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DANS CE NUMÉRO :
DOSSIER : COMMUNIQUE ACTION
Parole de Marmotte nº12. Des voies sans voix / Prêtons l’oreille … 2
Je te comprends, moi non plus… 3
Enlève ton filtre, je te donnerai mon code !/ Tais-toi et capte ! /L’art
de ne pas tout dire … 3
Accouche ou j'accouche pour toi ! /A la recherche d’un sens com-
mun / Bonjour la confusion! … 4
Une histoire de moyens … 4
Droit d'expression populaire … 5
Liberté de presse ou liberté express … 6
Liberté de la presse dans le monde / Le monde de la presse … 6
Anonymat des sources / Un monde de Fakes… 7
Les plantes communiquent-elles ? … 8
OREILLES TENDUES :
Entretien avec trois "aventuriers" … 9
Interview: Dix-neuf tonnes! C'en est trop ! ... 12
19 tonnes : La Marmotte complète le tableau … 13
PAROLE AUX USAGES DU TRAIN ... 13
JOURNAL DE N'IMPORTE QUI : Le festin des enfants perdus … 14
COURRIERS DES LECTEURS … 15
A MEDITER : communiqu’action : qu’en pensez-vous ? … 15
ACTUALITÉS :
11 vaccins obligatoires pour les nourrissons ! ...15
Météo judiciaire niçoise / Arrêté 19 tonnes: transporteurs routiers
ripostent / Le conseil départemental embraye / catastrophe évitée
sur la route … 16
EVENEMENTS EN ROYA-BEVERA… 16
Publication autogérée par des habitants de la vallée de la Roya - www.la-marmotte-deroutee.fr - [email protected] - 07 68 05 65 34
La marmotte La marmotte déroutéedéroutée
Décembre 2017 - nº12 - Prix libre
UN JOURNAL POUR LA ROYA
Communication
Comme Unique Action ?
Communique Action ? Avec ce douzième numéro, La Marmotte fête sa pre-mière année d’existence. Un cap qu’elle passe avec joie, dans un concert de gazouillis et de sifflements énergiques, tout en s’interrogeant sur sa mission. Échanger, informer, communiquer, qu’est-ce que cela signifie au juste ?
Tout commença avec des grognements, soupirs ou éclats de voix, des gestes vifs ou lents, des odeurs, des regards hostiles ou accueillants… Puis, des sons bien distincts, organisés, un langage… Suivirent des dessins, gravures de symboles, et l’écriture… On transmit ces perceptions à distance : lettres, sons, images, textes… Les moyens de communiquer se multiplièrent incroyablement, l’énergie et le temps que nous y consacrons augmentèrent en con-séquence. Mais communiquons-nous mieux aujour-d’hui ou simplement davantage ?
Nous croulons sous une montagne de publicités, tracts, emails, SMS, journaux et publications diverses. Facebook et autres réseaux sociaux ; le téléphone, la télévision et la radio nous accompagnent au quotidien. Nous pouvons communiquer instantanément avec l’autre bout du monde, utiliser des satellites, traduire dans toutes les langues, accéder à des sources infinies de connaissances en un clic, et même les sauvegarder pour y revenir plus tard. Malgré cela, l’Homme s’est-il rapproché de ses semblables ? Nous comprenons-nous mieux avec nos voi-sins ? La communication s’étoffe, se complexifie, s’artifi-cialise, multiplie les intermédiaires, et nous manquons d’armes « intellectuelles » pour appréhender les raz-de-marée informationnels qui nous inondent.
L’idée de La Marmotte, à sa naissance, fut de créer un îlot sur l’océan des communications, pour notre petit mais grandiose territoire. Nous aimerions relier les gens qui s’attachent à le faire vivre et, surtout, synthétiser les infor-mations importantes qui le concernent, pour mieux le comprendre et mieux le préserver. C’est pourquoi cette gazette est ouverte aux textes et images que chaque lec-teur voudrait y apporter. Depuis le début de l’aventure, vos contributions et réactions ont été nombreuses, nous vous en remercions ! Alors que tant de « médias » et de « moyens de communication » divisent plus qu’ils ne re-lient, nous désinforment et nous laissent dans l’impuis-sance face à ce qui nous dérange, nous voudrions, en toute humilité, loin des sphères de pouvoir et d’influence, poursuivre ces échanges pour construire l’avenir de nos villages, et, chacun-e-s à sa manière, continuer à faire vivre et à créer l’histoire et la culture de nos montagnes.
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Dia
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A la sortie du tunnel, sur les indications du Loup, je
poursuis vers un escalier qui mène à une porte. Pour conju-
rer la peur qui commence à m’escalader les pattes, j’essaie
de réfléchir. La petite route du train que je viens de quitter
est pour les Humains « une voie de communication ». La
grande route, avec ses bêtes-boîtes, ses « moyens de trans-
port » comme ils disent, en est une aussi. Les Humains, sem-
blerait-il, sont tourmentés par l’idée de relier les choses, les
lieux et eux-mêmes. Communiquer, pour eux, c’est censé
être ça, relier, établir une relation. Normal, diriez-vous, la
solitude n’a rien d’agréable. Mais une sente à peine dessi-
née par nos petits pas légers suffit, à nous, Marmottes, pour
rejoindre le terrier voisin. Eux, on dirait qu’ils souffrent
d’une manie des traces, qu’ils ne peuvent pas s’empêcher
de marquer de toutes leurs forces les lieux où ils transpor-
tent des choses plus ou moins absurdes en grande quantité
et où ils se font transporter eux-mêmes dans leurs bêtes-
boîtes.
Et, non contents de couvrir les montagnes de leurs
« voies de communication », ils en ont aussi truffé les airs !
Vous m’avez bien compris, leurs « voies » traversent l’air de
toutes parts, je l’ai appris avec les compagnons du RAR (cf.
Parole de Marmotte nº8 et nº9) ! Certaines de ces « voies »
leur permettent d’y faire voler de très grosses boîtes sem-
blables aux camions et aux trains, mais avec des ailes.
D’autres, invisibles à l’œil nu, relient entre elles des boîtes
plus ou moins petites que les
Humains ont mis au point pour
qu’elles les aident à se parler,
avec, au bout de chaque boîte,
un Humain tentant désespéré-
ment de se relier. Vous en
voyez la conséquence ? L’air est
tout plein de leurs mots ! J’en
inspire une bouffée et m’aper-
çois, vertige à l’appui, que la
peur, cette sale petite bête que
j’ai laissée sans surveillance,
s’est frayée un chemin entre mes côtes. La peur, encore.
Mais peur de quoi ? Le Loup m’a pourtant rassurée : « risque
proche de zéro, à condition de rester sur tes gardes ».
Sur fond de matin gris, acéré comme une griffe, la première
neige brûle les sommets au loin. Cela fait douze lunes que la
montagne du Col de Tende a tremblé, me faisant prendre la
route (cf. Parole de Marmotte nº1), puis renoncer au sommeil
de l’hiver (cf. Parole de Marmotte nº3). Douze lunes après,
j’ai l’impression de n’y comprendre rien. Le monde humain
est extrêmement complexe. Je vous ai dit que les Humains
paraissaient au premier abord être mus par une envie de
tout relier, à commencer par eux-mêmes. Mais en même
temps, à bien y regarder, rien, strictement rien chez eux ne
semble être fixe, définitivement partagé : comportements,
concepts, raisons… Leurs vies s’attirent parfois, ou se re-
poussent. Le plus souvent, elles coexistent en tas compacts
et séparés, comme chaque couche du sol, superposée aux
autres, est peuplée d’organismes bien à elle, qui ne suppor-
tent pas qu’on les change d’endroit. Jusqu’à ce qu’un san-
glier furieux en quête de racines n’y donne un gros coup de
sabot, mettant tous leurs petits mondes à l’envers ? Alors,
leurs « voies » et leurs « moyens de communication » ne ser-
vent pas vraiment à établir une relation, ils se contentent de
faire changer d’endroit les choses, eux-mêmes et leurs voix.
Le Chat savant m’a bien appris à me méfier des mots (cf.
Parole de Marmotte nº10) ! A force de se prendre de passion
pour ces boîtes qui leur servent
d’intermédiaires, ils ont fini par
confondre « lien » et
« déplacement ».
La porte. Je marque une pause, la
petite boule de peur s’emballe
entre mes côtes. Je siffle cinq fois,
comme me l’a dit le Loup. La porte
s’ouvre. Je lâche mon message, le
cœur en boule, sans introduction :
« La route s’effondre ».
Page 2 La Marmotte déroutée
Prêtons l’oreille et la joue amis fouisseurs…
Nous avons vu précédemment comment la marmotte avertissait sa
communauté en cas de menace par des sifflements (cf. Marmotte
nº9, p. 2), qui servent aussi à surprendre l’ennemi. Un cri bref et
strident signale l’aigle, et tout le monde plonge au fond du
terrier, alors qu’un appel différent, pour un quadrupède ou
bipède, incite à vérifier la cause de l'alerte, avant, si nécessaire,
de se cacher. Mais des cris peuvent aussi retentir sans danger,
simplement pour communiquer avec d’autres membres de la
famille ou de la colonie. Ils peuvent être liés à certains états
d'excitation, aux jeux, aux complexes relations sociales au sein du
groupe, ou dépourvus de toute tension, pour les contacts sociaux
lors des phases de repos. On a pu dénombrer plus de 900
sifflements différents émis par le même animal en une demi-
heure !
Ces sons sont accompagnés d’autres sons allant du couinement
au grognement, en passant par une sorte de murmure
ronronnant. Le nom de notre amie viendrait d’ailleurs du verbe
« marmotter » : parler confusément entre ses dents. Quant au petit
marmotton perdu, il poussera de petits cris rapprochés et
répétitifs pour appeler à l’aide.
Par ailleurs, nos rongeuses se reconnaissent au sein de leurs
familles à l’odeur, grâce à des glandes secrétant un liquide
odorant (glandes jugales au niveau de la commissure des lèvres,
et, en moindre mesure, glandes génitales et anales). Un rite
fréquent, consistant à renifler son voisin ou sa voisine au niveau
des joues, contribue à entretenir l’unité de la communauté et à
délimiter l’espace de vie qui regroupe plusieurs familles voisines
formant une colonie.
Au sein des couples, les marmottes aiment pratiquer divers jeux,
poursuites, reniflages des joues et de la région génitale, ainsi que
de faux combats debout.
SOURCES : Marmotte, Encyclopédie Larousse en ligne ;
Jacques DROUIN, La marmotte, Ed. Séquoïa, 2011
DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION Parole de Marmotte nº12Parole de Marmotte nº12Parole de Marmotte nº12 Déroutée par sa crainte des bouleversements irréversibles que lui annoncent les travaux au col de Tende,
la « petite reine des tunnels », une marmotte des alpages de la Haute Roya, quitte son terrier et part dé-
couvrir le vaste monde à la recherche d’une solution. « Parole de Marmotte » est son journal de bord.
