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Un chevalier castilian au XV+me si+cle: Alonso de Carridn ( ?- 1479) permettent d'apprgcier le niveau gconomique et social du chevalier et celui de ses proches. Ils offrent un exemple de composition prgcise de fortune et revenus d'un caballero de rang moyen, membre de l'oligarchie urbaine et refldtent l'gvolu- tion sociale d'une lignge locale remontant iz trois ggngrations. Caroline Mignot The chevalier de Carri6n belonged to the middling nobility of Castile. He was a professional knight in the pay of a titled nobleman and in 1477- 79 he occupied one of the eight principal magistra- cies of the little town where his father was established and where he lived with his family: Guadalajara, on the north of the central meseta. The will, the inventory drawn up on his death, and the trust set up for his inheritance, which are documented in a manuscript in the municipal archives, allow us to appreciate the economic and social status of the chevalier and his family. They offer a precisely established example of the wealth and revenues of a caballero of middling rank, member of the urban oligarchy, and they throw light on the social evolution of a local dynasty going back three generations. Le chevalier de Carri6n appartient iz la moyenne noblesse castillane. C'est un cavalier professionnel iz la solde d'un noble titrg et il occupe de 1477 iz 1479 l'une des huit principales magistratures de la petit ville olt gtait gtabli son pdre et o~ il rgside avec sa famille, Guadalajara, au nord de la meseta centrale. Le testament, rinventaire dressg i~ sa mort et la curatelle de ses biens qui figurent dans un document conservg aux archives municipales Au sein des diff6rents niveaux de la noblesse castillane - haute noblesse titr6e (grandes et titulos), caballeros et hidalgos - le groupe des caballeros se d6marque au XV6me si6cle comme une cat6gorie sociale moyenne. Les membres de la vieille chevalerie se recrutent parmi eux, ils occupent des offices civils ou militaires de rang moyen au service du roi ou des grandes et re~oivent les principales magistratures municipales (regimientos), charges viag~res et d~sign6es par le monar- que. Ils dominent les concejos des villes (conseils municipaux) o0 ils r6sident de pr6f6rence et figurent comme la partie riche et influente de la noblesse locale (Gerbet 1979). La caballerfa ne constitue pas une cat6gorie sociale uniforme et pr6sente un 6ventail 6conomique et social fort vari6: des seig- neurs de vassaux, possesseurs de rentes publiques (juros) aux simples rentiers du sol, des cadets de lign6es titr6es, descendants de lignages locaux, aux hidalgos enrichis. A Guadalajara, la pr6pond6rance depuis la r6volution Trastamare de l'un des prin- cipaux lignages de Nouvelle Castille, les Mendoza seigneurs de l'Alcarria, a interdit l'ascension sociale de caballeros dans la r6gion: les ducs de l'Infantado et les branche cadettes du lignage ~t l'origine de nouvelles lign6es titr6es dominent un en- Journal of Medieval History 11 (1985) 71-82. North-Holland 0304-4181/85/$3.30~) 1985 Elsevier Science Publishers B.V. (North-Holland) 71

Un chevalier castillan au XVème siècle: Alonso de Carrión (?–1479)

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Un chevalier castilian au XV+me si+cle: Alonso de Carridn ( ?- 1479)

permettent d'apprgcier le niveau gconomique et social du chevalier et celui de ses proches. Ils offrent un exemple de composition prgcise de

fortune et revenus d'un caballero de rang moyen, membre de l'oligarchie urbaine et refldtent l'gvolu- tion sociale d'une lignge locale remontant iz trois ggngrations.

Caroline Mignot

The chevalier de Carri6n belonged to the middling nobility of Castile. He was a professional knight in the pay of a titled nobleman and in 1477- 79 he occupied one of the eight principal magistra- cies o f the little town where his father was established and where he lived with his family: Guadalajara, on the north o f the central meseta. The will, the inventory drawn up on his death, and the trust set up for his inheritance, which are documented in a manuscript in the municipal archives, allow us to appreciate the economic and social status of the chevalier and his family. They offer a precisely established example o f the wealth and revenues of a caballero of middling rank, member of the urban oligarchy, and they throw light on the social evolution o f a local dynasty going back three generations. Le chevalier de Carri6n appartient iz la moyenne noblesse castillane. C'est un cavalier professionnel iz la solde d'un noble titrg et il occupe de 1477 iz 1479 l'une des huit principales magistratures de la petit ville olt gtait gtabli son pdre et o~ il rgside avec sa famille, Guadalajara, au nord de la meseta centrale. Le testament, rinventaire dressg i~ sa

mort et la curatelle de ses biens qui figurent dans un document conservg aux archives municipales

Au sein des diff6rents niveaux de la noblesse castillane - haute noblesse titr6e (grandes et titulos), caballeros et hidalgos - le groupe des caballeros se d6marque au XV6me si6cle comme une cat6gorie sociale moyenne. Les membres de la vieille chevalerie se recrutent parmi eux, ils occupent des offices civils ou militaires d e rang moyen au service du roi ou des grandes et re~oivent les principales magistratures municipales (regimientos), charges viag~res et d~sign6es par le monar- que. Ils dominent les concejos des villes (conseils municipaux) o0 ils r6sident de pr6f6rence et figurent comme la partie riche et influente de la noblesse locale (Gerbet 1979).

