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Trouver sa place dans la fratrie 1

Trouver sa place fratrie - jacquesboulanger.com · Il était une fois un pauvre meunier qui ... Il suffit de regarder un livret de famille pour s'en convaincre : au début, une fratrie,

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Trouver sa place dans la fratrie

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Le chat botté

Il était une fois un pauvre meunier qui avait trois fils …

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Il était une fois, voici bien longtemps, un pauvre meunier qui avait trois fils.Les deux ainés étaient très paresseux, mais le plus jeune travaillait dur. À sa mort, le meunier ne laissa à ses enfants que son moulin, son âne et son chat. L'aîné reçut le moulin, le cadet, l'âne et le benjamin n'hérita que d'un chat. Ses frères l'auraient probablement noyé.Les aînés s'empressèrent de vendre le moulin et l'âne. Et, comme ils ne travaillaient pas, ils eurent vite dépensé tout leur argent.Le plus jeune se désolait : "Que ferais-je avec ce matou ?Je pourrais me confectionner des gants avec sa fourruremais celà ne m'empêchera pas de mourir de faim".Le chat qui avait d'autres projets prit la parole :"Vous avez tort de vous plaindre, mon bon maître!"lui dit le chat, à sa grande surprise."En échange de ce que vous avez fait pour moi, je vous apporterai le bonheur ! Donnez-moi seulement un sac et une paire de bottes, et je ferai votre fortune !". !

Le Petit Poucet

Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants …

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Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons ; l'aîné n'avait que dix ans, et le plus jeune n'en avait que sept. On s'étonnera que le bûcheron ait eu tant d'enfants en si peu de temps ; mais c'est que sa femme allait vite en besogne, et n'en avait pas moins de deux à la fois. Ils étaient fort pauvres, et leurs sept enfants les incommodaient beaucoup, parce qu'aucun d'eux ne pouvait encore gagner sa vie. Ce qui les chagrinait encore, c'est que le plus jeune était fort délicat et ne disait mot. Il était fort petit, et, quand il vint au monde, il n'était guère plus gros que le pouce, ce qui fit qu'on l'appela le petit Poucet. Ce pauvre enfant était le souffre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours tort. Cependant il était le plus fin et le plus avisé de tous ses frères, et, s'il parlait peu, il écoutait beaucoup. Il vint une année très fâcheuse, et la famine fut si grande que ces pauvres gens résolurent de se défaire de leurs enfants. Un soir que ces enfants étaient couchés, et que le bûcheron était auprès du feu avec sa femme, il lui dit, le coeur serré de douleur : " Tu vois bien que nous ne pouvons plus nourrir nos enfants; je ne saurais les voir mourir de faim devant mes yeux, et je suis résolu de les mener perdre demain au bois". Le petit Poucet ouït tout ce qu'ils dirent, car ayant entendu, de dedans son lit, qu'ils parlaient d'affaires, il s'était levé doucement et s'était glissé sous l'escabelle de son père, pour les écouter sans être vu. Il alla se recoucher et ne dormit point du reste de la nuit, songeant à ce qu'il avait à faire. Charles Perrault, Le petit poucet

Cendrillon

Il était une fois un homme qui avait une belle maison et une ravissante fille … Pour lui faire plaisir, il épousa une veuve qui avait deux filles …

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Il était une fois un brave homme qui vivait dans un pays lointain. Il avait une belle maison et une ravissante fille. Il lui donnait tout ce qu'il pouvait. Alors pour lui faire plaisir, il épousa une veuve qui avait deux filles. Ainsi avec une nouvelle maman et deux soeurs sa fille aurait tout pour être heureuse. Mais hélas, le brave homme mourut peu après. Tout changea pour la fillette. Sa belle-mère n'aimait que ses deux filles, Anastasia et Javotte, égoîstes, laides et méchantes. Sa marâtre qui était fort méchante, lui confia des tâches les plus rudes, la faisait coucher au grenier et la malmenait sans cesse. Les filles de la méchante femme traitaient Cendrillon plus mal encore. Charles Perrault Contes mettant en scène la solidarité fraternelle : • Les rois petits cochons qui s'entraident ... (Grimm) • Hansel et Gretel

