un éclairage différent sur le phénomène. Cette auteure s’est intéressée au contexte

dyadique dans lequel la violence conjugale se perpétue en s’appuyant, elle aussi, sur le modèle de

Page 27: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

15

l’organisation de la personnalité de Kernberg (1984). Par une étude longitudinale, Blais-Bergeron

(2013) visait à explorer les effets transactionnels de la violence conjugale et de l’organisation de la

personnalité chez des couples de la communauté. Ses résultats démontrent que la violence

conjugale rapportée par les partenaires influencerait l’estimation ultérieure de la violence ainsi que le

niveau de pathologie de la personnalité. Ainsi, les résultats suggèrent que l’adoption de stratégies de

gestion des conflits basées en partie sur des comportements violents pourrait constituer l’un des

mécanismes de changement de l’organisation de la personnalité. Cela suggère par le fait même

l’existence d’une interaction complexe entre la personnalité et la violence conjugale.

Les auteurs des études présentées ci-dessus se sont principalement intéressés à

l’association entre la personnalité et la victimisation et/ou la perpétration de violence conjugale, ainsi

qu’à l’interaction entre ces variables. Les études de plus en plus nombreuses suggérant la présence

d’une influence des situations stressantes et des stratégies d’adaptation sur la personnalité (Roberts

et al., 2006; Blais-Bergeron, 2013; Allemand et al, 2015; Boyce et al., 2015; Kandler et al., 2014)

soulignent l’importance de s’intéresser davantage à ces associations afin de préciser notre

compréhension du phénomène. En se penchant sur l’étude de la personnalité comme variable

médiatrice, l’étude contribuera à mieux préciser le lien entre l’adoption de stratégies d’adaptation

coercitives et la personnalité. Une méthode d’analyse des données basée sur une perspective

dyadique permettra aussi de mieux définir la contribution de chacun des partenaires aux associations

observées.

D’autre part, la prise en compte des relations objectales dans la présente étude permettra

d’apporter un appui empirique supplémentaire à la pertinence de cette notion dans le modèle de

Kernberg (1984) et de mieux définir le rôle spécifique des traits de la PDM dans la dynamique des

relations de couple.

La présente étude sera réalisée à partir d’un échantillon de couples vus en clinique.

Zimmerman, Rothschild et Chelminski (2005) soulignent la pertinence de s’intéresser à ce type de

population dans le cadre d’études portant sur la pathologie de la personnalité. En effet, selon les

résultats de ces auteurs, près de 50% des individus qui consultent en clinique présentent un trouble

de la personnalité, tel qu’évalué à l’aide de l’entrevue clinique structurée pour le DSM-IV (SCID-IV) et

l’entrevue structurée pour l’évaluation de la personnalité selon le DSM-IV (SIDP-IV). De plus, les

couples en détresse qui consultent présenteraient de plus haut niveau de névrosisme, d’introversion

Page 28: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

16

et de basse estime de soi comparativement à des couples de la communauté (Barelds & Barelds-

Dijikstra, 2006; Daspe et al., 2013, sous presse).

Objectifs et hypothèses

Le présent projet propose d’étudier l’effet médiateur des traits de la PDM sur l’association

entre la violence situationnelle et la satisfaction conjugale à partir d’une perspective dyadique chez

des couples qui consultent en psychothérapie.

Trois hypothèses sont formulées. Premièrement, les femmes présenteront davantage de

traits de la PDM que les hommes. Deuxièmement, les effets acteurs et partenaires directs seront

significatifs chez les hommes et les femmes, c.à.d. que la violence conjugale dont l’individu estime

être victime sera associée négativement à sa propre satisfaction conjugale et à celle de son

partenaire. Troisièmement, les effets acteurs et partenaires indirects seront significatifs chez les

hommes et les femmes, c.à.d. que la violence conjugale que l’individu estime recevoir sera

négativement associée à sa propre satisfaction conjugale ainsi qu’à celle de son partenaire via l’effet

médiateur des traits de la PDM des conjoints.

Méthode

L’échantillon est composé de 158 couples canadiens-français résidant au Québec. Trois des

158 couples sont homosexuels. Les femmes de l’échantillon ont entre 18 et 70 ans et ont 38.44 ans

(ET = 10.10) en moyenne. Les hommes sont âgés entre 19 et 69 ans et ont en moyenne 42,41 ans

(ET=10.10). Pour ce qui est de la scolarité des participants, 57.6% des femmes et 51.3% des

hommes rapportent avoir complété des études universitaires. En ce qui concerne l’état civil des

participants, 44.3% d’entre eux sont mariés, 51,3 % mentionnent être conjoints de fait. La moyenne

d’années de cohabitation pour les couples est de 12.75 (ET = 10,20). Les partenaires ont en en

général deux enfants issus de leur union actuelle (M = 1.84, ET = 1,01). 81% des femmes ont un

emploi et 6.3% sont étudiantes alors que pour les hommes, ces pourcentages sont de 84.8% et 5.1%

respectivement. En ce qui concerne le salaire des hommes et des femmes respectivement, 5.1% et

12.1% rapportent un revenu de moins de 15 000$ ; 14.0% et 20.5%, un revenu entre 15 000$ et

35 000$ ; 42.7 % et 41.0%, un revenu entre 35 000$ et 65 000$ ; 17.8% et 19.9%, un revenu entre

65 000$ et 95 000$ ; 20.4% et 5.8%, un revenu de plus de 95 000$.

Page 29: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

17

Mesures

Satisfaction conjugale

La version française du Dyadic Adjustment Scale, l’Échelle d’Ajustement Dyadique (EAD),

est une mesure auto-rapportée permettant d’évaluer la satisfaction conjugale (DAS; Spanier, 1976;

traduite par Baillargeon, Dubois, & Martineau, 1986). Cet outil comprend 32 items sur une échelle de

type Likert allant de zéro « toujours en accord » à cinq «toujours en désaccord ». La somme de ces

items permet d’obtenir un score global d’ajustement dyadique variant de zéro à 151, un score élevé

reflétant un plus haut niveau de satisfaction dans la relation. L’EAD possède une structure en quatre

facteurs (Gentili, Contreras, Cassaniti & D’Arista, 2002 ; Shek, 1995; Spanier, 1976). Les qualités

psychométriques de l’EAD sont supportées par des données empiriques. En effet, la fidélité ainsi que

la validité convergente et divergente de la version française sont satisfaisantes. Les coefficients

alpha se retrouvent entre .91 et .96 (Baillargeon et al., 1986; Sabourin, Lussier, Laplante, & Wright,

1990; Vandeleur, Fenton, Ferrero & Preisig, 2003 ). Dans la présente étude, ce coefficient est de .90

pour les femmes et de .89 pour les hommes. Étant donné les résultats de Valendeur et al. (2003)

démontrant la similarité de l’ajustement entre le modèle en un facteur et le modèle hiérarchique

complexe original, il semble adéquat d’utiliser l’EAD dans la présente étude.