La caballerfa ne constitue pas une cat6gorie sociale uniforme et pr6sente un 6ventail 6conomique et social fort vari6: des seig- neurs de vassaux, possesseurs de rentes publiques (juros) aux simples rentiers du sol, des cadets de lign6es titr6es, descendants de lignages locaux, aux hidalgos enrichis. A Guadalajara, la pr6pond6rance depuis la r6volution Trastamare de l 'un des prin- cipaux lignages de Nouvelle Castille, les Mendoza seigneurs de l 'Alcarria, a interdit l'ascension sociale de caballeros dans la r6gion: les ducs de l ' Infantado et les branche cadettes du lignage ~t l'origine de nouvelles lign6es titr6es dominent un en-

Journal of Medieval History 11 (1985) 71-82. North-Holland 0304-4181/85/$3.30~) 1985 Elsevier Science Publishers B.V. (North-Holland) 71

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semble quasiment continu au nord de la meseta centrale, ensemble dont Guadala- ja ra bien que ville royale (realengo) con- stitue le centre urbain. L'oligarchie de la ville ne compte ni seigneurs de vassaux ni b~n~ficiaires de juros locaux. Les chevaliers qui la gouvernent ne se situent qu'~t un rang moyen au sein de la caballerfa. Cavaliers et administrateurs au service du roi ou de grandes, ce sont de petits propri~taires fon- ciers pour lesquels les revenus agricoles constituent les meilleures ressources. Aux c6tfis des autres couches moyennes urbaines (notaires, j uristes, marchands) ils participent

l 'accaparement de terres, leurs principales sources de revenus, mais aussi de profits car ils se consacrent ~t des cultures commer- ciales (cfir~ales dans la r~gion des plaines - Campifia - et vignes dans la banlieue de la ville et sur les plateaux - Alcarria), cultures favoris~es par le .d~veloppement du com- merce des grains et du vin et par la croissante demande urbaine.

Le testament du chevalier Alonso de CarriOn

Alonso de Carridn est l 'un des rares regi- dores de la ville dont on puisse ~valuer pr~cis~ment le montant et la composition de la fortune et des revenus. Allit~ ~t la suite d 'une blessure, il r~dige son testament le 2 aofit 1479 (quatre folios) et meurt avant la fin du mois d'aofit. Nomman t pour ex~cuteurs testamentaires son fr~re, Fran- cisco de Carridn et le bachiller Diego de Medina, il dispose le remboursement de ses dettes, la restitution de la dot et du douaire de son ~pouse, Maria de Avalos (ou Davalos), qui devront lui fitre remis en cas de remariage

et d~signe Francisco de Carri6n pour cura- teur de leurs deux enfants mineurs, Fer- nando et Elvira.

Le 26 aoflt 1479, Maria de Avalos pro- c~de ~ l 'inventaire des biens de son ~poux d~funt en presence des notaire et juge municipaux (quatrefolios). Elle se remarie vraisemblablement quelques ann6es plus tard, Francisco de Carridn r6alisant Fin- ventaire des biens des deux mineurs le 4 janvier 1483 (quatrefolios) lequel fait acte des objets mis aux ench~res et vendus ainsi que des biens remis ~t Maria de Avalos en remboursement de sa dot et de son douaire. Elle r~clame sans doute une somme sup~- rieure ~ celle qu'elle revolt en nature et retient quelques biens qui ne lui ont pas ~t~ attribu6s, en compensation, motif d 'un proc~s que lui intente le curateur de ses enfants.

Le 11 septemble 1498, une curatelle ad-litem est instaur6e sur les biens de Fer- nando de Carri6n, encore mineur. Un nouveau curateur peut en effet fitre d~sign~ par un juge municipal ou le mineur lui- mfime en presence de ce dernier e t sous r~serves de son approbation, notamment dans les cas de conflits entre un mineur et l 'un de ses parents. Fernando de Carridn d~signe lui-m~me son curateur lequel prfite serment, pr~sente son bailleur et d~pose une caution (trois folios). C'est ~ l'occasion de cet acte que sont reproduits les divers docu- ments ayant trait ~t la succession du chevalier de Carri6n, testament, inventaires et enfin, Francisco de Carridn ~tant relev~ de sa charge, les comptes de curatelle de d~cem- bre 1480 ~ juillet 1498 (recettes, d~penses, frais d'fiducation de Fernando) ~ l'exception des frais consacr~s ~t l '~ducation d'Elvira

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(dix-neuffolios), ainsi que le solde de cura- telle des biens de Fernando (quatre folios), le 18 septembre 1498.1

Un lignage de caballeros

Si l'on ignore l'origine du lignage Carridn tout comme celle de sa noblesse, on peut n~anmoins le consid~rer comme un lignage local et ancien. II compte trois g~nfirations autochtones: Fern~n Gonzalo de Carridn, regidor de Guadalajara de 1454/~ 1475, son ills, Alonso, qui lui succ~de de 1477/~ 1479, son petit ills Fernando. 2 I1 dispose en outre d 'une demeure familiale /1 Guadalajara et d 'une chapelle au monast~re de San

