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Un quatrième tome pour Ernaut de Jérusalem Fin connaisseur du monde médiéval, Yann Kervran propose un nouveau volume des aventures d’Ernaut de Jérusalem. Son héros, qui a gagné en maturité, va affronter un nouveau mystère : un corps entièrement brûlé tandis que sa demeure est intacte autour de lui. De là à y voir le souffle ardent du Malin… Yann continue de ciseler tranquillement son univers. On peut lire ses romans comme d’habiles polars, ce qui ne serait déjà pas si mal, mais on peut s’attarder sur les liens qui se tissent au fil des ouvrages, l’incroyable précision des références historiques, la description minutieuse des mœurs d’une époque… et tout ça sous licence libre. Nous lui avons posé quelques questions. Le souffle du dragon… il y avait des dragons en Terre sainte ? Forcément, vu que c’est là que saint Georges a tué le sien. Au-delà de la polysémie du titre, avec laquelle je joue chaque fois afin de laisser le public en faire sa propre lecture, c’est en référence à la basilique de Lydda où est conservé, justement, le corps de saint Georges. C’est là que se déroule la majeure partie de l’intrigue à laquelle est confronté Ernaut. C’est l’occasion d’évoquer bon nombre de dragons, des traditions orientales, qui viennent alors percoler dans les récits hagiographiques occidentaux. C’est aussi le nom d’une bannière issue de l’Antiquité romaine impériale… Et c’est parfois, plus prosaïquement, le terme sous lequel on désigne les crocodiles, au Moyen Âge. Toutes ces définitions, ces évocations ont leur part de vérité dans la caractérisation du titre. D’ailleurs, c’est la même chose pour le second terme : le souffle n’est pas que le feu du dragon, il renvoie aussi à la tradition alchimique et ésotérique, avec laquelle le livre joue également, à plusieurs niveaux. Enfin, il y a des approches plus habituelles de ces termes, et cela peut aussi peut-être s’appliquer à certains points de vue sur le récit, un

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Un quatrième tome pour Ernaut deJérusalem

Fin connaisseur du monde médiéval, Yann Kervran propose un nouveau volumedes aventures d’Ernaut de Jérusalem. Son héros, qui a gagné en maturité, va

affronter un nouveau mystère : un corps entièrement brûlé tandis que sa demeureest intacte autour de lui.

De là à y voir le souffle ardent du Malin…

Yann continue de ciseler tranquillement son univers. On peut lire ses romanscomme d’habiles polars, ce qui ne serait déjà pas si mal, mais on peut s’attardersur les liens qui se tissent au fil des ouvrages, l’incroyable précision desréférences historiques, la description minutieuse des mœurs d’une époque… ettout ça sous licence libre.

Nous lui avons posé quelques questions.

Le souffle du dragon… il y avait des dragons en Terre sainte ?

Forcément, vu que c’est là que saint Georges a tué le sien. Au-delà de lapolysémie du titre, avec laquelle je joue chaque fois afin de laisser le public enfaire sa propre lecture, c’est en référence à la basilique de Lydda où est conservé,justement, le corps de saint Georges. C’est là que se déroule la majeure partie del’intrigue à laquelle est confronté Ernaut. C’est l’occasion d’évoquer bon nombrede dragons, des traditions orientales, qui viennent alors percoler dans les récitshagiographiques occidentaux. C’est aussi le nom d’une bannière issue del’Antiquité romaine impériale…

Et c’est parfois, plus prosaïquement, le terme sous lequel on désigne lescrocodiles, au Moyen Âge. Toutes ces définitions, ces évocations ont leur part devérité dans la caractérisation du titre. D’ailleurs, c’est la même chose pour lesecond terme : le souffle n’est pas que le feu du dragon, il renvoie aussi à latradition alchimique et ésotérique, avec laquelle le livre joue également, àplusieurs niveaux. Enfin, il y a des approches plus habituelles de ces termes, etcela peut aussi peut-être s’appliquer à certains points de vue sur le récit, un

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personnage ou l’autre.

L e d r a g o n d a n s l ’ œ u v r e d ’ A m b r o i s e P a r é – 1 5 8 5 (http://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/image?med01709x0096)

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Le quatrième tome, déjà ! On voit Ernaut gérer seul une enquête officielle.Peut-tu nous en dire plus sur les évolutions de notre héros ?

Cela fait désormais deux ans qu’il réside en Terre sainte et pratiquement un an etdemi au service de l’hôtel du roi, en tant que sergent. Il commence à avoir desamis, un réseau de relations, une fiancée… Il n’est plus le garçon maladroit quiembarquait à bord du Falconus. C’est un jeune homme impatient d’embrasser lavie, qui voit son avenir se dessiner. J’ai conçu ce tome comme le dernier de sonenfance, les choses sont en train de se placer pour lui tracer une voie.

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Déjà quatre tomes ! (photo Yann Kervran CC-BY-SA)

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Cela dit, s’il est en charge de l’enquête, ce n’est pas de façon aussi claire etformelle qu’il l’aurait peut-être souhaité. Je n’en dis pas trop pour ne pas gâcherle plaisir des lecteurs. Mais il est vrai qu’il se voit maître de son temps, de sesactions, dans une certaine mesure et dans un cadre général qui lui est imposé pardes supérieurs.

Celui-ci a été écrit avec le concours du CNL, peut-tu nous présenter unpeu ce que c’est ?

Le Centre National du Livre a, dans ses missions, la tâche de soutenir la créationlittéraire francophone avec, entre autres, l’existence de bourses d’écriture pourles auteurs. J’ai donc eu le bonheur de voir mon projet retenu parmi les 66romans sélectionnés en 2017. J’avais deux ans pour voir le projet terminé etpublié, c’est donc chose faite. En échange, il suffit d’indiquer que l’ouvrage a reçuleur soutien, ce que je fais avec plaisir. Je profite de cet entretien pour lesremercier publiquement.

Ce qui pose aussi la question du modèle économique chez les auteurs.Alors, est-ce qu’être libre est plus rentable que l’édition traditionnelle ?

De façon générale, je ne sais pas, mais en ce qui me concerne la réponse est oui.Je n’ai pas encore les chiffres de vente pour mes autres ouvrages nonromanesques, non libres, chez un autre éditeur, pour 2018. En partant duprincipe que c’est similaire à 2017, vu que je n’y ai rien sorti depuis deux ans, jevais gagner plus avec mes trois Framabooks. Mais cela reste dérisoire : mesrevenus d’auteur non libre se sont effondrés au fil de la décennie, pour arriver àun peu moins de 300€ annuellement.

C’est le cas pour énormément d’écrivains et c’est une tendance globale :

https://lejournalcanadien.com/2018/10/23/les-ecrivains-gagnent-moins-quil-y-a-trois-ans/https://www.ledevoir.com/lire/542300/sondage-les-revenus-des-ecrivains-se-reduisent-comme-peau-de-chagrinhttps://www.telerama.fr/idees/le-professionnalisation-du-metier-decrivain-saccompagne-de-sa-precarisation-croissante,n5275156.phphttps://www.actualitte.com/article/monde-edition/etats-generaux-du-livre-les-auteurs-entre-consternation-et-mepris/88975.

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Pour mon travail d’auteur libre, je dois percevoir à peu près le même montantpour 2018, mais s’y ajoutent les dons reçus en soutien de mon travail, ou encontre-don de la lecture des epub, pour environ 200€ sur l’année je dirais.

De toute évidence, cela ne permet pas d’en vivre. La bourse du CNL, de 7000€brut, a beaucoup aidé, mais pour l’instant ce n’est pas viable pour moi. Je vaisdonc devoir surseoir à la rédaction du tome 5, n’ayant matériellement pas lesmoyens de m’y consacrer de façon sérieuse et sereine.

Quoiqu’il en soit, je suis très heureux d’avoir basculé mon travail sous licencelibre car j’en garde la maîtrise et je sais que ce sera disponible pour qui veut yaccéder. C’était un point essentiel pour moi. Ayant été contraint de garder destextes non publiés pendant des années, de me restreindre sur les productionsliées directement ou indirectement, c’était extrêmement frustrant. Avec le libre,mes textes ne disparaissent pas au même rythme que mes revenus.

J’ai été ton éditeur pour ce tome, et c’était très enrichissant. Mais je nesais pas comment tu fais pour t’en sortir avec les contraintes historiques.Ça me rendrait dingue, alors que tu navigues là-dedans avec une aisanceincroyable. Bon sang, tu vérifies les phases de la Lune ! Comment arrives-tu à t’en sortir ?

C’est facile : j’ai une bibliothèque plus que conséquente sur le sujet et je me sersaussi beaucoup d’Internet. Il est désormais bien plus aisé d’accéder à ladocumentation que quand je faisais mes études (malgré de nombreux paywalls iciet là, qui enclosent parfois du savoir dans le domaine public).

C’est aussi plus simple de l’organiser : j’ai un wiki où je note pas mal de chosespour suivre la chronologie et conserver la cohérence de caractérisation de mesprotagonistes. Par ailleurs je crains toujours l’effet carton pâte de certains récitsoù la documentation est plaquée sur une idée qui ne cadre pas avec le décor. Jem’efforce donc de lire régulièrement des ouvrages scientifiques sur le monde descroisades, des sources historiques, sans avoir de but en tête, juste pourm’imprégner. Et je note sur des feuilles des idées, des anecdotes, des envies, pourensuite les exhumer quand je suis en recherche de motifs à développer.

