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Volume 10 - Numéro 3 LE JOURNAL DES ETUDIANTS DU SEMINAIRE DE SAINT-JEAN 30 octobre 1967 - La Presse Etudiante Nationale PEN tente de couvrir unhorizon tion et de pensée, PEN se sert de Si on admet comme principeque tains. comparative*% ce que existe depuis 1943. Connue jus- accroché à ces quatre pivots: 10- ses publications pour apporter une l'étudiant comme d'ailleurs tout I'UGEQ a fait ou feia pour la dé- qu'en 1962 sous le nom de "Les Corporation de journaux; 20- s ~ - information surtout nationale aux citoyen, doit s'engager, participer mocratisation et lJaccessibilité Escholiers GriffonneursJJ, elle eut dicat de journalistes; 30-Centrale journalistes afin de les aider dans autant qu'il peut B l'évolution d e l a générale 3 l'éducation , pour sa pour fondateur Gérard Pelletier. d'information; 40- Centrale de leur désir de mieux informer leurs société qu'il habite, nous croyons recherche de moyens dJexpres- Entre 1943 et 1959, elleaconcentré pensée. lecteurs. Par des publications de que ce principe doit s'appliquer au sion et de méthodes d'action qui ses efforts sur les pmblemes tech- recherche et autres, PEN devient niveau collectif et conséquemment améliorent notre situation propre niques inhérvts au journalisme En tant que corporation de jour- centrale intellectuelle visant aune que lJAGESSJ doit adhérer à 1'U- et qui surtout nous permettent étudiant et avaitcommefin généra- naux, PEN se veutdJmrd être une action conjointe, générale et dans nion Générale des Etudiants du d'assumer nos responsabilités de le d'améliorer la qualité des jour- école de journalisme. Des actions un but précis. Québec et que ce serait fuir ses citoyens, pour sa participation à naux en apportant une aide appro- précises en fait de textes, dedocu- responsabilités que de ne pas le l'évolution de notre société et à priée à leurs responsables. Face ments ou de cours de journalisme Ainsi les avantages de PEN pour faire. l'immense remise en question à des difficultés, PEN dut prendre sont U pour l'attestero PEN dis- le journaliste étudiant sont incal- qu'elle commande, il nous sem- diverses résolutions: en 1962, elle pense aussi des services depubli- culables et le deviennent de ce fait L'Union c r é é e il y a trois ans, ble que Ce n'est pas exorbitant. prit une optique résolue d'engage- cations sur des recherches élabo- pour le public-lecteur qui reçoit est le seul porte-parole officiel des ment social en nie de faire pro- rées, sur des informations quant au Un journal mieux fait et mieux in- étudiants du Québec tant au niveau Voyons les choses dans m e op- gresser le milieu étudiant et de le Conseil d'Administration de PEN formé. du gouvernement quJaupr8s des tique matérialiste polir- J%s plus rendre conscient des responsabi- kt, par l'Agence de Presse, sur principaux organismes nationaux récalcitrants: $1.50 per 'capita re- lités qui lui incombaient, par le les dernieres nouvelles étudiantes PEN a quand même, B mon avis, et internationaux. Et ceci ce n'est présente 0.3% de ce que vous au- moyen primordial du journalisme locales, nati~nalesetinternatio~a- un inconvénient majeur(etcenJest pas de la blague. Pour ce qui est riez da payer si vous n'aviez pas étudiant. les. pas le prix de l'affiliation): c'est du gouvernement par exemple, eu la gratuité scolaire pour la- son instabilité "poljtiq~e'~. Enten- nous tenons de labouche même d'un quelle 1'U.G.E.Q. a lutté depuis En tant que syndicat de jour- dez sur 1apoiitiqueinternedePEN. des sous-ministres delJéducation, trois ans et 0.8% du montant des La formation de lJUGEQ a per- mis la PEN de se tourner plus nalistes, PEN veut dJnbord défen- JJai 6th a meme de constater les M. Morin, que le gouvernement prêts-bourses que la moyenne des concretement vers ses membres. dre la liberté de presse parun sys- difficultés auxquelles les diri- ne reconnaft que 1'UGEQ com- étudiants ont reçu l'an dernier au geants ont a faire face. me interlocuteur valable dans le Séminaire et qui ont été lJabou- PEN est officiellement désignée teme de défense syndicale revendi- monde étudiant et le seul avec qui tissement des revendications de comme lJassociation nationale des quant les droits du journaliste qui, journaux étudiants canadiens- membn d<un journalalilié,sJins- Mals les avantages demeurant il entend discuter. (Déclaration l'Union contre lJdncien système beaucoup plus importants et d'au- faite devant l'Assemblée Généra- et de ses négociations avec le gou- français et elle est leur porte- crit individuellement; cettedéfen- tant plus que l'inconvénient cite le des TEQ en août 1967) Quand vernement. parole officiel. se se fait aussi par une Obligation peut être considéré aussi comme On connaît iJimportance du rôle Tout n'est pas parfait dans 1'U- au d'un certain * un encouragemmt a apporter no- dn gouvernement dans domai- C.E.&. et a sommes coq- -,-- r- LFAIGLON si trouve dans la ré- avoirs esse*efs fi tre aide, je pense que l'affilia- ne de l'éducation il est essentiel cients. On a de la difficulté, par gion de Montréal et participe déja tio~ du journalisme en étu- tion de lJAIGUIN a pm doit &= que l'on s'assure une présence exemple, a daller qu'a lJessen- aux Congres annuels et surtout diant* Ce Vndicat Offre aussi au favorisée et surtout se faire dans a I'UGEQ. tiel. Nos dirigeants ne sont pas aux sessions dJétude estivales an- une carte de 1, plus bref délai... la décision toujours aussi "dynamiques et nuelles où lJon travaille la for- presse et tous les avantages que en demeure aux journalistes de doit le faire parce que nous pondérés" quJon le souhaiterait, mation journalistique profession- cela l'AIGLON. avons des besoins et des problê- que les circonstances le voudraient nelle tout en essayant dJapprofon- mes. est