Traits de personnalité dépressifs/masochistes

La version originale de l’Inventaire de l’organisation de la personnalité (Kernberg & Clarkin,

1995) est une mesure auto-rapportée constituée de 155 items comprenant deux sections. La

première section de l’outil comprend trois échelles permettant d’évaluer la diffusion de l’identité, les

mécanismes de défense primitifs et l’épreuve de la réalité. La deuxième section de l’outil concerne

les relations objectales et vise à qualifier les relations objectales selon deux classes : névrotique et

limite (Normandin et al., 2002). La deuxième section de l’outil comprend deux échelles principales :

l’échelle névrotique, permettant d’évaluer les relations objectales associées aux troubles hystérique,

dépressif/masochiste et obsessif/compulsif ; et l’échelle limite, permettant d’évaluer les relations

objectales associées aux troubles narcissique, infantile, paranoïde, schizoïde et antisocial

(Normandin et al., 2002). Puisque le présent projet s’intéresse à la personnalité

dépressive/masochiste, c’est seulement cette échelle qui sera considérée. Dans leur étude, Naud et

al. (2013) ont obtenu des coefficients alpha de .79 pour les femmes et de .82 pour les hommes. Des

Page 30: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

18

analyses confirmatoires ont également été menées afin de déterminer si les items de l’échelle

dépressive/masochiste s’ajustent à un modèle en un facteur. Les analyses ont démontré un niveau

d’ajustement adéquat de ce modèle unidimensionnel (Naud et al., 2013). Dans la présente étude, les

coefficients alpha sont de .75 pour les femmes et de .67 pour les hommes.

Violence conjugale

La version révisée de L’échelle des stratégies de gestion des conflits (CTS-2, Straus, 2004 ;

Straus, Hamby, Boney-McCoy & Sugarman, 1996) est une mesure auto-rapportée comprenant 78

items distribués à travers cinq échelles (négociation, agression psychologique, agression physique,

coercition sexuelle et blessure) qui mesure la violence perpétrée et vécue par les partenaires dans le

couple. Les participants cotent la fréquence des comportements subis et/ou perpétrés durant la

dernière année sur une échelle de type Likert (« jamais », « une fois », « deux fois », « trois à cinq

fois », « six à dix fois », « 11 à 20 fois », « 21 fois et plus », « pas dans la dernière année, mais c’est

arrivé auparavant »). Dans la présente étude, c’est seulement l’échelle d’agression physique d’une

version française de l’outil (Lussier, 1997) qui est utilisée. Les résultats d’études précédentes ont

démontré que le CTS-2 présente une bonne validité et fidélité auprès de couples hétérosexuels de la

population générale (Calvete, Corral & Estévez, 2007 ; Straus, 2004 ; Straus et al., 1996 ; Yun,

2011). Les coefficients alpha dans ces échantillons varient de .67 à .93 pour l’échelle d’agression

physique. Dans la présente étude, ce coefficient est de .84 pour les femmes et de .82 pour les

hommes. Par ailleurs, les résultats de Vega et O’Leary (2007) ont démontré une excellente fidélité

test-restest sur une période de deux mois. Des études menées auprès d’échantillons recrutés dans

des milieux carcéraux et d’échantillons composés de femmes victimes de violence ont permis de

démontrer la validité factorielle du CTS-2 (Calvete et al., 2007 ; Lucente, Fals-Stewart, Richards &

Goscha, 2001). L’outil présente également une bonne validité de construit et est corrélé de façon

modérée à une mesure de désirabilité sociale (Straus, 2014).

Procédure

Les participants sont recrutés via l’Unité d’intervention auprès du couple du Service de

consultation de l’école de psychologie de l’Université Laval entre 2005 et 2013. Ces couples ont soit

entrepris la thérapie d’eux-mêmes ou sont référés par un professionnel de la santé mentale. Une

enveloppe contenant des questionnaires, dont l’IPO, l’EAD et le CTS-2, a été remise à chacun des

Page 31: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

19

partenaires du couple à la première rencontre d’évaluation. Il a été mentionné aux partenaires de

remplir les questionnaires seuls, sans consulter leur conjoint. Les couples acceptant de participer à la

recherche complètent un formulaire de consentement permettant d’utiliser ces questionnaires.

Plan d’analyses statistiques

La présence de données aberrantes dans l’échantillon, ainsi que la linéarité, la normalité et

la multicolinéarité de la distribution ont été évaluées. Des analyses descriptives ont été réalisées afin

d’examiner les moyennes et les écarts-types de chacune des variables. Des analyses

corrélationnelles, des analyses de variances (ANOVA) ainsi que des tests de chi-deux ont été

effectués pour évaluer la relation entre les variables. En raison de la forte corrélation entre la

violence physique perpétrée et vécue du CTS-2 (r = .66 ; p < .01), les deux variables ne pouvaient

être incluses dans le modèle. Puisque l’échelle d’agression physique dont l’individu estime être

victime présentait les plus fortes corrélations avec les autres variables de l’étude, c’est cette-dernière

qui a été retenue dans le modèle. Les différences de genre pour chaque variable ont été testées à

l’aide d’ANOVA à mesures répétées pour tenir compte de la non-indépendance des données et les

tailles d’effet ont été calculées. Le barème établi par Cohen (1988) pour interpréter une taille d’effet

faible (η2 =.01), modérée (η2 = .09) et élevée (η2 = .25) a servi de référence. Les statistiques

descriptives ont été réalisées à l’aide du programme SPSS 20.

Un modèle d’analyses acheminatoires d’interdépendance acteur-partenaire (APIM) a été

testé avec le logiciel Mplus (Muthén & Muthén, 2012). Ce modèle examine si les traits de la PDM

constituent un médiateur de l’association entre la violence conjugale dont l’individu estime être

victime (variable indépendante; VI) et la satisfaction conjugale (variable dépendante; VD). Puisqu’un

modèle APIM tient compte de la non-indépendance des données, il est tout désigné dans le cadre

d’une étude sur un échantillon composé de couples (Cook & Kenny, 2005; Kenny, Kashy, & Cook,

2006). Ce type de modèle permet d’analyser deux effets principaux en considérant simultanément

les données des deux partenaires. Le premier constitue l’effet acteur, c.à.d. l’effet direct de la VI

mesurée chez l’individu sur la VD de l’individu. Le deuxième constitue l’effet partenaire, c.à.d. l’effet

direct de la VI de l’individu sur la VD de son partenaire. Le modèle APIM permet également

d’analyser les effets indirects (EI). Enfin, d’un point de vue théorique, les données de chacun des

partenaires devraient être distinguables en fonction du genre de l’individu. Toutefois, il est possible

que les associations ne soient pas influencées par le genre des partenaires. Afin de déterminer si les

Page 32: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

20

données des partenaires sont effectivement distinguables, un test de distinguabilité des dyades a été

effectué sur l’ensemble des variables.

Le modèle est testé selon l’approche de Hayes (2013). Il s’agit d’une approche qui utilise les

intervalles de confiance obtenus par la procédure de rééchantillonnage afin de déterminer si les

effets indirects d’un modèle de médiation sont significatifs. Les données manquantes sont traitées

avec la méthode du maximum de vraisemblance à information complète (Arbuckle, 1996; Wothke,

2000). Il s’agit d’une méthode utilisant l’ensemble des données disponibles pour estimer les

paramètres du modèle. Les erreurs standard ont été calculées à l’aide d’une méthode d’estimation

robuste (MLR). L’ajustement du modèle a été vérifié par le biais de cinq indices : l’indice d’ajustement

comparatif (CFI), l’index Tucker-Lewis (TLI), le chi carré (χ2), la racine carrée standardisée des

résidus (SRMR) et la racine carrée de l’erreur quadratique moyenne de l’approximation (RMSEA).

