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I UNIVERSITE D'ANTANANARIVO ECOLE DOCTORALE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES EAD ROUAGES DES SOCIETES ET DEVELOPPEMENT Faculté de Droit, d'Économie, de Gestion et de Sociologie Mention Sociologie MEMOIRE DE MASTER PARCOURS : POLITIQUE, GOUVERNANCE ET DYNAMIQUE SOCIALE (RIPOGOD) Présenté par : Monsieur MAHAVITA Nassif Jean-Luc Président : Monsieur RAJAOSON François, Professeur Titulaire émérite Juge : Madame RAKOTONIRINA Voahangy, Maître de conférences Directeur : Monsieur ANDRIAMAMPANDRY Todisoa, Maître de conférences Date de soutenance : 01 Septembre 2016 ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2014-2015 ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE DÉVELOPPEMENT : CAS DE LA COOPÉRATION FRANCO-MALGACHE DIRECTION DE L’EXPANSION ÉCONOMIQUE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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I

UNIVERSITE D'ANTANANARIVO

ECOLE DOCTORALE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES

EAD ROUAGES DES SOCIETES ET DEVELOPPEMENT

Faculté de Droit, d'Économie, de Gestion et de Sociologie

Mention Sociologie

MEMOIRE DE MASTER

PARCOURS : POLITIQUE, GOUVERNANCE ET DYNAMIQUE SOCIALE

(RIPOGOD)

Présenté par : Monsieur MAHAVITA Nassif Jean-Luc

Président : Monsieur RAJAOSON François, Professeur Titulaire émérite

Juge : Madame RAKOTONIRINA Voahangy, Maître de conférences

Directeur : Monsieur ANDRIAMAMPANDRY Todisoa, Maître de conférences

Date de soutenance : 01 Septembre 2016

ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2014-2015

ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE

SUR LE DÉVELOPPEMENT :

CAS DE LA COOPÉRATION FRANCO-MALGACHE

DIRECTION DE L’EXPANSION ÉCONOMIQUE

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

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ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE

SUR LE DÉVELOPPEMENT :

CAS DE LA COOPÉRATION FRANCO-MALGACHE

DIRECTION DE L’EXPANSION ÉCONOMIQUE

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

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«Toute œuvre scientifique achevée n'a d'autre sens que celui de faire naître de

nouvelles questions : elle demande donc à être dépassée et à vieillir. Celui qui veut

servir la science doit se résigner à ce sort...

Nous ne pouvons accomplir un travail sans espérer en même temps que d'autres

iront plus loin que nous ».

Max Weber, Le savant et le politique, 1959

Page 5: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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Remerciements

Aujourd’hui, ce travail voit le jour mais il nous a fallu emprunter des chemins tortueux, escarpés

et pleins d'embûches. Sans l’audace, doublée de patience et de persévérance, et grâce à la

contribution de personnes généreuses en amabilité qui nous ont aidés à ouvrir des sésames,

nous n’aurions jamais surmonté seul les épreuves de la recherche et arrivés tant bien que mal au

bout de ce travail.

Ce mémoire est le fruit d’un travail de longue haleine et a nécessité la contribution de

nombreuses personnes dont nous ne saurions jamais assez remercier. Nos remerciements les

plus sincères s’adressent à notre Directeur de mémoire : Monsieur ANDRIAMAMPANDRY

Todisoa qui a accepté de diriger ce travail. À travers lui, nous tenons à remercier tous les

professeurs de la Faculté DEGS de l’Université d’Antananarivo en général et nos enseignants du

Département de Sociologie en particulier, pour tant de sacrifices consentis en ces années de dure

corvée pour notre formation.

Nous exprimons également nos pleines gratitudes à Madame le Ministre des Affaires étrangères,

ATALLAH Béatrice, qui nous a accueillis à bras ouverts au sein de son Ministère. À Monsieur

RATSIMANDAO Tahirimiakadaza, Directeur Général de la Promotion Économique et de la

Diaspora et Monsieur ANDRIANJAFIMANANJARA Chamarly, Directeur de l’Expansion

économique, nous leur devons nos gratitudes les plus chères.

À nos parents, nous leur sommes largement redevables. Ils ont été une lumière pour ce travail et

leur soutien chaleureux est d’une valeur inestimable.

À mes frères et sœurs : Dourrah, Anna, Raissa, Faez ...

Nous témoignons aussi notre reconnaissance particulière à Madame RAJALAHY Vonimanitra qui,

par ses observations, remarques et suggestions, a permis la réalisation au mieux de ce travail.

À tous les fonctionnaires du Ministère des Affaires étrangères, et en particulier ceux du

Département de l’Expansion économique, de la Coopération bilatérale et multilatérale et de la

Division de la communication.

À mes collègues de stage, Ando, Johary, Zo…

En plus, à tous ceux qui leurs noms ne sont pas repris, qui nous ont aidés de près ou de loin à

accomplir ce travail.

Page 6: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGLES

AGOA : African Growth and Opportunity Act

APD : Aide Publique au Développement

BAD : Banque Africaine de Développement

BADEA : Banque Arabe de Développement Économique en Afrique

BF : Bailleur de Fond

BIANCO : Bureau Indépendant Anti-Corruption

BIE : Bureau international des expositions

BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa

BTP : Bâtiment et travaux public

C2D : Contrat de désendettement et de développement

CCI : Chambre de commerce et d'industrie

CDF : Collectivité Décentralisée Française

CERS : Centre d’Étude et de Recherche en Sociologie

CIA : Central Intelligence Agency

CIRAD : Centre international de recherche agronomique pour le développement

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement

COI : Commission de l’Océan Indien

COMESA : Marché commun de l'Afrique orientale et australe

DCP : Document Cadre de Partenariat

DEE : Direction/Département de l’Expansion Économique

DP : Déclaration de Paris

DUE : Délégation de l’Union européenne

EDBM : Economic Development Board of Madagascar

ENAM : École Nationale d’Administration de Madagascar

FED : Fonds européens pour le développement

FMI : Fond Monétaire International

G8, G20, G77 : Groupe des 8, 20, 77 (puissances mondiales)

GAR : Gestion Axée sur les Résultats

IDE : Investissement Direct Étranger

IDH : Indice de Développent Humain

INSTAT : Institut National de la Statistique

IPPTE : Initiative pour les Pays Pauvres Très Endetté

Page 7: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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IRD : Institut de recherche pour le développement

ISO : International Organisation for Standardization

MAE : Ministère des Affaires Étrangères

MAEE : Ministère des Affaires Étrangères et Européennes

MAP : Plan d'Action Pour Madagascar

NIC : National Intelligent Council

OACI : Organisation de l'Aviation Civile Internationale

ODD : Objectif du Développement Durable

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

OMPI : Organisation mondiale de la propriété intellectuelle

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONGI : Organisation Non Gouvernementale Internationale

ONU : Organisation des Nations Unies

PARAF : Programme d’Appui à la Réforme des Administrations Fiscales

PGE : Programme Général de l’État

PIB : Produit Intérieur Brut

PME/PMI : Petites et Moyennes Entreprises/Petites et Moyennes Industries

PMO : Programme de Mis en Œuvre

PND : Plan National du Développement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PROPARCO : Promotion et Participation pour la Coopération Économique

R&D : Recherche et Développement

SADC : Communauté de développement de l'Afrique australe

SFI : Société Financière Internationale

SG : Secrétaire Général

SNDS : Stratégie Nationale de Développement de la Statistique

TDR : Terme De Référence

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

ZEE : Zone Économique Exclusif

ZES : Zone Économique Spéciale

Page 8: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS

LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES FIGURES

LISTE DES PHOTOS

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE

PREMIÈRE PARTIE : MONOGRAPHIE DE TERRAIN ET CADRAGE THÉORIQUE RELATIF

AU PRINCIPE DE LA RELATION INTERNATIONALE

Chapitre I : Présentation et historique du Ministère des Affaires étrangères et de ses

démembrements

Chapitre II : Conceptualisation autour de la notion de relation internationale : champs, théories,

concepts et instruments des relations internationales

DEUXIÈME PARTIE : LA CONDUITE DE LA RÉFORME DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE

POUR UNE RÉORIENTATION VERS UNE DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE

Chapitre III : État des lieux de la situation de coopération de Madagascar avec l’extérieur. Cas de

l’intervention française

Chapitre IV : L’organisation du sommet de la francophonie, un cas de coopération

Chapitre V : Politique de rattrapage et de l’expansion économique : Le MAE, une locomotive du

développement à travers la diplomatie économique

TROISIÈME PARTIE : BILAN SUR L’APPORT DE LA RELATION DIPLOMATIQUE ET DE

LA COOPÉRATION INTERNATIONALE SUR LE DÉVELOPPEMENT

Chapitre VI : Inventaire en termes de gains et de déficit lié aux enjeux de la coopération

internationale à travers l’aide au développement

Chapitre VII : Caractéristiques de l’État malgache et alternatives vers un développement durable

CONCLUSION GENERALE

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIERES

ANNEXES

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1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Contexte et justification

Le contexte international se caractérise par plusieurs phénomènes économiques qui

invitent à un changement et une redéfinition des fonctions économiques de la diplomatie. Les

intérêts économiques constituent de nos jours une variable qui pèse, de plus en plus, dans les

relations internationales. Certes, de tout temps, ces intérêts ont compté mais leur poids a

longtemps été secondaire relativement aux affinités idéologiques qui ont caractérisé les

relations internationales de la période de la guerre froide. Mais au-delà des enjeux

idéologiques et notamment après la chute du Mur de Berlin, nous avons assisté à une guerre

économique sans merci. Ce problème est le résultat d'un long processus de libéralisation et de

déréglementation des échanges entre les nations qui a conduit à la globalisation et à la

mondialisation.

Partout dans le monde, le courant de la mondialisation a soufflé et avec les mutations

de l’organisation internationale qu’elle engendre, le monde a franchi une nouvelle étape à

l’interdépendance des économies et des Sociétés. De plus en plus aujourd’hui, les nations sont

confrontées à un enjeu majeur lié à la crise économique et sécuritaire mondiale qui secoue les

pays développés et affectant la stabilité et l’équilibre au sein des pays en développement

Dans la poursuite des buts énoncés dans la charte des Nations-Unies1, cette structure s’est

trouvée plus que jamais impliquer dans la gestion du monde de façon responsable et globale.

Le développement de la coopération internationale en vue de résoudre les problèmes

économiques, sociaux et culturels auxquels est confrontée la communauté internationale et

notamment, les pays en développement, est devenu inévitable.

L’organisation des grandes Conférences internationales (Rio+20, COP21), dont

Madagascar prit part, ne fait que justifier l’intérêt de l’ONU de vouloir joindre les deux

hémisphères pour discuter ensemble des grands enjeux internationaux du développement

1La Charte des Nations unies fut adoptée à la fin de la Conférence de San Francisco, le 26 juin 1945. Elle

comporte un préambule, 19 chapitres et 111 articles, ainsi qu'une note liminaire sur les amendements ultérieurs.

La Charte est le fruit d'un long processus, dont les prémices se trouvent dans les divers traités internationaux,

notamment en matière de droit de la guerre, de droit maritime et des frontières et de droit international signés à la

fin du XIXe et au début du XXe siècle.

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durable. Les conjectures internationales n’étant plus un problème parcellaire, elles englobent

la participation de la Société internationale, à travers le renforcement de la solidarité

mondiale.

Au niveau continental pourtant, l’Afrique semble être en retard dans tous les

indicateurs de performance et surtout économique. Les OMD, dont le premier objectif était de

réduire l’extrême pauvreté de moitié et censée être atteinte en 2015, ont essuyé un échec.

Mais, le lancement des ODD, fraichement élaborés, est censé venir pallier ces échecs.

À l’échelle régionale, Madagascar a toujours voulu renforcer son intégration, signe d’une

volonté farouche d’une ouverture à l’extérieur et pour attirer les investissements étrangers

dans un environnement de commerce international de plus en plus dicté par les marchés

concurrentiels.

Étant sous la colonisation française pendant plus de 30 ans, Madagascar a su garder un

lien fort avec la Mère-puissance2. Mais cette union quelque peu, « fragile » n’a pas été

exempte de différends et d’instabilité. Ainsi, Césaire Rabenoro3, a énoncé deux principes de

base de la diplomatie malgache des années 1960. Pour lui, il y a le primat de l’économie

fondé sur l’idée de développement et l’alignement sur l’occident. Ces principes sont censés

expliquer la force des liens maintenus avec l’ancienne métropole. La France a en effet fourni

l’essentiel de l’aide au développement et de l’assistance technique dont a bénéficié

Madagascar.

Pour afficher un retour éminent sur la scène international, le président de la République

malgache, pour son quinquennat, a choisi de faire de la politique étrangère un instrument

d’action efficace. Cette politique étrangère orientée par la constitution de la IVe République, a

connu une réforme pour ainsi apporter à la diplomatie malgache une réorientation pour

tourner vers une diplomatie économique « forte « et d’ « influence ».

Toutefois, cette efficacité du dispositif diplomatique ne peut être atteinte qu’à travers le

renforcement de la coopération internationale et par le biais de l’attraction des investissements

étrangers, une initiative qui correspond aux engagements politiques du gouvernement

malgache actuel. C’est dans cette perspective que s’inscrit cette étude pour essayer de

comprendre les faces et les revers de la coopération internationale en contexte diplomatique.

2 Mère-puissance, mère de l’Afrique – terme pour désigner la France dans les anciennes colonies françaises africaines 3 Chercheur malgache et ancien ambassadeur auprès du MAE

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1. Motif du choix du thème et du terrain

En tant que pays en développement, Madagascar a besoin de renforcer ses coopérations

avec des entités qui dépassent les seules frontières nationales, c’est-à-dire, avec des États et

organismes étrangers. Cela, du fait qu’aujourd’hui, aucun État ne peut s’empêcher de s’isoler

du reste du monde. Cependant, très souvent, les accords conclus entre Madagascar et ses

relations diplomatiques sont tributaires des volontés des acteurs internationaux, nous avons

donc voulu comprendre ce que Madagascar y gagne (réellement ou de manière supposée) de

ses relations bilatérales ou multilatérales. Et puisque nous affichons un intérêt particulier pour

l’étude des Relations internationales, c’est en sens que nous consacrerons notre recherche sur

l’étude des enjeux de la coopération diplomatique sur le développement, lié à la réorientation

de la politique étrangère prise par le gouvernement malgache.

Dès lors, le Ministère malgache des Affaires Étrangères nous a semblé être un terrain

privilégié pour mener à bien notre recherche. Comme ledit ministère est considéré comme

étant au carrefour de toutes les négociations conclues avec l’international, nous nous sommes

intéressés par son cas. Aussi, pour l’année 2016, Madagascar a bénéficié d’une faveur

exceptionnelle, car le pays aura à accueillir deux grands sommets internationaux : le sommet

de la Francophonie et du COMESA, ce qui justifie encore une fois le caractère exclusif du

choix du MAE. Partant du fait que le Ministère hébergera de tels sommets d’envergure, cela

nous offrirait l’opportunité de mesurer les grandes orientations prises par le gouvernement en

matière de politique étrangère et parallèlement, d’étudier simultanément la force et

éventuellement la faiblesse de la diplomatie malgache.

2. Originalité du sujet et intérêt thématique

2.1.Originalité du sujet

Le sujet présente une originalité particulière en ce sens que les investigations relatives

au domaine de la Relation internationale auprès du Département restent jusque-là très peu

fournies. Et parce que la Sociologie se propose d’être une « science dynamique et de la

dynamique des Sociétés ». Elle s’intéresse autant aux divers aspects et configurations de son

objet de recherche et « touche-à-tout » les paliers de cette société ; que ce soit le

technologique, l’économique, le social, le culturel, mais aussi le politique et le diplomatique.

Ce travail offre, en ce sens, un panorama de réflexions sur les modalités des mutations

en cours dans nos sociétés. Mais puisque cette mutation se présente avant tout, au niveau

Page 12: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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international, ses répercussions se feront sentir jusque dans nos politiques internes : le choix

des actions publiques engagées par nos gouvernements ou encore les orientations

économiques qui détermine l’avenir de l’État. Voilà pourquoi cette étude sur la coopération

internationale apporte une analyse subsidiaire sur les recherches réalisées antérieurement et

qui traite du thème de la diplomatie.

2.2.Intérêt thématique

Cette recherche s’inscrit dans une perspective évaluative et Recherche-Développement

(R&D), sans pour autant négliger la phase actionnelle des propositions pratiques que cette

étude prétendrait éventuellement de proposer aux décideurs.

Sur le plan international, sans que cette recherche ne veuille nullement prétendre être

exhaustive, cette étude pourrait annexer les documents qui servent de référence aux Bailleurs

de fonds et les États partenaires de Madagascar qui viseraient une éventuelle ré-orientation

des politiques et programmes de développement qu’ils ont mis en œuvre.

C’est dans cette mesure que, sur le plan national, cette recherche aura pour ambition de

présenter un bilan schématique de l’état du développement local actuel après avoir côtoyé

après plusieurs décennies l’économie internationale. Il s’agit du moment de mesurer la portée

des armatures diplomatiques engagées par rapport au développement de Madagascar.

L’objectif serait de présenter aux décideurs locaux un inventaire des apports des relations

diplomatiques en contexte de coopération. C’est dans ce sens que lesdits décideurs puissent

tendre leur stratégie vers plus d’efficacité et en faire des « aides publiques au

développement » un instrument efficace de croissance.

3. Les étapes de la recherche

3.1. Objectifs de la recherche

Objectif global

Il s’agit de situer Madagascar sur l’échiquier mondial afin de comprendre les enjeux

des relations diplomatiques dans un contexte de coopération. Il s’agit en d’autres termes,

d’esquisser les principes qui régissent la relation de Madagascar avec les États et organismes

partenaires, tant sur le plan multilatéral mais surtout bilatéral, et ainsi, évaluer les efforts de

coopération et d’intervention des relations de Madagascar et particulièrement, la France, avec

le gouvernement malgache.

Page 13: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

5

Objectifs spécifiques

Vérifier le rapport et la cohérence entre les réformes apportées à la politique

extérieure et les résultats obtenus.

Mesurer la performance (efficacité et efficience) de la stratégie de négociation et

de coopération engagées par le MAE avec l’extérieur, notamment avec la France.

Vérifier si corrélation il y a entre le degré d’ouverture d’un pays et le niveau de

dépenses publiques dudit pays.

3.2.Problématique

Dans le monde, avec la vague apportée par le courant de la mondialisation, les États

ont pris conscience de la nécessité de renforcer les liens qui les unissent avec l’extérieur. À

Madagascar, depuis quelques années, le pays a affiché une volonté manifeste d’intégrer le

concert des nations. Cette intégration passe par le renforcement de sa politique étrangère,

exprimée par la force de sa diplomatie qui, jusque-là, demeure chancelante et instable.

Le Plan National du Développement (PND) a pourtant fixé parmi ses objectifs

premiers de faire de la diplomatie un outil de développement en réformant la politique

étrangère du pays pour tourner vers une « diplomatie économique active ». Le gouvernement

malgache a ainsi estimé qu’investir dans le sens du renforcement de la coopération avec

l’extérieur, serait une passerelle vers l’atteinte des objectifs fixés par le PND, renforcé encore

par le Programme Général de l’État (PGE) et coïncidant avec les Objectifs du Développement

Durable (ODD).

« En contexte de mondialisation, dans quelle mesure la coopération diplomatique peut-

elle servir à Madagascar de moteur de développement ? Quels en sont les enjeux et en

quoi les stratégies de coopération engagées avec l’extérieur répondent-elles aux

exigences de développement que le pays prospecte d’atteindre ? »

Page 14: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

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3.3.Hypothèses

Pour pouvoir faire suite aux objectifs énoncés antérieurement et défricher la

problématique de la recherche, des hypothèses sont par conséquent proposées. A la suite de la

recherche, elles vont être infirmées ou confirmées par une démarche de démonstration. Ainsi,

nous allons soumettre des réponses anticipés à la problématique, à savoir :

Hypothèse principale

Dans une société mondialisée, la relation diplomatique constitue un fil conducteur

vers le développement dans la mesure où l’ostracisme économique serait un frein

pour le développement.

Cette hypothèse prétend au préalable que la relation diplomatique pourrait être une arme à

double tranchant, ce qui est d’ailleurs un des enjeux majeurs de la coopération internationale.

Hypothèse secondaire

L’ouverture à l’extérieur entraine une augmentation des dépenses publiques sans

forcément apporter de retombées conséquentes pour le pays et les Malgaches.

Dans cette perspective, il y a une mise en face-à-face de deux variables supposées être en

relation ; l’une, « l’ouverture à l’extérieur » et l’autre, « l’augmentation des dépenses

publiques ». L’hypothèse d’indépendance entre ces variables sera acceptée ou rejeter selon si

l’on diagnostiquera une éventuelle interférence d’une variable parasite.

La coopération internationale pourrait constituer un levier de développement

efficace si les principes stipulés par les traités de Westphalie relatifs à la

souveraineté4 et à la non-ingérence des affaires des pays sont respectés et si la

diplomatie malgache se montre plus rigoureuse à travers le renforcement de son

identité.

Quant à cette dernière hypothèse, elle sera soumise à l’épreuve des faits avant d’être acceptées

ou dans le cas échéant, écartée de la problématique de départ.

4Les traités de Westphalie ont institué le concept légal de souveraineté, c'est-à-dire que les législateurs nationaux sont l'ultime autorité à l'intérieur du territoire national où ils n’ont pas d'égaux parmi leurs concitoyens et pas de supérieurs à l'extérieur. Il est utile de rappeler la valeur primordiale de cette traitée car elle organise le fil d’idées qui accompagnera les théorisations et les discussions autour du concept qui régie le système de relations internationales. Rappelant toutefois que les traités de Westphalie ont poussé à la constitution d’États-Nations indépendants, à l'institutionnalisation de la diplomatie et des armées dans sa forme moderne actuelle.

Page 15: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

7

4. Limites de la recherche et problèmes rencontrés :

Sur le plan de la logistique :

Le travail de recherche a été une tâche quelque peu rude, car la direction et le service

où nous avons été affectés accueillaient beaucoup de responsabilités, ce qui ne nous a pas

permis de respecter le tableau de bord et le calendrier que l’on s’est fixé au préalable.

Par ailleurs, travailler au niveau des administrations publiques demande une certaine

flexibilité et disponibilité. Et comme dans toute organisation, le Ministère des Affaires

étrangères fonctionne sous le principe du : Gagnant-Gagnant. Il nous a donc fallu remanier

plusieurs fois le thème du travail et par là, trouver une concordance entre notre objet de

recherche et le dossier de recherche que la Direction nous a soumise au traitement.

Problème lié à l’accès à l’information :

Il est nécessaire aussi de signaler les difficultés liées à l’accès à l’information et à

certaines données clefs. Ce problème s’explique par le fait que le Ministère, comme toute

administration publique, établisse et respecte une certaine culture stricte du silence du fait de

la nature confidentielle des informations. Ce problème a fortement compliqué le déroulement

du travail dans la mesure où les informations ont été quasi inaccessibles et classées à chaque

fois professionnellement confidentielles.

Problème appliqué :

Le problème des applications des notions théoriques a été un frein quand il s’agit d’en

faire un rapport avec un aspect précis de la réalité étudiée. En d’autres termes, il n’a pas été

toujours facile de croiser les regards à travers la lecture de divers textes, accords et en même

temps, épier du regard les coulisses de la politique.

Aussi, la quasi-inexistence de statistiques fiables et leur non mis à jour aurait paralysé

le processus de l’enquête à un certain niveau et a ainsi été une difficulté imposante du fait

qu’il a fallu parfois prendre des détours pour contourner ces problèmes et en pallier les

carences en information.

Il vaut aussi la peine de rappeler dans cette rubrique :

— la difficulté des contacts pour entretien dans les diverses administrations

— le refus de répondre au questionnaire/guide d’entretien, etc.

Page 16: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

8

5. Matériels et méthodes

5.1.Matériels :

Les matériels que l’on a dû mobiliser pour pouvoir réaliser la recherche est d’autant

variés que parfois difficiles à manier. Il nous a donc fallu avoir recours au dictaphone pour les

entretiens divers, un bloc note professionnel, un agenda de travail pour fixer le tableau de

bord. Par ailleurs, le recours à l’utilisation d’un ordinateur portable, d’un appareil photo et de

logiciels de traitement de données tels Iramuteq ou encore de certains logiciels de technologie

tels que « Dragon Naturally Speaking » a été incontournable. En plus, la correspondance par

courriel électronique ou éventuellement par téléphone était une condition sine qua non pour la

bonne organisation des enquêtes.

5.2. Approche méthodologique

5.2.1. Démarches

Au cours de l’interprétation des résultats de nos recherches, nous avons adopté une

démarche tantôt déductive, tantôt hypothético-inductive. Par déduction, nous entendons faire

un choix sur un système de raisonnement où l’on tire des résultats ou conséquences en partant

d’un principe ou d’une hypothèse. Il s’agit donc d’un mouvement de pensée qui va de la

théorie aux faits. Tandis que, dans la démarche hypothético-inductive, il s’agit d’une

construction qui part de l’observation et l’indicateur est de nature surtout empirique. Ce va-et-

vient dans la démarche s’impose afin de saisir au mieux le phénomène à travers tout son

contour. Ainsi, on construit de nouveaux concepts et hypothèses et par là, de modèle

d’analyse ou d’interprétation.

Méthodes

o Méthode qualitative

Parmi les méthodes d’enquête qualitative que nous avions opté, y figurent la technique

à travers l’observation participante et l’entretien libre, les techniques de sondage. Les

informations obtenues ont ainsi été interprétées par analyse de contenu. La méthode adoptée

est ainsi stricto sensu qualitative bien qu’il n’en néglige pas moins la logique quantitative.

Page 17: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

9

o Méthode quantitative

Quant aux méthodes quantitatives, nous avons eu recours à l’utilisation de l’interview

par questions fermées afin de pouvoir rendre compte de la scientificité de la recherche.

Les différentes techniques

Techniques documentaires

Les documents officiels, la presse locale, les articles et les travaux antérieurs en

relation avec notre thème, entre autres les mémoires et rapports, constituent des archives et

nous ont servi de bases de données primordiales pour le bon déroulement de la recherche.

Hormis cela, l’apport de la littérature savante relative à la sociologie, à la science politique ou

encore à l’économie a été d’une utilité manifeste dans la rédaction de ce travail de mémoire.

Le Ministère des Affaires Étrangères, par le biais de son centre d’archives et de

documentation, le centre de documentation de l’ENAM, la Bibliothèque Nationale ou encore

le Centre d’Étude et de Recherche en Sociologie (CERS). Toutes ces institutions, annexées de

l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), nous ont servi de foyer de

documentation.

Techniques vivantes

L’observation participante nous sert à nous « infiltrer » parmi notre population d’enquête. La

production par le chercheur de données à base de discours autochtones qu'il aura lui-même

sollicités reste un élément central de toute recherche de terrain.

L'interview libre accorde largement un degré de liberté à l'interrogé pendant son discours. Et

parce que les savoirs sont imbriqués dans la pensée de l’enquêté, ce technique d’entretien est

déterminant pour recueillir des données de l’ordre qualitatif. Elle vise à recueillir des données

riches en signification mais rend délicat le contrôle des réponses et difficile leur comparaison.

Le sondage d’opinion à travers le plan de sondage, il s’agit de relever les informations

circonscrites et « côdables » sur la base de l’échantillon raisonné et doté de critère de

représentativité statistique dans une situation artificielle d’interrogatoire dont les réponses

sont consignées. L’enquêté n’a plus la latitude de commenter ses réponses : il répond par oui

ou non ou bien en termes de préférences, technique rendant possible une codification

Page 18: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

10

immédiate des réponses et par conséquent, leur « quantification » et leur traitement statistique

possible.