Pour l’intégration de l’histoire au cycle romanesque, je commence toujours parvoir comment la période historique peut offrir des sujets intéressants à traiter,par le biais de l’enquête principale, du décor ou des personnages annexes. Je

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bâtis ensuite là-dessus, en voyant comment je peux intégrer les personnages pourlesquels j’ai prévu de longs arcs narratifs au sein d’Hexagora. L’idée étant denourrir les narrations les unes par les autres, de ne jamais rattacher une histoireà un seul arc, mais d’en faire un point de rencontre, de jonction, de friction.

Qu’est-ce qui est prévu pour la suite ?

Pour l’heure, je me focalise sur les Qit’a, histoires courtes dans le monded’Ernaut. J’en ai rédigé presque une centaine qui vont être publiées en quatrerecueils, j’espère avant l’été. Je continue aussi d’en écrire, mensuellement, carc’est une pratique régulière qui nourrit ma réflexion et fait avancer la façon dontje conçois mon métier d’écrivain. J’ai aussi quelques vieux projets que je doisfinaliser, dans un tout autre style. Peut-être que j’utiliserai un pseudonyme pourne pas induire mes lecteurs habituels en erreur. Mais ce qui est certain, c’est quece sera sous licence libre.

Pour aller plus loin :

Hexagora : https://www.ernautdejerusalem.com/fr:startL e s r o m a n s d e Y a n n c h e z F r a m a b o o k :https://framabook.org/tag/yannkervran/S o u t e n i r Y a n n d a n s s o n t r a v a i l :https://www.ernautdejerusalem.com/fr:donate

La Fée diverse déploie ses ailesIl n’est pas si fréquent que l’équipe Framalang traduise un article depuis lalangue italienne, mais la récapitulation bien documentée de Cagizero était unebonne occasion de faire le point sur l’expansion de la Fediverse, un phénomène

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dont nous nous réjouissons et que nous souhaitons voir gagner plus d’amplitudeencore, tant mieux si l’article ci-dessous est très lacunaire dans un an !

Article original : Mastodon, il Fediverso ed il futuro decentrato delle reti sociali

Traduction Framalang : alainmi, Ezelty, goofy, MO

Mastodon, la Fediverse et l’avenir desréseaux décentraliséspar Cagizero

Peu de temps après une première vue d’ensemble de Mastodon il est déjà possibled’ajouter quelques observations nouvelles.

Tout d’abord, il faut noter que plusieurs personnes familières de l’usage desprincipaux médias sociaux commerciaux (Facebook, Twitter, Instagram…) sontd’abord désorientées par les concepts de « décentralisation » et de « réseaufédéré ».

En effet, l’idée des médias sociaux qui est répandue et bien ancrée dans lesesprits est celle d’un lieu unique, indifférencié, monolithique, avec des règles etdes mécanismes strictement identiques pour tous. Essentiellement, le fait même

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de pouvoir concevoir un univers d’instances séparées et indépendantesreprésente pour beaucoup de gens un changement de paradigme qui n’est pasimmédiatement compréhensible.

Dans un article précédent où était décrit le média social Mastodon, le conceptd’instance fédérée était comparé à un réseau de clubs ou cercles privés associésentre eux.

Certains aspects exposés dans l’article précédent demandent peut-être quelqueséclaircissements supplémentaires pour celles et ceux qui abordent tout juste leconcept de réseau fédéré.

1. On ne s’inscrit pas « sur Mastodon », mais on s’inscrit à une instance deMastodon ! La comparaison avec un club ou un cercle s’avère ici bien pratique :adhérer à un cercle permet d’entrer en contact avec tous ceux et celles qui fontpartie du même réseau : on ne s’inscrit pas à une plateforme, mais on s’inscrit àl’un des clubs de la plateforme qui, avec les autres clubs, constituent le réseau. Laplateforme est un logiciel, c’est une chose qui n’existe que virtuellement, alorsqu’une instance qui utilise une telle plateforme en est l’aspect réel, matériel.C’est un serveur qui est physiquement situé quelque part, géré par des gens enchair et en os qui l’administrent. Vous vous inscrivez donc à une instance etensuite vous entrez en contact avec les autres.

2. Les diverses instances ont la possibilité technique d’entrer en contact les unesavec les autres mais ce n’est pas nécessairement le cas. Supposons par exemplequ’il existe une instance qui regroupe 500 utilisateurs et utilisatricespassionné⋅e⋅s de littérature, et qui s’intitule mastodon.litterature : ces personnesse connaissent précisément parce en tant que membres de la même instance etchacun⋅e reçoit les messages publics de tous les autres membres.Eh bien, chacun d’entre eux aura probablement aussi d’autres contacts avec desutilisateurs enregistrés sur difFerentes instances (nous avons tous des ami⋅e⋅s quine font pas partie de notre « cercle restreint », n’est-ce pas ?). Si chacun des 500membres de maston.litterature suit par exemple 10 membres d’une autreinstance, mastodon.litterature aurait un réseau local de 500 utilisateurs, maisaussi un réseau fédéré de 5000 utilisateurs !Bien. Supposons que parmi ces 5000 il n’y ait même pas un seul membre del’instance japonaise japan.nuclear.physics dont le thème est la physique nucléaire: cette autre instance pourrait avoir peut-être 800 membres et avoir un réseau

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fédéré de plus de 8000 membres, mais si entre les réseaux « littérature » et «physique nucléaire » il n’y avait pas un seul ami en commun, ses membres nepourraient en théorie jamais se contacter entre eux.En réalité, d’après la loi des grands nombres, il est assez rare que des instancesd’une certaine taille n’entrent jamais en contact les unes avec les autres, maisl’exemple sert à comprendre les mécanismes sur lesquels repose un réseau fédéré(ce qui, en se basant justement sur la loi des grands nombres et les principes desdegrés de séparation, confirme au contraire l’hypothèse que plus le réseau estgrand, moins les utilisateurs et instances seront isolés sur une seule instance).

3. Chaque instance peut décider volontairement de ne pas entrer en contact avecune autre, sur la base des choix, des règles et politiques internes qui lui sontpropres. Ce point est évidemment peu compris des différents commentateurs quine parviennent pas à sortir de l’idée du « réseau social monolithique ». S’il y avaitsur Mastodon une forte concentration de suprémacistes blancs en deuil de Gab,ou de blogueurs porno en deuil de Tumblr, cela ne signifie pas que ce seraitl’ensemble du réseau social appelé Mastodon qui deviendrait un « réseau socialpour suprémacistes blancs et porno », mais seulement quelques instances quin’entreraient probablement jamais en contact avec des instances antifascistes ouultra-religieuses. Comme il est difficile de faire comprendre un tel concept, il estégalement difficile de faire comprendre les potentialités d’une structure de cetype. Dans un réseau fédéré, une fois donnée la possibilité technique d’interagirentre instances et utilisateurs, chaque instance et chaque utilisateur peut ensuitechoisir de façon indépendante l’utilisation qui en sera faite.

Supposons qu’il existe par exemple :

Une instance écologiste, créée, maintenue et soutenue financièrementpar un groupe de passionnés qui veulent avoir un lieu où échanger sur lanature et l’écologie, qui pose comme principe qu’on n’y poste ni liensexternes ni images pornographiques.Une instance commerciale, créée par une petite entreprise qui disposed’un bon serveur et d’une bande passante très confortable, et celui oucelle qui s’y inscrit en payant respecte les règles fixées auparavant parl’entreprise elle-même.Une instance sociale, créée par un centre social et dont les utilisateurssont surtout les personnes qui fréquentent ledit centre et se connaissentaussi personnellement.

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Une instance vidéoludique, qui était à l’origine une instance internedes employés d’une entreprise de technologie mais qui dans les faits estouverte à quiconque s’intéresse aux jeux vidéos.

Avec ce scénario à quatre instances, on peut déjà décrire quelques interactionsintéressantes : l’instance écologiste pourrait consulter ses utilisateurs etutilisatrices et décider de bannir l’instance commerciale au motif qu’on y diffuselargement une culture contraire à l’écologie, tandis que l’instance sociale pourraitau contraire maintenir le lien avec l’instance commerciale tout en choisissantpréventivement de la rendre muette dans son propre fil, laissant le choixpersonnel à ses membres d’entrer ou non en contact avec les membres del’instance commerciale. Cependant, l’instance sociale pourrait bannir l’instancede jeu vidéo à cause de la mentalité réactionnaire d’une grande partie de sesmembres.

En somme, les contacts « insupportables/inacceptables » sont spontanémentlimités par les instances sur la base de leurs différentes politiques. Ici, le cadred’ensemble commence à devenir très complexe, mais il suffit de l’observer depuisune seule instance, la nôtre, pour en comprendre les avantages : les instances quiaccueillent des trolls, des agitateurs et des gens avec qui on n’arrive vraiment pasà discuter, nous les avons bannies, alors que celles avec lesquelles on n’avait pasbeaucoup d’affinités mais pas non plus de motif de haine, nous les avons renduesmuettes. Ainsi, si quelqu’un parmi nous veut les suivre, il n’y a pas de problème,mais ce sera son choix personnel.

4. Chaque utilisateur peut décider de rendre muets d’autres utilisateurs, maisaussi des instances entières. Si vous voulez particulièrement éviter les contenusdiffusés par les utilisateurs et utilisatrices d’une certaine instance qui n’estcependant pas bannie par l’instance qui vous accueille (mettons que votreinstance ne ferme pas la porte à une instance appelée meme.videogamez.lulz,dont la communauté tolère des comportements excessifs et une ambiance demoquerie lourde que certains trouvent néanmoins amusante), vous êtes libres dela rendre muette pour vous seulement. En principe, en présence de groupesd’utilisateurs indésirables venant d’une même instance/communauté, il estpossible de bloquer plusieurs dizaines ou centaines d’utilisateurs à la fois enbloquant (pour vous) l’instance entière. Si votre instance n’avait pas un accordunanime sur la manière de traiter une autre instance, vous pourriez facilementlaisser le choix aux abonnés qui disposent encore de ce puissant outil. Une

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instance peut également choisir de modérer seulement ses utilisateurs ou de nerien modérer du tout, laissant chaque utilisateur complètement libre de faire taireou d’interdire qui il veut sans jamais interférer ou imposer sa propre éthique.

