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La marmotte La marmotte déroutée déroutée ... ... ... AU AU AU PIED PIED PIED D ' UN UN UN OLIVIER OLIVIER OLIVIER UN JOURNAL POUR LA ROYA Avril 2017 - nº6 - Prix libre DANS CE NUMÉRO : DOSSIER : Eau rage, eau des espoirs... Parole de Marmotte nº6 : Une pause / Que boit la marmotte ? / A vous qui passez sans me voir … 2 Eau riche vallée – eau, essence de la vie … 3 L’eau en pratique (petites idées simples et géniales) … 4 L’anti-pratique (nos robinets) / Saorge fête l’eau … 5 Petit glossaire de l’eau dans la Roya … 6 L’eau est-elle bonne en Roya ? … 7 L’usine de La Fouze, petite histoire … 8 Double tunnel de Tende : fais gaffe à ta source … 8 Quels impacts ont les travaux au col de Tende sur notre eau ? … 9 L’eau pour qui, pour quoi ? … 10 L’eau. Histoire presque vraie … 10 Menaces sur l’eau de Saorge / La bataille pour l’eau en Italie … 11 L’eau, bien commun ou marchandise ? … 12 CEUX QUI MARCHENT SUR NOS ROUTES Fleuve noir … 13 Des actions illégales : un rapport accablant … 14 A la gare de Breil-sur-Roya / Enfin une bonne nouvelle … 15 SI J’AVAIS UN RÊVE … 15 JOURNAL DE N’IMPORTE QUI : On est bien dans tes bras ! … 16 DROIT DE RÉPONSE : Lettre à la population rétive … 17 COURRIER DES LECTEURS … 18 PRATIQUE : Remèdes naturels … 19 ACTU : Train, tunnel, collèges /A VOUS LA PAROLE : Les caméras … 20 ÉVÈNEMENTS EN ROYA BEVERA … 20 Tap, top, tap, top-top-top-top…. Une goutte, puis deux, puis mille… Joyeuse, l’eau tambourine sur le toit, ruisselle sur les restanques, se fraye des chemins. Bien- tôt, des torrents éphémères apparaîtront comme par magie et gronderont en dévalant les pentes - toujours aux mêmes endroits, sur des sentiers qu’au cours du temps l’eau s’est creusés dans le roc goutte à goutte. Forcés d’abandonner les travaux du jardin, on cède de bonne grâce. Un fauteuil, un bon bouquin, une fenêtre pour voir la pluie tomber entre les lignes et nous-voilà à savourer déjà l’instant qui vient : nuages cotonneux qui, en se dissipant, déguiseront nos montagnes en estampes japonaises ; rivières aux flots gonflés, teintes de vert- émeraude ; l’air moite et presque tropical, rempli de mille parfums ; les plantes qui se constellent de petits diamants brillants quand le soleil revient ; un ciel lim- pide et nettoyé, comme neuf ; la terre humide qui n’a plus soif. L’eau donne la vie : à tout ce qu’on mange et à tout ce qu’on boit, à notre corps, à toutes les vies et à toute la beauté qui nous entoure. Elle anime les tuyaux d’arrosa- ge, les dimanches après-midi quand on lézarde au bord d’une lône, les engueulades des comités des canaux d’irrigation. Elle exalte nos muscles, par son contact re- vigorant, nos sens, par sa musique. Elle ne pardonne pas : si on n’en prend pas soin, elle ne tarde pas à nous le rendre et nous ramène dans nos ve- rres et nos assiettes tous les poisons qu’on a cru balancer au loin. Raison des guerres quand elle manque, l’eau est aussi un objet de pouvoir pour ceux qui s’en déclarent les maîtres et en arrosent une toute autre espèce d’osei- lle que celle qui pousse dans les jardins. Il n’est pas rare non plus que l’eau devienne une force de destruction, car elle s’enrage lorsqu’on entrave ses passages par nos maisons, nos routes et notre béton. Gratuite, payante, volée, libre, prise dans des digues, l’eau qui nettoie, l’eau qui nourrit, qui donne de l’éner- gie, qui rafraîchit, qui consolide, qui fragilise, l’eau qui divise ou qui unit... - en ce mois de printemps, nous navi- guons au fil de l’eau, en espérant ne pas faire « plouf ». Publication autogérée par des habitants de la vallée de la Roya - www.la-marmotte-deroutee.fr - [email protected] - 07 68 05 65 34 Eau rage, Eau des espoirs ... x 2 - ATTENTION, GROS NUMÉRO!

UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

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Page 1: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

La marmotte La marmotte déroutéedéroutée .........AUAUAU PI EDPI EDPI ED

DDD '''U NU NU N O L IV I E RO L IV I E RO L IV I E R

UN JOURNAL POUR LA ROYA

Avril 2017 - nº6 - Prix libre

DANS CE NUMÉRO :

DOSSIER : Eau rage, eau des espoirs...

Parole de Marmotte nº6 : Une pause / Que boit la marmotte ? / A vous

qui passez sans me voir … 2

Eau riche vallée – eau, essence de la vie … 3

L’eau en pratique (petites idées simples et géniales) … 4

L’anti-pratique (nos robinets) / Saorge fête l’eau … 5

Petit glossaire de l’eau dans la Roya … 6

L’eau est-elle bonne en Roya ? … 7

L’usine de La Fouze, petite histoire … 8

Double tunnel de Tende : fais gaffe à ta source … 8

Quels impacts ont les travaux au col de Tende sur notre eau ? … 9

L’eau pour qui, pour quoi ? … 10

L’eau. Histoire presque vraie … 10

Menaces sur l’eau de Saorge / La bataille pour l’eau en Italie … 11

L’eau, bien commun ou marchandise ? … 12

CEUX QUI MARCHENT SUR NOS ROUTES

Fleuve noir … 13

Des actions illégales : un rapport accablant … 14

A la gare de Breil-sur-Roya / Enfin une bonne nouvelle … 15

SI J’AVAIS UN RÊVE … 15

JOURNAL DE N’IMPORTE QUI : On est bien dans tes bras ! … 16

DROIT DE RÉPONSE : Lettre à la population rétive … 17

COURRIER DES LECTEURS … 18

PRATIQUE : Remèdes naturels … 19

ACTU : Train, tunnel, collèges /A VOUS LA PAROLE : Les caméras … 20

ÉVÈNEMENTS EN ROYA BEVERA … 20

Tap, top, tap, top-top-top-top…. Une goutte, puis deux,

puis mille… Joyeuse, l’eau tambourine sur le toit,

ruisselle sur les restanques, se fraye des chemins. Bien-

tôt, des torrents éphémères apparaîtront comme par

magie et gronderont en dévalant les pentes - toujours

aux mêmes endroits, sur des sentiers qu’au cours du

temps l’eau s’est creusés dans le roc goutte à goutte.

Forcés d’abandonner les travaux du jardin, on cède de

bonne grâce. Un fauteuil, un bon bouquin, une fenêtre

pour voir la pluie tomber entre les lignes et nous-voilà à

savourer déjà l’instant qui vient : nuages cotonneux qui,

en se dissipant, déguiseront nos montagnes en estampes

japonaises ; rivières aux flots gonflés, teintes de vert-

émeraude ; l’air moite et presque tropical, rempli de

mille parfums ; les plantes qui se constellent de petits

diamants brillants quand le soleil revient ; un ciel lim-

pide et nettoyé, comme neuf ; la terre humide qui n’a

plus soif.

L’eau donne la vie : à tout ce qu’on mange et à tout ce

qu’on boit, à notre corps, à toutes les vies et à toute la

beauté qui nous entoure. Elle anime les tuyaux d’arrosa-

ge, les dimanches après-midi quand on lézarde au bord

d’une lône, les engueulades des comités des canaux

d’irrigation. Elle exalte nos muscles, par son contact re-

vigorant, nos sens, par sa musique.

Elle ne pardonne pas : si on n’en prend pas soin, elle ne

tarde pas à nous le rendre et nous ramène dans nos ve-

rres et nos assiettes tous les poisons qu’on a cru balancer

au loin. Raison des guerres quand elle manque, l’eau est

aussi un objet de pouvoir pour ceux qui s’en déclarent

les maîtres et en arrosent une toute autre espèce d’osei-

lle que celle qui pousse dans les jardins. Il n’est pas rare

non plus que l’eau devienne une force de destruction,

car elle s’enrage lorsqu’on entrave ses passages par nos

maisons, nos routes et notre béton.

Gratuite, payante, volée, libre, prise dans des digues,

l’eau qui nettoie, l’eau qui nourrit, qui donne de l’éner-

gie, qui rafraîchit, qui consolide, qui fragilise, l’eau qui

divise ou qui unit... - en ce mois de printemps, nous navi-

guons au fil de l’eau, en espérant ne pas faire « plouf ».

Publication autogérée par des habitants de la vallée de la Roya - www.la-marmotte-deroutee.fr - [email protected] - 07 68 05 65 34

Eau rage,

Eau des espoirs ...

x 2 - ATTENTION, GROS NUMÉRO!

Page 2: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Ce mois-ci, les éner-

gumènes qui m’aident

à parler l’humain ont

été si affairés qu’ils

n’ont même pas pris

le temps de me faire

dicter mon journal. A

croire que l’eau les

passionne : vous verrez, ils ont voulu

vous en faire boire des litres et des

litres dans ce numéro ! Quelqu’un

leur aurait dit aussi, un jour, qu’on ne

se baigne jamais deux fois dans le

même fleuve. Alors, je crois qu’ils ont

eu peur d’y trouver des eaux trop trou-

bles la fois d’après et se sont

dépêchés de tout vous dire de suite.

Puis, vous savez, c’est le printemps,

la montée de sève, le réveil… Bref, je

leur laisse la place !

Donc, pas de « pensées » marmotes-

ques en avril, ça vous reposera. Juste

quelques nouvelles. En allant vite : je

vais bien. La rencontre avec le bel ar-

bre (Olivier de son petit nom) m’a fait

ralentir ma cadence et m’a donné

l’envie de rester quelques jours près

de cousins d’Olivier, tous beaux, avec

leurs feuilles argentées. Il y a aussi,

en face, de l’autre côté de la route et

de l’eau, tout un amas de terriers

d’Humains à l’aspect étrange d’une

montagne creusée par des centaines

de tunnels avec des ouvertures régu-

lières. Une sorte de terrier géant que,

vu de loin, je trouve plutôt à mon goût.

Olivier m’héberge pour ma halte : une

cavité creusée par ses racines me per-

met de dormir au chaud. Au coucher

du soleil, quand je reviens de mes ex-

péditions d’observation, on papote.

Les arbres parlent ? Vous ne le saviez

pas [1] ?

Page 2 La Marmotte déroutée

Que boit la marmotte ? La marmotte ne boit pas l'eau des torrents de montagne. Ils ne sont donc

pas nécessaires pour motiver son choix d'un territoire, ce qui explique la

présence de nombreuses marmottes sur des pentes assez sèches. Elle se

contente souvent, pour se désaltérer, de la rosée matinale, de l'eau

contenue dans les plantes dont elle se nourrit, ou, au printemps, de la

neige. Elle n’utilise pas non plus l’eau des ruisseaux pour sa toilette, qu’elle

préfère faire dans l’intimité du terrier.

Fin mars - début avril : les marmottes se réveillent ! Le réveil de ces mammifères

herbivores coïncide avec la

repousse de la végétation du

début du printemps. La

température du corps, qui s’était

abaissée durant ces 5 mois et

demi d’hibernation jusqu’à 4°C,

remonte à 38°C, la respiration et

les battements du cœur - qui

étaient parfois descendus jusqu’a

3 battements/min - remontent à

environ 220 battements/min.

Nos rongeuses ayant perdu la

moitié de leur poids débouchent

l’entrée du terrier attirées par le

parfum délicat des fraîches

pousses printanières qu’elles

rongent et broutent, grâce à leur

puissante dentition (4 longues

incisives, 18 prémolaires et molaires broyeuses). Mais la marmotte fait de

temps en temps des entorses à son régime végétal : vers, larves d'insectes

ou sauterelles qu'elle croise sur son chemin ne sont pas négligés. On l'a vue

retourner des bouses de vache sur un alpage pour goûter à un coléoptère

ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte,

sortie de son long « sommeil » avant la renaissance de la végétation,

n'hésitera pas à consommer une charogne. Ce comportement a été observé

chez Marmota olympus aux États-Unis, mais il est probablement commun à

toutes les marmottes, ce qui souligne leur bonne adaptation à leur

environnement.

Parole de Marmotte nº6 : Parole de Marmotte nº6 : Parole de Marmotte nº6 :

La petite reine des tunnels

[1] Lisez par exemple le joli livre de José Mauro

de Vasconcelos, « Mon bel oranger » (1968).

Vous pouvez aussi regarder cette vidéo sur une

expérience scientifique barbare qui prouve que

les arbres communiquent entre eux :

www.youtube.com/watch?v=ahpLb4tUPRs

A vous qui passez sans me voir,

A ceux qui m'arrachent à mon sol pour des raisons

futiles ou pour des visions à court terme...

Je suis arbre, transit entre ciel et terre. A l'envers des

humains, mon esprit est dans la terre et mes pieds

sont dans le ciel. Je puise dans la terre les éléments

nutritifs de base avant de les transformer en matière

vivante par la photosynthèse en remontant à travers le

tronc et les branches jusqu'aux feuilles tournées vers

le ciel. Par cette opération j'absorbe le gaz carboni-

que pour restituer de l'oxygène et 5000 litres d'eau

par an en moyenne sous forme de vapeur d'eau qui

constituera les nuages dispensateurs de la pluie bien-

faitrice.