Francisco o/a Fern~n Gonzalo et deux de ses i l ls , Pedro et Alonso, sont enterr6s. Bien qu'il int~gre les rangs de l'oligarchie locale par l'exercice d 'une magistrature munici- pale et occupe une position aisle, la situation de ses membres n'en n'est pas moins al~a- toire. A chaque g~n~ration, la division des fortunes conjugu~e aux possibilit~s d'ascen- sion sociale par la voie civile ou militaire ou encore, grace ~ la privanza royale, entrainent un reclassement au sein des lignages. Fern~m Gonzalo est un bachiUer et une promotion sociale s'op~re avec l'acc+s de son ills Alonso ~ la carri~re militaire. Celui-ci devient un cavalier professionnel, de rang moyen certes - il est chevau- 16ger - mais relativement ~lev~ toutefois puisqu'il sert un noble titr~, le comte de Medina 3 et entretient au moins deux pages d'armes. Carri~re traditionnelle de la che- valerie, le m~tier des armes, qui jouit d 'un grand prestige social, exige un certain niveau de fortune; il n'est pas accessible

tous les lignages, encore moins /l tous les membres d 'une mfime famille et Alonso de Carridn est probablement le seul de ses quatre fr~res /t l 'exercer. Les cadets ont embrass~ une carri+re ~ccl~siastique (Fray Garcia, Maestre Francisco sont religieux au monast~re de San Francisco de Guadala- jara) ou civile (Pedro, bachiller). Le partage successoral qui a l ieu/t la mort du chevalier rejette au contraire son ills au plus modeste niveau de la chevalerie, le contraignant /t r~intdgrer la simple hidalguia. Trop jeune en 1479 et trop pauvre en 1498 pour devenir cavalier, le jeune Fernando s'oriente lui- m~me vers une carri~re civile laquelle lui permettra probablement de se reclasser. Si l 'on ignore sa destin~e, on sait du moins qu'il re~oit une formation poussfie puisqu' apr~s avoir appris ~ lire et ~crire ainsi que les rudiments de la grammaire et des lettres aupr+s de maitres ~ Guadalajara, il part pour suivre des 6tudes sup6rieures qui feront de lui un letrado (lettr~) ~ Salamanque, la plus c~l~bre universit~ du royaume, durant plus de quatre ans. 4 Cet exemple refl+te la mobilit~ qui caract~rise les groupes no- biliaires, c'est aussi le signe de l'~volution propre /t la noblesse castillane ~ la fin du XV~me si+cle, laquelle cesse peu /t peu d 'etre militaire: un ideal de richesse se substitue progressivement au prestige des armes, la vole militaire est d~laissfie tandis que le nombre de carri~res civiles augment e. De fait alors que les offices administratifs procurent des revenus substanciels, le ser- vice militaire n'offre qu 'une faible compen- sation financi~re dans la plupart des cas, m6me si des chevauch~es rapportent parfois quelque butin, comme celle qu'effectuent le chevalier et son compagnon, Contreras,

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contre le villages de Yebes, au cours de laquelle Alonso de Carri6n s 'empare de 6.000 maravedies qu'il restitue dans son testament. La solde d 'un simple hombre de armas (homme d'armes) ou d 'un jinete (chevau-16ger) ne lui permet en aucun cas de subvenir /~ ses besoins: elle est respective- ment de 4.000 et 3.000 maravedies de 1475/~ 1500 pour le service du roi (Gerbet 1979: 352), de 4.000 m. dans le cas de Alonso de Carri6n qui sert une arm6e priv6e. L'6quipe- ment militaire est de plus coflteux et pour autant fr~quemment incomplet, certaines pi~?ces faisant d6faut ou ayant 6t6 engag6es. Le chevalier de Carri6n, d~pourvu de l'ar- mure complete de l 'homme d'armes poss+de tout de m~me diverses pi+ces d 'armes de chevau-16ger: un haume (capacete) provenant d 'une armurerie r6put6e (Calatayud), des cuirasses (corazas), ordinairement de cuir, celles ci sont de 'brocard et rev~tent un caract+re d 'apparat , une jupe (falda), des jambi~res (quijotes) et des goussets d'acier (gofetes), un bouclier de cuir (adarga), une 6p6e (terfiado) et quatre arbalettes (trois en bois et une plus petite, en acier). I1 monte enfin un cheval alezan muni d 'une selle de chevau-16ger aux 6triers et harnais dor~s et poss+de deux mules qui seront vendues 11.000 m. par son fr~re. Mais l ' inventaire ne mentionne pas de poignard ni de lance et la jupe et les goussets sont eux-m~me engag6s, pour une valeur de 2.480 m., ainsi que ses

cuirasses.

Une fortune fonciire Les fortunes nobiliaires se composent de difffirents types de biens et sources de revenus qui occupent une place plus ou moins grande

selon le rang de l 'individu, droits seigneuri- aux, rentes publiques et revenus fonciers 6tant /~ l'origine des ressources les plus importantes. Les biens fonciers et immeubles constituent la base des fortunes des nobles non seigneurs de vassaux et non d6tenteurs dejuros, la part des biens meubles augment- ant ~ mesure que l'on descend dans la hi6rarchie sociale.

