-Tudoisl'arrêter,Kylie.Illefaut.Sinon,celaarriveraàquelqu'unquetuaimes.

Lesparolesinquiétantesdel'espritflottèrentderrièreKylieGalenpourvenirsemêlerauxcrépitementsetauxbruitssecsdel'immensefeudejoie,àunpeuplusd'unmètreàsadroite.Lapoched'airglacialeannonçaitdistinctementsaprésence,mêmesicesmotsn'étaientdestinésqu'auxoreillesdelajeunefilleetnonàcellesdestrentecampeursdeShadowFallsquisetrouvaientdanslecercledelacérémonie.

Miranda,àcôtédeKylie,inconscientedel'existencedufantôme,serraplusfortlamaindesonamie.

-C'esttropcool,marmonna-t-elle,etelleregardaDella,del'autrecôté.

NonseulementMirandaetDellaétaientsescopineslesplusproches,maisenplus,ellespartageaientsonbungalow.

-Nousvousremercionspourcetteoffrande.

Chris,ouChristopher,commeilsefaisaitappelercesoir,setenaitenpleinmilieuducercleetbrandissaitlacoupesacréeverslecielobscur,toutenbénissantsoncontenu.

-Ilfautquetul'arrêtes,murmuradenouveaul'espritderrièrel'épauledeKylie,l'empêchantdeseconcentrersurlerituel.

Fermantlesyeux,Kylielevisualisatelqu'illuiétaitapparuàplusieursreprises:trente-cinqans,delongscheveuxbruns,etenrobeblanche-maculéedesang.

LafrustrationrésonnadansleventredéjànouédeKylie.Combiendefoisavait-ellesuppliécetespritdeluiexpliquer:qui,quoi,quand,oùetpourquoi?Seulementpourquelamorteluirépètelemêmeavertissement.

Lefinmotdel'histoire,c'étaitquelesfantômesquivenaientdesortirduplacardétaientnulscôtécommunication.Probablementautantqueceuxquisavaientparlerauxespritslorsqu'ilsdébutaientetessayaientdelesfairecommuniquer.LaseuleoptiondeKylieétaitd'attendrequelarevenanteluiexpliquesamiseengarde.Maislà,cen'étaitpaslemomentidéal.

Jesuisunpeuoccupéeencemoment.Àmoinsquetunepuissesdévelopper,pourrions-nousdiscuterplustard?Kyliegardasesparolesdanssatête,enespérantquel'espritpuisseliresespensées.Heureusement,lefroidglacialquiparcourutsacolonnevertébrales'évaporaetlachaleurdelanuitrevint-celleduTexas,lourde,humideetmoite,malgrélefeudecamp.

Merci.Kylietâchadesedétendre.Maissesépaulesrestèrentnouéesdetension.Etpourunebonneraison:lacérémoniedecesoir-làétaituneautrepremièredanssavie.

Uneviebienplussimpleavantqu'ellen'apprennequ'ellen'étaitpastotalementhumaine.Biensûr,celal'aideraitsielleparvenaitàidentifiersoncôtéinhumain.Malheureusement,l'uniquepersonnequiconnaissaitlaréponseétaitDanielBrighten,sonvraipère.Ellenesavaitriendesonexistencejusqu'àcequ'ilvienneluirendrevisitevoilàplusd'unmois.Etilavaitmanifestementoptépourqu'ellegèresacrised'identitétouteseule.

Ilvenaitrarementlavoir,désormais,cequidonnaitunetoutenouvelledimensionaux«papasdémissionnaires».Ehoui,Danielétaitmort,avantsanaissance.Kylieignoraits'ilsproposaientdescourssurl'artd'êtreparentsdansl'au-delà,maiselleluiauraitbiensuggérédelessuivre.Parceque,àprésent,lorsqu'ilpassait,ellelesurprenaitentraindel'observer,etjusteaumomentoùellel'interrogeait,ildisparaissait,nelaissantqu'unfroidglacialetsesquestionssansréponse.

-OK,ditChris,lâchez-vouslesmains,éclaircissez-vouslesidées,maisnebrisezpaslecercle.

Kylie,commetouslesautres,suivitsesinstructions.Pourtant,quandelles'exécuta,sonespritrefusades'éclaircir.

Sonpapadémissionnairecraignait-ilqu'elleneluidemandeconseilenmatièredesexeouautre?Celaavaittoujourseuledondefairedisparaîtresamère.Ellepartaitencourantchercheruneautrebrochuredestinéeauxados.MaisKylieneluiavaitpasvraimentdemandédeconseilsdanscedomaine.Honnêtement,elleétaitladernièrepersonneverslaquelleellesetourneraitpouravoircegenred'avis.Lesimplefaitqu'ungarçonintéresseKyliefaisaitpaniquersamère.

Heureusement,depuisquel'onavaitenvoyéKylieàShadowFalls,laprovisiondebrochuressurlesexeavaitdiminué.

Quisavaitcequ'elleavaitmanquélemoispassé?Onavaitpeut-êtredécouvertdesMSTqu'elleneconnaissaitpas...Samèredevaitsansaucundouteamasserladocumentationàcesujetpoursonretourdanstroissemaines.UnevisitequeKylien'attendaitpasavecimpatience.

Biensûr,elless'étaientplusoumoinsrabibochées,depuisquesamèreluiavaitavouéqueDanielétait

sonvraipère.Maislenouveaulienmère/filleparaissaitbienfragile...

Kylienepouvaits'empêcherdesedemandersileurrelationn'étaitpastropprécairepourqu'ellesréussissentàpasserplusdequelquesheuresensemble.Etsiellerentraitchezellepourserendrecomptequerienn'avaitvraimentchangé?Etsil'indifférencedesamèrepersistait?

EtquediredelasituationavecTomGalen,l'hommequeKylieavaittoutesavieconsidérécommesonvraipère,l'hommequilesavaitquittées,samèreetelle,pourunefillequin'avaitquequelquesannéesdeplusqu'elle?Kylieavaitétémortedehontedelevoirembrasseràpleinebouchesonassistantebientropjeune.Aupointqu'elleneluienavaitmêmepasparlé.

Unebrisedefindesoiréeenvoyalafuméedubeaufeudejoiedanssonvisage.Ellecillapourfairedisparaîtreladouleurdanssesyeux,maisn'osapass'aventurerhorsducercle.CommeDellaleluiavaitexpliqué,ceseraitperçucommeunmanquederespectenverslaculturevampirique.

-Videz-vouslatête,répétaChris,etiltenditlacoupeàuncampeurdel'autrecôtédufeu.

Lesyeuxfermés,Kylietâchadesuivresesinstructions,maisellereconnutlebruitdel'eauquitombait.Ouvrantlesyeuxd'uncoup,elleregardaendirectiondesbois.Lescascadesétaient-ellessiproches?Depuisqu'elleavaitentenduparlerdelalégendedesangesdelamortauxchutesd'eau,elles'étaitsentiecommepousséeàs'yrendre.Maisellen'avaitpaspourautanthâtedeseretrouvernezànezavecceux-ci.Elleétaitdéjàbienoccupéeaveclesfantômes.Pourtant,ellenepouvaitchassercetteimpressionquelescascadesl'appelaient.

-Tuesprête?murmuraMirandaensepenchantverselle.Ilserapproche.

Prêtepourquoi?futlapremièrepenséedeKylie.

Puisellesesouvint.

Mirandaplaisantait,hein?

Kyliefixaduregardlacoupequel'onsepassaitàl'intérieurducercle.Elleeutlesoufflecoupéquandelles'aperçutqu'iln'yavaitplusquedixpersonnesàquiceseraitletouravantqu'onnelaluimettedanslamain.Inspirantunegrandeboufféed'airquisentaitlafumée,elles'efforçadecachersondégoût.

Envain.L'idéedeboireunegorgéed'unrécipientsurlequeltoutlemondeavaitcolléseslèvresatterritquelquepartdanssatêteentre«dé-

goût»et«nausée».Maisassurément,lefacteurleplus«dégueu»restaitlesang.

RegarderDellaconsommersarationquotidienneétaitdevenuplusfacilecemois-ci.Mincealors!Kylieavaitmêmedonnéunepintepourlacause-lessurnaturelsfaisaientcegenredechosepourleurscopainsvampires.Maisdevoirgoûteràcettesubstancequilesfaisaitvivreétaitunetoutautrehistoire.

-Jesaisquec'estécœurant.Faiscommesic'étaitdujusdetomate,murmuraMirandaàleuramieHelen,assiseàcôtéd'elles.

Maischuchoterneservaitpasàgrand-chose,vulafoule.

Kylieregardalecercledescampeurs,lesvisageséclairésparleslueursqueprojetaitlefeudejoie.ElleremarquaDella,quilesfixaitd'unairrenfrogné,desesyeuxrayonnantcouleuror.Sonouïeultrasoniquen'étaitqu'undesesdons.Pasdedoute,DellanemanqueraitpasdereprendreMirandaplustardpoursaremarque-«écœurant»...Cequi,engros,signifiaitqueKyliedevraitconvaincrecesdeux-làdenepass'entretuer.Commentdeuxpersonnespouvaient-ellesêtreamiesetsedisputerenpermanence,celaladépassait.Jouerlesconciliatricesétaituntravailàtempsplein.

Elleobservaunautrecampeurporterlacoupeàseslèvres.SachantquecelacomptaitpourDella,Kyliesepréparamentalementàaccepterleverreetàsiroterunegorgéedesangsansavoirdehaut-le-cœur.Maiscelan'empêchaitpaspourautantsonestomacdevouloirserebeller.

Tudoislefaire.Tudoislefaire.PourDella.

«Peut-êtrequetuaimeraslegoûtdusang,luiavaitconfiécelle-ciunpeuplustôt.Ceseraitcool,hein,sifinalementtuétaisunvampire?»

Non,songeaKylie,maisellesegarderaitbiendeledire.Ellesuppo-saitqu'êtreunvampireneseraitpaspirequ'êtreunloup-garououunmétamorphe.MaisellesesouvenaitqueDellaavaitpratiquementpleurélorsqu'elleavaitparlédudégoûtdesonex-petitcopainpoursoncorpsglacial.Kyliepréféraitconserversatempérature,mercibien.Etl'idéedesurvivregrâceàunrégimeàbasedesang...?Ellequimangeaitrarementdelavianderouge...

SiHoliday,ladirectriceducamp,sonmentor,luiavaitconfiéqu'ilétaitpeuprobablequ'ellesemetteàsubird'immenseschangementsmé-

taphysiques,elleavaitaussiaffirméquetoutétaitpossible.Lavérité,c'étaitqueHoliday-uneféeàpartentière-nepouvaitpasluidirecequel'avenirluiréservait,carKylieétaituneanomalie.

EtKyliedétestaitêtreuneanomalie.

Ellenes'étaitjamaissentieàsaplacedanslemondehumain,ettantpissionnel'acceptaitpasicinonplus.Maisheureusement,lesautrescampeursnelarejetaientpas.Aucontraire,ellesesentaitplusprochedecessurnaturelsquedesautresados.Entoutcas,depuisqu'elleavaitapprisquepersonneaucampnevoudraitd'elleenguisededéjeuner!Ehoui,DellaetMirandaétaientdevenuessesdeuxmeilleurescopines-ellepartageaittoutavecelles.Ledondesangleprouvaitbien,d'ailleurs.

D'accord,ilyavaitunechosequeKylienepouvaitpaspartageravecsesdeuxplusgrandesamies:lesfantômes.Laplupartdessurnaturelsavaientunproblèmeavecceux-là.

Kylieaussi,maiscelan'empêchaitpascessatanésespritsdeluirendredepetitesvisitesrégulières.

Toutefois,dequelquetypedesurnaturelqu'ellefût,sondon,c'étaitd'êtreunaimantàfantômes.Ouplutôt...l'undesesdons.Holidaycroyaitquesavoirparlerauxmortsconstituaitsûrementl'undesnombreuxdonsdeKylieetquelesautressemanifesteraientaufildutemps.

Kylieespéraitsimplementqueceux-ci,quelsqu'ilssoient,seraientplusfacilesàgérerquedesmortsindécisquiavaientdumalàcommuniquer.

-Ellearrive!lançaMiranda.

Kylieregardaquelqu'unpasserlacoupeàHelen.Sagorgeseserradenouveau.SonregardseposasurDerek,ledemi-Faechâtain,assistroiscampeursavantHelen.Kylienel'avaitpasvuboiredusang.Maissansregrets.Laprochainefoisqu'ilss'embrasseraient,ellen'avaitpasenviedel'imaginerentraindeboiredusang.

Ilsourittendrement,etKyliecompritqueDerekpouvaitsentirsonémoi.Aussifouquecelapuisseparaître,sonaptitudeàliresessentimentsétaitàlafoiscequil'attiraitversluietcequil'empêchaitdeserapprocherunpeuplus.

Enfin,cen'étaitpastantsonaptitudeàlireenellequil'empêchaitdelaisserleurrelations'approfondir,maisplutôtcelledecontrôlersesémotions.Enétantundemi-Fae,DereknonseulementpouvaitlirelessentimentsdeKylie,mais,d'unsimplecontact,ilpouvaitlesmodifier,transformerlapeurenfascination,lacolèreencalme.Qu'yavait-ildoncdesurprenantàcequeKyliesoitenadmirationdevantcebeaugosse?

Traitez-ladeparano,maisaprèsavoirconstatéquesonpère-enfin,sonbeau-père-avaittrompésamère,puisqueTrey,sonex,l'avaitplaquéeparcequ'ellehésitaitàallerjusqu'aubout,faireconfianceausexemasculins'avéraitdifficile.Etàceluiquiavaitlepouvoirdemanipulersessentiments,encoreplus.

Maiscelanel'empêchaitpasd'aimerDereknid'espérerselaisserallerunjouraveclui.Mêmelà-elleavaitleventrenouéàl'idéedeboiredusang,entouréeducampentier-,ellesesentaitattiréeparlui.Elleavaitenviedesepressercontresapoitrine,deserapprochersuffisammentpourvoirlespaillettesordanssespupillessefondredanslevertvifdesesyeux.Ellevoulaitsentirseslèvressurlessiennes,unefoisdeplus.

Goûteràsesbaisers.Elleavaitdécouvertcesdernièressemainesqu'ilembrassaittrès,trèsbien...

UnraclementdegorgedeMirandalafitredescendresurTerre.

QuandellevitlesouriredeDerek,ellecompritqu'ilavaitdevinésonexcitation;sesjouess'échauffèrentetellesedétournadugarçonpourposerlesyeuxsurMiranda.

Mince!Sonamieluitendaitlacoupe.C'étaitl'heuredevérité.

Ellelaprit.Lacoupeétaitchaudedanssapaume,presquecommesil'onvenaittoutjusted'ôtersasourcevitaleauliquidequ'ellecontenait.

Kylieignoraitsilesangétaithumainouanimal.

N'ypensepas.

Elleinspira.L'odeurdecuivre,semblableàcelledevieillespièces,emplitsesnarines,etavantquelacoupenetoucheseslèvres,sonenviedevomirmenaçadeseréaliser.

Fais-le.MontreàDellaqueturespectessaculture.

Elledéglutit,inclinalacoupeunpeuplushautetespéraplusquetoutqueDellaapprécieraitsongeste.Elleseditqu'ellenedevraitquegoûteretattenditqueleliquidehumectesabouche.

Alasecondeoùleliquidechaudmouillaseslèvres,elleallaitretirerlacoupe,maisl'épaissesubstancerougesefaufilatoutdemêmeentreseslèvresserrées.Lanauséedevintinsoutenable,pourtantlegoûtexplosasurleboutdesalangue.Presquecommedescerisesnoires,maisenmieux,unpeucommedesfraisesbienmûres,auparfumplusfortetplussucré.Lasaveurexotiqueluiavaitfaitouvrirlaboucheetavalergoulû-

ment.Alorsqueleliquideglissaitdanssagorge,l'odeurdevieuxcentssevolatilisa,remplacéeparunefragrancefruitéeetépicée.

Elleavaitvidépratiquementtoutelacouped'untraitlorsqu'elleserappelacequ'ellebuvait.Elleretiralacoupedeseslèvresd'uncoupsec,maisneputempêchersalanguedelécherlecoindesaboucheetderattraperunegouttequitentaitdes'échapper.

Immédiatement,l'intensitédetouslesyeuxrivéssurelleluifitprendreconscienced'uneréalitéplusprofonde.Desmurmuresemplirentsesoreilles...

–Aumoinsmaintenant,noussavonscequ'elleest.

-Commentçasefaitqu'ellenesoitpasfroide?

–Vafalloiraugmenternotreréservedesang!

LecridevictoiredeDellaretentitensuite.

LesmainsdeKyliesemirentàtrembler.Lafuméedufeudecampenvahitsonnezetsagorge,etelleeutdumalàrespirer.

Mince!Mince!Mince!Qu'est-cequecelavoulaitdire?Était-elle...

unvampire?

Ellepassaenrevuelesvisagesauxyeuxécarquillésàlarecherched'Holiday.Elleavaitbesoindevoirsonsourirerassurant,quiluisignifie-raitquetoutallaitbien,que...celanevoulaitriendire.Maisquandelletrouvaladirectrice,l'expressiondecelle-cireflétaitlamêmeréactionquecelledesautres:lechoc.

Encillant,Kylieespérachasserdeslarmesimminentesetfourralacoupepresquevidedanslesmainsdesonvoisin.Semoquantdésormaisdefairepreuvederespect,elles'enfuitàtouteallure.

Cinqminutesplustard,Kyliecouraitencore.Etplusvitequ'ellelepensait.Maisfilait-elleàlavitessed'unvampire?L'airestivalchaud,lourdethumideemplissaitsespoumonsetressortaitenhalètements.

Mêmesilatempératurenocturneavoisinaitlesvingt-septdegrés,unfrissonparcourutsacolonnevertébrale.Était-elleentraindesetransformerenvampire?Serefroidissait-elle?Dellaneluiavait-ellepasexpliquéquec'étaitdouloureux?Voireatrocementdouloureux?

Souffrait-elle?Émotionnellement,oui.Maisphysiquement?Pasencore.

Ellecontinuasaroute.Lebruitdesespasenvahitsesoreilles,etceluidesplantesgrimpantesépineusesquis'accrochaientàsonjeanpuiss'endétachaientluiparaissaittropfort.Saconsciencel'élançaitaurythmedesbattementsdesoncœur.Poum,poum,poum.

Combiendefoisavait-elleditàDellaqu'ellen'étaitpasunmonstre?

Etpourtant,rienquel'idéequ'ellepuisseêtreunvampireluiétait...insupportable.

L'odeurdelafuméedufeudecampimprégnaitsesvêtementsetemplissaitsesnarines.Cependant,legoûtdusangsucrésubsistaitsursalangue.Elleaccéléra.Savitesseprouvait-ellequ'elleétaitunvampire?

Ellenevoulaitpasypenser.

Nil'admettre.

Sespoumonsfinirentparabandonner,parrejeterl'airqu'elleessayaitd'yfaireentrerdeforce.Lesmusclesdesesjambesfurentprisdecrampesetsesgenouxtremblèrent.Elles'arrêta.Sesjambesrefusaientdesoutenirsonpoidsetelles'effondraaumilieud'unchampenvahidebuissonsépineux.Elleramenasesjambescontresapoitrine,serrasestibiasetlaissatombersatêtesursesgenoux.

Elleaspiradel'airchauddanssespoumonsenmanqued'oxygène.

Unsouffle,puisdeux.Physiquementépuisée,elles'immobilisaquandellefinitparcomprendre.Sielleétaitunvampire,n'aurait-ellepasl'en-durancedeDella?Peut-êtrecelasurviendrait-ilaveclechangementdesatempératurecorporelle.Sesjoueshumidesluiindiquèrentqu'ellepleurait.

L'airserefroiditbrusquement.

Pasunfroiddevampire.

Unfroiddemort.

Ellen'étaitpasseule-unautreespritl'avaitrejointe.Maisquiétait-ce,cettefois?Holidayavaitexpliquéqu'avecletemps,sesaptitudess'amélioreraientetqu'elledevraitgérerplusd'unfantômeàlafois.Maispourl'heure,ellenevoulaitenvoirqu'unseul.Ellenedésiraitqu'uneseulechose.

Desréponses.

-Daniel?(Ellecrialenomdesonpère.Puis,plusfort:)DanielBrighten?Quesuis-je?

Commeiln'apparaissaitpas,ellehurlaencoresonnom,encoreetencore.Sagorges'irrita,maisellecontinua:

-Vienstoutdesuite!Tumedonnesdesréponsesoujetejurequ'àl'avenirjeferaicommesitun'étaispaslà.JEFERAICOMMESITU

N'ÉTAISPASLÀ.Jem'isoleraidetoi,jeteferaidisparaîtredemonespritetrefuseraidetevoir,deteparleroumêmedepenseràtoi.

Alorsquelamenaces'échappaitdeseslèvres,ellenesavaitmêmepassielleavaitlepouvoirdelamettreàexécution,maisquelquechoseaufondd'elleluidisaitqueoui.

Soudain,lefroidserapprocha.Ellelesentitl'entourer,l'étreindretrèsfort.Cen'étaitpasn'importelequel,c'étaitceluideDaniel.

Ellelevalatêteetvitsonesprits'agenouilleràsescôtés.Sonregardbleucroisalesien,dumêmebleu.LesyeuxdeDanieletpresquetoussestraits,desonvisageovaleàsonnezlégèrementretroussé,ressemblaienttellementauxsiensquec'enétaitdéconcertant.Quandsonbrasseposasursesépaules,lenœuddanslagorgedeKylieseresserra.

-Nepleurepas.(Ilessuyaunelarmesursajoue.)Mapetitefillenedevraitjamaispleurer.

Lecontactglacialn'auraitpasdûlaréconforter,maisc'étaitlecas.

-J'aibudusang,etc'étaitbon,cracha-t-elle,commeunaveu.

-Ettutrouvesçamal?

-Ça...çamefaitpeur.

-Jesais.Jemesouviensavoirressentiàpeuprèslamêmechose.

-Tuasbudusang?Sommes-nousdes...vampires?Lemotrefusaitpresquedesortir.

-Jen'enaijamaisbu.(Sonexpressiondevintempathique.)MaisKylie,tun'asrienfaitdemal.

Savoixétaitdouce,sesparoles,réconfortantes.Lefroid,lesien,at-ténuasapeurdel'inconnuetellesesentit...aimée.

Ellecompritaussitôtquel'amourneconnaissaitpasdefrontières,nimêmelamort.L'amourneconnaissaitpasdetempérature.Peut-êtrequ'avoirfroidn'étaitpasensoiquelquechosedemauvais.Elles'appuyacontreluiettiraduréconfortdecetteproximité.

Lesminutespassèrent.Ens'essuyantlevisage,elleregardafixementlepèrequ'ellen'avaitjamaisconnudesavie.Pourtant,mêmesilamortlesséparait,elleressentaitlelien.

–Dis-moi.Jet'ensupplie,dis-moicequejesuis.

LesouriredanslesyeuxdeDaniels'évanouit.

-J'aimeraispouvoirtedonnercetteréponse,maisjenelaconnaispas.J'étaisplusâgéquetoiquandj'aicomprisquej'étaisdifférentdetoutlemonde.Maisilm'afalluattendred'avoirdix-huitansetd'entreràl'universitépourquedesévénementscommencentàseproduire.

-Dequelgenre?demanda-t-elle,lorsqu'ellecompritsubitement.Tuvoyaisdesfantômes?

Ilopinaetjoignitsesmains.

-Jepensaisquej'avaisperdulatête.Puis,unjour,j'airencontréunvieilhommequipêchait.Ilm'aracontéqu'ilétaitFae.

-T'a-t-ilexpliquécequetuétais,toi?

-Non,justequejen'étaispashumainet,biensûr,jel'aipris,lui,pourunfou.J'aimisdesmoisàlecroire,Quandjesuisrevenulevoir,ilavaitdisparu.

-Maistesparents?demandaKylie.Ilsnet'ontriendit?

-Non,etlorsquejemesuisaperçudemonaptitudeàreconnaîtred'autressurnaturels,j'aicomprisqu'ilsétaienttouslesdeuxhumains.Acemoment-là,j'ignoraisquejenepouvaispasêtreleurfils.Depuismamort,j'aiapprisqu'ilsm'avaientadopté.Maiscen'estpaspourautantqu'ilsnesontpasmesparents.Ilsm'aimaient.Etilst'auraientaimée,toiaussi.

-Ilsnet'ontjamaisditquetuavaisétéadopté?Commentont-ilsputementirsurcepoint?

-Àl'époque,ilvalaitmieuxquel'adoptionrestesecrète,mêmepourl'enfant.Jenesaistoujourspasquisontmesvraisparents,nicequ'ilssont.Donc,tuvois,lesréponsesquetucherchessontlesmêmesquecellesquej'aivoulutrouverjusteavantmamort.Peut-êtrepeux-tulesdécouvrir,pournousdeux.

-Mais...

-Maisquoi?

-Jepensaisquelesfantômesavaientledondevoirpartout.Danslesfilms,c'estcommeça,entoutcas!Personnedel'autrecôténepeutteledire?

Danielsourit.

-C'estcequel'onpourraitcroire,maisnon.Mêmelà-bas,ilsveulentquel'ontrouvesespropresréponses.

–Tropnul!lançaKylie.Êtremortdevraitaumoinsavoirdesavantages!

Ilritencore.CesonétaitfamilieràKylie.Encoreautrechosequ'elleavaithéritéedelui-sonrire.Ellepensaalorsàsonbeau-père,l'hommequ'elleavaittantaiméetqui,pourtant,leuravaittournéledos,àsamèreetelle.Ellenesavaittoujourspassiellepourraitluipardonnerunjour.

Siellevoulaitluipardonner.Puisunepenséeétrangel'envahit:ellen'avaitpasaimélebonpère.

Sagorgeseserradenouveau.

-Toutemavie,tum'asmanqué,déclara-t-elle.Jenelesavaispasjusqu'àaujourd'hui.Tuétaiscenséêtrelà.

Ilmitunemainsursajoue.

-J'étaislà.Jet'aivuefairetespremierspas.Lejouroùtuestombéedevéloetoùtut'escassélebras,j'aiessayédeterattraper.Tuasatterripiledansmesbras.Etsouviens-toidujouroùtuasratétonépreuvedemaths:tuétaistellementénervéequetut'esenfuiepourfumeruneciga-rette.

Ellefronçalessourcils.

-Jedétestelesmaths.Maislaclopeaussi.

-Moiaussi,gloussa-t-il.J'étaislà,Kylie,maisjenepeuxpasresterpluslongtemps.

Sesparolesrésonnèrentdanslatêtedelajeunefilleettouchèrentsoncœurdansunbruitsourd.

-Cen'estpasjuste!Jeviensseulementdefairetaconnaissance!

-Montempsdansceroyaumeestlimité.Jem'ensuisbeaucoupservipourteregarderdevenirlafemmequetuesaujourd'hui.

-Alors,demandes-enplus!Sagorgeseserra.Elleavaitdéjàperduunpère;ellenevoulaitpasenperdreunautre.Pasmaintenant.Pasavantmêmedemieuxleconnaître

-Jevaisessayer,maisçanemarcherapeut-êtrepas.Jeneregrettepasd'avoirpassétoutmontempsavectoi.(Lescoinsdesesyeuxseri-dèrentenunnouveausourire.)Jevoisentoilemeilleurdetamèreetlemeilleurdemoi.Etsijesaisquetunetienspasàentendreçamaintenant,jevoisaussilemeilleurdeTomGalen.Iln'estpassimauvaisqueça,Kylie.

EllevoulaitdireàDanielqu'ilsetrompait,insisteretl'assurerqu'elleneressemblaitpasàTomGalen,maisuncoupdeventinterrompitsespensées.Ilsurvintsivite,commesiquelquechoseétaitpassédevantelleàtouteallure,quelquechosedesirapidequesonœilhumainnel'avaitpasdétecté.Quelquechosedenonhumain.

Lesilencemystérieuxquis'ensuivitindiquaàKyliequ'elleavaitraison.

-Jepariequec'estDellaquimecherche,dit-elleenregardantautourd'elle.

Maisaumomentmêmeoùelleterminaitsaphrase,ellesentitlefroiddelaprésencedesonpères'évanouir.

-Non,jet'enprie...net'envapas!

Sonderniermotrésonnadanslesilenceardent,maislugubreetso-litaire.Parti.Ilétaitparti.

Sapoitrineseserra,puisellecompritquemêmes'ilétaitvenulavoir,ilnedétenaitpaslesréponsesqu'ellesouhaitait.Sonprojetin-failliblederésoudresacrised'identitévenaitd'êtreréduitànéant.

Semordantlalèvre,ellechassalespenséesdesonpèreetsepréparaàaffronterDella.Pourrait-elleluiexpliquer,sanslablesser,sesréservessurlefaitd'êtreunvampire?Serait-ellefurieusequ'elleaitbrisélecercleetqu'ellen'aitpasrespectélaculturevampirique?Laconnaissant,ellepensaquela

réponseseraitoui!

Dellaavaitenelleuneprofondecolèrenonexprimée,etilnefallaitpasgrand-chosepourlarendrefurieuse.Unepartiedesonangoissepouvaitêtredueàsonidentitédevampire-ceux-cin'étaientpasdutoutaffectueux,c'étaitbienconnu-,maislaplupartdesesproblèmesétaientliésàsafamille.Apparemment,sonpère,extrêmementstrict,avaitconstatédeschangementschezsafilledepuissatransformation,etilnelesappréciaitpas.Commeellenepouvaitpasluiavouerqu'elleétaitvampire,Dellaavaitgardélesilence,cequiincitaitsonpèreàl'accuserdetout,d'êtreparesseusejusqu'àsedroguer.Cequiétaittristedanstoutça,c'étaitqueDellaaimaitsonpèresifortqueledécevoirluibrisaitlecœur.

KylieattenditqueDellarevienneàtouteallure,puiss'arrêtedansunsifflement.Maisnon.Sonamie,quiavaitpeurdesfantômes,avait-ellesentilaprésencedesonpèreetcontinuésaroute?L'absencedebruitdevintbrusquementmenaçante.

-Della?cria-t-elle.

Pasderéponse.Àmoinsquelesilencedemortenfûtune.KyliesesouvintdeChan,lecousindeDella,etdelavisiteimpromptuequ'illeuravaitrenduepeudetempsaprèssonarrivéeàShadowFalls.Saprésenceavaitgénérécegenredesilencedemort.

Lesouvenirdecettenuitenvahitlatêtedelajeunefille.Dellaluiavaitpromisqu'ilnefaisaitqueplaisanterquandill'avaittraitéedecasse-croûte,maisaprèslapetiteprisedebecentreKylieetlesFrèresdesang,labandedevampiresescrocs-lorsqu'elleavaitfaillisetransformerensnackpourdebon-,accordersaconfianceàunvampirequ'elleneconnaissaitpasluidemandaitquelquesefforts.

Commelatranquilliténocturnesubsistait,Kylieseforçaàprendrelaparole:

-Jesaisqu'ilyaquelqu'unparici.

Elleseleva,espérantquesoncouragefeintdevienneréel.Lecoupdeventrapideréapparut.

–Sic'esttoi,Della,cen'estpasdrôle!

Personnenerépondit.Kylierestaplantéesurplace,àessayerdetrouvercequ'elleallaitfaire.Puisellel'entendit.Trèsléger,telunbruissementdanslesbuissons:ilyavaitquelqu'underrièreelle.Enretenantsonsouffle,elleseretournad'uncoup.

Audébut,Kylienevitrien,puissonregardseposaplusbas,parterre,ets'arrêtasurdeuxyeux-ilsétincelaientd'ordansl'obscuritédelanuit.Cen'étaientpasceuxd'unvampire.Non,cen'étaitpaslateintedo-réedeDellaquiexprimaitsacolère.Ilsn'étaientmêmepashumains.Canins?Non.Unloup.

Ellefaillittrébucherenreculant,tandisquesoncœurluihurlaitdes'enfuir.Maislenomquiluitraversaensuitel'espritcoupacourtàtoutetentativedefuite:Lucas?

Sapoitrineseserraencoreplusfort,maisplusdepeur.Quelquechosequiressemblaitàdudésirluiréchauffalecœur.Puiscettesensationdechaleurunpeumièvresetransformaentrahison.Leloup-garousexyl'avaitembrasséeàenperdrelaraison,aupointqu'elleavaiteutrèsenviedelui...Puisils'étaitenfuiavecFredericka.

LeregarddeKylieseposasurlalunecachéeparlesnuages.Mêmeàtraverslebrouillardgris,ellepouvaitdevinerqu'ellen'étaitpaspleine.

Celaneseproduiraitpasavantlasemaineprochaine,quandlesloups-garonsducampprévoyaientleurproprecérémonial.

CequisignifiaitqueleloupquilaregardaitfixementnepouvaitêtreLucas.Quec'étaitdoncunvrai.Unanimalsauvage.Cequisignifiaitaussiqu'elleferaitmieuxdeprendresesjambesàsoncouavantqu'ilnedé-

cidedel'attaquer.

Sonregardsereposasurlabêtesauvage,etsisonespritfabriquaitdesimagesdelacréaturequi

grognait,prêteàcharger,cequ'ellevitétaitloind'êtreaussieffrayant.Lesyeuxdoréssoutenaientsonregard.Lenuagequiassombrissaitlaluneavaitdûsedéplacer,etKylieputdistinguerleloupdetaillemoyennedansledétail:sonpelagesemblaitépaisetrêche,composéd'unmélangedecouleurs,dugrisauroux.Elleneletrouvaitpasvraimentbeau,maisiln'avaitabsolumentriendemenaçant.

Enbaissantlemuseau,ilavançalentement.Mêmesilacréatureneparaissaittoujourspashostile,Kyliereculad'unpas.Commesiellesentaitsapeur,labêtesecoucha,enpositiondesoumission.

–Qu'est-cequetues?Unanimaldecompagnie.

UneautrepenséeenvahitKylie:unvrailoupn'auraitpaspuproduirelecoupdeventsupersonique...maisunvraimétamorphe,si.

Lajeunefilleposasesmainssurseshanchesetgratifialacréatured'unregardfroidetdur.

-Mincealors!Perry,c'esttoi?

Perry,lepuissantmétamorpheducamp,adoraitfairedesfarces.

MaisKylieenavaitplusqu'assezdesesblagues.Trop,c'étaittrop!

–Lapartieestfinie,sinonjetecoupelesoreilles!

Kylieattenditquelesétincellesenformedediamantsemplissentl'airautourduloupquandilretrouveraitsaformehumaine.

–Toutdesuite!

Pasd'étincelles.

Lacréatures'approchalégèrementàquatrepattes.

-Non,insistaKylie,quiadmettaitmaintenantquecesoitunvrailoup.Turestesici.(Elletenditlamainetl'animalparutécouter.)Neleprendspasmal,maisjepréfèreleschats.

Savoixétaitforteetelleluifitreprendreconsciencedel'absencedebruitsnocturnes.

Pasdecriquets.Pasd'oiseaux.Mêmeleventn'osaitpassouffler.

Ellelevalesyeuxsurlessommetsdesarbres,siimmobilesquel'onauraitditdesphotos.MêmelavégétationduTexassemblaitparalyséedepeur.

Elleréprimalasensationdedangerquis'agitaitdanssapoitrineetregardalabête,plussûrequejamaisquecedangern'étaitpasliéàlaprésencedelacréature.Non,quoiquecefût,c'étaitbienplusmauvaisqu'unanimalsauvage.Desfrissonsremontèrentlelongdesacolonnevertébraleenfaisantdesclaquettesetfirentsedresserleduvetsursanuque.

Leloupserelevad'uncoup,reniflaetgrogna.Ilreculad'unpas,puisseretourna.SesyeuxdoréscroisèrentceuxdeKylie,commepourl'aver-tirdudanger.

Maisellen'avaitpasbesoinqu'onlamettedavantageengarde.Soncœurmanquaunbattement.Lecourantd'airfroidrepassa,maisplusprèscettefois,etillaissauneodeurfétide,celledelamort.Legrognementduloups'intensifia.

-Kylie?

Sonnomrésonnaauloin,commes'ilsortaitd'unfourré.Elletournalatêteetlecourantd'airrepassadevantelleàtouteallure.Maiscettefois,Kylieeutlesentimentqu'ilpoursuivaitsaroute.Quiouquoiquecefût,ilvoulaitqu'ellesoitseule.Ellecroisalesbrassursapoitrineettâchadenepasfrissonner.

Lelouplaissaéchapperungémissementdoux.Elleleregardadenouveau.Ilbougealégèrementlagueule,commes'illuifaisaitsesadieux,puisseretournaet,dansunlégerbruissementdevégétation,ildisparut.

-Kylie!

Encoresonnom,transportéparunlégercoupdevent.Cettefois,ellereconnutlavoixdeDerek.

-Jesuislà!hurla-t-elle.

Et,nesouhaitantpasêtreseuleunesecondedeplus,elledétala.

EllecourutverslavoixdeDerek.Lecœurbattantlachamade,elleesquivadesarbresetenjambadesarbustesépineux.Ellecontinuaàcourir.Commesiellepouvaitéchapperàlapeurqu'ellevenaitderessentir,commesiellepouvaitéchapperàsesproblèmes.Ohoui,ellesouhaitaittantleslaisserderrièreelle!Àchaquebruitsourdqueproduisaientsespiedssurlaterredure,ellesentaitsonangoisses'éloignerdeplusenplus,maispassesproblèmes.Ilsrésistaient,maisledéploiementd'énergieétaittoutdemêmeagréable.Jusqu'àcequ'elleheurtâtquelquechose...ouplutôtquelqu'un.

Derek.

Desoncorpsmusclés'échappaunhalètement,etiltombadansungrandbruit.Kylie,déséquilibrée,s'effondrasurlui.Sonodeurdepropre,épicée,envahitsesnarinesaumomentmêmeoùsesbrasprotecteursl'enveloppaient.

-Tuasenvoyéleloup!marmonna-t-elle,toujoursàboutdesouffle,alorsqu'ellevenaitdesesouvenirquelegarçonavaitledondecommuniqueraveclesanimaux.

–Quelloup?(Sonregardallaverslagauche,puisversladroite.)Tuvasbien?

Illafitroulersurledos.L'unedesesjambesreposaitencoresurcelledeKylie,etsonbrasgauche,sursonventre,tandisquesapaumetenaittoutjustedanslacourburedesataille.Desoncontactirradiaientchaleuretréconfort.Ildégagealerideaudecheveuxdesonvisageavecsonautremain.Sonregard,remplid'inquiétude,croisalesien,etelleré-

primalagrossebouled'émotionquiremontaitdanssagorge.

-Kylie,parle-moi.

Sontonexprimaitlamêmeaffectionquecellequ'elledécelaitdanssesyeux,etlasensationdechaleurqu'elleressentaittoujoursquandillatouchaitserépanditdanssapoitrine.

-Zutalors!Tuvasbien?

Elleleregardaencillant.Ellevoulutluirépondreoui,maislavéritésortit:

-Non.Jenevaispasbien.

-Ques'est-ilpassé?

LebrasdeDerekseresserraautourdesataille.Toussesproblèmesluitombèrentdessuscommedescouteaux,dontl'unlatouchaenpleincœur.

-J'aibudusang.

-Nousenavonstousbu.Celafaisaitpartiedelacérémonie,déclara-t-il,etelleeutlesentimentqu'ilessayaitdedirecequ'ilfallait.

-Maisj'aiaimé,répondit-elle.

-Jesais,avoua-t-il.Tesémotionsétaientenvrac:passion,euphorie,joie.

Ellesoulevalatêted'uncentimètre.

-Qu'est-cequeçaveutdire?Sérieux,qu'est-cequeçaveutdire?

-Peut-êtrequetuasaimé,toutsimplement,répliqua-t-ild'untonprudent.

–Oupeut-êtrequejesuisunvampire?rétorqua-t-elle.

Ellefitretombersatêteparterreetfermalesyeux.

Pendantuneminute,ilsetut,puispritlaparole:

-Tuasvuunloup?Tuasparléd'unloup,toutàl'heure.

-Ouais,répondit-elle.Ilsecomportaitbizarrement,presqueamica-lement.

-Iln'estpluslà,annonçaDerek,commesisondonluipermettaitdedétecterlesanimauxdanslesboisalentour.Çadevaitsimplementêtreunchienerrant.

-Ilressemblaitàunloup.

-Alorsc'étaitsûrementunhybride.

-Sûrement,admit-elle,ensedisantqu'elleavaitdûhalluciner.

Ilsgardèrentlesilencependantquelquesminutes.Enfermantlesyeux,ellesavouralasensationducorpsdeDerekcontrelesienetsedé-

tenditlentement.Quandellelesrouvrit,lesétoilesbrillaientdanslecielavecunéclatdecontedefées.Autourd'eux,l'herbehautedansaitdanslevent.Derekrecommençait,rendaitlemondequil'entouraitutopique,tropparfait.Mêmel'airseparfumaitdel'odeurpoivréedesplantes,avecunetouchedel'arômedesfleurssauvages.Ellefermadenouveaulesyeux,depeurdeselaissercomplètemententraînerdanslemondequ'ilavaitcréé.

–Tucroisquetuesunvampire?demanda-t-il.

SaquestionlaramenasurTerre.Elleleregarda.

–Jenesaispas.Jesuistellementpaumée.

Ilpassalamainsursajoue.

-Cequetuesimporte-t-ilvraiment,Kylie?Moi,jem'enmoqueéperdument.

-Biensûrqueçacompte!Elleserelevasuruncoude.Tunecomprendspasparcequetusaiscequetues.Tuastoujourssucequetuétais.Toutcequej'avaisapprisàproposdemoi-même,dequijesuis,cequejesuis,quiestmonpère,toutcelaaétémisenpièces.Toutcequimereste,c'estuntasdequestions.Rienn'estcommejelepensais.

Deslarmesemplirentsesyeux.

-Et...

LabouchedeDerektouchalasienne.Sesyeuxsefermèrentdansunbattementdepaupières.Ladouceurdesonbaiserenvoyabaladersonchaosintérieur.Elles'autorisaàsavourerl'instant.Àselaisserchavirerparlessentimentsetnonparlapensée.Etcommec'étaitbon!

Quandils'écarta,ellen'étaitpasprêteàcequecelasetermine.Ellerouvritlesyeux.N'étantplussousladouceemprisedecebaiser,ellenesavaitpascequeluiinspiraitlefaitqu'illuiaitclouélebec.Elles'assitbiendroite.

-Pourquoias-tufaitça?

-Faitquoi?

–M'embrasseralorsquej'essayaisdeparler?

Unsourireselutdanssesyeux.

-Tun'aimespasquej'utilisemondonpourtecalmer,alorsjemesuisditqu'àlaplace,j'allaismeservirdemoncharme.

-Sic'estjustetoncharme,etpastondon,commentçasefaitqu'avectoilemondeaitl'airfantastique?

Ilsecoualatête.Sescheveuxchâtainseffleurèrentsonfront.

-Jetel'aidit,jen'ysuispourrien.

Ellepenchalatêtedecôtéetluiadressaunregardaccusateur.

-Sijelefais,cen'estpasexprès.Jetelejure.Êtreavectoimerendheureux,etpeut-êtrequ'êtreheureuxintensifiemoncharme.

Sonsourireétaitcontagieux,ettoutsentimentquis'installaitdanslapoitrinedeKylie,telquelacolèreoulaméfiance,s'évanouit.

Elleassénaunegrandetapesurl'épauledeDerek.

-Tutecroisirrésistible,hein?

Sonsourires'élargit.

-Jecroisquetuaimesbienquejet'embrasse.

Sonregardseportasursabouche,dontellesentaitencorelecontact.

–Vraiment?letaquina-t-elle.Tuesaussisûrdetoi?

-Jesuiscertainquetun'espluscontrariée,entoutcas.Etc'estcequicompte,non?(Ilpassaundoigtsurseslèvres.)Parcequejenesupportepasquetusoiscontrariée.

Soncœurseserra,etellesedemandas'ilétaitentraindeluiavouerqu'ilmanipulaitsessentiments.Maisbon,était-cemauvaisdevouloirrendrequelqu'unheureux,dechassersespeurs?Qu'attendait-elleaujuste?Qu'est-cequil'empêchaitdedireouiàtoutcequeDerekdésirait?

Ouipoursortiraveclui.Ouiàd'autresbaisers...etàcequisepasseraitensuite,quoiquecesoit.Elles'approcha,souhaitantgoûterdenouveauseslèvres.

-Tuvois!fit-ild'untontaquinenarquantlessourcils.Avoue-le!

Ils'avança.SaboucheétaitsiprochedecelledeKyliequ'ellelasentaitpratiquementbougerquandilparlait.

-Avouerquoi?

Ellepritunevoixlégèrementprovocante,enespérantqu'ellelerendraitfoucommeluilarendaitfolle.

-Avouequetuaimesquandjet'embrasse.Etacceptedesortiravecmoi.

Ellelefixaduregardetsefenditd'ungrandsourire.

-Jeveuxbienadmettrequej'adoretesbaisers,maistoi,tuaimeslesmiens?

-Plusquetout.(Ilcomblal'infimedistancequilesséparait.)Dis-moioui.

Ill'embrassadenouveau.Doucementpourcommencer,puisplusintensément.Ellesentitsalangueseglisserdanssabouche.Ellesentitaussisamainsefaufilersoussontee-shirteteffleurersataillenue.Ill'avaitdéjàtouchéedelasorte,maiselleavaitlesentimentqu'ilnelaca-resseraitpasplushaut,qu'ilnepousseraitpasl'intimitéplusloinsanssonconsentement.Savoirqu'ilrespecteraitsonchoix,quelqu'ilsoit,signifiaittantdechosespourelle.Maiscelasuffisait-ilpourfairecesautdansl'inconnu?

Elleluipritlamain,envisageasérieusementdelaremonterlégèrement,deluidonnerlapermissionde...

-Vousdevezretourneraucamp,vousdeux!

KylieetDerekseséparèrentdansunsursaut.Burnett,lecodirecteurprovisoiredelacoloetmembredel'URF,uneunitésurnaturelleduFBI,setenaitau-dessusd'eux.LevisagedeKylies'embrasa.

Derek,lui,nesemblaitpasgênédutout.Ilserelevad'unbondetregardaautourdelui.

-Qu'ya-t-il?

Kylieseleva.Cenefutqu'àcemoment-làqu'elleserappelaletonsinistredeBurnettetconstataquesesyeuxétincelaientderouge.Unsignequ'ilétaitsurladéfensive.Detouteévidence,ledangerrôdait.

-Ques'est-ilpassé?s'enquitDerek.

-Ilyavaitquelqu'und'autre,toutàl'heure,réponditBurnett.

-Qui?parvintàdemanderKylie.

-Jenesaispas.Maiscesontdesvampires,etpasvous.Maintenant,retournezaucamp.

-Etsijevousaccompagnais?proposaDerek.

-Pourlalaisserseule?demandaBurnettd'untonfermeenplissantlefront.

Derekreposalesyeuxsurlajeunefille,puissurBurnett.

-Vousavezraison.Jem'assureraiqu'ellerentrebienetqu'ellesoitensécurité.Voulez-vousquejevousrejoigne?

-Non.Çaira.Maisgardezunœilsurlecamp.Ordonnezàtoutlemonded'êtresurlequi-viveetderestergroupés.

«Pourlalaisserseule?»LaquestiondeBurnettnecessaitderepasserdanslatêtedeKylie,etchaquefoiselleétaitplusembêtée.Ellevoulaitprotester:ellepouvaitprendresoind'elletouteseule.Dellapiqueraitdescrisesd'hysteriesionlatraitaitcommesielleavaitbesoind'êtreprotégée.PuisKylieserappelalapeurqu'elleavaitéprouvéeavantdeprendresesjambesàsoncouetdetrouverDerek.Detouteévidence,Kylien'étaitpasDella.

Pourautant,n'était-ellepasunvampire?Oujusteunvampireàquiilmanquaittoutcequipouvait

s'apparenteràducourage?Lesvampirestrouillardsexistaient-ilsseulement?

Burnettpoursuivit:

-NelaissezpasnonplusHolidays'enaller.Ligotez-las'illefaut.

Compris?

-Compris.

DerekattrapaKylieparlecoudeetsemitenroute.

Ellenebougeapas.

-Jel'aisentitoutàl'heure,lâcha-t-elle.Ilestpasséplusieursfoisdevantmoi.Commes'ilmetaquinaitoumetestait.

Ellesesouvenaitqu'iln'avaitpascesséderepasseràtoutevitesse,sefaisantconnaîtresanssefairevoir.

-C'estétrange.D'habitude,lesvampiresnesontpastaquins.Etnetestentpasnonplus,déclaraBurnett.Ilsdétectentuneproieetl'attaquentpourlatuer.Maintenant,retournezaucamp.

DesfrissonsmontèrentetredescendirentlelongdesjambesdeKylie.Dereksentitsapeurparcequ'illuiattrapalamainetlaserraaffectueusementpourlacalmer.L'angoissedelajeunefilles'atténua.

-Viens,rentrons.

Dereklapritdenouveauparlecoude.LebruitdesavoixaidalecerveaudeKylieàseconnecteràsesmembres,etellesemitenroute.

Ilsavancèrentrapidement,ensilence.Detempsentemps,Onentendaitlescriquetsetleshibouxdansl'obscurité.Leurmusiquenedé-

rangeaitpasKylie.Elleétaitagréable.Celasignifiaitqu'iln'yavaitpasd'intrusàproximité.

-Pourquoitunem'aspasditqu'unvampireétaitvenutevoir?demandaDerek,lafrustrationrenforçantl'intensitédesavoix.

-Je...Audébut,jepensaisquec'étaitDella,puis...(Puiselleavaitcruquec'étaitChan,maisellenepouvaitpasparlerdecelui-ciàDerek.

Ellel'avaitpromisàsonamie.)Etjet'aientendum'appeler.Alorsjemesuismiseàcouriretjen'aipluseupeur.Jet'aiparléduloup,ajouta-t-elleenregardantsonfrontplissé.

-Jepensequelevampireétaitplusimportant.

-Oui,etjet'enauraisbien...parlé,maistum'asembrassée.

–Etdonc,c'estmafaute?

Sontonétaitplusdur.

-Plusoumoins,répondit-elle.

Ellen'appréciaitpasqu'ilsemetteencolèrecontreellealorsquequelquesminutesplustôtilss'embrassaient.Elleaccélérasonpas.

Ilscontinuèrentàavancerdansunsilencetendupendantcinqminutes.Àchaquenouveaupas,elleserendaitcomptequeleurdisputeétaitstupide.

-J'auraisprobablementdût'enparlertoutdesuite,dit-elle.Jen'aipasréfléchi.

Ellecommençaàs'éloignerdelui,decraintequ'iln'acceptepassapropositiondetrêve.

Ellel'entenditinspirer.

-Jesuisdésolé.Jen'auraispasdûrâler.(Ilattrapadenouveausamain.Sapaumeétaitagréable.)Çamefaitjusteflipperdepenserque...

quel'onauraitputefairedumal.

Ilparaissaitsoudainplusâgé.Savoixdevintplusgrave,sonbesoindelaprotégerluidonnantunenouvellecouleur.Mêmesielleétaitencoreunpeuagacéequ'ill'estimeincapabledeseprotégertouteseule,elleaimaitcenouveauton.Celaluidonnaitl'impressiond'êtremoinsendanger.

Oui,avecDerek,ellesesentaitensécurité.Maiscelanel'empêchapasderegarderlesarbresetdeprierpourqueleventnecessepasdesouffler,pourquelanuitneredeviennepassilencieuse.

—Ques'est-ilpassé?

Vingtminutesplustard,Mirandalacoinçadansuncoinduréfectoire.

DèsqueDerekeutparléàHolidayduvampireescrocquirôdait,celle-ciavaitconvoquétoutlemonde.

Intérieurement,Kylietremblaitencore.Était-cedepeurouàcausedel'humeurglacialedeDella?Ellen'ensavaitrien.OnpouvaitsentirqueDellalasnobaitdepuisl'autreboutdelasalle.

-Allez,crachelemorceau!insistaMiranda.Etensuite,j'auraiquelquechoseàteraconter.

KylieregardadenouveauDella.

–Elleestvraimentencolèrecontremoi?

Mirandajetauncoupd'œilàtraverslapièce.

-Suruneéchelledeunàdix,dixétant«unesupercolèredevampire»,jediraisqu'elleenestàquinze...etqueçacontinueàmonter.

-Super!marmonnaKylie.

Mirandahaussalesépaules.

-Elles'enremettra.Tusaiscommentelleest...Maintenant,raconte-moicequis'estpassé.

Kyliesecoualatête.

-Jesuispartieencourantet...

-Maispourquoi?Pourquoi...as-tubulesangcommesic'étaitunebièrefraîchelorsd'unechaudesoiréedeweek-end?

Kylieregardaseschaussures.Ellenevoulaitpasenparler,pastoutdesuite.

-Jenesaispas.

–Çat'aplu,non?

Mirandaavaitl'airvexé.

LemaximumqueKylieputfairefutdehocherlatête.

–D'accord.Alorsques'est-ilpasséensuite?

Kylieravalaladouleurdanssagorge.

-Allez,vas-y!insistaMirandad'untonsec.-Jecourais,etpuisj'aisentiquelqu'un-dugenrevampire.Puisj'aientenduDerek.Jecroisqu'ilafaitpeuràceluioucellequiétaitlà.J'aidétalé,j'aitrouvéDereketnous...

-Vousquoi?demandaMiranda,suspendueàseslèvres.

Çadevenaitchaudentrenous.

-Rien.Burnettadébarqué.

Uncourantd'airlesfrappaaumomentoùDellavintbrusquementseplanteràcôtédeKylie.

–Ettuluiasditquetupensaisquec'étaitChan,hein?

Manifestement,Dellalesavaitécoutéesdepuisledébutdeleuréchange.Kylielaregarda.

-Non,pasdutout.

-QuiestChan?demandaMiranda.

–Personne,luiréponditDellad'untonsec.Occupe-toidetesaffaires.

Al'évidence,Dellanesouhaitaitpasquel'onsachequesonvampireetdélinquantdecousinavaitbrisél'unedesplusgrandesrèglesdeShadowFalls:pasdevisiteurssansautorisation.Celas'appliquaitpluspar-ticulièrementàceuxquiétaientcontrelestentativesdel'URFdegouvernerlessurnaturels.

Miranda,mécontente,foudroyaimmédiatementDelladuregard.

-C'étaitChan?demandaKylie,quisemoquaitbienqueMirandaentende.

KyliecomprenaitlaloyautédeDellaenverslui.IlavaitétéleseulàaiderDellaàsupporterledouloureuxchangement.Toutefois,ilsemblaitlogiquequesiChanavaitviolélerèglementunefois,ilpourraittrèsbienrecommencer.

-Jet'aiditqu'ilnereviendraitpas,lançaDellad'untonsec.

-Maiscommentpeux-tuenêtreaussisûre?

Kyliesesouvintsoudainqu'elleavaitétémortedepeurdanslesboisquandelleavaitrencontrélecousinprétentieuxdeDella.Ellecroisalesbrassursapoitrine,commesurladéfensive.Cen'étaitpasparcequeDellaétaitconvaincuequeChannereprésentaitpasunemenacequec'étaitlavérité.IlpouvaittrèsbienfairepartiedugangdesFrèresdesang.

-Parcequej'aiconfianceenlui,contrairementàd'autres.JepensaisqueMirandaettoiétiezmesamies.Toutcequejedemandais,c'étaitqueturespecteslefaitquecettesoiréecomptaitbeaucouppourmoi.Que...

LafrustrationdeKylieatteignitsonapogée.

-Merde,Della!Pourquoifaut-ilqueturamènestoujourstoutàtoi?

Apeinecesmotsfurent-ilssortisdesabouchequeKylieremarqual'expressiondansleregarddesonamie.C'étaitcellequ'elleavaitchaquefoisquesesparentsvenaientluirendrevisite.CellequifaisaitdireàKyliequeDellaavaitl'impressiond'êtreuneparia.

Elledécidadechangerd'attitude.

-Jenevoulaispasmemontrerirrespectueuse.J'aijusteflippé,d'accord?

-Pourquoi?

SilacolèredeDellarésonnaitdanssavoix,c'étaitladouleurquicoloraitsesyeux.

-Pourquoiquoi?demandaKylie.

Maisaufondd'elle,ellesavaitcequesonamieluidemandait.Illuifallaitjustequelquessecondespourtrouvercommentleformulerafinqueçan'aitpasl'airtrophorrible.

Dellas'approcha.

-Tuasflippéparcequetuneveuxpasêtreunvampire,pasvrai?Tupensesquejesuisunmonstre,hein?Tuesmortedetrouilleàl'idéededevenircommemoi.C'estpourtaquetuaspétéunplomb,hein?

Kylieouvritlabouchepourluirépondre,maisaucunmotn'ensortit.

Sûrementparcequ'ellenepouvaitpasluimentir.Levampireconnaîtraitlavérité.Dellafitminede

partir.Kylietenditlebraspourl'arrêter,maisilétaittroptard.

-Oùest-elleallée?demanda-t-elleenpassantdeuxfoisenrevueleréfectoiresanslatrouver.

Lasallegrouillaitdecampeursexcités.

-Laisse-lasecalmer,conseillaMiranda.

-Jenepeuxpas.

KyliesavaitcombiencelapeinaitDella.

Enfin,elleremarqualescheveuxbleunuitdesonamiederrièreungroupedemétamorphes.Ellesedirigeaverseux.

Mirandalasuivit.

-Sérieux,etsituluidonnaisunpeudetemps?

–Non,ditKylie,obstinée.

LesyeuxordeDellaétincelaientdecolère.Puissalèvresupérieureseretroussajusteassezpourrévélerseslonguescanines.Auneépoque,lavoirainsiauraitfichuunetrouillebleueàKylie,maisplusmaintenant.

Ellen'avaitpaspeurd'elle.

-Jeneteprendspaspourunmonstre,ditKylie.Maiscen'estpaspourçaquejen'aipaseupeur.

-Menteuse,grognaDella.

-Jenemenspas.Vérifiemespulsations,situnemecroispas.

Écoutemoncœur,tuverrassijebaratine.

Dellaentrepritdetournerlestalons,maisKylielarattrapajusteàtempsparlecoude.

-N'imaginemêmepasquetuvast'enaller,insistat-elle.

–Laisse-moipartir,grommelaDellaàvoixbasse.

CommeKylienelalâchaitpas,levampireseretournad'uncoup,lesyeuxplusbrillants,etmontrasesdents.

Kylieentenditquelquesmurmuresdanslafoule.Leurdisputeavait,àl'évidence,attirél'attention.Dellaperçut,elleaussi,cesmurmuresparcequ'elleregardaautourd'elleetsiffla.Lesquelquespersonnesàproximités'éparpillèrentcommedessourisaffolées.

Kylien'avaittoujourspaspeur.

-Euh...ondevraityaller,nousaussi,suggéraMiranda,endonnantuncoupdecoudeàKylie.Maintenant,elleestvraimentfurax!

KylieneregardapasMiranda.EllecontinuaitàfixerDellapourluifairecomprendrequ'ellen'avaitpaspeur.

-Jenepartiraipastantqu'ellenem'aurapasécoutéejusqu'aubout.

-Jen'aipasàt'écouter.Jesaiscequetupenses.

LeregardnoirdeDella,emplid'unepeineintense,luifitl'effetd'unegifle.

-Cen'estpasjuste,lâchalevampire.

Àsontour,Kyliefusilladuregardsonamieencolère.

-Cequin'estpasjuste,c'estquejecroyaisquetuétaismonamie!

L'ordesesyeuxfaisaitétincelerplusvivementencoreladouleurdansleregarddeDella.

-Jesuistonamie,etjet'aidonnémonsang!déclaraKylie.

-Moiaussi,ajoutaMiranda,l'airnerveux.

Commel'expressiondeDellanechangeaitpas,Kyliepoursuivit:

-Etjemesouviensquetum'avaisconfiéquetuavaisvraimentflippéenapprenantquetutetransformais.Quetuavaisredoutétoutcequ'ilt'arrivait.Quetunevoulaispaschanger.

Dellafitdenouveauminedepartir.MaisKyliecontinuaitdeparleretrefusaitdelâchersoncoude.

-Serais-tulaseuleàavoirledroitd'avoirpeur?(Kyliesentitl'émotionenflerdanssapoitrineetleslarmesemplirsesyeux.)Serais-tuexceptionnelleaupointquepersonned'autrenepourraitressentirlamêmechose?

Kylies'attendaitpresqueàcequeDellafilecommeuneflècheetsedéboîtelebrasdanslaprécipitation.Maisellen'enfitrien.Elleneseretournapasnonplus.Dellasecontentaderesterimmobilependantdelonguessecondes.Une,deux,trois.Kyliecomptaetpatienta,espérantquecelasignifiait...

-Trèsbien,lâchaDella,defrustration.

Puisellefinitparseretourner.Sesyeuxn'étaientplusdorés.Ellelesbaissa,puislesreleva.

-Tuasraison.(ElleregardaKylie.)Jesuisdésolée.

-Merdealors!s'exclamaMiranda,unpeufort.Jenesavaispasquelesvampirespouvaientmêmes'excuser!

Dellaluilançaunregardglacial.

-Jenet'aipasprésentémesexcuses,àtoi.Etsituallaischerchertonmancheàbalaiett'envolaispourTombouctou?Àconditionquetonsensdel'orientationmerdiquededyslexiqueveuillebient'yemmener!

Etsurtout,neprendspaslapeinederevenir!

Mirandaavançad'unpasoffensifendirectiondeDella.

–Cequetupeuxêtreméchan...

Dellamontralesdentsetgrogna.

-Jet'aientendudireàHelenquelesangétait«écœurant».Tuaspromisqueturespecterais...

-Est-ceirrespectueuxd'êtrehonnête?demandaMiranda.

Kylieintervint:

-Vouspouvezvousbalancerdesinsultes,voustraiterdetouslesnomsetmêmevousentretuer.Maispourl'instant...(ElleregardaMiranda.)J'aibesoind'uneminuteentêteàtêteavecDella.S'ilteplaît?

Mirandarelevalégèrementlementon.Çaneluiplaisaitpas,maiselles'enalla.C'étaitlàlafaiblessedeMiranda:ellepouvaits'énerverenmoinsdedeux,presqueaussirapidementqueDella,maisellesecalmaittoutaussivite.Della,enrevanche...Cettefillesavaitsemontrertrèsran-cunière.Etsiellefeignaitqueriennepouvaitlatoucher,Kylieavaitpudécelersonpointfaible,etilétaitencoreplusgrosqueceluideMiranda.

Unefoisseules,DellaetKyliesefixèrentduregard.Kyliefutlapremièreàprendrelaparole:

-Jesuisdésolée,moiaussi.Jenevoulaispasmanquerderespectàtaculture.J'aipétéunplomb,voilàtout.

Dellaopina.

-J'aicompris.Audébut,jen'avaisrienpigé,etpuis...maintenantsi.

(Ellesoupiraetunsourireeffleuraseslèvres.)Çat'aplu,hein?Lesang.

C'étaitbon!

Kylien'enétaitpasfière,maiselleavoualavérité:

–C'étaitgénial.

Dellaluitouchalebras.

–Maistuesencorechaude.

Kyliehochalatête.

–Sij'étaisunvampire,jeseraisdéjàfroide,non?

-Jenesaispas,dithonnêtementDella.Peut-êtrequetunet'espasencoretransformée,voilàtout.Maisçanedevraitpastarder.

KyliesesouvintqueDellaluiavaitexpliquéquelatransformationressemblaitàdel'eaubouillantequiparcouraitsesveines.

-Jeserailàpourtoi,luiassuraDella,commesielleavaitludanslespenséesdeKylie.Jet'aideraiàlevivre.Sicelaseproduit.Ilnefautpasquetusoisseule.JecroisquejemerappellepresquetoutcequeChanafaitpourmoi.

-Jesaisquetuseraslà.

Kylietâchadesourire.Justealors,elleremarquaMiranda,quilesregardaitfixementàl'autreboutdelapièce,avecunairdechiotperdu.

Kylies'envoulaitdeluiavoirdemandédepartir.

-Mirandaaussi.Elleseralàpourmoi.Etelleseraitlàpourtoiaussi.

Je...j'aimeraisvraimentquevouscessiezdevousdisputer,touteslesdeux.

Dellahaussalesépaules.

-Elleestdouéequandils'agitdemeprendrelatête.

-Ettoi,lasienne!rétorquaKylie.

-Ouais,maisellen'estpascommetoi.Ondiraitquetusaiscequejeressens,tuarrivestoujoursàdirecequ'ilfaut.(Dellaplissalefront,commeperduedanssespensées.)Ondiraitpresquequetuesempathique.Tusais,commeDereketHoliday,quisaventlirecequel'onressent?

-Non,ditKylie,maistoutaufondd'elle,elleneputs'empêcherdeseposerlaquestion.

N'avait-ellepastoujourssulirechezlesautres?Chezsamère,parexemple,elleavaittoujourssentiladistancequecelle-cimaintenaitentreelles,quequelquechosel'empêchaitdes'attachertotalementàelle.

-Toutvabien?

LavoixféminineetfamilièrerésonnaderrièreKylie.

Lesfillesjetèrentuncoupd'œilàHoliday.

-Oui,répondirent-ellesenchœur.

HolidayserraaffectueusementlebrasdeKylie.

-Nousdevonsparlerdecequis'estpassécesoir.Etnousleferonsdèsquelecalmeserarevenu.

Kylieopina.Sil'effleurementdeHolidaylaréconfortaunpeu.elleneputs'empêcherdesedemandersicelle-cinel'avaitpastouchéerienquepourvérifiersatempérature.Poursavoirsielles'étaittransforméeenvampire.

-Plustard,d'accord?fitHoliday.

-Oui.

KylieavaitenviedeparleràHolidayet,pourtant,ellesentaitqueladirectriceluidiraitcequ'elleluiavaittoujoursdit:«Jen'aipastouteslesréponses.Jepensequetudevraslestrouverpartoi-même.»

MaiscommentKylieétait-ellecenséelestrouver?SonprojetdesoutirerdesinformationsàDanielétaittombéàl'eau.Queluirestait-il?

LegazouillementduportabledeHolidaylaramenadanslaréalité.

Ladirectricecollaletéléphoneàsonoreille.

-Burnett?(Sonexpressionsedurcit.)Non,vousvousêtestrompédenuméro.

Kyliedécelalafrustrationdanssavoix.Pasdedoute,ellesefaisaitdusoucipourBurnett.Unepartiedecetteinquiétudesefrayaunchemindansl'espritdeKylie.C'étaitellequiavaitéchappéauvampire.S'ilarrivaitquelquechoseàBurnett,ceseraitsafaute.Lesyeuxrivéssurlesmursduréfectoireenrondins,elleessayad'affrontersaculpabilité.

PuisellesesouvintqueBurnettétaitsûrementladernièrepersonneaumondequinesauraitpassedéfendre.Duhautdesonmètrequatre-vingt-dixdemusclespurs,ilavaitdespouvoirsdevampirequicomptaientparmilespluspuissants.Dumoins,c'étaitcequeDellaavaitaffirmé.DepuisqueBurnettétaitpassécodirecteurprovisoire,lajeunefillefaisaitpartiedesesplusgrandesfans.

-Jesuissûrequ'ilvabien!lançaKylie,etelles'appuyacontreunechaise.

-Personnen'aaucunechancecontrelui,insistaDella.

MaisnilaremarquedeKylienicelledeDellaneservirentàrien:lefrontdeHolidayrestaitplissé,etc'étaitplusqued'inquiétude.Kylieavaitsentil'attiranceentrecesdeux-làlapremièrefoisqu'ellelesavaitvusensemble.Cen'étaitpasparcequeHolidaynesouhaitaitpass'impliqueravecluiqu'elles'enmoquait.

Holidaycomposaunnuméro,puisrefermasontéléphoned'uncoupsec.

-Pourquoicoupersonportable?(Sesyeuxseplissèrent.)Ildoitbiensedouterquej'auraibesoindelejoindre!

-Jesaispourquoi,réponditDella.Tuvois,quandtuesdanslesboisentraindechercherquelqu'un,

enespérantletrouveravantqueluinetetrouve,riennetedesserviraitdavantagequ'untéléphonequisonne!

LavéritédesparolesdeDellafitpincerleslèvresdeHoliday.

-Ilauraitpuappeleravantdepartir!Cequ'ilpeutêtre...difficile,alors!C'estvrai,vivementqu'ilsembauchentquelqu'und'autre!Jenepeuxsimplementpasbosseraveccethomme!

Dellasefenditd'ungrandsourire.

-Tunepeuxpastravailleraveclui,tuprétendsquetunel'aimespas,maisregardedansquelétattues!

-Jenesuispasinquiète...enfin...si,maisnon...enfin...c'estjuste...

-...qu'ilcomptebeaucouppourtoi,conclutDellaavantdepoursuivre.Ondiraitmêmequetucraquespourlui!Craques-tuvraimentpourlui?Tusais,onpourraitcroirequetucr...

–Vouscraquezpourmoi?

LavoixgravedeBurnettrésonnaalorsqu'ilsepostaitderrièreHoliday.

Lajeunefemmerougit-decolèreoudegêne,Kyliel'ignorait.Puiselleseretournabrusquementetseretrouvafaceauvampiregrandetté-

nébreux.Lesyeuxdecelui-cicroisèrentbrièvementceuxdeKylie,etilhochalatête.

Kyliesesouvintdecequ'ellefaisaitlorsqueBurnettl'avaitpriseenflagrantdélitunpeuplustôt,etelleétaitsûrequ'elleétaitaussirougequeHolidayencetinstant.

-Paspossible,vousêtesenvie!lançaHolidayd'untonsec.

Sisavoixexprimaitlacolère,sonexpressionindiquaittoutautrechose-unsoulagementsincère.Envoyantcetteémotion,Kylieoubliasapropregêne.Pasdedoute,BurnettcomptaitbeaucouppourHoliday.Sû-

rementplusqu'ellenevoulaitl'avouer.

-Vousn'avezpasrépondu,dit-il.Vouscraquezpourmoioupas?

Unsourireétinceladanssesyeuxfoncés.Carrantlesépaules,Holidaypritlaparole:

-Dellaaimaginéquejecraquaispourvous.Etvoussavezcequel'ondit:«Quandonsupposequelquechosemaisqu'onnesaitrien...»

-«...onseridiculiseetonmeridiculiseavec...»,terminaDella.

HolidayréprimandaDelladuregardetfitminedepartir.Ellefittroispas,puisseretournad'uncoup.

-Vousvenez?proposa-t-elleàBurnettd'untonsec.

-Vousnemel'aviezpasdemandé,répliqua-t-il.

-Ehbien,j'aisupposéquevousauriezcomprisquenousdevionsparlerdecequis'estpassé.

Ilarquaunsourcilbrun.

–Etquevenez-vousjustededireàproposde«supposer»?

Dellasefenditd'ungrandsourire-visiblement,HolidayetBurnettsemblaientbienl'amuser-,maislespenséesdekyliepartirentdansunetoutautredirection.Elles'éclaircitlagorge.

-Vousn'aviezpasdécidédenousteniraucourantdetout,maintenant?Alorspourquoivousenallez-vous?Pourquoinepouvons-nouspasécoutercequevousavezàdire?

Holidayserenfrogna.

-Ellearaison.(Burnetttenditlesdeuxmains.)C'esteneffetcequevousaviezdéclaréàlaréunion.Jecroisquec'étaitàcelleoùvousm'avieztraitéd'enfoiré.

LesyeuxdeHolidayétincelèrentdefrustration.Apparemment,cethommenesavaitpassetaire.

-Bien,dit-elleentresesdents.(Touslesdeuxseregardèrentfixement,maisaucunnecilla.Commelesilenceseprolongeait,lajeunefemmelaissaéchapperunprofondsoupir.)Etsivousvousadressiezàtoutlemonde?(Elledésignaledevantdelasalled'ungestedelamain.)Laparoleestàvous.

-Jepensequec'estdansmescordes,réponditBurnett,maissonexpressionindiquaitqu'iln'aimaitpasvraiments'adresseraugroupe.

KylieeutalorslesentimentqueHolidayétaitaucourant.HolidaydétalaetBurnettlaregardas'enaller.

-Jenesaispascequiestpire:parleràtoutlemondeouluiparleràelleseule.

IllevalesyeuxsurKylieettressaillit,commes'iln'avaitpaseul'intentiondedirecelaàvoixhaute.PuisilregardaDella.Kylieauraitpujurerlevoirarticulerun«merci».

Quandilpartitau-devantdelasalle,KyliescrutaDella.

-Depuiscombiendetempssavais-tuqueBurnettétaitdanslapièce?

-Pratiquementdepuisl'arrivéedeHoliday.(Dellasefenditd'ungrandsourire.)Hé,ilfautbienquelesvampiresseserrentlescoudes!

ElledonnauncoupdecoudeàKylie,commepourdirequecelle-ciétaitdesleurs.Kylien'enétaitpassûre.Maisellen'étaitpassûrenonplusdenepasl'être.

Laporteduréfectoires'ouvritdansunbruissement.Kylieregarda.

Derekentraetsonregardseposadirectementsurelle.Lesouriredouxqu'illuiadressaluirappelalesbaisersqu'ilsavaientéchangésunpeuplustôt.Unechaleurprovoquéeparcesouvenirenvahitsonventreaumomentmêmeoùunfroidsurnatureleffleuraitsapeau.

Lachairdepouleseformasursesbrasquandelleentenditdenouveaul'esprit:

-Tudoisl'arrêter.Illefaut.Sinoncelaarriveraàquelqu'unquetuaimes.Bientôt,trèsbientôt.Celaarriverabientôt.

-Qui?Quand?marmonnaKyliedanssabarbe.

Lamortesematérialisaàunetrentainedecentimètresseulementdesonvisage.Elleportaitencoresarobemaculéedesang,maiscettefoisilgouttaitdubordduvêtement,pourformeruneflaqueàsespieds.Kylieeneutlesoufflecoupé,etsic'étaitladernièrechoseàlaquelleellevoulaitpenser,sonespritl'yemmena.Verslegoûtsucréetaddictifdusang.

–Commentça,«quand»?ditDella.

KylielaissaallersonregarddelamaredesangquigrandissaitauxyeuxdeDella,légèrementenamande,quiévoquaientsonhéritageasiatique.Puisellevitcesyeuxs'écarquillerdepeur.Dellafrissonnaetreculad'unpas.

-Tuasencoredelacompagnie,pasvrai?

Elledétala.Aumêmemoment,d'autrescampeursbattirentenre-traite,commes'ilsavaientcompris,euxaussi,cequisepassait.Sesentantmiseenquarantaine,Kylieeutlagorgeserréeetsessinuslapi-quèrent.

Elleessayadechasserleslarmesdesesyeux.Quandellevoulutregarderdenouveaul'esprit,ilavaitdisparuetl'airavaitperdusonfroidglacial.

LespoumonsdeKyliesegonflèrentdefrustrationgénéréesansaucundoutepartoutescesquestionssansréponse.Toutesavien'étaitqu'unegrossequestionsansréponse.

-Excusez-moi.(LavoixgraveetautoritairedeBurnettenvahitlapièce.)Pourrais-jeavoirvotreattention,s'ilvousplaît?Jesaisquecequis'estpassécesoirsuscitevotrecuriositéàtous.EtcommeKyliem'arappeléqueHolidayetmoiavionspromisdevoustenirinformés,jecroisquejeferaismieuxdevousexpliquer.

QuandelleentenditBurnettprendrelaparole,Kyliesentitlenœuddanssagorgesedesserrer.Touslesregardsseportèrentsurledevantdelasalle.

-Nousavonseuunvisiteurinattenduaucampcesoir,expliquaBurnett.Unvampire.

-Faisait-ilpartiedecegang?Celuiquivousaattaquésauparcanimalier?demandaHelenavantdejeteruncoupd'œilsurKylie.

Celle-ciserapprochalégèrementdudevantdelasalle,carellenesouhaitaitpasmanquerlaréponsedeBurnett.

-Jen'ensuispassûr.

Ilpassalapièceenrevue,commes'ilcherchaitquelqu'un.Unesecondeplustard,sonregardseposasurHolidayetsonexpressions'adoucit.

-Mais,poursuivit-il,jenecroispasqu'ilsétaientenchasse.Il-ouelle-avaituneproiefacileàsamercietill'alaisséefiler.

SonregardseposasurKylie,montrantclairement,dumoinsauxyeuxdelajeunefille,quec'étaitelle,«laproiefacile».

Proiefacile.Proie,peut-être,maisfacile?Celal'ennuyaitplusqu'ellenevoulaitl'admettre.Certes,ellen'étaitpasfranchementSuper-woman,maiselleavaitelle-mêmetenutêteauxFrèresdesang,cettenuit-là,auparcanimalier.D'accord,Daniell'avaitunpeuaidée,maiselleavaitassuréunmax,

avectouslesautres.Nepouvait-onpasleluireconnaître?

Burnetts'éclaircitlagorge.

-Ilyadeforteschancesquecesoitjustequelqu'unquelacuriositéaattirésurlecamp.

Kyliesesouvintqu'elles'étaitsentiemenacéecesquelquesminutesdanslesboisquandelleavaitperçulaprésenceduvampire.Cen'étaitpasdelasimplecuriosité.Plutôtdelamenace.SiDerekn'avaitpasdé-

barqué,Kylieignoraitcequiseseraitpassé-riendebon,certainement.

-Ouilpourraits'agirdugangquitenaitànousinformerqu'onneluiavaitpasfaitpeur.Ousimplementd'unamioud'unprochequicherchaitquelqu'unetquinevoulaitpaspasserparnotrecontrôlevisiteur.Siparhasardl'und'entrevousavaitunamivampirequipourraitfairecegenredechose,veuillezluifairesavoirclairementquepénétrerdanscecampsanslaissez-passervisiteurestconsidérécommeunegraveinfraction.Sijeletrouve,jeletraiteraicommeunennemi.Etcelaestvalablepourtouteslesespèces,mêmeleshumains.

KylieespéraitqueDellaécoutait.Personnellement,ellesemoquaitbiendeChan,maisellesavaitquecen'étaitpaslecasdesonamie,etKylienesupporteraitpasqu'illuiarrivequelquechose.

LeregarddeBurnettdevintfroid,puisilpoursuivit:

-Sijeneconsidèrepascelacommeunevéritablemenace,jenepensepasnonplusquenousdevrionsbaissercomplètementlagarde.LegangdesFrèresdesangaétéassezstupidepourtenterquelquechose.Siçasetrouve,ilseraassezbêtepourréessayer.

-Jenecomprendstoujourspascequ'ilacontrenous,lançaunecopinesorcièredeMiranda.

-Jevaisrépondreàcettequestion,annonçaHolidayensedirigeantàsontourau-devantdelapièce.Vousremarquerezquenouscomptonsplusdevampiresiciquetouteautreespèce.Laraisonestsimple:levirussetransmet.Laplupartdesparentsd'unvampirequivientdesetransformernesontmêmepasconscientsdel'existencedessurnaturels.Vivrechezsoidevientdoncextrêmementdifficilepourunnouveauvampire,quiseratentéd'intégrerungang.Maisdepuisl'ouvertureducamp,nousavonsempêchéplusdequatrecentsd'entreeuxd'empruntercecheminobscur.ShadowFallsconstituedoncunobstaclepourlepotentieldecroissancedesgangs.

Ellemarquaunepause.

-D'autresquestions?(Commepersonneneprenaitlaparole,elleajouta:)Ilestpresque2heuresdumatin,sivousretournieztousvousreposerdansvotrebungalow?Maisn'oubliezpascequeBurnettadit:restezvigilants.

Alorsquelafoules'apprêtaitàsedisperser,KylieallarejoindreMirandaquijouaitsursontéléphone,touteseuledanssoncoin.Dèsqu'ellevitKylie,ellepenchalatêtedecôtéetluisouritd'unairbête-commeunchiotmignon,maisénervé.

-Alorscommeça,unefoisquetoutlemondet'abandonne,tuviensmevoir?ditMiranda.

Kylieserenfrogna.

–J'aifaitdumalàDella.J'avaisjustebesoindem'excuser.

Etjenepouvaispaslefairequandvousvousarrachiezverbalementlesyeuxtouteslesdeux.

–Maisçat'estbienégaldemefairedumal,rétorquaMiranda.Çafaitplaisirdevoirquejecomptepourtoi!

-Tunepensespasunmotdecequetudis,répliquaKylie.

-Ahbon?(Ellesecoualatête.Sescheveuxmulticoloresroses,vertsetnoirs-étincelèrentsursesépaules.)Est-cequeçavasepassercommeçaàpartirdemaintenant?Parcequesivousêtestouteslesdeuxdesvampires,vousnevoudrezplusdemoi.

-Non.Pasdutout.Et...nousnesavonspassijesuisunvampire.

-Tuasaimélesang.

-Çanefaitpasdemoiunvampire.

LafrustrationenfladanslapoitrinedeKylie.Maisquandellecroisaleregarddesonamie,elleylutsonmanqued'assuranceetcessadepenseràsesproprespeurs.

-Etpourinfo,jesuisdésoléesijet'aifaitdumal.Jen'enavaispasl'intention.

-Etpourinfo,moinonplus,ajoutaDellaquilesrejoignit.

-Waouh!(MirandaregardaDella.)C'estpresqueuneexcuse!Etàunesorcièredyslexique,enplus!

–Nepoussepaslebouchontroploin!lançaDella.

–Trèsbien.(UnsourireilluminalesyeuxdeMiranda.)Concluonsunpacte:quoiqueKyliesoitenfindecompte,quoiqu'ilsepasse,nousresteronstoujoursensemble.

Dellagrogna.

-Surquelleplanètevivais-tu?Nousl'avonsdéjàconclu,cepacte!

Toutestroissedirigèrentverslaporte,maiss'arrêtèrentlorsqueHolidaycrialenomdeKylie.

-Jepeuxtevoiruneminute?demanda-t-elle.

DellaetMirandaluidirentqu'ellesl'attendraientdehors.KylierejoignitHoliday.

-Jesaisquetuveuxparlerdesévénementsdecesoir,maisavanttout,j'aimeraismedébarrasserdemadiscussionavecBurnett.Situesd'accord,jepasseraidanstonbungalowetnouspourronsdiscuterdanstachambre.

KyliesesouvintqueHolidayavaitdéclaréqu'ilsefaisaittard.

-Situpréfèresattendredemainmatin,nous...

-Non.(LefrontdeHolidayseplissa.)Tuneveuxpasenparlercesoir?

Kyliearrêtad'essayerd'êtrepolie.

–Si,j'aimeraisbien.

Holidayl'étreignitrapidement.

-Çaira.

SiKylies'aperçutqu'ellen'avaitplusaussipeurdel'éventualitéd'êtreunvampire,unebelleambivalences'agitaitencoreenelle.

-Jesais.

Ellesourit,espérantqu'elleparaissaitplusconfiantequ'ellenel'étaitenréalité.

QuandKylieressortit,toutlemondeavaitdisparu,saufDellaetMiranda,assisesdansdegrandsrocking-chairsblancssousleporchedevantlebureau.

-Quevoulait-elle?s'enquitMiranda.

-Medirequ'ellepasseraitcheznousdansquelquesminutespourdiscuter.

-Pourdiscuterdequoi?demandaDella.

-Detrucs.

EllenetenaitpasàmettresurletapistoutecettehistoiredevampireetrisquerqueDellasautesurl'occasion.Mirandadescenditdufauteuild'unbond.

-Prêtes,lesfilles?

Ellesprirentlesentierjusqu'àleurbungalow.Entrelesétoilesetlalune,ilnefaisaitpastropsombre.Lanuitentonnaitsachanson,cequiréjouissaitlargementKylie.C'étaitlorsquelamusiquenocturnes'arrêtaitquelajeunefillesefaisaitdusouci.

-Onm'aembrassée,cesoir,lâchaétourdimentMiranda.

-Waouh!s'écriaKylie.Çayest,Perryaenfinfaitlepremierpas?

-Ilétaittempsquedescouillesluipoussent,àcelui-là!gloussaDella.

–Cen'étaitpasPerry.

Mirandadonnadescoupsdepieddanslechemindeterre.

-PasPerry?(KylieattrapaMirandaparlecoude.)Quic'était?

-Oui,quic'était?(DellascrutaMirandatrèsattentivement.)Siturépondsquec'estSteve,jebottetonpetitculdesorcière.Tusaisquejecraquepourlui.

-Cen'étaitpasSteve,tonmétamorphechéri.(Mirandaserenfrogna.)C'étaitKevin.

Kylieouvritlaboucheengrand.

-PasKevin,lecolocdePerry?Sonsuperpote?Jet'enprie,dis-moiquecen'estpasceKevin!

-Ehbien,si.(Mirandalaissatombersonvisageentresesmains.)Quevais-jefaire?

Elleregardasesamiesàtraverssesdoigts.

-Cen'estpasbien,observaKylie.

Mirandacontinuaàlesscruteràtraverssesdoigts.

-Jenevoulaispas!(Elleécartasesmains.)JerentraisaubungalowenpensantvousytrouverquandjesuistombéesurKevin.Jemefaisaisdusoucipourtoi.Nousnoussommesmisàmarcher,àbavarder,etpuis...ilm'aembrassée,etpuis...

–Etpuisquoi?demandaDella.

-Jel'ailaisséfaire.

-Maisc'étaitbien?demandaDella.

–Sil'onveut.Unpeu.Jenesaispas.Pourquoijemesenstellementcoupable?

KylieregardafixementMiranda.

-Parcequ'ondiraitquePerryteplaît,àvoirtoncomportement...

-Maispasàvoirlesien!D'accord,ilvients'asseoiràcôtédemoiaudîneretaudéjeuner,parfois;maistunecroispasques'ilm'aimait,ilm'auraitdéjàembrassée?

-Jecroisqu'ileststressé,c'esttout,ditKylie.

-Jecroisqu'iln'apasdecouilles,ajoutaDella.

-Arrête!lançaMiranda,quidevintrougepivoine.

-Arrêtequoi?demandaDella.

-ArrêtedeparlerdespartiesintimesdePerry!C'estdégoûtantetjen'aimepasça.

Dellasefenditd'ungrandsourire.

-Ohlàlà!J'enconnaisunequiappréciesuffisammentPerrypourdéfendresesbijouxdefamille!

-Etalors,qu'est-cequeçapeuttefaire?rétorquaMirandaenmettantunemainsurseshanches.

-Rien,réponditDellad'untonagacé.Àmoi,rien,maisàKevin,si-

vuquetuluiasroulédespatinspasplustardquetoutàl'heure!

-Stop!lançaKylie.Çasuffit!Vousnepouvezpaspassercinqminutessansvousprendrelatête,touteslesdeux?

-C'estellequiacommencé,direntMirandaetDellaenmêmetemps.

Kylielaissaallersonregarddel'uneàl'autre.

-C'estvousdeuxquiavezcommencé.Etvousdeuxquidevezarrê-

ter.J'enaimarredetoutça.(Ellemitunemainsursonfront.)Sérieusement,je...

-Chuuut!

DellaposaundoigtsurleslèvresdeKylie.

-Qu'ya-t-il?murmuraMiranda.

-Tunesaispasceque«chut»veutdire?demandaDella.

Kylieécartaledoigtdesonamieetécouta.Lesilenceavaitemplilanuit.Paslegenredesilencetotalquirégnaitdanslesbois,parcequ'auloin,presquecommeunemusiquedefond,ellepouvaitentendrelesinsectesetlesoiseaux,maistoutprès,lecalmes'yétaitfait.

Kyliesepenchaetmurmura:

-Est-ceunautrevampire?

Dellalevalenezenl'air.

–Pasunvampire,unloup.Ilnoussuitdepuisplusieursminutes.Jel'aisentitoutàl'heureetjepensaisqu'ilnefaisaitquepasser.Maisnon.

Ellemontralesboisdudoigt.

–Quefaitunloupsiprèsducamp?demandaMiranda.

Justealors,Kyliesesouvintduloupqu'elleavaitvucesoir.CommeDerekn'enavaitpasfaittouteunehistoire,elles'étaitditqu'eneffet,çan'envalaitpaslapeine.

-Vousvoulezquejem'occupedeceloup?proposaDella.

Sesyeuxs'illuminèrent,commesicettepenséelaréjouissait.

Kyliesesouvintduloupetdesaposturedesoumission.

Celle-cin'avaitrieneudemenaçant.

–Non,jeneveuxpasquetut'en«occupes».

EllepritDellaparlecoude.

-Pourquoipas?ditcelle-ci.Cen'estpasunloup-garou,c'estjusteunanimal.

-Ouais,unvraianimalvivant,etilnenousfaitpasdemal,ditKylie.

Alorspourquoitoi,tuluienferais?

–Ilnoussuit.Etc'estflippant,expliquaDella.

Mirandalesinterrompit:

-Jedétestedevoirledire,maisjesuisd'accordavecDella.C'estflippant.

Kylieregardafixementdanslesboiset,entrelesarbres,elleremarqualesyeuxdorésquilafixaient.Unfrissonparcourutsacolonneverté-

brale.Flippant?Peut-être,maisiln'avaittoutdemêmefaitdemalàpersonne.Puiselleneputs'empêcherdes'interroger:etsilaprésencedelabêteétaitunesortedemessage,oulapièced'unpuzzle?OusimplementcequeDerekavaitdit?Justeunanimalhybride,avidedecompagnie?

-Ohnon!Est-cequecesontsesyeux?demandaMirandaendésignantlesbois.

-Ouais,réponditDellad'untonsec.Etçanemeplaîtpas.Jesuisvraimentd'humeuràm'enoccuper!

Ens'apercevantqueDellaétaitsérieuse,Kylieramassaunepetitepierreetlajetaendirectionduloup.

–Va-t'en!hurla-t-elle.

Lebruissementdessous-boiscouvritlesilencequandl'animaldéta-la.PuisKylielevalesyeuxsurMirandaetDella.

–Çayest,ilestparti.Contentes?

Lebruitdesinsectesrecommença.

-Pasvraiment,ditDella.Çaauraitétéplusdrôlesijem'étaisécoutée.J'auraispumeservird'unbâton.

-Dis-moiquetunel'auraispastué,insistaKylie.

-Justeunpeu,répliquaDella,toutsourire.

Kylierouladesyeux,espérantquesacopineplaisantait.

–Ilestvraimentparti?demandaMirandaenpassantlalisièredesboisenrevue.

–Ouais,réponditDella,etellesseremirentenroute.

MaisKylieneputs'empêcherdeseretourneretdesedemandercequeleloupfabriquaitici,aujuste.Puisunepenséel'envahitetelleeutl'impressionquesoncœurheurtasescôtespendantuneseconde.Etsic'étaitLucasquiessayaitdeluienvoyerunmessage?

-Revenonsàmonproblème,ditMirandaalorsqu'ellesapprochaientdubungalow.Qu'est-cequeje

vaisfaire,pourKevin?

-C'estsimple.(Dellasautasurleperrondubungalow,puisseretournaetregardaMiranda.)Tudoistedécider.(Elletenditlapaumedroite.)Veux-tuKevin?(Elletenditlapaumegauche.)Ouveux-tuPerry?Cen'estpassidurqueça.Kevin?(Ellelevalamaindroite.)OuPerry?(Ellelevalamaingaucheplushaut.)

-EtsijechoisissaisPerry,maisqueluinemechoisissaitjamais?Nefaisaitjamaislepremierpas?Nem'embrassaitmêmepas?Etsijefinis-saisparêtrelaplusvieillesorcièreviergesurTerre?

-Alors,tusaurasquetuastoutfaitfoirer,réponditDellaenhaus-santlesépaules.

-Tunem'aidespasbeaucoup!ditMiranda.(ElleregardaKylie.)Ettoi,qu'enpenses-tu?

-Que...(KyliesesouvintavoirembrasséDerekcesoir-là,avoirsouhaitéqueleschosesaillentplusloin,maiselleavaitlesentimentquequelquechosel'empêchaittoujoursdesauterlepas.Puiselleserevit,dé-

chiréeentreLucasetDerek.)Jepensequetunedevraispasmedemanderdeconseilsenmatièredegarçons.Jesuisnulledanscedomaine!

Kyliemontalesmarchesquatreàquatreetentradanslebungalow.

Unedemi-heureplustard,KylieseréfugiadanssonlitaveclechatonqueLucasluiavaitoffert.Derrièrelaporte,elleentendaitMirandaetDellaparleràHoliday.Quandladirectriceavaitfrappéàlaportedeleurbungalow,Kylieavaitremontélacouettesursatêteetfermélesyeux.

