7
tts de combats urts martîau I.S.S.N.0335 255

tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

tts de combats urts martîauI.S.S.N.0335 255

Page 2: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

éditoD'abord, une mauvaisenouvelle : Jean-YvesThériault s'est cassé lamain droite. A l'heureoù j'écris ces lignes, le13 décembre, le journalest déjà composé, il nereste plus que l'édita.Donc nous ne pouvonsrien changer au conte-nu de ce numéro.Quand vous lirez cetexte, la soirée du 20décembre aura déjà eulieu. Thériault ne pou-vant plus combattrecontre Kaman, il a étéremplacé par Rick Rou-fus, champion du mon-de ISKA des mi-lourds,au top actuellement.Pour les spécialistes,c'est lui qui a mis K.O.Pietrowsky en juin der-nier.Notre déception estsans doute aussi gran-de que la vôtre. Décidé-ment, ce combat du siè-cle entre Kaman et Thé-riault n'aura jamaislieu. Par contre, Jean-Yves sera présent le 20décembre, et le chocentre Kaman, cham-pion du monde WKA,européen, et Roufus,champion du monde IS-KA américain, s'annon-ce explosif. En outre, etc'est une première, leplateau du 20 décem-bre comprend de laboxe française, de laboxe thaï et de l'améri-caine, au plus haut ni-veau.Rendez-vous le moisprochain pour uncompte-rendu completde la soirée. En atten-dant, bonnes fêtes defin d'année. On se re-trouvera en 1992 !

P.-Y. Bénoliel

Ce numéro a été tiré à 62.150exemplaires.

18L'ANATOMIE DU KARATEPar Christian Courtonne.

SHOPPING DE NOËL

34-KARATEYoshinao Nanbu.

LUTTE CHINOISEAvec Me Yuan Zu Mou.

46BRUCE LEELa philosophie du Petit Dragon.

TAEKWONDODes enfants français à Séoul.

66

Taekwondo en Corée.

ContactKUNG FULe Wîng Tsun avec Ralph Willman.

JAPONL'enseignement secret du Bouddhisme.

74BOB WALLInterviewé aux USA par Gérard Finot.

poster81

Calendrier Bruce Lee. Kata Passai Dai, parM" Miyahira (2e partie).

SPECIAL CONTACTThériault à Marseille (p. 82), Delfosse (p.88), Boxe Thai à Carpentier (p. 90), Farouk(p. 94), Montbéliard (p. 96), Internationauxde BF (p. 98).

Karaté-Bushido n°187, Janvier 1992 • Rédaction et publicité: 2, rue Gobert, 75011 Paris. Tél.: 43.48.40.08 • Administration, VPC et abonnements : 2 bis, rue Mercœur, 75011 Paris. Tél. : (1) 43.67.64.24• Couverture : Maître Nanbu (photo K. Mallek) • Directeur : Gilles Barissat • Rédacteur en chef : Pierre-Yves Bénoliel • Secrétariat de rédaction : Véronique Boukobza. • Secrétaire : Nazila Tejjini • Ont collaboréà ce numéro : Jean-Paul Maillet, Pascal Iglicki, Christian Courtonne, Kader Mallek, Sylvain Salvini, Henry Plée,Christèle Derosch • Rédaction graphique : Patrick Puech • Publicité : Jean Pilavoine • Administration :Ariette Sinégre, Aimée Nicolazzo • Abonnements : Juliette Coy, Michelle Bonnaud • V.P.C. : Maryse Men-nessier • Promotion : Claude Raffin • Abonnements : France : 11 numéros par an : 275 F, étranger : 330F, Par Avion : supplément 132 F • Service des ventes : SORDIAP : 48.87.02.30, TER : E 87 • Tous droits dereproduction (textes et photos) réservés pour tous pays, sous quelque procédé que ce soit. Les documents insérésou non ne sont pas retournés. Commission paritaire n° 55708. Imprimé en France. Compo : Sté Ogerault. Pho-togravure couleur : Photogravure de l'Ouest. Imprimé par Sima. Karoté-Bushido est une publication de la SociétéEuropéenne de Magazines SA ou capital de 250 000 F. RC Paris B 331 244 20. Directeur de la publication :Gilles Barissat. « Karaté-Bushido » est distribué en France par les NMPP. Dépôt légal : 20953.

