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D e nombreux rapports démontrent que l’orientation scolaire en France n’est pas satisfaisante et que les jeunes ont besoin d’un accompagnement renforcé dans cette étape importante de leur vie. Pour mettre en évidence les dysfonctionnements de l’orientation et donner avis aux pouvoirs publics, l’UNAF a souhaité donner la parole aux premiers concernés : les jeunes et leurs parents. Parole aux jeunes et aux parents Nous avons donc mené une étude qualitative auprès de jeunes de 17/18 ans (scolaires ou apprentis) et de leurs parents. Cette étude dont voici la synthèse, a permis de mettre en lumière les motivations des jeunes, leurs critères de choix pour tel ou tel métier, les personnes qui comptent dans leur cheminement et la façon dont ils vivent les différentes étapes de l’orientation scolaire. Chaque situation est particulière, mais avec cette étude qualitative, nous avons pu identifier des grandes tendances et des parcours-types. L’orientation, un parcours personnel parfois difficile L’orientation se révèle être un véritable parcours, durant lequel les jeunes ont besoin d’être accompagnés. Ils ont besoin d’aide pour mieux se connaître, pour apprendre à faire des choix, pour appréhender les formations, les métiers et le monde professionnel. Ce parcours d’orientation ne s’arrête pas au choix d’un métier et d’une formation, il continue : l’inscription dans les écoles, la recherche de stages, les transports, logement éventuel… Là encore les jeunes ont besoin d’être accompagnés dans la durée. Vous trouverez en conclusion les préconisations concrètes de l’UNAF pour améliorer le dispositif existant et l’adapter aux besoins des jeunes et des familles. Si les parents sont directement concernés par l’orientation de leurs enfants, ils se révèlent être des acteurs- clefs d’une orientation réussie que les politiques publiques doivent prendre en compte. Famille et optimisme Plus largement, cette étude confirme d'une part que les jeunes sont optimistes face à leur avenir, d'autre part qu'ils trouvent une part de l'énergie nécessaire à leur parcours d'orientation dans l'appui que peut leur apporter leurs parents. Une affirmation que l’UNAF a fortement souligné lors de sa participation à la Commission de concertation sur la politique de la jeunesse, pilotée par le Haut commissariat à la jeunesse et au Livre vert intitulé « Reconnaître la valeur de la jeunesse ». L’orientation scolaire, vécue par les jeunes et leurs parents Etude qualitative Ecouter les familles pour mieux les comprendre n° 2 EDITO François Fondard Président de l’UNAF Union Nationale des Associations Familiales

UNAF Etude Quali n2:Mise en page 12 Etude Qualitative UNAF - numéro 2 L’orientation scolaire, vécue par les jeunes et leurs parents Etude réalisée par Patricia Humann, coordinatrice

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Page 1: UNAF Etude Quali n2:Mise en page 12 Etude Qualitative UNAF - numéro 2 L’orientation scolaire, vécue par les jeunes et leurs parents Etude réalisée par Patricia Humann, coordinatrice

De nombreux rapports démontrent que l’orientation scolaire en France n’est passatisfaisante et que les jeunes ont besoin d’un accompagnement renforcé dans cette

étape importante de leur vie. Pour mettre en évidence les dysfonctionnements del’orientation et donner avis aux pouvoirs publics, l’UNAF a souhaité donner la parole auxpremiers concernés : les jeunes et leurs parents.

Parole aux jeunes et aux parents

Nous avons donc mené une étude qualitative auprès de jeunes de 17/18 ans (scolaires ouapprentis) et de leurs parents. Cette étude dont voici la synthèse, a permis de mettre enlumière les motivations des jeunes, leurs critères de choix pour tel ou tel métier, lespersonnes qui comptent dans leur cheminement et la façon dont ils vivent les différentesétapes de l’orientation scolaire. Chaque situation est particulière, mais avec cette étude qualitative, nous avons puidentifier des grandes tendances et des parcours-types.

L’orientation, un parcours personnel parfois difficile

L’orientation se révèle être un véritable parcours, durant lequel les jeunes ont besoind’être accompagnés. Ils ont besoin d’aide pour mieux se connaître, pour apprendre à fairedes choix, pour appréhender les formations, les métiers et le monde professionnel. Ce parcours d’orientation ne s’arrête pas au choix d’un métier et d’une formation, il continue : l’inscription dans les écoles, la recherche de stages, les transports, logementéventuel… Là encore les jeunes ont besoin d’être accompagnés dans la durée. Vous trouverez en conclusion les préconisations concrètes de l’UNAF pour améliorer ledispositif existant et l’adapter aux besoins des jeunes et des familles. Si les parents sontdirectement concernés par l’orientation de leurs enfants, ils se révèlent être des acteurs-clefs d’une orientation réussie que les politiques publiques doivent prendre en compte.

