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Ronéo 12 UE1 Cours n°7 Page 1 sur 12 UE1 Biologie cellulaire Pr Larghero Le 15/12/2017 à 10h30 Ronéotypeur : Liliane Vong/Viviane Tran Ronéoficheur : Liliane Vong/Viviane Tran UE1 - Cours n°7 Thérapie cellulaire et médecine régénérative

UE1 - Cours n°7 Thérapie cellulaire et médecine régénérative · 1986-1990 : greffes de cellules souches sanguines 1988: premières greffes de sang de cordon (Gluckman) à Saint

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Ronéo 12 – UE1 Cours n°7 Page 1 sur 12

UE1 – Biologie cellulaire

Pr Larghero

Le 15/12/2017 à 10h30

Ronéotypeur : Liliane Vong/Viviane Tran

Ronéoficheur : Liliane Vong/Viviane Tran

UE1 - Cours n°7

Thérapie cellulaire et médecine régénérative

Ronéo 12 – UE1 Cours n°7 Page 2 sur 12

Sommaire

I - Le produit de thérapie cellulaire ou d'ingénierie cellulaire et tissulaire

1. Définitions

2. Cadre législatif

3. Champ d'application

II - Cellules souches hématopoïétiques

1. Principe

2. Prélèvement médullaire

3. Prélèvement périphérique

4. Prélèvement placentaire

5. Autogreffe et allogreffe

III - Médecine régénérative

1. Données expérimentales et cliniques

2. Cellules souches mésenchymateuses

3. Cellules souches embryonnaires

4. Produits issus de l'ingénierie tissulaire

IV - Limites à l'utilisation des cellules souches

1. Réglementaires

2. Cas des cellules iPS

3. Cas du sang de cordon ombilical

4. Biologie

5. Altérations génomiques

V - Exemple des cellules souches cardiaques

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I - Le produit de thérapie cellulaire ou d'ingénierie cellulaire et tissulaire

1. Définitions

Le produit de thérapie cellulaire ou d’ingénierie cellulaire et tissulaire contient des cellules ou des

tissus d’origine humaine ou animale, ou les deux. Les cellules ou tissus peut être viables ou non

viables (essais cliniques avec les corps apoptotiques stimulant la réponse immunitaire par exemple).

Le produit possède des propriétés qui lui permettent de réparer, régénérer, ou remplacer un tissu

humain. Il peut également contenir des substances complémentaires : biomolécules, substances

chimiques, supports ou matrices.

Il faut bien distinguer les aspects réglementaires des produits de thérapie cellulaire de ceux du sang

et des organes transplantés. Les produits de thérapie cellulaire répondent à des standards de qualité et

de sécurité (pour le don, la collection, la manipulation, la cryopréservation, le stockage, la distribution),

la traçabilité et la gestion des effets indésirables.

2. Cadre législatif

Les médicaments de thérapie innovante (+++) ou MTI (Advanced Therapy Medicinal Products ou

ATMP en anglais) suivent des directives européennes. Parmi les MTI, on retrouve :

Les médicaments de thérapie génique : produit résultant d’un procédé de fabrication

impliquant le transfert à l’homme ou à l’animal, in vivo (c’est-à-dire injecter directement au

patient le vecteur d’intérêt par exemple) ou ex vivo (transduire les cellules d’intérêts avec le

gène d’intérêt qu’on va ensuite réinjecter au patient); d’un gène prophylactique, diagnostique,

thérapeutique ; et l’expression in vivo qui en résulte.

Les médicaments de thérapie cellulaire somatique : ce sont des cellules vivantes

somatiques autologues, allogéniques, xénogéniques. Leurs caractéristiques biologiques sont

modifiées de manière substantielle, et la finalité est thérapeutique, diagnostique,

pharmacologique par action métabolique, pharmacologique ou immunologique.

Les produits issus de l’ingénierie tissulaire : on utilise des cellules (viables ou non, origine

humaine ou animale) ou des tissus issus de l’ingénierie tissulaire. Il y a aussi des substances

supplémentaires comme les biomolécules, biomatériaux, substances chimiques et les matrices.

Les objectifs de ces produits sont de régénérer, réparer ou remplacer un tissu humain.