Elle y retrace sa quête et ses apprentissages du monde des Humains. Pour retrouver les précédents épi-
sodes, lisez les pages 2 des anciens numéros.
Des voies sans voix
La petite reine des tunnels
Décembre 2017, nº12 Page 3
Je te comprends, moi non plus « Tout ce qu’on ne voit pas, qui est immense… ». Cette phrase résume bien ce que peuvent
dissimuler nos communications, en apparence explicites. Il semble que nos échanges tiennent
bien plus de la théorie du chaos – c’est-à-dire qu’ils sont d’une totale imprévisibilité – que d’un art
maîtrisé. Mais si c’était justement sur notre incapacité à les maîtriser que reposait leur richesse?
Enlève ton filtre et je te donnerai mon code ! Tous les cours sur la communication, ou presque, commencent par ce schéma :
Le message, une fois émis (pour peu qu’il y ait derrière une
intention et qu’il soit exprimé clairement), traverse un grand
nombre de filtres déformants : situation concrète, pensées
« toxiques » de celui qui le reçoit, manque de concentration
ou d’intérêt, puis tout ce qui influence l’interprétation : (mé)
connaissance mutuelle, langage commun ou expériences
(langagières ou autres) déjà partagées, environnement so-
cial, culture, etc. Même les signes non verbaux, tels les si-
lences, peuvent, selon le contexte, être interprétés très diffé-
remment [1]. En bref, il y a mille et une raisons de ne pas se
comprendre, comme, à l’inverse, de se comprendre à demi-
mot quand on partage un champ d’expérience commun, un
même code, une même intention ou une même « fréquence »
émotionnelle.
Le code, qui enrobe le message, peut être fait de mots,
d’images, de sons... Si on en reste aux mots (communication
écrite ou parlée), il nous renvoie aux normes de langage par-
tagées au sein d’un groupe. Cela va des règles les plus com-
munément admises (et enseignées) d’une langue, jusqu’aux
jargons des spécialistes, en passant par toutes les variantes
du langage propres aux milieux sociaux, géographiques ou
professionnels différents. Et, comme si ce n’était pas déjà
assez compliqué, on y ajoute tout ce qui relève
du langage non-verbal (posture, gestes, mi-
miques, comportement spatial, regard, etc.) et
para-verbal (ton, intensité de la voix, débit),
et, là encore, entrent en jeu les filtres des
normes et des habitudes partagées ou pas se-
lon la culture, le milieu, les affinités... En résu-
mé, nos messages sont cryptés et il faut dispo-
ser de toute une flopée de clés et de déco-
deurs pour pouvoir en déchiffrer le sens.
Tais-toi et capte ! Les mêmes cours de communication qui insis-
tent sur notre inaptitude à nous comprendre,
décrivent souvent la communication elle-
même comme un trajet en ligne droite où un
message bien défini va de sa source à sa desti-
nation via des canaux (ou médiateurs : voix,
écrit, technologie, etc.) et peut, nous l’avons
vu, être déformé à chaque stade. Alors, l’enjeu
devient la maîtrise : de l’énoncé, du code utili-
sé et adapté à la cible, des canaux, des bruits
parasites, de la
compréhension
(par un « feed-
back »), etc. On
retrouve cet enjeu
derrière la commu-
nication didactique : mon but est de faire de la sorte que mon
message soit compris et assimilé tel quel par le récepteur.
Mais vue ainsi, la communication devient dirigée, autoritaire.
Quelle est alors sa différence avec la propagande ? Le jour-
nalisme de base tel qu’il est enseigné est supposé faire un
traitement objectif de l’information (faits, analyse et opi-
nions). Pour tout sujet polémique, il doit donner le même es-
pace aux points de vue en conflit. Soit. Mais qui décide du
sujet à traiter, de ce qui sera dit ou montré pour l’illustrer, du
nombre et de la nature d’éclairages potentiellement antago-
nistes ? Ce sont des choix, orientés par des facteurs subjec-
tifs, l’intérêt ou l’opinion du journaliste, une ligne éditoriale
définie par sa hiérarchie, etc. L’objectivité est une façade,
elle n’est pas plus qu’une norme formelle. Avec toutes les
meilleures intentions du monde, la Marmotte s’est cassé plus
d’une moustache sur ce constat : l’information objective
n’existe pas…
L’art de ne pas tout dire
L’humain est un drôle d’animal. Avoir du
mal à comprendre l’Autre ne lui suffit
pas, il aime se compliquer la vie à le
tester, le titiller sur la base de codes, de
filtres et de fréquences plus ou moins
communs, lui faire comprendre des
choses sans les dire et le laisser
imaginer : parler à mots couverts, user
de métaphores, d’ellipses, de jeux de
mots, de doubles sens, d’allusions ;
rester dans l’implicite, dans le tacite,
ouvert aux quiproquos, informulé pour
être deviné - au risque de rester insu ;
apprendre à lire entre les lignes, fouiner
l’arrière-pensée, interpréter, traduire,
transformer, se prendre au jeu, s’y
perdre ?
DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION
Décembre 2017, nº12
Alors, y aurait-il d’autres façons de com-
muniquer ? D’autres intentions, avant de
s’y lancer, que celle d’influencer la pen-
sée de l’Autre en imprimant notre opinion
dans son cerveau à l’aide de techniques
déterminées ? Certains médias, si on en
reste à la presse, choisissent des mé-
thodes non directives : ils ne « traitent pas
un sujet » disant à leurs lecteurs ce qu’ils doivent penser ou
comprendre ; ils racontent des histoires, les entrecroisent
et les laissent parler, nous inspirant des ressentis, nous invi-
tant à nous interroger et à chercher des réponses (en) nous-
mêmes. En gros, ils pratiquent une forme écrite ou visuelle
de la maïeutique, l’art de Socrate de « faire accoucher » l’es-
prit de son interlocuteur en lui posant des questions. Le
choix de la question, même si elle reste seulement
suggérée, saurait-il être réellement
neutre ? Certainement pas.
Là encore, tout un
ensemble de filtres propre à la personne qui la choisit et
qui la pose, imprime sa subjectivité : l’histoire a toujours un
narrateur. Mais la réponse, elle, ne peut être complètement
anticipée. Une heureuse dose de surprise demeure.
A la recherche d’un sens commun
Le verbe « communiquer » vient du latin communicare,
‘partager’ et communis, ‘commun’. En gros, si on s’en tient à
l’étymologie, ce serait, plus que transmettre, mettre
quelque chose en commun. Alors, en nous intéressant par
trop à la clarté du message et la pertinence du choix des
canaux, ne passe-t-on pas à côté de l’essentiel ? Voilà ce
qu’en dit l’anthropologie de la communication, qui cherche
à comprendre les pratiques de communication en situation : « La communication a affaire avec elle-même, avec les rela-
tions qu'elle établit et le jeu qu'elle institue, avant de concer-
ner quelque information que ce soit. Communiquer [c’est]
éprouver ensemble quelque chose, une émo-
tion, l'engagement dans des situations, une
participation à la communauté humaine, loin
de tout message proprement symbolique.
Page 4
Bonjour la confusion ! Confusionnisme :
A − Tendance à entretenir la confusion et à
empêcher l'analyse ; résultat de cette
attitude ;
B − PSYCHOL. Caractéristique primitive de la
pensée syncrétique enfantine, où tout s'entremêle, se
succède, alterne, fusionne ou se juxtapose en l'absence
de relations définies (Lafon, 1969).
La langue littéraire aime juxtaposer des mots qu’on n’a pas
l’habitude de voir côte à côte, pour donner de l’épaisseur,
surprendre le lecteur, créer des associations d’idées
originales. Mais les figures de style ne sont pas utilisées dans le
seul but esthétique. Les professionnels de la communication,
rompus à la manipulation de l’opinion (c’est leur métier !),
qu’ils soient publicitaires, rédacteurs de discours
politiques ou concepteurs de slogans pour des
institutions publiques, y recourent aussi abondamment.
Les oxymores, qui réunissent deux notions incompatibles,
sont par exemple très utilisés en politique : croissance
négative, flexi-sécurité, TVA sociale, discrimination positive,
croissance verte, extrême centre, etc.
Élargissons le spectre : ne nous arrive-t-il pas d’entendre, au
sein d’un même discours, non plus seulement des termes,
mais aussi des analyses, des propositions, des opinions
contradictoires ? Quel effet cela produit-il sur nous, pour
peu que le discours soit bien articulé ? Ne nous disons-nous
pas : « s’il y a des choses sensées dans ce qui est dit, alors ce
qui me semble, à côté, faux ou inacceptable ne l’est peut-être
pas tant que ça » ? Alors, il devient possible, pour qui manie
cet art avec aisance, de diffuser ou de « dédiaboliser » des
éléments d’une idéologie ou des pratiques jugés inacceptables
par la majorité (comme par exemple le racisme) en les
« mariant » à d’autres, plus communément admis ou portés par
un groupe social qu’on cherche à séduire ou à décrédibiliser
(par exemple, l’attachement à un endroit, ou sa défense contre
des projets destructeurs). S’agit-il forcément d’une
manipulation intentionnelle ? Ou simplement d’une pensée
syncrétique qui intègre la contradiction ? Pour la plupart des
personnes qui sont passées par le système d’enseignement
occidental, féru d’idées et de concepts qu’il nous apprend à
agencer de façon logique, ce procédé produit un fort effet
désorientant. Il brouille les repères, empêche de formuler une
pensée claire. Comme le fait remarquer Bertrand Méheust,
auteur d’un essai sur les oxymores, « utilisés à
doses massives, ils rendent fou » (La politique
de l’oxymore, 2009).
(Centre national de ressources textuelles et lexicales)
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2].
Une manifestante arrêtée à Toulouse est violentée en
garde-à-vue. Elle refuse de donner son ADN. Cela lui
vaut 4 mois ferme. Sous la pression constante, elle finit
par se rebeller… incident… un an de plus... Elle sort 8
ans plus tard… pour avoir, initialement, manifesté sur
la voie publique. Les délits de « trouble à l'ordre pu-
blic », « rébellion » ou « incitation à la rébellion »,
« outrage » ou « bande organisée », très vagues, per-
mettent trop facilement l’arbitraire. Attention danger !