Ordre chronologique et ordre symbolique

• Une fratrie, c’est d’abord un ordre chronologique

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Il suffit de regarder un livret de famille pour s'en convaincre : au début, une fratrie, c'est un ordre chronologique. Les dates de naissance se succèdent. Cet ordre dû au hasard de la succession dans le temps et de l'affectation des prénoms devient vite, tandis que se déroule l'histoire familiale, un ordre symbolique, une sorte de structure implicite de la famille dans laquelle les enfants se trouvent pris comme malgré eux. On sait combien ces places dans la fratrie ont joué, dans l'histoire des hommes, un rôle social, économique, juridique. Que l'on pense au droit d'aînesse, à la répartition féodale (l'aîné militaire, le cadet religieux), aboli par la Révolution en 1792. Cet ordre symbolique a laissé des traces dans la famille contemporaine.

Le premier enfant fait les conjoints parents

"L'homme qui a été l'indiscutable

préféré de sa mère garde toute la

vie durant le sentiment d'être un

conquérant, et une confiance dans

le succès qui souvent mène au

succès réel" !

Sigmund Freud !6

Une famille commence à la naissance de l'aîné. L'aîné est l'enfant qui rend des conjoints parents. C'est le premier né d'une femme. Dès qu'il pleure, elle va voir. Il est surinvesti, surtout si c'est un garçon, tant qu'un second n'arrive pas. "L'homme qui a été l'indiscutable préféré de sa mère garde toute la vie durant le sentiment d'être un conquérant, et une confiance dans le succès qui

souvent mène au succès réel" Freud . De sa femme, Martha, épousée en 1886, Freud eut six enfants, Mathilde, Martin, Oliver, Ernst, Sophie et Anna, autant de prénoms choisis en hommage à des personnes chères (pour les filles) ou à des savants admirés (pour les garçons). Cf. « Lettres à ses enfants » de S. Freud, Ed. Aubier

Quand arrivent les autres

« Chacun en a sa part et tous l’ont toute entière » !

!

Victor Hugo, Les feuilles d’automne,

L’amour d’une mère, 1831

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Quand arrivent les autres, que la famille s'élargit, cette femme devenue mère partage son temps entre ses enfants. Comme dit Victor Hugo (Les feuilles

d'automne, L'amour d'une mère, 1831. ) : "Chacun en a sa part et tous l'ont toute entière".

Du moins tant que le nombre des enfants reste raisonnable ; dans les familles très nombreuses, à propos d'amour maternel, le risque est parfois l'inverse : "Aucun n'en a sa part et tous en ont manqué". Il y a beaucoup moins de familles de plus de six enfants, où les aînés étaient de véritables substituts parentaux ; aujourd'hui, dans les fratries de deux ou trois, les frères et sœurs sont avant tout des rivaux. La fratrie à deux enfants, presqu'une norme aujourd'hui, rend cette rivalité encore plus intense, surtout si les deux sont de même sexe. Victor Hugo eut cinq enfants : Léopoldine, François-Victor, Léopold, Adèle, Charles

L’aîné

• Enfant unique!

• Bébé choyé!

• Responsable!

• Privilèges!

• Conservateur!8

Les rôles dans la fratrie Donc, un ordre symbolique qui risque d'enfermer les enfants dans un rôle s'ils ne réagissent pas, ce qui se passe souvent à l'adolescence. • L'aîné L'aîné est celui qui fait ses parents devenir parents. C'est le seul qui a été enfant unique : c'est le seul à vivre un amour parental exclusif et ceci peut exacerber son narcissisme. Il fut souvent un bébé choyé, et sera plus tard formaté pour être responsable des petits quand les parents ne sont pas là. Il risque de s'auto-mandater responsable même quand les parents sont là. Installé trop tôt en position de gardien des petits, il risque de se couper prématurément de son enfance. Certains auteurs ont pu dire que les aînés devenaient conservateurs, préférant l'ordre établi, n'aimant pas que les choses changent. L'aîné a des privilèges, se coucher plus tard, sortir. Exemple : le Nutella du petit neveu

Le cadet

• Rivaliser avec l’aîné!