La Fediverse

logo de la Fediverse

Maintenant que nous nous sommes mieux concentrés sur ces aspects, nouspouvons passer à l’étape suivante. Comme déjà mentionné dans le post précédent,Mastodon fait partie de quelque chose de plus vaste appelé la Fediverse(Fédération + Univers).

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En gros, Mastodon est un réseau fédéré qui utilise certains outils decommunication (il existe plusieurs protocoles mais les principaux sontActivityPub, Ostatus et Diaspora*, chacun ayant ses avantages, ses inconvénients,ses partisans et ses détracteurs), utilisés aussi par et d’autres réalités fédérées(réseaux sociaux, plateformes de blogs, etc.) qui les mettent en contact pourformer une galaxie unique de réseaux fédérés.

Pour vous donner une idée, c’est comme si Mastodon était un système planétairequi tourne autour d’une étoile (Mastodon est l’étoile et chaque instance est uneplanète), cependant ce système planétaire fait partie d’un univers dans lequelexistent de nombreux systèmes planétaires tous différents mais quicommuniquent les uns avec les autres.

Toutes les planètes d’un système planétaire donné (les instances, comme des «clubs ») tournent autour d’un soleil commun (la plate-forme logicielle).L’utilisateur peut choisir la planète qu’il préfère mais il ne peut pas se poser surle soleil : on ne s’inscrit pas à la plateforme, mais on s’inscrit à l’un des clubs qui,avec tous les autres, forme le réseau.

Dans cet univers, Mastodon est tout simplement le « système planétaire » le plusgrand (celui qui a le plus de succès et qui compte le plus grand nombred’utilisateurs) mais il n’est pas certain qu’il en sera toujours ainsi : d’autres «systèmes planétaires » se renforcent et grandissent.

[NB : chaque plate-forme évoquée ici utilise ses propres noms pour définir lesserveurs indépendants sur lesquels elle est hébergée. Mastodon les appelleinstances, Hubzilla les appelle hubs et Diaspora* les appelle pods. Toutefois, parsouci de simplicité et de cohérence avec l’article précédent, seul le terme «instance » sera utilisé pour tous dans l’article]

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Les interactions de Mastodon avec les autres médias

Sur Kumu.io on peut trouver une représentation interactive de la Fediverse tellequ’elle apparaît actuellement. Chaque « nœud » représente un réseau différent(ou « système planétaire »). Ce sont les différentes plateformes qui composent lafédération. Mastodon n’est que l’une d’entre elles, la plus grande, en bas au fond.Sur la capture d’écran qui illustre l’article, Mastodon est en bas.

En sélectionnant Mastodon il est possible de voir avec quels autres médias ousystèmes de la Fediverse il est en mesure d’interagir. Comme on peut le voir, ilinteragit avec la plupart des autres médias mais pas tout à fait avec tous.

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Les interactions de Gnu social avec les autres médias

En sélectionnant un autre réseau social comme GNU Social, on observe qu’il adifférentes interactions : il en partage la majeure partie avec Mastodon mais il ena quelques-unes en plus et d’autres en moins.

Cela dépend principalement du type d’outils de communication (protocoles) quechaque média particulier utilise. Un média peut également utiliser plus d’unprotocole pour avoir le plus grand nombre d’interactions, mais cela rendévidemment leur gestion plus complexe. C’est, par exemple, la voie choisie parFriendica et GNU Social.

En raison des différents protocoles utilisés, certains médias ne peuvent donc pasinteragir avec tous les autres. Le cas le plus important est celui de Diaspora*, quiutilise son propre protocole (appelé lui aussi Diaspora), qui ne peut interagirqu’avec Friendica et Gnu Social mais pas avec des médias qui reposent surActivityPub tels que Mastodon.

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Au sein de la Fediverse, les choses sont cependant en constante évolution etl’image qui vient d’être montrée pourrait avoir besoin d’être mise à jourprochainement. En ce moment, la plupart des réseaux semblent s’orienter versl’adoption d’ActivityPub comme outil unique. Ce ne serait pas mal du tout d’avoirun seul protocole de communication qui permette vraiment tout type deconnexion !

Mais revenons un instant à l’image des systèmes planétaires. Kumu.io montre lesconnexions techniquement possibles entre tous les « systèmes planétaires » et,pour ce faire, relie génériquement les différents soleils. Mais comme nous l’avonsbien vu, les vraies connexions ont lieu entre les planètes et non entre les soleils! Une carte des étoiles montrant les connexions réelles devrait montrer pourchaque planète (c’est-à-dire chaque « moustache » des nœuds de Kum.io), desdizaines ou des centaines de l ignes de connexion avec autant deplanètes/moustaches, à la fois entre instances de sa plateforme et entre instancesde différentes plateformes ! La quantité et la complexité des connexions, commeon peut l’imaginer, formeraient un enchevêtrement qui donnerait mal à la têteserait graphiquement illisible. Le simple fait de l’imaginer donne une idée de laquantité et de la complexité des connexions possibles.

Et cela ne s’arrête pas là : chaque planète peut établir ou interrompre sescontacts avec les autres planètes de son système solaire (c’est-à-dire quel’instance Mastodon A peut décider de ne pas avoir de contact avec l’instanceMastodon B), et de la même manière elle peut établir ou interrompre les contactsavec des planètes de différents systèmes solaires (l’instance Mastodon A peutétablir ou interrompre des contacts avec l’instance Pleroma B). Pour donner unexemple radical, nous pouvons supposer que nous avons des cousins qui sont descrétins, mais d’authentiques crétins, que nous avons chassés de notre planète(mastodon.terre) et qu’ensuite ils ont construit leur propre instance(mastodon.saturne) dans notre voisinage parce que ben, ils aiment bien notresoleil « Mastodon ». Nous décidons de nous ignorer les uns les autres tout desuite. Ces cousins, cependant, sont tellement crétins que même nos parents etamis proches des planètes voisines (mastodon.jupiter, mastodon.venus, etc.)ignorent les cousins crétins de mastodon.saturne.

Aucune planète du système Mastodon ne les supporte. Les cousins, cependant, nesont pas entièrement sans relations et, au contraire, ils ont beaucoup de contactsavec les planètes d’autres systèmes solaires. Par exemple, ils sont en contact avec

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certaines planètes du système planétaire PeeeTube: peertube.10287,peertube.chatons, peertube.anime, mais aussi avec pleroma.pizza du systèmePleroma et friendica.jardinage du système Friendica. En fait, les cousins crétinssont d’accord pour vivre sur leur propre petite planète dans le système Mastodon,mais préfèrent avoir des contacts avec des planètes de systèmes différents.

Nous qui sommes sur mastodon.terre, nous ne nous soucions pas moins desplanètes qui leur sont complaisantes : ce sont des crétins tout autant que noscousins et nous les avons bloquées aussi. Sauf un. Sur pleroma.pizza, nous avonsquelques ami⋅e⋅s qui sont aussi des ami⋅e⋅s de certains cousins crétins demastodon.saturne. Mais ce n’est pas un problème. Oh que non ! Nous avons desconnexions interstellaires et nous devrions nous inquiéter d’une chose pareille ?Pas du tout ! Le blocage que nous avons activé sur mastodon.saturne est unesorte de barrière énergétique qui fonctionne dans tout le cosmos ! Si nous étionsimpliqués dans une conversation entre un ami de pleroma.pizza et un cousin demastodon.saturne, simplement, ce dernier ne verrait pas ce qui sort de notreclavier et nous ne verrions pas ce qui sort du sien. Chacun d’eux saura que l’autreest là, mais aucun d’eux ne pourra jamais lire l’autre. Bien sûr, nous pourrionsdéduire quelque chose de ce que notre ami commun de pleroma.pizza dira, maisbon, qu’est-ce qu’on peut en espérer ? �

Cette image peut donner une idée de la façon dont les instances (planètes) se

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connectent entre elles. Si l’on considère qu’il existe des milliers d’instancesconnues de la Fediverse, on peut imaginer la complexité de l’image. Un aspectintéressant est le fait que les connexions entre une instance et une autre nedépendent pas de la plateforme utilisée. Sur l’image on peut voir l’instancemastodon.mercure : c’est une instance assez isolée par rapport au réseaud’instances Mastodon, dont les seuls contacts sont mastodon.neptune,peertube.chatons et pleroma.pizza. Rien n’empêche mastodon.mercure deprendre connaissance de toutes les autres instances de Mastodon non par deséchanges de messages avec mastodon.neptune, mais par des commentaires surles vidéos de peertube.chatons. En fait, c’est d’autant plus probable quemastodon.neptune n’est en contact qu’avec trois autres instances Mastodon, alorsque peertube.chatons est en contact avec toutes les instances Mastodon.

Essayer d’imaginer comment les différentes instances de cette image qui « ne seconnaissent pas » peuvent entrer en contact nous permet d’avoir une idée plusprécise du niveau de complexité qui peut être atteint. Dans un système assezgrand, avec un grand nombre d’utilisateurs et d’instances, isoler une partie decelui-ci ne compromettra en aucune façon la richesse des connexions possibles.Une fois toutes les connexions possibles créées, il est également possible deréaliser une expérience différente, c’est-à-dire d’imaginer interrompre desconnexions jusqu’à la formation de deux ou plusieurs réseaux parfaitementséparés, contenant chacune des instances Mastodon, Pleroma et Peertube.

