Un écrivain français 2,50 - Petit Prince Collection · Problèmes émotionnels et obésité Des psychiatres et des sociologues répondent à cette question : « Pourquoi mangeons-nous

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  • UNE SLECTION FRANAISE D'ARTICLES ET DE LIVRES D'UN I NTR~T MONDIAL

    * Anatomie de la femme jalouse, par Marcel Achard, de l'Acadmie franaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

    * Quand un Amricain de Pa:ris s'installe Washington, par Art Buchwald . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

    * Le dernier vol de Saint-Exupry, par Gilbert Prouteau . . . . . . . . . . . . . . 10

    * A quoi sert l'histoire, par Andr Maurois, de l'Acadmie franaise..... 37

    Comment les Franais voient l'glise catholique..... . ......... 6 Les disparitions mystrieuses . . . . 15 La baleine, ce monument des mers. 21 Maeterlinck !'oubli . . . . . . . . . . . . . 27

    Problmes motionnels et obsit

    Des psychiatres et des sociologues rpondent cette question : Pourquoi mangeons-nous trop? (p. 32.)

    La terrible histoire de Bogdan Stachinsky, espion sovitique.... 40 Les secrets du peuple basque .... . 46 Un traitement rvolutionnaire des: ulcres d'estomac. . . . . . . . . . . . 54 Un fauve dompt : Maurice de Vl;tminck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Prdiges de l'odorat chez les in-sectes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

    le blul qui a sauv Moscou Les Panzer allemands fonaient vers Mos-cou et, pendant ce temps, Joukov coutait des disques... (p. 71.)

    Pierre Desgraupes et Pierre Du-mayet ont lu pour vous. . . . . . . . . . 90 Sciences pour Tous . ............. 96

    Le couple, une nouvelle de Marcel Aym. . .................. . ....... 74

    e Le mot de la fin, un roman d'Ellery Queen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

    Les jeux du mois : 36. - Esprit, es-tu l ? : 39. - Maths sans chec : 94. - Faons de parler : 1 l l. - De vous nous : 1 1 4.

    UN LIVRE CONDENS :

    La case de l'Oncle Sam

    par Henri TROYAT de l'Acadmie franaise.

    Un crivain franais la dcouverte de l'Amrique et des Amricains. (p. 78.)

    DICEMBRI 2,50 NF 1962

    N 108 MEN SUE l

    (250 fr.) ltran&er : BELG. : 20 francs B. SUISSE : 2,50 francs S. ITALIE : 300 lires.

    Un traitement rvolntionn3i1e des ulcres d'estomac (~oir page 54 .)

  • Le dernier vol Aprs l'armistice de juin 1940, Saint-Exupry . se

    replia d'abord en Tunisie. Il esp.rait y poursuivre le combat avec ses camarades du groupe de reconnaiS-sance arienne 2133. Il comprit bien vite que c'tait impossible et revint en France pour y prendre la ten- ,

    1 prature des milieux vichyssois. Il la trouva trop tide pour son got, n'tant point homme s'installer dans la dfaite.

    De Gaulle le laissait rticent. Il craignait, en s'en-gageant dans les rangs ,de la F.rance libre, d'avoir 'ie battre contre d'autres Franais. Aprs cinq mllis d'hsitatfons et de dsarroi; Saint-Exupry prit le che-min des Etats-Unis.

    Il crivit Pilote de guerre dans le vacanne et la cohue d'uri petit restaurant new-yorkais. Le livrr. parut en fvrier 1943 et fut trs favorablement accueilli par la critique et le public amricains. Saint-Exupry reprit sa plume et composa la Lettr~ ' Otage et Le Petit Prince. ,

    Mais un nouveau cas de conscience se posait lui : pouvait-il se. contenter de moissonner des lau-riers . littraires quand on souffrait et mourait dans son pays ? Au mois d'aot 1943, n'y tenant plus, il par-tit pour Alger. Les mdecins militaires 'le jugrent inapte voler.