vrai que quelques-uns Ce ne serait rien régler que de ne dir un théme donné. En tant que centrale dJinforma- Ge Favreau mus sont propres, mais la majo- pas y adhérer. Nous croyons, au rité d'entre eux sont communs B contraire, que si nous utilisions b u s les étudiants du Québec. Il plus adéquatement les structures, rn serait idiot ou lâche de ne pas nous pourrions arriver à un meil- PEN REVQLUTION DANS h LA REVOLUTION Face aux grandes centrales UmGmEm *a (NDRL: Deux mois. Un magnifique voyage en pméri- q"e du Sud. Une experience extraordinaire. Tout ce1 a, L'AIGLON permet de le con- server noir sur blanc. Et L'AIGLON' est fier de la col- laboration de Marcel Pigeon.) il ne faut pas aujourdJhui une tr6s grande réflexion pour pres- sentir la situation pré-révolution- naire du continent lation-améri- Cain: ona qu'à observer ses ten- sions actuelles, ses vicissitudes économiques, sociales et politi- ques. Les étudiants en proie a une politisation générale sont prêts B sombrer dans cette révolution. PDE DE CONSCIENCE GLOBALE. n existe déja chez ces jeunes une tension tres forte entre leurs aspirations, leur idéal et les moyens mis a leurdisposition pour le réaliser. Leur situation est cel- le de la pauvreté. lis prennent conscience de leurs nécessités et de leur non-satisfaction: a ce mo- ment-la, lapauvreté devient,la mi- s8re. Ils s e mettent en qugte de ressources. Mais la rareté de ces dernieres B l'intérieur du pays en font des jeunes frustrés dans leurs désirs. Par contre ils sont cons- cients de lJaccessibilité normale dans dJautres conditions sociologi- ques. Cette réfieldon fait naftre un sentiment dJéchec. Enfin ils. voient vivre une clas- s e riche qui, elle, a acces aux res- sources et semble méme en avoir l e monopole: il en résulte de lJir- ritation face a l'autre. Cette prise de conscience peut ne déboucher que sur la révolution, fruit d'une tension entre deux secteurs so- ciaux, une partie de lliumanité et lJautre. D~UX MOUVEMENTS REVOLUTIONNAIRES: Devant la situation de misère dkn pays , il y a deux solutions possibbs. La premiere est la ré- volution "métaphorique". Dans cette derniere, il s'agit de réali- ser toute la société artisanale,. ,, , . toute la première page I I II Tau1 lire sans faute: LES OCCASIONS N E MANQUENT PAS page 4 EDlToRl AL page 2 I industrielle, technologique. LJhom me s e retrouve devant un obstacle un ennemi. L'étudiant ne peut en- visager la premiere révolution parce quJfl est absent des postes de commande qui pourraient le fai- re démarrer. Par contre la clas- s e dirigeante, toujours plus fer- mée sur elle-meme, lJincite à une révolution distributionniste, dans une allure de revanche. ACCELERATION DE LA PRISE DE CONSCIENCE. Avec le perfectionnement et la multiplication des moyens de com- munication de masse (radio, pres- se, télévision, cinéma, tourisme) les jeunes réalisent tres vite lJin- justice sociale dont ils sont lJob- jet. La tension entre développe- ment et sous-développement prend des dimensions continentales: c'est la tension NordSud, Etats- Unis-- Amérique duSud. On assis- te à IJaffrontement entre lJoligar- chie industrielle et la masse du prolétariat, la domination de la ca- pitale sur la province, la juxtapo- sition du quartier riche et du bi- don-ville. NON-DISTINCTION DES POUVOIRS. L'opposition entre les riches et les pauvres empêche la distinc- tion des spheres d'activités: cul- collaborer avec eux afin de t i u - leur équilibre. Evidemment cela ver des solutions. Et lJendmit le entend comme pré-requis que nous plus propice pour le faire, c'est "participons" ànotreA.G.E.loca- au sein de lJUGEQ. le et que nous donnons 5 nos diri- geants immédiats des manda@ En effet, les structures de lJU- clairs et judicieux. nion permettent aux unités de ba- se, ies AGES, de s'exprimer d'a- Finalement et nous insistons bord au niveau de la régionale par sur ce point , nous croyons qu'une ses représentants dans les diffé- adhésion à 1'U.G.E.Q a eu et aura rentes commissions <<ad hoc" et pour heureux effet d'apporter un au sein du comité décisionel, puis "souffle de syndicalisme" dans aux Congres nationaux où elles nos structures et sur nos diri-". ont droit de parole et de vote, geants. Ainsi nous aurons plus dB- selon le nombredJétudiants quJel- chance de sortir du corporatisme ' les groupent. ou du pseudo-syndicalisme qui nous enveloppe depuis longtemps. Le coQt de l'adhésion peut pa- raître élevé aux yeux de cer- turelle, sociale , familiale, écono- Pour changer 1 mique. Tout est polarisé par la po- société actuelle, le jeune latino- Utique. Du fait mgme, la politique américain ne voit qu'une solution: est le premier terrain de conflit un changement dans la structure entre les possédants et ceux qui du pouvoir. ne réalise pas que ne le sont pas. la révolution politique ne déclen- che pas dJelle-même la révolution Puisqu'on ne voit qu'une solG- économique, technologique e t so- tion politique à tous les problè- ciale. n arrive que les pouvoirs mes, on ne peut parvenir à la ne sont Pas distingués, mais con- structuration de la société en corps fondus dans le pouvoir politique. intermédiaires valabhs. La poli- De pius le pouvoir politique est tique elle-même en perd son au- entre les mains de seule clas- tonomie: elle se démêle avec des se des riches. Pour lJétudiant problemes culturels, sociaux, 10- latino-américain ainsi condition- Caux et particuliers qui ne résul- né, il n' Y a qukne issue: la ré- tent qu'a plus de confusion et de volution destructrice de la Re- paralysie. On en vient à la cer- vanche. titude que tout se résout dans Marcel Pigeon les hautes spheres administra- tives et politiques. (Article inspiré de Analyse ps ycho sociale de la situation pré-révolu- PENSEE DU REVOLUTIONNAIRE: tionnaire, Roger Vdcemans, Desal.