Ellesentitlechatgrimpersurlacouvertureetjouerdelapatte.Cen'étaitpasqu'ellenesouhaitaitplusparleràHoliday.Disonsplutôtqu'elledoutaitquecetteconversationserveàgrand-chose.

Combiendefoisavait-elledûentendreHolidayluisortir:«Jenesaispas,Kylie.Cesontdesréponsesquetuvasdevoirtrouvertouteseule

»?PourquoiKyliepensait-ellequecettediscussion-làneseraitdiffé-

renteenrien?N'était-cepasladéfinitiondelafolie?Faireetrefairelamêmechoseenespérantd'autresrésultats?

-Kylie?

LavoixdeHolidaytraversalacouettequandellefrappaàlaporte.

Sansenleverlacouettedesatête,Kyliecria:

-Entre!

Elleentenditlaportedesaminusculechambres'ouvrir,serefermer,puisHolidays'arrêter.

–Ilyapluschaleureux,commeaccueil!observa-t-elle.

-Tuveuxquejefassesemblant?

Kylieôtalacouettedesatêteets'assitbiendroit.Socksvintseblottircontreelle.

Holidaysouritets'installaaupieddulit.

–Jesaisquec'estdur.

–Aquiledis-tu!

KylieremontasesgenouxcontresapoitrineetregardaSockss'approcherdesonamieetfrottersonvisagesursonbras.

–J'avaisunplanpourobtenirtouteslesréponses.IlfallaitjustequejepousseDanielàrestersuffisammentlongtempspourqu'ilm'expliquecequ'ilétait,afinquejedevinecequemoi,jesuis.Ils'estenfinmontrécesoir,maisiln'aaucuneréponse.

LagorgedeKylieseserra.

Holidayeutl'airsincèrementperplexe.

-Commentpeut-ilnepasenavoir?

-Parcequ'ilaétéadopté.Ilnesavaitpasqu'iln'étaitpashumainjusqu'àsesdix-huitans.Etmaintenant,jenesaismêmepasparoùcommencerpourtrouverdesréponses.

-Tuvasyarriver,ditHolidayencaressantSocksdelatêteàlaqueue.Jelecroisdufondducœur.

LesyeuxdeKyliesemirentàluipiquer,cequi,engros,signifiaitqueleslarmesétaientenroute.

–Aimerlegoûtdusangfait-ildemoiunvampire?

Holidayhésita.

-Attends,repritKylie.Laisse-moideviner.Tunesaispas,pasvrai?

Etensuitetuvasmesortirquec'estàmoidetrouverlesréponsestouteseule.

Kylieessuyalapremièredeslarmesdanssesyeux.Holidaypoussaunprofondsoupir,avantdeprendrelamaindeKylie.

-Tun'asqu'enpartieraison.Parcequej'ignoretotalementsituesunvampire.Maisjecroispouvoiraffirmerqu'aimerlesangneveutpasdirequetuesunvampire.J'aientenduparlerd'humainsquil'appré-

cient,etcelanefaitpasd'euxdesvampires.Mêmesicertainssontfêlésetqu'ilsseprennentpourdesvampires!

–Donctoutcelapourraitn'avoiraucunsens.

KylieôtasamaindecelledeHoliday.

-Oui,acquiesçaHoliday,dontletontrahissaituntasdedoutes.

-Maistunelecroispas.

-Jepensequeceladoitsignifierquelquechose.Maisj'ignoresicelaveutdirequetuesunvampire.

–Maissinon,quelautresenscelapourrait-ilavoir?

HolidayregardaKylieintensément:unegrandecompassionbrillaitdanssesyeuxverts.

–Jenesaispas,mais...situcontinuesàchercher,tutrouverastouteslesréponsesdonttuasvraimentbesoin.

-Vraimentbesoin?Commes'ilnemelesfallaitpastoutes?

Holidayarquasonsourcildroit.

-Nousnepourronsjamaistoutcomprendre,Kylie.Certaineschosessontcenséesresterunmystère.

–Certaines,peut-être.Maispasça.Pascequejesuis.J'ail'impressionquetoutresteraensuspensdansmavietantquejen'auraipasobtenucetteréponse.

-Alors,continueàchercher.

Kylielaissatombersatêtesursesgenouxetmarmonna:

–Tuvois,jesavaisquetudiraisça.

Sockscourutverselle,commepours'assurerqu'elleallaitbien.

Holidaymitsamainsurlesommetducrânedelajeunefille.

–Lorsqu'uneporteseferme,trouves-enuneautre.

Kylielevalesyeuxsurelle.

-Ets'iln'yenavaitpasd'autre?

-Alorsessaielafenêtre.

-Ets'iln'yavaitpasdefenêtre?

-Alors,emploielesgrandsmoyens.Lavien'estpascenséeêtresimple.Engénéral,plusquelquechoseestdifficile,pluslesrésultatssontgratifiants.

–Maissij'échouais?Etsiquelqu'unsefaisaitmassacreràcoupsdecouteauparcequejen'aipasétéassezintelligentepourtrouverlesbonnesréponses?J'aifaitcequetum'asconseillé:j'aiposédesquestionsprécises,ettoutcequelefantômefait,c'estrépétersamiseengarde.Ellecontinueàdire

que«çavaarriveràquelqu'und'autre»sijen'arrêtepas.Ellerefusedem'expliquerqui,quand,où.Commentsuis-jedoncsupposéetrouvercesréponses?

-Commentsais-tuquequelqu'unseratuéàcoupsdecouteau?demandaHoliday.

-Parcequ'ellesaigneabondammentetqu'ondiraitquesarobeaétélacérée.Desimpactsdeballe,c'estrond,non?

-Tuenasdéjàvu?s'enquitHoliday.

-Alatélévision.Holidayréprimaunsourire.

-OK,jecomprendspourquoitupensesqu'ilestquestiond'agressionàcoupsdecouteauetqu'elleessaiedeteledire.Maissouviens-toi,lapremièrefoisqueDanielestvenutevoir,tucroyaisqu'onl'avaitaccuséàtortd'uncrimedeguerre,non?

Kylieretombasursonoreiller.

-Jesuisnullelà-dedans.

-Dansquoi?demandaHoliday.Danslacommunicationaveclesmorts?Jetel'aidit,cesonteuxquiontbesoind'uncoursderattrapagepourfairepasserleurmessage.

-Pasuniquementlesfantômes.Tout.Jesuisnulledanslefaitdenepasêtrehumaine.

-Faux.(Holidayluitapotal'épaule.)Tut'ensorsbeaucoupmieuxquejel'auraiscru.

Kylieposalesyeuxsurladirectrice.

-C'estcenséêtreuncompliment?Holidaygloussa.

-Oui!(Ellemarquaunepause.)Hé,sicelapeutterassurer,parfoisjesuispersuadéed'êtrenulleentout,moiaussi.

Kylielaregardafixementetvituneoncederegretbrilleraufonddesesyeux.

-Celaaurait-ilunrapportavecBurnett,parhasard?

-Etsinouschangionsdesujet?

Holidaylaissaéchapperunprofondsoupir,defrustration,sansaucundoute,etKyliefutconvaincuequ'ilconcernaitBurnett.

EllesesouvintavoirexpliquéàMirandaqu'ellenedevraitpasluidemanderdeconseilsàproposdesgarçons,mais,sanssavoirpourquoi,elledécidadejouerlafranchise:

-Dellaavaitraisoncesoirquandelledisaitqu'ilavaitl'airdecompterpourtoi.

Holidaytortillasaqueue-de-cheval.

-Cequicomptepourmoi,c'estlapaixdanslemonde.Cequicomptepourmoi,c'estlamoralemutiléedeshommespolitiquesaujourd'hui.Lefaitestquebeaucoupdechosescomptentpourmoi,etquecelanechangerariendutout-surtoutpasunehistoireentremoi-mêmeetcevampireborné,égoïsteetmacho.

-Ilteplaît,insistaKylie.Etn'essaiepasdelenier.Tumel'asmêmeavoué.

–OK,jeneleniepas.Ilacecorpsmuscléetcemagnétismedevampirequijouentensafaveur.

–Çapourraitmarchersituenavaisenvie.

–Jen'aipascettepatience.

-Hum...Unepersonnetrèsintelligentevientdemedirequeplusunechoseestdifficile,pluslesrésultatssontgratifiants.

HolidayscrutaKylie.

-N'as-tupassuffisammentdesoucisàréglerpourvouloirprendrelesmiensencharge,enplus?

-Ceuxdesautressontapparemmentbienplussimplesquelesmiens!observaKylieensouriant.

-Tun'asjamaisentenduceproverbesurl'herbequiesttoujoursplusverteailleurs?Ehbien,c'estlamêmechoseaveclesproblèmes.

Nousavonstousnosobstaclesàsurmonter.Donc,etsitusurmontaislestiensetmelaissaism'occuperdesmiens?(Holidayplaçaunemèchederrièrel'oreilledelajeunefille.)Maismercidet'ensoucier.

EllesouritetKyliesentitdenouveaulelienseresserrerentreelles.

Elles'étaitlongtempsdemandécequeceseraitd'avoirunegrandesœur.

Elleneputs'empêcherdesedirequ'ellen'avaitjamaisapprochécegenrederelationdeplusprès.

HolidayjaugeaKylieduregardetsessourcilss'agitèrent.Kyliesavaitqu'ellelatestaitpourvérifiersielleavaitouvertlesportesdesonesprit.Lepremierjouraucamp,elleavaitdécouvertquelessurnaturelsavaientl'aptitudedelirelesconfigurationscérébrales.Lessurnaturelss'autorisaientégalemententreeuxàlireplusprofondément,pouravoirunaperçudequietdecequ'ilsétaient.

PasKylie,biensûr.Laseuleconfigurationcérébralequ'elleavaitpuvoirétaitcelledufantômedesonvraipère.EtsilesautressurnaturelspouvaientdéchiffrercelledeKylie,elledevaitencoreapprendreàs'ouvrirpourqu'ilspuissentlalireplusintensément.

-Tufaistesexercicesmentaux?s'enquitHoliday.

-Oui,réponditKylie,puiselleregardalefrontdelajeunefemmeseplisser.

Kylieétaitcenséeméditeraumoinsvingtminutesparjour,mais,jusque-là,celan'avaitserviàrien,

ousic'étaitlecas,personnenel'enavaitinformée.

-Alors?ditKylie,quinesouhaitaitpluspasserpourlecanardboi-teuxdeservice.

-Rien,tuestenduecommeuntambour.Tuasréussiàlirequelqu'un?

–Non.Jesuispeut-êtreunesurnaturelleattardée!

Holidayrouladesyeux.

-Bienaucontraire.Jepensequetoncerveauseretientdet'octroyercespouvoirstantqu'ilnetecroitpassuffisammentcapablenimaturepourlesaffronter.

-Metraiterais-tud'immature?demandaKylieenluitirantlalangue.

-Pasimmature,gloussaHoliday.Tuesplusmûrequelaplupartdesfillesdetonâge.(Elleretrouvasonsérieux.)Maiscelaneveutpasdirequetun'aspasbeaucoupàapprendre.(Elleseleva.)Tuvaspouvoirdormirmaintenant?

-Peut-être,réponditKylie,maisaufondd'elle,elleendoutait.

Holidays'approchadelaporte,puisseretourna.

-Aufait,pourcequiestdetesproblèmesaveclefantôme.Laprochainefoisqu'elleterendvisite,préviens-laquetutefermerassiellen'ariendeplusconcretàteproposer.Puisfais-le.Siellenetedonneriendeplus,changedecanal.Rienn'énerveplusunfantômequed'êtreignoré.

Engénéral,çaleforceàtrouverunemeilleureapproche.

-Commentest-cequejechangedecanal?

-Concentre-toisurautrechose.Surceàquoituasenviedepenser.

(Holidaylevalessourcilscommesiellevenaitdesesouvenirdequelquechose.)Dustyle,embrasserDerek...

Kyliedécelaquelquechosedanslesyeuxdeladirectriceetcomprit.

–Burnettt'adit.

Holidayhochalatête.

-Etjenetienspasàm'enmêler,maispromets-moiquetunefaisrienqueturegretteras.

-Ilnes'estrienpassé.

-Cettefois.

Holidaylaissaéchapperunautredesesprofondssoupirs.Kylies'assitunpeuplusdroite.

-Dereknememettraitjamaislapressionpourfaire...quoiquecesoit.

LementondeHolidaysebaissaetsonregardsedirigeapilesurlajeunefille.

–Cen'estpasàsonsujetquejem'inquiète,Kylie.

Celle-ci,miseànue,regardasesmains.CommentHolidaydevinait-ellequ'elleétaitàdeuxdoigtsdecéder?PuisellesesouvintquelajeunefemmeétaitexactementcommeDerek:ellesavaitlirelessentiments.À

l'évidence,rienquelefaitd'êtreauxcôtésdeDerekavaitfaitémettreàKyliedesvibrationsdedésir.Oups!Autantaccrocherunepancarteautourdesoncouquiproclamerait:«J'aienviedelui!»Charmant!

-Kylie...tun'asaucuneraisond'avoirhonte.Etjenetedemandepasdenepas...Cequejetedemande,c'est,lorsquetuprendrascettedé-

cision,delaprendreentouteconnaissancedecause,aprèsréflexion.Tucomprendsladifférence?

Kylieopina.

-Bien.

Holidaysortit.

Maisunefoislaportefermée,lapoitrinedeKylies'emplitd'autressentiments-delagêne,del'incertitudeetuneoncederessentiment.EllevoulaitqueniHolidaynipersonneneconnaissesesémotionsetdésirslesplusintimes.

Puisellesesouvintdulienfraternelqu'elleavaitnouéavecHoliday,celuiqueKylieappréciaitplusquetout.Elleseditquetoutemédailleavaitsonrevers.Qu'unevraiegrandesœur,mêmecomplètementhumaine,seseraitsentieobligéedeparlersexeavecelle.

LorsqueKylielaissaretombersatêtesurl'oreiller,elleserappelacequ'elleavaitressentienembrassantDereketsedemandasiellepourrait,unjour,prendreunedécisionrationnelleàsonsujet.D'autantplusqu'ilavaitledondecontrôlersessentiments.

Sockssautasurlematelas,etKyliefuttotalementpriseaudépourvuquandelles'imaginaentraind'embrassernonplusDerekmaisLucas.

Super.Génial,même!Elleserrasoncoussinsifortques'ilavaitétévivant,ellel'auraittué.Sockslaissaéchapperunmiaulementpathétiqueetseprécipitaaupieddulit.Kyliemarmonnadansl'oreiller.Elleavaitdéjàbiendumalàs'endormir,etvoilàquemaintenant,elledevraitréflé-

chirlonguementàtoutecettehistoire:DerekouLucas.

Uneheureplustard,ellen'avaitpasencorefermél'œil.Enfin,pasplusdequelquessecondes.Chaquefoisqu'elleyarrivaitpresque,elleressentaitcetteétrangesensationdeflotteroudevoler.Etcesentimentétrangelatiraitbrusquementdesafragilesomnolence.Unefois,justeavantdeseréveiller,elleavaitvuLucas,commesielleétaitsurlepointderêverdelui.

Desespècesdenuagesl'entouraientetunventfroidremuaitl'atmosphèrebrumeuse.Justeaumomentoùelleparvenaitàlevoircorrectement,unautrenuagepassaitetlecachait.Ilportaitunechemisedébou-tonnéeetleventensoulevaitlebaspourrévélersapoitrineetsonventreplat.C'étaitàcemoment-làquel'atmosphèrenuageuses'étaitmiseàavancerplusvite,etquelasensationdevolers'étaitintensifiéeetl'avaitréveilléebrusquement.

Reprenantsonsouffle,Kylies'assitetdégageasescheveuxdesonvisage.Ladéceptions'ébaucha,maisellelachassa.Ellenepouvaitmêmepaspenseràl'autrerêve«Lucas»-euxdeuxdansl'eau,partiellementhabillés-sansrougir.Ellen'avaitabsolumentpasbesoind'ajouterundeuxièmerêveàsalistedechosesimpensables.

Elleroulasurlecôtéetmartelal'oreillerdecoupsdepoing,commesil'enveloppedemousseétaitleresponsable.

Puis,assisebiendroite,elleallumaet,sanssavoircequ'elleavaitl'intentiondefaire,ellesortitlalettre.CelledeLucas,cellequeHolidayluiavaitdonnéedessemainesauparavant,maisqu'ellen'avaitpaslue.

SalutKylie,

J'aicommencécettelettredesdizainesdefois,puisjel'aifroisséeetjel'aijetée.Peut-êtreparcequejenesaispasquoidire...Ilyasipeuàdirepourl'instant.Peut-êtreparcequejenedevraispasl'écrire,parcequ'il...

nefautpas.Ilexistetantderaisonspourlesquellesjenedevraispaspensertoutletempsàtoi,desraisonsquin'ontrienàvoiravectoi,quineconcernentquemoi.Jesaisqueçaneveutriendire,etsijelepouvais,jetediraistout.Bonsang!Sijamaisleschosessepassentcommejelesouhaite,jepourrait'expliquer.Passûrquecelachangequoiquecesoit,maissitusavaiscommejel'espère!

Tucomprendspourquoijen'arrêtepasdedéchirercettelettre?Ellen'apasdesens,pasvrai?

Cequiadusens,enrevanche,c'estcela:tuesexceptionnelle,Kylie.

Etjesuisdésolédenepastel'avoirditenface.Jesuisdésolédenepasl'avoiravouétoutdesuitequejemesouvenaisdetoi.Maisj'aiététellementsouslechocdetevoircepremierjouraucamp.Choquéetfoudejoie.Tuconnaissaisdestrucssurmoiquej'avaisessayédegardercachés

-àtoutlemonde,moiycompris.Mesparentsontfaitdeschosesvraimentnulles,etquandj'étaispetitetquej'étaisdupe,j'yaiprislargementpart.Situsavaislemalquejemedonnepouroubliercettepartiedemavie!

Enfait,tuétaislaseulequejenevoulaispasoublier.Lapetitevoisineblondequiressemblaitàunangeetquiétaitunmystère.Qu'étais-tu?Tumefaisaispeurettum'intriguaisàlafois,mêmeàl'époque.Jenecomprenaispascequetumefaisaisressentirintérieurement.J'avaisenviedetuercesgarçonsquitebalançaientdespierres;jevoulaistetoucherlescheveuxpourvoirs'ilsétaientaussidouxqu'ilsenavaientl'air;lessoirsdepleinelune,jet'observais,dansl'espoirquetutetransformes.Qu'enfindecompte,tusoisunloup-garou.

Jecroisquejeviensdecomprendrepourquoijedevaist'écrirecettelettre.Pourquetusachescequetusignifiaispourmoi,aucasoùjen'arriveraisjamaisàteledireenface.Maintenant,sijeparvenaisàlamettredansuneenveloppeavantdedéciderquec'estidiotetdelajeteràlapou-belle...

Jepenseàtoi,

LucasP.-S.:Rêvedemoi.

Sadernièrephraserésonnaitdanssatête...«Rêvedemoi.»S'ilsavait...

PuislesvestigesdesacolèrechassèrenttouslesautressentimentsdeKylie.Quevoulait-ildireaujustepar«Rêvedemoi»?Rêverdeluientraindefairequoi?Dejoueràsaute-moutonavecFredericka?

Kylierangealalettredansl'enveloppe,puisdansletiroir.Croyait-ilquecettelettrelaréconforterait?S'illatrouvaitexceptionnelleàcepoint,pourquoiavait-ildûs'enfuiravecFredericka?Pourquoin'avait-ilmêmepastentédeleluiexpliquerdanssoncourrier?Pourquoitoutescescachotteries?

Croyait-ilqu'ellenesauraitpasqueFrederickaétaitaveclui?

Croyait-ilquecelan'avaitaucuneimportance?Ilavaitreconnuavoircouchéaveccettefille.Ilavait

reconnuqu'ellepensaitqu'ilsformaientuncouple.Etàprésent,ils'enfuyaitavecelle.Commentpouvait-ils'imaginerquecelanebouleverseraitpasKylie?Leshommesn'étaient-ilstousquedeschiens?Non...attendez...tousdesloups?

Non,elledevaitvraimentoublierLucas.Allerdel'avant.Etc'étaitexactementcequ'elleavaitl'intentiondefaire.Elleéteignitlalumièreetselaissaretombersursonoreiller.PuiselleeutunevisiondeLucasetduloup-garouenpleinsébats,etelleredonnaunderniercoupdepoingàsonoreiller.

Lelendemainmatin,Kyliedutsetirerdulitpours'habilleretsecoiffer.Elleavaitessayédeserendormiraprèss'êtreréveilléeàl'aubeaveclefrissonglacialdelavisitedel'esprit.Celan'avaitpasmarché.À

présent,aprèsseulementuneheureoudeuxdesommeil,elleauraitvraimentvouluenfouirsatêtesousl'oreilleretignorerletrain-trainquotidien.Quiavaitbesoind'untruccommelepetitdéjeuneroumêmedesenourrir?Ellelaissaretombersesfessessursonlit.

Elles'étaitpresquerendormiequandunepenséelaréveillacomplè-

tement.N'avait-ellepasfaimparcequ'elleavaitbudusanglaveilleausoir?Perdait-elledéjàsonappétitdenourriturehumaine?

-Tuviens?criaMiranda.

-Ouais,j'arrive.

Elleretombasurl'oreiller,fixaleplafondduregardetessayadedé-

chiffrertoutcequecelaluiinspiraitdanslalumièrematinale.D'accord,l'idéededevenirunvampireneluisemblaitpluslafindumonde,maiscelarestaitencoreunegrossecalamité.Deplus,elleavaitbesoindesavoir.Elleavaitledroitdesavoircequ'elleétait.

-Tuviensausiècleprochain?hurlaDella,troisminutesplustard.

Enlatraitantdetouslesnomsentresesdents,Kylieentrepritdes'asseoir.

-Toi-même!luicriaDellaenretour.

Kylieinclinalatêteetécoutalesbruitstoutautourd'ellepourvérifiersisonouïeétaitdevenuesupersoniquedanslanuit.Maispasdutout,ellen'entendaitpasmieuxquelaveille.Holidaypouvaitdoncavoirraison:qu'elleaimelesangnevoulaitpasdirequeKylieétaitunvampire.Oudumoinspasencore.

Enseforçantàserelever,ellepassaunemaindanssachevelure,avantd'alleraffrontersescolocsetlajournéequil'attendait.

-Bonjouràtoiaussi!luilançaMiranda,commeKyliesortaitdesachambresansdireunmotàsesamies.

Kylieluiadressaunsourirefeint.Puisellefitcequ'ellefaisaittouslesmatins:ellescrutaMiranda,agitalessourcilsetregardaintensémentsonfrontdansl'espoirdedéchiffrersaconfiguration.Maisrien.Justeuntoutpetitboutonàlanaissancedesescheveux.Kyliesegarderaitbiendeleluidire-àtouslescoups,sonamiepéteraitunplomb.

-Quellepêchetuas,cematin!raillaDellaenlesrejoignant.

-Maldormi,réponditKylie.

-Moiaussi!lançaMirandaenpoussantunsoupirpathétique.Quevais-jefairesiPerryapprendqueKevinm'aembrassée?

Dellagloussa.

-Partirtecacherencourantavantqu'ilnesetransformeendragoncracheurdefeuetnetebrûlelesfesses.

-Jesuissérieuse!rétorquaMirandad'untonsec.

–Parcequetucroisquemoi,jenelesuispas?

Mirandalafoudroyaduregard.

Dellahaussalesépaulescommesiellecédaitetsedirigeaverslaporte.

-D'abord,tudoisdécidercequetuveuxfaire.

-Commentça?ditMirandaquandellessortirentdubungalow.

Puis,enattendantquesacolocréponde,Mirandaseretournaetagitalamaindehautenbasdevantlaportepourmettreenplaceunsortilègedeprotection.

Lasorcièreavaitcommencélasemaineprécédente,aupretextequ'ellesentaitqu'uneprésenceimportuneessayaitd'entrer.UnepartiedeKyliesedemandaitsic'étaientlesfantômesquesonamiesouhaitaitteniràdistance.Maisçanefonctionnaitpas.Touslesmatins,dèsl'aube,lefroidréveillaitKylie.

-Cequejeveuxdire,repritDella,c'est:vas-tutemettreàaimerKevinouas-tul'intentiondetraîneraveclemétamorphedansl'espoirquePerry...

-Stop!Laisseteshormonesendehorsdenotrediscussion!lançaMirandaenmenaçantlajeunefilledudoigt.

Delladescenditlerestedesmarchesensautant,puislevalesyeuxsurMiranda,faussementinnocente.

-Jenecomptaispasparlerdemeshormones!AusouriresurlevisagedeDella,Kyliecompritquelevampirementait.Quoiqu'ilensoit,cettedernièreavaitmarquéunpoint.

-Ellearaison.(Kylieajoutasongraindesel.)Tudoistedécider.

Mirandaserenfrognaetattachasescheveux.Ellesmarchèrentquelquesminutesensilence.Lasorcièresemblaitréfléchir.

-Maisjenesuispasobligéedeprendrecettedécision,genre...maintenant,toutdesuite,si?Parcequ'ilyaunechancequeKevinoubliejustequeças'estpassé...Cen'étaitmêmepasunsuperbaiser!

–Salut,Miranda!

Lavoixvenaitd'unecentainedemètresderrièreelles.Lesfillesseretournèrentenmêmetempsetseretrouvèrentfaceaumédiocreem-brasseurquidescendaitlechemin.

-Raté,ilnerisquepasd'oublier!rétorquaDellaavantderenifler.Etvautmieuxpasquejeteparledeseshormonesencemoment!Cemecestraidedinguedetoi!

-Vraiment?ditMiranda.Jecroyaisquetunepouvaispaslireleshormonesetlesphéromonesd'unmétamorphe?QuandPerryétaitunoiseau,tuasdit...

-Quejenesavaispascequesentaientlesoiseauxenchaleur.Maisdansleurétatnaturel,lesmétamorphespolluentl'airavecleurdésirsexuelcommen'importequi.

Elleagitaunemaindevantelle.

MirandalaissaallersonregarddeDellaàKevin,quis'approchaitd'elles.

-Salut!

Ils'arrêtapiledevantlesfilles.Kylien'avaitpasvraimentremarquélejeunehommeauparavant,maiselleletrouvaitplutôtcanondanssongenre.Loind'êtreaussibeaugossequeDerek,maisilavaitducharme.IlétaitmêmeplusmignonquePerry,maisKylieaimaitbiencedernier;pluslessemainespassaient,etpluslemétamorpheluiplaisait.

-Tuasbiendormi?demandaKevinàMiranda,enfourrantsesmainsdanslespochesdesonshortentreillis.

Kylieremarquaquesontee-shirtmarineétaitunpeugrandpoursasilhouettemoyenne.Sescheveux,d'unblondfoncé,étaientplutôtlongssurlescôtés.Ilsefenditd'unlargesourireetsesyeuxbleusseposèrentdirectementsurMiranda,avecunromantismeévident.

-Ouais,réponditMiranda,cequiétaitunmensonge,etKylieconstataqueDellaroulaitdesyeux.

–Jemesuisditquel'onpourraitprendrelepetitdéjeunertouslesdeux,lançaKevin.

-D'accord.

MirandaregardaKylie,commepourluidemandersielletrouvaitquesaréponseétaituneerreur.

Kylienesavaitquoipenser,ellesecontentadoncdesourirenoncha-lamment.Pasdedoute,siPerryapprenaitqueMirandaetKevinsortaientensemble,ilensouffrirait.SiKylien'avaitpaspeurdePerry,biend'autrescampeursredoutaientsespouvoirs.Parconséquent,fairedumalàPerryn'était

pasforcémentunetrèsbonneidée.MaisKylieetensuiteMirandarougir,etelleconstataégalementquesacopinesetenaitunpeuplusdroite.Àtortouàraison,l'intérêtqueKevinluiportaitfaisaitdesmerveillessurlecapitaldeconfiancedesonamie.

QuandMirandaetKevinpartirentdevant,DellaetKylierestèrentplantéesenarrière,sansriendire,jusqu'àcequelesamoureuxprennentleviragedanslesentierquileuroffraitunpeud'intimité.

-T'enpensesquoi?demandaKylieàDellaalorsqu'ellesmarchaientlentementpournepaslesrattraper.

-J'enpensequetôtoutard,ilsserontdanslamerdejusqu'aucou!

-Ouais,maistuasremarquécommesesyeuxs'illuminaient?s'enquitKylie.Çafaittoujoursplaisir,desesentiraimée!Peut-êtrequePerryleverraetserendracomptequ'ildoitsebougerlesfesses!

-C'estlàquenousserionsdanslamerde!Onnejouepasaveclessentimentsd'unmétamorphe,surtoutpasaussipuissantquelui.Crois-moi,c'estunmiraclequePerrynesesoitpastransforméensanglieretnet'aitpasencornélederrière,lesoiroùtuluiastirél'oreille.C'estlapremièrechosequeChanm'aexpliquéesurlemondedessurnaturels.

Méfie-toidesmétamorphes,cesontdesdursàcuire.

Soudain,Dellapenchalatêtedecôté,toutouïe.

-Ohmerde!Ceseraplustôtquetard!

-Quoi?demandaKylie,maissonamieneréponditpas.

Dellaavaitdisparu.Kylienecompritquelorsqu'elleentenditMirandahurleretqu'unmugissementgraveponctual'airmatinal.

Courantdetoutessesforces,extrêmementplusvitequ'unmoisplustôt,KylieparvintjusteàtempsausentierenVpourvoirdeuxénormesoursnoirssedonnerdescoupsdegriffes.

DellatenaitMiranda,quiessayaitdes'échappercommesiellevoulaitséparerlesdeuxbêtesquisebattaient.Kyliemitunedemi-secondepourserendrecomptequecen'étaientpasdeuxoursgéantscommelesautres.Pasdutout.CedevaitêtrePerryetKevin.

Quandleplusgrosgriffal'épauledel'autreetquedusanggiclasurlechemincendré,Kyliehurla:

-Arrêtez!

Elleauraitobtenuplusd'attentiondelapartd'unmurdebriques.

Lesdeuxanimauxenragecontinuaientàserouerdecoups.Soudain,desétincellesemplirentl'airetl'undesourssemétamorphosaenlion,delatailled'unefourgonnette.IlrugitsifortqueKylieeutmalauxoreilles.Enquelquessecondes,l'autresetransformaaussienlion,maisplusgrosquelepremier.Entredeuxrugissementsperçants,onentendaitlebruitdecrocsquis'entrechoquaient,etdusangmouillalaterresèchesousleurspattes.

Kylienesavaitpassilesdégâtscausésparlesdeuxmétamorphesétaientpermanentsousi,lorsqu'ilsseretransformeraient,ilsdisparaî-

traient.Quandundeslionsattrapal'autreparlagorge,elleserenditcomptequ'ellenepouvaitpasrestersansrienfaireàregardercesdeux-làs'entretuer.Sansréfléchirauxconséquences,ellesejetadanslamêlée,empoignaleplusgrosparlacrinièreetletiraleplusfortpossible.

-Nefaispasça!hurlaDella.

SiKylienepouvaitpaslavoir,ellesedoutaitbienqueDellas'adressaitàelle.Etjusteaumomentoùelleenvisagead'écouterlesconseilsdesonamie,l'énormechatsedressasursespattesarrièreetl'entraînaaveclui.Lesdeuxpoingsmêlésdanslespoilsrouxdelabête,Kylievirevoltaenl'air.Lelionouvritlagueule.Dusanggouttaitdesesdents,etilrugitavecunefureurcommeKylien'enavaitjamaisentendu.Lesyeuxfurieuxdufélinsereposèrentsurelle.

Ellelesvitpasserdel'orfoncéaupourpre.Àcetinstant,ellecompritquec'étaitPerry.

-Repose-moietarrêtedetebattre!hurla-t-elle.

Encemomentprécis,l'autrefélinchargeaPerrysurleflanc.LecoupfitreculerPerrydansunesecousse,etKyliefaillitlâchersacrinière.Elleregardaparterre,àdeuxbonsmètressouselle.Lachuteseraitsûrementdouloureuseetellepourraitbiensecasserunos,maisellesurvivrait.

Toutefois,sachutelapositionneraitexactementdanslatrajectoiredescoupsdepattefurieuxdeKevinetdesesredoutablesmâchoires.Survivrerisquaitd'êtreunpeuplusdifficile.Elleresserradoncsonétreintesurlacrinièreàlaquelleelles'accrochaitdésespérément.

Perrysecoualatête,commepoursedébarrasserdesaprésence.Kyliesebalançadedroiteàgauche,commeunepeluchemal-aiméedanslesmainsd'unenfantencolère.LesdoigtsdeKylieglissèrent.Ellejetauncoupd'œilenbas,tâchadetrouveruneéchappatoire,maisseravisaenvoyantlesmâchoiresdeKevins'enfoncerdansleventresoyeuxdePerry.

Resserrantsaprisesurl'épaissecrinière,elledonnauncoupdepiedàl'attaquantpourl'empêcherdetuerPerry.KevinsereculaetKylievitdusangruisselerdesagueule.

Perryrugit,dedouleuroudefureur.Peut-êtredesdeux.

ElleentenditDellacrierquelquechose.Puisellelasentitfilerdevantelle,commepouressayerdelasauver,maischaquefoisqu'ellepassait,PerrychangeaitdedirectionetmettaitKyliehorsdeportéedesonamie.

-Çasuffit!hurlaKylieauxlions.Arrêtez,vousdeux!Arrêtez,sinonj'appellelesangesdelamort!

Apeineeut-elleprononcécesmotsquelatempératurebaissaautourd'elle.L'airdanssagorgeétaitglacial.Samenacedansleviderésonnaitàsesoreilles.Elleneputs'empêcherdes'interroger:avait-elleréellementlepouvoirdeconvoquerlesangesdelamort,ouétait-cejusteDanielouunautrefantômequisefaisaitconnaîtreàunmomentinopportun?

Oupeut-êtreopportun.

Danielnel'avait-ilpasaidéedanslepassé?D'unseulcoup,çanecomptaplus,parcequ'ellevitdesétincellesorangevifsurgirautourdeKevin.PerrylevasapattedroitecommepourattaquerKevinpendantqu'ilsetransformait.

-Nefaispasça,Perry!ordonnaKylie.

Celui-cirugitcommes'ilseplaignait,maisilretombasursesquatrepattes.Kylierelâchasacrinièreetsauta.Elleatterritendéséquilibresurlespieds,puistombasurlesfesses.Quandellelevalesyeux,desétincellesapparurentautourdePerryetellelevitreprendresaformehumaine.Avecdesvêtements

-ouf!

Ilbaissasurelledesyeuxétincelantd'unjaunevif,tandisqu'uneragenoireselisaitencoresursonvisage.Maisilnesaignaitpas.

-C'étaitstupidedetapart.Nejamais,jamaissemêlerd'unebagarreentremétamorphes.Tuauraispumourir!

-Tum'engueules?demandaKylie,sidéréequ'ilaitleculotdelaré-

primander.Cen'estpasmoiquiaitentédedéchiquetermoncoloc!Etjevoulaisjusteteprotéger.

Elles'appuyasurunehancheetfrottasonderrièremeurtri.

-Jen'aipasbesoindeprotection.

LavoixdePerryétaittonitruanteetsonregardseposaaussitôtsurMiranda.

Jetantuncoupd'œilsurKevin,Kylies'aperçutquesamétamorphoseprenaitplusdetempsquecelledePerry.DèsqueKevinréapparut,ils'éloignadel'autregarçon.

-Cen'estpasterminé.Nousfinironsçaplustard!lançaPerryàKevin,lavoixproched'unrugissement.

–Bien,réponditKevinenfixantPerryduregard.

Kyliecrutpresquequ'ilsallaientrecommencer,maisKevintournalestalons.

Kylieserenditcomptequ'ilfallaitbeaucoupdecouragepourtournerledosàPerryquandvousveniezd'arracherunmorceaudesonventre.MaislefaitqueKevinpartesansunregardpourMirandauneseulefoisneluilaissapaslemoindredoutesurquiétaitlepluspuissantdesdeux.

UnefoisqueKevineutdisparudanslesbois,KylieattenditquePerrydisequelquechoseàMiranda,maispersonneneparla.Auloin,lesoiseauxentonnèrentdenouveauleurchant.

-Tuvasbien?s'enquitMiranda.

Kylielevalesyeuxpourluiassurerqueoui,maisellecompritquesonamieneluiadressaitpasla

paroleàelle,maisàPerry.Kylieledévisagea.Ilsemblaitenforme.Pasuneseuleégratignure.Cequisignifiaitquequandlesmétamorphesreprenaientleurapparencehumaine,ilsguérissaientdetouteslesblessuressubiessousleurformeanimale.Et,donc,queKylies'étaitjetéeaubeaumilieudelabagarreetretrouvéeavecdesbleusauderrièrepourrien.Elleauraitpuleslaissersemettreenpièces.Elleauraitdû.

Génial.Toujoursassiseparterre,elleregardaMirandaserapprocherdePerry.

-Pourquoituasfaitça?(Mirandasemblaitàmoitiéhonoréequ'ilsesoitbattupourelleetàmoitiéénervéeparceque,euh...ils'étaitbattupourelle.)Dis-moi.

Elleserapprochaencoredelui.

-J'enavaisenvie,grondaPerryenretour.

Sarageétaitdevenueapparente:soncorpss'étaitraidiàlaminuteoùelles'étaitrapprochée.Sescheveuxblondspendouillaientenvracsursonfrontensueur.Sesyeuxfurentbleusuneseconde,avantderedevenirvertvif.

Ilcontinuaitàavoirl'apparenceféroced'unlionencolère-disparu,leboute-en-traindeservice,letypequiavaittoujoursquelquechosededrôleoudesarcastiqueàdire!

Etpourlapremièrelois,Kyliecompritpourquoitoutlemondeavaitunpeupeurdelui.

-Tun'aspasfaitçapourmoi?demandaMiranda,quinecomprenaitmanifestementpaslafureurqu'ilportaitcommeunedeuxièmepeau.Parcequetuétaisjaloux?

Perryneluiréponditpas.Ilsecontentadelascruteretposasaproprequestion:

-Alors,c'estvrai?

-Qu'est-cequiestvrai?

-Tul'asembrassé!lançaPerry.Jenel'aipascruquandilmel'araconté.Jepensaisqu'ilvoulaitjustem'énerver,maisiln'arieninventé,n'est-cepas?Tul'asvraimentfait.Tul'asembrassé.

LesyeuxdeMirandas'agrandirentquelquepeu.

-Oui.

Lesilenceplanadansl'airmatinalchaud.

-Non,lâcha-t-elleétourdiment,etellesecoualatête,sesmèchesdecheveuxroses,vertesetnoiressemêlantàchacundesesmouvements.

Jenel'aipasembrassé.Ilm'aembrassée.

-Maistuluiasrendusonbaiser,l'accusa-t-il.

Kylieretintsonsouffle.Dellavintseposteràcôtéd'elleetluitenditlamain.Kylieacceptasonaideet,unefoisdebout,ellefrottadenouveausonderrière.

-Réponds-moi!exigeaPerry.

KyliereposalesyeuxsurMirandaetPerry.Latensionquiémanaitducouplesemblaitaspirertoutl'oxygènedansl'airetildevenaitpresqueimpossiblededétournerlesyeux.

-Çasentleroussi!observaDella.

Kyliecroisalesdoigtspourquetoutecettehistoireconnaisseundé-

nouementheureux.Etpourquelaseulechosequisenteleroussi,cesoitsesfessesendolories.

-Soishonnête,exigeaPerry.Mirandahésitaavantderépondre.

–Je...jenel'aipasembrassé.

Dellarapprochasatêtedel'oreilledeKylieetmurmura:

-Ellement.

Perryavançad'unpasversMirandaetlasondacommeilessayaitdedéciders'illacroyait.

-Pourquoiest-cequejenetecroispas?(Ilmarquaunepause.)Etmêmesitunel'aspasembrassé,tu

nel'enaspasempêché.

Mirandahésita,puissesépauless'affaissèrent,commesielleabdi-quait,etKyliecompritqu'elleavaitchoisidejouerfranc-jeu.

–Non,jenel'aipasarrêté.Et,oui,peut-êtrequejel'aiunpeuembrassé.Mais...

–C'esttoutcequej'aibesoindesavoir.

UnedouleurbruteetamèreemplitlesyeuxdePerryquichangèrentdecouleuret,l'espaced'uneseconde,Kylienepensaqu'àcettemêmesouffrancequ'elleavaitressentielorsqu'elleavaitcroiséTreyavecsanouvellecopinecolléeàlui.Puisilyavaiteul'épreuvedevoirMandyembrasserDerek.SansoublierlejouroùelleavaitapprisqueLucass'étaitenfuiavecFredericka.

-Cen'estpasjuste!lançaMiranda.

-Cen'estpasjuste,maisc'estsurtoutdommage,ditPerry.Çaauraitpuêtrebienentrenous.

Iltournalestalonsets'enalla.

IldevaitavoirparcouruunecentainedemètreslorsqueMirandaluicria:

-Çanet'intéressepasdesavoirpourquoijenel'aipasarrêté?

Perryseretourna:

-Cequim'intéresse,c'estsurtoutdesavoirpourquoitucroisqueçapourraitm'intéresser.

LesparolesdePerryinterloquèrentMiranda.Ellefitplusieurspasverslui.

–J'ailaisséKevinfaireparceque...j'enavaismarred'attendrequetum'embrasses.

-Vraiment?

Perryparcourutlesquelquesmètresquileséparaientdelajeunefille.Ilpassasonbrasdroitautourd'elleetl'attiracontrelui.Ilnemarquapasdepause,n'hésitapasuneseconde.Ill'embrassa,maiscenefutpasunsimplebisousurlabouche.Kylieseditqu'ils'agissaitd'unvraibaiser,commeceluideDerek,laveilleausoir.Legenredebaiserqu'unefillepouvaitsentirjusqu'àsesorteils.EtvucommeMirandasecollaitàlui,Kyliedevinaquelesorteilsdecelle-cinerestaientpasinsensibles,euxnonplus.

–Waouh!murmuraKylie,etellesourit.

–Oui,waouh!(Dellas'approchad'elle.)JecroisquePerryvientdes'enfairepousserunepaire!

Kyliesemorditlalanguepournepasrire.

–Sic'étaitunfilm,ilyauraitunemusiquedefond.

–Jepourraischanter!proposaDella.

-Ettoutgâcher,rétorquaKylied'untontaquin.Jet'aientenduesousladouche.

Toutsourire,ellescontemplèrentlecouplequis'embrassait.

Perryfittombersesbrasetreculad'unpas.Lasoudainetéaveclaquellelebaisers'étaitachevésemblaitdéplacée.

EtKylienefutpaslaseuleàlepenser.Mirandaeutbiendumalàcomprendre,elleaussi.

PerryregardafixementMiranda;sonexpressionn'étaitpasvraimentcellequel'onpourraittrouversurlevisaged'untypequivenaitd'échangerunbaisertorrideavecunefille.LacolèreetladouleurqueKylieavaitremarquéesplustôtdanssonregardn'avaientpasétébalayéesparlebaiser.Perryparaissaitmêmeencoreplusfurieux.

-Ça,lançaPerrydontletons'accordaitàl'émotionvisibledanssesyeux,c'étaitjustepourtemontrerqueçaauraitvalulecoupdem'attendre.

-«Aurait»?fitMiranda,lavoixtremblante.

–Ouais,«aurait».

Perrytournalestalonsets'enalla.Maisiltenditlamaindroiteetluifitundoigtd'honneur.

-Qu'est-cequec'étaitcensévouloirdire?

–Devine!cria-t-ilsanss'arrêter.

Mirandaseretournad'uncoupversKylieetDella.Elleportaunemainàseslèvresetsesyeuxbrillèrentd'humidité.

–Ohmince!lançaKylie,lecœurserrépoursonamie.

-Enfoiré!hurlaDellaàPerry.

Holidaydévalalesentier.Elles'arrêta,lesregardatouteslestrois,puisPerryquis'enallait.

–Ques'est-ilpassé?Demanda-t-elle.

–Rien,réponditDella.

HolidaylaissaallersonregarddeDellaàMiranda,larmoyante,qui,paralyséesurplace,observaitPerry,auloin.PuisladirectricereposalesyeuxsurDella.

-J'aitoutentendu.

-OK...alorspresquerien,ditDella,avantdehausserlesépaules.

Holiday,commesiellelisaitenellelechamboulementaffectifdeMiranda,s'approchaetlapritdans

sesbras.

-Viens,allonsdiscuter.

-Quefais-tu?demandaDellaenentrantdanslacuisined'unedé-

marchechancelanteà2heuresdumatin.

Kylielevalesyeuxdel'écrandel'ordinateur.

–J'emploielesgrandsmoyens.

Dellareculad'unpas.

–Serais-tuentrainderefaireundecesrêvesgéniaux?

Kyliesourit.

-Non.JecherchecombienilyadeBrightenàDallas.

-Combiendequoi?

Dellas'assitàlatabledelacuisine.

-DeBrighten.Lenomdemonpère,c'étaitBrighten,etmamèrem'aracontéquesesparentsvivaientàDallasquandilssesontrencontrés.

CommeDanielestincapabledem'expliquercequejesuis,ilmefaudraledécouvrirtouteseule.

-Mais...jecroyais...Tunem'aspasditqu'ilavaitétéadopté?

-Si.(Kyliereposalesyeuxsurl'écranetfronçalessourcils.)Zut!IlyaplusdecentBrightendanslacirconscriptiondeDallas!Quiauraitcruquec'étaitunnomaussipopulaire?

-S'ilaétéadopté,alorsenquoicelat'aidera-t-ilàtrouvercequetues?

Dellasepenchapourregarderl'écran.

-Peut-êtrequecelavam'aideràretrouversesvraisparents.

–J'adoreraisêtreunepetitesourisquandtuaurascetteconversation

:«Salut,papyetmamie!Jesuislapetite-filledontvousn'avezjamaissul'existence,maismoi,jesaisquevousavezadoptémonpèrequiestmortavantmanaissance,etjemefichebiendevous,enfait,jesouhaiteconnaîtremesvraisgrands-parents.»

KylieregardaDellad'unairrenfrogné.

–Tum'esd'unegrandeaide,vraiment!railla-t-elle.

-J'appellejusteunchatunchat...

–Etbien,jenepréféreraispas.

Kyliefermalesyeuxettâchadeseraccrocheràl'infimeespoirquiluirestait.Maisaufondd'elle,ellecraignaitqueDellaaitraison.LeschancesdetrouverlesbonsBrightenétaientquasinulles.EtpourlespousseràluiparlerdesparentsbiologiquesdeDanielalorsqu'ellen'auraitmêmepasdûsavoirqu'ilavaitétéadopté,ilfaudraitsûrementplusqu'employerlesgrandsmoyens.

-Hé,ditDellaenluidonnantunpetitcoupdecoudedansl'épaule,imprimecesnuméros,etMirandaetmoipourronst'aideràlesappeler.

Kyliereposalesyeuxsurelle.

-Tuferaisça?

-Tum'asdonnétonsang.

-Ouais,c'estvrai,acquiesçaKylie.

Elleregardadenouveaul'écran,puisellelançal'impression.

-Laissez-moipartir!Laissez-moipartir!

Deuxmatinsplustard,quelquechoseréveillaKylieensursaut.Necomprenantpastrèsbienpourquoiellesedébattaitdanssonproprelit,elleouvritlesyeuxd'uncoup.Labuéequeformaitsonsouffleflottaitau-dessusdesonvisageendécrivantdesmotifssemblablesàdesserpents.

L'airglacialdanslapièceluidonnal'heure:l'aube.

Elleremontalacouettesursoncouetfermalesyeux.Etboum!Lerêvequ'ellevenaitdefairerevintl'écraser.

«Laissez-moipartir!Laissez-moipartir!»

Elleentenditsonhurlementenécho,commes'ilseréverbéraitdepuislesrecoinssombresdesachambre.Soncoeurbattaitlachamade,martelaitlesosdesapoitrinecommeunanimalprisaupiège.Papam,papam.

Elleserralacouettedanssesmainsetsebattitmentalementpourquelerêvenel'emportepasdenouveau.Seseffortsfurentvains.Lerêvedevintsaréalité.

Desliensluientaillèrentlesbrasquandonessayadelaligoter.Cillant,elletâchadefairelamiseaupoint,maissavisionsemblaitaffaiblie.

Toutparaissaitaffaibli.Elleavaitlatêtequitournait.Ellecomptaune,deux,voiretroissilhouettesflouesquisetenaientau-dessusd'elle.Ellebalançalesjambesenl'air,maisunemollesseirrésistibleentravasaforce.

Elletirasurlescordes,maislessilhouettesquisedessinaientindistinctementsemultiplièrent.Leursmainsattrapèrentsesjambesplusvitequ'ellenepouvaitlesbouger.Lesliensautourdesespoignetsseresserrèrent.Incapablederemuer,elleregarda,horrifiée,uneautresilhouettefloues'approcherd'elle,arméed'uncouteau.

-Non!

Sonhurlementlatiradesoncauchemar.Ouvrantlesyeuxsubitement,elleserralepoingetfixaleplafond,craignantquesiellebattaitdescils,onviennelareprendre.

-Justeunrêve,justeunrêve.

Ellerépétalesmotsinlassablement.Roulantsurlecôté,elletâchadeselever,maislesvertigesdesonrêvetourmentaientàprésentsoncorpspourdebon.Elleretombasursonlit.

–Justeunrêve,justeunrêve.

Ellecomptasesinspirations,sesexpirations,etcenefutquelorsquelatempératurechutadanslapiècequ'elleessayadeserelever.Lavaguedestupeurétaitpassée,maislapaniquepersistait.Sonespritpassaenrevuelesimageseffrayantes.Puiselleserenditcompte,horrifiée,quedanslerêve,elleétaitlafemme.Elleétaitlefantôme.

Elles'emparadesonjeanetl'enfilasoussachemisedenuit.Sansprendrelapeinedemettredeschaussures,ellesortitdesachambreàlahâte,puisdubungalow.Soncœurcontinuaitàbattrelachamadequandelleparvintaupieddesmarchesextérieures.Endépitdel'heure,l'obscuritéplanaitcommeunegrandecapesurleciel;seuleunefaiblelueurdé-

chiraitl'horizon,àl'est.

EllefixalecheminquimenaitchezHoliday,puissesouvintquecelle-ciavaitdéclaréqu'elleserendaitaubureaudèsl'aube.

Virevoltantsurelle-même,Kyliedescenditlesentierencourant.Lafacilitéetlavitesseaveclesquelleselleavançaitauraientdûlaréconforter,maisellesneservirentqu'àluirappelerquetoutchangeaitdanssavie.Etellen'avaitpaslumoindreidéedel'endroitoùceschangementsallaientlamener.

Ellesetrouvaitàmi-chemindubureauquandsespoumonsfinirentparréclamerplusd'oxygène.Respirantprofondément,elleplialégèrementlesgenouxetposalespaumessursescuisses.Fixantduregardsespiedsnus,ellesedémenapourempêcherlesimagesdesesrêvesderepassercommeunmauvaisfilmdanssatête.

-Justeunrêve,murmura-t-elledanslesilenceobscur.

Etcefutàcemoment-làqu'elleleremarqua.Lecalme.Lesilencedemort.

Legenredesilencequisignifiaitqu'ellen'étaitpasseule.L'absencedefroidluiindiquaquecen'étaitpasunesprit.Ellesesouvintduvampirequiavaitosépénétrerdanslecamp.Celuiqui,auxdiresdeBurnett,auraitpulacroquersitelleavaitétésonintention.Avait-ilchangéd'avis?

Ellesetintbiendroite.Sonpremierinstinctfutdecourir.

Sondeuxième,dehurler.

Sontroisième,moinsfortquelesdeuxpremiers,futdesecomporterengrandefilleetd'affronterquiquecefût-ouquoiquecefût.

Avantqu'ellen'envisagepleinementl'optionnumérotrois,lemondeautourd'elleseréanima.Trouvantduréconfortdanslechantdesgrenouilles,d'unoiseaude-cide-là,etlegazouillementdesinsectes,ellechassalapaniquedesapoitrine.Pasdedoute,cesderniersjoursl'avaientrenduelégèrementméfiante.Unesecondedesilencedanslasymphoniedel'aubenevoulaitpasdirequ'onlasuivait.

Entoutcas,pasunvampire.Pouruneraisonquelconque,elleserappela...Elleposalesyeuxsurlebordduchemin,oùdesarbressedressaientdemanièreimposante,commes'ilsgardaientlesbois.Pasd'yeuxdorésdeloupquilaregardaientfixementdansl'obscurité.Pasdecréaturesdelanuitnonplus.Àl'évidence,laseulechosequilasuivaitencemoment,c'étaitsapropreparanoïa.Renforcéeparlecauchemar.

Expirantl'oxygènequ'elleretenaitdepuislongtemps,ellerepritlesentierdansl'autresens.Elleavaitparcouruquelquesmètresquandellel'entendit.Avantqu'ellenepuisseréagir,lecoupdeventdedébutdematinéepassadevantelleàtouteallure.

Prêteàsauversapeau,nepensantqu'auxvampiresescrocsetdéterminéeàprouverqu'ellen'étaitpasuneproiefacile,ellelevalesbras.

Alorsellelevit.

Pasunvampire.

L'immenseoiseau-uncroisemententreungrandhéronbleuetunecréaturequiavaitdûexisteràlapréhistoire-posasespattesdevantelle.

Ilbattitdesesailes,quidevaientavoiruneenvergurededeuxmètres.

Choquéeetincrédule,

Kyliehaletait.Lachoseladominaitd'unebonnesoixantainedecentimètres.Sanssavoirquefaire,Kyliereculad'unpas.Lesétincellesseformèrentimmédiatement.

Croisantlesbrassursapoitrine,ellesesentitidiotedenepasavoirdevinésur-le-champ.

-Cen'étaitpasdrôle,siffla-t-ellelorsquePerryapparut.

-Qu'est-cequin'étaitpasdrôle?demanda-t-ilsuruntonsérieuxqu'elleavaitraremententenduchezlui.

-Tum'asfichuunedecestrouilles...c'esttout.J'enaiplusquemarrede...

-Désolé.Jenevoulaispastefairepeur.Jet'aivuecourir.Jetenaisàm'assurerquetoutallaitbien.

Elleignoraitsic'étaitsontonousonexpression,maisellesavaitqu'illuidisaitlavérité.Ilneluifaisaitpasdefarce.Ilétaitréellementinquiet.

-Toutvabien.

Pourtant,quandelleregardasesyeuxplusattentivement,elleserenditcomptequerienn'allait.

Perry,leboute-en-traindeservice,souffraiténormément.Kylievoyaitcettemêmedouleurqu'elleavaitvuedanslesyeuxdeMiranda.Etc'étaittellementbête!S'ilstenaienttantl'unàl'autre,pourquoinepassaient-ilspasoutreàtoutecettehistoireavecKevin?

-Ellet'aimevraimentbien,Perry,déclaraKylie.

-ElleaimebienKevin,aussi.

-Ellen'aimepasKevin.Ill'aembrassée,c'esttout.Etvousdeuxnesortiezmêmepasensemble.

-Ellesavaitqu'ellemeplaisait.Jem'asseyaisàcôtéd'ellepresquetouslesjoursaudéjeuner.

-Ouais,maisunpetitcopainestcenséfaireplusques'asseoiràcôtédetoiaudéjeuner.

-Jesais,rétorqua-t-il,piquéauvif.Etj'aurais...J'attendaissimplementlebonmoment.

–Etpourquoimaintenant,cen'estpaslebonmoment?

–C'esttroptard,répondit-il.

Ellesecoualatête.

-Tuvaslaisserunbaisersemettreentretoietquelqu'unquicomptevraimentàtesyeux?Serais-tuàcepoint...

-Têtu?finit-il.Oui,c'estaussiça,êtreunmétamorphe.Ceàquoituneconnaisabsolumentrien,manifestement,vuquetuasfaillitefairetuer.

-Maissiellecomptepourtoi,alors...

-Comptait,rectifia-t-il.Ellecomptaitpourmoi.Mirandaappartientaupassé.(Depetitesétincellesdelumièresemirentàseformerautourdelui.)Oh,reprit-il,mercid'avoiressayédemeprotégerl'autrematin.

Mais,sérieusement,nerecommenceplusjamais.

L'oiseaugéantréapparut.QuandilpassadevantKylie,lebattementdesesailesfitvolersescheveuxet,enmêmetemps,unedouleurintensepalpitaaucreuxdesonventre.

QuandKyliepritlederniervirage,elletombasurlalumièredoréequiinondaitlafenêtredubureau.

Elles'arrêtaetsecontentadelaregarder,ensesouvenantdel'expressionmornedanslesyeuxdePerryetensouhaitantlachanger.

Gravissantlesmarches,elleouvritlaporteetcrialenomdeHolidayafinquecelle-cines'inquiètepasetsachequiluirendaitvisiteàcetteheureindue.

-Dansmonbureau!hurla-t-elle.

Kylieentradanslapièce.Holidayluifitsignedes'asseoir.Lajeunefilleselaissatombersurlachaise.

-Tuvasbien?demandaladirectriceenpassantuntasdelettresenrevue.

Kyliesoupira.

-Mirandadéprimeencore.JeviensderencontrerPerryetj'aiessayédeluiparler,maisilrefusedem'écouter.Pourtant,ilal'airaussiabattuqueMiranda.Ilneplaisantemêmeplus.Dellavaavoirsesrègleset,ducoup,ellen'aplusdepatiencevis-à-visdeMirandaquinesouhaitequemangerdelaglaceenpleurnichantparcequ'elleaperduPerry.

Kylies'arrêtaunesecondepourreprendresonsouffle.Puisellepoursuivit.Elleradotait,maisc'étaitplusfortqu'elle.

-Maiscen'estpasvraimentMirandanisonsyndromeprémenstruelquimettentDelladansuntelétat.C'estl'idéederentrerchezsesparentspourleweek-end.OrMiranda,mêmequandellenedéprimepas,n'ajamaisaimélessautesd'humeurdeDella.Ducoup,maintenant,cesdeux-làmenacentdes'arracherlecœuretdeledonneràmangeràmonchat.

Enfait,non,jecroisqueDellavoulaitlefoiedeMiranda,etMiranda,lecœurdeDella.Donc,pourrépondreàtaquestion...non,rienneva.

Holidaylevalesyeuxdesoncourrieretditunseulmot:

-Intéressant.

–Qu'est-cequiestintéressant?

KylieserevitvaguementdanslebureaududocteurDay,quandcelle-cil'analysait.

Holidayreposalesyeuxsursoncourrier.

-Plusieurschoses,àvraidire.(Ellemitunelettredecôtéavantdereleverlesyeux.)Maiscommençonsparlefaitquejenet'aipasdemandécommentMirandaallait,niDella,niPerry.Jet'aidemandécommenttoi,tuallais.

-Etdonc,jesuisunefêléeparcequejepenseàmesamis?s'enquitlajeunefille,brusquementagacée.

-Ehoui,elleauraitbientôtsesrègles,elleaussi,donclesyndromeprémenstruelpouvaityêtrepourquelquechose.Oulacentained'autresproblèmesquipesaitsursesépaules.

–Jenevoulaispasinsinuerquetuétaisunefêlée!

LetondouxetbienveillantdeHolidayexaspéraitplusKyliequesonattitudedepsychanalyste.Sûrementparcequ'illuidonnaitl'impressiond'êtremoinsunetaréequ'unegarce.

Holidayfittombersonmentondanssesmains-ungestetellementholidesquequeKylieavaitlasensationquesonmentonreposaitenpermanencedanssamain.

-J'insinuaisquetutecachesàtoi-mêmetespropresproblèmesenteconcentrantsurceuxdesautres.

KyliesesouvintquesonexcursionmatinaledanslebureaudeHolidayn'étaitpasfranchementliéeàPerryniàMiranda.Alorsd'accord,Holidayavaitraison.MaisKylien'étaitpasprêteàlereconnaîtretoutdesuite.

-Maisbon,peut-êtrequejesuissimplementquelqu'undegentil!

Kylies'enfonçaencoreplusdanssachaiseetregrettad'êtredemauvaispoil.AucundesesproblèmesnepouvaitêtreimputéàHoliday,etmême,celienquiserenforçaitentreellesdeuxétaitsûrementl'unedesrareschosespositivesdanslaviedeKylieàcemoment-là.Pourcetteraison,elleponctuasaphrased'unsourired'excuse.

-Gentille?Oh,jen'endoutepas!(Holidaysefenditd'ungrandsourire.)Essayonsdoncunedernièrefois:commentvas-tu,Kylie?

Kylies'assitbiendroiteetposasescoudessurlebureau.

-Combiendetempsas-tu?

-Toutletempsdonttuaurasbesoin.

Holidaylaissaquelquessecondess'écouler,puisdemanda:

-Quesepasse-t-ilentreDerekettoi?

-Rien.Pourquoi?

Holidayarquaunsourcilméfiant.

-Jet'aivuesortirendouceduréfectoirehiersoirquandilestentré,ettuasfaitlamêmechoseaudîner.

-Jenevoulaispasluiparler,voilàtout.

C'étaitlavérité-enpartie,toutdumoins.EllenesouhaitaitpasnonplusquequiconquedouédelacapacitédeliresessentimentsoudesentirseshormonessachequelesimplefaitderegarderDereklamettaitdanstoussesétats.Jusqu'àcequ'ellepuissemaîtrisersespenséesim-prévisibles,mieuxvalaitnepassetrouvertoutprèsdeluiaumilieud'unefoule.Ouseuleaveclui,s'avoua-t-elle.Ehoui,tôtoutard,elledevraitl'expliqueràDerek.Tard,depréférence.

-Alors,quelquechosenevapas?demandaHoliday.

Kyliecroisalesbrassursapoitrine.

-Tunem'aspasditdeveillerànepas...(Ellenetenaitpasàleformulerhautetfort.)Tum'asprévenuedefaireattentionquandilsetrouvaitdanslesparages,etmaintenantquejefaisattention,tufaiscommesij'avaistort.Qu'attends-tudoncdemoi?

Holidaytorditseslèvres,réfléchissant.

-Attention,oui.Maisjenevoulaispasdirequ'ilfallaittul'évites.

-Peut-être,maispourl'instant,c'estmafaçondefaireattention.Degérerça.

Holidaylevalamain.

-Bien.Commetuveux.(Ellemarquaunepause,puislaissaéchapperunautresoupirquiindiquaitàKyliequ'ellen'approuvaitpas.)As-tudéjàparléàtonbeau-père?

Kylierouladesyeux.

-Mamèret'aencoreappelée?Franchement,jenecomprendspaspourquoielletrouvequec'estunesibonneidéequejepardonneàcetype,alorsqu'ellen'apaslamoindreintentiondel'excuseraucoursdusiècleprochain!

LabouchedeHolidaysetorditdenouveauversladroite,commesielleréfléchissaitàcequ'elleallaitdire.

-C'estdetamèrequ'ildivorce,pasdetoi.

Ouais,samèreavaitdéclaréplusoumoinslamêmechose,maisKylien'yadhéraitpas.

-Jenesuisabsolumentpasd'accord.(Elleserevoyaitencorelesupplierdelalaisserpartirvivreaveclui.Maisnon,iln'avaitpasvoulud'elle,etpourquoi?EllereposalesyeuxsurHoliday.)Mamèret'a-t-elleaussipréciséqu'ilcoucheavecunefillequin'aquequelquesannéesdeplusquemoi?

-Non.Maistoi,oui.Lejouroùonestalléesmangeruneglace.(Lacompassionenvahitsesyeux.)Écoute,Kylie,jenedispasqu'iln'arienfaitdemal.Maistoutdemême,celanevousconcernepastouslesdeux.

Sijelaissaislarelationentremonpèreetmamèreinfluersurmessentimentsenverseux,jelesdétesteraistouslesdeux.

-Jesuisdésolée,maisjenesuispasdutoutd'accord.Peut-êtrequeçanenousconcernepas,luietmoi,maiscequ'ilafaitm'atouchée.Etàbiendeségards.Parexemple,mamèrem'aappeléehierpourmedirequ'elleenvisageaitdevendrelamaison.Celleoùj'aigrandi,celleque,toutemavie,j'aiappeléemonchez-moi.

Holidaysecaladanssachaise.

-C'estdur.Jemesouviensencorecommejemesuisénervéequandmamèreavendunotremaison.Mais...

-Iln'yapasde«mais»,répliquaKylie.Mamèrenedevraitpasmepousseràfairequelquechosequ'ellen'arrivemêmepasàfaire.Ellenepeutpasluipardonner.Peut-êtrequemoinonplus.Alorsdis-le-luilaprochainefoisqu'elleappellera.Sinonjem'enchargerai.

Holidayfronçalessourcils.

-Cen'estpastamèrequiatéléphoné,maistonbeau-père.Etiladitque...

-Sérieux?Ilt'aappelée?(Kyliesesouvintdelahontequ'elleavaitressentiequandsonpèreavaitdraguéHoliday,béatdevantellecommesielleétaitunbonbonetqu'iladoraitlesucre.)Jet'enprie,nemedispasqu'ilt'ademandédesortiravecluiniriendecestyle?

–Non,ilavaitl'airsincèrementinquiet.Ilm'aracontéqu'iln'arrêtaitpasdet'envoyerdese-mailsetdet'appeler,maisquetunerépondaisjamais.

-S'ilstressaittellement,ilpourraitvenirlejourdesparents.Maisest-cequ'illefait?Non.Ettusaispourquoi?Jepariequec'estparcequesacopineneveutpas.Sesparentsneluidonneraientsûrementpaslapermissiondesortirdelaville!

-Oupeut-êtrequec'estparcequ'ilpensequetun'aspasenviedelevoir.(Holidaysecoualatête.)Jecrois...quetudevraisessayerdeluiparler.(Ellesemorditlalèvreetsabouchesetorditdenouveausurladroite.)Tuconnaisdéjàmonavissurlaquestion,etplutôtdeuxfoisqu'une.Jecroisaussiquetuchoisislafuitepouréviterd'affrontertoutcequinevapasdanstavieencemoment.Tonpère,etmaintenantDerek.

Etfranchement,permets-moid'ajouterquel'évitementestunepiètreexcusepournepasregarderleschosesenface.Jelesais,parcequejel'aidéjàpratiquéunefoisoudeux.

-Ouais,réponditKylie,quirepassaitenmode«garce»,bienmalgréelle.Maisjusqu'àcequ'uneautreméthodepouraffronterlesproblèmesapparaissed'uncoupdebaguettemagiquedansmonsacdeprestidigita-trice,celle-cidevrafairel'affaire.

ElleavaitpresqueenviedesedéfendreetderétorqueràHolidayqu'ellen'évitaitriendutout.ElleavaitpasséunjouretdemiàappelerlacirconscriptiondeDallaspouressayerdelocaliserlesparentsadoptifsdesonpère.Pourqu'ellepuisseretrouversesvraisparents.Pourqu'elledé-

couvreenfincequ'elleétait.

Holidayfronçalessourcils.

–Nousdevonstousapprendreàladure,n'est-cepas?

–J'imagine,réponditKylie,quisedemandaitsiçapourraitdevenirencoreplusdur.Simplement,jenesuispasprêteàaffrontermonpère...

monbeau-père,nicequejeressenspourDerek.Est-cetroptedemanderdem'accorderunsursis?

-Non,cen'estpastropmedemander.Maisengénéral,plusturemetsunproblèmeàplustard,plusilestdifficileàrésoudre.Parfois,ilsuffitd'affronterleschoses.Monpèreavaitl'habitudededirequ'ilfallaitregarderlesproblèmesenfaceetleurcracheràlafigure.

–Jen'aijamaismaîtrisél'artdecracher,réponditKylie.

Holidaysourit,puisjetauncoupd'oeilàsoncourrier.

Dansunsoupir,ellelevalesyeux.

-Veux-tuaussil'éviter?

Ellepoussaunelettresurlebureau.

-Quoi?

Kyliefixaduregardl'enveloppeetreconnutlenomgriffonnédansuneécriturefamilière.CelledeLucas.Illuiavaitécrituneautrelettre.

UnepartiedeKylievoulaitrepousserlalettre.N'avait-ellepaspromisd'oublierLucas?EllesavaitqueHolidaynelaforceraitpasàlaprendre.Kylien'avait-ellepasdéjàbeaucoupàfaireencemoment?

Pourquoiaccepterencored'autressoucis?

Holidayremitlalettredecôtésursonbureau.Levantlesyeuxsurelle,Kylies'attendaitàliredeladésapprobationdanssonregard,parceque,unefoisdeplus,ellen'avaitpasenvied'affrontersesproblèmes.

Maistoutcequ'elleydécela,cefutdel'empathie.

-Jenesuispassûredevouloirlalire,avouaKylie.

-Pourquoi?

–Ils'esttiréavecuneautre.

-Jenecroispasqu'ilconsidèreFrederickacommesa...

-Maiselle,si.Etsielleluisautedessus,ehbien...c'estunmec.

-Jesais.Toutefois,touslesgarçonsne...

-Maiscertains,si.Etfaireladifférence,c'estcommelesmaths...

c'estdifficile.Tupensesquetuastoutcompris,puistuterendscomptequetut'estrompée.Etn'essaiepasdemesoutenirlecontraire,parcequec'estlaraisonpourlaquelletunetenterasmêmepaslecoupavecBurnett.

Holidayfitretombersonmentondanssapaumeetnediscutapasl'affirmationdeKylie.Aprèsplusieursminutesdesilence,elledéclara:

-Jepourraistrèsbienlarangerdansuntiroir,etsitudécidesdelalireplustard,tupeux.

Oui,Holidaypourraitlefaire.MaisKyliepourrait-ellevraiments'enallersansemporterlalettre?Pourrait-ellefairecommesiLucasnecomptaitpaspourelle?Commesiellenes'étaitpasinquiétéepourluidepuissondépart?Àcausedecequ'ilnepourraitpasluidireetparcequ'unepartiedecequ'ilnepouvaitpasluidireconcernaitFredericka...

Etsielles'intéressaitencoreàLucas,qu'éprouvait-elleenréalitépourDerek?EtDerekjouait-ilavecsessentiments?

Ohnon!Saviepourrait-elleêtreencoreplusenvrac?

Autantprendrelalettre,etadviennequepourrait.

Kyliel'attrapasouslapaumedeHoliday.Aprèsl'avoircontempléedurantquelquessecondes,ellelapliaetlafourradanslapochedesonjean.Plustard,seule,quandelleauraitenviedecracheràlafiguredeceproblème,elles'ymettrait.

Lorsqu'ellelevalesyeux,Holidayhochaitlatêtepourluiconfirmerqu'elleavaitprislabonnedécision.MaisKylien'enétaitpassûre.

Commedetrèspeudechosesdanssavie,encemoment.

LesilencegênantenvahitdenouveaulapièceetHolidaypassaàunautresujet,toutaussidéconcertant.

-Dunouveauaveclefantôme?

–Dunouveau,oui.Del'utile,non.

Kyliefronçalessourcils;elleauraitbienvouluéviterceproblème,commeellel'avaitfaitavecsonbeau-pèreetDerek.Maislaviolenceetlamenacequevéhiculaitlefantômeneluilaissaientpasgrandchoix.

–Jecroisquesesravisseursl'onttorturée.

-Aïe!rétorquaHoliday.Ettupensesqueças'estvraimentpasséouquec'estjusteellequiessaiedetecommuniquerquelquechose?

-Àmonavis,ças'estpassé.(Kyliesemorditlalèvreetsongeaàlamiseengardedufantôme-celaarriveraitàquelqu'unqu'elleaimaitsielleneparvenaitpasàl'arrêter.)Çaparaissaitsiréel,unpeucommemonrêvedanslequelDanielsefaisaittuer.J'étaiselle,danslerêve.Etilss'approchaientdemoiavecdescouteauxbizarres.J'avaisl'impressiond'êtredroguée,etquandj'aiessayédemedébattre,ilsm'ontligotée.

Enserappelantlaterreurqu'elleavaitéprouvée,Kyliesentitsonrythmecardiaques'accélérer.L'angoisseenvahitdenouveausapoitrine.

Holidayluitouchalamain.Àsoncontact,unechaleurapaisantegagnasonbras.Lapeurquiavaitsubmergésoncoeursevolatilisa.

Kylielevalesyeuxsurladirectrice.

-Merci,maisçaneréglerarien.C'estcommeunpansementsuruneblessureparballe.

-Jesais.(Holidayfronçalessourcils.)Maisquandtoutcequetupeuxoffriràquelqu'un,c'estuncontactréconfortant,tuveuxleluioffrir.

Kylielaissaéchapperunprofondsoupir.

–Quesepassera-t-ilsijenetrouvepasdesolution?

LamaindeHoliday,surlepoignetdeKylie,seréchauffa.

-Tuadmetsquetuasfaittoutcequiétaitentonpouvoirpourtâ-

cherdel'arrêterettuvasdel'avant.

L'énormitédesparolesdesonamie,assortieàlaresponsabilitéquireposaitsursesépaules,futbrusquementtroppourelle.Elleôtad'uncoupsamaindesouslapaumedeHoliday.

-Non...jenepourraispas...jenepourraispaslesupporter.C'estvrai,sijecomprendsbiencequ'elle

essaiedemedire,quelqu'unvamourir.Mou-rir,etenplus,ceneserapasunemortfacile.

TouslesproblèmesdanslaviedeKylierebondirentautourd'elle,commedesballesdeping-pong.Deslarmesemplirentsesyeux.Elleavaitencoremalquandellepensaitauxfunéraillesdesagrand-mère-

ellenepouvaitpasperdrequelqu'und'autre.

Echouern'estpasenvisageable.

L'espritdeKyliesemitàtourneràcentàl'heure,essayadetrouverqui,parmiceuxqu'elleaimait,pourraitêtreendanger.Samère?Quelqu'unchezelle?Ouiciaucamp?CepourraitmêmeêtreHoliday.Ohnon!Etsic'étaitDerekouLucas?Ellejetauncoupd'oeilàlaporteetréprimaledésirirrésistibledes'enaller.

Holidays'éclaircitlagorge.

-Autantnousn'avonsjamaisenvied'échouer,autantnotredonnenousgarantitpasd'aiderforcémenttoutlemonde.Parfois,nousdevonsaccepterdenepaspouvoirtoutarranger.

Kyliesecoualatête.

-Peut-êtrequetoi,tupeuxl'accepter,maispasmoi.(Ellesemorditlalèvrejusqu'àcequ'elleaitmal.)J'auraisdûrejetercedon.Jenepeuxpaslefaire.J'auraisdûlerenvoyeravecunmotquiauraitdit:«Mercibien,maisnon.»(Lenœudgrossitdanssagorge,submergeasesamyg-dales.)Est-cequ'ilesttroptardpourlerefuser,maintenant?

–J'enaibienpeur,réponditHoliday.Tut'esouvertequand...

Kylieserelevad'unbond,sivitequelachaiseenboisserenversa,emplissantlepetitbureaud'uncraquementbruyant.

–Kylie,attends!

LavoixdeHolidaypoursuivitKyliequiseruaverslaporte,maisellen'yfitpasattention.Tantpis.Elledevraittrouverunesolutionpourdé-

chiffrerlemessagedufantôme.

Elleledevrait,parcequesiellenelefaisaitpas,quelqu'unqu'elleaimaitmourrait,etça,Kylienepourraitpaslesupporter.

Lagorgetoujoursnouéed'émotion,Kyliegravitlesmarchesdesonbungalowjusteaumomentoùlesoleilmontraitenfinleboutdesonnezdanslecieloccidental.

Leraidelumièredoréeprojetasonombreallongéesurleperron.

Quandellefitunautrepas,lesoleilavaitdûs'éleverdanslecielcarsonombresemblaitdansersurlesplanchesduporche.Lesombresquidansaientluifaisaientpenseraux...cascades.

Kylieretintsonsouffle.Elledevaitserendreauxcascades.Aussifouquecelapûtparaître,c'étaitcommesiquelquechoseluidisaitqu'elleytrouveraitlesréponses.Ellelaissal'idées'enfoncerdanssoncerveaufatigué.Etcommelesoleildanssondos,lapremièrelueurd'espoirgranditpeuàpeu.

Inspirantungrandbold'airparlenez,ellesesentitbrusquementrevigorée,stimulée.

Ellepourraitlefaire.Simplement,ellenevoulaitpass'ycollertouteseule.Sonregardsereposasurlaportedubungalow.Pourquoidevrait-elleagirensolo?Elleavaitdesamies.Qu'ils'agissedefantômesoupas,ellesl'aideraientsielleleleurdemandait.

Bond'accord,elleleuravaitdéjàproposéd'yalleretellesavaientca-tégoriquementrefusé,maiscettefois,c'étaitdifférent.Cettefois,ellelesimplorerait.Ellesaccepteraient,n'est-cepas?Iln'yavaitqu'unefaçond'enavoirlecœurnet.

Ellepassaleseuilàtouteallure,esquivaSocksquiadoraitseschevillesetouvritlaportedelachambredeDellad'uncoupbrusque.

-J'aibesoindetoi,réveille-toi!

ElleregardaDellaleverlatêteetlascruterd'unairendormi.Ellen'étaitpasdumatin.

Ensuite,KylieseprécipitachezMirandaetouvritlaporteàlavolée.

–Miranda,réveille-toi!J'aibesoindevous,lesfilles!

Mirandas'appuyasuruncoude.Sesyeuxétaientbouffis

-commesielleavaitsanglotédanssonoreillertoutelanuit,cequ'elleavaitd'ailleursprobablementfait.Kyliefuttristepoursonamieetellefaillitdire:«Cen'estpasgrave.»Maiselleréprimal'enviedecapituler,carelletenaitplusquetoutàcequeMirandaetDellal'accompagnent.Etpeut-êtreDellaavait-elleraison:ilétaittempsqueMirandacessedebroyerdunoirettranscendeladouleur.

-Jet'enprie,insistaKylie,avantqueMirandanepuissegeindre.

Kylieallalesattendreàlatabledelacuisine,maiselleétaittropinquiètepours'asseoir.Alorsellefitlescentpasenattendantquesesdeuxmeilleuresamiesselèventetqu'ellepuissecommenceràlessupplier.

-Çaaintérêtàêtreimportant!lançaDellaenentrantdanslacuisined'unpaschancelantavantdes'affalersurunechaise.Tusaisl'heurequ'ilest?Mêmepas6heures!C'estlàquejerécupèrelemieux!

Mirandasortitdesachambrequelquessecondesplustard,entee-shirt,shortetchaussonslapin.Kylielesregarda:lesoreillesrebondis-saientàchacundespasdelajeunefille,tandisque,encoreendormie,Mirandasedirigeaitversunechaisevideentraînantlespieds.Unefoisinstallée,ellelevalesyeux:

-Quesepasse-t-il?marmonna-t-elle.

-Nousformonsuneéquipe,n'est-cepas?ditKylie.Noussommeslàlesunespourlesautres.C'estbiencequenousavonsdit?

–Qu'est-cequimefaitpenserquec'estuncoupmonté?

Dellafittombersatêtesurlatableenchêneetsonfrontheurtaleboisdansunbruitsourd.Àsaplace,n'importequiauraitprobablementétéassomméouseseraitaumoinsretrouvéavecunebellebosse.Maispasunvampire.

-Dis-nouscequisepasse,luiintimaMiranda.

Ellecroisalesbrassurlatableetposalementonsursonpoignet.

Sescheveuxmulticoloresdécrivirentunéventail.

KylielaissaallersonregarddeMirandaàDella,levisagetoujourscolléàlatable,etsoncœurbattitunpeuplusvite.Siellesrefusaient,çalapiqueraitauvif.

Dellaavaitdûentendrelemartèlementducœurdesonamie,carellelevalatêteetlaregardaintensément.

-Crachelemorceau,Fantômette!Çacraintàcepoint?

Déglutissant,Kylies'exécuta.Etcrachalemorceau:

-Ilfautquevousm'accompagniezauxcascades,touteslesdeux.

J'aimeraisjuste...

-Ohquenon!réponditDella.

-Mêmepasenrêve,ajoutaMiranda,quis'assitbiendroite.

-Maisjedoisyaller!insistaKylie.

-Alorsvas-y.

Dellaluidésignalaportedelamain.Kylieavalalenœuddanssagorge.

-Jeneveuxpasyallerseule!

-Etdonc,tusouhaitesquenousnoussacrifions,rétorquaDella.

–Ilnesepasserarien.

-Alorspourquoidevons-noust'accompagner?s'enquitMiranda,unemouedésapprobatricesurleslèvres.

-Iln'arriverariendegrave.

Kylieselaissatombersurunechaise.Leurattitudeluifaisaitperdreespoir.

-D'aprèsqui?demandaDella.

-D'aprèsmoi,réponditKylie.C'estjusteque...que...jen'aipasenvied'yallertouteseule.

-Parcequetuesmortedepeur,insistaDella.Etpourunesacréebonneraison:tunesaispascequefontlesangesdelamort!

Kyliehésita.

-Cesontceuxquijugentlessurnaturels,finit-ellepardire.

Ellerépétaitcequ'onluiavaitraconté,maisenvérité,ellenecomprenaitpascomplètementlesangesdelamort.Commentlepourrait-elle,alorsquepersonnenesouhaitaitvraimentparlerd'eux?Enfin,personneàpartHoliday,quisebornaitàraconterqu'ellen'enavaitjamaisrencontréunseul.

-Oui,cesontceuxquinousjugent,etparfoisilsadministrentaussilasanction,ditMiranda.Jeconnaissaisunefille,Becca.Elle...s'amusaitàjeterdessortssurceuxquil'énervaient.Etqui,enréalité,neleméritaientpas.Alors,peut-êtrequ'elleétaitméchante,maisbon,sessortsn'étaientpassiterribles.Unjour,alorsqu'elleétaitsortie,sesvêtementsontprisfeu.Pouf!D'unseulcoup,elleestpartieenfumée!Aujourd'hui,elleestdéfiguréeettoutlemonderacontequecesontlesangesdelamortquiluiontdonnéunebonneleçon.

-Oupeut-êtrequelqu'unàquielleavaitjetéunsortetquiluiasimplementrendulamonnaiedesapièce!rétorquaKylie.

–Leconseildessorcièresainterrogéuneparuneses«victimes»:toutesdéclaréesinnocentes.

Kyliesecoualatête.

-Nousnesavonsmêmepassilesangesdelamortexistent.Siçasetrouve,cenesontquedesfantômespuissants,décrétaKylie,quirépétaitcequeHolidayluiavaitdit.

SiDellaetMirandaavaientétéaucourantnefût-cequedelamoitiédecequeDanielavaitfait-ill'avaitentraînéedanssesrêvesenlafaisantentrerdanssoncorpspourqu'ellepuisserevivresamort-,ehbien,ellespenseraientprobablementqu'ilétaitunangedelamort.

Dellamitsachaiseenéquilibresurdeuxpieds.

-Situnecroispasàleurexistence,pourquoiveux-tuquandmêmeyaller?

-Parceques'ilyalamoindrechancequ'ilsexistent,ets'ilssontpluspuissantsquelesfantômesnormaux,alorsilspourraientbienm'aideràsauverquelqu'unquej'aime.

Ellen'avaitjamaisexpliquécelaàDellaniàMiranda.Commentpouvait-ellelefairequand,àlaminuteoùellesentendaientlemot«fantôme»,ellesflippaientcommedesfolles?

-Sauverqui?demandaDellaqui,toujoursperchéesursachaiseenéquilibre,semitàpasserlapièce

enrevuecommesiellesavaientdelacompagnie.

-Jenesaispas.Çapourraitêtretoi.(KyliesondalesyeuxnoirsdeDella.)Outoi.(ElledésignaMiranda.)Ilyàunemortequin'arrêtepasdemedirequequelqu'unquej'aimevamourir.Etquec'estàmoide...

-J'espèrequecen'estpasl'unedenous!déclaraMiranda.

Dellas'étrangladerire.

-Siçasetrouve,c'estbienl'unedenous,etnousmourronsparcequetuvasnousoffrirensacrificeauxangesdelamort!

-Tusaisquejeneferaisjamaiscela.

Lafrustrationbourdonnaautourdesonventreencoreplusfortqu'avant.Elletapadesonpiedgauchenusurlecarrelage,tâchantd'êtrepatiente,mais,cesjours-ci,ellesemblaittoucherseslimites.Dellasecoualatête.

-Cen'estdéjàpasfaciled'accepterquedesfantômesviennenttoutletempsterendrevisite,maispartircarrémentàlarecherchedesangesdelamort...(Ellefittomberlachaisedansungrandcoupsec.)Jeneveuxpasmeretrouveravecdescicatricespartoutsurlafigure!Pasquestion.

Kyliefoudroyasesamiesduregard,touràtour.

-Trèsbien.Mêmes'ilsexistaient,qu'avez-vousfaitl'uneoul'autrequisoitsigraveaupoint...qu'ilsvousmettraientlefeu?(Ellelançauncoupd'oeilàMiranda.)Tunejettesplusdesorts.(ElleposalesyeuxsurDella.)Ettoi,tune...

-Tunesaispascequej'aifait!lançaDellad'untonsec,lesyeuxrougeoyantdavantage.Merde,jenelesaismêmepas,moi!Ilyaunmomentoù,quandtutetransformesenvampire,tuperdstotalementlaboule,etc'estcequiestarrivé.Jenesaispascequis'estpassépendantdeuxjoursentiers.Etjeneveuxpaslesavoir.Voilàpourquoijenevispasdansunemaisondeverre.Voilàpourquoijeneperdspasdetempsàjugerlesautres.Etvoilàpourquoijenefréquentepasleslieuxoùlesangesdelamortsontcenséstraîner.Peut-êtrequetun'asjamaispéché,maismoi,jenesuispasparfaite.

Kylieperçutlesentimentdeculpabilitésous-jacentdansletondeDella.

-Jenecroispasquetuaiesfaitquoiquecesoitdesigrave.

-Jeneparieraispaslà-dessus,ditMirandaenfaisantlagrimace.

Regardecommeelleestvacheavecmoi!articula-t-ellesilencieusement.

DellafusillaMirandaduregard.

–Arrête,jen'aijamaisétévacheavectoi!

-Etcesderniersjours,alors?Jesouffre,ettoutcequetusaisfaire,c'esttemoquerdemoi.

-Ouais,maisjelefaisparamitié.Pourtefairecomprendrequetuesidiote.Pleurerpouruntypequisortdesesgondssimplementparcequel'undesespotest'arouléunpatin!Tudevraisêtreentraind'embrassertoussescopainsrienquepourluimontrerquetut'enfiches.Pasêtreentraindepleurnicher...

-Jenesuispasidiote!répliquaMirandaentendantsonauriculaire.

-Jet'aiditdenejamaismemenaceraveccefichupetitdoigt!

Dellaselevad'unbondetsemitàhurlerdestrucs,commequoitouteslessorcièresdevraientêtrecondamnéesàl'enfer,etc.

Kylierestaassiseàlesécoutersebalancerdesinsultes.Puis,frustréeettotalementàboutdepatience,elleseleva,ramassaseschaussuresprèsdelaporteetsortit.

Elles'arrêtasurleperronpourchaussersesReebok.DellaouMirandas'étaient-ellesmêmerenducomptequ'elleétaitpartie?Cefutalorsqu'elles'aperçutquelafrustrationetl'impatiencen'étaientpaslesseulssentimentsquisedisputaientlaplacedanssapoitrine.Celafaisaitmal.

Necomprenaient-ellespasqueKylieavaitbesoind'ellesencemoment?Elleespéraqu'elleschangeraientd'avis.Qu'ellesdécideraientqueleuramitiéétaitsuffisammentimportantepourluifaireconfiance,surcecoup-là.

Toutenlaçantsesbaskets,ellelesentendaitencoresehurlerdessus.

Ellesnes'étaienttoujourspasaperçuesqueKylieétaitpartie.Oupeut-

êtrequesi,maiselless'enmoquaient.Çafaisaitmal,çaaussi.

Sijamaisl'uned'ellesavaiteubesoind'elle,elleauraitétélà.

Kyliesemitdebout.Elleserenditcomptequ'elleportaitunechemisedenuitsursonjean,sanssoutien-gorge,maisçaluiétaitégal.

Ellesemitàcourirdanslechemin,sansmêmesavoircommentparvenirauxcascades.Maisquelquechoseaufondd'elleluidisaitqu'ellelestrouverait.Qu'elleyarriverait.Etqu'elleyarriveraittouteseule.

Trèsvite,Kylies'arrêtaàlalisièredesbois.Ellenesavaitpastropoùaller.Ellesesouvenaitavoirentendulescascadesdepuisleurrocher,àDereketelle.Elleserappelaitaussilesavoirentenduesàlarivière,oùilyavaitlestracededinosaures.Leschutesd'eaudevaientsetrouverentrelesdeux,elledécidadoncdeprendrelesentier.Elleavaitàpeineparcouruquelquesmètressousl'épaisrideaud'arbresquelalueurcendréedel'aubedevintd'ungrispourprebrumeux.

Lachaleurdedébutdematinéechassalafraîcheurdelanuit,commedeforce,souslaformed'unbrouillardqu'ellesentitsursonvisage.Maislabrumenuageusecollaitauxarbresetplanaitàquelquesmètresdusol.L'appréhensionluipicotalanuque.Secroyantlégèrementparanoïaque,Kylieignoracettesensationetpoursuivitsaroute.Elleac-céléra.

Auboutdequatrecentsmètresenviron,elles'aventuraendehorsduchemindégagéenespérantquelebruitdescascadesl'appelle,commeill'avaitdéjàfait.L'ouïeenalerte,ellecontinuasonsprint.Pasdechutesd'eau.Seullebruitdesessemellesquifrappaientlaterre,accompagnédessonshabituelsdelanature.

Elleavançaentrelesarbres,tantôttrouvantunchemin,tantôtencréantun.Lesépinesdesbuissonsépaiss'accrochaientàsonjean,commesiellesessayaientdel'empêcherd'allerplusloin.Elleneralentitpas.Detempsentemps,unebranchebassesurgissaitsursaroute,maisellel'esquivaitdejustesseoularepoussaitdesesbras.

ElleserappelaavoirtentédesuivreDellaàtraversdesboisiden-tiquesàceux-ci,lesoirdesonpremierfeudecamp.Elleavaiteudumalàlestraverser.Cen'étaitpluslecas.Sesjambesgalopaientsanseffort.

Cettepenséel'envahitdenouveau:changement.Toutchangeait.

Ellelesentitdanssafaçondesemouvoir,lavitesseàlaquelleelleavan-

çait,ellelesentitdanslafaçondontsaboucheaspiraitdel'oxygènepoursespoumons.

Quoid'autrepourraitbienchanger?

Pasimportant,pastoutdesuite,sedit-elle.Laseulechosequicomptait,c'étaitqu'ellecomprennelemessagedufantôme.Sauverunevieétaitprioritaire.Ensuite,ellepourraitsefairedusoucipourellemême.

Ellecilla,puisdégagead'uncoupunbouquetdefeuillesbassesdesonvisage.Uncraquementbruyants'ensuivitetelleauraitpujurerquec'étaitlagrossebranchequisecassait,maisnon.Pluselles'enfonçaitdanslesbois,pluslesbuissonss'épaississaient,etplusellecouraitvite.

Etplussoncœurbattaitvite,dansunmélangedepeuretd'impatience.

Toutsoncorpstremblaitsouslamontéed'adrénaline.

Était-ellefolledeserendreauxcascades?EtsiMirandaetDellaavaientraison?Etsilesangesdelamortexaminaientsespéchésetdécidaientdelapunir?

Sonespritcherchaleserreursqu'elleavaitaccumuléesaufildesavie.Mentiràsamère.Regardersansrienfaireunefillemartyriserunautreenfantàl'école,heurterunécureuilpendantlescoursdeconduiteaulycée.Pluselleypensait,pluslalistedesespéchésluisemblaitlongue.

Cherchait-ellelesproblèmesenserendantauxchutesd'eau?Ousauvait-ellequelqu'unqu'elleaimaitdequelquechosed'horrible?

Puisellel'entendit.Ouplutôt,ellenel'entenditpas.Leseulsbruitsqueréverbéraientlesarbresétaientceuxdeseschaussuresetdesplantesrampantesquiseprenaientdanssonjean,puiss'endécrochaient.Elles'arrêta,croisalesbrassursapoitrine.Essoufflée,ellesepliaendeux.

Quandellerepritsonsouffleparà-coups,lecalmeenvahitlesbois.L'airsilencieuxplanait

lourdement,plusencorequelebrouillardquis'étaitlevédequelquesmètresetquiserpentaitdésormaisàtraverslesarbres.

Etjustealors,ellecomprit.Elleavaitdelacompagnie.