Famille et optimisme

Plus largement, cette étude confirme d'une part que les jeunes sont optimistes face à leuravenir, d'autre part qu'ils trouvent une part de l'énergie nécessaire à leur parcoursd'orientation dans l'appui que peut leur apporter leurs parents. Une affirmation quel’UNAF a fortement souligné lors de sa participation à la Commission de concertationsur la politique de la jeunesse, pilotée par le Haut commissariat à la jeunesse et au Livrevert intitulé « Reconnaître la valeur de la jeunesse ».

L’orientation scolaire,vécue par les jeunes et leurs parents

Etudequalitative

E c o u t e r l e s f a m i l l e s p o u r m i e u x l e s c o m p r e n d r en° 2

EDITO

François FondardPrésident de l’UNAF

Union Nationale des Associations Familiales

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L’orientation scolaire,vécue par les jeunes et leurs parentsEtude réalisée par Patricia Humann, coordinatrice du pôle Education à l’UNAF, avec la collaboration de Rémy Guilleux, administrateur de l’UNAF, et de Christine Lamy, psychosociologue. (contact : [email protected])

L’objectif de cette étude qualitative, réalisée entre avril etjuillet 2009, est de mieux comprendre le vécu des parcoursd’orientation des jeunes de 17/18 ans. Nous avons choisi d’in-terroger des scolaires ou apprentis, en fin de cycle soit enTerminale générale, technologique ou professionnelle, soit enfin de CAP ou de BEP. Il s’agit de retracer le parcours de cesjeunes et d’analyser, pour chaque étape clef de leur orienta-tion, la manière dont eux-mêmes, d’une part, et leurs parents,d’autre part, l’avaient vécu. L’étude a aussi pour objectif demieux cerner comment se fait le choix final du jeune pourl’une ou l’autre des orientations qui se présentent à lui et cequi a influencé ses choix.

Elle cherche par ailleurs à comprendre quelle est la perceptionpar les jeunes et leurs parents des différents « accompagna-teurs » du jeune et de leur rôle dans son orientation,c’est-à-dire, au sein de l’Education nationale : des professeurs,proviseurs, CPE, conseillers d’orientation, de ses parents et lesprofessionnels qu’il rencontre, etc. Enfin, l’étude a pour objec-tif de cerner les attentes des jeunes comme de leurs parentspour un parcours d’orientation plus satisfaisant.

Compte tenu des objectifs de l’étude, la méthode est exclu-sivement qualitative sous forme d’entretiens individuelssemi-directifs approfondis en face à face d’une heure.

Il s’agit en effet de pouvoir retracer, avec chaque jeune d’unepart, et un de ses parents d’autre part, son parcours spécifique,afin d’identifier les points de satisfaction et d’insatisfaction, etles difficultés rencontrées.

La méthode des entretiens est donc privilégiée par rapport àcelle des réunions de groupe, car elle permet d’obtenir unressenti individuel sur l’histoire spécifique de chaque jeune.

45 entretiens sont réalisés auprès d’un jeune et si possible d’un de leurs parents (mère ou père), soit 23 entretiens de jeunes et 22 entretiens de parents.

41 entretiens sont réalisés à Paris et à Tours en faceà face.

4 entretiens sont effectués par téléphone auprès dejeunes habitant à Saint-Denis à la Réunion et d’un deleurs parents.

Paris Tours Saint-Denis (La Réunion)Jeunes Parents Jeunes Parents Jeunes Parents

Lycée général et technologique 6 4 5 5 2 2Filière généraleTerminale ES 3 3 1 1 1 1Terminale S 1 1 1 Filière technologiqueTerminale ST2S 1 1 Terminale STG 3 3Terminale SMS 1Terminale STI Génie Civil 1 1

Filière professionnelle 4 5 6 6Bac professionnelTerminale Bac pro climatisation 1Terminale Bac pro cuisiniste CFA 1 1Terminale Bac pro vente CFA 1 1BEP2e année BEP vente (lycée professionnel) 1 12e année BEP paysagiste (MFR - alternance) 1 12e année BEP électrotechnique 1 12e année BEP mécanique (CFA) 1 1CAP2e année CAP vente (lycée professionnel) 1 12e année CAP menuiserie (CFA) 1 12e année CAP coiffure (CFA) 1 12e année CAP plomberie (CFA) 1 1

TOTAL 10 9 11 11 2 2

Objectifs et méthode :

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PRINCIPAUX RÉSULTATS

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Les jeunes que nous avons rencontrés se trouvent être à uneétape charnière de leur orientation. Ils sont en effet en fin decycle scolaire ou d’apprentissage, juste avant un engagementdans la vie active ou dans des études supérieures.

Le premier point à souligner est que ces jeunes, à quelquesexceptions près, et certains malgré un parcours relativementchaotique, se déclarent tous plutôt heureux de leur situationactuelle et relativement optimistes concernant leur avenir.Contents d’être parvenus à cette étape importante, proched’un examen crucial (le bac, le CAP, le BEP), ils se montrentfinalement satisfaits de leur vie. Certaines études quantitativesconcentrées sur cette classe d’âge nous ont permis de confor-ter cette analyse.