    Il lui fallut entreprendre d'interminables dmarches pour obtenir le droit de se battre. Le droit de mourir. On finit par lui donner satisfaction ... Avec un lyrisme qui n'est point sans rappeler celui de l'crivain-avia-tcur, Gilbert Prouteau nous dcrit les derniers jours du commandant de Saint-Exupry.

    AUJOURD'HUI, je suis fl"iste, profondment triste - et

    en profondeur - , je suis triste pour ma gnmtion, qui est vide de toute substance humaine, qui n'ayant connu que le bar, les mathmatiques et les Bugatti comme forme de vie spirituelle se trouve aujourd' lwi dans une action . strictement grgaire qui n 'a plus aucune couleur ... Il n'y a qu'un problme, un seul de par le monde. Rendre a11x hommes une signification spirituelle, des in quifl!des spirituelles. Faire pleuvoir sur e11x quelque chose qui ressemble zm chant grgo-rien.

    > On ne peut plus vivre de r-frigrateurs, de politique, de bi- /ans et de mots croiss, voyez-vozzs ! On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans posie, cou-leur ni amour. Rien qu' en-tendre un chant villageois du Xl" sicle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande. Deux m illiards d'hommes n'en-tendent pllls que le robot, se font robot ... >

    Le commandant de Saint-Exupry souffle, s'accoude, repousse les feuilles parpilles devant lui et avance jus-qu' la fent re . Dehors, la nuit vio-

    10

    lette et parfume, ch arge d 'insectes , de rumeurs et de parfums. Au loin, le bourdonnement de la mer latine sur les galets. Les rampes rouges de l'aro-drome. Le halai d'or d'un projecteur fouille le eiel et la nuit. Antoine de Saint-Exupry revient sa table, al-ltune une cigarette et s'irnsiecJ lourde-ment. La chaise craque sous son poids. Ce prophte lyrique a des men-surations d'haltrophile ; cent kilos pour un mtre quatre-vingt-cinq. II tire deux ou trois boi1ffes et le crayon crisse sur la page blanche.

    Il fazzt absolument parler allx hommes,

    .4. qlloi servira de gagner la gzzerre si nous en avons pozzr cent ans de crise d'pilepsie r-volutionnaire ? Quand la qzzes-tion allemande sera enfin rgle, tous les problmes vritables commenceront se poser ...

    1\1 . de Saint-Exupry se relve, sai-sit une serviette et essuie la sueur qui lui pique les yeux. La chambre est moite. Les voix du silence nocturne se multiplient : chiens, oiseaux, ra-dios, appels dans la nuit. M. de Saint-Exupry ouvre le robinet du . lavabo, y plonge sa tte exsudante, s'broue et revient sa table. Il remonte le vieux pantalon amricain qui flotte ses hanches, crase son mgot, fume son stylo.

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    L'homme d'aizjourd'hui, on le fait tenir tranquille selon le

    . miliell, avec la belote ozz avec le bridge. Mais je hais cette poque o l'homme devient, sous 1m totalitarisme universel, btail doux, poli et tranquille. On nous a fait prendre a pour zzn pro-grs moral. C,; que je hais dans le marxisme, c'est le totalita-risme quoi il conduit, L'homme y est dfini comme producteur et consommateur, le problm e essentiel est celui de la distribu-tion. il in si dans les fermes ino-dlcs.

    Dieu qu'il fait chaud ! Et cette 111i1sique discordante qui ne s'arrte pas. La voix des robots ...

    Antoine de Saint-Exupry marche pesamment travers la chambre. Un ~ventaire, un bric--brac. Une in-puisable source d'anecdotes pour ! mess, que cette chambre. Les paquets de cigarettes ventrs s'miettent sur Zarathoustra, le fil beige effrang du rasoir lectrique serpente iles che-mises kaki aux brouillons des rap-ports . Le linge sale s'empile sous la fentre gauche du lavabo. Du portefeuille s'c!iappe un vrac de billets de banque et de lettres uses.

    Un jeu de cartes est parpill sur le polochon. Dans .l'angle derrire la porte, une petite valise bleue. Il y

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    jette un regard d'amoureux inquiet. La petite valise bleiJe contient quelques centaines de pages ; le ma-nuscrit connnenc il y a dix ans, cette somme dont iJ dit : Auprs de cet (crit, tous mes autres livres ne sont que des exercices .