Les médicaments combinés de thérapie innovante utilisent un ou plusieurs dispositifs

médicaux, mais la partie cellulaire ou tissulaire doit avoir une action qui ne peut être

considérée comme accessoire du dispositif médical.

3. Champ d'application

Quatre notions sont essentielles à la compréhension du champ d’application de la thérapie cellulaire.

① Il existe de nombreux types de cellules utilisables : cellules embryonnaires (sous conditions),

cellules souches fœtales, cellules souches des organes adultes, et cellules adultes spécialisées.

② Deux modalités de traitement sont possibles : allogreffe (donneur et receveur différents) et

autogreffe (prélèvement de cellules du patient pour les manipuler et les réinjecter).

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③ Il existe des indications validées (= indications pour laquelle la greffe de cellules est un traitement

efficace) : hématologie (greffe de moelle), grands brûlés (greffe de peau), diabète de type I (greffe des

ilots de Langerhans).

④ Il existe aussi des indications non validées (beaucoup) : de la paillasse au lit du malade.

Par ailleurs, on utilise beaucoup de cellules souches hématopoïétiques que l’on récupère dans la

moelle osseuse, le sang placentaire et le sang périphérique des donneurs, qui servira pour une greffe

allogénique ou autologue. On a plus de 40 ans d’expérience de thérapie cellulaire en hématologie-

oncologie.

Il est aussi possible de greffer des cellules immunocompétentes comme :

- Les lymphocytes T allogéniques

- Les cellules NK, TIL, macrophages activés

- Clones lymphocytaires cytotoxiques (anti-EBV, anti-CMV)

- Cellules dendritiques sensibilisées avec un antigène tumoral

Concernant la réparation tissulaire, on peut utiliser différents types de cellules : cellules osseuses,

cartilagineuses, neuronales, rétiniennes, musculaires, substituts cutanés, biomatériaux.

II - Cellules souches hématopoïétiques

Historique

1957-1959 : premières greffes de moelle osseuse

- Reconstitution de l’hématopoïèse : allogreffes après irradiation accidentelle

(Mathé)

- Traitement anticancéreux en phase de progression : allogreffes (Thomas),

autogreffes (Dameshek)

1975-1980 : amélioration des techniques

- Conditionnements pré greffe, greffes en période de rémission

1986-1990 : greffes de cellules souches sanguines

1988 : premières greffes de sang de cordon (Gluckman) à Saint Louis

1991 : greffes de cellules CD34+

1995 : greffes de cellules amplifiées

(seules les dates de premières greffes en gras sont à retenir selon le prof)

1. Principe

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Prenons l’exemple d’un patient atteint de leucémie. On ne greffe pas les patients si la leucémie est

extrêmement active. La première chose à faire est donc de diminuer la masse tumorale chez le patient

par la chimiothérapie et/ou radiothérapie. Une fois que la masse tumorale est diminuée voire

indétectable, on réalise la greffe (seulement quand la maladie est bien contrôlée) qui peut être :

- Une allogreffe : on prélève chez le donneur et on greffe chez le receveur

- Une autogreffe : on prélève les cellules du donneur pour les manipuler et lui réinjecter ses

propres cellules

Les cellules souches hématopoïétiques proviennent de la moelle osseuse, du sang périphérique et du

sang du cordon ombilical.

2. Prélèvement médullaire

Le prélèvement de cellules souches hématopoïétiques se fait dans la moelle osseuse au niveau des

crêtes iliaques. On retrouve à peu près 0,2 à 1% de cellules souches hématopoïétiques dans la moelle

osseuse. Dans les deux crêtes iliaques, on prélève 1 à 1,5L de moelle osseuse, au trocart, 5 mL par

5mL (on ne récupère pas tout d’un coup). Bien sûr, on ne retire pas le trocart entre chaque prélèvement.

Elles se trouvent dans un environnement qu’on appelle la niche hématopoïétique dans lequel elles

vont avoir tout ce dont elles ont besoin pour survivre, pour se différencier, pour proliférer, pour rester

quiescentes.