Les feuilles que je perds chaque année tapissent le

sol avant de constituer l'humus qui permettra de rete-

nir cette eau précieuse en stimulant toute la vie bacté-

riologique et animale afin que les nouvelles graines

puissent germer et s'enraciner en retenant le sol pro-

pice à la multiplication de mes congénères. Un hecta-

re de forêt adulte peut rejeter jusqu'à 3000 tonnes

d'eau par an dans l'atmosphère. L'eau est source de

vie et agit directement sur le climat. Un grand nom-

bre de calamités que l'humanité a pu subir à travers

les âges ont été liées à des changements climatiques

où l'eau a fait défaut (sécheresse = famine = maladie,

invasion = extinction).

Une terre couverte de forêt comprend toujours en

altitude les nuages qui sont l'effet de la condensation

de la vapeur d'eau qu'elle émet, contrairement à une

terre désertique ou couverte d'asphalte qui ne fabri-

quera aucune humidité et restera stérile.

Je suis Arbre et plantez-nous!

Traduit par les Coyotes des Alpages

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

une pauseune pauseune pause

de lui. Je dois avouer que je ne bouge

pas aussi par peur : vous vous souve-

nez peut-être, en m’indiquant mon

chemin, le Chat m’a dit de suivre le

fleuve. Ca y est, je le vois, en contre-

bas. Son bruit me berce au coucher et

me requinque au réveil. Sa couleur

est bleue, plus éclatante que dans les

ruisseaux près de chez moi. Son débit,

impressionnant. De l’eau, il n’en

manque pas : à des endroits, on peine

à distinguer le fond ! C’est beau. Mais

il y a un problème : juste à côté, il y a

la Route, et je devrai la traverser pour

rejoindre l’eau. La fameuse Route qui

va au Tunnel, avec ses bêtes-boites

qui filent à toute allure. Ça sera ma

première traversée, et je dois bien la

préparer.

Alors, je reste à observer et à cher-

cher du courage. Je découvre aussi

mon nouvel environnement et la vie

hors du terrier, loin des miens. Je

pense souvent à eux en ce petit matin

d’année nouvelle, à leur réveil. Mais

je ne déteste pas non plus ce pays où

je fais ma pause obligée. Il y a plein

Page 3: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Avril 2017, nº6 Page 3

autrefois canalisée

(des centaines de ki-

lomètres d’anciens

canaux parsèment le

territoire), avec des

organisations comple-

xes (tours d’eau, gestions collectives…), comme c’est toujours

le cas à Fontan ou dans le Cayros et la Bendola. Ces canaux

servaient à alimenter des campagnes et des villages se trou-

vant parfois à plusieurs kilomètres des sources et des cours

d’eau. L’eau était aussi stockée dans des centaines de bassins

et citernes, souvent alimentés par les eaux pluviales.

A l’heure actuelle, des recherches scientifiques sont en cours

pour utiliser les capacités de stockage des informations de

l’eau. Comment ? Cette substance aussi simple qu’extraordi-

naire garderait en mémoire une empreinte de toutes les éner-

gies qui l’ont traversée, et donc des informations sur ces ren-

contres. De plus, les eaux souterraines favorisent la formation

de « cheminées telluriques ». Ces lieux ont été couramment

choisis comme lieux de culte au cours de l’histoire (des rituels

néolithiques autour de la fertilité jusqu’aux religions plus mo-

dernes), comme à Notre Dame des Fontaines avec ses 7 sour-

ces, derrière la Brigue, bâtie sur un ancien temple ligure. Au-

jourd’hui, ces très faibles fréquences (ELF : 0,5 à 4 Hz) sont me-

surables, et l’importance du phénomène commence à être re-

connue. La sensibilité des sourciers, l’hypersensibilité, l’in-

somnie dans certains lieux, des dérèglements biologiques, du

stress animal ou humain pourraient très probablement être

déclenchés sur ces petites surfaces inférieures à 1m², aux taux

vibratoires exceptionnels. L’eau, fonctionnant comme une an-

tenne, rediffuse les ondes, les vibrations à faibles fréquences,

surtout lorsqu’elle est immobile. C’est pourquoi il est décon-

seillé de dormir au-dessus d’une citerne…

Andromède le lagopède

Eau, essence de la vie…Eau, essence de la vie…Eau, essence de la vie… EA

U R

ICH

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ALL

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! Réseau hydrographique de la Roya (Geoportail)

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

Roya, Lavina, Rio Secco, Fon-

tan, Saorge, Notre-Dame des

Fontaines … Des lacs noir-vert

de la Vallée des Merveilles

jusqu’à la Mer ligure à Vinti-

mille, elles sont des milliers,

des millions, des milliards de

gouttes d’eau qui se rejoig-

nent lentement, se chamaillent, font la fête

lorsqu’il pleut et que ça tonne, de vallon en

vallon, de ruisseaux en rivières, du Cairos à

Audin, de la Maglia à la Carleva, jusqu’à la

reine de notre vallée, la Roya. S’étirant sur à

peine 60 km, depuis ses sources du col de Ten-

de jusqu’à son embouchure sur le littoral, elle

est le trait d’union du réseau hydrologique de

notre vallée. Finalement, ce sont pas moins de

43 « enfants » qui finissent par former notre

fleuve côté français.

Sous le Marguareis, en 1961, Michel SIFFRE découvrait le plus grand

glacier souterrain d’Europe,

probablement rescapé de la dernière

grande glaciation (Würm, -18000 av

JC), à 110m de profondeur dans le

gouffre de Scarasson. Par ailleurs,

l’eau a creusé plus de 3150 autres

cavités dans le département.

L’eau, essentielle à la vie, compose

60% de notre être. Cette merveille,

cette richesse, suit son cycle depuis

3,5 milliards d’années, s’imprégnant

de ses rencontres. Elle change d’é-

tat (solide dans les glaciers et la

neige, la grêle et la banquise ; liqui-

de et douce dans les rivières terres-

tres et souterraines [1]), puis rejoint

les lacs, la mer et les océans, char-

gée de sels minéraux. Elle est ab-

sorbée par toutes les formes de vie,

les constitue, puis s’évapore, pour rejoindre le ciel sous for-

me gazeuse, se condenser dans les nuages ou la brume

lorsque l’air refroidit, retomber ensuite et alimenter à nou-

veau ruisseaux, torrents, rivières et fleuves, poursuivant son

chemin perpétuel.

En Roya-Bevera, dans les zones cristallines (granite, grès,

pélites) de la Beugna (Bieugne) et d’une bonne partie de la

Céva, nous avons des eaux siliceuses, acides. La silice, dont

elles sont riches, renforce les tissus musculaires, les cartila-

ges et les os. Leur goût neutre avait réputation d’aider à

soigner la peste. Dans le reste de la vallée, nous buvons des

eaux calcaires, basiques, venant des zones anciennement

couvertes par l’océan Thétis (Cayros, Bendola, Maglia, Be-

vera, Carleva…), ou de la nappe de charriage du Margua-

reis (cf. Marmotte N°1). Cette eau-là est riche en calcium et

en magnésium. Dans certaines zones plus restreintes, elle

traverse des strates de carbonates de calcium (gypse, an-

hydrites et en moindre proportion, les cargneules), ce qui,

dans ce cas par contre, la rend impro-

pre à la consommation car polluée aux

sulfates. Cela rend aussi les terrains

instables (Lavina, environs de Sospel,

Col de Tende, cf. Marmotte N°1 & 2).

Ces différentes eaux permettent à une

grande diversité de végétation (silicole

et calcicole) de s’installer.

L’eau dans notre vallée, parfois parta-

gée, parfois source de conflits, était

Le moteur à eau,

très performant et

non polluant,

fonctionne très

bien, mais les

brevets sont

rachetés par les

lobbies du

pétrole.

[1] 75% de l’eau douce se trouve dans les rivières souterraines, nap-

pes aquifères ou phréatiques

Pour aller plus loin : Dr Petry Amiel, “Géobiologie appliquée à l’art

du bien vivre”; Joeffrey Boscart, “Le gouffre de Scarasson”, Sourgen-

tin N°203, Oct 2012; La Marmotte N°1 (hydrogéologie et pollution

occasionnée par le tunnel) et N°2.

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Avril 2017, nº6 Page 4

L’EAU EN PRATIQUE L’EAU EN PRATIQUE L’EAU EN PRATIQUE

Le système des baissières [1]

Pour un jardin verdoyant même sans

apport d'eau extérieur?

Ce système est utilisé sous tous les hémisphères afin de

créer des rétentions d'eau permettant de limiter l'érosion

des sols due à l'écoulement de l'eau, que ce soit en montag-

ne ou dans des zones à fortes précipitations suivies de sé-

cheresses [2].

Mais aussi (pour le potager et les petites fleurs) : l'eau rete-

nue va s'infiltrer lentement dans le sol, optimisant l'irrigation

du sol en profondeur. Vos plantes autour de ces baissières

se sentiront comme des poissons dans l'eau.

Le but étant d'installer une végétation avec différents ni-

veaux de racines sur les buttes créées pour maintenir ces

dernières. Imaginez-les, ces baissières, installées aux en-

droits stratégiques de votre jardin, comme des petits sillons

fertiles suivants une courbe de niveau terminés par une but-

te faisant « barrage ».

Songez qu'au-delà d'une bonne irrigation, c'est un microcos-

me créateur de vie qui s'installe à domicile. Cela s'appelle :

l'effet lisière[3].

[1] Baissière (swale en anglais) : enfoncement

d’une terre labourée où s’amasse l’eau de

pluie.

[2] Pour faire une estimation de vos besoins et

en savoir plus : http://arpentnourricier.org/

dimensionnement-dune-noue-swale

[3] L’effet lisière se crée lorsque deux écosys-

tèmes se touchent. Exemple : une forêt et une

plaine, une plaine et un cours d'eau... Ce sont

les zones les plus fertiles.

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

La phytoépuration ou la gestion des eaux sales

Notre linge sale ne se lave pas qu'en famille ! Il pollue les eaux

de tout le monde. Nous évacuons de l'eau de vaisselle, de ma-

chines à laver, des produits nettoyants et autres (notamment

sous la douche et aux toilettes).

Certaines communes de taille plus ou moins importante ont

déjà mis en place ce genre d'installations – à titre d'expérience

ou de façon pérenne, pour traiter ce que l'on appelle les eaux

grises : vaisselles, douches, lessives, urine…

A chacun, suivant l'altitude et les conditions, de trouver la flore

adaptable. C'est possible en montagne et avec une utilisation

massive [1]. Comment faire? Le premier bassin contiendrait des

plantes à rhizomes comme des roseaux communs (Phragmite

Australis), combinées au substrat et à l'écoulement horizontal,

capturant et filtrant les particules les plus importantes. Dans le

deuxième bassin, des plantes plus ornementales et diverses

viennent compléter la filtration, par exemple, des iris d'eau ou

des nénuphars. Le tout est déversé, dans l'idéal, par une petite

cascade oxygénant l'eau d’une mare, lieu de vie où poissons ou

batraciens trouveront de la nourriture dans tout ce qui n'aura

pas été filtré ! A ce stade, tout déchet est assimilable par la fau-

ne et la flore aquatiques. Laissez libre cours à votre imagina-

tion pour créer un endroit

fertile où animaux, plantes

et vous-même s'harmoni-

sent et se complètent.

Tant que nous parlons des

eaux usées, s'harmoniser à

un lieu en chiant dans l'eau

potable… c'est possible,

ça ? Et oui ! Avec la phy-

toépuration, tout est possi-

ble ! Il existe un système

adapté aux eaux noires -

pour ceux qui persistent à

vouloir chier dans l'eau...

Voir les six premières mi-

nutes de

www.franceinter.fr/

emissions/carnets-de-

campagne/carnets-de-

campagne-09-fevrier-2015.

Schéma d’une configura-

tion à quatre bassins avec

traitement des eaux noires :

https://

decrois-

sons.files.wordpress.com/2013/08/phytoepuration.jpg.

Complément idéal de la phyto-épuration, produit star

de mon cœur : les toilettes sèches!

Dans un seau ou dans un trou, du plus sophistiqué au plus hum-

ble. On ne les présente plus ! Une poignée de sciure sur votre

matière fécale et la voilà devenue engrais - combinée à une

certaine hygiène (pas d'antibiotiques par exemple) et à 6 mois

de décomposition! Au lieu d'être reléguée au rang humiliant de

déchet, de simple merde…

Phyto-épuration à la Chat-Teigne

PETITES IDÉES SIMPLES ET GÉNIALES

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La Marmotte déroutée Page 5

La sciure permet une décomposition sans odeur, il

est tout à fait possible d’installer les toilettes sèches

dans la maison, pour tous ceux et celles (et ça se

comprend!) qui ne veulent pas (ou plus) courir tout

(e)s nu(e)s avec la courante la nuit en plein hiver.

Ou tout simplement sortir dans une pluie glaciale et

matinale...

Quoique… Quand on a une vue imprenable depuis

ses toilettes, trôner ainsi vaut bien de braver parfois les éléments !

Tous nos lieux de vie peuvent être conçus dans un vrai respect de

l'eau et de la vie. Osons sortir des sentiers battus et des rangs d'oig-

nons ! Expérimentons ! N'ayons pas peur de nous jeter à l'eau (tant

qu'il y en a)!

Plus d'info : https://decroissons.wordpress.com/

habitat/toilettes-seches

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

L’ANTIL’ANTIL’ANTI---PRATIQUE : PRATIQUE : PRATIQUE :

Carnaval : Saorge fête l’eau

Eau? O!

A l'origine, la source, autrement dit, âne,

à pieds, cruche, temps.

Ensuite, progrès technique qui vient servir le progrès humain : canalisation, eau

courante, robinet (première génération).

Puis, attention les yeux, invention du mé-

langeur (un robinet d'eau chaude, un ro-

binet d'eau froide), et, enfin, du mitigeur

(un machin que tu tournes de l'eau très

chaude à l'eau froide, selon ton goût ou ton

besoin du moment).