Et pour ajouter encore un degré de complexité, on peut faire encore une autreexpérience, en raisonnant non plus à l’échelle des instances mais à celle desutilisateurs⋅rices individuel⋅le⋅s des instances (faire l’hypothèse de cinqutilisateurs⋅rices par instance pourrait suffire pour recréer les différentessituations). Quelques cas qu’on peut imaginer :

1) Nous sommes sur une instance de Mastodon et l’utilisatrice Anna vient dedécouvrir par le commentaire d’une vidéo sur Peertube l’existence d’une nouvelleinstance de Pleroma, donc maintenant elle connaît son existence mais, choisissantde ne pas la suivre, elle ne fait pas réellement connaître sa découverte aux autresmembres de son instance.

2) Sur cette même instance de Mastodon l’utilisateur Ludo bloque la seuleinstance Pleroma connue. Conséquence : si cette instance Pleroma devait faireconnaître d’autres instances Pleroma avec lesquelles elle est en contact, Ludo

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devrait attendre qu’un autre membre de son instance les fasse connaître, car ils’est empêché lui-même d’être parmi les premiers de son instance à les connaître.

3) En fait, la première utilisatrice de l’instance à entrer en contact avec les autresinstances Pleroma sera Marianne. Mais elle ne les connaît pas de l’instancePleroma (celle que Ludo a bloquée) avec laquelle ils sont déjà en contact, maispar son seul contact sur GNU Social.

Cela semble un peu compliqué mais en réalité ce n’est rien de plus qu’uneréplique de mécanismes humains auxquels nous sommes tellement habitué⋅e⋅sque nous les tenons pour acquis. On peut traduire ainsi les différents exemplesqui viennent d’être exposés :

1) Notre amie Anna, habituée de notre bar, rencontre dans la rue une personnequi lui dit fréquenter un nouveau bar dans une ville proche. Mais Anna n’échangepas son numéro de téléphone avec le type et elle ne pourra donc pas donnerd’informations à ses amis dans son bar sur le nouveau bar de l’autre ville.

2) Dans le bar habituel, Ludo de Nancy évite Laura de Metz. Quand Laura amèneses autres amies Solène et Louise de Metz au bar, elle ne les présente pas à Ludo.Ce n’est que plus tard que les amis du bar, devenus amis avec Solène et Louise,pourront les présenter à Ludo indépendamment de Laura.

3) En réalité Marianne avait déjà rencontré Solène et Louise, non pas grâce àLaura, mais grâce à Stéphane, son seul ami à Villers.

Pour avoir une idée de l’ampleur de la Fediverse, vous pouvez jeter un coup d’œilà plusieurs sites qui tentent d’en fournir une image complète. Outre Kumu.io déjàmentionné, qui essaie de la représenter avec une mise en page graphiqueélégante qui met en évidence les interactions, il y a aussi Fediverse.network quiessaie de lister chaque instance existante en indiquant pour chacune d’elles lesprotocoles utilisés et le statut du service, ou Fediverse.party, qui est un véritableportail où choisir la plate-forme à utiliser et à laquelle s’enregistrer.Switching.software, une page qui illustre toutes les alternatives gratuites auxmédias sociaux et propriétaires, indique également quelques réseaux fédérésparmi les alternatives à Twitter et Facebook.

Pour être tout à fait complet : au début, on avait tendance à diviser tout cemégaréseau en trois « univers » superposés : celui de la « Fédération » pour les

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réseaux reposant sur le protocole Diaspora, La « Fediverse » pour ceux quiutilisent Ostatus et « ActivityPub » pour ceux qui utilisent… ActivityPub.Aujourd’hui, au contraire, ils sont tous considérés comme faisant partie de laFediverse, même si parfois on l’appelle aussi la Fédération.

Tant de réseaux…Examinons donc les principales plateformes/réseaux et leurs différences. Petitesprécisions : certaines de ces plateformes sont pleinement actives alors qued’autres sont à un stade de développement plus ou moins avancé. Dans certainscas, l’interaction entre les différents réseaux n’est donc pas encore pleinementfonctionnelle. De plus, en raison de la nature libre et indépendante des différentsréseaux, il est possible que des instances apportent des modifications et despersonnalisations « non standard » (un exemple en est la limite de caractères surMastodon : elle est de 500 caractères par défaut, mais une instance peut déciderde définir la limite qu’elle veut ; un autre exemple est l’utilisation des fonctions demise en favori ou de partage, qu’une instance peut autoriser et une autreinterdire). Dans ce paragraphe, ces personnalisations et différences ne sont pasprises en compte.

Mastodon (semblable à : Twitter)

Copie d’écran, une instance de Mastodon, Framapiaf

Mastodon est une plateforme de microblogage assez semblable à Twitter parcequ’elle repose sur l’échange de messages très courts. C’est le réseau le plus

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célèbre de la Fediverse. Il est accessible sur smartphone à travers un certainnombre d’applications tant pour Android que pour iOS. Un de ses points forts estle design bien conçu et le fait qu’il a déjà un « parc d’utilisateurs⋅rices » assezconséquent (presque deux millions d’utilisateurs⋅rices dans le monde, dontquelques milliers en France). En version bureau, il se présente comme une sériede colonnes personnalisables, qui montrent les différents « fils », sur le modèle deTweetdeck. Pour le moment, Mastodon est la seule plateforme sociale fédéréeaccessible par des applications sur Android et iOS.

Pleroma (semblable à : Twitter et DeviantArt)

Copie d’écran, Pleroma

Pleroma est le réseau « sœur » de Mastodon : fondamentalement, c’est la mêmechose dans deux versions un peu différentes. Pleroma offre quelquesfonctionnalités supplémentaires concernant la gestion des images et permet pardéfaut des messages plus longs. À la différence de Mastodon, Pleroma montre enversion bureau une colonne unique avec le fil sélectionné, ce qui le rendbeaucoup plus proche de Twitter. Actuellement, de nombreuses instancesPleroma ont un grand nombre d’utilisateurs⋅rices qui s’intéressent à l’illustrationet au manga, ce qui, comme ambiance, peut vaguement rappeler l’ambiance deDeviantArt. Les applications pour smartphone de Mastodon peuvent égalementêtre utilisées pour accéder à Pleroma.

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Misskey (semblable à : un mélange entre Twitter etDeviantArt)

Copie d’écran, Misskey

Misskey est une sorte de Twitter qui tourne principalement autour d’images. Iloffre un niveau de personnalisation supérieur à Mastodon et Pleroma, et une plusgrande attention aux galeries d’images. C’est une plateforme qui a eu du succèsau Japon et parmi les passionnés de manga (et ça se voit !).

Friendica (semblable à : Facebook)

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Friendica est un réseau extrêmement intéressant. Il reprend globalement lastructure graphique de Facebook (avec les ami⋅e⋅s, les notifications, etc.), mais ilpermet également d’interagir avec plusieurs réseaux commerciaux qui ne font paspartie de la Fediverse. Il est donc possible de connecter son compte Friendica àFacebook, Twitter, Tumblr, WordPress, ainsi que de générer des flux RSS, etc.Bref, Friendica se présente comme une sorte de nœud pour diffuser du contenusur tous les réseaux disponibles, qu’ils soient fédérés ou non. En somme,Friendica est le passe-partout de la Fediverse : une instance Friendica aumaximum de ses fonctions se connecte à tout et dialogue avec tout le monde.

Osada (semblable à : un mélange entre Twitter etFacebook)

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Image animée, réponse à un commentaire sur Osada

Osada est un autre réseau dont la configuration peut faire penser à un compromisentre Twitter et Facebook. De toutes les plateformes qui rappellent Facebook,c’est celle dont le design est le plus soigné.

GNUsocial (semblable à : un mélange entre Twitter etFacebook)

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Copie d’écran : GNUsocial avec une interface en suédois.

GNUsocial est un peu le « grand-père » des médias sociaux listés ici, en particulierde Friendica et d’Osada, dont il est le prédécesseur.

Aardwolf (semblable à : Twitter, éventuellement)

Copie d’écran : logo et slogan d’Aardwolf

Aardwolf n’est pas encore prêt, mais il est annoncé comme une sorte d’alternativeà Twitter. On attend de voir.

PeerTube (semblable à : YouTube)

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Capture d’écran, une instance de PeerTube, aperi.tube

PeerTube est le réseau fédéré d’hébergement de vidéo vraiment, mais vraimenttrès semblable à YouTube, Vimeo et d’autres services de ce genre. Avec uncatalogue en cours de construction, Peertube apparaît déjà comme un projet trèssolide.

Pixelfed (semblable à : Instagram)

Copie d’écran, Pixelfed

Pixelfed est essentiellement l’Instagram de la Fédération. Il est en phase de

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développement mais semble être plutôt avancé. Il lui manque seulement desapplications pour smartphone pour être adopté à la place d’Instagram. Pixelfed ale potentiel pour devenir un membre extrêmement important de la Fédération !

NextCloud (semblable à : iCloud, Dropbox, GDrive)

Logo de Owncloud

NextCloud, né du projet plus ancien ownCloud, est un service d’hébergement defichiers assez semblable à Dropbox. Tout le monde peut faire tourner NextCloudsur son propre serveur. NextCloud offre également des services de partage decontacts (CardDAV) ou de calendriers (CalDAV), de streaming de médias, demarque-page, de sauvegarde, et d’autres encore. Il tourne aussi sur Window etOSX et est accessible sur smartphone à travers des applications officielles. Il faitpartie de la Fediverse dans la mesure où il utilise ActivityPub pour communiquerdifférentes informations à ses utilisateurs, comme des changements dans lesfichiers, les activités du calendrier, etc.