3. Prélèvement périphérique

Depuis les années 90, il existe une autre technique qui permet de s’affranchir du prélèvement

médullaire : on fait sortir les cellules souches hématopoïétiques (CSH) de la moelle osseuse pour les

faire passer dans le sang périphérique.

Principe : Les cellules souches périphériques sont en faible nombre à l’état basal. On fait passer les

CSH dans le sang périphérique grâce à un facteur de croissance, le G-CSF. Celui-ci clive les liaisons

des CSH à la niche hématopoïétique, ainsi les CSH passent dans le sang périphérique. On peut les

récupérer par le système de cytaphérèse, après la mobilisation, c’est-à-dire qu’on donne au donneur du

G-CSF pendant 5 jours pour qu’il mobilise ses CSH dans le sang périphérique.

Il existe des techniques de mobilisation des CSH :

- Chimiothérapie seule

- Facteur de croissance (FDC) seul (G-CSF)

- Chimiothérapie + FDC

Avantages :

- Collection facilitée (par cytaphérèse, pas d’anesthésie générale)

- Récupération hématopoïétique plus rapide par rapport à la MO, durée d’hospitalisation plus

courte, diminution du nombre de transfusions

4. Prélèvement placentaire

Principe : On pique dans la veine ombilicale et on prélève 100 mL environ. Cela permet d’avoir des

banques de sang ombilical. On peut alors réaliser des greffes allogéniques à partir de ces banques de

sang ou de la fratrie.

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Avantages :

- Immaturité des cellules immunocompétentes : moins de GVH que MO et CSP, HLA +/-

compatible

Les lymphocytes du sang de cordon ombilical sont plus immatures, il y a donc un intérêt pour

le receveur. Même dans un système HLA compatible, le risque de l’allogreffe des CSH est la

réaction du greffon contre l’hôte. Les lymphocytes vont reconnaitre le receveur comme

n’appartenant pas au soi et vont attaquer les cellules du receveur. Ainsi, comme les

lymphocytes du sang ombilical sont plus immatures, il y a moins de réaction de greffon contre

l’hôte, qu’avec les cellules de la moelle ou du sang périphérique.

- Très grand nombre potentiel de donneur

- Capacités prolifératives des CS plus importante : prise de greffe avec peu de cellules

Inconvénients :

- Quantité limitée (nombre de CSH < MO et CSP) : concerne les greffes pédiatriques en priorité,

possibilité chez l’adulte (intérêt expansion +++, plusieurs cordons)

Ce prélèvement n’est pas systématique. Il est réservé en France à 4 banques de sang de cordon

ombilical, associées à certaines maternités qui doivent être autorisées pour le prélèvement. Le

prélèvement est proposé aux mères qui n’ont pas de grossesse pathologique ou de contre-indications

aux dons. Par exemple, un tiers des mamans peuvent donner leur sang de cordon à Robert Debré.

5. Autogreffes et allogreffes

Autogreffe de CSH : greffe de la partie intégrante du traitement de certaines hémopathies malignes ou

cancers (tumeurs solides) le but est de faire sortir le patient d’aplasie le plus rapidement possible.

- Prélèvement du greffon (+/- facteurs de croissance)

- Chimiothérapies à fortes doses

- Restauration de la moelle osseuse aplasique

- Notion de congélation des CSH

Allogreffe de CSH : réservée à certaines hémopathies particulièrement graves. La reconstitution

hématopoïétique s’accompagne d’un conflit entre donneur et receveur : intérêt (effet GVL bénéfique :

réaction du greffon contre la leucémie) et problème (effet GVH délétère : réaction du greffon contre

l’hôte) on cherche à remplacer une moelle osseuse qui est atteinte.

- Nécessité du groupage et de la compatibilité HLA

- Allogreffes géno-identiques ou phéno-identiques

Les chiffres ne sont pas à connaitre.

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III - Médecine régénérative

La médecine régénérative représente le super Graal en termes de traitement thérapeutique avec les

cellules souches. Mais malgré de nombreuses données très intéressantes…on n’y est pas encore !

1. Données expérimentales et cliniques

Le sang de cordon ombilical, un « chemin efficace vers la guérison » ?

Actuellement, le sang de cordon ombilical n’est utilisé que dans les hémopathies vues ci-dessus.