Page 3: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

•opitt$ng~d40JD)i op siflapa/xnô djduad nos jajuomi ap

Xjpf / {y np /D/ uoBuiifs

sçjd 'uosnÂox o uoBuiifsJj^jd BUUOpJO 919 O JE '9S9Î5O

p aBouuojod un 9np9ff9 oQ utoAjAs 'sioui un |unin0

Page 4: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

••• '

Page 5: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

Entre 18 et 20 ans, aprèsavoir essayé le Zen, lebouddhisme tibétain, le yo-ga, ma seconde révélationvint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant lenom de shingon et de shu-

gendo. Je lus tous ce que je pus trouvercomme articles et ouvrages en français ;n'y comprenant rien la plupart du temps.Mais je sus à cette époque que, ce queje recherchais depuis tant d'années, setrouvait au Japon. Je me mis aux artsmartiaux japonais étudiant le lai-jutsu etle Kenjutsu.Après mon service militaire je fis monpremier voyage au Japon. Il dura troismois. J'y ai rencontré le Maître Hatsu-mi Masaaki et devint son disciple pourle ninjutsu. Dans les montagnes du Ja-pon je me liais d'amitié avec des Yama-bushi et fut initié à l'ascèse de cascadepar le Révérend Shinkai Suzumara, su-périeur du Temple de Oyama de la villede Ishehara. Lors de ce premier séjour,je me suis rendu à Koyasan et j'eus l'in-time conviction qu'un jour, ici, je seraiprêtre.Partagé entre !a France et le Japon, lesannées s'écoulèrent, heureuses. J'ensei-gnais, mais ma soif de vérité et de sa-gesse n'en était pas pour le moins étan-chée. Certes j'avais eu les honneurs dela presse spécialisée, nationale, et mê-me internationale ; de nombreux repor-tages télévisés, souvent bâclés.

Décision célesteEn réalité, j'avais une vie faite de com-promissions. Tout en étant criblé de det-tes et de crédits, j'avais une vie confor-table, une femme, un appartement, unevoiture, une chienne et une chatte. Lorsde mon séjour au Japon en 89, je déci-dai de traverser seul la chaîne de mon-tagne de Yoshino en Kumano jusqu'àZenki. Je connaissais le passage pourl'avoir fait de nombreuses fois avec desamis Yamabushi. Ce fut une épreuve ter-rible à cause du froid et du peu de vête-ments et de nourriture que je transpor-tais. Sur la fin du parcours, alors que jeme croyais sorti d'affaire, redescendantde « Jinsen no yado » vers l'étape finalede Zenki, sautant d'un rocher, je m'écra-sai dans la neige dure ce qui m'occa-sionna un tassement des vertèbres mecontraignant à rester plusieurs heuresdans la neige. Au petit matin, je pus re-descendre au village de Zenki et de là re-joindre la civilisation. Je crus cet inci-dent terminé lorsque quelques semainesplus tard, de retour en France, de violen-tes douleurs m'assaillirent. La conclu-sion médicale ne se fit pas attendre :deux hernies discales qu'il fallait opérersi cela empirait. Il n'était pas questionque j'en arrive à cette extrémité car je sa-vais que l'on ne récupère jamais à 100pour 100. Me refusant à toute médecine,surtout allopatique, je me rendis néan-moins à mes cours, faisant plus de

Cérémonie d'ordination. De gauche à droite : Maître Urakami Ryùko, SylvainGuintard (Rev. Kùban) Le chef Abbé supérieur du Temple Haryoin deKoyan: L'Ajari Urakami RyùshoetlanonneKùchiwatanabe.