La manifestation est pourtant un droit reconnu en France et son non-
respect, puni par la loi ! Voilà ce qu’on lit dans le Code pénal (article 431-
1): « le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de
la liberté d’expression, du travail, d’association, de réunion ou de manifestation est
puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende. Le fait d’entraver,
d’une manière concertée et à l’aide de coups, violences, voies de fait, destructions ou
dégradations au sens du présent code, l’exercice d’une des libertés visées à l’alinéa
précédent est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ».
Les manifestations sur la voie publique (cortèges, défilés et rassemblements) sont
soumises à l’obligation d’une déclaration préalable, à faire 3 à 15 jours avant [1].
Une manifestation peut, certes, être interdite si « l’autorité investie des pouvoirs de
police » l’estime « de nature à troubler l’ordre public » (décret-loi de 1935), mais
pour prendre un arrêté d’interdiction, deux conditions doivent être réunies : un
réel danger de troubles graves et l’inexistence d’un autre moyen efficace pour
maintenir l’ordre public.
Dans les faits, aujourd’hui, ce droit est mis à mal. En Europe, Moyen-Orient, Amé-
rique, la liberté de manifester est menacée par les lois antiterroristes et diverses
formes d’état d’urgence. En France, la loi du 21 juillet 2016 adoptée après les at-
tentats de Nice permet d’interdire encore plus facilement les manifestations dans le
cadre de l’état d’urgence. La surenchère sécuritaire suite aux attentats de 2017 au-
ra permis à la Loi de sécurité antiterroriste, qui inscrit la quasi-totalité des me-
sures de l'état d'urgence dans le droit commun [2], d’entrer en vigueur le 1Ier no-
vembre dernier dans un silence et une indifférence inquiétants.
La liberté de manifester n’a pas fait l’objet d’autant d’études et de débats que
d’autres libertés (comme la liberté d’expression). Pourtant, l’actualité démontre
l’intérêt d’y porter une attention particulière, de même qu’à l’évolution du droit
censé l’encadrer. A bon entendeur !
NOTES : [1] Déclaration à la préfecture de police (ou la mairie dans les communes où la police
n’est pas étatisée). [2] Dès le 1er novembre, l’état d’urgence perd son régime d’excep-
tion et les possibilités sécuritaires frontalières sont élargies à l’ensemble du territoire.
SOURCES : http://www.legifrance.gouv.fr; https://www.amnesty.fr/liberte-d-
expression/actualites/droit-de-manifester-en-france;
https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestation;
http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/05/31/en-france-les-
interdictions-de-manifester-se-multiplient_5136295_3224.html;
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/06/19/interdiction-
de-manifester-que-dit-la-loi_4953602_4355770.html
DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION
Norbert Lecolvert
[…] De manière générale, on peut dire
que si nous transmettons quelque chose
de précis aux autres, il est difficile de
savoir quoi. De plus, si nous le pouvons,
c'est sur un fond de participation à une
production de sens incessante et collec-
tive que nous ne contrôlons pas » [2].
Tant qu’il n’existe pas de traducteur
d’esprit à esprit (Google©, tu n’as rien
entendu!) prenant en compte cette
multitude de critères extrêmement
fins, tenter de se comprendre restera
une tâche ardue. Ardue mais ô com-
bien nourrissante et riche de décou-
vertes ! Alors, n’ayons pas peur d’être
dur d’oreille ou incompris, soyons cu-
rieux, ouvrons la porte aux imprévus ?
Osons laisser nos décalages s’entre-
mêler au point qu’ils puissent nous
dépasser !
Andrea et Andrea
NOTES :
[1] Dans les cultures occidentales, le silence
serait réduit au minimum car considéré comme
une menace pour la conversation. Dans les
cultures orientales, les pauses seraient signe de
réflexion et le silence, indicateur de confiance
entre interlocuteurs (Bonaiuto, M., Maricchiolo
F., La comunicazione non verbale, Carocci,
Rome, 2007).
[2] Yves Jeanneret,
« Communication, transmission,
un couple orageux »,
Sciences Humaines,
01/03/2002.
L’indépendance des médias
Depuis l’inscription de la liberté de la presse parmi les prin-
cipes fondamentaux de la Déclaration française des droits de
l’homme et du citoyen de 1789, l’Histoire est jalonnée de sou-
bresauts tantôt préservant « la libre communication des pen-
sées et des opinions [comme] […] un des droits les plus pré-
cieux de l'Homme », tantôt mettant à mal cette liberté au tra-
vers de divers moyens : normes légales coercitives, exi-
gences financières ou fiscalité, censure, mais aussi criminali-
sation, répression et usage de la force ou de la violence phy-
sique (cf. encadré ci-contre). Entre contraintes financières et
velléités de maîtrise des informations les concernant par les
pouvoirs étatiques ou privés, souvent, la liberté de la presse
doit se faire petite pour ne pas faire de l'ombre aux puissants
de ce monde.
Si les régimes autoritaires ne se gênent pas pour censurer
toute forme de libre expression (Internet, presse écrite, etc.),
les démocraties de marché ont dû intégrer d’autres con-
traintes paradoxales : continuer à faire de l’argent en ven-
dant de l’information tout en préservant certains critères de
« libre expression » fondamentaux de la démocratie.
Page 6 Décembre 2017, nº12
La liberté de la presse n’a jamais été totale. À y voir de plus près, elle est définie et encadrée par des
principes qui peuvent s’opposer. Le monde de la presse est loin d’être homogène : que rapproche le
Canard Enchaîné de Clooser, si ce n’est l’usage d’un support papier ? Le premier est sans publicité
et travaille à révéler des affaires politico-financières en usant d’un ton satirique, l’autre, largement
financé par la pub, s’emploie à dévoiler le quotidien des célébrités. Cette différence est à l’image de
notre époque et d’une certaine idée de la presse, qui n’est pas l’idée que la Marmotte s’en fait.
Trop d’info ?
Pour ne rien arranger, les difficultés pour vraiment décrypter
l’information sont immenses. La quantité de données qu’ont à
gérer les journalistes fait qu’il faut une sacrée coordination
pour extraire les faits notables dans l’océan des événements
plus ou moins importants. Ainsi, c’est en étant organisés au
sein d’un solide Consortium international pour le journalisme
d'investigation que des journalistes ont pu nous révéler l’af-
faire dite de Paradise Papers : plus de 13,5 millions de
documents prouvant que des centaines de milliardaires,
dirigeants politiques et hauts fonctionnaires ont utilisé la
bienveillance fiscale de certains pays pour ne pas avoir à
payer d’impôts, détournant ainsi des milliards de dollars
au préjudice des citoyens.
Médiacratie : le business des médias et la démocratie
Notons qu’il existe une grande diversi-
té médiatique, avec, malgré cela, cer-
taines caractéristiques partagées : la
plupart des journalistes sont des pro-
fessionnels ; la plupart des médias sont
des entreprises appartenant à de grands groupes privés
aux mains des riches hommes et femmes d’affaires de
notre époque (cf. encadré ci-contre) ; ils se font majoritai-
Le Monde de la presse, un monde de riches Regardez la cartographie du monde des médias, du journal « Le
Plan B », complétée plus tard par l’association Action Critique Mé-
dia [3] en partenariat avec le journal « Le Monde Diplomatique » à
l’occasion de la sortie du film documentaire « Les nouveaux chiens
de garde » en 2012. Elle nous apprend que la très grande majorité
des médias (TV, Internet, presse papier, etc.) appartient à une poi-
gnée d’individus dont les premières fortunes du pays. Pour
exemples : le groupe « le Figaro » appartient au vendeur d’armes
Dassault, le Monde, en partie à Xavier Niel (Free), TF1 et sa galaxie
aux couleurs de béton Martin Bouygues, ou encore Libération, l’Ex-
press, les Echos et BMF à Patrick Drahi (SFR), respectivement 5ème,
11ème, 30ème et 9ème fortunes françaises.
SOURCE : Le Plan B/Acrimed (Action Critique
Média/Le Monde Diplomatique).
La liberté de la presse dans le monde
Selon le classement 2017 de l’ONG Reporter Sans Frontière
(RSF), la France, 51ème puissance économique mondiale, se
situe en 39ème position, loin derrière la Namibie, la Jamaïque, le
Cap Vert mais devant les États-Unis et le Royaume-Uni qui sont
encore pires. Les critères permettant d’attribuer une note sont
les suivants : le pluralisme, l’indépendance des médias, l’envi-
ronnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et
la qualité des infrastructures soutenant la production de l’infor-
mation. SOURCE : www.rsf.org
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DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION
Contrôler la presse : du silence de la censure au brouhaha des Fake news
En parallèle, les connivences favorisant l’émer-
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« médiatocratique », qu’il est facile de critiquer,
ont rendu possible très dernièrement la prolifé-
ration d’organes autoproclamés de « presse de
contre information » aux tendances proches des
idéologies fascistes, dont les dégâts ne sont pas
encore tout à fait mesurables. Elles ont proba-
blement aussi rendu possible l’élection du dieu
des « Fake news » et des « Aternatives facts » (cf.
l’encadré ci-dessous), Donald Trump, 45ème pré-
sident de la première puissance économique et
militaire mondiale.
Ce pseudo pluralisme mé-
diatique n’entretient-il pas
une certaine confusion -
contraire à l’objectif
d’informer et d’apporter
une aide à la compréhen-
sion des événements -
arrangeant dans une cer-
taine mesure les diri-
geants ?
La Marmotte déroutée Page 7
rement l’écho des événements des puissants passant sous
silence certaines problématiques, notamment sociales
[1]. En réponse à ces limites quasi « consanguines », les
décennies 1980 -90 -2000 ont vu apparaître brièvement
un ensemble de médias critiques, à l’instar du journal
papier « Le Plan B » [2], des associations de vigilance [3]
ou d’autocritique comme le site Internet « Arrêt sur
image » ou les « Décodeurs » du Monde.fr.
En créant des écoles de journalisme, en instituant la sacro
-sainte objectivité (pourtant illusoire) de la presse, en
professionnalisant le métier, on a créé peu à peu des ins-
truments de contrôle. Cela amène des limites structu-
relles à l’indépendance et au pluralisme de la presse :
concentration des médias dans les mains des grands
groupes militaro-industriels, cadre juridique contraignant
bâillonnant les lanceurs d’alerte (cf. l’encadré ci-contre),
dépendances financières au travers de la publicité privée
ou publique, donc autocensure, etc. C’est le cercle vi-
cieux dans lequel nous sommes actuellement.