Les principales lignes directrices suggèrent qu’un modèle possédant un CFI et un TLI supérieurs à

.90 est bien ajusté (Browne & Cudeck, 1993). Un modèle possédant un indice SRMR et RMSEA

inférieur à .05 est considéré comme étant bien ajusté alors qu’un modèle possédant une valeur entre

.05 et .08 est considéré comme modérément bien ajusté (Browne & Cudeck, 1993). Pour ce qui est

du test d’ajustement du chi carré, un résultat non significatif au seuil de signification .05 indique un

bon ajustement. Une procédure de rééchantillonnage a été utilisée afin de tester les effets indirects.

Pour y parvenir, 1000 échantillons aléatoires ont été générés dans le but d’élaborer des intervalles

de confiance dont les biais ont été corrigés (Edwards & Lambert, 2007).

Résultats

Les moyennes, les écarts-types, les ANOVA à mesures répétées et les tailles d’effet pour les

traits de la PDM, la satisfaction conjugale (EAD), le score à l’échelle d’agression physique dont

l’individu estime être victime au CTS2 (PHYPART) pour les hommes et les femmes sont présentés

au tableau 1. La consultation de ce tableau montre que les femmes de l’échantillon présentent un

plus haut niveau de traits de la de la PDM que les hommes (F(1.173)=14.84, p < .001), ce qui

confirme la première hypothèse. La taille d’effet associée à cette différence de moyenne est faible (η2

= .08). Les femmes seraient également moins satisfaites de leur relation conjugale comparativement

aux hommes (F(1.177)=11.64, p < .001). La taille d’effet associée à cette différence de moyenne est

faible (η2 = .06). La différence entre les moyennes des hommes et des femmes quant à la violence

physique que l’individu estime être victime n’est pas significative (F(1.170)= 2.28, p = .133).

Page 33: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

21

Les corrélations entre les différentes variables chez les hommes et les femmes sont

présentées dans le tableau 2. La violence dont la femme et l’homme estiment être victime est

positivement associée à leurs propres traits de la PDM ainsi qu’à ceux de leur partenaire. Les traits

de la PDM de l’homme et de la femme sont associés négativement à leur propre satisfaction

conjugale ainsi qu’à celle de leur partenaire.

Pour ce qui est du test d’indistinguabilité des dyades hommes-femmes, le test omnibus de la

non indépendance des dyades atteint le seuil de signification lorsque le modèle où des contraintes

sont appliquées aux effets acteurs et partenaires est comparé au modèle où des contraintes sont

appliquées aux effets acteurs et partenaires, ainsi que sur les variances (∆χ2 ajusté de Satorra-

Bentler (3) = 35.75 ; p < .01). La dyade doit donc être considérée comme étant distinguable puisque

les variances des variables des hommes et des femmes sont significativement différentes. Les

moyennes des variables ont été contraintes à être égales puisque cette démarche ne semblait pas

détériorer significativement l’ajustement du modèle.

Les résultats des analyses APIM sont présentés à la figure 1. Les indices d’ajustement

suggèrent que les données sont bien représentées par le modèle (CFI = 1.00 ; TLI = 1.05 ; χ2 (7) =

4.24, p = .752 ; SRMR= .03 ; RMSEA= .00, 90% [.00 à .07]). Les effets acteurs sont significatifs : la

violence dont la femme et l’homme estiment être victime est négativement associée à leur propre

satisfaction conjugale (β= -.06 ; p<.05). Les effets partenaires sont significatifs : la violence physique

dont la femme et l’homme estiment être victime est négativement associée à la satisfaction conjugale

de leur partenaire (β= -.06, p<.05). L’ensemble des effets acteurs indirects sont significatifs : l’effet de

la violence dont la femme estime être victime (VI) sur sa propre satisfaction conjugale (VD) est

expliquée indirectement via les traits de la PDM (médiateur) de la femme (EI = -.05 ; 95% IC = [-.09 ;

-.02]) et de l’homme (EI = -.02 ; 95% IC = [-.03 ; -.00]). L’effet de la violence dont l’homme estime

être victime (VI) sur sa propre satisfaction conjugale (VD) est expliquée indirectement via les traits

PDM de l’homme (EI = -.05 ; IC = [-.09 ; -.02]) et de la femme (EI = -.02 ; IC = [-.03 ; -.00]). Les effets

partenaires indirects sont également significatifs: l’effet de la violence physique dont l’homme estime

être victime (VI) sur la satisfaction conjugale de la femme (VD) est expliquée indirectement via les

traits de la PDM de la femme (EI = -.03 ; IC = [-.05 ; -.01]) et de l’homme (EI = -.03 ; IC = [-.06 ; -.01]).

L’effet de la violence physique dont la femme estime être victime (VI) sur la satisfaction conjugale de

l’homme est expliquée indirectement via les traits de la PDM de la femme (EI = -.03 ; IC = [-.06 ; -

Page 34: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

22

.01]) et de l’homme (EI = -.03 ; IC = [-.05 ; -.01]). Le modèle permet d’expliquer 18.8 % et 17.3% de

la variance de la satisfaction conjugale chez les hommes et les femmes respectivement.

Page 35: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

23

Discussion

Les résultats de la présente étude confirment l’ensemble des hypothèses proposées au

départ. Plus précisément, le modèle final indique que la violence conjugale, opérationnalisée comme

une stratégie d’adaptation inadéquate adoptée par les partenaires afin de faire face au stress

relationnel, est négativement associée à la satisfaction conjugale et que les traits PDM expliquent

partiellement le rapport observé entre ces deux variables. Ce modèle englobe donc non seulement le

lien entre violence physique et satisfaction conjugale déjà bien établi (Wu Shortt, Capaldi, Kim &

Laurent, 2010; Ackerman & Field, 2011 ; Henning & Connor-Smith, 2011; Shorey, Febres, Brasfield

& Stuart, 2012) mais, et il s’agit là d’un fait nouveau, il met en relief que les traits de la PDM

s’expriment avec plus de force lorsque les partenaires évoluent dans un contexte de violence

conjugale. Bien que la nature du rapport de causalité n’ait pu être vérifiée dans la présente étude, la

recherche de Blais-Bergeron (2013) a déjà montré qu’en certaines circonstances, sur une courte

période d’un an, c’est la violence physique au sein du couple qui entraîne un affaiblissement de la

personnalité. Il n’est donc pas interdit de penser qu’au long cours, la violence physique entraîne une

intensification des traits PDM. Ceci devra être démontré plus rigoureusement, l’association inverse

ne peut, pour l’instant être exclue. De tels résultats pourraient éventuellement mener à une

reconceptualisation du modèle Vulnérabilité-Stress-Adaptation (Karney & Bradbury, 1995) dans

lequel les stratégies d’adaptation au stress sont déterminées par les tendances dispositionnelles des

individus et non le contraire.