Techniques d’échantillonnage

La détermination de notre population d’enquête s’est faite en (2) deux temps.

Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés par les agents en fonction auprès

du MAE, au niveau du département de la Communication, ensuite de la Coopération bilatérale

et multilatérale et bien sûr, au niveau de la Direction de l’Expansion Économique, là où on a

consacré la majeure partie de notre période de stage.

Dans un second temps, pour saisir l’incidence des politiques engagées sur la

population, nous avons voulu cibler l’opinion publique afin de pouvoir collecter des

indicateurs pragmatiques et d’ordre, à la fois qualitatif que quantitatif.

Notre base de sondage émane du recours « aux personnes ressources » au sein du

MAE. Il s’agit d’un tirage aléatoire sur au moins 20 individus à travers une technique par

choix raisonné, la population d’enquête a été sélectionnée aléatoirement selon leur domaine

d’intervention.

Du côté de l’opinion publique5, en recourant au même système de tirage, c’est-à-dire, à

travers un tirage aléatoire, nous avons enquêté une population cible qui avoisine les 30

individus, sélectionnée à part égale pour que chacun ait une chance de figurer dans

l’échantillon.

5 Est considérée comme faisant partie de l’opinion publique, tout ce qui relève de l’opinion des responsables de partis politiques ou de sociétés civiles : média, dirigeants d’entreprise, l’opinion de responsables étrangers et bien sûr la population lambda…

Page 19: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

11

Tableau n° 1 : Répartition de l’échantillonnage selon Direction/Sexe

Source : Enquête personnelle, mai 2016

5. Pré-enquête

Nous avons cherché, à travers la pré-enquête à tracer les grandes lignes qui va

structurer notre itinéraire de recherche. Pour ce faire, nous avons mené une investigation

expéditive auprès du Ministère des Affaires étrangères. Dans cette phase de la recherche, nous

avons voulu comprendre le mécanisme de l’organisation des stratégies de coopération au

niveau du MAE dans son ensemble.

Mais avant tout, cette phase préliminaire nous a permis de tisser la toile de fond que

constituerait la relation dudit ministère avec le reste des embranchements du gouvernement

afin d’essayer de comprendre le fonctionnement réel de l’État et ainsi, de saisir l’impact sur le

développement du pays. D’un autre côté, sondé l’opinion publique nous a semblé

incontournable. Ainsi, nous avons approché une population tirée de la population

représentative afin de mieux entendre leur appréciation par rapport aux actions du

gouvernement relatif à la politique extérieure menée par l’État.

6 Avec l’intention de représenter à peu près toutes les voix de ceux qui forment la configuration « opinion publique », nous avons sondé trois (3) étrangers dont un responsable auprès de l’AFD et deux autres qui sont citoyens lambda représentants la diaspora française à Madagascar.

Direction Échantillon %

DCB 3 15

DCM 3 15

DCOM 4 20

DEE 10 50

TOTAL 20 100

Tableau A : MAE Tableau B : Opinion publique

Genre Eff. total % Échantillon %

Masculin6 50 50 15 50

Féminin 50 50 15 50

TOTAL 100 100 30 100

Page 20: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

12

Chapitre I : Cadrage théorico-conceptuel de l’étude

Approche marxiste

Le marxisme est un courant politique se réclamant des idées de Karl Marx (et dans

une moindre mesure de Friedrich Engels). Politiquement, le marxisme repose sur l’analyse

de l’histoire et la participation au mouvement réel de la lutte des classes pour l’abolition du

capitalisme. Karl Marx considérait en effet que « l’émancipation des travailleurs doit être

l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Ce courant cherche aussi à analyser les causes des

développements et des changements qui s'opèrent dans les sociétés. Une importance est

notamment portée aux conditions d’existence réelle des êtres humains, aux rapports entre les

classes sociales, et à leur influence sur les évolutions historiques.

Approche structuro-fonctionnaliste :

Cette notion comprend le structuralisme, destiné à analyser les structures de la société

vue dans sa globalité, et le fonctionnalisme, qui vise à appréhender les fonctions présentes

dans cette même société. Pour appréhender cette notion, il fallait commencer par comprendre

l'ordre social et ses fondements. Pour cela, il faut analyser le passage de l'état de nature à l'état

social. La question de cette transition trouve des réponses dans les conceptions de Hobbes ou

de Locke, qui considèrent qu'elle résulte d'un contrat fondé sur la concordance d'intérêts

communs. Les rapports sociaux se fondent en priorité sur des valeurs et des normes, qui sont

intégrées par les individus et conditionnent leurs actions. Ajoutés les uns aux autres, ces petits

mécanismes fondent ensemble le système social. Le système est perçu dans sa globalité par

Parsons, qui élabore une conception systémique et fonctionnaliste de la société. L’approche

fonctionnaliste cherche à dégager le mode de fonctionnement des systèmes étudiés (leurs

fonctions) et ensuite ce qui gène ce fonctionnement (les dysfonctions) et enfin trouver les

moyens de rétablir la fonctionnalité de l’ensemble.

Approche systémique et stratégique

L’approche systémique et stratégique envisage d’étudier les modes de régulation des

systèmes (famille, école, entreprise, administration) sous un regard dynamique et interactif.

Elle envisage les relations entre acteurs d’un système comme un ensemble d’interactions à

réguler.

Page 21: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

13

L’approche systémique permet de comprendre que les systèmes politiques nationaux

ne jouissent que d'une autonomie restreinte, ce qui explique leur impuissance à maîtriser les

conséquences de la mondialisation. En transformant leur environnement, la mondialisation

modifie leurs conditions de fonctionnement, car ils doivent faire face à des demandes et à des

contraintes nouvelles, avec des ressources limitées, tandis que leurs compétences sont remises

en cause par les régulations supranationales et les autonomies régionales, et que les acteurs

économiques et financiers échappent largement à leur capacité d'intervention.

Quant à l’approche stratégique, ce courant théorique part du postulat selon lequel les

organisations (administratives, industrielles), leurs fonctionnement et dysfonctionnement

constituent les phénomènes clefs des sociétés modernes. Michel Crozier prend pour point de

départ l’étude du « phénomène bureaucratique », mais à partir de cette étude, il élargit son

diagnostic au « système social » français dans son ensemble pour y retrouver tous les

stigmates du système d’organisation bureaucratique ce qui pourrait être prolongé à l’étude du

système malgache d’organisation administrative.

Ainsi, pour mieux orienter le lecteur, nous subdiviserions notre plan de travail en trois

parties bien distinctes.

Premièrement, nous consacrerons dans une première partie, un volet réservé à la monographie

de terrain et au cadrage théorique relatif au principe de la relation internationale. Nous

exposerons d’un côté, la présentation du ministère des Affaires étrangères et de ses

démembrements et d’un autre coté, nous relaterons les conceptualisations autour de la relation

internationale.

Deuxièmement, nous entamerons avec une présentation et une analyse des résultats obtenus

des recherches de terrain. Dans cette rubrique sera successivement exposé un état des lieux de

la situation de coopération de Madagascar avec l’extérieur. Ensuite, nous considérerons un

cas de coopération à travers l’organisation du sommet de la francophonie. Et puis, nous

étudierons les politiques de rattrapage et de l’expansion économique engagée par le Ministère.

Enfin, dans la dernière partie, nous discuterons des résultats énoncés et traiterons des

prospectives de la recherche. Il s’agit du moment de faire un bilan sur l’apport de la relation

diplomatique et de la coopération internationale et d’apporter quelques pistes de

recommandations.

Page 22: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

MONOGRAPHIE DE TERRAIN ET

CADRAGE THÉORIQUE RELATIF

AU PRINCIPE DE LA RELATION

INTERNATIONALE

PREMIERE

PARTIE

« Donner un cheval à celui

qui dit la vérité, il en aura

besoin pour s’enfouir »

Dicton arabe

Page 23: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

14

PREMIÈRE PARTIE : MONOGRAPHIE DE TERRAIN ET CADRAGE

THÉORIQUE RELATIF AU PRINCIPE DE LA RELATION INTERNATIONALE

Introduction partielle

Cette partie présente pour l’essentiel la circonscription de l’étude. Il s’agit de délimiter

le champ de notre recherche. Le but étant de donner au lecteur un repère spacio-géographique

du terrain d’étude. Mais sans nous limiter à cela, nous relaterons les principes qui ont trait sur

la relation internationale et les concepts autour de cette notion de politique étrangère,

diplomatie de développement ou encore de la coopération internationale.

Chapitre I : Présentation du ministère des Affaires étrangères et de ses démembrements

Étant donné que l’historique du Ministère des Affaires Étrangères n’existe sur aucune

archive officielle ni officieuse, nous avons essayé d’écrire sur le Ministère avec l’assistance

d’une « légende vivante » du MAE dénommé RANJOANINA7.

Photo n° 1 : Aperçu sur l’entrée du Ministère des Affaires étrangères

Source : photo personnelle, mai 2016

7 Ranjoanina est considéré comme étant le patriarche, « une légende vivante » du MAE, parce qu’il est parmi les fonctionnaires ayant rendu le plus longtemps service à son Département et continue actuellement à exercer ses fonctions au sein du Ministère. C’est en ce sens que Ranjoanina détient les confidences les plus enfouies du Département des Affaires étrangères, en cela qu’il a traversé les différentes époques d’avec les divers Ministres qui se sont succédés à la tête du MAE.

Page 24: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

15

Le Ministère des Affaires Étrangères est le département du gouvernement malgache

chargé des Relations internationales de Madagascar. Baptisé : « Ministère de la

souveraineté » ou encore « vitrine de Madagascar », depuis l’investiture de Jean

Ravelonarivo en 2015, le ministère est dirigé par Béatrice Atallah et ses services sont situés

dans le quartier administratif, Rue Andriamifidy, Anosy, Antananarivo.

L’histoire diplomatique malgache puise ses racines dans les royaumes malgaches d’ante-

colonisation. En effet, Madagascar possède une histoire diplomatique plus ancienne

puisqu’elle remonte au règne de Radama Ier (1810 – 1828). À partir de cette époque, diverses

missions furent envoyées par les souverains du Royaume de Madagascar.

Plus tard, à la veille de l’indépendance de l’île, entre 1958 et 1960, des réunions eurent lieu à

Paris aussi bien que dans le reste de la Communauté8 et en particulier à Madagascar. Philibert

Tsiranana, qui brigua alors le poste de Président de la République, y côtoya les autres leaders

politiques de l’Afrique francophone qu’il connaissait au moins depuis 1956 (époque où ces

derniers siégeaient à l’Assemblée nationale aux côtés d’Houphouët-Boigny et de Senghor)9.

Cette première diplomatie dirigée par le Président eut en Louis Rakotomalala10 un

artisan de premier plan. Ce dernier était officiellement secrétaire d’État à la Communauté. Ces

fonctions, de fait, étaient très proches de celles d’un Ministre des Affaires étrangères d’un

pays indépendant. Si on prête à la politique étrangère de Tsiranana beaucoup de pragmatisme,

il faut d’abord l’attribuer à l’action quotidienne de Rakotomalala et à celle des premiers

diplomates malgaches qui privilégiaient avant tout les réunions internationales les plus à

même de « défendre les intérêts de Madagascar ». En revanche, les conférences jugées « trop

politiques », c'est-à-dire panafricanistes, étaient écartées.11

Cette organisation des services diplomatiques se poursuivra au cours des décennies suivantes.

Ce n'est que vers 1960 que le titre officiel de Ministre des Affaires étrangères fut attribué à

Albert Sylla qui dirigera le Ministère jusqu’en 1967.

8 La Communauté est née en septembre 1958 de l’adoption, par référendum de la Constitution de la Vème

République. Elle comprenait la France ainsi que des territoires issus de l’empire colonial. 9 Il s’agit d’un extrait écrit par Didier Nativel et Faranirina V. Rajaonah, tiré de : « Madagascar et l’Afrique. Entre identité insulaire et appartenances historiques », Ed. Karthala, 2007. 10 Nationaliste modéré, rallié au PSD, cf. A. Spacensky, 1970, P.20 11 Cela dénote déjà la méfiance des cadres de la future première république à l’égard des idéaux clairement exprimés à Accra en 1958. En outre on cherchait à ne pas porter ombrage à la France, alors que la guerre d’Algérie n’était pas encore terminée.

Page 25: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

16

De 1967 à aujourd’hui, plusieurs Ministres ont successivement logé au sein du

Département des Affaires étrangères. Entre autres, on peut citer :Jacques Rabemananjara

(1967-1972), Didier Ratsiraka(1972–1975), Césaire Rabenoro (1991–1993), Jacques Sylla

(1993–1996), Herizo Razafimahaleo (1997–1998), Lila Ratsifandrihamanana (1998–2002),

Azaly Ben Marofo en 2002. Et récemment à l’aube de l’administration de Béatrice Atallah,

Ulrich Andriantiana (2013–2014) et Arisoa Razafitrimo (2014–2015) occupèrent les sièges du

Ministère de la souveraineté.

Par ailleurs, Madagascar a successivement manifesté sa volonté de vouloir intégrer le

monde pour mieux s’affirmer. Cette intégration passe par le renforcement de son intégration

régionale qu’extrarégionale. Le pays est membre de l’ONU, bénéficie d’un accord commun

avec l’Union européenne et a adhéré l’OIF. Sur le plan continental, Madagascar est aussi

membre de l’Union Africaine (UA), de la SADC. Quant au niveau panocéanique, la Grande

île fait partie de la commission de l’Océan Indien (COI)…

I.1. Missions du Ministère des Affaires étrangères

La Loi fondamentale classe en effet la diplomatie parmi les compétences régaliennes

exclusives de l'État, les relations internationales restant donc du strict domaine du ministère.

Ce dernier est rattaché à la présidence et à la primature et avec quelques organismes étatiques

et extra-étatiques complémentaires, dont l’EDBM. Le budget du ministère s’élève, pour

l’année 2016, à 33 714 070 milliers d’ariary12.

En termes générales, le Ministère des Affaires Étrangères est chargé, en collaboration avec

les Départements ministériels concernés, de la conduite et de la coordination des actions

diplomatiques, et de toutes autres démarches à entreprendre auprès des autres États,

Organisations internationales et régionales et des Organismes extérieurs gouvernementaux et

non gouvernementaux, en vue du développement économique et social de Madagascar. Il

veille à l’unité, à la cohérence ainsi qu’à l’efficacité des actions extérieures de l’État et du

dispositif diplomatique malagasy13.

12 Loi n° 2015-050 portant loi de finances pour 2016

13 Décret n° 2015-136 portant modification du décret n° 2011-736 du 13 décembre 2011, modifié par le Décret

n°2013-271 du 16 avril 2013, fixant les attributions du Ministère des Affaires étrangères ainsi que l’organisation

de son Ministère.

Page 26: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

17

Le ministère a donc pour rôle de diriger l'action extérieure de Madagascar, qu'il

planifie, opère, exécute et évalue. Il se charge de maintenir et de renforcer les relations entre

Madagascar et les puissances étrangères, et favorise la coopération économique, culturelle,

militaire et scientifique avec ces dernières. Il promeut à l'extérieur la langue et la culture

nationale, protège les citoyens Malagasy à l'étranger et élabore la politique des visas. Pour ce

faire, il dispose du réseau diplomatique et consulaire. Enfin, le ministère se charge de la

coopération internationale et dont l’objectif ultime serait d’engager un dialogue international

de partenariat.

Actuellement, Madagascar accueille plus de 27 ambassades et 20 Services consulaires sur son

sol et une dizaine de grandes Organisations internationales (PNUD, ONU, Banque Mondiale,

FMI…). Par ailleurs, le pays est représenté de manière permanente dans plus de 17 États par

le biais de ses ambassades à travers le monde. D’une manière plus synthétique, le programme

du MAE tourne autour de deux grands axes bien distincts avec des objectifs divers. La figure

suivante donne une représentation de cette structure.

Sources : figure personnelle issue de la fusion des informations obtenues du MAE, mai 2016

LES DEUX AXES DE

PROGRAMMES DU MAE

OBJECTIFS Administration et

Coordination

Promouvoir les moyens adéquats aux services centraux

Promouvoir la standardisation des services publics

Renforcer la place de Madagascar au sein des instances multilatérales

Accroître les domaines de la coopération bilatérale

Encourager les travaux de promotion aux fora africains

Relancer le partenariat économique public-privé

Optimiser l'appartenance de Madagascar aux différentes organisations régionales

Promouvoir l'image de la diplomatie malgache dans les services extérieurs

Diplomatie et

Coopération

Figure n° 1 : Les axes des programmes du MAE et leurs objectifs

Page 27: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

18

Toutefois, la politique extérieure de Madagascar n’a pas connu beaucoup de

changements à travers les époques à travers lesquelles le pays a traversé. Si Lila

Ratsifandrihamanana a eu l’idée de mettre en route une diplomatie de développement,

pendant qu’elle a été mandatée pour la fonction de Ministre aux Affaires étrangères, en 1998.

Cependant, il a fallu attendre plus d’une décennie plus tard, précisément, l’année 2015, avant

que la Ministre Béatrice Atallah choisisse de démarrer une politique étrangère orientée vers

une diplomatie économique ou encore appelée : diplomatie de développement. Le but étant de

faire du Ministère « une locomotive du développement à travers la diplomatie économique ».

I.2. Organisation et détachement du Ministère

Quant à l’organisation du ministère, son organigramme est défini par le Décret

n° 2015-136, fixant les attributions du Ministère des Affaires étrangères ainsi que

l’organisation de son Ministère.

Néanmoins, un projet de modification de l’organigramme a été lancé par la figure

emblématique des Affaires étrangère14 et discuté quant à sa mise en application pour définir

les nouveaux détachements : directions et services différents au sein du Département des

Affaires étrangères. Cette disposition constitue le point de mire dudit Département pour le

moment présent du fait qu’elle va modeler la nouvelle structure du Ministère.

Rappelant toutefois qu’actuellement, depuis le Gouvernement de Rasolonandrasana

Mahafaly, le Ministère des Affaires étrangères est devenu une structure bicéphale. C’est-à-

dire que deux Ministres concourent à sa gestion : la Ministre Béatrice Atallah est secondée par

son Vice-ministre chargé de la coopération et du développement, Bary Emmanuel

Rafatrolaza.

[Conférer Annexe V pour l’organigramme détaillé du Ministère]

14Il s’agit d’un communiqué lancé par la Ministre lors de la levée du drapeau du 09 Mai 2016. Ce projet de

modification de l’organigramme concernera surtout la division au niveau des instances de la coopération et

distinguera coopération politique de la coopération économique. Cette modification de l’organigramme fait suite

à la nomination de Bary Emmanuel Rafatrolaza en tant que vice-ministre. Notant toujours que cette nouvelle

initiative de délimitation des tâches et organisations découle de la recherche d’une assurance pour une meilleure

cohabitation entre les deux ministres après du MAE.

Page 28: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

19

I.3. La direction de l’expansion économique, le théâtre de l’exercice de la diplomatie

économique

La Direction de l’Expansion Économique a pour mission de définir les orientations de

la diplomatie économique de Madagascar, en collaboration avec les Départements et secteurs

concernés, et conformément à l’Axe 1 Défi 8 du Plan national de Développement (PND),

ainsi que de coordonner sa mise en œuvre.

Le tableau suivant présente le pivot du PND/PGE que tout embranchement de chaque

appareil d’État se doit d’atteindre.

Tableau n° 2 : Axes et défis du PND/PGE

PROGRAMMES DE L’ÉTAT

PND (Plan National de Développement)

PGE (Programme Général de l’État)

AXES

— Gouvernance, État de droit,

sécurité, décentralisation,

démocratie, solidarité nationale ;

— préservation de la stabilité

macroéconomique et appui au

développement ;

— croissance inclusive et ancrage

territorial du développement ;

— capital humain adéquat au

processus de développement ;

— valorisation du capital naturel et

renforcement de la résilience aux

risques de catastrophes. (5)

— le renforcement de la

gouvernance et de l’État de droit ;

—la reprise économique ;

— l’élargissement de l’accès aux

services sociaux de base de qualité

et le capital humain ;

— l’environnement et le

changement climatique. (4)

Source : synthèse personnelle issue des informations obtenues du PND/PGE, mai 2016

Pour aller dans le sens des défis de ces dispositifs de l’État (PND, PGE), la Direction de

l’Expansion Économique, est entre autres, chargée de :

Analyser et identifier les opportunités de coopération dans le cadre des relations

économiques internationales notamment dans les domaines du Développement

Direct Étranger (DDE), de l’agro-business, de l’exploitation des ressources

naturelles, de l’économie bleue, y compris les fora d’affaires mondiales,

régionales et bilatérales, expositions internationales et manifestations

économiques et commerciales

Page 29: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

20

Assurer l’Appui à la Promotion de l’image de Madagascar en matière

économique, commerciale, culturelle et touristique, en relation avec les Entités

nationales concernées, à l’accompagnement des initiatives visant à attirer les

investissements directs étrangers et à la promotion de la coopération décentralisée,

par l’implication optimale du réseau diplomatique ;

Accompagner le secteur privé malagasy dans l’accès aux marchés étrangers de

leurs produits ;

Optimiser l’appartenance de Madagascar aux Organisations Internationales à

vocation économique et financière, telles que : OMC, CNUCED, CCI, BIE,

Banque Mondiale, FMI, SFI, OMD, G77, G20, G8, les organisations économiques

sectorielles : OACI, OMPI, BADEA, UNECA, IDEP,…

La Direction de l’Expansion Économique comprend quatre (4) Services :

Figure n° 2 : Structure du Département de l’Expansion économique

Sources : Figures personnelles issues de la fusion des informations obtenues du DEE, mai

2016

Direction de l'Expansion Economique

Le Service d’appui à l’exportation et au Secteur

privé (SAE-SP)

Le Service d’appui à l’attraction des IDE et de la

promotion du Tourisme (SAIDE-PT)

Le Service de la Coopération Décentralisée et des

Organisations Internationales Non gouvernementales (SCD-

OING)

Le Service des Organisations internationales économiques et des Institutions financières

internationales (SOIE-IFI)

Page 30: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

21

Le service d’Appui à l’Attraction des Investissements Directs Étrangers et de la

promotion du Tourisme (SIDET)

Le Service d’Appui à l’attraction des IDE et de la promotion du Tourisme (SAIDE-PT/

SIDET), le Service où nous avons été affectés, est chargé de la promotion de l’image de

Madagascar en tant que destination sûre des Investissements directs étrangers, de la

promotion de Madagascar ainsi que de la promotion de l’Économie bleue.

Le service initie des actions de promotion de l’image de Madagascar des produits « made in

Madagascar », de la promotion des IDE et du tourisme, étudie et conçoit la stratégie et les

activités de promotion des Représentations diplomatiques malagasy et faire le suivi de la mise

en œuvre de cette stratégie. Également, le service facilite l’obtention et la diffusion des

informations pratiques, cadre de l’appui à l’attraction des investissements directs étrangers et

coordonne avec les Départements techniques concernés les missions économiques étrangers à

Madagascar et initie et appui les actions de promotion de l’économie bleue et océaniques.

Il comprend deux (2) Divisions :

Division Appui à l’attraction des IDE et de la promotion du Tourisme en provenance

de l’Europe, de l’Amérique et des Pacifiques ;

Division Appui à l’attraction des IDE et à la promotion du Tourisme en provenance de

l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient.

Page 31: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

22

Chapitre II : Conceptualisation autour de la relation internationale : champs, théories,

concepts et instruments des relations internationales

II.1. Les champs d’étude des relations internationales : notion de politique étrangère et

de diplomatie

Les relations internationales ont un champ d’études très élargi et est le point de mire de

presque la majeure partie des Sciences Sociales : économie, droit, sociologie, géographie,

histoire…autant de disciplines qui semblent à chacune d’elle apporter une analyse des

phénomènes internationaux sous une approche fragmentaire de la Société internationale.

La notion de relation internationale est un concept très vague et par là, laisse intervenir

plusieurs disciplines, chacune leur objet de prédilection. Si le géographe s’intéresse aux

aspects géographiques du phénomène international, se revendiquant de la science de la

géopolitique, l’historien accorde plus d’attention sur l’histoire diplomatique ou l’évolution de

l’histoire des relations internationales. Quant aux juristes, ils étudient les aspects juridiques

des problèmes internationaux et le sociologue s’interroge, à travers le concept de systèmes,

sur les forces et le poids de la Société internationale sur les Sociétés locales, régionales et

vice-versa.

Le concept de relation internationale peut se décliner en politique étrangère et en diplomatie

— deux notions dissemblables mais complémentaires. Si la politique étrangère oriente la

diplomatie appliquée par un pays, la diplomatie est quant à elle, la carte d’identité

internationale15 dudit pays.

II.2. Les différents notions et concepts

Diplomatie et politique étrangère

Étymologiquement, du latin diploma, diplôme, document officiel présenté sur un

feuillet plié en deux, sauf-conduit, passeport, titre, issu du grec díplôma, tablette pliée en

deux16.

Dans son sens le plus classique, la diplomatie est le domaine de la science politique et des

traditions qui traitent des relations internationales et des rapports mutuels entre États.

15 Ici le corps diplomatique dont fait partie l’ambassadeur symbolise cette « Carte d’identité internationale » par le biais des actions diplomatiques que celui exercent à l’extérieur. 16http://fr.wikipedia.org/

Page 32: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

23

La diplomatie est aussi la pratique, l'action et la manière de représenter son pays, par le

biais d’un ambassadeur, auprès d'un pays étranger ou dans les négociations internationales, de

concilier leurs intérêts respectifs ou de régler un problème sans recours à la force. C'est aussi

l’art des négociations entre gouvernements17.

La politique étrangère doit être distinguée de la diplomatie. La première correspond

aux choix stratégiques et politiques en matière de relations extérieures qui relèvent à

Madagascar du chef de l'État, du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères. La

seconde est la mise en œuvre de la politique étrangère par l’intermédiaire des diplomates.

Concept de diplomatie économique ou de développement

Selon la définition de Bergeijk et Moons, « la diplomatie économique consiste en un

ensemble d’activités visant les méthodes et procédés de la prise internationale de décision et

relatives aux activités économiques transfrontières dans le monde réel. Elle a comme champs

d’action le commerce, l’investissement, les marchés internationaux, les migrations, l’aide, la

sécurité économique et les institutions qui façonnent l’environnement international, et comme

instruments les relations, la négociation, l’influence »18.

Notion de coopération internationale

La coopération internationale est une coopération de plusieurs pays sur un sujet donné.

La collaboration peut s'exercer dans différents domaines : scientifique, politique

diplomatique, militaire, juridique, économique ou culturel (cas de l’organisation du sommet

de la francophonie).

La coopération internationale est généralement officialisée par un traité, un accord ou bien

une déclaration. Elle peut aussi être l'expression d'une amitié entre deux pays, comme dans le

domaine de l'aide humanitaire (forme de solidarité internationale) dans les pays en

développement. La coopération peut être bilatérale ou multilatérale.

Rappelant que les formes de coopération peuvent varier en dons, aides humanitaires,

aide au développement, aide budgétaire (forme de coopération la plus standardisée dans les

pays en développement tels Madagascar) et coopérations diverses.

17Op.cit. (wikipedia) 18 P.A.G. Van Bergeijk, S. Moons, Economic Diplomacy and Economic Security, ed. Par C. Costa), Lisbonne, 2008

Page 33: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

24

Notion de coopération diplomatique : coopération bilatérale — multilatérale

La coopération bilatérale se fait « d’État à État ». Ce sont les institutions étatiques,

communautaires et régionales qui sont les acteurs principaux. Au nom des gouvernements

qu’elles représentent, ces institutions coopèrent avec les États des pays partenaires. Dans le

cas de Madagascar, il s'agit de l’apanage de la Direction générale de la promotion

économique et de la Diaspora au sein du Ministère des Affaires étrangères.

