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Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2010) 11, 158—164 VOTRE PRATIQUE Un nouveau score de suivi de l’intensité des syndromes douloureux post-mastectomie (SDPM) Post-mastectomy pain syndrome (PMPS): A new intensity work flow scoring Laurent Labrèze a,1,, Florence Dixmerias a , Dominique Monnin a , Milène Isambert b , Fabrice Lakdja a a Unité de traitement de la douleur chronique, département d’anesthésie-réanimation- douleur, centre régional de lutte contre le cancer, institut Bergonié, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France b Département de chirurgie, centre régional de lutte contre le cancer, institut Bergonié, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France Disponible sur Internet le 20 mai 2010 MOTS CLÉS Syndrome douloureux post-mastectomie ; Score d’intensité ; Grade ; Prise en charge ; Traitement Résumé La chirurgie du sein peut entraîner deux principaux types de douleurs séquellaires chroniques, les douleurs de sein fantôme et plus fréquemment le syndrome douloureux post- mastectomie (ou syndrome douloureux post-dissection axillaire [SDPM]). D’évolution lente et de résolution difficile, ce syndrome douloureux neuropathique requiert une prise en charge interdisciplinaire et un suivi rapproché. Un score fondé sur sept items a été élaboré et testé par une équipe spécialisée et permet de quantifier l’intensité (ou la gravité) du SDPM. Trois items d’interrogatoire, un item d’examen clinique et trois items de répercussion (sommeil, humeur et qualité de vie). Au total, ce score donne la possibilité à la fois de quantifier l’intensité globale vécue par les patientes et de suivre objectivement l’efficacité du traitement au fur et à mesure des consultations de suivi. Les SDPM peuvent ainsi être divisés en quatre grades de gravité (léger, modéré, sévère et intense). Cet outil, facile d’utilisation et reproductible, fournit une aide appréciable pour juger de l’efficacité de la prise en charge. © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Labrèze). 1 Photo. 1624-5687/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.douler.2010.04.005

Un nouveau score de suivi de l’intensité des syndromes douloureux post-mastectomie (SDPM)

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ouleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2010) 11, 158—164

OTRE PRATIQUE

n nouveau score de suivi de l’intensité desyndromes douloureux post-mastectomie (SDPM)

ost-mastectomy pain syndrome (PMPS):new intensity work flow scoring

Laurent Labrèzea,1,∗, Florence Dixmeriasa,Dominique Monnina, Milène Isambertb,Fabrice Lakdjaa

a Unité de traitement de la douleur chronique, département d’anesthésie-réanimation-douleur, centre régional de lutte contre le cancer, institut Bergonié, 229, cours de l’Argonne,33076 Bordeaux cedex, Franceb Département de chirurgie, centre régional de lutte contre le cancer, institut Bergonié,229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France

Disponible sur Internet le 20 mai 2010

MOTS CLÉSSyndrome douloureuxpost-mastectomie ;Score d’intensité ;Grade ;Prise en charge ;Traitement

Résumé La chirurgie du sein peut entraîner deux principaux types de douleurs séquellaireschroniques, les douleurs de sein fantôme et plus fréquemment le syndrome douloureux post-mastectomie (ou syndrome douloureux post-dissection axillaire [SDPM]). D’évolution lente etde résolution difficile, ce syndrome douloureux neuropathique requiert une prise en chargeinterdisciplinaire et un suivi rapproché. Un score fondé sur sept items a été élaboré et testé parune équipe spécialisée et permet de quantifier l’intensité (ou la gravité) du SDPM. Trois itemsd’interrogatoire, un item d’examen clinique et trois items de répercussion (sommeil, humeuret qualité de vie). Au total, ce score donne la possibilité à la fois de quantifier l’intensitéglobale vécue par les patientes et de suivre objectivement l’efficacité du traitement au fur

et à mesure des consultations de suivi. Les SDPM peuvent ainsi être divisés en quatre gradesde gravité (léger, modéré, sévère et intense). Cet outil, facile d’utilisation et reproductible,fournit une aide appréciable pour juger de l’efficacité de la prise en charge.© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (L. Labrèze).