Lebruitdesbrindillesquel'onécrasaitindiquaàKyliequecettecompagnieétaitjustederrièreelle.Elleseparalysasurplace,lapeurs'enfonçantaucreuxdesonventre.Lesangesdelamortl'avaient-ilstrouvée?

Ellen'avaitpasdécidécequ'elleallaitfairequandelleentendit:

-Merdealors,c'étaittropdrôle!

Kyliereconnutlavoixchantante.Elleréprimasapaniqueetseretourna.Elleneparvenaitpasàcroirecequ'ellevoyait:Miranda,quis'accrochaitaudosdeDella,lesjambesenrouléesautourdelatailleduvampire.

–Onestarrivées!Ouvrelesyeux,nousl'avonstrouvée!

DelladétachaleschevillesdeMirandaet,d'uncoupdecoude,lafitdescendredesondos,maissansjamaisquitterKyliedesyeux.

-Tuvasbien?luidemanda-t-elle.Toncœurbathypervite!

Quelquechosenevapas?

Mêmesilapaniquebrutecoulaitencoredanssesveines,Kylieneputs'empêcherdesourire.Ellesétaientvenues.L'émotionenvahitsapoitrine,montabrusquementetfitunnœuddanssagorge.Deslarmesinattenduesemplirentsesyeux.

-Tul'aslaisséefairetoutelaroutesurtondos?s'enquit-elle,enes-pérantqu'ellesneremarqueraientpasqu'elleétaitémueauxlarmes.

-C'étaitsoitça,soitl'attendre.Elleestencorepluslentequ'unetor-tueàtroispattesquisesertd'undéambulateurcassé!

-Pasvrai,ditMiranda.

–Archivrai,rétorquaDella.

Kylietâchaderavalerlabouledanssagorge.

-Qu'ya-t-il?demandèrentlesfillesenmêmetempsréduisantànéantlesespoirsdelajeunefillequesonémotionpasseraitinaperçue.

Nonpasquecelacomptâtvraiment.Ellesl'avaientdéjàvuepleurer.

-Noussommesdésoléesdet'avoirditnon,lançaMiranda,endonnantuncoupdecoudeàDella.N'est-cepas?

-Ouais,acquiesçacelle-ci.Tuvasbien,tuessûre?Toncœurbatvraimentsupervite!Pascommeunhumain.

Kyliecilladenouveau.Ellesesentaitbizarre,eneffet,maispasbizarredanslesensnégatif.

-Jevaisbien.Enfait,mieuxquebien,maintenantquevousêteslàtouteslesdeux.Merci.

Lesmotssortirentavecémotivitéetd'autreslarmesseformèrentdanssesyeux.Dellahaussalesépaules.

-Ouais,enfin,sijemeursouquoi,jereviendraitehanter.

–Net'inquiètepas,ditMirandaàKyliedansundemi-sourire.Siellesemetàtehanter,jeconnaisunsortilègequil'enfermeraaupurgatoirepourdouzeansminimum!

DellagratifiaMirandad'unfauxairboudeur,puisellepritKylieparlecoude.

-Viens,allonstrouverlesangesdelamort.

-Est-cequejepeuxremontersurtondos?demandaMirandaensefrottantlesmains.

-Non,etsituracontesàquiconquequetuasvoyagésurmondos,jetebriselesrotules.Jen'aipasenviededevenirletaxideservice!

-Saufsic'estpourtrimballerungarçon,hein?gloussaMiranda.

-Beurk!lançaDella,etMirandaricanaencoreplusfort.

Kylieregardasesamiesets'aperçutquec'étaitlapremièrefoisdepuislongtempsqu'elleentendaitMirandarire.

-Jevousaime,lesfilles.

-Ouais,onsait,rétorquaMiranda,etellessemirentenroute.

L'ambiancelégèredisparutlentementdansl'obscuritéqueformaientlesarbres.

Ellesmarchèrentensilence.Unoiseaupépiaau-dessusdeleurtête,lesfeuillesbruissèrentdanslevent.Kyliesupposaqu'ellesallaientdanslabonnedirection,carDellanepritjamaislaparole,etelleluiavaitconfiéunpeuplustôtqu'ellepourraittrouverlescascadesrienqu'enécoutant.

Enavançant,mêmeentrébuchant,etentraversantparfoislesbroussaillesépaisses,Kylies'aperçutquesacadencevalaitcelledeDella.

Miranda,elle,semblaitpeineràtenirlerythme.

EllesparcoururentunecentainedemètresenvironetKylieconstataqueDellalascrutaitsoussescils.Avait-elle,elleaussi,remarquélanouvelleénergiedeKylie?

-Qu'ya-t-il?demandaKylie.

–Rien,réponditDella.C'estjusteque...toncœur...batencoretrèsvite...ettu...es...différente.

–Différente?relevaKylie,laissantallersonregarddeMirandaàDella.Commentça,différente?

Dellacontinuaàavancer.

-Tesseins.

Kyliebaissalesyeuxsursapoitrine.

–Tum'asdéjàvuesanssoutien-gorge.

Dellas'arrêta.

-Cen'estpasparcequetesseinsnesontpassoutenus.C'estparcequ'ilssontplusgros.

-Non.(Kylies'arrêtaetpritsesbonnetsBdanssesmainsencoupe.

Etlaplusfolledeschosesseproduisit.Quelquechosen'allaitpas.Sesseinsétaient...)Ohnon!

Ilsétaientplusgros.

–Ellearaison.

Mirandapritlessiensdanslecreuxdesesmains,commepourlesvérifier.

–Ohnon!marmonnaKylieenbaissantlesyeuxsurelle.

-Hé,situn'enveuxpas,file-moidoncunbonnetoudeux!ditDellaenriant.

Kyliesesouvintavoirpenséquetoutétaitentraindechanger.Simplement,ellenes'étaitpasattendueàcequesesseinschangent,euxaussi.

-Cen'estpastout,ajoutaMiranda.Tuasgrandi,aussi.Tuasdûavoirunepousséedecroissancedanslanuit.

-Unepousséedecroissance?

KyliesetintbiendroiteetcomparasatailleàcelledeDellaetdeMiranda.Eneffet,ellesemblaitunpeuplusgrande.Etseschaussuresluiavaientsemblétropserréesquandellelesavaitenfilées.Queluiarrivait-il?

-MatanteFayen'arrêtaitpasdemerépétertouteslessemaines:«

Tupoussescommeduchiendent.Çadoitêtreunepousséedecroissance!»

Kylievoulaitcroirequec'étaitjusteunepousséedecroissancenormale-pourleshumains-,maiselleendoutait.SonregardseportabrusquementsurDella.

–As-tugrandiavantdetetransformer?

Dellaregardasapoitrine.

–Est-cequej'ail'aird'avoirgrandi?Siseulement...

Kyliereposalesyeuxsursesseins.

–Etsiçanes'arrêtaitpas?Ets'ilscontinuaientàgrossir?

-Alorslesgarçonsferaientlaqueueàdeskilomètresàlaronde,raillaMiranda.Ettusaiscequ'ilspensentdesseins...Plusonestdefous,plusonrit!

-Tupourraistoujourschangerdenomett'appelerBarbie!lançaDella,toutsourire.MamèreatoujoursrefusédenouslaisserjoueràlaBarbieparcequ'elletrouvaitquecespoupéesdonnaientuneimagefausséeducorps.Jecroisquec'étaitparcequ'ellesavaitque,commenousétionsenpartieasiatiques,noussouffririonsprobablementdusyndrome

«pasdefesses,pasdeseins».Etellenevoulaitpasqu'unmorceaudeplastiqueàfortepoitrinenousserved'exemple.

-Tuasdesfesses,ditMiranda.

-Ouais,Dieumerci!J'aiaumoinshéritéçademamère.Elleestbienpourvue,côtécul.(Ellebaissa

lesyeuxsursapoitrine.)Malheureusement,j'aihéritédesseinsdemonpère!

Kylietâchad'apprécierlesremarquesbonenfantdesesamies,maisellesn'atténuèrentpassoninquiétude.

D'accord,elleétaitprêteàreconnaîtreque,detempsentemps,elleauraitbienvouluavoirunpeuplusdepoitrine.

D'autantplusquandellesecomparaitàSara-sameilleureamie,quinel'appelaitplus-,dontlesseinsétaientunaimantàgarçons.Etbiensûr,siKyliegagnaitquelquescentimètresentaille,ellen'enparaîtraitqueplusmince.

Maisriendetoutcelanelaréconfortait.L'idéequetoutprovenaitd'unADNinconnuetinhumainquibouillonnaitdanssoncorpsl'angoissait.Celal'angoissaitparcequ'ellenesavaitpasjusqu'oùcelairaitnicequisuivrait.

Serait-ellecontraintededevoirfairefairesesbonnetsFsurmesure,commelagrand-tantedeSara?Toutsaufça!CettefemmeétouffaitpresqueKyliequandellelaserraitdanssesbras!

Kylietenaitencoresesseinsdanssesmainslorsquelefrissondescenditdanssondosetremontalelongdesesbras.Seslèvresétaientge-léesàforcederespirerl'airglacial

Delacompagniearrivait...

Debout,devantelle,setenaitlefantôme.Saufqu'elleparaissaitallerencoreplusmalqu'avant.Elleétaitémaciée,tropmaigre.

-Tudoisfairequelquechose.Vite.Tudoisfairequelquechose.Ilsm'onttuée.Ilsm'onttuéeetilsvontbientôtlatuer,elleaussi.

LefantômesepenchaetvomitsurlestennistroppetitesdeKylieainsiquesurlesbasketsblanchesdeDella.

-Dégueulasse!criaKylieenreculantd'unbondetenpercutantMiranda.

-Quoi,dégueulasse?demandaDella,enbaissantlesyeux.

Mirandas'approchapourvoircequisepassait.

Kyliefutincapablederépondre.Ellesavaitqu'ellesneverraientpaslevomi,qu'iln'étaitpasréel,quedèsquelamortes'enirait,ildisparaî-

traitluiaussi.MaisKylieétaitunpeudustyleàvomirquandquelqu'unvomissait,et,réelounon,pourl'heure,ilfaisaitvrai.Ellefutprisedehaut-le-cœur.Elledétournalesyeuxdeseschaussures.

-Faisquelquechose,répétalefantôme.

-Ohmerde!lâchaétourdimentDella.Ilssontlà,pasvrai?(Ellesemitàtournerenrond,àparleràdescréaturesquin'étaientpaspré-

sentes.)Juré,juré,juré!Jeregrettetoutcequej'aifait!

–Moiaussi!ditMiranda,bougeantlesyeuxdegaucheàdroite.

Kylieregardafixementlefantômeet,commeellenesouhaitaitpasfaireflipperdavantagesesamies,elleparlaàl'espritmentalement:J'essaiedefairequelquechose.J'essaievraimentdefairequelquechose.Maisvousdevezmedirequic'est.J'aibesoind'autresinformation.

-Metuent,réponditlamorte.

Puissonvomietelledisparurentdansl'airglacialcommeparenchantement.

Kylie,quis'aperçutqu'elletenaitencoredanslesmainssesseinsquipoussaientcommeparmagie,laissaretombersesbrassurlecôté.Quandellejetaunderniercoupd'œilàsapoitrine,lanouvelletailledesesseinsn'avaitplusd'importance.Elledevaitserendreauxcascadespourvoirsilesangesdelamortpouvaientl'aider.

RegardantDellaetMiranda,ellelança:

-Allons-y.

-Jen'aipasprisfeu!s'étonnaDella,l'airsurpris.(ElledonnauncoupdecoudeàKylie.)Çaveutdirequejen'airienfaitdemaljusteaprèsm'êtretransformée?

-Peut-être.

Kylie,quin'avaitpaslecœuràluiexpliquerquecen'étaientpaslesangesdelamort,seremitenroute.Quelquessecondesplustard,elleentenditlebruitpresquehypnotiquedel'eauquitombaitencascade.Ellenesavaitpassic'étaitréelouunappelmystique,maisellecontinuaàavancer.

Ellesmarchèrentencorecinqminutesensilence.PuisMirandapla-

çaunemèchemulticolorederrièresonoreilleetregardaKylie.

-Crois-tuvraimentquequelqu'unquetuaimesvamourir?

-C'estcequelefantômeal'airdepenser,réponditkylie,quiessayaitdecachersafrustration.

–Etellerefusedetedirequi?

-SelonHoliday,certainsfantômesontdumalàcommuniquer.

-Çacraint!

-Ouais.

Laresponsabilitéaccablantedesauverquelqu'unemplitlapoitrinedeKylied'unedouleurintense.Siquelqu'unmouraitparcequ'elleneparvenaitpasàcomprendre,elleneselepardonneraitjamais,c'étaitcertain.

-Crois-tusérieusementquelesangesdelamortpourraientt'aider?

KylieréfléchitàlaquestiondeMiranda.

-Jen'ensuispassûre,maisoui,jepensequeoui.

-Tun'asvraimentpaspeurd'eux?s'enquitDella.

-Biensûrquesi,ditKylie,maisquandellelutlapeurdanslesyeuxdeDella,ellenuançasaréponse.Maisjenecroispasqu'ilssoientmauvais.

Mirandaajoutasongraindesel:

-Penses-tupouvoirleurdemanderde...pousserPerryàmepardonner?

-Arrête!ditDella.Perrydoitjustesesortirlatêtedesoncul.Tun'aspasbesoindesonpardon.

-Faux,ditMiranda.J'auraisétéfurieuses'ilenavaitembrasséuneautre.

-Furieux,oui,maistelaissertomberàcausedeça,c'estridicule.

C'estvrai,quoi!Cen'estpascommesituavaiscouchéavecKevin!Ilt'aembrassée...cen'estpaslafindumonde,toutdemême!

KylierepensaauxbaisersdeLucasetdeDerek.Pourelle,si,çaavaitétélafindumonde.Maisalorsqu'elleessayaitdechassercesbaisersdesatête,elleserappelalalettrequisetrouvaitdanssapoche.CelledeLucas.

Chaquechoseensontemps.D'abordsauverunevie,ensuitepenserauxgarçons.Etauxseinsquipoussentcommeparenchantement.Etaufaitqu'ellenesavaittoujourspasqueltyped'ADNbouillonnaitdanssescellulesnonhumaines.

-Situcomptesleurdemanderunservice,ditDella,demande-leurs'ilspeuventm'éviterdevoirmesparentsceweek-end.Ilssurveilleronttousmesfaitsetgestes,etessaierontdetrouverdessignesquejemedrogue.Ilsuffiraquejedérapeuneseulefoisetilsmesortirontdecettecolopourm'envoyerdansuncentrededésintoxaveclesenfantsstarsdé-

foncés.

-JeveuxjustequePerrymedonneunedeuxièmechance.Jeveuxjuste...

Mirandacontinuaitàparler,maisKyliecoupaleson.Dellasetut,commeperduedanslapenséestressantedepasserdutempsavecsesparents.

Kyliedétestaitdevoirlaissertombersesamies,maispourl'instant,ellenepouvaitpassesoucierdeleursproblèmes,pasquandlaviedel'uned'ellespouvaitêtreenjeu.

-Jenevaispasleurdemanderdeservice.Ilfautjustequejevoies'ilspeuventaiderlefantômeàmieuxcommuniqueravecmoi.Ilfautquej'arriveàcomprendrecequ'ilmeveut.

Mirandaaccéléralepas-elleavaittoujoursdumalàsuivresesamies.

-Tucroisvraimentquelefantômepourraitessayerdeteprévenirausujetdel'unedenous?

-Jenesaispas.

Lesparolesdel'espritrepassèrentdanslatêtedeKylie:«Tudoisfairequelquechose.Vite.Tudoisfairequelquechose.Ilsm'onttuée.Ilsm'onttuéeetilsvontbientôtlatuer,elleaussi.»

Kylieserenditalorscompteque,pourlapremièrefois,lefantômeavaitfaitréférenceàlapersonneavecunpronom.Elleavaitdit«elle».

L'espoird'obtenirbienvited'autresréponsesàsesquestionssemitàseformerdanssapoitrinetandisqu'ellepoursuivaitsarouteversleschuted'eau.

-Bon,cetendroitmefichevraimentlesboules!lançaDellaàlaminuteoùellestraversèrentlaclairièreetentrevirentlescascadespourlapremièrefois.

-Jesuisd'accord,acquiesçaMirandaenreculantd'unpas.Jecroisquenousnedevrionspasêtreici.Jelesens.

Kyliecontinuaàavancer,bougeantlesyeuxdegaucheàdroite,tâ-

chantdetoutabsorber.C'était...magnifique.Non,mieuxquemagnifique.C'étaitpittoresque.Onauraitditqueleslieuxavaientétéphoto-shopés,quel'onavaitpassédesheuresàajouterdesdétails.Touscesdé-

tailsminusculesserecoupaientetcréaientuneambivalence.L'essenceaffectivedecelieusemblaitaussivivantequelesarbres.QuandKylieinspiral'airparfumé,illuifallutuneminutepourdéfinircequ'elleressentait.Maisellecompritenfin.Cetendroitrespiraitlarévérence-

commeuntempleancienouunevieilleéglise.

Peut-êtreétait-celafaçondontlesoleilpassaitàtraverslesarbres,commeprojetédepuisleparadis.Peut-êtreétait-celescascadesquilan-

çaientdeminusculesgouttelettesd'eauquidansaientdansl'airetdevenaientargentéesdanslestraitsdelumière.Oulafloreverdoyantequiétincelaitdetouslesinfimespointslumineuxdelarosée.Oupeut-êtreétait-celebruit.Letorrentenvahitsesoreillesjusqu'àcequ'elleressentîtlamêmevibrationdanssonsang.Oubienencorel'airhumidequiluichatouillaitlagorgeetemplissaitsapoitrined'uneémotionchaleureuse.

Riendenégatif.L'acceptation.

-OK.Onaditqu'ont'accompagneraitici.Onl'afait.Maintenant,allons-nous-en.

Mirandareculad'unpas.

-Pasencore,ditKylie,incapablededétachersesyeuxducourantd'eauquiruisselaitàquinzemètres

au-dessusd'elle.

Puis,sansréfléchir,commeattiréedansunpiège,elleentradanslelitdelarivière.Elleavançasanss'arrêternimêmepenseràsedéchausserouàremontersonjean.

-Hé!Jenetesuispas!criaDella.Vraiment,ilfautquel'onsoitrentréespourlepetitdéjeuner.Onyva,d'accord?

-Attendez-moi.Quelquesminutes.

Kylieneseretournapas.Seschaussuresetsonjeanabsorbèrentcommeuneépongel'eauquiluiarrivaitauxtibias.Elleavançad'unpas,puisd'unautre.

-Es-tusûrededevoiryentrer?ditMiranda,lavoixempreinted'inquiétude.Allez,Kylie,allons-y,d'accord?

-Situyentres,tunepourraspeut-êtrepasenressortir!l'avertitDella.

Kylieneréponditpas,pasquandellepouvaitjureravoirvuquelqu'unouquelquechosebougerderrièrelerideaud'eauétincelante.Lasilhouettes'agitadenouveau.Ilyavaitbienquelquechose.Elleespéraitsimplementquec'étaitquelqu'unquidétenaitdesréponses.Etpasquelqu'unprêtàluimettrespontanémentlefeupourdespêchéspassés.Maisparacquitdeconscience,lorsqu'ellefitunautrepas,ellerécitauneprièrepoursefairepardonnertoutcequ'elleavaitpufairedemal.

Desgouttelettesaspergèrentsonvisagequandelleserapprochadelacascade.Ellefitundernierpas.Lejetd'eauluiéclaboussalatêteetlesépaules.

Elletraversaleschutesd'eaupourpénétrerdansuneobscuritésemblableàcelled'unecaverne,passaunemainsursafigure,attenditquesesyeuxfassentlamiseaupoint.

Sapeaufutrecouvertedechairdepoule,paslamêmequecellequeprovoquaitlaprésencedesfantômes,non,cellequiétaitliéeàlapeur.

Ellerestatotalementimmobile,etespéraqu'unpeuplusdecourageaccompagneleretourdesavision.

Lebruitdescascadesrésonnaetl'isoladumondeextérieur.Quandellecilla,l'obscuriténeluiparutbrusquementplussiaveuglante.Elles'aperçutquel'entréedeschutesétaitvraimentunegrotte.Justeaumomentoùsesyeuxcrurentdistinguerdesformes,ellevitunesilhouetteplongerderrièreuneparoirocheuse.

-Ilyaquelqu'un?(Savoixsemblaitperduedansleclapotisdel'eau.

Commepersonneneluirépondait,Kyliepoursuivit:)Jesaisqu'ilyaquelqu'un.

-Alorsj'imaginequejevaissortir!fitunevoixtonitruantederrièrelerocher.

Kyliemitquelquesminutespourlareconnaître,etellenesetrompapas,maiselleneparvenaittoujourspasàycroirequandellelevitavancerverselle.

-Quefaites-vouslà?demandaKylie.

SagrandesilhouettemasculinecontinuaàavancerverselleetKyliereculad'unpas.Elleétaitmoinseffrayéequesurprise.Etpeut-êtretoujoursstupéfaitepartoutcequ'elleressentait.L'atmosphèreglobaledevénérationétaitencoreplusforteici.

-Probablementlamêmechosequetoi,réponditBurnett.Lacuriosité.

Cen'étaitpaslaraisondesaprésence.Elleétaitvenuechercherdel'aide,maisellenepritpaslapeinedelecorriger-etnonparcequ'elleneluifaisaitpasconfiance.Ellecroisasonregard.Siellesemontraittotalementhonnêteenverselle-même,ellesavaitqu'ilcontinuaitàl'intimider,maiselles'étaitmiseàl'admirercommepresquetoutlemondeaucamp.

Ellelerespectaitaupointqu'elleregrettaitqueHolidayneveuillepasrevoirsarègle«pasdevampire»quandilétaitquestiondeshommes.

Tousdeuxformeraientunjolicouple.Soncôtéobscuràluietsoncôtélumineuxàelle.Soncôté

sérieuxàluietsoncôtétaquinàelle.

Ellesentitqu'ill'observaitetcompritqu'ilattendaituneréponse.

Maiselleavaitsespropresquestions.Ellerespiraunboncoup.

-Curieuxdequoi?demanda-t-elle.

–Detoutecettehistoiredefantômes.Lalégende.

Ilfourralesmainsdanslespochesdesonjeanetregardaautourdelui.

-C'estétrange,remarquaKylie.

-Qu'est-cequiestétrange?

Ilseretournaetpassalagrotteenrevuecommes'ilvérifiaitqu'ilsétaientensécurité.Bizarrement,Kylienes'inquiétaitpas.Lasensationdechaleuragréablequiemplissaitsapoitrineluiindiquaitdenepass'affoler.Ellenecouraitaucundangerici.

-Lefaitquelesfantômeséveillentvotrecuriosité.Jecroyais...enfin...laplupartdessurnaturelspréfèrentresterdansl'ignoranceàcesujet.

-Oui,maisHolidayfaitunetellefixationsureux.Jepensaisjuste...

Ilsetut.

-Quecomprendredesfantômesvousaideraitpeut-êtreàlacomprendre,elle?complétaKylie,certainedel'avoircerné.

Unefoisdeplus,elleeutlesentimentqueHolidaycomptaitbeaucouppourBurnett.Ilhochalatête,commesil'avouerouvertementpouvaitentachersapersonnalitédemacho.

–Personnellement,jepensequesielleenparleautant,c'estjustepourmefairepeur.

–Pourvousfairefuir,oui.

Kyliesemorditlalèvrequandelles'aperçutqu'ellel'avaitditàvoixhaute.Illaregarda.

-Oui,çaaussi.

Ilmarquaunepausequelquessecondes,puisdemanda:

–Tuneseraispasprêteàm'éclairersurlesraisonspourlesquelleselleagitcommeça,parhasard?

Audiable,soncôtémacho,avait-ilapparemmentdécidé.Bon,voilàqueKylieseretrouvaitsousl'eau,sanspagaieetavecuneimmensefuitedanssoncanoë.ParleràBurnettdupassédeHolidays'apparentaitpresqueàunetrahison.

–Je...euh...je...

Illevalamain.

-N'endispasplus.J'aicompris.(Traînantlespieds,ilregardadenouveauautourdeluiavantdesereconcentrersurelle.)Alorscommeça,tuescommeHoliday,pasvrai?Tusensettuvoislesesprits?

Ellehochalatête.

–Sens-tulesangesdelamort?

Ellevouluttairequ'elleressentaituneforteprésenced'uneoudeplusieurspersonnes,maiscomptetenudel'atmophèredigned'uneéglise,elledécidadenepasmentir.

–Jesensquelquechose.Jenesaispascommentledécrireaujuste.

C'estcomme...

-Vraiment?

-Vraiment.

Elleregardaautourd'elleetsedemandasicequ'elleéprouvait,quoiquecefût,luifourniraitlesréponsesdontelleavaitbesoin.

-Vousnesentezrien?

–Sic'étaitlecas,jeneseraispaslàencemoment.

Ilgloussa,maisKylieputjurerpercevoirunepointedenervositédanssavoix.

-Lalégendenedit-ellepasqu'ilsviennenticiaucrépuscule?

Ilpassaunemaindanssachevelurebrunequiparaissaituneteinteplusfoncéequed'habitude.SonregardsereposasurlescascadesetKylies'aperçutquesescheveuxétaientmouillés.Elletouchaalorslessiens,quipendaientsursesépaules,trempés.

Ilserapprochadequelquespasd'ungrosrocher.Desmusclesbiendessinésfaisaientbougersesépaulesetsesbrasquisemblaientpresqueaussidursquelesparoisdepierre.Unefoisdeplus,Kylieneputs'empê-

cherdeconstateràquelpointilétaitattirant.Nonpasqu'ilfîtfourmillersoncorpsd'excitationcommeDerek,maiselleappréciaitsansmallafa-

çondontilétaitbâti.Holidaydevraitvraimentcéderetneplusluirésister.

-Elleracontequ'onpeutlesvoirdansersurlesmursaucrépuscule.

Çaneveutpasdirequ'ilsnesontpaslààd'autresmoments,répondithonnêtementKylie,quiespéraitavoirraison.

Elleespéraitaussiquelaprésencequ'elleressentaitalorsétaitréelleetqu'ellepourraitluifournirdesréponses.

Burnetthochalatête,puisregardadenouveauautourdelui.

-Commentsefait-ilquecetendroitn'étaitpasaussieffrayantquandtun'étaispaslà?

Kylierit.

–Çadoitêtremapersonnalitémagnétique?

Ilsourit.

-Probablement.Holidayettoi.

SafaçondeprononcerleprénomdeHolidayserralecœurdelajeunefille.

-C'étaitunvampire,luiaussi,lâcha-t-ellesansréfléchir.Illuiafaitbeaucoupdemal.

Burnettsemblaperdul'espaced'uninstant,puislacompréhensionéclairasonregard.

–Etdonc,elleadespréjugéscontretouslesvampires?

Ileutl'airblessé.

–Jediraisplutôtqu'elleseprotège.Maispascontretouslesvampires.Ellen'apasdeproblèmesaveclesautres,àpartvous.

Ilinclinalatêtedecôtéetlaregarda.

–Tudisçacommesic'étaitunebonnechose.

-Peut-être,réponditKylie.Ildoitbienyavoiruneraisonsivousfaitesressortirsivitesonmauvaiscôté.

Ilsemblaréfléchiràcetteanalogie.

-Jecomprendscequetuveuxdire.(Sonregardsereposasurlemurd'eau.)Etsijeretournaisaucampavectoi?Histoiredem'assurerque...

–Enfait,j'espéraisrestericiquelquesminutes.Seule,ajouta-t-elleavantqu'ilneluiproposedeluitenircompagnie.

Illitunemoueboudeuse.

-Jenecroispasquetudevraisresterseuledanslesbois.Pasaprèscequ'ils'estpassél'autresoir.

-Jenesuispasseule.DellaetMirandam'attendentdel'autrecôté.

Elles'attenditàcequ'ilrépliqueparuneréflexionmacho,dustylequ'elleauraitdûemmeneravecelle

ungarçon.

Maisilditsimplement:

–OK.Trèsbien.

Ouais,trèsbien.

Ilinclinalatêtedecôté,commepourécouter.

-C'estvraimentétrange.Jenelesentendspas.Etjenelessenspasnonplus.(Sonfrontseplissa.)Maisbon,jenelesavaispasentendusjusqu'àcequetuprenneslaparole.(Sonregardseposasurlesenvirons.)Peut-êtrequecetendroitesthanté!(Ungrandsouriresedessinasursabouche.)Bon,jecroisquejevaisrentreraucamp.(Ilfitdeuxpas,puisseretourna.)Nesoispaslongue.Etveillezàresterensemble,lesfilles.

-Compris,dit-elle.

Ilopina,inclinadenouveaulatêteetl'examinaattentivement.

–Tuvasbien?Toncœur...ilbattrèsvite.

Elletraînasestennistrempéessurlapierre.

-Dellaaaffirmélamêmechose.Jecroisqueçava,réponditKyliequinetenaitpasàpartagersonexpériencerécente,inattendue,desplusnaturelles,maiscertainementpashumaine,desestoutnouveauxseins.

IllascrutaquelquesminutesetKylieeutlaplusfolledespensées:iln'avaitpasremarquéquesespulsations,maisilveillaitànepasl'embarrasser.Elleapprécia.

Ilallaitsortir,quandilseretourna.

–Mercipour...

-Derien,l'interrompit-elle.

EllenesouhaitaitpaspenseràlacolèredeHolidayquandcelle-ciapprendraitqueKylieavaitracontéunepartiedesonpasséàBurnett.EtHolidayl'apprendrait,carelleavaitbeletbienl'intentiondeluienparler.Gardercelasecretluidonneraitencoreplusl'impressiondel'avoirtrahie.Etpourl'heure,ellenevoulaitsurtoutpasaugmentersonquotadepéchés.

CinqminutesaprèsledépartdeBurnett,Kylien'avaitpasbougé.

-Écoute,j'aiunfantômequimeditquequelqu'unquej'aimevamourir.Jesuiscenséesauvercettepersonne,maillefantômemedonnebiendufilàretordre.Jecommenceàflipper.Àvraimentflipper.

Elleauraitdûsesentirbêtedeparlertouteseule.Etpourtant,non.

Siellenevoyaitpersonne,ellepercevaituneprésence

-Est-cequetupourrais...medonneruncoupdemain?

Elleattendit.Elleécouta.Avecsesoreilles.Avecsoncœur.

Aucuneréponseenretour,nidanssatête,nidanssesoreilles,nidanssoncœur.Saufsil'ontenaitcomptedelasensationdecalmequirendaitsapoitrinepluslégère,sonproblèmemoinsurgent,etmettaitlagestiondetoutcelapresqueàsaportée.

Était-celaréponse?Quetoutiraitbien?Ouétait-cecommelorsqueDerekouHolidaylatouchaient:justeunatténuementimmédiatduchaosémotionnelquivivaitetrespiraitenelle?Ledouteessayadebalayerlecalme.

Elleselaissatombersurlesolaccidentésouselle,unmélangederochersetdeterrehumide,etposasespaumesderrièreellepoursesoutenir.Penchantlatêteenarrière,ellesentitsescheveuxmouilléssebalancerlégèrementetluichatouillerledosàtraverssachemisedenuit.Toutenbasdesondos.Encoreplusbasqu'avant.S'asseyantbiendroite,ellepassalamainderrièreellepourtouchersespointes.Sescheveux,commesesseins,avaientdûpousser.Qu'est-cequetoutcelasignifiait?

Tâchantdefusionneravecl'émotionrassurantegénéréeparcetendroit,Kylieregardafixementlemurd'eau,àunmètrecinquanteàpeine,etsentitlesgouttelettesluimouillerlapeau.

Net'inquiètepas,chérie.Toutirabien.Unpieddevantl'autre.

Elleentendaitlesparolesdesagrand-mèrerésonnerdanssatête.

-Tuesvraimentlà,Nana?Ouest-cequejesuisjusteentraindemesouvenir?

Elleposalesquestionsàvoixhaute.

L'absencedefroidcaractéristiqueluiindiquaqu'elleétaitseule.Uneinfimepartied'elle-mêmevoulaitserebeller,exigeruneréponse,pasuniquementauproblèmedesonfantôme,maisàtoutessespréoccupations.Justeaumomentouelleallaitouvrirlabouche,uneoncedesa-gesselatraversa,quianéantitsafrustration.Quoiquecefût,«cela»

donnaituncaractèreexceptionnelauxcascadesetn'admettaitnilesexi-gencesnilarébellion.Enplusducalme,Kyliesentaitunepuissance.

Pasméchante,maisferme.

Pasinsensible,maisinflexible.

Suffisammentinflexiblepourmettrelefeuàunejeunefilleetlamutileràvie?Kylien'avaitpaslaréponse,etpoursasantémentale,ellen'étaitpasbiensûredevouloirlaconnaître.

Puis,serendantcomptequ'ellepoussaitprobablementlapatiencedeDellaetdeMirandaàsoncomble,elleseleva.Ellesentitalorsl'enveloppepliéedanssapoche.LalettredeLucas.Autrechosequ'elledevraitaffronterplustard.Etsiaucunedesespréoccupationsn'avaitchangé,ellesesentitplus

d'assurancepourlesaffronter.Etpeut-être,songeaKylie,serait-cel'aidemaximalequ'elleobtiendrait.

Lamatinéepassadansunbrouillardabêtissant.Était-ildûàsonmanquedesommeilouàsapousséedecroissance?Kyliel'ignorait.ElledéposasonplateaudedéjeuneràcôtédeDellaetcherchad'embléeDerekdansleréfectoire.

Songroupeselaissaitsouventemporterparsesrandonnéesmatinalesetrataitledéjeuner.Alorsquesonregardseposaitrapidementdel'autrecôtédelapièce,elleserenditcomptequ'ellemouraitd'enviedelevoir.

Etqu'ellenemouraitpasdutoutd'enviedelevoir.

Cequ'ellepouvaitêtremolle!Sielleavaitdumalàgérersessentimentsquiallaientetvenaient,ellenepouvaitquesedemandercequeDerekressentait.Ildevaitsûrementpenserqu'elleavaitdeuxcasesvides,etilauraitraison!

Sansl'ombred'undoute,lecalmeetl'assurancequ'elleavaittirésdesonescapadeauxcascadeslematincommençaientàluifairedéfaut.

CommeunautrebalayagevisueldelasallenefaisaitpasvenirDerek,elleselaissatombersurunechaiseetseconcentrasurDella,quisirotaitsonsangavecpeud'intérêt.PuisKylieremarqualaplacevideàcôtédeDella.

-OùestMiranda?demanda-t-elle.

-Saispas,marmonnaDella,quifîttournersonverredanssamain.

Kylietâchadenepasfixerlesangdanssonverre,depeurdeserappelercommec'étaitbon.Elleattrapadoncsonsandwitchaujambonetenpritunegrossebouchée.

-Çava?s'enquit-ellelabouchepleine.

-Ouais,jerumine,c'esttout.

–Parcequetuvasrentrercheztoidanstroissemaines?

-Enfait,jen'angoissaispaspourça,maismaintenantquetum'yfaispenser,jepeuxl'ajoutersurmalistedesourcesdestress.Merci!

LavoixdeDellaétaitteintéedesarcasme.

-Désolée.

Kylieregardafixementlesandwich,avecdésintérêt.

–Alors,qu'est-cequit'angoisse?

-Destrucs,quoi!larembarraDella.

-C'estbon,répliquaKylie,quin'appréciaitpassonhumeur.

D'accord,ellecomprenaitlemauvaiscomportementdesvampires,maisparfois...

-Désolée,ditDella.C'estjustequeparlerdesangesdelamortcematinm'afaitpenseràdes...trucs.

-Tufaisallusionaujouroùtut'estransforméesansterappelerlesdétails?

-Oui.

Dellaeutl'airsoulagéequeKyliesesouvienneetellelaregardacommesiellecherchaitdel'aide.

-Etsij'avaiscommisquelquechosedevraimentterrible?

«Terrible,commentça?»faillitdemanderKylie.Dellaavait-elleréellementpeurd'avoirpublesserquelqu'un?Puisellesesouvintdequielleparlait.

-Premièrement,jenecroispasquetupuissesfairequelquechosedevraimentterrible.C'estvrai,rienquelefaitquetut'eninquiètesmontrequetun'espasquelqu'undeterrible.

Dellan'eutpasl'airconvaincue.

-Maisquandonsetransforme,c'estunetellefolieque...

-Maistun'espasfolle,rétorquaKylie.Ettuesquelqu'undebien.

Dellaopinaetsemblasurlepointd'ajouterautrechose,maiselledétournalesyeux.QuelquechosedisaitàKyliequeDellaavaitplusdesoucisqu'ellevoulaitbienl'avouer.Avait-elleplusdesouvenirsqu'elleleprétendait?Quoiquecefût,Kylieauraitbienvoulul'aider.

-JemedemandecequeMirandafabrique,ditDellaquitentaitmanifestementdechangerdesujet.J'espèrequ'ellenes'estpasremiseàdé-

primeràcausedupetitgénie!

-Çaavaitl'aird'aller,toutàl'heure.

KylieregardalatabledessorcièrespourvoirsiMirandas'ytrouvait.

Ellen'yétaitpas.

Silacoloétaitcenséefavoriserlesmélangesentreespèces,etc'étaitlecas,ilsemblaityavoiràl'heuredesrepasquelquechosequiconfirmaitleproverbe«quiseressembles'assemble»,àl'exceptiondequelquescouplesinterespècesetdequelquescolocs.HelenetJonathons'asseyaientàtourderôleaveclesvampiresetlesfées.Jusqu'àtrèsrécemment,iln'avaitpasétérarequePerryrejoigneMirandaàleurtable.Etdeuxfoisparsemaine,DerekdéjeunaitavecKylie.

Aumoinsunefoisparsemaine,etdesjourstoujoursdifférents,mêmeDellaetMirandachoisissaientdenepasdéjeuneravecKylie,maisaveclesleurs.Kylieleuravaitditqu'ellesn'étaientpasobligées

des'asseoiràsescôtés.Ellecomprenaitqu'ellespuissentvouloirsejoindreàleurscongénères.MaisDellaetMirandanel'écoutaientpas.Quecefûtparloyautéouparcequ'ellesétaientmalpourelle,Kylie,aufondd'elle,l'appréciaitplusquetout.Quiavaitenviededéjeunerseul?Celaluiauraittroprappelélelycée,quandSaraétaitmaladeouséchaitlescours.

EnpensantàSara,Kyliesortitsontéléphonepourvérifiersiellen'avaitpasdemessagedesameilleureamie.Voilàpresquehuitjoursqu'elleluiavaitenvoyéplusieurstextospourluidemandercommentçaallaitetpourlaprévenirqu'ellerentreraitdanstroissemainespourleweek-end.ElleavaitététrèsblesséequeSaranel'aitjamaisrecontactée.

Celasignifiait-ilquecelle-cinevoulaitpluslavoir?

biensûr,Kylieseraitlapremièreàavouerqu'ellesn'avaientvisiblementplusgrand-choseencommun-lefaitqu'ellenesoitpashumaine,avanttout-,maisleuramitiéremontaittoutdemêmeàdixans.Celaneméritait-ilpasqu'elleconsacrequelquesheuresdesonweek-endàfaireaumoinssemblantqueKyliecomptaitencorepourelle?

LetéléphonedeKyliesonna.Pensantqueceseraitcool,pournepasdireparapsychique,quecesoitSara,elleattenditquelenuméros'af-fiche.PasceluideSara.Ellecoupasonportableetleposasurlatable.

-Nemedisrien!SoitTrey,soittonbeau-père!lançaDella.

–Deuxpoints,répliquaKylieenreprenantsonsandwich.

-Lequel?

-Papa.Monbeau-père.

MêmeaprèsavoirrencontréDanieletapprisàl'aimer,KylieoubliaitparfoisqueTomGalenn'étaitpassonvraipère.Elleenfonçasesdentsdanslepainmoelleux,maissansrienavaler.

-Ilcontinueàsefairesonassistante?

Kyliedéglutit.

-J'saispas.J'm'enfous.

-Menteuse,ditDella.

–Bon,d'accord.Disonsplutôtquejenesaispasetquej'aimeraisbiennerienenavoiràfaire.

-Voilà,maintenanttudislavérité!(EllejaugeaKylieduregardetluimitsonverredesangsoussonnez.)Tuenveux?

Kyliefronçalessourcilsetrepoussaleverre.

-Non.

-Tumensencore,observaDellaenarquantunsourcil.

-Trèsbien!lançaKylied'untonsec,lemêmequeceluideDellatoutàl'heure.J'enveux,maisjen'enveuxpas.Etnevapascroirequec'estparcequejetrouvequec'estnuld'êtreunvampire.Jepensequec'esttrèsbien.C'estjusteque...jesuisunpeudébordéeparmestentativespourdécouvrircequejesuis.

-Crois-leoupas,jecomprends.(Dellacontinuaàlascruter.)Tusais,toncœurbatdenouveauplusvitequelanormale.

-Jesais.(Kylieramenasescheveuxsursesépaules.)Etregarde,mescheveuxontpoussé,euxaussi!

Ellesoupiraquandelleserappelaqu'ellen'avaittrouvéqu'unseulsoutien-gorgequiluiallaitdésormais.

-Merde!(Dellatouchalacheveluredesonamie.)TuasdéjàparlédetoutçaàHoliday?(ElleregardaunenouvellefoislapoitrinedeKylie.)Jeneveuxpastefairepeurnirien,maisc'estplutôtbizarre...

Oh,super!Justeaumomentoùelles'étaitpresqueconvaincuequecen'étaitpasgrave,Dellaluiaffirmaittoutlecontraire.Kylielaissaéchapperungrandsoupir.

-Non,jeneluienaipasencoreparlé.J'airendez-vousavecelleà14

heures.

-Çan'apasl'airdetefaireplaisir.

-Non.

Dellaeutl'airchoquée.

-Ques'est-ilpassé?D'habitude,tunefaisquel'idolâtrer.Tuesenpétardcontreelle?

-Non,maisc'estellequiseraenpétardcontremoi.

–Pourquoi?Parcequetuesalléeauxcascades?

–Non,paspourça.C'estcequej'aifaitquandj'étaislàbasquival'énerver.

-Qu'as-tufait?Dellaeutl'airconfustoutensirotantsonsang.

-J'aiplusoumoinsracontéàBurnettqu'unautrevampireavaitbrisélecœurdeHoliday.

-Vraiment?Ques'est-ilpassé?

–Ilm'aposédesquestionssurelleet...

–Pasça.Avecl'autrevampire?

–Je...nesaispastout.

Kylieserenditcomptequ'ellen'auraitpasdûenparleràDellanonplus.

–OK.Alorsoùestlemald'avoirracontéçaàBurnett?

Kylierouladesyeux.

-Cen'étaitpasàmoideluienparler.Niàtoi.Alorsnedisrien.

-Motusetbouchecousue.(Dellavolaunefritedansl'assiettedesonamie.)Tusaispourquoituluienasparlé,non?

Elleexaminalafritequ'elletenaitduboutdesdoigts.

-Parcequejesuisstupide,réponditKylie.

-Non,parcequepourtoicommepourtoutlemonde,c'estclairquecesdeux-làontbesoindefairelabêteàdeuxdos.(Ellefourralafritedanssaboucheetgrimaça.)Avant,j'adoraislesfrites,maismaintenant...

beurk!Ellesontungoûtdefessesdecrapaud!

Kylieignoracomplètementsaremarquesurlesfritesetlesfessesdecrapaud,toutenessayantdecomprendrecequiavaitprécédé.

-Defairequoi?Labêteàdeuxdos?

-Labêteàdeuxdos.Baiser!Brûlerjusqu'auboutcesfichueshormonesqu'ilsproduisentchaquefoisqu'ilssontdanslamêmepièce.

-Labêteàdeuxdos?

Kylieavaitencoredumalàs'yfaire.

Dellapartitd'unriremoqueur.

-J'aientenduunecomiqueemployerceterme.Elledonnaittouslesnomsdifférentsquiexistentpour«fairelachose».Drôle,non?

-Peut-être,réponditKylie,maissanstropsavoir.

Sonsensdel'humouravaitprisunjourderepos,sonappétitaussi.

Elleregardafixementsonsandwich,dontilneluirestaitquequelquesbouchées.Sonmanqued'appétitétait-ilunsigne?Trouverait-elleunjour,elleaussi,quelesfritesavaientungoûtdefessesdecrapaud?

–Enparlantdesloups...enchaleur...ditDella.

Kylielevalesyeux.HolidayetBurnettentraientdansleréfectoire.

Holidayouvraitlavoie,etBurnett,derrièreelle,nelaquittaitpasdesyeux.L'espaced'uneseconde,KyliecraignaitqueBurnettaitconfiéàHolidaycequ'elleluiavaitdit.ElleimaginauneHolidayfurieuseetblesséequiluipasseraitunbonsavon,etsapoitrineseserra.Maispourquoiavait-elleparléàBurnett?Ellen'auraitjamaisdû.

PuisHolidaycroisaleregarddeKylie.Nicolèrenipeinenetein-taientlesyeuxvertsdeHoliday,justeuneinquiétuderésiduelle.ElledevaitencoresefairedusoucipourKylie,parcequ'elleétaitsortieprécipitammentdesonbureaucematin.Holidayarticulasilencieusement:«2

heures»etmontrasamontre.Kylieopina.

Holidaysouritets'enallaversl'entréeduréfectoire,oùelleprituneassiette.Burnettcontinuaitàlasuivre,sansquitterdesyeuxaucundesesmouvements,commes'ilessayaitd'apprendrechaqueparcelledesoncorpsparcœur.

–Attendsuneminute,ditKylie.Silesvampirespeuventsentirceshormones,commentçasefaitqueBurnettn'aitpasl'airdesavoirqueHolidayressentlamêmechosepourlui?C'estvrai,quandj'aiinsinuéqueHolidayéprouvaitpeut-êtreautrechosequedel'agacement,ilparaissaitsincèrementsurpris.

-Maislaplupartdutemps,nousnepouvonspassentircellesdesgensquinousattirent.Jen'aijamaissenticellesdemonpetitami.

Unsouriretristeeffleuraseslèvres,commesiunsouveniravaittraversésamémoiresurlapointedespieds.

KyliecompritqueLeecomptaitencorepourDella,maiselleeutaussilesentimentquesonamienerisquaitpasdel'avouernimêmed'enparler.

–C'estbizarre,commefonctionnement.

-Oui.C'estcommesilefaitquequelqu'unnousattiredéclenchaitlebouton«off»denotredétecteurd'hormones.Enrevanche,siquelqu'unneteplaîtpas,maisquetoi,tuluiplais,ehbienpournous,çasentcommeuneboulepuante!

Kylieruminacetteinformationdurantquelquessecondes,puisdit:

-Maisalors,commentçasefaitqueDerekpuisseledevinerquandjepenseà...(Ellenesavaitpassiellevoulaitleformulerhautetfort,maislacuriositélapoussaàcontinuer.)Affirmerais-tuquejenel'attirepas?

-Non.(Dellasefenditd'ungrandsourire.)Cen'estpasunvampire.

Ilnesentriendutout.Illitlessentiments.C'estcomplètementdifférent.

-Oh...

Kyliereposalesyeuxsursonassietteettâchadecroquerunefrite,maissonespritbouillonnait.Unefoisqu'ellel'eutavalée,elleseforçaàposerlaquestion,àvoixtrèsbasse:

-Est-cequeDereketmoi...enfin...est-cequenousrépandonsréellementdeshormonespartout?Enfin,aupointquec'estvraimentlahonte?

LesyeuxdeDellas'écarquillèrent,maiselleneréponditpas.Cequineluiressemblaitpasdutout.Elleavaitpourhabitudedenejamaismâ-

chersesmots.

–C'estsigravequeça?insistaKylie.

Dellalevaalorslesyeuxauciel.Kylieessayaitdecomprendrepourquoiquandunsoufflechaudchuchotadanssoncou:

-Qu'est-cequiestsigrave?demandaDerek.

-Rien,luiréponditKylie,etelletâchadésespérémentdenepasémettred'hormonesnidelaissertransparaîtrelesémotionsquil'avaientassailliedèsquesonregards'étaitposésurlui.Leproblème,c'estqu'elleignoraittotalementcommentlesarrêter.Oùétaitdoncleboutondesondétecteur?

Off!Off!Off!sedit-elleenappuyantmentalementsurlebouton.

Derekselaissatombersurlachaiseàcôtéd'elle.Ellenevoulaitpasleregarderdepeurquecelan'augmentesonémissiond'hormones,maissnoberquelqu'unétaitextrêmementimpoli.Dumoins,selonsamère.

-Toutvabien?demandaDerek,probablementconscientqu'ellenel'avaittoujourspasregardé.

«Nesoispasgrossière»,pouvait-ellepresqueentendrediresamère.

-Toutvabien.

Elleposalesyeuxsurlui.Etcommeellel'évitaitdepuisquelquesjours,elles'imprégnapratiquementdesonimage.Elleeneutlesoufflecoupé.Ilétaitdiablementbeau!

Tantpis,ellerejetteraitlafautesursamère!

Derektranspiraitlégèrement.Unetranspirationappétissante.Sapeaubrillaitunpeuetilsentaitlesoleil,commes'ilavaitabsorbétouteslesbonnesodeursdesarandonnée.Elleimaginaitquesapeauauraitungoûtdesoleilsalésielleycollaitleslèvres.Sescheveuxchâtainsrebi-quaientauxpointes,commeébouriffésparlevent.Ilportaituntee-shirtvertfoncé,quilemoulait.Etcejean-làétaitsonpréféré.Oudumoins,c'étaitceluiqu'ilmettaitleplussouvent.Ellelereconnaissait,carlesgenouxétaientusésetilétaitplusajustéquelesautres.Etajusté,celaluiallaittrès,trèsbien...

LerirerailleurdeDelladétournasonattentiondeDerek.Levampiresefenditd'ungrandsourireetagitaunemaindevantsonnez.Comprenantcequecelasignifiait,Kyliesesentitdevenirrougepivoine.

QuandellejetaunautreregardfurtifsurDerek,lesyeuxdecelui-ciétaientrivéssursesseins.Cequivoulaitsûrementdirequ'àcetteseconde-là,ilpolluaitl'airdetoutessortesdephéromones,tandisqu'ilessayaitdecomprendrecommentsapoitrineavaitpupousserainsidujouraulendemain.

-Je...ilfautquejetrouveMiranda!annonçaKylieenselevantd'unbondetensortantdelasalleàmangerentrombe.

-Miranda?Tueslà?criaKylieenentrantdanslebungalowcinqminutesplustard.

SonamiedéguerpitàtoutevitessedelachambredeKylie.Lapaniqueselisaitsursonvisageetdeslarmesemplissaientsesyeux.DeslarmesdanslesyeuxdeMirandaquiselanguissaitd'amour,c'étaitplusoumoinslanormecesderniersjours,maisquelquechosesemblaitdiffé-

rent.

Kylielesentitaussitôt.EtcelaavaitsûrementunrapportavecsasortieprécipitéedelachambredeKylie,dansunnuagedeculpabilité.

-Jesuisvraimentdésolée!ditMirandaenhoquetant.Vraiment,vraimentdésolée!

-Vraiment,vraimentdésoléedequoi?

Avait-elletrouvéleslettresdeLucasetlesavait-ellelues?Avait-elledélibérémentenvahisonintimité

?

-Jenel'aipasfaitexprès.

-Pasfaitexprèsquoi?insistaKylie,quisentaitsapatiencesedé-

gonflercommeunballonpercéparuneépingle.

Cescourriersétaientprivés.Zutalors!Ellen'avaitmêmepasluledeuxième!Quandelleétaitrevenuedeschutes,ellel'avaitrangédanssontiroiravecl'autre,pensantqu'elleleliraitlesoirvenu,oupeut-êtrelelendemain,oujamais.EllenesavaitpassisoncœursauraitgérercequeLucaspourraitdire,enplusdetoutcequ'elledevaitdéjàaffronter.

-Jel'aidéjàfaitdesdizainesdefoisetjen'aijamaiseudemalàl'annulerjusqu'àmaintenant.Jet'enprie,nesoispasfurieusecontremoi

!

Kylieeutbrusquementlepressentimentquecelan'avaitrienàvoiraveclalettredeLucas.

-Qu'as-tufait?

MirandadirigearapidementsonregardsurlachambredeKylie,maislorsquecettedernièreavança,ellesepostadevantelle.

-Jevaistoutarranger,jetelejure!Jevaistoutarranger,jenedor-miraipasetnemangeraipastantquejen'auraipastoutréglé!

-Régléquoi?

-S'ilteplaît,nem'enveuxpas!

KylieécartaMiranda.Puiselleentradanssachambrepourtrouvercequesonamienevoulaitpasqu'ellevoieetjuraitqu'elleallaitarranger.

Sonregardseposad'abordsurlatabledenuitoùellerangeaitsesaffaireslesplusprivées.Letiroirétaitfermé.Pasdelettreséparpilléesdessus.Unmouvementsursonlitattirasonregard.Ellebougealesyeux.

Ellecilla.

Puishurla.

Elleseruaalorshorsdesachambre.EllerentradansMirandaquil'attrapaparlesavant-bras.

–Jesuisdésolée,vraimentdésolée!

Kylieretintsonsouffle.

-Que...?(Elleinspira.)Quefaitunemouffettesurmonlit?

Kyliesentitunecaressefamilièresursacheville.Ellebaissalesyeux,s'attendantàvoirSocks.Maiscen'étaitpasSocks.

Ellehurladenouveauetfitunbondàtraverslapièce.Labêtelevasapetitetêtepointue,miaulaetluicourutaprès.

-Jesuisvraimentdésolée!criaMiranda.

Kylielevalesyeuxsursonamie,puislesreposasurlamouffettequilarejoignitrapidement.Ellemoulinaitdespattesdanslevide,àlama-nièresiattendrissantedesfélins.

-Socks?Non,ditKylie.Nemedispasque...Ohnon!Tun'aspasfaitça?

-Jevaistoutarranger.Jetelepromets!l'assuraMiranda.

Kylievenaitdesortird'uneheurededessinavecHelenetJonathon.

Faisantlescentpasdevantlebureau,elleattendaitsonrendez-vousde14heuresavecHoliday.Commentluiannoncerait-ellequ'elleavaitbalancésonhistoired'amourpasséeavecunvampire?

Aufait,savais-tuqueBurnettignoraitquetuétaissortieavecunvampire?

Non,çaneleferaitpas.

Salut!Burnettetmoidiscutions,etcommeça,enpassant,jeluiairacontéquel'undessienst'avaitbousillélecœur!

Çanonplus,çan'iraitpas.Pasdutout,même!

–Kylie?luicriaDerek.

Oh,merde!

Ellelevittraverserungroupedecampeursquiattendaientpours'inscrireauxcoursdekayaketserésignaàl'affronter.Toutefois,elles'éloignadelafouledeplusieursmètres.

-Salut.

Ils'arrêtadevantelleetl'examinaattentivement.

-Salut.

Ellereculaencoreetluifitsignedelasuivretroismètresplusloin.

Ilnelaquittaitpasdesyeuxalorsqu'ellecontinuaitàmarcheràre-culons.

-J'aifaitquelquechosedemal?

-Non,dit-elleensecouantlatête.

-Alors,tuasfuméquelquechose?Parcequetuteconduisvraimentbizarrement!

Ellecomprenaitbienpourquoiilpensaitqu'elleavaitperdulaboule.

Toutefois,poursadéfense,saréalitéàelle,depuissixsemaines,étaitcomplètementdifférentedecelleàlaquelleelleavaitcrujusqu'alors.

-Cen'estpas...(Ellejetauncoupd'œilautourd'ellepours'assurerquepersonneàl'ouïesupersoniquen'étaitdanslesparages.)Jesuisgê-

née,d'accord?

-Gênéedequoi?(LeregarddeDerekseposasursesseins.)Deça?

Ellerelevadélicatementsonmenton.Aumoinseut-illadécencederougir.

–Désolée,c'estjustequ'ils...tu...

–Ilssontplusgros,jesais.

Ilpritsacheveluredanssamain.

–Ettescheveuxontpoussé.

–Etj'aigrandi,aussi,ajouta-t-elle.

Illamesuravisuellementetsesyeuxs'écarquillèrent.

-Ques'est-ilpassé?

-Siseulementjelesavais!(Elleessayadedissimulerlafrustrationdanssavoix.Cen'étaitpassafaute.)Quandjemesuisréveillée,plusaucunvêtementnem'allait!

Ilsefenditd'ungrandsourireetbaissalesyeuxunefractiondesecondeavantdelesrelever.

-C'estbien,commeça!

–Pourquoijenesuispassurprisequetumedisesça?

LesouriredeDereks'évanouitetilrestaplantésurplaceàladévisager.Kyliesedemandas'ilfaisaitvraimentdeseffortspournepasmatersesseins,bouchebée,ous'ilavaitautrechoseentête.

-Écoute,sijen'airienfait,pourquoimefuis-tudepuisdeuxjours?

Elletraînalespieds,douloureusementconscientequeseschaussuresluifaisaientmal.

–Jetel'aidit,jesuisgênée.

-Gênée...d'avoirgrandi?

-Non,enfin,oui,çaaussi,c'estennuyeux.Maiscen'estpaspourcelaque...

–Quetum'évites.Dis-le.Parcequec'estcequetufais.

Ilsemblaitàmoitiéfurieuxou,entoutcas,àmoitiéagacé.Maiscequ'ellepercevaitréellementdanssonton,c'étaitlemanquedeconfianceenlui.Et,honnêtement,ellenepouvaitpasluienvouloir.Elleressentiraitlamêmechoses'ill'évitaitcommeellel'avaitfait.Ellesemorditlalèvre.

-Jesuisdésolée.Cen'estpascequetucrois.

–Alorsqu'est-cequec'est?Parcequelà,jesuisperdu!C'estvrai,quoi,tessentimentssemblentOKlaplupartdutempsquandjesuisavectoi,etmêmesuperparfois,puisd'unseulcouptut'enfuis!

-Et...c'estplusoumoinslaraisonpourlaquellejem'enfuis.

Lefrontdugarçonseplissa.

-Et...jenecomprendstoujourspas.

Trèsbien,elleallaitmettrelespointssurlesi.

Maisellerougit,rienqued'ypenser.

-Quandjesuisavectoi,jenepensequ'àt'embrasseretplusencore...

Etàallerplusloinquejenesuisjamaisalléeavecpersonne.

LefrontdeDerekseplissaplusencore,mais,aumoins,unepartiedupoidsqu'ilsemblaitportersursesépaulestomba.

-OK.(Ilfourralesmainsdanslespochesdesonjean.)Maintenant,peux-tum'expliquerpourquoicen'estpasbien?

-Cen'estpasvraimentça,disonsquec'estquelquechosede...privé.

Jeneveuxpasquetudevinescequisepassedansmatête.Etencoremoinstouslesvampiresetlesféesquisebaladentdanslecamp.

LesépaulesdeDereksecontractèrent,commesilepoidsétaitrevenu.

-Alorscommeça,tuesgênéeparcequelesautressaventquetum'aimes?

-Non...t'aimer,c'estunechose.Avoirenviede...fairecertaineschoses,c'enestuneautre.

-Tuveuxfaire«certaineschoses»avecmoi?(Ilfaillitsourire,puispassaunemaindanssescheveux.)Tusais,jenepensaispasquel'onpouvaitsesentircomplimentéetinsultéenmêmetemps.Maistuasréussiàmefaireressentirlesdeuxàlafois!

-Jenet'aipasinsulté.

-Si,tul'asfait,situesgênéequetoutlemondesachequetum'aimesbien!

–Jet'aiditqueçan'avaitrienàvoiravecça.

–D'accord,tuneveuxpasquel'onsachequejet'attire.

Kylieouvritlabouchepourparler,maissanssavoirquoidire.

-Non,plusoumoins.Enfin,c'estprivé,quoi.

-Privé?(Ilhésita,commes'iltâchaitdecomprendrecequ'elleracontait.)Cen'estjamaissiprivéqueça.

-Si,pourleshumains.Etj'aibeaunepasêtrehumaineàcentpourcent...Enfinregardonsleschosesenface.Pendantseizeans,j'aivécuentantqu'humaine,etdepuismoinsdedeuxmois,j'essaied'affronterlefaitque...Attends,jenesaismêmepascequejesuis!(Ellesecoualatête,sentantsafrustrations'intensifier.)Maisoui,j'aimelafaçondontleshumainss'yprennent.

-Comments'yprennent-ils?demandaDerek,commes'ilnelasuivaitpas.

Ellenepouvaitpastotalementluienvouloir,parcequ'ellen'étaitpassûredesecomprendreelle-même.

-J'aimequeleshumainsgardentleurssentimentsetleurspenséesintimespoureux.

Derekréfléchitàcequ'ellevenaitdedire.Elledevinaquesonrai-sonnementn'avaitaucunsenspourlui.

-Non,dit-il.Tutetrompes.

-Àquelsujet?

Àprésent,ellesesentaitperdue.

-Çanerelèvepasdudomaineduprivépourleshumainsnonplus.

Ilsnegardentpastoutpoureux.

-Seulements'ilsontdécidéd'enparleràquelqu'und'autre,ditKylie.

-Maisnon!RegardeHelenetJonathon,là-bas.Tuvasm'affirmerquetoi,enfintapartiehumaine,nepeutpasvoirquecesdeux-làsontattirésl'unparl'autre?EtBurnett?Tusavaisavantmoiqu'ilétaitraidedinguedeHoliday.Tupeuxledeviner.

D'accord,ilavaitraison.Maisellen'avaitpasenviequ'ill'embêteavecça.

-Jelevois,oui.Maisjenepeuxpasressentirleurssentimentsnisentirlesphéromonesqu'ils

émettentquandilsveulent...fairelabêteàdeuxdos...s'envoyerenl'air.Etsavoirqued'autrespersonnespeuvent...

sentirlesmiennes...ehbien,çame...faitlégèrementflipper,d'accord?

Dereksecoualatête.

–Es-tusûrequec'estlefaitqued'autreslesachentquitefaitflipper?Etnonpascequeturessenspourmoi?

Elleleregardafixement.

–Jenevoispasoùtuveuxenvenir.

-Jenesuispassisûrquetuleveuilles.

Ilagitaunemainentreeux.

-Quejeveuillequoi?

Puis,justealors,certaineschosesluirevinrentàl'esprit.QuandelleavaiteulamêmedisputeavecTrey.Pasencore!

-Toietmoi.Nous.Tunesouhaitespasquenousdevenionsun«

nous».Chaquefoisquej'ail'impressionquenousallonsnousrapprocher,tufinisparmerepousser.Jet'aidemandédesortiravecmoiàsixreprisesaumoins,ettunem'asjamaisdonnéderéponse.Pourquoi?

Oui,elleavaitbienfailliavoircettemêmeconversationavecTrey.

–Iln'yaquelesexequit'intéresse,pasvrai?

-Quoi?(Derekenrestabouchebée.)Non,jeneparlaispasdeça!

-Donc,tuneveuxpasqueça?demandaKylie,encoreplusenco-lère.

Illaregardafixement,commesielleavaitd'unseulcoupdeuxtêtesetunequeue.Vutoutcequis'étaitpasséenellecesdernierstemps,Kyliefaillitvérifierqu'unedeuxièmetêteneluiétaitpaspoussée,niunequeue.

-D'oùest-cequetusorsça?demanda-t-il.

D'unseulcoup,ellepritconsciencequelafoules'étaitrapprochéeetqueplusieurspersonnesavaientl'ouïed'unechauve-sourisenmaldepo-tins.Ellejetauncoupd'œilàsamontreetconstataqu'ilétaitplusde14

heures.

-Désolée,jesuisenretard.

KylieentraentrombedanslebureaudeHoliday.Elleselaissatombersurlachaisedesvisiteurs,etregardasonamieetdirectricedanslesyeux.

-Jedétestelesgarçons.J'envisagesérieusementdedevenirles-bienne.

L'expressiondeHolidayétaitmi-souriante,mi-boudeuse.

-Sic'étaitaussisimple,quatre-vingt-dixpourcentdesfemmesdanslemondeentierseraienthomos!

Holidayfitunedrôledepetitegrimace,puis,toutenbuvantunegorgéedesacanette,demanda:

-Alors...desproblèmesdemecs?

–Demecs,demouffettesetdefantômes.

Holidays'étouffaavecsonsodalight.

-Demouffettes?

Kylie,vaincueetépuiséeparsapetitedisputeavecDerek,s'enfonçadanslefauteuil.

-MirandaatransforméSocksenmouffette.Etellen'arrivepasàleretransformer.(Àpeinecesmotsfurent-ilssortisdesabouchequeKylies'aperçutqu'ellemédisait.)Maisbon,jenetedemanderien.

Holidayessayaderéprimerunsourire,maislescoinsdesaboucheserelevèrent.

-Elledevaitsûrementrépéterpourleconcoursauquelsamèrel'ainscritepoursonretourchezelle!

-Jeneveuxpasluiattirerdeproblèmes.Maissielleneparvenaitpasàleremétamorphoser?Jemeretrouveraiscoincéeavecunemouffetteenguised'animaldomestique!

Unautresouriremenaçaitd'apparaîtresurleslèvresdeHoliday.

–Jesuissûrequ'elleyarrivera.

Kyliesecoualatête,puislaissatombersesmainssursesgenoux.

-Situsavaiscommej'aimeraisquemavieredeviennecommeavant.

Commequandj'étaishumaine!Normale!Personnen'essaieraitdeliredansmespensées,dechangermessentiments,nidemedirequemamissionconsisteàsauverunevie.

Holidaysecaladanssonfauteuiletétiralesbras,commesielleétaitrestéetroplongtempsassisedanslamêmeposition.Lesmainstoujoursenl'air,elleregardalespapierséparpillésdevantelled'unairrenfrogné.

-Humain,jenesaispas,maisnormal,çaadubon,parfois,non?

Quelquechosedansl'humeurdeHolidayluifitrevoirsespriorités.

-Toutvabien?luidemandaKylie.

-Moi?Ohoui!(Ellefittombersesmainsets'assitunpeuplusdroite,commepoursedéfendre.)C'estpourtoiquejemefaisdusouci,Kylie.Tuavaisvraimentl'airénervée,cematin.

Kyliesesouvintqu'elleétaitsortiedesonbureaucommeunefurie.

–Jesuisdésolée...Parfois,c'esttrop,voilàtout.

–Jesais.Maisnousallonstrouverunesolution.

Kyliefronçalessourcils.

-Ondiraitmamère.Elledittoujours:«Dieunetedonnerapasplusquecequetupeuxgérer.»

Holidaygloussa.

-Etespéronsqu'ilnenousferapasnonplustropconfiance,d'accord?

-Ouais.(Kylievitl'inquiétudeapparaîtredenouveaudanslesyeuxdeHoliday.)Ettesproblèmes?

Ellemontralebureau,sentantquesonamieétaiténervée.

-Çaira...Justedeshistoiresdesousàréglerquandnouspasseronsàtempspleinici.Ilfaudraengagerdesprofesseurs.Poserdesradiateursdanslesbungalows.Etjemedemandebiencommentnousallonsyarriver.

-Jecroyaisquelegouvernement,enfinl'URF,finançaitlecamp?

-Dansunecertainemesure,oui,maislorsqu'ilsontacceptédemelaisserouvrirlepensionnat,ilsnousontaccordéunbudgetserré.Encemoment,onfaitmêmedeséconomiessurlesprogrammesgouverne-mentaux.(Ellereposalesyeuxsursonbureau.)Cen'estsûrementpasaussidurquejelepense.C'estjuste...Skys'occupaitdesfinances,etvoilàquejemeretrouveavecçasurlesbras.

-Burnettnesaitpasfairecegenredechose?demandaKylie,dansl'espoird'amenerhabilementlaconversationsurlui.

-Aucuneidée.Maiscommeildoitnousdonneruncoupdemainpourunmoisseulement,jenevoisaucuneraisondelemêlerànosfinances.

Enclair,elleneluifaisaitpasconfiance.Était-ceparcequec'étaitunvampireouparcequ'elleavaitaccordésaconfianceàSky,sadernièreco-directrice,etquecelle-cil'avaitlaissétomber?Holidayneparlaitpasbeaucoupd'elle,maisKyliesentaitquelatrahisondesonamiel'avaitblesséeplusqu'ellenevoulaitl'avouer.

-Ont-ilsembauchéunenouvelledirectrice?demandaKylie.

L'expressiondeHolidaysefitalorsplaintive.

-Non.Ilsm'ontpromisqued'icilafindel'été,jedevraisavoirquelqu'un.Maisçan'arriverapasassezvite.

-Est-cesidésagréabledetravailleraveclui?

KyliesentaitquelafrustrationdeHolidayvenaitdeBurnett.Cequinefitquerenforcersoninquiétude:commentprendrait-ellel'aveudeKylie?

-Noussommestropdifférents,voilàtout.

LeregarddeHolidayseposasurlapoitrinedeKylieets'yattardaunefractiondesecondedetrop.Elleavaitdoncmanquélapousséedecroissance.

Kylieoubliasonaveupourseconcentrersursespropresproblèmes.

-Peux-tul'expliquer?

-Expliquerquoi?demandaHolidayd'untoninnocent,maisquineconvainquitpasl'adolescente.

Ellepointadudoigtsesseins.Holidayfronçalessourcils.

-J'espéraisquetut'étaisjusteachetéunnouveauWonderbra.

–Bienpeurquenon!Etilyamescheveux,aussi.(Kylielesfitpasserpar-dessussonépaule.)Deplus,meschaussuressontpresquetroppetites,etjesuisquasisûred'avoirprisdeuxbonscentimètres!

-Hmm...

Holidaysemblaittoutfairepourquesonvisageresteillisible.

–Hmmquoi?

Kyliesepenchaetcollasesmainssurlebureau.

-Hmm,c'estétrange,déclaraHoliday,maisquelquechosedanslafaçondontellereposaitlesyeuxsursespapiersmontraitqu'ellen'étaitpasfrancheàcentpourcent.

-S'ilteplaît,nemefaispasçamaintenant,insistaKylie.

Holidaylevalesyeux.

–Fairequoi?

-Mecacherquelquechose.C'estàmoiqueçaarrive,j'ailedroitdesavoircequisepasse.

-Jenecacherien...(Holidaysetutetsoupira.)Jen'appellepasça«

cacher»alorsquejesuisentrainderéfléchiràdeshypothèses,dedeviner.J'ignoresic'estjustedetedonnerdesinformationsalorsquejenesuissûrederien.

-Cequin'estpasjuste,c'estdemelaisserdansl'ignorancetotale.

Parceque,crois-moi,quoiquetusoissurlepointdemedire,ceneserapasaussigravequecequej'imagine.

Holidayhochalatête.

-D'accord,maissouviens-toi:cen'estquepurespéculation.MêmeBurnettaffirmequepourlui,cen'estpasunsignesûr.

KyliesedoutaitqueBurnettavaitremarquéquesesseinsavaientgrossi.Àsadécharge,ill'avaitbiengéré;maisdelààendéduirequ'ilbavardaitdecelaaveclesautres...C'étaitfranchementgonflé.Exagérédechezexagéré.

-Vousavezdiscutédemesseins,touslesdeux?

-Pasvraiment.Enfinsi,mais...pas...Écoute,iladitqu'ilavaitconstatédeschangementsentoiquandilesttombésurtoidanslescascades.J'aiinsistépourqu'ilmepréciselesquels.

Lesimplefaitd'évoquersarencontreavecBurnettauxchutesd'eaurappelaàKyliequ'elledevraitcracherlemorceau.Maisd'abord,elledevaitsavoir.

-Quellessortesd'hypothèses?

-Certainesfemellesloups-garous...

-Loup-garou?Ohnon!Pasloup-garou...Toutmaispasça!

–Hé!(LamaindeHolidayvintseposersurlebrasdeKylie.)Tuvois,c'estpourcelaquejen'aipasvoulut'enparler.Jesavaisquetuentireraisdesconclusionshâtives.

Kyliecilla.

-Quefontcertainesfemellesloups-garous?Ellesontdessuperseinsquipoussent?

-Non...Enfin,si.(Holidayréprimaunsourire.)Quandellesatteignentuncertainniveaudematurité,quandelless'approchentdel'âgedel'accouplement,elless'étoffentassezvite.

LecœurdeKyliebattitlachamade.EllesesouvintdecequeMirandaavaitdéclarélorsqu'elleavaitvuunloup-garousechangerenloup,quecelaluiavaitsemblétrèsdouloureux.

–Çaressembletoutàfaitàcequim'arriveencemoment.Maispourquoin'est-cequedelaspéculationoudesconclusionshâtives?

Holidaysecoualatête.

-Àmoinsqu'unloup-garouaitététransformé,laplupartsemettentàsemétamorphoserenloupàl'âgedequatreoucinqans.Ilseraittrèsétonnantquecelat'arriveàtonâge.Etpuisilyalefaitquelesloups-garousconnaissentdegrossessautesd'humeurquelquesjoursavantetaprèsunepleinelune.LedocteurDaym'aconfiéqu'ellet'avaitvuependantunepleineluneetn'avaitdéceléaucundecessignes.Etjet'aiobservéelorsdeladernièrepleinelune,rienquepourvoirsi,peut-être,elleavait

manquéquelquechose.Jen'aiconstatéaucunchangementdanstoncomportement.

-Peut-êtrequejesuisjusteuneplanteàfloraisontardive,remarquaKylietoutensouhaitantquecenesoitpaslavérité.Etjen'aijamaisétédugenreàexprimermessentiments.Siçasetrouve,tunem'astoutsimplementpasvuedemauvaisehumeur.

-Ilyaaussi...tonchat,poursuivitHoliday.Touslesfélinséprouventuneaversionenverslesloups-garous.Cequin'estpaslecasdutien.

KyliesesouvintdelaréactiondesonchatenversLucas,desannéesplustôt.Elleserappelacommentils'étaitcomportélejouroùill'avaitdéposé.Maistoutàcoup,elleserappelaautrechosequidevaitêtreimportant.

-Oh,mince!Leloup...

-Quel...loup?

-L'autrenuit...quandjemesuisenfuieaprèsavoirgoûtédusang.Jesuistombéesurunloup.Ilatraînéautourdemoi.Ils'estmêmeremontréplustardcettenuit-là,mais...

-Cen'étaitpasunepleinelune,ditHoliday.Çan'auraitpaspuêtreunloup-garou.

-Jesaisquec'estpourcelaquejenecroyaispas...enfin,jepensaisquec'étaitunloupàmoitiéapprivoisé.Ils'estagenouillédevantmoietaessayéderamperversmoi,commes'ildésiraitquejeletouche,quelquechosecommeça.(Elledutsesouvenirderespirer.)D'aprèstoi,celapourrait-ilvouloirdirequelquechose?Est-ceunesortederituelquelesloupsaccomplissentavecdesloups-garousavantleurpremièretransformation?

HolidayregardafixementKylie,commesielleyréfléchissait.

-Jen'enaijamaisentenduparler.Maisje...C'estSkyquiconseillaitlesloups-garous.Moi,jenedétienspastoutlesavoiràcesujet.Maisjedemanderaiautourdemoi.Burnettdoitsavoir.

-Cen'estpasunloup-garou.

KylieregrettaitqueLucasnesoitpaslà.Pourlaguider,pourl'aideràcomprendretoutcela.Maisnon,ils'étaitenfuiavecunautreloup-garou.EtKylien'avaittoujourspaslusalettre,tellementelleétaiténervéecontrelui.

-Burnettn'estpasunloup-garou,maissonboulotàl'URFnécessiteungigantesquetravailderecherchesurtouslessurnaturels.Crois-leounon,ilestaussibrillantqu'ilestarrogant.Etj'espèrequetunet'imaginespas...enfin,quandilm'aannoncéquetesseinsavaientgrossi,iln'yavaitdanssontonquedel'inquiétudequantàlafaçondonttuappréhen-deraisceschangements.

Mêmefolled'angoisseàl'idéed'êtreunloup-garou,KylieserenditcomptequeHolidaydéfendaitBurnett.Quecelaluiplûtounon,lajeunefemmeéprouvaituneformederespectpourlevampire.NonpasquecelaexcusâtKyliedeluiavoirconfiédesinformationsprivéessurHoliday.

Maiscesdeux-lànevoyaient-ilspasqu'ilsdevraientdonnerunechanceàleurhistoired'amour?

Holidayserait-ellefurieusequeKylieaitévoquésarelationpasséeavecunautrevampire?

-Àproposdescascades...

–Jecomprends,ditHoliday.

-Tucomprendsquoi?demandaKylie,espérantquecesoitaussisimple,queBurnettaitparlédeleurconversationàHolidayetqu'ellenesoitpasénervée.

-Jecomprendsquetuysoisallée,lançaHoliday,enmettantdel'ordredanssespapiers.Jem'yrendsaumoinsunefoisparsemaine.

C'estl'endroitidéalpour...réfléchir,pouressayerd'yvoirplusclair.As-tuobtenudesréponsesausujetdufantômecematin?

Kyliesecoualatête.

-Justeunesortedelégitimité.

-Alorsilfautquetuaiesconfiance:tufaistoutcequetupeux.

Kylieserappelabrusquement.

-Tuasprétenduquetun'avaisjamaisvud'angedelamort.

-C'estvrai.

-Maistuasaffirméquetun'étaismêmepassûrequ'ilssoientréels.

-Jenepensepasquelaversiondeslégendesàlaquelletoutlemondecroitsoitréelle,précisaHoliday.

-Alorsqu'est-cequirendlescascadesaussi...exceptionnelles?

Holidayhésita,commesiellecherchaitlesmotsjustes.

-Jecroisquec'estunlieusacré.QueleGrandManitou,quidirigetout,là-hautdansleciel,l'acréépourceuxd'entrenousquidoiventaffronterlesesprits.C'estunlieuoùnouspouvonstrouverlapaix.Etparfoismêmedesréponses.

-Commeuneéglise?demandaKylie,quiserappelaitlasolennitéqu'elleavaitressentieauxcascades.

-Oui,enquelquesorte.Ilyaunpouvoirspirituelfort,là-bas.Tul'assenti,non?

HolidaymitsamainsurcelledeKylie,quilaretira.

-Oui,mais...pourquoinemel'as-tupasdit?Jet'aiinterrogéesurlescascadesettunem'asriendit.C'estvrai...j'auraispu...j'auraispum'yrendredèsledébut.J'auraispeut-êtremieuxcompriscequelefantômeessayaitdemedire,depuisletemps.

Holidayposasesmainssursonbureauetl'empathieenvahitsesyeuxverts.

-Onneparledescascadesàpersonne,Kylie.Cesontellesquidoiventt'appeler.Etjesupposequ'ellest'ontappelée,sinontun'yseraispasallée.

Kylienepouvaitnierqu'elleavaitsentileurappel.Pourtant,ellen'appréciaittoujourspasdedevoirtoutcomprendretouteseule.Oùétaitlemalàluidonnerunpetitindice,àluiprêtermain-forte?

-Jesuis,dansunecertainemesure,choquéequeBurnettysoitallé,ditHoliday.Lesseulssurnaturelsquisefontappelerauxcascadessontceuxquiontlepouvoirdeparlerauxfantômes.Lesautrestrouventquec'esttropstimulantémotionnellement-ouintimidant,devrais-jesansdoutedire.

KylieserappelalaréactiondeDellaetdeMiranda.Ouais,intimidant,c'étaitbiença.

-MêmeSkyrefusaitd'yaller.(HolidaylevalesyeuxsurKylie.)Burnettest-ilvraimentpasséderrièreleschutesd'eau?

-Ilyétaitquandjesuisarrivée.(Ellehésita.)Ilyestallépourtoi,ajoutaKylie,quiseservitdecelacommeouverture.

Siellenelefaisaitpasmaintenant,ellerisquaitdeserétracter.Etsonabusdeconfianceseraitencorepire.

-Pourmoi?

-Ilvoulaitmieuxtecomprendre.Et,àmonavis,ilcroyaitquesi...

s'ilparvenaitàcomprendretoutecettehistoiredefantômes,alors...

-Iladitça?

LesyeuxdeHolidays'écarquillèrentdesurprise.

-Ouais.(Kyliehésita,puislâchaétourdiment:)Jeluiaiexpliquéqu'unautrevampiret'avaitbrisélecœur.Quec'étaitpourcelaque...tunevoulaispassortiraveclui.

LefrontdeHolidayseridaimmédiatementetsesyeuxseplissèrent.

C'étaituneexpressioninhabituellechezelle.

-Tuluiasditquoi?

-Jesaisquejen'auraispasdû,mais...ilm'ademandé,etaudébut,jeneluiaipasdit,puis...

-Pourquoiil...Non,pourquoiluidirais-tuquoiquecesoit?

–Ilt'aimesincèrement,Holiday.

-Cequ'ilressentm'estbienégal.Jen'aipaspartagécelaavectoipourquetulerépètes.

Ellesetut,maislafrustrationtransparutdanssesyeux.

-Jesuisdésolée.Vraiment.Etjesaisquej'aieutort,mais...cequetonfiancét'afaitt'empêchevisiblementdevoirlesopportunitésavecBurnett.Tulepunispourquelquechosequ'iln'apasfait.

L'expressiondeHolidaynes'adoucitpas.Ellerespiraunboncoup.

-Kylie,cequisepasseentreBurnettetmoin'estpas...(Ellefermalaboucheetlesmusclesdesamâchoireseserrèrent.)Sinousarrêtionsim-médiatementcetteconversationetsinouslareprenionsplustard?Ilmefautdutemps.

Kyliesentitunimmensetrous'ouvrirdanssapoitrine.

–S'ilteplaît...Nem'enveuxpas!

Holidaylevalamain.

-Jenet'enveuxpas,àvraidire.Jesuisdéçue,c'esttout.

-C'estencorepire,ditKylie,etsoncœurseserradavantage.Vraiment,jesuisdésolée.

Holidaysemitdeboutetluimontralaporte.

–Ademain,luilança-t-elle.

LeslarmespicotèrentlesyeuxdeKylie.Plusquetout,elledésiraitsedéfendre,supplierHolidaydeluipardonner,l'implorerdenepaslaissersabêtiseternirlarelationqu'ellesvenaientdecréer.Mais,toutaufondd'elle,quelquechoseluidisaitqu'ilétaitpeut-êtretroptard.

Auхenvironsde21heurescesoir-là,Kylie,allongéesursonlit,fixaitduregardleplafondencompagniedelasatanéemouffettequipartageaitsonoreiller.Elleavaitdécidédenepasparticiperàlasoiréepizzasetbasketquiavaitlieuauréfectoire.Burnettavaitaménagéunterraindebasketettouslesgarçonsavaientconstituédeséquipes.Aveclepeudesommeildecesderniersjours,onauraitpucroirequ'elleseraitcomplè-

tementH.S.,maisnon.

ElleposalesyeuxsurletiroirdanslequelelleavaitrangélalettredeLucaset,l'espaced'uneseconde,sonespritpassaduproblème«Holiday

»auproblème«Lucas»,puis«Derek».Ellesereconcentraensuitesurl'éventualitéqu'ellefutunloup-garou.Quelbonheur!

Lorsquesonespritseheurtadenouveauaudangerquecouraitquelqu'unqu'elleaimait,Kyliesesouvintimmédiatementdusentimentqueluiavaientinspirélescascades,delacertitudequesiellecontinuaitàsuivrelecapfixé,aumoinsceproblème-làseraitrésolu.

Lesautressoucisneluisemblaientmalheureusementpasaussigé-

rables.

Lasonneriedutéléphonelafitgrogner.Maisaprèstout,elleneseraitpascontreunepausepourcesserdejongleravectoutessespréoccupations.Etavecunpeudechance,c'étaitsansdouteSaraquilarappelaitenfin.Certes,ellesn'étaientplusaussiproches,maisSaracomptaitencorepourelle,etKylieavaitrécemmentbeaucouppenséàelle.Maisétait-ellecapabledeparleràsonex-meilleureamie?

–Jeneveuxpastefairepeur,lança-t-elleàSocksquiavaitpeut-être

-oupas-missonarrosoiraurepos.Ilfautquej'attrapemontéléphone.

L'animalouvritunoeildefouine,laregarda,puislaissaéchapperunmiaulementpathétique.

MirandaavaitpassétoutelamatinéeàessayerderendreàSockssonidentitédubonvieuxtemps.Kylieavaitfiniparluiintimerdefaireunepause.Elleluiavaitmêmeditdenepassemontrersidureenversel-le-même,quecen'étaitqu'unaccidentdeparcours.Unénormeaccidentdeparcoursbienflippant,maisça,Kylies'étaitbiengardéedelesouli-gner.

LetéléphonecessadesonneretKylien'éprouvamêmepasl'enviedevérifierquiavaitappelé.Ellejetadenouveauuncoupd'œilàSocks.

-Ungrosaccidentbienflippant!marmonna-t-elle.

MaiscommeelleespéraitqueHolidayluipardonne,elledécidaqu'ilvalaitmieuxqu'elleappliquecequ'elleprêchait,oudumoinsqu'ellepratiquecepourquoiellepriait:lepardon.Etelleavaitprié.QuandellesesouvintqueHolidays'étaitvraimentsentietrahie,unevaguededouleurenvahitsoncœur.

Commentavait-ellepucroirequeparlerdeHolidayàBurnettétaitlachoseàfaire,etaujourd'huitrouvercetteidéeaussinulle?Direlavé-

ritéàBurnettluiavaitparulogique.Elles'étaitsentieobligéedelefaire,commesisesentraillesl'yavaientencouragée.Ellenelesécouteraitplusjamais!

Sontéléphonesonnadenouveau.Ellelerapprocha,passûredevouloirbavarder,etexaminalenuméro...Subitement,unnœudseformadanssapoitrine.

Maman.Cetteprisedeconsciencefitmouche.Kylien'auraitjamaiscruqu'eleressentiraitcela,maissamèreluimanquait.Siseulementeleétaitlà...

simplementpourêtrelà.Etpasuniquementparcequ'elesvenaientdetrouverunnouveauterraind'entente.Kylieappréciaitmêmeleurrelationd'avant.

L'adolescenteavaitjuréquesamèrenel'avaitjamaisaimée,maispluseleétaitloind'eleetpluselevoyaitleschosesdifféremment.D'accord,samères'étaitmontréeémotionnelementdistante,etd'accord,Kylieneluiressemblaitenrien.

Maisàprésent,eleavaitbienconsciencedetouteslesautrespreuvesd'amourquesamèreluiavaitdonnées.Lespancakes,touslessamedismatin.Sacartedecréditqu'eleluiprêtaitdèsqu'eleavaitbesoindequelquechose.Mêmelesbrochurespourriessurlesexeprouvaientqu'elecomptaitpoursamère-Kylieseraitnéanmoinsraviesiceles-cidisparaissaient..

Elleappuyasurlatouche«Répondre»etréprimaunevaguedenostalgie.

–Salut,maman!

Ellejuradenepaspleureret,nonsansmal,fitensortequesavoixnetremblepas.

-Chérie?(L'inquiétudeimmédiatedansletondesamèrefitgrossirlenœuddanslagorgedeKylie,etl'émotionluifitmalauxsinus.)Tuvasbien?

Commentsamèrepouvait-elledevinerquequelquechosen'allaitpas,alorsqueKylien'avaitprononcéquedeuxmots?Était-ellemédium?Non,elleétaitseulementhumaine.Cedevaitêtrel'instinctmaternel.Etellen'enavaitjamaismanqué.

-Jevaisbien.

Kyliesemorditl'intérieurdelajouepournepaspleurer.

-Ques'est-ilpassé,montrésor?

Deslarmesseformèrentdanssesyeux.

-Rien.(ElleregardaSocksserepositionnersurl'oreilleretpriapourqu'ilnesemettepasàl'arroser.Sefairearroserparsonchat-mouffette,ilnemanqueraitplusqueça!)Unedurejournée,voilàtout.

-Commentça?Tuveuxrentreràlamaison?Tun'asqu'unmotàdireetjevienstecherchercesoir.

-Non,maman.J'adoreêtreici.

Kyliesesouvenaitquesamèreneluiavaitpasencoredonnésonavalpourqu'elles'inscriveaupensionnatdeShadowFalls.Parconsé-

quent,ellenedevraitpasévoquerdepointsnégatifssurlecamppourl'instant.Elledevraitpoussersamèreàaccepter...surtoutsi...Kylieétait,enfindecompte,unloup-garou.Commentdoncexpliquercelaàunparenthumain?

-Je...j'aicommisuneerreuraujourd'huietquelqu'unquicomptevraimentpourmoim'enveutterriblement.

–Nouscommettonstousdeserreurs.Tun'asqu'àt'excuser.

-Jel'aifait.

-Etonnet'apaspardonné?Ont'enveutencore?

-Pasvraiment.Lapersonneestjustedéçue.

LapoitrinedeKyliesegonfladeregretsquandellerevitHolidayleluidire.Lajeunefillesavaitcequec'étaitd'êtredéçueetblesséeparquelqu'unàquil'onfaisaitconfiance.

C'étaitpirequedeluienvouloir.Commesonpère.D'accord,elleétaitàlafoisblesséeetfurieusecontrelui,maisladouleurluiavaitbrisélecœur.Si,parfois,êtreencolèrepouvaitfairedubien,êtreblessén'ap-portaitriendebon.Rienderien.

-Tuveuxmeracontercequis'estpassé?demandasamère,commesiellenesouhaitaitpasêtreindiscrètemaisestimaitquesondevoirmaternell'yobligeait.

Étonnamment,Kylieeutenviedeluirépondre.Ellenepouvaitpastoutluidire,etelles'engarderaitbien,maisellepouvaitluiouvrirsoncœur.

-Quelqu'unm'afaituneconfidence.Etjel'airépétée.Acemoment-là,jepensaisvraimentquecelapermettrait...derésoudreunproblème.

Mais...

-Maisnon?

-Non.Enfin,rienquejenepuissevoirpourl'instant.

-Kylie,ondiraitquetuessaiesdefairecequ'ilfaut.Ataplace,jenememontreraispasaussidureenversmoi-même.Cen'estqu'unpetitaccidentdeparcours,mafille.

Lesparoleschoisiesparsamèrefaillirentlafairerire.N'était-cepasexactementcequeKylieavaitditàMiranda?Peut-êtrequ'elleressemblaitplusàsamèrequ'ellenelepensait.Ellesentitsagorgesenouer.

-Jet'aime,maman,déclaraKyliesansréfléchir.

–Oh,bébé!répliquasamère,quisemblaitdésormaissurlepointdepleurer.Moiaussi.Jepeuxfairequelquechosepourtoi?Jepeuxvenirdistribuerdescoupsdepiedauxfesses,situveux!

Unelarmeruisselasurlajouedelajeunefille.

-Tuferaisçapourmoi?

-Illico!

Kyliegloussaetreniflaenmêmetemps.

-Tuesprêteàchangerdesujet?Àparlerdequelquechosededrôle?demandasamère,brusquementexcitée.C'estlemotifdemonappel.

-Oui.

Kylies'essuyalesyeux.Entendreunebonnenouvelleneluiferaitpasdemal.

-Tunedevinerasjamaisoùjenousaiinscritesvendredisoir,quandtuseraslà!

-Où?demandaKylieenserendantcomptequ'elleneredoutaitplusderentrerchezelle.

Ceseraitbiendepasserdutempsavecsamère,des'éloigner,avecunpeudechance,desproblèmesquipesaientsurelleici,àlacolo.

-C'esttoiquim'asfaitpenseràça.

-Penseràquoi,maman?demandaKylie,quipercevaitl'enthousiasmedesamère.

-Unechasseauxfantômes.Tutesouviens,tum'asditquelescascadesétaienthantéesaucamp?

–Unechasseauxfantômes?

Kylien'encroyaitpassesoreilles.

-Ondînedansunechambred'hôtequialaréputationd'êtrehantée,etensuiteilsnousemmènentfaireuntour.C'estsupercool,non?

Kylieselaissaretombersursonoreiller.Àprésent,elleavaitvraimentenviedepleurer.

–Ouais.Supercool...

Oupas,pensaKylie.

Unedemi-heureaprèsavoirraccroché,Kyliedécidadecompterlesmoutons,pourinviterlesommeilàvenirl'emporter.Alorsquelemoutonnumérocenttraversaitsonlitd'unbond,lajeunefillerepassadanssatêtesadisputeavecHoliday.

«Cequ'ilressentm'estbienégal.Jen'aipaspartagécelaavectoipourquetulerépètes»,avaitditHoliday.

«Jesuisdésolée.Vraiment,avaitréponduKylie.Etjesaisquej'aieutort,mais...cequetonfiancét'afaitt'empêchevisiblementdevoirlesopportunitésavecBurnett.Tulepunispourquelquechosequ'iln'apasfait.»

«Tulepunispourquelquechosequ'iln'apasfait.»

