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TRENTE-DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE -------------------------------------------------------------- -- LE TEMPS DE L'ACCUEIL Introduction "Notre Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants"... Nous nous demandons souvent comment cela se passe "de l'autre côté"... et parfois nous doutons que cet au-delà existe... Accueillons la promesse de Dieu: il vient nous dire que la vie est plus forte que la mort... Le Christ a emprunté le passage et il atteste que ce passage est praticable... Qu'il accueille nos doutes et nos questions et qu'il suscite en nous la vie. Ou Nous nous rassemblons aujourd'hui pour célébrer la Pâque du Christ, le don qu'il a fait de sa vie. Certes, avant lui, après lui, bien des hommes et des femmes ont donné leur vie pour une cause qui leur semblait juste, pour leur patrie parfois - et la date du 11 novembre nous le rappelle. Bien des hommes et des femmes ont aimé leur prochain jusqu'à donner leur 1

TRENTE-DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE Web viewPar ton enseignement, par ton comportement envers le Sabbat, Par ton attitude envers les pécheurs, etc

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TRENTE-DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE----------------------------------------------------------------

LE TEMPS DE L'ACCUEIL

Introduction

"Notre Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants"...Nous nous demandons souvent comment cela se passe "de l'autre côté"... et parfois nous doutons que cet au-delà existe...Accueillons la promesse de Dieu: il vient nous dire que la vie est plus forte que la mort... Le Christ a emprunté le passage et il atteste que ce passage est praticable...Qu'il accueille nos doutes et nos questions et qu'il suscite en nous la vie.OuNous nous rassemblons aujourd'hui pour célébrer la Pâque du Christ, le don qu'il a fait de sa vie. Certes, avant lui, après lui, bien des hommes et des femmes ont donné leur vie pour une cause qui leur semblait juste, pour leur patrie parfois - et la date du 11 novembre nous le rappelle. Bien des hommes et des femmes ont aimé leur prochain jusqu'à donner leur vie pour ceux qu'ils aimaient. Et les martyrs de Dieu, les martyrs du Christ se sont succédé au long des siècles. Mais Jésus seul a inversé le cours de l'histoire: en donnant sa vie, il nous donne la vie, la vraie vie qui ne passe pas. Il est ressuscité et nous ressusciterons. Chaque dimanche nous le rappelle.OuEn nous rassemblant le dimanche, nous célébrons le jour où le Christ est ressuscité des morts. Voilà le coeur de notre foi. Depuis la résurrection de Jésus, nous savons

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que la vie que Dieu nous propose sera toujours plus forte que toutes nos morts. Notre Dieu nous appelle à être des vivants avec lui.

Préparation pénitentielle

- Père de tendresse, quand il nous arrive de souffrir de la solitude et de désespérer de toi, prends pitié de nous.

- O Christ, tu nous éduques à la liberté. Quand nous démissionnons de nos responsabilités, prends pitié de nous.

- Esprit de Dieu, Esprit d'amour, quand nous aimons si peu et si mal, viens guérir notre coeur et prends pitié de nous.

Ou

Seigneur Jésus, c’est la vie que tu nous offres. Fais-nous aimer cette vie et la respecter sans conditions. Prends pitié de nous.

Ô Christ, c’est le pardon que tu nous offres. Aide-nous à nous reconnaître pécheurs. Prends pitié de nous.

Seigneur Jésus, c’est la joie que tu nous offres. Fais-nous l’accueillir et la donner autour de nous. Prends pitié de nous.

GLOIRE À DIEU

Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce, pour ton immense gloire, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. Seigneur, Fils unique, Jésus Christ, Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père; toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous; toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière; toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous.Car toi seul es saint, toi seul es Seigneur, toi seul es le Très-Haut : Jésus Christ, avec le Saint-Esprit dans la gloire de Dieu le Père. Amen.

Prière d'ouverture

Dieu vivant, tu es la joie de ceux qui espèrent en toi. Tu nous as façonnés à ton image et tu connais chacun de nous par son nom. Ne laisse pas le doute assombrir notre espérance: donne-nous ton Esprit pour qu'il ravive notre foi en ton Fils Jésus, le Ressuscité, vivant avec toi et l'Esprit-Saint, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen!Ou

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Dieu de la vie, depuis la création du monde, tu fais de l’homme et de la femme des vivants. En Jésus, le Christ, tu as vaincu la mort pour toujours. Lorsque la souffrance et le découragement nous atteignent, montre-nous le chemin de la vie, toi le Dieu de l’espérance, vivant pour les siècles des siècles. Amen !OuPrions avec confiance le Dieu de vie.Toi qui nous rassembles aujourd'hui, Seigneur, accorde-nous la confiance qui espère tout, et donne-nous de vivre en chrétiens. Ainsi nous serons les uns pour les autres des témoins de la résurrection de Jésus, le Christ, notre Seigneur.

LE TEMPS DE LA PAROLEIntroduction aux lectures

Maccabées: Si Dieu laisse massacrer ses fidèles, alors c'est que sa justice s'exerce par delà la mort. Telle est la conviction qui fit naître en Israël la foi en la résurrection, comme en témoigne ce texte du 2ème siècle avant notre ère.

ThessaloniciensPersévérer dans la foi, prier pour ceux qui témoignent de cette même foi, voilà les conseils que l'apôtre adresse aux chrétiens de Salonique, et à nous aussi, en cette fin d'année liturgique.

Luc: La foi en une possible résurrection avait provoqué des débats et des conflits dans les milieux religieux de Jérusalem, car les opinions étaient variées. Jésus fut interpellé à ce sujet.

Introduction générale à la lectureAu cœur de notre foi, la résurrection de Jésus, sceau de toute la Révélation divine. Le Dieu en qui nous croyons « n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (évangile), et ce qu’il a réalisé en ressuscitant son Fils, il l’avait annoncé au cours de l’histoire.Depuis le IIème siècle avant Jésus Christ, des croyants ont été soutenus par leur espérance en la résurrection et sont morts martyrs à cause de leur foi au Dieu d’Israël (1ère lecture).Saint Paul continue, donc, comme dimanche dernier, à nous exhorter à faire le bien et vivre dans la foi (2ème lecture). Oui, le Seigneur est fidèle, le Dieu de vos pères est le Dieu des vivants.

Lecture du second livre des Martyrs d'Israël (7 1-2.9-14)Sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. A coups de fouet et de nerf de boeuf, le roi Antiochus voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite. L'un d'eux déclara au nom de tous: «Que cherches-tu à savoir de nous? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos Pères. »Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir: «Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle.» Après celui-là, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu'on le lui ordonna, et il présenta les mains avec intrépidité, en déclarant avec noblesse: «C'est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c'est par lui que j'espère les retrouver.»Le roi et sa suite furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances. Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes tortures. Sur le point d'expirer, il parla ainsi: «Mieux vaut mourir

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par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle.»

PSAUME 16 Le jour viendra, Seigneur, où je m'éveillerai en ta présence.

Seigneur, écoute la justice! Entends ma Crainte, accueille ma prière.Tu sondes mon coeur, tu me visites la nuit, tu m'éprouves, sans rien trouver.

J'ai tenu mes pas sur tes traces, jamais mon pied n'a trébuché.Je t'appelle, toi, le Dieu qui répond: écoute-moi, entends ce que je dis. »

Garde-moi comme la prunelle de l'oeil; à l'ombre de tes ailes, cache-moi.Et moi, par ta justice, je verrai ta face: au réveil, je me rassasierai de ton visage. »

J'en appelle à ta justice, Seigneur.Entends ma plainte, prête l'oreille à ma prière.

Tu connais mon coeur, de jour et de nuit,Tu ne trouves en moi aucun murmure.

J'ai marché sur tes tracesQue mon pied ne trébuche pas

Je suis là, je t'appelle et tu me réponds.Tends l'oreille vers moi, écoute-moi

Garde-moi comme la prunelle de l'oeil,A l'ombre de tes ailes cache-moi.

Au réveil, je veux contempler ton visageEt me rassasier de ton image.

Béni soit le Dieu de toute justice

Lecture de la seconde lettre de st Paul Apôtre aux Thessaloniciens (2,16 3,5)Frères, laissez-vous réconforter par notre Seigneur Jésus Christ lui-même et par Dieu notre Père, lui qui nous a aimés et qui, dans sa grâce, nous a pour toujours donné réconfort et joyeuse espérance; qu'ils affermissent votre coeur dans tout ce que vous pouvez faire et dire de bien.Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et qu'on lui rende gloire partout comme chez vous. Priez pour que nous échappions à la méchanceté des gens qui nous veulent du mal, car tout le monde n'a pas la foi. Le Seigneur, lui, est fidèle: il vous affermira et vous protégera du Mal. Et, dans le Seigneur, nous avons pleine confiance en vous: vous faites et vous continuerez à faire ce que nous vous ordonnons. Que le Seigneur vous conduise à l' amour de Dieu et à la persévérance pour attendre le Christ.

Alléluia. Alléluia. Jésus Christ, premier-né d'entre les morts, à toi gloire et puissance pour les siècles. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (20, 27-38)Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection vinrent trouver Jésus, et ils l'interrogèrent: «Maître, Moïse nous a donné cette loi: Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère.

«Or, il y avait sept frères: le premier se maria et mourut sans enfant; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept: ils moururent sans laisser d'enfants. Finalement la femme mourut aussi, Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eut pour femme?»

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Jésus répond: «Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir: ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection.

«Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur: "le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob". Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants; tous vivent en effet pour lui.»

Ceux qui ne croyaient pas à la résurrection lui ont tendu un piège : "Si une femme a eu successivement sept hommes, de qui sera-t-elle l'épouse à la résurrection ?" Cela paraît risible dans l'exagération mais la question est bonne, elle est même actuelle. Et je me demandais, avec qui il vivrait celui qui s'est remarié. Et puis s'il y aurait des jeunes et des vieux, suivant l'âge de la mort. Si l'on ne s'ennuyait pas, là-haut, en ne faisant rien. Et je ne comprenais pas qu'on puisse imaginer y vivre avec son corps. Et s'il n'existait que dans l'imagination, ce monde qu'il annonçait ?Et puis, je me suis rappelé qu'il présentait son Dieu comme son propre Père et comme un Père pour nous. Et il en concluait que les fils d'une même mère ne peuvent qu'être des frères. Et ainsi, il créait un monde de relations. De relations d'amour. Et je me suis demandé : "Qui es-tu pour prétendre le connaître, ce monde, qui te dépasse tellement, toi qui aimes si peu ? Toi qui en es toujours à chercher des raisons et des définitions ? Toi qui as peur des doutes, qui veux des certitudes ?" Et si pour l'approcher, ce monde qui fait question, il nous fallait d'abord courir le risque d'aimer ?Alors nous partirons, sans arrière-pensée, au coude à coude avec ceux et celles qui croient à la résurrection et les autres qui ne croient pas, à la rencontre de ceux et celles que l'on rejette à la rue, au fossé ; qu'on repousse aux frontières ; ceux et celles qui sont de couleurs différentes, d'une autre condition, d'un autre rang social, d'une autre formation, d'une autre religion. Que nous respecterions comme des frères et soeurs, parce qu'enfants d'un même Père. Nous leur rendrions la vie. Nous inaugurerions ainsi, modestement, ce monde merveilleux de la résurrection.

Prenons la parole

Une révélation progressive

C’est intéressant de voir qu’à l’époque de Jésus, il y avait des juifs qui ne croyaient pas en la résurrection.

De fait, c’est une croyance très tardive qui ne naît pas très longtemps avant l’ère chrétienne. L’horizon spirituel a été longtemps limité à la terre. C’est pourquoi, quand le Livre de Job pose avec force le problème du mal, il ne peut pas y avoir de solution.

En effet, si on ne croit pas en l’immortalité…5

Oui, il n’y a pas de réponse possible avec la révélation de l’Epoque. Mais du coup, on est invité à dépasser ce stade de la révélation. A entrevoir un avenir où le visage de Dieu apparaîtra sous un aspect différent. Car la seule réponse au cri de Job, c’est la croix du christ.

Donc il faut prendre la Bible en tenant compte de la pédagogie de la révélation qui s’y déploie.

C’est cela. La révélation ne tient pas à un livre, la Bible, qui serait comme un monument figé, mais elle tient à la présence et à la personne de Jésus.

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Profession de foi

- Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre; il est le Dieu des vivants qui ne laisse pas la mort l'emporter; il convie tous ses enfants au banquet de la fête éternelle.

- Je crois en Jésus-Christ, le Fils bien-aimé du Père, le premier-né d'entre les morts. Ressuscité par la puissance de l'Esprit, il ouvre à tous les hommes les portes du royaume des cieux.

- Je crois en l'Eglise, témoin du Christ ressuscité au coeur de ce monde; je crois en la résurrection de la chair que l'Esprit transfigure, à la communion des saints et à la vie éternelle.

Profession de foi SYMBOLE DES APOTRESJe crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur,qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.Je crois en l'Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen.

Je crois en Dieu Père,Vivant depuis toujours.

Il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.Non pas le Dieu des morts mais des vivants.

Je crois en Jésus le Fils,qui nous as appelés à devenir ses disciples

pour que nous attestions par notre manière de vivre

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la victoire de la vie sur la mort.

Je crois en l’Esprit Saint,qui redonne souffle aux institutions ou aux sociétés sans élan

et nous aide à répondre aux cris de détressed’un monde sans espoir d’avenir.

Je crois à l’Eglise,lorsque face aux pouvoirs écrasants,

elle prend la défense des droits de l’Hommeet lorsqu’au nom de sa foi en la vie

elle redonne confiance à ceux qui doutent.

Prière universelle

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"Il est le Dieu des vivants"... Que notre prière nous ouvre à tous ceux qui ont besoin d'entendre des paroles de vie:

Notre monde est ce qu’il est…toujours est-il, Seigneur, tu aimes tes enfants qui l’habitent. Regarde ceux qui connaissent l’épreuve et dont nous avons parlé ou entendu parlé cette semaine : sois leur réconfort, nous t’en prions.

Notre église est ce qu’elle est… toujours est-il, Seigneur, elle manifeste ta présence au milieu des hommes.Regarde ceux qui essaient de témoigner de ton Amour : les catéchistes, les parents, les éducateurs : sois leur soutien, nous t’en prions.

Notre communauté est ce qu’elle est… toujours est-il, Seigneur, tu nous vois rassemblés en ton nom.Regarde-nous, n’oublie pas les absents à qui nous pensons tout spécialement en ce moment et plus particulièrement à tous ceux qui sont morts au cours des guerres : affermis notre espérance en la vie éternelle, nous t’en prions.

Ou

Vienne la paix sur notre terre, la paix du Dieu vivant, viennent les mains tendues entre les peuples opposés, viennent des jours heureux pour les victimes de tant de guerres ! Seigneur, nous t’en prions.

Qu’un esprit de partage donne de l’espérance aux pauvres, que le courage de la foi soutienne les témoins du Christ vivant, que les blessés de l’existence trouvent des frères à leurs côtés, Seigneur, nous t’en prions.

Prions encore pour l’édification d’une Europe réconciliée, l’avènement d’un monde de justice et de fraternité, le témoignage d’une Eglise rayonnante du feu de l’Evangile ! Seigneur, entends notre prière.

Prions enfin pour les dirigeants et les chefs des peuples responsables de la paix, pour tous ceux qui ont payé de leur vie l’armistice de ce jour, pour tous les malades de nos familles et tous ceux qui connaissent la solitude ! Seigneur, entends notre prière.

Ou

Dieu notre Père, qui nous donnes toujours réconfort et joyeuse espérance, écoute nos prières pour tous les hommes et pour nous-mêmes.

Reçois, Seigneur, la vie de ton Église: des communautés chrétiennes cherchent des nouvelles formes de rassemblement, des pasteurs prennent la parole contre les atteintes à la vie humaine, des personnes désorientées ne cessent de frapper à nos portes.

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Reçois, Seigneur, la vie du monde: des lois sont votées pour la protection de l'individu, des accords sont passés visant le développement des nations, des manifestations ont lieu pour relayer la voix des plus petits.

Reçois, Seigneur, la vie de ceux qui souffrent: des jeunes donnent du temps pour rendre visite à des personnes isolées, des soignants font de leur métier une vocation, des familles découvrent ta présence au milieu d'une épreuve.

Reçois, Seigneur, la vie de notre assemblée: des personnes nous aident à célébrer l’eucharistie, d’autres accompagnent l'initiation à la foi de nos enfants et de nos jeunes, d’autres encore font vivre des lieux de ressourcement de la foi ouverts à tous.

Dieu vivant, tu es notre espérance. Donne-nous ton Esprit pour que nous sachions montrer un chemin de vie aux hommes nos frères, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Ou

Notre Dieu est le Dieu des vivants. Que notre prière soit parole de vie pour toutes celles et ceux qui perdent cœur et que le désespoir risque d’envahir.

Si nous sommes quelque peu attentifs nous pouvons très vite expérimenter tout l’amour que Dieu déploie dans notre vie de tous les jours.

Pour que notre sensibilité à la présence d’un Dieu bien vivant apaise nos doutes

et nous fasse grandir dans la confiance en la résurrection.Seigneur nous te prions.

Notre Eglise est ce qu’elle est !Mais au-delà de ses faiblesses et de ses défaillances humaines

puisse-t-elle manifester au monde l’existence d’un Dieu qui donne sens à notre vie comme à notre mort.

Seigneur nous te prions.

Les motifs de contestation et de désespérance semblent de plus en plus nombreux. Les situations de misère, d’injustice et d’oppression ne cessent de se renouveler.

Pour qu’au milieu de ces conditions de malheur, de détresse, les chrétiens puissent vivre un amour qui ressuscite, qui relève et fait vivre.

Seigneur nous te prions.

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Seigneur, toi la source de la vie, accorde-nous de marcher dans la joie et l’espérance sur les pas de ton fils, le vivant pour les siècles des siècles. Amen. .

LE TEMPS DE L'EUCHARISTIE

Prière sur les offrandes

Dieu vivant, les offrandes que nous te présentons sont le signe de la vie donnée de ton Fils. Qu'elles soient aussi pour nous force et nourriture pour la route. Nous t'en prions, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.ouSur chacun de nous, Seigneur, sur notre vie, sur nos offrandes, jette un regard de pardon et de paix : qu’en célébrant la passion de ton Fils, nous entrions de tout cœur dans son mystère, lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen !

Prière eucharistique

Nous te rendons grâce, Dieu vivant, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Tu as fait connaître ta gloire au peuple d'Israël et tu as révélé ton Nom à Moïse.Tu as suscité parmi les hommes un peuple de croyants et tu as envoyé ton Fils pour nous ouvrir un chemin de vie. Par sa résurrection, il est passé de la mort à la vie. Par lui, nous sommes appelés fils de Dieu et nous sommes héritiers de la résurrection.Oui, Seigneur, nous te rendons grâce pour cette vie que tu nous donnes en abondance et nous joignons nos voix à celle de tous les vivants qui t'acclament sur la terre et dans le ciel:SAINT...

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel, Dieu des vivants.

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À l'aube des temps, tu as choisi notre père Abraham et tu lui donnes jusqu'à ce jour une multitude d'enfants, plus nombreuse que les étoiles qui scintillent dans le ciel.Tu as sauvé Isaac, notre frère, des liens de la mort, tu as révélé ta gloire à Moïse dans le désert au buisson ardent, et, quand fut venue la plénitude des temps, tu as ressuscité ton Fils, le premier-né du monde qui vientC'est pourquoi, avec les anges qui t'adorent, avec les enfants de la promesse, qui soit tes héritiers, nous chantons l'hymne de ta gloire et sans fin nous t'acclamons...