1 Photo.

624-5687/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.douler.2010.04.005

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Un nouveau score de suivi de l’intensité des SDPM 159

KEYWORDSPost-mastectomypain syndrome;Severity;Intensity;Score;Grade;Treatment

Summary Two main types of chronic pain can occur after breast cancer surgery: phantombreast pain and more frequently, post-mastectomy pain syndrome (also called post-axillarydissection pain syndrome [PMPS]). Slowly evolving and difficult to resolve, PMPS is a neuro-pathological pain syndrome that requires interdisciplinary care and close monitoring. A scorebased on seven items was constructed and tested by a specialized team to quantify PMPS inten-sity (or severity). There are three interrogation items, one clinical examination item and threerepercussion items (sleep, mood and quality of life). Overall, this score allows us both to quan-tify the global intensity experienced by patients and to monitor treatment efficacy objectivelythroughout the duration of follow up. PMPS can thus be categorised according to four gradesof severity: light, moderate, severe and intense. This tool, easy to use and reproducible, isparticularly useful for evaluating the efficacy of the care offered.© 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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Introduction

La chirurgie du sein peut entraîner des douleurs chroniquesséquellaires dont la principale, d’après l’International Asso-ciation of Study of Pain est le syndrome douloureuxpost-mastectomie (SDPM) ou syndrome post-dissection axil-laire [1]. L’importance et la gravité des SDPM vont de lasimple gêne au handicap majeur avec retentissement impor-tant sur la qualité de vie, le tout souvent aggravé par lecontexte du cancer. L’apparition et surtout la chronicisa-tion de ce syndrome est dépendant de nombreux facteurs,en particulier chirurgicaux, mais également psychosociaux.Le diagnostic est relativement aisé mais il n’existe pas decritères pouvant fournir une quantification objective de sonintensité et/ou de la gravité vécue par les patientes.

Ce vécu douloureux chronique est dépendant bien sûr del’intensité sensitive des douleurs mais également des réper-cussions psychosociales. Un SDPM peu douloureux peut êtremal vécu au quotidien. Il est donc nécessaire de disposerd’un outil permettant de quantifier ce vécu pour suivre laprise en charge.

Le cahier des charges est simple : facilement utilisableen consultation, peu opérateur dépendant, reproductible,avec peu d’items mais prenant en compte les répercussionspsychosociales.

Nous proposons donc un score regroupant sept critèrespermettant de différencier les SDPM en quatre grades. Il aété testé sur 41 patientes, pour 101 mesures.

Méthodes

Ce travail est une étape initiale avant une validation.L’objectif est de tester un score d’intensité des syndromesdouloureux post-mastectomie et de déterminer des bornesde grade.

Patientes

Les patientes vues avaient toutes un diagnostic de SDPM sui-

vant les critères diagnostiques habituels : douleur chroniqueneuropathique thoracique et/ou brachiale, à distance d’unechirurgie mammaire et du creux axillaire. Les douleurs deseins fantômes étaient exclues. Toutes les patientes ont étéscorées lors de consultations douleurs chroniques program-

clri

ées à l’institut Bergonié à Bordeaux dans le cadre de leuruivi de prise en charge.

laboration du score

es patientes souffrant de SDPM expriment souvent plusieurslaintes sensitives et psychologiques :l’intensité douloureuse globale est facilement mesurablepar l’échelle numérique (EN) de Likert en 11 points (de 0 à10) ;l’allodynie est une composante majeure de ces dou-leurs. Son évaluation est également mesurable par échellenumérique de Likert et par sa surface. Une diminutionobjective de cette surface est un signe d’améliorationnette pour les patientes ;les accès douloureux paroxystiques (ADP) de type neuro-pathique sont souvent très mal vécus, surtout quand ilssont répétitifs dans la journée ou la nuit. Leur nombreest donc un élément de gravité ;les répercussions sur le sommeil, sur l’humeur et sur laqualité de vie globale sont des éléments d’une puissanceinférieure aux échelles numériques mais qui modulent lescore total en apportant des critères d’évaluation non cli-niques. Ils permettent de noter une réelle améliorationde la souffrance globale même si la douleur est toujoursprésente. Des échelles numériques ont été utilisées de 0 à3 pour le sommeil et de 0 à 5 pour l’humeur et la qualitéde vie.

