LES NUMERIQUESDate : OCT 17Périodicité : BimestrielJournaliste : ÉTIENNE THIERRY-AYMÉ

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trottienvahila ville

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De plus en plus performants, les enginsde déplacement personnel (EDF)bouleversent nos modes de transport.La plupart atteignent sans peine30 km/h, certains poussent despointes à 50 km/h! Les gyrorouespeuvent parcourir jusqu'àIOU kilomètres sans devoir êtrerechargées; de l'aveu même desutilisateurs, ce sont leurs jambes quiflanchent en premier... Sur les trottoirsou les pistes cyclables, on croisetous les jours de drôles de silhouettesde centaures montés sur roue oudes jeunes cadres arc-boutés sur leurtrottinette, portable en bandoulière.La micromobilité est tout sauf unemode, c'est une vague de fond quichange tout: le visage de nos cités,les plans de circulation, la cohabitationentre usagers du bitume, jusqu'auquotidien des adeptes de ces drôlesd'engins. Pour comprendre cesnouveaux enjeux, nous avons enquêteau cœur des villes. Quel est le prix,la maniabilité et la garantie de sécuritédes EDF? Nous avons demandeaux utilisateurs pourquoi ils avaientadopté de nouveaux modes dedéplacement et comment ils avaientsurmonté leurs appréhensions.Aujourd'hui, ils s'en réjouissent.

DOSSIER RÉALISÉ PAR ÉTIENNE THIERRY AYMÉ

(TESTS REALISES PAR REMI JACQUET ET BRUNO LABARBERE)

PHOTO DOUVERTURE JESSE ANDERSON

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LA MDB LITE,UN DÉFI URBAIN

Les engins de déplacement personnel se fraient un chemin entre les piétonset les vélos, mais ont-ils vraiment leur place dans la ville? Jadis, le principe

était simple: aux véhicules, la chaussee; aux marcheurs, le trottoir. Désormais,élus et pouvoirs publics doivent repenser les règles de circulation.

P etits moteurs, grands problèmes5 Nitout a fait interdits, m absolumentautorises, kb EDF déferlent sur kbvoies urbaines, maîs leur usage n'est

pas encore réglemente Quelle doit etre leurvitesse maximale'' La (.haussée leur ebi elleproscrite ? Ces nouveaux objets roulants inter-rogent notre relation a l'espace public

Annoncées en juillet 2017 par le president de la Republique, Emmanuel Macron,les Assises de la mobilite ont ete lancées le19 septembre Elles devraient aboutir a une loi

d'orientation début 2018 Un groupe de travailinterministériel a ete constitue, reunissant desmembres de la Securite rouùere, de la direclion generale dcs Entrepnses (DGE) auprèsdu ministere de I Economie < ainsi que desrepresentants d'associations d usagers du trottoir-par exemple des personnes a mobilite réduiteou de cyclistes » précise Pierre ToulouseAdjoint de k coordmatnce interministériellepour le developpement de la marche et del'usage du velo, il nous rappelle que des reglesde circulation existent déjà « Quand un engin

n est pas immatricule, il n'a pas le droit de rou-ler sur la chaussee » Qu'en est il des trottoirs?

«Sans moteur les EDF, comme les skates et lestrottinettes, sont assimiles aux piétons, donc a cetitre ont le droit dj circuler » Et avec un moteur,alors ? C'est la que ça se corse « On ne sait pasou ils doivent rouler ' poursuit Pierre ToulouseCar même si on les tolère sur les trottoirs, en droit

la tolérance n'existe fas Doivent-ils emprunter

les pistes cyclables ? Tous les cyclistes ny sont pasfavorables Et s ils restent sur les trottoirs, quiddeleur vitesse pour garantir la securite des piétons ?Doit-on la brider? Bref cela parait simple surle papier, ça lest moins dans la réalité Les arbi-trages ne sont pas encore rendus, man on devraits orienter vers une solution de compromis >Peut-être s'agrra-t-il d'entériner les pratiquesexistantes circuler sur les pistes cyclables ourouler a allure modérée, environ 6 km/h, burles trottoirs Avec sans doute une latitude laissee aux maires des différentes communes

En parallèle, afin de guider les consomma-teurs dans leur choix, lorganisme de normalisation Afnor travaille a la mise en place d'unehomologation pour ces nouveaux engins Sesconclusions sont attendues d'ici a la fin 2018Qu'il s'agisse de reglementation ou de norme,les principaux acteurs du secteur comptentbien peser dans les decisions La toute nouvelle Federation professionnelle de la micromobilite (FPMM) regroupe déjà les marquesQxelo (filiale de Decathlon spécialisée dans laglisse urbaine), Micro Mobility, Eco Riderset Revoe L objectif, selon Jocelyn Loumeto,secretaire de la FPMM, est de «représenter lesecteur face aux pouvoirs publics» Ce qui passeranotamment par la production d'un indicateurdes ventes, promis pour la fin de l'année

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MICROMOBILITè,SDF... Quèsaco?Qu'on l'appelle micromobilité, mobi-lité douce, légère, ou encore « modeactif», il n'existe pas de définitionofficielle pour ce nouveau modede déplacement urbain. Ni pourles EDF, auxquels on ajoutera par-

fois le préfixe e- pour électrique,soit e-EDP. Selon Guillaume Ficat-Andrieu, en charge des mobi-lités urbaines chez Systra, lesEDF regroupent les «trottinettes

électriques, les ftoverboards, (esgyroeoues et gyropodes, à l'exclu-sion des vélos électriques, pliantsou non. J'utiliserais le terme de"glisse urbaine" ou de "piéton aug-menté"». À vous de choisir!