Vraiment, il est juste et bon de te bénir, Dieu notre Père, par notre Seigneur Jésus Christ.C’est lui, notre Sauveur et notre frère, qui nous donne réconfort et joyeuse espérance. C’est en lui que nous sommes tes enfants. C’est son Esprit qui nous rend capables de proclamer sa résurrection.C’est pourquoi, nous voulons joindre notre voix à celle de tous ceux qui ont témoigné de leur foi jusqu’au martyre, et proclamer avec eux ta gloire en chantant : saint…

Toi qui es vraiment saint, toi qui es la source de toute sainteté, Seigneur, nous te prions: Sanctifie ce pain et ce vin : ils deviendront pour nous le corps et le sang de Jésus, ton Fils, qui nous dit de faire à notre tour ce qu'il a fait lui-même la veille de sa passion.Au cours du dernier repas qu'il partageait avec ses disciples, Jésus prit le pain. Il te rendit grâce. Il partagea le pain et le donna à ses amis, en leur disant :

« Prenez, et mangez-en tousceci est mon corps, livré pour vous. »

Il prit aussi la coupe de vin. Il te rendit grâce. Il donna la coupe à ses amis, en leur disant

« Prenez, et buvez-en tous,car ceci est la coupe de mon sang,le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle,qui sera versé pour vous et pour la multitudeen rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi. »

Voilà pourquoi nous sommes ici, rassemblés devant toi, Père. Et tout remplis de joie, nous rappelons ce que Jésus a fait pour nous sauver : dans cette offrande qu'il a confiée à l'Église, nous célébrons sa mort et sa résurrection ; Père du ciel, accueille-nous avec ton Fils bien-aimé. Pour nous, Jésus a voulu donner sa vie. Toi, tu l'as ressuscité. Il vit maintenant près de toi. Il est avec nous toujours et partout. Un jour, il viendra dans la gloire du Royaume. Il n'y aura plus de gens tristes, malades ou malheureux.Père, nous allons recevoir à cette table, dans la joie de l'Esprit Saint, le corps et le sang du Christ : que cette communion nous rende capables de vivre comme Jésus, entièrement donnés à toi et aux autres.

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Viens en aide, Seigneur, à notre Pape Benoît 16, à notre évêque et à tous les évêques. Accorde-nous, et à tous les disciples de Jésus Christ, d'être de ceux qui font la paix et le bonheur autour d'eux.Souviens-toi de nos frères et sœurs défunts et en particulier…accueille-les dans ton Royaume de lumière et de paix ; fais-leur partager le bonheur éternel en ta présence.Et puis donne-nous un jour d'être près de toi, avec la Vierge Marie, la Mère de Dieu, et avec les saints du ciel, tous ensemble, dans le Christ. PAR LUI, AVEC LUI ET EN LUI...

Prière Eucharistique: "Dieu des vivants" ( 32 ord c)

Cél. Béni sois-tu Seigneur, toi le Dieu des vivants,le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.

Ts. Dès avant la création,tu as voulu faire de nous des vivantsnon pas seulement pour un tempsmais pour partager avec toi ton éternité.

Cél. Tu nous as appelés à naître, à renaître, à ressusciteret tu nous as donné de porter avec toi le monde à son achèvement.

Ts. Béni sois-tu de nous avoir invités à ta vieen faisant de nous des filles et des filscapables sous l'impulsion de ton Espritde prendre en main leur destinée.

Cél. C'est pourquoi, avec tous les vivants du ciel et de la terrenous aimons t'acclamer et proclamer:

Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers ...

Cél. C'est à une merveilleuse et grande histoire d'amour que tu nous as conviés. Par notre seule raison humaine, nous ne pouvons en saisir toute la beauté ni toute la grandeur

Ts. La vie de ressuscité, la vie en plénitude,nous pouvons déjà en faire l'expérience ici-bas

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car tu en as déposé le germe en nous.

Cél. Comme tu as répandu le souffle de ton Esprit sur la création envoie le aujourd'hui encore sur ton peuple rassemblé et sur ces offrandes, pour qu'elles deviennent corps et sang de Jésus, sacrement de la vie éternelle et signe de la résurrection.

La veille de sa passion et de sa mort, Jésus rassemblant ses amis autour de la table pour un dernier repas, prit le pain, le rompit et le leur donna en disant: "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous."De même à la fin du repas, il prit la coupe, de nouveau il rendit grâce et la donna à ses disciples en disant: "Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi."

Cél. Ce mystère est si grand, Seigneur, que nous ne pouvons y accéder que par la foi et la confiance et par la grâce de ton Esprit.

Ts. Cette eucharistie nous rappelle que déjà maintenant, à l'exemple de Jésus, il nous faut vivre en ressuscité, en relevant les écrasés d'aujourd'hui qui, dans leur fragilité, succombent sous le poids de leurs échecs et de leurs détresses.

Cél. Nous te prions, Seigneur, pour tous ceux qui détiennent l'autorité dans le monde et dans l'Eglise.Qu'ils ne l'utilisent pas, même inconsciemment, pour raffermir leur pouvoir, mais pour être davantage au service de leurs frères.

Ts. Nous te prions pour tous ceux qui nous ont précédés dans la résurrection. Puissions-nous trouver en eux le soutien dont nous avons besoin pour continuer la route avant de les rejoindre dans la vie en plénitude.

Cél. Permets-nous enfin, Dieu très bon, d'inaugurer modestement peut-être, ce monde merveilleux auquel tu nous destines depuis toute éternité.C'est pourquoi, unissant nos voix à tous ceux qui sont passés définitivement de la mort à la vie nous proclamons ensemble:

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Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père très aimant dans l'unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.

LE TEMPS DE LA COMMUNION

Avant le "Notre Père"

Avec confiance, tournons-nous vers le Dieu des vivants, de qui nous tenons la vie, la croissance et l'être, et osons lui dire la prière que Jésus nous a apprise:NOTRE PERE...

Action de grâce

Béni sois-tu, Dieu des vivants, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Tous vivent pour toi et avec eux nous te chantons. R/ Alléluia, Amen !

Béni sois-tu, Dieu des martyrs d’Israël, Dieu de saint Paul et des martyrs du Christ. Ton amour les a fait marcher vers toi avec une espérance plus forte que les tourments et que la peur. R/ Alléluia, Amen !

Béni sois-tu, Dieu, pour l’Esprit de Pentecôte qui nous unit aux témoins de tous les temps, ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui, ceux de demain.

R/ Béni sois-tu, maintenant et toujours !

Béni sois-tu, Dieu de Jésus Christ : c’est pour toi que vit le Ressuscité. Il veut que nous ayons part à sa résurrection et nous donne de te prier ensemble : Notre-Père

Prière pour la paix

Seigneur Jésus, au soir de Pâques, tu as donné la paix à tes disciples comme une bonne Nouvelle pour le monde. Quand le péché divise les hommes, sois notre force: que nous soyons artisans de réconciliation et que la mort ne l'emporte pas, car tu appelles tous les hommes à l'amour et à l'unité en cette vie et pour les siècles des siècles. Amen!OuDélivre-nous, Seigneur, de toutes les fausses pistes que le monde fait miroiter à nos yeux pour réussir sa vie. Mais donne-nous de percevoir chaque jour ta présence bien vivante et généreuse dans notre existence. Et qu’en vivant déjà en ressuscités nous soyons pour toutes celles et ceux qui doutent les signes de la résurrection aujourd’hui. Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous…

Prière après la communion

Dieu vivant, le pain et le vin que nous venons de partager ont ravivé ta présence en nous. Que notre vie soit un reflet de ta propre vie, que nous paroles et nos gestes soient une invitation pour

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tous à garder au coeur l'espérance que tu nous donnes en Jésus, ton Fils, vivant avec toi et l'Esprit-Saint maintenant et pour les siècles des siècles. Amen!ouPar ta Parole et par ton pain, tu fais de nous un peuple de vivants. Nous te rendons grâce, Seigneur, pour cette force que tu mets en nous. Toi qui as libéré ton Fils Jésus de l’emprise du tombeau, fais-nous vivre de ton Esprit d’amour, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !OuSeigneur notre Dieu, tu nous donnes la vie en nous donnant ton Fils et nous communions à sa Pâque. Mets en nos coeurs le courage de lui rendre témoignage et maintiens en nous la joie de sa résurrection, maintenant et toujours.

Bénédiction   :Dieu ne veut pas que nous nous détournions du monde mais que nous y soyons comme le levain dans la pâte. Que le Seigneur nous bénisse, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit Amen.

Envoi

Frères et soeurs, avec Saint Paul, je vous le redis: "Que le Seigneur vous conduise à l'amour de Dieu et à la persévérance pour attendre le Christ"...Allez et vivez dans la paix du Ressuscité!

Pour la semaine qui vient… Croire en l’autre monde

On connaît la tendance générale des récents sondages : peu de catholiques croient vraiment en la résurrection ! Et pourtant, c’est le cœur de la foi chrétienne ! Mais, on le voit dans les textes de ce dimanche, il n’a jamais été facile de croire en la résurrection, et de croire en l’autre monde : en une vie après la vie, en une vie éternelle… Et nous, qui répétons chaque dimanche notre Symbole de foi, où en sommes-nous ? Quelle est, sincèrement, notre foi en la « résurrection » (des morts, de la chair), en la « vie éternelle » ? Les évêques de France, avec Aller au cœur de la foi, nous ont invités, depuis cinq ans déjà, à parler notre foi : n’est-ce pas l’occasion, en ces jours, d’y revenir ? De débattre, par exemple, à partir du piège que les sadducéens essaient de tendre à Jésus, ou des questions qui nous sont aujourd’hui adressées ? Croire en l’autre monde, finalement, est-ce si différent de croire en Dieu ici et maintenant ? Si nous répondons à son amour, nous savons que, lui, nous aime et nous garde pour l’éternité ; ainsi, notre résurrection est déjà commencée : depuis notre baptême, nous somme plongés dans l’océan de l’amour de Dieu … même si nous ne pouvons encore nous « rassasier de son visage » (Psaume 16)…

Faits pour la vieAnnoncer que notre Dieu « n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Evangile) n’est pas réservé aux moments des funérailles ! Cette belle affirmation de notre foi mérite d’être

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plus présente à notre témoignage… Demandons-nous si nous avons déjà eu l’occasion de le dire ? Et si non, pourquoi ?

Prolongement eucharistiqueSeigneur Jésus,Nous sommes des êtres de chair et de sang,Fragiles, éphémères et mortels.A cause de cela,La mort nous révolte et nous fait peur.Toi qui as vaincu la mort,Donne-nous le courage et la forceD’assumer, à ta manière,Notre condition mortelle.

Au-delà de la mort,Un goût de vivre sans fin et sans limitesNous habite également.Ainsi, la promesse de la résurrectionNous apporte la consolation.

Toi, le Ressuscité, sois notre force et notre vie,Sois notre espérance dès maintenant.Donne-nous de vivre en toi et avec toi,Dès aujourd’hui et à jamais.

PRIERES MEDITATIVES

Quand je veux te saisir, Seigneur, avec ma logique et mes mots,

quand je veux te cerner,tout comprendre, raisonner et calculer,

alors je te perds de vueet je m'enferme dans mon imagination.

Seigneur, apprends-moià ne plus imaginer la grandeur,

la hauteur, la longueur et la largeurde ce que tu cherches à nous donner.

Seigneur, apprends-moi que le plus important

c'est d'apprendre à t'aimer.

Je crois en la résurrection.Sans elle, rien n’aurait de sensEt les injustices humainesSeraient bien trop criantes.Je sais que je ressusciteraiPour vivre près de toi.Où ? quand ? comment ?Qu’importe,Je veux te faire confiance.

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Sous la promesse de la résurrectionje ne tiens plus debout,

tout dans ma foi s’écroule.Si tu es, Seigneur,

le goût de mon existence,l’Espérance qui me fait tenir à la vie,

même quand ma vie ne tient plus à rien,c’est parce que tu es ressuscité.

Depuis le matin de pâques,tout mon être et tout mon corps

attendent ce bonheurd’une vie magnifique

pour toujours à tes côtés.

Quelle idée de flirter avec la réincarnationAlors que toi, Jésus, tu nous offres la résurrection :« Vous, les fils de Dieu, vous allez hériter de la résurrection… »Fabuleux héritage !Pas facile à imaginer, d’accord.Mais il suffit que tu me dises :« là où je serai, vous serez dans ma joie !»Et ce sera bien moi, Pas un esprit tout nuEn train de chercher un corps à louer.

Prière d'évangileSeigneur, tu es pour nous

le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob,non pas une idole subissant le sort des mortels,

mais l’espérance et la joie des vivants.Béni sois-tu, Dieu saint et fort,

tu nous appelles à vivre dès à présent en ressuscités.La vie après la mort n'est pas un sursis miraculeux,

mais le gage indélébile de ton amour.Que ta parole nous réconforte et nous garde

sur les chemins où nous allons à ta rencontre.Fais de nous des amis et des serviteurs de la vie,

avec une attention particulièrepour les êtres fragiles et menacés.

Répands sur nous l’Esprit qui recrée et vivifie.Qu'il rende nos corps mortels semblablesau corps glorieux de ton Fils bien-aimé.

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Jésus, Fils de Dieu, Aujourd’hui nous avons reçu ce Pain qui est ton Corps,

Ton Corps ressuscité.En communiant avec toi, nous croyons en ta Parole

Un jour, nous entrerons dans ta joie.Que ta présence en nous dissipe nos doutes,

Nos vaines interrogations.Avec tous les hommes de bonne volonté,

Nous rejetons la pensée Que la mort serait suivie du néant.

Jésus, Fils de Dieu, tu es notre avenirTa force de résurrection agit en nous, dès aujourd’hui

Elle nous rend capables de surmonterL’épreuve de l’échec ou du deuil,

De connaître à nouveau une joyeuse espéranceLe Pain que nous avons reçu

Éveille en nous une énergie nouvelle.

Soi béni, Jésus, toi qui vis avec le Père et l’EspritPour les siècles sans fin.

Méditation Le Dieu des vivantsLes sadducéens se voulaient fidèles disciples de la loi de Moïse,Et ils s’opposaient à tout ce qui apparaissait nouveauté en matière religieuse…Or, des "nouveautés", tu en apportais, Seigneur Jésus !Dans ton enseignement et ta façon d’interpréter la loi…Dans ton attitude envers les pécheurs…Entre autres, tu parlais de vie éternelle, de résurrection…Eux, ils en restaient à la parole de la Genèse, interprétée à la lettre :Tu es poussière et tu retourneras en poussière (3,19).

Sûrs de posséder la vérité à partir de cette unique phrase,Ils cherchent à te mettre en difficulté en inventant une histoire rocambolesque :Il y avait sept frères...Selon la loi de Moïse, ces sept frères épousent successivement la même femmeQuel drame à la résurrection… si la résurrection existe !

De qui sera-t-elle l’épouse ?18

Tu ne réponds pas directement à leur question,Mais les invites à regarder la parole de Dieu autrement.La Bible n’est pas une liste de vérités à croireOu de froids commandements à observer.Elle est la révélation de Dieu et de son projet d’amour pour les hommes.* Dieu ; il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants !Tu appuies ton affirmation en te référant aussi à Moïse comme les sadducéens :Moïse appelle le Seigneur : « le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob… »Ces patriarches sont donc toujours vivants !*Le projet de Dieu sur les hommes : ils sont fils de Dieu.Le « Dieu vivant » nous a créés pour nous faire vivre avec lui éternellement.Il veut une alliance avec son peuple et avec chacun en nous,Pour toujours, non pas pour cette vie seulement.Avec ces mots, tout est dit : nous sommes enfants de Dieu en toi, Jésus.Tu nous fais partager ta vie éternelle : tu nous entraînes dans ta résurrection.

Ce n’est pas un retour à la vie terrestre :Nous serons semblables aux anges.Par l’Eucharistie,Tu mets en nous un germe de résurrection et de vie éternelle :Celui qui mange ma chair… a la vie éternelle : je le ressusciterai ! (Jn 6,54).

Méditation   : Enfants de Dieu pour toujours

Des Sadducéens,Ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de résurrection,Vinrent trouver Jésus et ils l’interrogent…

Ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de résurrection…Les Sadducéens étaient des gens religieux.Ils observaient à la lettre la Loi de MoïseEt s’opposaient à toute nouveauté Dans le domaine de la foi et du culte.Or, des « nouveautés », tu en apportais, Seigneur,Par ton enseignement, par ton comportement envers le Sabbat,Par ton attitude envers les pécheurs, etc. …Entre autres, tu parlais de vie éternelle, de résurrection …Eux, ils en restaient aux mots de la Genèse, pris à la lettre :Tu es poussière et tu retourneras en poussière (3,19).Il n’était pas question de ressusciter !

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S’ils t’interrogent, c’est plus pour te mettre dans l’embarrasQue pour chercher quelque lumière sur le mystère de la mort ?Avec ce cas d’une femme qui a épousé successivement sept frèresPour obéir à la Loi de Moïse,Ils pensent avoir un argument indiscutable…Préserve-nous, Seigneur, de cette prétentionDe prendre nos idées pour la seule vérité.Garde-nous petits et humbles devant ce qui nous dépasse…

Donne-nous aussi d’imiter ta patience Dans le dialogue avec les autres …Ta réponse aux Sadducéens est faite de douceur et de clarté.Tu proposes ton messageEn rappelant le projet de Dieu sur l’homme :Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.Créé à l’image de Dieu,L’homme est appelé à partager sa vie éternelle :Ils ne peuvent plus mourir ; ils sont fils de Dieu :Ils vivent de sa vie.C’est une nouvelle vie, semblable à celle des anges,Où les mutations de notre existence actuelle ne seront plus,Où le mariage n’aura donc plus de raison d’être.

Cette vie éternelle a été semée en nous pas le baptême.Tu viens, Seigneur, l’entretenir, la développer par ton Eucharistie : Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité (JN 6 ,51)Tu mets en nous un germe de résurrection :Celui qui mange ma chair…Je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6,54)Béni sois-tu, Seigneur, pour ce Pain de Vie éternelle !

TEXTES DE MEDITATION

Le Dieu des vivants

La loi juive organise la vie, y compris les mariages. Et pourtant même la Loi, au service de la vie, est parfois enfermée dans des règles qui peuvent déboucher sur des questions aux réponses impossibles. Jésus est bien le seul dans l’Évangile à faire passer les règles au se-cond plan pour faire triompher partout la vie. En ce temps de fête des saints, de mémoire des défunts, ou encore d’armistice (11-Novembre), il est bon de redire sans cesse que Dieu est pour la vie dans toutes ses dimensions. La Résurrection triomphe toujours de toute

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forme de mort ou de mal – rappel des tortures infligées dans le livre des Martyrs d’Israël. Oui, nous sommes là pour nous encourager les uns les autres dans la voie d’une espérance joyeuse, pour faire et dire du bien ! Le chemin de la vie est parfois fastidieux : saint Paul partage avec nous sa confiance en Dieu, et sa confiance pour chacun de nous. Il redit la fi -délité de Dieu pour que nous ne perdions pas l’espérance. Et il insiste sur notre persévé-rance. Fin pédagogue qui connaît nos découragements et nos fatigues de la vie, Paul invite à toujours attendre le Christ. Ainsi, au moment où nous approchons de la fin de l’année li-turgique, nous sommes confrontés à toutes les questions qui nous sont familières : com-ment résister au mal, autour de nous et en nous ? Comment croire à cette vie qui triomphe ? Comment nous laisser réconforter, jour après jour ? Et la réponse est toute simple : Dieu nous a aimés le premier et il ne cesse de nous conduire sur le chemin de l’amour.