1 000 km par semaine en voiture. La dou-leur était parfois si intolérable, qu'enplein cours je manquais plusieurs fois dem'effondrer. Je sus alors que le tempsimparti pour finir la formation de certainsde mes élèves m'était compté. Rapide-ment, je devais les rendre autonomes, etsurtout faire qu'ils continuent dans lestyle qui était le leur et pas le mien. Ensix mois, avec tout l'arsenal psychologi-que que le ninjutsu pouvait mettre à madisposition, je leur rendais leur indépen-dance et me retirai de l'enseignement.Je fis quelques rangements dans ma viepersonnelle et en juin 1990, je me retrou-vai à l'aéroport de Roissy, une nouvellefois ; mais cette fois-ci avec plus rienderrière moi : plus de maison, de dojos,de voiture, de machine à laver, de comp-te bancaire ; un vrai S.D.F. comme l'avaitprophétisé mon grand-père. Décidé à fai-re le grand saut, j'avais tout préparé pourne pas me désister au moment de sau-ter. Je devais savoir si oui ou non j'étaisfait pour le Mikkyo (auquel cas les Maî-tres tels Kobo Daishi et Jimpen Bosat-su me viendraient en aide). Si la décisioncéleste s'avérait négative, j'aimais mieuxmourir dans les montagnes de Yoshinoque de rester à « croupir » dans une sal-le d'entraînement assis sur une chaisepar le fait d'une mobilité perdue.

Haryo inAu mois d'août me rendant à Koyasancomme à chacun de mes voyages je fispart de mes résolutions à un ami, mon-sieur Shizuka qui me conseilla de merendre au temple Haryo in de Koyasan.Là se trouvait peut-être ce que je recher-chais. Ce fut pour moi la plus grande ré-vélation : j'avais enfin trouvé ces maîtresque je recherchais depuis tant d'années.Par le passé, j'avais été amené à côtoyerdes gens éminents du shugendo ou dushingon, mais l'impression que j'eus lapremière fois, à Haryo in, fut celle d'unretour à la maison. Je restais dans cetemple une quinzaine de jours, assistantà tous les offices du soir et du matin. Dé-but septembre, je pris congé de tous lesmembres du temple pour aller faire le« mine iri » avec une école du shugendo :

Yoshino-kumano, entre douze à quator-ze heures de marche par jour durant cinqjours, avec des passages, par endroitsdangereux ; le moment du grand sautétait venu. Je devais marcher, tenir, fai-re en sorte de ne pas ralentir le groupedes 70 yamabushi, la troisième journéefut atroce au point que certains senseime conseillèrent de redescendre dans tavallée ; je leur répondis que je tiendrai.Bien sûr je ne leur fis pas part de ma ré-solution à mourir dans les montagnes derOmine si mon heure était venue. Il estdit dans le Bouddhisme qu'il ne faut enaucun cas martyriser le corps, car il estle moyen, l'instrument de l'illumination,mais dans mon cas je n'avais pas lechoix. Au troisième soir, enveloppéedans une couverture, alors que nous fai-sions une halte pour la nuit sur le MontMiesen, assis en tailleur sur mon lit, tran-si de froid, les vêtements complètementmouillés et couverts de boue je perdisconscience. J'eus des hallucinations, jefus « réveillé » par les « Okugake Sendat-su »*. J'avais paraît-il le visage livide etdurant quelques minutes ils furent inca-pables de sentir mon pouls, ils crai-gnaient donc le pire. Je sus à ce momentque je venais de franchir une étape im-portante de ma vie. Durant tout le restedu parcours j'eus l'impression d'êtrecomme porté. Je savais qu'avait débutéune transformation. Le reste de l'« Entréeen montagne » se passa sans difficultémajeur et tous mes amis furent agréa-blement surpris de l'amélioration de monétat.Fin septembre, je me rendis au Nord-estdu Japon, dans le Dewa San Zan pourgravir les Monts Yudono, Gassan et Ha-gouro San. J'eus accès avec des amiesMiko san et des prêtres shinto à certains« Norito » et à quelques enseignementsrelatifs au Kototama. Je ressentis sur leMont Gassan ce qu'avait pu être la fu-sion avec Kami Sama pour Ueshiba Sen-sei le fondateur de l'aikido. Auprès deMaître Hatsumi j'eus accès à un ninjut-su que je croyais jusque-là inaccessible.Ma mobilité revenait de mieux en mieuxau point que je décidai fin octobre de lamême année d'effectuer ie pèlerinage del'île de Shikoku, à pied.