Diaspora* (semblable à : Facebook, et aussi un peuTumblr)

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Copie d’écran, un « pod » de Diaspora*, Framasphere

Diaspora* est un peu le « cousin » de la Fediverse. Il fonctionne avec un protocolebien à lui et dialogue avec le reste de la Fediverse principalement via GNU socialet Friendica, le réseau passe-partout, même s’il semble qu’il circule l’idée de faireutiliser à Diaspora* (l’application) aussi bien son propre protocole qu’ActivityPub.Il s’agit d’un grand et beau projet, avec une base solide d’utilisateurs⋅ricesfidèles. Au premier abord, il peut faire penser à une version extrêmementminimaliste de Facebook, mais son attention aux images et son systèmeintéressant d’organisation des posts par tag permet également de le comparer,d’une certaine façon, à Tumblr.

Funkwhale (semblable à : SoundCloud et Grooveshark)

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Copie d’écran, Funkwhale

Funkwhale ressemble à SoundCloud, Grooveshark et d’autre services semblables.Comme une sorte de YouTube pour l’audio, il permet de partager des pistes audiomais au sein d’un réseau fédéré. Avec quelques fonctionnalités en plus, il pourraitdevenir un excellent service d’hébergement de podcasts audio.

Plume, Write Freely et Write.as (plateformes de blog)

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Copie d’écran, Write freely

Plume, Write Freely et Write.as sont des plateformes de blog assez minimalistesqui font partie de la Fédération. Elles n’ont pas toute la richesse, les fonctions, lesthèmes et la personnalisation de WordPress ou de Blogger, mais elles font leurtravail avec légèreté.

Hubzilla (semblable à : …TOUT !!)

Page d’accueil de Hubzilla

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Hubzilla est un projet très riche et complexe qui permet de gérer aussi bien desmédias sociaux que de l’hébergement de fichiers, des calendriers partagés, del’hébergement web, et le tout de manière décentralisée. En bref, Hubzilla sepropose de faire tout à la fois ce que font plusieurs des services listés ici. C’estcomme avoir une seule instance qui fait à la fois Friendica, Peertube etNextCloud. Pas mal ! Un projet à surveiller !

GetTogether (semblable à : MeetUp)

Copie d’écran, GetTogether

GetTogether est une plateforme servant à planifier des événements. Semblable àMeetUp, elle sert à mettre en relation des personnes différentes unies par unintérêt commun, et à amener cet intérêt dans le monde réel. Pour le moment,GetTogether ne fait pas encore partie de la Fediverse, mais il est en train demettre en place ActivityPub et sera donc bientôt des nôtres.

Mobilizon (semblable à : MeetUp)

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Mobilizon est une nouvelle plateforme en cours de développement, qui se proposecomme une alternative libre à MeetUp et à d’autres logiciels servant à organiserdes réunions et des rencontres en tout genre. Dès le départ, le projet naît avecl’intention d’utiliser ActivityPub et de faire partie de la Fediverse, en conformitéavec les valeurs de Framasoft, association française née avec l’objectif de diffuserl’usage des logiciels libres et des réseaux décentralisés. Voir la présentation deMobilizon en italien.

Plugin ActivityPub pour WordPress

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Plugin activityPub pour WordPress

On trouve plusieurs plugins pour WordPress qui en font un membre à part entièrede la Fédération ! Il existe également des plugins comme Mastodon AutoPost,Mastodon Auto Share, mais aussi Mastodon Embed, Ostatus for WordPress,Pterotype, Nodeinfo et Mastalab comments.

Prismo (semblable à : Pocket, Evernote, Reddit)

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Copie d’écran, Prismo

Prismo est une application encore en phase de développement, qui se propose dedevenir un sorte de version décentralisée de Reddit, c’est-à-dire un média socialcentré sur le partage de liens, mais qui pourrait potentiellement évoluer enquelque chose qui ressemble à Pocket ou Evernote. Les fonctions de base sontdéjà opérationnelles.

Socialhome

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Capture d’écran, Socialhome

Socialhome est un média social qui utilise une interface par « blocs », affichant lesmessages comme dans un collage de photos de Pinterest. Pour le moment, ilcommunique seulement via le protocole de Diaspora, mais il devrait bientôtmettre en place ActivityPub.

Et ce n’est pas tout !

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Les recommandations du W3C pour ActivityPub, page d’accueil

Il existe encore d’autres applications et médias sociaux qui adoptent ou vontadopter ActivityPub, ce qui rendra la Fediverse encore plus structurée. Certainssont assez semblables à ceux déjà évoqués, alors que d’autres sont encore enphase de développement, on ne peut donc pas encore les conseiller pourremplacer des systèmes commerciaux plus connus. Il y a cependant desplateformes déjà prêtes et fonctionnelles qui pourraient entrer dans la Fediverseen adoptant ActivityPub : NextCloud en est un exemple (il était déjà constituéquand il a décidé d’entrer dans la Fediverse) ; le plugin de WordPress est pour sapart un outil qui permet de fédérer une plateforme qui existe déjà ; GetTogetherest un autre service qui est en train d’être fédéré. Des plateformes déjà en place(je pense à Gitter, mais c’est juste un exemple parmi tant d’autres) pourraienttrouver un avantage à se fédérer et à entrer dans une grande famille élargie. Bref: ça bouge dans la Fediverse et autour d’elle !

… un seul Grand Réseau !Jusqu’ici, nous avons vu de nombreuses versions alternatives d’outils connus quipeuvent aussi être intéressant pris individuellement, mais qui sont encoremeilleurs quand ils collaborent. Voici maintenant le plus beau : le fait qu’ils

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partagent les mêmes protocoles de communication élimine l’effet « cage dorée »de chaque réseau !

Maintenant qu’on a décrit chaque plateforme, on peut donner quelques exemplesconcrets :

Je suis sur Mastodon, où apparaît le message d’une personne que je « suis ». Riend’étrange à cela, si ce n’est que cette personne n’est pas utilisatrice de Mastodon,mais de Peertube ! En effet, il s’agit de la vidéo d’un panorama. Toujours depuisMastodon, je commente en écrivant « joli » et cette personne verra apparaîtremon commentaire sous sa vidéo, sur Peertube.

Je suis sur Osada et je poste une réflexion ouverte un peu longue. Cette réflexionest lue par une de mes amies sur Friendica, qui la partage avec ses followers,dont certains sont sur Friendica, mais d’autres sont sur d’autres plateformes. Parexemple, l’un d’eux est sur Pleroma, il me répond et nous commençons àdialoguer.

Je publie une photo sur Pixelfed qui est vue et commentée par un de mes abonnéssur Mastodon.

En somme, chacun peut garder contact avec ses ami⋅e⋅s/abonné⋅e⋅s depuis sonréseau préféré, mêmes si ces personnes en fréquentent d’autres.

Pour établir une comparaison avec les réseaux commerciaux, c’est comme si l’onpouvait recevoir sur Facebook les tweets d’un ami qui est sur Twitter, les imagespostées par quelqu’un d’autre sur Instagram, les vidéos d’une chaîne YouTube,les pistes audio sur SoundCloud, les nouveaux posts de divers blogs et sitespersonnels, et commenter et interagir avec chacun d’eux parce que tous cesréseaux collaborent et forment un seul grand réseau !

Chacun de ces réseaux pourra choisir la façon dont il veut gérer ces interactions :par exemple, si je voulais une vie sociale dans un seul sens, je pourrais choisirune instance Pixelfed où les autres utilisateurs⋅rices peuvent me contacterseulement en commentant les photos que je publie, ou bien je pourrais choisir uneinstance Peertube et publier des vidéos qui ne pourraient pas être commentéesmais qui pourraient tourner dans toute la Fediverse, ou choisir une instanceMastodon qui oblige mes interlocuteurs à communiquer avec moi de manièreconcise.

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Certains détails sont encore à définir (par exemple : je pourrais envoyer unmessage direct depuis Mastodon vers une plateforme qui ne permet pas à sesutilisateurs⋅rices de recevoir des messages directs, sans jamais être averti du faitque le/la destinataire n’aura aucun moyen de savoir que je lui ai envoyé quelquechose). Il s’agit de situations bien compréhensibles à l’intérieur d’un écosystèmequi doit s’adapter à des réalités très diverses, mais dans la majorité des cas ils’agit de détails faciles à gérer. Ce qui compte, c’est que les possibilitésd’interactions sont potentiellement infinies !

Connectivité totale, exposition doséeToute cette connectivité partagée doit être observée en gardant à l’esprit que,même si par simplicité les différents réseaux ont été traités ici comme desréseaux centralisés, ce sont en réalité des réseaux d’instances indépendantes quiinteragissent directement avec les instances des autres réseaux : mon instanceMastodon filtrera les instances Peertube qui postent des vidéos racistes mais seconnectera à toutes les instances Peertube qui respectent sa politique ; si je suisun certain ami sur Pixelfed je verrai seulement ses posts, sans que personnem’oblige à voir toutes les photos de couchers de soleil et de chatons de sesami⋅e⋅s sur ce réseau.