Anonymat des sources et pro-
tection des lanceurs d’alerte
Depuis la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de
la presse, « il ne peut être porté atteinte direc-
tement ou indirectement au secret des sources
que si un impératif prépondérant d'intérêt pu-
blic le justifie ». Le cadre est suffisamment large
pour qu’on puisse imaginer les failles d’une telle définition. On a
vu des lanceurs d’alerte faire des révélations importantes
(scandales financiers, espionnage massif des données privées par
les États, etc.) mais devoir fuir leur pays comme des criminels de
guerre (Edward Snowden face à la NSA…), et des journalistes pro-
fessionnels n’ayant pas d’autre solution que de consacrer tout leur
temps et leur argent à devoir se défendre en justice face à la dé-
mence procédurale des entreprises ou des États, jusqu’à la dé-
pression (affaire Clearstream et Denis Robert).
DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION
Un monde de Fakes Les « fakes » étaient, il y a encore quelque temps, ces montages Photoshop© qui superposaient
le visage – souvent d’une célébrité – sur un corps dans des positions olé olé. Aujourd’hui, à
l’époque des 280 caractères de Twitter© et des « likes » de Facebook©, l’information se fabrique
à coups de montages grossiers : les fakes news. Plus c’est gros, plus c’est faux, mieux
ça passe ! Du grotesque « on n’a jamais marché sur la lune ! » aux subtils « 1 million
selon les syndicats, 10 personnes selon la police », qui peut encore y retrouver son
latin ? Vous aimez explorer? Alors voilà un petit nuage de mots clefs. À vos cla-viers : faits alternatifs, fakes news, hoax, intox, post-vérité, réinformation.
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Divertir, c’est éloigner du réel
[4]. Plus besoin de censurer
officiellement : sous couvert de
diversité de tons, ce sont sans
cesse les
mêmes infor-
mations que
l’on nous
ressasse à la limite de l’intoxi-
cation.
Puis, dans un autre registre, il
y a La Marmotte, qui, pour
toutes ces raisons et pour res-
ter proche de « nous », est un
journal subjectif, local, sans
publicité et totalement béné-
vole .
LES PLANTES COMMUNIQUENT-ELLES? Si nous vous parlons de langage des plantes, vous nous mettrez sûrement dans la case des illuminés, et vous
nous déconseillerez la cueillette hasardeuse de champignons sauvages pour éviter ce genre de délires. Et
pourtant, une attention minutieuse et les nouvelles techniques et technologies [1] permettent de mettre en
évidence divers moyens de communication chez les végétaux.
Page 8 Décembre 2017, nº12
En 1983 déjà, Jack Schultz, biologiste et
Ian Baldwin, chimiste, ont bouleversé
notre vision du monde végétal en dé-
montrant que les peupliers ont entre
eux une communication chimique : mes-
sages d'alerte et de défense, incitations
au mûrissement, stimuli sexuels, etc.
Et pour cause, avec plus de 700 sortes
de capteurs sensoriels leur permettant
de s'adapter aussi efficacement que dis-
crètement, et malgré l’absence de sys-
tème nerveux, les végétaux sont ca-
pables de repérer une me-
nace, s’en défendre, voire
parfois attaquer ou s’avertir
mutuellement du danger via
l’émission de composés orga-
niques volatiles. En Afrique
du Sud, les acacias se protè-
gent des girafes et koudous
en dégageant des tanins les
rendant très astringents et
donc indigestes. En même
temps, ils alertent leurs voi-
sins en dégageant de l’éthy-
lène. Le peuplier et l'érable
fonctionnent de la même ma-
nière. On observe une solida-
rité chez les pins qui s'entrai-
dent entre générations. Cette
entraide peut aussi lier plu-
sieurs espèces : un bouleau
se protège de ses prédateurs
grâce au rhododendron voi-
sin synthétisant des composés
répulsifs pour les larves de
papillons de nuit. Le tabac, la
tomate, le maïs, le chou et
l'acacia déclenchent des signaux hor-
monaux attirant certains insectes préda-
teurs pour assurer leur défense face aux
ravageurs.
Par ailleurs, les racines, reliées entre elles via les filaments du mycélium
des champignons [2], peuvent détecter
et suivre simultanément et en continu
plus de 15 produits chimiques et trans-
mettre ces informations aux autres
p lan te s auxque l les e l les s on t
« connectées ». Les tomates se prévien-
nent ainsi de l’existence d'un pathogène
avant contamination, afin que leur sys-
tème immunitaire s’y prépare.
Les végétaux communiquent aussi avec
les animaux, pour les attirer afin de se
polliniser et pour la diffusion des
graines. Parfums, hormones et couleurs
attrayantes, tous les moyens sont bons !
Mieux encore : lors des grosses sèche-
resses, certains sont capables d’émettre
des bruits, et de produire des gaz favo-
risant les précipitations [3]. Parlent-ils
même au ciel ?
Andromède Lelagopède
NOTES:
[1] Chromatographie, spectroscopie, génie génétique…
[2] Les filaments du mycélium sont re-liés et en symbiose (interdépendance),
au niveau des mycorhizes, avec les plantes. C’est aussi le mycélium qui
permet aux plantes de capter l’eau et les minéraux du sol, et donc de vivre.
Par analogie avec le World Wide Web (Internet), on parle de World Wild Web
(racines + mycélium).
[3] Par accumulation dans l’atmos-phère, en facilitant la condensation.
SOURCES :
http://tpe-communication.e-monsite.com/pages/la-communication-
vegetale.html; www.aujardin.info/fiches/communicati
on-entre-plantes.php; www.lemonde.fr/sciences/article/2016
/02/29/les-plantes-ces-grandes-communi-
cantes_4873936_1650684.html; http://planete.gaia.free.fr/vegetal/bota
nique/com.chimiquement.nthtml
DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION
Jidé
NOTES:
[1] Fakir, le journal créé et dirigé par François Ruffin, se définit comme « un média
de reportages et d'enquêtes sociales ».
[2] La Plan B (2006-2010) était un journal « critique des médias et d’enquêtes so-
ciales », qui a popularisé la critique du « Parti de la
Presse et de l’Argent » (PPA) pour dénoncer les con-
nivences entre les mondes politique et médiatique.
Saviez-vous, par exemple, que la presse écrite est
subventionnée (6,5 millions d’euro d’aides publiques
en 2016 pour le Figaro) ?
[3] ACRIMED (Action Critique Média) « s’est consti-
tué, depuis sa création en 1996, comme une associa-
tion-carrefour. Elle réunit des journalistes et salariés
des médias, des chercheurs et universitaires, des
acteurs du mouvement social et des « usagers » des
médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs
professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants
au service d’une critique indépendante, radicale et
intransigeante. » (www.acrimed.org)
[4] Voir Blaise Pascal « Les Pensées » (1670)
M : En Afrique francophone, on désigne souvent par
« aventurier » celui qui est parti ou est en route pour l’Eu-
rope. En France, depuis quelques années, le terme « mi-
grant » a remplacé celui d'« immigré », d'« exilé », voire
de « réfugié »... Comment utilisez-vous ces mots ? En fait,
comment dit-on « migrant » en arabe ?
Gandhi : Muhajir. Nous n'utilisons jamais ce mot pour nous
appeler entre nous. Nous l'utilisons quand il y en a le be-
soin, pour tenter de nous protéger lors des contrôles de
police, par exemple, ou pour essayer de faire reconnaître
nos droits en Europe. Entre nous, nous nous appelons par
nos prénoms !
Yasser : Quand on arrive
en France, par exemple à
La Chapelle ou à Calais,
nous avons d'autres mots
qui apparaissent : sa-
roukh (celui qui est arrivé
récemment, la « fusée »),
makana (celui qui connaît
le système, la « machine
»). Le makana est depuis
longtemps dans un pays
d'Europe ou y est devenu
makana en obtenant ses
papiers.
Gandhi : Fajjara (« qui a
explosé ») est une méta-
phore utilisée pour celui
qui est passé. Le fajjara a
« explosé », il a réussi quelque chose de fort pour lui-même
en réussissant à traverser une frontière à l'intérieur de l’Eu-
rope, le plus souvent celle de la Grande-Bretagne. Celui
qui arrive en bateau de la Libye à l'Italie n'est pas un fajjara,
on dit juste à son sujet « bonne arrivée ! ». Ce qui veut dire
qu'il est rescapé après une traversée difficile et qu'une nou-
velle vie s'ouvre à lui. Quand on rencontre quelqu'un qui
vient d'arriver on se doit de lui dire quelque chose pour
le soutenir.
Gandhi : Le mot ladji veut dire réfugié, celui qui a obtenu le
statut. Néanmoins, la confusion avec le mot muhajir est la
même qu'entre les mots migrants et réfugiés en français [1].
M : Dans la Roya, des gens se demandent encore pour-
quoi les réfugiés fuient l'Italie. Il faut dire que par ici les
habitants aiment bien passer par l'Italie, en général ils
trouvent même ça plutôt sympa comme pays. Pas vous ?
Bob : En Afrique, si vous avez l'idée d'aller en Europe, c'est
rare que vous pensez vouloir aller en Italie. On sait par
exemple que si vous obtenez des papiers pour vivre en Ita-
lie, ils vont vous virer des centres d’hébergement d'ur-
gence, qu'à peine vous obtenez des papiers, vous serez à la
rue.
Yasser : Et ça peut être surtout parce que c'est difficile
d'obtenir l’asile en Italie, en fait. Et la condition des deman-
deurs d'asile en Italie est très mauvaise alors que l'Italie re-
çoit beaucoup d'argent pour ça. Selon moi, les gens ne veu-
lent pas rester en Italie à cause de beaucoup de choses... Si
tu es en train de voyager jusqu’en Italie, la première chose
que tu te dis c'est que tu vas vouloir y rester, parce que la
peur de mourir en mer est grande. Mais ce n'est pas
quelque chose de réfléchi, à ce moment-là c'est le cœur qui
parle. En arrivant en Italie, le corps se soulage et on re-
prend ses esprits. Tu te rends bien compte que tu veux aller
dans le meilleur pays
pour toi en Europe,
c'est à dire celui où il
n'y a pas de racisme,
où tu peux travailler
et obtenir des pa-
piers. Tu cherches un
endroit où l'on ne te
fera pas sentir que tu
es étranger, où tu
puisses te sentir
comme tout le monde
en Europe. Mais je
sais bien qu'il n'existe
pas, le pays où il n'y a
pas de racisme.
C'est à cause du
racisme que j'ai
quitté mon pays.