• Combatif!

• Syndrome d’Iznogood!

• Entrepreneur

Fotolia

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• Le cadet Le cadet est les plus combatif parce que c'est lui qui a le plus de difficulté à trouver leur place. Il doit conquérir sa place, rivaliser avec l'aîné, vouloir être le premier. Il deviendrait chef d'entreprise, plein d'initiatives. Il peut être piégé par "le syndrome Iznogood" : vouloir prendre la place du premier et s'épuiser dans une quête de reconnaissance parentale jamais satisfaite.

Le benjamin

• Le petit dernier!

• Tolérance éducative!

• Peu de responsabilités!

• Le « bébé de la famille »!

• Clown!

• Moins combatif!

• « Suis-je un accident ? »!10

• Le benjamin Le petit dernier est le chouchou, et le reste. Il a profité d'une plus grande tolérance éducative de la part des parents et est moins discipliné. On lui donne peu de responsabilités. Signifiant à sa mère la fin de ses maternités, il reste le "bébé de la famille". Pour attirer l'attention des parents, des autres frères et sœurs, il choisit parfois de faire le comique, le clown. Il serait moins armé pour affronter la rivalité de la vie sociale, la compétitivité, l'exigence de performance. Parfois, s'il est arrivé tard, dans ses moments tristes, il peut-il se demander : "Suis-je un accident ?" ; il peut alors s'enfermer dans la conviction de n'avoir pas été désiré.

Des enfants tous différents

• Sortir des rôles assignés!

• Aucune place plus propice à la réalisation de soi!

• Attention aux étiquettes !!

• Comment positiver les différences ?

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Des enfants tous différents Mais tout ceci n'est qu'ordre symbolique, donc pas réel : il revient à chaque enfant de sortir de ces rôles assignés qui ne sont pas une fatalité et d'affirmer son originalité, sa différence. Aucune place, dans la fratrie, n'est plus propice qu'une autre à la réalisation de soi. Se figer dans un identification trop forte à un rôle assigné par l'ordre dans la fratrie comporte le risque de ne pas exploiter toutes les facettes de sa personnalité. Il y a des familles où les enfants ont des étiquettes, "le distrait", "le maladroit", "l'artiste", "l'intellectuel" ... qui font souffrir et durent toute la vie. Comment positiver ces différences ? !Photo : http://lejournaldevictorhugo.eklablog.com/la-semaine-des-droits-des-enfants-du-18-au-22-novembre-2013-a103292233

Des gènes et des humeurs

• Caractères différents!

• Loterie génétique!

• États d’âme des parents!

• Autres adultes!12

Des gènes et des humeurs Car les enfants sont différents, de tonus, de tempérament, de caractère, de personnalité et là est la vraie différence entre eux, finalement, bien plus que l'ordre des naissances. Les parents remarquent ces différences, et s'y adaptent. Ils ont intérêt à garder leurs comparaisons secrètes, à ne pas trop dire : "Pourtant, on les a tous élevés ensemble". Comme s'ils devaient, sortant du même moule, être identiques. Ce serait oublier la loterie de la génétique, le fait que les frères et sœurs ont des combinaisons de gènes non-identiques. Ce serait oublier que la chronologie des naissances, c'est aussi celle des états d'âme de la mère, de possibles passages dépressifs, de tensions conjugales, de deuils familiaux ; ce serait oublier l'influence que d'autres adultes ont sur les enfants, oncles, tantes, professeurs, entraîneurs sportifs ... !Photo des gènes : http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/genes-maternels-et-paternels-ne-sont-pas-a-egalite_923539.html Photo dépression : http://abonnes.lemonde.fr/week-end/article/2011/04/29/quand-les-maladies-des-parents-hantent-leurs-enfants_1512790_1477893.html | Gabriella Giandelli !