Plénitude de vieAU CINÉMA, CERTAINS FILMS sont projetés en trois dimensions. Le spectateur équipé d'une paire de lunettes adéquate voit l'écran en relief. Cette profondeur inhabituelle de l'image modifie sensiblement sa perception. Elle l'oblige à prendre de nouveaux repères.L'Évangile de ce dimanche invite à une expérience analogue. La question de la résurrection des morts était fortement débattue au temps de Jésus. Les Sadducéens n'y croyaient pas et l'histoire de la femme qui connut sept maris veut montrer l'absurdité d'une telle croyance. Ce problème préoccupera encore les chrétiens des générations suivantes. Leurs interrogations seront proches de celles des interlocuteurs de jésus: le boiteux, le borgne, le difforme, avec quel corps ressusciteront-ils? Au moment de la résurrection, notre corps sera-t-il celui d'un enfant, d'une personne adulte ou d'un vieillard? Ces questions prêtent à sourire. Elles sont sérieuses cependant. Elles témoignent du désir de rendre compte, de manière raisonnable, de la foi en la résurrection des corps. Y répondre suppose que l'on porte les lunettes qui conviennent. L'entrée dans le monde de Dieu introduit à une dimension autre.Elle déplace les repères: la mort n'existe plus. Le monde de l'homme n'est pas nié, il reçoit une profondeur, une vitalité nouvelle. La résurrection du Christ conforte notre espérance en notre propre résurrection. Le philosophe Gabriel Marcel écrivait: «Aimer quelqu'un, c'est lui dire: toi, tu ne mourras pas ». La résurrection est plénitude de vie. Elle résulte de l'amour de Dieu pour l'humanité. Savoir cela suffit à notre salut. Qu'importe si ses modalités nous échappent.La-vie-après-la-mort

OÙ TROUVER LA «MANNE CACHÉE» dans cet évangile à teneur polémique, 21

mettant en scène des sadducéens qui visent à ridiculiser la foi des pharisiens en la résurrection des morts et à «piéger» Jésus ? Peut-être, dans le fait que ces versets abordent une question existentielle : celle de la vie par-delà la mort, notre propre mort. Or, qu’apprenons-nous de l’argumentation de Jésus en faveur de la position pharisienne qui est aussi la sienne ? Que la vie de l’au-delà ne se comprend qu’à la lumière d’une relation d’alliance vécue personnellement dans la foi et la ferveur, comme l’ont fait les patriarches. La dénomination «Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » en témoigne, d’autant plus que Jésus la préfère au nom révélé «Je suis», également présent dans l’épisode du buisson ardent. Or si Israël en est venu à croire à la résurrection des morts, c’est bien à la faveur d’un approfondissement de l’alliance et de cette découverte bouleversante : « Les eaux (de la mort) ne pourront éteindre l’amour » (Ct 8). Une expérience à laquelle nous sommes conviés nous aussi.Mais ce n’est pas tout : Jésus, en ne donnant aucun détail sur la-vie-après-la-mort, affirme la radicale nouveauté de celle-ci. Inutile donc de spéculer et de chercher à forcer les secrets d’une réalité qui nous dépasse. Un repère précieux en notre temps où les expériences de «channelling» (communication avec les défunts) connaissent un regain d’intérêt dans une culture occidentale qui, par ailleurs, occulte la mort. Alors essayons, avec le secours de l’Esprit, de consentir au mystère et de faire un saut dans la foi, malgré nos interrogations et nos angoisses légitimes à l’égard de « ce que l’oeil n’a pas vu, ni l’oreille entendu». Car rappelons-le : c’est à des merveilles que nous sommes promis dans l’au-delà. Ne s’agit-il pas, en effet, de «tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2, 9) ?

Je verrai ta faceLa liturgie de la parole s’inaugure par une lecture particulièrement émouvante. C’est l’une de premières fois dans l’Ancien Testament qu’apparait la foi en la résurrection individuelle.Une foi qui unit les sept frères martyrs. Chacun peut dire à son Dieu : « Et moi par ta justice, je verrai ta face : au réveil, je me rassasierai de ton visage. » C’est le visage de celui dont Jésus dit : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais de vivants ; tous vient en effet pour lui. »Tel est le secret de la « joyeuse espérance » de Paul écrivant aux Thessaloniciens : « Laissez-vous réconforter par notre Seigneur Jésus Christ et Dieu notre Père. » Ce réconfort, puisons-le dans notre assemblée : sous d’humbles signes, Dieu nous y donne part à la résurrection du Christ et à la splendeur de son projet pour tous les vivants.

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La résurrection de la chair

Les médias – la télévision en premier – ne cessent de chercher davantage de lecteurs, d’auditeurs, de téléspectateurs. Dans ce but, ils s’appuient sur une réalité humaine : la sexualité. Ils pensent rejoindre ainsi un désir permanent, obsédant, manifeste, d’une grande majorité.A regarder l’invasion généralisée de ce thème, les médias de leur point de vue n’ont pas tout à fait tort ! Mais leur insistance aboutit à diminuer l’homme, à le limiter aux seules relations charnelles. A « ne penser qu’à ça », on est conduit à ne penser à rien. La qualité de notre dialogue avec les autres, avec Dieu, s’en trouve détériorée.Déjà au temps de Jésus, un groupe juif amène la question : s’il n’y a résurrection, qu’en est-il de la sexualité, comment sera-t-elle vécue dans l’au-delà ? Ce qui était un vrai piège, selon ce groupe, n’est qu’une fausse interrogation pour le Christ : occasion pour lui de nous apprendre ce que l’on entend par « résurrection de la chair ». Dans le paradis d’Allah, l’islam promet de belles femmes (les houris), symboles du bonheur qui récompensera les fidèles musulmans. Pour le christianisme, le corps ressuscité ne connaît plus la relation sexuelle, qui conduirait à créer de nouveaux enfants, et donc à la mort des parents. Le désir humain sera demain fasciné par le seul amour divin, la découverte infinie de Celui qui est l’Amour.

Connaissance de la foi La justice divine : une révélation progressive

De quel « salaire » sont payées nos actions terrestres ? A cette interrogation, la Bible a répondu de manière progressive.Au début, c’est la dimension collective de nos actes qui est manifestée : l’homme est inséré dans un peuple, et Dieu juge ce peuple dans son ensemble. Je puis être malheureux ou sauvé grâce ou à cause de mon entourage.Peu à peu se dégage la responsabilité personnelle. Jérémie refuse fermement le proverbe qui avait cours en Israël : « les pères ont mangé des raisins verts et les fils en ont les dents agacées. » (31,29) Quelques années plus tard, Ezéchiel reprend la même idée en insistant sur la responsabilité individuelle : l’observance sincère de la foi confère la vie mais « celui qui a péché, c’est lui qui mourra » (18,4) ; chacun répond de ses actes, chacun répond de lui-même (14,16). Mais la réflexion des apôtres devant l’aveugle-né montre que de telles opinions survivaient encore à l’époque du Christ (JN 9,2)L’expérience cependant révèle que des méchants sont souvent heureux et des justes malheureux : vraie question au cœur d’Israël qui n’a pas encore la notion de vie après la mort et pour qui la vie terrestre est le bien suprême et le seul espace dans lequel puisse s’opérer la rétribution. L’explication fait donc bien sentir son insuffisance : l’Ecclésiaste suggère une confiance, sans voir d’explication possible… Les plus fidèles comprennent ou pressentent que Dieu seul est leur récompense (Job 42,5).La dernière étape est franchie quand les Juifs sont persécutés et martyrisés sous le roi de Syrie Antiochos (entre 175 et 164 avant Jésus) : ces croyants ont alors la certitude d’une

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récompense au-delà de la mort ; cette rétribution, c’est la résurrection personnelle de chaque juste.Jésus affirme la résurrection individuelle : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jean 11,25-26). Pour qui croit et aime, la vie de Dieu lui est donnée dès maintenant.

MéditationLes textes de ce dimanche nous provoquent surtout à une réflexion sur la résurrection, sur notre résurrection.

Le 2ème livre des Martyrs d'Israël rend manifeste l'évolution de la foi du peuple juif, en faveur d'une «résurrection pour une vie éternelle». Confiance qui ne reposait sur aucun exemple, tandis que la foi d'un chrétien s'appuie sur la résurrection du Christ. Cette sortie du tombeau est le point central de la vie de jésus. Ce point, toujours controversé, est la source de la joie fondamentale des disciples de jésus. Le refuser ou en minimiser l'importance, c'est admettre que nous sommes simplement voués à la mort...«Plutôt mourir que trahir», disaient les témoins juifs d'Alexandrie. Soyons clairs pouvons-nous oser émettre de telles promesses, quand nous envisageons les raffinements modernes de la torture ? Nul ne peut se croire invulnérable. Mais chacun peut demander l'Esprit Saint, promis par Jésus en ce cas-là.«Laissez-vous réconforter par le Christ», conseille l'apôtre Paul dans sa 2ème lettre aux Thessaloniciens. A certains moments de l'existence, une déprime spirituelle peut nous gagner. C'est alors l'heure de nous rappeler les paroles de jésus : «Venez à moi, vous qui êtes accablés, et je vous soulagerai.» Normalement, vivre dans la foi chrétienne n'est pas un poids, mais une force. Face à cette gravitation qui nous abaisse vers la terre, vers l'en-bas, existe cette attirance d'en-haut. Notre joie de croire est-elle assez évidente pour rayonner autour de nous ? On peut s'étonner du «climat» de trop de nos célébrations où la culpabilité triste l'emporte sur la joyeuse espérance dont parle saint Paul.Le texte d'aujourd'hui de l'évangile selon saint Luc soulève une difficulté pour une foule de nos concitoyens et pour nous-mêmes : il s'agit de la résurrection de la chair ! On sait à peu près - dans la science moderne - ce que deviennent les cellules de notre corps, qu'il soit brûlé ou enterré. Inutile et infantile d'imaginer, comme on l'a fait jadis, que toutes ces cellules viendraient se rassembler autour de notre «âme». Notre foi en la résurrection nous fait simplement dire que nous - notre humanité qui est corps et esprit -ressuscitons à notre mort (ou que nous ressusciterons). Inutile et infantile de chercher quel sera l'âge apparent : enfant, jeune, adulte, senior... Inutile même d'envisager un rapprochement sexuel dans l'au-delà. Le corps est notre moyen d'être localisé et d'entrer en communion, mais autrement qu'ici-bas. La conscience individuelle laisse la place à cette communion, dont jésus parle comme d'un repas de fête.Ces aperçus ne comblent pas notre soif de savoir, ni même d'imaginer. Mais ce n'est pas rien de savoir, avec Jésus, que «Dieu n'est pas celui des morts, mais des vivants.»

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HOMELIES

Si Dieu est le Dieu des vivants et que nous le nommons Dieu d'Abraham, c'est que les patriarches et tous nos pères dans la foi ne sont pas morts à tout jamais. Ils comptent encore aux yeux de Dieu. II a fallu pourtant beaucoup de temps pour qu'Israël perçoive que le Dieu des vivants ne peut abandonner ses serviteurs dans la corruption du tombeau. La foi en la résurrection, qui faisait partie du Credo des pharisiens, était encore rejetée au temps du Christ par les sadducéens. Ceux-ci, proches du Temple, notables dans la ville, conservateurs en matière religieuse, ne voyaient dans ce dogme qu'une stupide nouveauté : à quoi bon retrouver dans l'au-delà tous les tracas de l'existence sur la terre ? Mieux vaut dormir dans le néant. Mais l'Évangile hausse le débat. Ressusciter d'entre les morts est une transfiguration, et notre foi se fonde sur la résurrection du Christ Jésus.

Mais revenons à nos sadducéens. « Il y avait sept frères et leur infortunée belle-sœur ». L'affaire se comprend mieux quand on sait que la loi de Moïse faisait devoir à toute femme mariée de donner un fils à son mari, un garçon qui porterait son nom, afin d'assurer la postérité. Et si c'était raté, le beau-frère devait prendre la place du mari défunt. La pauvre femme a connu sept échecs. Et l'on se dit : quelle piètre idée de la vie et de l'amour ! La femme n'existerait-elle que pour perpétuer l'honneur de la race, la façade, la respectabilité? « Mon 25

fils sera comme moi, un peu plus haut, il assurera mon avenir et la prestance de mon nom. » Mais nous connaissons tous des hommes et des femmes qui s'aiment tendrement et s'en vont sans enfants. Leur amour déboucherait-il sur un échec ? Jésus répond en prenant le point de vue de Dieu. « Quelles que soient, nous dit-il, la beauté et la noblesse de votre vie, celle-ci n'acquiert son sens que par son but et son épanouissement dans l'au-delà. Vous êtes appelés à ressusciter en moi et votre vie recèle une semence qui fleurira sous le soleil du Dieu vivant. » Avoir des enfants, ce n'est pas rien, mais ce qui compte est d'en faire des adultes et des croyants, des êtres qui comptent pour Dieu. Peu importe qu'ils portent votre nom, car notre nom d'éternité est celui de Jésus ressuscité. Les parents qui adoptent des enfants savent bien que ces étrangers sont leurs enfants et que Dieu les leur donne à sa manière.

Dans le ciel, le Seigneur nous donnera les uns aux autres à sa manière. Dans le monde de la résurrection, il ne sera plus nécessaire d'engendrer. Cela va de soi, mais cela implique que le dernier mot de l'amour ne soit pas d'enfanter. Le premier et le dernier mot de la vie est d'entrer dans l'amour de notre Dieu et de le partager avec tous ceux que nous aimons, à commencer, bien sûr, par notre conjoint et nos enfants. « Nous deviendrons semblables aux anges ! » Si cela devait ne pas vous enchanter, laissez là vos images surannées. Au ciel, nous serons passionnés de Dieu, transfigurés à l'image du Christ, comme le sont les anges. En serons-nous pour autant des étrangers les uns aux autres ? Penser ainsi serait bien mal comprendre Dieu qui a créé l'homme et la femme, mais notre corps et sa tendresse seront transfigurés dans la clarté du Christ ressuscité.

Nous ne vivons pas comme si la mort était la fin sinistre de tout. Dieu, qui nous a choisis comme Abraham, Isaac et Jacob, Dieu du buisson ardent et de la croix de Jésus Christ, n'est pas le Dieu des morts. Jésus, son Fils, est l'aîné d'une multitude d'hommes et de femmes, et sa résurrection dit le sens de nos vies dans la foi. C'est en lui et avec lui que nous osons dire : « Au matin je me réveillerai et me rassasierai de ton visage, Dieu des vivants! »

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Disons merci aux Sadducéens, ces négateurs de la résurrection, d'avoir posé un piège (un peu gros) à Jésus, puisqu'ils nous ont obtenu des éclaircissements sur l’Au-delà. Car, en ce mois de novembre, quel chrétien devant la tombe d'un être cher ne s'est pas posé la question si grave: < Est-ce possible qu'il soit vivant quand je bute sur un terrible silence ? » Oui, dit Jésus, vos défunts sont bien vivants, et en plus, ils ressusciteront avec leur corps.

Nos défunts sont vivantsDe tout temps, les hommes ont cru plus ou moins à une survie: on retrouve dans les tombes les plus anciennes des aliments placés à côté du mort. L'homme moderne, scientifique, est plus sceptique; il donne même une explication à cette foi en l'au-delà: elle serait la projection de notre désir d'immortalité pour nous consoler de la mort inéluctable.

Alors, le mieux encore (au lieu d'affabuler et d'imaginer un "au-delà-beau-jardin", "Club-Med", ou "éternel-repos-sur-27

transat') est de s'en tenir aux paroles de Jésus. Il n'a pas levé tout le voile, mais suffisamment. Oui, nos morts sont bien vivants. Ils ne sont pas remariés ou réinstallés dans une demeure édénique, ils ne sont pas dans un lieu, ils sont dans un état de bonheur, ils « nagent dans le bonheur»! Ils vivent maintenant de la vraie vie, la vie des fils de Dieu. Ne les appelons plus les morts mais les "grands vivants", les "super-vivants":

Nos défunts ressusciterontLe Christ est formel: les défunts ressusciteront. Lui-même en a montré la possibilité: il est le premier des ressuscités.Le corps humain doit être associé à la gloire de l'esprit. Le corps n'est pas une défroque, sans importance: "mon corps, c'est moi"; il m'a fait ce que je suis. La preuve? Si mon père avait épousé une autre personne que ma mère; je ne serais pas là, mais un autre enfant, très différent. Arrêtons alors de nous rebattre les oreilles avec la réincarnation. Si je «  touche » un autre corps, ce n'est plus moi, c'est un autre! L'homme ressuscitera, car, après sa mort, il ne pourrait jouir d'une béatitude pleinement satisfaisante sans ce corps qui fait partie de sa nature d'homme. Quant à décrire ce que sera ce corps ressuscité, ce "corps spirituel" dont parle saint Paul, le mystère demeure. Faisons confiance à Dieu qui est capable de "susciter de ces pierres des fils d'Abraham" .

Et que les époux ne soient pas déçus, si dans l'éternité le mariage comme tel disparaît. Leur amour conjugal s'éternisera dans l’Amour avec l'Époux parfait.

Pour l'Homélie

Vingt siècles avant Jésus-Christ, ou vingt après, on retrouve toujours les mêmes interrogations fondamentales sur la vie et la mort, le néant ou l'au-delà. Et les réponses, même dans la bible, ne font pas l'unanimité. De plus, elles évoluent malgré les craintes fébriles et les oppositions grinçantes du « conservatisme doctrinal » auquel Jésus lui-même a été confronté.Près de deux cents ans avant le Christ, un jeune juif, soumis à la torture avec sept de ses frères et tous prêts à mourir plutôt que de manger du porc, viande interdite par la Loi, proclamait sa conviction d'une "résurrection promise par Dieu pour une vie éternelle" et adressée à tous ceux et

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celles qui, resteraient fidèles à ses lois. Une première! Doublée d'une autre certitude : les bourreaux et autres « impies », eux, ne connaîtront pas cette résurrection. Mais 150 ans plus tard, le livre de la Sagesse, imprégné de la pensée grecque, évoque l'avenir autrement: «Nous sommes nés à l'improviste, et après, ce sera comme si nous n'avions pas existé. Nous venons du néant et nous retournerons au néant ».

UNE NOUVEAUTEAu temps de Jésus, les pieux pharisiens admettaient cette « nouveauté » de la croyance en la

résurrection. Inadmissible et non conforme à la Tora, répliquaient les Sadducéens conservateurs et matérialistes, du haut de leur prestige hiérarchique. Cependant, « leur » Tora était limitée aux cinq livres du Pentateuque. Mais quelle était l'opinion du jeune prophète de Nazareth ? Sur la question de la résurrection, on le disait proche des pharisiens. Il s'agissait donc de tester sa fidélité à Moïse, même de le ridiculiser en l'attirant dans le piège d'un cas extrême, bien précis, à résoudre.Pour les « anciens », la seule manière de survivre était d'avoir des enfants. D'où cette loi de Moïse qui prescrivait au frère d'un mort sans enfant d'épouser sa veuve pour assurer une descendance légale au défunt. Mais si les morts ressuscitent, que devient le respect de cette «loi de Dieu»? Ainsi, par exemple, si une femme, par devoir, a dû épouser successivement six de ses beaux-frères après la mort de son premier mari. Un cas manifeste de polyandrie. Autrement dit, la croyance à la résurrection ne peut que conduire à des situations illégales et même scandaleuses. Un échantillon typique d'« absurdité casuistique » comme on en rencontre à toutes les époques. La réponse immédiate de Jésus a dû singulièrement surprendre et secouer les maîtres et gardiens de l'orthodoxie. ,Allez donc relire dans l'Ecriture tout ce que dit Moïse et cessez de transposer dans l'au-delà vos fantasmes et les réalités provisoires et relatives d'ici-bas ».