Ils perçoivent leur orientation réellement comme un parcours,souvent avec de multiples « rebondissements », des « crises »et parfois le sentiment d’un « trop tard ».

Lors de ce parcours, la présence importante auprès d’eux,selon eux comme pour les parents rencontrés, est celle deleurs parents. Ce sont eux qui réellement font figure d’ac-compagnateurs et cet accompagnement ne se fait pas sur unmode autoritaire, mais sur le mode de l’échange de points devue, de l’aide à la réflexion. Les parents souhaitent laisser lejeune choisir par lui-même. Ils ne veulent surtout pas être tropinterventionnistes. Ils souhaitent simplement être présentspour calmer leurs inquiétudes, rattraper les situations quidérapent.

Parallèlement, selon les jeunes et les parents rencontrés,l’Education nationale ne joue pas le rôle attendu pour l’aideà l’orientation, sauf à quelques exceptions près et dans cer-taines filières. Le collège comme le lycée (général) est perçucomme étant là pour évaluer la capacité du jeune à suivre telou tel parcours et non pour accompagner dans le choixd’orientation. Les conseillers d’orientation psychologuesjouent un rôle certain, mais là encore leur perception est miti-gée.

Plus grave, concernant la perception de l’Education nationalepar ces jeunes et leurs parents : leur sentiment est que le col-lège ou le lycée (général) agissent parfois « à côté » du choixdu jeune, lui proposant une filière professionnelle ou une

série générale ou technologique sans rapport avec sademande, cette proposition n’étant pas argumentée.

Les jeunes et leurs parents ne s’attendent pas forcément à ceque leur choix ne leur soit pas accordé, du moment qu’aucundiscours clair n’a été tenu sur le sujet par le collège ou le lycéedirectement à l’intention des parents et à l’intention desjeunes. La perception est donc parfois, dans la filière profes-sionnelle comme dans la filière générale ou technologique,que l’Education nationale doit remplir des classes et desécoles, bien souvent au détriment des souhaits des jeunes. Unproblème d’agenda est par ailleurs fortement souligné : laréponse négative face au choix du jeune semble tombercomme un couperet, « trop tard », fin juin en 3ème, en 2nde,voire en 1ère, et les parents ont toujours le sentiment de ne pasavoir été prévenus clairement et suffisamment à l’avance.Jeunes et parents se retrouvent alors face à un choix pourlequel ils ne se sentent pas épaulés : que faire ? Accepter ladécision d’orientation ? Redoubler ? Faire appel ? Ils se sen-tent pris par le temps pour bien réfléchir et bien agir.

Dernier point à souligner : une fois intégrées les filières pro-fessionnelles et technologiques, au bout de 2 à 4 ans, celles-cisont en général particulièrement valorisées par les jeunes etleurs parents, comme un moyen d’arriver plus vite à l’ageadulte, avec un métier « en poche », même si ce choix est par-fois vécu comme difficile au départ.

Enfin, tous les jeunes n’ont bien sûr pas vécu le mêmetype de parcours.

Nous avons repéré 4 types de parcours d’orientation.

La méthode qualitative ne nous permet pas de mesurer lareprésentativité de chaque type de parcours.

Par ailleurs, comme l’orientation est un parcours, en perpé-tuelle évolution, l’appartenance à un type peut fluctuer. Ils’agit donc d’une photographie à un instant « T », mais chaquejeune peut se retrouver dans une autre situation après un cer-tain temps, du fait de la rencontre de nouveaux obstacles (parexemple : impossibilité d’entrer dans les BTS ou filières supé-rieures souhaitées).

1. IPSOS santé pour la Fondation Wyeth pour la santé des adolescents et des enfants « Adolescents – adultes deux regards sur ce que réussir veut dire » : 74 % des adolescents interrogéssont plutôt confiants ou très confiants par rapport à leur capacités personnelles à réussir dans la vie. http://www.forum-adolescences.com/Forum5/Download/SynthsesIpsosSant.pdf

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Des idées, passions, rêves précis

Indécision

Obstacles, difficultés Opportunités

Parcourschaotiques

Parcourséclectiques

Parcourssouples

Parcourslinéaires

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4 types de parcours

La typologie s’organise autour des deuxaxes suivants :

- Un axe situe les jeunes en fonction deleur discours sur leur capacité à faire deschoix par rapport à leur orientation, avecd’un côté des jeunes plutôt indécis (auxmoments importants de l’orientation) etd’autres ayant des idées, des passions,des rêves plus précis et clairs leur per-mettant de s’orienter.