Certaines pistes de compréhension peuvent être élaborées sur la base de la théorie des

relations d’objet et de l’attachement afin de mieux comprendre l’association positive entre la violence

physique et la personnalité dans la présente étude. Puisque le devis de cette recherche ne permet

pas d’émettre des hypothèses longitudinales, ces pistes de compréhension devront être vérifiées

dans des études futures. Selon Bowlby (1982, 1969), les enfants naissent avec un système

comportemental inné motivant l’individu à rechercher la proximité auprès des principales figures

d’attachement, souvent les parents, afin d’assurer sa survie. Les expériences infantiles vécues avec

ces figures sont essentielles puisqu’elles constituent, en grande partie, la base de la structure

psychologique de l’individu qui sous-tend ses motivations et ses comportements à l’âge adulte

(Clarkin, Yeomans & Kernberg, 2006). L’intensité affective caractérisant les interactions entre l’enfant

et sa principale figure d’attachement est primordiale dans ce processus (Clarkin et al., 2006). Ce lien

Page 36: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

24

entre l’attachement et la structure psychique pourrait constituer une hypothèse intéressante afin de

nous aider à mieux comprendre les résultats de la présente étude. En effet, le système

d’attachement demeurerait actif tout au long de la vie et serait particulièrement stimulé dans les

relations amoureuses (Shaver & Mikulincer, 2005; Mikulincer & Shaver, 2009). Ainsi, il est possible

de penser que l’attachement s’établissant entre l’individu et son partenaire amoureux pourrait

constituer un puissant mécanisme via lequel des modifications à l’intérieur de la structure psychique

pourraient se produire à l’âge adulte. Les résultats obtenus par Naud et ses collègues (2013) ont

d’ailleurs révélé un lien complexe entre la personnalité, l’attachement et la satisfaction conjugale, ce

qui supporte la valeur d’une telle interprétation. Puisque la présence de violence conjugale entre les

partenaires constitue un contexte intense et chargé d’affects négatifs, il pourrait constituer un

contexte particulièrement propice à l’émergence de modifications au sein de la structure de la

personnalité. Certaines relations d’objet déjà présentes dans le monde interne des partenaires

pourraient être activées et exacerbées en raison de l’interaction particulière entre ces derniers. Une

étude longitudinale observant le lien entre l’attachement mesuré à l’enfance et la personnalité à l’âge

adulte en fonction du contexte conjugal pourrait permettre de vérifier ces hypothèses.

Des hypothèses plus spécifiques aux caractéristiques de la PDM peuvent être émises afin

d’étoffer les pistes de compréhensions élaborées ci-dessus. Encore une fois, la séquence des

phénomènes décrits ci-dessus et leurs interactions n’ont pu être vérifiés en raison des limites du

devis utilisé dans la présente étude. Ces pistes de compréhension apportent toutefois un éclairage

permettant de possiblement mieux comprendre les résultats complexes du modèle. Tout d’abord, la

difficulté d’identification et d’expression de l’agressivité que l’on retrouve typiquement chez les

individus présentant des traits de la PDM (Kernberg, 1988) pourrait constituer un des facteurs

personologiques favorisant l’émergence de comportements violents entre les partenaires.

Effectivement, le refus de ressentir ou de considérer ses propres signaux d’agressivité chez les

personnes ayant des traits de la PDM, comme les tensions musculaires et l’irritabilité, pourrait

s’accumuler et résulter en comportements violents. Les résultats d’études récentes ont d’ailleurs

démontré l’important rôle des difficultés d’expression et de régulation des émotions pour prédire

l’adoption de comportements violents dans la relation amoureuse (Kelley, Edwards, Dardis & Gidycz,

2015 ; Caldwell, Swan, Allen, Sullivan & Snow, 2009). L’accumulation des signaux chez l’individu

présentant des traits de la PDM pourrait également être alimentée par le déni de l’agressivité du

partenaire. En effet, l’individu présentant des traits de la PDM pourrait être affecté, sans en être

Page 37: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

25

totalement conscient, par les manifestations agressives (p.ex. les comportements passifs agressifs)

de son partenaire. L’évitement des affects négatifs pourrait être motivé par les intenses craintes de

rejet caractérisant les individus présentant des traits de la PDM (Kernberg, 1988). Tenir compte de

sa propre agressivité ou de celle de son partenaire pourrait constituer une grande menace pour

l’individu qui ressent de grands besoins d’amour et d’approbation de la part de son conjoint.

L’émergence de comportements violents dans la relation conjugale pourrait déclencher un

cercle vicieux menant à l’intensification des traits de la PDM chez chacun des partenaires. Cette

hypothèse pourrait contribuer à expliquer l’association positive entre la violence conjugale dont

l’individu estime être victime et les traits de la PDM de chacun des conjoints. Dans un souci de clarté

dans la présentation de ce cercle vicieux, les partenaires, qui présenteraient initialement un certain

niveau de traits de la PDM, sont identifiés par «homme» et «femme». Ceux-ci sont

interchangeables dans la séquence : en prenant en compte les comportements violents dont elle est

victime, la femme pourrait se sentir rejetée et maltraitée par son partenaire. Les relations d’objet déjà

présentes dans son monde interne pourraient ressurgir et déclencher un discours interne

dévalorisant où elle se perçoit comme sans valeur en lien avec un partenaire idéalisé. Ce discours

interne pourrait mener la femme à croire qu’elle mérite d’être maltraitée et intensifierait sa

dépendance envers l’amour et l’acceptation de son partenaire. Du même coup, la crainte du rejet

augmenterait la propension masochiste de cette dernière qui serait alors plus encline à dénier ses

propres signaux d’agressivité et ceux de son conjoint. Dans un deuxième temps, en constatant la

façon dont elle se sent traitée et sa soumission excessive, elle pourrait s’insurger devant son

partenaire et tenter d’induire des sentiments de culpabilité chez ce dernier afin de le punir. En ayant

l’impression d’avoir blessé sa conjointe, l’homme pourrait se sentir inadéquat et avoir l’impression de

ne pas mériter l’amour de sa partenaire en raison d’un surmoi sévère et punitif. La culpabilité induite

chez l’homme par sa partenaire pourrait donc alimenter les traits de la PDM de ce dernier et ainsi

expliquer l’association positive entre les comportements violents dont l’individu estime être victime et

les traits PDM du partenaire dans le modèle.

Un niveau de traits de la PDM plus sévère pourrait intensifier la propension de l’individu à

ressentir des affects négatifs comme la culpabilité, la dévalorisation de soi, l’apitoiement, la colère et

les sentiments dépressifs, ce qui pourrait contribuer à expliquer l’association négative entre les traits

de la PDM des partenaires et la satisfaction conjugale de ces derniers. La présence d’une

Page 38: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

26

association négative entre les sentiments dépressifs, l’estime de soi, le névrosisme (référant

généralement à une grande sensibilité) et la satisfaction conjugale a d’ailleurs été démontrée dans

plusieurs études (Davila, Karney, Todd & Bradbury, 2003; Smith, Breiding, Papp, 2012; Whitton &

Kuryluk, 2012; Gordon, Tuskeviciute & Chen, 2013; Erol & Orth, 2014 ; Schaffhuser, Wagner, Lüdtke

& Allemand, 2014 ; Mund, Finn, Hagemeyer, Zimmermann & Neyer, 2015; Daspe et al., 2013). Une

tendance à entretenir des attentes élevées envers soi-même et les autres ainsi qu’un grand besoin

d’amour et d’approbation jumelés à une grande sensibilité pourraient prédisposer les individus ayant

des traits de la PDM à réagir de façon excessive dans leur relation amoureuse. Selon Kernberg

(1988), lorsque les attentes et les besoins des individus présentant ces traits ne sont pas comblés, ils

auraient tendance à ressentir une grande déception et à se sentir maltraités. Ce vécu subjectif

pourrait expliquer la propension à éprouver des sentiments dépressifs et à s’auto-dévaluer. Par

ailleurs, les comportements qu’adopte l’individu afin de faire sentir son partenaire coupable dont il a

été question ci-dessus pourrait mener le partenaire à se distancier (Kernberg, 1988). Cela pourrait

contribuer à expliquer l’association négative entre les traits de la PDM des conjoints et la satisfaction

conjugale du partenaire. La constatation de cette distance réelle ou perçue pourrait alimenter les

affects négatifs chez l’individu pour ultimement se répercuter négativement sur la satisfaction

conjugale des partenaires. Une étude portant sur l’analyse de la séquence des interactions dans le

couple et leurs impacts sur les traits de la PDM, tout en tenant compte de l’attachement des

partenaires, pourrait permettre de vérifier ces hypothèses.