VAINE QUESTION

Par la suite, les apôtres et quelques disciples, hommes et femmes, vivront l'expérience du Christ ressuscité. Leur adhésion de coeur et d'esprit à ce « credo » transforma leur manière de vivre. Des témoins crédibles. Ce n'était pas pour autant la fin des questionnements. Ainsi, Paul fut confronté aux difficultés des chrétiens de Corinthe qui, tout en confessant la résurrection du Christ, étaient « réticents à admettre la résurrection des morts,,. Il s'agira donc pour Paul d'expliquer pourquoi les deux sont liées... Il est vrai qu'on n'a jamais fini d'approfondir la connaissance du Christ, et donc toutes les implications possibles de sa Résurrection, y compris, sinon même surtout, sur notre manière de vivre. La résurrection du Christ, en effet, « n'est pas seulement une consolation pour plus tard », c'est dès aujourd'hui qu'elle transforme déjà notre comportement. Mais, au-delà des questions légitimes, des recherches et approfondissements indispensables, il faut toujours en revenir à l'essentiel de notre foi. « C'est l'amour qui triomphe de la mort. C'est l'amour qui est plus fort que la mort... » (M. Zundel).

Si nous ne savions pas que les adversaires de Jésus cherchaient à le piéger pour avoir une bonne raison de le condamner, la question posée par les Sadducéens pourrait nous faire sourire par sa naïveté. Si la résurrection doit seulement permettre de vivre, ailleurs, une vie semblable à celle de la terre, une vie bornée par la mort où l'on ne pourra survivre qu'à travers ses enfants, il est en effet absurde d'y croire.Reconnaissons pourtant qu'autour de nous, parmi nous peut-être, se posent des questions non moins naïves. Celle-ci par exemple, entendue récemment : 29

"il y en a des gens qui sont morts depuis la création du monde ! S'ils ressuscitent, où vont-ils loger ? " Qui ne s'est pas demandé un jour ce qui se passe après la mort ? Or, à cette question, il n'y a pas de réponse autre qu'un acte de confiance en celui qui a dit à ses amis : "là où je vais, vous y serez aussi." Sur la foi des Apôtres, nous le proclamons: "Christ est ressuscité, premier-né d'entre les morts. En lui la mort a été vaincue."

L'Évangile nous montre, après sa résurrection, le Christ semblable à lui-même et pourtant différent. Certes, il porte sur son corps la trace des clous de la croix, mais il apparaît dans un lieu clos ou sur le rivage du lac, là où on ne l'attend pas, se jouant de nos cadres habituels de pensée, l'espace et le temps. C'est bien lui et non un esprit et pourtant, ressuscité, il est autre. Son corps qui a souffert les tortures de la Passion, est désormais selon le langage de Paul, un "corps spirituel", un "corps glorieux" (cf. 1 Co 15).

C'est abusivement que pour la fille de Jaïre, le fils de la veuve de Naïm et Lazare que Jésus a rendus à la vie, nous employons le mot "résurrection". Il serait plus exact de dire "réanimation". Tous trois, en effet, retrouvent la vie qu'ils menaient auparavant. Peut-être se marieront-ils pour s'assurer une descendance. Un jour ils mourront. Or, nous dit Jésus : "les ressuscités ne se marient pas parce qu'ils ne peuvent plus mourir."

La résurrection n'est donc pas une réanimation. Elle n'est pas davantage une réincarnation, hypothèse qui flatte l'imagination de certains de nos contemporains. Elle est plénitude d'une vie qui ne connaît plus les limitations auxquelles nous sommes habitués, de l'espace et du temps.

Ainsi la différence est radicale entre la vie terrestre et la vie éternelle. Les mots manquent pour la décrire puisque l'expérience fait défaut. On est là à la limite de l'indicible.

L'Évangile ne nous dit donc pas "comment ça se passe après la mort". Jésus ne nous éclaire pas sur le "comment". Mais il est explicite sur le "pourquoi". Autrement dit sur le plan de Dieu.

Si Dieu ne nous a pas abandonnés au pouvoir de la mort, c'est, nous dit-il, "parce que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob n'est pas le Dieu des morts mais des vivants". La promesse d'alliance faite à nos pères dans la foi n'est pas limitée dans le temps. Dieu s'est engagé envers eux et sa fidélité est sans repentance, quelles que soient les infidélités de leurs descendants. La gloire de Dieu exige que les hommes qu'il a appelés à la vie ne soient pas asservis à la mort. La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, c'est l'homme debout. C'est pour lui que nous vivons.

Le plan de Dieu est réalisé de façon parfaite en Jésus, le Christ, le Fils unique du Père, totalement accordé à sa volonté. Notre baptême, en nous unissant au Christ nous fait, par lui et en lui, passer, dès ici-bas de la mort à la vie. Par lui et en lui, nous devenons "fils de Dieu et héritiers de la résurrection."

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Pour chacun de ceux qui demeurent unis au Christ, la vie éternelle est déjà commencée. Cette certitude éclaire et commande notre vie chrétienne.

Comme l'Apôtre le recommande aux chrétiens de Thessalonique, "laissons-nous réconforter par le Christ lui-même et par Dieu notre Père, lui qui nous a aimés et nous a donné pour toujours réconfort et joyeuse espérance". Alors nous pourrons nous réconforter les uns les autres à l'heure de l'épreuve et être lumière pour nos frères.

Le Dieu des vivants

Tout au long de ce mois de novembre, nous prions pour nos défunts. Nous sommes nombreux à avoir fait une visite au cimetière. Nous avons également l'habitude de faire célébrer des messes pour ceux et celles qui nous ont quittés, les membres de nos familles et nos amis. Et en ce jour, où la Belgique commémore l'armistice, nous pensons à toutes les victimes de toutes les guerres. Nous prions pour notre monde si douloureusement éprouvé par la violence, le terrorisme et les catastrophes en tous genres dont nous parlent les médias.

Or voilà que les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de résurrection et de vie en Dieu. La première lecture nous décrit une scène horrible : Une mère et ses enfants sont mis à mort de la manière la plus cruelle parce qu'ils ont refusé de désobéir à la loi de Moïse. Ce qui les motive c'est leur foi en la résurrection. Ils nous font penser à tous ces martyrs de tous les temps qui ont préféré mourir plutôt que de renier leur foi au Christ. Cette leçon de courage vaut aussi pour nous aujourd'hui. Notre foi est souvent tournée en dérision. Mais le Seigneur nous recommande de tenir fermes et de nous appuyer sur lui.

L'évangile de ce dimanche va encore plus loin. Il nous parle de la résurrection. Tous les juifs n'y adhéraient pas. D'un côté, il y avait les pharisiens qui y croyaient fermement puis les sadducéens qui refusaient d'y croire. Ces derniers viennent poser une question à Jésus pour ridiculiser cette croyance. Nous leur devons un grand merci car ils nous ont obtenu de Jésus des éclaircissements majeurs sur la révélation des splendeurs de l'au-delà.

Il n'a jamais été évident pour les humains de croire en l'immortalité de l'homme et à sa survie après la mort. Le piège que les sadducéens tendent à Jésus est un peu gros et plutôt déplaisant. Une femme qui a eu plusieurs maris, avec qui sera-t-elle en ménage dans l'éternité ? Le problème des sadducéens, c'est qu'ils se laissent enfermer dans leurs raisonnements. Au lieu de se laisser interroger par la Bible, ils s'en servent pour prouver qu'ils ont raison. Les 31

textes bibliques ne sont pas destinés à démontrer que nos idées sont justes. Ils sont là pour nous aider à nous convertir, à changer notre regard sur Dieu, sur les autres et sur notre vie. Nous sommes invités à faire chaque jour un pas de plus vers le Seigneur.

Concernant le Vie éternelle, le Christ nous apporte une réponse lumineuse. Nous ne devons pas imaginer le monde à venir sur le modèle du monde présent où l'on se marie et où on meurt. Dans le monde que Jésus appelle le Royaume de Dieu, on ne se marie pas et on ne peut plus mourir. Notre pauvre langage humain est incapable de dire ce que sera notre vie de ressuscité. Le monde de la résurrection n'est pas la continuation de celui dans lequel nous vivons actuellement. Il est tout autre. Les corps échapperont aux conditions qui leur sont faites ici-bas. L'amour subsistera au-delà de la mort mais il sera purifié.

Il nous faut accueillir cette bonne nouvelle que Jésus nous annonce : le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob n'est pas le Dieu des morts mais des vivants car tous vivent par lui. La mort ne peut pas faire échec aux engagements que Dieu a pris envers les patriarches d'autrefois. Son alliance est définitive et elle traverse la mort. Voilà un message d'espérance qui nous rejoint dans nos deuils. L'important c'est que nous ne cessions de faire confiance en celui qui a dit : "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra éternellement."

En ce jour d'armistice, nous nous souvenons de toutes les victimes de toutes les guerres. Et nous entendons Jésus nous dire que notre Dieu est "le Dieu des vivants". En ressuscitant, le Christ nous a ouvert un passage. Il veut nous faire partager sa plénitude de vie et d'amour. Pour le moment, nous sommes en période d'apprentissage de notre vie de ressuscités. Nous sommes en train de ressusciter en nous laissant transformer par Jésus au plus profond de nous-mêmes. La Vie Eternelle, nous l'avons reçue en germe au jour de notre baptême. Elle est appelée à se développer et à tendre vers son plein accomplissement.

C'est en nous rappelant cette bonne nouvelle que nous prions le Seigneur pour toutes les victimes des guerres et pour les défunts. Nous nous tournons avec confiance vers le Dieu des vivants. Son amour est plus fort que la mort. L'Eucharistie que nous célébrons chaque dimanche nous donne puiser à la Source et de raviver en nous cet amour qui vient de Dieu. Pour cette vie nouvelle, nous pouvons chanter notre louange à Dieu.

32 ord C (pistes pour homélie)

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Des sondages périodiques révèlent que bon nombre de chrétiens ne croient plus en la résurrection. Il est vrai que la résurrection, si l’on veut bien y croire, ce n’est pas évident ! Y-a-t-il un domaine au monde où l’imagination puisse avoir autant de champ libre ? Et on ne s’en est pas privé. Les questions se bousculent : « Comment des corps réduits en poussière ou incinérés pourront-ils se reconstituer ? » « Quel âge aurons-nous ? » « Où va-t’on mettre tout ce monde ? » « Que ferons-nous pendant toute l’éternité ? » …Ces questions n’ont pas changé depuis des milliers d’années.Les pharisiens, eux croient au paradis. J’imagine qu’ils l’envisagent un peu comme les musulmans : une fête perpétuelle, un banquet 3 étoiles, où les femmes seront toujours jeunes, tous les plaisirs à portée de la main… enfin un bonheur sans nuage, l’abondance sans restriction. Cette idée séduisante n’a d’ailleurs pas tout à fait disparu. Pour gagner ce gros lot il faut cependant observer la loi.Pour les sadducéens qui ne croient pas à la résurrection, l’occasion est belle de ridiculiser ceux qui y croient et ils racontent cette histoire rocambolesque de la femme qui avait 7 maris. Les uns comme les autres considèrent donc la résurrection comme un simple prolongement de la vie terrestre. On transporte au ciel la manière de vivre ici-bas.

Cette question qui taraude l’humanité depuis toujours « comment seront-nous dans l’au-delà ? », ensemble, ils la posent à Jésus, l’invitant à préciser sa pensée sur la résurrection des morts : « Puisque vous y croyez, comment cela se réalisera-t-il concrètement ? »Jésus renvoie tout simplement les adversaires dos à dos et leur imagination débordante au panier. Il leur explique qu’il est inutile et d’ailleurs impossible, de se faire la moindre idée « du monde à venir » à partir des réalités temporelles. La seule chose que Jésus répond c’est que « Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants ». Un Dieu qui nous a destiné à la vie, à participer à sa vie divine.Autrement dit on ne sait rien, on ne saura jamais rien et il faudra vivre avec ; mais nous sommes invités à croire en un Dieu des vivants.Ce mystère inaccessible au raisonnement humain, ne peut qu’être accepté dans la foi et la confiance. La seule chose que l’on peut dire c’est que la vie de ressuscité c’est la vie en plénitude, l’expérience de l’amour total… tout le reste n’est que vaine curiosité.

Ceci me fait penser à l’expérience de Mère Thérésa. Mère Thérésa n’a pas toujours été celle que nous connaissons. Pendant de très nombreuses années elle est restée religieuse cloîtrée dans son couvent consacrant sa vie à la prière et la méditation. Elle racontera plus tard qu’elle ne se sentait pas croyante, que sa foi était bien fragile. Jusqu’au jour où elle consacra sa vie aux plus malheureux en Inde. En chaque visage elle voyait le visage de Dieu. Elle ne se posait plus de questions rationnelles sur sa foi, celle-ci était devenue vivante.De même qu’il est impossible de comprendre l’amour si l’on ne commence pas d’abord par aimer, il est impossible de croire en la résurrection si l’on ne comme pas maintenant ici bas par remettre debout ceux qui sont allongés et rendre le goût de vivre à ceux qui l’ont perdu.Je ne sais pas comment on peut expliquer les couleurs à un aveugle ni comment faire découvrir l’harmonie des sons à un sourd. Ainsi en va-t-il de la vie après la mort, on ne peut

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l’expliquer ! Pour la comprendre, pour découvrir, pour « savoir » ce qu’elle est, il faut en faire l’expérience. En résumé : le seul moyen d’aborder l’au-delà ou d’essayer de le comprendre, c’est d’en vivre dès aujourd’hui. Quand on donne sa vie, la mort perd tout son sens… elle n’a plus rien à prendre.

Piste 2A la Toussaint nous étions encore nombreux à nous recueillir sur la tombe d’un être cher et peut-être nous sommes nous posé la question : « Est-il possible qu’il soit vivant ? » « Pourquoi alors ce terrible silence de sa part ? » Aujourd’hui, une fois encore Jésus nous redit : « Oui, nos défunts sont bien vivants ».Depuis la préhistoire, la question de la survie a toujours hanté l’esprit des hommes.Les anthropologues dans leurs fouilles, lorsqu’ils découvrent un squelette, essayent d’abord de voir s’il a été enterré, inhumé car c’est le signe par lequel ils distinguent l’homme du singe. Enterrer les morts était le signe que ces êtres croyaient déjà en un possible au-delà. L’homme moderne est un peu plus sceptique, habitué aux preuves, aux démonstrations rationnelles. Certains psychologues essayent même d’expliquer ce phénomène de la croyance en la survie en affirmant que ce n’est qu’une projection de notre désir d’immortalité.Tous, même les hommes les plus religieux, nous avons déjà beaucoup fabulé sur ce sujet en essayant de nous imaginer l’au-delà, en nous le représentant un peu à la façon d’un club Med.

Aujourd’hui, Jésus nous remet les pieds sur la terre !Ce débat avec les sadducéens est émouvant, lorsqu’on sait, qu’à ce moment Jésus voyait déjà se profiler sa propre mort. Il est donc intéressant de lui entendre dire le fond de sa pensée à ce sujet. Qu’en dit-il ?Jésus établit immédiatement un contraste total entre « ce monde-ci » et « le monde à venir » qui pour lui ne fait pas de doute. Il fait bien comprendre à ses interlocuteurs qu’il faut renoncer à comprendre le futur. Aucune représentation du monde à venir n’est possible. Pourquoi, se demandent certains, Dieu n’explique-t-il pas un peu cette fameuse vie de l’au-delà ? C’est précisément parce qu’il ne le peut pas, et il ne le peut pas parce que rien de ce monde n’autorise la moindre représentation, comme nous l’avons déjà dit souvent, l’embryon ne pourrait imaginer l’existence de la vie à laquelle il va naître.Ou pour reprendre une image que nous connaissons moins et que nous propose Raymond Panikkar, théologien espagnol fort marqué par la culture hindoue : « Nous sommes disait-il chacun comme une goutte d’eau. Qu’advient-il de cette goutte d’eau lorsque je meurs ? Regardez mourir une goutte d’eau, elle éclate, elle disparaît, elle rejoint la multitude des autres gouttes dans le fleuve et puis dans la mer où elle retourne à l’atmosphère. Ainsi donc, lorsque la goutte cesse d’être goutte, l’eau ne disparaît pas pour autant. »Mon eau vient rejoindre toutes les eaux qui me précèdent pour former ensemble un océan. Ceci n’est évidemment qu’une image pour nous aider à comprendre que la résurrection nous fait naître à une vie nouvelle, un monde nouveau dont nous ne pouvons soupçonner la plénitude.

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Mais elle nous dit une autre chose essentielle aussi : la vie infinie ne vient pas seulement après la vie finie car avant même de rejoindre l’océan, la goutte d’eau est et restera de l’eau, ainsi dans notre vie d’aujourd’hui la vie d’éternité est déjà commencée.

Echappées poétiques

L’amour des morts est le plus lumineux qui soit. Pourquoi n’aimerions-nous pas les vivants comme nous aimons, avec une justesse instinctive, ceux dont la voix ne se fera plus jamais entendre sur terre ? Contempler sans saisir et même sans comprendre : les moineaux, autant que les morts, nous y invitent par leurs chants. Sous ma fenêtre… des œuvres non écrites m’instruisent sur ce qu’est Dieu, du côté de la vie où je suis.

Evangile selon Saint Luc 20, 27- 38« fils de Dieu en étant fils de la Résurrection. »

Dans l' espérance de La Résurrection

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Nous t'adorons, toi Jésus le Vivant. Tu t'es abaissé et tu nous as élevés, tu t'es humilié et tu nous as honorés, tu t'es fait pauvre et tu nous as enrichis. Tu as été souffleté comme un esclave et tu nous as affranchis.Tu t'es dépouillé de tes vêtements et tu nous as revêtus.Tu as été couronné d'épines et tu nous as fait rois, tu es mort et tu nous as fait vivre; tu as été mis au tombeau et tu nous as réveillés.Tu es ressuscité dans la gloire et tu nous as donné la joie. Tu t'es élevé au ciel et tu nous y as emportés, tu nous as envoyé l'Esprit et tu nous as sanctifiés.Béni sois-tu, toi qui es venu, qui viens et qui reviendras. Amen, Alléluia, Viens, Seigneur Jésus!

32° dimanche ordinaire C 9/11/2013Luc 20,27-38

Célébrant : Durant l’ensemble du temps ordinaire jusqu’au Christ-Roi, nous « approfondissons » la notion de : « Pour cheminer … comme un vrai disciple » il faut : s’asseoir…se réjouir… «  choisir » « être attentif » « s’enraciner » « remercier » « prier » « accueillir »Ce 32ème Ord : le mot clé sera « ressusciter »Liturgie d’accueilChant d’entrée : HEUREUX DE TON APPEL

Heureux de ton appel, nous venons te rencontrer,Joyeux de ta nouvelle, nous irons la partager,

Témoins parmi nos frères, nous vivrons à ta clarté.3 Parle-nous de ton Royaume, sur tes pas nous irons loin.

Pour marcher jusqu'à l'aurore, sois pour nous lumière et pain.4 Espérance de l'Église, gloire à toi, Jésus Seigneur.

Donne-nous la joie promise, Dieu soleil dans tous les cœurs.

Salutation

Intentions de messe (lues par un membre de la communauté)

Demandes de pardon introduite par le célébrant et lues par un lecteur

Toi, Jésus, tu donnes ta vie à tous. Ta Parole a le poids de ta vie donnée au jour le jour, dans chaque rencontre et dans le refus de la compromission. Donne-nous de prendre ton pas.