- Un axe situe les jeunes en fonction desdifficultés rencontrées dans leur par-cours d’orientation, avec d’un côté lesjeunes qui ont rencontré des obstaclesdans leur projet d’orientation et de l’autre des jeunes qui ont eu tous lesatouts et opportunités nécessaires pours’orienter comme ils le souhaitaient.

Les « parcours linéaires » savent à peuprès vers quelle voie se diriger et neconnaissent pas d’obstacle particulier parrapport à leur souhait d’orientation.

Les « parcours souples » ont une idée audépart (une passion, un rêve...) et doiventchanger d’orientation du fait d’obstaclesrencontrés dans leur parcours. Ils saventcependant se re-investir de nouveau etrapidement dans un autre projet.

Les « parcours chaotiques » n’ont pasd’idée claire de ce qu’ils veulent faire, sou-vent par manque de confiance en eux, ilss’orientent un peu « au hasard », connais-sent des difficultés, et même s’ils finissentla plupart du temps par retomber sur unchoix plus adapté, leur parcours est diffi-cile.

Les « parcours éclectiques » réussissentet apprécient de nombreuses disciplines.Ils ont des difficultés pour choisir, surtoutparce qu’ils ont du mal à abandonner certains « pans » de savoir ou certainesactivités. Leur niveau d’exigence vis-à-visd’eux-mêmes est élevé.

Les « parcours linéaires » .(9 jeunes sur les 21 rencontrés)

Ces jeunes ne connaissent pas d’obsta-cle particulier par rapport à leur choixinitial.

Malgré quelques hésitations parfois, ilspeuvent trouver leur voie sans trop dedifficultés.

1. Soit par « coup de foudre » pour unematière, dans les filières générales ettechnologiques ou pour un métierdécouvert lors d’un stage.

2. Soit par identification à leurs parents ouà un type de métier familialement valo-risé, même si cette identification n’estpas forcément consciente, certainsjeunes n’ayant pas fait le rapproche-ment entre tel métier exercé par unpère, une mère, ou un beau-père oubelle-mère et leur propre choix.

Notons que cette identification à unmétier « familial » semble jouer un rôlenon négligeable comme facteur d’équi-libre pour les jeunes rencontrés.

Les rencontres de professionnels peu-vent à cet égard jouer le rôle desubstitut de telles possibilités d’identi-fication si elles n’existent pas dans lafamille.

3. Soit un rêve d’enfant que rien n’estvenu entraver :

« Conducteur de métro, c’est comme çadepuis 7 ans, la passion. À 12 ans, j’aicommencé à aller dans la cabine avec leconducteur. J’ai discuté aussi avec le pèred’un copain qui est conducteur de TGV. »

Souvent, ils se montrent assez réfléchisquant à l’adéquation de leur choix avecleur propre personnalité pour se confor-ter dans celui-ci (parfois avec l’aide deleurs parents) :

« J’ai choisi paysagiste aussi parce quej’étais fort en sport. Avant j’étais pompier.Le sport, ça m’a aidé. Je ne suis pas supermusclé, mais j’ai de la poigne. Et puis celane me fait pas peur d’aller au charbon, jesuis bosseur, manuel. Quand on a besoinde moi le samedi, j’y vais. »

La pratique vient renforcer leur décision(goût pour les études ou pour un stage).

Ces jeunes sont particulièrement heu-reux de leur situation présente etconfiants dans l’avenir.

Ils montrent une personnalité plutôt« décontractée » : ils ne dramatisent pasl’orientation qui n’est pas « toute leurvie » et semblent s’arranger finalement

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pour s’investir dans des voies qu’ils peu-vent atteindre, quelles qu’elles soient.

On retrouve parmi ces jeunes aussi biendes jeunes qui sont dans des filières géné-rales, que d’autres qui sont dans desfilières professionnelles.

Les « parcours souples » .(6 jeunes sur les 21 rencontrés)

« Je suis quelqu’un qui retombe sur sespattes »

Ces jeunes ont un rêve ou une idée audépart, souvent un rêve issu de l’enfance :devenir pilote, médecin…

« J’ai toujours voulu faire du médical, diété-ticienne, nutritionniste, kinésithérapeute, plu-tôt dans le para médical. Tout me plaisait.Aider les gens, l’ambiance de l’hôpital. »

Ils rencontrent cependant des obstaclespour le réaliser : niveau d’études trop dif-ficile, difficulté pour passer d’une série àune autre ou d’une filière à une autre :

« Mais je n’ai pas pu faire vétérinaire,c’était mon rêve depuis 8 ans, car je n’aipas pu passer en S, donc j’ai fait desrecherches et en fait je ne voulais plus êtrevétérinaire, mais infirmière ou puéricultriceet c’est là que j’ai trouvé le bac SMS. »

Dans la filière professionnelle, ce peut-être un manque d’habileté :