Ce qui bouscule la fratrie

• Différences affectives, intellectuelles!

• Caractères difficiles!

• Puberté!

• Enfant handicapé!13

Ce qui bouscule la fratrie Les enfants sont ensuite différents dans leurs intérêts, dans leurs capacités affectives, intellectuelles, les caractères difficiles. Et l'ordre dans la fratrie peut se trouver remis en question par l'arrivée de la puberté : celui-ci qui jouait avec les petits, devenu pubère, va aller avec les grands. Et puis, dans une fratrie, peut surgir un jour une différence radicale : un enfant handicapé, trisomique, déficient mental, infirme moteur cérébral ... Une présence qui va plomber l'atmosphère familiale, creuset des émotions de chacun. Une présence à laquelle chacun s'adaptera avec ses moyens propres. Peut-être qu'ici les enfants s'adaptent plus vite que les adultes. !Photo puberté : http://www.maxicours.com/soutien-scolaire/svt/4e/14345.html Enfant handicapé : http://www.ieb-eib.org/fr/bulletins/handicap-appel-a-projets-fd-n-4-don-dorgane-110.html

Rivalités

• Conflits!

• Compétition!

• Défendre son territoire!

• Principe de réalité

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La rivalité entre frères et sœurs Trouver sa place dans la fratrie, c'est souvent guerre et paix, une suite incessante de conflits et d'apaisement dans la compétition pour l'amour parental et la défense de son territoire. La rivalité entre les enfants est forte et avoir des frères et sœur fait grandir plus vite dans la mesure où le principe de réalité s'impose assez vite tous les matins autour de la salle de bain et du petit déjeuner. Il y a une quotidienne compétition pour défendre son territoire. Trouver sa place, c'est, ici, à la fois garder la plus grande dans l'amour des parents, et défendre son espace privé. !!Photo dispute : http://www.google.fr/imgres?client=safari&sa=X&rls=en&biw=1498&bih=851&tbm=isch&tbnid=dmlBhWiRw3adCM%3A&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.mamanmaroc.ma%2Fla-rivalite-entre-freres-et-soeurs%2F&docid=YnPSSUz4hY94TM&imgurl=http%3A%2F%2Fwww.mamanmaroc.ma%2Fwp-content%2Fuploads%2Frivalite-freres-et-soeurs.jpg&w=508&h=337&ei=zWYLU9LFNYmN0AXGz4CoBQ&zoom=1&iact=rc&dur=1354&page=1&start=0&ndsp=35&ved=0CGAQrQMwAw

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Frères et sœurs, liens mouvants

• « Je te déteste ! »"

• « Je t’adore »"

• Conflits de générations entre enfants!

• Guerre des sexes!15

Une ambivalence normale En psychologie, ce mouvement incessant d'amour et de haine est appelé "ambivalence". Je dis "haine", pour bien faire la distinction avec "agressivité".

L'enfant, et c'est normal, traverse de vrais moments de haine, d'hostilité forte, qui le font mordre à un an, taper à deux ans, griffer à quatre ans, s'ennuyer à sept ans, bouder à quatorze ans. L'agressivité est plutôt le sentiment positif de celui qui veut être le meilleur, sous réserve qu'il n'en profite pas pour écraser les autres, ce qui est souvent le cas des enfants dits "intellectuellement précoces". Il y a donc de vrais "conflits de générations" entre enfants, entre les grands et les petits, et même une "guerre des sexes" parfois, entre filles et garçons ("Les blondes !" dit-on au collège).

Attention aux plus faibles !

• Rôles trop fixés!

• Persécuteur/victime!

• Souffrances d’enfants qui ressurgissent plus tard!

• Autorité qui protège!