UmGmEmQm - Université du Québec à Montréalrd.uqam.ca/AASSJ/Aiglon/Derome/1967.10.30/complet.VIEUX.pdfL'AIGLON permet de le con- server noir sur blanc. Et L'AIGLON' est fier de

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Page 1: UmGmEmQm - Université du Québec à Montréalrd.uqam.ca/AASSJ/Aiglon/Derome/1967.10.30/complet.VIEUX.pdfL'AIGLON permet de le con- server noir sur blanc. Et L'AIGLON' est fier de

Volume 10 - Numéro 3 L E JOURNAL D E S E T U D I A N T S D U SEMINAIRE DE SAINT-JEAN 30 octobre 1967

- La P r e s s e Etudiante Nationale PEN tente de couvrir unhorizon tion e t de pensée, PEN se s e r t de Si on admet comme principeque tains. comparative*% c e que

existe depuis 1943. Connue jus- accroché à c e s quatre pivots: 10- s e s publications pour apporter une l'étudiant comme d'ailleurs tout I'UGEQ a fait ou fe ia pour l a dé-

qu'en 1962 sous le nom de "Les Corporation de journaux; 20- s ~ - information surtout nationale aux citoyen, doit s'engager, participer mocratisation e t lJaccessibilité Escholiers GriffonneursJJ, elle eut dicat de journalistes; 30-Centrale journalistes afin de l e s aider dans autant qu'il peut B l'évolution d e l a générale 3 l'éducation , pour s a

pour fondateur Gérard Pelletier. d'information; 40- Centrale de leur dés i r de mieux informer l eurs société qu'il habite, nous croyons recherche de moyens dJexpres- Entre 1943 et 1959, elleaconcentré pensée. lecteurs. P a r des publications de que c e principe doit s'appliquer au sion et d e méthodes d'action qui

s e s efforts s u r l es pmblemes tech- recherche e t autres, PEN devient niveau collectif e t conséquemment améliorent notre situation propre

niques i n h é r v t s au journalisme En tant que corporation de jour- centrale intellectuelle visant a u n e que lJAGESSJ doit adhérer à 1'U- e t qui surtout nous permettent étudiant e t avaitcommefin généra- naux, PEN s e v e u t d J m r d être une action conjointe, générale e t dans nion Générale des Etudiants du d'assumer nos responsabilités de l e d'améliorer l a qualité des jour- école de journalisme. Des actions un but précis. Québec e t que c e serai t fuir s e s citoyens, pour s a participation à

naux en apportant une aide appro- précises en fait de textes, dedocu- responsabilités que de ne pas l e l'évolution de notre société e t à

priée à l eurs responsables. Face ments ou de cours de journalisme Ainsi l e s avantages de PEN pour faire. l'immense remise en question à des difficultés, PEN dut prendre sont U pour l'attestero PEN dis- l e journaliste étudiant sont incal- qu'elle commande, il nous sem-

diverses résolutions: en 1962, e l le pense aussi des services depubli- culables e t l e deviennent de c e fait L'Union c réée il y a t rois ans, ble que Ce n'est pas exorbitant. pr i t une optique résolue d'engage- cations s u r d e s recherches élabo- pour l e public-lecteur qui reçoit e s t l e seul porte-parole officiel des ment social en n i e de faire pro- rées, s u r des informations quant au Un journal mieux fait e t mieux in- étudiants du Québec tant au niveau Voyons l e s choses dans m e op- g resser l e milieu étudiant e t de l e Conseil d'Administration de PEN formé. du gouvernement quJaupr8s d e s tique matérialiste polir- J%s plus rendre conscient des responsabi- kt, par l'Agence de Presse , s u r principaux organismes nationaux récalcitrants: $1.50 per 'capita re - li tés qui lui incombaient, pa r l e l e s dernieres nouvelles étudiantes PEN a quand même, B mon avis, e t internationaux. Et ceci c e n'est présente 0.3% de c e que vous au- moyen primordial du journalisme locales, nati~nalesetinternatio~a- un inconvénient majeur(etcenJest pas de la blague. Pour c e qui es t r i ez da payer si vous n'aviez pas étudiant. les. pas l e prix de l'affiliation): c'est du gouvernement par exemple, eu l a gratuité scolaire pour la-

son instabilité "poljtiq~e'~. Enten- nous tenons de labouche même d'un quelle 1'U.G.E.Q. a lutté depuis En tant que syndicat de jour- dez s u r 1apoiitiqueinternedePEN. d e s sous-ministres delJéducation, t rois ans e t 0.8% du montant des

La formation de lJUGEQ a per- mis la PEN de se tourner plus nalistes, PEN veut dJnbord défen- JJai 6th a meme de constater l e s M. Morin, que l e gouvernement prêts-bourses que la moyenne d e s

concretement vers s e s membres. dre l a liberté de presse parun sys- difficultés auxquelles les diri- ne reconnaft que 1'UGEQ com- étudiants ont reçu l'an dernier au geants ont a faire face. me interlocuteur valable dans l e Séminaire e t qui ont été lJabou-

PEN e s t officiellement désignée teme de défense syndicale revendi- monde étudiant e t l e seul avec qui tissement d e s revendications de comme lJassociation nationale des quant l e s droits du journaliste qui, journaux étudiants canadiens- membn d<un journalalilié,sJins- Mals l e s avantages demeurant il entend discuter. (Déclaration l'Union contre lJdncien système

beaucoup plus importants e t d'au- faite devant l'Assemblée Généra- e t de s e s négociations avec le gou- français e t elle est leur porte- c r i t individuellement; cettedéfen- tant plus que l'inconvénient cite l e des TEQ en août 1967) Quand vernement. parole officiel. se se fait aussi par une Obligation peut ê t re considéré aussi comme On connaît iJimportance du rôle Tout n'est pas parfait dans 1'U-

au d'un certain * un encouragemmt a apporter no- dn gouvernement dans domai- C.E.&. e t a sommes c o q - -,-- r-

LFAIGLON s i trouve dans la r é - avo i r s esse*efs fi t r e aide, je pense que l'affilia- ne de l'éducation il e s t essentiel cients. On a de l a difficulté, p a r gion de Montréal et participe déja t i o ~ du journalisme en étu- tion de lJAIGUIN a pm doit &= que l'on s 'assure une présence exemple, a d a l l e r qu'a lJessen- aux Congres annuels e t surtout diant* Ce Vndicat Offre aussi au favorisée e t surtout se fa i re dans a I'UGEQ. tiel. Nos dirigeants ne sont pas aux sessions dJétude estivales an- une carte de 1, plus bref délai... l a décision toujours aussi "dynamiques et nuelles où lJon travaille l a for- presse et tous les avantages que en demeure aux journalistes de doit l e faire parce que nous pondérés" quJon le souhaiterait, mation journalistique profession- cela l'AIGLON. avons des besoins et des problê- que l e s circonstances l e voudraient nelle tout en essayant dJapprofon- mes. lï e s t vrai que quelques-uns Ce ne se ra i t rien régler que de ne d i r un théme donné. En tant que centrale dJinforma- Ge Favreau m u s sont propres, mais l a majo- pas y adhérer. Nous croyons, au

r i té d'entre eux sont communs B contraire, que si nous utilisions b u s l e s étudiants du Québec. Il plus adéquatement l e s structures,

rn se ra i t idiot ou lâche de ne pas nous pourrions a r r iver à un meil-

PEN

REVQLUTION DANS

h

LA REVOLUTION

Face aux grandes centrales UmGmEmQm * a

(NDRL: Deux mois. Un magnifique voyage en pmér i - q"e du Sud. U n e experience extraordinaire. Tout ce1 a, L ' A I G L O N permet de l e con- server noir sur blanc. E t L'AIGLON' est fier de l a col- laboration de Marcel Pigeon.)

il ne faut pas aujourdJhui une t r 6 s grande réflexion pour pres- sent i r l a situation pré-révolution- naire du continent lation-améri- Cain: ona qu'à observer s e s ten- sions actuelles, s e s vicissitudes économiques, sociales e t politi- ques. Les étudiants en proie a une politisation générale sont p rê t s B sombrer dans cette révolution. P D E DE CONSCIENCE GLOBALE. n existe déja chez ces jeunes

une tension t r e s forte entre l eurs aspirations, leur idéal e t l e s moyens mis a leurdisposition pour l e réaliser. Leur situation es t cel- l e de l a pauvreté. lis prennent conscience d e leurs nécessités et de leur non-satisfaction: a c e mo-

ment-la, lapauvreté devient,la m i - s8re. Ils s e mettent en qugte de ressources. Mais l a rareté d e c e s dernieres B l'intérieur du pays en font d e s jeunes frustrés dans leurs désirs. P a r contre ils sont cons- cients d e lJaccessibilité normale dans dJautres conditions sociologi- ques. Cette réfieldon fait naftre un sentiment dJéchec.