    Sur la valise, un ordre de mission pf\ le ventre en l'air.

    --- a m'est bien gul d'tre tu en guerre.

    La main nerveuse coud au galop de la penst'.~e. La table gmit sous l'aYant-bras inassif et velu.

    De ce que j'ai aim, 1/111? res-te.ra-t-il? A 11 lant que des ll'es, je parle des coutumes, des into-nations irremplaables, d'une certaine lumiere spirif1;elle. Du djeuner dans la ferme proven-ale sous les oliviers, mais aussi de Hndel. Les choses je -m 'en fous qui subsisteront. Ce qui vaut, c'est un certain arrange-m ent des chses. La civilisation est un bien invisible puisqu'elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l'une ' l'autre, ainsi et non autrement. Nous allrons de parfaits instruments musique distribus en grande srie, mais o sera le musicien ?

    Si je suis tu en guerre, je m'en moque bien.

    Le commandant de Saint-Exupry relit sa dernire phrase, hausse ses paules de forgeron, rejette sa vieille culotte amricaine, libre le polochon du jeu de cartes, et s'tend dans tin long soupir.

    Un patriarche de quarante-trois ans

    DFPt 1s des mois, Antoine de Saint-Exupry voit s'allumer chaque aurore au soleil dur de la .Mditerra-ne. L'Algrie, le Maroc, la Tunisie, la Sardaigne et maintenant la Corse. Oujda, Alghero, Borgo. Mais il n'y a gure que quelques jours que cette chaleur est lumire. Voil trois se-maines qu'aprs aYoir suppli. insist, conjur, la grande joie qu'i! appelait de tous ses vux lui a enfin t ac-corde. Accorde, mais chicane, me-sure, comptabilise comme une solde avec retenue pour la retraite. Depuis des mois, il ronge son frein. pitine, intercde, mobilise ses amitis, son prestige, ses tats de senice, ses rela-tions.

    Tout- aviateur g de plus de trente-cinq ans ne peut plus tre pilote de guerre .. . A Naples, pendant des jours et . des jours, escort de son ami, le colonel Chassin, il a fait antich

  • 1 SAINT-EXUPERY]

    - Et, il y a deux mois, quand il a pris feu au-dessus de Toulon ?

    - Dix fractures du crne. - Une paule ankylose .. . - Le cur fatigu .. . Il tait temps qu'il s'arrte. Et

    tous les copains se rjouissent. Cette fois, c'est fini. Demain, cette heure-ci, Saint-Ex ne pourra plus voler.

    Voil beau temps gu'est dpass le chiffre de cinq miss10ns accordes au commandant de Saint-Exupry. Demain, ce sera son huitime vol. Cette cadenee inhabituelle, ses chefs, ses camarades ont dcid d'y mettre fin. Et comme, moins d'emprison-ner Saint-Exupry, on ne l'emp-chera pas de voler, ils ont mobilis le rglement. .

    Un rglement qui prvoit que tout pilote au courant de la date et des mo-dalits du proche dbarquement sera interdit de vol. Les services amri-cains avaient jug qu'un pilote con-traint l'atterrissage el fait prisonnier pouvait sous la torture et les svices lcher le rnorceau . Or le secret ab-solu est la premire condition de la russite du dbarquement.

    L'tat-major amricain a dcid que le commandant de Saint-Exupry se-rait mis dans le secret du dbarque-ment du 1"' aot.

    Saint-Exup(~ry poussa la porte du bar et, de son pas lourd et chaloup, aYana jusqu'au comptoir. Les tempes dgarnies, les yeux gonfls, le ventre lourd resserr dans son battle-dress, les poches dbordant de crayons, de papiers, de cartes, il pose une main fraternelle sur la premire paule qui s'offre lui. Alors, les gars ? Les conversations se sont touffes son approche et ceux qui l'instant d'avan1 d bridaient leurs confidences a tten-dries composent leur visage. Ceux-ci boivent en silence, ceux-l lancent leurs ds, d'autres s'envoient de joyeuses hourrad~s ' Saint-Exupry renifle l'insolite de cette animation factice.