Entre temps, on a appris à chauffer l'eau

(d'abord avec le feu...).

Et là tu te dis, en termes d'eau, la civilisa-

tion humaine semble épanouie en ayant

trouvé toutes ces réponses (accessibilité,

débit, température et durée). On arrête

là?

C'est sans compter sur les marchands du

Grand Tout, de la création des besoins,

des objets toujours plus chers, toujours

moins utiles, sur ceux pour qui “progrès Vianico

DES ROBINETS “INTELLIGENTS” QUI NOUS PRENNENT POUR DES CRÉTINS

de grandes gesticulations dans tous les

sens, genre détecteur de mouvement.

L'eau se met à couler, s'arrête immédia-

tement, tu essaies de retrouver le bon

geste mais tu en as fait tellement en

même temps que tu en es incapable. T'es

énervé et tes mains ne sont toujours pas

rincées…

Sans parler des robinets curieusement

trop proches d'un évier, ou de l'eau tiède

imposée dans des toilettes sur aires d'au-

toroute. Deux versions différentes du

progrès, mais qui, je vous rassure,

œuvrent dans le même sens, pas le sens

commun, vous l'aurez compris, mais le

sens des affaires: tu ne peux pas remplir

ta bouteille vide, mais tu as sûrement

deux euros pour acheter une nouvelle

bouteille en plastique, avec de l'eau ré-

frigérée grâce à une production d'élec-

tricité bien française…

Je crois que vous en serez d'accord, re-

tournons à la source, noyons tous ces

vendeurs du n'importe quoi dans de

l'eau ! A vos idées ?

technique“ rime avec “croissance éco-

nomique” plutôt qu'avec “progrès hu-

main”.

Quelques petites expériences du quo-

tidien ont su m'en convaincre. Dans nos

écoles publiques, le jet d’eau des robi-

nets est si puissant que t'as peur de

perdre un doigt en dessous tellement

la pression est importante… Eau froi-

de, été comme hiver et à la durée limi-

tée. Je résume donc le progrès : pas

d'eau chaude, tu n'oses pas boire à

cause du débit, tu t'éclabousses par-

tout, et tu ne choisis pas la durée du

débit. Donc, sous prétexte d'économie

d'eau, on n’a plus besoin d'apprendre

aux enfants comment on l’utilise : chau-

de ou froide, avec un débit modéré,

pendant un temps donné, et puis, on

ferme le robinet ! La machine fait tout,

et surtout n'importe quoi, à notre place.

Je passe sur l'invention paranormale

dont le débit d'eau se déclenche après

défilé sous un soleil radieux. Raté pour le défi de faire la fête en amphibie !

Les déguisements du dernier carna-val de la saison, celui de Saorge,

devaient être « aquatiques ». Le ciel a pris la

consigne trop au sérieux, voulant sans doute faire partie de la

fête : des trombes d’eau sont tombées sur le village le 25 mars,

poussant les organisateurs à re-porter le carnaval au lendemain. Les joyeux aquaphiles ont donc

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Arsenic du tunnel de

Berghe : Afin d’augmenter la

quantité d’eau disponible

pour Fontan, deux captages

d’eau (source de Scaras-

souil) ont été réalisés suite

aux travaux du tunnel de Berghe (voie ferrée)

en 1926 et 1948. Lorsqu’en 2001 la quantité

autorisée d’arsenic dans les eaux potables a

été abaissée de 50 à 10 µg/l, la solution a été

de mélanger les deux sources, faisant d’une

pierre deux coups : diluer ainsi les excédents

d’arsenic de la Scarassouil dans la Fouze, et

inversement pour les excédents de sulfates.

Canal d’irrigation : Certains furent construits

pour quelques mètres carrés de terres arides,

comme ceux sous Berghe, pour cultiver le

pois-chiche. Aujourd’hui encore, certains ca-

naux sont gérés collectivement, comme à

Breil ou à Saorge.

Clue ou canyon : Dans la vallée, nous avons

l’un des plus longs canyons d’Europe dans

lequel coule la Bendola (15 000 mètres en

développé et 1600 mètres de dénivelé) et un

des plus beaux canyons de France, la Maglia

(sans oublier ceux de la Carleva et d’Audin).

Fontanalba : Une vieille légende dit qu’à

l’époque où une partie de nos ancêtres

étaient occupés à taguer compulsivement la

Vallée des Merveilles, les sources de la va-

llée se sont toutes taries d’un coup. Cette si-

tuation a évidemment provoqué certains dé-

rangements. Après avoir fait le tour de tous

les points d’eau et s’être résignés à partir, ô

miracle, un petit matin, à l’aube exactement,

on constata que l’eau est réapparue à Fonta-

nalba, nommée ainsi - « la fontaine de l’aube »

- depuis cette époque.

Page 6 La Marmotte déroutée

Fossatum : Torrent où s’abreuve le bétail (en royasque).

Irrigation gravitaire : Mode d’irrigation ancestral (mais encore ma-

joritairement utilisé dans le monde, à hauteur d’environ 80%) qui

consiste à transporter l’eau jusqu’au bord et à l’intérieur des parce-

lles dans des canaux aménagés suivant la pente naturelle. Les arpen-

teurs traçaient déjà ce type de canaux à l’époque des gravures des

Merveilles pour lutter contre la sécheresse.

Nappes d’eau : Il n'y a pas de nappes phréatiques en montagne, uni-

quement des nappes aquifères. Les nappes phréatiques sont les nap-

pes peu profondes que l’on retrouve sous les plaines.

Notre Dame des Fontaines : Située sur la commune de la Brigue,

cette chapelle abrite pas moins de sept sources intermittentes. On

l’appelle aussi la chapelle Sixtine des Alpes en raison de ses nom-

breuses fresques datant du XVe siècle.

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS PETIT GLOSSAIRE PETIT GLOSSAIRE PETIT GLOSSAIRE DE L’EAU DANS DE L’EAU DANS DE L’EAU DANS LA ROYALA ROYALA ROYA

Cri du Beg’eau Il y a fort longtemps, à l’arrivée des premiers

pasteurs et agriculteurs dans nos contrées, le climat

sec et chaud influença probablement les cultes qui

s’orientèrent autour de la fertilité et de la fécondité.

L’eau, intimement liée à la terre, était perçue comme

la semence divine du Ciel masculin fertilisant la

Terre féminine et permettant la vie, les bonnes

récoltes et la survie des hommes.

Les sources comme la fontaine de l’aube (Fontanalba)

ou celles de Notre Dame des Fontaines étaient

sacrées .

Les grandes surfaces rocheuses dépassant les 2500m

du Bégo et de ses voisins favorisaient la formation de

nuages et les précipitations sur les vallées entourant

la montagne abreuvoir (Beg) du sud des Alpes. Ainsi,

des hommes l’observant de loin ont probablement

marché sur plusieurs centaines de kilomètres pour

trouver l’eau et des pâturages (alp/arp) encore verts

pour leurs bêtes dans la vallée du merveilleux, de

l’étrange (Meraviglie). Les mots en italiques sont des toponymes

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Avril 2017, nº6 Page 7

Avec l’eau potable de la Roya, ON lave ses habits à la chimie,

ON lave sa peau et ses cheveux, à la chimie,

ON lave tout du sol au plafond, à la chimie,

ON boit nos boissons et médicaments chimiques,

ON mange aussi du chimique.

Puis ON défèque et urine dans l’eau potable de la Roya.

Mais ON est intelligent et ON invente les stations d’épuration.

Vievola : station obsolète ou inexistante aucune trace numérique,

ON n’y pense même pas.

Tende : station neuve de 2015. Surdimensionnée, elle est conçue

pour recevoir 750 mètres cubes jour d’eaux usées. Elle en reçoit

155 par jour, bonjour les odeurs sur la route.

Classée bof par les pêcheurs et classée beurk par les truites, ON est fier, elle est toute neuve et ON est prêt pour le futur !

Morignole : le Conseil en 2015 avait prévu de la refaire pour

270 000 euros, hors achat du terrain. Ce n’est pas fait, donc elle date de janvier 1950 ; ON peut dire sans mentir, obsolète.

Mais ON espère.

La Brigue : elle n’est pas vieille, mais de l’avis des pêcheurs,

des truites, des villageois et des associations,

elle n’a jamais bien fonctionné par manque d’eau. ON est rassuré car ON sait pourquoi elle merde !

La qualité physico-chimique de notre eau est « bonne » à « très bonne ». Mais les rejets des stations d’épuration de Sos-

pel sur la Bevera, de la Brigue sur la Levenza et de Tende sur la Roya font baisser cette qualité en augmentant les con-

centrations en nutriments azotés, comme l’ammoniac, et phosphorés, comme les orthophosphates. Les stations d’épura-

tion fonctionnent mal, celle de Tende ne peut pas être mise en service car surdimensionnée par rapport au débit d’eaux à

traiter. Il est possible que les eaux usées de la Brigue y soient bientôt acheminées pour l’alimenter (et enfin l’utiliser). A

cela s’ajoutent les abus de traitements antibiotiques anéantissant nombre de bactéries épuratrices, la pilule contracepti-

ve [1] qui induit la nécessité d’effectuer des alevinages en altitude, la lessive qui rend l’eau trop basique, et tout simple-

ment les détournements d’eau du cours naturel occasionnant des carences pour les biotopes, voire parfois l’assèchement

de certaines rivières… Enfin, les travaux de doublement du tunnel de Tende ne respectent pas les engagements prévus

en termes de qualité de l’eau (cf. p.6 et 7). Et bien sûr, tout dépend des substances analysées.

L’EAU ESTL’EAU ESTL’EAU EST---ELLE BONNE EN ROYA?ELLE BONNE EN ROYA?ELLE BONNE EN ROYA?

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

[1] les résidus des traitements contraceptifs perturbent le système

hormonal des poissons et font qu’il n’y a plus que des femelles chez les

nouveaux nés. Les alevinages dans les lacs de montagne sont donc

devenus une nécessité dans la majorité des cours d’eau de notre pays,

sans quoi il n’y aurait plus de pois-

sons d’eau douce…

Peste : De graves épidémies de peste ont eu lieu

dans la vallée au XVIIIe siècle. A l’époque, la peste

fut responsable de la disparition de 44% de la popu-

lation européenne. Curieusement, à ce moment, on

se méfiait de l’eau, lui reprochant d’être un vecteur

de la maladie. C’est pourquoi, l’hygiène était alors

désastreuse : on ne trouvait que 4 fontaines à Saorge

pour une population allant jusqu’à 2200 habitants !

Imaginez la taille de la file d’attente et l’ambiance,

alors qu’on patientait pour se désaltérer ou pour

laver les viscères d’un animal qu’on venait d’abatte,

le tout au même endroit !? (cf. la 3e session de l’UP de

la Roya).

Poissons : On trouve surtout le chabot entre Tende

et les gorges de Saorge, la truite fario et arc en ciel,

le blageon et le barbeau méridional, mais aussi

l’anguille européenne sur la partie basse du fleuve.

Introduits pour les pécheurs, l’omble de fontaine et

le chevalier se sont bien acclimatés dans la partie

haute de la vallée.

Veolia : société privée de gestion de l’eau ayant la

fâcheuse habitude d’augmenter les tarifs de l’eau. Pistez son logo sur

les annonces des évènements culturels et sportifs de la vallée!

St Dalmas de Tende : obsolète, mais là

aussi, un projet est en cours, ON est content, ON espère toujours.

Fontan : la vénérable date de janvier 1935.

ON préfère ne pas y penser.

Saorge : la centrale d’épuration date de 1956

et ON est content qu’elle soit encore là.

La Giandola, depuis plus de dix ans, a tout simplement

et bêtement cassé son conduit de raccord à la station

d’épuration de Breil, elle déverse à tout va dans la Roya

et la commune trop endettée ne peut trouver

les 4000 euros nécessaires à la réparation. ON peut comprendre cet argument.

Breil sur Roya : elle est de 2007 mais,

à part les poissons, les pêcheurs, les marcheurs, les canards

et les cygnes qui râlent un peu, ON est content.

Piene haute : la station date de 1968

et ON espère que ça va durer.

Libre : sa station reste très confidentielle.

Et ON préfère comme ça.

ON est content.

ON a les stations qu’on mérite ?

Rapport sur le prix et la

qualité du service (RPQS) :

c’est un document obligatoire

prévu par la loi qui permet aux

usagers d’être informés sur le

prix et la qualité de l’eau cha-

que année. Pensez-y pour vous

informer!

Zézé

Jidé et Andromède

Jidé

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Page 8 La Marmotte déroutée

Jidé

[1] voir La Marmotte n°1

[2] Et non pas des nappes phréatiques.

[3] Lire « Impacts dans les eaux potables du

gypse et de l’anhydrite » dans la Marmotte n°2

[4] Lire l’Entretien avec REN, cf. ci-contre.

[5] www.sauvons-la-roya.fr

On sait que la source de Scarassouil, qui

alimente en partie Fontan, fut découver-

te lors de travaux de percement du tun-

nel ferroviaire de Berghe. Plus tard, on

s’est rendu compte que sa teneur en

arsenic la rendait impropre à la con-

sommation. Les montagnes, surtout

lorsqu’elles sont jeunes comme les Al-

pes, sont des milieux naturels d’une très

grande complexité géologique [1]. S’y

mélangent différentes couches de ro-

ches qui ont des comportements diffé-

rents selon qu’elles soient en contact ou

non avec l’eau. C’est de la chimie.