Au Soudan, le racisme tu ne le rencontres pas forcément
dans la rue, comme lorsque quelqu'un peut te traiter de
« nègre », tu le retrouves dans les bureaux de l'administra-
tion ou quand tu fais ton service militaire obligatoire et que
tu réalises que les noirs sont en bas de l’échelle. Ce sont les
blancs, c'est à dire les arabes, qui sont gradés, qui ont le
pouvoir. Ce sont toujours les noirs que l'on envoie faire la
guerre. Quand tu fais la demande de papiers d'identité et
que tu es noir, on te demande de venir avec quatre
membres de ta famille pour prouver que tu es bien Souda-
nais. Les autorités nous soupçonnent en permanence sur
notre nationalité. Si tu es blanc (arabe), tu dois te rendre au
guichet accompagné de ton père uniquement. Nous, les
noirs, ne pouvons pas nous marier avec une blanche sauf si
tu es riche et que tu essayes longuement de convaincre sa
famille. Ce ne sont que quelques exemples du racisme au
Soudan. Au Soudan, ce sont les blancs qui font la loi. Ça fait
longtemps que les noirs sont des parias et se font massa-
crer, comme au Soudan du Sud pendant 22 ans et au Dar-
four depuis 2003.
Je n'accepte pas qu'un gouvernement me dise que je n'ai
pas le droit d'aller en Angleterre, en Italie, ou en Suisse...
C'est à moi de le décider, comme le font eux-mêmes les
La Marmotte déroutée Page 9
Entretien avec trois « aventuriers »
DOSSIER >>> COMMUNIQUE ACTION
OREILLES TENDUES
Quartier de La Chapelle, Paris 18ème. Trois jours après son arrivée dans la capitale, Bob arpente
lentement le bitume de la rue Pajol secondé de Yasser et Gandhi, amis depuis les bancs de la
fac d'Al-Nilain à Khartoum. Retrouvailles précieuses. Eux sont arrivés en Europe il y a déjà deux
ans. L'un a obtenu un titre de séjour de réfugié, l'autre est « débouté », poussé dans la clandesti-
nité. Notre correspondant est allé à leur rencontre pour leur poser quelques questions. Extraits.
Page 10 La Marmotte déroutée
Européens grâce à leurs passeports. J'ai
quitté mon pays. J'ai connu la guerre au
Darfour et la prison. Je suis sorti de la ga-
lère en Libye et j'ai traversé même la mer
Méditerranée et alors là vraiment, je me
rends compte que les sociétés doivent réa-
liser que nous avons le droit et la force
d'aller où nous le voudrions. Moi je me
sens libre d'avancer.
Si les sociétés ne
comprennent pas ça,
cela voudrait dire que
la liberté se termine
là où la liberté des
autres commence.
Et ça c'est vrai. Je suis
arrivé en Italie, cela
veut-il dire que ma
liberté doit s'arrêter
en Italie ? Sinon, je
décide de m’arrêter
là, en Italie, mais
alors j’admets qu'il n'y
a pas de libertés en
Europe... Je suis un
Homme et je peux
choisir où je peux
aller. Ce n'est pas un
gouvernement qui
peut choisir pour
nous. Quand un Européen a 18 ans, dès qu'il cherche à quit-
ter sa famille, à vivre libre et indépendant, est-ce que quel-
qu’un l'en empêche ? C'est la même chose, nous voulons
avancer toujours plus loin. L'Homme pense toujours à aller
de l'avant pour obtenir le meilleur de lui-même, c'est sa
force... Mais sinon, c'est vrai qu'à part ça j'aime beaucoup
l’Italie, moi aussi. J'adore les Italiens !
Bob : A l'arrivée, on essaie de vous faire peur pour que
vous donniez vos empreintes. On vous fait comprendre
que vous serez frappé. Je leur ai demandé pourquoi ils vou-
laient nous prendre nos empreintes. Ils nous ont dit qu'ils
voulaient savoir si nous étions des criminels ou des gens
normaux. Ils nous ont prévenus qu'ils allaient nous arrêter si
nous ne donnions pas les empreintes. Ils nous ont surtout
dit : « Si vous donnez vos dix empreintes, il n'y aura pas de
problèmes, vous pourrez partir et voyager facilement. Si vous
ne voulez pas rester en Italie, ce n'est pas un problème ». Si
on n'arrive pas alors à vous prendre les empreintes, vous
êtes mis en état d’arrestation, on vous emmène en voiture
sans savoir où vous allez, sans que l'on vous parle. Pour te
faire monter dans la voiture, ils te menacent avec leurs
chiens. Ils aboient fort et n'ont pas de muselière. Il y a des
charges qui seront retenues contre vous si vous ne coopé-
rez pas et vous serez considéré comme un criminel. Là-bas
lorsqu'on refuse, on te met d'abord à l'écart. Moi j'étais le
dernier, j'ai refusé et ils m'ont pris en photo et fait attendre
sur le côté jusqu'à ce que d'autres flics soient venus me voir
en me cherchant avec ma photo à la main. J’ai essayé de
m’enfuir, je me suis caché dans une autre pièce où il y avait
d'autres gens qui attendaient, je me suis allongé au sol et je
me suis caché avec des sacs.
C'est là qu'ils m'ont retrouvé avec la photo. Ils ont même
appelé mon numéro par le haut-parleur en anglais et en
arabe. Tout le monde dans le camp savait que je n’avais pas
donné mes empreintes. Ils m'ont retrouvé facilement, parce
qu'il n'y a nulle part où se cacher réellement, et aucun
moyen de s’enfuir. Ils t'emmènent ensuite dans une
chambre d'isolement et te font attendre longtemps tout seul
jusqu'à ce que tu craques et décides de les appeler. A la fin
de tout ça, après plus de dix heures de résistance, je n'avais
encore rien bu et rien mangé. Nous étions arrivés à Pozzallo
à deux heures du matin depuis la mer. Dès notre arrivée, il
y avait des queues pour
donner les empreintes,
je suis resté en retrait
jusqu'à être le dernier, il
était cinq heures du ma-
tin quand tout le monde
est passé. Bien sûr, j'ai
pensé à escalader les
grillages, mais ça ne se
fait pas comme ça. A dix
-huit heures, j'ai craqué,
je n'avais rien bu et rien
mangé depuis la Libye.
Cela allait continuer si je
ne me résignais pas à
donner mes empreintes.
Je n'étais pas le seul à
résister, mais nous
étions dispersés et ils
nous séparaient tout le
temps. Ceci peut être
personnel, mais les con-
ditions sont trop mauvaises pour rester en Italie. Nous sa-
vons tous qu'il ne faut pas rester et lorsque tu subis un
« accueil » pareil ça ne t'aide pas à changer d'opinion sur le
pays....
M : On présente tout le temps ici les passeurs comme
d'horribles personnages. Cette image de trafiquants
d'êtres humains sert, à l'occasion, à légitimer la répres-
sion contre la présence des réfugiés et même justifier la
fermeture des frontières au nom de la lutte contre leurs
« réseaux ». Mais au fond, qu'est-ce qu'un passeur, un
samsara en arabe ?
Gandhi : Un passeur est une personne qui vous aide à tra-
verser la frontière car il connaît le chemin. Parfois, il a une
voiture, ou connait d'autres gens qui ont une voiture pour
traverser. Cette aide n'est jamais gratuite, parce qu’il y a
des risques. Plus les risques sont grands, plus le prix est
cher. Pour nous, le samsara n'est qu'un outil. S'il y a des sam-
saras, c'est une bonne chose, car ça veut dire qu'il est pos-
sible passer. Les samsaras vous font gagner du temps,
même s'ils vous prennent de l'argent. Moi, je ne suis pas
passé avec un samsara en France, je suis passé tout seul.
Chaque nationalité a ses passeurs parce que la langue est
importante dans la relation. Il y a des mauvais passeurs qui
prennent l'argent et ne t’emmènent pas à destination.
Comme nous sommes obligés de faire confiance aux samsa-
ras a priori, on ne peut pas facilement savoir à l'avance s’ils
vont nous arnaquer. Si la frontière était ouverte, nous n'au-
rions pas besoin de samsaras. En Libye ou en Égypte, les
samsaras sont organisés comme une mafia. Ils peuvent être
dangereux et utilisent des armes. Ils ont une bonne relation
avec les gouvernements là-bas.
Les samsaras vous aident pour atteindre votre rêve. En Ita-
lie, en Libye, ou en France, les destinations sont comme des
rêves. Si les samsaras n'existaient pas, on ne pourrait pas
Dia
na
Décembre 2017, nº12 Page 11
arriver à nos rêves. En Afrique, je ne pensais pas que les
frontières à l'intérieur de l'Europe étaient fermées pour
nous, parce que nous avions entendu depuis l'Afrique que
l'Europe était une union qui n'avait pas de frontières in-
ternes. Nous avons été choqués en découvrant que la fron-
tière de Vintimille était fermée, par exemple. Pour nous, le
concept de samsara était réservé à l'Afrique, nous ne pen-
sions pas que cela existait en Europe. On a donc découvert
que nous avions besoin de payer pour passer ici aussi.
Yasser : Selon moi, n’importe qui, qui offre une aide contre
de l'argent fait quelque chose de mal. La plupart des samsa-
ras sont eux-mêmes d'origine immigrée, leur aide devrait
être gratuite car ils sont déjà passés eux-mêmes par ces
problèmes ! J'ai même rencontré des samsaras à la gare de
Milan qui revendaient plus cher des tickets à ceux qui ne
parlaient pas italien. Les gens sont pressés, ils ont déjà
beaucoup de problèmes en tête et ont peur de la police,
souvent ils ne pensent pas qu'ils peuvent s'en sortir tout
seuls et les samsaras se font de l'argent grâce à ça. En
Afrique, on est obligés de passer par un samsara pour tra-
verser la mer Méditerranée parce que l'on ne peut évidem-
ment pas passer à la nage ! Ici en Europe, il y a d'autres
moyens de passer.
Les samsaras ne sont pas une obligation. Sauf pour l’Angle-
terre, où il y a la mer à traverser. Avant, il y avait les dou-
gars (« embouteillages ») à Calais, mais maintenant c'est fini
depuis que la Jungle n'existe plus. La frontière de la Manche
ressemble de plus en plus à celle de la Méditerranée.
Aux frontières terrestres, tu peux passer avec tes pieds ou
avec le train si tu as de la chance, tu peux même faire du
stop, comme je l'ai fait. Il y a même des gens qui peuvent te
venir en aide comme lors du presidio des Balzi Rossi ou
dans la Roya aujourd'hui.
A Vintimille les gens réussissent tous à passer la frontière, à
Calais c'est l'inverse. Aujourd'hui à Vintimille, les gens ont
trop peu d’ informations qui leur serviraient à passer (carte
des routes, horaires des bus, téléphones portables, infor-
mations sur les trains ou les bus). Les réseaux de soutien
sont moins forts qu'en 2015, c'est aussi pour cela que la fron-
tière bloque de plus en plus de monde à Vintimille. Plus les
contrôles sont forts, plus le pas-
sage sans aucune aide devient
difficile et dangereux. Si de
nombreuses personnes sont
mortes récemment, comme à
Calais, c'est parce que les con-
trôles ont augmenté. Les socié-
tés du monde entier devraient
penser à nous. Nous, nous
sommes noirs. Lorsque vous
nous regardez que voyez-vous ?