DONNE SEIGNEUR DE VIVRE DE TOIDONNE SEIGNEUR DE PRENDRE TON PAS

Toi, Jésus ressuscité, tu crois en la vie par-dessus tout. Chaque situation est pour toi une possibilité de faire un pas en avant, d’être sauvé… Donne-nous de vivre de toi.

DONNE SEIGNEUR DE VIVRE DE TOIDONNE SEIGNEUR DE PRENDRE TON PAS

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Toi, Jésus, tu t’engages pour la vie envers et contre tout. Tu refuses de fermer la porte ou de tourner le dos, tu pardonnes et tu relèves sans cesse. Donne-nous de prendre ton pas.

DONNE SEIGNEUR DE VIVRE DE TOIDONNE SEIGNEUR DE PRENDRE TON PAS

Gloire au Dieu qui est.

Gloire au Dieu qui est, alléluia. Au Dieu qui était, alléluia.Et au Dieu qui vient, alléluia. Eternellement, alléluia.

Gloire à Toi, Père tout-puissant. Créateur du ciel et de la terre.Gloire à Toi dans les siècles !

Gloire à Toi, Fils unique et saint. Jésus-Christ, Dieu parmi les hommes. Gloire à Toi dans les siècles.Gloire à Toi, éternel Amour. Esprit Saint qui nous ouvre au Père ! Gloire à Toi dans les siècles.

Prière d’ouverture

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Liturgie de la ParolePremière ou deuxième lecture selon le choix du célébrant

Alléluia (messe de l’assemblée AL 18)

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (20, 27-38)Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection - vinrent trouver Jésus, et ils l'interro-gèrent ; « Maître, Moïse nous a donné cette loi: Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères: le premier se ma-ria et mourut sans enfant; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d'enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme? »Jésus répond : « Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts, ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il ap-pelle le Seigneur : ' le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob. ' Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants; tous vivent en effet pour lui. »

Alléluia (messe de l’assemblée AL 18)

HomélieCredo

Prière universelle (introduite par le célébrant et lues par un lecteur)Prions pour le monde dont nous sommes et pour ses dirigeants. Afin que les forces de vie et le respect des hommes l’emportent, Dieu, notre Père, donne à tes enfants l’Esprit Saint.

Dieu, notre Père, donne à ceux qui demandent.Dieu, notre Père, fais trouver ceux qui cherchent

Ouvre ton cœur à ceux qui frappent, donne à tes enfants l’Esprit Saint.Prions pour l’Eglise dont nous faisons partie. Afin qu’à la suite de Jésus, elle vive de sa vie et s’engage dans son sillage, Dieu, notre Père, donne à ceux qui demandent.

Dieu, notre Père, donne à ceux qui demandent.Dieu, notre Père, fais trouver ceux qui cherchent

Ouvre ton cœur à ceux qui frappent, donne à tes enfants l’Esprit Saint.Prions pour notre communauté. Afin qu’elle cherche et trouve les semences de vie, les graines de résurrec-tion au-delà des souffrances et des peines, Dieu, notre Père, fais trouver ceux qui cherchent.

Dieu, notre Père, donne à ceux qui demandent.Dieu, notre Père, fais trouver ceux qui cherchent

Ouvre ton cœur à ceux qui frappent, donne à tes enfants l’Esprit Saint.Prions pour tous ceux qui, découragés, ne voient plus le positif. Afin qu’ils trouvent autour d’eux de sources de vie et de résurrection, Dieu, notre Père, ouvre ton cœur à ceux qui frappent.

Dieu, notre Père, donne à ceux qui demandent.Dieu, notre Père, fais trouver ceux qui cherchent

Ouvre ton cœur à ceux qui frappent, donne à tes enfants l’Esprit Saint.

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Liturgie eucharistiqueOffertoire : Aimer c’est vivre

Tu aimeras le Seigneur Dieu et ton prochain, tu l'aimeras comme toi-même.AIME ET TU SAURAS QUE L'AMOUR FAIT VIVRE,

AIME ET TU VIVRAS CAR AIMER C'EST VIVRE.Dieu le premier nous a aimés : Il envoya son Fils unique pour nous sauver.

Quel grand amour nous est donné : Dieu nous appelle ses enfants et nous le sommes.Celui qui aime est né de Dieu : l'Amour de Dieu demeure en lui et lui en Dieu.

Si Dieu nous a aimés ainsi, il faut s'aimer les uns les autres en vérité.

Prière eucharistique (Toi seul est saint D 293)

Toi seul est Saint, Toi seul est grand, ô Père tout-puissant.Toi seul est Seigneur, Jésus-Christ, avec le Saint-Esprit.

Jésus nous rappelons ta mort et ta résurrection,Et dans la foi nous attendons le jour de ton retour.

Par Lui, avec Lui et en Lui, unis à tout jamais,Tout amour sur terre et aux cieux dans l’Esprit de Jésus

Notre père

Agnus

Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché,Voici la paix de Dieu, le Seigneur prend pitié.

Agneau de Dieu, prends pitié de nous. Agneau de Dieu, donne-nous la paix.

Chant de communion : Dieu avait faim de l’homme

DIEU AVAIT FAIM DE L'HOMME, IL A PRIS NOS CHEMINSET C'EST LUI QUI SE DONNE AU PARTAGE DU PAIN.

1. Un Dieu qui chante l'homme comme son avenir,Ce Dieu, quand on le nomme, on parle de partir.3. Un Dieu qui toujours penche du côté de la vie,Ce Dieu fait un dimanche de chaque jour d'ennui.4. Un Dieu dont le visage ressemble à mon voisin,

Ce Dieu part sans bagage quand il prend nos chemins6. Un Dieu comme une voile tendue au vent d'Esprit

Ce Dieu comme une étoile au ciel de notre nuit.Liturgie d’envoi

Prière commune après la communion (sur la feuille de l’assemblée)Par ta Parole et par ton pain, tu fais de nous un peuple de vivants. Grâce à ce partage, nous pouvons marcher dans te pas vers la vie. Nous te rendons grâce, Seigneur, pour cette force que tu mets en nous. Toi qui as libéré ton fils Jésus de l’emprise du tombeau, fais-nous vivre de ton Esprit d’amour, maintenant et jusqu’à notre renaissance. Amen.

Annonces

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Bénédiction et envoi

Chant de sortie : Tu es le Dieu des grands espaces

TU ES LE DIEU DES GRANDS ESPACES, ET DES LARGES HORIZONS.TU ES LE DIEU DES LONGUES ROUTES, DES CHEMINS VERS L'INFINI.Tu es le Dieu qui dit : « Va quitte ton pays, tes idées mortes et tes vieux préjugés.

Ta vie va refleurir, n'aie pas peur de mourir, laisse germer la Parole et la Foi. Tu porteras des fruits de joie. »

Tu es le Dieu qui vient marcher sur nos chemins, nous rencontrer et nous accompagner.Lumière dans nos vies, pour nous aider la nuit, à traverser la mort et le danger

Et nous ouvrir la liberté.

Credo (32 ord C)

Je crois en Dieu Pèrevivant depuis toujours.

il est le Dieu "d'Abraham, d'Isaac et de Jacob".Non pas le Dieu des morts mais des vivants.

Je crois en Jésus, Fils.qui nous a appelés à devenir ses disciples

pour que nous attestions par notre manière de vivrela victoire de la vie sur la mort.

Je crois en l'Esprit Saintqui redonne souffle aux institutions ou aux sociétés sans élan

et nous aide à répondre aux cris de détressed'un monde sans espoir d'avenir.

Je crois à l'Eglise lorsque face aux pouvoirs écrasants,

elle prend la défense des droits de l'Hommeet lorsqu'au nom de sa foi en la vie

elle redonne confiance à ceux qui doutent.

Introduction aux textes bibliques du 32° dimanche C (Luc)Evangile de Jésus-Christ d’après St Luc (20,27-38)Sans cesse, depuis la fin du chapitre 9, Luc nous rappelle que Jésus monte à Jérusalem.Il est arrivé maintenant et Luc nous le montre questionné, controversé, piégé par les différents partis religieux de son peuple.

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Après la question des pharisiens et des Hérodiens sur le tribut à payer à César, vient celle des Sadducéens concernant la résurrection.Les Sadducéens, (dont le nom vient de Sadoq, grand prêtre du temps des rois David et Salomon) sont les membres du haut clergé, un parti aristocratique et opportuniste, s’arrangeant bien avec l’occupant romain. Au niveau de leur foi, ils s’opposent aux pharisiens : pour eux, seule la Loi écrite, la Torah, est normative. Ils la prennent « à la lettre », n’attendent pas le Messie et refusent de croire à la résurrection.Jésus tient compte de cela et ne s’appuiera pas, pour leur répondre, sur le livre de Daniel et des Maccabées (les premiers livres qui parlent explicitement de résurrection), mais bien sur le livre de l’Exode.

II Livre des Maccabées (7,1-2 ;9 à 14)Les deux livres, écrits en grec, ne font pas partie du Canon hébraïque, ni protestant.Comme le livre de Daniel, écrit à peu près à la même époque, ils relatent une période très douloureuse, celle de la terrible persécution du roi Antiochus IV Epiphanie de Syrie entre 167 et 164 av. J.Ch. Ce dernier voulut supprimer le judaïsme, et toutes ses coutumes et instaura même le culte de Jupiter dans le Temple.Dans ce livre et dans celui de Daniel, on trouve exprimé pour la première fois de façon explicite la foi en la résurrection.Le passage lu aujourd’hui relate un événement historique : le martyr d’une famille juive qui préfère la mort à renoncer à sa foi, le tout amplifié par des détails légendaires : le nombre de frères – la présence du roi – la description des tortures.

Psaume (16,1-5-6-8-15)C’est un psaume individuel d’appel au secours face à des agresseurs.Les extraits ont été choisis pour faire écho à la prière des 7 frères et à leur espérance.

Deuxième lecture de Paul aux Thessaloniciens (2,16-3,5)Nous poursuivons la lecture de cette lettre, commencée dimanche passé.Elle a pour but de calmer l’agitation provoquée par l’attente d’un retour imminent du Seigneur. Ce sont les premières lettres de St Paul (vers 51).L’extrait choisi pour ce dimanche est dominé par la confiance en la fidélité de Dieu.

32 ord C (Pistes pour homélie)

D'après l'évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 20, 27-38)........................................................1Commentaire d’Alain Marchadour.........................................................................................................1Georges Lamotte 2010......................................................................................................................... 3Georges Lamotte 2007......................................................................................................................... 4Philippe COCHINAUX (2001)................................................................................................................5Devillers Raymond (2004......................................................................................................................5Collin Dominique (2004)........................................................................................................................7Croonenberghs Didier (2004)................................................................................................................8Gihoul Luc-Henri (2004)........................................................................................................................9Cochinaux Philippe (2007)..................................................................................................................11Devillers Raymond (2007)...................................................................................................................12Prions en Eglise..................................................................................................................................13Jésus face aux rieurs…Olivier Windels...............................................................................................14Yvon Bellefroid....................................................................................................................................15D'après l'évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 20, 27-38)Des gens qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection vinrent trouver Jésus, et ils lui demandent : « Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, il doit épouser la veuve pour donner des enfants à son frère. Or, il y avait un jour sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d'enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme ? »

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Jésus répond : « Les gens de ce monde se marient. Mais ceux qui ressusciteront d'entre les morts et vivront dans le monde à venir ne se marieront plus : ils ne peuvent plus mourir, ils sont comme les anges, ils sont fils de Dieu.Et c'est sûr que les morts doivent ressusciter : Moïse lui-même le dit bien, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob.Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »Commentaire d’Alain MarchadourL’attaque sournoise suivante vient de certains sadducéens (v. 27-33). C’est l’unique fois que des membres de ce « parti » entrent en scène dans Luc ; ils interviendront à plusieurs reprises dans Actes ; comme ici, leur négation de la résurrection est soulignée (avant tout Ac 23,6-9; cf 4,1) et Luc en parle comme d’un parti proche du grand prêtre (Ac 5,17). Profondément conservateurs, ils font une lecture littérale de la Loi de Moïse, dont ils privilégient les cinq livres au détriment des Prophètes et des Ecrits. Estimant que la foi en la résurrection des morts n’est pas fondée dans la Loi, ils la refusent comme une innovation – cette foi est apparue vers les années 165 avant notre ère, dans le contexte du soulèvement maccabéen, lorsque les Israélites fidèles à Dieu subirent le martyre.Ces hommes savent que Jésus, avec les pharisiens et la grande majorité du peuple, croit en la résurrection. Pour montrer l’absurdité de cette foi, certains d’entre eux posent un cas d’école destiné à montrer les abérrations auxquelles elle aboutit. La loi du lévirat – tombée en désuétude au Ier siècle – autorise un homme à épouser sa belle-sœur, lorsqu’elle est veuve et sans enfant, afin de susciter ainsi une postérité à son frère défunt : le premier-né qu’elle enfantera prendra le nom du frère défunt et sera considéré juridiquement comme l’enfant de ce dernier (cf Dt 25,5-10). Voilà le cas : une femme stérile devient successivement l’épouse de sept frères qui décèdent les uns après les autres sans postérité. Elle meurt à son tour. « Lorsqu’elle ressuscitera – ainsi que les phraisiens et toi-même le croyez -, elle sera enfin féconde ; mais duquel d’entre eux sera-t-elle enceinte ? (v. 33) ».Cette question faussement naïve éclaire l’image de la résurrection que les sadducéens persiflent : une conception matérialiste situant souvent celle-ci avant la venue du règne messianique, avant le Jugement dernier. Le retour à la vie permet alors aux défunts des générations antérieures d’avoir part à ce Règne, à tous d’être jugés. Dans cette ligne, certains pharisiens affirment que l’humanité ressuscitée disposera d’une fécondité exceptionnelle (c’est l’idée qui sous-tend la quesetion critique des sadducéens au v.33). Rabban Gamaliel affirmera, autour de l’an 90 : « Viendra un temps, où la femme enfantera une fois par jour. », donnant pour preuve que les poules pondent quotidiennement (Talmud Shabbat 30b). Un autre rabbi ira jusqu’à estimer, vers 150, que chaque Israélite aura autant de fils qu’il y eut d’Israélites au sortir d’Egypte lors de l’Exode, soit 600. Bref, la résurrection est conçue comme une réanimation du corps, auquel sont prêtées une fécondité merveilleuse et une reprise des activites terrestres. Comme les sadducéens et Jésus, nous rejetons en souriant une telle représentation.C’est elle, cependant, qu’ont en tête certains chrétiens peu informés·; surtout, à l’instar des sadducéens de jadis, nombre d’incroyants récusent aujourd’hui la foi en la résurrection, parce qu’ils s’imaginent que telle est la foi chrétienne.La réponse de Jésus (v. 34-38) vient en deux vagues. Recusant les représentations populaires et rabbiniques, grotesques, sur la condition des ressuscités, il commence par présenter sa propre conception de la résurrection (v. 34-36). ll y a une différence radicale, dit-il, entre la vie terrestre et la vie nouvelle dont on hérite à la résurrection. Dans ce monde-ci, les humains engendrent et meurent; la sexualite assure la survie de l’espèce. Ceux que Dieu, lors du Jugement, juge dignes d’entrer dans le monde qui vient, et qu’il ressuscite, ne connaitront plus la mort ; l’immortalité supprime donc la procréation.L’expression « les égaux des anges » est très instructive. On la rencontre dans plusieurs textes juifs apocalyptiques pour affirmer que la résurrection des morts n’est pas un retour Et la vie terrestre, mais une recréation inimaginable, une transformation radicale de l’être humain qui, dès lors, empruntera tous les aspects à son gré, passant de la beauté à la splendeur, de la lumiere à l'éclat de la gloire (Baruch syriaque 51). Cet enseignement tres riche sur l`état des ressuscités s‘achève par l’affirmation « ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection »; celle-ci les a fait naître à la condition céleste, qui est celle des anges (cf Gn 6,2), et les a mis en présence du Dieu vivant. Dans la conception que Jésus expose ici - et qui sera celle de Paul en l Co 15,35-44 -, la résurrection est consécutive au Jugement, elle concerne les justes et est bienheureuse. Le silence est total sur le sort des « impies »; tout se passe comme si Dieu ne les jugeait pas dignes d‘être tirés du néant de la mort, d’être recréés.Dans un second temps, le Maître affirme le fait même de la résurrection des morts (v. 37-38), en la fondant, tout comme les pharisiens, sur un texte de la Loi : « Que les morts se relèvent, Moïse même l’a indiqué... » Il recourt à un argument que l’on retrouve, quasi àa l’identique, dans les milieux rabbiniques : la promesse doit être réalisée pour ceux-la mêmes à qui elle avait été faite - cela nécessite qu’ils ressuscitent. La relation que Dieu a établie avec les membres de son peuple ne peut être interrompue durablement, Jésus cite Ex 3,6 où le Seigneur se nomme « le Dieu d ’Abraham, le Dieu d’lsaac et le Dieu de Jacob » - en un temps ou la Bible n’était pas encore divisée en chapitres (cela sera fait au Xviii° s.), ce verset est désigné comme appartenant à l‘épisode du Buisson. La formule renvoie au fait décisif de l’Alliance par laquelle Dieu s’est engagé à oeuvrer sans relâche pour le salut d’lsraël.L‘idée fondamentale est celle de la fidélite du Seigneur Dieu envers ses élus ; et la Mort même, adversaire de Dieu, ne peut rien contre cette fidélité. La foi en la résurrection des morts est donc motivée par la fidélité de Dieu à l’Alliance. La demière phrase « tous les patriarches et tous les justes vivent pour lui » fait allusion à la foi qui animait des martyrs juifs : ils étaient convaincus que, quand on meurt pour la cause de Dieu, on vit pour Dieu, comme vivent Abraham, Isaac, Jacob et tous les patriarches (4 Maccabées 16,25).Ne soyons pas surpris par la conclusion du recit (v. 39-40) qui montre certains scribes féliciter Jésus pour sa réponse ; ce sont des pharisiens, réjouis par la déconfiture des négateurs de la résurrection. La foi en Dieu qui vivifie les morts est un point de clivage

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absolument essentiel, puisque l’image même de Dieu y est en cause : est-il juste et rend-il justice, oui ou non ? Luc nous montrera plus loin (Ac 23,6-9) comment l’affirmation, par Paul, de sa foi en la résurrection provoque la division du Sanhédrin et conduit quelques scribes du parti des pharisiens à prendre la défense de l’apôtre. Quoi qu’il en soit, une telle reconnaissance de la qualité de l’enseignement de Jésus signe l‘échec de la tentative de le piéger. Ils n’osaient plus l’iriterroger sur quoi que ce soit (v. 40). De fait, l’ultime controverse qui suit est, cette fois, à l’initiative de Jésus et c’est un monologue, non une passe d’armes I Les adversaires vont désormais devoir adopter une tout autre tactique.Georges Lamotte 2010A la Toussaint nous étions encore nombreux à nous recueillir sur la tombe d’un être cher et peut-être nous sommes nous posé la question : « Est-il possible qu’il soit vivant ? » « Pourquoi alors ce terrible silence de sa part ? »Aujourd’hui, une fois encore Jésus nous redit : « Oui, nos défunts sont bien vivants »Depuis la préhistoire, la question de la survie a toujours hanté l’esprit des hommes.Les anthropologues dans leurs fouilles, lorsqu’ils découvrent un squelette, essayent d’abord de voir s’il a été enterré, inhumé car c’est le signe par lequel ils distinguent l’homme du singe. Enterrer les morts était le signe que ces êtres croyaient déjà en un possible au-delà. L’homme moderne est un peu plus sceptique, habitué aux preuves, aux démonstrations rationnelles. Certains psychologues essayent même d’expliquer ce phénomène de la croyance en la survie en affirmant que ce n’est qu’une projection de notre désir d’immortalité.Tous, même les hommes les plus religieux, nous avons déjà beaucoup fabulé sur ce sujet en essayant de nous imaginer l’au-delà, en nous le représentant un peu à la façon d’un club Med.Aujourd’hui, Jésus nous remet les pieds sur la terre !Ce débat avec les sadducéens est émouvant, lorsqu’on sait, qu’à ce moment Jésus voyait déjà se profiler sa propre mort. Il est donc intéressant de lui entendre dire le fond de sa pensée à ce sujet. Qu’en dit-il ?Jésus établit immédiatement un contraste total entre « ce monde-ci » et « le monde à venir » qui pour lui ne fait pas de doute. Il fait bien comprendre à ses interlocuteurs qu’il faut renoncer à comprendre le futur. Aucune représentation du monde à venir n’est possible. Pourquoi, se demandent certains, Dieu n’explique-t-il pas un peu cette fameuse vie de l’au-delà ? C’est précisément parce qu’il ne le peut pas, et il ne le peut pas parce que rien de ce monde n’autorise la moindre représentation, comme nous l’avons déjà dit souvent, l’embryon ne pourrait imaginer l’existence de la vie à laquelle il va naître.Ou pour reprendre une image que nous connaissons moins et que nous propose Raymond Panikkar, théologien espagnol fort marqué par la culture indoue : « Nous sommes disait-il chacun comme une goutte d’eau. Qu’advient-il de cette goutte d’eau lorsque je meurs ? Regardez mourir une goutte d’eau, elle éclate, elle disparaît, elle rejoint la multitude des autres gouttes dans le fleuve et puis dans la mer où elle retourne à l’atmosphère. Ainsi donc, lorsque la goutte cesse d’être goutte, l’eau ne disparaît pas pour autant. »Mon eau vient rejoindre toutes les eaux qui me précèdent pour former ensemble un océan. Ceci n’est évidemment qu’une image pour nous aider à comprendre que la résurrection nous fait naître à une vie nouvelle, un monde nouveau dont nous ne pouvons soupçonner la plénitude. Mais elle nous dit une autre chose essentielle aussi : la vie infinie ne vient pas seulement après la vie finie car avant même de rejoindre l’océan, la goutte d’eau est et restera de l’eau, ainsi dans notre vie d’aujourd’hui la vie d’éternité est déjà commencée.