« Fabriquer, c’est minutieux (menuiserie),la pose moins. Moi je ne suis pas superminutieux. Je ne me suis pas renducompte au début. Au BEP, ça allait, j’ensuis sorti avec 14 de moyenne, donc j’aiété en bac pro. Mais là en entreprise, c’étaitplus difficile, alors je me suis réorienté versla pose de cuisines. »

Ce peut être aussi un manque de placedans le lycée ou l’école souhaitée, l’absence d’école dans leur région :

« On devait mettre des choix mais que desécoles publiques en fait, donc vu qu’il n’yavait qu’un lycée public Esthétique, un petitlycée. J’étais sur liste d’attente en Esthétique,donc ils m’ont mis dans un lycée de secré-tariat. Hors de question que j’aille là-bas. »

Ils doivent donc réfléchir à une autreorientation, finalement pas forcément trèséloignée de leur choix initial en termes decompétences à mobiliser (STI au lieu de S,coiffure au lieu d’esthétique).

Ils prennent une direction qui finalementleur convient, dans laquelle ils ont su s’in-vestir, quitte à rêver de revenir vers leurpassion initiale sous forme de hobby, ouplus tard :

Un jeune : « En STI, je suis bien, il y a desmaths, de la physique et j’aime les labo-ratoires. »Son père : « Je lui ai dit qu’il pourra pas-ser son brevet, plus tard, de pilote, doncça allait mieux. »

Ils montrent une personnalité plutôtpassionnée, optimiste, et volontaire.

Les obstacles rencontrés sont souventdes difficultés scolaires : ils n’ont pas leniveau pour suivre la filière souhaitée.

Les parents peuvent mal vivre cette « bifur-cation » sur le coup, mais comme leurenfant finalement se plaît dans sa nouvelleorientation, cette déception s’estompeavec le temps.

Les « parcours chaotiques » .(5 jeunes sur les 21 jeunes rencontrés)

Par difficulté à faire un choix : manque dematurité, manque d’informations, diffi-culté à se projeter :

« La plupart du temps, il faut s’orienter,mais on ne sait pas quoi faire, il faut fairevite et la plupart du temps on se trompedans ce que l’on choisit parce qu’on esttrop jeune et pas assez informé. »

« Après la 3ème, je ne savais pas trop ceque je voulais faire, j’ai voulu être menui-sier, vétérinaire, footballeur, pilote. Plu-sieurs métiers sont passés dans ma tête. »

Parce qu’ils doutent ou ont peur de ne pasêtre à la hauteur,

« Je ne me sentais pas capable d’aller engénéral. Et les profs disaient : il faut aumoins avoir 13/14 de moyenne. »

Ou bien encore du fait d’un refus dans lavoie demandée (par manque de places),ces jeunes vont s’orienter dans un premiertemps vers une voie qui ne leur corres-pond pas, et dans laquelle ils peuventéchouer par manque de motivation.

On note davantage un désinvestissement dela part du jeune pour cette voie qu’une inca-pacité à faire face à un niveau trop difficile :

« BEP compta, je suis resté un an, maisj’ai arrêté. Les matières ne me plaisaientpas. Je trouvais ça facile, banal, je ne medonnais pas de peine. J’allais au cours,mais cela m’embêtait. »

Ils vivent un moment difficile de flou,d’échec.

La plupart du temps, les parents vontles aider à retrouver une nouvelle voiequi les motive, cette fois réellement :

Une mère : « Il a raté son diplôme pourpasser en deuxième année alors là il s’estmis à réfléchir sérieusement. On a discuté,on a regardé tous les CAP. »

NB : Un certain nombre de jeunes « mal orientés », tout au moins dans la voieprofessionnelle, abandonnent leurs étudesà la Toussaint et se retrouvent de fait « dés-colarisés » 2. Nous n’avons pas rencontréces jeunes car notre échantillon étaitconstitué uniquement de jeunes scolarisésou en apprentissage ayant été jusqu’aubout de leur parcours (BEP, CAP…).

Jeunes et parents ont mal vécu ce par-cours d’orientation.

Ils ont l’impression que les choix d’orien-tation, surtout en fin de 3ème, mais aussi enfin de 2nde, sont faits sans aucune prépara-tion, à la « va vite », sont bâclés :

2. Avis du Conseil National des Villes, sur la première étape de mise en oeuvre de la loi « Prévention de la délinquance » (mars 2007), la place et le rôle de la justice, le soutien à la jeunesse, et la gou-vernance de la prévention de la délinquance. p.28 – 29 « L’orientation des élèves joue un rôle évident dans la déscolarisation. Elle est déterminée, le plus souvent, non par le souhait du jeunemais par le nombre de places disponibles dans les différentes filières. Ainsi dans tel collège en fin d’année, 400 élèves demandent la filière mécanique. Or, il n’y a que 48 places sur l’ensemble dudépartement. La majeure partie des élèves est alors orientée sur le tertiaire alors que le tertiaire ne les intéresse pas. L’élève qui se retrouve dans une filière qui ne l’intéresse pas abandonne sa for-mation à la Toussaint (Clichy-Montfermeil). » http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/Prevention_delinquance_-_def_28_mars_cle11b53a.pdf