Nous sommes noirs et nous
sommes fiers d'être nous-
mêmes. Les Nations Unies ga-
rantissent pourtant à chacun de
pouvoir vivre comme il le sou-
haite, d'exercer son droit à la
liberté là où il le souhaite :
« Toute personne a le droit de
quitter tout pays, y compris le
sien ». Chacun devrait avoir le
droit à la vie.
M : Mais aujourd'hui l'Union
européenne contracte de nou-
veau avec la Libye pour conti-
nuer plus loin cette guerre. Comment ça
se passe en ce moment là-bas ? Peut-on
voir déjà les effets des accords conclus
cet été ? Quelles en seront les consé-
quences ? Bob, comme tu étais en Libye il
y a encore quinze jours...
Bob : En Libye, tout peut t'arriver si tu es
noir. Tu peux t'imaginer que le pire va t'ar-
river parce que tu as entendu plein d'his-
toires, tu as des amis qui se sont fait tirer
dessus... Et tu as tout le temps peur de te faire arrêter par
des gens en uniforme dont tu ne sais même pas s'ils sont
des flics ou pas. En essayant d'aller vers Tripoli, tu rencon-
treras ce genre de problèmes. En essayant de te rappro-
cher de la côte, aussi. Au sein des campements où te ca-
chent les passeurs, tu te fais voler. Ils te cachent pendant un
mois et te donnent que de la merde à manger. Il y a toujours
des risques, les flics, les gens mal intentionnés qui pour-
raient te frapper lorsqu'ils sont bourrés, tu peux te faire en-
lever...
Lorsque j'étais en Libye, j'ai entendu la nouvelle des ac-
cords [2]. Nous étions déjà à côté de la mer. Certains amis
avaient des téléphones avec eux, c'est comme ça que la
nouvelle nous est arrivée, nous avions hâte de partir car
nous avions un peu peur. Au final, nous n'avons croisé au-
cune patrouille de police en mer.
En Libye, ils auront bien du mal à fermer la route, la police
n'est pas nombreuse et très corrompue. Il y a beaucoup de
gangs et de tribus qui combattent entre eux. Le business
pour eux ne s’arrêtera pas facilement et, lorsque les samsa-
ras se trouvent en difficulté, ils se retournent contre les mi-
grants.
Mais moi aussi j'ai entendu dire que la route allait fermer.
J’ai des amis qui doivent arriver bientôt et je suis quand
même inquiet pour eux. La route sera toujours plus dure
pour nous, mais nous ne retournerons pas en arrière,
car nous ne le pouvons pas.
Cette histoire sera juste toujours de plus en plus dure !
Paris XVIIIe, septembre 2017
NOTES:
[1] Un « migrant » peut avoir
quitté son pays pour diverses
raisons : tenter ailleurs une vie
meilleure, trouver un travail,
étudier, ou simplement voya-
ger. Un « réfugié » n’a pas eu le
choix, il a fui la guerre, l’op-
pression, la mort, il cherche un
refuge.
[2] Les accords entre l’Union
européenne et la Lybie favori-
sent la persécution, l’esclavage
et la prostitution des gens bra-
vant le désert et les groupes
armés.
Voir : https://news.google.com/
news/video/Pz71ZIj2mSE/db-
gq6bF1s-
9HGMRVW46x7VLDvP0M?
hl=fr&gl=FR&ned=fr
et www.youtube.com/watch?
v=olE-DDu6fQA.
Ce type d’accords ont été con-
clus avec une quinzaine de
pays, entre autres, le Maroc, le
Niger et la Turquie.
Page 12 La Marmotte déroutée
M : En octobre dernier, ça y est, les
panneaux de limitation pour la circula-
tion des poids-lourds sont posés. Rap-
pelez-nous comment ce combat a dé-
marré et pourquoi il est important pour
notre vallée ?
Mme B : Fontan et Breil ont d’abord pris un arrêté jugé illégal au tribunal
administratif car seules deux des cinq
communes de la Roya l’ont validé. Le 1er
septembre, les cinq maires signent un
nouvel arrêté principalement motivé par
la sécurité pour la circulation et pour
les riverains. Les populations sont
exaspérées par le danger que repré-
sentent ces poids lourds et par l’aug-
mentation de leur nombre et de leurs
dimensions ; surtout pour la traversée
des villages. Cela impacte aussi la san-
té, l’économie locale, et l’image de la vallée aujourd’hui candidate au patri-
moine mondial de l’Unesco.
M : Malgré l’union de toutes les muni-
cipalités, la préfecture ordonne aux
gendarmes de ne pas faire appliquer
l’arrêté ? Vous vous employez tout de
même à le faire respecter. Comment
cela se passe-t-il ?
Mme B : Le préfet ne considère pas l’arrêté comme légal. Mais un arrêté est
présumé légal avant d’être retoqué au
tribunal administratif. Après avoir mis
les panneaux, il faut les faire respecter.
La hiérarchie refuse aux gendarmes la
possibilité de verbaliser, mais les poli-
ciers municipaux le peuvent, chacun sur son territoire. Nous avons fait cinq
opérations, à Tende et à Breil, en verba-
lisant de 135€ les poids lourds arrêtés. Pour souligner notre détermination, les
maires de Saorge et Fontan sont venus
soutenir Breil accompagnés de leur po-
lice municipale, avec la présence de la
presse afin de mieux
faire connaitre notre
position.
M : Qu’en pensent
les maires voisins de
la Vermenagna et de
la Roya italienne ?
Mme B : Les maires
de la Vermenagna
nous ont tous soute-
nus oralement car
l’intérêt privé ne
doit pas passer devant l’intérêt géné-
ral. A ma connaissance, la Roya italien-ne ne s’est pas manifestée à ce jour.
M : Quelles sont les réactions des
chauffeurs de camions?
Mme B : Certains disent qu’ils vont se faire enlever les PV à la préfecture de
Nice. D’autres nous remercient, car eux
aussi craignent les accidents dont ils
pourraient être responsables sur cette
route dangereuse. Ils préféreraient con-
tourner la vallée.
M : Vous avez été convoqués au tribu-
nal administratif de Nice le 7 novem-
bre dernier. Comment s’est passé le
procès?
Mme B : Environ deux cents personnes sont venues en soutien devant le tribu-
nal. Etaient présents les cinq maires de
la vallée, des conseillers municipaux,
nos conseillers départementaux, notre
conseillère régionale, notre députée, le
président de la CARF et plusieurs asso-
ciations de la vallée. Soixante personnes
ont rempli la salle d’audience.
La plaidoirie a été longue. La représen-
tante du préfet a refusé de commencer,
et c’est donc notre avocat qui a pris le
temps de tout expliquer. Puis, l’avocat
de la fédération de transporteurs ita-
liens Astra Cuneo et du cimentier Buzzi
Unicem est intervenu pour soutenir le
préfet sur son attaque. Il s’est fait reto-
quer par le juge et a fait rire la foule qui
jusque-là était restée silencieuse. La
représentante du préfet revendiquait
l’illégalité de l’arrêté pour trois raisons :
deux des maires ne sont pas concernés
car ils n’ont pas de zone d’aggloméra-
tion sur le trajet (alors que leurs signatu-
res étaient demandées pour valider le
premier arrêté!) ; un manque de motiva-
tion (ce qui contraste avec la mobilisa-
tion bien visible de la population et des
élus) ; et une disproportionnalité (nous
n’avons pas encore eu d’accident avéré
dû aux poids-lourds). Ensuite, l’avocat
du syndicat des transporteurs routiers
du 06 [FNTR06, ndrl] est intervenu pour
nous soutenir de façon concise, pointue,
percutante et avec humour.
M : On vous voit pour la première fois,
les cinq maires de la Roya, unis pour
faire front commun. Qu’envisagez-
vous pour la suite pour défendre ense-
mble notre territoire?
Mme B : Nous pensons continuer à faire front commun. Grâce au SIVOM et à la
CARF, on se retrouve plus souvent, on
dialogue et on arrive plus facilement à
avancer. Nous prévoyons de continuer
ensemble à défendre le territoire par
rapport à la circulation des poids-
lourds, à la préservation de la ligne de
train.
M : On remarque que le problème des
camions réunit une majorité des habi-
tants, tout comme la sauvegarde du
train. Des barrières se brisent entre les
villages, et même au sein des villages.
Comment réagit la population à votre
action ?
Mme B : D'après ce que j'entends, les populations de tous les villages parais-
sent favorables, positives et unies sur ce
point. De plus, la CARF et la Bévéra nous
soutiennent.
M : Si, malgré votre investissement et
celui des habitants, le trafic de poids-
lourds au travers de notre vallée est
démultiplié avec le nouveau tunnel de
Tende et l’élargissement de la route,
des viaducs et des tunnels, comment
envisagez-vous l’avenir ?
Mme B : Chaque chose en son temps. Nous devons
rencontrer le préfet et le
conseil départemental le 20
novembre. Nous ne voulons
pas de ce trafic. Nous allons
leur demander de prendre
les mesures pour qu’il n’y ait
plus de camions de transit
dans la vallée.
En septembre dernier, les cinq maires de la Roya ont pris un arrêté interdisant la circulation
des poids lourds dépassant les dix-neuf tonnes dans leurs communes (hors desserte locale et véhi-
cules de secours). Fin octobre, dans les gorges de Paganin, un tronçon de mur de soutènement de la
route départementale 6204, à l’origine bâtie pour des diligences, s’effondrait (cf. p.12), tandis que le
passage au col était bloqué par un camion en travers. Le 7 novembre, les cinq maires ont comparu
devant le tribunal administratif de Nice qui, à la suite d’un délibéré, a rejeté la demande de la pré-
fecture de suspendre l’arrêté. Une première victoire. Pour en savoir plus, la Marmotte a tendu son
oreille à Mme BRESC, maire de Saorge.
INTERVIEW : DIX NEUF TONNES! C’EN EST TROP! OREILLES TENDUES
Oreille tendue par
Norbert Lecolvert
Décembre 2017, nº12 Page 13
Quelques perles :
Pour la fédération de transporteurs italiens Astra Cuneo,
l’arrêté est une « atteinte à la liberté », il manque de
motivation et bloque le transport régional « au sens
européen » (tiens donc…). Décontenancé, son avocat cite le
président de l’ANAS affirmant que seulement « quatre poids-
lourds par jour traversent la Roya ». Parcourez notre route ou
relisez votre Marmotte N°1 pour avoir des chiffres plus
proches de la réalité ! Quant à la préfecture, elle affirme
qu’ « un maire a pris cet arrêté par xénophobie envers les
Italiens » et que « les maires sont incompétents pour prendre
ce genre de décision ». Mais alors, qui peut prendre des
mesures pour protéger leurs administrés ?