La combinaison entre autonomie des instances, grande interopérabilité entrecelles-ci et liberté de choix permet une série de combinaisons extrêmementintéressantes dont les réseaux commerciaux ne peuvent même pas rêver : ici,l’utilisateur⋅rice est membre d’un seul grand réseau où chacun⋅e peut choisir :

Son outil d’accès préféré (Mastodon, Pleroma, Friendica) ;La communauté dans laquelle il ou elle se sent le plus à l’aise (l’instance) ;La fermeture aux communautés indésirables et l’ouverture auxcommunautés qui l’intéressent.

Tout cela sans pour autant renoncer à être connecté à des utilisateurs⋅rices quiont choisi des outils et des communautés différents. Par exemple, je peux choisirune certaine instance Pleroma parce que j’aime son design, la communautéqu’elle accueille, ses règles et la sécurité qu’elle procure mais, à partir de là,suivre et interagir principalement avec des utilisateurs⋅rices d’une instancePixelfed particulière et en importer les contenus et l’esthétique dans moninstance.

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À cela on peut ajouter que des instances individuelles peuvent littéralement êtreinstallées et administrées par chaque utilisateur individuel sur ses propresmachines, ce qui permet un contrôle total du contenu. Les instances minusculesauto-hébergées « à la maison » et les instances de travail plus robustes, lesinstances scolaires et les instances collectives, les instances avec des milliersd’utilisateurs et les instances avec un seul utilisateur, les instances à l’échelled’un quartier ou d’un immeuble, toutes sont unies pour former un réseaucomplexe et personnalisable, qui vous permet de vous connecter pratiquement àn’importe qui mais aussi de vous éviter la surcharge d’information.

C’est une sorte de retour aux origines d’Internet, mais un retour à un âge dematurité, celui du Web 2.0, qui a tiré les leçons de l’expérience : être passé par lacentralisation de la communication entre les mains de quelques grands acteursinternationaux a renforcé la conviction que la structure décentralisée est la plushumaine et la plus enrichissante.

Rejoignez la fédération !

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Nous devons nous passer deChromeChrome, de navigateur internet novateur et ouvert, est devenu au fil des annéesun rouage essentiel de la domination d’Internet par Google. Cet article détaille lesraisons pour lesquelles Chrome asphyxie le Web ouvert et pourquoi il faudraitpasser sur un autre navigateur tel Vivaldi ou Firefox.

Article original : https://redalemeden.com/blog/2019/we-need-chrome-no-more

Traduction Framalang : mo, Khrys, Penguin, goofy, Moutmout, audionuma, simon,gangsoleil, Bullcheat, un anonyme

Nous n’avons plus besoin de Chromepar Reda Lemeden

Il y a dix ans, nous avons eu besoin de Google Chrome pourlibérer le Web de l’hégémonie des entreprises, et nous avonsréussi à le faire pendant une courte période. Aujourd’hui, sadomination étouffe la plateforme même qu’il a autrefoissauvée des griffes de Microsoft. Et personne, à part Google,n’a besoin de ça.

Nous sommes en 2008. Microsoft a toujours une ferme emprise sur le marché desnavigateurs web. Six années se sont écoulées depuis que Mozilla a sorti Firefox,un concurrent direct d’Internet Explorer. Google, l’entreprise derrière le moteurde recherche que tout le monde aimait à ce moment-là, vient d’annoncer qu’ilentre dans la danse. Chrome était né.

Au bout de deux ans, Chrome représentait 15 % de l’ensemble du trafic web surles ordinateurs fixes — pour comparer, il a fallu 6 ans à Firefox pour atteindre ceniveau. Google a réussi à fournir un navigateur rapide et judicieusement conçuqui a connu un succès immédiat parmi les utilisateurs et les développeurs Web.

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Les innovations et les prouesses d’ingénierie de leur produit étaient une boufféed’air frais, et leur dévouement à l’open source la cerise sur le gâteau. Au fil desans, Google a continué à montrer l’exemple en adoptant les standards du Web.

Avançons d’une décennie. Le paysage des navigateurs Web est très différent.Chrome est le navigateur le plus répandu de la planète, faisant de facto de Googlele gardien du Web, à la fois sur mobile et sur ordinateur fixe, partout sauf dansune poignée de régions du monde. Le navigateur est préinstallé sur la plupart destéléphones Android vendus hors de Chine, et sert d’interface utilisateur pourChrome OS, l’incursion de Google dans les systèmes d’exploitation pourordinateurs fixe et tablettes. Ce qui a commencé comme un navigateur d’avant-garde respectant les standards est maintenant une plateforme tentaculaire quin’épargne aucun domaine de l’informatique moderne.

Bien que le navigateur Chrome ne soit pas lui-même open source, la plupart deses composantes internes le sont. Chromium, la portion non-propriétaire deChrome, a été rendue open source très tôt, avec une licence laissant de largesmarges de manœuvre, en signe de dévouement à la communauté du Web ouvert.En tant que navigateur riche en fonctionnalités, Chromium est devenu trèspopulaire auprès des utilisateurs de Linux. En tant que projet open source, il a denombreux adeptes dans l’écosystème open source, et a souvent été utilisé commebase pour d’autres navigateurs ou applications.

Tant Chrome que Chromium se basent sur Blink, le moteur de rendu qui adémarré comme un fork de WebKit en 2013, lorsque l’insatisfaction de Googlegrandissait envers le projet mené par Apple. Blink a continué de croître depuislors, et va continuer de prospérer lorsque Microsoft commencera à l’utiliser pourson navigateur Edge.

La plateforme Chrome a profondément changé le Web. Et plus encore. L’adoptiondes technologies web dans le développement des logiciels PC a connu uneaugmentation sans précédent dans les 5 dernières années, avec des projetscomme Github Electron, qui s’imposent sur chaque OS majeur comme lesstandards de facto pour des applications multiplateformes. ChromeOS, quoiquetoujours minoritaire comparé à Windows et MacOS, s’installe dans les esprits etgagne des parts de marché.

Chrome est, de fait, partout. Et c’est une mauvaise nouvelle

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Don’t Be EvilL’hégémonie de Chrome a un effet négatif majeur sur le Web en tant queplateforme ouverte : les développeurs boudent de plus en plus les autresnavigateurs lors de leurs tests et de leurs débogages. Si cela fonctionne commeprévu sur Chrome, c’est prêt à être diffusé. Cela engendre en retour un affluxd’utilisateurs pour le navigateur puisque leurs sites web et applications favoritesne marchent plus ailleurs, rendant les développeurs moins susceptibles de passerdu temps à tester sur les autres navigateurs. Un cercle vicieux qui, s’il n’est pasbrisé, entraînera la disparition de la plupart des autres navigateurs et leur oubli.Et c’est exactement comme ça que vous asphyxiez le Web ouvert.

Quand il s’agit de promouvoir l’utilisation d’un unique navigateur Web, Googlemène la danse. Une faible assurance de qualité et des choix de conceptiondiscutables sont juste la surface visible de l’iceberg quand on regarde lesapplications de Google et ses services en dehors de l’écosystème Chrome. Pourrendre les choses encore pires, le blâme retombe souvent sur les autresconcurrents car ils « retarderaient l’avancée du Web ». Le Web est actuellementle terrain de jeu de Google ; soit vous faites comme ils disent, soit on vous traitede retardataire.

Sans une compétition saine et équitable, n’importe quelle plateforme ouverterégressera en une organisation dirigiste. Pour le Web, cela veut dire que sespoints les plus importants — la liberté et l’accessibilité universelle — sont sapéspour chaque pour-cent de part de marché obtenu par Chrome. Rien que cela estsuffisant pour s’inquiéter. Mais quand on regarde de plus près le modèlecommercial de Google, la situation devient beaucoup plus effrayante.

La raison d’être de n’importe quelle entreprise est de faire du profit et desatisfaire les actionnaires. Quand la croissance soutient une bonne cause, c’estconsidéré comme un avantage compétitif. Dans le cas contraire, les servicesmarketing et relations publiques sont mis au travail. Le mantra de Google, « Don’tbe evil« , s’inscrivait parfaitement dans leur récit d’entreprise quand leurcroissance s’accompagnait de rendre le Web davantage ouvert et accessible.

Hélas, ce n’est plus le cas.

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Logos de Chrome

L’intérêt de l’entreprise a dérivé petit à petit pour transformer leur dominationsur le marché des navigateurs en une croissance du chiffre d’affaires. Il se trouveque le modèle commercial de Google est la publicité sur leur moteur de rechercheet Adsense. Tout le reste représente à peine 10 % de leur revenu annuel. Celan’est pas forcément un problème en soi, mais quand la limite entre navigateur,moteur de recherche et services en ligne est brouillée, nous avons un problème.Et un gros.

Les entreprises qui marchent comptent sur leurs avantages compétitifs. Lesmoins scrupuleuses en abusent si elles ne sont pas supervisées. Quand votrenavigateur vous force à vous identifier, à utiliser des cookies que vous ne pouvezpas supprimer et cherche à neutraliser les extensions de blocage de pub et de vie

privée, ça devient très mauvais1. Encore plus quand vous prenez en compte le faitque chaque site web contient au moins un bout de code qui communique avec lesserveurs de Google pour traquer les visiteurs, leur montrer des publicités ou leurproposer des polices d’écriture personnalisées.

En théorie, on pourrait fermer les yeux sur ces mauvaises pratiques si l’entrepriseimpliquée avait un bon bilan sur la gestion des données personnelles. En pratiquecependant, Google est structurellement flippant, et ils n’arrivent pas à changer.Vous pouvez penser que vos données personnelles ne regardent que vous, mais ilsne semblent pas être d’accord.