Enfin ils. voient vivre une clas- s e riche qui, elle, a acces aux res - sources e t semble méme en avoir l e monopole: il en résulte de lJir- ritation face a l'autre. Cette p r i se de conscience peut ne déboucher que s u r l a révolution, fruit d'une tension entre deux secteurs so- ciaux, une partie de lliumanité e t lJautre. D ~ U X MOUVEMENTS REVOLUTIONNAIRES:

Devant l a situation de misère d k n pays , il y a deux solutions possibbs. La premiere e s t l a ré - volution "métaphorique". Dans

cette derniere, il s'agit de réali- s e r toute l a société artisanale,.

,, , . toute la première page I I II Tau1 l ire sans faute: LES OCCASIONS N E MANQUENT PAS page 4

EDlToRl AL page 2 I

industrielle, technologique. LJhom me s e retrouve devant un obstacle un ennemi. L'étudiant ne peut en- visager la premiere révolution parce quJfl e s t absent d e s postes de commande qui pourraient l e fai- r e démarrer. P a r contre l a clas- s e dirigeante, toujours plus fer- mée s u r elle-meme, lJincite à une révolution distributionniste, dans une allure de revanche. ACCELERATION DE LA PRISE DE CONSCIENCE.

Avec l e perfectionnement e t l a multiplication des moyens de com- munication de masse (radio, pres- se , télévision, cinéma, tourisme) l e s jeunes réalisent t r e s vite lJin- justice sociale dont ils sont lJob- jet. La tension entre développe- ment e t sous-développement prend des dimensions continentales: c'est la tension NordSud, Etats- Unis-- Amérique duSud. On assis- t e à IJaffrontement entre lJoligar- chie industrielle e t l a masse du prolétariat, l a domination de la ca- pitale s u r la province, l a juxtapo- sition du quartier riche et du bi- don-ville.

NON-DISTINCTION DES POUVOIRS.

L'opposition entre l e s riches e t l es pauvres empêche la distinc- tion des spheres d'activités: cul-

collaborer avec eux afin de t i u - leur équilibre. Evidemment cela ver des solutions. Et lJendmit l e entend comme pré-requis que nous plus propice pour l e faire, c'est "participons" ànotreA.G.E.loca- au sein d e lJUGEQ. l e et que nous donnons 5 nos diri-

geants immédiats d e s manda@ En effet, l e s structures de lJU- c la i r s e t judicieux.

nion permettent aux unités de ba- se, ies AGES, de s'exprimer d'a- Finalement e t nous insistons bord au niveau de la régionale par s u r c e point , nous croyons qu'une s e s représentants dans l e s diffé- adhésion à 1'U.G.E.Q a eu e t aura rentes commissions <<ad hoc" et pour heureux effet d'apporter un au sein du comité décisionel, puis "souffle de syndicalisme" dans aux Congres nationaux où elles nos s t ructures e t s u r nos dir i -" . ont droit de parole et de vote, geants. Ainsi nous aurons plus dB- selon le nombredJétudiants quJel- chance de sor t i r du corporatisme ' l e s groupent. ou du pseudo-syndicalisme qui

nous enveloppe depuis longtemps. Le coQt de l'adhésion peut pa-

raî t re élevé aux yeux de cer-

turelle, sociale , familiale, écono- Pour changer 1 mique. Tout e s t polarisé par l a po- société actuelle, l e jeune latino- Utique. Du fait mgme, l a politique américain ne voit qu'une solution: est l e premier terrain de conflit un changement dans la s t ructure entre l e s possédants et ceux qui du pouvoir. lï ne réalise pas que ne l e sont pas. l a révolution politique ne déclen-

che pas dJelle-même la révolution Puisqu'on ne voit qu'une solG- économique, technologique e t so-

tion politique à tous l e s problè- ciale. n a r r ive que l e s pouvoirs mes, on ne peut parvenir à la ne sont Pas distingués, mais con- structuration de la société en corps fondus dans l e pouvoir politique. intermédiaires valabhs. La poli- De pius l e pouvoir politique e s t tique elle-même en perd son au- entre l e s mains de seule clas- tonomie: elle se démêle avec des s e des riches. Pour lJétudiant problemes culturels, sociaux, 10- latino-américain ainsi condition- Caux et particuliers qui ne résul- né, il n' Y a qukne issue: l a ré- tent qu'a plus de confusion e t de volution destructrice de la Re- paralysie. On en vient à l a cer- vanche. titude que tout s e résout dans Marcel Pigeon l e s hautes spheres administra- tives et politiques. (Article inspiré de Analyse ps ycho

sociale de l a situation pré-révolu- PENSEE DU REVOLUTIONNAIRE: tionnaire, Roger Vdcemans, Desal.

Page 2: UmGmEmQm - Université du Québec à Montréalrd.uqam.ca/AASSJ/Aiglon/Derome/1967.10.30/complet.VIEUX.pdfL'AIGLON permet de le con- server noir sur blanc. Et L'AIGLON' est fier de

2 / L'AIGLON, 30 octobre 1967

EDITORIAL : Ière collège sur la gorge

L'analyse de l a première Assemblée Générale de I 'AGE pourrait se terminer par la conclusion suivante: il faut tenir compte

, de l a présence des étudiants de l è re Collège. Ceux-ci, par leur forte part icipation à ce t te Assemblée, ont exprimé leur volonté de s' inscrire dans les structures syn-dicaies étudiantes. II représentent déjà plus de l a moi t ié des membres de I'AGE. Cette force de r-présentation n 'est sûrement pas négl i - geable pour l es dir igeants de notre Associa- tion. Mois, s i e l l e n'est pas canalisGe comme il se doit, e l l e peut se révéler une arme à deux tranchants.