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Georges Lamotte 2007Des sondages périodiques révèlent que bon nombre de chrétiens ne croient plus en la résurrection. Il est vrai que la résurrection, si l'on veut bien y croire, ce n'est pas évident! Y a-t-il un domaine au monde où l'imagination puisse avoir autant de champ libre? Et on ne s'en est pas privé. Les questions se bousculent: "Comment des corps réduits en poussière ou incinérés pourront-ils se reconstituer?" "Quel âge aurons-nous?" "Où va-t-on mettre tout ce monde?" "Que fera t-on pendant toute l'éternité?" …Ces questions n'ont pas changé depuis des milliers d'années. Les pharisiens, eux croient au paradis, J'imagine qu'ils l'envisagent un peu comme les musulmans: une fête perpétuelle, un banquet 3 étoiles, où les femmes seront toujours jeunes, tous les plaisirs à portée de la main … enfin un bonheur sans nuage, l'abondance sans restriction. Cette idée séduisante n'a d'ailleurs pas tout à fait disparu. Pour gagner ce gros lot il faut cependant, observer la loi. Pour les sadducéens qui ne croient pas à la résurrection, l'occasion est belle de ridiculiser ceux qui y croient et ils racontent cette histoire rocambolesque de la femme qui avait 7 maris.Les uns comme les autres considèrent donc la résurrection comme un simple prolongement de la vie terrestre. On transpose au ciel la manière de vivre ici-bas.

Cette question qui taraude l'humanité depuis toujours "comment serons-nous dans l'au-delà", ensemble ils la posent à Jésus, l'invitant à préciser sa pensée sur la résurrection des morts: "Puisque vous y croyez, comment cela se réalisera-t-il concrètement?"Jésus renvoie tout simplement les adversaires dos à dos et leur imagination débordante au panier. Il leur explique qu'il est inutile et d'ailleurs impossible, de se faire la moindre idée du "monde à venir", à partir des réalités temporelles. La seule chose que Jésus répond c'est que "Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, n'est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants". Un Dieu qui nous a destiné à la vie, à participer à sa vie divine. Autrement dit on ne sait rien, on ne saura jamais rien et il faudra vivre avec; mais nous sommes invités à croire en un Dieu des vivants.Ce mystère inaccessible au raisonnement humain, ne peut être qu'accepté dans la foi et la confiance. La seule chose que l'on peut dire c'est que la vie de ressuscité c'est la vie en plénitude, l'expérience de l'amour total …tout le reste n'est que vaine curiosité.

Ceci me fait penser à l'expérience de Mère Térésa. Mère Térésa n'a pas toujours été celle que nous connaissons. Pendant de très nombreuses années elle est restée religieuse cloîtrée dans son couvent consacrant sa vie à la prière et la méditation. Elle racontera plus tard, qu'elle ne se sentait pas croyante, que sa foi était bien fragile. Jusqu'au jour où elle consacra sa vie aux plus malheureux en Inde. En chaque visage elle voyait le visage de Dieu. Elle ne se posait plus de questions rationnelles sur sa foi, celle-ci était devenue vivante. De même qu'il est impossible de comprendre l'amour si l'on ne commence pas d'abord par aimer, il est impossible de croire en la résurrection si l'on ne commence pas maintenant ici bas par remettre debout ceux qui sont allongés et rendre goût de vivre à ceux qui l'ont perdu.Je ne sais pas comment on peut expliquer les couleurs à un aveugle ni comment faire découvrir l'harmonie des sons à un sourd. Ainsi en va-t-il de la vie après la mort, on ne peut l'expliquer ! Pour la comprendre, pour découvrir, pour "savoir" ce qu'elle est, il faut en faire l'expérience.En résumé, le seul moyen d'aborder l'au-delà ou d'essayer de le comprendre, c'est d'en vivre dès aujourd'hui. Quand on donne sa vie, la mort perd tout son sens, elle n'a plus rien à prendre.Philippe COCHINAUX (2001)En quelques secondes, dans un stupide accident de voiture, il perd la femme de sa vie et ses deux jeunes enfants. Réalisant le drame, cet homme se met alors à crier la mort. Quelque chose en lui s’est déchiré à jamais. Trois vies se sont envolées vers ailleurs et lui, du plus profond de sa solitude, ne peut exprimer avec des mots humains, la souffrance intérieure qui le tenaille. Il a mal, tellement mal et rien ne peut le calmer, diminuer sa peine. En tout cas, pour le moment. Seul le temps adoucira cette blessure même si de temps à autre, sans comprendre pourquoi, une lame de fond à nouveau le submergera. Aujourd’hui, dans l’ensemble, il va mieux. Il continue de vivre ou de survivre. Mais c’est vrai aussi que par moment, il glisse sans pouvoir s’arrêter dans cette faille intérieure où il refait avec douleur l’expérience du vide insoutenable laissé en lui par la perte de ces trois vies qui sont de l’autre côté de la lumière.De l’autre côté de la lumière, mais existe-t-il vraiment quelque chose ? Nous sommes en droit de nous la poser cette fameuse question. Aucune certitude. Juste une espérance. Cette dernière dépendra de l’intensité de notre foi en Dieu et du crédit que nous accordons aux Ecritures. Ce soir (matin), Jésus dévoile un coin du mystère. Il ne se laisse nullement piégé par ces Sadducéens qui ne croient pas à l’idée de la Résurrection. En déjouant leur intention malveillante, le Christ nous surprend à nouveau. Tout d’abord, en Dieu, la mort n’est qu’un instant. Nous la traversons et nous n’y résidons pas. Nous poursuivons ce que nous avons entamé sur cette terre. Dieu nous accueille en lui et aucune image connue ne peut décrire ce mystère. Nous sommes hélas bien incapables d’envisager ce qui peut bien se passer de l’autre côté. Un peu comme l’expérience suivante : lorsque nous visitons un zoo, nous découvrons les animaux, nous les voyons mais ils ne sont plus tout à fait eux-mêmes puisqu’ils sont enfermés, en cage. Ils sont tellement différents, ils ont perdu une partie de leur identité. Lorsque nous les visitons dans leurs milieux naturels, l’image qu’ils offrent, en pleine liberté, n’a plus rien à voir avec ce que nous avions découvert chez nous. Tant que nous n’en avons pas fait l’expérience, nous ne pouvons pas saisir la beauté de la vie animale dans leur milieu originel. Il en va de même avec la vie.

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Nous vivons notre vie ici et maintenant. Demain, nous serons dans la vie éternelle. Tant que nous ne ferons pas ce grand saut nous ne pourrons pas nous émerveiller de tant de beauté et d’amour. Notre vie aujourd’hui n’est peut-être finalement qu’un avant-goût de ce qui nous attend. C’est possible et nous restons ici-bas avec nos questions : serons-nous les mêmes ? à la résurrection aurai-je le corps de mes 20, 40, 60 ans ou plus âgé encore ? si je perds un membre, est-ce que je le retrouverai de l’autre côté ? nous reconnaîtrons-nous les uns les autres ? où se situe-t-il notre au-delà ? celles et ceux qui sont de l’autre côté, sont-ils vraiment là alors que trop souvent nous butons sur un terrible silence ? Des questions qui resteront sans réponse pour longtemps encore. Sauf si nous prenons les dires de Jésus au sérieux. D’après lui, nos morts sont bien vivants. Quelle formule paradoxale. Ils sont vivants sans pour autant être réinstallés confortablement dans une demeure spéciale communément appelée le Ciel, le nouvel Eden. Les morts en effet ne sont plus dans un lieu. Ils sont dans un état. Un état de bonheur dans lequel ils nagent. C’est la raison pour laquelle, ils sont devenus semblables aux anges, filles et fils de Dieu. Il vivent dorénavant la vraie vie, la vie des enfants de Dieu. Qu’est-ce à dire ? Je n’en sais rien. Le monde de Dieu semble tellement différent du nôtre. Ma seule espérance est de croire ce que l’évangile dévoile aujourd’hui. N’appelons plus celles et ceux qui sont partis de l’autre côté de la vie : les morts. Ils sont vivants, les grands vivants de notre histoire puisqu’ils vivent en Dieu, dans cet état de bonheur éternel. Si nous y croyons, malgré notre tristesse d’être séparés, réjouissons-nous pour eux et vivons de cette espérance que leur état est à ce point merveilleux que pour rien au monde, ils ne souhaitent revenir sur notre petite terre. Ils vivent à jamais en Dieu l’immensité de l’éternité. Ils sont vivants, bien plus vivants que nous n’aurions pu l’imaginer. Ils sont les grands vivants. Amen.Devillers Raymond (2004Le Dieu des VivantsAlors que nous venons de célébrer la magnifique fête de TOUS-LES-SAINTS et de prier pour les défunts, il est curieux d’apprendre que bien des catholiques pratiquants avouent ne pas croire en la résurrection. " D’ailleurs, remarquent-ils, personne n’est jamais revenu de là-bas !".Or justement SI ! Quelqu’un est en effet revenu de la mort : Jésus de Nazareth, l’homme crucifié, mort et enseveli au Golgotha, est revenu près des siens. Lorsque, disent-ils, notre Maître a été arrêté, nous nous sommes enfuis comme des lâches mais peu après, il nous a rejoints au cœur de notre détresse, il a dissipé nos premières impressions ("ça doit être un fantôme !?") et il nous a convaincus de sa victoire sur la mort. Il n’était pas "réanimé" (comme Lazare qui a bénéficié d’un sursis) mais "ressuscité", relevé, comblé de la Vie divine, véritable Seigneur du monde à l’égal de Dieu son Père.C’est ce message de la résurrection (et non un appel à une existence vertueuse) que les apôtres ont tout de suite proclamé et qu’ils ont voulu propager dans le monde entier, au risque de leur vie. Sans cela il n’y aurait ni Évangile ni Église, et même nous ne connaîtrions pas ce Jésus qui fut un condamné parmi tant d’autres.LA RÉSURRECTION, ESPÉRANCE TARDIVE Cette croyance nous semble tellement irrationnelle, tellement impossible qu’elle a mis des siècles avant d’apparaître en Israël. Tout au long de son histoire, celui-ci était persuadé que le décès était l’achèvement de tout et que seul subsistait de nous une ombre falote qui errait dans l’abîme lugubre du Shéol ou Hadès.Ce n’est qu’au 2ème siècle avant Jésus, lorsque Israël subit une terrible persécution, que la tradition s’ouvrit à une nouvelle espérance. Il n’était pas possible que l’impiété et l’injustice triomphent de la Justice de Dieu donc "il fallait" que les victimes qui avaient offert leur vie pour la foi ressuscitent. Ainsi, dit-on dans un récit emblématique que le jeune prêt à être exécuté, disait :" Puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une Vie éternelle"(1ère Lecture : 2 Maccabées 7)Cette foi nouvelle ne fut pas acceptée par tous : si les Pharisiens l’adoptèrent, les Sadducéens continuèrent à la nier parce qu’elle ne se trouvait pas exprimée dans la Torah, les 5 Livres de la Loi qu’ils recevaient comme Écritures saintes.JÉSUS AFFIRME LA FOI EN LA RÉSURRECTION En tout cas, Jésus, lui, y croit fermement et l’affirme face à ses adversaires.Après l’ultime étape à Jéricho, on sait qu’il a fait sa joyeuse entrée dans Jérusalem, bondée de pèlerins venus pour la pâque mais il refuse de provoquer l’insurrection armée que la foule attend de lui et inlassablement, au temple, il annonce le Royaume des Béatitudes qui appelle à la conversion générale.Ses ennemis le harcèlent de questions pièges et c’est ainsi que des Sadducéens viennent lui soumettre l’histoire qu’ils ont inventée pour tourner en dérision cette croyance nouvelle. Si, disent-ils, une femme est veuve et se remarie à plusieurs reprises, de qui sera-t-elle l’épouse dans l’au-delà ?Jésus va leur fournir une double réponse.D’abord il dissipe nos imaginations ridicules sur le monde futur :"Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui seront jugés d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts, ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection".Acceptons donc d’être frustrés : enfermés dans l’espace-temps nous resterons toujours radicalement incapables d’imaginer la vie dans l’au-delà. Si la sexualité est un combat contre la mort, une façon de sauver notre vie, de nous prolonger en donnant naissance à des êtres après nous, il est évident qu’elle n’aura plus lieu d’être dans l’éternité, là où il n’y a plus ni temps ni mort. L’amour que tous - mariés ou célibataires- nous aurons cherché ici-bas sera enfin accompli en plénitude. Il n’y a aura plus que l’Amour.En second lieu, Jésus affirme nettement le fait de la résurrection :" Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : " le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob". Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. Tous vivent en effet pour Lui".

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Jésus répond à ses interlocuteurs sur leur terrain et il cite le texte célèbre du Livre de l’Exode ( 3, 6 ), celui de la vocation de Moïse où Dieu se présente comme le Dieu de chaque Patriarche -ce qui, pour lui, sous-entend avec netteté que ces hommes vivent. Car s’ils étaient anéantis, si la mort pouvait les arracher au Dieu qui leur a donné les promesses, c’est donc que la mort l’emporterait sur Dieu !? Si elle règne impitoyablement sur l’humanité, elle est donc le Dieu suprême ! Dans ce cas, dit St Paul, reprenant le cri du prophète Isaïe :" Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons car demain nous mourrons"( Is 22, 13 et 1 Cor 15, 32 )Telle est bien l’idéologie de notre société dite "de consommation" : bloquée entre des horizons terrestres, elle ne peut que nous entraîner vers le maximum de plaisirs et de jouissances immédiats - signe qu’elle se déploie sous le signe de la mort (d’où les drogues, les violences, l’idolâtrie, l’immense injustice d’un monde cassé entre riches et pauvres)Ni anéantissement, ni réincarnation, ni projection de nos petits bonheurs, ni utopie : la mystérieuse résurrection est la certitude qui habite Jésus et qu’il affirme quelques heures avant d’affronter la mort la plus cruelle. Elle est la Bonne Nouvelle sans laquelle notre foi est vide ( 1 Cor 15,14).Comme Jésus, ne perdons pas de temps en rêveries folles, en imaginations stériles : vivons chaque jour du temps en aimant et en espérant.L’amour est l’Éternité commencée. L’espérance est la possibilité de l’amour indestructible.Collin Dominique (2004)Dis Papa, pourquoi la lune est ronde ? Dis, Maman, comment ma petite sœur est-elle née ?Lors de nos premières années d’existence, tous les enfants, et nous l’avons été, posent mille et une questions à leurs parents sur tout ce qui les entourent. C’est l’âge de la curiosité et les parents savent bien que très souvent il n’est pas évident de répondre à leurs enfants. Soit parce que leurs questions sont étonnement philosophiques ou théologiques, soit parce qu’elles sont tellement naïves. Le problème est qu’avec l’âge, nous avons bien souvent perdu et la capacité de nous émerveiller et cette naïveté devant la vie.Les Sadducéens de l’évangile de ce jour font semblant d’être curieux et naïfs. Ils posent une question embarrassante à Jésus, non pour en apprendre davantage sur les mystères du monde et de la vie, mais pour piéger Jésus. Pour essayer de le mettre en porte à faux par rapport à la Loi de Moïse et ainsi avoir des motifs sérieux de le condamner. Ils n’ont pas besoin de la réponse de Jésus car ils estiment déjà avoir toutes les réponses puisqu’ils prétendent qu’il n’y a pas de résurrection. Avez-vous déjà discuté avec des gens qui prétendent savoir beaucoup de choses. Bien souvent, ces personnes sont incapables d’écouter et d’accepter l’avis des autres. Ils sont enfermés dans leurs certitudes et leurs savoirs. Ils ne veulent et ne peuvent se remettre en question et s’ils posent une question, c’est pour mettre mal à l’aise leurs interlocuteurs. D’ailleurs, leur question n’a pas beaucoup de sens. Cette femme qui épouse ses sept beaux-frères, ça ne doit pas se rencontrer si souvent ! En fait, cette question ne les touche pas. Elle ne les intéresse que dans la mesure où elle pose un piège à Jésus.Que répond Jésus ? Il commence par leur dire qu’ils raisonnent comme les enfants de ce monde. Revoilà les enfants. Jésus ne dit pas que les questions curieuses, comme celles que posent les enfants, sont mauvaises. Mais il dit que tant que nous n’avons que de la curiosité pour les choses d’en haut, pour les mystères de la vie et de la mort, jamais nous ne comprendrons les choses du monde à venir. Il continue en disant que nous serons semblables aux anges. En voilà une réponse ! Nous ne sommes pas plus avancés ! Mais les anges participent à la vie de Dieu dans sa clarté. Il n’y aura plus de questions enfantines, naïves ou curieuses, mais un face à face d’amour en plénitude de paix et de joie. Ce face à face se prépare dès aujourd’hui dans notre vie de tous les jours. Comment ? Et bien, pas comme les Sadducéens qui se croient les plus forts et les plus malins en piégeant Jésus. Dieu ne demande pas la curiosité mais la foi, non pas la naïveté mais la confiance. Les Sadducéens de l’évangile de ce jour sont incapables de faire confiance à Jésus. Ils veulent même le condamner. D’ailleurs, ils refusent la résurrection. Ils n’acceptent pas dans la foi que Dieu est le Dieu des vivants, qu’il est plus grand que la mort. Cela, les Sadducéens le refusent. Et l’étroitesse de leur foi devient méfiance à l’égard de Jésus, méfiance à l’égard de Dieu.En fait, en réponse à la provocation des Sadducéens, Jésus répond par la provocation de la foi. La foi nous provoque, non pas dans le sens courant de choquer ou de scandaliser, mais dans son sens étymologique profond : la foi nous appelle au devant, à aller au devant. Au devant de nos certitudes et de nos prétentions ; au devant de nos questions et de nos curiosités. La foi, ce n’est pas croire en des enfantillages, en des choses impossibles ou absurdes. La foi est cette confiance dans le Dieu de Jésus, le Dieu des vivants. Et cette confiance nous fait aller de l’avant, même un jour elle nous fera passer au-delà du dernier obstacle : la mort. Car la foi, tout comme Dieu, est l’attitude fondamentale des vivants. Etre vivant, c’est toujours aller de l’avant, c’est s’ouvrir à l’inconnu, c’est refuser de rester là, inerte et immobile. La foi porte en elle un dynamisme de vie et de confiance : elle nous provoque.Oh, bien sûr, la foi n’apporte pas des réponses toutes faites à toutes nos interrogations, surtout celles qui portent sur la mort et l’au-delà. Bien souvent, d’ailleurs, nous sommes avides d’informations sur certaines expériences faites par des malades en agonie, nous sommes enclins à jeter un coup d’œil sur la réincarnation ou sur d’autres pratiques ou enseignements. Nous aimerions tant savoir ce qu’il y aura après. Désolé, mais Jésus ne nous répond pas ce dimanche. Ou mieux encore, il nous provoque dans notre foi afin de faire croître, non pas notre curiosité, mais notre confiance. Car, finalement, qu’est-ce qui nous aide à mieux vivre et à être heureux : des questions laissées sans réponse ou la confiance en Dieu, en la vie, en soi-même et dans les autres ? Une réponse à une question curieuse n’a jamais donné sens à la vie. Mais la foi, bien. Et cette foi nous fait héritiers de la résurrection.Alors, que notre vie soit pour la confiance en ce Dieu qui est le Dieu des Vivants. Amen.Croonenberghs Didier (2004)Cette homélie a été prononcée à l’occasion de la première messe du frère Pierre Vreuls.

