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publié par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest le 19 décembre 2014 dans le cadre de la série les Cahiers de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE. Club DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST Secrétariat du Cahiers de l’Afrique de l’Ouest Un atlas du Sahara-Sahel GÉOGRAPHIE, ÉCONOMIE ET INSÉCURITÉ L es attentats des 7,8 et 9 janvier 2014 à Paris, relèvent d’une menace globale, complexe, diffuse et multiforme, dont les foyers les plus sanglants se trouvent aujourd’hui au Moyen-Orient et en Afrique ; notamment aux confins du Maghreb et du Sahel. L’irruption du salafisme jihadiste dans cet espace, date du début des années 2000. Nourries du reflux vers le sud du GSPC algérien et de l’arrivée de jihadistes en provenance d’Afghanistan et du Pakistan suite aux attentats du 11 septembre 2001, les activités terroristes s’hybrident rapidement avec les trafics, d’armes, de drogue, de cigarettes, d’êtres humains… Au tournant des années 2010, l’émergence de Boko-Haram au Nord Nigeria, puis la chute de la Jamahiriya libyenne, libèrent des forces destruc- trices additionnelles qui plongent les pays sahéliens dans la tourmente et le Mali dans le chaos. La communauté internationale ne prend que tardivement la mesure de cette menace. Après l’Union européenne en 2011, les Nations Unies formulent une stratégie pour le Sahel en 2013, bientôt suivie par celle de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest et du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad). La Communauté internationale se mobilise derrière ces initiatives qui ont toutes en commun la volonté de travailler sur le long terme en agissant simultanément sur les leviers de la sécurité, de la gouvernance et du développement. L’Atlas du Sahara-Sahel à vocation à nourrir ces stratégies. Il fait suite à un Forum organisé par le Club du Sahel et de l’Afrique de l'Ouest en novembre 2013 à Abidjan. Ce forum avait questionné les initiatives « sécurité et développement », leurs échelles d’action et leur cohérence. Un dialogue y avait été amorcé par les parties prenantes. Ce dialogue avait en particulier porté sur le besoin d’une coopération renforcée entre l’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre. C’est sur cette échelle macro-régionale que porte l’Atlas. En 250 pages dont 150 cartes et graphiques, il aborde les défis sécuritaires de l’espace saharo-sahélien par la mobilité de ses territoires, de ses populations et des réseaux socio- économiques qui les lient. Si l’on considère que ses habitants sont concentrés le long des routes et dans les villes (la majorité des saharo-sahéliens sont des urbains), le Sahara-Sahel n’est ni vide ni immobile. La route et les villes constituent la trame d’un espace mobile auquel sont associées des sociétés mobiles dont la forme d’organisation s’appuie davantage sur les réseaux sociaux et commerçants que sur l’État. Nomadisme, transhumance, commerce, migrations mais aussi trafics et violences, les circulations qui opèrent sur cette trame sont au coeur de ce que l’Atlas cherche à démontrer. UN ATLAS DU SAHARA – SAHEL : GÉOGRAPHIE, ÉCONOMIE, INSÉCURITÉ Les frontières se superposent à ces espaces mobiles animés par des réseaux anciens et récents. Près de 17 000 km de lignes frontalières ont été tracés au fil de l’histoire récente. Si ces lignes ne sont pas des obstacles aux circulations humaines, elles demeurent le symbole de fortes démarcations politiques et institutionnelles, entre le Maroc et l’Algérie par exemple, mais aussi entre les espaces géopolitiques du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Se jouant de ces frontières, les réseaux transsahariens sont mis à profit par des organisations transnationales de trafiquants et les groupes terroristes dont les activités sont fondées sur un écheveau complexe de mobilités spatiales, économiques et sociales. Ceci est un défi majeur pour les stratégies de stabilisation. Il en est de même pour les menaces régionales pesant sur d’autres pays que le Mali. Le Niger est par exemple « pris en tenaille » entre : l’instabilité malienne à l’est, le Sud libyen au nord-ouest où sévissent de très nombreux groupes terroristes et où s’affrontent tribus arabes et Toubou, Boko Haram au sud. Tout ceci s’accompagne de migrations forcées et de flux intenses de trafics, d’armes et de drogue notamment. L’ Afrique de l'Ouest et le Maghreb constituent un espace Club DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST Secrétariat du par Laurent Bossard, Directeur du Secrétariat du CSAO OECD Insights, le 19 janvier 2015

Un AtlAs dU sAhArA – sAhel : Secrétariat Club du ...Migrations et Sahara Chapitre 6. Nomadismes et mobilités au Sahara-Sahel Chapitre 7. Frontières, coopération transfrontalière

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publié par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest le 19 décembre 2014 dans le cadre de la série les Cahiers de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE.

ClubSAHEL ANDWEST AFRICA

Secretariat

Club DU SAHEL ET DEL'AFRIQUE DE L'OUEST

Secrétariat du

Veuillez consulter cet ouvrage en ligne : http://dx.doi.org/10.1787/9789264222335-fr.