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« Les profs ne parlaient pas souvent de cequ’on pouvait faire après la 3ème. Ils étaientplus sur le brevet. Ils en ont parlé à la finquand il y a eu les dossiers à remplir et làil fallait faire vite, ils ne nous ont pas expli-qué. En fait la moitié de la classe a été refu-sée dans son choix, donc ils sont partisdans n’importe quoi. Il y en a qui sont par-tis en général, mais ils n’aiment pas dutout : ils s’attendaient à quelque chose demoins dur. »

Conscients cependant de leur immaturitéà l’époque de ces choix, les jeunes regret-tent leur manque d’accompagnement :

« Mais j’ai fait ces choix en bâclant. Celas’est fait précipitamment. Je pensais quemon premier choix allait marcher, électro-technique, donc « compta », le 2e choix,j’ai mis ça comme ça. Ma mère me disait :« tu es manuel, je ne te vois pas dans unbureau ». Mais je n’ai pas vraiment eu deconseils. On est jeune pour savoir ce qu’onveut faire. »

Ceux qui ont essuyé un refus dans lafilière souhaitée par manque de places levivent particulièrement mal, ce qui secomprend aisément :

Mère : « Elle voulait au départ quelquechose avec les enfants, donc plutôt sani-taire et social. Mais il n’y a pas eu deplace. C’est une histoire de quota en fait.Le lycée n’a même pas voulu m’envoyerun dossier. Ils ont dit que les demandesétaient faites donc même pas la peine devenir. J’aurais pu faire une démarcheauprès de l’Académie, mais je ne l’ai pasfaite. Je m’en veux. Donc en fait elle a étévers un BEP vente. »

Surtout que les choix proposés sont par-fois très éloignés du choix initial (ex :vente VS sanitaire et social ).

Ces jeunes montrent, vers la 3ème ou2nde, un certain manque d’estimed’eux-mêmes, une peur de l’échec ouune immaturité, un désinvestissementde l’école qui les empêche de choisirsereinement ou de se battre pour unchoix qui leur convienne.

A cette époque, ils ont eu du mal à savoiroù se situait leur vrai « désir » et à ne passe laisser influencer (par leurs amis, pardes conseillers d’orientation ou des pro-fesseurs…).

Après quelques difficultés, grâce à unenouvelle voie plus adaptée à leurs com-pétences et à leurs goûts, certainsparviennent cependant à sortir dudécouragement et à réussir enfin, maisd’autres restent désabusés.

Les « parcours éclectiques » .(3 jeunes sur les 21 rencontrés)

Ces jeunes s’intéressent à toutes les disci-plines, réussissent dans toutes les matièreset souvent aussi dans les disciplines prati-quées en dehors de l’école :

« En 3ème, je me suis passionnée pour lesmaths, la physique, la chimie, la biologie etje voulais être ingénieur chimiste, j’adoraisla chimie, le travail en labo. Mais en 2nde

l’économie m’a beaucoup plu, une révéla-tion, j’ai beaucoup hésité. J’ai pensé aussiaux carrières artistiques, car je suis bonneen dessin. Finalement, j’ai hésité entre prépaHEC et Sciences Po, finalement la géopoli-tique m’intéresse, donc Sciences po. »

Ils sont généralement ambitieux et à larecherche des voies les plus prestigieuses.

Ils raisonnent davantage en termes de« disciplines » et de formation (grandesécoles) que de métier.

Ils ont eu des difficultés à choisir une voieplutôt qu’une autre et ne choisissentqu’au « pied du mur ».

Ils auraient besoin de conseils concernantl’adéquation d’un type de métier avec leurpersonnalité, pour se décider en fonctionde leur « savoir-être », de leurs goûts, plusque de leur « savoir faire ».

Malgré leur réussite scolaire, ils sontfinalement peu sûrs d’eux-mêmes. Onsent peut-être pour ces jeunes une plusforte injonction parentale à réussir,source de leurs hésitations.

Le rôle des parentsest un rôle d’« accompagnateur »

Les parents se positionnentcomme des accompagnateursde l’orientation des jeunes, en général sur un mode peu autoritaire.