    - On vous emmne au bal des Sablettes, commandant ?

    - .Je ne danse pas. - Vous apprendrez. - .Je pars demain 8 heures et

    demie. -- On rentrera de bonne heure !

    Maman, rassurez-vous !

    A 1 x Sahlellcs. le eornmandant de ''-\. Sa inl-Exup.le voudrais tellement vous rassurer sm moi et que vous receviez ma lettre . .le vais trs bien. Tout fait . Mais je suis tellement iTiste de ne pas vous avoir revue depuis longtemps. Et je suis inquiet poul' vous, ma vieille petite maman chrie. Que cette poque est mal!zeureuse. Quand sera-t-il possible de dire qu'te de France Yibrait, grandissait, devenait fontaine de lmnires.

    Saint-Ex appuya sa nuque au sige et commena cette profonde mdita-tion du vol o on savoure une esp-rance inexplicable. Il pensa aux ami-tis, aux filles. aux nappes blanches, tout cc qui lentement s'apprivoise pour l'ternit.

    L'itinraire qui lui tait assign, c'tait un double survol de l'enfance dans l'espace et dans le temps.

    S'il descendait en piqu, il retrou-Yerait les sentiers 1leuris qui menaient sa junesse, les moutons, les chvres, les m ontagnes. Tout ce monde enfoui, embaum, clans la m moire et qu'il est en train de dfendre et de recon-qurir.

    l\Iais on ne meurt ni pour des mou-tons, ni pour des chvres, ni pour des montagnes. On meurt pour sauver l'invisible lien qui les noue et les change en dem eure, en empire, en visage reconnaissable et familier.

    Le soleil montait dans un ciel cla-tant, allumait les maisons el les sources, rayonnait sur l'ambre et l'or des plaines grasses, allumait des re-flets sur les gtes, les limons et les torrents . Des bergers levaient les yeux vers ce ronron, se demandaient s'il portait dans ses flancs l'apocalypse espre et redoute. Ce matin, des petites filles se baignent dans les criques. les jardins de Heurs embau-ment d'humbles maisons. Et pourtant dans chaque maison manquait un ro-buste garon qui se ballait du et du Vercors ou de la Normandie, ou qui reposait sous. une croix coiffe d'un casque rouill dans nos cime-tires de Lorraine ou d'Italie. Et dans chaque 1naison on souffrait de l'ab-sence et de la faim. On attendait. On attendait ce dluge de fer et de feu qui n'allait plus tarder maintenant fondre sur ce pays.

    Mais je rve, Bon Dieu ! Je rve ! Le commandant de Saint-Exupry tapote le tableau de distri-

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  • ! SAINT-EXUPERY] Le Folke-,Vulffe qui escortait le

    Messerschmitt dans le ciel d 'Ajaccio avait vu le fuselage et les deux queues jumelles du Lightn ing. Il s 'tait rapi-dement dtach de son compagnon. Il savait que cet avion-espion, comme on disait la L uftw affe, inaccessible aux grandes hau teurs, devenait trois mille mtres une proie facile. Vitesse gale et a rmement nul. Il fondit, les ailes vibrantes et les serres

    Les vocations aident l'homme se dlivl'er. Le ;eu de la vie et de la mol't est' sans signifi-cation.

    Midi cinquante. - Ga\oille est l, et Leleu, et les mcanos, et les pi-lotes.

    Retour prvu aux environs de 13 heures.

    1:1 lz. 15 . ..:_ On plaisante. Il a dl

    Saint-Exupry et sa femme dans leur appartement de Paris.

    ouvertes sur ce, gibier inoffensif. Joli tableau ,de chasse annoncer au retour d'Aix.