Cet ouvrage est publié sur OECD iLibrary, la bibliothèque en ligne de l’OCDE, qui regroupe tous les livres, périodiques et bases de données statistiques de l’Organisation. Rendez-vous sur le site www.oecd-ilibrary.org pour plus d’informations.

Cahiers de l’Afrique de l’Ouest

Un atlas du Sahara-SahelGéOGrAphie, éCOnOmie et inSéCUrité

Cahiers de l’Afrique de l’Ouest

Un atlas du Sahara-SahelGéOGrAphie, éCOnOmie et inSéCUrité

Le Sahara-Sahel traverse des épisodes récurrents d’instabilité, cependant les crises libyenne et malienne récentes intensifient le degré de violence. Elles restructurent les dynamiques géopolitiques et géographiques. Transfrontalières, voire régionales, ces crises contemporaines nécessitent de nouvelles réponses institutionnelles. Comment les pays partageant cet espace – Algérie, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Tchad et Tunisie – peuvent-ils, ensemble et en relation avec des États tels que le Nigéria, le stabiliser et le développer ?

Depuis toujours, le Sahara joue un rôle d’intermédiaire entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Avant l’époque romaine, des routes le traversaient déjà, à l’origine militaires. Les échanges commerciaux et humains sont intenses et fondés sur des réseaux sociaux auxquels se greffent désormais les trafics. La compréhension de leur structuration, de la mobilité géographique et organisationnelle des groupes criminels et des circulations migratoires, représente un défi stratégique. Cet ouvrage espère relever ce défi et nourrir les stratégies pour le Sahel de l’Union européenne, des Nations Unies, de l’Union africaine ou encore de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) en vue d’une paix durable.

Cet atlas s’appuie sur une analyse cartographiée et régionale des enjeux de sécurité et de développement pour ouvrir des pistes objectives au nécessaire dialogue entre organisations régionales et internationales, États, chercheurs et acteurs locaux.

Partie I. Réactiver un espace de circulation fragmentéChapitre 1. Espaces et géographie saharo-sahéliens

Chapitre 2. Indicateurs socio-économiques des pays du Sahara-Sahel

Chapitre 3. Pétrole et réseaux d’influence au Sahara-Sahel

Partie II. Sécuriser le Sahara-Sahel en intégrant ses mobilités sociales et spatialesChapitre 4. Circulations anciennes et nouvelles au Sahara-Sahel

Chapitre 5. Migrations et Sahara

Chapitre 6. Nomadismes et mobilités au Sahara-Sahel

Chapitre 7. Frontières, coopération transfrontalière et libre circulation au Sahara-Sahel

Chapitre 8. Enjeux sécuritaires, circulations et réseaux au Sahara-Sahel

Chapitre 9. Économie des trafics au Sahara-Sahel

Chapitre 10. Le point de vue des institutionnels sur les enjeux saharo-sahéliens

iSbn 978-92-64-22232-8 44 2014 01 2 p

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L es attentats des 7,8 et 9 janvier 2014 à Paris, relèvent d’une menace globale, complexe, diffuse et multiforme,

dont les foyers les plus sanglants se trouvent aujourd’hui au Moyen-Orient et en Afrique ; notamment aux confins du Maghreb et du Sahel. L’irruption du salafisme jihadiste dans cet espace, date du début des années 2000. Nourries du reflux vers le sud du GSPC algérien et de l’arrivée de jihadistes en provenance d’Afghanistan et du Pakistan suite aux attentats du 11 septembre 2001, les activités terroristes s’hybrident rapidement avec les trafics, d’armes, de drogue, de cigarettes, d’êtres humains… Au tournant des années 2010, l’émergence de Boko-Haram au Nord Nigeria, puis la chute de la Jamahiriya libyenne, libèrent des forces destruc-trices additionnelles qui plongent les pays sahéliens dans la tourmente et le Mali dans le chaos.

La communauté internationale ne prend que tardivement la mesure de cette menace. Après l’Union européenne en 2011, les Nations Unies formulent une stratégie pour le Sahel en 2013, bientôt suivie par celle de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest et du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad). La Communauté internationale se mobilise derrière ces initiatives qui ont toutes en commun la volonté de travailler sur le long terme en agissant simultanément sur les leviers de la sécurité, de la gouvernance et du développement.

L’Atlas du Sahara-Sahel à vocation à nourrir ces stratégies. Il fait suite à un Forum organisé par le Club du Sahel et de l’Afrique de l'Ouest en novembre 2013 à Abidjan. Ce forum avait questionné les initiatives « sécurité et développement », leurs échelles d’action et leur cohérence. Un dialogue y avait été amorcé par les parties prenantes. Ce dialogue avait en particulier porté sur le besoin d’une coopération renforcée entre l’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre.

C’est sur cette échelle macro-régionale que porte l’Atlas. En 250 pages dont 150 cartes et graphiques, il aborde les défis sécuritaires de l’espace saharo-sahélien par la mobilité de ses territoires, de ses populations et des réseaux socio-économiques qui les lient.