«Tulepunispourquelquechosequ'iln'apasfait.»

Puisl'espritdeKyliesefocalisaentièrementsursadisputeavecDerek.

«Iln'yaquelesexequit'intéresse,pasvrai?»luiavait-elledit.

«Quoi?Non,jeneparlaispasdeça!»avait-ilrépliqué.Kylieserappelatoutelacolèrequisourdaitenelleàcetinstant.Delacolèrere-foulée,desvestigesdecolère.Decellequ'elleavaitéprouvéeenvers...

Trey.

«Tulepunispourquelquechosequ'iln'apasfait.»

-Oh,etpuismerde!

Kylies'assitbiendroite.Avait-ellefaitcedontelleaccusaitHoliday?

Pluselleypensait,pluselleserendaitcomptequeDerekneluiavaitjamaismislapression.Pasuneseulefois.Cequ'illuiavaitdit,qu'elles'éloignaitdelui,étaittoutbêtementliéaufaitqu'ellel'esquivait.Etçan'avaitrienàvoiravecsondésirdeladéshabiller.

Puisunepartiedudialogueavecsamèreluirevint:

«Nouscommettonstousdeserreurs.Tun'asqu'àt'excuser.»

Samèreavaitraison.Cequi,s'aperçutKylie,étaituneautrechosedontellenel'auraitjamaiscrucapable.Maistantpis,elleavaitraison.

Elledevaits'excuser.

Elleseleva,ôtasachemisedenuitetremitsonjeantropcourt,sonsoutien-gorgetropserré,sestennistroppetitesetuntee-shirt,puispartitàlarecherchedeDerek.

Àl'instantoùKyliesortait,l'airchaudetmoitelafrappa.Ellesemitenrouteversleréfectoire,puiss'arrêta.Derekquittaitgénéralementlessoiréesplustôtpourappelersamère.Ilneracontaitpasàtoutlemondecequ'ilfaisait,maisils'étaitconfiéàKylie.

Lachaleurenvahitsapoitrine.Elleétaitcontentequ'illuiparleàcœurouvert.Oui,elleaimaitvraiment,vraimentDerek,etdetoutsoncœurelleespéraitqu'ilaccepteraitsesexcuses.Commeellenetenaitpasàs'épancherenprésencedepersonnesàl'ouïesupersonique,ellesedirigeaverssonbungalow.Ellesemitàcouriràunealluretranquillequi,quelquessemainesauparavant,auraitétéextraordinairementrapidepourelle.Quandelleavança,ellesentitlesarbresau-dessusd'elleetleventsoufflerdanssescheveux.Elleaperçutdesétoilesbrillantes,maislepaysagenel'intéressaitpas.Ellepréféraitseconcentrersurcequ'ellera-conteraitàDerekquandelleleverrait.

Ami-chemin,unpressentimentl'envahit.Quelqu'unl'observait.Elleralentitetécouta.Lanuitgazouillaitencore,iln'yavaitpasdesilencemortelousurnaturel,maisellelesentaittoutdemême.Jetantuncoupd'œildedroiteàgauchejusqu'àlalisièredesbois,ellevérifiasileloupétaitrevenu.Pasd'yeuxdorés,quilaregardaientd'unairinterrogateurdanslesbuissons.Elleessayadeseconvaincrequecen'étaitrien.Maiselleaccéléralepas,impatientedetrouverDerek-impatiented'avoirsasilhouetteplusmuscléeàsescôtés.

Sesbrasautourd'elle.

Satêtesursonépaule.

Et,pourquoipas,sabouchecontrelasienne.

Ohoui!PenseràDerekchassaitsespeurs.Ellepritlederniervirageetconstataquelebungalowétaitallumé.Ilyavaitquelqu'un.

Jevousenprie,faitesquecesoitlui!

Elleparcourutunecentainedemètreslorsqu'elleconstataquelaported'entréeétaitouverte.Bizarre.Dèsqu'ellegravitlesmarchesduperron,elleremarqual'odeur.Ellen'enavaitpasencoredéfinil'arômequandelleglissaetseretrouvaparterre.

Atterrissantsurlesfesses,ellecollasapaumesurlesolpourserelever.Maislasensationd'unesubstancehumideetépaissesoussamainlafithésiter.

Ellereconnutalorsl'odeurdebaiesmûres.

Dusang.

Sonregardseportasurleperron.

Beaucoupdesang.

Lerectangledelumièrequis'échappaitdupasdeporteattirasonattention,etKylielesvit.Desgouttelettesrougefoncéquiouvraientlechemindanslebungalow,commedesmiettesdepaindanslaforêt.

Soncœurs'arrêta.

Ohnon!

–Derek!hurla-t-elle,maisellen'obtintaucuneréponse.

Elleserelevad'unbondetseprécipitadanslebungalow,sanscesserdecriersonnom.

–Derek?

Soncœurbattaitlachamade.Kyliesuivitlatraînéedesangàtraversleséjour,danslecouloir.Ellemenaitàuneportefermée.Elleenattrapalapoignée.Verrouillée.Elleentenditunbruitdel'autrecôté.

–Derek?cria-t-elle.

Toujourspasderéponse.

Sansréfléchir,motivéeparunepaniqueabsolue,ellereculadequelquespasetenfonçaviolemmentlaported'uncoupd'épaule.Unepartiesortitdesesgondsetl'autresefenditenmorceaux,avantdesefracassersurlesoldelasalledebains.Kylies'effondradessus.Facecontreterre.

Ellecompritsoudainquelebruitqu'elleavaitentenduderrièrelaporteétaitceluideladouche.EllevitalorsunDerektrèsnuettrèsmouillétirerlerideausurlui.

Soncorpsétaitdur,saillantdemuscles.L'offensiveétincelaitdanssesyeuxetdanssaposture.Ilsemblaitprêtàaccueillirunintrus.

Elle,enl'occurrence.

IlfixaKylieduregard,affaléesurunmorceaudeporte.ElleregardaitDerek...nu,agrippéaurideaudedouche.

–Euh...j'aivudusangetjemesuisdit...

Ques'était-elledit?Vampireescroc,massacreuràlahache,tueurensériedanslanature?Danssapeur,ellen'avaitpaspenséaudanger.

SaseuleinquiétudeavaitétépourlasécuritédeDerek.

–Tuascassélaporte.

L'incrédulitérésonnaitdanssontonneutre.

–Jesais,répondit-elle,incapablededireautrechose,etaussidedé-

tournerlesyeuxducorpsdujeunehomme.

–Maisc'estduchênemassif!

-Jesais.

Ellesentitl'épaisboissouselle,quelquepeuchoquée,elleaussi,parcequ'elleavaitfait.Sonépauleétaitlégèrementcontusionnée.Etladouleurlaramenaàlaréalité.

–Tun'aspasdefringues.

Oh,non!Avait-ellevraimentditcela?

-Jesais.C'estcommeçaquejeprendsmadouche,d'habitude.

Ellesentitsonvisagelabrûler.

Commesonabsencedevêtementsnesemblaitpasinquiéterlegar-

çon,Kyliedécidades'enpréoccuper.Aprèstout,c'étaitellequiavaitdé-

boulécommeunouragandanssasalledebainsetquiavaitcassésaportependantqu'ilsedouchait.

Elleluitournaledos.Ungestecomplètementinutileetimproductif.

Celanel'empêchapasdelevoir.Lemiroiraccrochéau-dessusdula-vabo,faceauquelellesetrouvait,luioffraitlemêmespectacle.

Untrèsbeauspectacle...Elleavaitvudeshommesnusdansdesfilms.Enfin,presque.Etelleavaitvudesstatues.Desstatuestailléesdanslapierre,auxposesmagnifiques,quinelaissaientrienàl'imagination.Maisenchairetenos,c'étaitcarrémentmieux.

PuisKylieserenditcomptequependantqu'elleenprofitait,Derekl'observait.Danslemiroir,leursregardssecroisèrent.Lesangempour-pradenouveaulevisagedeKylie.Elledétournalesyeuxdesonrefletdanslaglaceetlesposasurseschaussures,aumomentoùDerekattra-paituneserviette.

Elledécidaalorsdesejustifierencore:

–J'ai...j'aivudusangetj'aipaniqué.

–Ouais,répondit-il.Chrism'afaitsaignerdunezenmedonnantuncoupdecoude,aubasket.

Elleregardasonvisagedanslemiroir.

-C'estgrave?

-Justelenezquisaigne.(Entenantlaservietteautourdesataille,ilattrapasonjeanetcroisadenouveauleregarddeKyliedanslaglace.)Jevaisenfilerunpantalon.Tuferaispeut-êtremieuxdebaisserlesyeux.

Elles'exécutaetrougitencore.Ellenerelevalesyeuxquelorsqu'elleentenditlafermetureÉclair.Derekserapprochad'elle,toutprès,etluitenditlamain.Ellelaprit.

–Tuvasbien?demanda-t-il.

Ellesefrottal'épaule.

–Justequelquesbleus.

Ellelevitregarderlaporte.

-JediraiàHolidayquec'estmoi.

-C'estbon.

Ilramassaunboutdeboisettentadeletordre.Commeilrestaitintact,DerekreposalesyeuxsurKylie.Puisiltouchasonbrasetremontalentementlamainjusqu'àsoncoude.

Soncontactétaitchaudethumide,unpeucommel'airdanslasalledebains.Desfrissonsgrimpèrentlelongdubrasdelajeunefilleetenvahirentsapoitrine.Sonregardseposasurleslargesépaulesde

sonamietellevoulutl'embrasser,làoùelleavaitsisouventposésatête.

-Tuesencorechaude,constata-t-il.Entempsnormal,unvampireneprendpasdeforcetantqu'ilnes'estpasmétamorphosé.

Ladéceptiongâchal'ambiance.S'ill'avaittouchée,c'étaituniquementpourvérifierlatempératuredesoncops,pasparceque...Uniquementparcequ'ils'étaitsentiobligédelefaire.

-Jecroisquec'estça,leproblème,déclara-t-elle.Jenesuispasnormale.(Ellesemorditlalèvreetdécidadeluiavouer.)Holidaym'aapprisque...quecertainesfemellesloups-garousconnaissaient...(Ellebaissalesyeuxsursapoitrine.)despousséesdecroissanceàmonâge.

-Donc,ellepensequetuesunloup-garou?

-Non,pasvraiment.Elleaditque...riend'autrenesemblaitallerdanscesens.Nousvoilàdoncderetouràlacase«départ».

-Désolé.Jesaisquetuveuxobtenirdesréponses.

Illuicaressadenouveaulebras,etcettefois,ellecompritquecen'étaitpaspourvérifiersatempérature.Lesfrissonsetsabellehumeurrevinrent.

Dansunprofondsoupir,ellecroisasesmagnifiquesyeuxverts.

-C'estpourçaquejesuisvenue.

-Pourquoi?demanda-t-il.

Dereksortitdelasalledebainsetserenditdevantlapremièreporteàdroite.Ellelesuivitets'arrêtaquandelles'aperçutquec'étaitsachambre.Ellel'observaprendreuntee-shirtdanssonarmoire.Illetintcontresonventreplat,maissansl'enfiler.Elleeutlesentimentfouqu'ilnelemettaitpasparcequ'ilsavaitqu'elleadoraitleregarder.Ils'approchad'elle.

-Pourquoies-tuvenue?

Concentre-toi.Concentre-toi.Arrêtedepenseràsoncorps.

-Pourtedirequejesuisdésolée.Dem'êtrecomportéeenbellegarcecetaprès-midi...J'étais...paumée.C'estvrai,Trey...ilm'afaitsouffrir,etquandtuasditcequetuavaisfait,j'aiaussitôtfaitlerapprochementavecTrey.Çam'avraimentblesséeetjecroisquej'aibêtementtouttransférésurtoi.

Derekl'attiracontreluietcollaseslèvresauxsiennes.Lebaiserétaitardent,passionné,etKylienevoulaitpasqu'ils'arrête.CefutDerekquis'éloigna.Elleétaitcontente,toutefois,deconstaterquesonsoufflerestaitaussiinégalquelesien.

–Laréponseestoui.

LeslèvresdeDerekétaienthumidesettoujourssiprèsdessiennesqu'ellesentitlesouffledesesparolescontresajoue.

-Je...jenesaispastropquelleestlaquestion,ditKyliequi,ivredesesbaisers,croyaitavoirmanquéunépisode.

-Ladernièrequetum'aiesposéecetaprès-midi,c'étaitsijevoulaiscoucheravectoi.Jetiensàcequeleschosessoientclaires:jetedésire.

J'aitellementenviedetoiqueparfois,jenepensequ'àça.Certainesnuits,jemeréveille.Etjesuissi...(Ilseretintetlaissaéchapperunautreprofondsoupir.)Cequej'essaiededire,c'estquesij'aitrès,trèsenviedetoi,ladernièrechosequejetenterais,c'estbiendetemettrelapressionetdetepousseràfairequelquechosequitedéplairait.

-Çanemedéplaîtpas.

Elleposaunemainsursontorse.Etçaneluidéplaisaitpasdutoutdetouchersapoitrinenue.Latentationdeluidemanderdelefaireaussi,del'entraînerverslelitetdetoutluiapprendreétaitsurpuissante.Toutefois,quelquechoselaretenaitencore.

-Enfin,presquepas.(Elleôtasamaindesapeaunue.)Jecroisqu'ilfautd'abordquejetrouvequijesuis.

Ellefixasontorse,decraintequesielleregardaitDerekdanslesyeux,elleredeviennerougecommeunepommed'amour.Malheureusement,illevalamain,penchasatêteenarrièreetlaforçaàledévisager.

-Jesaisquitues,Kylie.Tuesaffectueuse,drôleetbelle.Tuesbonneenverstoutlemonde,ettoutlemondet'adore.Ettuasbeaucoup,beaucoupdecran.Etçameplaîtbien.

-Enfin,cequejesuis,corrigea-t-elle,ensentantsesdoigtseffleurersoncou.

-Cequetuesn'aaucuneimportance.Parcequecequetuesnechangerapasquitues.(Illâchasonmenton.)Etjenedispasçapourt'attirerversmoi.Jevoudraisjuste...quetupuissestevoiràtraversmesyeux,quetupuissest'apercevoircombientuesexceptionnelle.Etjememoquebiendecequetuseras,enfindecompte.

DeslarmespicotèrentlesyeuxdeKylie.Ellepassalesferrasautourdeluietcollasajouesursontorse.Ilsentaitlepropre,lesavonetl'humidité.

-C'esttoiquiesexceptionnel,murmura-t-elle.

-Pasdutout,répondit-ilenriant.Sijel'étais,jeneseraispasentraindemedemandercommenttefairechangerd'avispourteconvaincredecoucheravecmoi,maintenant,toutdesuite!Allez,sor-tonsdecettechambreavantquejenedécidedeteplaquersurmonlit.

Elleritàsontouretleregardadanslesyeux.Ilsouritetpassaunemainsoussontee-shirt,sursondosnu.Puisilluipritlataille.

-Cedéfonçagedeporteétaitsuperexcitant!

-Etquetusoisnu,çanel'étaitpas?

Avait-ellevraimentditcela?Immédiatement,ellesouhaitaquelesoll'engloutisse.

–Pasdutout.C'étaitclairementl'histoiredelaporte.Quoique,situn'avaispasétéhabillée...(Illaissaéchapperunebonneboufféed'air.)Bon,onferaitmieuxd'arrêterdeparlerdeça.

Ils'éloignad'elle,luipritlamainetl'entraînahorsdesachambre.

Ellelelaissalaconduiredanslesalon.Iljetauncoupd'œilaudivan,puisreposalesyeuxsurelle.Ilsétaientlourds,ensommeillésetbrûlants.

-Presqueaussidangereuxquelelit...

Kyliesefenditd'ungrandsourireetDerekl'attiradehors,sousleporche.Ilenfilasontee-shirt,puiss'adossaaubungalow,làoùiln'yavaitpasdesang.Unefoisinstallé,illevalesyeuxetluifitsignedes'asseoiràcôtédelui.Elles'exécutaetserapprochavite,sonbrasreposantcontrelesien.

–Merci,dit-elle,latêtesursonépaule.

Ill'attiraunpeupluscontrelui.

-Derien.

Ilsgardèrentlesilencependantplusieursminutes.Assisetoutcontrelui,Kylieabsorbalasensationdesoncorpscontrelesien.Desquestionstournaientdanssonesprit.Maislahontel'empêchaitdelesformuler.

-Vas-y,demande,dit-il,presquecommes'illisaitdanssespensées.

Ellelevalatête.

-Demanderquoi?

-Cequitegêneetsuscitetacuriosité.Jepeuxdéchiffrertessentiments,tutesouviens?

Ellefronçalessourcils.

-Etçaaussi,jedéteste.Jeneveuxpasquetulisesenmoi.

-Maisjen'ypeuxrien!Jenesaispascommentnepastelire.

Ilgloussaetlaregarda.Exactementcommetouteslesautresfoisoùilsétaientensemble,lanuitressemblaitàuncontedefées.Lesétoilesétincelaientcommedesdiamantsdansleciel.Lesarbressemblaienttropdenses.Lalune,quiseraitpleinedansmoinsd'unesemaine,diffusaitsuffisammentdelumièrepourqueKyliepuissevoirlevisagedeDerek.

-Jecroisquetuvasavoirunbleu.

Elletouchal'arêtedesonnez.

Ilpritsamaindanslasienneetenembrassalapaume.

–Alors,qu'est-cequitegêneetsuscitetacuriosité?

-C'estjusteque...

Sielleneleluidisaitpastoutdesuite,ilimagineraitsûrementlepire.Maisbon,cequisuscitaitsacuriosité,c'étaitpeut-êtreça,justement.

–Demande-moi,etpuisc'esttout.

Illuidonnaunpetitcoupd'épaule.

Ellehésita,puislançacommeça,sansréfléchir:

-Jevoudraissavoiraveccombiendefillestuessorti.Tuaspresquedix-huitanset...(Ellesetut.Ellesavaitqu'iln'étaitpaspuceau,etpasuniquementparcequesesproposl'avaientconduiteàlepenser,mais...

simplementàsafaçond'embrasser.)

LefrontdeDerekseplissaetelledevinaqu'ilregrettaitdel'avoirincitéeàl'interroger.

-Oh...dit-il.

-Oh?répéta-t-elle.(Etlà,plusquejamais,elledésiraituneré-

ponse.)Tum'aspousséeàtedemander.Maintenant,tudoisrépondre.

Ilhésita.

-Quelques-unes.

-C'estvague.

Elledégageasesdoigtsdessiens.

Ilinspira,puisexpira.

-D'accord,quatre.

-C'estplusquequelques-unes.

-Désolé.(Ilneniaitpasqu'ilavaitmenti.)Çafaitjustebizarredeparlerdeçaavectoi.

–Oui,c'estvrai,acquiesça-t-elle.

Elleserenditcomptequeçaneluiplaisaitpasdesavoir.Queçaneluiplaisaitpasdel'imagineravecuneautre.

-Pardonne-moid'avoirdemandé.

-Paslapeine.(Ils'adossaaumurdubungalowetseremitàécouterlanuit.)Jepeuxteposerunequestion,moiaussi?

-Biensûr.

Unepalpitationdenervositéchatouillal'estomacdeKylie.Maiscommeelleluiavaitdemandéquelquechosesdetrèspersonnel,ellesevoyaitmalluidirenon.

-SiLucasétaitencoreprésent,serais-tulà,assiseàcôtédemoi?

Saquestiontouchaunpointsensible,trèssensible.

-C'estquoi,cettequestion?

-Unedifficile,apparemment.

Ilremontaungenoucontresapoitrineetregardasesorteils.

Quelquechoseluiditqu'illisaitenelle,qu'iltâchaitdecomprendresesémotions.Maiscommentpourrait-ilyparveniralorsqu'elle-mêmeavaitdumal?

-Iln'estpaslà,réponditKylie.

Illaregarda.

-D'aprèslarumeur,ilvarevenir.

Ellesentitsonsoufflesecoincerdanssagorge.

-Peuimporte,seforça-t-elleàrépondre.IlsortavecFredericka.

-Illaplaqueraitpourtoicommeça!dit-ilenclaquantdesdoigts.Iln'estniaveuglenistupide.

Ellesecoualatête.

–Ehbien,jen'aipeut-êtrepasenviedesortiravecquelqu'unquis'enfuiraitavecuneautre.

Ilarquaunsourcil.

-C'estle«peut-être»danstaréponsequim'inquièteplusquelaconfusionqueturessensencemoment.(Ilpenchasonfrontverslesien.)S'ilteplaît,nemebrisepaslecœur,Kylie.

Soncœuràellefaillitsebriser.

–C'estledernierdemesdésirs.

Ill'embrassadélicatement,puisrecula.

-Jedevraisteraccompagneràtonbungalowavantquetoutlemondenesoitderetour.

Ellehochalatêteetpritsamainpourserelever.Ilsallaientquitterleporchelorsqu'ils'arrêta.

-Oh!J'aioublié!J'aiquelquechosepourtoi.

Ilcourutàl'intérieuretrevintauboutdequelquessecondes,unmorceaudepapieràlamain.

-Qu'est-cequec'est?s'enquit-elle.

–C'estlenumérodetéléphoned'undétectiveprivé.

Commeilnepoursuivaitpas,Kyliedemanda:

-Etj'enaibesoinpour?

-Tum'asditquetuessayaisdelocalisertesvéritablesgrands-parents.Cetypeesttrèsfortpourretrouverdesgens.Siquelqu'unpeutyarriver,c'estbienlui.

Kylielevalesyeuxdupapier.

-Crois-tuvraimentqu'ilpourraitmettrelamainsureux,aprèstoutcetemps?

–Ilesthyperdoué,affirmaDerek.

Soncœurseserra.

–Etsûrementhypercher!Jen'enaipaslesmoyens.

Elleluirenditlepapier.Derekluipritlamain.

-Ilneteferarienpayer,Kylie.Appelle-le.

–Pourquoinemeferait-ilrienpayer?Tuasditqu'ilétaitdétectiveprivé.

-Parcequec'estunami.Etj'aieffectuédespetitsboulotspourlui,gratos.

-Tuastravaillépourundétective?

-Ouais.Jevoulaissavoirs'ilpouvaitm'aideràretrouvermonpère.

Cettenouvellelasurpritégalement.EllecroyaitqueDereknevoulaitplusrienavoiràfaireavecsonpère.

-Etill'atrouvé?

-Ouais,réponditDerek.Tuasloupéunesuperpizzacesoir!ajouta-t-il,histoiredeluifairecomprendrequ'ilnesouhaitaitpasenparlerdavantage.

MaisKylieneputs'empêcherdedemander:

-Ettul'asvu?

–Non,j'avaisjusteenviedesavoiroùétaitcesalaud.

Kylieperçutladouleurdesonami.

-Etcommentçasefaitquetuaiesfiniparbosserpourledétective?

–Iltrouvaittrèsutilequejesachelirelessentiments.

SouhaitantapaiserlasouffrancedanslesyeuxdeDerek,elledéposaunautrebaisersurseslèvres.Unvraidevrai.Ellel'attiracontreelle,siprèsquesesseins,quifaisaientunbonnetdeplus,seretrouvèrentcolléscontresontorse.LesmainsdeDerekdescendirentsursataille.Unepaumesefaufilasoussontee-shirtetmontalentement.Ilcaressalehautdesondos,s'arrêtajustesousl'agrafedesonsoutien-gorge,commes'ilnedésiraitpasfranchirlaligne.Unelignequ'ellevoulaitpresquequ'ilfranchisse.

Quandellesedétacha,ellerespiraitplusvite.

-Mercipourça.

Elleluimontralepapier.

-Waouh!dit-ilensouriant,etiltouchaseslèvres.Ets'ilarriveàlestrouver,qu'est-cequetume

donnes?

Elleluiassénauncoupdecoudedanslescôtes.Ilrit,puislapritparlesépaules,etilsrepartirentverssonbungalow.

À8heurespréciseslelendemainmatin,Kylie,quiavaitunecolocenmoins-Dellaétaitpartievaqueràsescérémoniesdevampire-,s'employaitàsedébarrasserdel'autre.ElleditàMirandad'allerdéjeunersanselle,qu'ellelarejoindraitplustard.Mirandaavaitfranchileseuil,maiselleeffectuaunesortederituelpendantcinqminutes.Kyliefinitparpasserlatêteparl'entrebâillementdelaporteetluidemanda:

-Quefais-tu?

-Jetel'aidéjàdit,j'essaiejustedeprotégernotrebungalow.

Kyliesesouvintquesonamieprétendaitqu'uneprésenceimportunerôdaitdanslesparages,bienqu'elle-mêmen'eûtrienressentidutout.

Hormislorsqu'elleseretrouvaitseuldanslesboisousurleschemins.

-Leprotégerdequoi,aujuste?

Mirandajetadesherbesenl'air.Ellescrépitèrentetéclatèrentenre-tombant,indiquantàKyliequecen'étaientpasdesherbescommelesautres.

-Jenesaispasvraiment...

-N'avais-tupasdéjàfaitquelquechosepourt'endébarrasser?

-Si,maisleméchantestencorelà.Ilrefusedes'enaller.

Kylienetenaitpasàleluidemander,maiselleseditqu'elledevaitlefaire.

-Est-cequeçapourraitêtreunfantôme?

Parcequesic'étaitlecas,Kylien'étaitpasd'accord.QueMirandalevoulûtounon,lesfantômes,c'étaitsonjobàelle.Certes,jusque-là,lesrituelsdelasorcièren'avaientpasempêchélesmortsdeluirendrevisite.

Toutefois,sisesherbestenaientDanielàdistance,d'unefaçonoud'uneautre,Kylienepourraitl'admettre.Elleavaitvraimentbesoindeluiparler.

-Non,çan'arienàvoiravectesesprits,réponditMiranda.

-Alorsqu'est-cequec'est?

Kylie,légèrementnerveuse,serappelalevampireimportundel'autrenuit.

-C'estvrai,quoi!Dellalesauraitsic'étaitunvampireescroc,non?

-Oui,maiscen'estpasnormal.Ilyadelamagieenjeu.Jen'arrivepasàmettreledoigtdessus,maisj'ytravaille.

ElleytravaillecommequandelletâchederendresaformedefélinaSocks?

Kyliegardacelapourelle,afindenepasblesserMiranda,maiselleneputs'empêcherdelepenser.

-TuenasparléàHoliday?s'enquit-elle.

–Pasencore.Laisse-moid'abordessayerdem'enoccuper.

Kylieopina,maisellen'étaitpastrèsconvaincue.

-Tuesprête?demandaMirandaaprèsavoirjetédenouvellesherbes.

-Non.(Kylieenlevadesescheveuxquelquesherbesminusculesquicrépitaient.)J'ai...descoupsdefilàpasser.

-D'accord,maisfaisvite.Après«Uneheurepourfaireconnaissance»,nousdevonscuisinerensemble;aujourd'hui,noussommescenséspréparerdesbrownies,ettoi,lesdécorer.Maisonnenouslaisserapaslesmangertantquetun'auraspasterminétontruc.Ormoi,j'adorelesbrownies!Etjeneveuxpasattendre!

-Jefaisauplusvite.

Kylieappréciaitbeaucouplescoursd'artculinaireauxquelselles'étaitinscritelasemaineprécédente.Quiauraitpenséqu'elles'éclateraitàdécorerdescupcakes?Dessineravecuncrayonetunpapiern'avaitjamaisétésontruc,maisglacerdesgâteaux,c'étaitvraimentgénial!Elleavaittoujoursadoréregardercesémissionssurlecâble.

Mirandaentrepritdes'enaller,puisrevintsursespas.

-Quiappelles-tu?

Lenumérodudétectiveprivéàlamain,Kyliefaillitluidirelavérité,puisseravisa:ellen'étaitpasprêteàpartagercetteinformation.

-Jet'expliqueraiplustard.

-Trey?fitMiranda.

-Jamaisdelavie!réponditKylie.

-Sara?

-Jet'expliqueraiplustard,répéta-t-elleenserenfrognant:ellesesouvintqueSaran'avaittoujourspasessayédelarappeler.

-Unadmirateursecret!poursuivitMirandacommesic'étaitunjeu.

Unsuperbeaugossequiembrassecommeundieuetdonttunenousauraispasencoreparlé?Ohlàlà!Présente-le-moivite!

Kyliegrommela.

-Jen'aipasdesuperbeaugosse.

-Ahbon?VucommetuasrougiquandtuasparlédeDereknu,jemesuisditquec'étaitlui,tonsuperbeaugosse!

-Vaprendretonpetitdéjeuner!lachassaKylie.

–Oooooooookay!fitMiranda,etelles'enalla.

Kylierefermalaporteetregardalepapierdanssamain.

Elleavaitenfinl'impressionqu'elledécouvriraitbientôtdesré-

ponses.Ellen'avaitpaseudechance.Ellen'avaitpaspuretrouverlesparentsadoptifsdeDaniel,ellenesavaitmêmepass'ilsétaientencorevivantsetellenevoyaitpasdutoutcommentcherchersesvraisparents.

MaissiDerekavaitraison...sicetypeétaitsibonqueça,peut-êtreleslo-caliserait-il.Etcommec'étaientdessurnaturels,oudumoinsl'undesdeux,etqueleurespérancedevieétaitpluslongue,alorsilyavaitdeforteschancesqu'ilsfussentencoreenvie.

Etsiellelestrouvait,elleobtiendraitsesréponses.Ellesauraitenfincequ'elleétait.ElleespéraitdufondducœurquecetypeétaitaussidouéqueDerekleprétendait.

EtilluisuffitdepenseraunomdeDerek-oupeut-êtreétait-cetoutecettehistoirede«superbeaugosse»deMiranda-pourqueKylieserejouelanuitpassée.Lascènedeladoucheetdesbaisersardents.

«Waouh!Ets'ilarriveàlestrouver,qu'est-cequetumedonnes?»

LaquestiondeDerekrepassadanssatête.Ellesavaitqu'ilplaisantait.Iln'espéraitaucunpaiementdesapartenéchangeducoupdemain.

Etpeut-êtreétait-ceenpartielaraisonpourlaquelleellesouhaitaitleré-

compenser.Oupasexactementlerécompenser.Elledésiraitjuste...

Attention,terrainglissant,sedit-elle.

Ilétaitbeaucouptroptôtpoursemettreàsongeràcegenredechose.

Penseplutôtàtadécorationdecupcakes.Ouàpassertoncoupdefil.

Kyliepritletéléphonesurlecomptoirdelacuisineets'assitdevantl'ordinateur.Ellerespiraunbon

coupetcomposalenumérodudétective.

-BritSmithAgency.

-Bonjour.(Ellenesavaitpastrèsbienparoùcommencer.)Euh...jem'appelleKylieGalen.

-LananadeDerek?demandal'homme.

Kyliesentitsonventresetortiller.C'étaittrèscool,mêmesi,officiel-lement,ellen'étaitpas«lananadeDerek».Maisbon,aprèsl'avoirvunu...Attention,terrainglissant.

-Derekm'aditquevouspourriezm'aideràretrouverquelqu'un.

-Oui,ilparaîtquetonpères'estfaitadopter.Laisse-moiprendredesnotes.

-Biensûr.

Enattendant,Kyliedécidadeconsultersese-mails.Elleagitalasourispourréveillerlamachine.

Quelquessecondesplustard,unarticleduSpringvilleTimesapparutàl'écran.Quandellesemitàlelire,elleserenditcomptequecen'étaitpasn'importelequel:c'étaitlarubriquenécrologiquedujournal.

Springville.Dellan'était-ellepasoriginairedeSpringville,Texas?Maispourquoiétait-elle...

–Prêt,ditM.Smith.Lenomdetonpère?

Kyliedétournalesyeuxdel'ordinateur.

-DanielBrighten.

-Lenomdesesparents?

-Jeneleconnaispas.

–OK.Dansquelcomtéest-ilné?

-Je...nesaispas.

–Maisc'étaitauTexas,n'est-cepas?

Kylieperditdeplusenplusespoirquecelalamènequelquepart.

-Jenesaispas.

-OK,dit-il,maiscettefoisson«OK»étaitmoinsenthousiaste.Etsitucommençaisparmedirecequetusais?

L'espritdeKylierassemblalesinformationsensapossession.

-SesparentsvivaientàDallasquandmamèrel'arencontré.J'ai...

appelétouslesBrightendelacirconscriptiondeDallas.Jusque-là,jen'aitrouvépersonnequiprétendeconnaîtremonpère.

EllepoursuivitetluiracontaqueDanielétaitmortdurantlaguerreduGolfe.Etluiparlamêmeunpeudelarencontredecelui-cietdesamère.Ilsn'iraientpasbienloinavecça,ellelesavait.

–Onn'irapasbienloin,avecça,confirmaM.Smith,commepourluiprouverqu'elleavaitraison,cequiladémotivaencoreplus.Maisjevaisvoircequejepeuxdégoter.Jetravaillesurunegrosseaffaireencemoment,etcelarisquedeprendredutempsavantquejem'ymette,maisdèsquej'aiquelquechose,jetelefaissavoir.Pendantcetemps,tucontinuesàposerdesquestions.

-Aqui?

-Àtamère,biensûr.

-Jepensequ'ellem'adittoutcequ'ellesavait,réponditKylie.

-Peut-être.Maislesparentsadorentdivulguerdesinformationssurleurshistoirespassées,cegenredetruc.

Kyliesemorditlalèvreetsedemandas'ilpouvaitavoirraison.Unechoseétaitsûre:samèren'étaitpasdesplusouvertes.

-Vousavezraison,j'imagine.

-Oui,etmêmesiellenetecacheriendélibérément,siçasetrouve,ilyadesinformationsqui,pourelle,nesontpasimportantes.Ellesaitquetucherchesàretrouversafamille,hein?

-Euh,pasvraiment.

Unsilences'ensuivit.EtellesupposaqueM.Smithsedemandaitsibosserpourunemineurepourraitluiattirerdesproblèmes.

-J'ail'intentiondeleluidire,lançaKylie.Simplement,jen'enaipasencoreeul'occasion.

Nidécidédelefaire.

-Bien.Crois-moiquandjedisquecegenredechoseserésoutaumieuxsionlesabordedefront.

-Oui,réponditKylie,etelleessayad'imaginercommentcetteconversationavecsamèresepasserait.

Commentpourrait-elleexpliquerqu'ellevoulaitrencontrerlesvraisparentsdeDaniel,etpasuniquementsesparentsadoptifs,parcequ'elleavaitbesoindesavoirquelgenredesurnaturelleelleétait?

Enraccrochant,elleserassit,déprimée.Ledétectiven'étaitpluslasolution,manifestement.Etsicelanemarchaitpas,qu'est-cequimar-cherait?Siseulementellepouvaitobtenird'autresinformationsde

Daniel!

Ellelevalesyeuxauciel.

Etsituvenaismerendreunepetitevisite,parhasard?

Aucunfroidspirituelnepénétradanslapièce.Kylieallaitseleverlorsquesonregardfutattiréparl'écranetlarubriquenécrologique.Elleconstataquelesdatesdesdécèsremontaientàhuitmois.

Uneterriblepenséel'envahit...Dellaconsultait-ellelanécrologieparceque...ellecroyaitavoirtuéquelqu'unaucoursdesatransformationetqu'ensuiteçaavaitétéletrounoircomplet?

Sesyeuxsereposèrentsurl'écran,surlevisagedesmorts.Seulesquelquesnécrologiesrépertoriaientl'originedudécèsetaucunenemen-tionnait:«Vidédesonsang.»Si,aufonddesoncœur,ellesavaitqu'elledevraitsesentirmalpourlesmorts,elleneputs'empêcherdepenseràDella:durdecroirequel'onavaitpeut-êtretuéquelqu'un,non?

Lesquelquesjourssuivantsnefurentqu'unvaguesouvenir,sansévénementmarquant.KylieavaittâchédeparleràDelladecequ'elleavaittrouvésurl'ordinateur,maiscettedernièrerefusaitladiscussion.

ElleavaitessayédeselancerdansuneconversationausujetdeDanielavecsamère,maiscelle-cil'avaitenvoyéebalader.

Sitouslesmatins,uncoupdeventglaciallaréveillaitpileàl'aube,l'esprits'enallait,sanscontactvisuelniverbal.RiendeDanielnonplus.

Manifestement,donc,toutlemonde,chezlesfantômes,avaitdécidéd'envoyerpromenerKylie.

Ellenesavaitpascequecelasignifiait.Danielnesemontraitplus.IlavaitaffirméquesontempssurTerreétaitdésormaiscompté,maisquepenserdelamortequirépétaitconstammentquequelqu'unqueKylieaimaitmourraitbientôt?

Holidayluiditdenepass'inquiéter.Quequandl'espritauraitbesoindeparler,elles'exprimerait.Elleessayamêmedeluiassurerqu'ilyavaitdeforteschancespourquel'absencedufantômesoitunebonnenouvelleplutôtqu'unemauvaise.Soitelleavaitcomprisqueleschosesn'étaientpasaussiimminentesqu'ellel'avaitcruaupremierabord,soitons'étaitoccupédelasituation.Kyliemisaitsurcettedernièreoption.

Mais,viscéralement,ellesavaitqu'ellenedevaitpastroprevoirsesespoirsàlahausse.

SiHolidayetKylies'étaientcroiséesdeuxfoisdepuisquecettedernièreluiavaitavoués'êtreconfiéeàBurnett,ladirectrices'étaitmontréeplutôtdistanteettrèsterreàterre.Kylieavaitessayédeluiprésenterdenouveaudesexcuses,maisHolidayl'enavaitempêchée,auprétextequec'étaitoublié.

Oublié,peut-être,pardonné,sûrementpas.Kylielesentitquandelleregardaladirectricedanslesyeux.Etladouleurdesavoirquesonerreuravaitmodifiéleurrelationlaissaunvidedanssapoitrine.Pouraggraverleschoses,ilsemblaityavoirencoreplusdetensionentreHolidayetBurnett.Àl'évidence,l'interventiondeKylien'avaitnonseulementserviàrien,maiselleavaitrenforcéle

désaccordquilesdivisait.

-Tuesprête?entendit-elleMirandacrierdepuisleséjour.

Sockslevasapetitetêtedumatelasetcracha.Pasdedoute,lechaton-mouffetteenavaitassezqueMirandalesuivepartoutpouressayerderéparersabêtise.Kylieneseraitpasétonnéequelabestiolefinisseparluipisserdessus.

-Non,jenemesuismêmepascoiffée!hurlaKylieenretour,etellecherchasabrosse.PourquoitunedescendspasretrouverDella,etmoi,jevousrejoinsdèsquepossible?

-Compris!criaMiranda.Maisdépêche-toi,jesuispressée!Ondiraitquejen'aipasfaitdeshoppingdepuisdesannées!Etquandtusors,contente-toidefermelaporte,neladéfoncepas,merci!

Kyliefronçalessourcilsetregrettad'avoirracontéàsesamieslascènedeladouchechezDerek.Maislagarderpourelleneluiauraitpassembléjuste,mêmesielleslataquinaientàcesujet.

-Holidaya-t-elleditquenousdevrionsêtrederetouràuneheureprécise?criadenouveauMiranda.

-Non.

Endépitdeladistancequ'elleaffichait,HolidayavaitacceptédelaisserKylie,DellaetMirandaprendrel'undesvéhiculesdel'écolepourallerfairedushoppingenville.Fautedecetteautorisation,Kylieauraitdûemprunterleschaussuresetlessoutiens-gorged'uneautre.Heureusement,lapousséedecroissancesemblaits'êtrearrêtée.Maiscelanel'empêchaitpasdesefairedusouci.Qu'est-cequetoutcelasignifiait?Etquandserait-ellesûredelasuiteàcentpourcent?Lundi,ceseraitlapleinelune.Lesloups-garousducampavaientprévuleurrassemblementpoursesoir-làetautoriseraientmêmelegroupeàlesregardersemétamorphosertouràtour.

Detempsàautre,chaquefoisqueKylielaissaitsonesprits'yaventurer,ellecraignaitdedevoir,elleaussi,fairesoncoming-outcesoir-là.

Sileschangementsqu'avaitsubissoncorpsétaientliésaufaitqu'elleétaitunloup-garou,nepourrait-ellepas,elleaussi,légèrementsetransformer?Rienqued'ypenser,soncœurbattaitlachamade.Yarriverait-elle?Serappellerait-ellequielleétait?

Kylieentenditlaportedubungalowsefermeretattrapasontélé-

phone,histoiredes'assurerqu'ellen'avaitpasmanquéd'appeldeM.

Smith,ledétective.Enregardantl'écran,elles'aperçutqu'elleavaitdesmessages.Celafitnaîtrel'espoirenelle:etsic'étaitluiquiavaitdebonnesnouvelles?

Maisnon,pasdutout.Pasdecoupdefildudétective.

Deuxautresmessagesdesonbeau-pèreetundeTrey.

Super.Elleeffaçalestroismessagessansmêmelesécouter.QuandKyliecherchasabrossedanssontiroir,sesyeuxseposèrentsurlalettredeLucas.Lacuriositéladévorait,maisuneautreémotion-

qu'elleauraitplutôtdécritecommeunsentimentdeculpabilité-lapoussaànepasl'ouvrir.

«S'ilteplaît,nemebrisepaslecœur,Kylie.»

LesparolesdeDerekrepassaientdanssatête.Ellen'avaitpasl'intentiondebriserlecœurdeDerek.Ellen'avaitpasl'intentiondesortiravecLucas.Alorspouvait-onluiexpliquerpourquoielleculpabilisaitàl'idéedelirecettelettre?

Peut-êtreparcequ'ellenecessaitderêverdelui.Oupresquedelui.

Étrangement,lesrêvess'arrêtaienttoujoursavantmêmedecommencer.

Toutefois,Kylieavaitlesentimentquec'étaitmieuxainsi.Ellepressen-taitqu'ilsressembleraientbientropaurêvequ'elleavaitdéjàfaitdelui.

Danslequelilss'embrassaient,setouchaient,etoùlesvêtementsétaientoptionnels...

Pourquoicontinuait-elleàrêverdelui?

Parcequetuéprouvesdessentimentsnonrésoluspourlui,luiréponditunevoixintérieure.

Unevoixquidevraitvraimentlafermer,souhaitaitKylie.EllenevoulaitrienressentirpourLucas.IlétaitpartiavecFredericka.Etdésormais,ellesortait...presqueavecDerek.Ilsnes'étaientmêmepasembrassésdepuislesoiroùellel'avaitvunu.Unsouvenirquines'aventu-raitjamaistroploindesatête.Toutefois,depuiscesoir-là,Derekgardaitplusoumoinssesdistancesavecelle.Kylienesavaitpassic'étaitparcequ'ilsentaitqu'elleétaitencoregênéequetoutlemondedécèlesondésirirrésistiblepourluiousic'étaitpouruneautreraison.

C'étaitpeut-êtresafaçonàluideluimontrercequecelafaisaitd'êtrefui.MaisDereknesemblaitpasdugenreàjouerauchatetàlasouris.

Peut-êtreétait-cesimplementparcequ'ellenes'étaittoujourspasengagéeverbalementàformeruncouple,àsortiraveclui.NonpasquecelaeûtunquelconquerapportavecLucasousalettre.Pasdutout.Lucasappartenaitaupassé.Mêmes'ilrevenait.IlavaitfaitsonchoixquandilétaitpartiavecFredericka.

Maisellenesemontreraitpaspourautantgrossièreenversluis'ilrevenait.Ilspourraientmême...êtreamis.Aconditionquesachériedeloup-garoulepermette.

PenseràFrederickaramenaKylieàlanuitoùelles'étaitretrouvéepriseaupiègedanssachambreaveclelion.LesFrèresdesang,ungangdevampiresescrocs,s'étaientmisàterroriseretàtuerlafaunedelaré-

serveanimalièrevoisine,dansl'espoirquel'URFaccuseraitlacoloetfer-meraitensuitesesportes.Faireentrerleliondanslecampavaitfaitpartiedeleurmachination.MaisKylienepouvaits'empêcherdesedirequequelqu'unavaitenfermélefélindanssachambre.Cequelqu'undevaitêtreFredericka.Avait-elletortdelasoupçonner?Non,sûrementpas.

Zutalors!Cevoyageaupaysdusouvenirétaitidiot.Toutcommesadécisiondenepasouvrirla

lettredeLucas.Elleattrapal'envelopped'uncoup,ladécachetaetallaitensortirlalettrequandletéléphonesonna.

Ellefittomberlalettresurlelitet,aprèsavoirvérifiélenuméro,pritl'appel.

-Salut,maman.

-Salut,mabelle.(Samèresoupira.)J'aipeurd'avoirdemauvaisesnouvelles...

-Quoi?Justealors,latempératuredelapiècechuta.Kyliesentitsonventresenouerenunnœudtrèsserré.Quelqu'unqu'elleaimaitavait-ilétéblessé,commelefantômel'enavaitavertie?)Tuvasbien,maman?demanda-t-ellealorsquelapaniquecommençaitàluiserrercœur.

-Non,çanevapas.

Latempératuredescenditencorededixdegrés.

–Quesepasse-t-il?Qu'est-cequinevapas?

-Jeviensderecevoirune-mail.MaboîteinsistepourquejemerendeàuneréunionàNewYorkdemain.C'estavecungrosclientet...jenepourraipaspasserpendantlejourdesparents.J'aivérifiés'ilyavaitunvoldenuitauretour,maisilestdéjàcomplet.

Lefroidpersista,mêmesilapaniquedeKylies'atténua.

-C'estbon.

Elleregardaautourd'ellepourvoirsilefantômes'étaitmatérialisé.

Non.EllecaressaSocks,quipassalapièceenrevue,nerveux.L'animalsavaittoujoursquandunespritétaitlà.

-J'avaisenviedetevoir.J'ail'impressionqueçafaitdesmois!

-Çanefaitpasdesmois,ditKylie.Justequinzejours.(Pourtant,aufondd'elle,lajeunefilles'aperçutquecelaluimanqueraitàelleaussi.)Jerentreàlamaisondansdeuxsemaines,pourleweek-end,detoutefaçon.

Nousauronslargementletempsdenousrattraper.

-Etnousavonsledînerdanslachambred'hôtehantéeetlachasseauxfantômes!ajoutasamère,quisemblaitauxanges.

-Oui,çaaussi,ditKylie,quiessayadenepasmontrersapeur.

Ellesbavardèrentquelquesminutesdeleurplanning.Kyliefaillitremettrelesujet«Daniel»surletapis,maisnetrouvapascommenttournerlaconversation.

Enparlant,elleremontalacouette.Lefroidpersistait,s'intensifiaitmême,maisl'espritnese

matérialisaittoujourspas.

-Aufait,devinequij'aivuàl'épicerie?demandasamère.

-Qui?

Ilfaisaitdeplusenplusfroid.

-Sara.

LecœurdeKylieseserradavantage.

-Commentelleva?

-Avraidire,ellen'apasl'aird'allerbiendutout.

-Commentça?Elles'estteintlescheveux?Ouelles'estfaitunpier-cingdanslenez?s'enquitKylie,quisavaitcequecelainspiraitàsamère.

Ellevenaitpeut-êtredetrouverunterraind'ententeavecelle,maiscelanerendaitpassamèreparfaiteetnechangeaitpaslefaitqu'ellecri-tiquaittoujourstoutlemonde.

–Non,réponditsamère.Saran'estpascegenredefille.

Samèreauraitétéétonnéeenapprenanttoutcequel'amiedeKylieavaittrafiquéaveclaboissonetlesgarçons-nonpasquecelafîtd'ellequelqu'undemauvais,ellefaisaitjuste...sonexpérience.

-Ellen'avaitpasl'airbien...c'esttout,poursuivitsamère.Elleestbeaucouptropmaigre.Jenesupportepasquevousayezbesoindefaireuntrente-quatrepourvoustrouverbelles,lesfilles.J'espèrequetunemaigrispas,aumoins!

-Pasdutout,aucontraire,jecroismêmequejegrandis!

Enfronçantlessourcils,Kylieregardasesseins,légèrementinquiètedecequesamèrediraitquandellelaverrait.

-Cequimefaitpenser...Es-tualléefairelesmagasins?demandasamère.Tadirectriceaappelépourquejeluiconfirmequetupouvaisterendreenvoitureenville.Jeluiairéponduquejet'avaisdéjàdonnélapermission.

-Enfait,nousyallonsaujourd'hui.

Lefroidspectrallafitdenouveaufrissonner.

–Bon,amuse-toibien,alors.Etpasdefolies!

Letonmaternelenvahitsavoix.

-D'accord,promitKylie.Pasplusdecentdollars.Jemesouviensdecequetum'asdit.

-Tupeuxmonterjusqu'àcentcinquante.Maispasplus.

-Maman,jen'aipasdemandéde...

-Jesais.(Samèregloussa.)Maisjetelepropose.(Ellesetutuneseconde.)Ahhh,monbébégrandit!(Ellelaissaéchapperunprofondsoupir,dufondducœur.)Oh,j'allaisoublier!J'aiannoncéàSaraquetuallaisvenir.Ellem'aditquetuluiavaisenvoyédestextospourlapréveniretqu'ellet'endevaitun.Etelletecontacterasûrementbientôt.

SaraluidevaitaumoinsquatreSMS,sansparlerdescoupsdefiletdese-mails,songeaKylie.

Ellesbavardèrentencorequelquesminutes.Surtoutdelaventedelamaison-unautresujetsurlequelKyliedevaitsemordrelalangue.

-Jeferaitoutdemêmedemonmieuxpourvenirtevoirsamedi.

Peut-êtrequejepourraiavoirunvolàlapremièreheure.Sij'atterrisà10

heures,jepourraiyarriver.Mêmesijesuisunpeuenretard.

-Maman,c'estbon,net'inquiètepas.Etilssontplutôtstrictssurlesheuresdevisiteici.(Dustyle,situentressansautorisation,turisquesdetefairedescendreparunvampire.)Donc,vraiment,net'inquiètepas,d'accord?

-Tumemanques,c'esttout,selamentasamère.

-Toiaussi.

QuandKylieraccrocha,lefroidglacialdel'espritsubsistaitencore.

Elleeutlasensationfollequelefantômeavaitécoutéleurconversation.

Maispourquoi?

–As-tuquelquechoseàdire?demandaKylie.Quelquechoseàmemontrer?murmura-t-elleavecmoinsd'enthousiasme.

Ellen'aimaitvraimentpaslesvisionsnilesrêvesbizarres,maiss'ilfallaitcelapourrésoudrelasituationetprotégerquelqu'unqu'elleaimait,elles'yferait,etàbienplus.

Aucuneréponsen'emplitl'airglacéet,quelquessecondesplustard,lefroidglacialdisparut.Kylieregardasamontresurlatabledenuitetronchonna.Elleétaitenretard.DellaetMirandaseraientsûrementencolère.

Elleattrapasabrosse,sontéléphone,puissortit.Justeavantdefermer,ellecontemplalalettredeLucassursonlit.

-Pasletempsmaintenant,marmonna-t-elle.

Maisaumomentoùelleallaitpiquerunsprint,elleentenditpresqueHolidaydire:«L'évitementn'estpasunetrèsbonneméthodepouraffrontertesproblèmes.»

Oui,oui,oui,songeaKylie.Chaquechoseensontemps.

-Hé!criaMirandadepuislacabined'essayage,troisheuresplustard.Vousêtesencorelà,vousdeux?

KylieetDella,quiregardaientdeshautssurunportantàcôté,retournèrentverslescabines.

-Oui,réponditKylie.

Depuisdeuxheures,ellesfaisaientdesfoliesdanslesmagasins,etjusque-làellespassaientunesuperjournée.LeseulpointnoiravaitétépourKyliederevoirletrottoiroùelleavaitsurprissonpèreetsatraînéed'assistante.

Mirandasortitdelacabineendéfilantdansunjean.

-Allez,soyezfranches.Est-cequ'ilmefaitdebellesfesses?

-Retourne-toi,luidemandaKylie.

-Tuasdit«debellesfesses»ou«degrossesfesses»?raillaDella,toutsourire.

-Est-cequec'estunevanneparcequejen'aipasbeaucoupdefesses?

Mirandaregardapar-dessussonépaule,commepourvérifiersonderrière.

–Ellessontsuper,lacoupaKylie.

-Hé,ditDella,étantdonnéquemoi,jesuisplatecommeuneli-mande,jemevoismal...(Ellecontemplasesseins.)Jenem'attaquepasauxpartiesducorps.Saufsiellessontpleinesdesanget...

-Chuuut!fitKylie,quis'aperçutquedeuxadolescentestraînaientdanslecoin.

Della,quin'appréciaitpasqu'onlafassetaire,fronçalessourcils.Cequinefitqu'aggraverlamineglobalementintimidantedustyle«Net'avisepasdevenirm'embêter»qu'elleaffichaittoutelajournée.Maiscetteexpressionneleurétaitpasdestinée,àMirandaetKylie.Pasdutout.Acequel'onracontait,desjeunesdelaville,ainsiquecertainscampeursducoin,s'étaientdéjàexpliquésavecdescampeursdeShadowFalls.Kylien'avaitpasvécucegenred'affrontement,vuqu'elleserendaitrarementenville,maisHolidayenavaitparlélorsdeleurdernièreréunionaucamp,etKyliesavaitqu'iln'yavaitpasdefuméesansfeu.

-Pourquoi«chut»?insistaDella.

Kyliaposalesyeuxsurlesdeuxfilles.Lefroncementdesourcilsdesonamies'accentuapoursefairehargneux.

KyliesedemandasiDellan'avaitpasdélibérémentchoisisatenueentièrementnoire,commesi

s'habillerenproblèmeambulantpermettaitdetenirlesproblèmesàdistance.Envérité,ellenesavaitpassisonlooknefaisaitpasplusdemalquedebien.MaisdiscuteravecDellaétaitinutile,etKylien'avaitdoncriendit.

L'unedesfilless'approchaetKylierécitauneprièrerapidepourquecelanegâchepasleurjournée.

-Salut!Moi,c'estAmberLogan,lançalarouquinemignonneenregardantKylie.Tuviensd'arriverenvilleoutuesdans...l'unedecescolos

?

Lafaçondontelleprononçalemot«colos»amenaKylieàcroirequecelasetermineraitmal.

-Unecolo,réponditKylieenajoutantunetouched'amabilitédanssavoix,dansl'espoirderepousserd'éventuelsproblèmes.

-Laquelles'enquitlagrandeblondequisetenaitderrièreAmberetquigratifiaDellad'unregardfroid.

Non,celanesefiniraitpasbiendutout.

-ShadowFalls,réponditavecassuranceDella,dontlesyeuxnoirsdevinrentlégèrementdorés.

Kylieespéraitsimplementquelafillenes'enétaitpasrenducompte.

-Lesboloss,murmuralablondeàAmber.

-Qu'est-cequetuasdit?demandaDella,dontlesépaulesseredressèrentquandelleavançad'unpas,surladéfensive.

Blondiesefenditd'ungrandsourire.

-Avant,onappelaitlacoloBoleCreek.Ducoup,onvoussurnommeles...boloss.Neleprendspaspourtoi,biensûr!

–Ehbiensi,justement!grondaDella.

AmberetBlondiereculèrenttouteslesdeux.KylievitMirandatendresonpetitdoigt,commesielleétaitprêteàjeterunsort.Kyliel'avertitduregard,maiscen'étaitpasellequilapréoccupait.

-Enchantée!lançaKylieauxfilles,etelleentraînaDellaparlecoudeenespérantquecelal'aideraitàentendreraison.

Ellenepouvaitpasjouerlesvampiresdursàcuireaveccesfilles.

Ellenepouvaitmêmepaslesmenacerdelestuersansprovoquerdestonnesdeproblèmes.

-Salut!ajoutaKylie,et,desamainlibre,elleleurfitsignedepartir.

AmberjetaunautreregardprudentàDella.Àl'étincelledepeurdanssesyeux,Kyliecompritquel'adolescenten'étaitpassibêtequeça.

Elleseretourna,donnauncoupdecoudeàsacopineblonde,etlesfilless'enallèrentdeleurcoté.

-Avotreplace,jepiqueraisunsprint,marmonnaDellaensedéta-chantdel'emprisedeKylie.

–J'auraispuleurdonnerlapirecrised'acnéquevousn'avezjamaisvue!ditMirandad'untonsec.

–Etmoi,j'auraispufairebienpire!grondaDella.

-Maisvousnel'avezpasfait.(Kyliepassaunemainautourdubrasdechacune,aucasoùelleschangeraientd'avis.)Vousaveztouteslesdeuxfaitpreuved'uneretenueremarquable,jesuistrèsfièredevous!

Dellalagratifiad'unimmensefroncementdesourcils.

-Çanet'arrivejamaisdepéterunplomb?C'estvrai,quoi,tun'asjamaisenvied'arracherlecœurdequelqu'unetdefrappersatêteavec?

-Parfoissi,réponditKylie,toutsourire.Jenesaispassij'aidéjàvoulumatraquerquelqu'unàmortavecsonproprecœur,mais,detempsentemps,ilm'arrivedecraquer,oui.

-Alorsquefais-tuunefoisquetuesvraimentàbout?Tulesregardesenfaisantlagueule?gloussaDella.

-Oui,ajoutaMiranda.Maistul'asvue,quandellefaitlagueule?

C'esttrèsefficace!

Ellesrirenttouteslestrois.

Uneheureplustard,aprèsavoirachetédeschaussuresetessayéd'autresjeans,lesadolescentesserendirentaurayonlingerie.Commeelleavaitdéjàdépenséprèsdecentdollars,Kyliesedirigeaverslessoldes.Elleslâchèrentleurspaquetsetfouillèrentparmilessous-vêtements.

-Est-cequevousmettezdesstrings?demandaMirandaenbrandis-santunmodèlerouge.

-Non,pasmoi,réponditKylie.J'aimelesensemblesclassiques.

–Perso,pourmoi,porterunstring,c'estcommesenettoyerlesfessesaufildentaire!lançaDella,etlestroisamieséclatèrentderire.

Unefoisleurfourireterminé,ellesjetèrentuncoupd'œilauxsoutiens-gorge.

Unevendeuses'approchad'elles.

-Voulez-vousquejeprennevosmensurationspourquevoussoyezsûredevotretaille?demanda-t-elleàKylie.

Lajeunefillelevalesyeuxsurelle,puislesreposasurlesquatremo-dèlesqu'elletenaitàlamain.

-Euh...nonmerci,jecroisqueçaira.

-Bien,maisc'esttrèsimportantdechoisirlabonnetaille.

Kylieopina.

-D'accord.

-Çaneprendraqu'uneminute,ditlajeunefemme,unpeuplusin-sistante,cettefois.

–Jesais,maisçaira,merci,ajoutaKylie.

L'expressiondelavendeusesuggéraitqu'ellefaisaituneerreur,maiselles'enalla.

-Beurk!Jamaisdelaviejenelaisseraiuneétrangèretoucheràmesseins!lançaMiranda.Ilssontpuceaux!

Ellegloussa.

-Amonavis,cettevieillebiquevoulaitjustevoirtesnichons,raillaDella,enmontrantlesdentsdansledosdelavendeuse.

Kylieluidonnauncoupdecoudeetréprimaunrire.

-Ellefaisaitsonboulot,c'esttout.

-N'importequoi!Ellemataittesseinscommesic'étaientdesbonbons!Moiaussi,j'aiunsoutifàlamain,etpourtantellenem'apasproposédeprendremesmensurations!

-Àmonavis,ildoityavoiruneraison,raillaMiranda.

-Espècedegarce!lançaDellaavecunsourire.

LesoulagementenvahitKylielorsqu'ellevitcesourire.Ladernièrechosequ'ellesouhaitaitencemoment,c'étaitqueDellaetMirandasemettentàsecrierdessus.

-Jevaisessayercelui-ci,dit-elleenexaminantunsoutien-gorge.Tupeuxmelestenir?

ElletenditàMirandasessacsquicontenaientdeuxjeansetdeuxpairesdechaussures.

-Tiens,prendsaussicelui-ci!lançaDellaenluidonnantunsoutien-gorge.

–Jen'aimepaslalingerienoire,ditKylie.

-Oui,maisjesuissûrequeDerekadore,lui!

Dellasefenditd'unlargesourireetagitalessourcils.

Kylierouladesyeux.Maisellearrachalesoutien-gorgedesmainsdeDellaetsedirigeaverslacabine.Derrièreelle,elleentenditsesamiesglousser.

L'essayagedesdifférentsmodèlesluifitpenserauconteBouclesd'or

:l'unétaitunpeutropgrand,l'autre,tropendentelle,etletroisième,lenoir,unpeutrop...sexy.

Maintenant,ilfallaitdéciderlesquelselleachèterait.Kyliejetauncoupd'œilàlapiledesoutiens-gorge.Ellevenaitderemonterlabretelledel'unsursonépaulelorsqu'elleentendit:

-Jepréfèrelenoir.

Lavoixmasculinegravequisurgitdanssondosfitbondirsoncœurdanssagorge.Sesyeuxseposèrentaussitôtsurlemiroir.

Avantdevoirsonvisage,elleremarqualesang.

Ilsetenaitjustederrièreelle.Degrosseséclaboussurestachaientsachemise.Mêmesescheveuxauburnétaientsouillés.

Sesyeuxétincelaientd'unrougevif.Illagratifiad'unsouriremauvaisetsescaninesallongéessaillirentdesabouche.Ellecompritbrusquement:lesFrèresdesang.

Kylieouvritlabouchepourhurler,maisniairnibruitn'ensortit.

Lapaniquelapritàlagorgeetempêchatoutoxygèneettoutecommunicationverbaledepasser.Elleseretournad'uncoup,sanstropsavoirsic'étaitpoursebattreoupours'enfuir.

Iln'étaitpaslà.Sonregardsereposasurlemiroir,commesiseulsonrefletavaitétévrai.Iln'yétaitpasnonplus.

Sonregardseposaensuitesurlaportedelacabineouverte.Elleclaqualaporte.Elleaspiraunpeud'oxygènedanssespoumons.Elleessayadehurlerencore,maiss'arrêtaquandlaportes'ouvritbrutalementetvintsecognercontrelemur.

Touslesmusclesdesoncorpssecontractèrent.Bats-toi!L'ordreré-

sonnadanssatête.PuisDellasurgitdederrièrelaporte,àmoitiésortiedesesgonds.

–Ilyavaitquelqu'un?demanda-t-elle.

Sesyeuxbrillaientd'unambrevif.Sescaninessemblaientaiguiséesetmenaçantessoussalèvresupérieureretroussée.

Toujoursincapabledeparler,Kylieopina.DellafutprojetéeenavantquandMirandalapercutapar-derrière.

-Ques'est-ilpassé?(Mirandaregardapar-dessusl'épauledeDella.)Pourquoias-tudécollécommeça?

DeslarmespiquèrentlesyeuxdeKylie.Illuiarrivaitdepleurerquandelleavaitpeur,etelleavaiteupeur.Ellesesentaitmêmemorti-fiée,àvraidire.Maiscen'étaientpasdeslarmesdepeur.C'étaientdeslarmesdecolère.Non,defureur.Defureurdes'êtresentieviolée.

«Jepréfèrelenoir.»Sesparolesrésonnaientdanssesoreilles.Pendantcombiendetempscetenfoirél'avait-ilobservéeentraind'essayerdessoutiens-gorge?

-Ilyaquelqu'un?demandaMiranda.Unfantôme?Unnon-fantôme?

–Unvampire,luiexpliquaDellad'untonsecavantdereposerlesyeuxsurKylie.Tuvasbien?

Kylieopinadenouveau.

-Ilestparti?

-Pourl'instant,oui.(Dellaattrapaleporte-monnaieetlessoutiens-gorgedeKylie,etlesdonnaàMiranda.)Valespayerpendantqu'elleserhabille.

Mirandadétala.DellaregardadenouveauKylie.

-Tuvasbien,c'estsûr?

-Jecroisquejesuisassezfurieusepourarrachersoncœuretlebattreavec.(Ellesemorditlalèvrepournepaspleurer.)Depuiscombiendetempsjouait-illesvoyeurs?

-Quelquessecondes.(Dellablêmit.)Cen'étaitpasChan,n'est-cepas

?Jen'aipasreconnusonodeur,maisjen'aipratiquementpusentirquedusang.

-Non.

Kylieenfilasontee-shirt.Danssatêteapparutl'imagedusangquigouttaitdescheveuxdugarçon.

–Alors?Tul'asvu?demandaDella.

Kyliecroisasonregard.

–C'étaitle...lesaletypeavecquinousnoussommesbattusdanslaréserveanimalière.Celuiquim'aattrapée.

Dellalevalenezenl'air.

-Ohmerde!

-Est-cequ'ilrevient?

–Ilyaquelqu'un,entoutcas.

ElleempoignaKylieparlebrasetlafitsortirprécipitamment.

Quandellesémergèrentdelacabine,Mirandaprenaitlespaquetsàlacaisse.Dellaluifitsignedelessuivreetcelle-cis'exécutasansposerdequestion.Àl'évidence,Mirandalutlapaniquedansleursyeux.

-Quesepasse-t-il?demanda-t-elle.

-Nousdevonsrentreraucamp,expliquaDella.

-Ilestencorelà?

-Partons,réponditDellad'untonsec.

Àlaminuteoùellessortirent,uneberlinenoiresegaradansuncris-sementdepneusdevantlemagasin.Dellagrogna,puispoussaKylieetMirandaderrièreelle.

LavitresebaissaetBurnettlesregardafixement.Sesyeuxétaientd'uneteintedoréeardente.

-Montez!

-Etnotrevoiture?s'enquitKylie,mêmesiellenesavaitpascommentellearrivaitencoreàpenser,nicommentelleconduiraitsansprendrederisquesalorsquelapaniquecontinuaitàrebondirdanssonventre.

-Montez!répétaBurnett.

Sontonneleurlaissaitpaslechoix:ellesobéirent.

-Quesepasse-t-il?demandaDellaàBurnettunefoisqu'ellesfurententasséessurlabanquettearrière.

Burnettneréponditpas.Ilseconcentraitsursaconduite.LaberlinedémarraavantqueKylieneserendecomptequequelqu'unétaitassisàcôtédeluiàl'avant.C'étaitunebrune,del'âgedeBurnett.Elleneluiétaitpasétrangère,etKyliesesouvintl'avoirvueaveclesgensdel'URF

lanuitdelabagarreauparcanimalier.

–Jette-leurlesblouses!luiordonnaBurnett.

Lafemmelançaàchacunedesfillesunsachetenplastiquequicontenaitcequiressemblaitàunebloused'hôpital.

-C'estpourquoifaire?leurdemandaKylie.

-Déshabillez-vous,leurditBurnett.Rangeztousvosvêtementsdanslesac.Chaussures,chaussettes,sous-vêtements.Tout.Puisenfilezlesblouses.

-Onfait...quoi?s'étonnaKylie.

-Tum'astrèsbienentendu,larabroua-t-il.

-Maispourquoi?firentKylieetDellaenmêmetemps.

-Faites-le,leurintimalafemme.

DellaetMirandacommencèrentàsedévêtir,maisKylielesarrêtad'ungestedelamain.

-Non.Nousnenousdéshabilleronspastantquevousnenousaurezpasexpliquépourquoi.Etmieuxvautquecesoitunesacréebonneraison,parcequejenememetspastoutenueàlademande.Demandezdoncàmonex!

Labruneseretournasursonsiègeetlafusilladuregard.Sessourcilss'agitèrentcommesielleessayaitdelireenKylie.Dommage,çanemarchaitpas.

Maisellen'abandonnapasimmédiatement.Ellecontinuaàlasonder.Sesyeuxambres'éclaircirentlégèrementetKyliepensaquec'étaitunloup-garou.Unloup-garouencolère.

-Fais-le,insistalafemme.

-Non.

Étonnamment,Kylien'étaitpasintimidée.Elleluirenditsonregardnoir.Elleagitamêmelessourcilsetessayadelirelaconfigurationdesoncerveau.Celanemarchapasnonplus,maisleloup-garou

n'ensutrien.

-Faitescequ'ildit,sinonjeleferaiàvotreplace!ordonna-t-elle.

Burnettattrapalafemmeparl'épaule.

-Selynn,laisse-moim'enoccuper.(SonregardseposasurlerétroviseuretKyliecroisalerefletdorédesonregard.)Kylie,jet'enprie...

-Non!

Kylieignoraitd'oùvenaitcetoutnouveaubonsens,maisc'étaitagréable.Celaluiprocuraituneinfimesensationdecontrôle.Elledevaitabsolumentsesentirmaîtressed'ellemêmeafindecombattrecesentimentdepersécution.

-Vousvousrendezcomptedecequevousnousdemandez?(KylietenaitlamaindeDellaetMiranda.)Quenousenlevionsnosvêtementsdansunevoiture,avecunhommeassisàl'avant,etunrétroviseur?Etvousnecomptezpasnousexpliquerpourquoi?

Burnettarrachalerétroviseur.

-Deuxfillessesontfaitassassinerenville,lança-t-il.

-Merde!s'écriaDella.

–Ohnon!fitMiranda.

LaseulechosequisortitdelabouchedeKylie,cefutunhalètement.

Burnettpoursuivit:

-J'aibesoindevosvêtementspourprouverquevoustroisn'avezrienàvoiraveclesmeurtres.LeFBIetl'URFlesréclameront,alors,s'ilvousplaît,faitescequejevousdis.

Kylielâchalesmainsdesesamiesetsedéshabilla.Quelquesminutesplustard,touteslestroisportaientdesblousesvertes,commecellesdeschirurgiens.Toutlemondesetutdurantl'opération.

MirandarécupéralestroissacsetlesremitàSelynn.

-Tenez.

–Pensez-vousvraimentquel'oncroiraquenousavonsquelquechoseàvoiravectoutça?demandaKylie,quiserappelatoutlesangsurlatêteduvampireescrocetsursontee-shirt.

-Non,ditDella.Ilsvontcroirequec'estmoi.(Elleeutl'airblessé.)C'étaitunvampire,n'est-cepas?

-Oui,réponditBurnett.Maisjesaisquecen'estpastoi.Jeprendsjustedesprécautionsjusqu'àcequenousdécouvrionsquil'afait.

–Noussavonsdéjàquic'est,ditDella.Kyliel'avu.

-Vuqui?

SelynnetBurnettseretournèrentenmêmetemps.

-C'étaitlevampireescroc,expliquaKylie.Celuiquim'aattaquéedansleparcanimalier.

burnettfaillitquitterlaroute.Ils'arrêtapoursegarer.

IlseretournadenouveausursonsiègeetcroisaleregarddeKylie.

-Tun'espasblessée,n'est-cepas?

Sesyeuxseposèrentdenouveausursoncou,commesi...

-Non,jenesuispasblessée.

UneenvieimpérieusedepleureretdepleurertoutdesuiteenvahitalorslapoitrinedeKylie.

–A-t-ilditquelquechose?s'enquitBurnett.

«Jepréfèrelenoir.»

-Non,répondit-elle.

LeregarddeBurnetts'intensifia.

–Cen'estpaslemomentdementir.

Kyliedéglutit.

-Iln'arienditquipuissevousêtreutile.

-Etsivousnouslaissiezenjugerparnous-mêmes?lançaMmeLoup-Garou-la-Dure-à-Cuire.

Kyliefronçalessourcils.

-Ilaaffirméqu'ilpréféraitlesoutien-gorgenoir.Jemetrouvaisdansunecabined'essayage.

Lesentimentdes'êtrefaitviolerl'envahitdenouveauetlacolèremontaenelle.

L'expressiondeBurnettchangea,d'exigeanteàcompatissante,enunefractiondeseconde.

–Es-tusûrequetoutvabien?Iln'apas...

-Jevaisbien,réussit-elleàdire,maisellesentitleslarmesemplirsesyeuxetsedétournaduvisagesoucieuxdeBurnett.

-Ilestvenuetrepartisivitequequandj'aiperçusaprésence,ilavaitdéjàdisparu,expliquaDella.

Lesouvenirdesonrefletdanslemiroirenvahitl'espritdeKylie.

-Ilavaitdusang...partoutsurlui.Sachemise.Sescheveux.

MirandaglissasamaindanscelledeKylieetlaserraaffectueusement.

L'airdésapprobateurdeBurnetts'accentua.Ilseretournaetdémarra.IlregardaSelynn,assiseàcôtédelui.

-Appelle-les.Dis-leurquec'estuncoderouge.

-Tuessûrquetuveuxtenterlecoup?demandaSelynn.

-C'estquoi,uncoderouge?s'enquitDella,justeavantqueKylieneposelaquestion.

Burnettréponditd'untonhésitant.

-Pourl'instant,leseulàêtreaucourantdecela,c'estl'URF.Lecoderougesignifiequenousferonspasserleurmortpourunaccidentdevoiture.

-Vouslelaisserezs'entirercommeça?demandaKylie.

-Non,réponditBurnett.Maisonnepeutpasnonpluslaissercegenredechosefiltrer.Silamoindrerumeursemetàcirculer,celarendralessupérieursnerveuxetilsfermerontl'école.

Selynnlevalamaincommepourfairetairetoutlemonde.Puiselleparladansletéléphone:

-C'estuncoderouge.(Ellemarquaunepause.)Jesais.(ElleposalesyeuxsurBurnett.)Iladonnél'ordre.Jenesuisquelamessagère.

BurnettfronçalessourcilsetKylieeutl'impressionquequoiqu'ildécidât,illefaisaitpourShadowFalls,voirepourHoliday.Maiselleneputs'empêcherdepenserauxcitadins:ceshumainsnesauraientjamaisqu'unassassinétaitvenulesvoiretavaitemportédeuxd'entreeux.

QuandlestroisamiesentrèrentdanslebureaudeHolidayunede-mi-heureplustard,celle-cibonditpratiquementdesachaiseetcourutverselles.

-Merci,monDieu!s'écria-t-elleenlesserranttoutesdansunemêmeétreinte.

Dellafutlapremièreàsedétacher.

-Nousallonsbien,dit-elle.

Parlepourtoi,songeaKylie.Elleauraitvolontiersprolongél'acco-ladedequelquessecondes.Ellenes'étaitpassentieaussiprochedeHolidaydepuissarévélationàBurnett.

-Regardez!lançaDellaendésignantletéléviseurfixéaumur.

Kylieyjetauncoupd'œiletsonsoufflesecoupa.L'écranmontraitunevoitureaccidentée,puisla

photodesdeuxfilles.Cen'estpaspossible.Ellesesentitbrusquementnauséeuse.

Holidays'emparadelatélécommandeetmontaleson.

«Deuxjeunesfillesonttrouvélamortdansunaccidentdelaroute.

Apparemment...»poursuivaitlejournaliste.

-Nouslesavonsrencontréesenville,lâchaKylie,lapoitrinelourde.

Nousleuravonsparlé.(Pouruneraisonidiote,cettebrèverencontrerendaitleurmortencorepluspersonnelle.)Larousses'appelaitAmber.Jeneconnaispaslenomdelablonde.

-Ellesn'étaientpastrèssympas,observaDellad'untonbrusque.

Maisellesneméritaientpasdemourir.

-Non.

Mirandamitsamainsurseslèvresetsecontentadefixerl'écran.

Kylieauraitbienacquiescéverbalement,maiselleenétaitincapable.

Elleserappelaitparfaitementlesangsurlachemiseduvampireescroc,etl'émotionbloquasonlarynx.C'étaitleursangqu'elleavaitvu.Quandleslarmespicotèrentlesyeuxdekylie,elleeutl'impressiond'êtreunepleurnicheuse,maiselleremarquaqueDellaetMirandaavaient,ellesaussi,lesyeuxmouillés.

–Je...(Kylieseforçaàparler.)Jemesensresponsable.

Holidayéteignitl'écranaveclatélécommande.

—C'estquelquechosed'horrible,maisleseulresponsable,c'estl'escrocquiafaitça.(Puisellelesregardafixementtouràtour,commesielleavaitbesoindelesmémorisertoutesvisuellement.)Quandj'aiapprisquel'onavaitretrouvédeuxfilles...j'aicru...

LesyeuxdeHolidays'embuèrent.Ettoutlemondesemitàpleurer.

Justeàcemoment-là,Burnettentradanslebureau.Sonregardallad'uneadolescenteàl'autre.Kyliepouvaitpresquel'entendregrognerin-térieurement.

-Je...jerepasserai.

Manifestement,mêmeunvampirecommeBurnett,hyperbaraquéetentraînéparl'URF,n'étaitpascapabled'affronterquatrefemmesenpleurs.

Unquartd'heureplustard,ilpassalatêtedanslapièce,etquandilvitqu'ellesnepleuraientplus,ilentra,avec,àsesbasques,Selynn.Ellesetenaitsiprèsdeluiquesesépauleseffleuraientsonavant-bras.Burnettsedécalaetexpliquaqu'ilavaitbesoindelesinterrogerséparément.

IlouvritlaporteetdemandaàKylieetàMirandad'attendreàl'extérieurdubureau.

PuisSelynnregardaHoliday.

—Vousaussi,vousdevriezpartir.

LavoixdelafemmeétaittellementcondescendantequeKyliedéci-dasur-le-champqu'ellenel'aimaitpas.Pasdutout.

Holidaylagratifiad'unregardqueKylieneputquetrouverfarou-chementprotecteur.

-Désolée,maisjenereçoisd'ordredepersonneausujetdemescampeurs.

-Ellepeutrester,lescoupaBurnett.

Selynnmitunemainsurl'avant-brasdujeunehomme.

–Jenepensepasquecesoittrèsjudicieux.

-Lesfillessesentirontplusàl'aisesielleestprésente.

Ils'éloignad'elle,maisKylieconstataqueHolidayavaitremarquélafamiliaritéaveclaquellelafemmeletraitait.

Lajalousieenvahitlesyeuxdeladirectrice.Maisellen'yrestapasplusd'uneseconde.Unbattementdecils,etl'émotiondisparut.Selynnjetauncoupd'œilàHoliday,commesielleattendaitsaréaction.CelapoussaKylieàimaginerqueSelynnn'étaitpasnonplusindifférenteàBurnett.Or,ellevoyaitbienquecen'étaitpasréciproque.Maispeut-êtreBurnettsavait-ilcachersessentiments.Celapouvait-ilenpartieexpliquerpourquoiHolidayévitaitdetropserapprocherdelui,sielleétaitaucourantqu'ilenfréquentaitdéjàuneautre?Kylieressentituneméfianceinstantanéeenverslevampire.

BurnettfitsigneàMirandaetàKyliedesortir.Celle-ci,quisemé-

fiaitdeluiparamitiépourHoliday,refusadebougertantqueladirectriceneconfirmaitpasl'ordre.

-Quiestlechef,d'aprèselles?demandaSelynn,agacéeparladé-

monstrationd'autoritédeKylie.

–Etsinouscommencions?proposaBurnett.

KylieetMirandapassèrentdansl'entrée.

-Ilvérifiesinousmentons.Voilàpourquoiilveutnousparlersépa-rément,murmuraMiranda.

-Àmonavis,ilnenouscroitpascoupables,ledéfenditKylie,mêmesiellen'étaitpassûredepouvoirendireautantdeSelynn.

PuisKylies'interrogeadenouveausurl'histoireentreBurnettetledétestableloup-garou.

-Çacraint!(L'émotioninjectadelamauvaisehumeurdansletondeMiranda)Quandjepensequenousavonsrencontrélesfillesquisesontfaittuer...

-Jesais,acquiesçaKylie,mais,entoutefranchise,ellepréféraitnepasypenser.

Elleéprouvaitencorecesentimentaccablantquetoutétaitsafaute.

Elleselaissatombersurunedesdeuxchaisesdebureauquimeublaientlapetiteentréeetregardasesmains.Était-cecela,lamauvaisenouvelledontluiavaientparlélesfantômes?Non,l'espritavaitétéclair:ils'agi-raitd'unêtrecheràKylie.Cettepenséedéclenchauneautrevaguedechagrindanssonventre.Ellen'avaitpasaimécesfilles,maisquelqu'unlesaimait.Ellesavaientdesparents,desamis...Enfermantlesyeux,Kylietâchadesereconnecteraucalmequ'elleavaittrouvéauxcascades.

Combiendetempspourrait-elleseraccrocheràcesentiment,alorsquelescatastrophess'enchaînaient?

-Nousaurionspuêtreàleurplace,observaMirandaentirantsurunfildesablousevertclair.

-Jesais.

Kyliejoignitsesmains.

Quelquesminutesplustard,SelynnetDellasortirent.Kylieseleva,maisSelynnfitsigneàMirandadelasuivre.Puisellesetournaverslesdeuxcolocataires.

-Nouspréféronsquevousnevousparliezpas.Etdetoutefaçon,Burnettpeutvousentendre.

Ellesouritd'unairsuffisantavantd'emboîterlepasàMirandadanslebureau.

Dellagrognadansledosduloup-garou.

-Salope,articula-t-ellesilencieusement.

Puis,quandleloup-garoufutdansuneautrepièce,Dellaredithautetfort:

-Salope!

Ellejetauncoupd'œilàlaporteetajouta:

–Jememoquebienquevousm'entendiez,Burnett!C'estunesa-lope.Vouslesavez.Jelesais.EtHolidaylesait.

Despasrésonnèrentsurleseuildel'entrée.Kyliejetauncoupd'œilendirectiondelaportejusteaumomentoùelles'ouvrait.Derekentraentrombe.

-Dieumerci!

Ils'arrêtaetregardaKyliefixement,commes'ilremarquaitseulementlabloused'hôpital.Perryétaitjustederrièrelui,l'airtoutaussiinquiet.

Perrybalayalapièceduregard.

-OùestMiranda?

Lapeuretuneautreémotionintenseenvahirentsesyeuxcouleurcuivre.

Kylien'eutpasl'opportunitéderépondre,parcequeDerekl'étreignittrèsfort.Ellelelaissalaserrerdanssesbras,posamêmelatêtesursontorseetsoupira,tantc'étaitbond'êtretoutcontrelui.

-Qu'est-cequeçapeuttefaire?ditsilencieusementDella.Tunel'aimespas,tutesouviens?

-Ellevabien?demandaPerry,dontlavoixétaitungrondementconfusd'émotions.

Kylienepritpaslapeinederegarder,maiselleimaginaitquesesyeuxchangeaientdecouleurquandilparlait.Elleavaitremarquéqu'ilssemodifiaientenfonctiondesessentiments.

-Nememordspas!

Dellaperditsontonsarcastique.Avait-ellepeurdePerryoupercevait-ellel'émotiondanslavoixdugarçon?Kyliel'ignorait.

-Tuvasbien?murmuraDerekàsonoreille.

-Oui.

Ohquenon!KyliesereculapourleregarderdanslesyeuxetelleyvitlamêmeinquiétudequedansceuxdePerry.UneboufféedecalmepassadeDerekàelle.Cettefois,ellenelarefusapas.Elleenavaitvraimentbesoin.

LaportedubureaudeHolidays'ouvritsurMiranda.

Perrycroisasonregard,puistournalestalonsetsortitdubâtiment.

Mirandaleregardas'éloigner.

-Quevoulait-il?demanda-t-elle.

-S'assurerquetuallaisbien,réponditDerek.(EtilpassaunemainautourdelatailledeKylie.)Jel'aivujusteaprèsavoirappriscequis'estpasséetjeleluiaidit.Ilsefaisaitdusoucipourtoi.

-Maispasassezpourm'adresserlaparole,hein?(L'expressiondeMirandaétaitàmoitiétristeetàmoitiéfurieuse.EllecroisadenouveauleregarddeKylie.)Atoi.(Elleluimontralaportedubureau.)Faisgaffe,leloup-garoumord.

KylieserrabienfortlamaindeDerek,puisentradanslapiècepouraffronterBurnettetleloup-garou.Levampirenel'intimidaitpluscommelapremièrefoisqu'ill'avaitinterrogée,maisl'anxiétélarendaittoutdemêmenerveuse.

BurnettdemandaàKyliederaconterplusieursfoiscequis'étaitpassé.Puisilluiposadesquestionsprécises:

-Tuasdéclaréquelevampireescrocétaitensang.Celaressemblait-ilàdusangfrais?Combiendetempss'est-ilécouléentrelemomentoùvousavezvulesfillesetceluioùilestapparu?

PuisBurnettlaréinterrogea,maisdefaçonlégèrementdifférente.Aunmoment,elleauraitpucroirequ'ilvoulaitlasurprendreentraindementir,maisellecompritqu'iltenaitsimplementàs'assurerqu'ellen'omettaitrienetqu'ilespéraitqu'unequestionlégèrementdifférenterappelleraitaKylieundétailinsignifiantquis'avéreraitutile.Leproblème,c'étaitqueKylienevoulaitpassesouvenir.Ellebrûlaitd'envied'oublier,d'effaceràtoutjamaiscetépisodedesamémoire.Etsérieusement,quepouvait-elleluidired'autrequipuissel'aider?

–Pourrais-tumedécrirelesang?demandaBurnett,assisàcalifour-chonsurunechaisedevantelle.

Celaluirappelasonpremierinterrogatoire.Saufque,cettefois,elleétaitinstalléesurlecanapé,avecHolidayàsescôtés.

–Jel'aidéjàfait.

Ellesentaitsapatiences'effilochercommeunélastiquetendu.

–Fais-leencoreunefois.

Sontonappelaitàl'obéissanceetfinitparfairecraquerKylie:

-Voussavezquiafaitcela!Voussavezquiétaientsesvictimes!

Toutcelaest-ilvraimentnécessaire?

Elleserralesdentsetseretintdepleurer.

-Nousdécidonsdecequiestnécessaire,répliquaSelynn,hautaine,ensepostantderrièreBurnett.

Kyliedardaunregardnoirsurleloup-garou,sansessayerdedissimulersonmépris.Letondelajeunefemmel'ennuyaitplusencorequeleténordeBurnett.Aumoins,chezlui,ellepercevaituneréelleinquiétude.

AvecSelynn,toutn'étaitqu'unequestiondepouvoir.Cettefemmeadoraitenuser.

-Vousnouscroyezcoupables,n'est-cepas?demandaKylieàSelynn.

-Jepenseque...

-Stop.(Burnettregardalajeunefemmed'unairdésapprobateuravantdereposerlesyeuxsurl'adolescente.)Kylie,jesaisquevousn'yêtespourrien.Etquecen'estpasfacile.Toutefois,lestracesdesangnousindiqueronts'ilatuéjustepourleplaisirouparcequ'ilavaitfaim.

Sonexplicationluisoulevalecœur.

-Etqu'est-cequecelachange?Cesfillessontmortes,quellesqu'aientétésesraisonsdelesassassiner!

-Tuluiasposéassezdequestions,ditHolidayenmettantunemainsurlepoignetdeKylie.

Elleluioffritainsiunréconfortmoraltoutenfaisantaffluerlecalmeenelle.

L'énergiepaisibleralentitlespulsationsdeKylieetatténualadouleurdanssapoitrine.Maiscelaneferaitpastoutdisparaître.L'adolescentenecroyaitpasenuntelpouvoir.

BurnettregardaHoliday,puisKylie.

-Celanechangerapascequis'estpassé.Maispourl'heure,nousavonsbesoind'unmaximumd'informationssurcesaletypepourpouvoirl'attraper.Pourl'arrêteravantqu'ilnerecommence.

LesparolesdeBurnetttitillèrentsaconscience.Deuxfillesétaientmortes.Violemmentassassinées.Était-cetropdemanderàKyliedesubiruninterrogatoirequelquesminutesdeplus?Non.Ellerespiraprofondé-

mentets'assitplusdroite.

Holidayseraidit.

-Pourunvampire,vousentendeztrèsmal!Jeviensdedirequ'elleenavaitassez.

-C'estbon,ditKylieenserrantaffectueusementlapaumedeladirectrice.Sicelapeutaideràcoincercetype,pasdeproblème.

Maisellenelâchapaslamaindesonamie.

Dixminutesplustard,lorsqueBurnettestima,apparemmentluiavoirsoutirélamoindreinformationsurl'incident,ilselevaetlaregarda.

-Merci,Kylie.Jesaisqueçan'apasétéfacile.

Elleopinaet,aprèsavoirinspiréetexpiréplusieursfois,Elledécidaquec'étaitàsontourdeposerdesquestions.

-Àvotreavis,a-t-ilvoulufairecroirequenousavionstuécesfilles?

Commequandilsontessayédefaireaccuserlecampd'avoirmassacrélesanimaux?

Burnettsecoualatête.

-Non.Riennenouspousseàtirercegenredeconclusion.

-Croyez-vous...croyez-vousqu'ilnousaitsuiviesenville?

Ilréfléchitquelquessecondes.

–Non.Jepensequ'ilesttombésurvousparhasard.

HolidayserralamaindeKylie.

-Jetel'aidit,cen'estpastafaute.

-Non,insistaBurnett.Tun'yespourrien,Kylie.

-Alorspourquoiai-jel'impressionqueçaprendunetournureplutôt...personnelle?s'enquitKylie.C'estvrai,iln'arrêtepasdesemontrer.

Auparc,puisvendredidernier.Jenel'aipasvu,maisjesupposequec'étaitlui.Etaprèsça,j'ai...eulasensationquequelqu'unmesuivait.

-Quandas-turessenticela?demandaBurnett.

-Hiermatin,envenantaubureauavantlepetitdéjeuner.Audébut,j'aicruquec'étaitleloup,mais...

–Leloup?s'écrièrentBurnettetSelynnenchœur.

SiBurnettparutpréoccupé,SelynnagitaimmédiatementlessourcilsetessayadenouveaudelireenKylie.Celle-cidutfairesonmaximumpournepassecacherlefront.Voirepournepasluiadresserundoigtd'honneur.

-Quandça?demandaBurnett.

-Ilyadeuxjours,réponditHoliday.Cen'étaitpasunloup-garou.

D'aprèsKylie,ilavaitl'airàmoitiéapprivoisé.Pasmenaçant.

-Était-ceunmétamorphe?s'enquitBurnett.

-Je...nepensepas.Entoutcas,cen'étaitpasPerry.(Kyliehésita,puisserappelalevéritablesujetdecetteconversation.)Maisleloupn'aaucuneimportance.Deuxfillessontmorteset...j'ail'impressionque,d'unecertainefaçon,c'estmafaute.Jecroisquec'étaitmoiquil'inté-

ressais,paselles.

Burnettselaissaretombersurlachaiseenfaced'elle.

-Jepeuxcomprendrecequeturessens.Maiss'ilvoulaittefairedumal,ilauraitpupasseràl'acte,l'autresoir,danslesbois.Jenecroispasquecesoitdirigécontretoi.Contrelecamp...peut-être.

–Alorspourquoirevient-ilsanscessemevoir?Celan'ariend'unecoïncidence.

Burnettfronçalessourcils.

-Cen'enestpasune.Tutemetstoi-mêmedansdessituationsquiluiprocurentlameilleureopportunitéàmoindrerisque.Etlapremièrefois,iln'étaitpasvenutechercher.Tuétaisalléeauparcanimalieroùsetrouvaientlesfrèresdesang.Ets'ilétaitlàl'autrenuit-maisnousn'ensommespassûrs-,alorsiladûtevoirlorsquetut'esenfuiedanslesboisetsautersurl'occasion.Etaujourd'hui...ilétaitprobablement...

enchasse,quandilàsentilaprésencedesurnaturelsenville.Unefoisdeplus,tuétaisseuledanslacabined'essayage.Ilenaprofité.

Ets'estbienrincél'œil,songeaKylie.

-Maisvousavezditvous-mêmeques'ilavaitvoulumetuerl'autrenuit,ilauraitpulefaire,oriln'amêmepasessayé.Alorsqu'attendait-ildoncdemoi?

Burnetthésita.

-Jecroisqu'ildésiraitenvoyerunmessageaucamp.Nousfairesavoirquelegangétaittoujourslà.Jesuiscertainquel'arrestationdeplusieursdeleursmembresaentaméleurego.S'ilsseretiraientmaintenantdelapartie,ilsdonneraientl'impressiondemanquerdecourage.S'ilsrestentdanslesparages,aumoinsilssauventlaface.Jesuissûrqu'ilacomprisquetetuerauraitcausébeaucouptropdeproblèmesaugang.

KylieessayadecomprendreexactementlesparolesdeBurnett.

-Maisilaassassinécesfilles!Êtes-vousentraindedirequecelan'acauséaucunproblème?Çanetientpasdebout!

BurnettregardaHoliday,commes'ilcherchaitdel'aide.HolidayserralamaindeKylieenguisederéconfort.

-Quandunsurnaturelentueunautre,ilestplusfaciledes'occuperdecedélit.Nouspossédonsnotrepropresystèmejudiciaire.

–Etquandilsassassinentunhumain,quesepasse-t-il?

Surtoutqu'ilnerépondepas«rien»,songeaKylie.

MonDieu,jeVousenprie,qu'ilnerépondepas«rien».