Le modèle économique de Google requiert un flot régulier de données quipuissent être analysées et utilisées pour créer des publicités ciblées. Du coup,tout ce qu’ils font a pour but ultime d’accroître leur base utilisateur et le tempspassé par ces derniers sur leurs outils. Même quand l’informatique s’est déplacéede l’ordinateur de bureau vers le mobile, Chrome est resté un rouage importantdu mécanisme d’accumulation des données de Google. Les sites web que vousvisitez et les mots-clés utilisés sont traqués et mis à profit pour vous offrir uneexpérience plus « personnalisée ». Sans une limite claire entre le navigateur et lemoteur de recherche, il est difficile de suivre qui connaît quoi à votre propos. Aufinal, on accepte le compromis et on continue à vivre nos vies, exactement commeles ingénieurs et concepteurs de produits de Google le souhaitent.

En bref, Google a montré à plusieurs reprises qu’il n’avait aucune empathie

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envers ses utilisateurs finaux. Sa priorité la plus claire est et restera les intérêtsdes publicitaires.

Voir au-delàUne compétition saine centrée sur l’utilisateur est ce qui a provoqué l’arrivée desmeilleurs produits et expériences depuis les débuts de l’informatique. AvecChrome dominant 60 % du marché des navigateurs et Chromium envahissant labureautique sur les trois plateformes majeures, on confie beaucoup à une seuleentreprise et écosystème. Un écosystème qui ne semble plus concerné par laperformance, ni par l’expérience utilisateur, ni par la vie privée, ni par les progrèsde l’informatique.

Mais on a encore la possibilité de changer les choses. On l’a fait il y a unedécennie et on peut le faire de nouveau.

Mozilla et Apple font tous deux un travail remarquable pour combler l’écart desstandards du Web qui s’est élargi dans les premières années de Chrome. Ils sontmême sensiblement en avance sur les questions de performance, utilisation de labatterie, vie privée et sécurité.

Si vous êtes coincés avec des services de Google qui ne marchent pas sur d’autresnavigateurs, ou comptez sur Chrome DevTools pour faire votre travail, pensez à

utiliser Vivaldi2 à la place. Ce n’est pas l’idéal —Chromium appartient aussi àGoogle—, mais c’est un pas dans la bonne direction néanmoins. Soutenir despetits éditeurs et encourager la diversité des navigateurs est nécessaire pourrenverser, ou au moins ralentir, la croissance malsaine de Chrome.

Je me suis libéré de Chrome en 2014, et je n’y ai jamais retouché. Il est probableque vous vous en tirerez aussi bien que moi. Vous pouvez l’apprécier en tant quenavigateur. Et vous pouvez ne pas vous préoccuper des compromissions entermes de vie privée qui viennent avec. Mais l’enjeu est bien plus important quenos préférences personnelles et nos affinités ; une plateforme entière est sur lepoint de devenir un nouveau jardin clos. Et on en a déjà assez. Donc, faisons ceque nous pouvons, quand nous le pouvons, pour éviter ça.

Sources & Lectures supplémentaires

“ P a r t s d e m a r c h é d e s n a v i g a t e u r s w e b ” ,

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Parts_de_march%C3%A9_des_navigateurs_web, Wikipédia.“ C h r o m e i s N o t t h e S t a n d a r d ” ,https://www.chriskrycho.com/2017/chrome-is-not-the-standard.html, ChrisKrycho.“ W h y I ’ m d o n e w i t h C h r o m e ” ,https://blog.cryptographyengineering.com/2018/09/23/why-im-leaving-chrome/, Matthew Green.“ B r o w s e r D i v e r s i t y S t a r t s w i t h U S ” ,http://www.zeldman.com/2018/12/07/browser-diversity-starts-with-us/,Jeffrey Zeldman.

Khrys’presso du lundi 4 mars 2019Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir lesinformations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Brave New WorldContre ses citoyens, le Vietnam tisse sa Toile (liberation.fr)La Thaïlande adopte une loi sur la sécurité de l’Internet, qualifiée de « loimartiale cybernétique » (in.reuters.com – en anglais)La Chine interdit à 23 millions de personnes d’acheter des billets devoyage dans le cadre de son système de crédit social (developpez.com)Des experts américains ont aidé la Chine à ficher l’ADN de millions decitoyens (usbeketrica.com)

Sous prétexte de bilans de santé gratuits, le gouvernement chinoisaurait collecté l’ADN de millions de membres de la minorité ouïghoure,

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et constitué un immense fichier génétique à des fins de surveillance. Il apu s’appuyer sur l’expertise d’un généticien de l’université de Yale etcompter sur le matériel fourni par une entreprise américaine.

Les premiers bébés CRISPR auraient été accidentellement « augmentés »(usbeketrica.com)Non, une attaque massive et inédite n’est pas en cours sur l’Internetmondial (lemonde.fr) – voir aussi : Attaques récentes contre les noms dedomaine, que se passe-t-il ? (bortzmeyer.org)Des millions de clients pour des services avec des mots de passe stockésen clair (arstechnica.com – en anglais)

Si vous vous demandez ce qu’il y a de mal à stocker les mots de passeen clair, sachez que les mots de passe font partie des données les plusimportantes d’une organisation. De même que les entreprises prennentune assurance incendie dans l’espoir qu’elles ne l’utiliseront jamais, lesorganisations doivent avoir de solides modes de hachage pour protégerles mots de passe en cas d’infraction.[…]Si nous pouvions faire confiance aux ordinateurs pour garder secretsnos secrets, nous n’aurions pas à nous soucier de la protection desdonnées sensibles. Mais on ne le peut pas, alors on s’en soucie. Lesbases de données de mots de passe peuvent être compromises par unemyriade de vecteurs – vol physique inclus – et vous devez prévoirl’éventualité que votre base de données soit compromise. C’est la façondont vous protégez les données de la base de données qui comptevraiment, et c’est précisément la raison pour laquelle le hachage demots de passe existe, et c’est aussi la raison pour laquelle le modèle demenace pour le hachage de mots de passe commence avec une base dedonnées compromise. Considérez le hachage de mots de passe commeune police d’assurance. Plus le hachage des mots de passe est fort, plusvous gagnez du temps pour vous et vos utilisateurs en cas decompromission : temps pour identifier et contenir la compromission,temps pour avertir vos utilisateurs, et temps pour vos utilisateurs demettre à jour leurs mots de passe.

Cloud Act : la loi américaine qui donne aux USA un accès aux données

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stockées en UE inquiète l’Europe (developpez.com)Un projet de fichage géant des citoyens non membres de l’UE prendforme en Europe (developpez.com)La réforme du droit d’auteur en Europe entre dans sa dernière lignedroite (numerama.com)ICANN et le RGPD : encore très loin de la conformité (edri.org – enanglais)

Aussi obscur que puisse paraître à première vue le débat sur le serviced’annuaire WHOIS de l’ICANN, il résume bon nombre des menaces quipèsent sur les droits numériques : privatisation de l’application de la loi,surreprésentation d’intérêts commerciaux étriqués au détrimentd’intérêts plus larges de protection des données, censure au nom desDroits de Propriété Intellectuelle, et questions fondamentales degouvernance de l’Internet.

En Suisse, on encourage les hackers à pirater le système de voteélectronique (lemonde.fr)Le FCC dit que supprimer la supervision des FAI a été une bonne chosepour le haut débit (motherboard.vice.com – en anglais)Verizon demande au FCC de lui permettre de verrouiller les nouveauxsmartphones pendant 60 jours (theverge.com – en anglais)L’autorité de la concurrence américaine lance une task force poursurveiller les géants du numérique (numerama.com)

L’armée américaine veut transformer les chars d’assaut en machines àtuer alimentées par l’IA (developpez.com)

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Pour lutter contre les anti-vaccins, Pinterest bannit tous les termes autourde la vaccination (numerama.com)Comment YouTube lutte-t- i l face aux prédateurs sexuels ?(numerama.com)Votre façon de marcher pourrait bientôt déverrouiller votre smartphone(usbeketrica.com)Parité femmes-hommes dans les sciences : une conférence 100% fémininefait polémique (usbeketrica.com)Une personne sur 200 est esclave dans le monde (theguardian.com – enanglais)

Spécial FranceFTTH : les abonnements au très haut débit passent la barre des 9 millions(zdnet.fr)Quel est le calendrier de la 5G en France et en Europe ? (numerama.com)Le Conseil de l’Europe demande à la France de « suspendre l’usage duLBD » (lemonde.fr)

La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe a rendupublic, mardi 26 février, un mémorandum adressé aux autoritésfrançaises concernant le maintien de l’ordre lors des manifestations des« gilets jaunes ». Dunja Mijatovic les invite à « mieux respecter lesdroits de l’homme », à « ne pas apporter de restrictions excessives à laliberté de réunion pacifique » et à « suspendre l’usage du lanceur deballe de défense ».

Cybersécurité : nous attaquons la survei l lance de masse(laquadrature.net)Trottinette électrique : attention aux failles de sécurité (bienpublic.com)Solidarité avec les profs de Paris 13 remplacés par Google(laquadrature.net)

La Quadrature du Net est intervenue aux côtés d’enseignant·es del’université de Paris 13 pour interrompre une dizaine de minutes laformation de 4 jours donnée par Google à une centaine d’étudiant·es.Cette formation de Google est un exemple de plus où l’État désinvestitle service public pour le déléguer à des acteurs privés, faisant

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directement écho à nos principaux dossiers en cours – où l’État délèguela censure du Net aux GAFAM dans le règlement de censure terroristeet où certaines villes confient leur politique sécuritaire à destechnologies privées.Le cas de Paris 13 est criant : alors que l’université manqueconsidérablement de moyens pour fournir des cours à ses étudiant·es,elle accueille à bras ouvert Google, qui vient gratuitement expliquer auxélèves comment devenir complices de sa surveillance économique demasse (récemment reconnue illégale par la CNIL suite à l’une de nosplaintes collectives).