Pas facile en effet d'obtenir des chiffres qui

tiennent la route Le tres enthousiaste Isaac

Boum, cofondateur de la societe Weebot,

pronostique «200000 hoverboards et 150000

trottinettes electriques vendus cette annee», tan-

dis que d autres, en off, se contenteraient bien

de 30000 ventes de leurs produits Même

flou cote usage «Nous ne disposons pas d'étude

concernant les reports venant des autres modes de

transport», explique David Maubert, direc-

teur des services de déplacements de Nantes

Metropole Les seuls chiffres connus sont

ceux publies, en juin 2016, par les cabinets

Chronos et ObSoCo, qui se sont associes pour

creer l'Observatoire des usages émergents de

la ville A l'époque, on était encore lom du

raz de maree 1,5% des Français déclarent

avoir utilise une trottinette, electrique ou non,

au cours du dernier mois, 2%, un objet de glisse

urbaine, electrique ou non skateboard, hover-

board, gyroroue », précise Laurent Barelier,

chef de prefet chez Chronos Parmi les usa-

gers, ll note < une surrepresentatton des moins

«TOUTES LES VILLESCHERCHENT A

DIVERSIFIER LES MODESDE DÉPLACEMLENT»

de 35 ans, qui vivent dans des agglomérations

déplus de 100000 habitants" On s'en doutait

Pour l'instant, « nous sommes encore dans le res-

senti, la perception» soukgne Guillaume Ficat-

Andneu, specialiste des mobilités urbaines a la

direction du conseil de Systra Cette entreprise

aide les collectivites a mettre en place leur plan

de deplacement urbain (PDU), pour la gestion

du transport, de la circulation et du stationne-

ment Un document obligatoire pour les com-

munes de plus de 100000 habitants, les plus

concernées par la micromobilite

Les villes commencent tout juste a prendre

en compte le phénomène «Cest un sujet

dont on parle entre agglomérations, confirme

David Maubert, de Nantes Metropole Toutes

cherchent a diversifier les modes de deplacement »

Ainsi, I utilisation des EDF est perçue comme

complementaire aux transports existants, indi-

viduels ou collectifs, «pour rejoindre les autres

moyens de transport ou parcourir le demier kilo-

metre», poursuit Guillaume Ficat-Andneu

Reste que ces usages sont encore «tres,

ntaires Même si on a le sentiment de voir

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déplus en plus dengins de ce type, insiste David

Maubert En fait, on a surtout déplus en plus de

velos et de velos electriques >

Ce qui n'empêche pas les villeb d'expen

menier A Nantes, l'agglomération réfléchit

a mettre en place un systeme de consignes

pour les EDF Au Mans, des trottinettes sont

disponibles en libre-service en centre-ville, a

la maniere du Velib' Même chose a Saint

«NOUS ATTENDONS UNCADRE LÉGAL POUR

SAVOIR OÙ CES ENGINSDOIVENT CIRCULER»

Denis ou, depuis aout la SNCF expérimente

des trottinettes connectée*: en libre service sur

le parvis de la gare du RER D Pas de dogme,

maîs des constatations tres pragmatiques

«En centre-ville, nous n avons pas d autre solu-

tion que de partager la voie, explique François

Bonneau, en charge des mobilités douces a la

maine d'Agen On ne peut pas fan e une piste

pour chacun Nous devons reeqmhfa el I espace au

profit des plus fragiles En centre-ville, on a tres

peu d accidents, cest autre chose a I exterieur les

pistes réservées aux velos et a ces nouveaux engins

deviennent nécessaires Le Nantais David

Maubert poursuit la reflexion Nous attendons

surtout que le cadre legal soit éclaira pour savoir

ou les EDF doivent circuler »

Les principaux interesses, les usagers,

ont déjà un début de réponse aux interro-

gations des édiles Souvent, c'est le cas de

force majeure qui impose la regle < A Pans,

aux heures de pointe, mieux vaut circuler sur

les pistes cyclables pour eviter les piétons tou-

jours imprévisibles lorsqu ils ont un portable

en main», conseille Olivier Pavie, utilisa-

teur d une gyroroue Quant \ Antoine Alby,

campe sur son skate electrique il emprunte

souvent les couloirs de bus Trottoirs ou

pistes cyclables, le problème reste le même

comment partager au mieux les voies? »

Le deuxieme salon de la mobilite urbaine,Autonomy, se tient s Paris, a la Grande Halle de

la Villette, du 19 au 21 octobre 2017 Plus d'in-

formations sur autonomy paris

«SUIS-JE ASSURÉ?»Peut-être ben que oui, peut-être

ben que non Les assureurssemblent, eux aussi, attendre desavoir sur quel pied danser avant

de proposer des polices spécifiques

aux usagers de ces nouveaux engins

«ll est un pea tôt pour disposer

de chiffres sur l'acadentologie»,souligne Pierre Toulouse, du

ministere de la Transitionecologique Pour rouler tranquille,

le mieux est sans doute d'interrogervotie compagnie d'assurance, annde savoir comment et surtout si

vous êtes couvert, notamment par

votre responsabilite civile Certainesmarques ont trouve la parade

en proposant une assurance lorsde l'achat C'est le cas pour une

draisienne Lehe dont l'usager

peut être assure par Generali