Par ailleurs, conformément à ce que Naud et ses collègues (2013) avaient observé dans leur

étude, les femmes de l’échantillon présentent davantage de traits de la PDM comparativement aux

hommes. Ce résultat concorde avec les observations cliniques de Kernberg (1995) qui stipule que

les traits de la PDM sont présents chez les hommes et les femmes, mais seraient plus prévalents

chez ces dernières dans le cadre des relations amoureuses. En effet, les femmes seraient plus

enclines à exprimer leur masochisme dans la sphère conjugale alors que les hommes l’exprimeraient

davantage dans la sphère du travail. Kernberg (1995) fait référence à des facteurs culturels et

développementaux afin d’expliquer cet écart, notamment aux caractéristiques de la résolution du

conflit œdipien distinguant les hommes et les femmes. Tout comme l’ont précisé Naud et al. (2013),

puisque la taille d’effet associée à cette différence de moyenne est faible, ce résultat devrait être

interprété avec prudence.

Page 39: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

27

D’un point de vue théorique, nos résultats sont d’autant plus importants que ce sont les

premières données empiriques qui démontrent clairement la valeur scientifique des relations

objectales au sein du modèle de Kernberg (1984). Les résultats de la présente étude soulignent donc

l’importance de poursuivre le travail de validation de cette portion du modèle de l’organisation de la

personnalité de Kernberg (1984). Cela pourrait s’avérer particulièrement pertinent dans le contexte

des relations amoureuses en raison du caractère dyadique du concept des relations objectales.

Effectivement, ce dernier réfère à une représentation de soi et une représentation de l’autre liées par

un affect qui interagit de façon particulière avec les relations objectales du partenaire. Ainsi, un tel

concept pourrait permettre de mieux capter les phénomènes conjugaux associés à la personnalité

contrairement à d’autres construits personologiques. Au plan clinique, davantage d’appuis

empiriques quant au modèle de Kernberg (1984) souligneraient la pertinence d’intégrer la théorie des

relations d’objet dans la thérapie conjugale.

Comme l’indiquent les résultats, le modèle de la présente étude représente bien les relations

entre la violence conjugale situationnelle, les traits de la PDM et la satisfaction conjugale.

Néanmoins, certaines limites méritent d’être soulignées. Tout d’abord, puisque les hypothèses

formulées au départ ont été vérifiées à partir d’un plan de recherche corrélationnel, il n’est pas

possible de tirer des conclusions sur le rapport de causalité entre les variables. La possibilité que

d’autres variables non mesurées puissent expliquer les variations observées entre les variables ne

peut donc être exclue. Bien qu’il présente également certaines limites, un plan de recherche

corrélationnel longitudinal pourrait permettre d’établir, avec plus de certitude, le lien de causalité

entre la violence conjugale, les traits de la PDM et la satisfaction conjugale. En outre, puisque les

données ont été récoltées à partir de questionnaires auto-rapportés, les résultats obtenus peuvent

être influencés par des biais comme la désirabilité sociale et certains facteurs extérieurs au

phénomène d’intérêt. En ayant recours à d’autres types de mesures comme l’entrevue semi-

structurée, il serait possible de limiter ces biais. Par ailleurs, certaines considérations au plan de la

généralisation des résultats méritent d’être soulevées. En effet, l’échantillon est composé de couples

qui consultent en thérapie conjugale. Les résultats ne peuvent donc être généralisés à une

population clinique ou de la communauté.

Dans des recherches futures, il serait pertinent d’améliorer la compréhension des relations

dans le modèle de la présente étude en s’intéressant à l’ajout d’autres variables. Ceci permettrait de

Page 40: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

28

mieux cibler le rôle médiateur des traits de la PDM. Par ailleurs, une étude portant sur le rôle de

l’attachement dans la relation amoureuse pourrait permettre de tester les pistes d’hypothèses

suggérées précédemment afin d’expliquer la variation entre la violence conjugale et le niveau de

traits de la PDM. Il pourrait également être pertinent de s’intéresser à d’autres formes de violence

plus sévères comme le terrorisme conjugal afin d’étoffer notre compréhension du phénomène. Bien

que les résultats de la présente étude supportent la valeur de la deuxième section du modèle de

Kernberg (1984) qui porte sur les relations objectales, et plus précisément celles de la PDM,

davantage d’études ayant pour objectif la validation de cette section sont nécessaires.

En ce qui concerne les implications cliniques, la présente étude souligne l’importance de

s’intéresser aux stratégies de gestion de l’agressivité chez les couples qui consultent en thérapie

conjugale, car celles-ci pourraient être associées à une intensification des traits de la PDM qui

pourraient à leur tour alimenter les difficultés du couple. Des interventions centrées sur les relations

objectales, qui sont au cœur de thérapies psychodynamiques comme l’approche centrée sur le

transfert, pourraient améliorer la qualité des interactions entre les partenaires. Toutefois, des études

expérimentales seraient nécessaires afin de vérifier l’efficacité de ces interventions.

Page 41: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

29

Bibliographie

Ackerman, J. & Field, L. (2011). The gender asymmetric effect of intimate partner violence on relationship satisfaction. Violence and Victims, 26(6), 703-724.

Allemand, M., Hill, L.H. & Lehmann, R. (2015). Divorce and personality development across middle adulthood. Personal Relationships, 22, 122-137. doi: 10.1111/pere.12067

Amato, P. R. (2000). The consequences of divorce for adults and children. Journal of Marriage and the Family, 62, 1269–1287.

Amato, P. R., & Previti, D. (2003). People’s Reasons for Divorcing: Gender, Social Class, the Life Course, and Adjustment. Journal of Family Issues, 24(5), 602–626. doi:10.1177/0192513X03254507

Americain Psychiatric Association (2013). Arbuckle, J. L. (1996). Full information estimation in the presence of incomplete data. In

G. A. Marcoulides & R. E. Schumacker (Eds.), Advanced structural equation modeling: Issues and techniques (pp. 243-277). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.

Baillargeon, J., Dubois, G. & Marineau, R. (1986). Traduction française de l’échelle d'adjustement dyadique (A French translation of the Dyadic Adjustment Scale). Revue Canadienne des Sciences du Comportement, 18, 25-34.

Barelds, D. P. H., & Barelds-Dijkstra, P. (2006). Partner Personality in Distressed Relationships. Clinical Psychology, 396, 392–396. doi:10.1002/cpp

Blais-Bergeron, M. (2013). Précision diagnostique de l’Inventaire d’organisation de la personnalité et sensibilité à la violence conjugale (Thèse de doctorat non publiée). Université Laval, Québec, Canada.

Boyce, C.J., Wood, A.M., Daly, M. & Sedikides, C. (2015). Personality change following unemployment. Journal of applied psychology, 100(4), 991-1011.

Browne, M. W., & Cudeck, R. (1993). Alternative ways of assessing model fit. In K. A. Bollen & J. S. Long (Eds.), Testing Structural Equation Models, (pp.136 – 162). Beverly Hills, CA: Sage.

Caldwell, J.E., Swan, S.C., Allen, C.T., Sullivan, T.P. & Snow, D.L. (2009). Why I hit him: Women’s reasons for intimate partner violence. Journal of Aggression, Maltreatment & Trauma, 18 (7), 672-697. doi : 10.1080/10926770903231783.