Néanmoins, de nombreuses recherches sont faites sur le sang de cordon et sur le cordon lui-même

pour utiliser un certains nombres de cellules autres que les cellules souches hématopoïétiques pour

permettre des approches de médecine régénératrice appliquée à d’autres domaines. En effet, on trouve

plusieurs types cellulaires dans le sang de cordon : des progéniteurs, des cellules souches

mésenchymateuses…

Quelques exemples de données expérimentales :

1er exemple : régénération cardiaque utilisant différents types cellulaires isolés à partir du sang

de cordon (CSH, CSM, CS endothéliales…) chez la souris chez qui on observe une

amélioration de la fonction cardiaque.

Par ailleurs, injection de CSM du cordon ombilical chez des porcs présentant un infarctus du

myocarde. L’une des problématiques est de savoir ce que deviennent ces cellules par la suite :

lorsqu’on récupère une biopsie 8 semaines après, les cellules greffées sont introuvables mais

les données cliniques montrent une amélioration de la fonction cardiaque des cochons greffés

par rapport au groupe contrôle. On pense que cela est due à l’effet paracrine de ces cellules

(sécrétion de cytokines, de facteurs de croissance…) qui provoque une stimulation de la

régénération des cellules de l’hôte.

2ème

exemple : injection de CSM à des patients présentant une ischémie chronique des

membres inférieurs. On observe une forme de revascularisation 120 jours après la greffe. De

façon plus intéressante, on remarque une inhibition très rapide de la douleur post-greffe,

capacité exploitée dans d’autres pathologies (ex. greffe de peau). On pense que cela est

également expliqué par l’effet paracrine des cellules.

Malgré ces données intéressantes, il faut rester critique et ne pas utiliser n’importe comment

les CS…

3ème

exemple : injection de sang de cordon autologue chez des enfants atteint de diabète de

type I (parents qui ont fait conserver le cordon de l’enfant pour s’en servir plus tard

pratique d’ailleurs interdite en France). Les résultats de l’essai clinique sont très peu

concluants et on rappelle que l’auto-transfusion de sang n’est PAS sans danger.

L’utilisation de sang de cordon ombilical (pour usage personnel notamment) fait l’objet de question

éthiques et de débats passionnés. En France : prélèvement à visée allogénique uniquement. La seule

situation particulière autorisée et très réglementée, qui reste néanmoins allogénique, est le don et la

conservation de sang de cordon ombilical intra-familial (utilisation par un autre membre de la fratrie).

Il existe ainsi de nombreuses banques allogéniques dans le monde qui ont permis plus de 30 000

greffons implantés pour des applications en hématologie.

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2. Cellules souches mésenchymateuses

Il n’y a pas que le sang de cordon qui peut être intéressant pour la médecine régénératrice. La gelée de

Wharton présente dans le cordon est très riche en CSM qui ont de nombreuses similitudes avec les

CSM qu’on trouve dans notre moelle osseuse. Elles sont facilement isolables, soit par un protocole de

digestion enzymatique, soit par protocole explant (version flemmarde : on coupe le cordon et on fait

proliférer une couche de CSM dans une boite de pétris simplement en appliquant le cordon dessus).

Intérêts des CSM : elles sont faciles à obtenir, faciles à proliférer, multipotentes comme celles de

la MO, avec des capacités sécrétoires importantes.

- Multipotentes, avec des capacités de différenciation (peut donner un ostéoblaste,

chondroblaste…)

- Véritables usines à sécréter des facteurs de croissance divers et variés

- Capacité d’immuno- modulation in vivo (capable de réguler la réponse immunitaire,

notamment de l’inhiber)

Une des caractéristiques différentes est leur immaturité : les CSM du cordon sont plus

prolifératives que celles de la MO

Quelques exemples de données pré-cliniques de ce qui est fait avec les CSM :

1er exemple : protocole chez la brebis chez qui on provoque un grand défect osseux. On

observe une amélioration significative de la greffe lorsque ce défect osseux est comblé avec

une greffe de corail accompagnée de CSM.

2ème

exemple : injection de CSM chez le rat présentant une ischémie cérébrale avec une

amélioration fonctionnelle observée sans qu’on sache réellement quel est le mécanisme exact.