72

Page 6: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

Le pèlerinage de ShikokuLe pèlerinage de Shikoku commence àKoyasan pour se terminer à Koyasan. Al'heure actuelle, la plupart des pèlerinsl'effectue en voiture ou en bus. Les rai-sons en sont simples : il faut du tempspour le faire à pied et même peu nom-breux sont les prêtres qui l'effectuentainsi.

« Tous les pèlerins sont vêtus de blanc,portent le chapeau de paille et se munis-sent du bâton de marche ainsi que d'unrouleau sur lequel se trouve peinte l'ef-figie de Kobo Daishi et où l'on appose-ra, au fur et à mesure de sa progression,les 88 sceaux des 88 temples où l'on faithalte pour prier. Le pèlerinage de Shiko-ku est un dojo, un lieu d'éveil, où le pra-tiquant va devoir s'efforcer de disciplinercorps et esprit. C'est un lieu de redécou-verte de la nature : celle du monde vé-gétal qui nous entoure, et de la naturehumaine. Un lieu où les expériences re-ligieuses sont innombrables. On racon-te que parfois certains pèlerins peuventrencontrer le Maître Kukai effectuant lepèlerinage dans l'autre sens. Au fond demoi-même, j'avais le désir d'une telle ren-contre. Le trajet emprunte plusieurs sor-te de chemins : routes de campagne,routes à grande circulation, sentiersmontagneux, et traversent villes, villages,campagnes et montagnes ; parfois lon-gent les bords de mer. Ce trajet se divi-se en quatre grandes aires ou dojos :la première est appelée « Hoshin no do-jo ». Le circuit débute au numéro 1, letemple Ryozenji, dédié à Shakka Nyoraiet se termine après environ 200 km en-tre le numéro 23 (Yakuo ji, dédié auBouddha de médecine Yakushi Nyorai)et le 24 « Hoshin no dojo » (lieu d'éveilde l'ouverture du cœur). Ce dernier estainsi nommé car le fidèle doit, avant defranchir la porte du second dojo, ressen-tir que toute chose est l'expression duBouddha ; que la compassion est ce flui-de vital qui unit les êtres, et surtout quel'on vit par les autres et pour les autres.Le second dojo est dans le Tosai {pré-fecture de Kochi, sud de l'île) ; son tra-jet est de 450 km environ : c'est Shugyono dojo, l'endroit de la pratique difficile,de l'ascèse, et il mérite bien son nom.Les étapes furent longues et difficiles.Le trajet suivait essentiellement des rou-tes à grandes circulations, mais il y eutdes moments de bonheur extrême. Cet-te seconde partie du pèlerinage est com-prise entre les numéros 23 et 39. La troi-sième portion se nomme « Bodai no do-jo », c'est la partie ouest de l'île ; 350 km.La dernière partie, « Nean dojo » fait en-viron 200 kilomètres. Si le dojo précédentest nommé « illumination » ; le dernierfait référence à l'accès à un état de plé-nitude. Ces quatre dojos symbolisent lesquatre étapes que le pratiquant duMikkyo aura à transcender pour parve-nir à l'état de Bouddha.Nombreux sont les pèlerins à parcourirles premiers kilomètres à pied, mais aufur et à mesure, rares sont ceux qui peu-vent continuer. La majeure partie ne vont