La coopération multilatérale concerne, elle, la participation de Madagascar à des

initiatives ou institutions collectives, par exemple l’ONU. Ces institutions sont financées

chaque année par les pays adhérents et établissent leur propre politique de coopération au

développement.

Hard Power Vs Soft Power ≈ Smart Power

Hard Power : Le hard Power (ou puissance coercitive) est un concept utilisé principalement

par le réalisme dans les relations internationales. Il désigne la capacité d'un corps politique

d'influencer le comportement d'autres corps politiques à l'aide de moyens militaires et

économiques. Les États-Unis, réalisant à eux seuls un tiers des dépenses militaires mondiales,

ont reconstruit leur "Hard Power" pour trouver un équilibre de leur stratégie diplomatique

dans le Smart Power.

Le hard Power peut être opposé au soft Power, tel que l'a démontré Joseph Nye.

Soft Power : Le soft Power (ou « puissance douce ») est un concept du libéralisme et est

développé par le professeur américain Joseph Nye. Ce concept décrit la capacité d'un acteur

politique – comme un État, une firme multinationale, une ONG, une institution internationale

(comme l'ONU ou le FMI) voire un réseau de citoyens (comme le mouvement

altermondialiste)– d'influencer indirectement le comportement d'un autre acteur ou la

définition par cet autre acteur de ses propres intérêts à travers des moyens non coercitifs

(structurels, culturels ou idéologiques). La France est un des tenants de cette puissance douce,

ce qui lui a valu d’être parmi les pionniers de la diplomatie mondiale.

Smart Power : le smart Power (ou « puissance intelligente ») est à l’intersection des deux

formes de puissances précédemment citées. Il combine à la fois le hard avec le soft Power.

L’idée est basée sur « la politique de la carotte et du bâton », et c’est seulement quand la

Page 34: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

25

négociation sur table rate que les forces coercitives seront mobilisées. Actuellement, les États-

Unis sont les plus réputés à recourir à cette forme de puissance et le smart Power est reconnu

comme étant la tactique diplomatique la plus en vogue et permettant à un État d’attester de

plus d’influence possible sur la scène internationale.

II. 3. Les théories des relations internationales

Bien qu’il existe toute une variété de théories liées à l’étude de la relation

internationale, nous nous focaliserons dans cette étude surtout sur trois (3) grands courants

essentiels qui a priori coïncident avec notre cadrage d’étude.

En principe, on distinguera le libéralisme du réalisme et ce dernier, de la théorie générale des

systèmes.

Le libéralisme ou appeler : les théories de l’ordre basé sur le soft Power

Pour les libéraux, les relations internationales sont perçues comme un facteur de

progrès et de changement. Au niveau international comme au niveau national, les libéraux

mettent l’accent sur la notion de pouvoir contre pouvoir. Ils insistent sur le rôle de l’opinion

publique, du droit et des institutions internationales qui viennent limiter le pouvoir des États.

De nos jours, il doit faire face aux forces du capitalisme mondial qui sapent l’apparente

"victoire" de la démocratie libérale à la fin de la guerre froide. Parmi les grands auteurs

libéraux actuels, Joseph Nye insiste sur la notion de Soft Power et le même a développé avec

Robert Keohane la notion d’interdépendance complexe19.

Quant aux juristes libéraux, ils conçoivent la « société », à la différence de la

« communauté » qui est formée par un tout organique dont laquelle il y a des intérêts

communs, comme étant un ensemble dans lequel prédomine les intérêts particuliers, la

compétition, la lutte, les situations conflictuelles, l’absence d’organisation.

19 Il faut noter que la notion d’interdépendance complexe s’articule autour de trois points importants qui la caractérisent. Il s’agit de :

- l'usage de nombreux canaux d'action entre sociétés dans les échanges transnationaux et trans-gouvernementaux,

- l'absence de hiérarchie claire dans le traitement des affaires internationales ; - un déclin de l'usage de la force et du pouvoir coercitif dans les relations internationales.

Page 35: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

26

Le réalisme ou la théorie de l’anarchie reposant sur le hard Power (théorie

critique)

Pour les réalistes, le système international est anarchique. L’important c’est la lutte ou

la compétition entre les États pour survivre et pour affirmer leur pouvoir sur la scène

internationale. En général, les adeptes du réalisme se posent quatre questions centrales :

« Quelles sont les principales sources de stabilité ou d’instabilité du système

international »

« Où en est actuellement la balance des pouvoirs »

« Comment les grands pouvoirs devraient-ils se comporter les uns envers les autres

ainsi qu’avec les États plus faibles »

« Quelles sont les sources et les dynamiques de changement de la balance des

pouvoirs actuelle »

La plus importante ici tient au fait que la théorie réaliste met au centre de son attention

toute la nature humaine et la volonté de domination qui lui serait associée.

La théorie générale des systèmes

Cette théorie est contre la tendance qui développe les études de détail, les études

fragmentaires, à l’exclusion et au détriment des considérations théoriques abstraites et

générales. Elle est aussi, contre la tendance à compartimenter la connaissance, en établissant

des barrières entre les diverses disciplines. Bref, elle promeut l’inter-disciplinarité.

Quelques sociologues et politistes utilisent le concept de systèmes et analysent la

société internationale comme un système global. Les autres utilisent le concept d’intégration

et mettent l’accent sur les facteurs qui conduiraient la société internationale vers un statut

comparable à celui des sociétés nationales, c'est-à-dire vers le statut de société intégrée. Or, la

société internationale considérée comme un système global n’est qu’une restructuration

mentale de la réalité. Ainsi, On peut dire que le concept de système repose sur :

la réalité composée d’éléments qui sont en état d’interdépendance.

les rapports d’interdépendance entre les éléments de la totalité, comme la totalité

elle-même, sont déterminés par des règles qui peuvent s’exprimer en termes

logiques. (P.F GONIDEC)

Page 36: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

27

II. 4. Les instruments et outils des relations internationales

Pour les États membres de l’ONU, comme l’est Madagascar, le principe de la

coopération économique, sociale et culturelle obligatoire est codifié dans la charte de l’ONU

(art I, paragraphe 3 et 13, 55 et 56). La réalisation de cet accord nécessite la mise en œuvre

des instruments des relations internationales. Ces instruments sont :

Les instruments humains internes (le Chef de l’État, le Chef du gouvernement,

le Ministre des Affaires étrangères) et les instruments externes des relations

internationales (les agents extérieurs des relations internationales, les agents

diplomatiques)

Presque dans tous les régimes du monde, il relève de la capacité du chef de l’État de

nommer le diplomate qui sera en exercice dans une structure internationale ou autre pays

d’accréditation. Rappelant qu’à Madagascar, l’origine et l’évolution de la Fonction publique

malagasy depuis 1960 sont marquées par l’existence de (4) quatre Statuts Généraux des

Fonctionnaires (SGF) qui sont :

La loi n° 60-003 du 13 février 1960

La Loi n° 79-014 du 15 juillet 1979

L’Ordonnance n° 93-019 du 31 mai 1993

La Loi n° 2003-011 du 3 septembre 2003

Les instruments techniques (conférences internationales, réunions et

négociations diverses…)

Les conférences internationales sont des instruments par excellence de

l’assouvissement des diplomaties de chaque État. C’est par son biais que les médiations sont

conclues, après que l’état des lieux du thème de la Conférence ait été dressé. Les conférences

internationales constituent également un terrain propice pour une mise en face à face de

l’influence de chaque État en matière de politique étrangère.

Page 37: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

28

Photo n° 2 : Le hall de la salle de conférence internationale du MAE

Source : photo personnelle, mai 2016

À Madagascar comme dans le reste des pays en développement qui disposent de très

peu de marge d’influence sur les pays partenaires développés, les instruments techniques à

l’instar des notes verbales20 sont les plus à même à être usé par les acteurs diplomatiques.

Les instruments juridiques (les traités et accords commerciaux et culturels

divers)

Les traités ou accords commerciaux tels les accords de libre-échange et les préférences

unilatérales permettent de bénéficier de préférences tarifaires sous certaines conditions.

Les accords de libre-échange ont pour objectif de lever les barrières tarifaires (droits de

douane) et non tarifaires (formalités) au commerce entre deux pays ou groupes de pays. Pour

le cas de Madagascar, le pays dispose d’accords tarifaires préférentiels notamment avec

l’Union européenne. À ne citer que : l’ACP (Zone Afrique-Caraïbes et Pacifique), qui a été

reversé au SPG (Schéma des Préférences Généralisées) à partir de 2007, l’ESA (Afrique

Orientale et Australe) qui regroupe les Seychelles, Zimbabwe, Maurice et Madagascar, etc.

En dehors de l’Europe, Madagascar dispose d’un commun accord avec les États-Unis.

En effet, la nation malgache figure parmi les 37 pays éligibles au programme établi par les

États-Unis sous la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA)21.

Rappelant que les pays admis sous l’AGOA bénéficient jusqu'en 2015 d'un accès au marché

20 La note verbale est un document utilisé pour la communication entre ambassades ou ministères dans les milieux diplomatiques. Elle commence par une salutation un peu archaïque suivie d'un texte opératif et finit par une phrase exprimant l'amitié entre les organisations concernées. 21 USTR (2007).

Page 38: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

29

des États-Unis en franchise de droits et de contingent pour différents biens, y compris certains

produits agricoles et textiles. En tant que membre de COMESA, Madagascar bénéficie

également du programme AGOA Linkage in COMESA (ALINC).22

Les autres formes d’accords juridiques que l’on peut évoquer sont la conclusion entre

deux ou plusieurs États de ZEE — ZES ou de (Zone Économique Exclusif — Zone

Économique Spéciale) dont le but est de définir des accès et préférences tarifaires quant aux

circulations des produits entre les pays partenaires.

II. 5. Les couleurs de la diplomatie dans la géopolitique mondiale

Avec les changements qui s’opèrent partout dans le monde, la diplomatie s’en est

sentie. Avec la scission du monde en pôle de puissance : le Nord et le Sud, les instruments de

gouvernance mondiale interne et internationale ont aussi évolué avec.

Nous sommes passés d’une époque révolue où les pays du Nord ont révolutionné leur système

politique international. Avec lui, la diplomatie traditionnelle a cédé sa place à la diplomatie

dite : économique (parfois aussi appelée : diplomatie écologique (pour le cas de la France) ou

diplomatie de développement). De l’autre sphère du monde, cette nouvelle structure s’est vu

imposer progressivement par le système mondial.

La diplomatie traditionnelle est considérée avant tout, comme relevant du strict

domaine de l’État, y laissant une participation avec parcimonie de la population de cet État

avec un autre État partenaire. La diplomatie économique par contre, entend laisser une large

initiative à la population pour qu’elle puisse se prendre en main et être lui-même acteur de son

action internationale, c’est d’ailleurs la raison d’être des collectivités décentralisées.

II.5.1. L’expérience française en matière de diplomatie économique : une forte

diplomatie d’influence – relation entre commerce extérieur et affaires étrangères

Les relations entre diplomatie et commerce extérieur sont anciennes. En France, la

combinaison d’une longue tradition diplomatique et d’une forte intervention de l’État dans les

questions économiques a très souvent mis le commerce extérieur au cœur des préoccupations

de la puissance publique. La création du premier réseau consulaire français, par une

ordonnance de Jean-Baptiste Colbert, en 1681, lui confie la charge de « protéger et faire

22 Programme d'assistance mis en place pour stimuler les exportations des pays du COMESA vers les États-Unis. Consulté en ligne sur : http://www.addistribune.com/Archives/2002/09/06-09-02/AGOA.htm

Page 39: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

30

droit » aux intérêts des commerçants français. La condition fixée pour devenir « consul de la

Nation française » est d’ailleurs d’être expérimenté dans « le commerce et les affaires ».

Dans une économie mondialisée, l’intervention publique ne peut s’arrêter aux

frontières. Les entreprises françaises se sont appuyées ainsi sur le réseau diplomatique de

l’État, notamment pour faciliter la conclusion de grands contrats.

Dans ce cadre, Laurent Fabius a, depuis 2012, alors qu’il était Ministre des Affaires

étrangères, mis en avant le concept de « diplomatie économique », pour traduire les

évolutions et réformes importantes qu’il a voulu apporter à la structure du dispositif public

d’accompagnement des entreprises françaises à l’étranger. Plus tard, L. Fabius a cédé sa place

à Jean Marc Ayrault, mais au point de faire les bilans de la diplomatie économique Fabiusien,

les indicateurs affichent positifs, le remaniement a donc valu le coup.

La diplomatie française est relativement forte, basée tantôt, sur le hard Power, tantôt

en quête du smart Power américain et se présente comme étant une diplomatie d’influence à

l’endroit de l’ancienne colonie africaine.

Cette diplomatie économique repose sur trois objectifs itératifs. Il s’agit de :

soutien des entreprises françaises sur les marchés ;

l’attractivité française ;

l’adaptation des régulations européennes et internationales aux intérêts offensifs et

défensifs de la France.

II.5.2. La diplomatie économique malgache naissante : une diplomatie avortée et sans

boussole

Poussée par la nécessité de s’affirmer face à une mondialisation marchande, qu'à de

réels objectifs nationaux dont elle n'a les moyens au vu de sa situation, la diplomatie

malgache se débatte pour trouver une voie d’orientation.

Pris d’influence par le succès de la diplomatie économique française et à peine sortie

de son cocon en 2015, la diplomatie économique malgache peine à contenir les poussées

concurrentes qui sont lâchées sur elle, fruit des conjectures économiques et financières

internationales. La course de l’économie internationale en relation avec les rythmes des flux

commerciaux mondiaux laisse la politique étrangère malgache timide et peu d’influence.

Page 40: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

31

Les entreprises malgaches (PME –PMI) sont marginalisées des processus de prise de

décision et disposent d’une latitude très limitée pour pouvoir se manifester et pouvoir se

vendre sur l’international.

Les facteurs clefs du succès d’une diplomatie économique malgache :

- priorités du gouvernement malgache pour mobiliser l’ensemble des acteurs de la

diplomatie économique pour la diplomatie puisse constituer un réel levier de

développement et de croissance inclusifs pour la nation.

- renforcer la présence internationale de Madagascar

- renforcer l’expertise internationale de Madagascar

Conclusion partielle

La connaissance des diverses outils et instruments de la relation internationale offre un

paysage étendu du champ de la coopération diplomatique. Si dans le monde, les couleurs de la

diplomatie sont mises sous la lumière des flambeaux, l’expérience française en matière de

diplomatie économique inspire et représente pour Madagascar une image forte d’une

diplomatie d’influence.

Poussée par la nécessité de s’affirmer face à une mondialisation marchande qu'à de

réels objectifs nationaux dont elle n'a les moyens au vu de sa situation, la diplomatie

malgache se débatte pour trouver une voie d’orientation.

Page 41: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

LA CONDUITE DE LA RÉFORME DE

LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE POUR

UNE RÉORIENTATION VERS UNE

DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE

DEUXIEME

PARTIE

« L’État n’est autre chose

qu’une machine

d’oppression d’une classe

par une autre »

Friedrich Engels

Page 42: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

32

DEUXIÈME PARTIE : LA CONDUITE DE LA RÉFORME DE LA POLITIQUE

ÉTRANGÈRE POUR UNE RÉORIENTATION VERS UNE DIPLOMATIE

ÉCONOMIQUE

Introduction partielle

La coopération diplomatique est un concept spécifiquement indissociable de l’aspect

financière et économique de la coopération internationale ; deux concepts intrinsèquement

liés. Dans ce volet, nous essayerons d’étaler une analyse des différents rapports commerciaux

de Madagascar et déterminer la part des flux d’investissement sur l’économie nationale. Mais

sans s’arrêter à une phase descriptive, à travers le cas de la francophonie, nous focaliserons

notre attention sur la politique de rattrapage engagé par le gouvernement malgache à travers la

mise en application de la diplomatie économique.

Chapitre III : État des lieux de la situation de coopération de Madagascar avec

l’extérieur. Cas de l’intervention française : Ambassade de France, AFD et CDF

III.1. Les différents cadres la coopération

III.1.1. Cadre juridique de la coopération

L’accord de coopération entre la République française et la République malgache

remonte à l’époque où le Capitaine de frégate Didier Ratsiraka était, sous le régime du

Général Ramanantsoa, Premier ministre et Ministre des Affaires Étrangères. Cet accord est

défini par l'accord-cadre du 4 juin 197323 régissant la coopération des deux pays. Cet accord-

cadre de 1973 a donné suite à un Document Cadre de Partenariat (DCP) formulé pour la

période 2006-2010. Mais en raison de la crise politique de 2008 à Madagascar, son

renouvellement avait été suspendu.

Toutefois, une nouvelle disposition a vu le jour après que l’ancien Premier Ministre

Jean Ravelonarivo s’est rendu en France pour négocier un accord avec son homologue

Manuel Valls. Un DCP allant de l’intervalle 2016-2020 devrait être en cours de traitement et

serait bientôt signé entre les autorités des deux pays.

Cet accord, en phase de parturition, est resserré sur des priorités en cohérence avec le

programme indicatif national 2014-2020 du 11e Fonds européen de développement. Il

23Il s’agit d’un DCP signé entre la république française et malgache en 1973.

Page 43: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

33

permettra d’atteindre un objectif conjoint entre les deux pays. En effet, la signature de ce DCP

permettra à la France de se doter, à l’instar de ce qu’ont fait les autres grands bailleurs de

fonds de Madagascar, d’un plan stratégique en phase avec le Plan National de

Développement 2015-2019 adopté par les autorités locales malgaches.

III.1.2. Cadre technique et politique de la coopération

La coopération abordée sur le plan technique définit les cadres réel et palpable de la

coopération.

Sur le plan politique, depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, les relations franco-

malgaches ont été inconstantes, marquées par cinq périodes : 1) une très forte présence durant

le mandat du Président Tsiranana (1959-1972). 2) Une dégradation durant la période

« progressiste. 3) Un renouvellement, après le revirement de la politique extérieure malgache

à la fin des années 1980.4) Une hostilité de Ravalomanana vis-à-vis des Français entre (2002

et 2008), et qui préférera privilégier les Américains et les Allemands en tant que partenaires

commerciaux internationaux. 5) Ce sera plus tard, pendant la période de la transition de 2009

que les deux pays renforceront de nouveau leur lien amical. Si depuis le début du quinquennat

de Rajaonarimampianina, cette relation franco-malgache est devenue stable, si ce n’est

propice pour l’établissement d’un climat de coopération.

Bien qu’aucun incident grave ne soit à signaler sur le plan des relations diplomatiques

entre France et Madagascar, il vaut la peine de signaler que sous le régime de Ravalomanana

et celui de Rajaonarimampianina, des ambassadeurs français avaient été considérés comme

étant des persona non grata, il s’agit respectivement de Gildas Le Lidec et de François

Goldblatt.

III.2. Modalité de coopération

Les conditions de coopérations entre France et Madagascar sont nombreuses et elles

sont souvent régies par les accords, traités et conventions bilatérales qui existent entre les

deux pays Républiques. Cependant, du fait d’une histoire commune que partagent les deux

pays (la France colon et Madagascar, colonie), les modalités de coopération sont

généralement inspirées des principes diplomatiques néolibéraux et sont définies par les

rapports néo-colonialistes.

Page 44: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

34

En principe, une coopération est possible si les trois conditions suivantes sont

respectées :

- la garantie du maintien d’un climat de sécurité stable dans un environnement propice

d’investissement ;

- la meilleure gestion et gouvernance des objets et natures de coopération ;

- la facilitation et la souplesse des procédures de coopération (accord douanier...)

[L’Annexe IV présente en détail les différentes conventions et accords qui existent entre

France et Madagascar]

III.3. Architecture de la coopération : les domaines qui lient la France à Madagascar

Les formes de coopérations entre Madagascar et France sont diverses que variées. En

effet, la France est très présente à Madagascar. Sur le plan politique, comme administratif,

économique et social, culturel et éducationnel ou encore militaire, la France est représentée

dans chacune de ses diverses structures du gouvernement malgache par le biais de ses divers

acteurs en relation directe ou indirecte avec la République française.

III.3.1. Coopération économique et commerciale

La France se propose comme étant le premier bailleur bilatéral de Madagascar. Elle est

présente sur tous les plans et tous secteurs confondus : aide au développement, soutien

politique et diplomatique ou encore partenaire commercial et culturel. Selon l’Ambassade de

France à Madagascar : « la France apporte à Madagascar environ 55 M€ d’aide au

développement par an : 19 M€ en multilatéral (FED, Fonds mondial Sida) et 36 M€ en

bilatéral (dont 15 M€ de l’Agence Française de Développement (AFD) et 16 M€ de

l’AEFE) »24.

La France est un acteur économique majeur à Madagascar puisqu’elle est :

son premier partenaire commercial avec 727 M€ d’échanges en 2015 ;

son premier client (17,8 % des exportations malgaches en 2014) ;

son 2e fournisseur (11,3 % de part de marché), derrière la Chine (22 %) et devant

l’Inde (5,7 %) ;

24 Site de l’Ambassade de France à Madagascar, juillet 2016.

Page 45: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

35

son 3einvestisseur en stock d’IDE avec 15,3 % en 2014, derrière le Canada (21,6 %),

et le Royaume-Uni (17 %) ;

son 2e investisseur étranger en 2013 (après Maurice) avec 95 M€ de flux d’IDE (22 %

du flux total). En stock d’IDE, la France est le 3e pays source avec 747 M€ en 2013

(15,3 % du stock total) ;

son premier bailleur de fonds bilatéral, à travers l’AFD ;

son premier pays de provenance des touristes à Madagascar (52 % des arrivées en

2014), devant l’Italie (20 %)25.

En 2015, selon toujours l’Ambassade, les importations françaises de produits

malgaches s’élèvent à 402 M€, tandis que les exportations de produits français représentent

325 M€. Et toujours en 2015, Madagascar est le 13e marché pour la France en Afrique

subsaharienne.

En matière de coopération, l’Hexagone s’appuie sur de nombreuses institutions très

actives : l’AFD, dont les engagements ont atteint 176 M€ en 2015, l’Institut français de

Madagascar, principal pôle culturel de l’île, le réseau des 29 alliances françaises, les 24

établissements scolaires français, mais aussi des instituts de recherche liés à la France,

l’Institut pour la recherche et le développement (IRD), le Centre de coopération International

en Recherche Agronomique pour le Développement et l’Institut pasteur.

Quant aux échanges commerciaux entre les deux pays, ils sont supérieurs à 500 M€

depuis dix ans. En 2015, la France est le premier partenaire de l’île. Avec 11 % de part de

marché et 325 M€ d’exportations (+ 11,7 % par rapport à 2014), la France est le second

fournisseur de Madagascar, après la Chine, et son premier client (absorbant 15 % des

importations malgaches, soit 402 M€ en 2015). Au total, Madagascar est le 13e débouché des

produits français en Afrique subsaharienne et le 7e fournisseur de la France alors que le pays

n’est que la 26e économie du continent. Cette hausse des échanges (+ 8,4 % au total entre

2014 et 2015) s’inscrit dans un contexte économique et un climat des affaires encore très

moroses et confirme la relation commerciale forte entre les deux pays26.

25 Il s’agit d’un classement obtenu du site officiel de l’Ambassade française, juillet 2016. 26 Op.cit.

Page 46: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

36

Les firmes françaises à Madagascar

Une présence française très importante à Madagascar est soutenue par un dense tissu

d’entreprises françaises et des investissements en croissance. Les intérêts français sont

anciens et couvrent à Madagascar des secteurs variés : services financiers (Société générale,

Allianz), téléphonie (Orange Camusat), les biens de consommation (Castel, Casino, Canal

Sat), la distribution de carburants et de gaz (Total, Air Liquide), BTP et immobilier, transports

(Air France, Air Austral, Corsair), tourisme et services. Il existe 170 filiales. Bref, plus d’un

millier d’entreprises à capitaux français sont installées à Madagascar.

III.3.2. Coopération culturelle, scientifique et technique

Particulièrement dense, le réseau culturel français à Madagascar comprend un centre

culturel à Tananarive, un centre d’information technique et économique et les alliances

françaises (29 établissements), lesquelles accueillaient plus de 26 000 étudiants en 2015.

Les trois missions fondamentales du réseau des alliances françaises à Madagascar sont

l’enseignement du français « sous toutes leurs formes », l’organisation d’événements et

d’animations culturels, ainsi que la promotion de la lecture publique. L’offre culturelle de

l’Alliance française s’articule autour de plusieurs axes : coopération avec les grands festivals

dans la capitale et en province, coopération avec les instituts de recherche (IRD, CIRAD,

Institut Pasteur) pour la circulation d’expositions scientifiques et l’organisation de

conférences, organisation de grands événements populaires lors des rendez-vous annuels (Fête

de la Francophonie, Fête de la Musique, etc.). En juillet 2012, le gouvernement malgache a

octroyé à l’Alliance française le statut d’association reconnue d’utilité publique.

Composé de 24 établissements, le dispositif d’enseignement français à Madagascar

forme le quatrième réseau de l’AEFE par le nombre d’élèves (11 449 inscrit à la rentrée

scolaire de septembre 2015).

Hormis cela, il existe au sein du Ministère français des Affaires étrangères et des

Affaires européennes une direction générale qui contribue à la promotion de la coopération

culturelle avec les États avec lesquels la France partage une relation diplomatique, dont

Madagascar.

Page 47: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

37

III.3.3. Autres types de coopération : la coopération militaire

Les crédits accordés par le MAEE au titre de la coopération militaire s’élèvent à

3.696.492 € en 201027. 17 coopérants militaires travaillent pour la mission de coopération

militaire et de défense, qui a organisé des formations pour un montant de 105.385 € et

envoyé 85 stagiaires en France.

Il existe toutefois d’autres acteurs qui participent dans la coopération directe ou par

intermédiaire entre Madagascar et la France. On peut citer l’AFD, l’Ambassade de France à

Madagascar ou encore les collectivités françaises décentralisées…

III.4. Les principaux instruments et domaines d’intervention des divers acteurs français

(Aide, suppression de dette)

III.4.1. L’ambassade de France comme acteur de coopération

L’ambassade de France à Madagascar déploie de larges efforts pour la participation au

développement du pays. Ces efforts peuvent être directs ou réalisés par l’intermédiaire d’un

tiers organisme ou autre institution français. On pourrait citer le cas de l’AFD, des

collectivités décentralisées, des ONGI françaises, ou encore d’autres acteurs tels les réseaux

d’écoles et alliances françaises…

Cependant, parmi les actions à travers lesquelles intervient l’Ambassade, on peut

évoquer les négociations diplomatiques et protocolaires qui se réalisent entre les deux pays.

En dehors des programmes habituels de bourses qu’elle octroie aux étudiants malgaches.

(Chiffres pour chaque année) l’ambassade intervient également à travers sa proposition

d’envoi de conseillers techniques français sur le sol malgache (des non-fonctionnaires) qui

viendront intervenir dans les divers Ministères malgaches, (Min. des Finances et du Budget,

Min. de l’agriculture et de l’élevage, Min. des transports et du Tourisme…), une fois qu’ils

obtiennent de l’accord d’agrément de la part du MAE malgache. Généralement, ces

techniciens apportent aux ministères un renforcement de capacité, de nouvelles expertises et

surtout de l’appui technique dans l’administration et la gouvernance.

Au-delà de ces conseillers et techniciens, l’Ambassade s’engage dans des actions

sociales et humanitaires diverses. A titre d’illustration, elle a aménagé récemment un terrain

27 Le Monde diplomatique, mai 2016

Page 48: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

38

de football et un espace de distraction à 67ha. Notant toutefois que selon le Ministère

malgache des Affaires étrangères, 80 % de la coopération française28 est gérée par l’AFD à

Madagascar.