Calvete, E., Corral, S. & Estévez, A. (2007). Factor structure and validity of the Revised Conflict Tactics Scales for spanish women. Violence Against Women, 13(10), 1072-1087.

Clark, L. A. (1993). Personality Disorder Diagnosis : Limitations of the Five-Factor Model Personality Disorder. Psychological Inquiry, 4(2), 100–104.

Clarkin, J. F., Foelsch, P. a, Levy, K. N., Hull, J. W., Delaney, J. C., & Kernberg, O. F. (2001). The development of a psychodynamic treatment for patients with borderline personality disorder: a preliminary study of behavioral change. Journal of Personality Disorders, 15(6), 487–495. Récupéré http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11778390

Clarkin, J. F., Levy, K. N., Lenzenweger, M. F., & Kernberg, O. F. (2007). Evaluating three treatments for borderline personality disorder: A multiwave study. The American Journal of Psychiatry, 164(6), 922–928. doi:10.1176/appi.ajp.164.6.922

Clarkin, J.F., Yeomans, F.E. & Kernberg, O.F. (2006). Psychotherapy for borderline personality: Focusing on object relations. Washington: American Psychiatric Publishing.

Page 42: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

30

Claxton, a., O’Rourke, N., Smith, J. Z., & DeLongis, a. (2012). Personality traits and marital satisfaction within enduring relationships: An intra-couple discrepancy approach. Journal of Social and Personal Relationships, 29(3), 375–396. doi:10.1177/0265407511431183

Cook, W. L., & Kenny, D. A. (2005). The Actor–Partner Interdependence Model: A model of bidirectional effects in developmental studies. International Journal of Behavioral Development, 29(2), 101–109.

Costa, P. T., & McCrae, R. R. (1992). Normal personality assessment in clinical practice: The NEO Personality Inventory. Psychological Assessment, 4(1), 5–13.

Davila, J., Karney, B.R., Hall, T.W. & Bradbury, T.N. (2003). Depressive symptoms and marital satisfaction : Within-subject associations and the moderating effects of gender and neuroticism. Journal of Family Psychology, 17(4), 557-570. doi : 10.1037/0893-3200.17.4.557.

Daspe, M., Sabourin, S., Péloquin, K., Lussier, Y., Wright, J. (2013). Curvilinear associations between neuroticism and dyadic adjustment in treatment-seeking couples. Journal of Family Psychology, 27(2), 232-241. doi : 10.1037/a0032107

Daspe, M., Sabourin, S., Péloquin, K., Lussier, Y., Wright, J. (2015). Is the Association Between Sexual Satisfaction and Neuroticism in Treatment-Seeking Couples Curvilinear? Couple and Family Psychology : Research and Practice.

Desmarais, S.L., Reeves, K.A., Nicholls, T.L., Telford, R.P. & Fiebert, M.S. (2012). Prevalence of physical violence in intimate relationships, part 1: Rates of male and female victimization. Partner Abuse, 3(2), 140-169

Diguer, L., Laverdière, O., & Gamache, D. (2008). Pour une approche empirique des relations d’objet. Santé mentale au Québec, 33(1), 89–114.

Disney, K. L., Weinstein, Y., & Oltmanns, T. F. (2012). Personality disorder symptoms are differentially related to divorce frequency. Journal of Family Psychology : JFP : journal of the Division of Family Psychology of the American Psychological Association (Division 43), 26(6), 959–65. doi:10.1037/a0030446

Doering, S., Hörz, S., Rentrop, M., Fischer-Kern, M., Schuster, P., Benecke, C., … Buchheim, P. (2010). Transference-focused psychotherapy treatment by community psychotherapists for borderline personality disorder: randomised controlled trial. The British Journal of Psychiatry : The Journal of Mental Science, 196(5), 389–95.doi:10.1192/bjp.bp.109.070177

Doering, S., Burgmer, M., Heuft, G., Menke, D., Bäumer, B., Lübking, M., … Schneider, G. (2013). Reliability and validity of the German version of the Structured Interview of Personality Organization (STIPO). BMC Psychiatry, 13, 2-13.

Dutton, D.G. (1994). Behavioral and affective correlates of borderline personality organization in wife assaulters. International Journal of Law and Psyon chiatry, 17(3). 265-277.

Dutton, D.G. (1995). Intimate Abusiveness. Clinical Psychology : Science and Practice, 2(3), 207-224.

Edwards, J.R., Lambert, L.S. (2007). Methods for integrating moderation and mediation : A general analytical framework using moderated path analysis. Psychological Methods, 12 (1), 1-22. doi: 10.1037/1082-989X.12.1.1

Erol, R.Y. & Orth, U. (2014). Development of self-Esteem and relationship satisfaction in couples : Two longitudinal studies. Developmental Psychology, 50(9), 2291-2303.

Gentili, P., Contreras, L., Cassaniti, M. & D’Arista, F. (2002). A measurement of dyadic adjustment : The Dyadic Adjustment Scale. Minerva Psichiatrica, 43(2), 107-116.

Golding, J.M. (1999). Intimate partner violence as a risk factor for mental disorders : A meta-analysis. Journal of Family Violence, 14(2), 99-131.

Page 43: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

31

Gordon, A.M., Tuskeviciute, R. & Chen, S. (2013). A multimethod investigation of depressive symptoms, perceived understanding, and relationship quality. Journal of the International Assessment for Relationship Research, 20, 635-654. doi : 10.1111/pere.12005.

Henning, K. & Connor-Smith, J. (2011). Why doesn’t he leave ? Relationship continuity and satisfaction among male domestic violence offenders. Journal of Interpersonal Violence, 26(7), 1366-1387. doi: 10.1177/0886260510369132

Hines, D.A. & Saudino, K.J. (2008). Personality and intimate partner aggression in dating relationships : The role of the ``Big Five``. Aggressive Behavior, 34, 593-604. doi : 10.1002/ab.20277

Institut de la statistique du Québec. (2011). Nombre de divorces et indice synthétique de divortialité, Québec, 1969-2008. Récupéré le 19 novembre 2013 sur http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/population-demographie/mariages-divorces/6p4.htm

Johnson, M.P. (2011). Gender and types of intimate partner violence : A response to an anti-feminist literature review. Aggression and Violent Behavior, 16, 289-296. doi : 10.1016/j.avb.2011.04.006

Kandler, C., Kornadt, A.E., Hagemeyer, B. & Neyer, F.J. (2015). Patterns and sources of personality development in old age. Journal of personality and social psychology, 109(1), 175-191.

Karney, B.R. (2015). Why marriages change over time. Dans M. Mikulincer & P.R. Shaver (Eds.), APA Handbook of Personality and Social Psychology : Vol.3 Interpersonal relations (pp. 557-579). American Psychological Association. Récupéré sur http://dx.doi.org/10.1037/14344-020

Karney, B. R., & Bradbury, T. N. (1995). The longitudinal course of marital quality and stability: a review of theory, method, and research. Psychological Bulletin, 118(1), 3–34. Récupéré sur from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7644604

Kenny, D.A., Kashy, D.A. & Cook, W.L. (2006). Dyadic data analysis. Methodology in the social sciences. New York : Guilford Press

Kernberg, O. F. (1984). Les troubles graves de la personnalité: Stratégies psychothérapiques. Paris : Presses Universitaires de France.