3ème

exemple : réparation cutanée dans un modèle animal montrant une amélioration

significative de la restauration cutanée post-greffe (surement due aux effets paracrines).

Données cliniques très précoces chez l’homme de ce qui a été fait avec ces CSM (protocoles qui visent

à greffer des CSM à l’homme en espérant qu’elles aient les mêmes capacités d’immuno- modulation,

soit pour des maladies auto-immunes, soit dans la maladie du greffon (GVH post allogreffe)) :

4ème

exemple : injection de CSM de la moelle osseuse allogénique à des patients souffrant de

lupus (maladie auto-immune) avec une amélioration du score de la maladie, de la fonction

rénale et effet immunomodulateur (↑ Treg).

5ème

exemple : idem dans la sclérodermie systémique (maladie auto-immune), on retrouve une

amélioration des atteintes.

6ème

exemple : maladie du greffon contre l’hôte (GVH). Allogreffe de CSH chez un enfant qui

développe une maladie du greffon contre l’hôte en post allogreffe de grade 4. On décide de lui

injecter des CSM et on observe alors une diminution extrêmement prononcée de la maladie du

greffon contre l’hôte, mais petit à petit (probablement liée à la disparition des cellules), la

maladie du greffon reprend, s’ensuit une deuxième greffe de CSM et on retrouve le même

profil que lors de la première greffe.

Petite réflexion critique : données intéressantes chez les patients en post allogreffe pour

contrôler la réaction du greffon contre l’hôte. Mais il ne faut pas oublier que dans l’allogreffe,

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outre la réaction du greffon contre l’hôte, il y aussi la réaction contre la leucémie qui est un

point important pour contrôler le risque de rechute (si on abolit l’un, l’autre l’est également).

7ème

exemple : on observe ainsi à long terme chez des patients atteints de leucémie ayant reçu

en plus des CSM (+ CSH) que le risque de rechute augmente.

3. Cellules souches embryonnaires

Les cellules souches embryonnaires sont des cellules pluripotentes. Attention, on ne greffe pas

directement des CSE mais des dérivés de CSE.

Actuellement, il n’y a pas encore énormément d’essais cliniques chez l’homme, mais on peut retenir

certains protocoles :

1er exemple : protocole qui visait à faire différencier à partir des CSE des oligodendrocytes

afin de les greffer chez des patients atteints de lésions de la moelle épinière. Le résultat de cet

essai n’a pas donné grand-chose en termes d’amélioration clinique.

2ème

exemple : un autre protocole en cours s’attache à faire dériver les CSE en cellules de

l’épithélium pigmentaire rétinien pour traiter des patients atteints de la maladie de Stargardt

(dégénérescence maculaire avec atteinte des cônes). Les résultats sont ici aussi, difficiles à

exprimés en termes d’efficacité mais présente néanmoins des données intéressantes.

3ème

exemple : essai cherchant à faire dériver des progéniteurs cardiaques à partir de CSE en

réalisant un patch cellularisé pour traiter l’insuffisance cardiaque sévère. On dépose le patch,

recouvert d’un lambeau péricardique, sur la zone infarcis qu’on souhaite régénérer.

4ème

exemple : protocole qui consiste à dériver des cellules synthétisant de l’insuline à partir

de CSE.

4. Produits issus de l'ingénierie tissulaire

On utilise de plus en plus des cellules associées à des biomatériaux.

Définition : des cellules (viables ou non, origine humaine ou animale) ou tissus issus de l’ingénierie

tissulaire des substances supplémentaires : biomolécules, biomatériaux, substances chimiques,

matrices.

But : régénérer, réparer, remplacer un tissu humain.

1er exemple : reconstruction de l’œsophage via un biomatériau colonisé par des cellules. Il se

pose néanmoins le problème de la vascularisation : on pré-greffe ce biomatériau cellularisé

dans l’épiploon qui est un tissu richement vascularisé pendant 15 jours avant de le remonter

dans la zone de greffe ensuite.

2ème

exemple : matrice décellularisée. Au lieu de chercher un biomatériau, on décellularise un

œsophage qu’on récupère chez un donneur avant de le recellularisé avec les cellules du

receveur (plus de problème de rejet). Puis prévascularisation dans l’épiploon et greffe.