La documentation dont nous disposons permet de connaltre le montant et la composition des fortunes du chevalier , de sa veuve et de ses enfants et certains revenus. L'inventaire r6alis6 par Francisco de Car- ri6n et ses comptes de curatelle fournissent: la valeur des biens vendus pour satisfaire les paiements indiqu6s dans le testament du chevalier ou obtenir de l 'argent liquide ainsi que le d6tail des revenus des terres des m e n o r e s .

On ignore la valeur de six vignes (que l'on peut cependant estimer) et celle de quelques biens meubles non monnay6s, dont certains de ceux c6d6s a Maria de Avalos ou retenus par elle. Ces fortunes se d6composent de la mani~re suivante : La fortune du chevalier parait correspondre ~t son rang social, du moins s'apparente-t- elle ~t celles de gardiens de forteresse au service de nobles titr6s, de regidores ou de chevaliers d'ordre militaire relev6es en Estr6madure de 1504 ~t 1510 et qui oscillent entre 50.000 et 488.000 m. Bien qu'61ev6e, elle se situe n6anmoins ~t un niveau tr~s bas dans l'6chelle des fortunes du groupe des caballeros, laquelle peut atteindre 5.000.000 m. (Gerbet 1979:300-7). Or, les fortunes se divisent tr~s rapidement: les biens de l'6pouse lui reviennent ~t la mort de son mari et les enfants se partagent l 'autre

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T a b l e a u 1. F o r t u n e et det tes d u cheva l i e r de C a r r i 6 n , de M a r i a de Avalos , des e n f a n t s m i n e u r s ( 1 4 7 9 - 8 3 ) et de F e r n a n d o de Car r i6n (1498). T o u t e s les s o m m e s d ' a r g e n t son t expr im6es en m a r a v e d i e s (m.), la m o n n a i e de c o m p t e cast i l lane.

1 4 7 9 - 1 4 8 0 1498

Alonso de C a r r i 6 n M a r i a de Ava los F e r n a n d o et E lv i r a F e r n a n d o F o r t u n e s (menor es ) ( menor )

Biens fonciers : 34 terres, 1 v igne 43.645 m. 43 .645 m. 3 v ignes , 1 terre 63.099 m. 63 .099 m. 6 v ignes (es t imat ion) 71.100 m. 71.100 m. (71.100 m. : 2)

T o t a l 177.844 m. 106.744 m. = 35.550 m.

Biens i m m e u b l e s : m a i s o n s ~ T a r a c e n a 65.000 m. 65 .000 ml m a i s o n m i t o y e n n e G u a d a l a j a r a 129.000 m. v e n d u e

T o t a l 194.000 m. 65 .000 m.

Biens meub le s : 86 .970 m. 40 .207 m. v e n d u s

A r g e n t l iquide 20.715 m. 3 .890 m. 150.175 m. 31.960 m.

A n i m a u x 13.000 m. v e n d u s

T o t a l 492.529 m. 215.841 m. 221.275 m. 67 .510 m.

De t tes :

De t t es aupr~s de: M e m b r e s de la famil le 42.125 m. 10.125 m. Prf i teurs sur gages 32.737 m. 29.548 m. Ins t i t u t ions religieuses 30.500 m. 2.185 m. T o t a l 107.232 m. 42 .228 m.

partie du patrimoine. Aussi, les fortunes de Maria de Avalos et des menores, par ailleurs sensiblement 6gales, ne repr~sentent elles que 43,8 et 44,9% du patrimoine initial, tandis que celle de Fernando ne serait plus ~quivalente qu'~ 10% de celui-ci, si les biens fonciers fitaient partag6s entre les deux menores ou si l'~quivalent de la part lui revenant ~tait vers~ ~t Elvira.

L a fortune de la veuve du chevalier cor- respond ~ sa dot (200.000 m.), dont Alonso de Carridn ordonne le remboursement et

au douaire (arras), donn~ par l'~poux au moment du mariage et fix~ par la loi la dixi~me partie de sa fortune. Dans ce cas pr6cis, on en ignore le montant exact, le chevalier l 'ayant laiss6 ~ l 'appr~ciation de ses ex~cuteurs testamentaires, eertains des biens meubles c~d~s /t Maria de Avalos n'6tant pas 6values et celle-ci retenant de plus une partie des biens de ses enfants.

Outre les biens restitu6s ~ leur m+re, il convient de retrancher ~ la fortune des menores les dettes contract~es par le cheva-

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39 °/o

36 °/o

Alonso de Carri6n

17,5 %

4,2 %

52°/" ~ 18%

1,8 %

Maria de Avalos

31,6 o~ /O

i8,3 %

~ - ~ Biens fonciers

Biens immeubles

Biens meubles

m Fernando et Elvira / Argent

Figure 1. Distribution de la fortune du chevalier de Carrie)n, de Maria de Avalos et des enfants mineurs, selon la nature de leurs biens (1479 83).

lier, la raret~ de l'argent liquide et la ten- dance de la noblesse/~ vivre au-dessus de ses moyens pour maintenir son rang entrainant un endettement syst6matique. Certaines sommes, et notamment les legs et chapel- lenies dus /~ des institutions religieuses sont en principe n~glig~es par les hdritiers. Francisco de Carridn rembourse seulement une partie des dettes de son fr~re, qu'il

destine aux paiements les plus urgents et, afin d'obtenir de l 'argent frais, vend des biens meubles ainsi qu 'une maison mi- toyenne (sans doute la maison familiale de Guadalajara dtant donnd son prix).