Les soutiens :
La pétition de soutien aux maires sur change.org a été
signée par presque 2846 personnes.
Le syndicat des transporteurs du 06 (FNTR06) a sollicité
le préfet, en estimant que « la circulation sur cette route est
inadaptée au flux de véhicules lourds et représente un danger
conséquent pour les usagers ». Celui-ci a répondu par un
simple « Merci ». Ils ont
compté un poids lourd
toutes les 4min30 sur notre
route. Ils ont aussi proposé à
la sous-préfète Montagne de
venir faire le trajet dans un
de leurs camions pour
constater que ce danger est
bien réel, mais celle-ci a refusé. Selon eux,
« les grosses atteintes économiques [dues au
contournement de la vallée] sont totalement
fantaisistes » (0,09 centimes d’augmentation
pour un kilogramme de ciment), alors qu’en
passant par Savone, le gain en sécurité est
non négligeable.
La CARF a déposé une motion de soutien aux
maires et M. Guibal, son président, était
présent à leurs côtés lors du procès. Même le président du
conseil départemental des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, se
serait exprimé pour aller dans leur sens.
Les conseillers départementaux présents au tribunal ont
affirmé qu’ils proposeront d’ici peu un arrêté pour limiter la
circulation lourde sur la RD6204, dans sa globalité.
Quelles perspectives ?
Si l’arrêté des maires, jugé légal sur la forme, n’a pas été
suspendu, le tribunal administratif dispose de deux ans
pour statuer sur le fond. Les transporteurs italiens
multiplient déjà les pressions (cf. p.12). Certains soutiens
aux maires (comme celui d’Éric Ciotti) laissent par
ailleurs songeurs. Une réglementation qui préserve la
Roya des plus gros camions durant un temps n’arrangerait
-elle pas aussi, quelque part, ceux qui voudraient calmer
les inquiétudes des riverains au sujet du doublement du
tunnel de Tende ? Et détourner l’attention du
réaménagement de la vallée (routes, tunnels) en vue de
l’adapter au passage des poids lourds qu’il sera toujours
temps d’autoriser plus tard ? Une bataille est peut-être en
phase d’être gagnée, mais pas la guerre !
M : Pensez-vous que la dégradation de
la qualité du train depuis quelques an-
nées a eu un impact sur la vie écono-
mique et sociale de la vallée de la
Roya ?
Rares sont celles et ceux qui répondent
par un « non » (3 sur 30 !). Les retards, le
nombre réduit de trains et les horaires
inadaptés – l’absence de « trains de vie
quotidienne » - sont avant tout perçus
comme extrêmement pénalisants pour
qui veut travailler sur la Côte et vivre
dans les vallées ou vice versa. Vous êtes
nombreux à signaler que c’est ce qui a
déjà poussé tant de personnes à déser-
ter nos vallées. Le problème se pose
également pour les études ou pour sortir
le soir, alors que prendre le train pour-
rait être « si pratique » ! Le tourisme est le
deuxième domaine le plus évoqué :
« cette ligne constitue un des avantages
les plus certains de la vallée de la Roya sur
ses voisines niçoises, mais avec un temps
de trajet pareil, on peut être tenté de lui
préférer la haute Vésubie en voiture ! »,
estime un(e) usager(e). Un(e) autre se
demande si ce ne serait pas « voulu…
pour laisser place à une autoroute? »
Que pensez-vous du train?
A l’occasion du précédent numé-
ro, consacré à notre ligne de
train Nice-Vintimille-Cuneo, la
Marmotte a enquêté auprès des
usagers de celle-ci (30 per-
sonnes de tout âge). Son idée
était de recueillir vos impres-
sions, ressentis et expériences
liés à l’usage du train dans votre
quotidien. Pendant toute la du-
rée des travaux de réhabilitation
de la ligne, commencés en sep-
tembre, nous publierons de
courtes synthèses de vos ré-
ponses aux 10 questions posées.
PAROLE AUX USAGERS DU TRAIN!
ACTU TRAIN : Les travaux sur la voie férrée avancent bon train entre Breil et Fontan.
Les contrôleurs doivent être prochainement remplaçés par les brigades de sûreté ferroviaire… qui ne sont pas formées comme
techniciens en cas de soucis! Mais beaucoups de contrôleurs ne veulent pas faire uniquement de la répression.
19 tonnes: La Marmotte, présente à l’audience, complète le tableau
Page 14 La Marmotte déroutée
La fiction implique deux personnes,
celui qui propose l’histoire et celui qui
la reçoit. De la volonté de ces deux-là
naîtra véritablement quelque-chose.
Figurez-vous un conteur, tenant dans
sa main une branche courte.
En face de lui, le « conté » tenant
une branche semblable.
Ils alignent ces deux bouts de bois
de sorte qu’il y ait un espace vide,
une droite imaginaire entre eux.
Alors le conteur décrit le bout
manquant, sa couleur, ses marques
particulières, son origine.
Le conté, à l’écoute, s’appro-
prie ces images, ces histoires
et superpose les siennes,
celles des branches qui lui
reviennent en mémoire, et
les histoires qui lui appar-
tiennent, jusqu’à ce que l’en-
chantement se produise.
La branche entière, tenue à ses
deux extrémités, se matérialise.
Probablement, elle n’est pas la
même pour l’un et l’autre mais
pour les deux, elle existe.
La fiction possède en elle cette magie.
Les personnages que nous créons, nous les
rencontrons. Les lieux que nous imagi-
nons, nous les visitons.
Ces expériences, en théorie pures abstractions, nous les
vivons « dans notre chair ». Bien sûr, cette magie ne se
réalise que si chacun, le conteur et le conté, a cette vo-
lonté de croire. Le charme se rompt instantanément si
l’un des deux déclare « Tout cela n’existe pas ».
Mais il devrait dire « Tout cela n’existe plus ». Car, lors-
qu’il y croyait, son cerveau n’a pas réagi autrement que
si cela avait existé, et pour cela, il est pour toujours un
être différent d’avant l’histoire.
C’est un pouvoir redoutable que possède la fiction et
puissants sont ceux qui le maîtrisent, car nous avons tous
besoin de croire. Par besoin d’amour, par peur de
l’inconnu… Du récit, le délice est un piège, le piège un
délice. C’est quand nous sommes devenus des adultes
raisonnables, débarrassés des « croyances absurdes »
de l’enfance, que nous nous laissons le mieux emporter
par ces vagues de sensations. Elles nous font rire, pleu-
rer, espérer, frémir. Quoi de plus réel ?
Il y a des histoires qui
nous font grandir, évo-
luer, certaines nous
nourrissent – les Enfants
Perdus, compagnons de
Peter Pan, se nourrissent
exclusivement de festins
imaginaires… - et
d’autres qui peuvent
nous asservir ou nous
détruire. Anna Karenine,
Madame Bovary ou Belle
du Seigneur n’ont-elles
pas péri de ce qu’elles
voulaient trop croire au
personnage d’un séduc-
teur ?
Mais ce ne sont là en-
core, heureusement,
que des histoires… Sta-
line fut le
plus talentueux, et le plus cruel, conteur du
XXème siècle. Parmi les
millions de gens que son
régime détruisit, com-
bien, devant la gueule
du fusil ou mourant len-
tement de faim, conti-
nuaient à croire, à ché-
rir, à admirer ce prophète et tacticien gé-
nial, personnage de sa création. Le géné-
ralissime avait compris que la soif de
croire d’un peuple lui donnerait tout pouvoir.
Au cours de son règne, nombreux sont ceux qui ont osé
dire « Tout cela n’existe pas » et qui en sont morts. Le
penser était tout aussi fatal. Il fallait que l’enchantement
perdure et il perdura.
A ceux qui disent « Dieu n’existe pas », je veux répondre :
comment n’existerait-il pas puisque chaque jour des mil-
liards d’Hommes agissent en croyant en lui?
Les actions, leurs pensées fabriquent cette réalité dans
laquelle nous vivons.
Cette réalité chérie, ce sol dur sous nos pieds, tout ce
que l’on peut toucher et voir, serait-ce véritablement la
limite de ce qui peut exister ? Ou alors, notre imagina-
tion serait-elle en quelque sorte, une antichambre de
notre monde sensible, un immense laboratoire de créa-
tion duquel s’échapperaient parfois quelques-unes de
nos meilleures créatures ?
Le Festin des Enfants Perdus
« Ce personnage de bois, de tissu et de fil, je l’ai pris pour le vrai, tout ce temps. J’ai cru et l’on me
laissait croire, pour la magie du jeu […]. Autour du petit théâtre, c’était l’obscurité. Si un pan de la
pièce, pour laisser rentrer quelqu’un, s’éclairait, je criais, me plaignais et souffrais de voir le
théâtre si petit, si fabriqué. Le noir revenu, vite je replongeais. Tout était vrai car je ressentais tout,
vraiment, dans ma chair » (Les Plénitudes, E.Kalinko).
JOURNAL DE N’IMPORTE QUI
N’importe qui
Sa
oir
se
Quelques courriers que nous avons reçues - Merci!
Décembre 2017, nº12 Page 15
COURRIERS DES LECTEURS
La menthe aux coins des lèvres, dans les
épines,
Le calcaire tambourine et la rivière con-
firme le chemin
Quelques pas plus loin, la douleur des
frontières n'y paraîtrait plus
S'ils pouvaient relever leur tête dure.
Sur la route des matins
Même le froid n'en revient pas
De les accabler si peu,
C'est leur jeunesse ce bâton de feu.
Pas plus que peu, deux pieds deux bras
deux yeux,
Des garçons contenus par leur chemise.
L'Afrique dans la démarche
Deux gorgées de sucre, douceur sur le vi-
sage.
Tous sont-ils bien arrivés ?
Combien noyés ? Combien traqués ?
Et l'oublié que personne ne veut compter.
Cette mère qui ne saura jamais...
Dans le pays, derrière,
les femmes cherchent
leurs hommes
Entre les barques et le
cauchemar des dunes
Dans ce désert sali par
les coups bas, les brutes.
Comment se dire que le paradis est devant
soi ?
Pour ceux qui chantent, qui vivent là la
porte ouverte
C'est commencer quelque part à broyer la
machine
A dire « on ne peut rien faire ».
La goutte d'eau fera déborder la vase.
Avec beaucoup d'entrain
Ceux qui font ne pensent à rien d'autre
Qu’à l'évidence de ne pas rien faire.
Avec beaucoup de joie !