L e s étudiants et étudiantes de l è re Col- lège, apportent avec eux, en raison de leur nombre e t de leur intérêt, une force nouvel le pour I'AGE. Cette force , sera génératrice d'élans nouveaux si les étudiants de cette classe sont vraiment pol i t isés. Car il ne suf f i t pas de part iciper p lus ou moins aveu- glément aux act iv i tés de I'AGE, il faut aus- si prendre conscience du rô le de ces act iv i - tés, de leur nécessité et de leur ut i l i té . C'est cela être po l i t i sé et les étudiants de l è re Collège ne l e sont malheureusement pas. L'Assemblée Générale nous en a fourni la preuve irréfutable.

P le ins de bonne volonté, désireux de\ part iciper et de t ravai l ler activement à 1' in- térieur de I'AGE, les étudiants de l è re Col- lège sont dignes de notre attention. I l s sont appelés à devenir l e s futurs leaders du syndical isme étudiant à l ' intérieur de ces monstrueuses inst i tut ions que sont les

CEGEPS. tdais s ' i l s ne sont pas poli t isés, ces futurs leaders délaisseront l e syndica-

ou le couteau

lisme étudiant qui mourra de lui-même faute d'avoir été bien compris. E t c 'est auiour- d'hui qu' i l faut les préparer à prendre notre relève. C'est dans les cadres actuels qu' i ls apprendront les rudiments du syndical isme étudiant.

L e s dirigeants de I 'AGE sont donc ap- pelés à former ces futurs dirigeants. Mais, par sa pol i t ique de services, qui fa i t de 1 ' étudiant un vulgaire consommateur, I 'AGE prépare elle-même l a ruine du syndical is- me étudiant dans nos murs, sape les bases de cet te force de représentation et de pres- sion.

L e s étudiants de l è r e Col lège veulent t ravai l ler et participer. L a force qu' i ls re- présentent se retournera contre I 'AGE s i on ne leur fa i t pas prendre conscience de l a nécessité du syndical isme étudiant, s ' i l s ne sont pas po l i t i sés comme il se doit. II appar- t ient à nos dir igeants de canaliser cette for- ce e t de l 'u t i l iser à bon escient. E t l a po- l i t ique actuelle de I 'AGE n'est pas à notre avis l e mei l leur moyen pour pol i t iser ces étudiants. I l s veulent t ravai l ler et non pas con sommer.

L'avenir du syndicalisme étudiant dans nos murs repose actuellement entre l es mains des étudiants de l è re Collège et surtout en- tre les mains de nos dirigeants. L e s pro- chains mois nous apprendront la valeur de l a force de cet te nouvelle c lasse e t aussi la valeur de I'AGE. II est à espérer que nos di- rigeants tiendront compte de ces étudiants e t de c e qu ' i l s repr sentent.

Pierre CAPPI E L L O directeur

POUR UNE BASE C'est avec un plaisir évident

que j'ai entrepris la lecture d e l'article <<Merveilleux mot à dé- former'? p a r Gilles Favreau, dans l'Aiglon du 16 octobre 1967, a r - ticle qui visait & donner une ap- préciation du Mahifeste du Conseil d e ~'ÂGÈ. c 'es t avec une joie beaucoup moins grande que j'ai terminé la lecture du dit ar t ic le qui a l e défaut de ne pas respec- t e r l'esprit e t l es idées du Mani- feste.

M. Favreau semble avoir é té frappé par l es mots <<Un merveil- leux instrument d e formation" et ne va pas plus loin en profondeur dans l'analyse du texte. Ji affir- me: "Mais il va sans d i re que la formation n'est pas l e syndica- lisme étudiantm. Siir c e point, je suis parfattement d'accord, c e qui n'empêche pas cependant que l e syndicalisme étudiant puisse ê t re un moyen de formation (et un ex- ~el ient!)~Jamais dans l e Manifes- te, nous n'avons dit que l e syndi-

calisme étudiant n'est qu'un moyen de formation. Pour nous, l e syn- dicalisme étudiant demeure <<un cadre d e participation e t d e s e r - vices, un instrument de revendica- tion, d e Collaboration et de repré- sentation". Mais l e Manifeste vise & donner l'orientation du syndica- l isme étudiant dans notre milieu pour l a période d e notre mandat. Pourquoi avoir pr is cette orienta- tion? L e peu d e crédits dont a joui 1'AGE auprés des étudiants c e s dernieres années, l'arrivée d e 330 nouveaux environ, l e changement des horaires contremettait sérieu- sement l'avenir de 1'AGE e t du syndicalisme étudiant dans notre milieu. Ii faiiait (il faut toujours)

, montrer l'utilité du syndicalisme étudiant, l e faire désirer.

s lu sieurs disent encore: "Pour- quoi demander que les étudiants participent plus activement leur éducation?'? < < ~ o u r q u o i participer a telle ou telle activité?'? <<pour- quoi manifester avec d'autres étu- d i ~ t s pour l a paix au Vietnam?."

Des questions que l'on s e pose lorsqu'on fait du syndicalisme étu-

d i a n t sans savoir pourquoi, lors- que l a <<machine syndicale tour- ne & videM. Apres quelques dé- bats s u r l e sujet, l e Conseil gé- néral en es t venu à admettre que l'étudiant était fondamentalement dans toutes s e s activités (acadé- miques comme parascolaires), en voie d e formation. L'étudiant com- mence a s'ouvrir au monde, & s e s richesses et s e s maux. Alors, pourquoi exiger une plus grande participation notre éducation? C'est & mon sens l a meilleure fa- çon de prendre en main notrepro- p re formation et essayer d e l'o- rienter en collaboration avec nos éducateurs dans l'esprit du XXe siècle. Pourquoi participer 3 t e l ou te l service (Ciné-Club, parle- ment -école)? C'est que c e s e r - vice permet d'accrofire nos con- naissances dans un domaine don- né. Pourquoi 1'UGEQ organise- ' t-elle une manifestation, dans tou- t es l e s unités de base, contre l a

guer re au Vietnam? C'est surtout pour sensibiliser l es étudiants & c e probleme crucial e t par l e fait méme, il l e s ouvrir aux probl0- mes nationaux et internationaux pour leur permettre par l a suite d e donner leur opinion. Mais il y a une idée d e iormation évidente. Ii es t sQr que l e s manifestations des étudiants québécois ne chan- geront pas grand chose il l a poli- tique d e M. Johnson, donc ç a ne peut é t re l a raison premiére.

Et ainsi d e suite pour tous l e s aspects du syndicalisme étudiant; c'est c e que nous avons voulu dé- montrer bri8vement dans leMani- feste. Je c ro i s personnellement qu'il n'est pas question d e faire du syndicalisme étudiant en présup- posant l a formation, mais en pre- nant conscience d'une formation toujours plus grande & acquérir dans nos activités syndicales. Mais

,cette formation acquérir a d'au- tant plus de valeur que si chacun participe lui-méme, s'il l a cons- truit avec l e s autres dans une dé-

mocratie véritable. Comme nous sommes loin des anciens Conseils Etudiants od une minorité (des finissants' uniquement) essayaient de donner une certaine formation qui n e pouvait qu'étre assez limi- té e.