• Traiter le fond du conflit!16

Attention aux plus faibles ! Ces turbulences fraternelles sont normales pourvu qu'elles soient changeantes, qu'ici aussi des rôles ne soient pas fixes, comme, par exemple, un enfant persécuteur d'un plus jeune qui devient victime. Il faut être attentif aux manifestations d'hostilité entre frères et sœurs qui deviennent systématiques, toujours à sens unique. Beaucoup de parents ne voient pas qu'un de leurs enfant est martyrisé par un plus grand (Cf. les voisins). Ces souffrances non traitées dans la fratrie ressortiront plus tard, quand les parents seront âgés, voire au moment de la succession. Je me souviens d'une phrase de maman : "C'est le plus intelligent qui cède !". Ce genre de formule moralisatrice oublie une chose : quand il y a un conflit entre enfants, l'adulte doit y mettre son nez et trouver où est le fond du problème. Il ne doit pas évacuer le problème avec de telles phrases toutes faites. Il s'agit de trouver le responsable et éventuellement de le punir s'il a enfreint un interdit formulé par les parents. L'autorité des parents doit être légitime, interdictrice, mais aussi protectrice des plus faibles. S'il n'est pas conseillé de punir à chaud, il ne faut pas éliminer trop vite la raison du conflit mais savoir y revenir en présence du conjoint si l'affaire est grave. !Photo : http://phytopediatrie.com/1/post/2013/03/les-vomissements-periodiques-ou-crise-dactone-chez-lenfant.html

Influence de l’histoire des parents

• Modèle ou anti-modèle!

• Influence sur la confiance entre frères et sœurs

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L'histoire que les parents ont vécue avec leurs frères et sœurs La façon dont les parents gèrent les liens à l'intérieur de la fratrie est aussi fonction de leur histoire de frère ou de sœur. L'histoire que l'on a vécue avec ses propres frères et sœur influence bien sûr les parents, mais aussi les enfants car elle peut servir de modèle, ou d'anti-modèle. Il y a là une transmission générationnelle qui peut déterminer le niveau de confiance de base entre frères et sœurs. !Photo : http://navetoncinema.canalblog.com/archives/2013/05/25/26662248.html (les 400 coups de Truffaut)

Secrets de famille

• Liens faussés!

• L’aîné peut être ciblé à la place des parents!

• Désaveu des interdits fondamentaux!

• Blessure psychique!18

Secrets de famille Les liens dans la fratrie peuvent s'en trouver faussés. Par exemple, s'il y a un secret de famille à la génération du dessus, la confiance des enfants envers les parents peut en pâtir, et cette défiance s'exprimer contre un frère ou une sœur aîné, devenu substitut parental de l'hostilité. À propos de secrets de famille, les causes en sont le plus souvent une histoire sexuelle cachée, un suicide masqué, une adoption camouflée. Cacher à la fratrie un événement familial significatif, c'est une façon de désavouer les interdits fondamentaux que les parents sont chargés de transmettre à leurs enfants : l'inceste et l'homicide. Dès que les enfants sont en âge de comprendre, c'est-à-dire dès qu'ils posent des questions précises sur l'histoire de la famille, ou sur leur propre origine, les adultes ont intérêt à appeler un chat un chat et à clarifier ce qui semble obscur dans la tête de l'enfant. Découvrir trop tard, ou indirectement, un tel événement provoque une blessure psychique grave et va retentir sur les liens à l'intérieur de la fratrie.

Malaises et solidarité

• Entre hostilité et retrouvailles : « Je vais le tuer ! »!

• Entre dépression et idéalisation : « Je n’ai pas demandé à venir au monde »!