Elleavaitbeauêtreenpartiesurnaturelle,uneautrepartied'ellerestaithumaine.

-Celafaitpartieduboulotdel'URF,expliquaBurnett.Maiscommevouspouvezledeviner,obtenirjusticepeuts'avérerdélicat.

Kyliesentitsesépaulessenouer.

-Êtes-vousentraindemedirequ'ilvacarréments'ensortir?

-Non,réponditBurnettd'untonplusgrave.Jetelepromets,Kylie.

Jeferaitoutcequejepourraipourm'assurerquecetypepaiera.

CommentBurnettavait-ill'intentiondeleluifairepayeraujuste,celan'étaitpasclair.MaisKylien'étaitpassûredevouloirlesavoir.

Pourtant,àsonton,elleserenditcomptequecen'étaitpasunepromesseenl'air.Etdecelaelleluiétaitreconnaissante.

Cettenuit-là,lesdirecteursducamporganisèrentuneréunionavectouslescampeursauréfectoireoùilsservirentpizzasetconseilsavisés.

Burnettleurdemandadesemontrerextrêmementvigilants.

-Restezsurlesaxesprincipauxetnevousaventurezpasseulsdanslesbois,recommanda-t-il.Selonladensitédesarbresoulesensduvent,l'odeurd'unintruspourraitpasserinaperçue.

DellagratifiaKylied'ungrandsourire,puisseretournaversBurnett.

-Vousdevriezpeut-êtreannulerleweek-endcheznosparents?

Burnettlaregarda.

–C'estdansplusdequinzejours.J'espèreavoirrésoluceproblèmed'icilà.

-Hé,onnepeutpasm'envouloird'avoiressayé,marmonnaDella.

-J'airendez-vousavecleHautConseillasemaineprochaine,annonçaBurnett.J'espèrequ'ilm'aidera

àgérerlasituationici.

KylieserapprochadeDella.

-C'estquoi,leHautConseil?

-Unpeul'équivalentduSénat.Ilestconstituéd'unebandedevieuxdesdifférentesespèces.(Dellasourit.)J'aiapprisçapasplustardquecetaprès-midi.Chrisenaparléaucoursdenotreréuniondevampires.

-UnSénat?Jamaisjen'auraiscruquetouteslesespècess'entendaientsibien!

-Ellesnes'entendentpas.Maislesdémocratesetlesrépublicainsnonplus,etçanelesempêchepasdeseréunir!

-J'imagine,ditKylie,quanduneautrequestionsurgitdanssatête.

Quelgenred'aidenousproposeront-ils?

-Çadépend.ChrisprétendqueleHautConseildoitvoterrienquepourexaminerl'affaire.

-Voter?Deuxfillesassassinées?Commentpourraient-ilsdirenon?

Dellahaussalesépaules.

-N'oubliepasquelafaçondepenserdugouvernementnecorres-pondpasforcémentàcelledetouslesvieux.

–Tuinsinuesquecertainssontdesescrocs?

Dellaopina.

-SelonChris,laplupartdesanciensrespectentlegouvernementmaisneveulentpasqu'illescontrôle.Ilssuiventdonccertainesrègles,maispastoutes.

Kyliesecoualatête.Elleavaitdéjàassezdemalàcomprendrelapolitiquedeshumains,alorsappréhendercelle-ciétait-ilvraimentàsaportée?

-S'ilsacceptentcetteaffaire,quesepassera-t-il?

-Soitilsautorisentleconseildesespècesincriminéesàappliquerlapunitionetàs'occuperdetout,soitilsconfientletypeàl'URF.Etlà,jen'osepasimaginercequiluiarrivera.

–Moinonplus,avouaKylie.

Dellajetauncoupd'œilverslaporte.Sonhumeuravaitmanifestementchangé.

–Jevaisrentreraubungalow.J'aidestrucsàfaire.

-Quelgenredetrucs?s'enquitKylie,quiserappelalarubriquené-

crologiquequ'elleavaittrouvée.

–Destrucs,réponditsèchementDella.

Kyliesepenchaverselle.

–Tuseraisincapabledefairecegenredechose.

Dellalafoudroyaduregard.

-Àplus.

–Tuveuxquejet'accompagne?demandaKylie.

EllesesouvintbrusquementdelarecommandationdeBurnettderesterensemblechaquefoisquepossible.

-Tutefichesdemoi?Sionnousattaquait,c'estmoiquinousproté-

geraistouteslesdeux.

–Hé!Jenesuisplusaussiimpotente!rétorquaKylie.

MaintenantqueKyliesavaitcequelesdeuxvictimesavaientdûen-durer,lanouvelleforcequ'ellevenaitdesedécouvrirnelamettaitplusdanstoussesétats.

-Cen'estpasparcequetuasdéfoncéuneporteetquetuastracéquandons'estpromenéesdanslesboisquecenesontpasdesbêtises,toutça!(Dellasefenditd'ungrandsourire,histoiredemontreràKyliequ'ellelataquinait.)Çaira.Aplus!

-Hé,ditHolidayens'arrêtantàcôtédeKylie,Dellavabien?

-Jel'espère.

Kylies'aperçutquedepuisqu'ellesétaientrevenuesdeleurpéripleenville,ladistancequis'étaitinstalléeentreHolidayetelleàcausedesarévélationàBurnettavaitdisparu.Avaient-ellescomblécefossé?EtKyliepouvait-ellel'empêcherderéapparaître?

–Tuvasbien?demandaHoliday.

-J'aiconnumieux,réponditKylie,honnêtement.Jen'arrêtepasdepenseràcesfilles.

-Etsinousallionsnousbaladerauxcascadesdimanche?suggéraHoliday.

-Super!

L'idéedeserendrelà-basencompagniedequelqu'unquipouvaitressentirlamêmechosequ'elleluiplaisaitbien.

Aumêmemoment,Burnettjetauncoupd'œildansleurdirection,etKylievitqueHolidays'enétait

renducompte,elleaussi.Elleeutenviederentrersousterre,tantelleredoutaitquecelle-cisesouviennequ'elleétaitfurieusecontreKylie.

–Jedevraisteprésentermesexcuses,ditHoliday,quilisaitdenouveaulessentimentsdesonamie.J'ai...dramatisétoutecettehistoireavecBurnett.

Surprise,Kylielaregarda.

-Non!C'estmoiquiaieutortdeluienparler.

-Peut-être,maistuasboncœur.Quandonsesouciedesautres,parfois,ondépasselesbornes.Jesuisbienplacéepourlesavoir.Jesuisunecélèbredépasseusedebornes!(Lavoixdelajeunefemmesetendit.)Toutàl'heure,lorsqueBurnettestvenum'annoncerqu'ilsavaienttuédeuxados,j'aicru...Enfin,bref,disonsquenotreprisedetêteétaitvraimentstupide.

HolidaypritKyliedanssesbrasetl'étreignitcommeunesœur.

-Merci.(L'adolescenteréprimal'émotionquimontaitdanssagorge.)Maistuvasmefairepleurer...

HolidayregardaendirectiondeBurnett.

-Hé,situpleures,tuvasencorelefairefuir!Sij'avaissuquequelqueslarmessuffiraientpourlefairepartir,j'auraispleurédurantcesseptdernièressemaines!

Kyliesefenditd'unlargesourireet,quandellelevalesyeuxsurBurnett,ellevitSelynnsedirigerversluietluidirequelquechose.

-Qu'est-cequ'elleficheencorelà?

-Jenesaispas,réponditHolidayàvoixbasse.Jesuissûrequ'elleveutquelquechose.EtjepariequeçacommenceparunB,quec'estgrand,ténébreuxetcanon.

BurnettécoutaSelynnets'enallaavecelle.

-Etpeut-êtrequ'ellevientjustedel'obtenir,déclaraHoliday,dontletonmontraitqu'ellesesentaitrejetée.

Kyliehésitauninstantàluiposerlaquestion,maiscelle-cisortittouteseule:

-Est-cequ'ils...enfin,tusais?

-Salissentlesdraps?

-Oui.

Danssatête,Kylieajoutacetteexpressionàlalistedecellesqu'avaitDellapourdire«s'envoyerenl'air».

-Cetaprès-midi,ilestvenumevoiretm'adit:«Jesaisquel'onpourraitcroirequ'entreSelynnet

moi...maisnon.Oudumoins,plusmaintenant.»

-Donc,ilssontsortisensembleetilsontrompu?

-Ilprétendqu'ilsontcasséilyadeuxmois.Queçan'ajamaisétésé-

rieuxentreeux.

Kyliearqualessourcils.

-Etdepuiscombiendetempstuleconnais?

–Deuxmois.

-Hum...fitKylie.

-Humquoi?

-Rien,justehum,mentitKylie.Alorsqueluias-tudit?

-QuejenecomprenaispaspourquoiilsecroyaitobligédemeparlerdeSelynn.

-Iladevinéquetumentais?

-Ouaip.(Holidaygloussa.ElleetKylierestèrentplantéesuneminuteàregarderlafoule.)D'autresnouvellesdufantôme?

–Rienderien.J'aipeurd'avoirtoutfichuenl'air.

-Jenepensepas.Elleessaieprobablementdetrouvercommenttedirecequ'elleveutquetusaches.

-Jel'espère,rétorquaKylie.

Descrisdefureurretentirentauboutdelapièce.

-Dequoim'as-tutraité?fitunevoixtonitruante.KylieetHolidaylevèrentlesyeux.Deuxloups-garous,nezànez,semblaientprêtsàserouerdecoups.

-Auboulot!lançaHoliday,quis'empressad'allermettreuntermeàlabagarre.

Kylielaregardapartir,puiscalmerlacolèredesdeuxgarçonstrèsnerveux.Aprèsquelquesminutes,elleremarquaMirandaquitraînaitavecsescopinessorcières.Kyliesavaitquecelaneladérangeraitpassiellesejoignaitàelles,maiselleseravisa.HelenetJonathonjouaientauxéchecsdansuncoin.EllepourraitallerregarderHelen,brillantejoueuse,mettredenouveauuneracléeàjonathon,maiscesdeux-làavaientl'aird'apprécierderesterseuls.

Unautrebalayagevisueldelapièce,etKylielocalisaDerek.Adosséàunmur,lesbrascroisés,ill'observait.Unsourires'ébauchalentementsurseslèvres.QuelquechosedanscesourireindiquaàKyliequ'ilneseraitpascontreunpeudecompagnie.

Ellepassarapidementlasalleenrevuepourvoircombiendepersonnespourraientsentirseshormonesouliresessentiments.Ilyenavaitpartout.Quefaire?

Ellejetadenouveauuncoupd'œilàDerek,sesouvintcommeçaavaitétébonquandill'avaitserréedanssesbrascesquelquesminutesdanslebureauetsedit...tantpis!Ellesedirigeaverslui.

-Tuveuxallermangerunepizzaauclairdelune?luimurmuraDerekàl'oreillequandellelerejoignit.

Siprochedelui,ellepouvaitsentirsonodeurdepropre.Unevisiondujeunehomme,nu,couvertdejustequelquesgouttesd'eau,envahitsonesprit.Ellelachassad'unbattementdecils.

-C'estcommedanserauclairdelune?C'estcenséêtresexy?

Ellesouritetsemorditlalangue.Pourquoifallait-ilquelorsqu'ellesetrouvaitàmoinsd'unmètredelui,ellenepenseplus...qu'àlui?

Ilarboraungrandsourire.

-C'estpossible.Aveclabonnepersonne.Etlabonnepizza.(Ilrit.)Hé,j'aifaim!

Ilsprirentdeuxpartsdepizzaetdeuxboissons,puissortirentduré-

fectoire.

-Jeconnaisl'endroitidéal,déclara-t-il,alorsqu'ilslaissaientlebrouhahadesbavardagesderrièreeux.

Lanuitétaitchaudeetdouce.Derekdésignalesdeuxgrandsfauteuilsàbasculeblancsdevantlebureau.Kylielesuivit.Elleallaits'asseoirlorsquesontéléphonesonnadanssapoche.

Posantsonverreparterre,ellepritsonassietteenéquilibredansunemainetsortitsonportablepourvérifierlenuméro.Ellefronçalessourcilsquandellereconnutceluidesonpèreetappuyasurlatouche«

off».

-Quic'était?demandaDerekenavançantledeuxièmerocking-chair,desortequ'ilsseretrouvèrentfaceàface.

-Monpère.Enfin,monbeau-père,secorrigea-t-elle.

-Tuneluiparlestoujourspas?

Ils'assitetavalaunbonmorceaudepizzaaupepperoni.

-Non.

Kylierangealeportabledanssapocheetselaissatomberdanslefauteuil.Leursgenouxsetouchaient;c'étaitagréable.

–Pourquoi?demandaDerekentredeuxbouchées.

Kylieleregardafixement.

-Pourquoiaurais-jeenviedeluiparler?

Elleplaçasonassietteenéquilibresursesgenoux.Derekfinitdemâcheretdéglutit.

-Parcequetul'aimes.Parcequejusqu'àcequelemariagedetesparentscapote,c'étaitunsuperpapa.(Illevaledoigt.)C'esttoiquimel'asdit.

–Oui,maispaspourquetut'enservescontremoi.

Ellepritsapartdepizzaetregardafixementlefromagefondu.Elleeneutl'eauàlaboucheetsonestomacgargouilla.Heureusement,elleavaitenfinfaim.L'espaced'uninstant,elleavaitcruquelesangavaitanéantisonenvied'alimentsnormaux.

-Jenem'enserspascontretoi(Ilsirotasaboisson.)Je...j'essaiejustedet'aider.Parcequequandtuasvuquec'étaitsonnuméro,tuaséprouvédelatristesseetdelasolitude.Jel'aisentitoutaufonddemoi.

Peut-êtrequesituluiparlais,tuneseraisplusobligéederessentircela.

-Ilatrompémamère.

ElleréprimalelégeragacementqueDerekluiinspiraitetavalaunpetitmorceaudepizza.Lasauceépicéeetlefromagefondantfirentfairedesbondsàsespapilles.

-Justement,ditlegarçonenprenantunenouvellebouchée.C'esttamèrequ'ilatrompée.Pastoi.

Kyliefronçalessourcils.

-Pourquoitoutlemonden'arrêtepasdemerépéterquesoninfidéli-tén'arienàvoiravecmoi?Elleabriséleurmariage!Rienn'estpluspareilpourmoi,depuis.

Dereklascrutapar-dessuslereborddesonverreetfitbougersonrocking-chair.

-Peut-êtrequesituluiparlais,unepartiedevotrerelationresteraitintacte.Etvosrapportsredeviendraientcommeavant.

Kylielaissatombersapizzadanssonassiette,lafrustrationchassantsonpremiersigned'appétitdepuisdesjours.

–Tusais,pouruntypequirefused'adresserlaparoleàsonpère,çatevabiendedireça!C'estvrai,tuasengagéundétectivepourleretrouverettuneveuxtoujourspaslecontacter.

LamâchoiredeDerekseserra.

-Etdonc?

Elleplissalesyeuxetleregardafixement.

–Etdonc?Lâche-moi,d'accord?

Derektraînalespiedssurlesolduperron,bloquasonfauteuiletregardaKylieintensément.

-Tuveuxquejetelâche?J'aidéjàpeurdet'adresserlaparoleenpublic.Çanetesuffitpas?

Lafrustrationenvahitsavoix,maisladouleurdansleregarddujeunehommefitentendreraisonàKylie.

Pourquoifaut-ilquejemecomporteengarce?

-Jesuisdésolée,dit-elle.Jen'auraispasdûterembarrer.Etçanemedérangepasquetumeparlesdevanttoutlemonde.C'estjustequejesuis...tellementlunatique!

EllesesouvintdecequeHolidayluiavaitdéclaréàproposdessautesd'humeurchezlesloups-garousavantlapleinelune.Était-cepourcelaqu'ellesecomportaitainsi?Ellelevalesyeuxsurlecielbleufoncéetseconcentrasurcequiressemblaitpresqueàunepleinelune.Lundi,ellesaurait...

QuandellereposalesyeuxsurDerek,celui-ciavaitcontinuéàmanger.Maisiln'avaitpasl'airheureux.Ilnelaregardaitmêmepas.LespenséesdeKylieallèrentdecequipourraitseproduirecefameuxlundiàlacolèrequivenaitdegronderentreeux.

-Hé!dit-ellepourattirersonattention.

Quandillaregarda,sonmécontentementétaitencoreplusvisiblesursonvisage.

-Jesuisvraimentdésolée,ajouta-t-elle.

Illaissatomberlerestedepizzadanssonassiette.

-Tunedevraispas,marmonna-t-il.(Ils'essuyalabouched'unreversdelamain,puisilfermalesyeuxuneseconde.)Tuasraison.Jen'aimeraispasquetuessaiesdemedired'appelermonpère.C'estjusteque...

–Quequoi?

-Jeressenstoutcequeturessens,etparfois,çadevientunpeutropextrême.

-Danslesensnégatif?

-Pasvraiment,répondit-il,etilsedétourna.

-Alors,onn'estpasfâchés?Tuexcusesmoncomportementdegarce?demanda-t-elled'unevoixdouceetimplorante.

-Jenecroispasquetupuissesprétendreautitredegarce,dit-ilensouriant.Maisoui,jetepardonned'êtrebougon.

Ildéposasonassiettesurlesoletseleva.Enappuyantsesdeuxmainssurlesbrasdurocking-chairdeKylie,ilsepenchaetl'embrassa.

Cebaisern'avaitabsolumentriendesensuel,maisladouceuraveclaquelleseslèvreseffleurèrentlessiennesfitgonflerd'émotionlecœurdelajeunefille.Uneémotionaussigluantequelapizzaaufromagequ'elleavaitlaisséedecôté.

-Miam!(Ilseretira,toutsourire.)Jenesaispassic'esttoiousic'estlapizza,maisjeviensdegoûterquelquechosededélicieux!

Kylieluitouchalajoue.

-Tum'aimeraistoujourssij'étaisunloup-garou?

-Atonavis?

LeslèvresdeDereksereposèrentsurlessiennes.Cettefois,ilglissasalanguedanssaboucheetfitbattresoncœurencoreplusvitequesonpoulsdéjàanormalementrapide.

Maislorsqu'ils'écarta,ilnesouriaitplus.Iln'avaitpasl'airheureux.

-Qu'ya-t-il?l'interrogeaKylie.

-Rien.

Ilserassitdanssonrocking-chair.Elleregardasonexpressionàtraversleclairdelune.

-Jedétestequandonfaitça.

–Quandonfaitquoi?

-Lorsqu'ondit«rien»alorsquec'estévidentqu'ilyquelquechose.

Illaissaéchapperunsoupir.

-D'accord,situveuxsavoir,jeviensdepenserqu'ilsepeutquejenesoispassupercontentquetusoisunloup-garou.

-Parcequej'auraisdespoilspartout?

-Non.(Ils'assombrit.)Parceque...Lucasenestun.

Plustard,aprèsqueDerekl'eutraccompagnéedanssonbungalowdansunsilencegêné,Kyliedécidadesecouchertôt.Ellen'étaitaulitquedepuisquelquesheureslorsqu'ellesesurpritàrêver.Ellecompritqu'ils'agissaitd'unrêvedèsqu'ellepritconscienced'unesensationdeflottement.Elleroulasurlecôtéettentadeseréveiller,maisensuiteellevit...

Ellelevit.Unefoisdeplus.Lucas.

Illaregardaitetsouriait.Sesyeuxbleuvifsemblaientendormis.

Ellecompritqu'ellenesetrouvaitplusau-dessusdelui,maisàsescôtés.

Ilportaitunjeanetunechemisebleuclairouverte.LeregarddeKylieseposasursapoitrine,puisplushaut.Toutenhaut,loindesachemiseouverte.LescheveuxbrunsdeLucasétaientébouriffés,commes'ilsortaitdulit,etlesmèchesfoncéesparaissaientunpeupluslongues.Ellesétaientmêmelégèrementondulées.

-Tuesvenue,constata-t-il.

–Venueoù?demanda-t-elle,plutôtgênée.

Ilneluiréponditpas,maislança:

-Allonsnousbalader.

Illuitenditlamain,commes'ilvoulaitqu'ellelaprenne.

Ellehésita.L'idéedeletoucherlatentait,maisellesesouvintqu'elleétaitfurieusecontrelui,sansserappelerlaraisonexacte.

-Jenemordspas.Ilsouritdenouveau.

Cen'estqu'unrêve,sedit-elle,etelleglissasamaindanslasienne,oubliantlacolèreinfimequ'elleressentait.Sapaumeétaitsichaudecontrelasiennequ'elleluidonnadesvertiges.

-Tum'asmanqué,dit-il.

Ellenesavaitpasquoirépondre,alorsellesetut.Oudumoinsn'allait-ellepasluiavouerqueluiaussi,illuiavaitmanqué.Maisc'étaitlecas,etellelesavait.

-Oùallons-nous?demanda-t-ellequandilsemitenroute.

Ils'arrêta.

-Oùaimerais-tualler?

Brusquement,Kylieserenditcomptequ'ilssetrouvaientdanslesbois.Degrandsarbresavecdesfleurstrèsodorantesétaientcommesuspendusau-dessusdeleurstêtes.

-Paris?Lecentrecommercial?(Ilregardaautourdeluicommes'ilvenaitderemarquerlepaysage.)Oupréférerais-tulelac?Commedansledernierrêve?(Savoixdevintplusgrave,plusrauque.)Onyva?

LesangmontaauvisagedeKylie.

Commentest-ilaucourant?

Puisellesesouvintquecen'étaitqu'unrêve.Çanevoulaitriendire.

Si?Pourtant,celui-ciluisemblaitencoreplusétrange.Différent.

Lucasentrecroisasesdoigtsaveclessiens.

-Nouspourrionsallern'importeoù,tantquejesuisavectoi.

Sesirisparurents'assombrir,etsespaupières,s'alourdir.

Ellereconnutcesentiment.Désir.Faim.Passion.Ellel'avaitvudanssesyeuxlejouroùilss'étaientembrassésàlacrique,prèsdesempreintesdedinosaure.Maiscen'étaitpaslapremièrefoisqu'ellereconnaissaitcetteexpression.Ellel'avaitvuedanssonrêve.Quandilsnageaient.Quandillatouchait.

-Nouspouvonsmêmefairen'importequoi...parceque...(ilserapprochad'elle)parcequecen'est

qu'unrêve.Cen'estpasréel.Commelepremier.Maisc'esttonchoix.C'esttoiquiesauxcommandes.

Ilpenchaunpeulatêteetellesentitsonvisage,légèrementpiquant,contrelesien.PuisleslèvresdeLucaseffleurèrentsesjouesjusqu'àcequ'iltrouvesabouche.Ellelelaissal'embrasser.Audébut,elleneréagitpas.Dumoinsjusqu'àcequesalangueseglisseentreseslèvres.

Incapabledepenseràautrechose,ellecapitulaetluirenditsonbaiser.C'étaitintense.Merveilleux.Cen'étaitqu'unrêve.Sesmains,danssondos,sedéplacèrentsursonventre.Sesseinssegonflèrentquandillescaressa.

Puis...elleserappelaDerek.Lefort,legentil,lemagnifiqueDerek.

PuiselleserappelaaussiFredericka.Oui,c'étaitlaraisondesacolèrecontreLucas.

Ellesereculad'uncoupsec.Ellerespiraitfort.Luiaussi.

Elles'éloignaendérivant.

–Neparspas,Kylie!cria-t-il.Reviens,jet'enprie!

Kyliefutbrusquementréveillée.Elles'assitdanssonlit.

Soncœurbattaitlachamade,commesiellevenaitdecourirunma-rathon.Sespaumesétaientmoites.Soncorpslapicotait.Departout.

Socks,toujourssoussaformedemouffette,miaulaaupieddulit.

-Étrangerêve,ditKylieavoixhaute.

PuiselleserappelalalettredeLucas.Sapremière.«Rêvedemoi»,l'avait-ilsignée.Était-ceunecoïncidence?

Deséventualitéstoutesplusfolleslesunesquelesautresseformèrentpeuàpeudanssatête.Etsicen'étaientpasquedesrêves,maisautrechose?Cegenredepouvoirexistait-il?

Pluselleypensait,pluselleycroyait,etplusellesemitencolère.

Commentosait-ilentrerdanssesrêveset...l'embrasser?Latoucher?

Frederickaneluisuffisait-ellepas?Leloup-garousedoutait-ilqueLucaslafuyaitpourvenirrendrevisiteàKyliedanssessonges?

Tantdequestionsetpasderéponses.Ellecompritqu'ilyavaitunseulendroitoùellepourraitlestrouver.

Elleallumalalumière,ouvritsontiroird'uncoupetpritl'enveloppe.

Ellel'avaitdéjàouverteetensortitlalettre.

SalutKylie,

Uneautrelettredemapart.Pourcequej'ensais,jesuisladernièrepersonneaumondedonttuaiesenvied'avoirdesnouvelles.Maisçanem'empêchepasdel'écrire.Nidepenseràtoi.Etjepensetoutletempsàtoi-jemedemandesituasdécouvertcequetues,ainsiquetesnombreuxtalents.J'aiparléàBumett,etquandjeluidemandedetesnouvelles,ilsecontentedemerépondrequetuvasbien.Jecroisqu'ilsavaitquejevoulaisdesdétails,maisiln'étaitpasprêtàmelesdonner,jenesaispaspourquoi.CequimepousseàmedemandercequetufaisetqueBumettrefusedepartager.Jepréfèrenepastropypenser,parcequejevaiscommenceràm'inquiéter.

Onpourraitdirequejesuistrèspossessif.Jenedispasquec'estbien,maisjet'aiconnuelepremier,non?

Tesouviens-tudenotrepremièrerencontre?Tuétaisdanslacourdetamaison,allongéeparterre,entraindecontemplerleciel.Quandjemesuisapproché,tunem'asmêmepasditbonjour.Tum'asregardéavectesgrandsyeuxcurieuxettum'asdemandésij'avaisvul'éléphant.Audébut,jet'aiprisepourunefolle,puis-tum'asmontrélesnuages.

Kyliecessasalecture,alorsqueleminusculesouvenirsemettaitàflotterdanssatête.Oui...ellesesouvenait.Respirantungrandcoup,ellerepritsalecture.

Jemesouvienst'avoirditquejenevoyaispasl'éléphantdanslesnuages.Maissi,jelevoyais.J'ignorepourquoij'aimenti,sûrementparcequetumerendaisnerveux.Jevoyaisbienquetun'étaispashumaine,maisjenepouvaispasdevinercequetuétais,etc'étaitétrange.Pasdanslesensnégatif,non.Tuétaiscommeunpuzzlequejevoulaisassembler.

Ah...Celafaitdixans,etvoilàquejesuisencoreentraind'essayerdetedéchiffrer!Unepartiedemoisedemandesic'estparcequetuesunefille-

lesfillessonttoujoursunmystère-ousituesvraimentunpuzzleaussicompliqué.

Enfin,brefj'espèrequeceseraunebonnenouvellepourtoi,maisilsepeutquejerevienneaucamp.J'enaiparléàBurnettetilm'aditqu'ildevaitconvaincrecertainespersonnes,etquesiellesétaientd'accord,jereviendrais.J'espèrequejepourrait'endireplus,àcemoment-là.

J'espèretevoirbientôt,mais,enattendant...rêvedemoi.

Tonadmirateuretamipourtoujours,

LucasKyliefittomberlalettreetregardafixementcestroismots.

«Rêvedemoi.»

Quevoulait-ildireaujusteparlà?

Celasignifiait-ilquelquechose?Sûrement...Kylieplialalettreetlarangeadanssontiroir.Sesémotionsétaientenvrac.

Soudain,elletrouvaunsecondendroitoùchercherdesréponses.Làoùelleserendaittoujours.

Holiday.

Kylieexaminaleschiffresrougesquibrillaientsursonréveil.Troptôt.Iln'étaitpasencore...5heures.

Maisqu'arrivail-ilaufroidquisurvenaithabituellementàl'aube?

Elleregardaparlafenêtreetaperçutunevagueébauchedeleverdesoleil.Sanssavoirpourquoi,sonespritsedétournadesfantômespourseconcentrersurlesdeuxfillesmorteslaveille.Ellesneverraientplusjamaislesoleilselever.Nevivraientplusaucunenouvellejournée.Nerê-

veraientplusjamais.Kylieserrasacouettedesdeuxmainsetréprimacetteémotion.

Sarespirationvenaitdereveniràlanormalequandlefroidsefaufiladanssachambre,telunmauvaisprésage.

-OK,fitKylieencherchantlapatiencedontellesemblaitprivéeencemoment.Etsinousdiscutions?Quepeux-tumedirequejenesachepas?Donne-moiquelquechose.Pourquejepuisseaidercellequiabesoind'aide,quiquecesoit.

-Tupeuxlasauver.

Lesparolesdufantômeemplirentl'airglacialetsonespritapparut.

Seslongscheveuxbrunsflottaientsursesépaules.Cettefois,ellenesemblaitnimaigrenimalade.Etelleavaitquelquechose,unpetitquelquechosedevaguementfamilier.Kyliesedemandacequecelasignifiait.

-Tupeuxlasauver.Tunelesaispas,maistupeuxlefaire,repritlamorte.

-Commentvais-jelasauver?demandaKylie,quiespéraitquecelapourraitl'éclairersurl'identitédelapersonne.(Illuifallaitquelquechose,n'importequoipourl'aideràcomprendredequiils'agissait.)Quidois-jesauver?

-Elleestterrorisée.Elleabesoindetoi.

–Qui?(Kylieserralesdents.)Dis-moiqui,etjeteprometsquejeferaitoutcequejepourraipourl'aider.Comprends-tuquejenepeuxpassauvercettepersonnesijenesaispas...

L'espritdisparut.

-Etmerde!

Kylieselaissaretombersurlelit.Elleinspiraetexpira,ettâchadenepaspenseràlafrustrationqueluiinsufflaitlefantôme.ÀlafrustrationqueprovoquaientLucasetleprétendurêve.Auxfillesquiavaientperdulavielaveille.

Aumilieudetoutescesrestrictionsautourdespenséespermises,Kylietrouvaunsujetautorisé:aujourd'hui,c'étaitlejourdesparents.Cequigénéraunetoutenouvellevaguedefrustrationenelle.

Samèreneviendraitpas.Sonpère...sonbeau-pèreétaitentraindesedéhancheravecunenanaquiavaitpratiquementsonâge,etKylieseraitsûrementlaseulepensionnairedontlesparentsneseraientpaslà.

Celanelarendait-ilpasexceptionnelle?

-Daniel?(Elleprononçalenomdesonpèreàvoixhaute.)Pourrais-tupasseruneminute?(Pourmesoutenirmoralement.Voirepourré-

pondreàquelquesquestionssurtesparents.S'ilteplaît!)Aucuneréponse.Ellecomptajusqu'àdix.Récitauneprière.Etpatientaencoreuneminuteavantdeperdrepatience.

Elletapadespoingssurlematelas.C'étaituntrucdegamineidiot,maisdanssonétatd'esprit,c'étaitaussiagréable.Siagréablequ'ellecontinuaquelquetemps.

SockslaissaéchapperuncrieffrayéetKyliesentitqu'ilsautaitdulit.

Elleauraitétédésoléepourluisiellen'avaitpasétéd'humeuraussimassacrante.Etelleserappelaalorsl'éventuellesignificationdecessautesd'humeur.Elle,KylieGalen,risquaitbiendesemétamorphoserenloupdansdeuxjours.Laviepourrait-elleallerencoreplusmal?

Aprèsavoirinfligéunebonnerosséeàsonmatelas,Kylies'habilla,s'excusaauprèsdeSockspours'êtremontréeaussibêteetsortitdesonbungalowàlarecherchedeHoliday.

Lesmatinéesétaientdeplusenpluschaudesetbrumeuses.BienvenueenjuilletauTexas!songeaKylieenserendantaubureaupourinterrogerladirectrice.Lafrustrationquibourdonnaitdanssonventrel'incitaitàcourir,maissielleétaitimpatientedetrouverdesréponsesausujetdesesrêves,ellenel'étaitpastantdeposerdesquestions.Holiday,avecsonradaràémotions,sauraitsûrementdéchiffrerdequelgenrederêvesKylieparlait.

Toutefois,sonbesoind'obtenirdesexplicationspesaitmanifestementpluslourdqueceluid'éviterlahonte,parcequ'ellecontinuasaroute.

AlaminuteoùKyliegravitlesmarchesdubureau,elleentenditleséclatsdevoixfurieusesquiensortaient.

Elles'arrêtaprèsdesrocking-chairsblancsoùelleavaitpartagéunepizzaavecDereklaveilleausoiretécouta.Paspourespionner,justepours'assurerqueHolidayallaitbien.

-Qu'est-cequ'ilyademalàacceptermonargent?ditunevoixmasculinetonitruante,qu'ellereconnutimmédiatementcommecelledeBurnett.

-Riendutout,réponditHoliday.Jen'aipasditquejen'envoudraispas.Simplementdemelaisserquelquessemainesavantdemedécider.

-Quelquessemainespouressayerdetrouverunautreinvestisseur,oui!Dis-moiquecen'estpascequetufais!

-Bon.Si,c'estcequejesuisentraindefaire,mais...

-Medétestes-tu,ainsiquelesvampires,aupointquetuseraisprêteàprendrelerisquedefairefermerShadowFalls?

Kylietressaillitlorsqu'elles'aperçutque,parsimplesollicitudepourHoliday,elles'étaitmiseàespionner.Nesouhaitantpasviolerdavantagel'intimitédesonamie,elles'éloignaduporchedequelquesmètresafindenepluslesentendre.

–JenevaispaslaisserShadowFallsfermersesportes!

LavoixdeHolidayrésonnaittoujoursauxoreillesdel'adolescente.

Engrimaçant,ellereculaencoredeplusieursmètres.

-Maistuneniespasquetumedétestes,pasvrai?insistaBurnett.

-«Détester»estunmottrèspuissant,répliquaHoliday.

Lajeunefilleregardalebureaudepuissonposted'observation,fronçalessourcilsets'éloignadequelquesmètressupplémentaires.

–Mince,alors!ditBurnett,d'unevoixforteetclaire,queKyliepercevaitencore,commesi...ilsetenaitàcôtéd'elle.

-Mauvais...marmonnaKylieens'apercevantqu'ellen'auraitpasdûpouvoirentendreBurnettetHoliday.

Ilssetrouvaientàl'intérieur,etelle,àl'extérieur.Et,quiplusest,àunebonnequinzainedemètres,mesura-t-elle,dubureau.

Oh,merde!Encoredeschangements!Kylieattrapasesseinspours'assurerqu'ilsn'avaientpasprisunbonnetdeplus.Heureusement,cen'étaitpaslecas.

-Jeveuxjusteaider,poursuivitBurnett.

Kyliecontinuaàreculer,encoreetencore,suffisammentpourneplusentendrelaconversation.

-Alorsaide-moienessayantdecomprendre,ripostaHoliday.

-Quesuis-jedonccensécomprendre?Quetuferaisn'importequoipourtedébarrasserdemoi?Quec'estpourcelaquetuagiscommeça?

-Jene...

LavoixdeHolidaytremblota.

-Parcequetuaspeurquesijamaistuacceptaismonargent,tudevraiscoucheravecmoi.Est-cequejet'attireaupointqu'ilt'esttrèsdifficiled'êtreenmacompagnie?Mincealors!Couchonsensemble,etcommeça,tun'ypenserasplus!Peut-êtrequ'ensuitetusupporterasmaprésence!

-Cequetupeuxêtrearrogant!rétorquaHolidayd'untonsec.Coucheravectoi,c'estladernièrechosequejedésire.

–Ahhh,enfin!Là,jesaisquetumens!Jeteplais.

-La,la,la...semitàchanterKylieensebouchantlesoreilles.

Ellenevoulaitpasentendrecela.Surtoutpas.Mêmepasunpeu.

Ellesedétournaetrepritlesentierquiconduisaitàsonbungalow.

Quelquessecondesplustard,elleentendituneporteclaquer.Ellesentituncourantd'air.Ellebattitdespaupières,puis,lorsquesesyeuxserouvrirent,Burnettsetrouvaitdevantelleetpassaitunemaindanssescheveux.

-Cettefemmeestlarouquinelaplusdifficileetlaplustêtuequej'aiejamaiseuledéplaisirderencontrer!

Ils'enfuitàtoutesjambes,nelaissantqu'unetraînéeflouedanssonsillage.

-Ettuesentraindetomberamoureuxd'elle,murmuraKylie.

Elleignoraitcommentellelesavait,maisellelesavait.Enmêmetemps,elles'aperçutqu'ellel'avait

sentiauxcascades,également.L'émotionsincèrequ'elleavaitperçuedanslavoixdeBurnettetvuedanssesyeuxl'avaitl'encouragéeàluiavouerlavéritésurlepassédeHoliday.

Maiscelan'invalidaitpaslefaitquecen'étaitpasàelledelaluidire.

Toutefois...

Kyliereposalesyeuxsurlebureauetserappelasesinterrogationssursonrêve,ainsiquesestoutesnouvellescapacitésauditives.Était-ceundondeloup-garou?EllesesouvintavoirdemandéàLucass'ilpouvaitpercevoirlesbattementsdesoncœur,etcelui-ciluiavaitréponduquel'ouïedesloups-garousn'étaitpasvraimentfaitepourcela,maisplutôtpourécoutersesennemisapprocher.Quelgenred'ouïeKylievenait-elledesedécouvrir?Celled'unvampireoucelled'unloup-garou?

Tournantlatêtesurlecôté,elletenditl'oreille.Rien.Biensûr,elledistinguaitlesbruitshabituels,maisriennesemblaittropfortnisortirdel'ordinaire.Dellaavaitdéclaréqu'ellepouvaitentendrelesanimauxàlaréserveanimalière.Kylie,non.Alorspourquoiavait-ellepupercevoirladisputeentreHolidayetBurnett?Qu'est-cequecelasignifiait?

Enregardantfixementlecielimprégnédesteintespâlesdudébutdelamatinée,elleessayad'acceptertoutesceschosesquichangeaientenelle.Leproblème,c'étaitquepourcomprendrecomplètement,elledevaitsavoircequ'ellepouvaitbienêtre!Lapoitrineremplied'émotionselleretournaaubureauenpriantpourqueHolidaydétiennelesréponses.

-Holiday,c'estmoi!criaKylieenentrantdanslebureauprincipaldixminutesplustard.

–Dansmonbureau,réponditlajeunefemme.

QuandKylies'arrêtadevantlaporte,ladirectricepassaitlesmainssursesjoues.Ellepleurait.Ouavaitpleuré.L'angoisseetlechagrinenvahirentlapoitrinedeKylie

-Tuvasbien?

-Cen'estrien.(Elleagitaunemainenl'air.)Burnettetmoi...nous...

nousavonseudesmots.

-Jesais,ditKyliequidécidaquelameilleureapprocheconsistaitàavouerlavérité.J'aientendu.

Holidayfitunemouedésapprobatrice,etKyliesedemandasic'étaitparcequ'ellepensaitqu'elleavaitempiétésursavieprivéeouàcausedelafrustrationpersistantequeBurnettluiinspirait.

-Jenevoulaispasécouterauxportes,reprit-ellerapidement.Quandjesuismontéesurleperronetquejevousaientendusvousdisputer,jetenaisàm'assurerquetuallaisbien.Alorsjemesuiséloignée...maisj'entendaisencore...Puisjemesuisencoreplusreculée.Etj'entendaisencore.

UnelégèrepaniqueimprégnalavoixdeKylie.Lamouedesonamies'accentua.

-Faisions-noustantdebruitquecela?

-Non,etc'estbiençaquiestsibizarre.Jen'auraispasdûvousentendre.Jen'arrêtaispasdem'éloigneret...

LesyeuxdeHolidays'ouvrirentengrand.

-Ettupouvaistoutdemêmenousentendre?Tuessûrequecen'estpasnousquiétionstropbruyants?

-Certaine.Jemetrouvaisàl'entréeduchemin.

–Waouh!s'exclamaHoliday.

–Oui,waouh!répétaKylie.

Elleselaissatombersurunechaise.Sonregardseposaalorssurlesfactureséparpilléessurlebureau.L'émotionetlafrustrationdeHolidayimprégnaientencorelapièce.Kylielaregarda.

-Avons-nousdesérieuxproblèmesfinanciers?

Holidaycontemplalestasdefactures.

–Ilsemblerait.Maisçafinirapars'arranger.

-Vas-tuaccepterl'argentdeBurnett?

LesyeuxdeHolidayseplissèrentd'inquiétude.

-Oui,avantqueShadowFallsn'enpâtisse.Maisçan'aaucuneimportance,pourl'instant.Cequicompte,c'esttoi.Est-cequetoutcela...

netedérangepas?(Ellescrutalajeunefille.)Jeparledetonouïesensible.

-Ai-jelechoix?(Kyliechassasamauvaisehumeur.)Sijeterépondaisqueçam'embêtait,est-cequeças'arrêteraitpourautant?

Holidayluiadressaunsourirecompatissant.

-Jedevinenonsansmalcombienceladoitêtredurpourtoi.C'estvrai,j'aicomprispeuàpeuquecertaineschosespouvaientarriveretqu'ilpouvaitdoncyavoirdessurprises,maisjesuissûrequepourtoi,çadoitêtreunsacréchoc.Cesdernièressemainesontétéunevéritablerévélationpourtoi,non?

-Justeunpeu!réponditKylied'untonsarcastique,etelleenfonçalespaumesdesesmainsdanssesorbites.

Quandellelevalesyeux,Holidayladévisageait.

–Jeveuxsimplementdécouvrircequejesuis.Sijelesavais,alors...

jecroisquejepourraisl'accepter.J'enaimarredemedire:«Jesuisçi,jesuisça...»(Ellejoignitlesmains.)J'aiététellement...lunatiquecesjours-ci.Unevraiegarce!J'aiprisunbonnetdesoutien-gorge,unepoin-ture,etdujouraulendemain,j'aigagnédeuxcentimètresetdemi.Etvoilàqu'àprésentj'entendsdeschosesquejenedevraispas.D'aprèstoi,celasignifie-t-ilquejesuisunloup-garou?

Holidaymâchouillasalèvreinférieurecommesielleréfléchissait.

-L'ouïesurdéveloppéeestl'undeleursdons,maisc'estaussilecasdesvampires.Jecroiscependantquelesunsetlesautresontdestypesd'ouïedifférents.

Kylierestaitsuspendueàseslèvres;elleespéraitqu'Holidayluiannonceraitquelquechosequ'elleignorait.Maiscela,elleleconnaissaitdéjàenpartie.

-Commejetel'aiexpliqué,poursuivitHoliday,quandtumélangesleshumainsetlessurnaturels,oudiversesespèces,parfoislaprogéniturenaîtavecdesaptitudesdifférentes,maisellehéritetoujoursdel'ADNetdesdonsprincipauxduparentdominant.Etelletombedansuneseuleconfigurationd'espèce.Jesuissûrequelatiennefinirabientôtparapparaître.Vulavitesseàlaquelleseproduisenttousceschangements,ellepeutémergeràtoutmoment,aprésent.

Kylies'efforçaitdecomprendre.

-Maistuasaussiaffirméquesij'étaisunvampireouunloup-garou,j'auraisdéjàvécucertainestransitionsdebase.

-Jel'aidit,oui,admitHoliday,maisj'aiaussipréciséquejen'avaisjamaisvudecascommelerien.

-Jenesuisqu'unmonstre.

-Non,tuesexceptionnelle.

-Jeneveuxpasêtreexceptionnelle,soupiraKylie.Lesféesont-ellesuneouïesurdéveloppée?

ElleregardaHoliday.Unsourires'ébauchasurleslèvresdecelles-ci.

-Généralementnon.(EllecontinuaàscruterKylie,commesiellelisaitsadéception.)Tuaimeraisêtreunefée?

–Oui.Enfin,sij'ailechoix,jepréféreraisça,ouêtreunesorcière.

Quelquechosequi...tuvois...nememodifiepasetnechangepasnonpluslatempératuredemoncorps.

KyliesongeaàDellaetàcequecelle-ciressentiraitsielleconnaissaitlefonddesapensée.

-Suis-jehorribledevouloirça?demandaKylie.J'adoreDellaetjenetienspasàlablesser,maisje...J'aimeraismieuxêtreuneféeouunesorcière.C'estvrai,laplupartdeleursdonsnesontpassicompliqués,nisiinvivables!

Holidaygloussa.

-Oublierais-tulesfantômes?Onvoitsurtoutcelachezlesféesouleselfes.Etcrois-moi,laplupartdessurnaturelsmourraientplutôtquedevouloiravoiraffaireauxesprits.

-Exact.(Kyliecilla.)J'avaisplusoumoinsoublié.Ehoui,çamegonfleroyalement!Audébut,çameterrorisait,maismaintenantquej'aieuletempsdem'yfaire...(Ellemarquaunepauseetserappelalapetitevisitedufantômelematinetlecauchemardel'autrejour.)D'accord,parfois,çamefaitencoretrèspeuretçamefrustre.Maisaumoins,maintenant,j'ysuispresquehabituée.

Holidayposasescoudessurlebureau.

-Quoiquetusois,quelsquesoientlesdonsquetufinirasparpossé-

der,tuapprendrasqu'avecletemps,ceschangementsserontmoinsflippants.Quoiqu'ilarrivelundi,jesais...

-Lundi?Parcequec'estlapleinelune?Tucroisquejesuisunloup-garou,maintenant?

Holidaylevalamain.

-Jenesaispas.Cequejesais,enrevanche,c'estquetuesunejeunefillegénialeetque,quellequesoitl'issuedelasituation,tuirasbien.

Kyliesecaladanssonsiège,regardafixementHolidayetmarmonna

:

-Jedétesteça.Vraiment,jedétesteça.

Puisellesesouvintdelaraisonpourlaquelleelleétaitvenue.Elleserassitbiendroiteetrespiraunboncoup.Ellesemorditlalèvreinfé-

rieure,tâchantdeserappelercommentelleavaitprévud'interrogerHolidayàcesujet.N'avait-ellepastrouvéunmoyenmoinsgênantd'abordersesrêves?

-Autrechose...

Holidayattenditpatiemmentlasuite.

-Rêves...?

Kylieneparvintàdirequecemot-là.

-Oui?(Holidayparutinquiète.)L'espritt'enfaitfaired'autres?

-Non.

-Desterreursnocturnes?s'enquitHoliday.

-Non.

Étrangement,Kylien'enavaitpaseudepuislongtemps.

-As-tudenouveaudescrisesdesomnambulisme?demandaHoliday.

D'accord,çaseraitencoreplusbizarresiellenesemettaitpasàparler.

-Jefaisdesrêvesétranges.Jesaisquejerêvedanslerêve.Etlesgensdontjerêvesontaucourant,euxaussi.Etj'aipresquel'impressionqu'il...entrepareffractiondansmesrêves.

-«Il»?fitHoliday.

-Lucas.(Kyliesesentitrougir.)Est-ilpossiblequequelqu'un,Lucasparexemple,puisseyentrer?Me...rendrevisite?Çaal'airsiréel.Et...

sic'estlecas,jeveuxqu'ilarrête.C'estvrai,danssesdeuxlettres,ilaparléderêves.Etsic'estvrai,ilfautqueçacesse.

LesyeuxdeHolidays'ouvrirentengrand,maisellesetut.

-Qu'ya-t-il?demandaKylie.

-Je...bafouillaHoliday,commesielleessayaitdedécidercequ'elleallaitdire.

-Nememenspasetnemecacheriennonplus,mêmesitunefaisquedessuppositions.Dis-moicequi,d'aprèstoi,estlavérité.(Kyliemitsamainsurlasienne.)S'ilteplaît.

Holidayplissalefrontd'inquiétude.

–OK,maisçanevasûrementpasteplaire.

Super.Cen'étaitpascequ'ellevoulaitentendre.

-Ilyarrivevraiment,n'est-cepas?Ilentredansmesrêves?

LecœurdeKylies'emplitderessentiment.Holidaysecoualentementlatête:

-Jenecroispas...enfin,cenesontquedesconjectures,maiscen'estsûrementpaslui.

-Si,c'estlui,jel'aivu.(Kyliemitlamaindevantsonvisage,àdeuxcentimètresdesonnez.)Ilsetrouvaitàcettedistanceenviron.

Etplusprès.Elleserappelasonbaiser.

-Non,jenevoulaispasdirequecen'étaitpasluidanslerêve.Justequecen'estpasluiquientrededans.

KylietâchadecomprendrecequeHolidayétaitentraindeluiexpliquer.Celle-cipoursuivit:

–Cedonttuparles,c'estcequenousappelonsdel'effractionderêve.

Etjen'aijamaisentenduparlerd'unloup-garouquipossèdecedon.

-Ehbien,maintenant,si.(LacolèredeKylies'intensifiaquandellesesouvintdurêvedanslequelilsnageaient.)Etleproblème,c'estqu'ilfaitdeschoses...qu'ilnedevraitpas.

Holidaycontinua:

-Toutefois,c'estundontrèscommunchezceuxd'entrenousquipartagentledondecommunicationaveclesfantômes.

KylieregardafixementHoliday;ellenevoulaitpaslacroire.

–Insinuerais-tuque...c'est...moi...quifaiscela?

Holidaysepencha,commesielles'excusait.

-Oui,c'estexactementcequejesuisentraindedire,Kylie.

Lajeunefillefaillits'étranglerenavalantungrandsouffled'air.

-Donc,ceuxdontjerêve,euh...peuvent-ils...sesouvenirdesrêves?

Soncœurs'arrêtaquandelleserappelalepremier,celuidanslequelilsnageaientetoùelleluiavaitpratiquementmontrésesseins.D'accord,oùelleluiavaitcarrémentmontrésesseins.

-Certainespersonnes,oui,réponditHoliday.D'autres,non.

Merci,monDieu!

Unechoseétaitsûre,elleoptaitpourle«d'autres,non».

Holidaypoursuivit:

–Toutefois,lessurnaturelss'ensouviendraient.

OK,jeretirele«merci».

Maintenant,Kylieavaitenviedemourir.PuisellerevitLucasquiluidisait:«C'esttoiquiesauxcommandes.»

–Alors...quoiqu'ilsepassedanscesrêves...est-cequej'ensuis,jeveuxdire,responsable?Suis-jeàl'originedecequisepassedanslerêve?

Àenjugerparsonexpression.HolidayvenaitcomprendrelegenredechosesauxquellesKylievoulaitéchapper.

-Nosémotionsguidentsouventnoseffractionsderêves,toutcommeelleslesdirigent.

–«Nos»?demandaKylie.Toiaussi...tufaiscela?

Hé!Peinepartagée,peinedivisée,non?

Holidaytenditlamaindroite,pouceetindexpincés.

-Jesuislégèrementdouéedanscedomaine,maisoui,jeconnaisça,moiaussi.(Elleattenditquelquessecondesavantdepoursuivre.)Enfindecompte,c'esttoiquigères-àconditionquetucontrôlestesémotions.

VoilàquilaissaitKyliedansl'ignorance.Combiendefoisavait-elleavouénerienmaîtriserdutoutcôtégarçons?Alorssesrêves...

Holidaypoursuivit:

-L'effracteurétablitplusoumoinslascènedetonsonge.Tuproposesuntexteàceluioucelledontturêveset,selonlaforcedetesdonsetlapersonnedontturêves,ilouellepeutrefuserlescénarioouessayerdelemodifier.

Kyliecommençaitàavoirtrèsmalàlatête.Lestress,sansaucundoute.

-Maisçasembletellementréel!

-Çal'est,maisçanel'estpas.(Holidayluipritlamain.LanervositédeKyliesedissipa.)Imaginequetuvasaucinéma.Situvasvoirunfilmavecquelqu'un,vouspartageztouslesdeuxcetteexpérience.Vousvivezcesémotions,maisçanes'estpaspassépourdevrai.

Holidayrelâchasamain,puissecaladanssachaise.

–Jesuisimpressionnéeparcenouveaudon,Kylie.Vraiment!Siquelqu'unestdouéeneffractionderêve,onestimequec'estundontrèspuissant.Tupeuxapprendrebeaucoupdecela,etmêmeenseignerauxautresvial'utilisationdeseffractionsderêves.Etnoussommestrèspeunombreuxàavoirlachancedeleposséder.

-Quelbol!raillaKyliesanslemoindreenthousiasme.J'imaginequeçanefaitpaspartiedecesdonsreprisouéchangés?ajouta-t-elle,submergée.

-Nireprisniéchangé.J'aibienpeurqueletempsderefusertesdonssoitdéjàrévolu!Quandtuasacceptédecommuniqueraveclesfantômes,tuasacceptéuntout.(Holidaysourit.)Maiscrois-moi,avecletemps,tuaurasdavantagelesentimentdetoutmaîtriser.Sérieusement,Kylie,c'estundonexceptionnel!

Lajeunefillecroisalesbrassursapoitrineplantureuseets'efforçadetoutdigérer.Lesparolesdesonamierepassaientdanssatête:

«Jen'aijamaisentenduparlerd'unloup-garouquipossèdecedon.

»

-Donc,celasignifiequejenemetransformeraipasenloup-garoulundiprochain?

Holidaygardalesilence,maisKyliereconnutcetteexpressionsursonvisage.CellequisignifiaitqueHolidaysedemandaitsielledevaitannoncerquelquechoseet,lecaséchéant,commentfairepouramortirlechoc.

-Vas-y,crachelemorceau,luiintimaKylie.

Aupointoùelleenétait,ellepouvaittoutentendre.Holidayfronçalessourcils.

-Tusaistrèsbienmelire,déclara-t-elle.Tropbien,ajouta-t-ellecommesicelapouvaitvouloirdirequelquechose,également.

MaisKylieétaittropconcentréesurleproblèmeduloup-garoupoursepréoccuperdesautreschosesauxquellesHolidayfaisaitallusion.

–Qu'es-tuentraindemedire,maintenant?

Holidaysecoualatête.

-J'allaist'enparlerplustard.Maisd'abord,jetiensàêtrefrancheavectoi:cenesontquedesconjectures.

Ellemarquaunepause.

-D'accord...

D'unsignedelamain,Kylieluifitsignedepoursuivre.

-Aprèsnotrediscussionhier,celleoùtuasévoquéleloup...SelynnetBurnettm'ontapprisque...qu'ilexistaitunevieillelégendesurlesvraisloupsquiseraientattiréspardesloups-garouscensésêtreleschefsdelameute.

–Doncjesuisunloup-garouimportant?

Zutalors!Ellenevoulaitmêmepasenêtreunnormal!

-J'aiditquecen'étaientquedessuppositionsdenotrepart.Parcequefranchement,Kylie,touslesautrestrucs,lefaitquetunetesoisjamaistransformée,quetesautresdonsnesoientpascommunsauxloups,celanetientpasdebout;surtoutquandonsaitquelaplupartdeshiérar-chiesdansungroupedeloups-garoussontderacepure.Pasdesanghumain.Donc,tuvois,jenepréfèrepasquetutemettesàcroirequecelaveuilledirequoiquecesoit.Parceque,honnêtement,jen'ensuispassûre.

-Oualors,çapourraitsignifierquelquechosed'énorme...répliquaKylie.

Était-elledestinéeàpassersaviesanssavoirquioucequ'elleétaitréellement?

AvantqueKylienequittelebureaudeHoliday,celle-ciluiproposadel'aideràaccueillirlesvisiteurs,àoffrirdel'eaufraîcheetducafé,etàveilleràcequelapaixrègnedansleréfectoirependantlajournéedesparents.ElleavaitlesentimentqueHolidayn'avaitpasdutoutbesoindesonaide,maisqu'ellecraignaitplutôtquelajeunefillerentredanssonbungalow,s'écroulesursonlitetsombredansunedépressionprofonde.

Vuqu'ellepouvaitlirelesémotionsdeKylie,c'étaituneforteéventualité.

Prêteàjouerlerôled'hôtesse,Kylievitlaporteduréfectoires'ouvriretplusieursparentsentrerprécipitamment,àlarecherchedeleurenfant.

Kylieseditqueleplan«antidépression»deHolidayavaitunrevers

:voirdesparentsimpatientsserrerleursenfantsdansleursbrasneluiremonteraitpasvraimentlemoral.Lesouvenirducoupdefildesamère,bouleverséeparcequ'elledevraitmanquerlavisite,l'aidaàchasserunepartiedesamélancolie.Maisellerepensaalorsàsonbeau-pèreetauxraisonspourlesquellesilneviendraitpas.Tropoccupéavecsonassistante...

Kylietournalestalonsetallaremplirdesverresd'eauglacée.

Dixminutesplustard,levacarmes'intensifiadansleréfectoireàmesurequed'autresparentsarrivaient.Kyliepassalasalleenrevueetseremitàpenseràsamère.Maissonespritnes'attardapastroplongtempssurelle.Elleavaitdespréoccupationsplusimportantes.Dustyle,sefaireàl'idéequ'ellefaisaitirruptiondanslesrêvesdeLucasetluidonnaituntextequidisait:

«Déshabillons-nous,allonsnageretcouchonsensemble.»

Maisilnes'enétaitpasfranchementplaint.

Etlecomble,c'était,selonHoliday,queLucassesouviendraitdesesrêves,luiaussi.Donc,quandilrentreraitaucamp-s'ilrentrait-,Kyliedevraitl'affronter.

Pasquestion.Ellepréféraitnepasypenser.

Elleattrapaunautreplateauetalignadesverresqu'ellerempliraitd'eau.

–VousêtesKylie,n'est-cepas?

Unevoixdouces'élevaàcôtéd'elle.

Kylielevalesyeux.Elledevaitavoirunecinquantained'années.

Brune,ellearboraitunecoupeclassiquedefemmemûre,etsesyeuxvertsdouxlascrutaient,souriants.

-Oui,jesuisKylie.

Elleseforçaàluirendresonsourireets'enfélicita.Ellenemitquequelquessecondesàreconnaîtrelafemme,àlacouleurdesesyeux.

-Bonjour,madameLakes.

KylieseretournapourvoirsielletrouvaitDerek,ensedisantquesamèredevaitsûrementlechercher.

–Jenel'aipasvu,maisjesuissûreque...

-Oh,ilestlà-bas!

Elleluidésignaladirectionopposée.Kyliefuttenterdejeteruncoupd'oeil,maisquelquechosel'enempêcha.Ellereconnutcetteémotionsur-le-champ.Lesentimentdeculpabilité.Àcausedesesrêves.

«S'ilteplaît,nemebrisepaslecœur.»

LesparolesdeDerekrésonnèrentdanssatête,etellecompritquecelaluibriseraitsoncœuràellesielleapprenaitque,danssesrêves,ilsebaignaitàpoilavecuneautre.

Enfixantlesgobeletsenplastiquealignéscommedesdominossurleplateau,elleespéraitqueDerekn'étaitpasassezprèspourliresessentiments.

LafemmemitunemainsurlebrasdeKylieetsepencha:

-Jeluiaiditquejecherchaisunverred'eau.

–Oh!Tenez.

Kylielaservit.

-Merci,machérie,lançaMmeLakes,enluiadressantunclind'œil.

Enfait,jevoulaisjustetedirebonjouretque...(Elles'approchadenouveau.)Ilneparlequedetoi.

LaculpabilitéredoubladanslapoitrinedeKylie,mais,cettefois,elleneputs'empêcherderegarderDerekpardessusl'épauledelafemme.

Illuifitunegrimace,commes'ilavaitpeurdecequesamèrepouvaitraconter.

-Jecroisquemonfilsalebéguinpourtoi,déclaraMmeLakes.

Kyliesereconcentrasurelle,maisellenesavaitquoirépondre.

-Je...

Lafemmesourit.

-Jesuistellementcontentequ'ilaittrouvédegentilsamisici.(Ellecontemplasonverre.)Bon,j'yvaisetj'arrêtedet'embarrasser.Mercipourl'eau!

Enlaregardantpartir,Kyliemurmura:

–Moiaussi,j'ailebéguinpourlui.

Etc'étaitvrai.CommentnepasaimerDerek?

Ellel'aimaitpoursafaçondeprendreleschosestranquillement,ellel'aimaitparcequ'ilétaitsympaavectoutlemondeetqu'ilnesecroyaitpasmeilleurquelesautres.Ellel'aimaitpourbiend'autresraisons,aussi.

Lavisiondelui,nusousladouche,envahitsonesprit.Ohoui!ElleavaitvraimentlebéguinpourDerek.

Alorspourquoin'avait-ellepasfaitirruptiondanssesrêves?Pourquoin'était-cepasDerekqueson

subconscientallaitvoirpourconcrétisersesfantasmes?Sentantsonvisageseréchaufferrienqueparcequ'ellepensaitàcelaenpublic,elleregardalesverresd'eauglacée.

-Salut,mabichette!

Touteidéedefantasmepritimmédiatementlafuite.«Salut,mabichette!Salut,mabichette!»Quandelleréalisaquisetenaitderrièreelle,elleseparalysasurplace.Mêmesiellen'avaitpasreconnulavoix,uneseulepersonnel'appelait«mabichette».

Elleseretournaetlevalesyeuxsursonpère...beau-père.

-Quefais-tulà?lâcha-t-ellespontanément,ettantpissiellevoulaittomberparterre,serecroquevillerenbouleetéclaterensanglots.

-D'aprèstoi,qu'est-cequejefais?Jesuisvenuvoirmafille!

Ilsouritetlaregardacommequandelleavaitfaitquelquechosedemignonourapportéunbonbulletin.

Etvoilà,elleavaitenviedepleurer.C'étaitévident,àsentircommesagorgeétaitserrée.

-Tunem'aspasavertiedetavenue.(Était-ceuneraisonsuffisantepourqu'ils'enaille?)Tuauraisdûmeprévenir.

L'expressiondupèreaimantsursonvisagepassarapidementàcelleduparentmécontent.

-Jetel'auraisditsituavaisprismesappels,répliqua-t-ild'untonmaussade.

Untonqu'iln'employaitpassouventparcequesamèreavaittoujoursjouélerôledela«méchante».

-J'aiétéoccupée,réponditKylie.

-Noussavonstouslesdeuxquejet'ailaisséàpeuprèsseptmessagesvocaux,deuxtextosetquelquese-mails.Etjenecroispasquetuaiesétéassezoccupéepournepasrépondreàunseuld'entreeux.J'aimêmeappelétadirectrice.

LeslarmesdontKylienevoulaitpassemirentàseformerdanssesyeuxtandisquelacolèreenvahissaitsapoitrine.Maiselleaccueillitcelle-ciavecplaisir,parcequ'ellepoussaitladouleurverslasortie.Elleleregardadanslesyeux.Iln'avaitpasledroitd'êtrefurieuxcontreelle.Pasledroitdeluidirequ'elleavaitmalagi,alorsqueseserreursàluiavaientcomplètementpourrisavie.Pourricelledesamère,également.

-Tuveuxvraimentqu'ondiscutedesconvenances?demanda-t-elle.

Cefuttoutàsonhonneur,maislevisagedesonpèrepassad'ennuyéàhonteuxenunéclair.

-J'imaginequetamèret'aparlé...Ellen'auraitpasdûteraconternosproblèmes.

-Quoi?Tutefichesdemoi?Tuvassérieusementrejeterlafautesurmaman?

Ilcilla.

-Je...jecroisqu'ellen'auraitpasdû...

-Stop!

Kylieagrippasesmainspourlesempêcherdetrembler...oudeluidonneruncoupdepoingdanslenez-ellenesavaitpascequiavaitleplusdechancedeseproduire.

–Mamannem'ariendit.(Deslarmesruisselèrentsursonvisage.)Mamann'arieneuàmedire.Tumel'asdit.

-Non,attends,jemesuistrompée.Tunem'asriendit.Tum'asmontré.

-Qu'est-cequeturacontes,Kylie?

Ilsepenchaetbaissalavoix,commepourluisignifierqu'elledevraitenfaireautant.

Maiselleétaittropfurieuse,tropblesséepoursesoucierquel'onpuisseentendreleurdispute.Ill'avaitabandonnée.Illesavaitabandonnées,samèreetelle,pouruneespècedebimbo.Lavisiondeluietdesatraînéed'assistantequisetripotaientdevantleB&Bducentre-villeenvahitsonesprit.

-Alorspourcommencer,tuasdraguéHolidayquandtuesvenumevoir,expliqua-t-elle.Déjà,c'étaitlahonte.Maisjet'aiaperçuenvillelemêmejour.Tun'étaispasvenuseul.Puisjevousaivus,tonassistanteettoi,enpleincentredeFallen.Tuveuxsavoirpourquoijem'ensouvienssibien,papa?

Ilouvritlabouche,commepourdirequelquechose,maisrienn'ensortit.

Alorsellepoursuivit:

-Parcequetalangueétaitfourréedanssagorgetandisquesamainétait,elle,fourréedanstonpantalon.(Kyliecillaetsentitd'autreslarmesinondersesjoues.)Charmant!ajouta-t-elle,bouillantderage.Quellevisioncharmantequecelledesonpèrequisefaittripoterenpublic!

Immédiatement,elleserenditcomptequ'unsilencemortels'étaitabattusurlasalleentière.Mince!Avait-ellehurléçadevanttoutelacoloetlesparents?

Ellejetauncoupd'oeilsurlafoule,quilesfixait,sonpèreetelle.Etàl'expressionsurtouslesvisages,oui,elleavaitbiencrié.

Là,pourlecoup,elleregrettaitvraimentdenepasavoirbaissélavoix,surlesconseilsdesonpère.Enseretournant,etsansregardernisonpèrenilafoule,ellesortitdelasalleàmangerenespérantpouvoirpartiravantdesemettreàpleurerpourdebon.

Elleauraitvolontierscouru,maisladémonstrationdesestalentssurnaturelsdesprinteuseauraitprovoquéencoreplusderemous.

Kyliesedirigeadonclentementverslasortieetfeignitdenepassentirleslarmesinondersesjoues.

Ellefîtcommesisoncœurnesebrisaitpas.

Ellefitcommesiellenesavaitpasqu'unecentainedepairesd'yeuxlaregardaientpartir.

Maisfairesemblantnepouvaitpaslamenerbienloin.

Ce...c'étaitbeaucouptropréel.Etcelaluifaisaittropmal.

Onfrappaàsachambremoinsdetroisminutesaprèsqu'ellesefutglisséedanssonliteteutremontélacouettesursonvisagepourcontinueràpleurerenpaix.

-Fichezlecamp!criaKylie.

Laportes'ouvrit.Elleôtalacouetted'uncoup,s'attendantàtrouverHoliday.Maisnon,c'étaitDerek.Unetonned'inquiétudepourelleétincelaitdanssesyeux.

Levoirneservitqu'àfaireredoublersespleurs.EllepleuraitàcausedesonpèreetparcequesesrêvesdeLucaslafaisaientculpabiliser.Derekseprécipitaverselleetlapritdanssesbras.S'ilavaitdétectéuntantsoitpeudesagêne,iln'enmontraitrien.Ilsecontentadel'étreindre.Etpourcelaaussi,ellel'aimait.

Elleenfouitsatêtedanslecreuxdesonépauleetcontinuaàsangloterdanssesbras.Ellesemoquaitbiendetachersachemisedelarmesetdemorve.C'étaitsibondeseblottircontreluiet,s'ilnedisait

rien,lafa-

çondontillatenaitdanssesbrasmontraitqu'ilsefichaitéperdumentdesachemise,luiaussi.Tantmieux,parcequelorsqu'elleauraitfinidepleurer,elleseraitvraimentdégoûtante.

-Hé?

Uneautrevoixretentitdepuisl'embrasuredelaporte.Kylies'écartadeDerek,etvitDellaetMirandadebout,côteàcôte.

-Jepourraisletransformerencrapaud,situveux,déclaraMiranda,enagitantsonpetitdoigt.Ouenmouffette.Jesuisplutôtdouéepourça!

Socks,quidormaitaupieddulit,levalatête,miaulabruyammentcommepourmontrerqu'ilétaitd'accord,puisfilasecachersouslelit.

Dellagronda.

-Jepourraisletraînerenhautd'unarbreetlelaissertomberplusieursfoissurlatêtejusqu'àcequ'ilrevienneàlaraison.

Kyliepleuradeplusbelle,puis,sanssavoirpourquoi,ellesemitàrire.Elles'essuyalesyeuxetregardalestroisplusbellespersonnesdanssonmondeàcetinstant.

–J'aivraimentsortiçadevanttouslesparents?

-Ouais!Jecroisquemonpèreaeuuneattaque,réponditDella,toutsourire.Maisc'esttombépileaubonmoment.Ilétaitencoreentraindemebassineraveclesdrogues!

–Mamères'estcarrémentévanouie,lataquinaDerek.

Etilséclatèrenttousderire.Kylies'écrouladenouveaucontreDerek.Quandelleseredressa,elles'essuyalevisageetlevalesyeux.

Etcefutalorsquecelaseproduisit.CefutalorsquelemondedeKylies'ouvrit,commeilnes'étaitencorejamaisouvert.

Ellebattitdespaupières.Audébut,ellecrutsimplementqu'ellevoyaitmal.Maisnon.Onnepouvaitpasseméprendre.Ellevoyaitàl'in-térieurdeleursfronts!EllevoyaiteneuxcommeelleavaitvuenDanieldanslavision.Elle,KylieGalen,pouvaitenfinlirelesconfigurationsdessurnaturels!

-J'yarrive,lesgars!Çayest,j'yarrive!(Kyliefitdesbondssursonlit.)Yes,yes,yes!J'yarrive!

-Afairequoi?ditunevoixfamilièresurlepasdesaporte.

Cettefois,ilnel'appelapas«mabichette»,maisellereconnutsonpère.IlsetenaitauxcôtésdeHoliday,quiregardaitKylieetimploraitsonpardonduregard.Àl'évidence,sonpèreavaitexigéqu'elleleconduisîtdanssonbungalow.

–Pourrais-jedireunmotàmafilleentêteàtête?

Ilentradanslachambre.

-Seulementsiellelesouhaite,réponditDerek,surladéfensiveetl'airplusâgéqu'iln'était.

Kylieposalamainsurlebrasdujeunehomme.

-C'estbon.

Dereks'éloignadulit,maissanscesseruneseuleminutedefoudroyerduregardlepèredesonamie.Quantàcelui-ci,ilfallaitbienluiaccorderqu'ilacceptaitlacolèredugarçonsansbroncher,commes'ilsavaitqu'illaméritait.DellagrognaetMirandaagitalepetitdoigt.

Kylieespéraitqu'ellesesouviendraitdelesserrertousbienfortdanssesbrasplustard.

-Venez,toutlemonde,ditHolidayenleurfaisantsignedesortir.

Ilsquittèrenttouslachambre.PuisHolidaytenditlebrasetsonregardinquietcroisaceluideKyliejusteavantqu'ellefermelaporte.

Kylieremontasesgenouxcontresapoitrineetpassalesbrasautourdesestibias.Soncœuravaitdûtombersursonventre,carellesentaitqu'ilmartelaitlecreuxdesonestomac.Ellefixalehautdesesgenoux,etpassonpère,parcequeleregarderétaittropdouloureux.Deplus,sielleledévisageait,ellerisquaitdeseremettreàpleureretellen'ytenaitpas.

Ils'assitàcôted'ellesurlelitjumeau.Ducoindel'œil,ellelevitcroiserlesmainssursesgenoux.Ellel'entenditrespirer.Elles'entenditrespirerelleaussi.

Ellefermalesyeux.

Tôtoutard,ilfaudraitbienquel'undesdeuxprennelaparole.Maispourunefois,Kyliedécidadenepasêtrelaplusmûredesdeux.Delelaisserbosseràsaplace.

-J'aitoutfoutuenl'air,admit-ilenfin.Jamaisjen'auraiscruquejepourraistoutbousilleràcepoint.

Kylierouvritlesyeuxetseforçaàleregarder.Lapremièrechosequ'elleremarquafutqu'ilressemblaitdenouveauàsonpère.Ilneportaitpluscejeanmoulant.Sescheveuxétaientcoiffésnormalement,etnonplusenpics.Ilarboraitencorequelquesmèches,maisçapassait.

-Jenet'enveuxpasd'êtrefurieusecontremoi,maisjet'aimedufondducœur,mabichette.

Ilposalamainsursongenou,etcelaenvoyademinusculespiqûresdanslecœurdeKylie.Deslarmesemplirentsesyeux.Ellenefaisaitpasconfianceàsavoixpourdirequelquechose.Etdetoutefaçon,ellenesavaitpasquoidire.

-Jen'aijamaisvoulutefairedumal,poursuivit-il.Jen'aijamaissouhaitéquetutetrouvesenvillecejour-là.

Ilsecoualatête,fermalesyeux,etquandillesrouvrit,elleydécelaquelquechosequ'ellen'avaitjamaisvu.Sonpèrepleurait.Devraieslarmes.Ladouleurredoubladanssapoitrine.

-Jenesaispascequim'apris,Kylie.J'aiperdularaison.J'aieuquaranteans,etpuistagrand-mèreesttombéemaladeetelleestmorte.

(Ilinspira.)Vieillirétaitmaseuleobsession.PuisAmy,lafilleàmonbureau,s'estmiseàmedragueretm'afaittoutoublierpourunpetitmoment.(Ileutlesoufflecoupé.)Mêmequelespersonneslesplusimportantesaumondepourmoisonttamèreettoi.

Kyliesavaitquec'étaitàsontourdeparler,maisellenesavaittoujourspasquoidire.Ellenepouvaitpasdirequ'elleluipardonnait,parcequecen'étaitpaslecas.Puis,soudain,elleeutuneidée.

-Tacopinet'aplaqué?

Était-celaseuleraisondesaprésence?

-Oui.(Sonpèreeutl'airgênéetKyliefutétonnéequ'iln'aitpasessayédelenier.)Maiscen'estpaspourça...j'avaisdéjàcomprisquej'avaistoutgâchéavantquenousrompions.

Ellerevitsamèreluidirecombiensonpèreavaitméritéquequelqu'unl'aimeautantqu'ill'avaitaiméetoutescesannées.Elleressentitalorsqu'uneinfimepartied'ellecapitulait.Ellenepouvaitpasresterencolèrecontreluiàjamais.Ellenepouvaitsimplementpas.Peut-êtreétait-elleprêteàluipardonner.

Illuitouchalatête,commeill'avaitfaittoutesavie.

-Jet'aime,Kylie.Tuesmafille.

Non,jenesuispastafille.

Elleserappelaqu'ilavaitfaitpromettreàsamèredenepasluiparlerdesonvraipère,etsacolèreseréveilla.

Elletapotasesjouespoursécherseslarmes.Puiselleluioffritlaseulechosequ'ellepouvait:

-J'aimaletjesuisfurieusecontretoi.Quandjenesouffriraiplusautant,jenet'envoudraipeut-êtreplus.Maisc'esttroptôt.

Ilhochalatête.Elleregardaunelarmeglisserdesescils.Ill'essuya.

Puisilsepenchapourdéposerundouxbaisersursonfront.

-Jet'aime,mabichette.Nel'oubliejamais.

Enleregardants'enaller,Kyliecompritquecen'étaitpasparcequel'onnepouvaitpaspardonneràquelqu'unqu'onnel'aimaitplus.Elleselevadesonlitd'unbondetpritsonpèredanssesbras.Illuirenditsonétreinte.Illaserrafort.C'étaitsibonqu'ellepleurasursonépaule.Degrosseslarmes.Degrosseslarmesdedinosaure,commedisaitsonpèrequandelleétaitpetite.

Ellesavaitquedansunesecondeelledevraitlelâcheretqu'elleneluidiraittoujourspasqu'ilétaitpardonné,parcequ'ilnel'étaitpas.Etsiellen'étaitpasencoreprêteàleluiavouer,elleespéraitqu'ilcomprenaitqu'ellel'aimaitencore,elleaussi.

Quelquesminutesaprèsledépartdesonpère,KylieétaittoujoursallongéesursonlitlorsqueHolidayfrappaàlaporte.

-Tuvasbien?

Ellepassalatêteparl'entrebâillement.

-J'ytravaille,réponditKylie.

Ellenepleuraitplus.Quelquechosedansl'étreintedesonpèreavaitréussiàapaisersadouleur.

-Unpeudecompagnie,çatedirait,outupréfèresresterseule?

-Unpeudecompagnie,çamedirait.(ElleessayaderegarderderrièreHoliday.)Toutlemondeestencorelà?

Ladirectriceentradanslapièce.

-Justemoi.Jeleuraidemandéderepartirauprèsdeleursparents.

-Bien,fitKylie,puiselleserappelalascènequ'elleavaitfaiteauré-

fectoire.Jesuisdésoléepourtout.J'aipétéuncâble.

-Arrête,ditHolidayenselaissanttombersurlelitàcôtéd'elle.

Nousavionsbesoind'unpeud'animation!C'estvrai,s'ilnesepasseriendefoutouslesquartsd'heure,çanevapas!

Ellegloussa.

Kyliesourit,puissesouvint,l'excitationvibrantdanssapoitrine.

-J'ysuisarrivée.Je...(EllehaussalessourcilsetregardaHoliday.)Jesaislefaire,maintenant.Jepeuxvoirtaconfiguration!Tuasdesligneshorizontaleset...puisdesformestriangulairessurlagauche.

-C'estsuper!(Holidayl'étreignit.)J'enétaissûre!Félicitations!

-Maiscelasignifie-t-ilquemoiaussi,jem'ouvre?Quelesgenspeuventdésormaismelireetquejenepasseraipluspourunesalepré-

tentieuse?Etest-ceque...Ohlàlà!(L'espoirgranditenelle.)Est-cequetupeuxvoircequejesuis?Regardeetdis-moi!

HolidayseconcentrasurlefrontdeKylie.Sonexpressionluidonnalaréponseavantmêmequ'elle

neprennelaparole.

-Désolée.Tuestoujoursaussihautaine!(Holidaysefenditd'ungrandsourire.)Maiscelapeutarriveràtoutmoment,maintenant.S'ouvrirdemandeplusd'entraînement.Tucontinuestesexercicesdevisualisation?

-Pasaussisouventquejeledevrais,avouaKylie.Maisjevaiscommenceràm'améliorer,promis!

-As-tuencoreeucetteouïesupersonique?

–Non,pourquoi?Çasignifiequelquechose?

Holidayluicachait-ellequelquechose?Pensait-elledenouveauqu'elleétaitunloup-garou?

-Non,j'étaiscurieuse,voilàtout.(ElleplaçaunemèchedeKyliederrièresonoreille.)Es-tusûrequetuvasbien?Cesjours-cin'ontpasétéfacilespourtoi!

-Àquiledis-tu!(Kylieseremitàsongerauxfillesquis'étaientfaitassassiner.ElleregardaHoliday.)Etsi...etsilesfillesducentre-ville-

leursfantômes,quoi-venaientmedemanderdelesaider,quedevrais-jefaire?

Holidayluiattrapalamain.

-Celaneseproduirapas.

–Commentpeux-tuenêtreaussisûre?Sileursespritssontencorelàet...

–Çaneseproduirapas,répétaHolidayavecplusdeconvictioncettefois.

Kyliecompritalors.

–Ellessontvenuestevoir!

Elleacquiesça.

-Jelesaideàpasserdel'autrecôté.

PuisHolidayétreignitKyliepourlaréconforter.Seseffetsapaisantsfirentdesmerveilles.

-Maintenant,reparlonsdetoi.Est-cequetutesensbien?

-Pastotalement,admitKylie,puiselleluiavouaunevéritéqu'elleméritaitd'entendre.Tuavaisraison.Jemesensunpeumieuxaprèsavoirvumonpère.Maisjenel'aipasnonpluslibérédesesresponsabilités.Jesuistoujoursfurieusecontrelui,mais...jesaisqu'ilm'aime.Etjel'aime,ettôtoutardjesuissûrequenousretrouveronsunerelationpresquenormale.

Holidays'adossaàl'oreillerdeKylie.

-«Normal»,c'estsurfait,detoutefaçon.

-Jecommenceàmedemandersiunjourjereconnaîtraiscequiestnormal!

Kylieportalepouceàsaboucheetmordillalecoindesonongle.

-Ehbien,situlereconnaissais,çaneteplairaitprobablementpas!

lataquinaHoliday.

-Jevoudraisjusteessayerd'élucidertoutcemystèreaveclefantôme.Siquelqu'unavraimentbesoindemoioupas.Cesespritssedoutent-ilsdecequ'ilsnousimposent?

-Jenecroispas.(HolidaytouchadenouveaulebrasdeKylie.)Maissincèrement,toutirabien.

Pendantquelquesminutes,seullesilenceemplitlapièce.KylieregardaHolidaysereposersursonlit.

–Jepeuxtedemanderquelquechose?

Holidayarquaunsourcil.

–ÇaneconcernepasBurnett,n'est-cepas?

-Non.Maislesgarçons.

–D'accord,vas-y.

Holidays'assitbiendroite.

-Est-ce...normal,situaimesunmec,d'êtreattiréeparunautre?

-L'éternelproblèmeLucas/Derek,hein?

-Oui.(Kylieserenfrogna.)Maisjepréféreraisnepasdonnerdenoms.

-OK,pasdenoms.Deuxgarçons.(Elletenditundoigt.)Premièrement,nousnepouvonspastoujoursmaîtrisernosattirancesenverslesautres.PrendsmatanteStella,parexemple.Elleestmariéeàmononcledepuiscinquanteans.MaiselleestraidedinguedeTomSelleck.Ellepossèdetoussesfilmsetémissionstélé,etpassedesheureschaquesemaineàleregardersepavanersursonécranplatcinquante-deuxpouces.(HolidaygratifiaKylied'unregarddouxquandellecompritquesondiscourssurTomSellecknemarchaitpas.)Jecroisquejetel'aidéjàdit.Tuestropjeunepourtesoucierdecegenredechose.

-Tuastort,rétorquaKylie.Pourquoijenem'enpréoccuperaispas?

Cen'estpasparcequ'onestjeunequesemontrerloyalenversquelqu'unnecomptepas.Etçafaittoutdemêmesouffrirsicettepersonnen'estpassincèreenverstoi.Çam'afaithypermalquandTreyacouchéavecuneautre.ÇaafaithypermalàPerryquandMirandaenaembrasséunautre,alorsqu'ilsnesortaientpasencoreensemble.D'accord,j'avouequ'ànotreâge,lerésultatn'estpeut-êtrepasaussicatastrophiqueque...

lorsquemonpèreatrompémamère.Maistoutdemême,çafaitmal.

Donc,oui,ilfautbienquejem'enpréoccupe,parcequejeneveuxblesserpersonne.

-Waouh!(Holidayfronçalessourcilsetserassitbiendroite.)Vusouscetangle,tuastellementraison,etmoi,tellementtort.Jesuisdéso-lée.

Kylielaregardaintensément.

-J'appréciequetulereconnaisses.Lesadultesnelefontpassysté-

matiquement

–Çanetedérangepassij'essaiedenouveaudeteconseiller?demandaHoliday.

Kyliehochalatête.

Holidaymarquaunebrèvepausedanssespensées.

-Sij'essaiededeviner,celaconcernerait-illerêvequetuasfaitdeLucas?

-Tupeuxtoujoursessayer.Maisjeneleconfirmeraipasetjenelenieraipasnonplus.

Holidaysourit.

-Kylie,tun'espasalléecherchervolontairementlerêve.Tunesavaismêmepasquetupouvaislefaire!Tun'asdoncabsolumentrienàtereprocher.Etlefaitquetutesentesattiréeparplusd'ungarçon,c'esttoutàfaitnormal.Ilyatroismecs,encemoment,auxquelsilmesuffitdesongerpouravoirdesfrissonspartout!

KylieréfléchitsérieusementàcequeHolidayvenaitdeluidire.

-Maisas-tuéprouvéçalorsquetupensaisquequelqu'und'autrecomptaitvraimentpourtoi?

–Oui.Mêmelorsquej'étaisfiancée,jesavaistoutdemêmeapprécierunbeaugosse.(Ellemarquaunepause.)Êtreengagéeouloyaleenversquelqu'unnesignifiepasquetuneserasplusjamaisattiréeparpersonned'autre.Justequetunerépondraspasphysiquementàcetteattirance.

(Ellesefenditd'ungrandsourire.)MatanteStellan'arrêtaitpasdedireàmononclequ'ilferaitmieuxdeprierpourqueTomSellecknesepointepaschezeuxetneluidemandepasdes'enfuiraveclui.Maislavérité,c'estqu'elleauraitenvoyébaladerTomillico!Elleadoresonmari.

Holidayfitlagrimace.

–Maisnemedemandepaspourquoi!Ilestchauve,bedonnant,etilronfle.(Ellegloussa.)Celadit,jepariequ'elleavachementfantasmésurTom!

Kylierit,puistoutesdeuxserallongèrentsurlelit.

Lematelasdeuxplacesleuroffraitjusteassezd'espacepours'étirersansqueleursépaulessetouchent.Durantquelquesinstants,ellesnedirentrien.KylieregardafixementleplafondetfinitpardemanderautrechoseàHoliday:

-Burnettfait-ilpartiedecestypesquitefontfrissonnerdepartout?

-PasdequestionssurBurnett,tutesouviens?

–OK.Maissij'étaisplusvieille,ilmeferaitfrissonner.

Holidayrit.

–Toietlamoitiédelaplanète!Selynncomprise.

L'humourdanssavoixs'étaitévanoui.

Lesilencerégnadenouveau.Peut-êtreétait-celefaitdepenseràSelynnetBurnettquisuscitalaquestionsuivantedeKylie.

-Lucasm'aditdansseslettresqu'ilessayaitd'obtenirl'autorisationdereveniraucamp.Es-tuaucourant?

Holidayhésita.

-Ilseraderetourdemainoumardi.

-AvecFredericka?

-Oui,acquiesçaHoliday.

-Super,marmonnaKylie.

Donc,siellesetransformaitbienenloup-garou.Fredericka,quiseraitelleaussisoussaformedeloup,lapoursuivraitsûrementetladéchi-quetterait.

Décidément,toutallaitdemieuxenmieux!

Cetaprès-midi,Kyliedécidadesécherlepique-niqueprévupourledîneraupointd'eau.Premièrement,ellen'avaitpasdemaillotàsataille,etdeuxièmement,elletenaitabsolumentàpasserquelquescoupsdefilpourlocaliserdesBrightenquisauraientquelquechosesursonvraipère.Ettroisièmement,ehbienelleespéraitquelefantômereviendraitluirendrevisite.Quandilétaitvenulavoirpendantqu'ellediscutaitavecsamère,quelquechoseluiavaitsemblébizarre.

Kyliesavaitqu'ellenedevaitpasfaireunefixationpouressayerdedevinerquiétaitlapersonneendangerquel'espritévoquait.Maisaufondd'elle,l'obsessiongrandissait.Etsilefantômeparlaitdesamère?

Etsicelle-ciétaitendanger?

Craignantquecesoitvrai,ellel'avaitappelée.Deuxfois.Maissontéléphoneportablesemblaitfermé.Sûrementparcequ'elleétaitenpleinvol.Kylies'assitàsonbureau,ensedisantquetoutallaitbien,etsortitsalistedenumérosdetéléphone.Sonportablesonna.Espérantentendresamère,ellepritl'appelsansvérifierlenuméro.

-Maman?fit-elle.

-Pasmaman,Sara.

–Oh,salut!lançaKylie,enessayantdetrouver,parmilamultituded'émotionsqu'elleressentait,celle

qu'elledevraitlaissercontrôlerlaconversation.

Elleressentaitdeladouleur,parcequeSara,sameilleureamiedepuisdesannées,n'avaitréponduàaucundesescoupsdefilenunmoisetnel'avaitpasnonplusrappelée.Elleressentaitdel'inquiétudedesavoirqueSaravivait...quelquechosededifficile.Etpuisdelamélancolie,parcequ'elleavaitconsciencequesonamitiéavecSaraneseraitplusjamaispareille.

Commeunsilencegênés'installait,Kylieenprofita:

-Mamèrem'aracontéqu'ellet'avaitvueàl'épiceriel'autrejour.

-Ouais.Elleal'airenpleineforme!J'aimebiensonnouveaulook,sanouvellecoiffure.Ilparaîtquetul'asconvaincuedesefairerelooker.

–Alorscommeça,ellel'afait?Ellenemel'apasdit.

-Oh!J'espèrequejen'aipasgâchélasurprise!

-Nan,c'estbienquetum'aiesprévenue.Est-cequ'elleestbelle?Oua-t-ellel'airbête?

-Belle.Ellefait...plusjeune,j'imagine.Tusais,commesielleallaitsemettreàsortiravecdeshommes.

-Sortiravecdeshommes?

Kyliesavaitquec'étaituneéventualité,ellel'avaitmêmesuggéréeàsamère,maisàprésent,cetteidéeluifaisaitmalauventre.

-C'estelle-mêmequil'aditoutufaisseulementdessuppositions?

–Non,ellenel'apasdit.Elleavaitjustel'air...d'unefemmequiveutattirerlesregards.Unjeanplusmoulant,undécolletéplongeant.J'aifaillinepaslareconnaître!

Sarainsinuait-ellequesamères'habillaitcommeuneprostituée?

Cen'étaitpascegenrederelookingqueKylieluiavaitconseillé.Quandelleserenditcomptedunouveaublancquis'étaitinstallédanslaconversation,elledécidaderomprelesilence:

-Mamèrem'aditquetuétais...(Ellefaillitmentiretdire«belle»,maisàladernièreminute,elleseravisa.)plusmince.Tusuisencoreunnouveaurégime?

SaraétaitlapremièreàadopterchaquenouveaurégimeapprouvéparHollywood:pauvreenglucides,sanslipides,quedesfruitslemardi,quedurizcompletlemercredi...Plusilsétaientfous,etmieuxc'était.

Maisellen'ensuivaitjamaisaucunbienlongtemps.

-Pasvraiment,ditSara.Àmonavis,c'estàcausedelapilule.Ilpa-raîtqu'ellefaitgrossir,maisapparemment,avecmoi,c'esttoutlecontraire.

Saraprenaitlapilule?Kylieserenditdenouveaucomptecombienleschosesavaientchangéentreelles.L'ancienneSaraluiauraitsûrementconfiéuntrucaussiénorme.

Maisbon,Kylien'avaitpasnonplusétéd'humeurpartageusecestemps-ci.Biensûr,essayerd'expliqueràunnormalquel'onestunsurnaturelencorenonidentifiéétaitunpeu,enfinbeaucoupplusdifficilequedediscuterdecontraception!

-Tamèreestd'accordpourquetulaprennes?demandaKyliequisavaitquelamèredesonamie,dustylefanatiquereligieuse,prêchaitconstammentcontrelesexeavantlemariage.

-Tuplaisantesouquoi?Ellemourraitsiellel'apprenait!Jesuisal-léeàlacliniqueetj'aiimitésasignature.

KylieavaitentenduparlerdesfillesquifaisaientçapourcontournerlaloiduTexasselonlaquellelaprescriptiondelapilulenécessitaitl'autorisationd'unparent.

Uneautrelonguepauses'ensuivit.

-Alors,avecquitusorsencemoment?s'enquitKylie.

-Deuxtypesdifférents,réponditSarad'untondélibérémentvague.

Kylieneputs'empêcherdesedemandersiellecouchaitaussiaveclesdeux.Autrefois,elleluiauraitposélaquestion.

-Aufait,repritSara,turevienstoujoursdansquinzejours?Lacolodelamort,c'estbientôtfini?C'estterminé,d'êtreuneboloss?

L'agacementsubmergeaKylie.Àl'évidence,TreyavaitracontécettehistoiredebolossàSara,carKylienesesouvenaitpasluienavoirparlé.

-Enfait,jerentreseulementpourleweek-end.Etjemeplaisvraimentici.

Kylien'évoquapaslepensionnat,parcequ'ellen'enavaitpasenvie.

Maisellerécitauneprièresilencieusepourquesamèreacceptequ'elleyaille.L'idéederetournerdanssonancienneécolesanscettebonnevieilleSaraluiétaitinsupportable.

-Vraiment,tut'yplais?Audébut,tudétestais!LacolodesIdiots,cen'estpascommeçacommetul'appelais?

Saraeutl'airchoqué.

C'étaitavantquejemerendecomptequej'étaisunmonstre,moiaussi.Enfin,pastoutàfait,maispascomplètementhumaine,nonplus.

-J'imaginequecertaineschoseschangent.

Kyliefaisaitallusionàsarelationavecsonanciennemeilleureamie,ainsiqu'àcequ'elleressentait

pourlecamp.

-Ouais,j'imagine.(Saramarquauneautrepause.)Bon,envoie-moiuntextoquandtuserasenvilleetj'espèrequ'onpourrasevoir.

Kylien'entendraitmêmepasun«Biensûrqu'onseverra!»delapartdeSara.Celafaisaitmal.Repoussantcesentiment,ellerépondit:

–D'accord,jeleferai.