Les terres constituent l'essentiel de ces fortunes: elles composent de plus du tiers ~t la moiti~ du patrimoine du chevalier, de sa veuve et de son ills et un peu plus du tiers de

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celui de menores. Avec les biens immeubles, qui occupent une part l~g6rement inf~rieure, elles repr~sentent par consfiquent les trois quarts ou plus de la fortune du chevalier et de Maria de Avalos. Le mobilier tient une place relativement importante dans leur patri- moine respectif, tandis que celle de l 'argent liquide est infime. En revanche, la fortune des menores se compose essentiellement d'ar- gent non place, destind aux divers rem- boursements et aux frais de leur ~ducation.

La production et les revenus fonciers Alonso de Carri6n poss~de, outre la maison familiale de Guadalajara, qu'il partage avec son fr+re Francisco, des fermes et des terres

Taracena, village du finage situ~ dans la r6gion de la Campifia. Ces terres, deux vergers, un pigeonnier et une basse cour qui produisent les aliments n~c~ssaires ~t la subsistance de la famille (c~r~ales, huile, fruits et l~gumes, volailles, charcuterie) fournissent la majorit6 des revenus du chevalier et la totalit~ de ceux de Maria de Avalos et des menores. Le patrimoine foncier, de type mixte, se compose de vignobles de petite dimension (neuf vignes, de 500 /l 3.000 ceps, un total de 15.000 ceps) et de terres de labours plus ~tendues (trente cinq terres, de une ~t dix fan~gues, totalisant 126 fan+gues, soit 80,64 hectares)5; ces parcelles comprennent un plant de cerisiers, un champ d'oliviers et deux terres complant~es d'oliviers (vingt pieds au total).

A la mort du chevalier, ces biens sont divisds entre Maria de Avalos, qui re~oit la part la plus importante (les fermes, l'en- semble des terres de labours et quatre vignes) (4.000 ceps) et les menores, auxquels revien-

nent les six vignes restantes (11.000 ceps). Comme la majorit~ des propri~taires fon- ciers de la ville, Alonso de Carridn puis son fr+re, exploitent ces terres en faire-valoir direct et les destinent gt des cultures com- merciales (vignes et c~r~ales), ~t l 'exception des ann~es 1487 et 1492 ~t 1495, ot~ les vignes sont en partie ou en totalit~ c~d6es en m~tairie (mediaderfa) et d 'une terre, louse pour la culture saisonni~re de melons (elle rapporte 1.000 m. et quinze melons). En plus de ces terres, Alonso et Francisco de Carridn exploitent en 1479, 1481 et 1485 des terres de labours appartenant ~ Men Rodriguez de Zffi iga e ce qui leur permet de doubler leurs production et revenus c~r6aliers. L'inven- taire d'aofit 1479, par consequent juste apr~s les moissons et compte tenu de la production des terres louses, mentionne en effet 610 fan+gues de c~r~ales (70 d'avoine, 280 d'orge et 260 de bl~); en 1481, les terres de Men Rodriguez de Zffi iga produisent 340 fanagues (306 fan~gues, une fois la dime retranch~e: 110 fan+gues d'orge, 187 de bl~, 43 de seigle) et la production des terres du chevalier oscillerait entre 337,28 et 506 fan~gues, selon le r6gime d'assolement (300 et 456 fan~gues, apr~s le prdl~vement de la dime) 7. Les revenus fonciers th6oriques du chevalier seraient approximativement de 30.000 ~t 45.000 m. (de 15.000 fi 30.000 m. de c6r~ales, selon le cours du march~, lequel varie alors de 50/t 100 m. et plus, 12.000 m. environ de raisin en 1481, 1.360 m. d'huile, 620 m. de paille), et de 45.000 ~t 75.000 m. avec la production des terres de Men Rodrig6ez de Z(afiiga. Par contre, les reve- nus des menores ne ddpassent pas 5.632 m. en moyenne de 1482/~ 1498.

En tout dtat de cause, le maintien d 'un

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cer ta in r ang social, les frais domes t iques