Gelsomina, 21 septembre
ACTUALITÉS
Le ministère de la Santé a recommandé,
en juillet 2017, d’élargir l’obligation vaccinale chez les bébés
de moins de deux ans. Huit nouveaux vaccins (coqueluche,
haemophilus influenzae B, hépatite B, méningocoque C, pneu-
mocoque, rougeole, oreillons, rubéole), censés faire face à la
réapparition d’épidémies, deviendraient donc imposés en
2018, en plus des trois vaccins déjà obligatoires (diphtérie,
tétanos, poliomyélite). Plusieurs de ces vaccins causent des
effets secondaires indésirables (généralement du fait des adju-
vants) pouvant déboucher sur divers désagréments : affaiblis-
sement généralisé, paralysie, sclérose en plaques (vaccin de
l’hépatite C), voire, parfois, … la mort ! Par ailleurs, les mala-
dies « infantiles » (Coqueluche, Rougeole, Oreillons, Rubéole)
participent à la construction de nos défenses immunitaires.
S’en vacciner condamnera ces nourrissons à un avenir plus
médicalisé et plus dépendant des laboratoires pharmaceu-
tiques.
11 vaccins obligatoires pour les nourrissons !!!
Je suis une fidèle lectrice de la Marmotte,
journal pour la Roya. J'apprécie votre cou-
rage, votre détermination et votre pugnacité
pour dénoncer et dévoiler tout ce qui est
caché aux habitants de la Vallée, notamment
pour ce qui concerne le scandale du tunnel.
Il y a aussi un autre scandale à dénoncer sur
la commune de Tende, c'est la "verrue" cons-
truite au bourg neuf (bas du village), et qui
doit faire office de parking couvert. […] Ce
parking, à l'architecture particulière (goût
douteux, masse de béton, couleur qui ne
correspond pas au village, planches de bois
plaquées pour cacher la laideur mais qui ne
font que l'amplifier), a coûté cher aux contri-
buables, mais a été validé par les bâtiments
de France. Il se situe pourtant à quelques
encablures de la collégiale, et au pied du
village classé.... cherchez l'erreur … Si un
particulier souhaite exécuter quelques tra-
vaux dans le "style" du village, il lui faudra
patience et longueur de temps, pour aboutir
à un refus de la part des bâtiments de
France. Alors, je ne comprends pas comment
l'autorisation de construire une laideur pa-
reille a pu être accordée....
L'hôpital Saint Lazare, à côté, est d'une beau-
té incontestable et se fond dans le décor.
L'architecture du parking aurait pu être pen-
sée de la même façon pour une harmonie du
site. Vous me direz que tout est une affaire
de goût... mais ce bâtiment dénote complè-
tement de l'ensemble du village. Les habi-
tants des logements qui font face à ce par-
king ont maintenant une vue sur une masse
de béton alors qu'ils bénéficiaient, avant la
construction, de lumière et de verdure…
La communication est au cœur des projets
collectifs de toutes échelles. Pour cons-
truire ensemble, il faut d’abord s’entendre, bâtir une vision commune et parvenir
ensuite à « fonctionner » ensemble. Il est troublant de constater comme, en pratique,
il est difficile d’unir des forces pourtant animées par un objectif commun. Les grandes
ONG, par exemple, ne font que très rarement front commun alors qu’elles y gagne-
raient en puissance d’action. Idem à l’échelle d’un village ou d’une vallée, nous le
constatons tous les jours. Dans quelle mesure notre « difficulté » à communiquer, à
nous comprendre, est-elle responsable de ce plafond de verre dans nos projets col-
lectifs ? Et, que voudrait dire réussir à mieux communiquer ? Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous, sur ce sujet, des anecdotes, des expériences à nous partager?
COMMUNIQU’ACTION :
qu’en pensez-vous ?
Andromède Lelagopède
A MEDITER
Page 16
ACTUALITÉS
Embrayage du Conseil départemen-tal et catastrophe évitée sur la route Victoire : le 20 novembre dernier, le Conseil départemental
annonce qu’il interdira, lui aussi, aux plus de 19 tonnes de
traverser la vallée de la Roya ! Il n’y a pas que les habitants
qui vont pouvoir respirer un peu : notre pittoresque RD 6204
aussi. Ses murs de soutènement ne sont pas faits pour les
poids-lourds, comme en témoigne la découverte, par hasard,
par des agents du Département d'une cavité sous la chaussée
au niveau du viaduc de Scarassouï le 27/10 dernier (cf. photo
p.2 et Nicematin.fr). Aussitôt colmaté. Ouf, nous sommes pas-
sés à deux doigts de la catastrophe. Si cette fois-ci le hasard a
bien fait les choses, qu’en sera-t-il une prochaine fois ?
Arrêté 19 tonnes : les transporteurs routiers de Cuneo ripostent
La Marmotte déroutée Nous cherchons toujours des illustrateurs-dessinateurs, des
traducteurs du français en italien et de nouveaux points de
diffusion. Et bien sûr, continuez à nous faire parvenir vos idées, vos
réactions et réflexions, que nous ne manquerons pas de publier dans la
rubrique « Courriers des lecteurs ». Cette vallée est la nôtre, ce
journal aussi!
www.la-marmotte-deroutee.fr
Tél. 07 68 05 65 34
Météo judiciaire niçoise: Roya Citoyenne condamnée... à exister!
JTA
Depuis que les camions de plus de 19 tonnes sont interdits dans la Roya, les transporteurs routiers de la pro-
vince de Cuneo ne décolèrent pas. Et multiplient les pres-
sions. Pour eux, des maires français ne peuvent pas limiter la
circulation sur une route internationale, très empruntée par la
flottille de gros camions qui partent tous les jours de Cuneo.
Leur activité, profit et emplois seraient en jeu. Et même,
d’après certains, « l’économie de tout le bassin de Cuneo » !
Menaçant la France de représailles (par exemple, l’interdic-
tion des poids lourds français du côté italien), le lobby des
camionneurs place beaucoup d’espoir sur la réunion du con-
seil intergouvernemental prévue le 28 novembre. Leur objec-
tif : faire annuler l’arrêté ou, à défaut, l’aménager (plages ho-
raires de circulation, réglementation du trafic en vue de lais-
ser circuler la disserte interrégionale, c’est-à-dire leurs gros
poids lourds). Vigilance donc, rien n’est acquis ! La Roya, un
territoire fragile qui ne vit pas grâce aux camions, ne peut
être sacrifiée pour l’unique profit de quelques entreprises de
transport de marchandises ! Qu’elles prennent le train !
ÉVÈNEMENTS EN ROYA-BEVERA
01 décembre à 19h : Université populaire de la Roya : Terrorisme,
immigration et état d’urgence (références historiques et actualité),
par Françoise, avocate. Repas partagé.
02 décembre : Boîte à sardines, boîte de nuit à la salle des fêtes de
la Brigue. Repas à 19h30 (5€), entrée à 21h (5 €).
09 décembre : Fête de la bière, salle du Temps libre, Tende. Menu
choucroute (20€), DJ Délirium Concept (réservation 06.52.40.50.05).
13 décembre à 8h à Aix-en-Provence : délibéré du procès des
« papis mamies » pour aide au séjour.
16 décembre à 15h : Rassemblement en gare de Menton Garavan
contre le délit de faciès.
18 décembre à 13h30 au tribunal correctionnel de Nice (Palais
de justice) : Procès pour diffamation contre des militants du réseau
Defend Mediterranea ayant diffusé la débâcle du navire C-Star du
réseau identitaire Defend Europe (affrété pour entraver le
sauvetage des migrants en mer), puis conférence sur l'accueil.
Collecte pour les frais d’avocats : www.lepotcommun.fr/pot/hvfshv5n.
24 décembre : célébration du rachat de l'image du père noël,
anciennement vert (St Nicolas), par Coca Cola©, pour qu'il prenne
ses couleurs rouge et blanc.
05 janvier à 19h: Université populaire de la Roya : Paysannerie et
végétarisme, origine et contenu d’une théorie nouvelle, par Philippe,
ancien membre de la Confédération paysanne. Repas partagé.
12 janvier : Marmotta marmotta roupille (en temps normal)
profondément deux mètres sous terre, avec son métabolisme
extrêmement ralenti.
02 février à 19h : Université populaire de la Roya: Qu’est-ce qu’une
révolution ? Du cas de 1917 en Russie à Mai 68 en France, par
Jacques, journaliste réalisateur. Repas partagé.
03 février : 3ème Souper Fest’Hiver : Baletti, fanfare, animations,
concours soupologique, concert.
Et bien sur, les nombreux marchés de Noel locaux
Pour la saison 2017-18, le foyer Rural de Tende – La Brigue propose
de nombreux ateliers (Adhésion annuelle 30 €/enfants 20 €):
Badminton, gymnase du collège de St Dalmas : Lun. 19h45-21h
(adultes) ; Ven. 17-18h pour les enfants 8-12 ans et 18-19h pour les plus
de12ans/adultes (sauf vacances scolaires). Lise (06 08 65 65 94).
Gym douce, salle de dance MJC de Tende : Ma. et Jeu. 17-19h. Marie-
Paule (06 76 08 08 11).
Danse trad., salle de danse MJC de Tende : Mer. 17-19h. Séverine (06
13 41 75 86).
Yoga, salle de danse MJC de Tende : 1 Jeudi sur 2, 18h30-20h. Charlie
(06 78 97 77 10).
Italien (débutant), mairie annexe de St Dalmas : Jeu 17-18h. Nicoletta
(06 31 05 71 50).
Anglais, chez les participants ou en visite : séance de conversation 1
mardi sur 2, 18-22h. Jean-Noël (07 82 81 75 66) et Sarah (07 87 05 68 89).
Loisirs créatifs (couture, patchworks, tricot, bijoux…), mairie annexe
de St Dalmas : Jeu 14-18h. Nadège (06 70 08 24 56).
L’association Spirale propose à Saorge: ping-pong, théâtre
d’improvisation, ateliers d’écriture et cours d’italien (avancé). Adhésion
annuelle 20 €
Cours de Pilloxing (Dream Roya Zumba)à Saorge : samedi 18-19h.
Badminton à Breil-Sur Roya (gymnase) : lundi 19-20h et mercredi 18-
20h(contact: 06.31.32.16.43).
Pour les autres associations proposant des activités, prévenez-
nous afin que nous le fassions savoir dans votre journal!
RC
Le 16 novembre dernier, le tribunal administratif de Nice a débouté la demande de dissolution de l’association
Roya citoyenne déposée par l’association Défendre la Roya (créée en été dernier) et le conseiller régional Olivier
Bettati. Les perdants ont été condamnés à payer 5000€ de dommages et intérêts et 2000€ de frais de procédure.
Jidé