Si l’on considère que ses habitants sont concentrés le long des routes et dans les villes (la majorité des saharo-sahéliens sont des urbains), le Sahara-Sahel n’est ni vide ni immobile. La route et les villes constituent la trame d’un espace mobile auquel sont associées des sociétés mobiles dont la forme d’organisation s’appuie davantage sur les réseaux sociaux et commerçants que sur l’État. Nomadisme, transhumance, commerce, migrations mais aussi trafics et violences, les circulations qui opèrent sur cette trame sont au coeur de ce que l’Atlas cherche à démontrer.

Un AtlAs dU sAhArA – sAhel : géogrAphie, économie, insécUrité

Les frontières se superposent à ces espaces mobiles animés par des réseaux anciens et récents. Près de 17 000 km de lignes frontalières ont été tracés au fil de l’histoire récente. Si ces lignes ne sont pas des obstacles aux circulations humaines, elles demeurent le symbole de fortes démarcations politiques et institutionnelles, entre le Maroc et l’Algérie par exemple, mais aussi entre les espaces géopolitiques du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.

Se jouant de ces frontières, les réseaux transsahariens sont mis à profit par des organisations transnationales de trafiquants et les groupes terroristes dont les activités sont fondées sur un écheveau complexe de mobilités spatiales, économiques et sociales. Ceci est un défi majeur pour les stratégies de stabilisation.

Il en est de même pour les menaces régionales pesant sur d’autres pays que le Mali. Le Niger est par exemple « pris en tenaille » entre : l’instabilité malienne à l’est, le Sud libyen au nord-ouest où sévissent de très nombreux groupes terroristes et où s’affrontent tribus arabes et Toubou, Boko Haram au sud.

Tout ceci s’accompagne de migrations forcées et de flux intenses de trafics, d’armes et de drogue notamment. L’ Afrique de l'Ouest et le Maghreb constituent un espace

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par Laurent Bossard, Directeur du Secrétariat du CSAOOECD Insights, le 19 janvier 2015

de transit et de stockage commode et peu risqué pour les trafiquants : institutions et budgets de police et de justice faibles, potentiel de corruption élevé du fait de salaires bas dans l’administration et les forces de sécurité. Par ailleurs, ces trafics financent (du moins partiellement) les groupes rebelles ou jihadistes. Enfin, ils ne sont bien souvent que des chaînons de réseaux criminels mondiaux couvrant les cinq continents.

C’est pourquoi, s’ils veulent réussir, les pays concernés doivent travailler au niveau régional car c’est à cette échelle que s’exprime une grande partie des dangers qui les menacent. Le Sahara-Sahel doit être analysé pour ce qu’il est, c’est-à-dire un espace partagé par les pays des deux rives du désert. Ceci implique qu’une coopération renforcée entre ces pays est indispensable. Il ne faut pas penser cette coopération seulement dans l’urgence de la stabilisation à court terme. Ces pays doivent et peuvent développer leurs complémen-tarités dans tous les domaines. Plus on échange, plus on est interdépendant, plus on est motivés à régler ensemble des problèmes communs.

A la nécessité du dialogue transsaharien s’ajoute celle, plus large, du dialogue et de la coopération internationales. Depuis 2011, on voit se multiplier les stratégies Sahel. Signe positif de l’engagement de la communauté internationale, ces efforts doivent cependant au nom des populations touchées s’atteler à trois défis :

• d’une part, leur capacité à dialoguer et à proposer une mise en oeuvre concertée et partagée.

• d’autre part, l’adaptation de l’échelle géographique des réponses à l’espace des terrorismes et des trafics. Ainsi, le Nigéria et la Libye traversent des situations parti-culièrement critiques mais ne sont pas au coeur des stratégies existantes.

• enfin, leur capacité à mettre en oeuvre simultanément des activités de sécurité et de développement.

ALGERIE

CÔTED’IVOIRE

GUINEE

SIERRA

LIBERIA

NIGER

LIBYE

BURKINAFASO

SENEGAL

GAMBIE

GUINEE-

MAURITANIE

LEONE

SAHARAOCCIDENTAL

BISSAU

TCHAD

MAROC

NIGERIA

GHANA

TUNISIE

CENTRAFRIQUE

CAMEROUN

BE

NIN

TO

GO

MALI

Evénements, 2003–2012

AQMi

MUJAO

Ansar Dine

Boko Haram

Al-Qaida

Autres

GSPC

Source : Armed Conflict Location and Event Dataset, ACLED 2013

Groupes

Corridor terroriste,Pan Sahel Initiative

Aire terroriste élargie,Trans-Saharan CounterTerrorism Initiative

6

20

30

231

44

1

15

La localisation des incidents par groupes terroristes, 2003–2012

tél +33 (0)1 45 24 92 42 Fax +33 (0)1 45 24 90 31 courriel [email protected]

www.oecd.org/csao/publications

Adresse postale CSAO/OCDE 2, rue André Pascal F–75775 Paris, Cedex 16

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