(a l imenta t ion , hab i l l ement , ~ducat ion, ser- v i teurs) et agricoles ainsi que les imp6ts indirects (alcabala, dime) don t les nobles ne sont pas exempt~s, abso rben t une g r a n d e pa r t i e de ces revenus. L e u r totalitd en ce qui concerne ceux des menores : l ' dduca t ion (deux ans en nourr ice , l ' ense ignemen t donn~ p a r des mai t res de G u a d a l a j a r a , q u a t r e ans d '~ tudes ~t S a l a m a n q u e ) , l ' a l i m e n t a t i o n (23.000 m.) et la ga rde robe du j e u n e Fer- n a n d o r evenan t en d ix-hui t ans / t 72.823 m., soit une m o y e n n e annuel le de 4.045 m. Les d~penses d~passent l a r g e m e n t les seuls reve- nus fonciers et Francisco de C a r r i dn a v e n d u une par t ie du p a t r i m o i n e afin d '~ lever son neveu et sa nifice scion leur rang. Aussi, p o u r m a i n t e n i r leur t ra in de vie, mais encore, dans le cas de Alonso de Car r idn , p o u r ob ten i r des profits plus substantiels , le cheval ie r et son frkre exploi tent- i ls en plus de celles de leur pa t r imoine , des terres qu ' i ls louent . Toutefois , cette p r a t i q u e est ir- r~guli+re dura 'n t la curate l le de Franc i sco de Car r i6n et on ne sait m a l h e u r e u s e m e n t pas si le cheval ie r y a eu recours de man i~re syst~mat ique.

Les biens meubles

Le p a t r i m o i n e mobi l ie r c o m p r e n d un g r a n d n o m b r e d 'ob je t s : meubles , ~l~ments d~co-

ratifs et l inge de maison ou atavfos de casa, effets personnels, ustensiles de cuisine, a rmes , harna is et bijoux. U n e par t i e p rov i en t du t rousseau (ajuar) de la j e u n e mar ine qui repr~sente scion les cas du q u a r t au sixi+me de la dot et se compose en major i t~ des atavios de casa et de vfi tements et pi~ces de

tissu dest in ies tt l ' h ab i l l em en t de l a - j eune

f emme : la liste des biens resti tuds/l M a r i a de Avalos men t ionne pa r exemple une al- h o m b r a que fue del axuar , estim~e 4.000 m.

Certains articles sont pa r t i cu l i~rement

raffin~s et p rev iennen t des meil leurs centres de fabrication. L a noblesse cast i l lane est r~put~e pour sa c o n s o m m a t i o n d 'ar t ic les de luxe, auxquels les caballeros consacrent une plus grande pa r t de leur for tune com- pa ra t ivemen t /~ la hau t e noblesse. Ce luxe se refl~te dans les atavfos de casa et la garde

robe, lesquels repr~sentent l 'essentiel du pa t r imoine mobil ier . Celui du cheval ier et de son ~pouse se d6compose c o m m e suit:

Tableau 2. Distribution des biens mobiliers du che- valier de Carri6n et de Maria de Avalos, selon leur nature (1479-83). Toutes les sommes d'argent sont exprim~es en maravedics (m.), la monnaie de compte castillane.

M a de Avalos Alonso de Carrign

Meubles 4.031 m. 5.287 m. 10% 6%

Atavios de casa : Elements

d~coratifs 16.861 m. 46.692 m. 41,9% 54,2%

Linge de maison 15.515 m. 20.015 m. 38% 23,2%

Garde robe 3.000 m. 5.882 m. 7,4% 6,8%

Ustensiles de cuisine 800 m. 1.424 m.

2% 2%

Bijoux 7.410 m. 7,6%

Autres 200 m.

Total 40.207 m. 86.970 m.

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- L e mobilier se limite ~t quelques tables (quatre), des bancs (dix), des chaises (quatre, dont deux au dossier sculpt6) et des coffres

"o~ ranger les v~tements (trois rnalles, dont deux garnies de cuir noir et dix-sept coffres en peuplier, noyer, pin ou cipr~s, neuf d 'entre eux tapiss6s de tissu vert ou bleu et trois garnis de cuir et de ferrures de Flan- dres); une estrade (estrado) garnie de cous- sins et de tapis constitue la principale piece du salon. - Les atavfos de casa qui repr~sentent la plus grande part des biens meubles se composent d'616ments d6coratifs apportant un certain confort et de linge de maison : dix-huit tapis de sols (alhombra), quatre tentures (repostero), l 'une fran~aise, cinq tapis destin6s ~t re- couvrir des bancs et des banquettes de pierre (bancal, poyal de alhombra), deux carpettes (alcatifa), neuf nappes, (mantel), sept nap- perons pour corbeilles de fruits Orrutero), trois ensembles de lit (cama), huit couvre- lits (colcha), trois couvertures, quatre mate- las, soixante oreillers et coussins (almadraques, almohadas), douze paires de draps (sabanas). L'inventaire ~num+re 6galement un certain nombre de pi~ces de tissu (lin, ~toupe, velours rouge et drap de couleur). - La garde robe. L'6valuation est incomplete et l 'on peut penser qu'elle rev~t au moins autant d'importance que les atavios de casa. Elle se compose des effets du chevalier et de son 6pouse, parmi lesquels figurent:

- Du linge de corps: une chemise et deux pourpoints (jub6n) pour le chevalier; deux chemises et des jupons OCaldillas, faldetas) pour Maria de Avalos.

- D e s habits para vest# a cuerpo: trois habits longs (sayo) pour le chevalier; quatre pour son 6pouse (brial).

- D e s habits de dessus: un manteau ~t capuche (albornoz), un tabard (tabardo) et une cape pour le chevalier; deux robes (mongil) et un manteau (manto) pour Maria de Avalos.