Risques pour la santé

Sans rentrer dans les détails, on sait [1]

que l’eau de montagne provient des

nappes aquifères [2] dans lesquelles

s'établit un équilibre entre la composi-

tion chimique de l'eau et celle des ro-

ches. En perturbant ces nappes, les tra-

vaux de percement du deuxième tunnel

risquent de polluer aux gypses et aux

anhydrites les sources de la Roya, indui-

sant pour les consommateurs des ris-

ques de graves dérèglements thy-

roïdaux [3].

mètres, ANAS n’avait pas procédé à tous

les tests nécessaires, notamment la véri-

fication de la potabilité de l’eau.

Eau trouble

Côté français, malgré la non-conformité

des travaux, les autorités laissent ANAS

poursuivre le chantier, alors que les

sources de la Roya sont fortement im-

pactées [4], laissant les habitants et les

associations dans l’opacité. Les coulées

de boue imprévues, les dangers pour

l’eau potable de milliers d’Italiens, les

travaux non conformes aux niveaux de

sources de la Roya – il y a de quoi s’inte-

rroger. Peut-on faire confiance à ANAS

pour poursuivre les travaux de double-

ment du tunnel de Tende et d’élargisse-

ment des lacets d’accès ? Si nous lais-

sons faire, que deviendront nos sour-

ces ? L’eau est-elle si peu importante

pour que nous nous taisions ainsi ?

Il était une fois une petite

source qui s’appelait La

Fouze. On pouvait la ren-

contrer dans le quartier de

la Tourette, à Fontan, où à

l’époque, on trouvait des

lavoirs bien appréciés car

l’eau y sort à 14°C en hiver.

Cette différence de température la fait fumer

à sa rencontre avec la froide Roya. A l’épo-

que encore, elle hébergeait des truites, sig-

ne d’une eau de très bonne qualité. Un beau

jour de juillet 1980, une usine de mise en

bouteille fut créée. Yves y entre en octobre

1981, il y a une trentaine d’années. Il y tra-

vaillera une quinzaine d’années à différents

postes : fabrication de bouteilles, em-

bouteillage, mécanique, etc. Il se souvient

de ce projet qui fut bien accueilli dans le

village car, entre 12 et 14 personnes y sont

employées dès le début. Il se souvient des

grosses « laveuses » de verres, machines

énormes et bruyantes, seule source de cha-

leur, l’hiver, pour les employés. De l’am-

biance conviviale, et du patron qui, quand le

boulot débordait trop, se mettait au turbin

avec les autres, torse-nu, concentré, devant

la tireuse. L’eau est bonne, chargée en fluor

et on vante ses mérites pour la santé des

bâtiments restent inoccupés et

tristes. Aujourd’hui divisés, ils ser-

vent à plusieurs entreprises loca-

les : Bricovallée, le contrôle tech-

nique de la Roya, et le Garage de

la Source.

La Marmotte remercie Yves pour le

partage.

LR

Double tunnel de Tende : fais gaffe à ta source ! Les travaux de doublement du tunnel de Tende provoquent des perturbations des sources de la va-

llée. Et si nos sources se tarissaient ou devenaient mauvaises pour la santé?

Et si l’eau disparaissait ?

Pour le moment, ce n’est qu’une légen-

de. Est-il vrai que l’eau a disparu il y a

fort longtemps et qu’elle est réapparue

à Fontanallba un beau matin ? Quoi-

qu’on en pense, il y a des événements

qui inquiètent ! Fin juin 2016, ce sont

pas moins de 1,5 millions de mètres

cubes d’eau et de boue qui se sont

déversés du côté du nouveau perce-

ment français [5], ce qui a entrainé le

blocage du chantier et de grosses inter-

ventions en urgence. Mécaniquement,

des trous se sont formés au-dessous du

chantier au niveau du col de Tende.

Plus de peur que de mal, cette fois-ci ?

Plus tard dans l’été, c’est le percement

du côté italien du chantier qui a été

stoppé à la demande de la région pié-

montaise. En effet, compte tenu des

risques de perturbation sur la nappe

d’eau utilisée pour alimenter l’aqueduc

de Langhe et des Alpi Cuneesi qui four-

nit plus de 107 municipalités, le maître

d’œuvre des travaux, ANAS, devait

mettre en place un nouveau captage au

niveau de la source San Macario à Ver-

nante. Le risque se situait entre 330 et

650 mètres de profondeur. Or, alors

que le percement avait atteint 468

dents. L’entreprise vend en

Région Paca, jusqu’à Marseille.

L’Italie, dans les années 80,

n’est pas un marché accessible, il faut

donc se contenter de la France. Difficile,

pour ce petit bout de territoire excentré.

Malgré tout, l’usine se développe, les te-

chniques et les techniciens aussi. A la fin

des années 80, l’usine de la Fouze fait par-

tir 30 à 40 semi-remorques par jour, cha-

cun chargé de 15 000 bouteilles, en verre

ou en PVC, et emploie une quarantaine

d’ouvriers. Mais on trouve bientôt l’eau

bien trop chargée en sulfates, les normes

se durcissent et les solutions trouvées ne

suffisent pas pour réduire le taux. Les di-

rections se succèdent sans trouver de

remède, on imagine même un forage à

250m de profondeur qui trouverait l’eau

plus pure. Côté commerce, les débouchés

sont toujours difficiles à trouver et les

transports coûtent cher pour s’extirper de

ce bout de territoire. Les dettes s’accumu-

lent, on s’en sort presque, mais la situation

est critique. Viennent les premiers licen-

ciements : de 40 employés on tombe pro-

gressivement à 30 puis 20 pour finir à 5

employés… En 1995, Yves ferme les por-

tes de l’usine. Pendant des années, les

L’usine de La Fouze, petite histoire DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

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Avril 2017, nº6 Page 9

ENTRETIEN AVEC ROYA EXPANSION NATURE (REN)

La Marmotte : “Depuis combien

d’années existe l’association REN [1] et

depuis quand vous dénoncez les tra-

vaux de doublement du tunnel de Ten-

de ?”

REN : REN existe depuis 1990 et com-

pte 80 adhérents. Elle est agréée depuis

1994 pour la protection de l’environne-

ment. Nous dénonçons le projet de dou-

blement du tunnel de Tende depuis

2007.

LM : En 2014, peu après le début des

travaux, vous constatez que de l’eau

chargée en sulfates est directement

rejetée dans le Vallon de Cannelle et

vous dénoncez cette situation auprès

des autorités, puis auprès du tribunal

administratif (TA) de Nice. Est-ce que le

maître d’œuvre a été condamné ?

REN : A la suite d'un recours auprès du

TA de Nice en octobre 2015, la préfectu-

re des Alpes-Maritimes a reconnu des

anomalies dans la configuration du chan-

tier et s'est engagée à y remédier. En

conséquence de cet engagement, et bien

que nous ayons mis en évidence ces irré-

gularités mais surtout le manque de suivi

par les autorités, l’association a été dé-

boutée et a dû payer 2000€ de frais de

justice de sa poche.

LM: Quelles ont été les suites de ce

procès ?

REN : A l'automne 2016, nous avons ap-

pris par l'intermédiaire de l'ONEMA [2]

qu'une station d’épuration des matières

en suspension (MES) [3] venait d'être

mise en place sur la plateforme du chan-

tier et que le rejet de l'eau ainsi traitée se

faisait maintenant dans le vallon de La

Ca, les boues étant évacuées vers l'Italie.

Nous avons demandé à la préfecture la

description de l'équipement et des résul-

tats des analyses des résidus, mais nous

n'avons rien obtenu. Rien ne prouve

qu'un quelconque suivi de ces rejets soit

effectué.

D'autre part, cette station, qui aurait dû

être mise en fonction au début du chan-

tier et non pas deux ans plus tard, ne doit

pas rejeter l'eau dans La Ca. L'ensemble

des eaux du chantier doit être acheminé

dans le bassin de décantation construit

en aval du chantier, comme indiqué ini-

tialement. Durant deux ans d'activité

«hors contrôle», le chantier a déversé

des tonnes de MES et de sulfates dans le

milieu naturel. Si la mise en place de la

station d’épuration est un progrès, la mi-

se en conformité n'est toujours pas ache-

vée et les vallons-sources de la Roya sont

en train d'en faire les frais.

LM : Les usagers en subissent déjà les

conséquences, en buvant l’eau polluée

ainsi - y compris les habitants de Men-

ton, de Vintimille, de Monaco? Une

amélioration est-elle envisageable ?

REN : Ce sont malheureusement tous les

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

Quels impacts ont les travaux au col de Tende sur notre eau?

[1] ren.roya.org

[2] Office national de l'eau et des milieux aqua-

tiques.

[3] L'ensemble des matières solides insolubles

visibles à l'œil nu présentes dans un liquide.

Jidé - Propos recueillis en mars 2017

habitants de la vallée qui subissent les

conséquences. Le captage pour l'ali-

mentation de Tende est à 1 km, en ligne

directe, du chantier. Un jour ou l'autre

ces rejets de sulfates et de boues vont

altérer la qualité de l'eau des sources.

Le seul moyen d'éviter les rejets aurait

été de ne pas construire le nouveau

tunnel ! Maintenant, nous devons obte-

nir la mise en conformité de leur traite-

ment.

LM : Avez-vous constaté d'autres irré-

gularités ?

REN : Oui. La réalisation du viaduc

reliant le nouveau tunnel à la route qui

vient juste d’être achevé, laisse claire-

ment apparaître une construction, en

travers du lit de la Ca, reliant les deux

piles centrales du pont. Cette construc-

tion de blocs de roches bétonnés - des-

tinée à tenir les deux piles écartées -

comprend une buse pour l'écoulement

de l'eau. En amont du viaduc, une autre

buse, sur près de 20 mètres, couvre le

vallon pour élargir la plateforme du

chantier. Pourtant, selon les schémas

de la déclaration, aucune construction

ne doit entraver le lit du cours d'eau.

Seuls des enrochements parallèles à la

pente sont prévus. La construction de

blocs, le profil du vallon et les deux

busages ne sont donc pas conformes.

Le dossier au titre de la loi sur l'eau est

précis sur le franchissement du vallon

de La Ca : « L'ouvrage sera sans appui

intermédiaire ce qui laisse toute la lar-

geur du lit actuel disponible. La section

au droit de l'ouvrage sera de forme tra-

pézoïdale avec un tirant d'air d'environ

7,4m en amont de l'ouvrage ».

LM : Et donc, qu’est-ce qu’on peut

faire, puisque malgré l’illégalité, l’ad-

ministration ne réagit pas ?

REN : Nous portons plainte contre le

maître d'ouvrage du projet et le préfet

des Alpes-Maritimes. Il faut que l’un

comme l’autre respectent ou fassent

respecter leurs engagements et le ca-

dre légal.

Commencés en 2014, les travaux du nouveau tunnel de Tende et de rectifications des lacets sont-ils illé-

gaux ? Certaines opérations en cours n’ont pas été déclarées en 2008, contrairement à ce que prévoit l’arti-

cle L214-3 du code de l’environnement. Entretien avec REN, une association qui veut du bien à notre eau.

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Page 10 La Marmotte déroutée

L’eau pour qui, pour quoi ?

Eau - énergie

Déjà avant la dé-

couverte de l’électricité, la force

des torrents de montagne a été

utilisée pour fournir en énergie les

moulins à farine ou à huile (à Libre

par exemple, on peut encore en

voir un). Depuis la découverte de

l’électricité, ils furent équipés pour

alimenter l’éclairage public des

villages : en 1902 à Tende par exe-

mple. Quasiment au même mo-

ment, des mini-usines hydroélec-

triques fournissent Saorge, Fontan

et Sospel en énergie électrique.

Progressivement, sous l’impulsion

d’entreprises italiennes et françai-

ses, le système hydroélectrique de

la vallée de la Roya se structure.

Aujourd’hui, l’ensemble des 11

barrages et des 5 usines du côté

français de la vallée permettent de

produire plus de 250 millions de

kWh, soit l’équivalent des besoins

d’une ville de plus 100 000 habi-

tants, selon EDF.

La consommation d’énergie est

actuellement en augmentation

constante. Aux yeux de la Marmot-

te, c’est totalement exagéré : dans

la vallée, certaines campagnes

équipées en photovoltaïque per-

mettent le confort moderne avec

seulement 1 kWh ! Après, évidem-

ment, tout dépend de ce qu’on

entend par « confort moderne ».

Souvenez-vous par exemple du

frigo africain [1].

Eau - source de vie

Au-delà de l’énergie potentielle

qu’elle représente, l’eau est avant

tout indispensable à la vie. L’eau

douce de bonne qualité a tendan-

ce à devenir de plus en plus rare.

Pollution, augmentation des tem-

pératures, accaparement - les

raisons sont multiples. Dans la va-

llée, l’eau est pour le moment offi-

ciellement considérée comme de

bonne qualité. Mais les effets des

perturbations des sources de la

Roya par les travaux au col de

Tende (cf. p. 9 et 10) finiront par se

faire sentir, et les stations d’épura-

tion qui n’arrivent pas à rendre à

l’eau sa qualité d’origine (cf. p.7).

De cycle en cycle, les polluants

s’accumulent et nos organes les

stockent, comme c’est le cas des

métaux lourds ou des PCB. On a

retrouvé du mercure dans les or-

ganes des animaux vivant dans la

fosse océanique à plus de 10 000

m de profondeur!

Les traitements dont nous dispo-

sons pour dépolluer l’eau ont des

limites technologiques, scientifi-

ques mais aussi financières. Pire,

ils ont des impacts sur la santé :

fluor et aluminium responsables

de maladies neuro-délégatrices

par exemple.

Ne serait-il pas le temps pour les

humains de se réapproprier

l’eau ? Parce que la Marmotte, elle

s’en fiche : elle n’a pas de télépho-

ne à recharger et elle mange pour

boire (cf. p. 2), malin, non ?