Il existe également de soutien aux politiques publiques :

L’amélioration des données statistiques

La coopération française apporte depuis de nombreuses années son soutien à l’Institut

national de la Statistique (INSTAT). Le domaine des statistiques constitue en effet un élément

essentiel pour une meilleure définition des politiques publiques et évaluation de leurs

résultats. À ce titre, un assistant technique est mis à la disposition du Directeur général de

l’INSTAT pour notamment le conseiller dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de

Développement de la statistique (SNDS) et le soutenir dans la concrétisation des réformes

préconisées en 2008 par une mission de Paris 21.

Depuis 2012, dans le cadre de renforcement de la communication, de l’offre statistique,

de la publication et de la diffusion à l’Institut National de la Statistique (INSTAT) de

Madagascar, le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France

participe au renforcement de la lisibilité et de la visibilité des informations statistiques à

travers l’assistance technique française. Avec l’appui de l’expertise française, un Comité de

Rédaction a été mis en place à l’INSTAT afin de valider la rédaction des publications et de les

rendre plus lisibles.

L’appui à la consolidation des recettes de l’État

Ce secteur a fait l’objet d’interventions constantes de la coopération française,

notamment à travers le projet FSP « d’Appui à la Réforme des Administrations Fiscales »

(PARAF) signé avec les autorités malgaches en juillet 2005 pour un montant de 600.000 €.Un

assistant technique reste aujourd’hui placé auprès du directeur général des impôts. Il contribue

à l’accompagnement des réformes nécessaires à un meilleur recouvrement des recettes et à

leur progression.

28 Information obtenue auprès du Service Europe, au sein de la direction de la Coopération bilatérale. Il s’agit d’une estimation qui est sujet à variation mais 80% est le chiffre le plus caractéristique de l’équation qui représente la part de l’intervention française à Madagascar (tous secteurs inclus).

Page 49: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

39

Le Cadre de partenariat : un espace de dialogue sur les politiques publiques

Le Cadre de Partenariat regroupe les bailleurs de fonds qui mettent en œuvre de l’appui

budgétaire au gouvernement malgache (la Banque Africaine de Développement (BAD), la

Banque mondiale, l’Union européenne, la France, l’Allemagne).

Il a comme objectif principal de renforcer la coopération entre le Gouvernement et ses

Partenaires en vue de permettre une utilisation plus efficace de l’aide budgétaire extérieure,

dans l’esprit de la Déclaration de Paris (DP), et comprend :

Le renforcement du dialogue entre le Gouvernement et les Partenaires, afin

d’aligner les engagements de financement de ces derniers sur les priorités de

développement du Gouvernement et de faire le point sur les progrès

enregistrés ;

L’harmonisation des processus et procédures des Partenaires afin de minimiser

les coûts de fonctionnement de part et d’autre et d’augmenter l’efficacité de

l’aide ;

L’accroissement de la prévisibilité (tant en ce qui concerne le calendrier que

les montants) des flux de l’appui budgétaire des Partenaires ;

Un appui coordonné au renforcement des capacités.

III.4.2. L’Agence française de développement (AFD) comme partenaire

Le Groupe AFD est présent à Madagascar dans de nombreux secteurs : l’éducation de

base, le développement rural, la gestion des ressources naturelles, l’environnement, les

infrastructures urbaines et portuaires, ainsi que l’appui au secteur privé (microfinance et

financement d’entreprises à travers PROPARCO). Ses actions sont mises en œuvre en liaison

étroite avec celles du Service de coopération.

Les moyens d'intervention de l’AFD tournent autour :des prêts, des subventions, les

garanties, les contrats de désendettement et de développement, les fonds propres de

développement, les outils de financement à destination des ONG ou encore la facilité de

financement des collectivités territoriales (FICOL).Ainsi, les instruments de financement de

l’AFD sont divers. Il s’agit majoritairement de dons accordés à l’État, conséquence des

Page 50: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

40

annulations de dettes décidées par la communauté financière internationale, mais également

de prêts très concessionnels contra cycliques, de facilités d’appui à la microfinance, de fonds

de garantie pour les banques ou de financement du secteur privé.

Le montant total des concours du groupe AFD à Madagascar actuellement en cours de

décaissement s’élève à 155,6 M€ (AFD : 125 millions d’euros ; Fonds français pour

l’environnement mondial : 4,3 M€ et 26,6 M€ pour l’aide budgétaire)29.

Quant aux outils de financement, la grande diversité des outils dont dispose l’AFD est

un atout majeur pour œuvrer en faveur du développement. Année après année, l’AFD renforce

et élargit cette gamme de produits financiers en fonction de l’évolution des besoins des pays

partenaires et de ses propres missions.

L’AFD s’engage par ailleurs dans le développement de partenariats public-privé et

participe à la réflexion de la communauté internationale sur le meilleur usage des ressources

publiques bonifiées. Cette initiative coïncide effectivement avec la réorientation prise par

Madagascar dans l’adoption de la diplomatie économique comme outil d’expression de sa

politique étrangère.

Tableau n° 3 : Disposition des outils et instruments de financement de l’AFD

Outils Description de l’objet/bénéficiaires Modalité d’obtention

Les prêts

Grâce aux prêts à long terme, l'AFD peut accorder des prêts à

des conditions plus favorables pour les bénéficiaires

auxquelles les marchés les soumettent. Néanmoins

l’intervention de l’AFD est toujours précédée d’une analyse de

la subsidiarité du financement considéré afin d’éviter tout

risque de distorsion de marché. Les prêts de l'AFD peuvent

être octroyés à un État ou à un organisme public bénéficiant

d'une garantie d'un État (« prêt souverain »), ou à un acteur

(entreprise, organisme privé ou public) ne bénéficiant pas

d'une telle garantie (« prêt non souverain »).

Les conditions de ces prêts sont

également déterminées en fonction

de : — la nature du projet

— la qualité de l'emprunteur (son

secteur d'activité, sa notation, ses

garanties) et de l'environnement du

projet (contexte politique,

économique, social,

environnemental).

Les contrats de

désendettement et de

développement

La démarche Contrat de désendettement et de développement

(C2D) est une procédure d'annulation des créances d’Aide

Publique au Développement (APD) pour les pays pauvres très

endettés (PPTE), dont Madagascar. C'est un des volets

spécifiques français entrant dans le cadre général de l’initiative

de traitement de la dette. Elle vise à procéder à un

L'AFD est l'opérateur des contrats

de désendettement et de

développement (C2D) pour les

pays de la zone de solidarité

prioritaire. Il s'agit de mécanismes

de refinancement par don des

29Site de l’AFD Madagascar-

Page 51: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

41

refinancement par dons, dans le budget du pays, des échéances

d’APD remboursées par les États partenaires.

échéances du service de la dette

des pays pauvres très endettés.

Les subventions

Les subventions sont prioritairement destinées aux pays les

plus pauvres : la France concentre ses subventions sur un

nombre limité de pays pauvres prioritaires. Lors du Comité

interministériel de la coopération internationale et du

développement (CICID) en 2013, il a été décidé que le

gouvernement y concentre au moins la moitié des subventions

de l’État et les deux tiers de celles mises en œuvre par l’AFD.

Elles concernent non seulement les

secteurs sociaux (santé, éducation),

mais aussi les projets

d’infrastructures ou de

développement rural et urbain.

Le Fonds d'expertise

technique et

d'échanges

d'expériences

(FEXTE)

Le FEXTE est un outil financier pour financer des

programmes de coopération technique dans les pays à revenu

intermédiaire (PRI) afin de nourrir le dialogue sur les

politiques publiques tout en valorisant les savoir-faire

français. Il a été mis en place dans le but de répondre aux

demandes et besoins d’expertise et/ou d’expériences françaises

des PRI tout en contribuant au développement durable.

Les exigences tiennent au

— Champ sectoriel axé

« Croissance verte et solidaire »

— Valorisation d’une expertise ou

d’une expérience française.

— Contribution à l’influence

française.

Les fonds propres de

développement

Les fonds propres sont gérés par Proparco. Cette filiale de

l'AFD s’est dotée d’une équipe spécialisée dans le capital-

investissement afin de compenser la rareté des offres de

financement en fonds propres dans de nombreux pays.

La Facilité de

financement des

collectivités

territoriales françaises

(FICOL)

L’AFD accompagne depuis plusieurs années les collectivités

locales des pays en développement sur la base d’un constat

simple : les décisions de développement sont d’autant plus

opérantes qu’elles sont définies au niveau local.

Source : synthèse personnelle issue de la fusion des documents obtenus de l’AFD

III.4.3. Les collectivités comme acteur de coopération : les collectivités françaises et

malgaches partenaires

41 collectivités territoriales françaises (11 Conseils régionaux, 8 Conseils généraux,

4 intercommunalités et 18 communes) sont partenaires de 35 collectivités territoriales

décentralisées malgaches (12 Régions, 5 structures intercommunales et 18 communes + 54

autres communes à travers l’appui aux structures intercommunales ou dans le cadre du projet

Cap’Eau porté par le partenariat Grand Lyon/Région Haute-Matsiatra) au 1er août 2014.

Il convient d’y ajouter la mobilisation des six Agences françaises de l’eau (Adour-

Garonne, Artois-Picardie, Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Rhône-Méditerranée-Corse, Seine-

Page 52: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

42

Normandie), partenaires des collectivités françaises engagées à Madagascar, en particulier

dans le cadre de la loi Oudin-Santini (dite « 1 % eau »).

Engagements financiers des collectivités françaises à Madagascar

En 2013, les montants engagés dans le cadre de la coopération décentralisée s’élèvent à

environ 8,12 millions €, dont plus de 4,7 millions € destinés aux projets sont apportés

directement par les collectivités françaises, auxquels il convient d’ajouter près de 800 000 €

de valorisation humaine, technique et logistique apportée par une quinzaine de volontaires et

assistants techniques présents de manière permanente sur le terrain.

Figure n° 3 : Évolution de la contribution des coopérations décentralisées franco-

malgaches

Source : AFD-Madagascar, mai 2016

Toujours, en 2013, les concours financiers apportés par les collectivités françaises à

Madagascar ont légèrement dépassé les montants de 2011 et 2012. La hausse significative des

projets portés par les coopérations décentralisées qui ont bénéficié d’un financement

extérieur, de l’AFD et de la Délégation de l’Union européenne (DUE) témoigne de la

professionnalisation des programmes et des relations de confiance établies avec les

partenaires techniques et financiers. Les quinze plus importantes contributions financières des

collectivités territoriales françaises au titre de la coopération décentralisée sont représentées

par la figure qui suit.

Page 53: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

43

Figure n° 4 : Répartition des concours financiers en 2013

L’appui institutionnel reste le secteur phare de la coopération décentralisée et se décline en

deux types d’activité : un appui direct aux

services des collectivités territoriales malgaches

(formations, soutien à l’élaboration de

documents de planification) ou un appui dans le

cadre de projets sectoriels, notamment aux

services techniques déconcentrés ou

décentralisés (directions régionales de l’eau, du

développement rural, de l’élevage, offices

régionaux du tourisme, etc.)

Source : Rapport d’activité, AFD Madagascar, 2013

Les secteurs prioritaires d’intervention restent :

Urbanisme, transports, fonciers ;

Agriculture, élevage et pêche ;

Eau, hygiène et assainissement.

La montée en puissance du secteur Éducation, formation, francophonie et Sports, culture,

jeunesse s’explique principalement par deux facteurs :

Un effort accru des coopérations décentralisées en faveur de la formation

professionnelle, notamment dans le secteur agricole ;

Le déploiement par le Conseil général de la Réunion d’une vingtaine de volontaires

dans les lycées publics malgaches et au sein du réseau des Alliances françaises.

Page 54: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

44

Chapitre IV : L’organisation du Sommet de la francophonie, un cas de coopération

diplomatique

IV.1. Bref historique de la Francophonie

Le terme francophonie est apparu pour la première fois vers 1880, lorsqu’un géographe

français, Onesime Reclus, l’utilise pour désigner l’ensemble des personnes et des pays parlant

le français. Le dernier rapport en date de l’Observatoire de la langue française, publié en

2014, estime le nombre de locuteurs francophones à 274 millions, répartis sur les cinq

continents. Si la francophonie avec un petit « f » est l’ensemble des locuteurs francophones, la

Francophonie avec un grand « F » indique le dispositif institutionnel.

Dès les premières décennies du XXe siècle et précisément, depuis 1970 et la création

de l’agence de coopération culturelle et technique (ACCT), devenue aujourd’hui

l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), les francophones ont pris conscience

de l’existence d’un espace linguistique partagé. Les pays membres de l’OIF pouvaient

désormais s’appuyer sur un dispositif institutionnel voué à promouvoir la langue française et

les relations de coopération propice aux échanges et à l’enrichissement mutuel entre les 80

États et gouvernements membres de l’OIF dont Madagascar fait parti. Ce dispositif est fixé

par la Charte de la Francophonie adoptée en 1997 au Sommet de Hanoï (Vietnam) et révisée

par la Conférence ministérielle en 2005 à Antananarivo (Madagascar). L’OIF est dirigé

actuellement par la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, qui est la clef de

voûte de ce dispositif. Elle a été désignée à ce poste par le Sommet de la Francophonie en

2014 à Dakar (Sénégal).

À l’issue de la 31e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie qui s’est

tenue le 10 au 11 octobre à Erevan (Arménie), il ressort de cela que Madagascar accueillera le

XVIe Sommet de la Francophonie qui se tiendra du 22 au 27 novembre 2016. Le thème du

sommet à Madagascar sera consacré à la « Croissance partagée et développement

responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone ».

Page 55: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

45

Photo n° 3 : Réunion avec la SG de la francophonie au Carlton Madagascar

Source : Responsable auprès du Ministère de la Jeunesse et Sport, Mars 2016

IV.2. Les dispositifs engagés par le gouvernement malgache à travers le projet

d’organisation de la foire économique internationale de la francophonie

Conscient du rôle grandissant et surtout incontournable du volet économique au sein de

la Francophonie et suite à la logique du 1er Forum économique de la Francophonie à Dakar en

2014 et du 2e Forum, qui s’est tenu le 27 octobre 2015 à Paris, Madagascar s’est donné

l’initiative d’organiser la 3e édition du Forum sur son sol.

En fait, dès son fondement, le but du forum était d’accélérer la mise en œuvre de la

stratégie économique adoptée au Sommet de la Francophonie à Dakar en transformant idées et

propositions en actions concrètes avec l’implication des acteurs des secteurs privé et public. Il

ressort de cela que parmi les raisons qui ont poussé Madagascar à prendre cette relève, il y a :

la jeunesse de la population africaine et malagasy et les besoins de création d’emploi et de

richesse en multipliant les échanges économiques et commerciaux.

Signalant que les objectifs visés par l’organisation de la Foire de la francophonie sont

intrinsèquement liés à ceux de l’accueil du XVIe Sommet de la francophonie. Le tableau

suivant donne un aperçu général de ces objectifs.

Page 56: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

46

Tableau n° 4 : Les objectifs visés par l’organisation de la foire de la francophonie

PROJET DE FOIRE DE LA FRANCOPHONIE (OBJECTIFS)

OBJECTIFS PRINCIPAUX OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

Renforcer la position de la langue

française en tant que langue des affaires

et de négociations internationales ;

Promouvoir les relations de partenariat et

la constitution des réseaux entre les

membres du secteur privé francophone

afin de renforcer davantage les liens et les

échanges multiformes entre les secteurs

privés ;

Affirmer le rôle du secteur privé dans

l’intégration économique internationale

ainsi que la lutte contre la pauvreté au

sein de l’espace francophone.

Promouvoir davantage les échanges

économiques et commerciaux dans

l’espace francophone : importation et

exportation des marchandises,

mouvement des investissements privés en

matière de NTIC, des mines, de l’énergie,

de la promotion du tourisme, etc.

Développer la chaîne de valeur

informationnelle et structurer le réseau

francophone du secteur privé afin de

partager les informations économiques et

commerciales pertinentes dans le temps ;

Source : Enquête personnelle, Service des Affaires culturelles, mai 2016

Pour que les objectifs prédéfinis soient atteints à travers l’organisation de la Foire, les

moyens de réalisation engagés par les divers acteurs (le secteur public : tous les départements

ministériels, le secteur privé ainsi que les partenariats internationaux : les organisations

internationales comme l’OIF, le PNUD, l’AFD, les partenaires techniques et financiers

bilatéraux, régionaux et multilatéraux) ont été accommodés avec les résultats escomptés.

Parmi ces résultats, le Forum cherche :

À accorder au secteur privé sa place véritable en tant que moteur de développement

au sein de l’espace francophone ;

À tisser des réseaux économiques francophones au niveau du secteur privé : Chambre

consulaire, partenariat d’affaires ;

À faire de la Foire économique internationale de la Francophonie un outil pour

présenter des opportunités de partenariat inouïes pour le secteur privé des pays en

développement ainsi que des pays moins avancés, particulièrement le secteur privé

malagasy.

Page 57: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

47

Notant que cette foire économique internationale de la Francophonie se propose d’être

un avant-goût de l’accueil du grand Sommet de la Francophonie. Cependant, ne va-t-il pas

sans dire que qui dit accueil du Sommet dit investissements et dépenses.

IV.3. Les dépenses allouées à l’organisation du Sommet de la Francophonie

En effet, les dépenses allouées à l’accueil du Sommet de la Francophonie à

Madagascar est inscrit dans la loi de finances pour 201630. Toutefois, il est difficile de

déterminer avec précision la part des dépenses publiques quant à l’accueil de ce Sommet

d’envergure. Le MAE ne peut cependant pas se prononcer par rapport à cette question pour

raison de confidentialité.

Les sources exogènes révèlent en effet que l’accueil du Sommet coûtera à l’État

malgache environ 115 milliards d’Ar,31 dont 25 milliards pour la Délégation Générale de

l’Organisation du Sommet et près de 90 milliards pour la réhabilitation de certaines routes.

Dans son dernier rapport, la Banque mondiale a révélé que l’État a fait un emprunt de 89,6

milliards d’Ar auprès du Gouvernement chinois, ce qui correspondrait aux budgets de cinq

petits ministères.

Figure n° 5 : Feuille des dépenses de l’État allouées à l’accueil du Sommet de la

Francophonie

Source : KoloTV Madagascar, avril 2016

30 Op.cit. 31 L’Express de Madagascar du 12 Avril 2016

25 milliards d’Ar : Budget pour les préparatifs de

l’accueil du Sommet de la francophonie. (délégation

générale de l’organisation)

Prêt de 30 millions de $ (auprès du gouvernement

chinois) — pour réhabilitation des routes, soit : 30 millions

de $ : pour construction de 30 km de routes

150 millions d’euro : Extension de l’aéroport d’Ivato

28 millions de dollars : Réhabilitation de CCI Ivato

Page 58: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

48

IV.4. Position et attentes des Malgaches vis-à-vis de la France et de la francophonie

Aujourd’hui, dans l’inconscient collectif des malgaches, nous pouvons lire quelques

hostilités par rapport à l’ouverture à l’extérieur et notamment, à l’ouverture vers la France.

Des mouvements populaires et des sit-in organisés par les sociétés civiles nous donnent une

image d’une forme de syndrome de mal-être citoyen qui explique le désintérêt par rapport

d’abord, aux Français et une sorte de scepticisme et rejet par rapport à l’accueil du Sommet de

la francophonie. Le résultat du sondage32 suivant donne une explication sociologique de ce

phénomène lié à la réticence de l’opinion publique par rapport à l’accueil dudit Sommet.

Sur 400 personnes sondées, 18 ans révolues et habitant la ville d’Antananarivo,

l’échantillonnage est constitué de 51 % de femmes et de 49 % d’hommes. La question portant

sur : selon vous, quelle doit être la priorité de l’État pour l’année 2016, a donné comme

configurations de réponses comme il est représenté par la pyramide suivante.

Figure n° 6 : Pyramide représentant les aspirations des citoyens vis-à-vis de l’État pour

l’année 2016

Soit : 23 % des personnes sondées considèrent le chômage comme étant une priorité

absolue. L’insécurité est placée au second rang et constitue 17 % de la fraction. Elle est suivie

du délestage qui occupe les 15 % des aspirations.

Si le pouvoir d’achat, l’éducation et la formation,

la santé publique représente respectivement les

12 %, 11 % et 10 % de la portion. Seulement,

09 % de l’échantillon considère les îles

éparses comme devant être une priorité de l’État.

L’accueil du Sommet de la francophonie occupe

la base de la pyramide et représente les 04 % de

l’opinion de l’échantillon.

Source : figure personnelle, avec appui des données obtenues de l’agence Capsule

Madagascar, mai 2016

32 Il s’agit d’un sondage réalisé par l’Agence Capsule Madagascar en janvier 2016 portant sur un sondage d’opinion pour faire état de ce qui doit être la priorité de l’État.

le chômage

l’insécurité

le délestage

l’éducation et la formation

la santé publique

les îles éparses

l’accueil du Sommet de la francophonie

Page 59: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

49

Cette pyramide montre que bien que l’accueil du Sommet de la francophonie soit un

sujet très médiatisé et d’actualité, elle ne nourrit pas pour autant l’attention des Malgaches. Ce

phénomène de réticence peut être à l’origine d’enchainement de circonstances qui participe à

l’hostilité citoyenne. Ce problème peut s’expliquer dans un premier temps, par le fait que

l’État semblerait ne pas accorder de l’importance aux problèmes sociaux internes du pays.

Dans l’intention de mieux cerner le contexte de l’étude lié à la francophonie, notre

sondage a porté sur l’opinion par rapport à l’accueil dudit Sommet. Le sondage a fourni les

résultats suivant qui confirme celui réalisé par l’agence Capsule Madagascar.

Pour la question : « Quelle est votre opinion pour l’accueil de ce sommet ? », les

réponses obtenues ont donné les configurations suivantes :

Tableau n°5 : Opinion sur l’accueil du Sommet de la francophonie

Parmi les 30 personnes sondées, environ 70 %

des opinions était non favorable pour l’accueil

du sommet si seulement 17% y était favorable

et environ 10 % des opinions n’y accordaient

aucune importance. Cette froideur de l’opinion

pourrait aussi s’expliquer par le fait que

certains médias semblent jouer le rôle d’un

contre-pouvoir et parfois polluent l’opinion

publique.

Source : enquête personnelles, mai 2016

Ces problèmes participent à la création d’un sentiment de phobie vis-à-vis des Français

d’un côté, mais ensuite, vis-à-vis de la communauté internationale dans son ensemble.

La tergiversation de cette dernière dans la résolution de la dernière crise de 2009 rappelle aux

Malgaches que la communauté internationale ne représente ni pour le Pays ni pour les

Malgaches un outil idéal qui peut offrir à leur pays l’épanouissement et l’émancipation dont

ils ont besoin. D’où la « francophono-scepticisme » devient un prolongement de la

francophobie.

Aussi, bien que la constitution malgache stipule que : « tout accueil de sommet

d’envergure internationale doit passer par un référendum populaire », environ 93 % des

OPINION Effectif Pourcentage

(%)

Favorable 05 17

Pas favorable 21 70

Indifférent 03 10

Ne sait pas 01 3

Pas de réponse 0 0

TOTAL 30 100

Page 60: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

50

opinions semblent ne pas être concernées par la décision du gouvernement d’avoir organisé et

accueilli le Sommet de la francophonie au vue de la situation économique actuelle du pays.

Et comme l’appareil administratif demeure verrouillé pour les Malgaches : les

pratiques bureaucratiques, le manque de transparence, la mauvaise gouvernance…tout cela

participe à l’hostilité de l’opinion publique par rapport à l’accueil du sommet de la

francophonie mais plus spécifiquement, par rapport à l’ouverture à l’extérieur.

Le cas des îles éparses : les différends franco-malgaches

Parallèlement, les différends franco-malgaches liés à la revendication des îles éparses

participent à l’augmentation du sentiment de phobie à l’endroit de la France, qui vient encore

rappeler aux Malgaches nationalistes, en particulier, l’impérialisme français sous la

colonisation. Certains activistes politiques malgaches y voient dans l’occupation de ces îles

une colonisation masquée, exercé par les Français sur la personne des Malgaches.

Tableau n° 6 : Opinion sur le propriétaire légitime des îles éparses

Selon la question : « Pensez-vous que ces îles appartiennent aux Malgaches ou aux

Français ? »

Plus de la moitié des personnes sondées ont estimé que les îles éparses sont malgaches.

Ainsi, 33 % du quotient ont déclaré ne pas savoir à qui ces îles doivent-elles revenir.

7% affirment toutefois que ces îles

sont françaises. Si le reste de

l’équation, soit une majorité de 60 %

déclare que ces îles doivent revenir

impérativement aux malgaches.

Source : enquête personnelles, mai 2016

Aujourd’hui encore, beaucoup de Malgaches ignorent que les îles éparses doivent leur

revenir de droit. Toutefois, les Nations-unies reconnaissent Madagascar en tant que

propriétaire légitime de ces îles. En conséquence de quoi, l’ONU a fait sortir une résolution

invitant la France à renégocier et trouver avec Madagascar une solution pour que ce dernier

Propriétaire Effectifs Pourcentage (%)

Malgache 18 60

Français 02 7

NSP 10 33

TOTAL 30 100

Page 61: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

51

puisse s’approprier à nouveaux de ses îles, qui avant tout, regorgent de richesses en

hydrocarbures (en l’occurrence, gaz naturel et pétrole, entres autres ressources rares).

A titre de rappel pour une petite historique, les îles Éparses sont situées dans le canal

du Mozambique, du moins, pour quatre d’entre-elles – Juan de Nova, Europa, Bassas da

India, les Glorieuses –, et la cinquième – Tromelin. Elles se trouvent sur les eaux territoriales

malgaches, à 50 nautiques et sur son plateau continental à 100 nautiques. Cela fait que pour

des raisons historiques que géographiques ou juridiques, ces îles appartiennent à Madagascar.

La carte d’identité ci-après permet de mieux comprendre cette notion d’appartenance.

D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, certaines organisations internationales à

l’instar de l’OUA ou de l’ONU reconnaissent le droit de propriété de Madagascar pour ces

îles. C’est le cas de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui invite en 1978 la France à

rétrocéder les îles Éparses du canal du Mozambique (sans Tromelin) à Madagascar33. Plus

tard, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) adopte deux

résolutions (non contraignantes) en 1979 puis en 1980, invitant la France à restituer les îles

Éparses à Madagascar ou, a minima, à entamer des négociations34.

33 GAY Jean-Christophe, « Les îles Glorieuses », in Mappemonde 60, avril 2004, p. 42

34 Résolution 34/91 du 12 décembre 1979 et résolution 35/123 du 11 décembre 1980

Tromelin (15S53– 54E31), 600 km au nord-est de Tamatave et 560 km au nord de la Réunion,

île ovoïde de 1 600 mètres de long du NO au SE et de 600 mètres de large.

Juan de Nova (17S03– 42E43) se trouve dans la partie la plus étroite du canal du Mozambique,

à 285 km de la côte africaine et à 175 km de la ville côtière malgache de Maintirano. 6 km de

longueur et largeur maximale de 1 600 mètres.

Europa (22S21 – 40E21), 330 km au nord-ouest de Tuléar et à 500 km de la côte africaine, île

Eparse la plus vaste, elle s’étend sur 3 000 hectares et comprend un lagon de 900 hectares.

Bassas da India (21S28– 39E42), à 350 km de la ville côtière malgache de Morombe. Atoll de

12 km de diamètre.