On dispose de plus de la liste d 'habits con- fectionn6s pour Fernando tout au long de son enfance. C'est un tout jeune enfant la mort de son p~re, alors probablement ag6 de quatre ou cinq ans et sa garde robe se renouvelle en fonction de sa croissance. Jusqu 'en 1484, il reqoit annuellement deux chemises, un pourpoint et un sayo de toile ordinaire (lienfo, buriel de Cuenca); des chausses ~t partir de 1485, en 1487 un sayo ou un manteau s 'ajoutent annuellement ~t cette liste ainsi que dix ou douze paires de chaussures et, en 1491 et 1496, un habit d '6tudiant (loba), la qualit6 des vfitements s'am61iorant progressivement.

La garde robe, ainsi que de nombreuses pi~ces de linge sont confectionn6es dans les meilleures 6toffes, parmi lesquelles de luxu- eux tissus d' importation. Ce sont celles que la noblesse appr6cie le plus:

- D e s soies: brocard (un pourpoint), damas (une ceinture, un couvre-lit), et principalement des velours (unsayo , un mongil) et des soies et satins (un pourpoint, un sayo, un brial, des napperons et des coussins), tissus qui valent de 800 ~t 900 m. la vara s (Bernis 1978a: 22).

- D e s draps de laine: de Flandres (des jupons, un tabard, un couvre-lit, des cous- sins, huit paires de draps), de Rouen (un mongil, un brial, des jupons), de Florence (un brial), de Londres (un tabard, unsayo; un manteau et les manches d 'un sayo pour

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Fernando, valant 2.200m.), de Courtrai (une cape, un brial, un tabard, un manteau; une loba et un pourpoint pour Fernando 1.980 m.), aux prix de 340 ~ 700m. la vara (Bernis 1978a:24) et des draps teints de grenat, lesquels figurent parmi les plus somptueux et les plus co6teux (un brial de grana de Florencia), de 1.000 ~ 1.900 m. la vara; de la cordelate enfin pour les chausses et les jupes.

- Du lin et du coton, pour les chemises, les habits d'6t6, le linge de maison: la olanda, toile fine de coton (une chemise, un couvre- lit et douze oreillers), de 170 ~ 240 m. la vara; le lin (des nappes, quatre paires de draps), lefustan, de lin et de coton, de 60 ~t 80 m. la vara et la bretaha, toile de coton plus ordinaire (un couvre-lit deux oreillers, deux paires de draps), de 28 ~t 55 m. (Bernis 1978a:24-6).

Cette garde robe re16ve en outre de la der- ni6re mode du royaume, elle comporte des habits et accessoires de garnitures ~ la mauresque, alors adopt~s par la noblesse: des chemises de type mauresque, un quizote ou sayo de toile fine pour Fernando, un albornoz; parmi les ornements vestimen- taires les plus cit6s figurent les bandes (tiras), rubans et cintures (cintas,fajas) d 'une autre 6toffe et couleur, appliqu6es aux v~tements (une cape de Courtrai garnie de satin mordor6, un mongil de Rouen garni de velours noir, un brial ~ six ceintures de satin noir, des jupes blanches ~ ceintures de velours noir, oujaunes , de Rouen ~t ceinture de damas violet). Le linge de maison mfime est orn6 de parements de couleur (des draps et des napperons ~ rubans noirs ou violets).

Les habits de Maria de Avalos sont

d6cor6s de vertugadins dont l 'apog6e se situe dans les ann6es 1470-80 (Bernis 1978a:42), armatures d'osier recouvertes de toile et appliqu6es au bas du brial ou aux jupes, il s'agit en ce cas de ceintures de toile en relief (verdugos) (un brial de Courtrai

vertugadins de satin argent6, un brial de satin noir ~ verdugadins de velours noir un brial rouge ~ vertugadins de velours noir, des jupes de cordelate rouge ~ vertu- gadins de velours noir).

- Les ustensiles de cuisine d'ailleurs retenus pour la plupart par Maria de Avalos com- prennent des pofilles (cinq), des broches (huit), des bassines (deux), des marmites (trois), des chaudrons (cinq), deux mortiers, deux pelles ~t pain et des couverts, dont un coffret de couteaux de Medinaceli.

- Signe de richesse, l 'argenterie et les bijoux qui constituent un placement ne repr~sentent qu 'une faible part du patrimoine du cheva- lier, ils sont en outre engag6s pour la plupart: huit bracelets en or (manillas) d 'une valeur de 4.500 m., une parure de perles (gambax con perlas e aljofar), trois bagues en or, orn6es d'un rubi, d'une turquoise et d 'un diamant, ainsi qu'un plateau d'argent. -Livres . En dehors des biblioth6ques des hommes de lettres et de ceux des letrados, les livres figurent rarement dans les inventaires, celui du chevalier n'en mentionnant aucun. Son ills Fernando en poss6de par contre trois: Francisco de Carri6n fait en effet l'acquisition, pour compl6ter la formation de son neveu de la premi6re grammaire de langue vulgaire, l'Arte de Nebrija, d~s 1492, ann6e de sa publication (elle co6te 93 m. et 35 m. de reliure), ainsi que d 'un Terence et d 'un Virgilio (469, 5 m.)