que jusqu'au numéro 10. Je me souviensqu'avant d'arriver au numéro 11, unefemme m'invita à venir prendre un café,tout à fait succulent et revigorant. Il fautdire que le don, l'offrande ; qu'elle soitsous la forme d'un peu de monnaie, denourriture, d'un logement pour la nuit, oud'un repas, est courant, chez les habi-tants de Shikoku. Cela se nomme « Ose-taï », mais attention à celui qui ne comp-te que sur les offrandes, même si il estprêtre, car à travers le pèlerin, c'est auMaître Kukai que s'adresse l'offrande.Mais revenons-en à cette jeune femme :à peine mon café bu, avant même de laremercier, son visage changea pour de-venir dur, elle me dit que ce pèlerinagedevait être accompli « pour soi ». Je necompris véritablement ses paroles qu'àla fin du parcours, mais ce fut pour moile premier contact avec O Daishi san (ku-kaï). Par la suite ils furent si nombreuxdurant « ce voyage à travers le cœur del'homme » que 100 pages n'y suffiraientpas. Par deux fois un serpent noir s'estdressé sur mon chemin, saluant ma pro-gression. En pleine montagne, perdu, nesachant quel sentier prendre, je fus gui-dé sur plusieurs centaines de mètres parun chat noir et blanc, qui, tous les dixmètres, se retournait pour voir si j'étaisencore là et lorsque je sus par mon« road book » que j'étais sur le bon che-min, relevant les yeux, il avait disparu.Marchant avec des sandales en paillej'avais remarqué un fait amusant : si surmon chemin je voyais des « shirasagi »{héron, grues ou cigognes), il m'était pos-sible de trouver à chaque fois, au tem-ple suivant, des sandales que les fidè-les attachent à l'entrée. Qu'elle ne futpas ma joie, un jour de passer à côtéd'un lac asséché et d'y voir des centai-nes de ces oiseaux blancs. Je pressai lepas, pour arriver au prochain temple.Effectivement près du Hondo (édificeprincipal) se trouvait un petit autel autourduquel des centaines de sandalesétaient accrochées. M'approchant, jem'aperçus que toutes sans exceptionétaient des « uchi waragi ». c'est-à-diredes sandales de paille adaptées aux sa-bots des bovins. La divinité enchâsséeen ce lieu étant Bato kannon (kannon àtête de cheval} protecteur des animaux,rien de plus normal. Je souris néanmoinsà ce clin d'œil du destin, me promettantà moi-même de ne plus accélérer le pas.J'obtins cependant de nombreuses san-dales dans le temple suivant. Pour relierle n° 20 au 21, j'avais décidé de passerpar le chemin de montagne. Deux pèle-rins, un couple d'une cinquantaine d'an-nées qui effectuait le tour de l'île entrain, me demandèrent s'il était possiblede se joindre à moi pour ce petit par-cours, car ils n'osaient s'aventurer seulsdans la montagne. C'était un sentier ma-gnifique, il pleuvait et les nuages des-cendaient sur les flancs de la montagnejusqu'à entrer parfois dans les sous-bois,le paysage était magique. J'allais d'uneallure modérée, et l'homme me suivait ai-sément ; alors que son épouse semblaitavoir besoin des encouragements de son

mari pour suivre. C'est alors que jem'aperçus, en me retournant, que l'épou-se était bien plus robuste que son mari,mais qu'elle utilisait un stratagème.Lorsque son mari se retournait pour l'en-courager, elle faisait mine de n'en pluspouvoir, mais suivait quand même, sansralentir l'allure, et dès qu'il se retournait,elle se redressait et marchait d'un pasassuré, le visage auréolé de joie, par lecorps et l'esprit. Arrivé au 21, jouant lejeu, je félicitais ('homme et encourageaisla dame avec un petit sourire au coin deslèvres. Je ne les ai pas revu par la suite.Ont-ils repris le train ou bien ont-ils con-tinuer à marcher? Pour moi, ce fut unmerveilleux exemple de ces «moyenshabiles» énoncés dans les textes sa-crés, qui sont employés parfois par lesSaints Boddhisatva pour nous faire avan-cer sur le sentier de la connaissance.Je n'oublierai jamais le visage de cesfemmes âgées courant pour me rattrap-per, l'une pour m'offrir un pain et l'autreune pièce de 10 yen me demandant delui poser mon « shakujo » {le bâton à an-neaux du prêtre) sur le sommet de fa tê-te et me suppliant de prier pour elle etles siens, à un moment où ma foi vacil-lait. Que dire à propos de la façon, plusque royale, dont je fus reçu au numéro30 (Zenrakuji) par le révérend Nakamuraet madame Sumida. A cette occasionl'abbé me transmis le livret confidentielde l'école Tozan qui concerne l'art desouffler dans la conque, ainsi que denombreux documents sur le Shugen'Mikkyo et la dernière peinture de sonMaître de hora (conque), l'un des plusgrands que le Japon ait connu. Au nu-méro 33, Seiki ji, après y avoir oubliéquelque chose, monsieur Sugimoto meraconta l'histoire de ce pèlerin qui, unjour, pressé, avait ici oublié sa propremère et ne s'en était aperçu qu'au tem-ple suivant. Il m'expliqua qu'un véritableO Henro san (pèlerin) est un Henro bo-ke ; c'est-à-dire un pèlerin qui a perduquelque chose. Je me suis souvenu decette histoire lorsqu'arrivé à la moitié duparcours je me suis aperçu que j'avaisôté la plupart de mes vêtements car troplourds et trop encombrants. N'ayant gar-dé qu'une chemise et un pantalonblancs, les jambières, mon chapeau, lebâton à anneaux et dans mon sac, unpancho ; je me rendis compte que cevoyage était aussi une voie du dépouil-lement.