Maisellen'enétaispassure.VoirSaraluiprocureraitunesensationpeut-êtreunpeutropbizarrepourqu'elles'enpréoccupetoutdesuite.

-Bon,mamèrem'appellepourquejel'aideàfairelavaisselle,lançaSara.

Kylien'entendaitrienenbruitdefond.Maiselleétaittoutaussiimpatientederaccrocher.Çaavaitétédur.Trèsdur.

-OK,salut,ditKylie.

Quetaviesoitbelle.Raviedet'avoirconnue.

Dèsqu'elleraccrocha,letéléphonesonnadenouveau.Cettefois,elleregardalenumérodel'appelant.

Derek?Ilnel'appelaitjamais.

-Quesepasse-t-il?demanda-t-elleavecunepointed'inquiétude.

Unfroidspectralenvahitlapiècependantqu'elleattendaitqueDerekparle.Prisedevertiges,Kylieduts'agripperaubureau.Ellesavaitquecelasignifiaitqu'unevisionallaitbientôtapparaître.Ouétaitentraind'apparaître,comprit-ellequandelleavisalecercueilquisetrouvaitàlaplacedelatabledelacuisine.Lafemmeallongéededansétaitlefantôme.Quelquespersonness'affairaienttoutautour,leslarmesauxyeux.

-Kylie?

LavoixdeDereksefitentendreauboutdufil.

-Oui.

Elleregardafixementlecercueiletlesgens,etsedemandacequ'elleétaitcenséeapprendredecettevision.C'étaitpourcelaqu'ellesseproduisaient,non?Lefantômeessayaitdeluidirequelquechose.Maisquoi

?

«Jesuismortedetrouille,maman.»

Aufond,Kylievitlapetitefilleprendrelamaindesamère.

«C'estjustemamie.»

Lecouplesedirigeaverslecercueil.

–Kylie?Tueslà?

LavoixdeDerekparaissaitbouleversée.Kylieserappelal'inquié-

tudequeluiinspiraitsonappel.Celaluiressemblaitsipeu.

–Oui,jesuislà.Toutvabien?luidemanda-t-elle.

SaconcentrationsurDerekfitdisparaîtrelavision;commeunevieillephoto,elleperditsacouleuretpassaennoiretblanc,commesilascènes'étaitdérouléeilyavaittrèslongtemps.Puislavisions'affaiblit,jusqu'àdevenirpresquetransparente.

-Neparspas.

-Partiroù?demandaDerek.

-Pastoi,dit-elle.

Troptard.Ilnerestaitplusqu'unvaguecontourdelascène.Lafemmequitenaitlamaindelapetitefilleseretourna.Kylienefitqu'en-trapercevoirsonvisage,maisquelquechoseenelleluiétaitfamilier.

Ensecouantlatête,ellesesouvintqueDerekétaittoujoursauboutdufiletdemanda:

-Toutvabien?

-Non,répondit-il,çanevapas.

–Qu'est-cequinevapas?

-Tun'espaslà.

Ellerouladesyeux.

-Jecroyaisquetuétaissérieux.

-Jesuissérieux.J'aiattenducetaprès-midiavecimpatiencedepuiscematin,enpensantquetuseraislà.Maisje...

-S'ilteplaît,insista-t-il.(Ilbaissalavoix.)Jenet'aijamaisvueenmaillotdebain.

-Ettunemeverrastoujourspas.Monhautdebikininemevaplus,tutesouviens?

-Nemelerappellepas,dit-il,taquin.

–Tuesterrible,leréprimanda-t-elle.

Maisellen'étaitpassérieuse.Elleaimaitluiplaire.

-Enfileunshortetuntee-shirt,etdescends.

Kyliesemorditlalèvre.Elleregardal'écrandel'ordinateur,quiaffichaitlalistedesBrightenàDallasqu'ellen'avaitpasencoreappelés.DellaetMirandal'avaientaidée,maisjusque-là,celan'avaitriendonné.

–S'ilteplaît,insista-t-il.

LasupplicationrésonnaitdanssavoixetKyliesesurpritàcapituler.EnplusdetoutsimplementsouhaiterfaireplaisiràDerek,elleserappelaqu'ellepouvaitliretouslescerveaux,etvoirtoutlemondeensembleseraitplutôtsympa.Ellepourraitcompareruneconfigurationàuneautre.

-Tuaseuunejournéedifficile,observaDerek.Tuméritesdet'éclaterausoleil.

J'aieuquelquesmoisdifficiles.

-J'arrivedansdeuxminutes.

–Vraiment?dit-il,presquesurprisqu'elleaitcédé.

Nesavait-ilpascombienilcomptaitpourelle?

-Vraiment,répéta-t-elle,ensouriant.

Cesourirelaréchauffaintérieurement.LesouvenirdeDerekladé-

fendant,mêmefaceàsonpère,luirevint.Etellecompritalorsquelaprochainefoisqu'illuidemanderaitdesortiraveclui,elleaccepterait.

Illuifallutunquartd'heurepourchoisirunshortetuntee-shirt.

Ellevoulaitêtrebelle.Superbelle.Peut-êtrequeDereketellepourraients'enfuirensembleencachetteet...avecunpeudechance,illuidemanderaitdesortiraveclui.Hé!Ellepourraitmêmefairelepremierpas!

Quandelles'aperçutdutempsquis'étaitécoulé,ellepassalaporteàtouteallure.Laroutelapluscourtepourlepointd'eaupassaitparlesbois.Sarapiditédedéplacementlachoqua,ainsiquelacoordinationentresesyeuxetsespiedsgrâceàlaquelleelleévitaitlemoindreobstacle.

Silavitesseetl'agilitén'avaientjamaisétésapriorité,ellesesurpritàretirerunecertainefiertédesesnouveauxtalents.Siseulementellesavaitdequellesespècesilsprovenaient!

Ellesetrouvaitàmi-chemindupointd'eaulorsqu'ellelaperçut.Lasensationd'êtresuivie.Leduvetsursanuquesehérissa.C'estalorsqu'ellesesouvintdelamiseengardedeBurnett:restersurlessentiers,endehorsdesbois.

L'ouïeenéveil,espérantentendreautrechosequesespiedsquimartelaientlaterre,ellesesentit

mieuxquandlesbruitshabituelsdesboisemplirentsesoreilles.Quellequefûtlaprésencequiapprochait,ellen'étaitpasassezmenaçantepourquelesoiseauxetlesinsectescessentdechanter.

MaisKylien'enauraitpasmispourautantsatêteàcouper.Lasensations'intensifia...Ilyavaitquelqu'un.Quedevait-ellefaire?

Lalogiqueluidisaitdecontinuer:rebroussercheminneferaitquel'éloignerdavantagedesautresetdeleuraidepotentielleencasdeproblème.Ellepensaalorsauxfillesquis'étaientfaitassassinerenvilleet,étonnamment,ellesesurpritàcourirencoreplusvite.

Laclairièresurgitmoinsd'uneminuteplustard.Lesoleilvifl'éblouitetelleentenditlesautrescampeursrireets'éclabousserdansl'eau.Commeriennel'attaqua,commenulleprésencemalveillanten'apparutenchemiseensanglantéepouressayerdelaramenerdeforcedanslesbois,Kyliesedemandasicettesensationd'êtreobservéen'étaitpaslefruitdesonimagination.Pourrait-elleêtreparanoàcepoint?

Elles'arrêtadanslaclairière,horsd'haleine,àcôtéd'unarbreoùelletentadereprendresonsouffle.ElleyétaitpresqueparvenuequandellevitDerekarriver.Ilneportaitqu'unmaillotdebain.Sontorseétaitnuetmouillé,commel'autrenuitsousladouche.Sonmaillot,classique,unpeutrорgrandpourluietportéassezbassouslataille,étaittrempéetmoulaitsasilhouette.KylieserappelantcommentDerekétaitsansmaillot,elleeutdenouveaulesoufflecoupé.

-Salut,dit-il.

QuandlesyeuxdeKylieseposèrentsursabouche,ellecompritqu'ilvoulaitl'embrasser.Ilregardatoutautouretconstataqu'ilsavaientunpublic.Alors,aulieudel'embrasser,illuipritlamain.

-Viens,l'eauestsuperbonne!

Kyliepassal'heuresuivanteàbarboter,àjouerauvolley,àexaminerlesconfigurationsdetouslescerveaux...etoubliacomplètementlesproblèmesquipesaientsursesépaules.LeseulpointnoirétaitdevoirPerrydévorerdesyeuxMiranda.Elleétaitvraimentmagnifiqueenmaillotdebain,etKylien'étaitpaslaseuleàleremarquer.Touslesgarçonslarelu-quaientàladérobée-mêmeDerek-etPerryleurjetaitdesregardsme-naçants.Sesyeuxdevenaientd'unnoirdejaisetévoquaientàKylieunesortedeserpent.

Malgrécela,entrel'eauetlesrires,Kylienes'étaitjamaisautantamuséedepuis...ellen'auraitsuledire.

Puistoutcelas'arrêtadansunsursautlorsqueHolidaysurgitdesboisencourant,paniquée,etsedirigeadroitverslelac.

Elleétaitdeplusenplustendueàmesurequ'elleapprochait.Quesepassait-il?LeregarddeladirectricetrouvaKylieet,brusquement,celle-cicompritquecelalaconcernait.

Kyliecommençaàsortirdel'eau,maissesorteilss'enfonçaientdanslabouealorsqu'elleserapprochaitdurivage.Toutessessourcesdestressdumoments'alignèrentcommedesdominosdanssatête,etellesedemandaàlaquelleétaitreliécenouveauproblème.

SelynnsurgitderrièreHoliday,etsesyeuxaussiseposèrentdirectementsurKylie.Çan'auguraitriendebon.

Kyliecroisaleregarddeladirectriceauborddel'eauetignoradéli-bérémentSelynn.

–Qu'est-cequinevapas?

–Nousavonsunproblème.

LeregarddeHolidaydéviasurl'eauetellefitunsigneàquelqu'und'autre.KylieseretournaetvitDereklesrejoindreàlanage.

-Quesepasse-t-il?demandadenouveauKyliequicontinuaitàignorerSelynnquis'étaitavancée.

-Tuviensavecnous,crachaleloup-garou,resserrantsamainsurlepoignetdelajeunefille.Ettoutdesuite!

Kylieserenfrognaetsedétachadel'emprisedeSelynn.

-Jen'irainulleparttantquevousnem'aurezpasexpliquécequisepasse.(SesyeuxsereposèrentsurHolidayquiregardaitDerekregagnerlaterreferme.)Quelqu'unveutbienmedirecequinevapas?

Holidaylaregardadenouveau.Larided'angoissequiluibarraitlefrontindiquaàKyliequec'était

grave.

-C'esttamère.

-Mamère?

Kyliecrutquesoncœurcessaitdebattre.Desbribesdesaconversationavecsamèreenvahirentsonesprit.Puisl'avertissementdufantômerésonnacommeunemauvaisechansondanssatête:

«Tudoisl'arrêter.Sinonquelqu'unquetuaimesvamourir.»

Oh,monDieu,non!

-Qu'est-ilarrivéàmamère?

Lesparolesrestèrentbloquéesauborddeseslèvres.Ellesesouvintquesamèreavaitprissonvolderetouraujourd'hui.Soncœurseserraquandelleimaginalecrashdesonavion.Non...samèreétait-elle...?

-Elleestvenuetevoir,expliquaHoliday.Enretard,nousignoronspourquoi,maislenouveausystèmedesécuritéauportailn'apasfonctionné.Etelleestentréesansquepersonnes'enrendecompte.

-Elleestlà?

AutantKyliedésiraitdel'air,autantellesouhaitaitplusquetoutqu'onluidisequesamèreétaitsaineetsauve.

Quesonavionnes'étaitpasécrasé.Qu'unmonstrenel'avaitpaskidnappéeetn'étaitpasentraindelatorturer,commelesrêvessemblaientlelaisserentendre.

-Oui,elleestlà,réponditSelynndesontonhautain.Contrelapolitiquedel'école.Lesheuresdevisitesontpasséesdepuislongtemps.

Leregarddelajeunefilleseposasurelle.Queracontaitdoncleloup-garou?Samèreallait-ellebienoupas?EllereposalesyeuxsurHoliday.

–Ques'est-ilpassé?Ellevabien?

-Elleest...bouleversée.(LefrontdeHolidayseplissadavantage.)Elleessayaitdetrouvertonbungalowetafaitdemi-tour.Elle...elleavudeschosesqu'ellen'auraitpasduvoir...

-Quoi?(Kyliesesouvintdesastupéfactionlapremièrefoisqu'elleavaitvuPerrysetransformerenlicorne.)Qu'a-t-ellevu?

–Elledoitsefaireeffacer,lançaSelynnd'untonsec.Etvite.

-Effacer?

–Qu'est-cequecela...estcensévouloirdire?

Leloup-garouattrapalajeunefilleparlebrasetl'entraînaendirectiondesbois.Kylierésista.

-Quesignifie«effacer»?demanda-t-elledenouveau,àdeslieuesdecomprendreetplusencored'appréciertoutcequecelaprésageait.

Ellesedégagead'uncoupsecdel'emprisedeSelynn,puisserapprochad'elled'unpas,siprèsqu'ellepouvaitcompterlescilsdelafemme.

-Vousavezintérêtànepasposerunseuldoigtsurmamère!grognaKylied'unevoixquiluisemblasurnaturelle,

Elleétaitplusgrave.Plusrauque.

–Kylie,écoute-moi.

LamaindeHolidayseposadanssondosetdiffusaunflotdecalmedanssesépaulestendues.Kylieauraitpuécouter,accepterlecalmetransmisparHolidaysiSelynnn'avaitpasétélà.

-Nousn'avonspasdetempspourça,lançaSelynnd'untonsec.

ElleattrapaKylieparlesdeuxbras,sesdoigtss'enfonçantdanssesbicepsassezfortpourprovoquerunbleu.

CommeKylieessayaitdenouveaudeselibérer,Selynnresserrasonétreinte.

-Elleesthumaine,repritSelynn.Nousdevonsnousoccuperd'elle.

Toutdesuite.

–Vousoccuperd'elle?

LafureuretlapeurpourlasécuritédesamèremenacèrentdesubmergerKylie.

–Espèced'idiote,oùestmamère?

LavoixdeKylieétaitencoreplusgrave.

-Arrêtezimmédiatement,Selynn!criaHoliday.Vouslaboulever-sez.Ellenecomprendpascequisepasse!

-Oui,arrêtez!ordonnaDerek.

KyliesentitdenouveaulamaindeHolidaysursonépaule.Laféetentaitdel'emplird'uneémotioncenséeapporterlapaix,réfrénersafureur,maismanifestement,Kylieempêchaitlefluxd'entrerenelle.

-Tamèreseportebien,luiassuraHoliday,dontlavoixsemblaitré-

sonnerd'ailleurs.Elleestdanslebungalowd'Helenencemoment.Elle...

UnefoisqueKyliesutoùsamèresetrouvait,elleessayadenouveaudeselibérerdel'emprisedeSelynn.Maisleloup-garouresserrasonétreinte,enfonçantsesonglesdanslebrasdeKylie.Celle-ciperçutladouleur,maiscommesielleétaitinfligéeàquelqu'und'autre.

-Lâchez-moi!sifflaKylieauvisagedeSelynn.

Commelafemmenelarelâchaitpas,Kylie,agissantsuruninstinctqu'ellenereconnaissaitmêmepas,l'attrapaparsachemiseetlabalançahorsdesonchemin.

Autourd'elle,onentenditplusieurshalètements.L'und'euxdevaitsûrementprovenird'elle-mêmequandellevitSelynnvolerdansl'airtelleunepoupéedechiffonavantd'atterrirdansl'eaudansungrandplouf.Leloup-garouenressortitcouvertdeboueetfoufurieux.Ilrugitetregagnalerivageàlanage.Unefoissurlaterreferme,ilsoutintleregarddeKylie,jetalatêteenarrière,grognaetattaqua.

Holidays'interposadevantKylieettenditlamain.

-Unpasdeplusetj'invoquelacolèredesangesdelamort.Etsivouscroyezquejeplaisante,vousnemeconnaissezpas.

MaisSelynnnes'arrêtapas.Ellecontinuaitàavancer.

AlorsDereketDellalaplaquèrentausol.

Kylienes'attardapaspourentendreouvoircequisepassait.Elledétalaàtraverslesbois,lesangbouillonnantdanssesveines,tandisqu'ellecouraitdetoutessesforcespourrejoindresamère.

Alorsqu'elleavançaitàunevitesseinhumaine,ellesentituncourantd'airlacroiseràtoutevitesseetremarquaunvaguemouvement.Lesilencebrusquedesboisluiindiquaquec'étaitunvampire.Maiselles'enmoquait.

Ellenevoulaitqu'unechose:retrouversamèreavantquequelqu'unnes'enprenneàelle.Sil'ontouchaitàunseuldesescheveux...

Elleentenditleshurlementsdesamèrejusteavantdesortirdesbois,prèsducheminquimenaitchezHelen.LapaniqueagrippalapoitrinedeKyliecommeunanimalsauvagequicherchaitàsesauver.Ellesefaufilaàtraverslesderniersarbres,filasurlesentieretparvintdevantlebungalowd'Helen.

Burnett,uneHolidayébourifféeparleventàsescôtés,bloquaitlaporte.EtKyliesavaitqueBurnettyavaitamenéladirectrice.

-Laissez-moisortir!

Lehurlementdesamèreenvahitsesoreilles.

Laricheodeurdebaiesqu'elleconnaissaitdésormais,celledusang,emplitsesnarines.ElleregardafixementBurnett.

-Dégagez!

-Kylie.(Holidays'interposadevantBurnett.)Écoute-moi,tuveux?

Tamèrevabien.Elleestbouleverséeetnousallonsdevoirlacalmer.

-Elleestblessée,ditKyliequis'efforçaitdereprendresonsouffle.

ElleréprimasonenviedebousculerBurnettetd'entrerdeforce.

-Ellen'estpasblessée,insistaBurnett.

-Jesenslesang,poursuivitKyliequifulminaitderage.

-Cen'estpaslesien,réponditBurnett,dontlesyeuxdevinrentorangefoncé.

-Jetelejure,ditHolidayquiessayadetoucherKylie,maiscelle-cireculad'unbond.Tamèren'arien,Kylie,jetel'assure.Calme-toi,jet'enprie.Nousallonsarrangercela,maisj'aibesoindetonaide.

-Fais-leurconfiance,Kylie,ditunevoixenmêmetempsqu'unfroidfamilierenvahissaitsonespace.

KyliesetournaetvitDanieldeboutàsescôtés.

–Fais-leurconfiance,répéta-t-il.

LeslarmesemplirentlesyeuxdelajeunefilletandisqueDaniellaprenaitdanssesbrasglacés.

-Toutvabien.

SonsoufflegeléchatouillalesoreillesdeKylie,tandisqu'unechaleurrassurantegagnaitsapoitrine.

Unesensationdepaixextraordinaireaffluadanssoncorps,dumêmegenrequecellequ'elleavaitressentieauxcascades.Decellesquidisaientquecertaineschosesn'allaientpasaussimalqu'ellelepensait.

Decellesquidisaientqu'elledevraitycroire.

EllelevalatêtepourregarderDaniel,maisilétaitparti.Submergée,Kyliesentitsesjambeslalâcherettombaàgenouxsurleperron.

Holidays'accroupitàcôtéd'elle.

–Elleirabien,Kylie,jetelepromets.

Kylieladévisagea.

–Que...qu'est-cequemamèreavu?Perry...?

-Non.(HolidaydégagealescheveuxdeKyliedesonvisage.)J'aiautoriséHelenàdonnerunepinte

desangàJonathon.Illuiprenaitsonsang,etcontrairementaurèglement,il...(Ellemarquaunepause,puispoursuivitd'untonferme:)...ilbuvaitàmêmeletubequandtamèreestentrée.Jesuissûrequeçaadûluifaireunvraichoc.Elleapaniqué.

Kylielaissatombersonvisageentresesmains.

-Ohnon!

Commentluiexpliquerait-elledonccela?

-Jonathonaétésurpris,luiaussi,poursuivitHoliday.Ill'aattrapée,l'apousséedanslasalledebainsd'Helen,acoincélacommodecontrelaporteetaenvoyéHelenmechercher.J'aifaitvenirBurnetticileplusvitepossible.

–Jeneluiaipasfaitdemal!lançaJonathonensortantsurleperron.J'auraissûrementdûm'yprendreautrement,maisjetelejure,jeneluiaifaitaucunmal.Jesuisdésolédetoutcela.

KylieregardaJonathon.Sachemisearboraitdestâchesdesang.Celuid'Helen,songea-t-elle,pasceluidesamère.Dereklesuivaitsurlesmarches.

-Voilàcequenousallonsfaire,déclaraBurnett,ças'appelle«effacer».

-Non,ditKylie,quiserappelaimmédiatementsesémotionsetsadisputeavecSelynn.

-Çan'ariendegrave,fitHoliday.«Effacer»signifiequel'onenlèvelesouvenirdesatête.Celaneluiferaaucunmal.Maispluselleseracalme,pluscelaserafacileetpluscelaauradechancesdemarcher.Etpourl'heure,ellen'estpascalme.Jepensequesituvasluiparler,tupourraslarassurer.

-Luiparler?Elleavuquelqu'unboiredusangàmêmeuneintravei-neuse!Quesuis-jecenséeluidirepourlacalmer?demandaKylie.«

Oh!Ça?Net'inquiètepas,maman,cenesontquedesvampires!»

HolidayregardaKyliedroitdanslesyeux.

-Elles'inquiètepourtoiplusqu'ellen'apeur,l'assuraHoliday.Fais-luisavoirquetuvasbien,puisDerekentreraet...

-Derek?(Kylieseretournad'uncoup.)PourquoiDerek?

Unsemblantdeculpabilitévoilasesyeux.

-Nousvenonsdedécouvrirqu'ilaledond'effacement,expliquaHoliday.

Derekacquiesçaet,durantunefractiondeseconde,Kyliesedemandapourquoiilneluienavaitpasparlé.Ellecroyaitqu'ilspartageaienttout.Puissespenséessereportèrentsursamère.

-Maiss'ilvientd'apprivoisercedon...queva-t-ilsepassers'ilseplante?

–Ilneseplanterapas,affirmaBurnett.Ill'aexercétrèssouvent.

KyliereposalesyeuxsurDerek.Elleignoraitcequesignifiaitl'effacementd'unsouvenir,maisl'idéelaterrorisait.

-Vousn'avezpersonnequiaitplusd'expérience?

Derek,etc'étaittoutàsonhonneur,nesemblapasblesséparsare-quête.

-Ilestsuruneautreaffaireencemoment,expliquaBurnett.Etplusvitenousnousoccuperonsdecela,mieuxcesera.Sinousattendonstroplongtemps,ildevrapeut-êtreenleverd'autresdonnéesdesonesprit.Etdonceffacerdesheuresavantquecelanesesoitproduit.Àl'évidence,moinsnousdevronssupprimerd'heuresdemémoire,mieuxcesera.

-Est-cedangereux?

KylieguettalaréponsedeHoliday.Celle-cisecoualatête.

-Sic'estfaitasseztôt,lesplusgroseffetssecondairesserontunemigraineetuneconfusionàcaused'unepertederepères.

KyliereposalesyeuxsurDerek.

-Promets-moiquetunevaspasteplanter.

-Promis,dit-il.

Percevait-elleundoutedanssavoix?

-Quedois-tufaire?demanda-t-elle.

-Justelatoucher,répondit-il.

Kylieopina.EllesesouvintqueDanielluiavaitassuréqu'elledevraitleurfaireconfiance,etelleseleva.

-D'accord,alors.

Puiselleentenditsamèreseremettreàhurler.ElleregardaBurnett.

-Yaintérêtàcequetoutsepassebien.

–Maman!criaKylieàsamèrecinqminutesplustard,derrièrelagrossecommodequeJonathonavaitpousséedevantlaportedelasalledebains.

–Kylie?braillasamère;Oh,bébé!Tuvasbien?dismoiquetun'espasblessée!Dis-moiquecesfous...

-Jevaisbien.Jevienstechercher,d'accord?

-Dépêche-toi,machérie,luiintimasamère.(L'enrouementdesavoixindiquaàKyliequ'ellepleuraitethurlaitdepuisbeaucouptroplongtemps.)Ilfautquel'onsorted'ici.Ilyadesgensdangereux!

-C'estbon,maman.

–Vite,bébé!Viteavantqu'ilsnereviennent!

Burnettluiindiquaparungestequ'ilavaitl'intentiondedéplacerlacommode,puisdepartir.Derekopina.AlorsBurnett,d'unemain,bougealemeublelourdet,enunéclair,disparut.

LamèredeKylieouvritlaported'uncoupsecets'échappa,serrantsafilledansuneétreinteprotectrice.

-Ilfautquel'onsorted'ici!(ElleremarquaDereketpoussaKyliederrièreelle.)Nevousapprochezpas!

LejeunehommeregardaKylie,commes'ilnesavaitpascomments'yprendre.

-C'estbon,maman.(Lecœurdel'adolescentesebrisaquandellevitlevisagedesamèreinondédelarmes.)C'estDerek,c'estquelqu'undebien.

-Jeneluifaispasconfiance.Nousnepouvonsnousfieràpersonneici.Jeveuxjustequenouspartions.Toutdesuite!

AttrapantlebrasdeKylieellesedirigeaverslaporte,enveillantbienàresterentreDereketelle,commepourlaprotéger.

Nesachantpasquoifaire,Kylies'arrêta.Ellenepouvaitpaslaissersamèresortir.Sicelle-cipaniquaitenlaprésencedeDerek,alorselleperdraitsûrementlatêteenvoyantJonathonetBurnett.

-Maman,Derekestquelqu'undebien.Ilnousaideraàpartir,mentit-elle.N'est-cepas,Derek?

Kylieleregarda.

-Oui...madameGalen.Jevaisvousaider,Kylieetvous,àvousenenfuir.

LamèredeKyliecontemplalegarçon,puissafille.Lapaniqueétincelaitdanssesyeux,maisellen'eutpasdemouvementderecullorsqu'ilavançad'unpas.

-Laissez-moim'approcherdelaporte,dit-il.

Ilserapprocha,puistenditlamainettouchasonbras.Kylienesavaitpascequisepassaitquandoneffaçaitlamémoired'unepersonne,maisdèsquelesyeuxdesamèreserévulsèrentetqu'elles'écroulacommeunemasse,ellehurla.

Entremblant,ettoujoursencriant,Kylies'affalaprèsdesamèrepours'assurerqu'ellerespiraitencore.

-C'estbon.(DerekselaissatomberàcôtédeKylieetluitouchalecoude.)Elleestjusteinconsciente.

Jetelepromets,Kylie,dit-ilcommes'illisaitsespeurs.

Burnettsurgitetsoulevalamèredelajeunefilledanssesbras.

-Jevaislamettredanslavoiture.Tuviensavecmoi,ordonna-t-ilàKylie.Nousauronsbesoindetoiquandelleseréveillera.

Sonregardsoutintintensémentceluidelajeunefille.

-Toutirabien.Suis-moi,c'estpresqueterminé,maintenant.

-Maman,tuvasbien?

Kylietapotaitsurlavitredelavoituredesamèrepasmoinsdecinqminutesplustard.

Commeelleneseréveillapasimmédiatement,Kylieseretintpournepasouvrirlaportièred'uncoupsecetvérifiersiellen'avaitpasbesoinderéanimationcardiaque.MaislalistedeBurnettdeschosesànepasfairerésonnaittoujoursdanssatête.

«Nepaniquepas,sinonellerisquedefairelamêmechose,etcelalarendraencoreplusnerveuse.»

«Netenoiepasdansdesexplicationsàn'enplusfinir.Laisse-latirersespropresconclusionssurcequ'ils'estpassé.»

«Nepleurepassansraison.»

Enmêmetemps,ilavaitdésignéleslarmesdeKylie.C'étaitcettedernièrerèglequeKylieauraitbiencontestéesiellen'avaitpasétéaussiinquièteausujetdesamère.

Elletapotadenouveausurlavitre.

-Maman?

Elles'efforçadegarderunevoixcalme.

Kylieconsidéraitqu'elleméritaitunebonnecrisedelarmesquidu-reraitdeuxsemainesauminimum.Letraumatismeémotionnelqu'elleavaitvécupendantcettedernièredemi-heurecompteraitparmilespiresdesavie.Mêmelabagarreauparcanimalierneluiavaitpasfaitaussimalauventre.

Ellejetauncoupd'oeilsursesbras,pensantytrouverdesbleusetdestracesd'onglesauxendroitsoùSelynnl'avaitattrapée.Sapeauétaitlisseetsansmarque.Bizarre.Venait-elled'acquérirunnouveaudon,celuideguérisonrapide?

Lesyeuxdesamères'ouvrirentsubitementetKyliesereconcentrasurlasituationprésente.Samères'assitetregardaautourd'elle,visiblementsurprise.LapremièrepenséedeKyliefutquel'effacementn'avaitpasfonctionné.

Puissamèretournalatêteetsonregardconfuscroisalesien.

Kyliecollaunsouriresurseslèvres,enespérantluifairecroirequetoutétaitpourlemieuxdanslemeilleurdesmondespossibles.

-Quandes-tuarrivée,maman?

Lefrontdesamèreseplissa.Ellelevalepoignetpourconsultersamontre,puisouvritlaportière.Elleposalespiedssurletrottoir,maisnedescenditpasdesavoiture.

-Je...(Ellecilla.)Jemesuisprécipitéeicidepuisl'aéroport.

Ellepassaunemaindanssescheveuxbruns,désormaisparsemésdemèchesrousses.

-Tuasdût'endormiraprèstonarrivée.

Kyliesemorditlalèvrequandelles'aperçutqu'ellen'avaitpasrespectél'unedesrèglesdeBurnett.

-Oui.

Samèrecollaunemainsursatempe,signequelamigrainedontHolidayavaitparléfaisaitsonchemin.

-J'aiveillétoutelanuitàl'aéroportenespérantquejeseraissurlisted'attente.

-Tudoisêtrenaze!lançaKylie.

-Oui,ohlàlà!(Samèreconsultadenouveausamontreetsortitdelavoiture.)Jemesouviensàpeinedemonarrivéeici.J'aidûmegareretm'endormir!Cequiestunebonneleçonpournousdeux:nejamaisconduirequandonestcrevé!(ElleserraKyliedanssesbras.)Quelbonheurdetevoir!

Tantpis,maisKyliemouraitd'envied'enfreindreuneautrerègle.

Leslarmesemplirentsesyeuxetelleétreignitsamèretrèsfort.Ceslarmesn'étaientpasuniquementliéesàcestrentedernièresminutes,maisàsesseizedernièresannéesetàlararetédescâlinsmaternels.Etcetinstantluifaisaitaussirepenseràl'étreintequ'elleavaitpartagéeavecsonpère...beau-père,avantqu'ilnepartequelquesheuresplustôt.

Quandsamères'écarta,elleregardaKylie.

-Tuvasbien?

-Oui.(Lajeunefillebattitdescils.)C'estjuste...quetunemefaispassouventdecâlins.

-J'imaginequ'ilfaudrayremédier,d'accord?ditsamère,ensetou-chantdenouveaulatempe.

–Oui,acquiesçaKylie,etnoussommesbienparties.

Etc'étaitvrai.Ellelesentait.

Samèreconsultasamontreunefoisdeplus.

-J'aidûdormiruneheure.

-C'estquetuenavaissûrementbesoin,ditKylie,etellerepartitendirectionduportail.

-Oui,jevoulaisappelerpourprévenirtadirectricequej'arriveraisunpeuenretard.Jemesouviensqu'ilsavaientfaittoutuncinémasurlesheuresdevisite.Maisdevinequoi,mabatterieestmorte!Ellem'alâ-

chée.

-Heureusementquejesuispasséeparlà,quej'aivutavoitureetquej'aiavertiHolidayquetuétaislà!Et,oui!ilssonttrèsstrictssurlesheuresdevisite.

Jevousenprie,monDieu,faitesquejenerevivepascela.

-Cequiestidiot,jetrouve!rétorquasamère.Ondiraitqu'ilsessaientdecacherquelquechose...

-Pasdutout!mentitKylieentresesdents,àcontrecœur.Ilsnecachentriendutout.

Seulementdestrucsdustyle:desjeunesquiboiventdusang,quisemétamorphosentenn'importequelgenredecréatureimaginable,oudesfillesquitransformentaccidentellementdeschatonsenmouffettes.LanormepourShadowFalls,quoi!

-Maisilssontstricts,c'estvrai,ajoutaKylie.Ilsprétendentquec'estpournotresécurité.Deplus,tusais,c'estcequetum'astoujoursdit:lerèglement,c'estlerèglement.

-Jesais,etj'essaieraidelerespecteràpartirdemaintenant.

Merci,monDieu!

-Tuveuxqu'onailles'asseoirauréfectoire?proposaKylie.

-Pourquoipasdanstonbungalow?

-Biensûr.

PuisKyliesesouvintdeSocks,sapetitemouffette.-Euh...j'aioubliéque...DellaetMirandaontinvitédescopines.Leréfectoire,çadevraitêtremieux.

-C'esttrèsbien.Commeça,jepourraiavalerquelquescomprimésd'aspirine.J'aitellementmalaucrânequej'ail'impressionquejevaisfaireuneruptured'anévrisme!

UnfroidglacialseréinstallaautourdeKylie.L'espaced'uninstant,ellecrutquelefantômeétaitderetour.

Elledévisageasamère.

-Nedispasça.

-Pasquoi?

-Cesbêtisesd'anévrisme!

C'étaitprécisémentl'unedesnombreusescraintesdeKylieliéesautripotagedecerveauetàl'effacementdessouvenirs,etcelacontinuaitàl'angoisser.

Samèresourit.

–C'estjusteducinéma!Jevaisbien.

-Tantmieux,réponditKylie.

Quandelleregardasamère,ellesesouvintqu'elleavaiteutrèspeurdeneplusjamaislarevoir.Unenouvellevagued'émotionenvahitsapoitrine.Kyliefaillittendrelamainpourluivolerunautrecâlin.Ellen'enfitrien.Pasuniquementparcequecelaauraitrisquéd'éveillerlessoupçonsdesamère,maisparcequecelle-ciavaitsûrementépuisésonquotadetendressepourlemois.

Étonnamment,unedemi-heureplustard,toutesdeuxn'avaientpasépuisétouslessujetsdeconversation.Biensûr,ellesavaientparléunbonquartd'heuredurelookingdesamère,qui,sommetoute,plaisaitàKylie.D'accord,l'idéequecelle-cipuissesortiravecdeshommeslalaissaittoutdemêmeperplexe,maiselledécidaqu'àchaquejoursuffisaitsapeine...

Puissamèreremarquasa«pousséedecroissance».

-Dis-moiquec'estunWonderbraquitefaitdesigrosseins!

–J'aibienpeurquenon!réponditKylie.Jegrandis.

Cetteconversationpoussasamèreàl'interrogersursaviréeshopping.MaisKylienevoulaitpasenparler,nideriend'autrequis'étaitproduitdurantsarécenteescapadeenville.

Elleluiracontadoncquesonpèreétaitvenuluirendrevisite.Ellesdiscutèrentdeluipendantcinqbonnesminute.Kylieneluidonnaaucundétailsurlascènegênantequ'elleavaitprovoquée.Elleneluiavouamêmepasqu'elleavaitvusonpèreenville.

Elleavaitégalementdécidédenepasannonceràsamèrequecelui-ciavaitrompuavecsacopine.Ellenevoulaitpasraviverdedouleur.

-Jesuiscontentequevousayezparlé,vousdeux,ditsamère.

Quellesquesoientleserreursqu'ilaitcommisesrécemment,c'estunbonpère.

–C'estvrai,acquiesçaKylie.

Puisellepassacinqautresminutesàluiconfierqu'elleadoraitlecampetlecoursdedécorationdegâteaux,toutcelapourqu'elleacceptedel'inscrireaupensionnatàl'automne.Ellen'avaitpaspourautantl'intentiondeleluidemandertoutdesuite.Quesamèreengardâtdessouvenirsounon,sajournéeavaitdéjàétésuffisammentpourrie.

-Sérieusement,tuaimesvraimentdécorerdespâtisseries?Moiaussi.Tutesouviens,lorsquej'aisuivicecoursquandtuétaisplusjeuneetquejet'aiconfectionnélegâteaudeCendrillon?

-Oui,réponditKylie.Jel'avaisadoré!

Encoreungrosbobard.Elleavaitquatorzeansets'étaitsentietrèsgênéequandsamèreluiavaitserviungâteaudeprincesseàl'issued'unerencontredefoot.Maisqu'était-cequ'unautrepieuxmensongeenplusdetousceuxqu'elleavaitdéjàditsaujourd'hui?

Mensongesmisàpart,latoutenouvelleorientationqueprenaitleurrelationétaitplutôtagréable.SiagréablequeKyliedécidadetentersachanceetdedemanderd'autresinformationssursonvraipère.

Elleattrapasonsodaetfittournerlacanettedanssamain.

–Maman,peux-tum'endireplusausujetdeDaniel?

Lesyeuxdesamères'écarquillèrent.

-Biensûr.Maisjepenset'avoirquasimenttoutracontéladernièrefoisquetum'asinterrogée.

-Tunem'aspresqueriendit.Parexemple...d'oùsesparentssont-ilsoriginaires?

-Jemesouviensqu'ilm'avaitconfiéqu'ilsvenaientd'Irlande.

-Ilssontirlandais?demandaKylie,sanstropsavoirsicelal'aideraitoupas.Quandsont-ilsarrivésici?

-Jel'ignore.

-DanielestnéauxÉtats-Unis?

-Jesupposequeoui.Iln'avaitpasd'accent.

-Maistun'enespassûre,pasvrai?

Kyliecommençaàperdreespoir.S'ils'étaitfaitadopterenIrlande,retrouversatraceseraitquasimentimpossible.

–Jepensequejeseraisaucourants'ilétaitnéailleurs.

Kyliehochalatête.

-Tum'avaisditquesesparentsétaientdeDallas,c'estça?

-PrèsdeDallas.Quelquepartparlà.

-Où?

Kylieneparvenaitpasàcroirequ'elleavaitpassécesdeuxdernièressemainesàenchaînerlescoupsdefilàDallas,pourapprendremaintenantqu'ilsn'yavaientmêmepasvécu.

-Jenemesouvienspas.(Samèrelascrutait.)Tun'envisagespasd'essayerdelesretrouver,toutdemême?

OK,ilfallaitsedécider.Lajeunefilleavaitdéclaréaudétectivequ'ellefiniraitparparlerdesaquêteàsamère.L'heuredevéritéavaitpeut-êtresonné.

–Çat'embêteraitsic'étaitlecas?demandaKylie,quinetenaitpasàajouterdustressàsajournée.

Samèrefronçalessourcils.

-Je...je...nousignoronss'ilssontencoreenvie.

–C'estpossible,réponditKylie.

Ellenepouvaitpasluidirequesiellesouhaitaittantlesretrouver,c'étaitsurtoutpourqu'ilspuissentlaconduireauxvraisparentsdeDaniel.Bientôt,samèrerisqueraitdel'apprendre,maischaquechoseensontemps.Deplus,ellenevoyaitpascommentellepourraitexpliquerqu'ellesavaitqueDanielavaitétéadoptésansdevoirparlerdetoutecettehistoiredefantôme,etc'étaituneconversationqu'ellenevoulaitpasavoiravecelle.

–Sérieusement,çat'embêteraitsij'essayaisdelestrouver?

Samèrelaissaéchapperunprofondsoupir.

-Non,Kylie.J'imaginequej'aijustepeurqu'ilssoienttrèsencolèrecontremoisitulefaisais.J'aiculpabilisétantdefoisdeneleuravoirrienditàtonsujet!

Quelquechosedanslavoixdesamèreattiral'attentiondeKylie.

Ellecompritbrusquementquesisamères'envoulaitdes'êtretue,c'estqu'elledevaitsavoiroùilsétaient.

-Sais-tuoùilssont,maman?Sais-tucommentjepourraislesretrouver?

Samèrebaissalesyeux.

-Je...

-S'ilteplaît,maman,insistaKylie.S'ilteplaît.Situsaisquelquechose,dis-le-moi.

Samèresemblaitpréoccupéeparsonsoda,commesilacondensa-tionquiruisselaitsurlacanettelafascinait.

-Jen'aipaspumerésoudreàjetersanécrologie,dit-elleenfin.Jel'aicolléederrièrelaphotodetoibébé,accrochéeàlamaison.Ilyaleurnometlavilleoùilshabitaient.

L'espoirseformadenouveaudanslapoitrinedeKylie.

–Quandturentreras,peux-tulascanneretmel'envoyerpare-mail,s'ilteplaît?

Samèrehochalatête.

-S'ilssontencorevivants,ilsvontmedétester.

-Jenecroispas,maman.Ilsserontsimplementravisdefairemaconnaissance.

SamèretouchalajouedeKylie.

-Jesuisdésolée,bébé.J'aifaitcequej'estimaislemieuxàl'époque,maisàprésent...ilsembleraitquejen'aiepasprislesmeilleuresdéci-sions.

-Tuasfaitcеqu'ilfallait,ditKylie.

Etsansréfléchir,ellefitunnouveaucâlinàsamèrepastrèscâline.

Uneheureplustard,Kylieregardalavoituredesamèredescendrelaroutejusqu'àcequ'ellenesoitplusqu'uneminusculetachebleuequifinitpardisparaître.BurnettetHolidayl'attendaientàlaportequandellerevint.

-Jepensequeçaira,leurdit-elle,supposantquec'étaitlaraisondeleurprésence.

PuisellecompritqueBurnettavaitprobablementécoutéleurconversationtoutdulong.Etqu'ilsn'étaientpasuniquementlàpoursamère.

-Est-cequej'auraidesproblèmespourm'êtrebattueavecSelynn?

demanda-t-elle.

Cetteidéeluiavaittraversél'espritpendantqu'ellediscutaitavecsamère.QuecelaplûtàKylieounon,Selynnfaisaitpartiedel'URF.

Holidaysecoualatête.

-Non,Selynnaméritécequ'elleaeu.Elleatrèsmalgérélasituation.Terriblementmal.

Ellejetauncoupd'œilàBurnett,commesielles'adressaitautantàluiqu'àKylie.

-Siquelqu'unraconteuneseulechosesurcequis'estpasséaupointd'eau,jeserailapremièreàluirentrerdanslelard.

AlorsqueKylieallaitluidemandercequ'elleentendaitparlà,Burnetthaussalesépaules.

–Jecroisquepersonnenedirarien,l'assura-t-il.l'humourdansantdanssesyeux.Jen'aijamaiscompriscetteexpression.Comment«rentrerdanslelarddequelqu'un»peut-ilsetraduirepar«fairevivreunenferàquelqu'un»?

-Jen'enaiaucuneidée.

HolidayreposalesyeuxsurKylie.LeregarddeBurnettsuivitceluideladirectrice,puistousdeuxseremirentàsefixer,malàl'aise.Kylieseredemandacequipouvaitbiensetramer.

–Sicen'estpasSelynn,alorsquoi?demanda-t-elle.

Burnettfourralesmainsdanslespochesdesonjean.

–Nousvoulionsjustenousassurerquetuallaisbien.

Kylieallaitluirépondre,quandelleserenditcomptequetouslesdeuxladévisageaientdenouveau.

-S'iln'yaqueça,alorspourquoimematez-vous,laboucheouverte,commesij'allaisbientôtavoirunequeue?

–Parcequetupensesquetuvasenavoirune?

L'inquiétudeenvahitsavoix.

Oh,merde!Ilestsérieux!

Kyliepassaunemainsursesfessespours'assurerqu'ilneluiétaitrienpoussédutout.Rassuréesurcepoint,ellelesregardaenfronçantlessourcils.

-Qu'est-cequevousmecachez,alors?

-Tuasfaitpreuvedenouveauxtalentsaujourd'hui,constataBurnett.

-Parcequejecoursvite?

-EttuasaffrontéSelynn,ajoutaHoliday.Unloup-garou,siprèsdelapleinelune,est...difficileàattaquer.

-Donc,tupensesdenouveauquej'ensuisun,maintenant?

HolidayjetaunregardàBurnett,ettousdeuxreposèrentlesyeuxsurKylie.

–Nousn'ensommestoujourspassûrs.

BurnettseremitàscruterKylie.

-Qu'ya-t-il?demanda-t-elle.

-C'estlaconfigurationdetoncerveau,expliquaHoliday,commeunaveu.

–Quoi?(Kyliesetouchalefront.)Mesuis-jeouverte?Pouvez-vousdirecequejesuis?

-Non.C'estjustequetaconfiguration...bouge.

–Ellebouge?Tuveuxdirequ'ellechange?

BurnettetHolidayhochèrentlatête.

-Qu'est-cequeçasignifie?

Enunéclair,l'expressiondeHolidaypassadelacuriositéàlacompassion.

-C'estjuste...

–Dessuppositions,jesais!Alorsvas-y!

Ellefitsigneàladirectricedesedépêcher.

-Laseuleconfigurationquibougeetquichangeestcelled'unmétamorphe,expliquaHoliday.

-Donc,maintenant,tucroisquejesuisunemétamorphe?ditKyliequiessayaitdesefaireàcetteidée:semuerenliongéantet...

-Ellenesemodifiepascommeunmétamorphe,corrigeaBurnett.

Celled'unmétamorphenesemodifiequelorsqu'ilchangedeforme.

Kyliebaissalesyeuxsursapoitrineetplusbas,presquecommepours'assurerqu'ellenes'étaitpasmétamorphoséeetquesesseinsn'avaientpasprisunbonnetdeplus.Enfin,elletapotadenouveausesfesses,priantpourqu'unequeuen'aittoujourspaspoussé.

-Jenesuispasentraindemetransformer,déclara-t-elle.

-Nouslesavons,réponditBurnett.

Puis,commesiellesentaitqueKylieavaiteusonquotadecoupsdurspourlajournée,Holidays'approchaetpassaunbrasautourd'elle.

-Viens.Etsinousallionsfaireuntourauxcascades?

Kylieopina.Elleenvisageaitderetourneràsonbungalowpourpleurerunboncoup,maisuneviréeauxchutesd'eaulatentaitdavantage.

-Jevousaccompagne,proposaBurnett.

-Jepensequel'onvayallerseules,rétorquaHoliday.

-Jenecroispasquevousdevriezvousenfoncerseulesaussiloindanslesbois,répliqua-t-il.Nousnesavonstoujourspaspourquoilasé-

curitéduportailn'apasfonctionné.

-Jenecroispasquenoussoyonsfranchementvulnérables,ripostaHolidayendésignantKyliedelatête.

-Jemesentiraismieuxsijevenaisavecvous,insistaBurnett.(Ilfronçalessourcils.)Vousnevousrendrezmêmepascomptedemapré-

sence.Jeresterailoin.

Holidayrouladesyeux,commepourdire«N'importequoi!»,puisellefitsigneàKyliedetournerlestalons,etellessedirigèrentverslesentierquimenaitauxcascades.

-Acinquantekilomètres,ceseraitsuper!murmuraHoliday.

-Quandtesouviendras-tuquejet'entends?lançaBurnett,àunequinzainedemètresenviron.

-Quandas-tupenséquej'avaisoublié?répliqua-t-elleàvoixbasse.

Lelundimatin,lefroidglacialdufantômeréveillaKylie.Elleouvritlesyeux,maisl'espritnes'étaitpasencorematérialisé.

-Tusaisbienquevenirmeréveillernemeserviraàrien,n'est-cepas?Ilfautquetumedonnesquelquechose,quetutrouveslemoyendememontrerquijedoisaider.

Aucuneréponse.Kylieremontalacouettesursonmentonetsecontentad'observersonsoufflequiformaitdepetitsnuagesdebuéeau-dessusdesonnez.LavisiteauxcascadesavecHolidayavaitétéàlafoisgénialeetextrêmementdécourageante.Holidayetellen'avaientmêmepasdiscuté.Assises,ellesavaientcontemplélemurd'eauquitombaitenrideaudevantelles.L'ambiancequeKylieyavaitdécouvertelafoispré-

cédentesemblaitencoreplusintensecettefois.Ça,c'étaitlecôtégénial.

Lecôtéextrêmementdécourageant?Lemessagequ'elleavaitretirédesavisiten'étaitpasuniquementquetoutiraitbien.Pasdutout.Maisplutôt:resteconcentréeetgardelafoi.

Etsielleavaitcruquellepourraitsedisputeraveclaformeprésenteauxcascades,elleauraitlevélesyeuxsurleplafonddepierreetauraitbeuglé:

«Vraiment?C'esttoutcequetucomptesmedonner?»

Honnêtement?Commentpouvait-elleresterconcentréealorsqu'ellenesavaitpassurquoiseconcentrer?Difficiledesefocalisersurdesfantômesquandilsrefusaientmêmed'apparaître!

Latempératurebaissaencoredequelquesdegrés.

-Oui,jeparledetoi!ditKylieàl'espritàvoixhaute.

Garderlafoiétaitpresqueaussiimpossible.Celarevenaitàcroirequ'ilnesepasseraitriendemal.Deuxfillesquis'étaientfaittuerparunvampireescroc,n'était-cepascequel'onpouvaitqualifierdegrave?Etquipouvaitpenserqu'effacerlamémoiredesamèrefûtunebonnechose

?Açailfallaitajouterlaconfigurationchangeantedesoncerveauquifaisaitquetoutlemondelaregardaitcommesielleétaitunmonstre-

sansoubliersondésirincontrôlabledefaireirruptiondanslesrêvesdesautres.Enrésumé,safoin'auraitpasétécontreunbonpaquetdesté-

roïdespoursereconstruireintégralement!

Kylieeutunhoquetdefrustrationlorsquelefroiddel'esprits'évanouitpeuàpeu.

Super!Unejournéedeplusàmeréveilleràl'aubesansrienmedonneràmemettresousladent!

Elleroulasurlecôté,martelasonoreillerdecoupsdepoingetsentitsonhumeurs'assombriràlaseconde.

Oh,ilnes'agissaitpasnonplusdeladéprimedulundi!Pasdutout,c'étaitplusquecela.Cesoir,c'étaitlapleinelune.Quisavaitcequisepasserait?Maisseréveillerd'humeuraussimassacranteétaitunautresignequ'elleétaitpeut-êtreunloup-garou.

Nonpasqu'unetransformationenloupfûtl'uniquedéclencheurdesamauvaisehumeur.Aprèss'êtreenfindécidéeàaccepterdesortiravecDerek,ellen'avaitpaseul'occasiondelevoirseulepourluidonnersaré-

ponse.Ilyavaitaussiuncertainloup-garouquirevenaitaucampaujourd'huioudemain.Enfin,deuxloups-garous.Ellen'étaitpasparticu-lièrementpresséederevoirFredericka.EtaffronterLucasaprèslefiascodurêve?Ohoui,ceseraitvraimentdrôle!Oupas.

Kylielaissaéchapperungrognement,martelaencoresonoreillerdecoupsdepoingetremontalacouettesursonvisage.

Cinqminutesaprèss'êtreréveilléeetdeuxminutesaprèsavoirconstatéquesamèreneluiavaittoujourspasenvoyélescandelanécrologiedeDaniel,Kylieréussitàs'enprendreàDellaetàMiranda.Alorsellepritunedécision:elles'octroieraitunjourderepos.Unejournéeen-tièrecoupéedumonde.Ycomprisdetouslessurnaturels.

Aujourd'hui,elleresteraitentêteàtêteavecsamouffette.

Elleattrapaunebouteilledesodadanslefrigo,ramassaSocks,demandaàsescolocatairesd'informerHolidayqu'elleprenaitunjourdevacancesetretournadanssachambredontelleclaqualaporte,justeparcequ'elleenavaitenvie.

A9heures,Holidayvintfrapper.

-Jevoulaissimplementm'assurerquetoutallaitbien.

-J'aimeraisjusteêtreseule,réponditKylie,quientenditlaportes'ouvrirmaisquinebougeapas,allongéesurleventredanssonlitdepuisuneheure.

-Mauvaispoil?

LaquestiondeHolidayavaittropdesignificationstacitesauxquelleslajeunefillepréféraitnepaspenser.

-Oui,vraimentdesalehumeur,acquiesçaKylieenroulantsurlecôté.

–Bon,repritHolidayensemordantlalèvre.N'oubliepas,jesuislàsituasbesoindemoi.

–Jesais,ditKylie.

A10heures,onfrappadenouveau.Cettefois,àlaportedesonbungalow.

-Allez-vous-en!hurlakylie.

Uneminuteplustard,Derekentradanssachambresansyavoirétéinvité.Celal'énervaencoreplus.Puiselleserappelaautrechosequil'avaitembêtéeetdontelleneluiavaitpasencoreparlé.

-Pourquoitunem'asrienditsurcettehistoired'effacement?lâchat-elle.

Illafittombersursonlit.

-Burnettm'aplusoumoinsdemandédeneriendireàpersonne.

-Etjesuis«personne»?s'enquit-elle.

Kylies'assitetremontalesgenouxcontresapoitrine.

Qu'ils'agissedesonton,desaquestionoudesonhumeurconta-gieuse,ellel'ignorait,maisellereconnaissaitl'agacementchezn'importequi.EtDerekétaitagacé.

-Peut-êtrequesitut'étaismontréeplusaccessible,aulieudecraindrequel'onpuissedécouvrirquetum'aimesbien,nousaurionspupasserplusdetempsàdiscuter...

-Jet'aiprésentémesexcusespourça,non?(Elleserrasestibias.)Maisçaneveutpasdirequetum'aiespardonné!ajouta-t-elleavecunbrindesarcasme.

Ilsecoualatête.

-Bon,trèsbien,alorsjen'aiprobablementpasledroitd'êtrefurieuxàcausedeça.

Soninflexionsurlemot«ça»l'incitaàposersonautrequestion.

–Maisilyabienuneraisonàtacolère,non?

Ilfronçalessourcils.

-Jenedevraispas.

Ilpassaunemaindanssescheveuxetlaregarda.L'intensedouleuraffectivequeKyliedéceladanssesyeuxchassasamauvaisehumeuretellesemitàs'inquiéterpourlui.

–Qu'est-cequinedevraitpasterendrefurieux?

Ilselevaetfitlescentpasdanslapièce.

-Tunem'asjamaismenti.Etj'aibienvuquetuéprouvaisencoredessentimentspourlui.Tuculpabilisais,etj'aicomprisquetupensaisprobablementàlui.Jelesavais,parcequejel'aisenti.Etpourtant,commeunidiot,j'aicontinuéàtecouriraprès,mêmequandtuasrefusédesortiravecmoi.

Ellesecoualatête.

-Turacontesn'importequoi.

Ils'arrêtaetlaissaéchapperungrandsouffle.Puissonregardmagnifique,chaleureuxettoujourspleindedouleur,croisalesien.

-Jenepeuxqu'êtrefurieuxcontremoi.

-Furieuxdequoi?demanda-t-elledenouveau,samauvaisehumeurtentantunretourenforce.

-Cequejen'oublieraijamais,c'estquetunemel'aspasdit.

-Qu'est-cequejenet'aipasdit?

Elleétaitperdueetpourtant...pasvraiment.Elledevinaitqu'ilfaisaitallusionàLucas.Maispeuimportait,carLucasetelle,c'étaitdel'histoireancienne.Elleavaitprissadécision.

D'accord,ilyavaitlesrêves.Etellesentitlesentimentdeculpabilités'insinuerdenouveauenelle.Ilagitaunemaindanslevide.

-Tuvois,voilàcequeturessenslamoitiédutempsquandjesuisavectoi.Delaculpabilité.(Ilsecoualatête.)Dis-moiquecen'estpasvrai.Quetun'aspasreçudelettresdeluiduranttoutcetemps.

SaquestionrebonditdanslatêtedeKylie.

-Je...jeneluiaijamaisrépondu.

ElletenaitàassureràDerekqu'ellen'avaitrienfaitdemal.Maislavéritélasubmergeaetrefusades'enaller.SiDerekavaitreçudeslettresd'unefillequil'avaitembrassé,Kylieauraitétéjalouse.Ellen'auraitpasappréciédutout.Etencoremoinss'ilavaitfaitdesrêvessensuelsàproposd'elle.

-Derek,dit-elled'untondoux,jetelejure,jen'aijamaiseul'intentionde...

-Demefairedumal,finit-ilàsaplace.Jetecrois.Jesaisquetun'aspasfaitcelapourmeblesser.Tun'esnicruelleniméchante.Tun'espassournoisedutout.Tuesjuste...perdue.

Elleseleva,sedirigeaverslui,voulutluiprendrelamain,maisilrecula.Saréactionlameurtrit.Croisantsonregard,elleessayadetrouverlemoyendeluiexpliquer.

-Tuasraison,jesuispauméeàproposdetasdechoses.Maispasencequiconcernemessentimentspourtoi.Tucomptespourmoi.Énormé-

ment.Lorsquejesuisavectoijemesensensécurité,etquandtum'embrasses,jeressenstout.Toutestsibeau...Jeveuxjusteressentirça,d'accord?Jeveuxsortiravectoi.

-Situl'avaisvraimentsouhaité,tuauraisréagiplustôt.

-Jelevoulais,j'étaissimplement...paumée.Commetul'asdit.

-AcausedeLucas?

-Non.(Elleluidonnalaréponsequ'ellesedonnait.)Parcequej'essaieencoredetrouvercequeje

suis.

-Maisjet'aiexpliquéquecen'étaitpasimportant.

-Pourmoi,çal'est,réponditKylie,mais,aufondd'elle,ellesavaitqu'ildisaitlavérité.

Ignorercequ'elleétaitn'étaitqu'unepartiedelaraisonpourlaquelleellen'avaitpasvoulusortiravecluiplustôt.L'autrepartie,c'étaitLucas.

MaiscelanechangeaitpassessentimentspourDerek.C'étaitcommepourStella,latantedeHoliday.KylieavaitbeauêtreattiréeparLucas,ellenepasseraitjamaisàl'acte.ElleessayaunefoisdeplusdeprendrelamaindeDerek,maisilnelalaissapasfaire.

-Tudoistedécider,Kylie,parcequejenepeuxpassupporterderesterdansl'incertitude.J'aitropvécucelaavecmonpère,etc'esttrèsdur.

-J'aidéjàprismadécision.C'esttoi.J'allaisteledirehieret...toutestarrivé.

Ilserapprochad'elleetlecœurdeKyliesoupiradesoulagement.

Ellesepenchapourrecevoirunbaiser.Ellevoulaittellementqu'ill'embrasse,ellevoulaitluifairecomprendrecombienilcomptaitpourelle.

Illuitouchalajoue.

-Tantquetunesaispascequeturessenspourlui,alorstunepeuxpassavoircequeturessenspourmoi.

-C'estfaux.

Elleessayadel'embrasser,maisill'arrêta,d'undoigtsurseslèvres.

-Non,plusmaintenant.Tantquetun'aspaspristadécision,noussommessimplementamis.Simplementamis.

Ladouleuretlechagrinretentirentdanslavoixdugarçonet,d'unbond,vinrentatterrirdanslecœurdeKylie.

Ellenevoulaitpasêtresimplementsonamie.Elledésiraitplus.

-S'ilteplaît,nefaispasça,Derek.Jen'aijamaisvoulu...

Ilremitsondoigtsurseslèvres.

-Jesaisquetun'asjamaisvoulumeblesser,Kylie.Maisçafaitmal.

Je...ressenstout.C'estcequirendleschosessidifficiles.(Ilreculad'unpas.)Jeferaismieuxd'yaller.

Ladouleurmontaenelle.Deslarmesemplirentsesyeux.Elleallaitleperdre.Elleenétaitsûre.

Unefoisàlaportedesachambre,Derekseretourna.

–Entantqu'ami,écoute-moi.Frederickaestderetour.Elleveuttefairedumal.Etjenecroispasqu'ellesecontenterademeparlerdeslettres.Faisattention.Surtoutaprèscesoir.Lesloups-garoussonttrèsagressifsavantdesetransformer.

Kyliesentitsapropreagressivitémonterenelle,etelleessuyaleslarmesquiruisselaientsursonvisage.Jusqu'àcequ'illeluiexplique,ellen'avaitpascessédesedemandercommentilétaitaucourantpourleslettresqueLucasluiavaitenvoyées.Etmaintenantqu'ellesavait,celaneluiplaisaitpasdutout.

FrederickaavaitparlédescourriersàDerek.Etcefaisant,elleavaitfaitdumalnonseulementàKylie,maisaussiàDerek.

Kylieserralepoing.

-Net'inquiètepas,jenesuispasaussiimpuissantequ'avant.

-Impuissante,non,fit-il.Maiscôtéméchanceté,elletebathautlamain.Ilnevautmieuxpasquetutefrottesàelle.

Uneheureplustard,lecœurtoujoursbrisé,Kylieconsultasese-mailsetconstataquesamèreluiavaitenfinenvoyélescandelanécrologiedeDaniel.Lesnerfsdéjààfleurdepeauavantcettelecture,Kylielaissatombersatêteentresesmainsetéclataensanglots.EllepleurapourDereketpourDaniel.

Elleserappelalerêve/visionqu'elleavaitfaitsurlamortdesonpère.Ilavaitquittéunvillagedéchiréparlaguerreetétaitrevenupoursauverunefemmedesinsurgés.Iln'avaitpasdonnésavieuniquementpoursonpays,maisaussipouruneinconnue.

-Jet'aime,Daniel.

Siseulementilvenaitluirendrevisite...

Ellelutlenomdesesparentsetqueceux-civivaientdansunlieudénomméGladlock,auTexas.UnerecherchesurInternetluiindiquaquec'étaitunepetitevillesituéeàcentvingtkilomètresenvirondeDallas.Lecœurtoujoursbrisé,ellecherchaunnumérodetéléphoneaunomdeKentB.Brighten.L'ordinateurn'avaitpasterminésarecherchequelaportedesonbungalows'ouvritd'uncoup.

Kylielevalesyeux,s'attendantàvoirMirandaouDella.Raté.Frederickapassaitluifaireunpetitcoucou.Etellen'avaitpasrespectélesbonnesmanières:frapperavantd'entrer.

–Çaalors,Fantômette!

LetonsarcastiquedeFrederickapritKylieàrebrousse-poil.

«Côtéméchanceté,elletebathautlamain.Ilnevautmieuxpastutefrottesàelle.»

LesparolesdeDerekrésonnaientencoredanssatête.

D'accord,ilavaitraison.Ellen'avaitpasintérêtàsefrotteràFredericka,maisellesedemandaitsielleavaitlechoix,étantdonnéqueleloup-garounesetenaitqu'àunmètred'elle.Kylienevoyaitaucuneéchappatoire.Troptardpourcourirsecachersouslelit.

Elleseleva,fixalesyeuxnoirsdelafilleetespéraqueleloup-garounedécèleraitpassonmanqued'assurance.

Laveille,faceàSelynn,Kylien'avaitpasressentidepeur.Àaucunmoment.Elleavaitagiinstinctivement,pourprotégersamère.Àpré-

sent,iln'étaitplusquestionpourKyliequedeseprotégerelle-même,etsoninstinctdetueusesemblaitavoirprisdesmini-vacances.

-Çaalors,jenet'aipasentenduefrapper!

Dansl'espoirdedonnerlechange,Kylietâchaitd'imiterletoncas-santetlapostureoffensivedeFredericka.

UnsemblantdesouriredansasurleslèvresdeFredericka,commesisoncoupdebluffétaittombéàl'eau.

-Jemesuisditqueceseraitmieuxsiondiscutaitdetoutça.

Frederickapassalebungalowenrevue,commesielleexaminaitlemobilier.Maisiln'yavaitpasgrand-choseàvoir,niriendedifférentdesautresbungalows.Lecanapémarronrembourréétaitassortiàunfauteuilor,luiaussirembourré,aveclequelilétaitpresquecoordonné.LamèredeKylieluiavaitoffertquelquescoussinsquiapportaientdestouchesdecouleuràlapièce.Lesextrémitésducanapéarboraientdesmarquesd'usure,etMirandaavaitdisposéquelquescristauxpar-ciparlà.

DerrièreFredericka,KylieremarquaSocks,quis'étaitfigésurplace,paniquédevoiruneétrangèredanslebungalow.Lamouffettesefitviolencepourallersetapirsousuncoussinrougeetor.Kylieneluientintpasrigueur.

-Dequoiveux-tuparler?Decettefoisoùjet'aiexpliquéquec'étaitimpolid'entrerchezlesgenssansfrapper?

SaremarqueironiquerisquaitbiendefaireexploserFredericka,maisKyliesentitquec'étaituntest,etmontrerdelapeurluiparaissaitplusdangereuxqueprovoquerleloup-garou.

Frederickalaissaéchapperungrognementsourd,etsesyeuxbrillèrent.QuandelledévisageaKyliedelatêteauxpieds,celle-cidutfaireappelàtoutsoncouragepournepasallerrejoindreSockssouslecoussin.

LessourcilsdeFrederickaremuèrent.Kylie,quin'avaitjamaisétéplusfièredesonnouveautalent,agitalessiensenretour.Laconfigurationduloup-garouressemblaitbienàcelledesautres,qu'elleavaitvusàlarivièrelaveille,maislesbordsassombrisneprésageaientriendebon.

Celaavait-ilunesignification?Ilétaitvraimenttempsqu'elles'inscriveauxcoursdelecturedesconfigurationscérébrales!

-Alorscommeça,ilparaîtquetupourraisfairepartiedesnôtres?

lançaFredericka,dontlesyeuxseplissèrent.

L'idéedepartagerunelignéeaveccettebruterendaitKyliemalade.

Sonregardsereposasurlecoussinquitremblaitsurlecanapé.EllesesouvintdecequeHolidayavaitdéclaré,qu'ellenepouvaitpasêtreunloup-garou,carlesfélinsavaientdel'aversionpoureux.KylieespéraitqueHolidayavaitraisonsurcepoint.Mêmeboiredusanglerestedesavieluiparaissaitunemeilleureoptionqu'êtreunloup-garou.

Kyliemaintintsaposturedéfensive.

-Àtaplace,jenecroiraispastoutcequej'entends.

-Etàtaplace,jen'oublieraispasquesitutetransformais,nousaurionsdeschancesdenousretrouver.Etlessoirsdepleinelune,engéné-

ral,lesémotionsnesemaîtrisentpastoujoursetprovoquentbeaucoupdevictimes.

-Alorsjesuissûrequetuferaisattentionàtoi,rétorquaKyliequi,àprésent,bluffaitvraiment.

LessourcilsdeFrederickasefroncèrent.

-Surtoutlorsqu'unefemellesentqu'uneautrefaitdesavancesàsonmâle.

–Parcequetuasencoredumalàretenirtonhomme?

Kylieréprimasapeur.

L'ordanslesyeuxdeFrederickaétinceladavantage.

-Quelleestcetteodeur?

Frederickalevalenez.

Kylien'osapasjeteruncoupd'œilaucoussinquicachaitSocks.

-Aucuneidée,maissiellet'incommode,laporteestjustederrièretoi.

–Çasentunpeu...jenesaispas,lelion,peut-être?

Frederickaarquasonsourcilgauche.Kylienecillapas.

–Jemedoutaisbienquec'étaittoi!

–Moiquiquoi?

LesouriredeFrederickasetransformaenunrictusmoqueur.Puisellereculadequelquespasetsevautradanslecanapéensoupirantd'aise,commesielleavaitl'intentiond'yresterquelquetemps.

Lebruitducanapésoussonpoidsfutrapidementsuivid'undemi-sifflementetd'undemi-miaulement.Lecoussintomba,etunequeuenoireetblancheseredressad'uncoup.Frederickaseretournajusteàtempspourprendrelejetenpleineface.

Asixmètresdelà,Kylies'étaitbouchélenezàcausedelapuanteur,maiselleneputs'empêcherdesourire.

Leloup-garouhurlaetplongeasurl'animal.SiSockss'étaithabituéàsoncôtémouffette,iln'avaitmanifestementpasoubliésesréflexesdefélin.Ildécolladucanapéenmode«chateffrayé».Sonbondissementprojetaàterrelalampequireposaitsurlatablecontiguë.

S'essuyantlesyeuxavecsespaumes,Fredericka,toutenbraillant,seprécipitaàlapoursuitedeSocks.L'animal,désormaisperchésurlefauteuilrembourré,réagitenconséquenceetrebonditdemuren

murpourtenterdesauversapeau.

L'idéedecequeleloup-garoupouvaitfaireàsonchatavaitlancéKylieàsestrousses.Deschaisesenboiss'écrasèrentparterre,lefouràmicro-ondesvolaàtraverslapièce,lebureauetl'ordinateurfaillirenttomber,etquelquesassiettesquitramaientsurlebarsefracassèrentàcôtédeschaises.Toustroissecoururentaprèsàtouteallureendécrivantuncercle:unchatontransforméenmouffette,unloup-garouetunesurnaturellenonidentifiablesepourchassaientdanslesalon,chacunpour-suivantsesobjectifsrespectifs.

Socks:vivre.

Fredericka:tuer.

Kylie:protéger.

Malheureusement,Socksnefaisaitpaslepoidsfaceauloup-garouencolère,etenquelquessecondes,Frederickaeutcoincél'animalprèsdufrigo.Unhurlementemplitlebungalow.Unepousséed'adrénalineparcourutKyliequandFrederickafonçasurlapauvrebête.

Justeavantqueleloup-garounedonneuncoupdepatteàSocks,Kylies'accrochaàsesavant-bras.EllesoulevaFrederickaenl'air,latraî-

naverslaported'entréeetlajetadehors.

Elleatterritàdeuxmètresduporchedansunfracasterrible.Sesyeux,àprésentorvifethorrifiés,fixèrentKylie.Leloup-garouseremitàquatrepattes,genouxployés,s'agitad'avantenarrière,commes'ils'échauffait,prêtàbondir.

Kylienebronchapas.

Elleinspira.Expira.

Elleattendaitlasuite.

-Connasse!grondaFrederickaenjetantsatêteenarrière.

-Faisdumalàmonchat,ettuverrasquejepeuxêtre-plusqueça!

LavoixdeKylieétaitaussianimalequecelleduloup-garou.Puis,brusquementeffrayée,pasàcausedeFrederickamaisdecequ'ellepourraitfairesilafillel'attaquaitdenouveau,Kyliereculaetclaqualaported'entrée.L'impactfittremblertoutlebungalow.

Acetinstantprécis,uneprésencefroideenvahitlapièce.

Delacompagnie.Super.

Lebungalowempestaitlamouffette,unloup-garouhyperénervél'attendaitdehors,etvoilàquel'espritpassaitluifairecoucou.

Cinqminutesplustard,Kylie,dosauréfrigérateur,respiraitparlaboucheafinquel'odeurâcreneluidonnepasdehaut-le-cœur,etessayaitdesecalmer,toutcommesamouffette,terrorisée.PeuaprèsqueKyliefutrentrée,Socksétaitgrimpésursajambeetavaitenfouisonpetitmuseaupointusoussonaisselle.Kyliesedemandasicelan'étaitpassafaçonàluitantd'échapperàl'odeurambiantequedesecacher.

Lefantômefaisaitlescentpasdansleséjourminuscule,commes'ilréfléchissait.Kylieleregardadécriredescercles,avantderemarquersatenue.

-Pourquoiportez-vousunebloused'hôpital?s'enquit-elle,maisl'espritneréponditpas.

Quandlamortedisparut,lesoulagementenvahitlajeunefille.Ellefermalesyeuxettâchadesesouvenirducalmequ'elleavaittrouvéauxcascadesetqueluiavaitinspirétoutecettesituation«Quelqu'unquetuaimesvabientôtmourir.»

Puislaportedubungalows'ouvritd'uncoup.PensantqueçapourraitdenouveauêtreFredericka,Kyliesetendit,puissedétenditquandellevitMirandaetHoliday.

-Tuvasbien?demandaladirectrice.

Kylieopina,etSocks,quipercevaitunenouvelleagitation,seblottitencoreplussousl'aisselledesamaîtresse.MirandaetHolidaysebouchèrentlenezet,yeuxécarquillés,passèrentenrevuelebungalowsacca-gé.

-Ques'est-ilpassé?s'exclamaHoliday.

«Frederickaestpassée»,faillitrépondreKylie,maiselleseretint.

Ellen'avaitjamaiscaftéetnecomptaitpascommencer.

-Socksaeupeur.

Cen'étaitpastoutàfaitunmensonge.Holiday,lamaintoujourscolléesurlenez,regardaKylieenplissantlesyeux.

–JesaisqueFrederickaétaitlà.

Savoixressortaitétoufféederrièresapaume.

–Elletel'adit?fitKylie.

–Ellen'apaseuàlefaire,ajoutaMiranda.Nousl'avonssentiequandelleestpasserdevantlebureau.

-Ques'est-ilpasse?

Holidayavaitrépétésaquestionderrièresesdoigts.Lasorcièreapprochad'unpas.

-Elleétaitfollefurieuse,expliqua-t-elle,del'humourdanslavoix.

Plusfollequefurieuse.Socksluiapisséauvisage?

Elleritetfronçalenezàcausedel'infection,puisagitalesmainscommepourexécuteruntourdemagie.

LorsqueKylieinspiradenouveau,ellenesentitpluslapuanteur.

-Merci,dit-elleàMiranda,étonnéequesacolocataireaitfaitdisparaîtrelerelentsanscommettredegaffe.

-Derien!réponditcelle-ci,plutôtfière.Supprimerlesodeurs,c'estdugâteau!Acquisenmêmetempsquel'apprentissagedelapropreté!

Holidaybaissasamain.

–Miranda,puis-jeavoiruneminuteseuleavecKylie?

Mirandarouladesyeux.

-Pourquoitoutlemondemechassetoujours?

Ellepartitdanssachambred'unpasfurieux,maisadressaunsourireàKylieavantdefermerlaporte.HolidaycroisaleregarddeKylie.

-Alors,ques'est-ilpassé?

Frederickaestjustevenuemevoirpourmerappelerqu'elleavaitdéjàessayédemetuerenmettantunliondansmachambre,etqu'unefois,ceneseraitpeut-êtrepassuffisant.

CommeKylienerépondaitpas,ladirectriceladévisageaavecmé-

fiance.

-Monboulot,ici,c'estdemontreràtoutlemondequenouspouvonstousnousentendresansincident.(Ellesoupira.)J'aiacceptéqu'ellerevienneparceque...jesaisqu'ellen'anullepartailleursoùaller.J'aipeurqu'ellesefasseentraînerdansungang.Maissiellecherchelesen-nuis,Kylie,jeluiindiquerailaporte.

KyliesavaitqueHolidaypensaitcequ'elledisait,etelleappréciaitinfinimentsaloyauté.Silatentationdeluiavouerlavéritébouillonnaitenelle,elledécidadefairepreuvedeloyautéàsontour.Ellesavaitqu'ilétaitimportantpourHolidaydesoustrairechaquecampeuraucôtéobscurdumondesurnaturel.MêmeFredericka.

Elleignoraitsicelavalaitlecoupdesauverleloup-garouousic'étaitmêmepossible.Maisellenetenaitpasàêtreal'originedesonrenvoi.Deplus,ellenevoulaitpasqueHolidaysoitobligéederésoudresesproblèmes.ElleavaituneimagementaledelafaçondontelleavaitréussiàficherFrederickaàlaporte.Peut-être,justepeut-être,était-ellecapabledeprendresoind'elle.

Grattantbienfortsonchatontoujoursterroriséderrièrel'oreille,Kyliesevoulutrassurante:

-Cen'estpasgrave.Socksn'aimepasFredericka,etFrederickan'aimepasSocks.Iln'yapaseudeblessé.Pourtant...fitunepetitevoixenKylie,maisellel'ignora.)Jesuissûrequenousfinironspararrangercela.

QuandKylielevalesyeux,elleremarquaDellaàcôtédeladirectricesurlepasdelaporte,quiarticulaitsilencieusement:«Menteuse.»

HolidayregardaDella,puisdenouveauKylie.

-Tuenessûre?

Kylieacquiesça.Çaressemblaitmoinsàunmensonge.

HolidayétreignitKylie,puiss'enalla.

Mirandasortitdesachambre,etKylieposaSocksparterrepourremettredel'ordre.MirandaetDellaenfirentautant.

-Vousn'êtespasobligéesdem'aider!lançaKylie.

–Arrête!ditMiranda,etellescontinuèrentàredresserleschaises.

Dellareposalefouràmicro-ondessurlecomptoir,lerebrancha,etquandlalumières'alluma,lança:

–Commeneuf!

Unefoislechaoseffacé,elless'assirenttoutesàlatabledelacuisine.

-Bien,ditMiranda.Donne-nouslesdétails,sansoublierlescrous-tillants!Etparlà,j'entendsquandmissLoup-Garoutes'estfaitfairepipiàlafigure.Quelquechosemeditqueceseramapartiepréférée!Zutalors!Jepariequetuesmêmesupercontentequej'aietransforméSocksenmouffette,pasvrai?

Kyliesecaladanssachaiseetleurracontatoutel'histoire,ycomprisqueFrederickaavaitparlédeslettresdeLucasàDereketqu'elleavaitàmoitiéreconnuavoirmisleliondanslachambredeKylie.

-Maispourquoitun'asrienditàHoliday?demandaMiranda.

CommeKylieneréagitpastoutdesuite,Dellas'interposa:

-Parcequ'elleestbientropgentille.

-Cen'estpasça,réponditKylie.(Ellesemorditlalèvre.)Bon,d'accord,enpartie,oui.Maisc'estpourHolidayquejem'inquiète,paspourFredericka.Deplus,jeveuxm'enoccupertouteseule.

-Bon,ça,jelerespecte,ditDellaencroisantlesbrassursapoitrine.

Etilyaceproverbequidit:«Gardezvosamisprèsdevous,maisgardezvosennemisencoreplusprès.»

Mirandafronçalessourcils.

-Frederickaestencoreplusméchantequ'unserpentàsonnette.Tuessûrequetuserasàlahauteur?

-Entoutcas,moi,jesuistoujourspartantepourbotterunpetitculdeloup-garou!proposaDella.

L'émotionenvahitlagorgedeKylieetelleeutdumalàdéglutir.

-Lucasestarrivé,luiaussi?demandaKyliequirevitladouleurdanslesyeuxdeDerek.

-Pasencore,réponditDella.J'aientenduFrederickadirequ'ildé-

barqueraitdemain.

Kyliebattitdespaupières,espérantcontenirsessanglots.Puisellesesouvintdesesrêvesetqu'ilseraitdifficiled'affronterLucas.

Mirandasepencha.

-TucroisqueDerekdésiraitsérieusementrompre?

-Iln'apascasséavecelle,lacorrigeaDellad'untondur.Ilsnesortaientpasensemble.

Maisçaauraitpuêtrelecas,songeaKylie,etdeuxlarmess'échappèrentalors.Elleseleva.

-Merci,lesfilles.Maisje...jeveuxjuste...

-Tuestoujoursmallunée?demandaDella.

-Oui,réponditKylie.

Sonregardseposasurlenumérodetéléphonedesesgrands-parents.Elleétaitmêmetropdésespéréepours'enoccuperpourl'instant.

Demain.Elleserenditdanssachambre,s'enfermaets'allongeasursonlit.

EllevenaitdefermerlesyeuxquandelleentenditMirandasoupirer.

Unsoupirqu'ellen'auraitpasdûpercevoirderrièresaporteclose.

–Tucroisquec'estunloup-garou?demandaMiranda.

Kylieattrapaunoreilleretsecouvritlatête,maislaréponsedeDellafiltratoutdemêmeàtraverslamousseetatteignitsesoreillessupersoniques.

-Peut-être,réponditDella.Maisjeneluientiendraipasrigueurpourautant.C'estleloup-garouleplusgentilquiaitjamaisexisté!

-Moinonplus,ditMiranda.Touslesloups-garousnesontpasmauvais.Maisbon,jen'enaijamaisfréquentéaucunnonplus!

Super,songeaKylie.Sesamiessemblaientpersuadéesqu'elleétaitcondamnéeàunevieoùelleenchaîneraitlesméchanteshumeursethur-leraitàlalune.Elletâchades'imaginercequeceseraitdesetransformerenloup.PuiselleserappelaqueFrederickal'attendraitenretenantsonsouffledeloup,pouravoirl'occasiondeluirendrelamonnaiedesapièce

-àconditionqu'ellesetransforme!

PuisellerevitDerekluiannoncerqu'ilnevoulaitpasqu'ellesoitunloup-garouparcequ'ellepartageraitcelaavecLucas.Était-celaraisondesonéloignement?Pourquoifallait-ilquelaviesoitsidifficile?

Kylierestadanssachambredurantlesheuressuivantes.Sentantunetempêteémotionnellefairefureurenelle,elleessayadepenseràtoutcequipourraitenatténuerl'effet.Ellefitunpetitsomme,dormitmêmeàpoingsfermés,maisseréveillalorsquelatempératuretombadanslapièce.Ellecherchalefantômedesyeux,maisl'espritnesematé-

rialisapas.SesouvenantdesonapparitionaprèsledépartdeFredericka,Kyliedemanda:

-Tuasquelquechoseàdire?

Sademandevibradanslefroidpaisibledelapièce.Kylienes'étaitpasattendueàobteniruneréponse,maisposerlaquestion,c'étaitsonjob.Elleregardafixementleplafondetsursautalorsquequelquechoses'écrasaparterre.Elleseretournaetconstataquesonportableétaittombédesatabledenuit.Quandelleleramassa,elleentenditquelqu'unenligne.

-Allô?

EllereconnutlavoixdeSara.

-Salut,ditKylie.

-Quoideneuf?demandaSara.

Kylieseblottitsouslacouettepourseprotégerdufroid.

-Rien.Tum'asappelée?

-Non,c'esttoi.

-Oh.(Kyliejetauncoupd'œilàsonportable.)Montéléphoneesttombédelatabledenuitetiladûcomposertonnumérotoutseul.

-Ah.

L'embarrasrésonnaencoreplusfortdanslavoixdeSara.

-T'esoù?demandaKylie,histoirededissiperlesilencegêné,etparcequeraccrocherauraitététropgrossier.

Aprèstout,ellenepouvaitpasdirecequiluipassaitparlatête,dustyle:«Hé,tusaisquoi?Jeviensdeflanqueràlaportedemonbungalowunloup-garouquiaessayédetuermonchatquiestdevenuunemouffette,etcesoir,jepourraisbienmetransformerenloup-garou.»

Justealors,elleserenditcomptequ'elletenaitSarapourresponsabledeladistancequis'étaitinstauréedansleurrelation,prétendantquesonamieavaitchangé.Hum...quiavaitdoncsubileplusgrandchangement?

-AucentrecommercialavecTina,réponditSara,d'unevoixétrangementtendue.

-Tina?répétaKylie,quiespéraitmontrerdel'intérêtpourlaviedesonamie.

-TinaDalton,ellevientd'emménager.

-Elleestsympa?

Était-ellelanouvellemeilleurecopinedeSara?Saragloussa.

-Pasvraiment,maissonfranginestcanon!

-Hum!lataquinaKylie.Heureusementquejen'aipasdefrère,sinonjecroiraisquetoutescesannées,c'étaitjusteluiquit'intéressait!

Sararit,etKylieaussi.Lagênedisparutquelquepeu.

–C'estbizarrequetuaiesappelé,repritSara.Jepensaisjustementàtoi.Tutesouviensquandnousavionstreizeans,quetuasfaitcesaltoarrièreetquetunousasfaittombertouteslesdeuxdutrampoline?Nosmèresnousontemmenéesauxurgencesparcequ'ellescroyaientquetuavaislebrascassé,etmoi,j'avaisunœufsurlatête.

-Oui,qu'est-cequit'afaitpenseràça?

-Va,savoir...réponditSaraaveclamêmevoixtendue.

Kylies'allongeasurlecoussin.

-Tutrouvaislemédecinmignon.

-Ill'était,acquiesçaSara.(Elleavaitl'airdenouveaunormal.)Debeauxgossesaucamp?

-Oui.

Kyliepritunebonneinspiration,etquandellerelâchacetteboufféed'air,celle-cisortitsouslaformed'unbrouillard.Étrange.Elleavaitcrul'espritparti,maisnon,ilserapprochait.

–Tuessortiavecl'und'eux?demandaSara.

LecœurdeKylieseserra.

–Plusoumoins,mais...ona...rompu.

Ilarompu,plutôt.

UnfrissonparcourutledosdeKyliequicherchadenouveaulefantômedesyeux.Ilnes'étaittoujourspasmatérialisé,maissonfroidglacialavaitenvahilapièce.

-Tropnul!lançaSara,tandisqu'enbruitdefondKylieentenditquelqu'uncrierlenomdesonamie.Nequittepasuneseconde.

Silencetotal,commesisonamieavaitrecouvertlemicro.MaislesoreillesdeKyliereconnurentsonsouffle.Saraavait-ellesimplementbougélamainouétait-ceunenouvelleperformancedesonouïesupersonique?Kyliel'ignorait.Ellenevoyaittoujourspascommenttoutecettehistoiredesuperouïefonctionnait.Elleallaitetvenait.Commesaforce.

-Non,jenemeserspasdemamutuelle.(LavoixdeSaraenvahitlaligne.)Jepaieenespèces.Biensûrquemamèreestaucourant!Écou-tez,lemédecinvamerecevoirounon?

Kylieserenfrognaquandellecompritquesonamieluiavaitracontédesbobards.Ellen'étaitpasaucentrecommercial.Lesraisonsdesonmensongelataraudèrent.

Était-elleàcourtdepilule?Oucroyait-ellequ'elleétaitdenouveauenceinte?Resserrantsonétreintesurletéléphone,Kylieserappelaalorscombienellesétaientdifférentestouteslesdeux.Commec'étaittristequ'ellesnepuissentrienpartager-nilesloups-garousnilesexe.

-Kylie,ditSara,ilfautquej'yaille.

-OK,salut.

Kyliereposasonportablesursatabledenuit.Quandellelevalesyeux,lefantômeétaitassisaupieddesonlit,affichantunetristesseincroyable.Kyliesemitàparler,maisl'espritdisparut.

-Super,marmonna-t-elle.Communiqueraveclesesprits,c'estpresqueaussidurquecommuniqueravecdevieillescopines!

A23h30,KylieserenditaufeudecampencompagniedeDellaetdeMiranda.Soncœursegonfladepeuràl'idéedecequisepasseraitcesoir,maisellerefusaitdelelaisserparaître.Biensûr,Dellasavaittrèsbiencequ'elleressentait,carellenecessaitdescruterKylie,rempliedecompassion.

Àlaminuteoùtouteslestroistraversèrentlaclairière,KylieremarquaDerekaumilieud'ungroupedequatreautresFae.Illuijetauncoupd'oeil.Lapleineluneoffraitsuffisammentdelumièrepourqu'ellepuissedistinguerunetendreinquiétudedanssesyeux.

Pasdedoute,ilpouvaitliresapeur.Elles'arrêtaetmarmonnaàDellaetMirandadecontinueretdelalaisserparleràDerek.Sesdeuxcolocatairess'enallèrent.

KylieattenditqueDerekvienneluiproposersoncontactréconfortant,justepourfairedisparaîtrelafrayeurdanssoncœur.Elleaccepteraitvolontiersunpeudesoncalme,sansparlerdesontoucher.Sonregardcroisalesien,maisaulieudelarejoindre,Derekreposalesyeuxsursoncerclede

copains.Ellecompritalorscommentceseraitentreeuxdé-

sormais.

Al'évidence,êtrejusteamissignifiaitplusdebaisersnidecontacts.

LepremierinstinctdeKyliefutdelesupplierdecessercesidioties.

Sondeuxième,denerienfaire.Lacolèreétoufaitunepartiedesapeur.

MêmesiellesavaitqueDerekavaitenpartieraison-audébut,ilétaitvraiquelaconfusiondesessentimentspourLucasl'avaitempêchéedesortiraveclui-,neluifaisait-ilpassuffisammentconfiancepoursedouterqu'elleneletromperaitjamais?Sonmanqued'assurancelarendaitvraimentfurieuse.Vraiment.

Certes,sonagressivitéirrépressibledeloup-garouétaitpeut-êtreàl'originedecettefureur,maispourelle,çanechangeaitrien.Etunefoisdeplus,êtrefurieuse,c'étaitmieuxqu'êtreblessée,mieuxencorequ'avoirpeur.AlorselleseraccrochaàlacolèreetespéraqueDereklalirait.Elleserapprochamêmedavantage,pourmieuxluiendonnerl'occasion.

Ellecompritquecelaavaitmarchélorsqu'ilseretournaetquesesyeuxvertscroisèrentlessiens.Ellenecillapas,n'essayapasdesedé-

tourner,voulants'assurerqu'ilavaitlutoutesacolère.Unfroncementdesourcils,etiltournalestalons,souhaitantprobablements'éloignerdequiconquesavaitliresessentiments.Siellefuttentéedelesuivreetdel'enveloppersoustoutessesémotions,ellen'enfitrien.

Va-t'en.

Sapoitrineseserraalorsqueladouleurétouffaitlacolère.

Souviens-toi,cen'estpasmoiquit'aiplaqué.

Respirantunboncoup,elleregardaautourd'elleetremarquauneautreâmeesseuléequisemblaitpresqueaussimalheureusequ'elle.Perry,toutseul,adosséàunarbre,regardaitMirandapapoterallègrementavecungroupedegarçons-dontl'unétaitKevin.Sachantquepeinepartagéeestdivisée,KylieallarejoindrePerry.

Celui-cigrognaquandelles'approchadelui.

–Quoi?Tuvasencoremedirecombienellem'aime?

-Pasdutout,réponditKylie.Jeviensd'arriveràlaconclusionquetoutcequiconcernelesexeopposédevraitêtreproscritetconsidérécommeillégal.

Perrylascrutaavecsesyeuxnoisette.

-Del'eaudanslegaz?

–Ouais.

Ilsoupira.

-Ondevraitpeut-êtresortirensembleetdonnerunebonneleçonàcertains!

-Danstesrêves.

-Mêmepas.(Ilserembrunit.)Laseulefillequiapparaîtdansmesrêvescesjours-ciesttropoccupéeàflirteravectoutlemondepourneserait-cequemedirebonjour.

KylieregardaPerry,bouchebée.

-Tuesgonflé!

D'oùsortait-ilqueMirandadevraitluiadresserlaparolealorsquec'étaitluiquil'avaitplaquée?CommeDerek.

Avantqu'ellenepuisseluidonnersonavis,Luis,leloup-garouenchef,demandal'attentiongénérale.LacolèredeKylieenversPerryetDerekdisparutpourlaisserplaceàlapeur.

Soncœurbattaitlachamade.Ellesentitlesrayonsdelalunesurellecommesic'étaitlesoleil.Sapeaulapiquaitmême,etelledutfairetoutsonpossiblepournepasfixerl'immenseorbitedanslecieletluihurlerd'arrêter.

–Cen'estpasaussiflippantquetulecrois,ditPerry.

Kyliecroisasonregard.

-Toutlemondesaitcequim'arrive?

-Plusoumoins.(Sesyeux,maintenantbleuvif,l'examinèrent.)Cen'estpasgrave.

Ilsserapprochèrentdulieudelacérémonie.EllelevalesyeuxsurPerryetluifutreconnaissantedel'inquiétudesincèrequ'iléprouvaitpourelle.

–Jenepensaispasquelesmétamorphesetlesloups-garousseressemblaient.

-Nousnesommespaspareils,rétorqua-t-il.Maisnousnoustrans-formons,nousaussi,etj'aipassébeaucoupdetempsàenparleraveclesautres.Ilsrépètenttouslamêmechose:«Paslapeined'enfairetoutunplat.C'estcommeunecrampemusculaire.»

Ellesemorditl'intérieurdelajoueetrevitLucasluiservirlamêmedescription.Malheureusement,ellen'avaitjamaisaimélescrampesmusculaires.Unmillierdequestionssemirentàs'agiterdanssatête.

Pourquoin'avait-ellepastrouvéplusderéponses?Ellesentitsoncœurs'arrêter,redémarrer,puisvoletercommeunpapillonprisaupiègeRavalantsapeur,KyliecherchaFrederickadanslafoule.

-Est-cequejevaissavoirquijesuis?demanda-t-elleàPerry.

Sespoumonsétaienttroptenduspourrespirer,mêmesiellenevoyaitpasFredericka.

-Biensûrqueoui.

LeregarddePerryseposaderrièrel'épauledeKylie.Celle-ciredoutaitqu'ilvoieFrederickaderrièreelle.

-Tuvasbien?chuchotalavoixréconfortantedeHolidayàsonoreille.

KylieseretournajusteaumomentoùladirectricefaisaitsigneàPerrydepoursuivresonchemin.