Le score a donc été élaboré autour des EN globales et de’EN de l’allodynie (Tableau 1).

ersion initiale du score

éthode d’évaluation du score’évaluation a été réalisée en insu par plusieurs médecins dea douleur, au cours de consultations spécialisées en douleurshroniques du Centre de lutte contre le cancer du sud ouest.

À chaque consultation, après interrogatoire et examenlinique, l’impression subjective du grade est notée au préa-able (léger, modéré, sévère ou intense). Puis le score estéalisé et calculé par à un simple tableur informatique, ennterrogeant et examinant précisément la patiente.

Page 3: Un nouveau score de suivi de l’intensité des syndromes douloureux post-mastectomie (SDPM)

160 L. Labrèze et al.

Tableau 1 Version initiale du score.

N◦ Critère Notation Définition des échelles de notation

Item 1 Intensité globale EN de Likert de 0 à 10 0 : pas de douleur10 : douleur maximale imaginable

Item 2 Nombre d’ADP de 0 à 3 Pas d’ADP : 0De 1 à 5 ADP par jour : 1De 5 à 10 ADP par jour : 2Plus de 10 ADP par jour : 3

Item 3 Surface de(s)l’allodynie(s)*

de 0 à 3 Pas d’allodynie : 0

Allodynie(s) circonscrite (surface limitée) : 1Allodynie(s) étendue(s) (surfacedébordante) : 2Allodynie(s) majeure(s) (surface étendue) : 3

Item 4 Intensité de(s)l’allodynie(s)

EN de Likert de 0 à 10 0 : pas d’allodynie

10 : douleur maximale imaginable

Item 5 Répercussion du SDPM surle sommeil

EN de 0 à 3 Pas de répercussion (sommeil nonperturbé) : 0Répercussion légère (peu de réveils,endormissement facile) : 1Répercussion modérée (nombreux réveilset/ou endormissement difficile) : 2Répercussion majeure (insomniechronique) : 3

Item 6 Répercussion du SDPM surl’humeur

EN de 0 à 5 0 (pas de modification) à 5 (modificationmajeure)

Item 7 Répercussion du SDPM surla qualité de vie

EN de 0 à 5 0 (pas de modification) à 5 (modificationmajeure)

Total maximal: 39 points

*Surface des allodynies : allodynie circonscrite = allodynie limitée à une région cicatricielle (bras ou thorax), inférieure à 10 cm2 ;allodynie étendue = allodynie débordant une région cicatricielle (bras ou thorax), supérieure à 10 cm2 ; allodynie majeure = surfaces

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allodyniques multiples (bras et thorax), ou de surface supérieureADP : accès douloureux paroxystiques ; SDPM : syndromes douloure

Le score total calculé permet de confronter le résultat à’impression en insu.

Le nombre de surestimations du score en insu (gradealculé moins important que celui attendu en insu) et leombre de sous-estimations du score en insu (grade calculélus important que celui attendu en insu) sont notés.

Pour chacune d’elles, l’écart de points minimal est éga-ement noté :

la différence entre la borne minimale attendue en insu etle score calculé pour les sous-estimations ;la différence entre la borne maximale attendue en insuet le score calculé pour les surestimations.

Ces différences de points permettent de quantifier’importance des erreurs de scores calculés.

Le pourcentage d’écart de points a été calculé : rapport

ntre le nombre d’erreurs et le nombre de mesures totalesnombre = 101).

Le pourcentage d’erreur globale a également été cal-ulé : rapport entre le nombre de point d’erreur et le totales points de l’ensemble des mesures (nombre = 1169).

cpdUs

cm .ost-mastectomie ; EN : échelle numérique.