Jidé

On dit souvent que les villages de l’arrière-pays dépendent de la richesse des villes du littoral pour

survivre et qu’ils coûtent chers aux communautés de communes. Eau potable, hydroélectricité… -

que feraient les villes sans l’eau de nos montagnes ?

Il habitait un endroit qui s’appelle «Aïn». Cela

veut dire «l’œil». C'est parce que «Aïn» est consti-

tué d'une petite butte aplatie grande comme un

terrain de foot, où poussent des dattiers, des ta-

maris et des orangers. Au point le plus élevé du

petit plateau, la végétation devient plus dense, il

y fait plus frais. C'est là qu'est l’œil, au cœur

d'une petite cuvette bordée de roseaux, de bana-

niers, tapissée de menthe et de mélisse. C'est

l’œil. Parfois inerte et immobile, il est envahi de

petites lentilles aquatiques. Puis subitement, l’œil

se gonfle, devient bulle et laisse s'écouler un

abondant ruisseau qui s'écoule dans l'oasis. Enfin,

l’œil se calme et l'abondance s'évapore au soleil

du désert.

Il avait un beau jardin, des dattes, des lapins, des

poules. Il était seul mais heureux. Il se sentait

riche. Il recevait beaucoup de visites, des bédo-

uins, de petites caravanes venant du désert pour

se rendre au marché à trois jours au nord, et

même des caravanes de touristes bariolés et

bruyants. Tous venaient remplir leurs outres et

repartaient heureux.

Les derniers visiteurs ont été les prospecteurs de

pétrole. Ils ne se sont pas arrêtes. Ils sont passés

loin avec des engins énormes, creusant une sorte

d'autoroute dans le sable. Il les a vus du haut de

sa butte. Il a eu froid.

Les pétroliers se sont heurtés à du granit dans le

sous-sol. Ils ont percé à l'explosif. Cinq heures

après, cela faisait un lac. Ils ont ri, c'était beau. Ils

ont continué vers le sud-est.

Un an après on l'a retrouvé, couché dans le sable,

là où avait toujours été l’œil, là, par où la terre

avait regardé les hommes avec amour en leur

donnant ce qu'elle avait de meilleur, là par où

elle leur enseignait la sobriété.

Ecrevisses à pinces

blanches du lac de Breil :

Avant les travaux de restauration

du barrage hydroélectrique de

Breil-sur-Roya en 2012, l’Agence

de l’eau a prélevé 13 000

écrevisses austropotamobius

pallipes dans le lac de Breil et les

a confiées à la société de pêche

pour qu’elles soient réintroduites

en amont. Question : où sont-elles

passées ?

L'EAU. Histoire presque

vraie

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

[1] Cf. dossier Marmotte n°5 « Essentiel ou superflu ? ».

Lac de Breil : d’une

superficie de 2,8

hectares, il permet à

l’usine hydroélectrique

qui se situe en aval de

produire à elle seule

environ 34 millions de

kWh.

L’eau potable de

Menton et de Monaco :

elle est extraite de la

Roya, respectivement à

95% pour les

Mentonnais et de 2 à 3

millions de m3 par an

pour les Monégasques.

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Le renard de la Roya

Page 11: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Avril 2017, nº6 Page 11

L’entreprise a déjà commencé à s’implan-

ter sur Saorge (centrale de traitement des eaux de

Mérim, compteurs en projet à l’arrivée au réservoir

du village et au Trop-plein…) et aimerait aussi

récupérer l’eau de la Maglia, qui alimente Breil.

Avec ses promesses alléchantes, elle soudoie les

mairies afin que celles-ci abandonnent la régie mu-

nicipale et lui confient la ressource la plus impor-

tante de nos communes. A Saorge, la municipalité

estime que cela réduira sa charge de travail et la

facture de ceux qui ne sont au village que durant

les vacances. Mais pour les autres, cela signifie que

nous aurons bientôt des compteurs d’eaux indivi-

duels, avec une facture annuelle plus que doublée,

qu’il faudra poser de nouveaux points payants pour

les jardins du village, et surtout, se soumettre tota-

lement au mode de gestion du traitement des eaux

et aux priorités de la multinationale.

De nombreuses communes sont sorties (très diffici-

lement) de la gestion privée ces dernières années

(Nice, Contes…), et nombre d’autres tentent de le

faire actuellement car le suivi est quasiment inexis-

tant, les problèmes sur le réseau nombreux, et les

pratiques douteuses de la société ne sont plus à

démontrer (privatisation de l’eau des bidonvilles

colombiens, eau plus chère que le coca-cola dans

beaucoup de villes africaines, traitements abusifs

au chlore, au fluor et même parfois à l’alumi-

nium…). Les procédures pour récupérer un réseau

comme celui de Saorge, construit par les habitants

Une ombre lugubre plane sur notre territoire. Veolia, qui tente de prendre le

monopole sur la gestion de l’eau, les déchets et les transports dans le départe-

ment, s’intéresse de près à nos sources.

DOSSIER >>> EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS

après la grande guerre, appartenant

aux habitants, pourront s’étaler sur

plusieurs décennies…

Il est important que les populations

de Saorge, de Breil et des autres

communes s’expriment sur ce sujet,

lors des conseils municipaux, dans

les mairies, mais aussi dans la rue, et

Menaces sur l’eau de Saorge

EEEAUAUAU SECOURSSECOURSSECOURS !!!

Poésie saharienne

Je mènerai mes fils loin des terres humides

Qui font de l'homme un esclave étouffant sous l'affront.

Plutôt leur honneur sauf, ventres à moitié vides,

Et non ventres repus au prix d'humiliations

Le soir du 13 juin 2011, dans les rues de nombreuses

villes italiennes, on célèbre la victoire du référendum pour l'eau

bien commun. Ce résultat est le fruit d'un long processus qui a

impliqué des milliers de personnes à travers l'Italie: comités

locaux, associations, collectifs et particuliers.

Créé à l’issue d’une série de réunions entre 2005 et 2006, le

Forum italien des mouvements pour l'eau bien commun a rassem-

blé des expériences de lutte contre les politiques qui ont fait de

l'eau une marchandise et du marché, sa place de gestion privilé-

giée. En 2007, le Forum avait recueilli 400 000 signatures et sou-

mis au Parlement une « loi d'initiative populaire » pour le con-

trôle public des services nationaux de l'eau, mais celle-ci est

La bataille pour l’eau en Italie restée à ce jour enfermée dans les tiroirs des commissions parle-

mentaires. En novembre 2009, le processus de privatisation a été

accéléré avec le décret Ronchi qui a donné aux entreprises

privées un accès facile au système de gestion de l'eau, avec la

possibilité d'augmenter les tarifs.

Sur l'ensemble du territoire italien, la résistance à la privatisation

prend diverses formes: de la collecte de signatures pour l'abroga-

tion des pires éléments du décret Ronchi à l'opposition aux coupu-

res d’eau pour les familles qui ne peuvent pas payer leurs factu-

res. En 2010, le comité référendaire, composé du Forum et de

partis politiques, a présenté trois questions visant à abroger les

dispositions légales qui cherchent à privatiser l'eau, avec l'appui

Andromède le lagopède

qu’elles se renseignent sur ce

problème…

Eau secours ! L’eau, les sour-

ces, sont notre bien le plus

précieux…

Page 12: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

leur très faible place dans la gouvernance du service, à l’excep-

tion des quelques associations syndicales libres et sociétés

coopératives qui concernent des communes de quelques cen-

taines d’habitants. Nous sommes très loin de la gestion commu-

nautaire qui est celle des biens communs.

Quel droit à l’eau ?

En juillet 2011, l’assemblée

générale de l’ONU décla-

rait que l’accès à l’eau et à

l’assainissement était un

droit humain. Cette décla-

ration n’a eu aucun effet

concret, même dans les

pays qui ont introduit ce

droit dans leur Constitution.

La raison en est simple :

c’est le plus souvent les

factures individuelles ba-

sées sur la quantité d’eau

consommée qui financent

les services donnant accès

à l’eau et à l’assainisse-

ment ; ceux qui ne peuvent

pas payer leur facture sont

tout simplement privés de

leur droit (sans domicile

fixe, Rroms, migrants...).

Lorsqu’elle est considérée

comme un bien commun,

l’eau n’a pas de prix. Le

coût des services doit être

pris en charge par la com-

munauté des usagers qui

fait en sorte que les plus

riches paient pour l’accès à

l’eau et à l’assainissement

Pendant très longtemps dans la plupart des sociétés européennes, l’eau a été instituée comme un bien commun. Puis les

enclosures, le développement des villes et du capitalisme ont progressivement transformé l’eau en marchandise que les

citadins doivent payer à un opérateur public ou privé. Celui-ci se charge d’amener l’eau potable jusqu’aux habitations et de

collecter les eaux usées. Désormais comme l’a dit Ivan Illich, l’eau entre dans la ville comme marchandise, y circule dans

un réseau et en ressort comme déchet. Rares sont ceux qui actuellement accèdent directement à l’eau potable et à l’assai-

nissement sans passer par un opérateur de service ; en France, ils sont souvent l’objet de tracasseries administratives.

Gestion publique ou privée

En France, les services d’accès à l’eau potable et à l’as-

sainissement sont des compétences des collectivités

locales (communes, syndicats de communes ou inter-

communalités appelées établissements publics de

coopération intercommunale à fiscalité propre). La ré-

forme territoriale en cours (loi NOTRe) vise à transférer

les compétences des communes et des petits syndicats

vers les intercommunalités, passant de 35000 services

aujourd’hui à un peu moins de 4000 en 2020. La collectivi-

té locale en tant qu’autorité organisatrice a le choix entre

différents modes de gestion de ses services d’intérêt éco-

nomique général : établissement public (régie à autono-

mie financière ou régie à autonomie financière et person-

nalité morale), société publique locale, société publique-

privée (société d’économie mixte ou société d’économie

mixte à opération uni-

que), délégation de ser-

vice public par conces-

sion à une entreprise

privée et, de manière

extrêmement marginale,

association syndicale

libre et société coopéra-

tive industrielle et com-

merciale. Il existe aussi

des régies dites

« directes » (qui ne se

distinguent pas des ser-

vices administratifs de la

collectivité locale), dont

la création est interdite

depuis un arrêt du Con-

seil d’Etat de 1926 et qui

ont vocation à disparaî-

tre.

On retrouve dans les

autres pays européens

des modes de gestion

similaires mais avec des

proportions très varia-

bles entre gestion publi-

que et privée. Ces diffé-

rents modes de gestion

se caractérisent par l’ab-

sence des usagers ou

Qu’est-ce qu’un bien commun ? Un bien commun peut-être matériel (aquifère, forêt, terre cultivée) ou

immatériel (algorithme, séquence d’un gène). Il se distingue d’un bien

public ou privé par les droits de propriété et d’usage que la société lui

associe. C’est la communauté en charge du bien commun qui en

partage l’usage parmi ses membres et qui le préserve pour les

générations futures. A contrario, le propriétaire d’un bien public ou

privé en a l’usage exclusif et peut le vendre comme une marchandise à

un consommateur.

Page 12 La Marmotte déroutée

EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS <<< de 1 400 000 signatures collectées en trois mois. La

Cour constitutionnelle a déclaré recevables deux de

ces questions. Cela nous amène au référendum d'ini-

tiative populaire qui s’est tenu du 12 au 13 juin 2011

et qui a vu la victoire écrasante du « Oui à l'eau pu-

blique » (tout comme de l’opposition à l'énergie nu-

cléaire). Mais les institutions n'ont jamais respecté

cette forte indication politique et n’ont pas tenu com-

pte du résultat du vote. Par conséquent, la mobilisation

populaire n'a pas cessé, diverses initiatives et luttes ont été

ouvertes. A l'instar de Naples, où les comités locaux ont

réussi à empêcher les entreprises de tirer profit du bien

commun qu’est l'eau et où la mairie a créé un consortium

public pour sa gestion, la «campagne d'obéissance civile»

pour le respect du référendum a été étendue à l'ensemble

du territoire. Plus d'info sur www.acquabenecomune.org

L’eau, bien commun ou marchandiseL’eau, bien commun ou marchandiseL’eau, bien commun ou marchandise ??? Ludovico la Noce

Page 13: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

La Marmotte déroutée Page 13

EAU RAGE - EAU DES ESPOIRS <<<

impayé.

CEUX QUI MARCHENT SUR NOS ROUTES

mourir d'autres êtres humains sous leurs

yeux, peut-être justement parce que ça se

passe sous leurs yeux. Parce qu'il est in-

concevable de regarder la mort en face

sans rien faire. Parce que la seule façon de

ne pas la voir, c'est de rester chez soi. Peut

-être que les gens qui aident le font parce

qu'ils sortent de chez eux. Peut-être que

s'ils sortaient moins et regardaient plus la

télé qu'ils n'ont pas, ils n'aideraient pas.

Peut-être qu'ils croiraient ce qu'on leur dit,

comme les autres.

De là à en conclure qu'on ferait mieux de

jeter nos télés par la fenêtre, il n'y a qu'un

pas... Un pas au bord d'un fleuve, quelque

part dans « un petit village d'irréductibles

gaulois [qui] résistent encore et toujours à

l'envahisseur »...

Garderen lou moral. E vivà

Kawalight

La Roya est un fleuve côtier qui prend sa sour-

ce au col de Tende dans le département des

Alpes-Maritimes en France et qui rejoint la

Méditerranée en Italie au niveau de Vintimille.

Originaire de Nice, je ne suis sans doute pas

le mieux placé en termes d'objectivité pour en

parler. Je dois dire que le simple souvenir de

mon sang qui se glace en plein été au contact

de sa douce fraîcheur, qu'on apprécie toujours

au lendemain d’une fête de village, me rem-

plit de joie et de bonne humeur. Puis, au-delà

de l'eau qui danse en traversant la vallée, no-

tre fleuve « franco-italien » est le berceau

d'une nature préservée où marmottes et pis-

senlits vivent en harmonie.