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Je ne sais pas si des témoins de Jéhovah sont déjà venus frapper à votre porte. Vous voyez, ces gens qui se promènent toujours par deux avec de longs imperméables gris et qui viennent chez vous le dimanche à une heure où généralement nous avons toujours mystérieusement quelque chose d’urgent à faire. Si par le plus grand des hasards, vous deviez un jour discuter avec eux, il est une solution radicale pour que votre rencontre se termine très rapidement... Vous la connaissez peut-être. Il suffit de leur parler calmement de " don de sang... " simplement parce que c’est ce dont ils ne veulent pas entendre parler... Si par contre, c’est un ingénieur civil comme ton père, Pierre, ou un économiste comme toi qui frappe à votre porte le dimanche matin et que vous voulez que l’entrevue soit très courte, je vous conseille de lui expliquer la mécanique des fluides ou bien de problèmes macroéconomiques en lui parlant de la "grâce de Dieu". A mon avis, il ne vous écoutera pas très longtemps.Eh bien, il me semble que dans l’Evangile que nous venons d’entendre Jésus s’y prend un peu de la même manière. En effet, des sadducéens -un groupement qui ne croyait ni aux anges ni à la résurrection- viennent provoquer Jésus avec un cas d’école. Mais plutôt que de répondre à la question qui lui est posée, Jésus leur parle de deux choses : précisément de résurrection et d’anges, deux choses en quoi ne croient pas les sadducéens et qu’ils ne veulent pas entendre. Pour leur répondre, Jésus présuppose quelque chose qu’ils rejettent catégoriquement.Pourquoi ? Peut-être parce que Dieu nous questionne bien souvent sur ce qui nous pose problème. Il nous interpelle, nous interroge précisément sur nos peurs ou nos manques de foi. Le jeu de Jésus, le jeu de Dieu est donc plus subtil que nos questions, plus subtil que nos énigmes ou nos recherches de preuves. Vraiment, Jésus nous provoque dans notre foi mais pour qu’ensuite, par la foi nous soyons des provocateurs. Permettez-moi de répéter ceci. Je crois profondément que Jésus nous provoque dans notre foi, pour qu’ensuite, grâce notre foi nous soyons des provocateurs.1. Tout d’abord, si Jésus nous provoque dans notre foi, c’est peut-être pour nous amener à quitter nos petites certitudes pour réfléchir et pour nous laisser guider par la vérité. Si comme les sadducéens de l’Evangile, nous imaginons une certaine forme de vie après la mort en lui appliquant nos visions de la vie d’ici bas ; Jésus, quant à lui, nous parle de manière très surprenante d’" anges ", non pas pour donner réponse, mais pour fournir une image sur laquelle personne n’a prise. D’une certaine manière, Dieu se révèle à nous dans des lieux où notre raison ne nous pousse pas à le chercher spontanément. Il nous surprend et se révèle à nous pour nous amener en dehors de nos certitudes parfois bien précaires. Il nous appelle hors de nos convictions pour que nous cherchions plus loin la vérité. C’est peut-être cela la pro-vocation. Etre appelé en dehors de nous et de nos certitudes... Non pas par une provocation qui cherche à choquer. Provoquer, ce n’est pas seulement boire une bière avec des santiags, une chemise à fleur et une petite croix sur le col, comme Pierre aime le faire de temps en temps ; provoquer, ce n’est pas non plus appuyer sur les faiblesses des autres,... Non. Provoquer, c’est questionner librement, questionner pour avancer ensemble dans le mystère...2. C’est pourquoi, nous devons être à notre tour des provocateurs, nous devons tous être des " prêcheurs provocateurs " qui questionnent. Pierre, tu m’as dit un jour que c’était pour toi cela le secret (s’il y en a un) des dominicains : le questionnement. Celles et ceux que tu accompagnes savent que tu le fais si bien et nous qui vivons avec toi savons que tu y consacres tant de temps. En devenant frère prêcheur, tu as questionné ta famille et tes amis et tu en questionneras encore dans tes rencontres h, et depuis la semaine dernière, dans la manière avec laquelle tu célébreras les différents sacrements.Mais Pierre ne nous questionne certainement pas en assénant des certitudes ou en posant des énigmes. Non, il nous invite à réfléchir pour avancer dans ce mystère sur lequel nous n’aurons jamais pleinement prise ici-bas. Il est peut-être un de ces " prêcheurs provocateurs " cherchant à nous questionner et nous dire :

  que Dieu n’est peut-être pas là nous croyons qu’il est.   que l’Eglise n’est peut-être pas là où certains peuvent croire qu’elle réside... dans une vieille et froide sacristie par exemple.

Rassurez-vous, celle-ci est chauffée.   que les dominicains ne sont peut-être pas tous comme dans le film le " Nom de la rose "...

Un article à propos de Pierre et de l’ordination de la semaine passée paru dans un quotidien " régionalement connu " que je ne citerai pas (je peux juste vous dire que son nom n’est pas sans lien avec l’Evangile qui est dirigé vers l’avenir de la résurrection) avait pour titre cette semaine : " une vie basée sur la rencontre ". Si cette vie est basée sur la rencontre, ces rencontres doivent à leur tour se baser sur la vie, sur la Vie du Dieu des vivants. Alors, peut-être grâce à ces rencontres, Dieu pourra se révéler dans des endroits inattendus. Que cet inattendu de Dieu ne cesse jamais de te provoquer pour que toi-même, Pierre, tu restes le " frère prêcheur provocateur " de vie et de rencontre.Amen.Gihoul Luc-Henri (2004)En Israël, la controverse qui existait entre les Pharisiens et les Sadducéens au sujet de la résurrection des morts réapparaît ici en St. Luc entre Jésus et ces mêmes Sadducéens. Ces débats le prouvent, il n’était pas plus facile de croire en la résurrection en ces temps anciens qu’aujourd’hui !Dans l’histoire du peuple juif, comme dans l’histoire religieuse de l’humanité, la foi en la résurrection fut progressive, ardue et en fait, relativement récente. Même pour Platon, qui sur ce point fut d’ailleurs peu suivi, l’immortalité de l’âme et son éternité n’étaient qu’une opinion. C’est un beau risque, car par cette croyance l’homme émerge... Il vient d’un au-delà du monde pour aller vers un « par-delà le monde ». Pour les stoïciens, l’esprit ne demeurait d’ailleurs qu’un certain temps.En Israël, cette notion de résurrection ira de la longévité des patriarches (ils sont comme immortels) à l’immortalité de la race, du retour de certains personnages particuliers ( sont-ce eux ou un personnage ayant ses caractéristiques ! ?) à la conception d’un nouvel Israël. Elle variera d’un certain triomphe par-delà la mort du Serviteur souffrant, aux idées apocalyptiques lors des persécutions des Antiochus 4 et 5 aux deux derniers siècles qui parlent de la résurrection à partir du sens théologique du Dieu

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vivant et non à partir d’une réflexion anthropologique sur la spiritualité de l’Esprit. L’amour du Dieu Vivant, étant éternel, il peut susciter un homme nouveau. Le Dieu Vivant, source de vie, qui a engagé sa sainteté dans l’histoire d’Israël, et qui est don et grâce, peut, quand et comment il le veut, rendre vie à ceux qui sont dans la vie diminuée du shéol. C’est un don qui est le fondement du sens de la Résurrection. Ce qui est pur don, esprit et vie, Dieu, le Dieu fidèle, celui des Promesses et de l’Alliance, peut le rendre dans sa miséricorde infinie. Donc, la conception biblique de la résurrection est confuse, non partagée par tous, même à l’époque où le Christ apparaît, et elle est tardive, du moins dans sa conception d’une véritable survie personnelle.C’est réellement à partir de la résurrection de Jésus que cette croyance s’affirme comme évidente, primordiale et fondamentale. Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi, écrira St. Paul (1Cor.15). La foi en la résurrection du Christ est le gage de la nôtre.De nos jours encore, la foi en la résurrection ne paraît pas évidente. Pour certains, l’être humain ne survivrait que dans ses enfants ou le souvenir des êtres chers et la mémoire des amis. Pour d’autres, qui ne croient qu’à ce qu’ils voient ou comprennent, comment prétendre parler de quelque chose qui échappe totalement à notre entendement ? Pour certains encore, la perspective de la réincarnation paraît plus séduisante à deux titres. En premier, elle serait plus fondée scientifiquement, ce serait l’explication de souvenirs de choses jamais vues, de rencontres prétendues avec des personnages historiques anciens, d’inexplicables impressions de « déjà vu », d’accidents morphologiques rappelant ceux d’ancêtres, explication enfin, de génies précoces ou de souvenirs d’un passé qui n’est pas le leur. La croyance en la réincarnation serait mieux harmonisée pour d’aucuns avec leur refus de l’absence des morts ou pour conjurer l’angoisse de la mort ou encore, une consolation à leur soif de justice devant les inégalités terrestres ou enfin, une chance nouvelle et une culture d’épanouissement et de progrès moral à l’encontre de la brièveté de la vie. On peut si peu en une seule vie !Mais ne mettons pas trop vite de côté les opinions de nos contemporains. C’est qu’ils partent d’expériences humaines pour évoquer des relations fortes, connues ici-bas : la relation homme et femme ( c’était l’optique des Sadducéens), la relation parents-enfants, les relations de fraternité ou d’amitié. Au-delà d’options parfois rocambolesques, comment ne pas, avec eux, se poser des questions au sujet de ces relations précieuses entre toutes : que deviennent- elles après la mort ? S’il est prouvé que nos relations humaines nous constituent en profondeur, comment ne pas croire et affirmer qu’elles se poursuivent après la mort d’un chacun ?Jésus, lui, est convaincu de la résurrection. Et s’il en est ainsi c’est qu’il parle à partir d’une toute autre expérience, celle d’une relation la plus fondamentale et constitutive qui soit, la relation filiale à Dieu. Le mot « frère » revenait explicitement à 4 reprises dans le raisonnement des Sadducéens. Le mot fils revient 4 fois sur les lèvres de Jésus.Dans sa réponse, Jésus aborde deux questions relatives à la résurrection, celle de son principe même : le fait oui ou non de la résurrection, et celle de ses modalités, du comment de celle-ci. Ce n’est pas d’abord à la question de principe que Jésus répond. Sa démarche est plus psychologique, plus pédagogique. Si même nous croyons à la survie, nous ne cessons de nous interroger sur le comment de celle-ci. Comment cela se passera-t-il ? Comment serons-nous dans l’au-delà ? Et notre ignorance en ce domaine justifie notre scepticisme quant à la question de principe : « Peut-on envisager une résurrection des morts ? »Jésus répond, il faut bien le dire de façon quelque peu étrange, d’une manière vague et floue : les ressuscités sont comme des anges dans le ciel. Comme personne n’a jamais vu un ange, nous ne sommes guère plus instruits ! Mais comment faire autrement puisque personne non plus n’a jamais eu l’occasion de rencontrer un ressuscité ? Quand Jésus s’exprime ainsi, il veut simplement dire ceci : de même que les anges se situent dans la sphère de Dieu, même s’ils appartiennent aussi à notre monde en y jouant leur rôle, les ressuscités évoluent dans le monde divin et leur condition dans ce monde-là nous échappe totalement. L’état et l’activité des élus relèvent du mystère-même de notre Dieu Trine : Père, Fils et Esprit. En ce domaine, faisons confiance au maître de l’impossible qui nous recréera en notre intégrité plénière. Ayons foi au Dieu de Vie ! Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, dira St. Paul, et son ingéniosité nous surprendra autant que nous ravit le papillon quittant sa chrysalide.Jésus en vient alors à la première des 2 questions : la résurrection existe-t-elle ? Pour étayer sa position, Jésus raisonne à la manière des rabbins, qui nous est étrangère. La voici : si Moïse parle du Seigneur- Dieu, comme « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », c’est que ces deux patriarches sont encore et toujours vivants pour Dieu. En exprimant la même chose dans nos mots à nous, nous dirions : le Dieu des promesses, le Dieu de l’Alliance, le Dieu fidèle, l’Eternel, le Dieu d’Amour est un Dieu sans repentance. Quand Dieu donne son amour, il ne le retire pas. Dieu est fidèle jusqu’au bout. L’alliance personnelle avec chacun d’entre-nous est comme un engagement qu’il prend à notre égard, inspiré par l’amour, il traverse la mort comme éternel est son amour. Il nous suscite à la vie, pour un temps sur cette terre, pour toujours dans l’éternité du ciel.La péricope évangélique de Luc se termine par ces derniers mots : « les ressuscités vivent pour Dieu » Le mot « pour » peut prendre deux significations qui, loin de s’exclure, se complètent. Le premier sens a Dieu pour sujet. Selon Dieu, de son point de vue, pour ce qui est de Dieu, les Patriarches, plus largement les ressuscité vivent, ils sont vivants aux yeux ses yeux ! Dieu les considère comme toujours vivants.Le second sens a les morts, les ressuscités pour sujet. C’est la relation à Dieu qui fonde l’existence actuelle des Patriarches par-delà la mort. C’est Dieu qui oriente encore le désir des morts au-delà de la mort. Telle était la conviction de Paul : « Aucun de nous ne vit pour soi-même et aucun de nous ne meurt pour soi-même, si nous vivons nous vivons pour le Seigneur et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. » (Rom.14, 7-8) Aussi, nous de même sur cette terre, vivons-nous et mourrons-nous pour Dieu. Rendons vivante, de notre vivant, notre relation avec le Dieu Vivant ! Alors, soyons en sûr, notre relation filiale, entretenue avec lui, nous fera ressusciter et nous fera vivre par-delà la mort, éternellement. Nous serons tous réunis avec le Dieu de toute félicité, là où la douceur de vivre prendra la ferveur heureuse des choses qui ne peuvent finir.

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Cochinaux Philippe (2007)Vous est-il déjà arrivé d’être interrompus dans vos activités ô combien sérieuses et essentielles par un certain type de personnes qui viennent frapper à votre porte ? Ils se dénomment les témoins de Jéhova. Souvent, ils se promènent deux par deux avec de longs imperméables gris ou bleus et viennent chez vous le dimanche à une heure où généralement nous avons toujours mystérieusement quelque chose d’urgent à faire. Certains prétendent que si vous êtes accueillants, et je ne sais pas s’ils ont raison car ces témoins ne viennent jamais frapper à la porte d’un couvent dominicain, il vous est difficile de clôturer la conversation. Si par le plus grand des hasards, vous vous trouviez dans une telle situation, il est une solution radicale pour que votre rencontre se termine très rapidement... Vous la connaissez peut-être. Il suffit de leur parler calmement de "don de sang". Simplement parce que c’est ce dont ils ne veulent pas entendre parler. Un simple autocollant sur votre porte d’entrée suffira à ce qu’ils ne vous importunent plus. Il y a des choses dont ils n’aiment pas entendre parler.Eh bien, il me semble que dans l’Evangile que nous venons d’entendre Jésus s’y prend un peu de la même manière. Non pas qu’il vienne nous importuner mais plutôt parce que les sadducéens - un groupement qui ne croyait ni aux anges ni à la résurrection - viennent provoquer Jésus avec ce fameux cas d’école de la femme aux sept maris et je ne sais pas qui est le plus à plaindre dans cette histoire. En effet, Jésus, plutôt que de répondre à la question qui lui est posée, il leur parle de deux choses : précisément de résurrection et d’anges, deux sujets en quoi ne croient pas les sadducéens et qu’ils ne veulent surtout pas entendre. Pour leur répondre, Jésus présuppose quelque chose qu’ils rejettent catégoriquement. Pourquoi agit-il de la sorte, sommes-nous en droit de nous demander ? Peut-être parce que Dieu semble nous questionner bien plus souvent que nous n’oserions l’imaginer sur ce qui nous pose problème. Il nous interpelle, il nous interroge précisément sur nos peurs, sur nos doutes voire sur nos manques de foi. Nous pourrions même en arriver à imaginer que le jeu de Jésus, le jeu de Dieu est plus subtil que nos questions, plus subtil que nos énigmes ou nos recherches de preuves. Vraiment, Jésus nous provoque dans notre foi mais pour qu’ensuite, par la foi nous devenions des provocateurs. Permettez-moi de répéter ceci. Je crois profondément que Jésus nous provoque dans notre foi, pour qu’ensuite, grâce notre foi nous soyons des croyants provocateurs. En effet, si Jésus nous provoque dans notre foi, c’est peut-être pour nous amener à quitter ces certitudes dans lesquelles nous nous sommes laissés enfermer au fil des années et ce, afin de réfléchir en vue de nous laisser guider par la vérité. Ne sommes-nous pas parfois comme ces sadducéens de l’Evangile. Nous aussi nous avons une certaine représentation de la vie après la mort. Notre perspective d’éternité est marquée, voire contaminée par nos propres visions de la vie d’ici-bas. Ce qui est certain, c’est qu’en fait, nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous croyons et nous espérons que l’au-delà de la vie sera un royaume où les vivants, les grands vivants que nous serons, auront leur place. Jésus, quant à lui, nous parle de manière très surprenante d’ « anges », non pas pour donner une réponse claire, mais plutôt pour fournir une image sur laquelle personne n’a aucune prise. D’une certaine manière, Dieu se révèle à nous dans des lieux où notre raison ne nous pousse pas à le chercher spontanément. Il nous surprend et se révèle à nous pour nous amener en dehors de nos certitudes parfois bien précaires. Il nous appelle hors de nos convictions pour que nous cherchions plus loin la vérité. C’est peut-être cela la pro-vocation : une vocation pour quelque chose. Toutes et tous, nous sommes appelés à partir en dehors de nous, c’est-à-dire à quitter les lieux de nos certitudes pour oser entrer dans un mystère qui ne pourra se comprendre que le jour où nous le vivrons. Dieu nous provoque et nous invite à entrer dans une dynamique de provocation. Toutefois, non pas par une provocation qui cherche à choquer pour le plaisir. Provoquer, ce n’est pas partir à la recherche du sensationnel tellement éphémère. Non. Provoquer, c’est oser questionner librement, oser questionner pour avancer ensemble dans le mystère... C’est pourquoi, nous devons être à notre tour des croyants provocateurs, c’est-à-dire des hommes et des femmes qu’ils soient debout ou alités et qui ont comme vocation première de ne jamais s’arrêter de questionner car ils perçoivent que la foi ne se laisse découvrir que dans l’étonnement de la Parole du Fils de Dieu.Amen.Devillers Raymond (2007)La très longue montée de Jésus vers Jérusalem ( commencée en Luc 9, 51) a abouti : suivi de ses disciples, il fait une entrée triomphale dans Jérusalem, acclamé par la foule qui, accueillant un descendant de la famille royale de David, est persuadée que Jésus est le Messie et qu’il va déclencher l’insurrection générale contre les Romains. Mais très bizarrement, au lieu de foncer vers le palais de Pilate, Jésus entre dans le temple et se met à en chasser les vendeurs : " La maison de prière a été transformée en caverne de bandits"(19,46)- ce qui provoque la furie des Grands Prêtres bien décidés désormais à le supprimer.Loin de fuir la menace qui pèse sur lui, Jésus chaque jour s’installe sur l’esplanade du temple et y enseigne. Saint Luc note que "tout le peuple, suspendu à ses lèvres, l’écoutait "( 19, 48). Mais à trois reprises, ses ennemis tentent de le déstabiliser.Ces trois débats sont importants car ils font connaître quelles sont les grandes certitudes qui habitent Jésus à la veille de son exécution.D’abord arrivent les grands prêtres et les scribes qui demandent à Jésus sur quelle autorité il s’appuie pour parler et agir comme il le fait. Jésus les remballe car ils ne veulent pas se prononcer sur la valeur du baptême de Jean-Baptiste. Par la parabole des vignerons, il montre qu’il a percé leur dessein : le tuer ; mais il les avertit qu’ils vont déchoir de leur rôle ( 20, 1-19)Ensuite les mêmes lui envoient des indicateurs qui, après une entrée en matière flatteuse, le questionnent au sujet d’un problème grave : " Faut-il ou non payer l’impôt à César ?". La réponse de Jésus est célèbre : il distingue nettement les domaines : " Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu"∑"(20, 20-26)Survient la 3ème polémique, sujet de l’évangile du jour :Alors s’approchent quelques Sadducéens, gens qui contestent qu’il y ait la résurrection.