Kernberg, O.F. (1995). Love relations : normality and pathologie. New Haven : Yale University Press. Kernberg, O. F. (1988). Clinical Dimensions of Masochism. Journal of the American Psychoanalytic

Association, 36(4), 1005–1029. doi:10.1177/000306518803600407 Kernberg, O. F. (2011). Limitations to the capacity to love. The International Journal of Psycho-

analysis, 92(6), 1501–1515. doi:10.1111/j.1745-8315.2011.00456.x Kernberg, O., & Caligor, E. (2005). A psychoanalytic Theory of Personality Disorders. Dans M.

Lenzenweger, & J. Clarkin, Major Theories of Personality Disorders (pp. 114-156). New York: The Guilford Press.

Kernberg, O. F., & Clarkin, J. F. (1995). The inventory of personality organization: White Plains, NY: The New York Hospital-Cornell Medical Center.

Khan, F.I., Welch, T.L. & Zillmer, E.A. (1993). MMP1-2 profiles of battered women in transition. Journal of Personality Assessment, 60(1), 100-111.

Kilmann, P. R. (2012). Personality and interpersonal characteristics within distressed marriages. The Family Journal, 20(2), 131–139. doi:10.1177/1066480712439532

Laverdière, O., Gamache, D., Diguer, L., Hébert, E., Larochelle, S., & Descôteaux, J. (2007). Personality organization, five-factor model, and mental health. The Journal of Nervous and Mental Disease, 195(10), 819–829. doi:10.1097/NMD.0b013e318156815d

Page 44: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

32

Lavner, J. a, & Bradbury, T. N. (2010). Patterns of change in marital satisfaction over the newlywed years. Journal of Marriage and the Family, 72(5), 1171–1187. doi:10.1111/j.1741-3737.2010.00757.

Lawrence, E. & Bradbury, T.N. (2001). Physical aggression and marital dysfunction : A longitudinal analysis. Journal of Family Psychology, 15(1), 135-154. doi: 10.1037//0893-3200.15.1.135

Leichsenring, F. (2010). Evidence for psychodynamic psychotherapy in personality disorders: A review. Dans J. F. Clarkin, P. Fonagy & G. O. Gabbard (Eds.), Psychodynamic psychotherapy for personality disorders: A clinical handbook (pp. 421–437). Arlington, VA: American Psychiatric Publishing, Inc.

Leonard, K.E. & Senchak, M. (1996). Prospective prediction of husband marital aggression within newlywed couples. Journal of Abnormal Psychology, 105(3), 369-380. Doi

Levy, K. N., Meehan, K. B., Kelly, K. M., Reynoso, J. S., Weber, M., Clarkin, J. F., & Kernberg, O. F. (2006). Change in attachment patterns and reflective function in a randomized control trial of transference-focused psychotherapy for borderline personality disorder. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 74(6), 1027–1040. doi:10.1037/0022-006X.74.6.1027

Lucente, S.W., Fals-Stewart, W., Richards H.J. & Goscha, J. (2001). Factor structure and reliability of the Revised Conflict Tactics Scales for incarcerated female substance abusers. Journal of Family Violence, 16(4), 437-450.

Maneta, E.K., Cohen, S., Schulz, M.S. & Waldinger, R.J. (2013). Two to tango : A dyadic analysis of links between borderline personality traits and intimate partner violence. Journal of Personality Disorders, 27(2), 233-243.

Marshall, A. D., Jones, D. E., & Feinberg, M. E. (2011). Enduring vulnerabilities, relationship attributions, and couple conflict: an integrative model of the occurrence and frequency of intimate partner violence. Journal of Family Psychology : JFP : journal of the Division of Family Psychology of the American Psychological Association (Division 43), 25(5), 709–718. doi:10.1037/a0025279

Masarik, A. S., Conger, R. D., Martin, M. J., Donnellan, M. B., Masyn, K. E., & Lorenz, F. O. (2013). Romantic relationships in early adulthood: Influences of family, personality, and relationship cognitions. Personal Relationships, 20(2), 356–373. doi:10.1111/j.1475-6811.2012.01416.x

Muthén, L. K., & Muthén, B. O. (1998-2012). Mplus User's Guide. Sixth Edition. Los Angeles, CA: Muthén & Muthén.

Naud, C., Lussier, Y., Sabourin, S., Normandin, L., Clarkin, J. F., & Kernberg, O. F. (2013). How attachment and excessive self-sacrificing depressive dynamics are related to couple relationship satisfaction over time. Couple and Family Psychology: Research and Practice, 2(1), 14–33. doi:10.1037/a0031705

Pico-Alfonso, M.A., Echeburúa, E. & Martinez, M. (2008). Personality disorder symptoms in women as a result of chronic intimate male partner violence. Journal of Family Violence, 23(7), 577-588. doi : 10.1007/s10896-008-9180-9

Roberts, B.W., Walton, K.E. & Viechtbauer, W. (2006). Patterns of mean-Level change in personality traits across the life course : A meta-analysis of longitudinal studies. Psychological Bulletin, 132 (1), 1-25. doi : 10.1037/0033-2909.132.1.1

Schaffhuser, K., Wagner, J., Lüdtke, O. & Allemand, M. (2014). Dyadic longitudinal interplay between personality and relationship satisfaction : A focus on neuroticism and self-esteem. Journal of Research in Personality, 53, 124-133.

Shedler, J., & Westen, D. (2004). Dimensions of personality pathology : An alternative to the five-factor model. American Journal of Psychiatry, 161, 1743–1754.

Page 45: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

33

Kelley, E.L., Edwards, K.M., Dardis, C.M. & Gidyez, C.A. (2015). Motives for physical dating violence among college students : A gender analysis. Psychology of Violence, 5(1), 56-65.

Knabb, J. J., Vogt, R. G., Gibbel, M. R., & Brickley, D. J. (2012). An empirical investigation of the relationship between clinical personality patterns and marital functioning. Couple and Family Psychology: Research and Practice, 1(1), 66–77. doi:10.1037/a0027315

Mathes, E.W. & Severa, N. (1981). Jealousy, romantic love and liking: Theoretical considerations and preliminary scale development. Psychological Reports, 49, 23-31.

Mathes, E.W., Phillips, J.T., Skowran, J. & Dick, W.E. (1982). Behavioral correlates of the interpersonal scale. Educational and Psychological Measurement, 42, 1227-1231.

Mikulincer, M., & Shaver, P. R. (2009). An attachment and behavioral systems perspective on social support. Journal of Social and Personal Relationships, 26(1), 7–19. doi:10.1177/0265407509105518.

Mund, M., Finn, C., Hagemeyer, B., Zimmermann, J. & Neyer, F.J. (2015). The dynamics of self-esteem in partner relationship. European Journal of Personality, 29, 235-249. doi: 10.1002/per.1984.

Normandin, L., Sabourin, S., Diguer, L., Dupont, G., Poitras, K., Foelsch, P. & Clarkin, J. (2002). Évaluation de la validité théorique de l'Inventaire de l'organisation de la personnalité. Canadian Journal of Behavioural Science/Revue canadienne des sciences du comportement, 34(1), 59-65.

O’Leary, K.D., Barling, J., Arias, I., Rosenbaum, A., Malone, J. & Tyree, A. (1989). Prevalence and stability of physical aggression between spouses : A longitudinal analysis. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 57(2), 263-268.