L e Conseil d e PAGE a jugé boa d'insister cette année s u r c e point qui me sembleprimoidial. Et c'est seulement quand tous en auront p r i s conscience que 1'AGE pourra progresser, que l e s dirigeants fu- turs pourront insister s u r tel ou tel point d e la définition du syndica- l isme étudiant, Mais chaque point s e r a alors impregné d e c e dés i r de formatidn a acquérir. C'est pourquoi, je ne crois pas que nous ayons donné comme l e dit M. Fa- vreau "réponse facile & certain8 étudiants qui demaridaient une dé- finition pour pouvoir juger l'Exé- cutif 1967-68..." En plus d'une dé- finition, nous leur avons donné une orientation qui e s t plus qu'exi- geantel ~ ' ~ x é c u i i f d e I'AGE

par Louis Jolin, trés.

Directeur: P I ERRE C A P P I E L L O 1 ~ ' ~ i ~ l o n Rédacteur en chef: G I L L E S FAVREAU Administrateur: L U C GUE RIN Ass-directeur: P IERRE BERTRAND Di recteur art ist ique: JANIN E CARRE AU Conseiller: ROLLAND GAMACH E, ptre

et l 'équipe des iournalistes.

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Compliments de votre magasin de l ivres

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L'AIGLON, 30 octobre 1967 / 3

Pas si belle que ca a

Belle du Jour, fllm de Lui6 Bunuel, primé Venise en 1967, gagnant du ' lion dbr. Avec Cathe- 'rine Deneuve.

Le drame tragique du fllm suit un schéme trésclP.slque. Séverine aime son mari, mris est frigide. Elle s e prostitue pour parer a cet obstacle. Marcel, un client, devient amoureux d'elle. Jaloux, et voulant la poss6der P lui seul, il blesse son mari, mais est tué aussitbt aprês par un policier. Toute l'ac- tion mise en oeuvre par Séverine par mour pour son mari est deve- nue absurde: le mari est impotent en chaise roulante, ilnebouge pas, ne parle pas. L'acte qu'elle apo sé a perdu son mari, et si elle ne l'a- vait pas posé jamais elle n'aurait pu se rapprocher de lui1 M a i s la tragédie est tronquée et l'amour de Sévenine guérit son mari.

Que penser du récit ainsi pré- senté par Bunuel? il construit un fflm sur des moments réellement6 v6cus par Sgverine, et d'autres tout 2 fait imaginés. On vision- nera le film aussi souvent que Ibn voudra, et jamais on ne pour- ra séparer le Réel de l'Imaginai- re. La trame se veut donc de re- constituer non l~évolution exté- rieure telle que vue par nous, mais l'évolution psychologique vue de lYnt6rieur et vécue par Séve- rine face a la fri@cUti. Son amour véritable pour son mari provoque en elle des mécanismes visant à briser l'écorce charnelle frigide qui ne répond pas au feu de l'es- prit. Et dans ce complexe, le Réel et l'Imaginaire se voient intime- .,ment imbriqués 1Zui dans l'autre par le deroulement tragique, lui- méme d6truit & la fin lorsque le mari est m&ri umiraculeuse-

ment". Ce brusque revirement de situation jette encore plus de con- fusion dans ce que l'on commençait P schématiser clairement. Nous sommes donc obligés par Bunuel lui-méme a lire le fflm de façon superficielle. Le fllm s'oppose à toute rationalisation. il montre le passage psychologique existentiel entre le Bien et le Mal, vu et vécu par une seule personne: Séverine.

Tout le film nous apparaft ainsi comme ce que Séverine pense, vit et réve de sa situation. A ce niveau Bunuel crée parfaitement bien ce il quoi s e sont butés plusieurs ciné- astes: créer un fflm dans lequel on verrait aussi évoluer la person- ne extérieure, qui vit avec les au- tres, et la personne intérieure, irréductible et incommunicable existentiellement. De lâ naR l'ap- parence complexité du film. Com- me dans un reve Séverine est a la fois acteur et spectateur de sa' propre vie. Et Bunuel crée cette situation cinématographique pri- vilégiée de façon magistrale.

L'amour de Séverine frustré par sa frigidité cherche a se li- bérer. En s e prostituant, son in- térieur pourra dominer son exté- rieur, et son amour sera total: spi- rituel et physique. Bunuel semble continuer les propos tenus dans Nazarin oil l e permnnage prin- cipal disait: "Toi, tu est entiere- ment du cbté du Bien, moi je suis entiérement du coté du mal. Voila ce qui nous fait si inutilesg'. SB- verine au contraire réussit ce pas- sage du Hien au Mal. Mais jamais elle ne demeure entfénment d'un cet6 ou de l'autre. Son triomphe consiste a rester "en passage". Et en vivant en contlnuel passage

de l'un a l'autre eue se rendra utile: elle se rapprochera de son mari en l'aimant, et spirituelle- ment, et physiquement ; et c'est ce qui lui permettra aussi de dé- truire l'univers tragique qui pe- sait sur elle, en guérissant mira- culeusement son mari, précédem- ment blessé par une balle (consé- quence de l'acte mauvais de Séve- rine).

Encore une fois Bunuel nous li- vre unedémonstration rigoureuse- ment bien montée. Viridiana dé- montrait l'utilité delacharité et de la religion, Belle de Jour démon- tre que lliomme voulant vivre uti- lement sa vie doit continuellement passer tiu Bien au Mal, et que la vie entiare consacr6e % 1Zui ou 5 l'autre sera un échec. Au niveau strictement humain cette dialec- tique pèche contre la morale: car il n'est pas permis de se servir d'un moyen mauvais pour accé- der a une fin bonne. Et au niveau religieux, la position bunuellienne est tout 5 fait insoutenable.

Au niveau strictement ' ciné- matographique et artistique, Bu- nuel, nous entrafhe dans un monde a la fois vécu et r&é par Séve- rine. La situation psychologique étant rendue avec virtuosité par l'utilisation de IYmage et du mon- tage, nous permet d'attribuer au film une réelle valeur cinéma- tographique. On pourrait critiquer l'emploi de la couleur qui est tout

fait plate et quelques longueurs nuisant aussi 2 lgéquilibre général de l'oeuvre.

Bunuel expose avec brio une situation délicate, mais l'ensem- ble demewe ennuyant, plat et un peu trop léché.....