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En effet, le sort des défunts était demeuré très obscur dans la foi d’Israël pendant des siècles. C’est au milieu du 2ème siècle avant Jésus, lors d’une guerre qui avait causé beaucoup de victimes, que s’était dressée l’espérance. Si Dieu est juste, il ne peut permettre que ses fidèles et leurs ennemis aient le même sort : donc on pouvait croire que les morts pour la foi ressuscitent. LIRE la 1ère lecture avec la magnifique confession de foi des jeunes Juifs acceptant le martyr parce que persuadés que Dieu les fera vivre.Mais le débat n’était pas clos : les grands prêtres avec le parti des Sadducéens refusaient cette croyance qui ne se trouvait pas dans la Torah, les cinq premiers livres de la Bible qui, pour eux, contenaient tout l’essentiel à croire. En s’appuyant sur une antique coutume écrite dans la Loi de Moïse ( Quand un homme meurt sans enfant, son frère doit épouser la veuve pour lui donner une descendance - Loi dite du lévirat : Deut 25, 5), ces hommes proposent à Jésus une histoire folle pour tourner l’idée de résurrection en ridicule :Il y avait 7 frères. Le 1er prend femme et meurt sans enfant. Le 2ème épouse la veuve et lui aussi meurt sans enfant. Ainsi des 7. D’où la question finale : "Eh bien, cette femme, à la résurrection, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme ˆ puisque les 7 l’ont eue pour femme ?".La réponse de Jésus comporte deux parties :1. PAS DE MARIAGE DANS LE MONDE A VENIRJésus leur dit : " Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui auront été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas car ils ne peuvent plus mourir :ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu".C’est une erreur grossière d’imaginer l’autre monde sur le modèle du nôtre. La sexualité a pour but de prolonger la vie sur terre : tout couple mortel se donne une descendance. Mais dans "le monde-à-venir" (expression juive), chaque personne est vivante en soi, elle n’a plus besoin de trouver un partenaire pour se survivre dans l’enfant. Il n’y a plus de temps, plus de mort. Rien que l’amour éternel.2 . CERTITUDE DE LA RÉSURRECTIONJésus poursuit : "Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du Buisson ardent quand il appelle le Seigneur "le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob". Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui" Contre les sadducéens, Jésus prend le parti des pharisiens et il affirme nettement la foi en la résurrection. L’argument, dit-il, peut même en être découvert dans la Torah, base unique de la foi sadducéenne : dans la scène du Buisson ardent, lorsque YHWH s’est révélé à Moïse dans le désert du Sinaï, il s’est présenté comme le Dieu personnel des trois Patriarches. Si Dieu conclut une Alliance avec eux, il ne peut les abandonner à la mort puisqu’il est juste !Sinon la mort serait plus puissante que Dieu. Et Dieu ne serait pas Dieu. Dieu est un Vivant, il donne sa Vie, la Vie éternelle aux croyants.Il y avait là dans l’auditoire quelques scribes du parti des pharisiens et évidemment, eux, ils applaudissent Jésus :Quelques scribes prenant la parole dirent :" Maître, tu as bien parlé".Et on n’osait plus l’interroger sur rien.CONCLUSION :Ces trois débats soulignent donc les certitudes de Jésus, ce qui l’anime alors même qu’il sait qu’il va mourir. Ces assurances doivent être les nôtres si nous voulons être ses témoins même au prix de notre vie.1) Il sait qu’il est "le fils bien-aimé du Père" (20, 13) et pas seulement un prophète ; il a autorité pour enseigner et accomplir son dessein ; certes ses ennemis vont le tuer mais du coup ils seront dépossédés de l’héritage, lequel passera dans toutes les nations. Jésus se voit comme la pierre d’angle sur laquelle s’édifiera sa nouvelle communauté ouverte à toutes les nations (20, 17)2) Jésus ne vient pas réaliser une révolution politique, fonder une nation parmi les autres : que César continue à exercer son pouvoir mais sans jamais bafouer les droits de Dieu.3) Et enfin si Jésus prévoit sa fin prochaine (ses ennemis se dévoilent), il est absolument sûr que la mort n’est pas anéantissement. Il ressuscitera et ainsi il permet à ses disciples d’accepter, eux aussi, de mourir pour lui afin de retrouver, comme Lui et avec Lui, une Vie nouvelle, éternelle, qui dépasse tout imagination.Prions en EgliseNous sommes appelés à faire un saut dans la foi en un Dieu capable d’étonner nos attentesSE METTRE À L’ÉCOUTE DE LA PAROLE DE DIEU qui se dit dans l’Écriture, c’est se laisser donner « réconfort et joyeuse espérance » (2 Th 2, 16). Mais s’il est des pages d’évangile où la Bonne Nouvelle est manifeste, il n’en est pas ainsi du texte de Luc proposé aujourd’hui. Qu’avons-nous à faire, en effet, de la loi du lévirat (Dt 25, 5-6), de la polémique entre les sadducéens et les pharisiens sur la résurrection, des états d’âme des autorités religieuses à l’égard de Jésus ? Peut-être pouvons-nous nous arrêter à l’opposition que le Christ instaure entre ce monde-ci – le monde présent – et le monde à venir. Une opposition particulièrement mise en valeur dans le judaïsme pour exprimer la radicale nouveauté de l’au-delà. À titre d’exemple, citons l’un des premiers talmudistes de Babylone (IIe-IIIe s.) : « Dans le monde à venir, il n’y aura ni manger, ni boire, ni reproduction, ni jalousie, ni haine, ni concurrence […]. Les plus justes jouiront de l’éclat de la présence divine. » De même, au chapitre 21 de l’Apocalypse, si l’auteur utilise l’image de la Cité sainte, Jérusalem, il prend soin de préciser que « le premier ciel et la première terre ont disparu » pour faire place à des réalités nouvelles (Ap 21, 1). Voilà qui peut susciter notre angoisse quant à notre devenir et à celui de nos proches après la mort. Et, de fait, nous sommes appelés à faire un saut dans la foi. Foi en un Dieu capable « d’étonner nos attentes» (D. Rimaud) en nous recréant plus merveilleusement encore qu’il nous a créés, et de faire de nous des « fils de la résurrection » –

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c’est-à-dire des vivants à jamais. Alors essayons de poursuivre notre route entre vertige et confiance, cri et action de grâce, jusqu’à ce que Dieu soit « tout en tous » (1 Co 15, 28).Jésus face aux rieurs…Olivier WindelsHomélie pour le 32ème dimanche C,autour de 2 M 7, 1…14 et de Lc 20, 27-38.

Ils étaient venus pour piéger Jésus, pour le tourner en ridicule. Eux, les saducéens, ils ne croyaient pas à tout ça. Tout ça, je veux dire l’au-delà, la résurrection… Ah ils auraient bien ri s’ils nous avaient vu lundi dernier, à l’occasion de la Toussaint, arpentant les allées du cimentière en chantant « Bonum est confidere » « Il est bon de se fier au Seigneur »… Pas de doute, ils auraient éclaté de rire. Eux, leur foi était au raz de la Bible, ni plus, ni moins et la Bible - comprenez le Pentateuque, la Tora - explicitement au moins ne parlait pas de Résurrection. Alors ils viennent et tournent Jésus en dérision avec cette affaire saugrenue et toute virtuelle de cette femme mariée sept fois. Jésus, lui, répond en redisant la fidélité de Dieu, et son amour, et son projet de bonheur et de vie pour l’homme. Si Dieu est ce qu’on en dit, si Dieu est ce qu’on en vit, comment abandonnerait-il l’homme à la mort ? A l’idée même de Dieu, en tout cas d’un Dieu Père de bonté, est radicalement liée celle d’un avenir autre, même si ni Jésus, ni forcément moi, ne pouvons en dire grand-chose…

Mais revenons aux rieurs. Ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui car les armes et les tactiques n’ont guère changé et elle gronde sans cesse autour de nous la sournoise ironie. Et les affaires diverses et variées sur lesquelles je ne veux pas revenir n’ont fait qu’amplifier la chose : quand l’ironie se change en colère… à juste titre parfois, à tort parfois aussi, mais ça c’est une autre histoire… Revenons à l’ironie du quotidien, celle qui nous regarde vivre à contre-courant et se moque de notre naïveté évangélique. Notre vocation serait-elle celle du martyre ? Pourquoi échapperions-nous au sort même de Jésus ?! Vocation, martyrs ? Pas d’abord pour mourir s’entend, ni même pour souffrir mais pour témoigner. Faut-il nous rappeler que le mot (martyr) ne signifie originellement que cela : « témoin ». Et ce qui fait l’originalité des témoins du Christ à travers les lieux et les âges c’est que – comme les Maccabées, leurs ancêtres dans la foi au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob – les témoins du Christ sont allés souvent jusqu’au bout de leur parole quand l’adversaire, lui, allait jusqu’au bout de ses persécutions. Nous n’en sommes pas là ici et maintenant : ici ce n’est ni Tibéhirine, ni l’Iraq… Et pourtant, sans aller donc jusqu’à de telles extrémités, il faut le redire : rien à faire, être chrétien – l’être vraiment ! Pas du bout des lèvres, mais à plein cœur et à pleine vie ! – c’est sortir du lot. Choisir l’Evangile comme ligne de conduite, les béatitudes comme règles de vie et Jésus comme guide et modèle, c’est forcément opter pour le contre-courant et s’exposer aux vagues et aux remous… et aux sadducéens rieurs !

Qu’y faire ? Tenir bon. Demeurer fermes dans la foi. Comment ? D’abord en creusant en nous la foi, qui n’est somme toute pas si idiote que d’aucuns le laissent entendre : nous avons des raisons, nous avons de bonnes raisons de croire ce que nous croyons. « Soyez toujours capables, écrit saint Pierre, de rendre compte de l’espérance qui est en vous. » Creuser en nous la foi donc, et puis nous soutenir mutuellement ! La communauté chrétienne et le rassemblement dominical qui la soude ne sont un luxe par les temps qui courent. Comme le disent ces chrétiens de la première génération, arrêtés en Afrique et condamnés pour leur foi : « Nous ne pouvons pas ne pas nous rassembler » c’est vital, c’est une question de vie ou de mort pour la foi ! Et puis enfin, face aux rieurs, j’ai envie de rire aussi… non pas d’eux, entendez-moi bien !, mais comme eux. Parce que la foi me fait sourire, parce que l’amour de Dieu me rend heureux. Tant que les rieurs n’auront devant eux que des ronchons, grognons et tristes sires, ils continueront de s’esclaffer. Mais si nos yeux et nos cœurs reflètent un quelque chose du sourire du Dieu d’humour, alors, peut-être se mettront-ils à rire avec nous…

Olivier W.Yvon BellefroidAu temps de Jésus, la foi en la « résurrection » est encore toute neuve et était loin d’être partagée par tous… comme encore aujourd’hui… Les pharisiens y croyaient mais pas les sadducéens. Et on pouvait être un bon juif sans y croire.Le culte des morts reste un critère pour déceler la présence d’êtres humains et pas simplement d’animaux, lorsqu’on découvre des restes très anciens. Ce culte n’implique pas une foi en la résurrection, mais exprime un respect de la vie et de la mort.A la Toussaint, bien des personnes, croyantes ou non, sont allées fleurir les tombes des proches.Alors que les journées sont souvent grises et, en tout cas, de plus en plus courtes ; alors que l’hiver est à nos portes, chrysanthèmes, bruyères, pomponnettes et autres font de nos cimetières les jardins les plus fleuris… Comme un défi pour dire que la couleur et la lumière ne se laisseront pas vaincre par le froid et la nuit. Nous avons mis plein de vie dans les jardins de la mort !C’est une manière, en tout cas, d’exprimer que notre propre vie, ce n’est pas nous qui nous la sommes donnée ! Elle vient de plus loin que nous, elle nous a été donnée par ceux qui nous ont précédés. Notre vie, elle est à nous… et pourtant, elle vient d’ailleurs… Des croyants font alors ce pas de dire : ne pourrait-elle aboutir ailleurs ?Sur ce point, Jésus marque son accord avec les pharisiens qui utilisent un mot tout récent : « résurrection ». D’accord, dit Jésus : le dernier mot de la vie appartient à Dieu. Dieu fidèle, Dieu vivant. Et Dieu EST Dieu des vivants, fussent-ils morts depuis des siècles, comme Abraham, Isaac, Jacob ou Moïse.Mais, ajoute Jésus, cette foi ne peut pas nous conduire à des situations ridicules, comme celle inventée par les sadducéens de la femme aux 7 maris !51

N’essayez donc pas de vous faire une idée de ce « monde à venir » et, encore moins, n’extrapolez pas de vos situations personnelles pour inventer et imaginer le « comment » de la résurrection. Elle n’est pas une « survie », mais une « autre » vie, une renaissance…On pourrait dire – mais cela n’est encore qu’une image – que la différence entre la vie sur terre et la vie après la vie est du même ordre que la différence entre la chenille et le papillon : c’est le même être qui continue, mais c’est une toute autre vie !Peut-être bien que, quand Jésus nous souhaite « un cœur d’enfant », il veut simplement nous souhaiter un cœur confiant ? Avec un Dieu d’Amour, de fidélité, d’Alliance, on peut dire : « Ne te tracasse pas, tu sauras plus tard comment ce sera. Et ce sera mieux encore que tout ce que tu auras essayé d’imaginer… Fais confiance… »Cette confiance, cette foi, pour autant, n’est pas benoîte, ne nous laisse pas à ne rien faire ;Jésus nous invite donc à « re-susciter » dès maintenant. Toutes les rencontres, tous les signes qu’il fait ne sont-ils pas des invitations à nous remettre debout et à nous ouvrir à un nouvel avenir ?Alors, les malades se relèvent : des exclus et des lépreux sont réintégrés ; des paralysés se remettent à marcher ; des pécheurs redémarrent en nouveauté de vie ; des riches se mettent à partager ; des aveugles regardent les autres et des sourds se mettent à écouter leurs frères et sœurs…Et ça aussi, c’est une fameuse « résurrection » !La résurrection pour plus tard ? Oui, sûrement, et je fais confiance à Jésus qui me le dit.Mais aussi la résurrection pour maintenant, qui me fera vivre autrement.

Prière Eucharistique: "Dieu des vivants" ( 32 ord c)

Cél. Béni sois-tu Seigneur, toi le Dieu des vivants,le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.

Ts. Dès avant la création,tu as voulu faire de nous des vivantsnon pas seulement pour un tempsmais pour partager avec toi ton éternité.

Cél. Tu nous as appelés à naître, à renaître, à ressusciteret tu nous as donné de porter avec toi le monde à son achèvement.

Ts. Béni sois-tu de nous avoir invités à ta vieen faisant de nous des filles et des filscapables sous l'impulsion de ton Espritde prendre en main leur destinée.

Cél. C'est pourquoi, avec tous les vivants du ciel et de la terrenous aimons t'acclamer et proclamer:

Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers ...

Cél. C'est à une merveilleuse et grande histoire d'amour que tu nous as conviés. Par notre seule raison humaine, nous ne pouvons en saisir toute la beauté ni toute la grandeur

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Ts. La vie de ressuscité, la vie en plénitude,nous pouvons déjà en faire l'expérience ici-bas car tu en as déposé le germe en nous.

Cél. Comme tu as répandu le souffle de ton Esprit sur la création envoie le aujourd'hui encore sur ton peuple rassemblé et sur ces offrandes, pour qu'elles deviennent corps et sang de Jésus, sacrement de la vie éternelle et signe de la résurrection.

La veille de sa passion et de sa mort, Jésus rassemblant ses amis autour de la table pour un dernier repas, prit le pain, le rompit et le leur donna en disant: "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous."De même à la fin du repas, il prit la coupe, de nouveau il rendit grâce et la donna à ses disciples en disant: "Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi."

Cél. Ce mystère est si grand, Seigneur, que nous ne pouvons y accéder que par la foi et la confiance et par la grâce de ton Esprit.

Ts. Cette eucharistie nous rappelle que déjà maintenant, à l'exemple de Jésus, il nous faut vivre en ressuscité, en relevant les écrasés d'aujourd'hui qui, dans leur fragilité, succombent sous le poids de leurs échecs et de leurs détresses.

Cél. Nous te prions, Seigneur, pour tous ceux qui détiennent l'autorité dans le monde et dans l'Eglise.Qu'ils ne l'utilisent pas, même inconsciemment, pour raffermir leur pouvoir, mais pour être davantage au service de leurs frères.

Ts. Nous te prions pour tous ceux qui nous ont précédés dans la résurrection. Puissions-nous trouver en eux le soutien dont nous avons besoin

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pour continuer la route avant de les rejoindre dans la vie en plénitude.

Cél. Permets-nous enfin, Dieu très bon, d'inaugurer modestement peut-être, ce monde merveilleux auquel tu nous destines depuis toute éternité.C'est pourquoi, unissant nos voix à tous ceux qui sont passés définitivement de la mort à la vie nous proclamons ensemble:

Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père très aimant dans l'unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.

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