• Solidarité fraternelle!19

Malaises entre frères et sœurs Une fratrie, ça évolue entre hostilité et retrouvailles. On peut parfois entendre des paroles comme "Je vais le tuer". Selon l'âge de l'enfant qui dit cela, on relativise ou on prend ceci très au sérieux : d'un fantasme normal de la petite enfance, cela peut devenir un passage à l'acte de l'adolescence, un parricide détourné. Ça évolue aussi entre dépression et idéalisation. Grandir est une épreuve et expose à des moments de découragement. On entend parfois des enfants tristes, des adolescents en malaise, dire "Je n'ai pas demander à venir au monde". Personnellement, je réponds "Moi non plus", et j'explique que déprimer est un passage obligé pour grandir, devenir plus autonome. Au contraire, idéaliser un frère est parfois une façon inconsciente d'en vouloir au parents de l'avoir fait naître. La solidarité entre frères et sœurs est ici une aide précieuse. !Photo : http://www.google.fr/imgres?start=99&client=safari&sa=X&rls=en&biw=1498&bih=851&tbm=isch&tbnid=zcWam13eTxdElM%3A&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.lhebdoduvendredi.com%2Farticle%2F14613%2Ftoujours_plus_d%25E2%2580%2599animations&docid=XJpfDP9s9AkJ8M&imgurl=http%3A%2F%2Fmedia.lhebdoduvendredi.com%2Fillustrations%2F00013240_normal.jpg&w=640&h=427&ei=LG4LU9awL4_K0AXL_4GQDg&zoom=1&iact=rc&dur=413&page=4&ndsp=34&ved=0CEUQrQMwFThk

Grandir, c’est partir

• 18 ans!

• Trouver sa place dans la société (pas celle qu’attendent les parents)!

• Mouvements centrifuges et centripètes

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Grandir, c'est partir Grandir, c'est, un jour, partir. Quand un enfant a dix-huit ans, il devient majeur. C'est la période où il s'agit de partir, soit faire des études, soit entrer dans la vie professionnelle, soit faire un Erasmus à l'étranger. Trouver sa place dans la fratrie, c'est, plus tard, aussi trouver sa place dans la société. Cette nouvelle épreuve de séparation va réactiver les difficultés éventuelles de tels moments de séparation dans l'enfance ; cela remet au goût du jour le lien primitif d'attachement. Trouver "sa" place, qui n'est pas toujours celle à laquelle les parents s'attendaient. Et puis, partir, c'est revenir, plus ou moins souvent. Il y a des retrouvailles, des anniversaires, des pacs, des fêtes, qui sont souvent occasion de réactiver les liens de fratrie, pour le meilleur et pour le pire. Il y a ainsi des périodes centripètes où l'on revient souvent chez papa et maman aussi pour le plaisir de revoir frères et sœurs, et des périodes centrifuges, où l'on a besoin de mettre de la distance pour déployer sa capacité à lier de nouvelles amitiés fraternelles.

Des fratries qui changent

• 13 juillet 1965 : le mari n'est plus le chef de famille • 4 juin 1970 : autorité parentale • 1975 : divorce par consentement mutuel • 1993 : autorité parentale conjointe en cas de divorce • 15 novembre 1999 : le PACS • 4 mars 2002 : principe de coparentalité • 17 mai 2013 : mariage homosexuel • En discussion : GPA

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Un cadre familial devenu changeant Que deviennent les places dans la fratrie dans les nouvelles configurations familiales ? L'évolution des modèles familiaux a amené des changements de lois importants : • 13 juillet 1965 : le mari n'est plus le chef de famille • 4 juin 1970 : autorité parentale • 1975 : divorce par consentement mutuel • 1993 : autorité parentale conjointe en cas de divorce • 15 novembre 1999 : le PACS • 4 mars 2002 : pincipe de coparentalité • 17 mai 2013 : mariage homosexuel • En discussion : GPA Toutes ces évolutions ont profondément remanié la structure familiale. La famille n'est plus une institution ; elle est devenu une association sans garantie de durée.

En  France,  sur  14  millions  d'enfants  de  moins  de  18  ans  :

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• 70%    famille  "PME"  (Père-­‐Mère-­‐Enfants),    • 20%  en  famille  monoparentale  (femmes)  • 10%  en  famille  recomposée.    • 0,6%  en  famille  homoparentale  (femmes)

Source  :  Insee,  chiffres  repris  dans  "Comment  va  la  famille  ?",  Cahiers  français,  371,  novembre-­‐décembre  2012.  Cité  dans  La  parentalité  en  ques:on,  Ed.  Sciences  humaines,  p.  97.   Autre  source  :  Pierre  MERCKLÉ, Des familles pour tous. Le Monde des sciences, 14/05/2013. Catherine ROLLOT, Un enfant sur dix vit dans une famille recomposée, Le Monde 23/10/2013.