En pratique, nous avons utilisé un tableur du marché,ccessible pendant la consultation sur un poste informa-ique et qui additionne simplement les points des différentstems (score sur 39). Le score ainsi calculé peut être auto-atiquement classé en grade par une fonction très simple:rade = SI (N > 31; « sévère » ;SI (N > 23; « intense » ; SI(N > 15;modéré » ; SI(N < 16; « léger »)))), N = valeur du score cal-ulé par addition des points des sept items0

Une autre fonction permet ensuite, pour ce résultat, dee comparer à la valeur en insu notée au préalable et de don-er l’écart de point: différence = SI (F = Q ;0 ;1), F = valeur ennsu, Q = valeur calculée (Tableau 2).

éthode d’élaboration du grade

lusieurs bornes de grade ont été testées (Tableau 3). Pour

hacun de ces tests, les pourcentages d’écart de points et lesourcentages d’erreurs globales ont été notés, permettante voir pour quelles bornes les erreurs étaient moindres.ne segmentation en quatre grades a été retenue car ellee rapproche le mieux de la réalité qui classe les patientes en
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Un nouveau score de suivi de l’intensité des SDPM 161

Tableau 2 Exemple pour une mesure en consultation.

Estimation insu EN brûlure Nombre d’ADP Surface allodynie EN allodynie Sommeil Humeur QDV

Modéré 4 1 1 4 0 3 2

Score sur 39 Grade Résultat Différence Surestimation Sous-estimation écart point

15 1 Léger 1 Oui 0 1

EN : échelle numérique ; ADP : accès douloureux paroxystique ; QDV : qDifférence = SI(insu = résultat ;0 ;1).

Tableau 3 bornes de grade testées.

Test 1 Test 2 Test 3

SDPM léger 0 à 15 0 à 12 0 à 10SDPM modéré 16 à 23 13 à 21 11 à 18SDPM sévère 24 à 30 22 à 30 19 à 29SDPM intense 31 à 39 31 à 39 30 à 39

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Trscore chacun.

SDPM : syndromes douloureux post-mastectomie.

quatre états facilement identifiables en insu (léger, modéré,intense et sévère). Trois états n’aurait pas été suffisants(léger, modéré et sévère). L’état modéré aurait contenu laplus grande partie des patientes. Cinq états ou plus auraientconduit à une difficulté de classement.

Résultats

Cent un mesures ont été réalisées de janvier à décembre2009 à l’institut Bergonié à Bordeaux, pour un total de41 patientes dont les caractéristiques sont résumées dansle Tableau 4.

Trent-huit patientes ont eu au moins une mesure aumoment du diagnostic.

Vingt-sept patientes ont eu deux mesures ou plus.

Évaluation en insu des scores

On retrouve dix erreurs d’appréciation pour le test 1 : huitsurestimations (scores jugés plus important en insu que

idll

Tableau 4 Caractéristiques des patientes.

Âge moyen 53,9 ansDélai diagnostiquea 568 jours

Type de chirurgie mammaireTumorectomie 56,1 %Mastectomie 36,6 %Autre type 7,3 %

Type de chirurgie axillaireCurage axillaire 82,9 %Ganglion sentinelle 17 %

a Intervalle entre l’intervention axillaire et le diagnostic de syndromes

ualité de vie.

alculé) et deux sous-estimations (scores jugés moins impor-ants en insu que calculé) (Tableau 5):

cinq grades légers ont été surestimés « modérés » ;trois grades modérés ont été surestimés « sévères » ;un grade sévère a été sous-estimé « modéré ».

Dix-huit erreurs de jugement sont retrouvées pour lesests 2 et 3, l’essentiel sous forme de sous-estimations (17).

valuation des bornes de grade

uivant les bornes utilisées, les résultats montrent des dif-érences dans l’appréciation en insu (Tableau 5).

Le test 1 montre surtout une surestimation des scoresn insu. Les deux autres tests montrent surtout des sous-stimations majoritaires.

Par ailleurs, le test 1 totalise dix mesures mal jugées sur01 mesures, soit 9,9 % d’erreur.