QOBERT DEROME

AMATEURS DE SPECTACLES Plusieurs compagnies du monde du spec- renir à raison de l a modique somme de neuf

tacle offrent cette année des programmations dollars quatre-vingt-dix. saisonnières très alléchantes, que ce soit Pour sa part l a société Pro Musicaoffre en théâtre ou en musique. une série de huit récitals pour l a modique

somme de dix dollars. E l le aussi sera logée Comme tous le savent, l a Nouvelle Com- à l a salle Port-Royal de la Place des Arts.

pagnie Théâtrale a eu au Collège un succès Des ensembles aussi célèbre que: l e qua- inattendu cette année. Plus de c e n t - c i n ~ ~ a n t e tuor Amadeu s, l e qucrtuor Pro Arte, I'orçhes- étudiants s'y sont abonnés. Mai s l e TNM, met tre 1 ~ ~ ~ i ~ i , 1 ~ 0 ~ t ~ ~ ~ de zurich et le ~~i~ aussi à l 'affiche sept pièces de théâtre re- ~i ~ ~ l ~ ~ ~ ~ , produiront au cours de lSan. marquables, qui se joueront au théâtre Port- née; e t pour plusieurs, ce sera leUr première Royal de l a Place des Arts. Au programme: mondiale à Montréal (ce qui ne sera pas très Boi s-Brûlés de Jean-Louis Roux, Anatole original après le ~ ~ ~ ~ i ~ d ~ ~ ~ d i ~ l , mais tout d'Arthur Schnitzler, Homme pour homme de de mêTe.,.) Benoit Brecht, Bérénice de Jean Racine, C est une invitation pour les mélomanes L e Rhinocéros d'Eugène lonesco, Les Grands en herbe, et les mordus du théâtre! Soleils de Jacques Ferron, e t Pygmalion de Bernard Shaw. L a série complète peut s*ob- Rahpr* DEROM E

I L E R R A T A L I S E Z P L V T ~ T

t

Hommages à la nouvelle ieunesse ...

Digeste indigène Chronique de littérature québécoise par Alain L a v o i e

L'APOCALYPSE SELON ... *

(Editions du Jour -- $2;00 --) Mar ie -Cla i r e B la i s : Dav id S t e r n e

Un vlsage bl6me. De l o n p cheveux noirs, abondants, les meches rebelles. La bouche crispée, l e nez épais, l e s yeux hagards.... Telle s e présenteMarie-Clalre Blais, face au public. Le sourire timide, crain- tif, on l a prendrait pour un animal, échappe de je ne sais quel ml... une "elle Betete" eiiarouchée. Et lorsqu'on plonge dans son univers de romanci8re, l'on ne peut s'empêcher de penser a cette phrase de Victor ~ u g o : <#si Dieu s*est incarn6 en l'homme, Satan, lui, s'est in - cam6 en la femme".

Blague a part, l e monde de Marie-Claire Blais es t plut6t macabre. Fantastique meme. Vaste méditation su r l a mort, l e dbsespoir....

David Sterne ne peut s e résumer logiquement: ce serait t rahir l e roman. Et puis, e s t 4 e vraiment un roman? Je me l e demanclexbien. Un roman-pogme? Je ne saurais i e dire. Bien entendu , si vous voulez l*on peut y retracer une certaine intrigue. Mais tout est si désarticulé morcel6, d6régié ( a l*image m6me des personnages), que l ' i n t t i w finalement, importe peu.

Essagonsl

David Sterne e s t la terreur de son quartier: vol, viol... tout est bon pour lui pourvu m*il détruise, qu'il fasse quelque chose. Au-dessus, l e s avlon6 sillonnent l*air, transportant des bombes. Les gens se re- croquevillent sur leur argent, s'y agrippent; l e s policiers fouettent, martyrisent, tuent (d'ailleurs c e seront les policiers, par leurs mau- vais traitements, qui feront mourir David Sterne...-- il es t a remar- quer que c'est l a société qui tue, elle qui doit voir au maintien de l'or- dre; l*Mividu lui, fera tout, sauf tuer)-- la pauvreté, la m e r e , l e s rats, l e s poux, tout se d to ie , s'engioufire, se déverse; l e s jeunes ffl- l e s sont dévirglnisées, l e s gens sont trouv6s mort6 au w i n des ru-, l e s chiens, les chats Ychant leurs chairs.. Une véritable moiteur de cakclysme, de fin de monde, baigne cette atmosph6reMernale, regor- geant d e marais eniisants, a moins que l'on ne tombe sur un terrain minb.... Et par-dessus tout cela, l e sentiment d'une W e n c e perdue, d'un mal s e répandant, envahissant l'être, l e gangrenant: in i4nes pustules d6formant, défigurant tout sur leur passage... D*aucurs, com- me Rameau, s'ennuyant, ne pensent qu'a une seule chose: s e suicider, faire un beau , un t i 8 s beau suicide, du haut d'un beffroi, les cloches sonnant a toute voiée, l e corps projeté, pendant un bout diine corde, la-haut dans l e ciei..... D'autres, comme François Reine, essaient de remédier a cet W déprimant, pansant l e s plaies, l e s cachant.... mais lui aussi, seul, bin de tous mourra... Accidentellement? On ne sai t trop.

David Sterne lui, a décidé de v i m . Vivre pour détruire. Rampant dans l a nuit, il part a l a recherche de nouvelles proies.... Ii mourra au mllieu des poubelles, des chants, des rats: au milieu de son royau- me, quoil ..... Un sourire aux 18vres

Mon rhsumé est pas mal littéraire, aiiez-vous dire. C'est que fustement j*ai eseayé de reconstituer une certaine atmoaphare du livre. On ne peut résumer l e roman. Ii faut l e lire.

Car ce qui intéresse Marie-Claire (quel adorable prénom pour cet é t re Mernall) c e n'est pas lwtrigue, mais Men l a création d'u- ne atmosph4re, d'un certain état d'âme, d'impressions s'entrecho- quant, se repoussant, pour l a fin se diluer, s*amalgamer, s'6pouser en un tout organique, liftérairement ilnéaire, en son d6sordre mé- me. Ce qui ne veut pas dire qu'a l a fin du livre tout es t clair, bgi- que, r6soln. Au contraire, c'est plos wntus qu*auparavani Que vou- lez-vous? N'est pas poëte qui veut1 C'est donc dire toute l'extraor- dinaire richesse de c e livre, s a t r e s crande densité.

Ce l ivre iut t r4s mal accueilli par l a critique. On a dit: "Marie- Claire s e W t e . C'est toujours l a meme redondance, l e s mémes themes, l e meme désespoir avlliss~t...*' Lisez Corneille, lisez Ra- cine, ou Bernanos, ou Mauriac... et m u s découvrirez que bus , cha- cun en leur domaine, s e répetent. La forme, l*intrigue, bien entendu, peuvent changer; mais l*essentiel du fond lui-méme, le noyau, demeu-

A

rent toujours sousjacents a t ravers toutes leurs oeuvres.

On aime ou on n*aime pas Marie-Claire: vollit l e W m n e .