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En France, sur 14 millions d'enfants de moins de 18 ans, • 70% vivent dans une famille dite traditionnelle ou famille "PME" (Père-mère-enfant), • 20% en famille monoparentale, • 10% en famille recomposée. • 0,6% en familles homoparentale (100 000 couples, 15 000 enfants en garde alternée chez un couple de femmes homosexuelles) !Photo : http://www.pratique.fr/reussir-cohabitation-entre-familles-monoparentales.html

La fratrie : une association renouvelable ?

• La famille, moins une institution, davantage une association!

• La hiérarchie dans la fratrie peut changer!23

La famille n'est plus une institution ; elle devient une association sans garantie de durée. L'ordre dans la fratrie peut changer Augmentation des divorces, baisse du nombre des mariages, part croissante des naissances hors mariage, augmentation des adoptions : toutes ces évolutions font qu'une fratrie peut être remaniée, recomposée. L'ordre chronologique peut changer et un aîné se retrouver second ou troisième d'une famille recomposée. Un petit-dernier peut se retrouver avant-dernier.

Demi-frères et sœurs

• Nouvelles fratries qui ne coïncident pas avec le couple!

• Fraternité biologique, légale, éducative!

• Capacité d’adaptation!24

Demi-frères et sœurs Ces familles recomposées, d'après Maurice Godelier, font advenir une nouvelle forme de parenté où la famille ne coïncide pas nécessairement avec le couple. Les parents sont les adultes qui nourrissent les enfants, les élèvent, assurent leur avenir. Cette complexification croissante des liens à l'intérieur des familles oblige chacun des enfants à une adaptation qui est toujours lente et difficile. Le lien de filiation peut être remis en cause. Le rejet d'une situation de fratrie nouvelle, sociale, peut amener un enfant à rejeter sa fratrie d'origine, biologique. Ici aussi des secrets de famille peut s'incruster (adoption, naissance après FIVE, GPA). Les FIVE induisent parfois des grossesses multiples, donc des jumeaux ... Une enquête a montré que l'interdit de l'inceste est renforcé dans les familles recomposées ...

La fratrie idéale1. Deux filles!

2. Une fille et un garçon!

3. Deux garçons!

4. Quatre filles

Source : Enquête réalisée auprès de 2116 parents sur le nombre de disputes par jour pour le site parental www.bounty.com !25

La fratrie idéale Selon une étude britannique (*), la combinaison fraternelle idéale se composerait de deux filles. Interrogés sur la fréquence de disputes de leurs enfants, 2116 parents ont participé à l'étude. Résultat : les parents de deux filles seraient les plus satisfaits. A la deuxième place viennent les fratries d'une fille et un garçon, suivie des fratries de deux garçons. La plus mauvaise ambiance, avec environ quatre disputes par jour, se trouve dans les fratries de quatre sœurs. (*) Enquête réalisée pour le site parental www.bounty.com

• Kéthévane DAVRICHEWY, Frères et sœurs, le lien mouvant

• Isabelle LE VIGAN, Rien ne s’oppose à la nuit

• Maggie O’FARRELL, En cas de forte chaleur

• Victor HUGO, Les feuilles d’automne, L’amour d’une mère

• Vincent de GAULEJAC, L’histoire en héritage, Roman familial et trajectoire sociale, Ed. Desclée de Brouwer

• Maurice GODELIER, Métamorphose de la parenté, Fayard, 2004

• Cahiers Français N°371, Comment va la famille ? Statistiques INSEE

• La parentalité en question, Ed. Sciences humaines,

• P. MERCKLÉ, Des familles pour tous, Le Monde, 2013!26