Le nombre de points en écart (20) sur un total de669 donne donc une marge d’erreur d’attribution de pointse 1,19 %, ce qui est faible.

uissance des critères pour chaque grade

héoriquement, les sept critères ont des puissances diffé-entes (Tableau 6). Les items 1 et 4 participent à 25,6 % du

En utilisant les bornes du test 1, on voit que ces deuxtems conservent leurs parts prépondérantes pour chacunes grades et que le troisième item est la répercussion sura qualité de vie, sauf pour les grades intenses, pour lesquelsa répercussion sur l’humeur arrive en troisième position.

Valeur inférieure Valeur supérieure

36 ans 83 ans34 jours 3000 jours

douloureux post-mastectomie (SDPM).

Page 5: Un nouveau score de suivi de l’intensité des syndromes douloureux post-mastectomie (SDPM)

162 L. Labrèze et al.

Tableau 5 Comparaison des bornes testées.

Sous-estimationglobale

Surestimationglobale

Nombred’erreurs

Nombre depoints d’écart

Taux d’écartde points (%)a

Taux d’erreursglobales (%)b

Test 1 2 8 10 20 1,19 9,9Test 2 17 1 18 30 1,79 17,8Test 3 17 1 18 73 4,37 17,8

a Taux d’écart de points : nombre d’erreur/nombre de mesure (101).b Taux d’erreurs globales : nombre de points d’erreurs/total de point des mesures (1169).

Tableau 6 Répartition des pourcentages de chaque critère dans la construction des grades du test 1.

Puissance descritères (%)

EN brûlure Nombre d’ADP Surface allodynie EN allodynie Sommeil Humeur QDV

Théorie 25,6 7,7 7,7 25,6 7,7 12,8 12,8Léger 39,31 6,08 5,33 14,00 9,76 12,42 13,09Modéré 31,46 6,01 6,53 21,63 10,27 11,09 13,01Sévère 29,21 5,69 9,03 29,71 9,24 8,00 9,12Intense 27,01 5,05 7,99 23,95 8,97 14,02 13,01Moyenne 31,75 5,71 7,22 22,32 9,56 11,38 12,06

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EN : échelle numérique ; ADP : accès douloureux paroxystique ; QD

iscussion

e problème soulevé par la mise en place d’un score, outrea praticabilité, réside surtout dans le choix des items. Leon sens, l’expérience et la logique sont utilisés au débutour guider leur choix. Puis leur évaluation demande unrand nombre de mesures dans toutes les situations pos-ibles. Dans le cadre des SDPM, le choix des critères a viteté guidé par les intensités douloureuses en leur attribuantne puissance importante proche de 50 %. Les autres critèresnt été choisis à la fois pour leur facilité d’utilisation, leureproductibilité et surtout en faisant intervenir la patiente,on ressenti et son vécu.

Peu de publications ont essayé de dégager un score danses douleurs neuropathiques. Le DN4 est un score simple,ratique et fiable mais qui oriente de manière probabilisteers un diagnostic de douleur neuropathique, sans préjugere sa sévérité[2]. De la même manière, le neuropathic painymptom inventory (NPSI) est un outil fiable d’évaluationes symptômes comme le questionnaire NTSS-6 (neuropathyotal symptom score-6), validé en francais, pour appréciera fréquence et la sévérité de six symptômes dans les neu-opathies diabétiques (douleurs profondes, sensations derûlures, douleurs fulgurantes, picotements, engourdisse-ents, allodynie) [3,4].Aucune publication spécifique de score d’évaluation de

a sévérité n’est retrouvée, en particulier dans les SDPM.Multifactoriels, ces syndromes a fortiori chroniques

mpliquent un grand nombre de paramètres certes anato-

iques et physiopathologiques, mais également psycholo-

iques et sociaux [5]. L’environnement du patient est unraisemblable facteur d’amélioration ou de non amélio-ation. Il faut donc les retenir dans la constitution d’uncore.

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ualité de vie.

Six items sur les sept sont scorés par la patiente. Le sep-ième concerne la surface de l’allodynie qui nécessite unxamen minutieux du creux axillaire, du bras et du thorax.ette approche permet, comme pour les échelles numé-iques ou analogiques, de mettre l’accent sur le ressenti dea patiente. L’intérêt d’une telle approche est de donner durédit au delta entre deux mesures et donc au suivi.