« Le rôle des parents est irremplaçable. Onconnaît mieux notre enfant que quiconqueet surtout c’est nous qui sommes les plusmotivés pour que son orientation se passebien. Pour s’orienter un enfant a besoind’être soutenu, d’avoir des informations,mais il ne faut surtout pas prendre desdécisions à sa place. »

Les jeunes parlent de leurs parents demanière positive : les termes de soutien,d’encouragement, de confiance, d’aide àla réflexion reviennent fréquemment :

« Je leur ai expliqué et ils m’ont soutenu. »« Ma mère m’a aidé car elle était tout letemps là, elle m’encourageait. »

Au jour le jour, les parents sont là pourdiscuter, aider à réfléchir, mettre en garde.Ils se perçoivent comme des médiateursface aux institutions et des facilitateurs dela réflexion de leur enfant. Ils les mettenten garde par rapport à des choix qui ris-quent de ne pas correspondre à leurpersonnalité ou qui leur paraissent diffi-ciles (ex : le social), ou sans beaucoup dedébouchés (ex : le stylisme) :

« Des discussions avec ma mère, est-ceque j’aurais le courage de faire ça toute mavie ? Je ne savais pas. Je ne sais pas si onpeut se projeter comme ça sur toute sa vie.Après elle m’a dit que je pourrais aussichanger plus tard. Elle, elle n’a pas fait lemême métier toute sa vie. Un métier dur enfait le social, pas bien payé. Elle me faitréfléchir sur mon choix. »

Sur le choix lui-mêmecependant, les parents sedéclarent majo ri tairementpeu interventionnistes.

Certains auraient presque peur de tropinfluencer leur enfant :

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« J’interviens pas du tout tant qu’il n’y apas un cas grave. Mon mari non plus. J’ai5 enfants, je leur dis que c’est à eux dechoisir leur orientation et de faire des effortsdans ce sens. C’est eux qui gèrent. Ils ontleur idée à eux. Je ne préfère pas les per-turber. »

Seuls interviennent réellement lesparents :

- Dont l’enfant doit faire un choix trèsjeune (fin de 5ème) :

« Avec mon père on a vu différentes écoleset on en a parlé. C’est plus eux qui m’ontaidé car j’avais 14 ans. Moi je voulaisjuste travailler, moins d’école, moins decours. J’étais encore petit, je voulais tou-cher à tous les métiers pour voir. » Son père : « On a eu des discussions régu-lières, pas évident de savoir ce qu’on veutfaire à 13, 14 ans. Il était branché sur lamécanique, mais on n’a pas trouvé d’écolepour son âge. Après le mot agricole legênait pour la MFR, mais il s’est très vitebranché. Pas de conflit, il était ouvert. Laseule chose qu’il voulait c’est de quitterl’école. »

- Dont l’enfant se montre particulière-ment angoissé, perdu face à un choixqu’il n’arrive pas à faire.

En revanche, tous les parentsdéclarent agir concrètementpour :

- Motiver les jeunes à poursuivre plus loinleurs études.

- Aider concrètement pour l’inscriptiondans les écoles.

- Rattraper les erreurs d’orientation dansune voie qui ne correspond pas aujeune.

- Trouver une entreprise pour l’alternance.

Et les jeunes leur en sont généralementreconnaissants :

« Elle m’a toujours soutenu. Elle a faitbeaucoup de choses pour chercher lesécoles, les entreprises. J’en ai profité. Ellea fait plus que moi. J’étais fainéant, je melevais tard. Je la remercie, cela aurait dûêtre moi qui le fasse. »

Au regard des difficultés des jeunes, certains parentsregrettent de n’avoir pas étéplus fermes.

Ils mettent ainsi en lumière que l’accom-pagnement des adolescents n’est pas facile.Les adolescents se veulent autonomes,mais ils ont besoin d’aide. Les parents sontconfrontés au dilemme d’être trop ou pasassez proches, trop ou pas assez fermes.

« On est beaucoup mis à l’écart par rap-port au choix. Elle aussi m’a mise à l’écart.Ils ont envie d’autonomie, mais pas tantque ça. A 15 ans, 16 ans ils ne savent pastrop ce qu’ils veulent faire. Elle était trèschangeante. On essayait de l’orienter dansce qu’elle aimait. Je la vois dans le médi-cal, c’est inné. On n’était pas d’accordtoute les deux. Elle a redoublé sa secondepour faire S et ça s’est très bien passé maiselle a décidé de faire ES. Par peur de nepas y arriver, elle est revenue en arrière.Elle avait une amie en S qui lui disait quec’était dur. Elle était influençable. On l’a unpeu trop laissé choisir. Trop de liberté dechoix. Maintenant elle est un peu bloquéepour le paramédical. »

Ces parents rencontrés culpabilisent et sereprochent « l’échec » de leur enfant(même si celui-ci a surmonté ses problèmeset s’est investi dans un autre projet).

Des conflits sont mentionnés,généralement quand le choix du jeune se porte surune formation perçue commeétant d’un niveau « inférieur »à celui souhaité par lesparents.