Mais depuis quelques temps, une nouvelle

population est venue se nicher le long de no-

tre magnifique fleuve. Une population qui

vient bousculer un peu la vallée en ce sens

qu'elle provoque des réactions pour le moins

fleuries animées par une haine et une peur de

l'autre qui me glace également le sang, et

pour le coup, il s'en serait bien passé.

En effet, tous les jours, des hommes, des fem-

mes, des enfants remontent le cours de l'eau

pour quitter l'Italie en espérant rejoindre leur

famille quelque part en France, en Allemagne

en Angleterre... Mais ce qu'ils ne savent pas,

c'est que la vallée de la Roya est un cul de sac.

Pour rejoindre le reste de la France, il faut

repasser par l'Italie. Ce qui signifie que quel-

que part, on isole la vallée en la laissant se

remplir de migrants sans aucun contrôle à

l'entrée, mais en prenant bien garde de con-

trôler la sortie purement et simplement. Ainsi,

la Roya devient un mur depuis qu'on s'en sert

comme frontière. Mais pourquoi ? Pourquoi

toujours vouloir s'enfermer et se protéger ? Se

protéger de quoi ? D'une famille affamée et

blessée par la route ?

On nous parle toujours de protection

quand il s'agit en fait souvent de répres-

sion. La situation alarmante permet aux

gouvernements de stigmatiser toute une

vallée gênante puisque peuplée égale-

ment - et heureusement - d'humains qui

ont de la mémoire et qui n'oublient pas

d'où ils viennent. Des humains qui tout

simplement ouvrent leur porte comme ils

l'auraient sans doute fait pour les Juifs

traqués pendant la guerre.

Et puis, soyons sérieux. Rien n'est infran-

chissable ! Pas même un fleuve qui se

traverse... Pas même un mur qui se con-

tourne... Ils sont simplement dangereux

pour ceux qui tentent de les franchir et

qui le tenteront malgré tout, pour sauver

leur peau. Ainsi, la vallée de la Roya de-

vient elle-même dangereuse pour les

personnes qui y errent. On gagne du temps

en ralentissement le flux et on ne fait rien

d'autre. On gagne du temps qui coûte des

vies.

Alors évidemment on me répondra qu'on

ne peut pas accueillir toute la misère du

monde... évidemment.

Mais que direz-vous le jour où ces mêmes

migrants arriveront les pieds ensanglantés,

tremblants de froid et affamés dans votre

jardin ? Tournerez-vous encore la tête ?

Ferez-vous semblant de ne pas voir leur

désespoir et leur détresse ? Direz-vous en-

core qu'on ne peut décemment pas ouvrir

les frontières comme ça ? Mais d'ailleurs,

comme quoi ? Comme une bande d'irres-

ponsables qui se préoccupent plus de la vie

humaine que du profit de son pays ?

Peut-être tout simplement comme des êtres

humains qui ne parviennent plus à regarder

ailleurs. Qui ne parviennent plus à laisser

Fleuve noir

Ce mois-ci, la Marmotte ouvre les colonnes de cette rubrique à ceux qui croisent au

quotidien « ceux qui marchent sur nos routes » et des personnes qui les aident. Un bi-

llet qui vient de Nice :

des plus pauvres. C’est en

partie ce qui se passe en Ir-

lande, où les services

d’accès à l’eau et à l’assainis-

sement sont financés par

l’impôt sur le revenu.

Il ne peut y avoir une eau

bien commun et un droit à

l’eau sans une gestion démo-

cratique et communautaire de

l’eau, et sans un changement

radical du mode de finance-

ment des services. Ne croyez

pas les politiciens lorsqu’ils

vous disent que l’eau est un

bien commun dans leur colle-

ctivité locale et que le droit à

l’eau est appliqué en France

parce qu’il y a interdiction

des coupures d’eau pour

Anarchospinozal

Page 14: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

La Marmotte déroutée Page 14

Une mission d’observation d’Am-

nesty International France (AIF)

dans les Alpes-Maritimes, réalisée

du 19 janvier au 26 janvier 2017, a

permis de dresser un constat pré-

cis des violations des droits hu-

mains des hommes, femmes et

enfants, migrants ou réfugiés, qui

franchissent la frontière franco-

italienne pour rejoindre le territoi-

re français.

Ce rapport révèle « que les opéra-

tions de contrôle de la frontière

portent atteinte au droit d’asile, ne

respectent pas la législation fra-

nçaise applicable aux contrôles aux

frontières et ne sont pas conformes

à la convention relative aux droits

de l’enfant: Les personnes con-

trôlées à la frontière se retrouvent

en majorité privées de toute possi-

bilité de faire valoir leurs droits,

notamment celui de solliciter l’asi-

le. Les enfants non accompagnés ne

font pas l’objet de l’attention requi-

se au regard de leur situation de

vulnérabilité, ce qu’exige pourtant

la législation française de protec-

tion de l’enfance. Aucune identifi-

cation des enfants n’étant réalisée,

les enfants sont renvoyés au même

titre que les adultes, de façon expé-

ditive et sans possibilité d’exercer

leurs droits ni même d’être accom-

pagnés ».

Cette mission a également mis en

évidence le fait que « ce sont pré-

cisément ces violations des droits

humains commises par les autorités

françaises qui ont contraint des ci-

toyens à se mobiliser pour venir en

aide aux personnes réfugiées et

migrantes ; des citoyens qui, de

façon paradoxale, se retrouvent,

pour certains, poursuivis par l’État

français. Le rétablissement des con-

trôles aux frontières ne signifie pas

que l’on peut faire exception à la

loi. Ces contrôles doivent au con-

traire conduire les autorités à être

plus vigilantes quant à la protection

des droits des personnes, et identi-

fier les personnes en situation de

vulnérabilité, qu’il s’agisse d’enfants

privés de leur parents ou de victi-

mes de la traite d’êtres humains ».

De nombreux exemples d'actions

illégales des forces de police ont

été constatés, parfois accompagné-

es de falsification de documents:

par exemple, inscrire par écrit

qu'un enfant a été interpelé sur un

poste frontière alors qu'il était déjà

sur le territoire français et qu’avait

donc droit à protection ; renvoyer

un mineur déjà pris en charge par

l'Aide sociale à l'enfance et, de

plus, le mettre dans le train pour

Vintimille afin qu'il ne soit pas re-

foulé par la police italienne.

Il est extrêmement grave de cons-

tater que des forces de police cen-

sées respecter et faire respecter la

loi se permettent, certainement sur

ordre préfectoral, de violer les lois

pour mettre des gens, et notam-

ment des enfants, en danger. Leur

mission n’est-elle pas de protéger

les personnes, quels que soient leur natio-

nalité ou statut ?

L'histoire montre malheureusement

que dans un « état de droit », ce

que la France prétend être, ces

violations systématiques du droit

sur des populations minoritaires

peuvent conduire aux pires excès.

Dès lors, plus personne n'est à

l'abri d'y être confrontée un jour.

Dans la Déclaration universelle des

droits de l'Homme, on peut lire :

Article 13: Toute personne a le droit de

circuler librement et de choisir sa

résidence à l'intérieur d'un État, mais

aussi de quitter tout pays, y compris le

sien, et de revenir dans son pays. Article 14: Devant la persécution, toute

personne a le droit de chercher asile et

de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

Des actions illégales : un rapport acablantDes actions illégales : un rapport acablantDes actions illégales : un rapport acablant

Nous l’avons déjà souligné dans un précédent numéro (cf. Marmotte nº4) : nous sommes très loin

de la prétendue « invasion » des pays riches par les populations pauvres : les mouvements actuels

des populations se font à 80% entre pays « en développement », et seulement 2% des réfugiés

fuyant les guerres, les dictatures, la famine ou la misère choisissent l’Europe et y arrivent. Si les

réfugiés se concentrent en si grand nombre à Vintimille et dans la Roya, c’est d’abord à cause du

blocage de la frontière. Et aussi parce les forces de l’ordre, qui s’attellent à renvoyer à Vintimille

les migrants qu’ils arrêtent dans la vallée et surtout à sa sortie (Sospel), utilisent notre vallée com-me un sas pour gonfler les chiffres des reconduites à la frontière. N’avez-vous pas déjà fait le cons-

tat de croiser plusieurs fois les mêmes personnes ? Cette stratégie favorise par la même occasion

les réseaux de passeurs (qui font leurs prix en fonction de la difficulté à traverser : entre 150 et 2000

euros pour rejoindre Nice) et de prostitution. Mais, derrière les statistiques et les calculs, il y a des

êtres humains.

Liberté, égalité, fraternité : sommes-nous

encore en France ?

Les autorités du département des Alpes-Maritimes

bloquent les chemins peu dangereux et cherchent

à faire passer pour des malfaiteurs les personnes

refusant l’indifférence face à la détresse, afin de

les incriminer. Les délibérés des précédents

procès sont remis en question. Le parquet fait

automatiquement appel si la décision ne lui

convient pas (et c’est nous, avec nos impôts, qui

payons ses frais de justice). En même temps, tous

les dossiers concernant la vallée de la Roya ont été

retirés à la juge qui s’en chargeait jusqu’alors,

considérée comme « trop clémente » et remplacée

par un juge de Grasse. Nous qui croyons que

l’indépendance de la justice était tout ce qu’il nous

restait dans ce département corrompu, où le

pouvoir est accaparé par une poignée de notables!

Après Paris, Marseille aussi déporte vers le

Soudan

Le 27 avril prochain, Ahmed Ali, de nationalité

soudanaise, comparaîtra au Tribunal d’Aix-en-

Provence pour avoir refusé d’embarquer au bord

d’un avion devant le ramener au Soudan qu’il avait

fui. C’est la première fois qu’une déportation dans

un pays en guerre allait avoir lieu à Marseille.

De l’autre côté de la frontière

En Italie, la municipalité de Vintimille à fermé tous

les accès à l’eau potable hors des bâtiments.

Résultat : beaucoup de personnes de passage se

retrouvent en grave danger de déshydratation,

comme au Sahara… Quant à celles et ceux qui

viennent leur distribuer à manger, ils sont harcelés

par la police et finissent même parfois en garde à

vue, avec des procès en perspective et des peines

pouvant aller jusqu’à 3 mois d’emprisonnement et

206 euros d’amende… Le tout, pour avoir

simplement donné à manger à des personnes

nécessiteuses. A quand les camps d’extermination?

Norbert le Colvert et autres migrateurs

CEUX QUI MARCHENT SUR NOS ROUTES >>>

Page 15: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Avril 2017, nº6 Page 15

Un mardi après-midi de février. Je suis en avance, je

prends un demi au Buffet de la Gare et je m’installe en terras-

se côté voie ferrée, c’est là qu’il y a du soleil.

Le quai est désert. Il n’y a que trois tables, moi et ma bière. Et

le soleil qui filtre à travers la verrière de l’imposante « gare

internationale », projetant sur le quai des ombres géométri-

ques. Il y a dans ce dépouillement et cette solitude quelque

chose de cristallin, quelque chose qui tient de la beauté de

l’instant. Je laisse de côté le travail que j’ai réservé pour cette

attente. C’est trop captivant pour ne pas rester concentré. Je

prends soudainement conscience que c’est rare. C’est rare

d’être assis seul en terrasse d’un vrai bar sur un vrai quai,

dans ce monde de chaînes et de franchises, de règles de sé-

curité et de foules pressées. Un train arrive, le quai se peuple

l’espace de quelques minutes, puis se vide de nouveau. Le

train repart, en direction de Tende. Une employée de gare

donne le signal de départ et salue le conducteur. Elle est

jeune et souriante. Le soleil souligne son uniforme et sa cas-

quette d’un contour blanc et enflamme ses longs cheveux

lâchés, rendant la scène encore plus graphique. Le train dé-

marre, elle reste encore quelques secondes sans bouger.

Temps suspendu. Temps déjà presque révolu. Combien de

temps encore les trains en direction de Tende partiront de la

gare de Breil ? Combien de temps encore il y aura des em-

ployés de gare pour donner le signal de départ ? On parle

déjà de remplacer les trains par les bus, avant de nous obliger

de compter sur nos propres moyens. Et cette ligne TER est une

des dernières à encore employer du monde. Mais, déjà, les ga-

res ferment, et leurs guichets aussi, le train devient une simple

machine, le monde se déshumanise. Je me dis que, ici ou

ailleurs, je me rappellerai de ce moment dans quelques années.

Il y a des moments comme ça, en apparence anodins, mais qui

posent comme des jalons dans la mémoire, on se souvient, des

dizaines d’années après, de tout ce qui les constitue : la lumière,

l’air frais sur la peau, la pureté du silence …

Deux militaires traversent le quai en long, marchant d’un pas

rapide, comme s’ils étaient en retard. Le soleil les éclaire comme

la jolie “chef” de gare. De loin, c’est encore beau. Une pensée

fugace : voit-on encore la beauté dans un endroit en guerre ?

Peut-être, et peut-être même avec une force décuplée. Puis, ils

reviennent. D’autres les rejoignent, ils sont quatre en tout et trois

douaniers. Ils quadrillent le quai, les fusils à la main, à l’arrivée

du train qui vient de Vintimille. Une présence brutale, lourde de

sens. La guerre est déjà là. Le soleil passe de l’autre côté de la

montagne. L’instant de beauté est déjà dans le passé.

Qu’est-ce qui nous reste ? La laideur ou la résistance…

Andrea

Février 2017

Enfin une bonne initiative

pour relancer l'économie

valléenne !