Il est clair qu’une patiente qui ne présente pas de dou-eur (item 1 et 4 proche de 0) avec ou sans retentissementera obligatoirement dans un SDPM léger. Une patiente pré-entant des douleurs intenses avec peu d’allodynie aura unrade au moins modéré. Il est rare en effet d’avoir des dou-eurs intenses sans répercussion. Un grade intense nécessiteorcément un score important des échelles numériques avecne répercussion importante.

L’intensité douloureuse est un des critères majeurs’intensité du SDPM. Comme l’ont montré Macdonald et al.,ette intensité diminue naturellement avec le temps maisas dans des proportions importantes ni significatives (painating index passant de 18,34 en 1996 à 15,7 en 2002) [6].

L’examen de ces patientes montre clairement plusieursypes de douleur :

une douleur globale spontanée, douleur de fond imprévi-sible, discontinue, non rythmée ;une douleur allodynique, prévisible, locale, tactile, tho-racique et/ou brachiale ;des accès douloureux paroxystiques, en éclairs, imprévi-sibles.

Les deux premières douleurs peuvent être évaluées parchelle numérique.

Les ADP neuropathiques sont discriminants non par leurntensité (quasiment toujours importante et violente), maisar leur nombre ou leur répétition dans la journée.

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Un nouveau score de suivi de l’intensité des SDPM 163

Tableau 7 Moyenne des notations de la qualité de vie, du sommeil et de l’humeur dans les quatre grades retenus.

Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4

QDV (sur 5) 1,30 2,33 2,31 4,25Humeur (sur 5) 1,20 2,00 2,13 4,50Sommeil (sur 3) 0,87 2,00 2,38 2,75Part des trois critères sur le total du score (%) 9 16 17 29

QDV : qualité de vie.

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MacDonald et al. ont montré que la qualité de vie despatientes souffrant de SDPM est altérée à long terme (ques-tionnaire Short Form 36) [6,7]. L’évolution de ce critère estdonc un bon marqueur d’évolution.

Vilholm et al. rapportent également une altération de laqualité de vie dans son étude épidémiologique des SDPM de2008 [8]. Il utilise cinq stades d’altération (not at all, a lit-tle, some, quite lot et very much). Nous avons donc proposéune échelle numérique de 0 à 5, laissant l’appréciation auxpatientes.

Le sommeil est également l’un des critères de pertur-bation. MacDonald et al. ont publié sur le long terme destaux très variables (40 % des patientes) mais vraisemblable-ment parce que sa population de SDPM comprenait tous lesgrades [6]. Dans notre série, la moyenne calculée est de1,3 points pour les grades 1, de 2,33 points pour les grades2, de 2,31 points pour les grades 23 et de 4,25 points pourles grades 4. Il y a donc une discrimination nette entre lesgrades légers (1) et intenses (4).

Les mêmes constatations sont faites pour les répercus-sions sur l’humeur (item 6) (Tableau 7). Pour le sommeil, lesrépercussions sont nettes dès le grade 2.

Ces trois critères participent en moyenne à 9 % du totaldu score pour le grade 1 et 29 % pour le grade 4. Plus le SDPMest sévère, plus les répercussions sont importantes, ce quisemble logique.

D’autres critères auraient pu être pris en compte maisils n’ont pas été retenus par difficulté de réalisation (ques-tionnaires trop longs), l’objectif étant de disposer d’un outilmaniable et reproductible [9].

Bornes des grades

Des trois bornes proposées, celle qui montre le moinsd’erreurs de jugement est celle qui limite le grade légeret modéré à 15 points. Quinze points, c’est une EN à 10,une EN d’allodynie à 5 sans répercussion. Ce sont égalementdes EN moyennes (5) sans allodynie ou presque et avec unefaible répercussion.

À l’épreuve de la pratique quotidienne, ces bornes ontmontré qu’elles étaient proches du jugement global sub-jectif en insu, celui utilisé tous les jours pour se faire uneidée de la sévérité du syndrome chez une patiente et de son

retentissement.