O’Rourke, N., Claxton, A., Chou, P. H. B., Smith, J. Z., & Hadjistavropoulos, T. (2011). Personality trait levels within older couples and between-spouse trait differences as predictors of marital satisfaction. Aging & Mental Health, 15(3), 344–353. doi:10.1080/13607863.2010.519324

Rosowsky, E., King, K. D., Coolidge, F. L., Rhoades, C. S., & Segal, D. L. (2012). Marital satisfaction and personality traits in long-term marriages: An exploratory study. Clinical Gerontologist, 35(2), 77–87. doi:10.1080/07317115.2011.639855

Sabourin, S., Lussier, Y., Laplante, B., & Wright, J. (1990). Unidimensional and multidimensional models of dyadic adjustment: A hierarchical reconciliation. Psychological Assessment, 2(3), 333–337. doi:10.1037//1040-3590.2.3.333.

Shaver, P. R., & Mikulincer, M. (2005). Attachment theory and research: Resurrection of the psychodynamic approach to personality. Journal of Research in Personality, 39(1), 22–45. doi:10.1016/j.jrp.2004.09.002.

Shek, D. T. L. (1995). The chinese version of the dyadic adjustment scale : Does language make a difference? Journal of Clinical Psychology, 51(6), 802–811.

Shorey, R.C., Febres, J., Brasfield, H. & Stuart, G.L. (2012). Male dating violence victimization and adjustment : The moderating role of coping. American Journal of Men’s Health, 6(3), 218-228. doi :10.1177/1557988311429194.

Siegel, J.M. (1986). The multidimensional anger inventory. Journal of Personality and Social Psychology, 51(l), 191-200.

Smith, D.A., Breiding, M.J. & Papp, L.M. (2012). Depressive moods and marital happiness : Within-person synchrony, moderators, and meaning. Journal of Family Psychology, 26(3), 338-347. doi : 10.1037/a0028404.

Spanier, G.B. (1976). Measuring dyadic adjustment: New scale for assessing the quality of marriage and similar dyads. Journal of Marriage and Family, 38(1), 15-28.

Page 46: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

34

Straus, M.A. (2011). Gender symmetry and mutuality in perpetration of clinical-level partner violence : Empirical evidence and implications for prevention and treatment. Aggression and Violent Behavior, 16, 279-288. doi : 10.1016/j.avb.2011.04.010

Straus, M.A. (2004). Cross-cultural reliability and validity of the Revised Conflict Tactics Scales: A study of university student dating couples in 17 nations. Cross-Cultural Research, 38(4), 407-432. doi : 10.1177/1069397104269543

Straus, M.A., Hamby, S.L., Boney-McCoy, S. & Sugarman, D.B. (1996). The Revised Conflict Tactics Scales (CTS2): Development and preliminary psychometric data. Journal of Family Issues, 17(3), 283-316.

Stroud, C. B., Durbin, C. E., Saigal, S. D., & Knobloch-Fedders, L. M. (2010). Normal and abnormal personality traits are associated with marital satisfaction for both men and women: An actor–partner interdependence model analysis. Journal of Research in Personality, 44(4), 466–477. doi:10.1016/j.jrp.2010.05.011

Vandeleur, C. L., Fenton, B. T., Ferrero, F., & Preisig, M. (2003). Construct validity of the French version of the Dyadic Adjustment Scale. Swiss Journal of Psychology, 62(3), 167–175. doi:10.1024//1421-0185.62.3.167

Vega, E.M. & O’Leary, K.D. (2007). Test-retest reliability of the Revised Conflict Tactics Scales (CTS2). Journal of Family Violence, 22(8), 703-708. doi : 10.1007/s10896-007-9118-7

Vermote, R., Lowyck, B., Vandeneede, B., Bateman, A.W., Luyten, P. (2012). Psychodynamically oriented therapeutic settings. Dans Bateman, A.W., Fonagy, P., Handbook of mentalizing in mental health practice (pp.247-269). Arlington : American Psychiatric Publishing.

Verreault, M., Sabourin, S., Lussier, Y., Normandin, L. & Clarkin, J.F. (2013). Assessment of personality organization in couple relationships: Factorial structure of the Inventory of Personality Organization and incremental validity over neuroticism. Journal of Personality Assessment, 95(1), 85-95. doi : 10.1080/00223891.2012.713883

Whitton, S.W. & Kuryluk, A.D. (2012). Intrapersonal moderators of the association between relationship satisfaction and depressive symptoms: Findings from emerging adults. Journal of Social and Personal Relationship, 30(6), 750-770. doi : 10.1177/0265407512467749.

Woszidlo, A., & Segrin, C. (2013). Negative affectivity and educational attainment as predictors of newlyweds’ problem solving communication and marital quality. The Journal of Psychology, 147(1), 49–73. doi:10.1080/00223980.2012.674069

Wothke, W. (2000). Longitudinal and multigroup modeling with missing data. In T. D. Little, K.U. Schnabel & J. Baumert (Eds.), Modeling longitudinal and multilevel data: Practical issues, applied approaches, and specific examples (pp. 219-281). Mahwah, NJ, US: Lawrence Erlbaum Associates Publishers.

Wu Shortt,J., Capaldi,D.M., Kim, H.K. & Laurent, H.K. (2010). The effects of intimate partner violence on relationship satisfaction over time for young at-risk couples: The moderating role of observed negative and positive affect. Partner Abuse, 1(2), 1-18. doi:10.1891/1946-6560.1.2.131.

Yun, S.H. (2011). Factor structure and reliability of the Revised Conflict Tactics Scales’ (CTS2) 10-factor model in a community-based female sample. Journal of Interpersonal Violence, 26(4), 719-744. doi : 10.1177/0886260510365857

Zimmerman, M., Rothschild, L., & Chelminski, I. (2005). The prevalence of DSM-IV personality disorders in psychiatric outpatients. American Journal of Psychiatry, 162, 1911–1918.

Page 47: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

35

Tableaux

Tableau 1 Moyennes, É-T, ANOVA et tailles d’effet pour les traits de la personnalité dépressive /masochiste (PDM), la violence physique vécue (PHYPART) et la satisfaction conjugale (EAD). * p < .05.

Femmes Hommes

Variables Moyenne É-T Moyenne É-T F Taille d’effet (η2)

PDM 47.65 13.03 43.2 11.08 14.84 * .08

PHYPART 1.70 6.06 2.64 9.62 2.28 .01

EAD 29.98 6.53 31.91 6.01 11.64* .06

Page 48: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

36

Tableau 2 Corrélations entre les variables traits de la personnalité dépressive/masochiste (PDM), la victimisation (PHYPART) et la satisfaction conjugale (EAD) chez les hommes (h) et les femmes (f). * p < .05.

Variables 1 2 3 5 6

1. EAD (f)

2. PDM (f) -.35*

3. PHYPART (f) -.19* .27*

5. EAD (h) .34* -.27* -.23*

6. PDM (h) -.22* .16* .23* -.37*

7. PHYPART (h) -.22* .22* .55* -.25* .27*

Page 49: Traits de la personnalité dépressive/masochiste et ... · Hadjistavropoulos, 2010; Rosowsky, King, Coolidge, Rhoades & Segal, 2012). Selon les données du Bureau central des statistiques

37

Figures

Figure 1. Modèle d’interdépendance acteur-partenaire montrant les associations entre la violence physique vécue (PHYPART), les traits de la personnalité dépressive/masochiste (PDM) et la satisfaction conjugale (EAD) chez les hommes et les femmes (* p < .05).

PHYPART

Femme

PHYPART

Homme

PDM

Femme

EAD

Femme

PDM

Homme

EAD

Homme

-.058*

32.07 6.66*

.29* -.16*

.19*

.19* -.06* -.06*

-.09*

-.09*

.29* -.16*

-.058*