Depuis quelques semaines, des dizai-

nes de militaires et de policiers s’ins-

tallent dans nos villages, qui à l'hôtel,

qui dans une chapelle réaffectée. On

les voit au restaurant où ils ont pris

pension, au café, au tabac. C'est

moins exigeant qu'un touriste et c'est

l'État qui paie. Vu le désintérêt de nos

élus pour financer quoi que ce soit

dans cette vallée, on peut remercier

les migrants pour leur aide.

SI J’AVAIS UN RÊVE...

Si j’avais un rêve:

A l’enfant qui sommeille en chacun de

nous : ferme les yeux et fait trois vœux…

Mais moi dans mon rêve je n’en ai

qu’un : tenir la baguette magique!

Avec elle, la vallée de la Roya devien-

drait « La vallée pilote » et, entre autres,

les camions bruyants et polluants se-

raient ferroutés… les chauffeurs réunis

dans leur wagon taperaient le carton et

se fendraient la poire.... Peu à peu ces

camions deviendraient des vestiges

fantasmagoriques de civilisations

désuètes et seraient transformés en

manèges délirants…

Si j’avais un cauchemar :

Si j’avais un cauchemar à raconter, dans

mon lit à l’étage...

Ma baguette magique est écrabouillée

sur la route...

Et alors je suffoque, assis(e) et hébété

(e), dans une pièce qui tremble dans

toutes ses jointures au gré du gronde-

ment sourd des poids lourds qui passent

dans la rue... Je n’entends plus la Ro-

ya...., dans laquelle des truites flottent

ventre à l’air...

Les Coyottes des Alpages

Trois lecteurs assidus et enthousiastes de la Marmotte déroutée ont imaginé cette rubrique qui propose aux lecteurs de répondre

à la question : “si j’avais un rêve ? si j’avais un cauchemar”. Voici une première série de réponses :

A la gare de breilA la gare de breilA la gare de breil---sursursur---royaroyaroya

Si j’avais un rêve:

A l’enfant qui sommeille en chacun de

nous : ferme les yeux et fait trois vœux…

Mais moi dans mon rêve je n’en ai

qu’un : tenir la baguette magique!

Avec elle, le printemps ce ne serait pas

le renouveau sonore et nauséabond

des embouteillages exponentiels des

fins de semaine, mais ce serait d’en-

tendre les modulations d’éveil saison-

nier de tous les oiseaux et de ressentir

les parfums des premières floraisons…

et de siroter un doux breuvage aux te-

rrasses des cafés des villages....

La gare de Breil en avril 1947

Le renard de la Roya

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La Marmotte déroutée Page 16

Il m’est arrivé souvent

d’avoir peur. Peur par

manque de repères, peur

de me sentir perdue. Peur d’une peur d’en-

fant qui cherche des bras. N’importe les-

quels, pourvu qu’ils apportent du réconfort.

Pourvu qu’ils me disent : « Tout va bien main-

tenant. Je te protège. » Adulte, il m’arrive

encore de ressentir ce vide, ce vertige, ce

« rétrécissement » de soi. Perdue parmi les

autres, perdue dans mes projets, mes buts,

perdue en moi. Je sursaute, je crains, je me

méfie, je suspecte. Et je m’attache, comme

un corps fatigué, un esprit désamarré, aux

bras qu’on me tend. Ceux-là rassurants, forts,

stables qu’on me tend sans le savoir. Amours,

amis, parents acquièrent à ces moments-là

des pouvoirs qu’ils ne soupçonnent pas. Re-

croquevillée contre eux, je ne ressens plus le

froid du dehors. Je n’ai plus peur parce qu’ils

font rempart. Je n’ai plus peur parce que je

leur fais confiance. De cette confiance aveu-

gle d’enfant, de chien, d’être soumis mais

pur. De celui qui ne peut pas se battre parce

qu’il ne comprend pas la lutte, ne maîtrise

pas les armes. Je refuse le combat et me re-

croqueville, me fonds en eux. Et par cette

fusion, je puise leur force, leur tranquillité, je

m’oublie et m’endors.

Ces moments de fragilité sont des moments

de soumission pour moi, et de domination

bienveillante pour les autres. Je m’y sacrifie

ou plutôt je sacrifie cette peur néfaste, et je

renais, plus tard, plus forte, régénérée. Mais

que se passerait-il si cette personne à qui je

donne momentanément ce pouvoir immense

de me protéger, s’appropriait ce pouvoir ? Si

ce pouvoir que je lui confie par détresse n’é-

tait pas révocable, en tout cas pas quand je le

désire, moi ?

J’entends dire, souvent, surtout en ces temps

mouvementés de campagne présidentielle,

qu’il nous faut quelqu’un de fort pour nous

diriger. Quelqu’un de confiance, quelqu’un

stable et puissant. Quelqu’un qui sait, qui

voit, quelqu’un qui n’a pas peur. Et toujours

ces phrases me rappellent à mes peurs d’en-

fant ou à celles d’aujourd’hui. Des bras, tou-

jours des bras. Vulnérables on l’est, fragiles

aussi. Rétifs à la liberté, à la lumière crue,

aveuglante du dehors. Nous perdons les pé-

dales, il nous arrive d’y comprendre foutre-

ment rien : l’Europe, les médias, le capitalis-

me, les épidémies, les guerres, les taxes, le

racisme, la mort… Vouloir nous abandonner

n’est que trop humain. Mais que feront-ils,

ces chers élus, quand nous aurons fermé les

yeux au creux de leurs paroles rassurantes ?

Que feront-ils de nous et que feront-ils de

leurs promesses ?

il doit pouvoir être repris. Ou, au mini-

mum, adapté, remanié, discuté, contra-

rié. Nous pouvons observer notre langa-

ge : n’oppose-t-on pas, malgré nous, les

mots “autorité” et “revendication”?

“Force” et “tolérance”?

Mettons que j’ai peur un instant, que je

désire être soumis, que je veuille

m’abandonner, il me faut, en même

temps me contraindre à ne pas tout

abandonner ! Ni esprit critique, ni force

de contradiction. La désobéissance,

quand elle est volonté d’émancipation,

est une nécessité, un versant de la liber-

té ! Bref, une bonne vieille râpe anti-

callosité de l’habitude !

N’importe qui

JOURNAL DE N’IMPORTE QUI

Qu’est-ce qu’on est bien dans tes bras !

Le danger, selon moi, vient d’abord

de nous. Il vient d’un petit vice par-

tagé que l’on appelle dans les bou-

quins de vulgarisation en psycholo-

gie « le pied dans la porte ». C’est-

à-dire : une fois qu’on a répondu

oui, on a beaucoup plus de mal,

ensuite, à dire non. Oui, je te fais

confiance mais cette fois (ou trop

souvent), non, tu as tort. On prend

trop vite l’habitude (!) de dire oui.

C’est cette force de l’habitude, de

« la coutume » que s’efforce de dé-

crypter Etienne de la Boétie dans

son livre « De la servitude volontai-

re » écrit en 1549. Pourtant, en poli-

tique comme ailleurs, si le pouvoir -

sur soi - peut être donné, délégué,

Page 17: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Avril 2017, nº6 Page 17

DROIT DE RÉPONSE Le C.O.N.A.R (Comité d’organisation national des arguments raisonnables) a

été chargé d’informer tous ceux et celles qui présentement s’inquiètent du

devenir de la vallée. C’est le célèbre professeur Della Recampune, inventeur

du laser à couper le beurre, qui a été chargé de la mission. Nous publions sa

Messieurs,

Au vu des travaux de construction du double tunnel de Tende,

des habitants s’inquiètent des conséquences d’une augmenta-

tion du trafic routier. Ces gens-là redoutent une pollution ac-

crue, un trafic dangereux et des impacts sur leur santé, une

augmentation du réchauffement climatique local et l’abandon

du principe de précaution. Une vue à court terme pourrait

sembler leur donner raison, mais heureusement, il n’en est

rien, et mon rôle est de les rassurer sur l’avenir de notre belle

vallée.

C’est vrai, l’accumulation du dioxyde de carbone, des oxydes

d’azote, du monoxyde de carbone, des particules, des suies

aux nanoparticules, des poussières de plomb, de benzène de

dioxyde de soufre, d’amiante et d’ozone peut sembler à une

personne mal informée ou inculte une catastrophe environne-

mentale. La science soit louée, ce n’est pas vrai ! Je me per-

mets de citer un grand ministre français de l’Éducation natio-

nale et de la technologie, Claude Allègre : n’a-t-il pas dit que

le changement climatique était une imposture et aussi que le

principe de précaution était une arme contre le progrès ? Or,

chacun sait qu’un ministre est compétent, honnête et dans l’im-

possibilité de mentir. Alors, je vais essayer, de manière sim-

ple, de rassurer ces réfractaires dont on pense qu’ils ne sont

pas tous originaires de la vallée, que certains seraient écolo-

gistes, voire tenants de la décroissance, ou même poètes. Au

nom du progrès, du nouvel ordre mondial et de la belle pen-

sée unique je proclame : VIVE LA ROUTE ET LES TUNNELS !

Pauvres égarés, bien sûr que ces gaz vont dans un premier

temps noircir les façades et rendre lugubres les traversées

des villages, mais ne comprenez-vous pas

que cela engendrera des travaux constants

de réfection de peinture pour les hôtels de

ville, les maisons bourgeoises et les monu-

ments historiques ? Bientôt dans la vallée,

grâce aux tunnels, des entreprises de

peinture vont se développer et créer des

emplois !

Tristes simplets, dans un deuxième temps,

ce mélange gazeux rongera les calcaires,

les chaux et les pierres en profondeur. Pour

éviter l’effondrement entier des façades, il

faudra les ravaler complètement tous les 7

ans. Bientôt dans la vallée, grâce au dou-

ble tunnel, de nouvelles entreprises de

maçonneries se développeront.

Gentils niaiseux, dans un troisième temps,

le passage incessant jour et nuit des poids

lourds va ruiner et déstabiliser les fonda-

tions situées près de la route. Il faudra dé-

truire de nombreux bâtiments sans intérêt

et refaire complètement les fondations des

bâtiments publics et des monuments histori-

ques. Bientôt, grâce au double tunnel, de

gigantesques entreprises industrielles

viendront sauver les chefs d’œuvre de la vallée à bon

marché (car ces entreprises emploient la main d’œuvre

immigrée pour faire baisser les prix).

Mais bandes d’utopistes, avez-vous pensé que les différentes

entreprises qui s’occupent aujourd’hui de l’entretien des rou-

tes vont devoir renforcer leur vigilance et travailler jour et

nuit, car les accidents vont se multiplier, les panneaux signa-

létiques seront rongés annuellement par le mélange gazeux et

devront être changés régulièrement pour être lisibles ? Les

déchets jetés par les voitures seront multipliés par mille, les

fondations s’affaisseront régulièrement. Les autorités devront

être sans cesse en alerte pour pouvoir intervenir et empêcher

des kilomètres de bouchons. Bientôt dans la vallée, grâce

au double tunnel, l’État triplera les emplois liés à la route!

Soyez réalistes, bande d’ignorants, devant un tel afflux de voi-

tures, il faudra multiplier les feux rouges dans chaque village,

ce qui finira inexorablement par attirer des enfants mendiants

laveurs de pare-brises dont les parents sont souvent des cam-

brioleurs ou des vendeurs à la sauvette. Les autorités et les

forces de l’ordre devront sans cesse traquer ces clandestins et

les ramener de l’autre côté des tunnels. De plus, pour répon-

dre au besoin bien naturel de la fréquentation accrue des rou-

tiers qui traverseront notre belle vallée, des foyers de prosti-

tutions pulluleront le long des berges la nuit. Cette aubaine

sera aussi d’un grand réconfort pour les hommes seuls de la

vallée ! Les péripatéticiennes généreront de la croissance

économique et rempliront les écoles en train de se désaffec-

ter. Bien sûr, il faudra renforcer les contrôles policiers et la

surveillance sanitaire pour protéger les autochtones. Bientôt

LETTRE À LA POPULATION RÉTIVE À LA CONSTRUCTION DU DOUBLE TUNNEL DE TENDE

De

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Page 18: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Au sujet des numéros 1 et 4 :

Je possède une résidence secondaire à Tende depuis 8 ans […]. Je

partage vos inquiétudes sur le trafic routier dans la Roya mais

quand vous parlez pollution il serait honnête de dire que la plupart

des particules fines sont issues du chauffage individuel au bois plu-

tôt que de la route. Vous devriez faire la promotion de ce qui se fait

dans la Vallée de l'Arve plutôt que de taper essentiellement sur les

camions :

www.bioenergie-promotion.fr/39736/ppa-de-la-vallee-de-larve-le

-fonds-air-bois-aide-a-moderniser-les-chauffages-a-bois/

La Marmotte déroutée Page 18

dans la vallée donc,

grâce au double tun-

nel, création de nou-

velles gendarmeries,

de nouvelles écoles

et d’un centre de ré-

tention !

Et au nom de ce même

progrès inéluctable,

j’ose dire : vive la po-

llution ! Parlons de l’air, de l’eau et de la

terre. Il est dit que leur pollution aug-

mente les cancers, les allergies, les my-

coses et, considérablement, les molécu-

les chimiques d’origines étrangères

dans les fœtus, qu'elle apporte de gra-

ves déficiences pulmonaires, rend idiot

et abrège la durée de vie. C’est vrai,

bien sûr ! Mais à long terme, cela veut

dire une population plus résistante et

mieux adaptée aux conséquences du

progrès car des médecins spécialistes

des maladies infantiles viendront ap-

prendre à nos enfants à vivre avec des

artifices biotechnologiques et des mo-

lécules salvatrices ! Les mairies créeront

des jardins et des potagers biologiques

près des routes pour les vacciner contre

les poussières lourdes, l’amiante, le

pyralène, les nanoparticules et le

plomb. Leurs cartables seront modifiés,

transformés en caddies leur permettant

de transporter l’oxygène nécessaire à

leur survie, ainsi que leur combinaison

salvatrice. De plus, le caddie leur offrira

une protection supplémentaire

lorsqu’ils traverseront imprudemment la

route. Même ceux qui ne résisteront pas

à ce changement créeront de la crois-

sance car il faudra bâtir de nouveaux

mouroirs et agrandir les cimetières.