Archipel des Glorieuses, longueur de 16 km, deux unités, la Grande Glorieuse

(11S33– 47E17), 480 hectares de superficie et l’île du Lys, ou Petite Glorieuse, 600 mètres de

circonférence. Source : TAAF.

Page 62: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

52

Chapitre V : Politique de rattrapage et de l’expansion économique : Le MAE, une

locomotive du développement à travers la diplomatie économique

V.1. La transition économique, fonction de la mutation du système international

De manière générale, il ne fait plus aucun doute pour les observateurs de la scène

internationale que l’économie est devenue l’un des champs majeurs de l’activité

diplomatique.

Selon les chiffres datant de janvier 2016, à Madagascar, le PIB nominal de 2015 s’élève à

28 359 milliards d’Ariary contre 25 775 milliards d’Ariary pour 2014. Le taux de croissance

du PIB est de 3,2 % en 2015 contre 3,3 % pour celui de 201435. Le secteur primaire accuse un

taux de croissance de 0,7 % contre 7,5 % pour le secteur secondaire et 3,6 % pour le secteur

tertiaire. Selon un responsable du MAE cette nette reprise en taux de croissance du PIB serait

lié implicite/explicite-ment avec les différentes initiatives prises par le gouvernement en

matière de réformes en politique intérieure et extérieure liées à la diplomatie économique.

Néanmoins, les spécialistes des relations internationales interprètent la « diplomatie

économique » sous deux facettes. La première, la plus répandue chez ces spécialistes, n’y voit

que l’extension du champ diplomatique traditionnel des États vers le domaine économique, en

liaison avec la montée des interdépendances entre les économies. Par contre, la seconde

facette postule que les nombreux changements liés à ce qu’il est convenu d’appeler la

« mondialisation économique » bouleversent complètement le cadre de l’action extérieure des

États.

De ces deux visions du monde naissent deux représentations de la diplomatie

économique. Selon la vision traditionnelle, initiée essentiellement aux États-Unis, les

transformations du monde de ces dernières décennies n’ont pas fondamentalement altérés la

nature du système international, qui reste déterminer en priorité par ses acteurs principaux, les

États. Il est également reconnu que l’économie occupe désormais une place centrale dans les

relations interétatiques et qu’il existe d’autres acteurs internationaux que les États, en

particulier, les entreprises multinationales.

35INSTAT Madagascar

Page 63: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

53

Une seconde approche, initiée par les travaux du chercheur britannique Susan

Strange, postule à l’inverse de la précédente, que la capacité des États à définir les règles du

jeu économique et social mondial a été largement érodée par la montée du pouvoir relatif des

acteurs privés.

Cette conception du système international amène à une définition beaucoup plus large de la

diplomatie économique. Celle-ci peut alors être représentée par un triangle délimité par les

relations entre États, comme dans le premier cas, mais également par les relations entre États

et firmes et par les relations entre firmes.

Figure n° 7 : Boucles de représentation du système de la diplomatie économique

L’enjeu des relations États-firmes est celui de la

compétitivité des territoires et du contrôle de l’activité des

entreprises. Alors que les États veulent profiter de la

division internationale du travail, quelle que soit

l’entreprise qui produit sur leur territoire, les firmes

multinationales veulent maîtriser leurs processus de

production, quel que soit l’endroit où elles s’installent. Ce

problème peut être interprété comme étant à l’origine d’un

conflit d’intérêt entre État et firmes multinationales.

Source : Figure personnelle, mai 2016

Une telle conception de la diplomatie économique a plusieurs conséquences

importantes. La première souligne l’effacement des frontières entre politique interne et

action économique extérieure des États. Donc, l’État apparaît plus que jamais comme le

médiateur entre les stratégies des entreprises, souvent perçues comme une menace, et la

cohésion sociale de son territoire. Par ailleurs, un possible développement de l’économie

nationale se révèle être un variable dépendant de la conjecture du système internationale en

pleine mutation.

Des politiques généralement considérées comme purement domestiques, comme celles

touchant à l’éducation, aux transports ou à la fiscalité, sont désormais discutées dans le

contexte de la compétitivité nationale, perçue comme le meilleur moyen de promouvoir la

croissance et d’élever le niveau de vie nationale. A ce titre, un projet de loi sur la réforme des

Etats-Firmes

Firmes-Firmes

Etats-Etats

Page 64: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

54

politiques liée à la promotion de l’industrie de transformation textile et des matières premières

sera voté à l’Assemblée nationale pour le moi d’octobre prochain.

V.2. Les orientations prises dans la visée de la réforme et la promotion de la diplomatie

économique

Les orientations adoptées par le gouvernement en matière de la promotion de la

diplomatie économique touchent essentiellement les stratégies de communication et de

négociation avec l’extérieure et le remaniement des outils de coopération internationale.

Ainsi, la mise en application de la diplomatie économique malgache s’exprime à travers la

conduite et la mise en œuvre de certaines dispositions politiques et stratégiques dont :

V.2.1. Situation du commerce international lié aux investissements étrangers à

Madagascar

Depuis l’intégration et l’adoption de la politique d’ajustement structurel, des

changements se sont opérés, tant au niveau continental que régional. Cette mise en œuvre de

politique d’ajustement structurel en Afrique et en l’occurrence à Madagascar, en 1980, a

entrainé quelques bouleversements au niveau de l’économie nationale.

En effet, ces dispositions sont censées agir sur la conjoncture et sur les structures des

pays pour améliorer le fonctionnement économique du pays concernés et elles résultent d'une

négociation entre un pays endetté et le Fonds monétaire international (FMI). Toutefois, ce

dernier conditionne son aide à la mise en place de réformes pérennes appuyées par l’octroi de

crédits, dénommés entre autres, prêts d'ajustement structurel ou des prêts d'ajustement

sectoriel. Notant que les crédits sont débloqués par tranches successives à mesure que le

programme d’ajustement structurel est mis en place.

La promotion du 3P : Partenariat Public-Privé

La revalorisation des opérateurs économiques malgaches et de l’industrie locale

La participation au commerce international

La mise en place de la ZES/ZEE

L’attraction des IDE, notamment à travers le tourisme

La promotion des marchés internes et externes basée sur l’import/export

Ainsi que la promotion du « Vita malagasy »

Page 65: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

55

Par ailleurs, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dans ces principes, a lancé

une politique de régulation internationale pour limiter les déséquilibres mondiaux entre pays

du Nord et pays du Sud. Mais cette politique de régulation n’a pas empêché les pays riches de

dominer (économiquement, politiquement, commercialement) les pays en développement.

V.2.2. Dépense publique et ouverture à l’extérieur

L’ouverture à l’extérieur peut être mesurée de deux manières. Il y a d’abord,

l’organisation de différents évènements internationaux, telle l’organisation et l’accueil des

sommets divers (sommet du COMESA, sommet de la francophonie). Aussi, les périples des

missions diplomatiques ailleurs, en dehors de Madagascar peut également constituer un

variable mesurable pour vérifier l’éventuelle relation entre l’ouverture à l’extérieur et la

dépense publique.

En effet, selon un agent du MAE « une mission officielle à l’étranger ne doit jamais

excéder les 10 jours ». Ces voyages, bien que bénéfiques pour la diplomatie, coutent

extrêmement cher à l’État. Mais compte tenu du besoin urgent de contre-offensive

diplomatique, le chef de l’État a multiplié ses voyages à l’étranger depuis le début de son

quinquennat. Ces missions diplomatiques sont pourtant extrêmement budgétivores pour les

caisses publiques.

A l’heure où le pays est scellé sous des mesures de restrictions rigoureuses au

lendemain de la crise de 2009, le barème des déplacements présidentiels à l’extérieur pèse

lourd à la trésorerie publique.

Dans cette atmosphère de restriction, la facture du voyage présidentiel est très élevée. Le

barème classique indique que, pour une mission sur le continent américain ou européen, le

frais d’indemnité s’élève à 450$ par jour contre 350$ sur le continent asiatique et africain.

Rien qu’en indemnité, si l’on se fie à ce barème, une mission de 12 jours coutera 183 600 $ ou

422 730 000 ariary, au cours actuel de la monnaie américaine. Il faut y additionner le coût des

billets d’avion, à peu près 2 717 680 ariary pour un billet en classe économique et près de

4 788 000 ariary en classe premium. Sans oublier l’hébergement et la restauration36. Notant

que depuis son arrivée au pouvoir, jusqu’à aujourd’hui, le Président a effectué environ une

quinzaine de voyages à l’étranger.

36 Le daily, mercredi 19 mars 2014 à 17h 36

Page 66: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

56

V.3. Vers la quête d’un équilibre entre politiques de protectorat Vs libéralisme

économique

Par ailleurs, l'amélioration de la situation économique d'un pays a pour effet simultané

d'améliorer la situation sociale. Le libre-échange, pour les pays en développement, devrait

donc être un facteur de cohésion sociale améliorant le niveau de vie globale et l'augmentation

de l'IDH en est le meilleur indicateur.

Toutefois, ce dernier critère est à nuancer, car il s'avère qu'il ne concerne que les seuls

pays dont l'ascension a déjà bien débuté. En effet, les pays les plus pauvres, dont Madagascar,

ne profitent pas des effets du libre-échange, car ils ne peuvent créer de richesses et ont donc

très peu de visibilité sur le marché commercial mondial. Ils ne disposent ainsi d'aucun

avantage absolu.

De plus, l'intensification des échanges peut entrainer une situation de déséquilibre :

certains pays très actifs peuvent vouloir dicter leurs règles et imposer des mesures

protectionnistes.

Les adversaires du libre-échange prônent que celui-ci est destructeur d'emploi, car il

s'accompagne de délocalisations d'entreprises pour les secteurs d'activité dont la production

est peu compétitive. Ainsi, dans le secteur du textile, la production s'est délocalisée vers des

pays plus compétitifs entrainant de fait une disparition de ces emplois en France. Le libre-

échange impose, dans ce cas, une structuration du marché du travail. Certains pays se

spécialisent avec une main-d'œuvre peu qualifiée, mais très bon marché (par exemple, le

Bangladesh et le secteur du textile, c’est aussi le cas des zones franches à Madagascar).

Quant aux mesures protectionnistes, certains pays engagent des instruments efficaces

pour surmonter les conséquences néfastes du libre-échange. C'est pourquoi les nations

utiliseront un ensemble d'instruments protégeant les productions nationales de la concurrence

étrangère.

V.3.1. Politique fiscale et système douanier

Il peut s'agir ici de barrières tarifaires ou non tarifaires ou de protection

réglementaires. Dans le cas de barrières tarifaires, le pays impose des droits de douane. C’est

le cas des projets de loi annoncés dans la loi de finances 2016. Ces lois portent

essentiellement sur des mesures drastiques pour augmenter les recettes fiscales à Madagascar.

Page 67: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

57

Mais ces mesures ne suffisent pas, car il n’en demeure pas moins que les marchés

internationaux continuent d’imposer leur veto sur les produits d’exportation malgache étant

donné que très peu parmi les produits locaux aient obtenus jusque-là une certification sous

norme ISO. À titre d’illustration, l’obtention de la standardisation des produits s’élève à

environ 3000 à 4000 euros37 pour une certification ISO. Ainsi, cela représente un blocage

pour les firmes malgaches pour se vendre sur l’international. Ces problèmes constituent une

perte majeure pour les pays pauvres quant à l’équilibre des marchés.

Figure n° 8 : Balance de l’équilibre entre système protectionniste et libéralisme

économique

À ce jour, on peut citer les États-Unis comme

adeptes des mesures protectionnistes. Alors qu’à la

signature de la convention de l’OMC par la majeure

partie des pays africains, y compris Madagascar, il

était convenu avec l’adoption des mesures

d’ajustements structurels que ces pays doivent

Source : Figure personnelle, mai 2016 promouvoir le libre-échange s’ils veulent voir leur

économie en pallier. Or, en réalité, ces échanges mondiaux sont inégaux et peuvent

contingentement causer la faillite de l’économie des pays pauvres.

V.3.2. Conception par rapport à la participation au commerce international

Selon la perspective marxiste, la société capitaliste moderne, en renversant les

divisions en ordres de la société féodale n'a pas aboli les antagonismes de classe, mais les a

remplacé par des nouveaux. Elle les a également simplifié, et de nos jours, la société se divise

davantage, en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées :

la bourgeoisie (les pays riches) et le prolétariat (les pays pauvres). A ce propos, selon Karl

Marx : « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de

classes ». Pour Noam Chomsky, dans un discours prononcé en janvier 2002 au Forum social

mondial, la situation contemporaine est proche de ce que « dans une langue aujourd’hui

démodée, on aurait appelé [...] "guerre des classes" », entre « d’un côté, les centres de

pouvoir concentré, étatiques ou privés, très étroitement imbriqués, et de l’autre, l’ensemble

de la population au niveau mondial »38

37 Information obtenue de l’émission de la TV Record Madagascar, Sur le point, Août 2016. 38 Noam Chomsky, « Un monde sans guerre », Actuel Marx 2003/1 - n° 33, p. 62.

Protectorat économique

Liberalisme économique

Page 68: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

58

Il va sans dire que la participation au commerce extérieur implique des gagnants et des

perdants. La question centrale est de savoir si les gains de ceux qui profitent de l’ouverture

aux échanges internationaux sont suffisants pour compenser les pertes de ceux qui sont lésés,

de façon à vaincre leur réticence face au libre échange et à répartir équitablement les

bénéfices résultant de la participation aux échanges commerciaux.

Les théoriciens qui soutiennent la thèse de « l’échange inégal 39» soulignent également

les inégalités de répartition des bénéfices résultant du commerce international entre les pays

du « centre » et ceux de la « périphérie ». Mais à la différence avec les structuralistes qui

insistent sur l’évolution à long terme d’une variable mesurable (à savoir, les termes de

l’échange), ils prônent une approche beaucoup plus normative, centrée sur « l’injustice » du

commerce entre les deux blocs de pays à toutes les époques. L’hypothèse qu’on essaierait de

soutenir n’est pas que les pays de la périphérie ne tirent pas profit du commerce international

mais plutôt que la répartition des gains est toujours favorable aux pays du centre. La thèse est

toutefois utilisée dans le sens d’une concurrence inégale et non dans celui d’un échange

inégal. Les auteurs qui relèvent d’autres écoles de pensée comme l’école du sous-

développement et de l’école de la dépendance40 évoquent de leur côté, le poids de l’histoire.

Ils s’accordent tous sur le rôle prédominant des facteurs historiques et des racines de la

domination extra-économique dans l’émergence des relations commerciales internationales41.

Les inégalités commerciales sont abordées en lien avec les inégalités de développement.

Celles-ci sont à leur tour considérées comme étant la conséquence directe des modalités

d’expansion du système capitaliste au cours de l’histoire et de la façon dont il est entré en

contact avec d’autres modes de production ; les pays du centre subordonnant les pays de la

périphérie à leur avantage.

L’économie mondiale dans son ensemble est donc considérée comme un système de

domination organisé au profit du centre et qui génère le sous-développement à la périphérie.

39 La terminologie d’échange inégal fait référence aux conditions selon lesquelles divers produits sont échangés

entre le « centre » et la « périphérie ». L’échange est alors dit inégal (au sens « d’injuste ») parce que les

conditions de production des pays de la périphérie les poussent à exporter leurs produits à des prix moindres que

si ces mêmes biens avaient été produits dans les conditions des pays du centre. Quelle que soit l’époque, les

conditions de production des pays du centre ont favorisé des prix à l’exportation élevés alors que celles des pays

de la périphérie ont favorisé l’exportation à des prix particulièrement bon marché. 40 On peut, entre autres, inclure ici des auteurs comme Samir Amin, Paul Baran, Theotonio dos Santos, André

Gunder Franck, Osvaldo Sunkel et Immanuel Wallerstein. 41Par domination extra-économique, il faut comprendre une forme de domination issue non pas d’une meilleure

compétitivité sur des marchés à peu près libres et ouverts, mais une forme de coercition basée sur une supériorité

politique, militaire ou institutionnelle.

Page 69: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

59

Selon Smith, Solinger et Topik, (1999), deux dimensions essentielles de l’État peuvent être

affectées par la mondialisation et donc par l’ouverture à l’extérieur :

sa légitimité (c'est-à-dire, le consentement des gouvernés)

et sa capacité d’agir.

Il y a par conséquent une contrainte systémique imposé par les forces impersonnelles

des marchés financiers internationaux sur les gouvernements nationaux et la montée en

puissance des entreprises privées sous la forme de firmes multinationales (Cox, 1997).

Le développement implique donc une rupture avec le système de dépendance par le biais de

stratégies autocentrées. Les théoriciens du sous-développement quant à eux, analysent la

situation en termes de pays placés tout en bas d’un système mondial de domination.

Plus récemment, d’autres auteurs, comme Marcel Mazoyer, ont mis en lumière les

effets d’une globalisation croissante sur les conditions inégales de la concurrence entre les

unités de production agricole modernes et les exploitations paysannes traditionnelles, forcées

de s’affronter selon des modalités très inégales sur le même marché global.

Conclusion partielle

La coopération qui existe entre Madagascar et la France est accentuée sur différents

domaines : scientifique, politique diplomatique, militaire, juridique, économique ou culturel.

La nature de ces coopérations peut varier en dons, aides humanitaires, aide au développement,

aide budgétaire. Ainsi, la France se propose comme étant le premier bailleur bilatéral de

Madagascar. Elle est présente sur tous les plans et tous secteurs confondus : soutien politique

et diplomatique, appui militaire, ou encore partenariat commercial et culturel.

Néanmoins, les différentes initiatives engagées par les deux gouvernements en matière

de coopération bilatérale renfoncent de plus en plus les relations qui existent entre les deux

pays et offrent à Madagascar une opportunité pour mieux intégrer la scène internationale, à

travers notamment la coopération et le commerce international.

Page 70: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

TROISIEME

PARTIE

BILAN SUR L’APPORT DE LA

RELATION DIPLOMATIQUE ET DE

LA COOPÉRATION

INTERNATIONALE SUR LE

DÉVELOPPEMENT

« Un peuple de moutons

finit par engendrer un

gouvernement de loups

Agatha Christie

Page 71: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

60

TROISIÈME PARTIE : BILAN SUR L’APPORT DE LA RELATION

DIPLOMATIQUE ET DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE SUR LE

DÉVELOPPEMENT

Introduction partielle

La participation au commerce international est susceptible de procurer certains

bénéfices, car elle permet à un pays de tirer parti de ses avantages comparatifs, d’exploiter des

économies d’échelle et de garantir le jeu de la concurrence, ce qui renforce, potentiellement,

la stabilité des marchés dans une économie mondialisée. Or, ces bénéfices n’est pas toujours

valable pour le cas des pays à économie fragile comme Madagascar.

Chapitre VI : Inventaire en termes de gains et de déficit lié aux enjeux de la coopération

internationale à travers l’aide au développement

En fait, c'est grâce au libre-échange que le commerce international a pu se développer

assurant ainsi la prospérité économique de chacune des nations y participant. Toutefois, la

multiplication des échanges a entrainé d'autres comportements, dont les mesures

protectionnistes. Celles-ci se réalisent à différents niveaux géographiques et stratégiques.

Grâce au dynamisme des marchés, le libre-échange ne peut que favoriser la croissance

économique.

Par ailleurs, pour le cas malgache particulièrement, les armatures diplomatiques

engagées par le gouvernement malgache, (périple présidentiel, missions diplomatiques

diverses…), bien qu’ayant pesées sur la caisse de l’État, a eu un contrecoup. Dans ce registre,

on peut énumérer l’accueil du sommet de la francophonie ou du COMESA, signe d’une

reprise progressive de la confiance de la Communauté internationale. A cela s’ajoute le

renforcement de la coopération avec les présences diplomatiques sur le sol malgache par le

biais des présentations de lettre d’accréditation de diplomates ou par des actions plus

concrètes (jumelage entre Région Analamanga et la ville d’Istambul, Turquie par exemple) ou

encore, la visite de Ban ki moon à Madagascar…

Cependant, tout pays développé est bâtis sur l’esprit d’entreprise. C’est le cas de l’Inde

ou de la Chine…et si l’Inde est passé par une transition économique basée sur la filière textile,

elle n’a pas fait du textile le socle de son économie.

Page 72: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

61

En outre, l’efficacité de la diplomatie économique d’un État dépend de sa capacité à

mettre en œuvre, en interne, les résultats de ses négociations. C’est-à-dire en d’autres termes,

que les décisions issues des pourparlers doivent impacter sur les politiques publiques et ainsi,

affecter la condition sociale générale de la population.

VI.1. La transcendance de l’international sur le national – pour quel développement ?

Globalement, on peut dire que les États ont tendance à passer du welfarestate au

competitive state, de l’État-providence à l’État compétitif. Ce passage s’effectue à travers un

effacement progressif de l’État tant sur l’interne que l’externe : développement de la marge de

manœuvre accordé aux entreprises privées (PME, PMI), firmes nationales et multinationales,

libéralisation des marchés internes, etc. Toutefois, L’État national dispose d’un moindre

pouvoir de régulation (du marché interne) à cause de cette force de transcendance des firmes

multinationales. Par conséquent, on a un système étatique court-circuité et hors de fonction.

Figure n° 9 : Clef de l’évaluation de la performance de la diplomatie économique

Source : Schéma personnel, mai 2016

A l’air de l’externalisation et de la mondialisation actuelle des économies, les Bailleurs

de fonds préconisent que le rattrapage économique, basé sur l’application des politiques

libérales en matière d’échange internationale, soit une condition nécessaire et suffisante pour

réussir un quelconque décollage économique. Toutefois, avec la mondialisation qui est basée

sur la libéralisation des échanges, le principe du libre-échange ne profite pas pour autant aux

pays pauvres tels Madagascar. Étant donné que ces pays manquent d’industries et font face à

une concurrence déloyale, cela explique l’hémorragie financière qui caractérise l’état fragile

de l’économie de ces pays de la périphérie.

Diplomatie économique Performante

Page 73: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

62

Le déséquilibre du monde et l’apparente inégalité ou encore la parité artificielle engendrée par

les enjeux de la coopération Nord-Sud entraine des corollaires politico-diplomatiques de

taille. Le courant marxiste, comme théorie de l’économie politique internationale, s’intéresse

dans ces relations internationales au rapport entre classes sociales dans les différents États en

relation. Dans les dernières décennies, en particulier, le courant marxiste met l’accent sur la

théorie de la dépendance dans les rapports Nord-Sud.

Cela nous fait comprendre que dans ce contexte, il existe une mise en compétition de

deux « pôles dis-phasées » l’une l’autre (le Nord et le Sud). Le premier pôle, le Nord,

présente une économie relativement stable et le second, le Sud, est en passe d’un choix

politique et économique pour une croissance équilibrée et soutenable. La mise en concurrence

de ces deux pôles qu’on qualifierait de « société à deux vitesses », fonctionnant avec une

dynamique divergente, bloque le processus du développement du second pôle et ne permet

pas de soutenir le principe du« win-win » qui est plutôt supplée par le « loss-win » dans une

situation de coopération et d’échange commercial inégal. Il convient d’en déduire qu’il s’agit

de deux poids, deux mesures et qu’il n’existe pas de coopération d’égal à égal. Pour Didier,

1995 : « le commerce international risque de dégénérer en une situation de « guerre

économique où le dumping peut devenir une arme efficace d’élimination de la concurrence »

Parallèlement, l’explication de la théorie du frein au développement se trouve dans la

révision des processus d’amortissement/d’écoulement des dettes lié à l’aide budgétaire et à

l’aide au développement et le coût budgétaire que cela entraine.

Faisant référence à la situation budgétaire du pays. Si les chiffres de 2015 déterminent le PIB

nominal national s’élevant à 28.359milliards d’Ariary42, le montant total au titre des services

de la dette s’élève à 355.7 milliards d’Ariary (loi de finances 2016) dont 254.7 milliards

d’Ariary en principal, et 101.0 milliards d’Ariary en intérêts43.

Ainsi, le paiement des intérêts de la dette serait trop immodéré pour la caisse de l’État

et ne permet pas aux pays bénéficiaires de dépasser la situation du sous-développement. Les

enjeux portent tant sur le coût de la mauvaise gouvernance dans toutes leurs formes que sur

les incidences du prix de la coopération internationale avec notamment, les échanges

commerciaux. Plus concrètement, le paiement de l’intérêt de la dette constitue sensiblement

égal à 10 % du PIB national, selon un économiste ; un chiffre trop élevé pour prévenir de

42 INSTAT, mai 2016 43 Op.cit.

Page 74: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

63

nouvelle crise financière et économique et ne permet pas un développement systématique.

Ainsi, le gouvernement ne pourrait pas honorer ses échéances et demeure insolvable, ce qui

risque de lui faire perdre un point sur sa crédibilité aux yeux des bailleurs de fond.

La coopération diplomatique, à travers l’aide au développement serait-il un frein pour

le développement ? Yash Tandon, Tidiane Diabaté, Dambisa Moyo, voient en l’aide un

assassin silencieux de la croissance et pensent que les pays en développement devrait en finir

avec l’aide.

A l’exemple du Zimbabwe, Certains pays semblent être des « outsiders » de l’aide au

développement et du libéralisme pur des économies et des politiques mais cela, pour en payer

le prix d’une lourde transition en croissance et en développement. En effet, le régime

Zimbabwéen, sous Mugabe, a adopté une politique d’indigénisation, qui prive les entreprises

étrangères du contrôle de leurs filiales locales. Cette disposition a inquiété fortement les

investisseurs étrangers mais dans l’économie nationale, il s’en est senti une nette croissance.

Autre contexte, autre énigme, pendant que l’État malgache continue d’imposer

l’austérité budgétaire aux Malgaches, le paradoxe fait que la trésorerie publique est

lourdement débitée des différentes initiatives diplomatiques. Ainsi, l’accueil du Sommet de la

francophonie est aussi souvent considéré par les critiques comme étant plus un moyen pour le

gouvernement en place de se faire une image, et ne serait qu’un pis-aller pour anesthésier

l’opinion publique face à la mauvaise gestion des affaires internes.

De ce qui précède, les théoriciens du développement sont unanimes pour dire que la

mondialisation est un passage, un prolongement du colonialisme et l’expression, voire la

traduction pure du capitalisme mondiale. Cela nous fait comprendre que la politique

extravertie de Madagascar44coûte plus à l’État malgache qu’elle n’en rapporte et n’a pas

vraiment profité aux citoyens malgaches de s’épanouir. Toutefois, dans un monde où

l’économie de marché, fruit de la mondialisation, l’emporte, une économie qui s’enferme ne

peut finir que par s’étouffer. Madagascar s’est depuis longtemps attaché aux anciennes 44 La politique entravertie s’explique ici par le système du libéralisme effréné, d’abord, économique puis, politique qu’a adopté l’État malgache. Cette politique se traduit, dans une moindre mesure, par une exploitation illégale des ressources du pays d’un côté, par les autorités locales et d’un autre, à travers la corruption transfrontalière par l’acheminement illicite des biens précieux vers l’international. Il est aussi opportun de signaler que la théorie lié à l’aide internationale pourrait être compris par le fait de l’existence de connivences entre les gouvernements locaux avec les partenaires internationaux du pays qui considèrent les ressources locales comme monnaies d’échange en contre partie du soutien que pourrait éventuellement offrir la « communauté internationale » au gouvernement en place. Ce processus participe à la dynamique de la mauvaise gouvernance lié à la pression exercée par cette même communauté internationale sur le gouvernement local et affaiblissant la marge de manœuvre de celui-ci.

Page 75: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

64

colonies mais nous l’avons compris, l’impérialisme de ces pays sous toutes leurs formes n’a

pas permis à l’économie malgache de s’épanouir mais plutôt d’être phagocytée dans cette

économie mondialisée.