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IV - Limites à l'utilisation des cellules souches

1. Réglementaires

Les législations sur les cellules souches embryonnaires humaines peuvent être très différentes d’un

pays à l’autre (interdit, autorisé, position intermédiaire). En France, l’utilisation et la recherche sur les

CSE est régie par les lois de la Bioéthique.

Loi de Bioéthique 1994 : le don d’éléments et produits du corps humain doit être : anonyme,

bénévole et gratuit.

→ Une loi qui, pour ce qui est des cellules souches, pose surtout les bases en termes

d’organisation et de respect des règles de sécurité sanitaire.

Loi de Bioéthique 2004 : elle complète et actualise la loi de 1994.

- Création de l’agence de la biomédecine qui remplace l’établissement français des greffes

- Mise en place d’un cadre juridique dans le domaine de la thérapie cellulaire

- Généralisation du consentement présumé et élargissement du champ des donneurs

vivants

Elle apporte des innovations : interdiction du clonage thérapeutique et reproductif, ouverture

limitée de la recherche sur les embryons, interdiction du diagnostic préimplantatoire mais

néanmoins usage encadré lorsqu’il a pour objectif d’apporter un espoir de traitement à un ainé

atteint d’une maladie

→ Une loi de bioéthique en plein débat sur les cellules souches embryonnaires humaines.

Loi de Bioéthique 2011 : autorisation du don croisé d’organes, technique d’AMP, mission de

l’ABM sur le développement des connaissances et des techniques dans le domaine des

neurosciences.

Loi de Bioéthique 2013 : le texte prévoit de passer du régime d’interdiction de la recherche sur

l’embryon avec dérogation à une autorisation encadrée (limitée à 5 ans, progrès

thérapeutiques).

→ La France a une position intermédiaire.

2. Cas des cellules iPS

Ont-elles tout réglé, sont-elles exemptes de toute considération éthique ?

Les cellules iPS sont des cellules adultes matures qu’on reprogramme pour les faire revenir à l’état de

CSE. Ce sont des cellules pluripotentes préparées en laboratoire qui ont donc des caractéristiques

assez similaires aux CSE. Cela représente une découverte majeure pour des potentielles indications

thérapeutiques et surtout pour le moment, pour la modélisation in vitro de maladies génétiques. Au

départ, on pensait que travailler sur ces cellules permettrait de s’affranchir des débats éthiques (pas

d’utilisation ou de destruction de l’embryon…).

Cependant, outre les problèmes d’ordre biologique, notamment de stabilité chromosomique, la

réalisation d’organoïdes présentant un intérêt dans la médecine régénératrice a aussi fait émerger des

envies de rajeunissement chez certains (fabriquer des organoïdes qu’on leur ré-implantera plus tard

pour rajeunir leurs organes !). De façon encore plus « intéressante », on sera bientôt capable de créer

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des ovocytes donc potentiellement on pourrait obtenir des centaines de milliards d’ovocytes ayant tous

le même patrimoine génétique ce qui pose une problématique éthique. Pour finir, la capacité

potentielle de revenir à l’état de CSE et peut-être encore plus en amont au stade de cellule totipotente

et potentiellement de relancer l’histoire de clonage reproductif (il y a déjà eu des personnes qui ont

demandés à être « refait » quand ils seraient morts… !).

3. Cas du sang de cordon ombilical

Ces réflexions éthiques et aspects réglementaires ne concernent pas que les CSE et les iPS mais aussi

pour d’autres types cellulaires comme le sang de cordon ombilical : le placenta et par extension le sang

de cordon étaient considérés comme des « résidus opératoires » (absence de consentement…).

En France, l’utilisation du sang de cordon ombilical est à présent couverte par la loi de Bioéthique :

« le prélèvement de cellules hématopoïétique du sang de cordon et du sang placentaire ainsi que de

cellules du cordon et du placenta ne peut être effectué qu’à des fins scientifiques ou thérapeutiques, en

vue d’un don anonyme et gratuit […] ».

Les banques de sang de cordon autologue payantes sont interdites sur le territoire français.