Les sandalesaux huit œillets

Je dus attendre quelques centaines dekilomètres pour comprendre ce que si-gnifiait par exemple « Yatsume waragi »,les sandales aux huit œillets. Dans latradition du Shugen, il est dit que «Se-ront punis de corvées exceptionnellesceux qui ne rangeront pas correctementleurs sandales de paille. » L'étude destextes anciens nous apprend que les wa-ragi sont à l'ascète ce que sont les lo-tus pour les pieds des Bouddha. Seule

(suite p. 77)

Page 7: tts de combats urts martîau janv n°187... · vint sous la forme d'arti-cles traitant d'arts mar-tiaux japonais et de prati-ques religieuses portant le nom de shingon et de shu-gendo

HARDBODY FITNESS BARRELa musculation où l'on veut, quand on veut, comme on veut !

« On peut l'emmener partout avec soi : elle pèse 900 gram-mes et mesure 45 centimètres démontée.Cette barre permet de faire de la musculation générale ouspécifique, notamment pour les arts martiaux. J'ai mis aupoint un programme d'exercices complet livré avec la barreHardbody. Je vous la recommande pour parvenir au top-niveau ! »

Dominique VALERA

HARDBODY FITNESS BARRE : 900 grammes, 45 centimètres démontée. Livrée avec sonsac de transport et la méthode Dominique Valéra. Existe en 7 couleurs : blanc, bleu, rouge,turquoise, jaune, rosé, rosé fluo. 4 forces de latex : rééducation, débutant, moyen, fort. Prix :445 F + 65 F de port.CASSETTE VHS-SECAM, durée 15 minutes, avec le programme d'entraînement complet (mé-thode Dominique Valéra). Prix : 100 F + 35 F de port.

Renvoyez votre bon de commande accompagné d'un chèque à l'ordre de HardbodyFrance à : Hardbody France, 416, rue Saint-Honoré, 75008 Paris. Tél. : 42.60.47,09.

BON DE COMMANDE

Li Je commande une Hardbody Fitness Barre.Couleur: blanc "Z bleu H rouge I turquoise D jaune D rosé G rosé fluo GLatex : rééducation Z débutant D moyen T fort DPrix: 445F + port 65F = TOTAL 510F

G Je commande une cassette VHS-SECAM: le programme d'en-traînement complet [durée 15 minutes).Prix 100F + port 35F = TOTAL 135FCi-joint mon chèque à l'ordre de Hardbody France.

Nom :

Prénom :