Repousser ces grandes puissances et dédaigner leurs aides serait du suicide étatique, se

serait privé de l’oxygène à notre économie ; pire encore, ce serait de l’asphyxie financière.

Néanmoins, les observateurs de la scène internationale prédiraient la déchéance des

Puissances actuelles (États-Unis, Union européenne, dont la France), alors que les pays

pauvres continuent de vouer une confiance aveugle à leur égard. Il existe pourtant d’autres

systèmes d’autofinancement, il s’agit de baser notre développement sur une meilleure gestion

des ressources endogènes, ce qu’on appellerait : une économie d’autorégulation, à travers la

bonne gouvernance.

Parallèlement, recourir à l’aide internationale nourrie de contrepartie à outrance et au

libéralisme politico-diplomatique aveugle, ce serait préparer un terrain propice aux futurs

puissances de demain de s’ingérer dans nos affaires internes. Et parce que les dégâts ne se

limitent pas uniquement à la remise en cause de l’identité diplomatique ni de la souveraineté

de notre pays mais va au-delà de l’exploitation de notre ressources, quelques soient leurs

formes, le gouvernement et chaque citoyen doit prendre conscience de cet état de « razzia ».

VI.1.1. Quelle appréciation par rapport à l’intervention française à Madagascar ?

La présence ubiquiste de la France dans tous les domaines, publics et privés, secteurs

économiques et militaires pourrait être ressentie comme une forme d’asservissement qui ne

dit pas son nom. À travers les différents instruments que la France mobilise à travers la

coopération diplomatique (AFD, Ambassade de France, jusque dans la gestion du système

d’information et des bases de données…), la France inquiète au lieu de rassurer. Cela se

présente comme étant le paradoxe de la situation.

L’indépendance de 1960 n’est en réalité qu’une vitrine bien lisse et propre pour cacher

les bases de la politique Françafricaine. Qualifiée de « néo colonialisme », cette indépendance

était effectivement « virtuelle », car des conditions et des « chantages » furent imposées aux

malgaches (et aux anciennes colonies africaines), ce sont les fameux « accords de

coopération ». Il s’agit pour certains politiciens et activistes des sociétés civiles malgaches

d’accords abjects et humiliants.

Page 76: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

65

Pour Mawuna Koutonin : « … La France a accepté une « indépendance sur le papier

» pour ses colonies, mais a signé en parallèle des accords de coopération », précisant la

nature de leurs relations avec la France, en particulier les attaches envers la monnaie (le

Franc)45, le système éducatif français, les ententes militaires et les préférences

commerciales. »

Ainsi, la France est investie implicitement du rôle de « gendarme de l’Afrique », en

échange de quoi, son activisme énergétique particulièrement autoritaire est toléré. Les

méthodes adoptées par les différents régimes qui se sont succédé à la tête de la République

française s’avèrent extrêmement directives et expéditives, visant à rendre les Chefs d’États

dépendants de la France pour exercer et se maintenir au pouvoir.

VI.1.2. Les accords de Coopération ou les règles entre la France et ses anciennes

colonies.

La France relance l’impérialisme pour maintenir et manifester sa puissance, à travers

des contrats, traités et conventions. Compte tenue de l’intégrité territoriale, aucun pays ne

devrait néanmoins, pouvoir exercer une pression sur un autre sous prétexte d’une quelconque

forme d’appui en matière de coopération ou autres formes d’aides.

Ce système d’influence de la France en Afrique, appelé couramment « Françafrique »

par ses détracteurs - terme emprunté à Houphouët-Boigny, repris par François-Xavier

Verschave dans son ouvrage la Françafrique, le plus long scandale de la République - qu’il a

fondé, puis, profondément installé, est encore en vigueur aujourd’hui. Poursuivi sous les

présidences successives de Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et

Nicolas Sarkozy, chacun confirmant l’existence même de la cellule africaine de l’Élysée,

indépendante des autorités du Premier ministre et du ministère des Affaires étrangères et

confiant le pilotage de celle-ci à un proche.

Ces extraits du livre de la députée française Eva Joly46, détaillent les « crimes » de la

France en Afrique en général et au Cameroun en particulier.

45 Madagascar sous le Régime de Marc Ravalomanana (conférer MAP) a abandonné le Franc pour l’Ariary 46Extrait de : La force qui nous manque, Eva Joly. Éditions des Arènes (Paris) 190 pages.

Page 77: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

66

VI.1.3. Récit de la député française Eva joli :

« La France fait semblant d`aider des pays qui sont riches en matières premières. À

ceux qui croient encore à l`aide désintéressée de la France en Afrique, il suffit de consulter

les chiffres du PNUD. La corrélation est régulière entre le montant de l`aide française et la

richesse en matières premières. La République française, à la même époque, a mis en place

en Afrique un système loin de ses valeurs et de l`image qu`elle aime renvoyer au monde.

Comment des institutions solides et démocratiques, des esprits brillants et éclairés, ont-ils pu

tisser des réseaux violant systématiquement la loi, la justice et la démocratie ? Pourquoi des

journalistes réputés, de tout bord, ont-ils toléré ce qu`ils ont vu ? Pourquoi des partis

politiques et des ONG, par ailleurs prompts a s`enflammer, n`ont-ils rien voulu voir ?

L`Occident a fermé les yeux sur les crimes de la France… »

VI.2. La place de Madagascar dans le concert des nations : la diplomatie malgache est-

elle en faillite ?

La politique extérieure malgache est à l’image sa politique interne. En effet,

Madagascar a une identité diplomatique discutée et mitigée. Cela est dû au mimétisme

diplomatique qui fait que la République est devenue un apatride diplomatique.

Nous faisons actuellement face à une diplomatie à géométrie variable ; aujourd’hui notre

gouvernement prend une décision en fonction des exigences de la communauté internationale,

et un autre jour, il trahit sa propre parole et penche plutôt pour un choix politique contraire

aux revendications de cette même communauté internationale.

VI.2.1. Poids du système international sur le local - la question de l’aide internationale

Parallèlement, très souvent, le pouvoir en place peine à se fixer une « feuille de route »

pour définir une vraie politique de développement sans que la communauté internationale

n’intervienne. Et comme cette dernière joue un rôle prépondérant dans le choix politique dont

notre gouvernement se doit d’appliquer, il est difficile de tourner le dos aux bailleurs de fond.

Ce qui implique que, si le pouvoir en place qui est avant tout, légitimé et comme reconnue

internationalement va à l’encontre des négociations déjà fixées par les parties prenantes, il

risque de recevoir un gros coup de la part de la communauté internationale. Et le

gouvernement et la population, tous seront punis par cette communauté internationale, de

manière à ce que l’État perd du soutien de l’extérieur et le peuple sera privé de l’aide

Page 78: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

67

internationale. Ainsi, l’enjeu est, soit, de se plier à la communauté internationale ; et la laisser

prendre la place du « king » comme sur un échiquier et dans ce cas, nos dirigeants doivent se

résoudre à n’être que des « pions » ; soit, de tracer sa propre voie « sans la communauté

internationale ». C’est-à-dire, chercher un semblant d’indépendance politique, économique et

diplomatique.

Le problème est que nous vivons de l’aide internationale. Ainsi, est-il nécessaire de

rappeler que selon un rapport de la Banque mondiale, deux tiers du budget national du pays

proviennent de l’aide au développement. À ce propos, le politologue Hans Morgattan définis

l’aide international comme : « une sorte de pot-de-vin transnational ». L’objectif de l’aide

internationale serait d’endetter intensivement les pays africains pauvres et en l’occurrence,

Madagascar. Cet endettement constitue une entrée des pays de la périphérie dans un processus

de dépendance perpétuelle pour semer l’impasse politique et économique dans lesdits pays.

C’est ainsi qu’une fois tombé dans un spiral de crise économique qui créera une crise sociale,

et à son tour débouchera sur une crise politique, qui est un cercle vicieux d’ailleurs, la

communauté internationale pourrait effectivement jouer son rôle et intervenir. Ainsi, force est

de constater qu’il y a une espèce d’effet pervers généré par l’aide au développement.

Par ailleurs, la thèse du déclin des puissances comme les États-Unis et des moyennes

puissances telles, la France tend à se confirmer. Les puissances d’aujourd’hui pourraient-elles

être en ruine demain et en décadence, comme l’a été ; l’empire romain, l’empire ottoman ou

encore l’empire grec ? Serait-il fantaisiste de considérer la théorie de la déchéance des

puissances comme prospective ? En tout cas, selon la CIA, par le biais de la NIC, qui fait

publier un rapport quadriennal47, elle projette qu’à l’horizon 2030, les États-Unis perdraient

leur hégémonie. Alors par quel ordre international cette hégémonie va-t-elle être remplacée ?

Il y a tout un panorama de scénarii et pour l’instant, ce sont les pays du BRICS qui

l’emportent. Ce rapport prévoit également que sur le plan économique, l’intégration de

l’Europe est menacée et l’hypothèse de l’éclatement de la zone euro y est évoquée à plusieurs

reprises. C’est la raison pour laquelle, ces puissances continuent de dompter leur colonie pour

le temps qu’il leur reste pour se maintenir en position hégémonique.

A ce propos, Robert Mugabe a déclaré en ces termes que : « l’Afrique n’est

indépendante qu’à moitié »48. Le Président en exercice de l’Union Africaine (UA) a appelé les

47 NAC est la branche publique de la CIA, elle fait publier un rapport qui parait tous les quatre (4) ans 48 ¨ Mugabe est le Président du Zimbabwe, et de l’Union Africaine (UA)

Page 79: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

68

pays francophones à reprendre leur indépendance économique, notamment de la France

soulignant que l’indépendance n’a été obtenue qu’à moitié dans la plupart des pays africains.

VI.2.2. Une opinion publique négligée et évacuée de la gestion des affaires publiques et

du système de la prise de décision : l’Attentisme citoyen

La part de la prise en compte de l’aspiration populaire dans l’élaboration des politiques

publiques à Madagascar demeure marginale. Pour y combler, les dirigeants investissent plus

sur le populisme pour anesthésier l’opinion publique malgache.

En parallèle, la gestion et le pouvoir néo-patrimonialiste remet en cause tout effort

fournis en termes de pratiques démocratiques et de démocratie politique. En effet, il y a

démocratie si le citoyen est conscient de sa situation de citoyen, éprouve une nécessité de

participation citoyenne et est en quête de justice. Alors qu’à Madagascar, selon les statistiques

officielles, on a un taux d’analphabètes adultes qui s’élève à près de 60 % et plus des 80 %

des Malgaches vivent dans les milieux ruraux, où les infrastructures peine à exister. Si la

démocratie suppose une participation effective de la population, alors qu’on a une population

pauvre, en manque de cultures et d’éducation et par ces conditions ne se sent pas concerné par

les problèmes de sociétés ; il serait impossible de mettre la démocratie au service du

développement. Il y a donc ceux qui ont accès à la démocratie et les autres qui en subissent

toujours. Par ces conditions, la démocratie se révèle utopique. Il serait opportun ainsi de

mettre en exergue que la plupart des pays africains ne vit pas dans ce système démocratique

mais baigne plutôt dans une sorte d’« illusion démocratique », la démocratie devient alors

« une fausse idéologie ».

Par ailleurs, il y a pauvreté, parce qu’il y a une mauvaise distribution des ressources, le

peuple n’est pas tout à fait conscient qu’il est pauvre, et parce que les hommes du pouvoir ont

tendance à manipuler la masse et l’opinion publique afin qu’elle soit distraite et ne constate

pas la dépravation de sa situation. (Référence aux 10 stratégies de manipulations de masse de

Noam Chomsky).

Ainsi, force est de constater, qu’il y a une dichotomie État-citoyen qui se construit et

s’installe. De cette manière, ces citoyens ne se sentent pas concernés par leur condition de

citoyen et par la suite, se démembre de toute participation pour la mise en œuvre des projets

de société et devient attentistes et passifs. Il serait donc difficile de penser à arriver à un

développement inclusif, pérenne et pourquoi pas, un développement responsable et durable.

Page 80: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

69

Chapitre VII : Caractéristiques de l’État malgache, limites et alternatives vers un

développement durable

VII.1. L’État malgache : entre une démocratie embryonnaire et une gouvernance

avortée

Dans tout État sous-développés, on observe un substrat commun de pratique politique

qui explique son malfonctionnement. Pour Gunnar Myrdal, le malfonctionnement d’un État

sous-développé évoque le syndrome d’un « État mou ». Tout « État mou » se reconnait par

certains traits caractéristiques plus ou moins manifestes ; parmi lesquels : l’instabilité,

l’inefficacité de la gestion publique, la violence et surtout la dépendance.

L’instabilité se traduit généralement par la fréquence des coups et tentatives de coups

d’État, signe d’une instabilité chronique. La succession au pouvoir est marquée parfois par

une forte crise ; encore faut-il qu’elle soit cyclique, qui explique la fragilité du système : 1972

- 1991 - 2002 - 2009. Avec les crises, on a un État en voie de décomposition permanente, pour

trouver une sorte de stabilité dans l’instabilité. Aussi, avec les conflits ethniques et régionaux,

la survie de l’entité politique peut éventuellement être mise en cause. Il en résulte que la

conscience nationale parait faible et seconde par rapport aux solidarités ethniques.

L’inefficacité de la gestion publique s’explique par le fait que, face à un pouvoir

relativement stable, le pouvoir en place se révèle largement impuissant à réaliser les objectifs

qu’il se fixe à cause de l’inefficacité de son administration. Cette inefficacité est due à la

corruption politico-administrative, qui se trouve généralisée et atteint l’ensemble des services

publics et des administrations.

Quant à la violence, elle n’est pas le monopole de l’Afrique, ni moins de Madagascar,

car il n’y a pas de politique sans violence. Cependant, elle est de nature anarchique à

Madagascar. Bien que la violence ne puisse pas être systématiquement supprimée, elle peut

être plus ou moins canalisée comme dans les démocraties libérales.

L’exercice du pouvoir est marqué par l’arbitraire, le non respect du droit et la violation

des droits de l’homme. Il faut toutefois souligner que la violence est ici davantage un signe de

faiblesse que de force ; elle est un signe d’incapacité politique plus qu’un instrument d’action

politique.

Page 81: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

70

La dépendance politique, quant à elle, a des origines surtout économiques ou

culturelles. L’état désastreux des économies malgaches rend indispensable l’assistance au

développement. Il est pourtant difficile d’être libre et assisté à la fois. Il est évident que sans

un minimum d’indépendance économique. L’indépendance politique est largement fictive,

elle devient symbolique. Sur le plan culturel, il semble difficile aux responsables politiques de

se dégager du mimétisme politique et administrative et principalement, à l’égard de la France.

Avec la gestion néo-patrimonialiste, la personnalisation du pouvoir pénètre tous les

échelons de l’État et devient par la suite une personnalisation des ressources publiques.

Chaque position publique implique le contrôle de certaines ressources. Dans ces conditions, il

implique que, c’est le pouvoir politique qui détermine le pouvoir économique et non l’inverse.

Ainsi, l’État remplit une fonction primordiale dans l’accumulation du capital et dans la

structuration en classes sociales comme le défini Karl Marx. Les dirigeants africains ont été

toujours considérés comme étant des bons valets de l’impérialisme.

Des réseaux se constituent ainsi pour gérer les ressources du pays : réseaux

stratégiques, économiques et politiques. Notant que ces réseaux accentuent l’inégalité, car,

seul ceux qui sont intégrés dans un de ces réseaux déterminent la croissance ou non du pays.

L’État devient alors un « fromage » que se partagent les différents titulaires de postes publics.

VII.2. Limites et répercussions de la politique interne sur la politique externe

Plusieurs analystes ont constaté depuis 1950 une corrélation étroite entre les résultats

internes d’un pays et sa participation à l’économie mondiale (Drucker, 1995). A l’instar de

Marcel Merle, il y voit une relation entre la gestion interne des Affaires de l’État et la place

que celui-ci occupe sur la scène internationale.

En effet, on assiste là à un effet boule de neige et la dysfonction de la politique interne

affecte la politique externe. Par conséquent, à tous les niveaux, Madagascar présente des

indicateurs de performance institutionnelle peu efficace. La mauvaise gouvernance s’explique

par plusieurs paramètres dépendants les uns des autres. À titre d’illustration, selon, Ibrahim

Index of African Governancex, en 2013, Madagascar occupe le 33e rang sur 52 pays africains

en termes de gouvernance, et sur le plan de l’opportunité économique durable, pour la même

année, il est placé au 29e rang sur le même index des pays africain49. Doit-on en déduire un

ordre de causalité entre le système de gouvernance d’un pays et sa performance économique ?

49Ibrahim Index of African Governancex, 2014

Page 82: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

71

En tout cas, la thèse d’une interdépendance entre ces variables n’est pas à exclure. Ainsi, il y a

une dynamique contradictoire, une dualité à soulever. On assiste à l’interne à une

hypertrophie d’autorité et à l’extérieur à un laxisme politique effréné. Toujours est-il qu’il y a

une ambivalence de la réalité (écart entre réalité et fait), et l’État essaie à chaque fois de

donner une image positive pour maquiller la réalité non perceptible.

De surcroit, les pays en voie de développement et notamment, Madagascar, paie le

frais de l’instabilité financière en raison de la fragilité de sa monnaie et du rôle toujours plus

important de l’investissement étranger dans le processus de sa croissance économique. (La

théorie de la dépendance qui s’explique par la dévaluation de la monnaie ou la régression en

flux d’investissement étranger est toujours source de décroissance économique car

l’investissement extérieur devient la colonne vertébrale de l’économie nationale)

Le problème est tel que les enjeux politiques intérieurs sont traversés par des logiques

d’internalisation (mondialisation, européanisation, africanisation, indo-océanisation…). De

même, l’État relais (FMI et BM) propose souvent des projets avec connotation d’imposition et

fonctionne sur la logique/ la base de dictat. L’aide budgétaire s’accompagne ainsi très souvent

d’intimidation par un dictat.

Dès lors, Il faut tenir compte des jeux de manipulation que masque les diverses aides, dons et

coopérations car, les stratégies de développement proposées par les BF, à savoir le FMI et la

BM reposent sur une médiation formelle et informelle marquée par le mécanisme de la

pérennisation de la domination internationale.

Tandis que, la politique internationale engagée par les Bailleurs de fonds est basée sur

la discrimination positive pour moyenniser les écarts entre pays pauvre et pays riche. Une

politique qui repose sur l’aide au développement, ou encore sur l’initiative de la suppression

des dettes à l’endroit des PPTE. Friedrich Hayek voit en cette discrimination une sorte de

désincitation car les pays pauvres se complairaient à leur sort et ne fourniraient aucun effort

réel pour moins dépendre et ne plus vivre de l’aide internationale. Toutefois, Cette situation

plait aux BF car, qui dit besoin de financement, dit dépendance. C’est dans ces conditions que

les BF peuvent imposer leur TDR dans l’élaboration des projets ; voire imposer aux pays

bénéficiaires (des projets de développement) leurs propres priorités, qui très souvent, ne

coïncident que très faiblement avec l’orientation de la politique socio-économique nationale.

Page 83: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

72

VII.3. Les alternatives vers un développement durable

VII.3.1. De l’économie verte à l’économie bleue : une perspective pour le développement

durable- Les ressources endogènes : terres, mers et ressources (minière, faunistique et

floristique)

Madagascar se présente comme un pays à méga-diversité biologique. Le pays

concentre en effet un nombre élevé des espèces végétales et animales mondiales (12 000

espèces de plantes et 1000 espèces de vertébrés - mammifères, reptiles, oiseaux…) dont la

plupart n’existe que sur le « pays-continent ». Également, le pays dispose de 200.000

nautiques de surface maritime50. Quant aux sites miniers et pétroliers, une cartographie

détaillée indique l’existence d’une immense potentialité en hydrocarbure : de gaz naturel et de

pétrole à Madagascar. Ainsi, un vrai développement durable devrait être basé sur

l’exploitation et la gestion équilibré et responsable des ressources endogènes.

Toutefois, la puissance d’un État vient de la maitrise de ses terres et mers. Cependant,

les terres et mers malgaches demeurent jusqu’à présent mal gouvernées. Et comme les

frontières maritimes sont très poreuses et que les gardes-côtes y manquent considérablement,

des cargos chinois et européens viennent chaque année violer les eaux malgaches et les tarir

de ses ressources halieutiques avec une pêche quasi-industrielle. Pourtant, selon un rapport du

PNUD, si ses eaux sont bien gérées et les terres bien exploitées, Madagascar n’aura besoin

d’aucun financement externe pour re-booster son économie encore très fragile aujourd’hui.

VII.3.2. Un développement basé sur la diplomatie à travers la coopération internationale

Pour que les pays de la périphérie tel Madagascar puissent songer à une quelconque

forme de développement aussi stable et pérenne puisse-t-il être, il est nécessaire de rappeler

qu’il y a un double dynamique à prendre en compte. Dans un sens, il faut considérer la

communauté internationale comme ayant toute sa place dans sa contribution pour le

développement de notre pays, car on ne peut pas se passer de l’aide internationale, du moins

pour l’heure actuelle. Dans un autre sens, la dynamique à considérer étant : la souveraineté de

notre pays ; derrière cette souveraineté, nous pouvons penser à notre indépendance. Aussi

marginale que cette indépendance soit, il faut que nous ayant une culture diplomatique

rigoureuse afin de laisser le minimum de marges de manœuvre aux étrangers de s’ingérer

50 Notant qu’un mille nautique équivaut à 1km 800 soit 200 km.

Page 84: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

73

dans nos affaires internes et afin que le gouvernement malgache soit lui-même acteur et

promoteur de sa propre politique de développement.

En d’autres termes, la communauté internationale, et en l’occurrence, les relations

diplomatiques de Madagascar, aura un rôle à jouer, c’est celui de superviser, en tant que

structure supranationale, les actions de notre gouvernement mais non pas, de définir et

soumettre une politique un tant soit peu adaptée aux réels besoins et aspirations des

Malgaches.

Sur le plan économique, il serait nécessaire d’adopter un mécanisme de régulation,

c'est-à-dire, il faut vivre des ressources endogènes sans couper les vivres provenant des

bailleurs de fond. Encore faut-il que le principe de l’indépendance dans l’interdépendance soit

respecté. Ceci implique, qu’il faut arrêter la politique extravertie où on ne doit se positionner

que vers l’extérieur, à attendre les investisseurs étrangers.

Les pratiques politiques doivent être systématiquement tournées vers la satisfaction de

l’intérêt général, pour ainsi dire, doivent répondre aux réelles exigences du peuple et

respectent la condition citoyenne : droit de propriété, condition pour l’accumulation de

richesses, etc.

Cependant, la vraie application de la démocratie semble être une arme de poids pour

pallier l’effet direct de la gestion néo-patrimonialiste sur le peuple. L’éducation conditionne la

viabilité de cette démocratie. Nelson Mandela lui-même s’est exprimé en ces termes que :

« Education is the most powerfull weapon which we can use to change the world ». En outre,

le développement exige des citoyens qui ont une personnalité, qui respectent une vie

normative, le droit et la justice, qui n’admettent aucunement la corruption et qui usent de leur

voix : dépassement de l’attentisme habituel et stérile ; le développement, exige des citoyens

actifs.

Page 85: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

74

VII.4. Réflexions et recommandations personnelles

Dans cette phase de recommandations, il est opportun de signaler qu’on assiste à

Madagascar à une centralisation de l’État. Dans ces conditions, il n’y a pas d’interférence

avec les autres sphères politiques d’où, les acteurs tels (médias, partis politiques, sociétés

civiles) sont marginalisés du processus de prise de décision. Ces acteurs ont une capacité de

contrôle faible par rapport à la chose publique. Pour dépasser ces problèmes, le pays a besoin

de mesures innovantes qui font preuve d’audace.

Ainsi, les acteurs de la politique étrangère, en l’occurrence le gouvernement et le

Ministère des Affaires étrangères sont susceptibles de rendre des comptes, au parlement, à

l’opinion publique, au groupe d’intérêt, ainsi qu’aux médias, pour plus de transparence.

Notant que la politique étrangère est considérée comme une forme d’expression de la

politique publique. Et que le service public, et donc, l’opinion publique est un moyen

d’évaluer et d’inspecter la viabilité de la démocratie.

L’inspection de l’État devrait ainsi engager un audit de l’action diplomatique du

gouvernement, suivre de près les dépenses publiques de l’État. En parallèle, les enquêtes

parlementaires doivent être orientées dans le sens des dépenses en termes d’actions extérieurs

de l’État et de diplomatie. Notant que le contrôle parlementaire de la politique étrangère à

Madagascar demeure faible sinon, n’existe pas. Rappelant toutefois qu’une nouvelle initiative

a vu le jour car, la Cour des comptes a engagé depuis cette année une enquête des dépenses

publiques et tous les ans, la Cour publiera des rapports sur les dépenses publiques dans le but

de marier gestion publique et transparence.

Par ailleurs, On assiste à Madagascar à une politisation à outrance (et trop d’État tue

l’État) – il faut ainsi privilégier une certaine dépolitisation du fonctionnement de l’appareil de

l’État et ainsi convertir l’État de sa forme régalienne (Competitive State) à l’état d’un État

providence (Welfare State) pour que chaque pays puisse se trouver en situation de pouvoir

suivre le rythme que prenne l’évolution de la géopolitique mondiale. La solution est en

conséquence dans l’érosion de l’État, du fait que les gouvernements qui réussissent les mieux,

ce sont ceux qui misent sur le moins d’État, et donc, le moins d’impôt...

A l’échelle internationale, la lutte d’influence qui s’exerce entre les puissances

étrangères évincent les « mauvais joueurs » du terrain de jeu, c'est-à-dire, les pays pauvres,

qui sont astreint au suivisme. Il s’agit là, de « la théorie du ruissellement diplomatique ».

Page 86: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

75

Notant qu’il n’y a plus de « Diplomatie noble » mais plutôt une « diplomatie dite perverse » ;

il s’ensuit donc une duplicité et non plus une diplomatie. Ainsi, là où le système doit être

corrigé se trouve au niveau des asymétries du pouvoir (défaut d’harmonie, déséquilibre,

irrégularité…). Les solutions à ces problèmes résident dans :

le développement du lobbying et de l’intelligentsia malgache

l’investissement sur les facteurs humains qui fera exploser le PIB

l’adoption d’un Plan de redressement de l’économie basé sur la promotion de

l’industrie locale

Les blocages étant : le manque de volonté politique, la faible emprise de l’esprit

d’investissement, la dette débordante, la mauvaise gouvernance, les décisions parachutées des

Bailleurs de fond et le fait que les malgaches ne consomment pas eux-mêmes, les produits

malgaches… Ils peuvent être supplées par le renforcement du dispositif de la bonne

gouvernance à travers l’approche GAR et le renforcement de la balise du gouvernement

local par le biais de la société civile, les groupes d’intérêt et les organismes internationaux. En

d’autres termes, le gouvernement local doit jouer le rôle de contre pouvoir sur le

gouvernement international qui manœuvre à son domicile et inversement.

Enfin, la réussite de la réforme apportée à la politique étrangère malgache pour tourner

vers une diplomatie économique active devrait être soutenue par de solides piliers. Ces piliers

devraient essentiellement reposer sur une coopération internationale qui assoit le commerce,

l’investissement à double sens : interne (local) et externe (étranger) et sur la floraison de

l’industrie locale qui se nourrie de l’auto/l’intra-consommation, c'est-à-dire, par la

consommation d’abord, nationale.