Nantes : bibliothèque amputée, université condamnée ? (affordance.info)Saint-Etienne va installer 50 micros dans les rues pour détecter les bruits« anormaux » (nouvelobs.com)Europe 1 : les auditeurs à l’antenne, et aussi dans un fichier (zdnet.fr)Des associations demandent l’annulation d’un décret sur le fichage dejeunes étrangers (liberation.fr)La taxe « Netflix » devrait rapporter 10 millions d’euros au cinémafrançais (bfmtv.com)Taxation du numérique : la France ne compte plus sur un accordeuropéen et change de stratégie : Paris mise désormais sur l’OCDE(developpez.com)Pour un impôt «Robin des Bois» (liberation.fr)Polémique sur le hijab : la France conspuée par la presse internationale(liberation.fr)L’Académie française se résout à la féminisation des noms de métiers(lemonde.fr) – voir aussi : Féminisation des noms de métiers : que ditexactement le rapport de l’Académie ? (liberation.fr)

AgirProjet de règlement européen de censure terroriste : le 21 mars aura lieuau Parlement européen le premier vote sur ce règlement. Nous avonsdonc moins d’un mois pour demander aux députés en charge du textede le refuser. Pour une analyse détaillée du texte, voir la page qui y estconsacrée sur le site de La Quadrature du Net. Un site a été dédié à cette

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campagne avec, en particulier, un outil pour contacter les députés.

Ce nouveau règlement imposera à tout acteur du Web (hébergeurs deblog ou de vidéos, sites de presse, petits forums ou grands réseauxsociaux) de :

Bloquer en une heure n’importe quel contenu signalé comme «terroriste » par la police (sans l’autorisation préalable d’unjuge), et donc se tenir à sa disposition 24h/24 et 7j/7.Devancer les demandes de la police en détectant lui-même lescontenus illicites à l’aide d’outils de filtrage automatisé.

Si un site ne respecte pas ces règles, il risque une amende jusqu’à 4 %de son chiffre d’affaires.D’un point de vue technique, économique et humain, seule une poignéed’acteurs – les géants du Web – pourront respecter des obligations aussistrictes.Les autres acteurs (commerciaux ou non) n’auront d’autre choix que decesser leurs activités ou de se soumettre aux outils de modération(filtrage automatique et listes de blocage) développés par Facebook etGoogle depuis 2015 avec le soutien de la Commission européenne.Ces multinationales deviendront donc les juges de ce qui peut être ditsur Internet. La structure riche, variée et décentralisée du Web estvouée à disparaître.

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Projet de directive sur le droit d’auteur (juliareda.eu – article en anglais,mais détaillant très bien la situation actuelle, avec des liens vers lesdifférents textes ; voir aussi l’article de Numerama pour quelque chose derécent en français) : cette page (pledge2019.eu) propose des outils trèssimples pour agir auprès des députés.Protégez la liberté sur les appareils radio : faites entendre votre voix dèsaujourd’hui ! (blog.mehl.mx – en anglais)

Spécial Gilets JaunesGilets jaunes : les consignes de la discorde (liberation.fr)« Gilets jaunes » : quand la gendarmerie prend en photo les cartesd’identité des manifestants (lemonde.fr)Violences policières : 483 cas recensés par le journaliste David Dufresne(lexpress.fr)Gilets Jaunes : les blessés qui dérangent (lien YouTube – images pouvantc h o q u e r )

Un Gilet Jaune en fauteuil roulant aspergé en plein visage de gazlacrymogène par un policier à Toulouse (france3-regions.francetvinfo.fr)« Gilets jaunes » : ceux qui vont dans des manifestations violentes sont «complices du pire », estime Macron (lemonde.fr)Thomas Legrand (France Inter) se lâche sur les gilets jaunes(acrimed.org)Gilets jaunes : «S’il faut faire 150 manifs de plus pour obtenir le RIC, onles fera !» (liberation.fr)

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Spécial GAFAMCommission européenne : Facebook, Google et Twitter ne respectent pasle code de conduite volontaire, qu’ils ont signé pour combattre les fakenews (developpez.com)Les GAFA au défi du prochain milliard d’utilisateurs d’internet(maisouvaleweb.fr)Google ne supprimera pas l’application du gouvernement saoudien quisuit les femmes car elle n’est pas en violation avec ses conditions deservice (developpez.com)Alexa, appelle la police ! Les assistants intelligents devraient comprendreune « intelligence artificielle morale » pour décider s’ils doivent dénoncerleurs propriétaires pour avoir enfreint la loi, affirment les experts.(dailymail.co.uk – en anglais)

Google et Cisco s’associent pour développer un réseau mondial (zdnet.fr)Rapport : Les modérateurs de Facebook sont régulièrement défoncés etfont des blagues à propos du suicide pour supporter leur boulot(gizmodo.com – en anglais)Facebook : vous devrez encore patienter pour pouvoir effacer votrehistorique (zdnet.fr)Un office européen de la protection des données dénombre 15 enquêtesen cours. Dix d’entre elles concernent Facebook (nbcnews.com – enanglais)Retour sur nos analyses d’applications mobiles utilisant Facebook

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réalisées pour le Wall Street Journal (defensive-lab.agency)Ces très populaires applis qui transmettaient vos données à Facebooksans vous en avertir (lemonde.fr)Des documents internes de Facebook révèlent le lobbying de l’entrepriseau niveau mondial contre les législations sur la protection des données(developpez.com)Le PDG de Microsoft défend le contrat du Pentagone suite au tollé desemployés (theverge.com – en anglais)Windows 10 ne devrait jamais redémarrer votre PC sans votre permission(developpez.com)

Les autres lectures de la semaine« Il faut digérer l ’échec de la « révolution » néolibérale »(usbeketrica.com)Le professeur et le processeur. La modération est une ponctuation(affordance.info)Trolldi : les célèbres lois de l’informatique et du développement logiciel(developpez.com)Permaculture et logiciels libres ? (framablog.org )Algérie : quand la société civile renaît (theconversation.com)Les femmes dangereusement oubliées dans la conception des objets duquotidien (liberation.fr)

Les femmes représentent plus de la moitié de l’humanité. Pourtant, dutéléphone portable au gilet pare-balles en passant par les toilettes, lesobjets du quotidien ont pour la plupart été conçus et réfléchis en sebasant sur des normes masculines.

La contraception masculine (gps.hypotheses.org)Pourquoi n’y a-t-il pas de « pilule pour homme » ? Cela semble d’autantplus paradoxal qu’historiquement, la contraception semble uneresponsabilité masculine. De plus, dans les pratiques, une contraceptionmasculine existe, ce qui pourrait induire une demande de contraceptionhormonale masculine. Cependant, cette contraception masculine estlargement occultée dans les représentations des agents, ce qui conduità une quasi-absence d’investissement des organismes de recherches

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scientifiques et industriels dans la mise au point d’une pilule masculine,et à une invisibilisation des avancées en la matière dans le débat public.Pourtant, des techniques de contraception masculines, y comprishormonales, existent et font l’objet d’une demande par une partie del’opinion publique.

Les BDs/graphiques/photos de la semaineCulture moderneFiltreFront end – back endComment les applications open source sont maintenuesNo coming backRôle des niveaux hiérarchiques dans une bureaucratiePassive learning – active learningAstuce solaireA bit out of syncCherchez l’erreurHaineCode

Les vidéos/podcasts de la semaineEben Moglen : Pourquoi la liberté de pensée nécessite des médias libres(Berlin, 2012) (video.lqdn.fr – en anglais avec sous-titres)Reconnaissance faciale : identifier pour mieux protéger ou pour mieuxcontrôler ? (franceculture.fr)Un monde sans fil ! (les trois premiers podcasts) : 5G : la grande bataille acommencé – De Dakar à Nairobi : les promesses d’une révolutiontechnique – Le portable : un confident qui nous espionne(franceculture.fr)La capture de l’UE par les banques (franceculture.fr)Le Rasoir d’Ockham(skeptikon.fr), la toute première vidéo du CorbeauQui Croît, une chaîne Peertube sur Skeptikon très prometteuse !

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Les autres trucs chouettes de la semaineListe des bons et mauvais vendeurs d’ordinateur personnel et matérielinformatique (bons-vendeurs-ordinateurs.info)Les entreprises de la tech pourraient changer ces choses-là pour vousfaciliter la vie ainsi que protéger votre sécurité numérique et votre vieprivée. Pourquoi ne l’ont-elles toujours pas fait ? (fixitalready.eff.org – enanglais)Un site pour cartographier où sont envoyées vos données lorsque vousvous connectez à un média en ligne (trackography.org)Petite levée de fonds pour grand projet: OpenStreetMap France (zdnet.fr)Vive le « Google Maps » français ! (lesechos.fr) Pour Daniel Bursaux,directeur général de l’IGN, la domination des Gafa sur l’informationgéolocalisée n’est pas une fatalité.L’Unesco publie l’appel de Paris sur le code source (informatiquenews.fr)Tout est algorithme, tout est fonction – Première approche d’une penséefonctionnelle du programme de première S (irem.univ-reunion.fr)Ils préfèrent Yo à Facebook : rencontre avec ceux qui utilisent encore lesréseaux sociaux qu’on croyait morts (numerama.com)Morts de sites (indieweb.org – en anglais)Mars est le mois du logiciel libre à Limoges (toolinux.com)

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