L'innocence perdue, l e passé menaçant, les adolesceüces troubles l e s amiti6s noetunies, maudites, les pactw sataniques, l'horreur de la vie, son néant, la menace de l a mort, l e conformisme engluant.. tel s e présente l'univers d6chiré de cette femme-Wvain., Q l a r

ne peut plaire tout l e monde, e t cela i r r i te méme. C*est un témoi- ~ - mage déchirant, une recherche Q r e , désintéressée, inhumaine, delL merite tout l e respect.... Cette s indr i té , d'une femme seule, ne peut (et ne doit0 que nous forcer au silence admiratif e t solidaire.

Et ce style aussi: l e plus beau, le plus personnel, l e plus t r o u b m t de toute l a littérature québécoise (N.B.: ceci e s t une critique subjéc- tive, donc je parle en mon nom, non en celui des autresi) , l e plus vrai aussi, P l'image méme des ê t res qui vivent daos l'univers litté- r a i r e de cette romanciere; P l'image dlin songe fragmenté, d'une vie d6matérialiaée. dépouillée de son sens.... N' y demeurent que les mots la langue: admirable langue s e nouant e t s e dénouant selon l e s flbres des strophes, des phrases... d'une pensée, oil éclate tout l'amour du français. J e m u s vois sourire1 Ii est vrai que cela peut paraître incongru d e parler de '?*amour delabellelangueq*, a une époque où l'on s e permet, P tout «bout d*champS* de fourrer des anglicismes, n'im- porte où, nlmporte quand, n'importe comment..''

Et d i re que l*on hausse l e babillage d e l a commere a Basile ( je parle ici de Jean Basile, critique e t écrivain) du "Grand W*'; aLorS que iâ-bas, en exil au Cap Cod, une voFx c r i e notre âme, l e déchire- ment d'un peuple s e découvrant, rejetant son passé, lliomme devant son destin, essayant de l e façonner son image, selon l e s songes de son rêve d'amour... Toute l'âme dlin peuple s'y retrouve. Pendant ce temps, l'on s'amuse avec l e s bailvernes obsc8nes d'un truand,..

Enwre une fois, on attend l e 9"rdict*' de Paris.

Quelle dérisionl

CANADA FRANCAIS 1 L'HEBDOMADAIHE DU H A U T RIClIELIEL! - TELLEMENT DI FFERENTE! Yves Gagnon, directeur

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4 / L'AIGLON, 30 octobre 1967 sport - sport - sport - sport - sport - sport - Sport - sport - Sport - Sport - sport - sport - sport - sport - sport - sport - sport -

ln -0 ü 2 rC Malgré un horaire difficile : 5 ln ln

u u 7 "LES OCCASIONS NE MANQUENT PAS 2 CC

r+

ln ln - u

Tous les domaines de notre vie au Collège ont déjà pris leur dé- part. Nombreux étaient ceux qut avaient radicalement changé du- rant le dernier été. Parmi eux, les SPORTS.... où le nouveau sys- teme a surpris même les "an- ciens".

L'AIGLON a voulu connaRre un peu l'opinion des étudiants ducol- 26gial sur l e système des sports. L>~mpression générale en est 60- rement une de satisfaction. Cette satisfaction est née d'abord de la variété, de la tres grande variété qui nous est offerte. Cette satis- faction vient aussi, surtout chez l e s étudiants nouvellement arri- vés, de l'organisation tout à fait au point. "Un noirveau dynamis- me stimule'lesorganisateurs". On remarqde aussi la promotion de nouveaux sport$, OU du moins, de sports peu connus actuellement.

Tels sont les avantages de ce

Poul Depclteau évite adroitement un adversoire et cours vers les buts.

plesse entre l'obligatoire-en- groupe et le facultatii-individuel. Finalement l e s craintes moins im- portantes tentent d'expliquer l e ~ l u s globalement possible les cas de manque de participation.

CONCLUSION:

LIAU;LON voudrait d'abord ex- primer sa gratitude aux étudiants e t étudiantes qui font~art iedecet- te ~r~anisa t iof i . MAELA PLUS VI- VE GRATITUDE VA SANS DOUTE AUX PROFESSEURS D'EDUCA- TMlN PHYSIQUE: Mile LEON- SONG; MM. DESPELTEAU, LES- SARD, PAQUETTE..." Des pro- fesseurs nous aident beaucoup en s'en occupant activement".

nouveau systeme; Je pense qu'ils. sont magnifiques, qu'ils étaient absolument nécessaires en undé- but d'année. "Pour un gars qui a le temps, ce ne sont pas les OC- casions qui manquent1"-- ''n n'Y a pas assez de temps accrodé a l'initiative personnelle1'.-- "Se- lon moi, i l y a.tmp devari8té". voilà les Mconvériients apportés, tels que dacelés par les étudiants. ns passent de la déception réalis- te à la constatation, puis a quel- ques craintes. moins importantes.

Pour ce qui est du manque de temps, nous pensons que la seule chose faire serait de reprendre l'enquête du débutdel'année, alors

* - On est en effet déçu du temps qui reste a la pratique des sports en allégant tantôt l'horaire sur- chargé (et pour certains indivi- dus, surtout en 3e et 4e, la sur- charge de parascolaires), tantôt l e systeme de transports. .. "Le *<teUr temps est l e plus impor- tant**. C'est de 1% que viennent le manque de participation assez souvent, ainsi que l'impossibilité de participation. "Je n'aipas l'oc- casion de faire du sport, vu l'ab- sence de transports"-- "A cau-

2 du nouvel horaire, je crois que la participation aux Sports diminuerav. L'autre inconvénient noté concerne l'organisation, que l'on est f ier de savoir forte, mais où l'on regrette une certaine sou-

que présentement la plupart sa- vent si oui ou non iLs peuvent res- t e r pour faire du sport.. . et ils le savent plus sûrement qu'il y a un mois... l e nombre de sports of- ferts diminuerait peut-êtreet ceux restant pourraient 6tre encore mieux organisés.

De plus et surtout il faudrait neut-are mitiaer l'actuelle dic- iature des orga&ateurs.~ous ré- nétons qu'elle é t a t absolument ne- >essai& au début de l'année, noua comprenons aussi le besoin d'or- dre... mais nous demandons caté- goriquement un élargissement des possibilités d'initiativeindividuel- le.

CONTINUEZ VOTRE TRAVAIL, NOUS EN AVONS BESOiN... MAIS PENSEZ AUSSI A NOS REMAR- QUES. (N.B.: Les citations de ce texte sont celles de l'enquste).

Michel Poirier et Gilles Favreau

Mlle Désirée Leon-Sun. professeur des é tudimtcs

- sport - sport - sport . sport - sport . sport - sport - sport - sport et la fin de semaine, ca continue!

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