Adresse

complète

Code Ville

l'expérience apporte une réponse à cesaffirmations. Je l'obtins lors de ce pèle-rinage : après plusieurs kilomètres demarche, la paille des sandales se gon-fle d'eau et s'écrasant comme une fleur,protège la plante des pieds des cailloux,tout en offrant une adhérance parfaitesur les rochers glissants. Légères et con-fortables, elles permettent une marcherapide et l'absorption des vibrations sinéfastes pour la colonne vertébrale. Sa-voir les confectionner est primordial pourun ascète.D'autres expériences marquantes ponc-tuèrent ce parcours, comme par exem-ple lorsque je suis entré dans la grotteoù Kobo Daishi vit l'étoile de Vénus. Ouencore lorsque, marchant sur un cheminde montagne escarpé, la nuit me surprit :je n'avais pas de lampe de poche ; c'étaitun sous-bois, et très rapidement je nepus distinguer mes pieds. Le cheminétait dangereux j'avais un ravin à magauche. Avançant prudemment, je m'enremis à O Daishi san, lorsque des mil-liers de petites lueurs vertes s'allumè-rent, balisant le sentier sur plus d'un ki-lomètre, comme une piste d'atterrissa-ge...Arrivé au village je demandai si dans larégion, il existait des vers luisants oud'autres formes d'insectes phosphores-cents, mais on me répondit que non. Jene sus jamais ce qu'étaient ces lueursvertes...Au sommet du Mont Ishizuchi, le plushaut sommet de l'île (1 980 m), je vis,

coulant entre les montagnes, un flot denuages se déverser dans la mer. Le 27novembre 90, je partis du n° 87 au petitmatin. A 14 heures, j'arrivais au 88 maisil me restait encore à retourner au n° 1pour terminer le circuit. Du 87 au 1, l'éta-pe faisait environ 80 kilomètres ; à fairede nuit pour la fin, dans le froid, sousune pluie glaciale. Au numéro 10, jen'avais plus de sandales. Les templesétant fermés la nuit, aucune possibilitéd'en trouver. Je fis donc les vingt kilo-mètres restants, pieds nus sur le maca-dam. Je marchais sur le bord de la rou-te entre le n° 5 et 4, il était 1 heure 30du matin {le 28), lorsque voyant arriverune voiture de face j'entendis et je viséclater le pneu avant gauche de celle-ci.La voyant arriver droit sur moi, je sus quec'était la fin et fermant les yeux, je mismon bâton en avant comme pour meprotéger. Lorsque je rouvris les yeux,quelques secondes plus tard, la voitureétait arrêtée, quelques mètres derrièremoi. Dès cet instant je sus que le Maî-tre Kukai était là, tout proche, et depuisje n'ai jamais cessé de sentir sa présen-ce à mes côtés.En novembre 91, dans le temple Haryoin de Koyasan, auprès de l'Abbé supé-rieur Urakami Ryusho et de mon MaîtreUrakami Ryuko, ayant rasé mes cheveuxje suis devenu officiellement Kuban (va-cuité, ciel ; et socle, roc ou damier). Bu-do et Shukyo (religion) sont tous deuxdes « shugyo ». Des exercices difficiles,mais qui mènent à un même but : ne fai-

re qu'un avec l'univers. Comprenant quela source de vie est unique pour tous, onaccède à la vérité.Durant toutes ces années, j'ai cherchéles ponts qui reliaient le shugen-Mikkyo,le shingon-Mikkyo, le ninjutsu en parti-culier et le budo en général. Grâce àd'anciens documents, à travers l'ensei-gnement de mes Maîtres, je les ai enfintrouvé et les ai fait fusionner, car leursessences sont semblables. Je puis as-surer au chercheur sincère qu'il trouve-ra cette vérité énoncée par tous les maî-tres du Budo du passé ; à condition qu'ils'en donne les moyens et surtout qu'ilne se mente ni à lui-même, ni aux autres.Au fil des mois, le Japon s'enracinant auplus profond de mon âme, c'est désor-mais là-bas que se trouve mon futur.Néanmoins peut être aurais-je la joie defaire entrevoir, à certains, ce qu'est le vé-ritable ninjutsu et d'en guider d'autressur les sentiers des montagnes japonai-ses. L'accès à la connaissance véritableest une grâce du maître. Le chercheursolitaire n'est qu'un aveugle qui tourneen rond. Croyez-moi, être disciple est unbonheur sans commune mesure avec lefait d'être un professeur. Puissiez-vousun jour, connaître, comme on verse l'eaud'un vase dans un autre, la véritabletransmission de maître à disciple.

Sylvain Guintard(Révérend Kuban)

* 1. Okugake Sendatsu : « Guide qui ou-vre le chemin », haut dignitaire.

77