La tendance de ces bornes est d’ailleurs une sures-timation de la plupart des erreurs. La surestimation estpour chacune de nos patientes une impression louableet humaine, beaucoup plus que la sous-estimation, qui

ous fait pencher vers la minimisation de la sévé-ité.

Les trois autres grades ont des bornes rapprochées7 entre 1 et 2, 6 entre 2 et 3 et 8 entre 3 et 4).

Ces bornes serrées ont un avantage, celui de donnerlus de puissance aux items les plus faibles. Un nombre deécharge électrique (ADP) significativement plus bas peutuffire à faire passer un SDPM de sévère à modéré, marquantne amélioration nette même si le reste des items n’a pasougé.

Pour chaque grade, la puissance de chaque item a étéeprise, donnant des chiffres légèrement différents de lahéorie, mais sans s’en écarter nettement.

Les grades légers donnent une part prépondérante à l’ENlobale (40 %), car c’est souvent la seule doléance. Dans lesrades intenses, la notation de la répercussion sur l’humeurst le troisième critère par ordre d’importance.

tilisation

’utilisation quotidienne s’avère aisée. Elle ne retarde pasa consultation et permet d’inscrire dans le dossier de laatiente un score et un grade utile pour les autres spécia-istes prenant en charge la patiente. Toute l’utilité du gradee manifeste lors du suivi des patientes. Par exemple, poures reconstructions mammaires secondaires un grade légeru modéré persistant est requis par les chirurgiens avant’intervention.

L’évolution naturelle est très variable, mais une diminu-ion franche et durable des scores indique globalement uneonne réaction aux traitements.

À l’inverse, une patiente qui présente un grade intenseu sévère sans amélioration après trois à six mois de trai-ement serait une candidate à d’autres techniques, commear exemple l’anesthésie locorégionale.

Pour les grades diagnostiqués comme légers,’amélioration franche est plus difficile à obtenir même sie retentissement est moins important (Fig. 1).

À l’inverse, les grades diagnostiqués comme intenses sontlus rapidement accessibles à une très nette améliorationès le premier mois du traitement.

Après six mois de prise en charge, la plupart des patientesont en moyenne dans une zone entre cinq et 15 points.

Les intérêts de ce score sont multiples :pouvoir juger de l’évolution à moyen et long terme de laprise en charge ;pouvoir préciser les moyens thérapeutiques en fonctionde la sévérité du SDPM ;

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164

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[mastectomy pain syndrome: an epidemiological study on the

igure 1. Évolution moyenne des grades après traitements.

pouvoir dégager des situations thérapeutiques plus pré-cises et des prises en charge un peu plus stéréotypées,par exemple pour préciser les critères algologiques avantreconstruction ou pour préciser les critères de propositionde geste d’anesthésie locorégionale ;permettre aux médecins référents et aux médecins trai-tants d’avoir un outil d’évaluation fiable et de pouvoirainsi juger efficacement du traitement ;proposer un outil d’évaluation fiable pour la recherche.

L’un des objectifs du score est de déterminer des proto-oles de prise en charge thérapeutique.

On peut en effet envisager des arbres décisionnels enonction des scores. Il semble par exemple que les grades(sévères) nécessitent une prise en charge triple d’emblée

neurotropes, kinésithérapie, psychologue) pour obtenir uneette amélioration à un mois.

En revanche, les grades légers peuvent être pris enharge par des traitements locaux (lidocaïne) et/ou kiné-

ithérapeutiques. La validation du grade permettra denaliser ces protocoles.

Il reste maintenant à vérifier et évaluer précisément cestems dans un grand nombre de situations, d’intervenants,e patientes et de mesures.

[

L. Labrèze et al.

onclusion

e nouveau score permet de quantifier l’intensité du vécuouloureux des patientes atteintes de SDPM. Outre sa mania-ilité, il répond parfaitement aux exigences du cahieres charges : non opérateur dépendant, reproductibilité enonsultation, rapidité de réalisation.

La fiabilité de chaque item doit être évaluée sur delus grandes populations de patientes, mais cet outil nousermet de décider plus facilement des changements deraitement et de suivre objectivement l’évolution de cesyndromes douloureux chroniques.

onflit d’intérêt

ucun.

éférences

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