Bientôt dans la vallée, grâce au dou-

ble tunnel, des médecins supplémen-

taires, de nouvelles cliniques, de nou-

veaux cimetières et des distributeurs

d’oxygène dans tous les villages !

De fait, grâce à la construction de ce

double tunnel, la vallée de la Roya va

enfin rentrer dans la modernité et deve-

nir un exemple du transhumanisme à la

face du monde !

Signé : Ruggero Della Recampune, chargé de

mission du C.O.N.A.R

Président des Hautes Études de Commerce de

Berghe Supérieur

Professeur émérite des sciences appliquées à la

faculté de Piene

Titulaire de la chaire de technologie des Écoles

d’ingénieur de Morignole

Docteur en maîtrise d’histoire de l’Université de

Vievola

Agronome en titre des prestigieuses Écoles de

Saorge et médaille d’or de la Word cup de

Silicone Castou

Auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation

anthropologique dont son fameux bestseller

« J’ai réussi à rester trois jours sans portable ».

Évidemment, seule une infime partie

des bienfaits de la route vient de vous

être dévoilée. Il y aura encore beau-

coup à dire sur les avantages de l’aug-

mentation de la pollution sonore, les

bienfaits des nouvelles odeurs qui

vont embaumer la vallée ou des publi-

cités qui vont enfin embellir notre te-

rritoire. Cela sera pour une autre lettre

d’information.

Mais un dernier conseil à nos dis-

sidents, réfléchissez donc : qui

pourraient être les plus contrôlés sur

les routes, qui occuperaient les pre-

miers camps de rétention et à qui

supprimerait-t-on le RSA et autres ai-

des en priorité ?

COURRIER DES LECTEURS

La pollution à Tende quand il fait froid et que les habitants

se chauffent au bois est très visible les jours sans vent. Pas

besoin de double tunnel pour cela… Vous devriez aussi

axer vos analyses sur la pollution sonore et les risques acci-

dentogènes dus à un trafic en croissance.

Réponse de la Marmotte :

Le contexte de la vallée de l'Arve est aussi bien différent

(très peuplée, et donc un impact du chauffage bien plus

Et

il /

ell

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ers

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en

plu

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CC

La

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Quelques extraits des lettres que nous avons reçues - MERCI!

Page 19: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Avril 2017, nº6 Page 19

PRATIQUE

ditions s'envolent :

Plus de cancre à l'horizon,

Fenêtres et portes s'ouvrent.

Alors un poète lui propose une école sans

murs, où il ferait bon vivre, où les mots et

les chiffres seraient ses amis de jeux; où

apprendre rimerait avec plaisir; où il

pourrait danser, chanter, toucher/

retourner la terre pour y planter/cueillir...

Enfin :"Ouf!"… il respire et rencontre un

autre cancre, comme lui un peu différent :

ils échangent et partagent, s'amusent à se

comprendre.

Autrement dit : une école dite alternative,

sous formes d'ateliers interdisciplinaires

offrant des journées qui ne se ressem-

blent pas.

Soif d'un savoir ravivé par un esprit libéré

du joug des dogmes du résultat et de la

compétition,

Au matin, ils se lèveraient, avides de

prendre le chemin d'une école saisonniè-

re, familière, "familiale"…

Laisser l'être, être ; l'accompagner seule-

ment à progresser dans l'équilibre…à

devenir, à son rythme.

[…]

A l'occasion du Prin-

temps des poètes :

Quelques notes dou-

ces à partager,

de premières violettes

guillerettes,

de primevères tapissant de soleil

cette Terre que nous maltraitons

et qui semble "Bonne Mère" nous sup-

porter, perdant ses forces,

quand nous déployons les nôtres - sans

faiblesse - à l'ignorer, à la piétiner.

Le mimosa floconne; les crocus s'aco-

quinent...

Souffle passager : Plonger gaiement

dans ce ruisseau, du bout des lèvres,

goûter le chant des oiseaux en écou-

tant le vent...

Petite brève, légère brise,…

La sinusite

Infectieuse ou allergique, cette inflammation

des sinus est causée par l'inflammation de la

muqueuse nasale et peut évoluer de manière

aiguë ou chronique. Elle provoque notamment

de vives douleurs frontales ou autour des yeux

et un écoulement nasal purulent. L'apparition

d'une fièvre est possible.

Pour soulager cette inflammation, faites bouillir

le volume d'un bol d'eau. Ajoutez-y le jus de

deux citrons, du poivre et une pincée de gros

sel de cuisine. Mettez le mélange dans un bol.

Couvrez-vous la tête d'une serviette et inhalez

ta vapeur sortant du bol, en vous penchant,

bien caché sous la serviette.

Vous pouvez aussi mettre de la lavande dans

l'eau très chaude. Elle désinfecte les si-

nus. La lavande vraie (Lavandula augusti-

folia), se rencontre sur les pentes calcai-

res et rocailleuses du Midi, entre 700 et

1800 mètres. Utilisé en médecine depuis

l'Antiquité, son principe actif est une hui-

le essentielle qui renferme surtout des

alcools terpéniques (linalol et géraniol),

qui détruit les bactéries et empêche le

phénomène de surinfection.

En cas de sinusites répétées, il sera in-

dispensable de consulter un médecin

spécialisé. En effet, souvent consécutive

à une grippe, à une rhinopharyngite ou à

une infection dentaire, la sinusite peut

dégénérer en une infection plus impor-

tante localement.

important). Pour la Roya, c'est surtout la

circulation, à laquelle s'ajoutent les pollu-

tions qui remontent du littoral avec la brise

(jusqu’à St Dalmas), et celles qui remon-

tent avec la Lombarde (par le Piémont,

jusqu’à Tende). Dans les 6000 habitants de

la Roya, seule une portion utilise le chauf-

fage à bois, auquel on peut ajouter les

brulis qui polluent encore bien plus quand

c'est la saison, mais on est encore en des-

sous de la pollution des 4000 véhicules /

jour qui traversent la vallée (et bien plus

les jours de déplacement des Piémontais

qui vont ou reviennent du littoral...).

[…]

Au sujet de l’école :

"Il dit non avec la tête", la craie crisse...

"Il dit oui avec le cœur", l'encre se colo-

re...

"Sur le tableau noir du malheur", des let-

tres batifolent;

"Il dessine le visage du bonheur", des ad-

ACTU

Remèdes naturels Remèdes naturels Remèdes naturels (suite de “Soigner les maux d’hiver” du précédent numéro)

Andromède le lagopède

Collèges : Merci de patienter… Nous allons vous répondre

Nous avions, dans le précédent numéro, relayé la mobilisa-

tion soutenue par les APE (Associations des parents

d’élèves) de Breil et de Saint-Dalmas. Le maintien de plu-

sieurs classes, des postes de professeurs et l’avenir de cer-

taines options étaient menacés au nom de la diminution de la

DGH (la Dotation Globale Horaire) - Gloups. L’équation est

simple : moins d’heures de cours, donc moins de classes,

des classes plus denses, et donc moins de postes de profes-

seurs nécessaires… Qu’en est-il alors ? La décision appar-

tient maintenant à l’Inspection académique qui a « entendu »

les revendications des représentants : elle a reçu l’APE de

Saint-Dalmas, ainsi que des représentants de professeurs,

accompagnés du Maire. Idem pour Breil, mais le Maire n’a

pu y participer (?). D’autre part, le principal du collège de

l’Eau-vive a formulé une nouvelle demande : une petite ra-

llonge (5h) de la DGH sur un total de 155 heures. Celle-là a

été accordée par l’Inspection. Alors, cette petite faveur est-

elle une réponse définitive qui signifierait que la DGH est

actée, à la baisse ?

Page 20: UN JOURNAL POUR LA ROYA La marmotte La marmotte … · 2017-04-11 · ou d'autres petites proies. Les années de printemps tardif, la marmotte, sortie de son long « sommeil » avant

Cherche des illustrateurs-dessinateurs, des traducteurs du français en

italien et de nouveaux points de diffusion. Et bien sûr, continuez à nous

faire parvenir vos idées, vos réactions et réflexions, que nous ne

manquerons pas de publier dans la rubrique « Courrier des lecteurs ».

Cette vallée est la nôtre, ce journal aussi!

La Marmotte déroutée

[email protected]

www.la-marmotte-deroutee.fr Publication autogérée par des habitants de la vallée de la Roya

Évènements en Roya-Bevera :

1 avril : Congrès national canadien de marmotologie

expérimentale (CNDME). 8 avril à La Tour-sur-Tinée : 6e Journée de la graine

(bourse aux graines, animations, projection, débats,

scènes ouverte et concert)

8 avril à 21h00 à la salle des fêtes de La Brigue : spectacle

duo musical burlesque "Accord sensible" par la cie Le filet

d'air (8€). Repas à 19h (réservation conseillée) Contact :

foyerruraltendelabrigue.blogspot.fr

20 avril : les marmottes des Alpes de dégourdissent les

pattes et commencent à déguster la douce rosée

condensée sur les plantes sorties après l’hiver.

26 avril : Piquenique contre la militarisation de nos vallées

et le délit de faciès au checkpoint de St Gervais (Sospel)

30 avril : Pantaï de Santa Capellina. 12h : repas de lac à

Breil ; après-midi : fabrication de la Santa et essai sur le

lac ; 18h : descente par le train du Pantaï Breil-Nice ; 20h :

bal de la Santa aux Diables bleus, 29 route de Turin à Nice

1 mai : 12h-19h Santa Capellina à Rauba Capeu, Nissa :

viens avec un vœu, un poisson et un chapeau maison e vai

per la procession !

Procès pour l’aide aux réfugiés dans la Roya ou à la

frontière :

4 avril : Francesca au TGI de Nice

24 avril : Marie-Rose et Eric, au TGI de Nice

27 avril : Felix, au Tribunal d’Imperia

16 Mai : Françoise, Gérard, Dan et René, au TGI de Nice

En avril au jardin : Vous pouvez semer fèves, maïs, pois,

betteraves, carottes, navets, oignons, patates, radis,

topinambours, artichauts, choux, épinards, fenouil, laitues,

roquette, persil, poireaux, blettes… Et sous serre :

concombres, courges et courgettes, melons, haricots,

piments, tomates, brocolis, basilic, céleri… C’est un bon

moment pour épandre du compost et enfouir les engrais

verts, élaborer le merveilleux purin d’ortie, bécher, poser

la glue pour limiter les fourmis (et donc les pucerons),

effectuer les traitements préventifs contre les maladies

cryptogamiques (tisane d’ortie le matin et décoction de

prèle le soir). Les greffes fonctionnent encore bien. Les

montées de sève vont rendre dangereuses les tailles des

arbres. Les salades sauvages sortent à foison.

Météo : Le mois d’avril est généralement le plus riche en

ondées, mais on ressent la sortie de l’hiver avec

l’adoucissement des températures. La fin du mois devrait

être très pluvieuse, avec une instabilité des masses d’air

pouvant découler sur des situations orageuses.

ACTU (suite)

Breil sous le feu des caméras?

Le conseil municipal de Breil-sur-Roya discute actuellement

de l’installation imminente de neuf caméras de surveillance dans le village : collège, écoles, crèche, mairie, service tech-

nique et... Ca d’Breï. Il semblerait que les membres du Con-

seil soient partagés sur la pertinence de ce projet, notam-

ment au sujet de l’installation de la caméra à l’entrée de la Ca

d’Breï, qui impliquerait une atteinte à la vie privée, plus pré-

cisément à la liberté d’assister dans l’anonymat aux réunions

politiques, associatives, militantes. Nos élus débattent, mais, en attendant, qu’en pensons-

NOUS, les potentiels futurs figurants ? Que vous inspire cette

idée : plus de sécurité ?

Contrôle utile ou super-

flu ? Atteinte à la liberté ?

Cela vous évitera-t-il, à

votre avis, de vous faire

voler votre remorque en

face de chez vous ?

Sur ce projet, pourtant

intrusif, la population n’a

pas été consultée. Mais

cela ne doit pas nous

empêcher d’y réfléchir pour autant ! Partagez

votre avis avec la Mar-

motte en nous écrivant

(nous le diffuserons), par-

lez-en autour de vous,

interrogez vos élus.

À VOUS LA PAROLE!

Tél. 07 68 05 65 34

Un livre blanc sur le train

ger un livre blanc destiné aux décideurs. Il comportera les

revendications et les besoins collectifs et décrira les con-

séquences des dysfonctionnements qui perdurent depuis le

ralentissement à 40km/h sur la portion Breil-Tende. Élus, as-

sociations, comités, salariés de la SNCF, APE, sont invités à y

contribuer.

La mairie de l’Escarène a lancé une pétition :

www.change.org/p/mairie-de-l-escarene-contre-l-asphyxie-

des-vall%C3%A9es

Rien n’est clair. Nous sommes « en attente », en sus-

pens… C’est pourquoi l’APE et les représentants des

professeurs ont demandé un nouveau RDV à l’Ins-

pection, accompagnés cette fois des Maires de Fon-

tan, Saorge et Breil. Une nouvelle action de mobili-

sation est organisée samedi 1er avril à Breil : départ

à 10h30 Place Biancheri et défilé jusqu’au collège.

Soyons nombreux et bruyants ! Jeunes et moins

jeunes, venez avec vos instruments ! La marmotte

aura son sifflet.

Lors de la dernière réunion des usagers de la ligne Nice-

Cuneo-Vintimille à la Trinité, la décision a été prise de rédi-