    Adieu',. vous que j'aimais. On croit que l'homme peut s'en aller droit devant soi . . On croit que . l'homme est libre. On ne voit pas la corde qui le rattache au po-teau, qui le rattache comme li.Il cordon ombilical au centre de la terre. Adieu, uous que j'aimais. A part votre souffrance, je ne regrette rien. Tout compte fait , j'a i eu la meilleure part. Si je rentrais, je recomrnencerais .

    La rafa le a fait tressaillir Saint-Ex au cu r de son rve. On me tire ds-sus. Il entre nouveau dans ce monde o il ta it dj entr en fraude, un monde q u'on ne revient pas souvent dcrire. D u moteur du Lightning s'chappe un jet de fume noire. Le Folke-"'ulffe continue t irer.

    Dans ce bel azur mallarmen, en plein ciel, sous le soleil dur, dans la lumire du Midi, l'avion descend comme tir, d ross au sol par ce cble d e fu me. Le commandant de Saint-E xu pry a tent un suprme redres-sement, puis s'est rsign s 'englou-tir, s'abmer dans cette mer latine qu'il avait tant aime.

    14

    se tromper de route. Il s'est endormi. Il a va it un r oman policier finir .

    1S li . SO. - Appelez le centre a m -ricain de contrle.

    13 h . :15. _:.__ All, mn capitaine ? .J'ai les Amricains l'appareil... Ils n'nt rien.

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    W.

    = c ,. 1 .. 1 :Il

    Un jour, l'ide me vint d'un moyen simple et- immdiat pour reconnatre si une personne donne est doue de quelque esptit math matiqae ))

    Le rl'suftat . s'obtient en sept ou lzuit secondes, dont six pour la question que voici :

    Si Pierre ressembie Paul, et si Paul ressemble Guillaume, Pierre ressemble-t -il G~illaume ?

    ----

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    - Dites-leur de nous appeler ds qu'ils sauront quelque chose.

    L'attroupement s'paissit sur l'aro-drome. L'inquitude aussi.

    13 li . /iO. - Bon Dieu, ce n'est pas possible !

    14 heures. - Prer1.ez l'coute des Allemands.

    14 h. 10. -- Alertez les services sp-ciaux .. .

    14 h . 30. - Il avait six heures d'es-sence.

    C'est le 15 mars 1948 que le pasteur H erman Korth, de l'Eglise protestante d 'Aix-la-Chapelle, crivait Gaston Ga llimard :

    Trs honor Monsieur,

    C'est par la biographie de M. le Professeur D. \V. Kellerman que j'ap-prends pour la premire fois une in-forma tion concrte de la mort de l'illustre aviateur.

    Aprs avoir lu ces lignes, j'ai cherch dans mes agendas de 1944 et maintenant je trouve, parmi mes an-notations de la nuit du 31 juillet au 1' aot 1944, l'enregistrement sui-vant : Desirllction eiz flammes d'lln avion d'observation sur me1 apres un combat - observation d'Ajaccio sans rsultat.

    C'est peut-tre plus - que hasard que mes annotations peu bondantes ont t conserves. La mer a t le destin de cet homme r avissant comme ')ote et comme aviateur, qui tait v-nr d'un a mour bien profond parmi les aviateurs a llemands.

    Telle fut l'oraison funbre du com-mandan t d e Saint-Exupry, par le seul homme qui a it pu apporter, aprs quatre annes de dou te et de silence, quelque lumire s ur une mort si conforme ce destin exemplaire.

    Antoine de Saint-Exup"ry avait trac lui-mme son pitaphe : Chaque e:x:islence craque son tour et livre ses gmines ... Sa 1i10rt es t dans l'ordre du mtier. :;c.. :;c.. .)f -

    par Paul VAURY

    Que si le sujet fait mine de rfl-chir, / ,;preuve est dt;/avorable. Mais s'il dit : Oui , dans l'instant mme, et comme sans y penser, cette promptitude et cet absolu dans fa rponse le qua-lifent pour la science des formes pures.

    le malheur a voulu que j'aie song prouver mon preuve, et qu'ayant ren-contr l'un des plus minents gomtres

    de ce temps, je lui aie pos la question. /f s'est mis rflchir longuement ...

    (Insta n t., .Editions Gollimard.)

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