Kyliesepenchaet,lavoixentrecoupée,avoualavérité:

–Jesuismortedetrouille.Jenesuispasprêtepourcela.

Unnouveaubesoindepleurerluipiqualesyeux.

-Çaira.Jenecroismêmepasque...(Holidaynefinitpassaphrase.

Maisellemitunemainsurl'épauledeKylieet,enmajeurepartie,sapaniquedisparut.)Viens,jeresteraiàtescôtés.

Ellesrejoignirentlafouleetformèrentunautrecercle,unpeucommelorsdelacérémoniedesvampires.Luissetenaitaumilieu,uncrânedanssesmains.Pasd'unhomme,maisplutôtd'unloup.Illesouleva.Lecrânesemblaitcapterleclairdeluneetétinceler.Luissemitàraconterl'histoiredupremierloup-garou,puisàparlerdesmultiplesdonsdesonespèce.MaisKylieneparvenaitpasàécouter.Rienn'allait.Sonregardseposabrusquementsurlalune,etelleputjurervoirl'hommedanslecercleargentéluifaireunclind'œil.

Puiselleconstataquedenombreuxcampeursdisparaissaient.Lesloups-garous.Ellejetauncoupd'œilàHoliday,desinterrogationspleinlesyeux.

-Laplupartpréfèrentnepassemétamorphoserenpublic,expliqua-t-elle.

Kylieneleurenvoulaitpas.Ellenonplusnelesouhaitaitpas.Sesvêtementstomberaient-ils?Verrait-onlespoilspoussersursapeau?

Saseulepenséefutdecourir,maisLuissetut,etlebruitquisortitdesabouchefutuncrideterreurabsolue.Enbruitdefond,Kylieperçutcequiressemblaitàdeshurlements,tandisquelesautres,àleurtour,setransformaient.L'airsebloquadenouveaudanssagorge.Sespiedsétaientclouésausol.Ellenevoulaitpasentendrecela,nevoulaitpaslevoir,maiscommeunaccidentsurleborddelaroute,elleneréussissaitpasàdétournerlesyeux.

Luistomba,ledosvoûté,etlesbruits-mi-grognements,mi-gémissements-seprolongèrent.Kylieregardasoncorpssetordrecommeaucuncorpshumainnepouvaitsecontorsionner.Ilarqualecousiloinquel'onauraitditqu'ilallaitsebriser.Samâchoiregrandit,sesjouess'allongèrent,etàlaplaceduvisagedujeunehomme,unmuseaudeloupapparut.Puisdespoils.

LecœurdeKylietressauta.Ellesemitàavoirlachairdepoule.Sonestomacsenoua.

Ohnon!Illuiarrivaitquelquechose!

Kylieeutl'impressionquedel'eaupétillantecoulaitdanssesveines.

EllevitLuis,àprésentintégralementloup,détalerdanslesbois.

Puistoutlemondesetournaverselle

L'observa.

Attendit.

ElleregardaHoliday.

-J'aibesoin...d'êtreseule.

Elles'enalla,sanscourir.Ellenevoulaitpasattirerdavantagel'attentionsurelle,maisellemarchavite,decraintequedesbruitsdeterreurnesemettentàsortirdesagorgeàtoutmoment.

Elleparvintdanslesboisavantquelebesoindecourirnelasubmerge.Elleavançaitàunevitesseincroyable,esquivaitdesarbres,sautaitpar-dessusdessouchesetpassaitsousdesbranches.Combiendetempscourut-elle?Ellel'ignorait.Maisàboutdesouffleetd'énergie,ellefinitpars'effondrer,les

musclestétanisés.

Toujourshorsd'haleine,elleregardafixementsesmains.Elletouchasonvisagepours'assurerqu'ellen'avaitpascommencéàsetransformer.

Rien.Pasdechangement.Ellefermalesyeuxettâchadefairedisparaîtrecettesensationdechairdepoule.

Alors,ellel'entendit.Ungrognementbas,lourddemenaces.

Elleouvritlesyeuxetvitleloupavancerverselle.Blancavecquelquestachesgrises,sesyeuxétincelantd'unorvif.Seslèvresseretroussèrent,exposantdesdentsacérées.Cen'étaitpasunloupordinaire.

C'étaitunloup-garou.

Kylieessayadeseredresser,maissesmusclestremblantsrefusèrentd'obéir.Leloupsemblaremarquersafaiblesse,saposturedevintplusagressive.Lespoilsrêchesdesondossehérissèrent,etlorsquelajeunefilleleregardadanslesyeux,ellecomprit:c'étaitFredericka.Legrognementduloup-garous'intensifia,puisellechargea.

Kylietrouvalaforcedeseleverd'unbond,prêteàcourir,quandunautreloup,encoreplusgros,s'invitaentredeuxarbres.Frederickas'arrê-

ta.Kyliepensad'abordquelesdeuxbêtesallaientl'attaquer.Maislesecondloup,grisfoncé,auxyeuxquibrillaientd'unorplusclair,surgitcommel'éclairetgrognacontreceluiquiapprochait.

Kylieentenditlesgrognementsdesadversairesetlesvittouslesdeuxconverger.Elleentenditunclaquementdedents,puis,estimantqu'elleavaitlàl'occasiondes'enfuir,ellefilaàtraversbois.Ellecourut,pasaussivitequeprécédemment,carellen'avaitplusd'énergie,maiselleseforçaàavanceretnes'arrêtapasavantd'arriveràsonbungalow.

Elles'effondrasurlesmarchesduporcheettentaderetrouversonsouffle.Quandelleregardaverslesbois,ellevitunepaired'yeuxorclairquilafixaient.Lorsqu'elleputenfinabsorberdel'oxygène,ellecompritalors.Elleignoraitcommentellelesavait,maiscelaluivintavecunetelleclartéqu'ellenelemitpasendoute.

Lucasestderetour.

Lelendemainmatin,Kylieeutdroitàsonréveilquotidienparunebaissedetempératuredanssachambre.Ellegrommela,seretournaetfoudroyaleréveilduregard;ellenevoulaitpascroirequec'étaitl'aube.

Maissi.4h59.L'espritétaitpileàl'heure.

C'étaitinjuste.Etpasuniquementparcequ'ellenesouhaitaitpasencoreaffronterLucas.Nevenait-ellepasdeposersatêtesurl'oreiller?

Ellen'avaitjamaisvutroisheurespasseraussivite-ilétait2heureslorsqu'elles'étaitécrouléesur

sonlit.

QuandKylies'étaitruéedanssonbungalowaprèsavoirvuLucas,elleétaittombéesurHolidayquil'attendaitpours'assurerquetoutallaitbien.DellaetMirandapatientaientavecelle,attabléesdanslacuisine,l'airsombre.Sesdeuxcolocatairesavaientparuchoquéesquandelleétaitarrivée.Pasdedoute,ellespensaientsérieusementqu'elles'étaittransforméeenloup-garou.MaisHolidayn'avaitpaseul'airaussisurpris.

Aprèsyavoirréfléchi,Kylienepouvaits'empêcherdesemontrerméfiante.Holidayluicachait-ellequelquechose?ElleadoraitHoliday,maissafoidanscesidiotiesdedécouvertedesoi,dansl'idéequel'ondoivetrouversespropresréponsestouteseule,toutcelacommençaitàluitapersurlesnerfs.

Lefroidquiemplissaitlapiècelaramenaauprésent.

-Tudoislasauver.

Enparlantdetapersurlesnerfs...

Kyliegrommela.Lefantômeétaitpostéaupieddesonlit.L'odeurdesangsucréel'agressaavantqu'elleconstatequelamorteavaitrevêtusarobeensanglantée.L'espritcroisasonregardets'agrippaleventre,commesurlepointdevomir.

-Situveuxvomir,lançaKylie,çatedérangeraitdet'éloigner?

Lebruitfroidetinsensibledesaproprevoixlafrappacommeunegifleenpleinefigure.

-Jesuisdésolée,murmura-t-elle.Je...jeveuxjustecomprendre,etc'estfrustrantdenepasyarriver.

Lefantômeposaunemainsurlespiedsdelajeunefille.Lefroidglacialserépanditàtraverslacouette.

-Tuaslapossibilitédel'arrêter.S'ilteplaît,arrête-le.

-Arrêterquoi?Çaadéjàcommencé?demandaKylie,lapoitrineserrée.

Quelqu'unqu'elleaimaitsouffrait-ildéjà?KidnappéettorturéparlesFrèresdesang?Oupireencore?

-Zutalors,réponds-moi!criaKylie.Ouaumoins,donne-moiunevisionpourquejepuissecomprendre.Mêmesiçamefichelatrouille,fais-le!

Lavisiondesfunéraillesnevoulaittoujoursriendire.

Lefantômedisparut,ainsiquelafroideurdesoncontact.MaisKyliesentitensuitedespicotementsdechaleurserépandredepuissestendonsjusqu'àsesorteilsetdesvoûtesplantairesàseschevilles.Ellecollaunemainsursespieds.Ellen'avaitjamaisressenticelaauparavantenpré-

sencedeDaniel.Était-cecensésignifierquelquechose?

Lafrustrationmontaenelle,maislebruitdel'eauquitombaitencascadeenvahitsatête.Étaient-celesangesdelamortquivoulaientluidirequetoutiraitbien?

LetéléphonedeKyliebipa.Elleavaitdesmessages.Trois:undudé-

tective,undeSaraetundesamère.

Sesouvenantdelapeurqu'ilpuissesepasserquelquechose,etsemoquantbiendel'heure,Kyliecomposalenumérodesamère.

Plustard,à8heurescematin-là,Kyliedéposasonplateaudepetitdéjeunersurlatableets'assitàcôtédeDellaetMiranda.Délibérément,ellesegardabienderegarderautourd'elledepeurdelevoir.Oudelesvoir.Ellen'étaitpasplusimpatientederencontrerDerekqueLucas.LesoinqueDerekavaitmisàl'esquiverlaveilleausoirluifaisaitencoremal.Oh!Ellesavaitbienqu'ellel'avaitfuidurantcesquelquessemainespassées,maisleschosesétaientdifférentes.Ellenel'avaitpasévitéparcequ'ellenevoulaitpasêtreaveclui,maisparcequ'elledésiraittropêtreaveclui.

Encontemplantsesœufsbaveux,àpeuprèsaussiappétissantsqu'unanimalécrasé,Kylieserappelalaconversationavecsamère.Franchement,ellenesavaitpassicelle-ciavaitcruàsonspeech:«J'aifaituncauchemaretjen'avaispasvul'heure.»Maisquandelleluiavaitavouéqu'elleaussiavaitfaitdesmauvaisrêves,Kylien'avaitpus'empêcherdesedemandersic'étaitàcausedel'effacement.Samèreavait-ellerêvédecequ'elleavaitvuàShadowFalls?

D'unseulcoup,Kyliesentitleduvetdesanuquesehérisser.Sansmêmeregarderderrièreelle,ellecompritquequelqu'unnelaquittaitpasdesyeux.Incapablederésister,ellejetauncoupd'œilderrièresonépaule.Elleauraitdûs'endouter.

Fredericka.

Kylieseretourna.Sonregardseposaàl'autreboutdelapièce,etellesesurpritàfixerDerek.Lesyeuxdujeunehommeexprimaientdel'inquiétude,del'affection,maispassuffisammentpourqu'ildécidedelarejoindre.Nepouvait-ilpassentircombienKylieavaitbesoindelui?

Ellesedétourna,maisfutpriseaupiègededeuxyeuxbleus.Demagnifiquesyeuxbleusquilaramenèrentenenfance,quandelleessayaitdetrouverdeséléphantscachésparmilesnuages.

Lucasjetaunregardàlaporte,puishochalatête,commes'illuidemandaitdevenirleretrouverdehors.

Kylies'armadecourage.

Elles'emparadesafourchetteetempiladelanourrituredanssabouche,commesielleavaittropfaimpours'enaller.Ehoui,ellepréfé-

raitencoreavalerdesanimauxécrasésfroids,desoeufsbrouillésbaveux,plutôtquesortirdiscuteravecLucas.Enclair,ellen'étaitpasprêteàl'affronter,niluinisesrêves.EtpuissortirdeceréfectoirepourretrouverLucasferaitsansaucundoutedumalàDerek.Ellenevoulaitpasleblesser.Peuimportaitqu'ilsemoquebien,lui,delafairesouffrir.

Aprèslecoursdedessin,Kylierentrapasserdeuxcoupsdefildanssonbungalow.Assiseaubureau,elleattrapalasourisdel'ordinateurpourmettrelamainsurlenumérodesesgrands-parents.Elles'étaitdemandéquiappelerenpremier:ledétectiveousesgrands-parents.Elleavaitchoisicesderniers.Maisrienàfaire,ellenevoyaitpascequ'elleallaitleurdire.Comments'yprenait-onpourannonceràdespersonnesquel'onétaitleurpetite-filleperduedevuedepuislongtemps,maispascomplètement,caronsavait,enl'occurrence,queleurdéfuntfilsavaitétéadopté?

Ohoui,ceseraitsimple!

Lorsquel'ordinateurseréveilla,l'écranaffichaunelisted'accidentsdelaroutesurvenusàSpringville.ChezDella.LapoitrinedeKylies'alourditquandelles'aperçutquesonamienesavaittoujourspascequ'elleavaitpufabriqueraucoursdesatransformation.

Ellejetauncoupd'oeilàlaportedelachambreferméedeDella.Ellerentraitsouventfairelasiesteaubungalowaprèsledéjeuner.

Ouvrantuneautrefenêtre,KyliecherchalescoordonnéesdeKentB.

BrightenàGladlock,auTexas.Sanssavoircequ'elleallaitdire,ellecomposalenuméroavantdeperdrecourage.

Aprèstroissonneries,unrépondeurs'enclencha«Bonjour,vousêtesbienchezKentetBeckyBrighten.Nousnesommespaslàpourlemoment,maisvouspouveznouslaisser...»Lavoixcontinua.

Ilsétaientencoreenvie.

LecœurdeKyliefitunbonddanssapoitrine.Unbipsurlaligne.

Sedécider.Laisserunmessage?Nepasenlaisser?Elleraccrocha.

Dixinspirationsettrentesecondesplustard,elleappelaledétective.

Encoreunrépondeur.Cettefois,ellelaissaunmessage,l'informantqu'elleavaittrouvélenumérodesparentsadoptifsdeDaniel.

Tâchantdesefaireàl'éventualitéderencontrerlesBrightenenchairetenos,Kylieserenditcomptequ'ellevoulaitaussifaireleurconnaissancepourdesraisonsautresqueretrouversimplementlesparentsbiologiquesdeDaniel.Ceseraitbiend'ensavoirplussursonpère.

Ellefermalafenêtresurl'écranetuneautreapparut.Ils'agissaitdedeuxarticlesdejournauxsurdeuxaccidentsdelaroutedifférents,dontchacunavaitfaitdesvictimes.

Kyliesemitàlire.L'undesarticlesportaitsurunhommed'unepetitecinquantained'années,etl'autre...LecœurdeKylieseserra.Unefemmeetsonbébédesixmois.

CommentDellapouvait-ellecroirequ'elleavaitfaitunechosepareille?

Uncoupsurlaporteretentitdanslebungalowetlapaniqueenvahitsapoitrine.Était-ceLucas?Ou

encoreFredericka?Kyliepassadenouveaulapièceenrevue,espérantqueSocksallaitsecacher.Onfrappaplusfort.

-Kylie?

LavoixgravedeBurnettrésonna.

Sachantqu'ilpouvaitl'entendre,Kylierépondit:

–Entrez.

Ilsedirigeaverslatabledelacuisine.Elles'inquiétaimmédiatementdelaraisondesaprésence.Iln'étaitsûrementpasrevenupouressayerdeluisoutirerd'autresinformationssurHoliday.Sic'étaitlecas,ilseraitdéçu.

Illuidésignaunechaised'unsignedetête.

-Jepeuxm'asseoir?

-Oui.(Puis,incapabledes'enempêcher,ellelâcha:)Sic'estausujetdeHoliday,je...

Illevalamain.

-Cen'estpasausujetde...Holiday.(Ilserenfrogna.)Bienquejedoiveadmettrequejen'arrivetoujourspasàlacomprendre.

-Peut-êtrequesiSelynnn'étaitpaslà...

Kyliesetutquandelles'aperçutqu'ellerecommençait.

-Selynnesticisurordredel'URF,jenepouvaisdoncpaslarenvoyer.Maisdèsaujourd'hui,elles'enva.

SiKylien'avaitpasvuleloup-garoudepuisl'incidentdulac,elleavaitentendudirequ'ellesetrouvaitencoreàShadowFalls.Quelqu'unavaitdéclaréqu'elleétaitlààcausedel'incidentaveclevampireescroc.

Siellepartait,celasignifiait-ilqu'ilsavaientattrapé...

–Ils'estpasséquelquechose?Vousl'avezarrêté?

Ellepensaauxdeuxfillesquiavaientétéassassinées,etcettevisionlaissadesmarquesdouloureusesdanssoncœur.Burnettsecalasursachaise.

-C'estcequejesuisvenutedire.Jeviensd'apprendrequeleconseildesvampiresaarrêtélecoupable.Ilsvont...gérerlasituation.

-Commentça,«gérer»?

-Ilsvontlagérer.

–Yaura-t-ilunprocès...ouautrechosedecegenre?

Kyliedevrait-elletémoigner?

Burnettlaregardadroitdanslesyeuxcommes'ilsesouvenaitdelapromessefaite,quecetypeneresteraitpasimpuni.

-Pasunvraiprocès.Leconseildesvampiresdécideraengros,desadestinée,mais...ilsm'ontassuréqu'ilsneprenaientpasl'assassinatdesnormauxàlalégère.

Kyliepréféraitnepaspenseràsondestin.Celarisqueraitd'atténuerlesoulagementdesavoirqu'ellenedevraitplusjamaisaffrontercevampireescroc.Maisjusqu'àquelpointpouvait-elleêtresoulagée?Cetincidentavait-ilunrapportaveclamiseengardedufantôme?Quelqu'unqu'elleaimaitétait-ilencoreendanger?

Elleregardafixementsesmains,pouressayerdedigérerl'informationetdemettredel'ordredanssesquestions.Lorsqu'ellelevalesyeux,ellevitceuxdeBurnettrivéssurl'écrandel'ordinateur.

–Qu'est-cequec'est?demanda-t-ild'unevoixsinistre.

Commeellenetenaitpasàcequ'ilsoupçonneDellad'uncrimeaussihorrible,ellepritlasourisetfermalafenêtre.

-Rien.

Troptard.Elleserappelaqu'ilpouvaitdevinerquandellementait.

SonregardsereposasurceluideKylie.

-Kylie,nefaispasça.

-Quoi?demanda-t-elle,sanstropsavoircequ'ilpensait.

-Dis-moiquetunecherchespasderenseignementssurdesaccidentsdevoitureetdesincidents«coderouge».

Coderouge.Kyliesesouvintquec'étaitainsiquel'URFqualifiaitunaccidentdelaroutemontédetoutespiècespourdissimulerunemortimputableàunsurnaturel.Ellereposalesyeuxsurl'écranvide.

-Alors...l'undecesaccidentsétaituncoderouge?

Peut-êtrepourcouvrirunmeurtrecommisparunvampire?CommeDellaavaitcraintquecelasesoitproduitaucoursdesatransformation?

Burnetttournalatêteetlascruta.Illutenelle:

-Sicen'estpastoiquicherchesdesrenseignements,alorsquiest-ce

?

Oh,mince!Quedire?Ellenepouvaitpasmentir,illedevinerait.

-Della?demanda-t-il.

-Non.

Kyliementitdenouveau,sansréfléchir.Ilfermalesyeux.

-Jevousenprie,ditKylie,sansmêmesavoirpourquoiellelesup-pliait.

Sesyeuxfoncéss'ouvrirentetillaregarda.

-Ellen'auraitpaspufaireça,reprit-elle.C'estquelqu'undebien.

BurnettjetaunregardendirectiondelachambredeDella.Ilposaunemainsurl'épauledeKylieetlaserraaffectueusement,puispartitsansrienajouter.

Deuxsecondesaprèssondépart,Dellasortitdelachambre.DeslarmesdeculpabilitébrillaientdanslesyeuxdeKylie.

-C'estbon,ditDella,maiselleavaitl'airterrorisée.J'allaisluienparlerdetoutefaçon.

Elletournalestalons,commepourtrouverBurnett.

-Tun'auraispaspufaireça!lançaKylie.

Dellaregardaderrièresonépaule.Deslarmesilluminaientsesyeux.

-J'espèrequetuasraison.

Kylie,rongéederemords,restaassiseunedemi-heuresansbouger.

Siellen'avaitpasétéentraindelirelesarticlesquandBurnettétaitarrivé,celaneseseraitpasproduit.Alorsellecompritqu'ellenepouvaitpascontinueràsetournerlespouces.Elledevaitagir.

Ellesortitdubungalow,courutdetoutessesforcesjusqu'aubureauoùelleespéraittombersurBurnettetDella.

Commetoutlemondesetrouvaitencoursouenréunion,lesentierétaitdésert.Kylien'étaitpasalléebienloinlorsqu'ellelasentit-cettesensationd'êtreobservée-,maisDellaoccupaitbientropsoncœuretsonespritpourqu'ellepenseàautrechose.

Kylieétaitparvenueàl'entréeducheminquandelleremarqualavoituredeBurnett,etDellaàl'intérieur,quisortaitduparking.

-Non.

-C'estbon,ditHolidayderrièreelle.

Kylieseretourna,etparcequel'inquiétudequ'elleressentaitétaitaussigravéesurlevisagedeladirectrice,ellecompritquecelle-ciavaitétéinforméedesévénements.

-C'estmafaute.

Laculpabilitéenvahitsespoumons;elleavaitdumalàrespirer.

Holidaylaconduisitdanslebureauoùellelaserradanssesbras.

-C'estbon,répéta-t-elleentransmettantunevaguedecalmeàlajeunefille.

-Oùl'emmène-t-il?

Kylieravalaunebouled'émotion.

-Danslesbureauxdel'URFpourpasserdestests.ADNetmarquesdemorsures.

-Donc,l'undesaccidentsétaituncoderouge?demandaKylie.

-Lesdeux,avouaHoliday.Kylieeutl'impressionquesoncœurserepliaitsurlui-même.

-Toutvabien?demandaunevoixmasculinesurlepasdelaporte.

Lucassetenaitsurleseuil,del'inquiétudepleinlesyeux.

-Toutvabien.

Holidayluifitsignedesortir.Ilnebougeapas.

-Tuvasbien?demanda-t-ilàKylie,commes'ilavaitbesoindel'entendredesabouche.

Ellen'avaitpasencoreparléàLucasdepuissonretour,etpouruneraisonquelconque,sonlarynxrefusaitdefonctionner.Hocherlatêtefuttoutcequ'elleréussitàfaire.Ils'éloigna,laissantuneinquiétudesincèredanssonsillage.

HolidayentraînaKylieverslecanapé,oùelless'assirent.

-Çaira,net'inquiètepas.

Elleposaunemaindansledosdelajeunefilleetluitransmitunechaleurréconfortante.

Maisl'imagedeDella,leregardapeuré,envahitl'espritdeKylie.

Dellaetlapeurnefaisaientpasbonménage.Dellaétaitforte,audacieuseetbientropgentillepourfairedumalàquiconque.

-Ellen'yestpourrien,confiaKylieàHoliday.C'estridiculedeluiinfligercestests.

-Dellaytenait.Elleabesoindesavoir.

-Maisellen'yestpourrien!répétaKyliequis'aperçutqueHolidayn'avaitpasditqu'elleétaitd'accordavecelle.

-C'estcequenousespérons,Kylie.Maissiellel'afait,ilyadescir-constancesatténuantes.Elleétaitenpleinemétamorphose.L'URFfermeralesyeux,j'ensuissûre.

LesparolesdeHolidayfirenttressaillirKylieintérieurement.Ellenesavaitpascequil'embêtaitleplus-quesonamiepuissecroireDellacapabledecela,ouquedenouveauxvampirespuissenttuerdeshumainsinnocentssansêtretenuspourresponsables.

HolidayappelaKylietroisheuresplustardpourluiannoncerleretourdeDella.Elleluidonnal'autorisationainsiqu'àMirandadeprendrelerestedel'après-midipourl'attendre.

Lesfilless'assirentàlatabledelacuisineetprirentleurmalenpatience.KyliefittournerunCocalightentresesmains.Mirandanebougeamêmepas.

-Ellen'apasfaitça...necessaitderépéterKylie.Commentpeuvent-ilscroirequecesoitpossible?

Mirandagrommela,commesilalitaniedesonamielafatiguait.

-Nousnevivonspasdanslemêmemondequeceluidanslequeltuvivaisjusqu'àprésent.Ici,ilsepassedestasdechoses.Etpascool,enplus.Desadolescentesmeurent.Deschatssefonttransformerenmouffettes.Desloups-garousentrentdanstonbungalowpouressayerdetetuer.Etquandunvampireconnaîtsapremièremétamorphose,ilpeut...

fairedestrucsqu'ilneferaitpass'ilavaittoutesatête.

-Tulacroiscoupable!l'accusaKylie.

-Jenesaispas.Maissic'étaitlecas,ceneseraitpassafauteetjenecesseraispasdel'aimer.Ettoinonplus,Kylie,tunedevraispas!Elleferaitn'importequoipourtoi.Situluitournaisledos,çalatuerait!

DeslarmesemplirentlesyeuxdeKylieàl'idéemêmequeDellapuisseavoircommisquelquechosedesiterrible.Maisaufondd'elle,ellesavait,mêmesic'étaitvrai,qu'elleneluitourneraitpasledos.

Dixminutesplustard,Della,lesyeuxrouges,entradanslebungalowetselaissatombersurunechaise.

-Lesmarquesdemorsuresn'étaientpaslesmiennes.Lestracesdedoigtsnonplus.

Unsourires'étalasurlevisagedeKylieetdanssoncœur.

-Jetel'avaisdit!

DeslarmescoulèrentdesyeuxfoncésdeDellaetruisselèrentsursesjouespâles.

–Ilscroientquec'estChanquil'afait.

MirandalaissaallersonregarddeDellaàKylie.

-QuiestChan?

–Moncousin,luiexpliquaDella,quisemoquaitbiendegarderlesecret,désormais.Ilm'aaidéeàmetransformer.Iln'étaitpasobligé,maisill'afait.

-Oh!fitMiranda.

-Maintenant,ilsveulentquejedécouvres'ill'afait,poursuivitDella.

Quejetrouveclandestinementlapreuvedesaculpabilité.(Ellehoqueta.)Maislui,ilétaitlàpourmoiquandtoutlemondemetournaitledos,etvoilàquejedois...

-Refuse,suggéraKylie.

-Onneditpasnonàl'URF,réponditDellaquirespiraunboncoup.

Deplus...ilsm'ontmontrélesphotos.(Lechagrinenvahitsesyeuxsombres.)Ilyavaitunbébé.C'étaithorrible.SiChanestvraimentresponsable,ilfautl'arrêteravantqu'ilnerecommenceavecquelqu'un

d'autre.Jenecroispasquejepourraismeregarderenfacesijelaissaiscegenredechoseseproduire.

Cettenuit-là,Kylieassistaàuneréunionobligatoireparcequel'onavaitdenouveautouchéausystèmedesécurité.SelonBurnett,l'alarmeavaitétécoupée-ilignoraitsic'étaitparquelqu'undel'intérieuroudel'extérieur,maisilétaitbiendéterminéàledécouvrir.

Kyliesedemandasicesentimentd'êtreobservéecoïncidaitavecladésactivationdusystèmedesécurité.Parcequemaintenantquel'alarmeétaitsoussurveillance,elleneressentaitrien,àpartlasensationd'êtreplusensécurité.

Aprèslaréunion,elleétaitrentréeaubungalowtouteseuleetmontaitlapremièremarchelorsqu'unbruitlafitsursauter.

N'avait-ellepasdéclaréqu'ellesesentaitplusensécurité?Soncœurbattitlachamadeetelleseretourna.EllepensaimmédiatementàFredericka.

-Pendantcombiendetempscrois-tupouvoirm'éviter?demandaLucasensautantsurleperron.

Kylieserapprochalégèrementdel'ampouleau-dessusdelaporteoùdesinsectesbourdonnaient,etregardasamontre.

-Visiblementpasplusdedouzeheures,répondit-elleenconstatantqu'ilétait21heuresexactement.

Toutàl'heure,quandellel'avaitcroiséaubureau,ellesefaisaittropdesoucipourDellapoursepréoccuperdeLucasetdeseshistoiresderêve.Maispascesoir.Ellesortitdelalumière,enespérantqu'ilneverraitpaslagênecolorersesjoues.

-Alorscommeça,tureconnaisquetumefuyais?

L'humourimprégnaitsavoixgrave.Unhumourqu'ellen'appréciapas.Ellecroisasonregardavantdedétournerlesyeux.

-Jelenieraisbien,maistunemecroiraispas.

Évitertoutcequimemetmalàl'aise,c'estmaspécialité.

Immédiatement,elleserappelaavoiravouéàHolidayquebraversonpèreluiavaitvraimentfaitdubien.Était-cetropd'espérerqu'uneconfrontationavecLucasproduiraitlemêmeeffet?

Unautrecoupd'œilàlaportedubungalow,etellecompritqu'ellen'avaitpaslechoix.Elledevaitl'affronteretenfinirunebonnefoispourtoutes.

-Donc,situasl'intentiondelenier,puis-jeespérerquetum'enexpliqueraslaraison?

Kylielevadenouveaulesyeux,etsiellevoulaitplusquetoutcroirequ'iln'étaitpasaucourantdesesrêves,elleenfutincapable.Àl'évidence,elleétaitbienplusdouéepourl'évitementquepourledéni.

-Parceque,répondit-elle.

-Parcequequoi?

Ilserapprocha,etsonodeur,richeetboisée,imprégnal'air.

-J'aiplusieursraisons.

-D'accord.

Ilattrapaleboutd'unemècheblondequ'ilfrottaentresesdoigts.

–Donne-les-moi.

Kyliereculad'unpas.

-Telesdonner?Ettepriverduplaisirdelestrouvertoutseul?

Elleavaitvouluquesesparolesleblessent,maiselleavaitdûratersoncoupparcequ'ilricana.

Ellefronçalessourcils.Sabellehumeurs'évanouit.

-OK,d'abord,jediraisquetucommencesàterendrecomptedecertainsdetesdons.L'effractionderêve,parexemple?

Kylierougit,mais,cettefois,ellenedétournapaslesyeux.

-Maintenantquejelecomprends,çaneseraplusunproblème.

Ellepriapourquecesoitvrai.HolidayavaitaffirméqueKylielemaîtriseraitdeplusenplus.Elleentendaitsûrementparlàqu'ellearriveraitàlecanaliserdéfinitivement.Siseulementellepouvaitavoirraison!

Lucaslascruta.

-C'estdommage.

Sontonétaitredevenuséducteur.

Kylieregardadenouveauverslaporte.Elleavaitditcequ'elleavaitàdire.Quandelletouchalapoignée,illuipritlebras.Soncontactn'étaitpasbrutal,paslemoinsdumonde.Ilétaittendreetluidonnaàréfléchir.

Elleavaitpasséunejournéepourrieetsesouvenaitencorequ'ilavaiteul'airsincèrementinquietpourelledanslebureau.

-Accorde-moiquelquesminutes.

Ellecontinuaàfixerlaporte,parfaitementconscientequ'ilgardaitlamainsursonbras.Tellementconscientequesoncontactluiprocuradesfrissonsd'euphorie.

–Alorsquellessontlesautresraisons?s'enquit-il.Commeelleneré-

pondaitpas,ilpoursuivit:)Pourquoies-tusiencolèrecontremoi,Kylie?Etneleniepas,jenesuispeut-êtrepascapabledeliretesémotions...commecertains...maisjelevoisdanstesyeux.

Kylieneluidemandapasàquiilfaisaitallusion.IlavaitdûentendreparlerdeDerek.Tantmieux,songea-t-elle.Maistoutcelaappartenaitaupassé.Derekyavaitmisunterme.

Sonétreinteseresserralégèrementsursonbras.

-Dis-moicequit'énerve,afinquenouspuissionsallerau-delàdetoutça.

Elleavaitunseulmotsurleboutdelalangue:Fredericka.Maisreconnaîtrequeleurromancel'agaçaitrevenaitàadmettrequ'ellel'aimaitbien,commeunpetitcopain.Ellerefusaitdel'avoueràLucas.Etàelleaussi.Etcen'étaitmêmepaslavérité.Elleétaitpaumée,voilàtout.

-Jesuisfatiguée.

Elleserisquaàleregarder.Sesyeuxbleusétaientplusclairsàlalueurdoréeduporche.Ilavaitencoresamainsursonbrasetsemitàcaressersapeauavecsonpouce.

-Tuasbienreçumeslettres?

-Oui.

-Cesontlesrêvesquetuasfaitsquit'onténervéeou...parcequejen'aipas...

–Jesais.C'étaitmoi,pastoi.

Elleretirasonbras.

Ilarqualessourcils,commes'ilréfléchissait.

-Cen'étaitpasquetoi,avoua-t-il,commesicelaluicoûtaitcherdel'avouer.Paslepremierrêve.Je...

Commeilhésitait,ellepritlerelais.

-Alorscommeça,c'étaittoi?Tuesentrédansmonrêve?

-Non,jenepossèdepascedon.Maisquandtuesvenuedanslemien,lapremièrefois,jerêvaisdéjàdetoi.(Ilhaussalesépaules,commepourenfairetomberunpeudeculpabilité.)Audébut,jen'avaispascomprisquetuétaisvraimentlà.Pastantquecen'étaitpasdevenuaussivivantetréel.Etplustard,jen'airienditparcequej'avaisdevinéquetun'avaispasréalisécequis'étaitpassé.Àconditionquecesoitcelaquit'énerve.J'auraisprobablementdûymettreunterme,mais...c'étaitunrêve.Etjenevoulaispasl'arrêter...

Mêmesielledevaitluireconnaîtrelemérited'êtrehonnête,ellen'enétaitpasmoinsénervée.Ilauraitdûl'arrêter.Ou,dumoins,leluidirepourqu'ellenereviennepasladeuxièmefois.Maisbon,ellenesavaitpascommentelleauraitréagis'illeluiavaitavouéàcemoment-là.Ils'étaitpassébeaucoupd'événements,cesdernièressemaines.Elleavaitacceptécertaineschosesentre-tempsqu'ellen'auraitalorssûrementpasacceptées.

-Ledeuxièmerêve,enrevanche,toiseuleenétaisàl'origine.

Sessourcilss'arquèrentcommesicettepenséeluifaisaitplaisir.

Priseaudépourvuparl'étincellebleuedanssesyeux,Kylieluilançalapremièrechosequiluivintàl'esprit:

-JepariequetanteStellarêvaitaussideTomSelleck.

Lucasdevintconfus.

–Quoi?TomSelleck?

LagêneenvahitlapoitrinedeKylie.Avait-ellevraimentditcela?

-Cequej'essaiedetefairecomprendre,c'estquejenecroispasqueçasereproduira.Alorsoublions,OK?

-Pourquoiçanerecommenceraitpas?(Sonregards'alourditetilrapprochasonvisagedequelquescentimètresdusien.)Ilestévidentqueturessenslamêmechosepourmoique...

-QuetoipourFredericka?

Elleauraitbienvoulurattrapersaquestionenpleinvolavantqu'ellen'arriveauxoreillesdugarçon.

LefrontdeLucasseplissaetilsepenchaenarrièresursestalons.

-C'estdoncçaquit'énerve!

Elleneleniapas.Pasparcequ'ellenelesouhaitaitpas,maisparcequ'ellesevoyaitmalretirercequ'ellevenaitdedire.

-Écoute,Frederickaetmoi...

-Çan'aaucuneimportance.

-Pourmoi,si.Jenel'aijamaistouchéependantnotreabsence.Pasuneseulefois.

-Peuimporte,parceque...cequevousêtesl'unpourl'autre,oucequevousfaites,çavousregarde.Parcequetoietmoi...noussommesjusteamis.

-Nouspourrionsdevenirplus,répliqua-t-il.Nouslesommesdéjà,j'ail'impression.

-Non.

Kylielefixadroitdanslesyeux,dansl'espoirdeluifairecomprendrequ'elleétaitsincère.

Ilplaçaunemèchederrièrel'oreilledelajeunefilleetsonpouceeffleurasajoue.

-Ladernièrefois,quandnousétionssousleporche,tum'asinvitéàentrer,etjepensequecen'étaitpaspourquenousrestionsamis.

Elleserevitl'implorer,désirant...bienplusquesaseulecompagnie.

Maisc'étaitavant-avantquesessentimentspourDereks'intensifient.

EllepritlamaindeLucasetl'éloignadesonvisage.

-Maistuasrefusé.Ettuavaisraison.

-Tulecroissincèrement?

Ilrepliatendrementsesdoigtssursamain.

Oui,ellelecroyait,parcequ'ils'étaitenfuiavecFredericka.

-Ellem'asuivi,Kylie.Jeneluiaipasdemandédevenir.Jel'auraisbienrenvoyéechezelle,maisilsetrouvequej'avaisbesoind'elle.

Kylietâchadesedégager,maissonétreinteseresserra.

-Quandjedisaisquej'avaisbesoind'elle,cen'étaitpas...cequetucrois.Jesuispartipouraiderquelqu'un.(Ilmarquaunepause.)Jenetel'aipasprécisédansleslettres,parcequesiHolidayl'avait

appris,elleauraitfaituneattaque.J'aiunedemi-sœur.Elleaétéenrôléedansungang.Jedevaisl'enfairesortir,Kylie.Elleaappelépourmedemandersijepouvaisluidonneruncoupdemainilyaquelquesmois,maisjenel'aipasfaitparcequej'auraisdûaffrontermonpère.Sicelas'estpassé,c'étaitmafaute,etjedevaisluidonnercecoupdemain.PuisFrederickam'aaidé.

Kyliepenchalatêteenarrière.

–Ellet'aaidé?Elleaessayédemetuer!

Ilsecoualatête.

-Ellenet'auraitpastuéelanuitdernière.

C'étaitdonclui.Ellel'avaitbiencompris,maisl'entendreleluiconfirmerrendaitleschosesplusréelles.

-Ellevoulaitjustetefairepeur,poursuivit-il.Ellenet'aimepas,parcequ'ellesaitcequej'éprouvepourtoi.

-Tuasdûtebattrecontreellepourqu'ellenem'attaquepas.

-Çaneveutriendire.C'estcequenousfaisonsquandnoussommestransformés.

–Maishiersoir,cen'étaitpaslapremièrefoisqu'ellem'attaquait.

Elleavaitmisunliondansmachambreavanttondépart.

Ils'assombrit.

-Elleavaitfaitquoi?

-Elleavaitmisunliondansmachambre.Delaréserveanimalière.

SiDerekn'avaitpasétélà,jeseraissûrementmorte.

L'incrédulitéenvahitlevisagedeLucas.

-Ellen'auraitjamaisfaitunechosepareille!

Kylieretirasamaind'uncoupsec.Elleneparvenaitpasàcroirequ'ildéfendaitFredericka.Maispourquoiétait-ceincroyable?Ilavaitreconnucoucheravecelle.Puisils'étaitenfuiavecelle.

Ilpassaunemaindanssescheveux.

-Ellen'estpascommeça,Kylie.jesaisqu'elleestdure,mais...tunelaconnaispascommemoi.

-Tuasraison.Jenelaconnaispascommetoi.Etcommevousaveztantdechosesencommuntouslesdeux,pourquoinevas-tupaslavoirtoutdesuitepour...resteravecelle?

-Cen'estpasavecellequejeveuxêtre.(Sesparolesétaientlaco-niques.)Maisavectoi.Depuis...la

premièreminuteoùjet'aivue.

Kyliefermalesyeuxetsecoualatête.Toutcelaallaitbeaucouptropvite.Elles'étaitenfinfaiteàsondépart,etvoilàqu'ilrevenaitbouleversersavie.

-Dis-moiquetunel'aspasressenti,murmura-t-il.Dis-moiquetun'aspasressentinotrelienlapremièrefoisquenousnoussommesrencontrés.

Ellel'avaitressenti,maiselleavaitcinqans.Ellecroisadenouveausonregard.

-Jenesaispasquoipenser,Lucas.Tuesentraindemedirequ'iln'yarienentreFrederickaettoi,mais,manifestement,ellead'autresidéesentête.Tudevraispeut-êtremettreleschosesaupointavecelleavantd'envisagerdecommencerquelquechoseavecmoi.

Soncœurseserraquandelles'aperçutqu'engros,Derekluiavaitdéclarélamêmechose.

-Àt'entendre,ondiraitquejen'aipasdéjàessayédelefaire.

Ellehaussalesépaules.

-Mavieesthypercompliquéeencemoment.Situavaisétélàcesdernièressemaines,tulesaurais.Donc,pourl'instant,nouspouvonsêtreamis.Riendeplus.

Kylieentenditdesvoixsurlesentier.Quandellelevalesyeux,Derekpassadevantelleavecdescopains.Ilneregardamêmepasdanssadirection.Ellepensaitquec'étaitparcequ'illesavaitdéjàvus.Etavaitimaginélepire.

Laculpabilitél'envahit,maisellerepoussacetteémotion,espérantqueDerekn'aitpasétéassezprèspourlaressentir,Ellen'avaitrienfaitdemal.Retenantsonsouffle,elleobservalegroupedegarçonss'éloigner,puisdisparaîtredesavue.

Quandelleseretourna,Lucaslascrutait.

-C'estlui,laraison?C'estsérieux,vousdeux?

-Çan'aaucuneimportance.Toietmoi,noussommesseulementamis,Lucas.Seulementamis.

Elleouvritlaporte.Justeaprèsl'avoirrefermée,ellel'entenditdire:

-Passijepeuxtefairechangerd'avis,KylieGalen!

Lelendemainmatin,Dellaassistaitàunritueletneseprésenteraitpasaupetitdéjeuner.Mirandaannonçaqu'ellelezapperait,elleaussi.

Kylieavaitlesentimentquelasorcièremanigançaitquelquechose.Elleessayaitprobablementd'inverserlesortjetésurSocks.Kylieavaitfaillil'interroger,maiselleavaitluttécontrelesommeildurantlaplusgrossepartiedelanuit,depeurdesombrerdansunrêveavecLucas,etellen'avaitpaslaforced'entamerunelongueconversationsurd'éventuellesinversionsdesort.

Quandelleentra,seule,dansleréfectoire,Kyliesentittouslesregardssurelleetcompritqu'ilsagitaientleurssourcilscommedesfouspourdécouvrirlaconfigurationdesoncerveau.Aprèss'êtreserviedepâ-

tisseriesfourréesetdefruits,ellehésitaetcherchauneplaceaufonddelasalle.Aujourd'hui,toutlemondeavaitchoisidedéjeuneraveclessiens.CommeKylien'appartenaitàaucuneespèce,oudumoinsignoraitàquelgenreelleappartenait,ellesedirigeaversunetablelibre.

Ellesedemandaitpourquoiilétaitsidifficilededéjeunertouteseule.Elledevraitavoirplusd'amour-propreetnepaslaisserquelquechosed'aussibêtelamettremalàl'aise.Maisreconnaîtrequec'étaitidiotnechangeaitpascequ'elleressentait.Elleregardafixementsapâtisserietoutenessayantdenepasavoirl'airaussipathétiqueextérieurementqu'intérieurement.

Enentendantdesriresfamiliers,Kylielevalesyeuxetvitlatabledesfées,hilares.Ellessemblaienttoutesheureusesauseindeleurpetitcercled'amies,tranquilles.Toutes,saufDerek.Sesyeuxétaientemplisdedouleur.Maisqu'était-ellecenséefaire?Ellen'étaitpasresponsable.

Lui,si.Etelleavaitlesentimentbiennetquesielleallaitlevoir,ils'éloi-gnerait.Celaluiferaittropmal.

Ellemorditdanssapâtisserie.C'étaitsapréférée,àlaframboiseetaufromagefrais,maiselleygoûtaàpeine.Elleavalauneautrebouchéeinsipideeteutl'impressionquetoutlemondeladévisageaitdanslasalle.

Onneparlaitplusquedesanouvelleconfigurationcérébralechangeante.

Toutàcoup,unplateauatterritsurlatableàcôtéd'elle.Pensantquec'étaitDella,rentréeplustôtdesacérémoniematinale,ellesoupiraun«

merci»,puisseretourna,toutsourire.

PasdeDella.

Lucassourit.

-Mercipourquoi?

-Rien,répondit-elle,etellefaillitluidemanderdes'enaller.

Oh,etpuiszut!Neluiavait-ellepasditqu'ilsétaientamis?Ellenevoyaitdoncpaspourquoiilnepourraitpass'asseoiràtableavecelle.Enfin,àpartuncertainloup-garouquivoudraitlatuerpourcettemêmeraison.

L'humourétinceladanslesyeuxbleusdeLucas.

-Tuasdelaconfiture.

Ilpassaundoigtsursalèvre.Puisilfourraledoigtdanssabouche.

–C'estpourcelaquel'onainventélesserviettes,dit-elleenenattra-pantuneetenessuyantsoigneusementseslèvresquilapicotaient.

Ilgloussa.

PersuadéequeDerekdevaitlaregarder,Kylieposalesyeuxsursatable.Ilétaitparti.Cequisignifiaitqu'illesavaitvusetqu'ils'étaitenfui.

Super.Elleculpabilisauneseconde,puiss'énerva.Ellenesetrouveraitpasdanscettesituations'ilétaitvenus'asseoiràcôtéd'elle.

Respirantprofondément,elleattrapasonverredelaitetenbutunelonguegorgée.Puisellejetauncoupd'œilàLucasquilaregardait.

-Tuestrèsbelle,lança-t-il.

Ellerouladesyeuxetreposasonverre.

-Justeamis,insista-t-elle.

-OK.Maisçanet'empêchepasd'êtremagnifique.(Sonsourires'élargit.)Mêmeavecunemoustache.(Illuitendituneservietteengloussant.Puisilretrouvasonsérieux.)Burnettm'aparlédecequiétaitarrivéàDellaEst-cequeçaira?

-Jecrois.

Ellen'entrapasdanslesdétailsetn'évoquapasChannonplus.ElleignoraitcequeBurnettavaitracontéprécisèment,etmêmesiDellaétaitcenséeparlerdesincidents«coderouge»àquelqu'un.

-J'aiappriscequis'étaitpasséenville,puisavectamère,ajouta-t-il.Ondiraitqueçaaétéplutôtpourri,enmonabsence!

-Oui,plutôtpourri.

Ilpritunebouchéedesapâtisseriesanss'enmettrepartout,biensûr.

-J'aiaussientenduparlerdeceque...(L'humourbrilladanssesyeux.)tamouffetteavaitfaitàFredericka.Jesuissûrqu'ellel'avaitméri-té!

-Oui.

Était-cesafaçonàluidemontrerplusdeloyautéenversKyliequ'enversFredericka?Nonpasqu'ildûtchoisirentreellesdeux.KylieetLucasétaientjusteamis.Etsiseulementellecessaitdeserappelercommeçaavaitétéagréabledel'embrasser,ellecroyaitsincèrementqu'ilspourraientledevenir.

-Tesdernièressemainesn'ontpaseul'airsuper,nonplus.Tademi-sœur,çaira?

Ilopina.

-Jepensequeoui.Elleestchezdesamis.JedemanderaiàHolidaydel'inscrireici,àl'école.Tut'inscristoujours,hein?

Kyliedétachaunmorceaudegâteau.

–Jel'espère.Mamèrem'aassuréqu'elleyréfléchissait.

Imaginercequ'elledeviendraitsijamaissamèrerefusaitluinoual'estomac.Saplaceétaitici,aveclesautres.Ellepassalestablesenrevue,quiaccueillaientlesdifférentesfamillesdesurnaturels.Avecunpeudechance,elledécouvriraitbientôtàlaquelleelleappartenait.

«Nousnevivonspasdanslemêmemondequeceluidanslequeltuvivais.»

KylieentenditlesparolesdeMirandadelanuitprécédenterésonnerdanssatête.Non,cen'étaitpaslemêmemonde.Celui-ciétaitobscuretparfoistrèsdangereux,maisc'étaitdésormaislesien.

-Commentpuis-jearrêterça?demandaKylieàHoliday.

Epuiséeparsesnuitsblanches,elleselaissatombersurunechaiseenfacedubureaudeladirectrice.

–Jeneveuxplusdecesrêvesdébiles.

Holidaysecaladanssonsiègeetfitlamoue.

-Cedonesttropexceptionnelpourlequalifierde«débile».Ettunepeuxpasl'arrêter,justelemaîtriseravecunpeud'entraînement.

-D'accord,alorscommentpuis-jecontrôlercettesaleté?

Holidaygloussa.

-Tunet'esjamaissentieentrerdanslemondedesrêves?

-Tuveuxdire,voler?

-Oui,voler.

–Si,parfois,maisjenemeréveillepastantquejenesuispasdéjàdedans.

-Alors,voilàcequetuvasfaire:avantd'allertecoucher...

Holidayluiénuméraunesériedetechniquespours'entraîneràseréveillerd'unrêve.Celanegarantissaitpasqu'ellepuisselesmaîtriser,maisHolidayestimaitquec'étaitunpremierpas.

Ellesdiscutaientdufantômelorsqueleportabledeladirectricesonna.Ellejetauncoupd'oeilaunumérodel'appelant.Sesyeuxs'illuminèrent.

-Je...jedoisprendrecetappel.Tum'excusescinqminutes?

Kyliecommençaitàselever,maisHolidaybonditdesachaiseenpremieretsedirigeaverslaporte.

-Bonjour,monsieurEastman.

Ellerefermalaportederrièreelledansungrand«clac»,etKylieserassit,puisfermalesyeux.

-Oui,jesuisvraimentraviequevousexaminiezmaproposition.

LesparolesdeHolidayenvahirentlesoreillesdeKylie.Ellerouvritlesyeuxd'uncoup.Non,pasencorecetteouïesupersonique!

-VousnepouvezpassavoircommeShadowFallsabesoindequelqu'uncommevous.

Kylie,quinevoulaitpasespionner,collasesmainssursesoreilles.

-Oui,centmilledevraientfairel'affaire.

Kylieserenfrognaalorsquelavoixcontinuaitàsefaufilerentresespaumes.Puisellecompritcequecelasignifiait:HolidayavaittrouvéunautreinvestisseurpourShadowFalls,etdecefaitBurnettpartirait.

Uneétrangedouleurenvahitsapoitrine,lesentimentquetoutcelan'allaitpas.Maisellen'ypouvaitriendutout.

Auboutdequelquesminutes,elleentenditHolidaylanceràM.

Eastmanqu'ellelerecontacteraittrèsviteetluienverraitlespapiersàsigner.Quandelleraccrocha,Kyliesemitàréfléchir:devait-elleluiavouerqu'elleavaitentendusaconversationtéléphonique?

Delonguesminutess'écoulèrentetKylietiralaconclusionqu'ellen'avaitpasbesoindeleluidire.CommeHolidaynerevenaitpasdanslebureau,lajeunefilleallalatrouver

Danslapiècedufond,Holidayregardaitleterraindebasketparlafenêtre.LorsqueKylielarejoignit,elleremarquaqueBurnettfaisaitdespaniersavecungroupedegarçons.LeregarddeKylieseposabrusquementsurDerek,maisellesedoutaitbienquecen'étaitpasluiquiintri-guaitsonamie.Pasdedoute,ladirectriceéprouvaitdesregrets,d'immensesregrets,même,denepasavoiracceptél'offredeBurnett.

Justealors,Derekseretourna.Sesyeuxseposèrentsurlafenêtre,etKyliecompritqu'ill'avaitsentie.Ilnesouritpas,n'agitapaslamain.Ilretournaàsapartieetl'ignora.AlorsKyliepritunedécision.Trop,c'étaittrop.Dereketelledevaientparler.

Lelendemainmatin,Kylieseréveillarevigorée.Quandlefroidvintlafrapperàl'aube,elleavaitdormicinqheuresd'affilée.LesconseilsdeHolidaypourseréveilleravantquelesrêvesnecommencentavaientfonctionné.Elles'étaitréveilléedeuxfoisaveclasensationdevoler.Unefois,elleavaitmêmevuLucas,maiselleavaitpuseretireravantqu'ilnelavoie.Elleétaitsûrequ'ilnes'étaitmêmepasdoutédesaprésence.Oudumoins,ellel'espérait.

Remontantlacouettesursonmenton,elleregardaautourd'elle.Aucunfantômen'apparut,maislefroidrefusaitdes'enaller,etKyliecompritquel'espritaussi.Lorsquesontéléphonetombadelatabledenuit-

unefoisdeplus-,ellesesouvintqu'ils'étaitproduitlamêmechosel'autrejour.

–C'esttoiquifaisça?demanda-t-elleàl'esprit.Tuveuxmedirequelquechose?

Aucuneréponse.Elleattrapasonportableetsedemandasielleretrouveraitquelqu'unauboutdufil,maisellefutsoulagéedeconstaterqu'iln'yavaitpersonne.Puis,voyantsonavertisseurdemessagecligno-ter,ellesesouvintqu'ellen'avaitpaseffacésesanciensmessages.

Elleavaitdonnéaudétectivelesdernièresinformationsqu'elleavaittrouvéessursesgrands-parents.Ill'avaitassuréequ'ilessaieraitdecontacterlesBrighten.Maiscelan'avaitpasempêchéKyliedelesappelerdesoncôté.Elleavaitpasséunedouzainedecoupsdefill'après-mididelaveille,mais,chaquefois,elleétaittombéesurleurrépondeur.

Elleallaiteffacerlesmessagesquandelles'aperçutqu'elleenavaitundeSaraqu'ellen'avaitpasencoreécouté.Serappelantlesémotionsmitigéesqu'elleavaitressentieslorsdeleurdernièreconversation,ellereposaletéléphoneets'autorisaàremettrel'écoutedumessageàplustard.Deplus,elledevaitmettresonlaïusaupointpourfaireentendreraisonàDerek.Elleespéraitquesonplanfonctionnerait.

Kylie,àlarecherchedeChris,patientadansleréfectoireavantlepetitdéjeuner.

PourvuqueDereknesoitpasaveclui!pria-t-elle.

QuandelleremarquaChris,quiarrivaitencompagniedeJonathon,ellesedétendit.Commeilserapprochait,elleluifitsigne.Celui-ciditquelquechoseàJonathon,puisvintlarejoindre.Ellevitlacuriositéétincelerdanssesyeux.

Cen'étaitunsecretpourpersonne:Chris,l'undesvampiresenchef,seprenaitpourunsuperbeaugosse.EtKylielereconnaissait:avecsescheveuxblondsetsesyeuxclairs,sonlookdesurfeurcalifornienjouaitensafaveur.Etilétaitplutôtbienfait,enplus.Maiss'ilcroyaitqu'ellecraquaitpourlui,ilseraitdéçu.

–Oui?dit-ilensouriant.

Ellen'avaitpasbeaucoupréfléchiàlafaçond'aborderleschoses,alorsellelâchaspontanément:

-J'aibesoind'unservice.

Chrisétaitchargédel'animation«Uneheurepourfaireconnaissance»,aucoursdelaquelleonmélangeaitlesnomsdetouslescampeursdansunpotavantd'entirerunausortetdepasseruneheureaveccettepersonne.

-Quelgenre?

Sonregardseposabrusquementsursesseins.Ellefaillitleremettreàsaplace,maiscommeelleavaitbesoindelui,ellerenonça.

-Ilparaîtquesil'onveuts'assurerdetireruncertainnom,tupeuxarrangerleschoses.

-Oh.(Ileutl'airdéçu,cequiluiprouvaqu'ilavaitbiencruqu'ellel'avaitfaitvenirpourd'autresraisons.Maisilrecouvrarapidementsesesprits.)As-tuaussientendudire,qu'ilfallaitpayerunprixpourcela?

-Unepinte,c'estça?

-Ouais.

–Bien.JevaisprévenirHolidayquejedonnemonsang.

Ellecommençaàtournerlestalons,maisilluipritlebras.

-Tuasoubliédemepréciserquic'était.(Ilfronçalessourcils.)Laisse-moideviner:Lucas?

Kylieserembrunit.

–Derek.

CommeDerekn'étaitpaslàquandontiralesnoms,Kyliepartitlechercher.IldiscutaitavecSteveetLuisdansleréfectoire.Ilserenfrognalorsqu'elleseplantadevantlui.Durdur.Forçantunsourire,ellesepenchaetmurmura:

-Devinequoi?

Elleagitalemorceaudepapiersoussonnez.Derekditaurevoirauxgarçonsetluifitsignedelesuivre.Ilspassèrentdevantlafouleau-dehors.Kyliesedemandas'ilavaitprévudeserendreàleurendroitàeux,aurocher,maisils'arrêta.Sesyeuxvertslascrutèrent.

-Tuasbidouilléça?

–Bidouilléquoi?

Ellefeignitl'innocence.

Illuiretournalebras.Ellesavaitqu'ilcherchaitunpansement,ouunemarquedepiqûre,maissoncontactenvoyademinusculesdéchargesdouloureusesenelle,commeunepunition.

–Tuasachetémonnomavecdusang?

Illâchasonbras.

Ellecarralesépaules.

–Etalors?Tul'asbienfaitpourmoi.Deuxfois.

Unetelleémotionenvahitsesyeuxqu'elleeneutlesoufflecoupé.

-Ilfautqu'onparle,Derek.C'est...(Elleagitaunemainentreeux.)C'estnul.

Ilpassaunemaindanssescheveuxchâtains.

-Cequiestnul,c'estquejet'aime,alorsquetoi,tuenaimesunautre.

-Trèsbien!(Kyliesentitlacolèrelagagneretperditespoir.)Est-cequej'aimeLucas?Oui.Maispascommejet'aime,toi.

Ilsecoualatête.

-Tunepeuxpasmementir,Kylie.Jepeuxliredesémotions,etlorsquetuesaveclui,il...t'attire.

-OK.Jesuisprêteàavouerqu'ilmeplaît.Maisçaneveutriendire.

-Tuparles!

Ilfitminedes'enaller.Kylieluiattrapalebras.

–Tuesexactementpareil.

-Quoi?

Sesyeuxétincelaientdecolèreetdedouleur.

–Jet'aivumaterMirandaquandnousnagions.

–Jen'aipas...

-Si!

–C'estridicule.

Ilrecommençaàs'enaller.Kyliefaillitlelaisserpartirmaisellesesouvintqu'elledevaitunepinteetellevoulaitenavoirpoursonsang.

Ellelerattrapa.

-MêmePerrys'enestrenducompte,parcequ'iltalancéunregardnoir.

Ilcontinuaitsarouteetelleaussi.

-Est-cequej'aipétéunplombàcausedeça?Non,carjesaisquemêmesitul'astrouvéejolieenmaillotdebain,çanevoulaitpasdirequetunem'aimaispas.

Derekseretournaverselle.

-Cen'estpaslamêmechose.

-Commentça?Sijepouvaisliretesémotions,commetoi,lesmiennes,j'auraislududésirsexuel,clairement.

-Ouais...maisjesuisunmec.

LabouchedeKylies'ouvritengrand.

-Donc,seulslesgarçonspeuventêtreattirésparquelqu'un?

Arrête!Dansquelsièclevis-tu?

LesyeuxdeDerekseplissèrent.

-Cen'estpascequejevoulaisdire.

-Alorsquoi?

-Je...(Ilserralamâchoire.)Jenesaispas,maisc'esttoutdemêmedifférent!

-Non,Derek!Tunecomprendspas.Tudéprimesparcequetuesjalouxetquetun'asaucuneraisondel'être.

-C'estplusqueça.Tuviensd'avouerquetul'aimaisbien.Cen'estpasuniquement...

–Oui,jel'aimebien.Nousnousconnaissonsdepuislongtemps.Etpeut-êtrequeçanouslied'unecertainefaçon.Et,oui,ilestbeaugosse.

Mais...jeveuxêtreavectoi.

Ellecrutqu'elleavaitmarquéunpoint,maisildétournalesyeux.

-Jenepeuxpas,Kylie.Saufsitumeprouvesqu'ilnecomptepaspourtoi.Sinon,jenepeuxpasfaireça.

Ils'enalladenouveau.

–Derek!cria-t-elle.

Ilseretourna.

-Quoi?

Sapoitrines'alourdit.

-Tum'asmenti.

-Aproposdequoi?

Lafrustrationcoloraitsavoix.

-Tuasditquenousserionsamis.Cen'estpascommeçaqu'ontraiteuneamie.

Illevalesyeuxaucielavantdecroisersonregard.

-Tuasraison.Jesuisdésolé.J'imaginequejenepeuxpasêtretonami.

Ils'enalla.

Cettefois,ellelelaissapartir.

Kylieeutbiendumalàsurvivreàcettejournée.EllevoulaitdemanderàHolidayl'autorisationdesécherlescours,maiselles'étaitdéjàtropsouventfaitexcuser.Elleassistadoncauxcoursdedessin,partitenrandonnéeetseperditdansladécorationdegâteaux.

Chaquefoisqu'ellesemettaitàpenseràDerek,ellefaisaitclaquermentalementunélastiqueautourdesatête.Elleétaittellementconcentréesurladécorationdesesgâteauxquelamoitiéducourss'écoulaavantqu'elleneserendecomptedel'absencedeMiranda.

Dèsquececoursfutterminé,elleséchalamusiqueetallatrouverDellaquiserendaitaulacpourdescoursdekayak.Celle-cis'étaitmontréeplutôtdiscrètecesjours-ci,etnes'étaitpasencoreremisedelavisitedel'URFetdestestsqu'elleavaitdûpasser.Etelleredoutaitdedevoir,ensecret,aiderl'URFàarrêtersoncousinpourmeurtre.Biensûr,penseràcelaévitaitàKyliedepenserauweek-endchezsesparents.C'étaitaumoinsunediversion!

-TuasvuMiranda?demandaKylie.

-Non.Quelquechosenevapas?

-Ellen'étaitpasaucoursdedécorationdegâteaux.J'allaisvérifiersielleétaitaubungalow.

-Tuveuxquejet'accompagne?

-Non,ditKyliequisesouvintquesonamieadoraitlekayak.Sijenelatrouvepas,jeviendraitechercher.Jesuiscertainequecen'estrien.

Malheureusement,justeavantd'arriverchezelles,Kyliefutsûrequ'elles'étaittrompée.Sonpremierindice?Lecriperçantquiprovenaitdubungalow.

Piquantunsprint,elleparvintàlaported'entréeavantdeserendrecomptequecen'étaitpasMirandaquicriait.Maiscelanelaralentitpas.

Ilyavaitquelqu'undanssonbungalow,quihurlaitcommeunputois.EtMirandaavaitdisparu.

Ouvrantàlavolée,Kylieseprécipitaàl'intérieur.

-Miranda?

-Parici!criacelle-cidepuissachambre,àpeineaudibleàcausedesbeuglements.

Kyliepoussalaporte.Ellecroyaitavoirtoutvu.Commeelleétaitloindelavérité!

Kyliecontempla,bouchebée,laroussequihurlait,enferméedanslagrandecagepourpreaumilieudelachambredeMiranda.Puissonregardseposasursonamie,allongéeaumilieudesonlit,entraindesefairelesonglesdespiedscommeundimanchematintranquille.

–Laisse-moisortir,pauvreandouille!

Lafillesecouaitlacage.

Mirandafinitd'appliquerdurosefuchsiasursonpetitorteil,puislevalesyeux.

-Qu'ya-t-il?

EllegratifiaKylied'unsourireextralarge.

-Connasse!hurlalafilleàMiranda,puisellejetaunregardnoiràKylie.Dis-luidemelaissersortir!

-Jepensequejedevraistedemandercequisepasse,ditKylieàMirandaavantdereposerlesyeuxsurlafille.

Unrapidereniflementluiindiquaqu'iln'yavaitpaseudesang.

Pasencore,entoutcas.

–Libèremoi!grognalaprisonnière.

KyliereposalesyeuxsurMirandaetarquaunsourcil.

-Regardercequej'aicapturé!lançalasorcièreengloussant.Tutesouviensquejet'affirmaisquequelqu'unseplanquaitderrièrenotrebungalow?J'aitenduunpiège.Etvoilà,j'aiattrapéTabithaEvans!

-Tulaconnais?demandaKylie.

-Ouais,c'estl'unedessorcièrescontrelesquellesjeseraiencompé-

titiondansdeuxsemaines.

Tabithasecoualesbarreauxsifortquelacagesebalança.

-Jesuislasorcièrequivatejeterunsortsitunelalaissespassortir!

-Net'inquiètepas,ditMiranda.Sespouvoirsnefonctionnentpastantqu'elleestprisonnièredemacagespéciale.Etj'aiinstalléunsilencieuxàunecentainedemètres,commeça,personnenepeutl'entendrebrailler.

-Quefait-elleici?s'enquitKylie,quisetracassaitpoursacaptive.

-Elleessaiedesapermaconfiancepourquejemeretiredelacourse.

-Etsij'avaissuquetuétaisaussinulle,jen'auraispasperdumontemps!hurlalafille.

OK,Tabithaméritaitbiend'êtremiseencage.

-Crois-tuquec'estellequiadébranchélesystèmed'alarme?demandaKylie.

Ellejetauncoupd'œilàlafilleencage.Tabithasiffla:

–C'esttoiquiespathétique!

Mirandalaregardaavecaplomb.

-Ettoi,tuesencage!

Lafilleseremitàhurler.Mirandarayonnadefierté.

Pasdedoute,avoirattrapéTabithaflattaitl'egodeMiranda.KyliedétestaitfaireredescendresonamiesurTerre,mais...

-Aussimignonnesoit-elleencage,tusaisquetunepeuxpaslagarderprisonnière.

-Jen'enaipasl'intention.Jeluiaipromisquedèsqu'elletransfor-meraitSocksenchaton,ellepourraitpartir.

-Etjeterépètequejen'ypeuxrien!C'étaittonfoirage,paslemien!

-Arrête!répliquaMiranda.Depuisdessemaines,jeplantepresquetoutcequej'essaiedefaire.

Ellebalançasesjambesendehorsdulitetserapprochadelacage.

–Changelamouffetteenchaton,ettupourrast'enaller.

-Etpourlamillionièmefois,jen'ysuispourrien!

MirandareposalesyeuxsurKylie.

-Tuveuxquejetefasselesongles?

-Écoute,lançaTabithad'untonsec,sicen'estpastoi,alorsc'étaitpeut-êtrecevieux.

-J'aidebeauxrouges,poursuivitMiranda,ignorantTabitha.

Ignorer,Kylienesavaitpasfaire.

-Quelvieux?

-Necroispasunmotdecequ'elleraconte,lançaMiranda.

-Jenesaispasquic'est,maisc'estunvampire.Etilad'autrespouvoirs,parcequ'ilétaitlà,jel'aivuquiutilisaitlemêmesortquemoi.Unvieuxbienflippant.

-Arrêtetesmythes!répliquaMiranda.

-Maisc'estlavérité!protestaTabitha.

Mirandarouladesyeux.Puiselleagitalepetitdoigt.

-Attends!lançaKylie,maistroptard,lacageetTabithadisparurent.

-Attendrequoi?

-Oùest-elleallée?

–Tuasdéclaréquejenepouvaispaslaretenir.

Kylieserenfrogna.

–Etsielledisaitlavéritéàproposduvieux?

-Arrête,elleracontedesbobards!Dellaauraitsentiunvampire.

Tabithaestfolle.

KyliedutreconnaîtrequeMirandaavaitraison.Dellapouvaitsentirunvampireàdeskilomètres.

Mirandaselaissatombersurlelit.

-Tuarrivesàcroirequej'aiattrapéTabithaEvansJesuistropforte!

Socksseglissafurtivementdanslapièce.Saqueuenoireetblanchepelucheuseétaittoutedroite,commes'ilétaitprêtàfairepipi,aucasoù.

Kyliereposalesyeuxsursonamie.Mirandaavaitbeauêtredouéepourtendredespièges,ellen'avaitpasréussiàtrouverlesortquiretrans-formeraitSocksenchaton.

PuiselleserappelasaconversationavecDerek.Elleattrapamentalementl'élastiquepournepluspenseràlui,maiscefichuélastiquen'étaitpaslà.Ellenesentaitplusqu'ungrostrouvidedanssapoitrine,àlaplacedesoncœur.

-Jevaism'allonger.

Avantdeserendredanssachambre,elles'arrêtadevantlefrigo.

Elleouvritlecongélateurd'uncoupsecetpritl'undesnombreuxlitresdeglacequeMirandaavaitachetéspoursoignersoncœurbrisé.

Ellesortitunecuillèredutiroiretsedemandas'ilyavaitsuffisammentdeglaceaumondepourlaréconforter.

Elleendoutait.

Lasemainesuivantepassadanslebrouillardd'unimmensechagrin.

Kyliedonnasapintedesangetenavalaaumoinsdixdecrèmeglacée.

Derekcontinuaàl'éviter.Lucascontinuaàsemanifester.Maisellenepouvaitmêmepassemettreencolèrecontrelui.Ilneluifaisaitjamaisaucuneavance.Ilsecomportaitenami.Avecsoncœurenvoiedeguérison,ellen'auraitpasétécontreunnouveaucopain.

Biensûr,ilsnediscutèrentpasdeFrederickanidesrêves.Etheureusement,elleavaitréussiàtenirceux-cienéchec.Enrevanche,Lucasl'avaitinterrogéeausujetdeDereketelleluiavaitexpliquéquec'étaitunsujetdouloureux.LaseulechosequeLucasavaitdéclarée,c'étaitqueDerekétaitunidiot.Pouruneraisonquelconque,KylieappréciaqueLucasl'exprime.

ElleappréciaaussiqueFrederickaresteendehorsdesonchemin.

Ellen'enétaitpassûre,maisellecroyaitqueLucasn'yétaitpasétrangernonplus.

Lamortesemanifestaittouslesmatins;parfoiselleparlait,maiselleneproposaitrienàKyliequipuissel'aideràcomprendrequiétaitendanger.DèsqueKylieseremettaitàpenseràl'avertissementdufantôme,Holidayl'emmenaitauxcascades.Elless'yétaientrenduestroisfois.Kyliecontinuaitàrepartiraveclemêmemessage:resteconcentréeetgardelafoi.

Holidayn'évoquaitpasBurnett.Lajeunefillesedemandasielleluiavaitannoncéqu'elleavaittrouvéunautreinvestisseurousielleréflé-

chissaitàsonoffre.EllelasurpritàsixreprisesaumoinsentrainderegarderBurnettetlesautresjoueraubasket.Kylieétaitmêmerestéeàsescôtésdeuxoutroisfois,rienquepourpouvoirobserverDerek.Maisilsavaittrèsbienqu'elleleregardait.Iljetaitsystématiquementuncoupd'oeilàlafenêtre.Leursregardssecroisaient.Kylieseditqu'illuimanquaitbeaucoup,etquantàlui,ilavaitl'airembêté.

-Tuveuxenparler?luiavaitdemandéHolidayladernièrefoisquecelas'étaitproduit.

Kylieavaitacceptédeseconfieràelle,maisuniquementdevantunebonneglace.ElleavaitépuisétoutlestockdeMirandaetétaitencoreenmanque.

AlorsKylieetHolidayprirentleuraprès-midietretournèrentausalondethéoùellesavalèrentsansretenuedescuilleréescrémeusesdepurbonheur.

-Pourquoiest-ce-que«crèmeglacée»rimeavec«cœurbrisé»?

demandaKylie.

-Parcequesituenmangessuffisamment,ellecongèletoncœuretanesthésietadouleurpourunmoment,réponditHoliday,ettouteslesdeuxéclatèrentderire.

Danieln'avaitpasrenduvisiteàKyliedepuislejouroùlamèredelajeunefilleavaitfaitirruptionaucampetavaitdûsefaireeffacer.Maissonbeau-pèrel'appeladeuxfois.Kyliepritsondeuxièmeappel.Ilsparlèrentdesontravail,delapluieetdubeautemps,puisilévoqual'éventualitéquelajeune

filles'inscriveaupensionnatdeShadowFalls.Ilnesemontraniaffirmatifninégatif,etdéclaraqueceladépendaitdesamère.

QuandKylieraccrocha,elleréalisaquesamèreetsonpèredevaientdiscuter,puisqu'ilétaitaucourantdupensionnat.Kylienesavaitpastropcequecelaluiinspirait.Samèreétait-elleprêteàluipardonner?

Ellefaillitl'appelerpourleluidemander,maisavecleweek-enddesparentsdansmoinsd'unesemaine,elleseditqu'elleattendraitpourlefairedevivevoix.

MirandaneparlaitpratiquementplusdePerry.Maiscelan'empê-

chaitpaslegarçondelaregarder.Dèsqu'ilsetrouvaitàunetrentainedemètres,ilnelaquittaitpasdesyeux.KyliesavaitqueMirandalevoyaitmaisavaitdécidédel'ignorer.Pastropdifficile,étantdonnésonstressliéauconcours,auquelsamèrel'avaitinscritepourleweek-end.

Auboutdedeuxsemaines,lechatonsemblasemoquercomplètementd'êtredevenuunemouffette.Ilavaitcomprislepouvoirdesaqueueetlasoulevaitenguisedemenaceàlamoindreprovocation.IlavaitmêmepousséDelladanssesretranchements.Heureusement,iln'avaitplusarrosépersonne.

Dellaredoutaitderentrerchezelle.Etàprésent,elleappréhendaitd'effectuerlepetitboulotquil'attendaitàl'URF.Tâcherdedécouvrirclandestinementsisoncousinétaitresponsabledesmeurtresneseraitpasfacilepourlajeunefille.UneDellaronchonneetuneMirandastressée,etvoilàquelesdeuxétaienttoujoursentraindesechamailler.Kyliesedemandaitsouventcequ'elleferaitsisesamiessetuaientpourdebon.Maisellelesaimaitbientropfortpourleslaisserfaire.

LedétectiveprivéavaitfiniparapprendrequeKentetBettyBrightenavaientprisdelonguesvacancesenIrlande.LaquêtedeKyliepourdécouvrircequ'elleétaitseretrouvaitdonctemporairementsurpause.

Génial!

Leseulpointpositif,cesjours-ci,c'étaitqueKylieneressentaitpluscetteétrangesensationd'êtreobservée.EllesedemandasilacoupableétaitTabitha.Maisquandellerepensaitàelle,Kyliesesouvenaitaussiquelafilleavaitdéclaréqu'unvieuxvampirerôdaitdanslecoin.Elleignoraitpourquoi,maiscelalatracassait.Passuffisamment,toutefois,pourenparleràHoliday,parcequ'ellepourraitattirerdesproblèmesàMiranda.Etaprèsl'incidentdeBurnettavecDella,attirerdesproblèmesàsesamisétaitladernièrechosequeKyliesouhaitait.

Mardimatin,unfroidglaciallaréveilla.Soitlefantômeessayaitdeluienvoyerunmessage,soitiln'yavaitpasqu'unseulespritquitramaitdanslecoin.Super.Ilneluimanquaitplusqueça,unautremort!

-Queveux-tu?

Kylietremblaitsoussacouette.

Sontéléphonesemitàcroasser.Soitlasonnerieavaitétéchangée,soitMirandaavaitréussiàletransformerengrenouille.Kylieattrapasonportable.Ilcessadeproduirel'horriblesonetbascula

directementsursamessagerie.

D'abord,ildélivralemessagequesonpèreluiavaitlaissé,puisceluidudétective,quelquesjoursplustôt.Ensuite,celuiqueKylien'avaitpasécouté.DeTrey,sonpetitcopaindupassé.Commentavait-ellepumanquercetappel?Illuidemandaitdelerappeler,c'étaittrèsimportant.

-Maisoui,biensûr!marmonna-t-elle.Quoi,tuasdécouvertquemesseinsavaientgrossiettuveuxlesvoir?

Ellecoupaletéléphone,maispasavantd'avoirsupprimésonmessage.Àpeinel'avait-ellereposésurlatabledenuitqu'ilseremitàcroasser.Ellel'attrapa,regardal'icônedelasonneriepours'assurerqu'ilétaitenmodesilencieux.Oui.Alorscommentpouvait-ilfairecebruit?Elleappuyadenouveausurlatouche«off».Lecroassementcontinua.

-C'esttoiquifaisça?demanda-t-elleàl'esprit.Sioui,arrête.Parcequecen'estpasdrôle.Etçanem'éclairepasdutoutsurcequejedoissavoir.

Letéléphonesetut.Lefantômeapparutaupieddesonlit.

-Tudoisfairequelquechose.Etvite.Elleestentraindemourir.

Commeavant,l'espritneluioffritpaslemoindreindicesurl'identitédelamystérieuse«elle».

Kylies'habillaetdécidaderendrevisiteàHoliday.Elledoutaitqu'entendrecelle-ciluiressasserquetoutiraitbienatténuelapeurqu'elleressentait,maiselledevaittenterlecoup.

Ellen'étaitmêmepasarrivéesousleporchedubureauquedesvoixrésonnèrentàsesoreilles.

-Dis-moiquecen'estpasdangereux?insistaHoliday,l'airfurieux.

-Jenepeuxpastelepromettre,réponditBurnett.Cetravailesttoujoursdangereux.

-Alorsnon.Ilnepeutpasyaller.

-Jenesuispasvenutedemanderl'autorisation,repritBurnett,l'airtoutaussiennuyé.Ilaeulapermissiondesamère.Ilpartirademainversmidi.

Kyliesemitàrepartirdansladirectionopposée.Elleauraitpuseboucherlesoreilles,maiscelan'avaitjamaismarché.Ellecontinuadoncàavancer,enespérantquelesvoixdisparaîtraient.

-Cen'estpasbien,ditHoliday.D'abord,tuimpliquesLucas,etmaintenantDerek.Jedoisréagir.

-Cesontdeuxjeunesgensexceptionnels.

-Justement,cesontdesjeunes,Burnett.

-J'avaisseizeansquandjesuispartitravaillerpourl'URF.Lucasenadix-huit,etDereklesauradansquelquesmois.Etc'estuneffaceur,Holiday.Sais-tucombienilssont?

-Jem'enmoque.Celuiquicompte,c'estDerek.

-Ilneserapartiquepourunmois,voiremoins.Ilrentreraàtempspourledébutdel'annéescolaire.

-Asupposerqu'ilnesefassepastuerenessayantdefaireleboulotdugouvernement,lerembarraHolidayd'untonsec.

–Jesuisdésolé,ditBurnett,avecduregretdanslavoix.

Kylieentendituneporteclaquer.Burnettétaitparti,maisellenebougeapas.Ellerestaplantéesurlechemin,digérantcequ'ellevenaitd'entendre.Dereks'enallait.Ilpartaittravaillerpourl'URF.Ilnereviendraitquedansunmois.

«Àsupposerqu'ilnesefassepastuerenessayantdefaireleboulotdugouvernement.»LesparolesdeHolidayrepassèrentdanslatêtedeKylie.Soncœurseglaça.Elleredescenditlechemin,endirectiondubungalowdeDerek.

KyliearrivaenvuedubungalowdeDerekunedemi-heureplustard.EllerepéraChrisenjoggingquiensortait,ets'arrêta.Elleseraitbienpartiesecacherdanslesbois,maisChrisétaitunvampire,ill'avaitprobablementdéjàentendue.Ellesemitdoncàcourirdoucementetes-péraqu'ilnes'arrêteraitpaspourluiposerdesquestions.

Quandilssecroisèrent,elleagitalamain.Ilsouritetcontinuasonchemin.Elledescenditlesentier,

passadevantlebungalow,jusqu'àcequ'ellecroiequ'iln'étaitplusàportéedevoix.Puiselleseretournad'uncoup,filadanslebungalowetentradirectementdanslachambredeDerek.

Encoreaulit,ildormait.Sontorsemuscléétaitnu.LedraparrivaittoutjusteàsatailleetKylieignoraits'ilportaitquelquechoseendessous.Elleavaitentendudirequelaplupartdesgarçonssepassaientdepyjama.

-Derek?

Ilfittomberunemainsursonvisage.

Ellesedirigeaverslelitetluitouchal'épaule.

-Derek?

Sesyeuxs'ouvrirentd'uncoupetilselevasansattendre.Illaregardafixement,maisn'avaitpasl'airréveillé.

-Tueshabillée,donccen'estpasunrêve.

Iltressaillit,commes'ilvenaitdes'apercevoirqu'ilavaitditcelaàvoixhaute,puisilselaissaretombersurlelitetfixaleplafond.

-Cen'estpasunrêve.(Elles'assitàcôtédelui.)Jesuisaucourantdecequetuasl'intentiondefaireetjeneveuxpasquetut'enailles.S'ilteplaît,reste.

Illaregarda,lespaupièreslourdes,maiselleconstataqu'ilétaitbienréveillé.

-Commentl'as-tuappris?

–Tucomptaispartirsansmêmemedireaurevoir?

Deslarmesemplirentsesyeux.

Ils'assitetremontaledrapautourdesataille.

-J'allaislefaire.

Ellechassal'émotiond'unbattementdecils.

-C'estàcausedemoi,n'est-cepas?

-Non,pascomplètement.

Illuitouchalebras,etlesvanness'ouvrirent.

Kylielaissalibrecoursàsesémotions.

-Jet'enprie,neparspas,dit-elle,enlarmes.

-Illefaut.Jedoisreprendreledessus.(Ilcilla.)Tuavaisraison.Enfin,enpartie.Jecontinueàcroirequetuasdesproblèmesàrésoudre,concernantLucas.Mais...tunet'étaispastrompée:jesuisjaloux.Monaptitudeàlirelessentimentsestdeplusenplusforte.Etj'ignorepourquoi,maisavectoi,c'estcommesijeressentaistoutcequeturessens...

enplusintense.Jenesaispassic'estparcequetucomptestantpourmoi.Maisquandturessensquelquechosequejen'aimepas,del'attirancepourunautre,delacolère,voiredeladéceptionàcausedequelqu'un...je...jedeviensfouintérieurement.C'estcommesil'onmefaisaitunepiqûred'adrénalineémotionnelle.(Ilpassaunemainsursonvisage.)Jedoisapprendreàfaireavecou...

-Ouquoi?demanda-t-elle.

Ilneréponditpas,maisKyliesavaitcequ'ilvoulaitdire.Ildevraitapprendreàgérerlesémotionsqu'elledéclenchaitenlui,ous'éloigner.

Maisn'était-cepascequ'ilétaitentraindefaire?S'éloigner?

-TudoisaffronterLucaset...(Ilmarquaunepause.)Quantàmoi,jevaisaffrontermonpère.Etquandjereviendrai,dansunmois,jeverraioùensontleschoses.Siçasetrouve,entre-temps,tuserastombéeamoureusedeLucas.Etsic'estlecas,jedevraifaireavec.

-Ceseraitsifacileàaccepter?

-Non,maisjenecroispasavoirlechoix.

-Maissi,tuaslechoix.Reste.Donne-nousunechance.Nousessaieronsdelasaisir.

Ilsecoualatête.

-Jenepeuxpas,Kylie.Jenepeuxpas.

Elleleregarda,etaussidurfût-ildel'accepter,elleyparvintenfin.

Dereks'enallait.Ilavaitfaitsonchoix.Etcen'étaitpaselle.

Latêtehaute,convaincued'avoirfaittoutcequ'ellepouvait,Kylietournalestalonsetsortit.Illuiavaitpeut-êtrebrisélecœur,maisilnegâcheraitpassonhumeur.Ellel'oublierait.Elleyarriverait.

Unesemaineplustard,Kylies'installasurunecouvertureprèsdelarivière,oùsamèreetelles'étaientassisesetavaientparlédeDaniel.Elledésiraitjusteêtreseulepourréfléchir,pouressayerdetrouvercommentelleallaitconvaincresamèredel'inscrireaupensionnatdeShadowFalls.Etpeut-êtrequeDanielpasseraitlavoirici.

Elles'allongeasurlacouvertureetfixaduregardlecielbleu,puiselleentenditquelqu'unapprocher.

-Tuvoisdeséléphants?ditunevoixfamilière.

EllesouritàLucas.

–Non,maisjeviensdevoirunegirafe.

Ilcontemplalecielàsontour.

-Où?

-Là-bas.(Ellefitungesteverslagauche.)Soncoun'estplusattachéàsoncorps,maistupeuxtoujourslavoir,situplisseslesyeux.

Ilselaissatomberàcôtéd'elle.Ellepensaitqu'ilcontemplaitlesnuages,maisquandellejetauncoupd'oeilsurlui,ellelesurpritentraindelaregarder.Ilsourit.

–Tueschaquejourplusjolie,KylieGalen!

Ellerouladesyeux.

-Necommencepas.

–OK.Jepeuxdirequetuvasmemanquer?

Elles'assitbiendroite.

-Tuvascheztagrand-mère?

-Oui,àHouston.

Ellescrutaleboutdesatennisetdécidadeposerlaquestion:

-Lucas,travailles-tupourl'URF?

Lesyeuxdujeunehommes'écarquillèrent.

-Quitel'adit?

-J'aientenduBurnettetHolidayenparler,parhasard.

-Aprèsavoirintégrélegangquidétenaitmasœur,j'aiconvaincuBurnettdem'aideràfairetomberdevraissalestypes.Doncoui,j'aiplusoumoinsbossépourlui.Etjel'aiprévenuques'ilavaitbesoindemoipourquoiquecesoit,jeseraisdisponible.

–N'est-cepasdangereux?

Illascruta.

-TumeposeslaquestionparégardpourmoioupourDerek?

-Lesdeux.

ElleavaitacceptéledépartdeDerek.Ellen'avaitpastotalementsurmontélechagrin,maiselleyparviendrait.

-Cen'estpassidangereuxqueçasitusuisleprotocole,toutsepassebienengénéral.

IldégageaunelonguemèchedelajouedeKylie.

–Tusaisquejedésireêtreplusquetonami,hein?

Elleseremitàcontemplersatennis.

-Jen'attendspasderéponsedetapart.Jevoulaisjustequetulesachesavantqu'unautreviennetedraguer.(Ilserapprocha.)Jesuispatient,Kylie.Jet'aiattendueonzeans.Jepeuxpatienterjusqu'àcequetusoisprête.

Ilcollaunbaisersursajoue.Celan'avaitrienàvoiravecceuxqu'ilsavaientdéjàéchangés-surtoutdanssesrêves.Maissaproximité,sonodeurboisée,lasensationdeseslèvressursapeauluidonnèrentletrac,untracfou.

Quandellereposalesyeuxsurlui,ilétaitparti.

Etmanifestement,lebonsensdeKylieaussi.Parcequ'ellen'avaitpaslamoindreidéedecequ'elleauraitfait:lerembarrerpourl'avoirembrassée...ouluirendresonbaiser.

Etpeut-êtrevalait-ilmieuxqu'ellenerépondepasàsaproprequestion.

Vendredimatin,Kylie,MirandaetDellaremontèrentlecheminpourretrouverleursparents,entirantchacuneunevalise.Ellesavan-

çaientlentement,commedesprisonnièrescondamnéesquiserendentàl'échafaud.

-Jedevraifairepipisurunbâtonnetdecontrôleanti-dopagetouteslesheures!marmonnaDella.

Mirandasoupira.

-Jevaismeplanteràmonconcoursetmamèremeproposeraàl'adoption!

-Jevaisparticiperàunechasseauxfantômes,ajoutaKylie.(Sesamiesladévisagèrent.)Nemeposezpasdequestion.

Holidaylesretrouvaauboutduchemin,canalisantsonnaturelplutôtenjoué.

–Souriez,lesfilles.Cen'estquepourquelquesjours.

Lestroisamiesseretournèrentetseregardèrentdenouveau.Kylielâchasavalise,etétreignitMirandaetDella.

-J'espèrequevousmetéléphonerezaumoinsdeuxfoisparjour.

-Deuxfoisparjour,acquiesçaDella.J'espèrequeçanevousdé-

rangepassijevousappelleenfaisantpipisurunebandelette,parcequejeneferairiend'autre!

-Maisnetirepaslachasse,ditMiranda.Jedétestequandonfaitçaautéléphone!

Cinqminutesplustard,auréfectoire,KylieserraHolidaybienfortdanssesbras.

-PrendssoindeSocks,luidemanda-t-elle.

-J'ail'intentiondel'emmenerchezmoi,réponditHoliday.

LorsqueKylieetsamèresortirentduréfectoire,Perryvintluidonnerunpetitcoupdecoude.Pourlegarçon,c'étaitl'équivalentd'uneétreinte.Kylielegratifiad'unsourireaffectueux.

-Ilsembleraitquetutesoisfaitdebonsamisici,observalamèredeKylie.

-Oui,maman,ilssontvraimentàpart.

Kyliefaillits'enfuirencourantquandLucasseplantadevantelle.

-Bonjour,madameGalen.Lucas.Jevoulaisjustedireaurevoiràvotrefille.

LecœurdeKyliebattitlachamade:elleavaitpeurquesamèrelereconnaisse.

-Enchantée,Lucas,répondit-elle,etelles'éloignapourleurlaisserunpeud'intimité.

Ilsourit.

-Prendssoindetoi.

-Promis.

Ils'approcha.

–Rêvedemoi,murmura-t-il.

Ellerouladesyeux,maisilsefenditd'ungrandsourireets'enalla.

Kylierejoignitsamère.

-Ilestplutôtmignon!observacettedernière,surletonqu'elleutilisaitavantdedistribuerdesbrochuressurlesexe.

Ellessortirentduréfectoireetsedirigèrentverslavoiture.

-Oui,acquiesçaKylie.

Pourlaénièmefois,elleespéraitqueleweek-endsepasseraitbien.

Pasdesurprises,pasdelongssilencesgênantsentreelles.

Quandlavoituredémarra,lefroidquienvahitlevéhiculefutpluspuissantquen'importequelleclimatisation.

-Waouh!Lavoiturenes'estjamaisrafraîchieaussivite,observasamère.

Quandelledéboîta,Kyliejetauncoupd'oeilsurlabanquettearrièreetremarqualefantômedanssarobeensanglantée.Toutàcoup,lamortefutprojetéeenavantetvomitpartoutpar-dessusl'épauledeKylie.

L'odeurétaitinsupportable.

Lajeunefilletâchaderéprimerdeshaut-le-cœur.

-Alors,ditsamère,totalementinconscientedecequisepassait,oùaimerais-tuallerdéjeuner?Jemeursdefaim!

Kylienesavaitpasquiavaitdéclaréquequandonrentraitchezsoi,cen'étaitplusjamaispareil.Entoutcas,c'étaitenpartiejuste.Onrentraitchezsoiettoutétaittrèsbizarre.Étonnamment,samèren'yétaitpourrien.Letrajetderetourdetroisheuresavaitmêmeétéplutôtagréable,misàpartlevomidefantôme.Leproblème,c'étaitlamaison.

Elleétaitglaciale,pasuniquementparcequel'espritavaitdécidédelasuivre,maisàcausedesonpère.Oudel'absencedepère.Iln'yavaitrien,pasunechosequipouvaitrappeleràKyliequ'ilavaitvéculà.Mêmelesclichésdeleurspetitesescapadespère/filleavaientdisparu,remplacéspardesphotosdeKylie,seule.

Ellenepouvaitpaslereprocheràsamère,maispourlapremièrefoisdepuisquetoutcelaétaitarrivé,Kylieredoutaitlaréactiondesamèresielles'inscrivaitaupensionnat.Etpeut-êtrecomprenait-ellemêmequ'ellesouhaitâtmettrelamaisonenvente.

–C'estbond'êtrederetour,non?

Samèrel'étreignit.Deretour?Bof.Maislecâlinétaitchouette,enrevanche.

SichouettequeKyliesesentaitmoinsmalàl'aisechezelle.

Lorsqu'elleentradanssachambre,elleneputs'empêcherderire.

Sursatabledenuit,ilyavaittoutuntasdebrochuressurlasexualitéparuesensonabsence.

Samèreavaitprévudesactivitéspourtoutleweek-end,issuesdesaliste«Noschosesàfaireensemble»:«Préparernosbiscuitspréférés.

Mangeràlanouvellepizzeria.Êtreàlamaisonhantéeà18heures.»

Kylieyajoutaunechosecapitale:«Convaincremamandem'inscrireaupensionnat.»Mêmesielleémettaitdesréservesàl'idéedequittersamère,Kylieétaitunesurnaturelleetellenesesentaitpasdanssonélémentici.

A18heurescesoir-là,aprèsavoirpréparédesbiscuitsetsavourédutempsentêteàtêteavecsamère,Kyliepoussasesfesses-pas-dans-leur-

élémentdanslavoiture,directionlachasseauxfantômes.Et,sérieusement,elleespéraitquelepropriétairedelachambred'hôtesemoqueraitbienqu'elleamèneunevisiteuse,parcequelefantômedeKylieétaitassissurlabanquettearrière-toujoursensangettoujoursentraindevomir-etpasplusexpansifqu'àShadowFalls.