Depuis cette loi de bioéthique, on est passé d’un statut de « résidu opératoire » à un statut de

« ressource thérapeutique » ce qui veut dire que l’on ne peut pas prélever sans un consentement écrit

des mères, sans cette notion de don anonyme, gratuit, à finalité thérapeutique.

4. Biologie

Il y a des critères utiles pour définir les risques relatifs à un MTI :

autologue / allogénique / xénogénique

induction d’une réponse immune

niveau de manipulation

variabilité cellulaire

sénescence

altération génomique

pharmacodynamie

biodistribution

doses cellulaires

En ce qui concerne les greffes allogéniques :

• SYSTÈME HLA : c’est un système très polymorphe, il permet l’identification par biologie

moléculaire, et reconnaît de nombreux antigènes

• S’AFFRANCHIR DU HLA : CSM permettent une induction de tolérance, une immunosuppression

des LT, des cellules présentatrices d’antigènes avec une sécrétion de facteurs solubles

Des produits qu'on peut être amené à utiliser pour la culture des cellules et pour l'ensemencement des

biomateriaux qui en même temps peuvent être responsable de l'incompatibilité. (ex: trop de sérum de

veau foetal provoque des réactions immunologiques)

Niveau de manipulation :

• SIMPLE : peu de transformation, absence de culture in vitro, congélation / décongélation, ex:

greffons de CSH

• COMPLEXE : Culture in vitro +/- longue, sélection cellulaire, acquisition de nouvelles fonctions,

avec les risques liés... (Sénescence, transformation) , ex: ES, iPS, CSM

Ronéo 12 – UE1 Cours n°7 Page 12 sur 12

5. Altérations génomiques

Il y a toute une série de risques éventuels qu’il faut prendre en considération : réponse immunitaire liée

à l’allogreffe, la facilité à produire le greffon d’intérêt (pas si simple que ça à mettre en œuvre), la

variation de la cellule qui représente un intérêt majeur, les altérations chromosomiques potentielles

qu’on retrouve dans les cellules en culture, la variabilité interindividuelle des cellules (il faut que les

médicaments de thérapie innovante préparés soient identiques entre-eux), problème de potentielle

anomalie chromosomique développée par le cellules au cours des cultures (cellules embryonnaires,

iPS +++)…

Un autre point majeur concerne les histoires de doses cellulaires : pour le moment on ne connait pas

les doses efficaces (comment on la choisit…etc)

- Souvent une administration

- Dosage défini par des caractéristiques individuelles :

Cellules/kg

Volume de tissu à remplacer

Surface (peau)

- Pas forcément de relation dose-effet

- Plus que la dose, on regarde l’efficacité clinique

V - Exemple des cellules souches cardiaques

(Le professeur n’a pas traité cette partie, j’ai remis le cours de l’année dernière)

Exemple de la greffe de myoblastes : on utilise le protocole MAGIC. Avant on greffait les cellules

directement au site de l'infarctus, il n’y avait pas de résultats vraiment probants. Le travail

d'amélioration de la technique a été fait autour de 3 problèmes :

1) Les myoblastes ne s'intégraient pas (on utilisait des cellules squelettiques car on ne connaissait pas

les CS cardiaques) En 2005, on essaie de greffer des CSE (indifférenciées) mais il y a formation de

tératomes. Donc on essaie un protocole qui dérive les CSE (pluripotentes) en progéniteurs cardiaque.

2) On injectait directement les cellules dans le tissu nécrotique (avasculaire). Pour avoir des

biomatériaux cellularisés, on utilisait des feuilles de cellules, éponge de gélatine, gels de fibrine, ou

encore des patchs (++).

3) Mortalité élevée et précoce des cellules. La solution trouvée pour que les cellules dans le patch

vivent le plus longtemps possible est la suivante : le péricarde in vivo est très vascularisé et donc

proche des CSM (trophiques grâce aux cytokines qu'elles sécrètent). On met le patch cellularisé entre

le muscle cardiaque et le péricarde. Pour l'instant cette opération n'a été réalisée que sur 3 patients,

chez qui le résultat est positif. Encore une fois, il n’y pas encore d’indications validées pour cette

méthode et on reste dans le cadre de l’essai clinique.