Conclusion partielle

En bref, Il y a un rapport de forces puissantes et un conflit d’intérêt qui sous-tendent

les sous-bassement des relations extérieurs de Madagascar. Ce rapport de force devient une

régularité tendancielle à mesure que s’effritent les politiques internes. De plus, le pays est pris

dans un tentacule diplomatique et peine à s’en démêler. Ces phénomènes bloquent le

processus de développement des pays sous-développés à un certain niveau et ne permettent

pas de garantir une quelconque émancipation politique ni économique comme nous sommes

pris entre les tenailles de la rigueur diplomatique des puissances étrangères et en l’occurrence,

de la France.

Page 87: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

76

VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES :

L’évaluation des hypothèses que nous avions stipulé au départ de cette recherche, à

travers l’élaboration de modèle d’analyse et le recours au choix des indicateurs pertinents ont

semblé quelques peu ambitieux. Nous avons toutefois pris conscience que circonscrire la

problématique dans une sphère contigüe aurais risqué de borner l’étude et l’aurais « tué dans

l’œuf ».

Ainsi, notre hypothèse principale qui supposait que : « Dans une société mondialisée,

la relation diplomatique constitue un fil conducteur vers le développement dans la mesure où

l’ostracisme économique serait un frein pour le développement », est considérée comme étant

une hypothèse dite de contingence.

En effet, la relation diplomatique peut ne pas être source/moyen de développement. Il est vrai

que si un État est coupé du reste du monde, il aurait une latitude très limitée de se développer,

d’autant plus que pour un pays comme Madagascar, l’aide internationale constitue les deux

tiers du budget de l’État. En revanche, il est vrai aussi que la relation diplomatique peut

entrainer des effets pervers et au lieu d’être un aiguillon pour stimuler le développement, elle

pourrait bloquer le développement à un certain stade.

Plusieurs paramètres peuvent intervenir pour expliquer cet effet de contingence. D’abord, les

tensions diplomatiques entre les pays partenaires peuvent handicaper les relations. Ensuite,

une situation de crise interne pourrait rendre hostile toute initiative de coopération

(investissement des IDE) d’un partenaire étranger avec le pays partenaire local. Enfin, la

qualité ou la nature des relations entre les pays partenaires pourrait autant expliquer la

possibilité ou non d’une émancipation économique de l’État en besoin de financement (que

nous traduirons en États passifs) par rapport à l’État qui finance (c'est-à-dire, l’État actif).

Cette éventualité d’une émancipation économique peut être comprise par le recours de l’État

actif ou non à un top-down diplomatique accompagné d’une puissance coercitive (le Hard

power) ou encore, des jeux de manipulation, derrière les diverses aides fournies.

Quant à la seconde hypothèse qui préconisait que : « L’ouverture à l’extérieur entraine

une augmentation des dépenses publiques sans forcément apporter de retombées

conséquentes pour le pays et les Malgaches. », elle est vérifiée.

Page 88: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

77

En fait, pour mesurer la corrélation entre la variable : dépense publique et le degré

d’ouverture à l’extérieur, nous avons considéré les indicateurs : « préparatifs de l’accueil du

sommet de la Francophonie » et les « dépenses en matière de déplacements des missions

diplomatiques à l’extérieur ».

Les dépenses pour les préparatifs du Sommet de la francophonie et les déplacements de la

délégation présidentielle pour une mission diplomatique peuvent nous amener à la conclusion

que les dépenses publiques est fonction du degré d’ouverture de l’État. Toutefois, bien que les

répercussions des armatures diplomatiques adoptées ne sont pas négligeables, elles semblent

ne pas impacter directement sur le social, alors que la finalité de la diplomatie doit aller dans

le sens d’un rebondissement instantané sur la politique publique.

Enfin, selon l’hypothèse : « La coopération internationale pourrait constituer un levier

de développement efficace si les principes stipulés par les traités de Westphalie relatifs à la

souveraineté et à la non-ingérence des affaires des pays sont respectés et si la diplomatie

malgache se montre plus rigoureuse à travers le renforcement de son identité », elle doit

encore être soumis au contrôle de l’expérience. Bien qu’elle ne soit pas à écarter, il s’agit

d’une hypothèse heuristique et doit être mieux soumis à l’épreuve des faits. Ainsi, cette

dernière hypothèse est vérifiée qu’à moitié.

En réalité, dans un sens, la force de la diplomatie (selon s’il s’agit d’une diplomatie

d’influence) et ses corollaires (la puissance politique et la performance de l’économie)

demeurent des variables dépendantes l’une l’autre. Ainsi, bien qu’un État soit

diplomatiquement fort, il ne doit cette force qu’au poids que pèserait son économie sur la

scène internationale. Et moins, cet État est situé sur la base de l’économie mondiale, plus, la

coopération internationale pourrait éventuellement lui rapporter et donc impacter mieux sur le

développement de celui-ci. Ainsi, la contradiction fait qu’aucun pays ne peut logiquement

gagner de la coopération internationale que seulement si son économie pèse sur l’économie

mondiale et que le respect des traités de Westphalie n’est qu’un déterminant de la puissance

économique. Bref, le respect de la souveraineté de l’État est fantaisiste et n’est possible que si

un État est performant diplomatiquement et économiquement.

Page 89: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

78

APPORT DU STAGE :

Le stage a été une aventure sociologique et parfois une découverte d’une réalité

quelque peu inopinée. Nous avons été confrontés par des obstacles qu’il a fallu repousser pour

pouvoir pénétrer encore plus dans le tréfonds du problème et essayer de le contenir. Là où les

barrières se dressaient à travers les secrets bureaucratiques, il a fallu négocier et étendre son

réseau pour mieux avancer encore mieux. Voir le stage de la seule vision professionnelle, se

serait négligé les apports tant académiques que personnels.

Le stage était une entrée en face à face avec la réalité politique, diplomatique mais

aussi sociale, qui a amené vers une découverte sous le feu du moment : du concret et du

pragmatique.

Il nous a permis de mieux appréhender les coulisses de la politique et a été une occasion pour

mieux se forger une personnalité dans l’arène politique en notre qualité de chercheur et en tant

que sociologue. En somme, le stage nous a permis de mieux aiguiser notre sens de

l’investigation quand les barricades se dressaient et au moment où, l’hostilité prenait le dessus

dans la collecte des informations.

Et comme « notre travail n’est pas clandestin, et l’image de notre activité est dénuée

de toute ambiguïté : Nous ne sommes pas officiers de police ni magistrats, et il est facile d’en

convaincre un policier ou un magistrat, surtout s’il n’est pas lui-même corrompu. Il est facile

d’en convaincre également les trafiquants, quand ils sont en prison. Mais c’est nettement plus

délicat avec les autres : les policiers corrompus, les trafiquants libres et les populations

civiles qui ont peur.51»…

51 Geffray (C.), Sur les conditions d’accès à l’information, 1999.

Page 90: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

79

CONCLUSION GÉNÉRALE

Réfléchir sur les relations internationales répond à une exigence d’une nouvelle

restructuration de nos sociétés, suites aux complexités des événements liés à notre histoire

contemporaine marquée par les grandes guerres successives et l’avènement de la

mondialisation.

Comme l’économie est devenue globalisée et les frontières se sont progressivement

effacées, les États ont développé une nouvelle forme de rapprochement dont le but est avant

tout amical. Mais derrière cette relation sympathique, se négocient des échanges sur tous les

domaines, touchant l’axe de l’économie comme du commerce, le savoir-faire et la culture, le

système de gouvernance…et tout un tas de procédés qui n’ont qu’un seul aboutissement : la

compétitivité et la concurrence. Cette compétitivité se gagne par la négociation et parfois par

le pouvoir et la force économique et politique. Quant à la négociation, qui rentre dans le

champ lexical de la diplomatie, elle est un déterminant fondamental de tout développement et

se concrétise à travers un dialogue de partenariat. En effet, en dehors de l’échange et du

compromis, la possibilité pour un pays en développement de s’identifier, diplomatiquement

parlant, dans un monde multipolaire, reste mince. C’est pourquoi, Madagascar, a fait le choix

d’intégrer plusieurs structures internationales et renforcer ses capacités de négocier et de

renégocier sa place dans le concert des Nations.

Par ailleurs, le Plan National du Développement (PND) concrétise cette volonté affiché

du gouvernement malgache de vouloir engager une diplomatie économique active. Il s’agit de

mener une politique étrangère avec une ouverture exprimée en termes de bilatéralisme et de

multilatéralisme avec les États étrangers et avec pour principal objectif de stimuler l’échange

et le développement sur le plan surtout économique.

Cependant, l’extraversion de la diplomatie malgache l’a fait qualifier d’une diplomatie

en faillite. Et cette faillite n’est pas sans conséquence sur l’identité diplomatique du pays et

sur son statut. En effet, cette brèche au niveau de la politique étrangère malgache lui a coûté

un point sur sa souveraineté nationale, surtout pendant les moments de crises. Madagascar est

devenu un « apatride diplomatique » où son identité se trouve du jour au lendemain effacée

face aux pays qui mènent une diplomatie offensive et qui favorise l’immuable dépendance des

pays pauvres vis-à-vis des pays riches.

Page 91: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

80

Parallèlement, sur le plan du développement, la politique étrangère malgache ne

favorise pas une retombée économique tangible. Car derrière les quelques milliers de dollar

offert à Madagascar avec pour prétexte « l’aide au développement ou l’aide budgétaire», les

rebondissements et l’amortissement des dettes liées à ces aides coûtent aux Malgaches ses

terres et mers, bref, toutes ses ressources.

Le laxisme de l’État malgache vis-à-vis de quelques investisseurs étrangers débouche souvent

à l’exploitation clandestine des ressources du pays, et participe ainsi au processus de

tarissement des ressources rares. Ces ressources pourtant très sollicitées des étrangers et qui

expliquent autant leur volonté farouche de s’implanter à Madagascar, constituent un levier

pour le développement du pays si elles sont mieux gérées. Cependant, au lieu de profiter aux

malgaches eux-mêmes dans leur épanouissement, l’exploitation abusive et illégale de ces

biens viennent amplifier la descente de milliers de ménages malgaches vers le fossé de la

paupérisation.

En termes de bilan, nous pouvons en déduire que la diplomatie coûte plus aux

malgaches qu’elle n’en rapporte. Alors comment pouvoir inverser la tendance et au moins

ramené ce déséquilibre à une relative pondération ? C’est se donner l’initiative de négocier et

convaincre la communauté internationale de respecter le principe du non ingérence et de la

souveraineté des pays. Du côté malgache, notre État doit être un État fort et doit faire preuve

de volonté politique pour pouvoir déclencher le dispositif de la bonne gouvernance.

Page 92: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

81

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

Ouvrages généraux :

1. ARCHER (R.), Madagascar depuis 1972 : la marche d’une révolution, Paris :

l’Harmattan, 2003, 210 pages.

2. ARON (R.) Dimensions de la conscience historique, Paris, Julliard, 1960

3. BOURDIEU (B.), « L'opinion publique n'existe pas », in Temps modernes, 29 (318),

janv. 73

4. BRUNO (L.), Changer de société. Refaire de la sociologie, Paris, La Découverte,

coll. « Armillaire », 2005

5. DUSSOY (G.), Traité des relations internationales, les théories de l’interétatiques,

Paris, l’Harmattan, 2008, 351 pages.

6. FLORY (M.), Droit international du développement, Paris ; PUF, 1984, 215 pages.

7. JAGUARIBE (H.), Desarrollo político: sentido y condiciones, Buenos Aires, ed.

Paidós, “Autonomía periférica y hegemonía céntrica”, en Estudios Internacionales,

pp. 91-130.

8. JEAN (Z.), Les nouveaux maîtres du monde, Fayard, 2002

9. JONES (R.), Analyzing Foreign Policy, London, Rutledge, 1970, p. 33.

10. MACE, (G.), PETRY, (F.), Guide d’élaboration d’un projet de recherche, Les

Presses de l’Université Laval, Québec 2000

11. MEREDITH (K.L), Diplomate — une sociologie des ambassadeurs, Paris,

L’Harmattan, 1998

12. MERLE (M.), Sociologie des relations internationales, Paris : PUF, 1974

13. MEYRIAT (J.), L’étude de la politique extérieure, Revue française de science

politique, 11e année, n° 1, 1961, pp. 143-154.

14. PANCRACIO (J.P), Dictionnaire de la diplomatie, Clermont-Ferrand, 1998

15. RABENORO (C.), Les relations extérieures de Madagascar de 1960 à 1972, Paris :

l’Harmattan, 1986, 316 pages

16. RENOUVIN (P.) et DUROSELLE (J.B), Introduction à l’histoire des relations

internationales, Paris, Armand Colin, 1965, 521 p

Page 93: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

82

Ouvrages spécifiques :

17. CLOUSCARD (M.), Les Dégâts de la pratique libérale ou les métamorphoses de la

société française, Nouvelles Éditions du Pavillon, 1987

18. DUROSELLE (J.B.),"L'Opinion publique et la Politique Étrangère".- Les Affaires

Étrangères.- Paris, 1959. Edit. Presses Universitaires de France ; p.218

19. GHELIM (N), INGRES (M.E) et MOREAU (J.), Les métiers de l'humanitaire, du

développement et de la diplomatie, Paris, Ellipses, 2009

20. JIMENEZ PIERNAS (Ed.), La responsabilidad internacional. Aspectos de derecho

internacional público y derecho internacional privado.-Alicante, 1990.

21. MAMMADU (B.), Françafrique: l'échec. L'Afrique postcoloniale en question,

L'Harmattan, Paris, 2001, 365 p.

22. MENDE (T.), De l’aide à la recolonisation, les leçons d’un échec, Paris, 1951, 316 p.

23. MERLE (M.), La politique étrangère, Paris : PUF, 1984, 215 pages.

24. MONSIEUR X ET PESNOT (P.), Les dessous de la Françafrique : les dossiers

secrets de monsieur X, Nouveau monde, Paris, 2008, 395 p.

25. MOYO (D.), L’aide fatale, Domont (France) : JC Lattès, 2009, 250 pages

26. PATRICK (H.), Sociologie politique de l’action publique, Armand Colin, 2008

27. PEKAR (L.A), COLSON (A.), Méthode de négociation. On ne naît pas bon

négociateur, on le devient, Dunod, 2004

28. PLANTEY (A.), De la politique entre États : principes de la diplomatie, Paris ;

Pedone, 1991, 445 pages.

29. REYNALD (B.), THUDEROZ (CH.), Sociologie de la négociation, La Découverte,

coll. « Repères », 2002, p. 69

30. STRANGE (S.), States and Markets, Pinter, Londres, 1988

31. TANDON (Y.), En finir avec la dépendance à l’aide, Genève : CETIM, 2009, 213 p.

32. WILLIAM (G.), L’élite des politiques de l’État, Presses de Sciences Po, 2008

Textes juridiques et documents officiels consultés :

33. Convention de Vienne de 1961

34. Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide de 2005 disponible sur

http://www.oecd.com

35. Traité de Westphalie 1648

Page 94: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

83

Textes législatifs et réglementaires :

36. Constitution de la IVe République malagasy, 2010

37. Décret n° 2012-735 du 13 décembre 2012, portant organigramme du MAE

38. Loi n° 2003-011 du 03 septembre 2003 portant statut général des fonctionnaires

39. Loi n° 2015-050 du 29 décembre 2015 portant loi de finances pour 2016

Rapports, articles et publication :

40. OCDE – Coopération pour le développement, rapport 2005, volume 7, OCDE, 2006.

41. PGE — Programme Général de l’État, IVe République, Octobre 2015.

42. PMO— Plan de mise en œuvre, IVe République, Octobre 2015.

43. PND — Plan National de Développement, IVe République, Octobre 2015.

44. RAJAONA (M.), La diplomatie malgache : une nouvelle optique de la coopération

pour le développement – cas de l’aide au développement, ENAM, 2003

45. RANAIVOMANANA (O.), Les nouvelles approches de la lutte contre le terrorisme

en Afrique, ENAM, 2011

46. RATSIETISON (JJ.), Regard critique et voie alternative pour le développement de

Madagascar. Utopie ou simple pragmatisme ?

47. TALBOT (C.), Enjeux et défis de la diplomatie économique pour l’exportation

malgache, ENAM, 2016

Webographie :

48. Académie des Sciences morales et politiques – http://www.asmp.fr

49. Bibliothèque numérique –http://www.gallica.bnf.fr/

50. http://www.banquemondiale.org/fr/coutry/madagascar.htm, Statistiques de

développement de Madagascar

51. Revue des Sciences socialeshttp://www.revue.org/

52. Statistiques sur les aides fournies à Madagascar http://www.instat.mg

53. www.cairn.info : Madagascar : Les enjeux d’une diplomatie en plein essor (HAMAY)

Filmographie :

54. Fratricide au Burkina : Thomas Sankara et la françafrique, film réalisé par Didier

Mauro et Thuy-Tiën Ho, L'Harmattan vidéo, Paris, 2008

55. House of cards, un film réalisé par Iain Paterson and John Mankiewicz, USA, 2012

Page 95: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

84

TABLE DES MATIERES

Remerciements

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE ..................................................................................... 1

1.Motif du choix du thème et du terrain ......................................................................... 3

2.Originalité du sujet et intérêt thématique .................................................................... 3

2.1.Originalité du sujet ------------------------------------------------------------------------- 3

3.Les étapes de la recherche ............................................................................................. 4

3.1.Objectifs de la recherche ------------------------------------------------------------------ 4

3.2.Problématique ------------------------------------------------------------------------------- 5

3.3.Hypothèses ----------------------------------------------------------------------------------- 6

4.Limites de la recherche et problèmes rencontrés : ..................................................... 7

5.Matériels et méthodes .................................................................................................... 8

5.1.Matériels : ------------------------------------------------------------------------------------ 8

5.2. Approche méthodologique --------------------------------------------------------------- 8

5.2.1. Démarches .................................................................................................... 8

Chapitre I : Cadrage théorico-conceptuel .................................................................... 12

PREMIÈRE PARTIE : MONOGRAPHIE DE TERRAIN ET CADRAGE

THÉORIQUE RELATIF AU PRINCIPE DE LA RELATION INTERNATIONALE

Introduction partielle ...................................................................................................... 14

Chapitre I : Présentation du ministère des Affaires étrangères et de ses

démembrements ..................................................................................................................... 14

I.1. Missions du Ministère des Affaires étrangères -------------------------------------- 16

I.2. Organisation et détachement du Ministère ------------------------------------------ 18

I.3. La direction de l’expansion économique, le théâtre de l’exercice de la

diplomatie économique --------------------------------------------------------------------------------- 19

Chapitre II : Conceptualisation autour de la relation internationale : champs,

théories, concepts et instruments des relations internationales ------------------------------- 22

II.1. Les champs d’étude des relations internationales : notion de politique

étrangère et de diplomatie ----------------------------------------------------------------------------- 22

II.2. Les différents notions et concepts ----------------------------------------------------- 22

Page 96: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

85

II. 3. Les théories des relations internationales ------------------------------------------ 25

II. 4. Les instruments et outils des relations internationales -------------------------- 27

II. 5. Les couleurs de la diplomatie dans la géopolitique mondiale ------------------ 29

II.5.1. L’expérience française en matière de diplomatie économique : une

forte diplomatie d’influence – relation entre commerce extérieur et affaires étrangères 29

II.5.2. La diplomatie économique malgache naissante : une diplomatie

avortée et sans boussole ......................................................................................................... 30

Conclusion partielle ........................................................................................................ 31

DEUXIÈME PARTIE : LA CONDUITE DE LA RÉFORME DE LA POLITIQUE

ÉTRANGÈRE POUR UNE RÉORIENTATION VERS UNE DIPLOMATIE

ÉCONOMIQUE

Introduction partielle ...................................................................................................... 32

Chapitre III : État des lieux de la situation de coopération de Madagascar avec

l’extérieur. Cas de l’intervention française : Ambassade de France, AFD et CDF ......... 32

III.1. Les différents cadres la coopération ------------------------------------------------ 32

III.1.1. Cadre juridique de la coopération ........................................................ 32

III.1.2. Cadre technique et politique de la coopération ................................... 33

III.2. Modalité de coopération --------------------------------------------------------------- 33

III.3. Architecture de la coopération : les domaines qui lient la France à

Madagascar ----------------------------------------------------------------------------------------------- 34

III.3.1. Coopération économique et commerciale ............................................. 34

III.3.2. Coopération culturelle, scientifique et technique ................................ 36

III.3.3. Autres types de coopération : la coopération militaire ....................... 37

III.4. Les principaux instruments et domaines d’intervention des divers acteurs

français (Aide, suppression de dette) ---------------------------------------------------------------- 37

III.4.1. L’ambassade de France comme acteur de coopération ...................... 37

III.4.2. L’Agence française de développement (AFD) comme partenaire...... 39

III.4.3. Les collectivités comme acteur de coopération : les collectivités

françaises et malgaches partenaires ..................................................................................... 41

Chapitre IV : L’organisation du Sommet de la francophonie, un cas de coopération

diplomatique ........................................................................................................................... 44

IV.1. Bref historique de la Francophonie ------------------------------------------------- 44

Page 97: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

86

IV.2. Les dispositifs engagés par le gouvernement malgache à travers le projet

d’organisation de la foire économique internationale de la francophonie ------------------ 45

IV.3. Les dépenses allouées à l’organisation du Sommet de la Francophonie ----- 47

IV.4. Position et attentes des Malgaches vis-à-vis de la France et de la

francophonie --------------------------------------------------------------------------------------------- 48

Chapitre V : Politique de rattrapage et de l’expansion économique : Le MAE, une

locomotive du développement à travers la diplomatie économique .................................. 52

V.1. La transition économique, fonction de la mutation du système international52

V.2. Les orientations prises dans la visée de la réforme et la promotion de la

diplomatie économique --------------------------------------------------------------------------------- 54

V.2.1. Situation du commerce international lié aux investissements étrangers

à Madagascar .......................................................................................................................... 54

V.2.2. Dépense publique et ouverture à l’extérieur .......................................... 55

V.3. Vers la quête d’un équilibre entre politiques de protectorat Vs libéralisme

économique ----------------------------------------------------------------------------------------------- 56

V.3.1. Politique fiscale et système douanier ...................................................... 56

V.3.2. Conception par rapport à la participation au commerce international

.................................................................................................................................................. 57

Conclusion partielle ........................................................................................................ 59

TROISIÈME PARTIE : BILAN SUR L’APPORT DE LA RELATION

DIPLOMATIQUE ET DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE SUR LE

DÉVELOPPEMENT

Introduction partielle ...................................................................................................... 60

Chapitre VI : Inventaire en termes de gains et de déficit lié aux enjeux de la

coopération internationale à travers l’aide au développement .......................................... 60

VI.1. La transcendance de l’international sur le national – pour quel

développement ? ..................................................................................................................... 61

VI.1.1. Quelle appréciation par rapport à l’intervention française à

Madagascar ? .......................................................................................................................... 64

VI.1.2. Les accords de Coopération ou les règles entre la France et ses

anciennes colonies. .................................................................................................................. 65

VI.1.3. Récit de la député française Eva joli : ................................................... 66

Page 98: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

87

VI.2. La place de Madagascar dans le concert des nations : la diplomatie

malgache est-elle en faillite ? -------------------------------------------------------------------------- 66

VI.2.1. Poids du système international sur le local, la question de l’aide

internationale .......................................................................................................................... 66

VI.2.2. Une opinion publique négligée et évacuée de la gestion des affaires

publiques et du système de la prise de décision : l’Attentisme citoyen ............................. 68

Chapitre VII : Caractéristiques de l’État malgache, limites et alternatives vers un

développement durable .......................................................................................................... 69

VII.1. L’État malgache : entre une démocratie embryonnaire et une gouvernance

avortée ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 69

VII.2. Limites et répercussions de la politique interne sur la politique externe -- 70

VII.3. Les alternatives vers un développement durable-------------------------------- 72

VII.3.1. De l’économie verte à l’économie bleue : une perspective pour le

développement durable- Les ressources endogènes : terres, mers et ressources (minière,

faunistique et floristique) ....................................................................................................... 72

VII.3.2. Un développement basé sur la diplomatie à travers la coopération

internationale .......................................................................................................................... 72

VII.4. Réflexions et recommandations personnelles ------------------------------------ 74

Conclusion partielle ........................................................................................................ 75

VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES : ...................................................................... 76

APPORT DU STAGE : ................................................................................................... 78

CONCLUSION GÉNÉRALE ........................................................................................ 79

BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................... 81

LISTE DES TABLEAUX : .................................................................................................... 88

ANNEXES ........................................................................................................................... I

Page 99: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

88

LISTE DES TABLEAUX :

Tableau n° 1 : Répartition de l’échantillonnage selon Direction/Sexe-------------------------11

Tableau n° 2 : Axes et défis du PND/PGE---------------------------------------------------------19

Tableau n° 3 : Disposition des outils et instruments de financement de l’AFD---------------40

Tableau n° 4 : Les objectifs visé par l’organisation de la foire de la francophonie-----------46

Tableau n° 5 : Opinion sur l’accueil du Sommet de la francophonie----------------------------49

Tableau n° 6 : Opinion sur le propriétaire légitime des îles éparses-----------------------------50

LISTE DES FIGURES :

Figure n° 1 : Les axes des programmes du MAE et leurs objectifs-----------------------------17

Figure n° 2 : Structure du Département de l’Expansion économique---------------------------20

Figure n° 3 : Évolution de la contribution des coopérations décentralisées

franco-malgaches---------------------------------------------------------------------------------------42

Figure n° 4 : Répartition des concours financiers en 2013----------------------------------------43

Figure n° 5 : Feuille des dépenses de l’État allouées à l’accueil du Sommet de

la Francophonie-----------------------------------------------------------------------------------------47

Figure n° 6 : Pyramide représentant les aspirations des citoyens vis-à-vis de l’État----------48

Figure n° 7 : Boucles de représentation du système de la diplomatie économique------------53

Figure n° 8 : Balance de l’équilibre entre système protectionniste

et libéralisme économique-----------------------------------------------------------------------------57

Figure n° 9 : Clef de l’évaluation de la performance de la diplomatie économique-----------61

LISTE DES PHOTOS :

Photo n° 1 : Aperçu sur l’entrée du Ministère des Affaires étrangères------------------------14

Photo n° 2 : Le hall de la salle de conférence internationale du MAE-------------------------28

Photo n° 3 : Réunion avec la SG de la francophonie au Carlton Madagascar----------------45

Page 100: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

ANNEXES

Page 101: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

I

ANNEXES

ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN :

MADAGASCAR VERS UNE REFORME DE LA POLITIQUE ETRANGERE AXEE

SUR LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE. ETUDE DES ENJEUX DE LA

COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE DÉVELOPPEMENT.

« CAS DE LA COOPERATION FRANCO-MALGACHE »

À L’ATTENTION DES RESPONSABLES DU MAE

I - Identification (champ facultatif)

1. Nom et prénom(s)

2. Date de début de service au MAE

3. Durée de service effectué au MAE

4. Poste/fonction occupé

5. Dépatement/service d’affectation

II- Introduction/Présentation

« Bonjour, je m’appelle Nassif. Actuellement, étudiant en 5e année en Sociologie de

l’Université d’Antananarivo et à l’occasion de mes recherches en Master, je réalise une

étude sur « Les enjeux de la coopération diplomatique sur le développement liés à la

réorientation de la politique étrangère malgache tournée vers une diplomatie

économique ». Le but de cet entretien est de recueillir vos observations, points de vue sur

un certain nombre de questions afin de mieux comprendre qu’est-ce que Madagascar

gagne de ses relations bilatérales ou éventuellement multilatérales. Évidemment, lors du

compte rendu que je réaliserai, les noms et prénoms des répondants ne seront pas

communiqués. »

« Je vous propose d’aborder deux (2) thèmes dans cet entretien. Un premier thème relatif

au volet politique et diplomatique par rapport à l’intervention du MAE et un second

thème, qui abordera le volet économique. »

Page 102: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

II

III- Guide d’entretien

VOLET POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE

1. Avec les gouvernements successifs, Madagascar a essayé de se faire une image à l’extérieur,

de projeter une certaine forme d’identité diplomatique. Sur la scène internationale, quelle est

la place occupée par Madagascar aujourd’hui ?