Toutefois,lamortedisparutjusteavantqu'ellesn'arriventàdestina-tion.

Unefoisqu'ilssefurenttousrassemblésdansl'entrée,laproprié-

taire,unefausseroussegrandeetforte,d'unepetitesoixantained'an-nées,leurfitsignedeprendreplace,endemi-cercle.

-Bienvenuedanslachambred'hôteAnderson.JesuisCélesteBell.

Certainsd'entrevoussesouviendrontpeut-êtredemoipourm'avoirvueàlatélévision.

Lesautresinvitéshochèrentlatête.Céleste,quiprétendaitcommuniqueraveclesesprits,étaitintervenueàplusieursreprisesdansuneémissionsurlecâbleentantqu'expertedesapparitions.Elleportaitunelonguerobeblanche,commesis'habillerenfantômerendaitl'expérienceplusintense.

-LademeurefutconstruiteàlafinduXIIIesiècle,parJoshuaAnderson,maisundramesurvintavantmêmequ'iln'emménage:sajeunefiancéefuttuéedansunaccidentdecalèchelejourdeleurmariage.Joshuamitfinàsesjoursdanslasuiteprincipale.Lamaisonfutdoncven-dueetrouvriten

tantquebar.Denouvellestragédiess'ensuivirentbienvite.Maintenant,avantdecommencer,parlonsdurèglement.

Ilétaitsimple.Resterensemble.Pasdebavardagesuperflu.Célesteinsistaégalementpourqueleshôteséteignentleurstéléphones,parcequecegenred'énergiepouvaitfairefuirlesfantômes.

Bizarre,songeaKylie.Sonexpérienceluimontraitquelesmortsadoraienttripotersonportable!

LajeunefillevoulutexaminerlaconfigurationcérébraledeCéleste,maiscettedernièren'étaitévidemmentpasunesurnaturelle.Lesdixpar-ticipants,àl'exceptiondeKylieetdesamère,étaienttousdesseniors.

Enavançantlentementengroupe,dontlamoitiéàl'aidededéambulateurs,ilssuivirentlafemmeaupremierétagedelamaison.Danschaquepièce,Célestes'arrêtaitpourraconterunenouvelleanecdotedefantômes,quiprovenaitgénéralementdel'époqueoùlademeureétaitunpub.

Jusque-là,lamaisonnesemblaitpaspeupléed'esprits.

SiCélesteavaitététrèsmauvaisepourcommuniqueraveclesfantômes,c'étaitunebonneconteuse,ettoutlemondetrépignaitlittéralementenécoutantseshistoiresquifaisaientfroiddansledos.

-Maintenant,nousallonsdîner.Etjevousrévéleraicequis'estpasséaudébutduXIXesiècle.Allezdoncvousasseoir.(Elleleurdésignalatabledelasalleàmanger,oùdesassiettesétaientdéjàrempliesdespaghettis.)Jenesaispaspourquoi,murmura-t-elle,maiscettepièceesttoujoursunpeuplusfraîchequelerestedelamaison!

Acetinstantprécis,latempératureperditaumoinsquatredegrés.

LefantômedeKyliesematérialisaàcôtéd'elle.Leshôtesseserrèrenttouslesunscontrelesautres,alorsquedelabuées'échappaitdeleurslèvres.L'expressiondeCélesteaurait,àelleseule,largementrentabilisélachasseauxfantômes,siKylien'avaitpaslulaterreurabsoluesurlevisagedesamère.

-C'estbon,maman,murmura-t-elle.

-Merdealors!Cequeçapeutficherlesboules!

Samèrenedisaitjamais«merde»ni«ficherlesboules».

-Çadoitêtreuneblague,mentitKylie.

-Lemomentestvenuquetufassesquelquechose!hurlalefantôme.

Montre-moicequejedoisfaire!réponditKyliementalement.

Àcetinstant,touslesportablesdanslapiècesemirentàsonner.Enfin,tousàl'exceptiondeceluideKylie.Lesiencroassacommeunegrenouilledevenuefolle.Etcommeleshôteslesavaienttouscoupés,celaprovoquadesérieuxhalètementsdesurprise.

Pasautant,toutefois,quelorsquelelustrevints'écrasersurlatableetfitvalserlesassiettesde

spaghettisàtraverslapièce.

Céleste,lastarducâble,laprétendueexpertedescommunicationaveclesfantômes,s'évanouit.Kylienesavaitpasquedespersonnesquis'aidaientd'undéambulateurpouvaientmarcheraussivite.Maispasencoreassezvitepoursamère.Kyliecrutunesecondequecelle-ciallaitrenverserdeuxoutroisvieuxsursonpassageens'enfuyantlapremièredelasalleàmanger.

Kylies'agenouillaàcôtédeCéleste.Alorsqueledernierdesinvitéssefrayaituncheminverslasortie,elleenentenditunautredire:

-QuiestTreyCanon?

Ellelevalesyeuxsurlevieilhomme.

-Saispas,réponditunedame.Maisilm'aappelée,moiaussi.

Kylieattrapasontéléphoneet,eneffet,elleavaitunmessagedeTrey.

Pourquoilefantômeenverrait-ilcemessageàtoutlemondedanslasalle?

Kylielevalesyeuxsurlamortequisetenaitenpleinmilieudelapièce,desspaghettistapissantsarobemaculéedesang-cequicalmeraitassurémenttoutessesenviesdepâtespendantunlongmoment.

-C'estTrey?JesuiscenséeaiderTrey?Maistuasdit...«elle»abesoind'aide!

Lefantômedisparutpeuàpeu.

-Etnet'avisepasdepartir!criaKylied'unevoixgrinçante.

-Jesuisvraimentdésolée,mabelle,jepensaisquetuétaisjustederrièremoi!criasamèredepuisl'autrepièce.(Quelquessecondesplustard,ellerevintencourantetselaissatomberàcôtédesafille.)Ohnon!

Est-cequ'elleestmorte?

Célesterouvritlesyeuxethurla.

Vingtminutesplustard,pendantquelamèredeKylies'entretenaitavecl'ambulancierquiallaitemmenerl'hôtesseetuninvitéquiseplaignaitdedouleursàlapoitrine,Kyliepritletéléphonedesamèreeteffa-

çalemessagedeTrey.Ladernièrechosequ'elledésirait,c'étaitqu'ellesemetteàavoirdessoupçons.Elleespéraitqu'ellen'avaitpasentendulenomdeTreydanstoutecetteeffervescence.

Kylieécoutasonmessage.Toutcequ'ildisait,c'étaitdelerappeler.

Ellelefit.Ettombasursamessagerie.Génial!

Lorsqu'elleseréveillalelendemainmain,à9heures,Kyliefitdeuxdécouvertessurprenantes.

Premièrement,lefantômenel'avaitpasréveilléeàl'aube.Celasignifiait-ilquelquechose?Depositif?Denégatif?

Deuxièmement,etcefuthorrible,ellen'étaitpasseul.Pasdutout.À

côtéd'ellegisaituncorps,complètementenfouisouslacouette.Mortouvif,ellel'ignorait.

Réprimantunhurlement,elleletoucha.Ouplutôtluidonnaunpetitcoup.Iln'étaitpasfroid.Ilproduisitmêmeuneespècede«oumph».

LatêtedesamèresortitbrusquementdesouslacouetteQuandellevitl'expressiondeKylie,elleserelevabrutalement.

–Qu'ya-t-il?

Kylieclignadesyeux.

-Quefais-tudansmonlit?

-Oh!(Samèrepassaunemaindanssanouvellecoiffurequiluiallaitvraimenttrèsbien.)Jesuisvenuevoircommenttuallais.J'imaginequej'aidû...m'endormir.

Kyliegloussa.

-Tuétaismortedetrouille,oui!

Samèrelevalesyeuxauciel-elleauraitfaithonteaSara,laspécia-listedesroulementsd'yeux.

-Noooon!(Elles'effondraetéclataderire.)OK,d'accord.C'étaitflippant.J'étaischoquéequetupuissesdormir.

-Cen'étaitqu'unfantôme!lançaKylie,toutsourire.

-Ondiraitquetuenvoistoutletemps!(Elleluitouchalajoue.)Jesuistellementcontentequetusoisrentrée!Tuvoiscommeons'amuse,ici?Pasbesoindet'inscrireaupensionnat!

Kylieeutlesoufflecoupé.

-Maisj'ytiensvraiment,maman.

L'étincelledanslesyeuxdesamèreperditdesonéclat.

-Neparlonspasdecelamaintenant.Unemerveilleusejournéenousattend.

Endépitdecetteconversationanti-pensionnatetdel'incapacitédeKylieàjoindreTrey,lajeunefillerestad'humeuroptimiste.Lefantômeavaitmanifestementdécidédeluilaisserunpeuderépit.Oubienelleavaitdécrétéqu'elleavaitprovoquésuffisammentdeproblèmesaveclascènedelaveille.

Uncoupdefilàlachambred'hôtelesinformaqueCélesteetlevieilhommequis'étaitplaintdedouleursàlapoitrineétaienttouslesdeuxsortisdel'hôpital.

Ellesdécidèrentd'allerdéjeunerd'unepizzaets'apprêtaientàpartirlorsqueletéléphonedeKyliesonna.Quandellevitquec'étaitMiranda,elledemandaàsamèredelalaisserquelquesminutes.Celle-ciallaconsultersese-mails.

-Salut,ditMiranda.Jenousaiorganiséuneconversationàtrois.

Disbonjour,Della.

-Unménageàtroisverbal,ajoutaDella.

-Beurk!fitMiranda.

-Vousenvoulez,du«beurk»?lançaDella.Jeviensdepissersurmamainenessayantdefairepipisurcefoutubâtonnetpendantquejediscutaisavecvous!

Kylierit.

-Vousmemanquez,lesfilles.

Lebruitd'unechassed'eauenvahitlaligne.

-Oh,double«beurk»!s'exclamaMiranda.Jet'aiditdenepasfaireçaquandjesuisautéléphone!

Kylieselaissatombersurlecanapé.

-Miranda,tuasparticipéàtonconcours?

-C'està16heures.

Sonamiesemblaitdésespérée.

–Tut'ensortirastrèsbien,larassuraKylie.

-Biensûr,ajoutaDella.Ettoi,Kylie,tachasseauxfantômes?

Celle-cis'assuraquesamèrenesetrouvaitpasdanslesparages.

-Vousn'allezpasycroire!

Elleleurracontacequis'étaitpassé.Ellesrirenttoutesunboncoup,puislaconversationdérivasurleurtrèsforteenviederetourneràShadowFalls.LorsqueKylies'aperçutqu'ellediscutaitdepuisprèsdedixminutes,ellesdécidèrentdesereparlerdansl'après-midietsedirentaurevoir.

-Jesuisprête,maman!

Onsonnaàlaporte.Kyliefilaouvrirtandisquesamèreluihurlaitqu'elleéteignaitl'ordinateur.Toutl'embarrasdelaveilleluisautaalorsauvisage.Vraimentdrôle:sonmalaiseenrevenantchezelle

avaitétédûàl'absencedesonpèreet,maintenant,ilétaitdûàsaprésence.

-Salut,mabichette!

LaquestionquitaraudaitKylieétaitlasuivante:samèresavait-ellequesonpèreallaitvenir?

-Es-tuprêtepour...

Lestennisdesamèrefreinèrentbrutalementàl'entrée.LestracesdedérapagesurlesoldemarbreetlechocvisiblesurlevisagedelajeunefemmeapportèrentàKylielaréponseàsaquestion.

Ellenesavaitpas.Etcequiétaitencoreplusévident,c'estqu'ellen'étaitpascontente.

Leregarddesonpèreseposasursamère.

-Salut,chérie.

Lesouriredesonpères'évanouit.

SanervositétroublaKylie.D'accord,ilméritaitdestresser.Mais,toutdemême,c'étaitfranchementbizarrepourKyliedeluiouvrirlaportealorsquecettemaisonavaitétésonchez-lui.Sonchâteau.Apré-

sent,ilnesavaitpluss'ilétaitlebienvenu.Etàenjugerparl'expressiondesonex-femme,ilnel'étaitpas.

-Jem'étaisditquej'auraispuvousinviteràdéjeuner,lesfilles!lan-

ça-t-il.

Samèrereculad'unpas.

-J'auraisdûmedouterquetuvoudraislavoir.(Elledésignalaportedelamain.)Allez-y,vousdeux.

-Pourquoituneviendraispas,toiaussi?insista-t-il.

-Jenecroispas.

-Kylieytient.(Leregarddesonpèreseposasurelle.)N'est-cepas,bichette?Commeaubonvieuxtemps,touslestrois!

Samèrefronçalessourcils.EtKylieaussi.Lanervositédesonpèrepritdel'ampleur.Etlatensiondanslapièceaussi.

Samèrerelevalementon.

-Etpourquoipasàquatre?Tatraînéepeutvenir,elleaussi!

–Oh...Cen'estpaslebonmoment,n'est-cepas?

LavoixdeTreysurgitderrièrelepèredeKylie.

Samèremontal'escalierquatreàquatre.

Treyparutembarrassé.Sonpèreeutl'airstupéfait.PuisilregardaKylied'unairrenfrogné.

–Tuneluiaspasexpliquéquec'étaitterminé?

Avait-ellebienentendu?

-Pardon?

-Tuneluiaspasditquec'étaitterminéavecAmy?

-Jedevraispeut-êtrem'enaller?proposaTrey.

-Oui,réponditlepèredeKylie.

Lajeunefilleeutdesvertiges.ElleregardaTreypartir.Elleentenditsamèrepleurer.Elleregardafixementsonpère-sonbeau-père.Qu'ilaitvouluseservird'ellepourrécupérersamèretouchaunpointsensibleenelle.Qu'ilaitcomptésurellepourlamettreaucourantdel'étatdeseshistoiresd'amouratomisacarrémentcepointsensible.

Ellemontrasonpèredudoigt.

-Net'avisepasdeteservirdemoipourrécupérermaman!

-Jecroyais...

-Alors,arrêtedecroire!

Kylieclaqualaporte.Lamaisontremblaetlapetitefenêtreenverreduchâssissefracassa.Elleremarqual'expressiondesurprisedesonpèreparlavitrebriséeavantqu'ilneparte.

Elleinspira.Expira.

Puisellemontaàl'étagepourvoircommentallaitsamère.

Kyliemituneheureàconvaincresamèredesortirmangerunepizza.ElleavaitessayédejoindreTreyafindecomprendrecequiétaitsiimportantpourquelefantômeaitenvoyésonmessageàtoutlemondedanslasalle,maisellen'eutpasplusdechance.

Ellesdéjeunaient,sansavoirtoutefoisretrouvéleurhumeurjoviale,quandletéléphonedeKyliecroassabrusquement.

-Oh,chérie!ditsamère.Changecettesonnerie!(Ellecroisalesbraspourseréchaufferetappelaleserveur.)Pourriez-vousbaisserlaclimatisation,s'ilvousplaît?

Kyliepritsontéléphone.Iln'yavaitpasd'appel,maisunvieuxmessagevocalrepassait.

«Salut,Kylie,c'estSara.Jesuisdésoléed'avoirdûraccrochercommeça.Je...jedevaisfairequelquechosed'important.Écoute,jetiensvraimentàtevoirquandturentreras.Pourrais-tum'appeler,s'ilteplaît?»

-Quiétait-ce?demandasamère,puisellebaissalavoix.Tonpère?

-Non,unmessagedeSara.

Kylieregardafixementsapizzaeteutunétrangepressentiment.

-Maman,çatedérangesijepasselavoiraprèsdéjeuner?

-Bonjour,Kylie,ditMmeJettonuneheureplustard.Saraseraraviedetevoir!

Kyliescrutal'expressiondelamèredeSara.Sesyeuxétaientrouges,etsonvisage,pâle.L'atmosphèrelugubreamplifiairréversiblementlesouciqu'ellesefaisaitpoursonanciennemeilleureamie.

–Elleestdanssachambre,ajoutaMmeJetton.

Kyliefaillitluidemandercequin'allaitpas,maislefrissonquiparcourutsacolonnevertébralel'enempêcha.Lecourttrajetduséjouràlachambrefitressurgirdesdizainesdesouvenirs.Etpouruneraisonétrange,ceux-ciluimirentleslarmesauxyeux.

«Tudoislasauver,tudoislasauver.»

LesparolesdufantômevibraientdanslatêtedeKylie.Elledéglutitetseditqu'elleexagérait,quetoutallaitbien.

LaportedelachambredeSaraétaitentrouverte,etquandKylielavit,ellehaleta.

Elleavait...très,trèsmauvaisemine.ElleétaitsipâlequeKylieregardasapoitrinepours'assurerqu'ellerespirait.

Saraouvritlesyeux.

-Ellet'adit,non?

Kylieseservitdesesdeuxmainspouressuyerleslarmessursesjoues.

-M'aditquoi?

-Cequelemédecin...Siellenet'ariendit,alorspourquoipleures-tu

?

–Parcequejesuiscontentedetevoir.

Elletâchadesourire.

-Tuastoujoursétéunetrèsmauvaisementeuse.Sararemontalescouvertures.)Maman,peux-tucouperlaclim'?criaSara.Jegèle,ici!

–Chérie,jel'aidéjàfait,réponditsamèredepuisleséjour.J'aiappelél'électricien.Laclimatisationnemarcheplus,encoreunefois.

Unalbumphototombadelatabledenuit.Kylieleramassa.Ellenefutpassurprisequandellevitlapersonnesurlecliché.PuiselleregardaaupieddulitdeSara:lemêmeesprit.Ellen'avaitplusnispaghettisnilarobemaculéedesang,maissonexpressionétaittoujoursaussiaffreuse.

-Quiest-ce?

Kyliepassaledoigtsurlaphoto.Sarasepenchapourvoir.Apparemment,toutmouvementlafaisaitsouffrir.

-Magrand-mère.Elleestmortequandj'avaisquatreans.Dumêmegenredecancer.C'estflippant,non?

Cancer.CemotcoupadenouveaulesouffledeKylie.quifitdesonmieuxpourqueseslèvresnetremblentpus.Elleregardal'esprit.

-Jenepeuxrienfaire.

-Si,tupeux!s'exclama-t-il.

-Commentça,rienfaire?demandaSara.

Ellefixal'albumduregard,commesiKylieavaitcasséquelquechose.

-Rien.

Kylies'assitàcôtédeSara.Lessouvenirsqu'ellesavaientpartagéssurcelit,lessecrets,lesfousrirespourdesbêtisesenvahirentsonesprit.

Elleravalalesémotionsquimenaçaientdelasubmerger.

-Tutesouviensquandons'allongeaitetqu'ons'entraînaitàembrasserdesmiroirsavantlasoiréedansanteensixième?

Sarasourit.

-Oui.

Elles'adossaàl'oreilleretfermalesyeux.Seslongscheveuxchâ-

tainssemblaientplusclairsemésetn'avaientplusleurbrillancehabituelle.Lesilences'amplifia.S'attrista.

KyliecaressalebrasdeSara.

-Qu'aditlemédecin?

Sararouvritlesyeux.

-L'oncologueaditqu'ilessaieraitdemefairepasserdestestsexpé-

rimentaux,mais...ilpensequec'esttroptard.(Deslarmesbrillèrentdanslesyeuxdel'adolescente.)Mamaninsistepourquejelefasse,mais...(Elledéglutit.)Jeneveuxpasmourir.(Seslèvrestremblèrent.)J'entendsencoremamanrépéterdesdizainesdefoisquesijamaiselleavaituncancer,ellepréféreraitmourirplutôtquesubircequ'ilsavaientfaitvivreàsapropremère.Elleaditqu'ilsl'avaientcharcutée.Jerefusedeconnaîtrelamêmechose.Maseuleopérationaétéassezdifficile.

Kyliesesouvintdesrêvesdecouteauxquil'attaquaient.Elleregardaleventredesonamie.

-Quandt'es-tufaitopérer?

-Lasemainedernière.Jen'avaisplusmesrègles.Lagynécoasentiuneboulequandellem'aexaminée.Deuxjoursplustard,j'étaisàl'hôpital.

–Pourquoinem'as-tupasappelée?

Sarasemorditlalèvre.

-Jel'aifait.Jenet'aipasditquejepensaisavoiruncancer,mais...

LaculpabilitéemplitlapoitrinedeKylie.Lefantôme,lagrand-mèredeSara,avaitessayédeluifaireécoutersonmessage.Lemêmequetoutàl'heure.

–Ilsn'ontpaspul'enlever?

Sarasecoualatête.

-Ilyenatrop.Ilestpartout.

LadouleurredoubladanslecœurdeKylie.ElleserappelalemessagedeTreyquetoutlemondeavaitreçudanslachambred'hôte.Pourquoilefantômel'avait-ilenvoyé?

-Trey?

Sararegardasesmains.

-Jesuisdésolée.Jetejurequejenevoulaispasqueçaseproduise.

J'avaistropbu.Ilavaittropbu.

–Quoi?

Saralevalesyeux.

-Merde.Ilnet'ariendit,n'est-cepas?

Ilnefallutqu'unesecondeàKyliepourdigérerlesparolesdeSara-

etmoinsencorepourcomprendrequecen'étaitpasimportant.

-Jeluiaidemandédet'enparlerparcequeçam'étaitinsupportable.

Ilapromisqu'illeferait.

-Ilaessayé.Jen'aipasprissescoupsdefil.Maisjem'enfiche,Sara.

(Elleserraaffectueusementsamain.)Treyetmoi...c'estvraimentfini.

C'esttoiquicomptes.

UneautrelarmecoulasurlajouepâledeSara.

-Tunedispasçauniquementparcequejesuisentraindemourir,hein?

Saraessayaitdeplaisanter.Kylieneritpas.

-Non.

Saradégageasamain.

–Tueschaude.

-Tupeuxlefaire.(Lavoixdufantômesurgitjustederrièrel'oreilledeKylie.)Grâceàtoncontact.

Kylieregardal'esprit.

–Tuveuxdire...commeHelen?

-Quoi?demandaSara.

Kyliecontinuaàsonderlefantôme.

-Fais-le,dit-il.S'ilteplaît.Guéris-la.Avantqu'ilnesoittroptard.

-Jenesaispascomment,murmuraKylie.

-J'hallucineoutuparlestouteseule?s'exclamaSara.C'estvrai,jeprendsdesdroguesplutôtfortesencemoment!

KyliereposalesyeuxsurSara.

-Non.

Ellesentitlefroiddufantômeserapprocherlégèrement.

-Non,jen'hallucinepas?Ounon,tuneparlespastouteseule?

-Lesdeux.

Kylietâchaderéfléchir.Pouvait-ellevraimentlefaire?Elleregardalaphotodelagrand-mèredeSara.

-Comments'appelait-elle?

-FannyMildredBogart.(Sararit.)Heureusementquemamannem'apasdonnélemêmenom!

Àl'évidence,Sarasouffraitquandelleriaitparcequ'ellegémitetselaissaretombersurl'oreiller.Lorsqu'ellerouvritlesyeux,elleregardafixementlaphoto.

-Tuveuxquejetedisequelquechosedefou?

-Quoi?demandaKylie,maisellepensaitdéjàsavoircequeSaraallaitdire.

-Parfois,j'ail'impressionqu'elleestlà.

-Elleestlà.

KylierepritlamaindeSaraetessayadetrouvercommentluiexpliquerleschoses.Saragloussa.

–Alorsmaintenant,tucroisauxfantômes,hein?

-Ouais.(Kylieinspira.)Tuseraisétonnéesitusavaistoutceenquoijecrois!

-Dugenre?

–Dugenre,auxmiracles.

KylieregardaFanny.

-Jeneseraispascontreunmiracle.(Sarasouritetessayaderetirersapaume.)Pourquoitamainest-ellesichaude?

-Commentest-cequejefaisça?demandaKylieàl'esprit,entenantlamaindesonamie.

-Faisquoi?s'enquitSara,dontlavoixétaitaussifatiguéequelesyeux.

-Jenesaispas,jesaissimplementquetuaslepouvoir.

-Çanem'aidepasbeaucoup!réponditKylie.

-Tuparlesencoretouteseule,observaSara,quiavaitrenoncéàessayerderetirersamain.

-Jesais.

Puisellesesouvintqu'Helen,laféequiavaitledondeguérir,luiavaittouchélatêtequandellecherchaitdestumeurs.Etelleavaitpré-

tenduquec'étaitcommecelaqu'elleavaitguérilecancerdesasœur.

LâchantlamaindeSara,Kylies'approchadelatêtedelit.Elledégageasafrangedufrontdesonamie.Puisavecl'autremain,elletouchalestempesdeSara.

-Quefais-tu?demandacelle-cienregardantKylieavecunedrôled'expression.

-J'essaiedet'aideràtedétendre,réponditKylie,quisavaitquec'étaitnul.

-OK...Cettecolot'arenduehyperbizarre!observaSara,etellesemitàgigoterpourécarterlesmainsdesonamie.

-Dis-luiquec'étaitcequetamèrefaisaitquandtunetesentaispasbien,ditFanny.

Bonneidée.

–Mamèremefaisaitça,etçamesoulageaitvraiment.

Sarafittombersesmains.

-OK,maissituessaiesdem'embrasser,j'appellemamanenhurlant.

Saragloussa.

-Quoi?Jenesuispastongenre?ditKylieenricanant,avantdeseconcentrersursonprocessusdeguérison.

Ilétaitplusde21heureslorsqueKylies'enalladechezSara.Auboutd'uneheure,elles'étaitesquivéeauxtoilettesd'oùelleavaittélé-

phonéàsamère.Elleavaitpleuréenévoquantlecancerdesonamie.Samèreluiavaitditqu'ellepasseraituncoupdefilàMmeJettonlelendemainetqu'ellepouvaitresterchezSaraautantdetempsqu'ellelevoudrait,maisqu'ellelaprévienneavantdesemettreenroute.

KylieattenditqueSaras'endormepourpartir.Elleavaitoubliéd'appelersamère,maiscommeellehabitaitàcôté,ellenesefaisaitpasdesouci.

Sonquartierétaitsombre-pasdelampadairesdanslesruesnilu-mièresdanslesmaisons.Unecoupuredecourant?songea-t-elleenré-

primantunesensationdemalaise.

Etc'estalorsquecelaseproduisit.

Quelquechosed'énormeheurtalepare-brisedesavoiture.

LecœurdeKylies'arrêtaquandellevitlecorpssursonpare-brise.

Elleécrasalapédaledefrein.Elleavaitsûrementblesséquelqu'un!

Puiselleremarqualevisagequilaregardaitfixementàtraverslavitre.L'escroc,levampirequiavaittuélesdeuxfillesàFallen.Commentétait-cepossible?Nes'était-onpas«occupé»delui?

Elleaccéléraetdonnauncoupdevolantpourlefairetomberdelavoiture.Celanesuffitpas.S'accrochantauvéhiculecommeunearaignée,ils'approcha,souritetassénauncoupdepoingdanslavitre.Destessonsdeverrevolèrentdanstouslessens.Kyliehurlaetappuyaplusfortsurl'accélérateur.Levampirel'attrapa.Sonpoingserefermasursoncouetilserra.Ellenepouvaitplusrespirer.Nibouger.Desfeuxd'artificeexplosèrentdevantsesyeux.SadernièrepenséefutpourSara.Elleespéraitqu'ellel'avaitguérie.Ilfallaitquel'unedesdeuxvive.

QuandKylieseréveilla,elleétaitassisesurunechaiseenbois,lourdeetfroide.Elleavaitmalàlatêteetàlagorge.Ellevoulutsefrotterlatempe,maissesmainsrefusèrentdebouger.Elleentendituntinte-ment,commedumétalsurdumétal.Deschaînes?

Elleouvritlesyeuxdeforcemaisnevitrien.Uneobscuritétotalel'entourait.

Traînantlespieds,elleperçutdenouveauunbruitdechaînes.

Conscientedelaprésencedesbraceletsdemétalfroidsurseschevillesetsespoignets,ellerationalisa:sesbrasetsesjambesétaientattachésparunesortedechaîneenmétal.Elleessayadeleverlesjambespourmettresathéorieàl'épreuve.

Oui,c'étaientbiendeschaînes.

Elledétestaitavoirraison.Lesouvenirduvampireescrocenvahitsatête.Unhurlementemplitsagorge.

Kylieclignadesyeuxetespéravoirautrechosequel'obscurité.Elleinspira.L'odeurdecrasseetdebétonchatouillasonnez.

Uninfimesouffled'airfrôlasesoreilles.

–Ilyaquelqu'un?

Aucuneréponse.

-Jesaisqu'ilyaquelqu'un,répéta-t-elle.

Pourtestersaforce,elletirasurleschaînes.Elleputàpeinelesbouger.

-Alorscommeça,lesrumeurssurtaforcen'étaientquedesrumeurs

!

Unevoixmasculinerâpeuserésonnadanslenoir.

-Libérez-moi!

Encorepluspaniquée,Kyliesedébattitcontreleschaînesquilaretenaientprisonnière,envain.

-Tunedevraispast'agitercommeça,Kylie.Tuvasdépensertonénergieinutilement.Gardetaforcepourréfléchir.Pourfairedeschoixavisés.

Seforçantàsecalmer,Kylieécouta.

Lavoixrésonnaitdanslapièce.Ellenelareconnaissaitpas.Elleserappelalevampireescrocquis'étaitécrasésursonpare-brise,etlapaniquesaisitsagorgesècheetirritée.Elleessayadesesouvenirdesavoix.Ellel'entendaittrèsbiendanssatête,maiscen'étaitpaslamême.

Si?

-Quelgenredechoix?demanda-t-elle.

-Nousavonsbeaucoupdechosesànousdire.

Cen'étaitsûrementpaslevampire,etsûrementpasunevoixqu'elleconnaissait.Elleétait...rouillée...presque...vieille.Auxéchosdanslasalle,Kylieendéduisitqu'ellesetrouvaitdansuntunnel.

-Oùsuis-je?Quiêtes-vous?

Elleluiauraitbiendemandécequ'ilvoulait,maiselleavaittroppeurdelesavoir.Quandvousvousretrouviezenchaînéedansunepiècesinistre,cen'étaitsûrementpaspourvousproposerduthéetdesscones.

Leseulbruitqu'elleentendaitétaitceluidesaproprerespirationetlesoufflepluscourtdel'hommeàlavoixrouillée.Sonespritsefocalisabrusquementsurlesvisionsdefantôme,etellesedemandasiellelesavaitmalinterprétées.Kylieseferait-elletorturer?

Respirantunboncoup,elletirasurleschaînes.Elleneparvinttoujourspasàselibérer.Oùétaitpasséesaforce?

-Dequoidevons-nousparler?s'enquit-elle.

Lalumièretremblotaavecuneintensitéaveuglante.Kylieclignadenouveaudesyeux,etquandellerelevasespaupièrespourladeuxièmefois,ellelevit.Ilportaitunerobeétrange,commecelled'unmoine.Sapeauétaitridée,tannée.

Kyliefronçalessourcilsetlutsaconfigurationcérébrale.Commeellelecraignait,c'étaitunvampire.

Unvieuxvampirebizarre,commeTabitha,l'ennemiedeMiranda,l'avaitdécrit.Aufondd'elle,Kylieavaitessayédenepasl'ignorer.Elleespéraitqueceneseraitpas,enl'occurrence,l'erreurquilaperdrait.

-Vousmesurveilliez.

-Tuasdesinstinctstrèssubtils!(Ils'approcha,siprèsquec'enétaiteffrayant.Sesyeuxétaientfroidsetgris.D'ungrismortel.)Fais-tuexprèsdegardertonespritfermé?

Kyliesedemandacequ'elledevraitluidireousielledevaitmêmeluiparler.Maiss'ilcroyaitqu'ellel'empêchaitvolontairementdelalire,ilrisqueraitdesemettreencolère.Etelledevaitsesouvenirdenepasmentir.

-Jenesaispasm'ouvrir.

Lebruitdumétalquiraclaitlebétonrésonna.Kylieregardauneportequel'ontiraitderrièrelevieillard.Soncœurcessadebattre,etelleeutmalàlagorgequandellerevitlamaindunouveauvenuquibloquaitsarespiration.

-Jet'aidemandéd'attendre,leréprimandalevieux.

-Maispapy,jesuissimplementimpatientdevoirmanouvellefiancée!

Levampireescrocserapprocha.

Fiancée?Kylie,dégoûtéeparcetteidée,tirasurseschaînes.

-Va-t'enimmédiatement!grondalegrand-père.

Savoixavaitbeauêtrerouilléeetusée,sontonappelaitàl'obéissance.Uneobéissanceeffrayante.

L'escrocs'arrêtaàunecinquantainedecentimètresdeKylie.Sescheveuxauburnn'étaientpastrempésdesang,cettefois,maisellelevoyaitencoredanssatête.Àlaminuteoùellesondasesyeuxgrisetfroids,elledevinaqu'ils'agissaitdumêmevampirequeceluiquis'étaitglissédanssacabined'essayage-etquis'étaitécrasésursonpare-brise.

-Elleestsijolie!Nelaretienspastroplongtempsloindemoi.

Ildétala.Lebruitdelaporteenferquiclaquaitrésonnadanstoutelapièce.

Kylieregardalevieilhommed'unœilnoir.

-Ilaassassinédeuxjeunesfilles.

-Oui.(Ilbaissalatête,commes'ilavaithonte.)Monpetit-filsacommisdenombreuseserreurs.Maisavecletemps,ils'assagira.

-Leconseildesvampiresétaitcensé...(KylieserappelacequeDellaavaitdéclaréàleurpropos,qu'ilsétaienttousâgés...etalorsellecomprit.)Vousfaitespartieduconseil.Vousleuravezmenti.

Illevalesyeux.

-Jen'aipasmenti.J'aiditquejem'enoccuperais.Tufaispartiedemonplan.

-Ilm'akidnappée.

Lahontepousserait-ellelevieillardàlalibérer?

-Surmesordres.Raté.

Ils'approcha.Unesensationdepuissancel'accompagnait.

-Jadis,quandnosjeuneshommespassaientàl'acte,uneseulechosearrivaitàlesdompter:unefemmesuffisammentforte,suffisammentjoliepourleurdonneruneraisondes'assagir.

-Onnepeutpaslesauver.

Sespulsationss'accélérèrentalorsquelevieillardserapprochait.

-Ilestsauvage,àprésent,maistulefascines.As-tulamoindreidéedunombred'heuresqu'ilapasséesdanslesbois,prèsdetoncamp,àrisquerdesefaireprendre,pouravoirsimplementlachancedet'apercevoir

?

Kyliefrissonnadedégoût;c'étaitdoncluiquil'avaitespionnéetoutescesfois!

-J'étaiscurieuxdesavoirquiavaitvolélecœurdemonpetit-filsetjel'aisuivi.Unefoisquejet'aivue,j'aipucomprendrecequil'avaitmotivé.Tuesfascinante,eneffet.

Ilsebaissa,sonvisageàquelquescentimètresdusien.Sonsoufflevinteffleurersajoue,etpartagerlemêmeespacelamitmalàl'aise.

-Qu'es-tu,KylieGalen?Lesais-tuseulement?As-tudusangdevampire?

-C'estunassassin,etjepréféreraismourirplutôtquedelelaisserposerunseuldoigtsurmoi.

-Lamortesttoujoursuneoption.Bienquejenelarecommandepas.

Lapaniqueessayades'agripperdenouveauàlapoitrinedeKylie.

-Jet'aivueboirelesang.(Lecontactglacialsursonbrasluidonnalachairdepoule.)Maistuesencorechaude.J'aivuleloupétrangesesoumettredevanttoi,maistunet'espastransforméelejourdelapleinelune.Normalement,jerechercheraisunvampirecommepartenaire,maistu...Monpetit-filsaraison.Tuesexceptionnelle!

Kylietiradenouveausurseschaînes.

-Laissez-moipartir.

-Turecherchesunefamille,KylieGalen.Nousdevrionst'enoffrirune.Tuporterasmesarrière-petits-enfants,etavecmesgènesetlestiens,ilsserontencorepluspuissants.Ettuapprendrasàmonpetit-filsàdevenirunhomme.

-Mêmepasenrêve!ricanaKylie.

-Noussauronstepersuader.

-Jenesuispasdugenreàmelaisserfacilementconvaincre.Etsivotrepetit-filsn'estpasunhomme,c'estpeut-êtreparcequ'iln'aeupersonneàquis'identifier.

Lesyeuxduvieillardseplissèrent.

-Jetoléreraibiendeschoses,maisj'exigequetumerespectes.

-Lerespectsemérite.

C'étaitledictonpréférédesamère,etilneluiavaitjamaisparuaussivraiqu'encetinstant.Levieillardsecoualatête.

–Dansnotremonde,lerespectestgagnéparceluiquialeplusdepouvoir.Pourl'heure,machèreenfant,c'estmoiquiledétiens,intégralement.

Soudain,ildisparut.Sevolatilisa.Kylienelevitmêmepassetransformerenmasseindistincte.Qu'était-il?ElleserappelaTabitha,lasorcièrequeMirandaavaitsurpriseentraindefureterautourdubungalow,quiaffirmaitqu'ilétaitplusqu'unvampire,etKyliecraignaitquecelle-ciaitraison.

Ildétenaitpeut-êtrelepouvoir,songea-t-elle,maisellenelerespectaittoujourspas.Etjamaisdelavieellenedonneraitnaissanceàsonar-rière-petit-fils.

Elletiradenouveausurseschaînes,cherchantlaforceaveclaquelleellepourraitselibérer.Maislaforcenevintpas.Elleenvisageadehurler,maisquelquechoseenelleluiditqueceseraitlàungaspillaged'énergie.

Elleavaitbesoinderéfléchir.Elleavaitbesoindeseservirdesoncerveaupoursesortirdelà.

ElleappelaDaniel.Ilétaitauxabonnésabsents.Lesangesdelamortouceuxquisetrouvaientauxcascadesviendraient-ilsàsares-cousse?

Ellefermalesyeuxetdemandadel'aide.Supplia,même.L'idéequel'escrocpuisselatoucherlarebutaittellementquesupplierneluifaisaitpaspeur.

Toutaufonddesatête,unevoixmurmura:

-Tuaslepouvoirentoi.

–Arrête,onsecroiraitdansunvieuxStarWars!

Commeseullesilenceluirépondait,ellepoursuivit:

-Cen'estpaslemomentdeselancerdansladécouvertedesoi!

Elletiradenouveausurseschaînes,pensantquelepouvoirqu'elledétenaitétaitdeselibérer.Ellesedébattitjusqu'àcequ'ellesentequesespoignetsetseschevillesluifaisaientmal.

Ilveutquejedonnenaissanceàsesarrière-petits-enfants?Jeneseraispascontreunpetitcoupdemain!

Tâchantdenepasoublierderespirer,elleréfléchitauxpouvoirsdontparlaientlesangesdelamort.Ellecommuniquaitaveclesfantômes,ellecouraitviteet,detempsentemps,elletrouvaituneforceinconnuepourbalancerdesloups-garoussurdelonguesdistances.Etellepossédaituneouïeexceptionnelleintermittente.Ilyavaitaussil'éventualitéqu'ellesacheguérir-ellel'espérait,pourSara-,etellepouvaitentrerdanslesrêvespareffraction.

Jepratiquel'effractionderêve!N'était-cepasaussipratiquequ'untéléphoneportable?SielleparvenaitàjoindreLucas,celui-cipourraitjoindreBurnett.Etcedernierviendraitlasortirdelà.Ilmettraittoutel'équipedel'URFauxtroussesdecevieuxschnock.

Ellecomptalesmoutons.Cent,deuxcents.Lemoindrebruit-etparfoislemanquedebruit-latenaitéveillée.Sesyeuxsefatiguèrent.

Ellefinitelle-mêmeparsefatiguer.Enfin,lasensationdeflottementvinttitillersoninconscient.Puisellevola,passaentrelesnuages.Alorsellelevit.

-Tuesvenu.

Lucass'assitsurunlitgigantesque.Ilarboraitunsouriresexyetpasdechemise.Maiscen'étaitpaslemomentderemarquercegenrededé-

tail.

–L'escrocm'aattrapée.PréviensBurnett.

Kylieparlarapidement,depeurdeseréveiller.

-Quoi?

-Tum'asentendue.

-Oùes-tu?

-J'saispas.Untunnel.Ilyabeaucoupdebéton.Desportesdefer,aussi.

Illaregarda,paniqué.

-Ilfautquejesacheoùtutetrouves.

-J'étaisinconscientequandilsm'ontamenéeici.

-«Ils»?

-Legrand-pèredel'escroc.Ilfaitpartieduconseildesvampires.

Lucaspassasesmainsdanssescheveux.

-Écoute,Kylie.L'effractionderêvetepermetdevoler.Tuvasdoncrentrerdanstoncorpsenvolant,maislentement.Regardeenbas,lesgrandsbâtiments.Puisreviensmedireoùtutetrouves.Ilfautquejesacheoùtues,sinonjenepourraipast'aider.

-Etsijen'yarrivaispas?Etsijemeréveillaisetquejenepouvaispasteledire?

Lapaniqueluidonnal'impressiond'êtrelourde,etcelaseressentitdanssavoix.EllenevoulaitpasquitterLucas.Mêmesiellesavaitquec'étaitunrêve,elles'ysentaitplusensécurité.

-Tupeuxyarriver,Kylie!Vas-y!(Illachassad'ungeste.)Vas-y!

EllefitcequeLucasluidemandait.Ellesemitàvolerdansl'autresens.Tropvite.Elleseconcentrajusqu'àcequ'elletrouvecommentré-

duiresavitesse.Puiselleregardaenbas.Elleidentifiauneligned'horizon.CelledeHouston.Elledescenditencore,puisvitunbâtimentimmense,leToyotaCenter.Ellesesouvintquesonpèrel'avaitemmenéeenvilledanslestunnelsdeHouston.

Traversantletunnelenvolant,sansquelesmursl'arrêtent,Kylieneralentitpasjusqu'àcequ'ellesevoie.Soncœurbattittrèsfortcontresescôtes.Sevoireffondréesurunechaise,enchaînéecommedansunescènedefilmd'horreur,l'angoissaauplushautpoint.Elleentenditunbruit.Laporteenfers'ouvrittoutdoucement.Ellesesentitretomberdanssoncorps.

-Non!

Ilfallaitqu'elleretrouveLucas.Qu'elleluidonnedesinstructionspourvenirlachercher.

Luttantcontrelaforced'attractionpourregagnersoncorps,Kylievirevoltasurelle-mêmeetretournad'oùellevenait.Lavitessel'empê-

chaitderespirer.

Quelqu'uncriasonnom.PasLucas.Maislevieuxvampire.Lesnuagesétaientépais.Lucasnesetrouvait-ilpasjustederrièrelacouchedebrouillard?Ellesentitqu'onlatiraitenarrièred'uncoup.Elleallaitseréveiller.

-Lucas,jesuisdanslestunnelsdeHouston.SousleToyotaCenter.

M'entends-tu?

–Quefais-tu?grommelalavoixgraveetrouillée.

Kylieouvritbrusquementlesyeux.Levieuxvampirelaregardaitfixement.Ellesesouvintqu'ellenepouvaitpasmentir.

-Jerêvais.

-Quelgenrederêve?J'aisentil'énergie.

-Unrêveinquiétant.Je...j'avaisdesterreursnocturnesquandj'étaisplusjeune.

Pasdemensonge,pourlecoup.

Ilsemblaitrésignéàlacroiremaisdemeuraitsuspicieux.Avait-ildesraisonsdel'être?Lucasl'avait-ilentendue?

-J'aidevieuxamisquiaimeraientterencontrer.Pourtonbien,j'es-pèrequetutecomporterasaumieux.

-Dequis'agit-il?Etpourquoiveulent-ilsmevoir?

-Jepense,KylieGalen,quetuesencoreplusexceptionnellequetunelecrois.

–Enquoilesuis-je?

Ilneréponditpas.

-Situpeuxmepromettrequetun'essaieraspasdet'échapper,jebriseraiteschaînes.

L'idéequ'onluienlèveleslourdsbraceletsdemétalluioffraitunevisiondeparadis.Cesmots-làétaientsurleboutdesalangue,maisc'eûtétéunmensonge.

-Noussavonstouslesdeuxques'ilexistaituneéchappatoire,jesau-teraisdessus.Votreboulotconsisteàvousassurerqu'iln'yenaitpas.

Ilrit.

-J'apprécietonhonnêteté.

-Suffisammentpourm'enlevermeschaînes?

-Pasàcepoint.

Ellecroisasonregardgrisusé.

-Jenevoisaucunmoyendem'échapperdecettepièce.Àmoinsquevousnecroyiezquej'ailepouvoirdevousdoublerquandlaporteseraouverte.Etcommejenepeuxpasbriserceschaînes,êtes-vousentraindedirequevospouvoirssontplusfaiblesquecemétal?

Illascruta.

-Tuestrèsintelligente,monenfant.Dois-jecraindrequetusoisaussiruséequefutée?

-Sijel'étaisàcepoint,est-cequejeseraisici?

-Faisonsuncompromis.

Ilfermalesyeux,etlesbraceletsenmétaldisparurentautourdesbrasdeKylie,ainsiqu'unautre,àl'unedeseschevilles.Sachevilledroiteétaitdésormaisseuleattachéeàunechaînelongueetlourde.

Choquéeparsescapacités,elleleregardafixement.

–Qu'êtes-vous?

Ilsourit.

-Tuvois,jegagnedéjàtonrespect.

–Vousconfondezcuriositéetrespect,répliquaKylie.

Sesyeuxseplissèrent,maisunpetitsouriresefaufiladerrièresaco-lère.

–Qu'êtes-vous?demanda-t-elledenouveau.

Ilpliasesvieuxbrassursontorse.

-Qu'est-cequinevapas,chérie?Lespointscommunstefont-ilspeur?

Surquoi,ilsevolatilisadanslefroid.

-Qu'est-cequecelaestcensésignifier?cria-t-elle,etelleselevapourvoirjusqu'oùellepourraitalleraveclachaîneattachéeàsacheville.

Pasassezloin.

Kylietâchadeserendormir,deretrouverLucas,envain.Ellenepouvaitqu'espérerquesonmessagesoitbienpassé,qu'ilaitdéjàappeléBurnettetqu'ilssoientenroutepourlarejoindre.Combiendetempsleurfaudrait-il?

Ets'ilsnevenaientpas?Etsisonmessagenepassaitjamais?Elleessayadesedétacher,maisellen'avaitplusdeforce.Oùétaitpasséesaforce?Pourquoifaisait-ellecesalléesetvenues?

Kyliesemitàfairelescentpas,toutentraînantlachaîne.Ellenepouvaitpasatteindrelaporteépaisse,maismêmesielleyétaitarrivée,celan'auraitserviàrien.Quandlevampireavaitdisparu,lapoignéeaussi.L'ouvrireûtétéimpossible.MaisKylieessayatoutdemêmedetrouverunmoyendesortir,avecousansl'aidedeBurnett.Ellejetauncoupd'œilàlaporteetàsapoignéemanquante.Quiétait-ildonc?Etqu'avait-ilvouludirepartoutescesbêtisesde«pointscommuns»?

Lachaînecliquetadenouveausurlesolenbéton.Kyliesesouvintqu'ellen'avaitpasappelésamèreavantdepartirdechezSaraetellees-péraitdufondducœurqu'ellenesefaisaitpasdesouci.Seretournantencore,ellefitlescentpasendirectiondumur,cettefois,etfutsurprised'entendredesvoix.Levieilhommeétait-ilrevenuavecsesamis?Ellecessadebougeretécouta.

Cen'étaitpaslavoixduvieux,maiscelledel'escrocOh,super!

Avait-ill'intentiondeluirendredenouveauvisite?Soncorpssetenditetellecherchaquelquechosequipuissefaireofficed'arme.Avantdeparcourirlasalleduregard,elleentenditl'escrocplusclairement.

–Quiêtes-vousetquefaites-vousicientraindefouiner?D'oùvenaientcesvoix?

Ellehésitaetserapprochadumur.Toutàcoup,ungrandbruitré-

sonna,commesil'onavaitprojetéquelquechosedelourdàtraverslapièce.Ouquelqu'un...

Soncœurs'arrêta.Elles'approchadumur,pouressayerdepercevoirsilesvoixvenaientdederrière.Unautrecliquetis,etelleenfutpresquecertaine.

-Vousavezintérêtàmeledire!sifflal'escroc.

LapeurenvahitKylie.Aquiparlait-il?Était-ce...quelqu'unquiétaitvenulachercher?SespenséesetsoncœurallèrentversLucas.

-Détache-moietbats-toicommeunhomme!fitlavoixdeLucas,tonitruante.

LapoitrinedeKyliesegonfladeregrets.Elleétaitalléeluidemanderdel'aideet...

-Pourquoi?Tunetebattraisquecommelechienquetues!

Ungrandbruits'ensuivit,etKyliecompritqueLucasavaitreçuuncoup.

Sesmusclessetendirent.Ellesentitl'énergielatraverser.

Elleattrapalachaîned'uneseulemainetl'arrachad'uncoupaubé-

ton.Puis,setournantverslemur,ellefonçadessus,sonépauleenavant.

Justeunesecondeavantdeletoucher,elleseditquecelapourraitfairemal.

Étrangement,elleneressentitrien.Desblocsdebétontombèrentautourd'elle.Elledégagealesmorceauxdesonvisage,puis,s'apercevantqu'ellesetenaitàl'autreboutdelapièce,elleregardafixementàtraverslenuagedepoussière.Lucasétaitallongésurleflanc,toujoursenchaînéàunechaise,unpeucommeellel'avaitétéquelquesinstantsplustôt.

Ellevitsafigure,ensang,etsesyeuxétaientferméscommes'ilétaitinconscient.

Oumort.

Elleinspira,defureurabsolue,etcherchalevampireduregard.

Quandellelevit,lechocsursonvisagenelasurpritpas.Ellefonçaverslui,maisjusteavantd'avoirpuluimettrelamaindessus,ildisparut.

-Alorscommeça,tun'espassiinoffensive!

Lavoixduvieuxvampireretentitautourd'elle,bienqu'ellenepûtpaslevoir.Lemurdebétonderrièreellesereforma.

-Qu'êtes-vous?siffla-t-elle,sachantqu'aucunvampireordinairenepouvaitreconstruireunmur.

–Net'ai-jepasposélamêmequestion?demanda-t-il.

ElleseprécipitaversLucas.Unemainsursapoitrineluiindiquaqu'ilétaitencorevivant.Elleôtaseschaînesd'uncoupetselaissatomberàsescôtés,àgenoux.Legraviersurlesoldebétonluipiqualapeau.

Sesouvenantqu'elleavaitpeut-êtrelepouvoirdeguérir,elledépla-

çasesmainssurluiet,commepourSara,ellecollasespaumessursatête.

–Parle-moi,Lucas,s'ilteplaît.(Ellelerevitentraindelasauverdesgrossesbrutesetdechercherdeséléphantsdansleciel,etcesouvenirluimitleslarmesauxyeux.)Jet'enprie,guéris!

Elleessayalapenséepositive,songeantàsespaumesquicommuniquaientdelachaleuràsoncorps.Ellenesavaitpassic'étaitainsiquecelamarchait,maispourLucasetSara,ellepriapourquecesoitlecas.

Soncœurs'emplitd'espoirquandlegonflementdisparutduvisagedeLucas.

-Maintenant,parle-moi,murmura-t-elle,etellesepenchatoutdoucement.

Lesyeuxdugarçons'ouvrirentd'uncoup.Lapaniquel'envahitetilessayadeluidonneruncoupdepoing.Kylietâchadel'attraperenpleinvol,maisquelquesoitlepouvoirqu'elleavait,celui-ciavaitdisparu.Elleréussitàéviterlecoupenpleinefigure,maisils'écrasacontresonépaule.Ladouleurfutfulgurante.Lechoclaprojetaàl'autreboutdelapièce.

-Bonsang!(Ilserelevad'unbond.)Jesuisdésolé.(Ill'aidaàseredresseretlaberçatendrementcontresapoitrine.)Tuvasbien?

Kylieacquiesça.Heureusement,iln'étaitpasunvampireetnepouvaitpassavoirqu'ellementait.Sonépaulel'élançaitcommeunemauvaiseragededents.

-Couché!parvint-elleàdire.

Ils'exécuta,maissesjambessedérobèrentsousluietildutlarattraper.

-Jesuisdésolé.

Ellefixasesyeuxbleus.

-C'estbon.(Iln'avaitpasvoululuifairemal.)Jecroisqu'iln'yariendecassé.

-Tuaspujoindre...

Ellesetut,sesouvenantquelevieuxvampiredevaitprobablementécouter.

«Burnett?»

Elleavaitarticulélenomsilencieusementetlevadesyeuxinterrogateurssurlui.

Lucashochalatête,etellepriapourqu'ilaitlucorrectementsurseslèvresetquecelasignifieque

Burnettetl'URFallaientarriver.

Sonépaulel'élançait.Sesjambestremblaient.Elles'adossaaumuretselaissaglisserenpositionassisejusqu'ausolenbéton.Lucass'installaàcôtéd'elle.Ellefrissonna;ildevaitlesentir,carillapritdanssesbras.Soncorpsdiffusaitdelachaleur.Ellesecollaàluipourl'absorber.

-Tuessichaud,observa-t-elle.

–Ilétaittempsquetut'enrendescompte!lataquina-t-il.

Elleauraitvolontierssourisielleavaitencoreeudel'énergie.Endé-

pitdeladouleur,ellesesentaitensécurité.

-C'estuntrucdeloup-garou,dit-il.Notretempératurecorporelleseréchauffe.

-Quelleheureest-il?

-Minuitpassé,répondit-il.

Elleseditquesamèredevaitpaniquer.Puis,tropépuiséepourré-

fléchir,ellefermalesyeuxetseblottitencorepluscontreletorsedeLucasenveillantbienànepasbougersonépaule.Illadéplaçasursesgenoux.Sachaleurl'entourait.Ellelesentitpasserunemaindanssachevelure.

-Tuasquelquechosedanslescheveux.

-Sûrementdubéton,quandj'ai...traversélemur.

-Quelmur?demanda-t-il.

Ellesesouvintqu'ilétaitinconscient,àcemoment-là.Savait-ilmêmequ'ellel'avaitguéri?

-Celui-là.(Elleledésignad'unsignedetête.)Maisill'areconstruit.

-Jecroisquejet'aifrappéeplusfortquejenelepensais!

Ellen'avaitpaslaforcedelecontredire.

-Sifatiguée...

-Repose-toi.(Illarapprochaencoredelui.)Bientôt...murmura-t-il.

Insinuait-ilqueceseraitbientôtterminé?Commeellel'espérait!

-Kylie,c'estl'heure.

LesparolesdeLucaslaréveillèrentunpeuplustard,Ellesentitqu'ilselevaitd'unbondenlaportantdanssesbras,etellefutimmédiatementsurlequi-vive.Desbruitsprovenaientdel'autrecôtédumur,

et,enunpetitbond,ilavaitgagnélefonddelapièce,loinduvacarme.Avantqu'ellenepuisseinsisterpourqu'illarepose,lemurdedevants'écroula,etBurnett,accompagnédesmembresdel'URF,sefrayauncheminsouslebétonquitombaitencascade.

Burnettseprécipita.

-Ellevabien?

-Çava,dit-elle,gênéequeLucaslaportecommeuneenfant.Repose-moi.

-Sonépaule,expliquacelui-ci.Jecroisqu'elleestcassée.Mafaute.

C'étaitun...accident.

-Jevaisbien.

Elleentrepritdelabougerpourluimontrerqu'elledisaitlavérité,maisellegrimaça.

-Ilssontici!hurlaquelqu'un,enbasducouloir.

Lucas,Burnettetlesautrestraversèrentlesdécombresquiavaientautrefoisfaitofficedemurs.Kylierestaseuledanslenuagedepoussièrequeleurdépartprécipitéavaitproduit.Lebruitd'hommesquisebattaientauloinatteignitsesoreilles.Sesentantinutile,elledécidadelessuivre,espérantquesaforcereviendrait,maisellen'avaitpasfaitunpasqu'ellesentitlecourantd'airlacroiseràtouteallure.

Lejeunevampireescrocauxyeuxfouss'arrêtaàcôtéd'elle,etavantqueKylienepuissefaireautrechosequehurler,illatenaitdanssesbras.

Oubliantsonépaule,ellesedébattit.Ladouleurexplosadanssonbras,maisellecontinuaàsebattre.Or,l'étreinteduvampireétaitpuissante,etl'adolescente,àboutdeforces.

–Non!

LegrondementgravedelavoixdeLucasemplitsesoreilles.

-Repose-la!exigea-t-il.

-Elleestàmoi!sifflalevampire.

-Ilfaudrametuerd'abord!rugitLucas,etsesyeuxs'assombrirentpourseteinterd'orangefoncé.

-Avecgrandplaisir,rugitlevampireenretour,dontlesyeuxgrisétincelaientàprésentderouge.

Saisissantsachance,Kylieenfonçasapaumedanslagorgedel'escroc.Elletombaenarrière,etàpeineavait-elletouchélesolqu'ellevitLucasattaquer.Lebruitdepoingsquibroyaientdesosemplitlapièce.

Horrifiée,elleregardasonami,projetéàl'autreboutdelasalle.Ellesentitsapropreforcerevenir,

maisavantqu'ellenesesoitrelevée,Lucasétaitderetourettenaitlevampireparlagorge.LesonquiensortaitnelaissapaslemoindredouteàKylie:Lucasbouchaitsesvoiesrespira-toires.

-Lâche-le!(Lavoixduvieillardemplitlapièceetalourditl'atmosphère.)Lâche-le,sinonellemeurt.

SiKylienevitpersonne,ellesentitunemainserefermersursagorge.Ellegriffalaforceinvisiblequil'étranglaitetessayadefaireentrerdel'airdanssespoumons.Envain.

EllevitleregarddeLucasseposerbrusquementsurelle.Desétincellessombressemirentàobscurcirsavision,etjusteavantquetoutnedeviennenoir,ellevitLucasrelâcherlevampire,quidisparutensuite.

Pasdevent,pasd'air.Manifestement,lamagieduvieilhommel'avaitemporté.

Tentanttoujoursd'inspirer,elles'écroula,àgenoux.Lucasl'aidaàserelever.

Burnettapparutbrusquementàleurscôtés.

-Ilestrevenulachercher,expliquaLucas.

-Nousdevonsl'emmener,annonçaBurnett,etilpritKyliedanssesbras.

–Jelesaccompagne,décidaLucasenmontrantlesautresmembresdel'URF.

-Non!ditKylie.

Maisellenesetrouvaitdéjàplusdanslapièce.

Leventcinglaitsafiguresifortqu'elleneparvenaitpasàrespirer.

BurnettlaredressaetenfouitlevisagedeKyliedanssapoitrine,unepoitrineloind'êtreaussichaudeourassurantequecellecontrelaquelleellevenaitjustedes'assoupir...

QuandBurnetts'arrêtadevantunimmeubleàunétage.Kylielevalatête.

–Oùsommes-nous?

Ellesetouchalecou.

-Uneclinique,répondit-il,etildéplaçasamainpourvérifiersoncou.

-Jevaisbien,reposez-moi.

-Pasencore.Tuvaspeut-êtrebien,maisHolidaymetueraitsijenedemandaispasàunmédecindet'examiner.

EllerepensaàLucas.

-VousauriezdûempêcherLucasdecouriraprèslesvampiresescrocs...

-Jen'auraispaspu.Lesloups-garoussontbeaucouptroptêtus.

MaisLucasestassezgrandpourprendresoindelui.

–Ils'estfaitcapturer.

-Justepourvenirtechercher.

Cetteprisedeconscienceluitorditleventre.

-Ilauraitpusefairetuer.

-Non.

Leslumièress'allumèrentdansl'immeubleetBurnettentra.

Kylielutlapancartesurlaportequandillaportaàl'intérieur:PROTÉGEZVOSANIMAUXDOMESTIQUESDESVERSDUCŒUR.

-Attendez,vousm'amenezchezunvétérinaire?

Ellepassaenrevuelepetitbureauauxmursornésdephotosd'animauxetremarqual'odeur.

–Unvétoetmédecinsurnaturel,dit-il.

Unhommesortitd'uneporteaufond.

-Parici,lança-t-il.

BurnettlaprésentaaudocteurWhitmanquandilluifitpasserlaportedanssesbras.Ungroschatrouquinlessuivit.DèsqueBurnettdé-

posaKyliesurunetabled'examen,lematousautaàcôtéd'elle.

-Jevaisbien,dit-elleàBurnettetaumédecin.

–Sonépaule,expliquaBurnett.Etsoncou.

Lorsquelemédecintouchal'épauledelajeunefille,elletressaillit.

-Cen'estqu'unbleu.(EllereposalesyeuxsurBurnett.)Jedoisretournerchezmamère.Elledoitdéjàêtreaupostedepolice.

Burnettdécrochaletéléphoneetserenditàl'autreboutdelasalle.

LedocteurWhitmanbougeal'épauledeKylieetl'examina.Kyliegrimaçaunpeu,maissonépaulen'étaitpascassée.Lessourcilsdumédecins'agitèrentquandilfixasonfront.

-Qu'êtes-vous?

-Sijelesavais!dit-elle,etelleregardalaconfigurationdesoncerveau.

IlétaitenpartieFae.LechatpassasurKyliepourallersefrotteraumédecin.Elleavaitlesentimentqu'ilcommuniquaitaveclesanimaux,luiaussi-commeDerek.Cettepenséeluirappelacombienilluimanquait,maisellelachassa.

-Bon,lajeunefillearaison.Sonépaulen'estpascassé,déclaraledocteurWhitmanquandBurnettvintlesrejoindre.

-Jevousl'avaisdit,lâchaKylie.Maintenant,pourriez-vousmedé-

poserchezmamère,s'ilvousplaît?

–Merci,ditBurnettaudocteurWhitman,etilluifitsignedesortirdelapièce.

Unefoisqu'ilsfurentseuls,BurnettseretournaversKylie.

-Jevaisteraccompagner.Maisd'abord,jedoissavoircequis'estpassécesoir.

Kylieluiracontatoutcedontellesesouvenaitàpartirdumomentoùlevampireescrocavaitatterrisursavoiture,jusqu'aumomentoùBurnettavaitsurgiàtraverslesmursdebéton.Ellel'informaquel'escrocquiavaittuélesfillesàFallenétaitlepetit-filsdel'undesmembresduconseildesvampires,etquec'étaienteuxquiavaientespionnélecamppendanttoutl'été.

Lerécitdelajeunefillefitétincelerdefureurlesyeuxduvampire.

-Pourquoisouhaite-t-ilquej'épousesonpetit-fils?demanda-t-ellequandelleeutterminé.

Burnetthaussalesépaules.

-Danslepassé,c'étaientnosgrands-parentsquichoisissaientnospartenaires.

-Mêmesilepartenairen'étaitpasd'accord?

-J'aibienpeurqueoui.(L'expressiondeBurnetts'emplitderemords.)Tuavaisraison,Kylie.C'étaittoiquil'intéressais.J'auraisdût'écouter.Jenereferaipaslamêmeerreur.

Ellehochalatête,devinantquecedevaitêtredurpourluidereconnaîtrequ'ils'étaittrompé.

-Levieuxestbizarre.Laconfigurationdesoncerveauindiquequec'estunvampire,maisilestplusquecela.

-Jeconnaisl'hommedonttuparles.Jel'airencontréaucoursdemesvisitesauconseil.C'estunvampire,maistuasraison,ilestétrange.

-C'estplusqu'unvampire,ditKylie.Ilareconstruitlemuraprèsquejel'aidétruit.

-Peut-êtrea-t-ilobtenudel'aidedequelqu'unquiad'autrespouvoirs...

–Jepensequec'estplusquecela.

-Probablement,répliqua-t-il,maisKyliedevinaqu'iln'étaitpasd'accord.OK,jeteraccompagne.Etjevaisfairesurveillertamaisonpourquetusoisensécurité.

Illarepritdanssesbras.

-Attendez.

Cettefois,ellesutcommentenfouirsatêtedanssapoitrine.

Quelquessecondesplustard,Burnettlareposadevantchezelle.

-Quevais-jeluidire?demanda-t-elle.

-Aucuneidée.Lesparents,çan'ajamaisétémontruc.Maissoiscréative!

-Vousnem'aidezpasbeaucoup.(Ellesemorditlalèvre.)Oh,mince!Mavoiture!

-Nousl'avonstrouvéeentecherchant.Quelqu'unferaremplacerlavitre,ettularécupérerasavantl'aube.

–Merci.

Ilopina.

-Jesuiscontentquetuaillesbien,Kylie.Nousreparleronsdetoutcelademainsoir,quandtuserasderetouraucamp.EtappelleHolidaydèsquetupeux.Ellenedormirapastantqu'ellenet'aurapasparlé.

Kyliel'étreignit.Visiblement,cettedémonstrationd'affectionlesurprit.

-Merci,dit-elle.

-Avecplaisir,répondit-il.

Al'évidence,laconversationlegênaitautantquel'étreinte.

Ellepassal'obscuritéenrevue.Lesilenceneluifaisaitpaspeur,parcequ'ellesavaitqueBurnettenétaitàl'origine.

-J'aimisdeuxhommesenfactiondevantlamaison,expliqua-t-il,commes'ilavaitmalinterprétésonexpression.

-Jevouscrois.

Elleleregardapartir.Puiselleserenditàlaporte.Quandelles'aperçutqu'ellen'avaitpaslesclés,elletrouvacellesquesamèrecachaitàl'intérieurdelafaussecrottedechienderrièrelesazalées.

Apeineeut-elleouvertquesamèreluisautadessusetlapritdanssesbras.

-Oh,monDieu!J'allaisprévenirlapolice!Oùétais-tupassée,jeunefille?

Samèrel'étreignitsifortqu'elleluifitmalàl'épaule.

Elles'écartaetessayadedissimulerladouleurdanssavoix:

-J'aioubliéd'appeler.J'étaistellementbouleverséeàcausedeSaraquej'avaisjustebesoinderéfléchir.

Deslarmesenvahirentlesyeuxdesamère.

-Oh,bébé!Jesuisvraimentdésolée.Ilyaeuunecoupuredecourant,jemesuisendormiesurlecanapéent'attendant,etjemesuisré-

veilléeilyaunquartd'heure.Quandjemesuisrenducomptequetun'étaispasrentrée,j'aiappeléchezSara.Samèrem'aditquetuétaispartie,maisellenesavaitpasàquelleheure.

Heureusement,lamèredeSaraétaitdéjàcouchéelorsqueKylieétaitpartie.

-Jevaisbien.

–Jen'aipasentendutavoiture.

Réfléchis,etvite!

-Jel'aigaréedanslarue.

ElleespéraitqueBurnettavaitraisonetquelevéhiculeseraitderetouràl'aube.Kyliefeignitdebâiller.

-Tusais,maman,jeneseraispascontrepiquerunpetitsomme.

EllevoulaitallerappelerHolidaydanssachambre.Maiselledevraitseservirdutéléphonedelamaison,carsonportablesetrouvaitdanslavoiture.

-D'accord,maisnousparleronsdeSarademain.

Ouais,songeaKylie.

EllesdevaientaussiévoquersarentréeàShadowFallsàl'automne.

Maiselledécidadepenseràcelaplustard,aussi.ElleseruadanssachambreoùellecomposalenumérodeHoliday.

-As-tueudesnouvellesdeLucas?demanda-t-ellequandladirectricerépondit.

-Oui.Ilvabien.Mais...auxdernièresnouvelles,lesresponsablesdetonenlèvementn'ontpasétécapturés.Burnetttefaitsurveiller,net'inquiètepas.

-Jesais.

-Tuvasbien?Siseulementjepouvaistetoucherpourtecalmer!

-Oui,mentit-elle.

-Situfermeslesyeuxetimagineslescascades,celatepermettradechasserlapanique.

-D'accord,réponditKylie,etcettefois,elledisaitlavérité.

Ledimanchematin,letéléphoneréveillaKylievers10heures.Elles'assit,attrapalecombinéetregardaautourd'elle,dansl'espoirdetrouverlefantôme.Aprèsavoirpasséplusd'unmoisàlevoirdèsl'aube,illuimanquaitunpeu!

Endécrochant,ellesesouvintdesaconversationavecHolidaylanuitpassée.Celaavaitmarché:imaginerleschutesd'eauavaitatténuésapanique.

-Allô?répondit-elle.

-Tuvasbien?

LesvoixdeMirandaetDellaexplosèrentenmêmetempsauboutdufil:

-Oui.(Kyliereposasatêtesurl'oreiller.)Commentl'avez-voussu?

-Commetun'aspasdécrochédetoutelasoirée,j'aiappeléHoliday,expliquaDella.Vas-y,raconte!

Kylieleurdonnalaversioncourteetleurpromittouslesdétailsglauquespourplustard.Puisellelesinterrogeasurleurweek-end.

Mirandaseplaignit,maisfinitparleuravouerqu'elleétaitarrivéedeuxièmeauconcours.

-EtcettegarcedeTabitha,quatrième!annonça-t-elletoutefière.

–Ettoi,Della,commentvas-tu?demandaKylie.

-Çavousditquoi,ça?

Lebruitd'unechassed'eauenvahitlaligne.

-Dégueulasse!lançaMiranda.

-Jecroisquemesparentssontchoquésquejen'aiepasencoreététestéepositiveàleurstests!

Ellesbavardèrentquelquesminutes,puissedirentaurevoir.Sesouvenantdelavoiture,Kylieselevanonsansmaletregardaparlafenêtre.

Burnettavaittenuparole.Lavoiture,flambantneuve,étaitgaréedanslaruedevantlamaison.

Siseulementtoutlerestedanssaviepouvaits'arrangeraussifacilement...

-Tuesréveillée,constatasamèrequandKyliesortitdelachambrequelquesminutesplustard.(Une

servietteétaitenrouléeautourdesatêteetelleportaitunpeignoir,commesiellesortaitdeladouche.)Uneminute,jevaisnouspréparerlepetitdéjeuner.

Unedemi-heureplustard,Kyliemangeaitdespancakesetdesœufsavecsamère.Ellesdiscutèrentd'untasdechoses,maissurtoutdeSara.

LamèredeKylieluiracontaquecelledeSaraavaitappelépours'assurerqu'elleétaitbienrentrée.

Puiselleramassasonassiette,qu'ellealladéposerdansl'évier.

-LamèredeSaram'aapprisqu'ellesesentaitbienaujourd'hui.Elleestcenséevoirlemédecindemainpourparlerdesesoptions.Naturelle-ment,j'espèrequeçavamarcher.

Kylieselevapourl'aideràdébarrasser.

–Ellen'apasbesoind'options,murmuraunevoixderrièreKylie.Tuasréussi.

Latempératuredanslapiècebaissadesixdegrés.

–Jetejure,laclimatisationdébloquedepuisunmois!

Samèrefrissonnaetallavérifierlethermostat.

KyliesedemandasilaclimatisationétaitvraimentHSousiDanielétaitàl'originedufroid.

Elleseretournaetvitlamorte.Elleparaissaitjeuneetenpleinesanté.

Magnifique!Kylieseditque,àtrenteans,Saraseraitsacopieconforme.

-Merci.Jesavaisquetuyarriverais.

-Tun'aspasbesoindemeremercier,c'estmonamie.

-Tuasditquelquechose?

Samèresetenaitsurlepasdelaportedelacuisine.

Lefantômesouritetdisparut.

-Ouais,réponditKylie.J'aiditqu'ilfallaitquel'onparledel'école.

Ellepritsamèredanssesbras.Sonépauleneluifaisaitpresqueplusmal.Quandellesedétacha,elledébitasondiscoursàtouteallureavantdeperdrecourage:

-Jesaisquec'estdurpourtoi.Jesaisquetum'aimes.Maisj'enaibesoin.Maintenant.

Samèreluitouchalevisage.Puisdeslarmesemplirentsesyeux.

Elleprituneprofondeinspiration.

-Bébé,jesuisdésolée,maisjenepeuxpastelaisserpartir.

LecœurdeKylieseserra.

Lapièceredevintfroide.Danielapparut.Ilsouriait.

-Rappelle-lui...commença-t-il,maisavantqu'ilnepuissefinirsaphrase,ildisparut.

Kyliecompritcequ'ilavaitvouludire.

-Maman,dit-elle,tutesouvienslorsquetum'asaffirméquequandtuavaisrencontréDaniel,tusavaisqu'ilétaitfaitpourtoi?

Samèreeutl'airchoquéqueKyliemêlesonpèreaudébat.

-Oui,mais...

-Cetteécole,c'estmonDaniel,maman.Jesaisqu'elleestfaitepourmoi.Jelesaisaufonddemoncœur.S'ilteplaît,nemel'enlèvepas.Nemel'enlèvepas,commeont'aenlevéDaniel.

–Jenepeuxmêmepast'accompagneràl'intérieur?demandasamèreaprèss'êtregaréesurleparkingdeShadowFallsplustardcetaprès-midi-là.

-Cen'estpaslejourdesvisites,réponditKylie,etelleregardaàpeinelenouvelespritqu'ellesavaientprisenstopquandellesétaientpasséesdevantlecimetièredeFallen.

Brune,elleportaitunerobed'intérieurrosepelucheuseetsemblaitavoirunepetitetrentained'années.Elleétaitaussicomplètementpaumée,etnecessaitdefixerKylieetdeluidemanderoùelleétait.Kylieavaitessayédeluiparlermentalement,maislafemmen'entendaitpas.

Deplus,lamèredeKylieavaitgâchétoutletrajetenracontantquelaclimatisationdelavoituredevaitêtrefichue,elleaussi.

Kylieserrasamèredanssesbras.

-Merci,luidit-elle.

Lamortdansl'âme,samèreavaitacceptédesignerlespapiersd'inscriptionaupensionnatdeShadowFallscetautomne.

Dansunsoupir,ellesereculaetposalamainsurlajouedeKylie.

–Maisçanemeréjouitpaspourautant.

-Jesais.

-N'oubliepaslesconditions.

Kylien'avaitpasl'intentiondesedisputer,maislesmotsluiéchappèrent:

-Jenecomprendspas.Turefusesdeluipardonner,tuneveuxmêmepaslevoir,maistumedemandesdel'appelerdeuxfoisparsemaine!

-C'esttonpère.

–C'estDaniel,monpère.

Samèregrimaça.

-Oui,maisTomt'aimecommesafille.

-Jesais,etjecomptebienluipardonner,mais...celafaittoutdemêmemal.Etlorsqu'ilaessayédeseservirdemoipourterécupérer,ehbien...

–Jesais.Ilaeutort.Iln'estpasparfait.Moinonplus.

-Jesuisdésoléed'avoirprovoquéundramequandilestvenu.

Kylielafixadanslesyeux.

-Tul'aimesencore?

-Jenesaispas.Unefoisqueçacesseradefaireaussimal,j'auraipeut-êtrelaréponse.

Elless'étreignirentdenouveauet,quelquesminutesplustard,Kylieregardasamères'éloigner.L'esprit,quiavaitdécidédenepluslâcherlajeunefille,setenaitàprésentàcôtéd'elle.Ilouvritsarobed'intérieuretcontemplaungrostroubéantdanssonventre.PourquoiKylienepouvait-ellepassefairepoursuivreparunfantômemortpaisiblementdanssonsommeil?

-Quem'est-ilarrivé?demanda-t-il.

-Jenesaispas.

Kylieregardal'espritdisparaître.Maiselleavaitlesentimentqu'ilreviendrait.Etilcomptaitsurellepourl'aideràtrouverdesréponses,cequi,ensoi,lafrustraitinfiniment.Commentpourrait-ellerésoudrelesproblèmesdelamortealorsqu'elleneparvenaitpasàdémêlerlessiens?

Elleconsultasontéléphonepourvérifiersiledétectivel'avaitrappeléesuiteaucoupdefilqu'elleluiavaitpasséaprèsavoirrécupérésonportabledanssavoiture.Ilavaitenvoyéuntextoluiannonçantqu'ilavaitdesnouvelles,maissansfairelamoindreallusionàleurnature.

LorsqueKyliearrivaauportail,lesentimentd'êtreenfinchezelleemballasoncœur.Elleétaitvraimentàsaplaceici.HolidayetBurnettl'attendaient.

Holiday,attendrissante,laserradanssesbras.Burnettpritsavaliseetluifitsignedelesuivre.

Quandilspassèrentdevantleréfectoire,Kylieconstataqued'autrescampeursétaienteuxaussirevenusplustôt.

Holidayl'avaitappeléepourluidemanderderentreruneheureenavancepourdiscuter.Toustroisallèrentdanslebureau,etKyliefutstupéfaitedetrouverLucasderrièrelaporte.

Sesyeuxbleuscroisèrentlessiens.

-Tonépaule,çava?

Kylieeutlesentimentqu'ilvoulaitlatoucher,maisilattendaitqu'ellefasselepremierpas.Bienquetentéedeleprendredanssesbras,ellenetrouvaitpascelatotalementlégitime.Laveilleausoir,c'étaittoutàfaitnormal,maisàprésent,elleendoutait.

-Justeunepetiteplaie.Merci.

-Sijamaistuluirefaisdumal,accidentellementounon,jedevraitepoursuivreavecunefourche!lançaHoliday.

Aladuretédanssesyeux,Kyliecompritqueladirectriceneplaisantaitqu'àmoitié.

-Cen'étaitpassafaute.

KylieserapprochadeLucas,etc'étaitmanifestementlesignequ'ilattendait.Iltenditsamainetluitouchalepoignet.Unsimpleeffleurement,maisquidiffusaunedoucechaleurenelle.

-Si,rétorquaLucas.(Ilcroisasonregard.Laculpabilitérésonnaitdanssavoix.)Ilfautquej'apprenne

àréfléchirdavantageavantdedonneruncoupdepoing.

IlregardaBurnett,etKylieeutlesentimentqueHolidayn'étaitpaslaseuleàavoirpasséunsavonàLucas.

Lentement,lamaindugarçonseglissadanslasienneetillaserraaffectueusement.L'ambivalencerebonditdansleventredeKylie.Ellenesavaitpassielleétaitprêteàenvisagerlesconséquencesdecegeste,maisellen'avaitpasnonplusl'intentiondelerepousser.Ilavaitrisquésaviepoursauverlasienne.Sesouvenantqu'elledevraitseconcentrersurautrechosequeLucas,elleregardaBurnett.

-Unechancedelesretrouver?

-Non.

Sesyeuxétincelaientdecolère.

-Maisnouslestrouverons,direntBurnettetLucasenmêmetemps.

-Lesautresmembresduconseildesvampiresontétéinformésdesévénements.J'imaginequ'ilyauradesconséquences.

Auboutdequelquesminutes,Lucasfutpriédes'enaller,puisBurnettetHolidayentraînèrentKyliedanslebureaudeladirectrice.BurnettfitraconteràKylietroisouquatrefoiscequis'étaitpassé.Sic'étaitàpeuprèsaussifacilequed'avalerdespierres,Kylieneseplaignittoutefoispasdel'exercice.LesyeuxdeHolidayseremplirentd'orgueilquandlajeunefilleleurconfiaqu'elleavaitguériLucasetpeut-êtreSara.

Enfin,laquestionquicouvaitdepuisunmomentfitirruption:

-Cequejenecomprendspas,c'estpourquoijen'aipaspumeservirdecetteforcepourmesauver.

Holidayhoquetacommesiellevenaitbrusquementdecomprendre.

-Tuesuneprotectrice!J'auraisdûledevineraprèsl'incidentavecSelynn!Quandnousétionsaulac,tun'asprisdelaforcequelorsquetuascruquetamèreétaitendanger.CelaexpliqueaussipourquoiDaniel,tonvraipère,n'apasétéenmesuredes'enfuirlejourdesamort.

-Est-ceque...celateditcequejesuis?Cequ'ilétait?

-J'aibienpeurquenon,mais...(LeregarddeHolidayseposasurBurnettquisemblaitaussisurprisetstupéfait.)Êtreuneprotectrice,c'esttrèsrare,etcelan'estaccordéqu'auxplusdoués.

-Extrêmementdoués,repritBurnett,l'airlégèrementintimidé.Jen'enairencontréqu'unautredansmavie.

Uneprotectrice?Kylieignoraitcequecelasignifiait.

-Jepossèdedoncd'autresdonsenplusdeceuxquej'aiactuellement

?

-Probablement.(Holidaysourit.)Jesavaisquetuétaisexceptionnelle,Kylie.Jel'aidevinéàlaminuteoùjet'aivue!

–Parmicesdons,jenepourraispasavoirceluiquiconsisteàtrouvercequejesuis?

Lafrustrationcoloraitsavoix.

Aprèsuneminuteàrépéterlamêmerengaine-celafiniraitbienpararriver,ilfallaitqu'ellesoitpatiente,quecesoitsaquête...bla...bla...

bla...-,Burnettseremitàluiposerdesquestions:

-Marioa-t-ilditquiétaientlescopainsqu'ilvoulaitteprésenter?

-Mario?ditKylie.

-MarioEsparza,c'estlenomduvieuxvampire.

Ellefermalesyeux,ignorantsicelaluifaisaitplaisirdeconnaîtresonidentité.

-Non.(Ellefrissonna,imaginantlegenred'amisqu'ildevaitavoir.)D'aprèsvous,àquoisongeait-ilquandilévoquaitnosprétenduspointscommuns?Pense-t-ilquejesuiscommelui?Pourrait-ilêtreunprotecteurou...

-Jenesaispascequ'ilvoulaitdire,réponditBurnett.Maisjenecroispasqu'ilsoitunprotecteur.

-Tun'espascommelui,Kylie,insistaHoliday.Iln'estpasnéàmi-nuit.

–Alorsilestmauvais?demandaKylie.

BurnettregardaHoliday,commes'ilnesavaitpasquoirépondre.

D'unhochementdetête,celle-ciluidonnasonfeuvert.

-Oui,ilestmauvais.C'estlabêtenoiredel'URFdepuisdesannées.

Nousavonsessayédel'évincerduconseil,maisnousn'avonsjamaistrouvéassezdepreuves.

Kylierespiraprofondément.

–Croyez-vousqu'ilviendradenouveaumechercher?

Unefoisdeplus,Burnettjetauncoupd'oeilàHolidayavantdepoursuivre.

-J'aimeraispouvoirtedirequejepensequec'estterminé.Maisiln'aimepasperdre.Toutefois,jetegarantispersonnellementqu'ilnega-gnerapascettebataille.Jel'arrêterai,quelqu'ensoitleprix.

HolidayserraaffectueusementlamaindeKylie.

-Finissons-en,dit-elleàBurnett.Laplupartdescampeursnousattendentauréfectoire.

Iln'eutpasl'airheureux.

-D'accord,maisj'auraipeut-êtredesquestionsàteposerplustard.

Kylieopina.Toustroisselevèrent.Burnettsortitlepremier.

-Burnett?ditHoliday,lavoixpleined'incertitude.

Ilseretournaet,l'espaced'uninstant,sonexpressionfutcelled'unchiotquirecherchaitl'affectionetl'acceptation.

KylieregardaHolidaysortirunpapierdutiroirdesonbureau.

-Tudevraispeut-êtreleprendre.Lis-leattentivementavantdesigner.

–Qu'est-cequec'est?demanda-t-il.

Holidayhésita.

-Delapaperasse.JecroyaisquetuvoulaisinvestirdansShadowFalls.

Iljetauncoupd'œilaupapier,puisàlajeunefemme.

–Alorscommeça,tun'aspasputrouverd'investisseur?

Ellearqualesourcildroit.

-Jesupposequel'écolen'estpasconsidéréecommelemeilleurdesplacements!

KyliedutréprimerunsourireenreconnaissantlaméthodedeHolidaypouréviterunmensongedanslebutdecacherunevérité.EllenetenaitpasàcequeBurnettsachequ'elleavaitreçuuneautreproposition,etKyliesavaitégalementpourquoi.Admettrequ'ellel'avaitchoisiparmilesautresrevenaitàavouerqu'ellenevoulaitpasleperdre.

-J'insisteraipouravoirdavantagemonmotàdiresurlagestiondeschosesici,l'avertitBurnett.

-Etjesuissûrequejetebattraisurpresquetout!répliquaHoliday.

Unlégersourireeffleuraseslèvres.

-Exact.

Holidayacquiesça.

–Tutrouveraslalistedelaplupartdemesconditions.

BurnettallasignerlepapiersurlebureaudeHoliday.

-Tunecroispasqu'ilauraitfallulelired'abord?demanda-t-elle.

-Disonssimplementquej'aihâtedemebattrecontretoi.

Illuiremitlepapieretsortit,laissantunedoucetensionàsaplace.

Kylieattenditd'êtresûrequeBurnettnepuisseplusl'entendreavecsonouïesupersonique.

–Jesaisquetuavaisunautreinvestisseurenlice.

Holidayrouladesyeux.

–Ettusaisaussiquetun'enparleraspas,d'accord?

Kyliesefenditd'ungrandsourire.

-Tunevoulaispasleperdre,Holiday.

-Ilmeplaîtdeplusenplus,avoua-t-elle.Maisçaneveutpasdire...

–Biensûr!s'exclamaKylieenriant.

Holidayfronçalessourcils.

-JepariequeDellaetMirandat'attendent!

Kyliel'étreignitavantdepartir.Quandellesortitdubureau,elleregardaendirectionduréfectoireet,soudain,ellenefutplusaussicertained'êtreprêteàaffrontertoutlemonde.Ils'étaitpassétantdechoses,etellen'avaitmêmepaseuletempsdes'yhabituer.Àcetinstant,ellesentitunemainseglisserdanslasienne.

Ellesursautaetvouluts'endébarrasser,maiselles'immobilisaenreconnaissantlachaleurdelapaume.

-Salut,ditLucas,etillatiradoucement.Allonsnouspromener.

Ellelelaissalaconduirederrièrelebungalowquiabritaitlebureau.

Àlaminuteoùilspénétrèrentdanslecointranquillesouslesarbres,ils'arrêtaetseretournaverselle.

–Jesuisvraimentdésolédet'avoirfaitdumal,dit-il.

Ilresserrasonétreintesursamain.Kyliesecoualatête.

-Tunel'aspasfaitexprès.

-Maisquandmême!(Ill'attiraverslui.)Burnettaaffirméque...tum'avaisguéri.

-Oui,reconnut-elle,ensentantlachaleurdesapoitrine,mêmesiellen'étaitpastoutcontrelui.

ElleinspiraetserenditcomptequeLucassentaitlebois.L'odeurdesarbresetdelaterrehumideluicollaitàlapeau.

-Siçasetrouve,tum'assauvélavie.

-Oui,maisàlabase,situt'esfaitblesser,c'estàcausedemoi.

-Peuimporte.(Illagratifiad'unsourireespiègle.)Tuconnaislavieillelégendevampiriquequiaffirmequesiquelqu'untesauvelavie,tudoisresteravecluipourtoujours?

Ellelevalesyeuxsurlui.

-Tun'espasunvampire.

Ilsebaissa.

Seslèvresétaientsiprèsdessiennesqu'elleauraitpresquepuygoû-

ter.

-Etpourlapremièrefoisdemavie,jeleregrette.(Ilinspira.)Maiscommejen'ensuispasun,jepensequelemoinsquejepuissefaire,c'estt'embrasserpourteremercier.

-Lemoinsquetupuissesfaire,dit-elle,etseslèvrestouchèrentlessiennes.

Cebaisernefutpasfranchementsexycommelebaiserqu'ilsavaientéchangéauxcascadesoudanslesrêves,maisiln'enétaitpasmoinsexceptionnel.EtKylieavaitdumalàvouloirymettrefin.Maiselleparvintàreculer.C'étaitjuste...troprapide.Maisplustard,peut-être...oui,peut-être.

-Nous...devrionsrejoindrelesautres.

-Oui.

Ilsmarchèrentensilence,etLucasneluilâchapaslamainjusqu'àcequ'ilsentrentdansleréfectoire.

Kyliefutpresquesubmergéepartoussesamisquivoulaients'assurerqu'elleallaitbien.Elleignoraitquiavaitracontécequiluiétaitarrivé,maisilétaitévidentquetoutlemondeétaitaucourant.

Della,Miranda,Perry,HelenetJonathonserassemblèrentautourd'elle.Lucasrestaenretrait,commes'illuilaissaitsaplace.Maisilcroi-saitsonregardtouteslesdeuxminutes.Unefois,elleluifitmêmesigned'approcher,maisilsecoualatête,commes'ilsavaitqu'ellen'étaitpassûredevouloirl'inviter.Oupeut-êtreétait-ceparcequ'ilétaitunloup-garouetquesonespècenesemêlaitpasauxautres.Quoiqu'ilensoit,Kylieavaitl'étrangeintuitionqu'illaprotégeait.Elleserappelaitqu'ill'avaitdéfenduecontrelesgrossesbrutesquandelleavaitsixans,etunefoisdepluselleressentitcelienquilesunissait.Aprésent,Kylieavaitjustebesoindedécouvrirlasignificationexactedecetattachement.

Uneheureplustard,lesmeilleursamisdeKylieracontaientencoreleurweek-endchezeuxautourd'unepizza.

-Oh!ditMiranda,desavoixhabituellementénergique.Jecroisquej'aicompriscequej'aifaitfoireravecSocks!Jevaisfairerevenirtonchatcommeavantenmoinsdedeux!

-Alors,Miranda,tonconcourss'estbienpassé?

Perry,l'airnerveux,avaitspontanémentlâchélaquestion.C'étaitlapremièrefoisqu'illuiadressaitlaparoledepuissonaffrontementavecKevin.Kyliesavaitquec'étaitsafaçondeluiannoncerqu'ilvoulaitrepartirdezéroavecelle,etellel'auraitvolontiersserrédanssesbrassiellen'avaitpaseupeurqueMirandanelafassedisparaîtreavecsonpetitdoigtprimé.

-Trèsbien,répondit-elle,sansqueKylieréussisseàdéchiffrersonexpression.

-Pourquoivousnevousfaitespasdebisoupourvousréconcilier,vousdeux?s'enquitDella.Etensuite,vouspourrezallervousroulerunepelleailleurs,entêteàtête!

MirandaregardaDellaenfronçantlessourcils,cequiannonçaitàcoupsûrunedispute.LesyeuxdePerrys'assombrirentquandilfixaDella,etilpartit,l'airlégèrementexclu.Kyliesecaladanssonsiègeetsedemandasicelachangeraitunjour.

Mais...certaineschosesavaientdéjàchangé,non?Ellesesurpritàchercherunautrevisage.Mêmesiellefaisaitdesonmieuxpournepassel'avouer,Derekluimanquait.Plusquecela,ellesedemandaits'ilallaitbien.ElledécidadequestionnerBurnett,maissontéléphonebipa.Elleavaitunmessage.

Ellejetauncoupd'œilaunuméroquis'affichait.C'étaitledétective.

PuisKylieconstataqu'elleavaitreçuunautreappeldeSara.Sonmessagedisait:

«Qu'as-tufait???Nemenspas.Jesaisquec'esttoi.»

LecœurdeKyliefituneembardée.Super!Qu'allait-elleraconteràsonamie?

Sontéléphonebipadenouveau.Quandellelutlemessagedudétective,ellehaleta.

«Grands-parentsderetour.Parléhier.Veulenttevoir.Toutdesuite.»

L'espoirs'agitadanssoncœur.Celaluidonnerait-illaréponsesurcequ'elleétait?

-Kylie?

Mirandahurlaitsonnomdepuislaporte.Kylieseretourna.

–Ouais?

-Holidayveutquetupasseslavoir.Ilyaquelqu'unpourtoi.

-Quiest-ce?demandaKylie,paniquéeàl'idéequecesoiteux.

Etait-ellevraimentprête?PrêteàrencontrerlesparentsadoptifsdeDaniel?Sesgrands-parents?

-Jenesaispas,maisuncouplebizarrefrappaitauportaililyaquelquesminutes.

Etjustealors,Kylieentenditlebruitdel'eauquitombaitencascade.

Quelquechoseattiraitsonattention,etelleregardaendirectiondumurenrondins,oùunmélanged'ombresetdelumièrestourbillonnaitendé-

crivantdesmotifsdoux,presquehypnotiques.Lesangesdelamortquidansaient.

Kyliejetauncoupd'œilàDellaetàMiranda.Aucuneneréagissait.

Apparemment,elleétaitlaseuleàassisterauspectaclequisedéroulaitàl'autreboutdelapièce.

Puiselleentendit:

-Vadécouvrirtonpassé,ainsitupourrasdécouvrirtadestinée.

–Toutvabien?demandaDella,l'airinquiet.

Kylierespiraunboncoup.

-Oui.Toutvabien.

Etelleespéraitqu'elleavaitraison.

Àsuivre...