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Alonso de Carridn et son dpouse main- tiennent comme on le voit un certain train de vie qui les oblige 5. des d~penses "incom- pressibles", d'ordre essentiellement vesti- mentaire et d6coratif. Cet impfiratif pour les nobles, 5. fortiori les caballeros et hidalgos, de tenir leur rang cr~e au niveau local un march~ de consommation et favorise l'essor d 'une production manufactur~e diversifi~e et sp6cialis~e. Les articles inventories dans ce document renvoient 5. une multi tude d'offices que l'oligarchie urbaine a con- tribu6 5. faire prosp~rer et dont les ordenanzas de la ville r6dig~es d~s 1341 et dans les ann~es 1490 fixent les normes: tisserands de toiles (texedores de lienfo), tailleurs (sastres), fabricants de pourpoints, de robes et de chausses (l'uboneros, sayaleros, calceteros ), save- tiers (zapateros), bottiers (borcequeros), tan- neurs (curtidores), corroyeurs (zurradores), peaussiers (pellejeros), teinturiers (tintoreros), bourreliers (cabestreros), sp~cialistes en ouver- tures et lacets de cuir (agujeteros), doreurs, orf~vres et argentiers (plateros). De m~me, la consummation nobiliaire et le d~veloppe- ment d'une production marchande noble favorisent-ils la circulation mon~taire et les ~changes commerciaux: Des marchands sont dtablis ~ Guadalajara ou viennent collecter les produits de son finage, tel Pedro de Toledo, mercader, qui acquiert rfiguli~rement la majorit~ de la production c~rdaliere et viticole du chevalier. Parmi les couches moyennes urbaines qui apparaissent 5. travers ce document - artisans, boutiqui- ers, pr~teurs sur gages, juifs pour la plupart, et marchands - , se profile enfin la figure du lelrado auquel la complexit~ des taches administratives conf~re un r61e croissant dans la soci~t6. Issu de la noblesse, comme

l'est Fernando de Carridn, ou y ayant acc+s s'il est roturier, comme pouvait l'6tre son grand-p6re Fern~n Gonzalo, il peut obtenir une position confortable.

Si ce document exprime la pr6carit6 de la situation sociale du noble - sa carri6re d6pend du niveau 6conomique et social du lignage et de sa place dans celui-ci, facteurs qui conditionnent 5. leur tour ses possi- bilit~s de promotion sociale - , il refl~te aussi la part croissante de la competence. Alors que le patrimoine de Fernando est modeste et que ses revenus n'assurent pas sa subsistance, la formation universitaire qu'il reqoit lui ouvre une voie civile qui peut lui permettre de "faire carri6re": les souve- rains font de plus en plus appel/~ des hommes comp~tents et r6servent l'acc~s de la haute administration aux letrados. La trace de Fernando dans les actes municipaux se perd malheureusement apr~?s 1498, mais peut- fitre n'est-ce pas 15. le hasard de la docu- mentation car une haute situation suppo- serait pour lui l'61oignement de Guadalajara.

Notes

AMG. Archivo Municipal de Guadalajara. AGS. Archivo General de Simancas. RAH. Real Academia de la Historia. 1 AMG. Leg. 37a. Transcription: Mignot 1984: 472 -540. 2 AMG. Leg. 84 (27/VII/1454; 25/I/1475). Leg. 21a (10/XII/1459). RAH. Col. Salazar y Castro. M. 124. fos. 170-172 (30/IV/1477). AGS. Registro del Sello. 1477. f. 156.

Tr~s probablement Luis de la Cerda (ills de Leonor de Mendoza de la Vega et dc Gaston de la Cerda, IV~me comte de Medinaceli), V+me comte de Medinaceli et seigneur de Cogolludo, auquel les rois Catholiques octroient le titre de duc de Medina- celi le 31/X/1479. 4 A partir de 1486, Francisco de Carridn r6tribue

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r6guli~rement un sacristain, un bachiller puis un notaire pour l '~ducation de son neveu. En 1495, celui-ci d~cide de lui-mfime d'aller ~tudier ~t Sala- manque: "se fue e dixo que a Salamanca". 5 La fanega, unit6 de superficie : 64 ares.

mesure de capacitY:52.2 litres. e A l c a f d e ' d u due de l ' Infantado ~t Hita.

Le r~gime d'assolement 6tant alors de deux ou trois soles, la superficie annuellement productrice des terres du chevalier serait de 42,16 ~t 63,25 fan~gues et la production, selon un rendement moyen de huit fan~gues, de 337,28 ~t 506 fan~gues de c6r6ales (Salomon 1964:240). s La vara: 836 mm.

Literature

Aimirante, J . 1869. Diccionario militar. Madrid. Bernis, C. 1978a and b. Trajes y modas en la Espafia

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Castille. Etude sur ses structures sociales en Estr~- madure de 1454 ~ 1516. Paris.

Mignot, C. 1984. Une r~gion de Nouvelle Castille au XV~me si~cle: l 'Al~arria; Hita, Guadalajara, Huete. Th~se de 3~me cycle. Dactylographi~e. Paris.

Salomon, N. 1964. La campagne de Nouvelle Castille la fin du XVI~me si~cle. Paris.

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