2. À l’heure actuelle, peut-on parler d’une « identité » de la diplomatie malgache ? Si elle

existe, quelle pourrait-être la forme de cette identité diplomatique ?

3. Madagascar dispose-t-il d’une politique extérieure, si oui, sur quoi cette politique est-elle

fondée ?

4. Madagascar a renforcé sa coopération avec l’international surtout depuis ce quinquennat

présidentiel, quelles ont été les retombées pragmatiques ?

5. Le MAE a initié une politique diplomatique tournée vers le développement surtout

économique. En quoi consiste cette diplomatie économique/de développement ? Et quelles

ont été les moyens d’actions pour atteindre cet objectif ?

6. Comment et sur quels critères mesurez-vous la performance (efficience et efficacité) de

l’intervention du MAE à l’extérieur en matière de coopération, tant sur le plan bilatéral que

multilatéral ?

7. Quels sont pour vous les obstacles rencontrés lors de la conduite de négociation avec

l’international/l’organisation de la coopération extérieure/atteinte des résultats attendus ?

8. Par quels indicateurs peut-on mesurer la performance de la diplomatie

malgache aujourd’hui ?

9. Quelles ont été les réformes apportées à la politique étrangère malgache (situation initiale –

situation finale) ? En vue de quels objectifs ?

10. Comment faites-vous pour atteindre ces objectifs et quelles pourraient être les hypothèses à la

non réalisation des résultats escomptés ?

Page 103: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

III

VOLET ÉCONOMIQUE

1. Quelles perspectives le MAE cherche-t-il à atteindre dans la réorientation apportée à la

diplomatie malgache tournée vers une diplomatie économique ?

2. Quels sont les axes qui fixent l’orientation et les actions engagées par votre direction en termes

de diplomatie économique ?

3. Parmi les axes ciblés par le PGE ou encore le PND y figurent : la reprise économique et la

préservation de la stabilité macroéconomique et l’appui au développement. Comment votre

direction articule-il ces objectifs du PND/PGE avec l’atteinte des objectifs de la diplomatie

économique malgache ? Quelle est la politique engagée par votre direction ?

4. Pour vous, quels sont les enjeux de la relation/coopération internationale ?

5. Plus un pays est ouvert à l’extérieur, plus ses dépenses publiques augmentent. Selon vous,

comment expliquer la relation entre le degré d’ouverture d’un pays et les dépenses qui y sont

liées.

6. Comment mesurez-vous l’incidence de la réforme apportée à la politique étrangère malgache et

l’incidence de la coopération diplomatique sur le développement économique de Madagascar ?

7. La coopération avec l’extérieur est-elle nécessairement incontournable pour qu’à Madagascar il

y ait développement ? Si oui, qu’est ce qui pourrait entrainer la stabilité dans cette coopération

et où en sont les limites ?

8. Pour vous, qu’est-ce qui pourrait conditionner un vrai développement pérenne et durable à

Madagascar ?

9. Madagascar abonde de ressources inestimables en valeurs (humaine, faunistique, floristique,

minière, marine…), considérez-vous qu’une meilleur gestion de ces ressources pourrait-être une

condition pour qu’il y ait un vrai développement ? Estimez-vous que le pays puisse se passer de

l’aide extérieur s’il arrive à bien gérer ces ressources ? si oui, dans quelles mesures ?

10. L’ONU, lors de son Assemblée, a fait sortir une résolution en faveur de Madagascar pour la

récupération des îles éparses (qui regorge de potentiels économiques inestimables) et invite la

France à entamer des négociations en faveur de cette résolution. L’ambassadeur de France à

Madagascar a été pourtant ferme et a déclaré officiellement qu’avant tout, ces îles sont

françaises – que pensez-vous de la position de la France et les clauses relatifs à la souveraineté

des pays ? Quelle devrait-être la position du gouvernement malgache et comment faire pour

récupérer ces îles pour qu’ils reviennent de droit aux Malgaches ?

Page 104: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

IV

DIRECTION DES RELATIONS BILATERALES

SERVICES EUROPES BILATERAL (France)

1. Madagascar est entré dans un nouvel air de la réforme de sa politique étrangère pour mettre en

œuvre une diplomatie économique au service du développement. Quelle lecture faites-vous de la

réalisation de cet objectif aujourd’hui, où en sommes-nous ?

2. Comment Madagascar intervient-t-il à l’étranger ? Quels sont les États ou organismes où

Madagascar est représenté ?

3. Sur quels critères sont basés la communication et la négociation avec l’international ? Comment

s’organise les négociations ? Quels sont les instruments que votre département mobilise ?

4. La France a été depuis très longtemps un allié diplomatique puissant pour Madagascar, quels sont les

accords et traités qui scellent la coopération bilatérale entre les deux pays ?

5. Comment la France réalise-t-elle ses interventions à Madagascar ? Quelles sont les formes de

coopérations qui existent entre les deux pays ?

6. Madagascar a renforcé sa coopération avec l’international surtout depuis ce quinquennat

présidentiel, en particulier avec la France, quelles ont été les retombées pragmatiques, les actions

engagées ?

7. Le périple présidentiel a été depuis ce quinquennat l’un des plus significatifs, qu’est-ce que cela a-t-

il apporté au pays et aux Malgaches ?

8. La France s’est donné la vocation de soutenir Madagascar dans la réalisation de l’organisation du

XVIe Sommet de la Francophonie à Madagascar ? Sur quels plans sont basés ces accords de

coopération ?

9. Selon vous, qu’est ce que la francophonie peut-elle apporter à Madagascar. Pensez-vous

qu’accueillir ce sommet est une priorité pour le pays ? Est-ce au bon moment ?

10. Plusieurs fois, des diplomates français résidents à Madagascar ont été signalés comme persona non

grata, comment s’organise le processus de négociation dans ces conditions et où en sont les limites

de la coopération diplomatique ?

Page 105: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

V

ANNEXE II :

SONDAGE D’OPINION

THEME 1 : SOMMET DE LA FRANCOPHONIE

1. Comprenez-vous ce que c’est que la francophonie ?

□Oui, je comprends –□ non, je ne comprends pas

2. Êtes-vous informé du fait que Madagascar accueillera le Sommet de la francophonie

cette année ?

□OUI- □NON

3. Quelle est votre opinion pour l’accueil de ce sommet ?

□Favorable, □Pas favorable, □Indifférent, □NSP, □Pas de réponse

4. Selon vous, qu’est-ce-que la francophonie peut-elle apportée aux malgaches et à

l’État ?

Malgache :□ Visibilité □Changement de perception □Amélioration du français

Gouvernement :□Entrée de devise □Moyen de communication □Investissement

étranger

5. Qu’est ce que vous attendez de ce sommet ?

□La performance économique – □Un moyen de développement

□Du travail □Rien

1. Vous sentez vous impliquer par la décision prise par le gouvernement

malgache d’avoir accueilli et organisé le sommet de la francophonie ? (la constitution

stipule que tout accueil de sommet d’une telle envergure doit passer par un

référendum)

□Pas concerné □concerné

Page 106: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

VI

THEME 2 : LES ILES EPARSES

1. Êtes-vous informé de l’existence des îles éparses ?

□OUI – □NON

2. Pensez-vous que ces îles appartiennent-elles aux Malgaches ou aux Français ?

□Malgache – □Français –□NSP

3. Êtes-vous favorable pour la récupération des îles éparses ?

□Favorable – □Pas favorable

4. Êtes-vous favorable pour l’ouverture de Madagascar à l’extérieur ? Par rapport à la

France ?

□Favorable – □Pas favorable

5. Pensez-vous que l’ouverture est un moyen pour arriver à un développement pérenne

ou non ?

□OUI – □NON – □NSP

Page 107: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

VII

ANNEXE III :

Extrait d’un haut responsable auprès du Ministère des Affaires étrangères :

VOLET POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE

« A mon sens, Madagascar occupe une place prépondérante sur la scène internationale de par

ses particularités insulaires et continentales. Depuis l’année 2006 où l’ancien Secrétaire

Général des Nations Unies s’est rendu officiellement à Madagascar, le Pays ne cesse

d’enregistrer des victoires diplomatiques dont la plus marquante sera sans nul doute l’accueil

et l’organisation de deux Sommets à Madagascar pour cette année 2016.

On peut dire certes que dans une certaine mesure, Madagascar a une identité diplomatique car

nous sommes un État souverain mais nul n’ignore que le fait que nous sommes un pays en

développement nous désavantage énormément car ce sont les Bailleurs de fonds et les grandes

puissances étrangères qui dictent nos priorités.

De même, chaque Pays a sa politique extérieure conçue par le Président élu en exercice et

issue de ses programmes de développement prononcés dans ses campagnes électorales mais la

transparence n’a jamais été de mise depuis.

Parallèlement, la coopération a repris de plus belle depuis l’avènement de ce régime mais les

retombées ne sont pas palpables au niveau de la population. Pour mesurer la performance de

l’intervention du MAE à l’extérieur en matière de coopération, il y a d’abord, les critères sur

le nombre des accords signés et/ou ratifiés. Et les critères sur la réorientation diplomatique de

nos ambassades (à travers l’envoi de nouveaux Chefs de Missions Diplomatiques)

Toutefois, parmi les obstacles rencontrés lors de la conduite de négociation avec

l’international, il y a le fait que le Ministère des Affaires Étrangères n’a pas les pleins

pouvoirs pour la conduite des négociations internationales.

Parmi les réformes apportées à la politique étrangère malgache, on a la redéfinition du

leitmotiv de la Diplomatie : « La diplomatie économique au service du développement ».

Cependant, l’atteinte des objectifs et les hypothèses à la non réalisation des résultats

escomptés sont déterminés en fonction de la politique extérieure du Président, de sa conduite

par ses deux ministres des affaires étrangères. »

Page 108: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

VIII

VOLET ÉCONOMIQUE

« Avec la réorientation apportée à la diplomatie malgache tournée vers une diplomatie

économique, le MAE cherche à atteindre la participation active de tous les acteurs

économiques et étatiques, y compris les membres de la Diaspora dans cette réorientation.

Économie bleue, Attraction des investisseurs directs étrangers, Coopération décentralisée,

Collaboration étroite et plus engagée avec les organisations financières internationales, ce

sont les actions engagées pour aller dans le sens de la diplomatie économique.

Toutefois les enjeux de la relation/coopération internationale tourne autour du soutien au

développement et à la contribution à une meilleure autonomisation de notre Pays. On est

ouvert à l’extérieur mais on est plutôt concentré sur l’ouverture avec les partenaires

techniques financiers traditionnels mais pas avec des pays. Il faudrait favoriser la diplomatie

bilatérale, en ce sens, renouer ou nouer des contacts avec des Pays asiatiques ou autres ayant

un fort potentiel (Turquie, Malaisie, Singapore, Indonésie,…) pour mieux sensibiliser les

opérateurs malgaches sur les intérêts que pourraient apporter ces pays dits émergents.

Parallèlement, Il n’y a rien de concret jusqu’à présent pour mesurer l’incidence de la réforme

apportée à la politique étrangère malgache et l’incidence de la coopération internationale sur

le développement économique de Madagascar. Néanmoins, on peut favoriser l’exportation sur

les marchés bilatéraux pour mieux apporter de changement

Un vrai développement pérenne et durable à Madagascar ne peut être conditionné que par la

volonté politique des dirigeants et le réveil des 22.000.000 de Malgaches et se dire que le

développement n’est pas la seule affaire des dirigeants mais plutôt de tous.

Cela se passe à travers la bonne gouvernance et le respect de l’état de droit, ce sont les

conditions sine qua non pour un vrai développement, mais devraient être assorties d’une vraie

et équitable répartition des revenus, réduire l’inégalité de traitement salarial. De cette manière

le pays pourrait vraisemblablement se passer de l’aide extérieur.

Enfin quant aux îles éparses, Peut-on dire que nous sommes indépendants alors que le fait

d’être pauvre nous amène à quémander partout. Une co-gestion semble être la meilleure

solution pour la gestion de ces îles éparses. »

Page 109: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

IX

ANNEXE IV :

CONVENTIONS ET ACCORDS DIVERS ENTRE LE GOUVERNEMENT DE LA

REPUBLIQUE MALGACHE ET LA REPUBLIQUE FRANÇAISE DEPUIS

L’INDEPENDANCE A AUJOURD’HUI

Convention d’établissement entre la République malgache et la République française

(Tananarive, le 27 juin 1960) ;

Accord relatif aux nouvelles dispositions prises, suite à l’abrogation des accords de

coopération du 27 juin 1960 entre la République malgache et la République française

(sous forme d’échange de lettres en date du 04 juin 1973)

Accord relatif à la cession de la Résidence de l’Ambassadeur de France à

Tananarive, suite au souhait des autorités malgaches.

Convention de Paris du 04 juin 1973 relative au concours de la République française

en matière de personnel pour la réalisation des objectifs de développement et de

formation :

o Annexe I concernant l’assistance technique (Paris, 04 juin 1973) ;

o Annexe II concernant l’assistance militaire technique (Paris, 04 juin 1973) ;

Accord entre le Gouvernement de la République Démocratique de Madagascar et le

Gouvernement de la République Française relatif à l’octroi d’une aide alimentaire

(Paris, 27 mars 1992) ;

Accord entre le Gouvernement de la République Démocratique de Madagascar et le

Gouvernement de la République Française relatif à l’octroi d’une aide alimentaire

(Paris, 01er juin 1995) ;

Convention de financement ‘’ Crédits Déconcentrés/Fonds Social de

Développement’’ (Antananarivo, le 16 mai 1997) ;

Accord de coopération franco-malgache relatif à la coopération militaire

(Antananarivo, 12 juin 1998) ;

Accord entre le Gouvernement de la République de Madagascar et le Gouvernement

de la République Française sur l’Encouragement et la Protection Réciproques des

Investissements (Saint Denis, La Réunion, 25 juillet 2003) ;

Accord entre le Gouvernement de la République de Madagascar et le Gouvernement

de la République Française portant sur la Délimitation des Espaces maritimes situés

entre la Réunion et Madagascar (Saint Denis, La Réunion, 14 avril 2005) ;

Document Cadre de Partenariat Madagascar/France du 11 mai 2006 ;

Page 110: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

X

Convention de financement ’’Appui à l’Enseignement de la Santé Publique, à

l’Internat et au Clinicat (ASPIC) (Antananarivo, le 21 juillet 2005) ;

Convention de financement ‘’Projet de Sûreté aéroportuaire’’ (Antananarivo,

le 21 juillet 2005) ;

Convention de financement ‘’Appui à la reforme des Administrations Fiscales de la

République de Madagascar’’ (Antananarivo, le 21 juillet 2005) ;

Accord France/Madagascar relatif aux services aériens (Antananarivo,

le 21 juillet 2005) ;

Convention de financement ’’Partenariat pour le Développement du Grand

Antananarivo ’’ (procès verbal de clôture, Antananarivo, le 04 août 2005) ;

Conventions de financement ‘’ Madagascar École de la Réussite’’ (procès verbal de

clôture, Antananarivo, le 04 août 2005) ;

Convention de financement ’’Contribution à la mise en œuvre du Plan d’Action de

Développement Rural’’ (procès verbal de clôture, Antananarivo, le 04 août 2005) ;

Convention France/Madagascar relative à la Coopération Éducative entre la Réunion

et Madagascar (Copie) ;

Convention de financement ‘’Appui à la Consolidation de l’État de droit à

Madagascar’’ (Antananarivo, le 27 mars 2007) ;

Convention de financement entre le Gouvernement de la République de Madagascar

et le Gouvernement de la République Française pour l’exécution du projet « Appui à

la rénovation de l’enseignement supérieur, (Antananarivo, le 14 décembre 2007) ;

Accord cadre entre le Gouvernement de la République de Madagascar et le

Gouvernement de la République Française sur la coopération régionale entre

Madagascar et La Réunion, (Antananarivo, le 20 octobre 2008) ;

Convention de financement entre le Gouvernement de la République de Madagascar

et le Gouvernement de la République Française pour l’exécution du projet « Appui

au développement culturel de Madagascar », (Antananarivo, le 13 janvier 2009) ;

Protocole d’accord entre le Gouvernement de la République de Madagascar et le

Gouvernement de la République Française pour la « Mise en place du mécanisme

intitulé ‘’Fonds social de développement’’ » (Antananarivo, le 22 décembre 2009).

Source : Département de la Coopération Bilatérale, Service Europe, Mai 2016

Page 111: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XI

ANNEXE V : ORGANIGRAMME DU MAE

Page 112: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XII

ANNEXE VI : CHAMP LEXICAL DE LA DIPLOMATIE

Page 113: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XIII

ARBRE SCHÉMATIQUE – DIPLOMATIE

Niveau 1

Page 114: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XIV

Niveau 2

Page 115: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XV

ANNEXE VII : Les principales composantes de la françafrique selon Mawuna Koutonin

Encadré : Les 11 principales composantes de la françafrique :

1— La dette coloniale

2— Confiscation automatique des réserves nationales.

3— Droit de priorité sur toute ressource brute ou naturel découvert dans le pays.

4— Priorité aux intérêts et aux entreprises françaises dans les marchés publics et

constructions publiques

5— Droit exclusif de fournir des équipements militaires et de former les officiers militaires

des pays.

6— Droit pour la France de pré-déployer des troupes et intervenir militairement dans le

pays pour défendre ses intérêts sous la dénomination « Accords de défense » attachés au

pacte colonial.

7— Obligation de faire du français la langue officielle du pays et de la langue pour

l’éducation.

8— Obligation d’utiliser la l’argent de la France coloniale le FCFA

9— Obligation d’envoyer le rapport annuel France du solde et de réserve

10— Renonciation à entrer en alliance militaire avec tout autre pays, sauf autorisation par

la France

11— Obligation de s’allier avec la France en situation de guerre ou de crise mondiale

Source : Mawuna Koutonin.http://www.madagascar-tribune.com/Le-saviez-vous-14-pays-

africains,19894.html

Page 116: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XVI

ANNEXE VIII : Extrait du discours du président zimbabwéen

Lors du forum économique Afrique du Sud-Zimbabwe organisé en Afrique du Sud le 9 avril

2015, le Président Mugabe a mentionné que le Zimbabwe contrôle désormais totalement ses

terres et ses ressources naturelles. Il a ajouté que les fermiers blancs travaillent toujours au

Zimbabwe mais ils ne sont plus propriétaires des terres.

Cependant, il a pris soin de rappeler que cette avancée capitale, pour l’indépendance

économique de son pays après avoir arraché l’indépendance politique, n’est pas encore une

réalité palpable dans la plupart des pays africains et notamment dans les pays francophones.

Concernant les pays francophones, il a déclaré ceci :

« Je vous le dis, l’indépendance est seulement acquise à moitié dans la plupart des pays

africains. Certains ne contrôlent même pas une fraction de leurs ressources naturelles. Allez

au Gabon, toute la richesse du sous-sol appartient à la France. Ce sont les accords [avec la

France]. C’est la même chose dans les autres pays francophones. Le pétrole qu’on découvre

appartient à la France, les diamants qu’on découvre appartiennent à la France, et les

compagnies minières seront naturellement françaises. En échange, on vous donnera peut-être

12 % ou 15 % des revenus sur le pétrole. C’est vraiment terrible ! »

Page 117: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XVII

ANNEXE IX : GLOSSAIRE :

Pour faciliter le parcours du lecteur dans le présent mémoire, nous avons estimés utiles de

dresser une sorte de glossaire. Il présentera aux éventuels lecteurs les jargons les plus

récurrents qu’ils rencontreront tout au long de leur parcours.

Développement durable : Le développement durable (traduction de Sustainable

development) est une nouvelle conception de l’intérêt public, appliqué à la croissance

économique et reconsidéré à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects

écologiques généraux d'une planète globalisée.

Diplomatie : La diplomatie est la conduite de négociations entre les personnes, les

groupes ou les nations en réglant un problème sans violence. Utilisée formellement, elle se

rapporte habituellement à la diplomatie internationale, la conduite des relations

internationales par l’entremise (habituellement) de diplomates professionnels.

Diplomatie à géométrie variable : proche de « deux poids, deux mesures », l’expression

semble impliquer qu’on a deux façons de peser ou de mesurer des situations. Là, la

formule pointe le fait. C’est donc une diplomatie qui varie en fonction des exigences du

contexte mais aussi qui évolue en fonction de celui qui l’exerce, selon comment il

l’entend.

Économie verte : L'économie verte est l'ensemble de l'activité économique générée « par

toutes les entreprises qui produisent des biens et services contribuant à éviter, réduire ou

supprimer des nuisances pour l'environnement ». elle désigne également l’exploitation à

des fins économique de toutes ressources émanant de la forêt : faune et flore.

Économie bleue : L’économie bleue est un concept encore très frais. Elle concerne la

gestion, l’exploitation et la transformation de l’eau et de toutes les ressources maritimes et

halieutiques pour servir à l’économie du pays ou d’un autre pays partenaire.

Page 118: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XVIII

Effet pervers : un résultat non désiré et fâcheux d'une action qui se retourne contre les

intentions de ceux qui l'ont engagée, selon la formule « l'enfer est pavé de bonnes

intentions ».

« Françafrique », il s’agit de la définition donnée à la coalition formé par les

gouvernements africains avec la France qui s’exprime par une coopération étroite entre les

régimes post-coloniaux et Paris.

Hard Power : Le hard Power (ou puissance coercitive) désigne la capacité d'un corps

politique d'influencer le comportement d'autres corps politiques à l'aide de moyens

militaires et économiques.

Persona non grata : du latin signifiant littéralement « personne n’étant pas la

bienvenue », abrégé sous le sigle PNG, est une locution utilisée en diplomatie avec un

sens juridique précis aussi en usage dans le langage courant. C’est l’article 9 de la

Convention de Vienne sur les relations diplomatiques qui définit qu’un membre du corps

diplomatique en mission peut être jugé sans motivation et instamment persona non grata,

amenant son rappel par le pays accréditant ou mettra fin à ses fonctions auprès de la

mission, selon le cas.

Politique étrangère : La politique étrangère correspond aux choix stratégiques et

politiques des plus hautes autorités de l’État.

Relations internationales : sont aussi appelées Études internationales (en anglais

International Studies. Sous ces vocables, sont en général désignés l'étude des affaires

étrangères et des grandes questions du système international : rôle des États, des

organisations internationales, des (ONG) ainsi que des entreprises multinationales.

Soft Power : (ou « puissance douce ») est un concept qui décrit la capacité d'un acteur

politique – comme un État, une firme multinationale, une ONG, une institution

internationale (comme l'ONU ou le FMI) voire un réseau de citoyens (comme le

mouvement altermondialiste)– d'influencer indirectement le comportement d'un autre

acteur ou la définition par cet autre acteur de ses propres intérêts à travers des moyens non

coercitifs (structurels, culturels ou idéologiques).

Page 119: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

XIX

Société internationale/communauté internationale : termes tout deux imprécis, le

premier définit le grand étendu des pays qui forment le monde dans sa globalité ; quant au

second, c’est un terme le plus souvent utilisé pour désigner les puissances internationales.

Sans fondement juridique, la communauté internationale peut aussi désigner :

les États membres des Nations unies ;

tous les pays du monde ;

ou bien seulement les pays qui ont une grande influence internationale (États-Unis et

Union européenne).

Science politique : tout en se servant de l'apport des autres sciences sociales, retient des

éléments plus directement politiques (influences des scrutins, modes de gouvernements).

Elle serait ainsi liée à la pluridisciplinarité dans ses rapports privilégiés avec le droit,

l'histoire, l'économie et la sociologie.

Sociologie politique : quant à elle, serait à créer : « produit d'une hybridation lorsque la

sociologie et la science politique seront à égalité » selon Madeleine Grawitz. Cependant,

le décret du 10 juillet 1962 organisant les enseignements de science politique dans les

facultés de Droit fait référence à la sociologie politique. Raymond Aron justifiera le choix

du substantif en affirmant : « on pourrait dire que la science politique, considérée

globalement, se confond avec la sociologie politique ; elle est le chapitre politique de la

sociologie ».

Traité : Le traité est un accord international conclu entre États sous forme écrite,

gouverné par le droit international et signifiant que les Parties entendent créer des droits et

obligations applicables en droit international.

Traité bilatéral, est un accord international conclu entre deux Parties, chacune possédant

la capacité de conclure des traités.

Traité multilatéral, est un accord international conclu entre trois ou davantage de Parties,

chacune possédant la capacité de conclure des traités.

Page 120: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

CV ET RESUMÉ Nom et prénoms MAHAVITA Nassif Jean-Luc

E-mail : [email protected]

Contact : +261 34 60 730 14/ +261 32 77 196 84

Titre du mémoire : « Étude des enjeux de la coopération diplomatique sur le

développement. Cas de la coopération franco-malgache. Direction de l’Expansion

Économique »

Rubrique épistémologique : Sociologie politique - Sociologie du développement

Nombre de pages : 90 Nombre de figures : 09

Nombre de tableaux : 06 Nombre des photos : 03

RÉALISATION DU MÉMOIRE

2016 : Stage au Service de l’Attraction des IDE et de la Promotion du tourisme, Direction de

l’Expansion économique, Ministère des Affaires étrangères.

Suivi de la Recherche et de la soutenance de mémoire de Master 2 en Sociologie intitulé :

« Étude des enjeux de la coopération diplomatique sur le développement. Cas de la

coopération franco-malgache. »

Mémoire faisant l’objet de l’article de l’Attaché de presse de la Ministre des Affaires

étrangères, paru sur newsmada.com le 07/09/2016 intitulé : « Diplomatie : La coopération et

le développement à la loupe ».

CONNAISSANCE EN LANGUE :

Malgache : maternelle Anglais : moyen Italien : base

Français : courant Espagnol : moyen Arabe : notion

Page 121: ÉTUDE DES ENJEUX DE LA COOPÉRATION DIPLOMATIQUE SUR LE

RÉSUMÉ

Mots clés : Diplomatie économique, gouvernance, coopération diplomatique, développement,

coopération franco-malgache, relations internationales

ABSTRACT

Key words: Economic diplomacy, governance, diplomatic cooperation, development, french-

malagasy cooperation, international relations

Encadreur : Monsieur ANDRIAMAMPANDRY Todisoa

Réfléchir sur les relations internationales répond à une exigence d’une nouvelle

restructuration de nos sociétés, suites aux complexités des événements liés à notre histoire

contemporaine marquée par les grandes guerres successives et l’avènement de la

mondialisation.

Partout dans le monde, le courant de la mondialisation a soufflé et avec les mutations de

l’organisation internationale qu’elle engendre, le monde a franchi une nouvelle étape à

l’interdépendance des économies et des sociétés.

Le contexte international se caractérise de plus en plus aujourd’hui par plusieurs

phénomènes économiques qui invitent à un changement et une redéfinition des fonctions

économiques de la diplomatie.

Ainsi, les intérêts économiques constituent de nos jours une variable qui pèse, de plus en

plus, dans les relations internationales.

Reflecting on international relations involve a demand for a new restructuration of our

societies, due to the complexities of the events linked to our contemporary history marked

by the great successive wars and the advent of globalization.

Throughout the world, the stream of globalization has blown and with the changes of the

international organization that it engenders, the world has taken a new stage in the

interdependence of economies and societies.

Nowadays, the international context is increasingly characterized by several economic

phenomena that call for a change and redefinition of the economic functions of diplomacy.

Thus, economic interests are today a variable that weighs more and more in international

relations.