- Choix d’une section ES plutôt que S

- Choix de la filière professionnelle plutôtque générale ou technologique :

Jeune : « Ma mère voulait que j’aille engénéral. Je ne sais pas pourquoi. On s’estdisputé beaucoup à cause de ça. Mais, detoutes les façons, le lycée m’a refusé. J’aidemandé un bac pro vente… »Mère : « Elle me disait « Si je vais en 2nde,je ne ferai rien de toutes les façons ». Ellevoulait aller dans la vente ; je lui ai dit « Jene te vois pas dans la vente », elle m’a dit« Si », donc je lui ai dit « D’accord mais nevient pas te plaindre après ». Les discus-sions montaient crescendo. »

Même si ces cas ne sont pas majoritaires, ilsmontrent le désir que leur enfant choisissela voie à l’image la plus « prestigieuse ».

Les jeunes se montrent quant à eux parti-culièrement tenaces face à leur choix.

Et les conflits semblent s’apaiser dès quele jeune se montre heureux dans la voiequ’il a choisie.

Quand les parents ne peuventaccompagner…Les missions locales ont puintervenir en « bouée desecours ». Un des jeunes rencontré trouve un appuiauprès des missions locales, après unepériode de déscolarisation.

Ses parents ne pouvaient jouer le rôle desoutien et d’accompagnement :

La mère : « Je suis complètement pauméedans tous leurs trucs, je ne serais pas apteà les guider. Je ne m’en occupe pas, ilssont complètement autonomes. »Le jeune : « Mes parents n’ont pas eu ungrand rôle. Ma mère me disait de faire ceque je voulais faire. Je ne vois pas beau-coup mon père, mais quand j’ai arrêté lebac pro, il était inquiet, car je n’ai rien faitentre juillet et début janvier. Il m’engueulait. »

L’accompagnement de la mission locale estalors particulièrement valorisé par le jeune.

Le plus souvent,l’éducationnationale ne jouepas le rôle attendupar les jeunes etleurs parents pourl’aide à l’orientation.

L’école dans sa globalité est le plus sou-vent perçue comme peu impliquéedans l’aide à l’orientation :

« Pour le choix, on n’a rien eu de la part del’école. Le choix s’est fait entre ma fille moiet mon mari l’a aidée aussi. »

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« Les profs n’ont pas fait de réunion pourdire « Ben voilà, il faut que l’on discute del’orientation. Il n’y a pas ce lien. »« L’école ne m’a jamais aidé, ils n’ontjamais pris une heure pour discuter avecmoi. Ils m’ont proposé une STG, c’esttout. »

Le ressenti est particulièrement négatifpour les jeunes au « parcours souple »,« parcours chaotique » ou « parcourséclectique ».

Les professeurs sont perçuscomme peu concernés par la problématique de l’orientation.

« Les profs nous encourageaient, mais laplupart s’en fichaient de nos choix. »

Certains jeunes qui comptaient sur euxsont donc déçus :

« Je ne me suis pas trop renseigné en 3ème,car je pensais que les profs allaient nousen parler. En fait, non. »

Ils dénoncent une absence de collégialité :

« Le professeur principal ne savait mêmepas ce que pensaient les autres collègues. »

Le seul critère pour orienter les élèves estperçu comme étant celui des notes, deleur niveau :

« Ils parlent toujours des notes. Par exem-ple, quand on dit : moi je veux être prof deça ou vendeuse, ils disent : ben avec tesnotes, cela ne risque pas de t’arriver. »

Leur « verdict » semble autoritaire plusqu’expliqué :

« Ils ne m’ont pas bien expliqué. En fin de3ème, ils m’ont dit : « Le BEP ou tu redou-bles ». »

Ils ne semblent pas valoriser toutes lesfilières de la même manière. Certainesorientations sont trop souvent présentéescomme « une punition ».

Certains parents englobentle désinvestissementapparent de l’écoleconcernant l’orientation dans

un désinvestissement globalpar rapport à tout ce qui peutarriver à leur enfant, ycompris des agressions.

Le regret d’un manque de soutien de lapart des professeurs et d’informationdirecte des parents peut porter aussi surles difficultés scolaires, qui fatalement vontremettre en cause un choix d’orientation :

« Les profs n’ont pas du tout aidé aux choixd’orientation, jamais. Ils se focalisent surquelques élèves. Pour les autres, ils n’ai-dent pas, alors qu’ils passent beaucoup detemps avec les enfants et connaissent leurpersonnalité. Il aurait fallu nous alerter qu’ily aurait des difficultés en 1ère S, un suiviplus régulier, mettre en place une porte desortie. La seule chose qu’ils nous disent,c’est qu’il a loupé une demi journée. »

Deux jeunes ont été agressés (à proximitéde l’école, par des élèves de leur classe), leslycées ne se sont pas montrés concernés.

Pour certains jeunes et leursparents, l’école fait mêmeplus que se désinvestir : elleoriente les jeunes là où il y a des places, quitte à les influencer vers un choixqui ne leur correspond pas.

- Que ce soit vers des lycées profession-nels :

« En fin de 3ème, je voulais m’orienter versun lycée pro mais je ne savais pas quellebranche choisir et je trouve que les profsne nous ont pas parlé de toutes les possi-bilités, c’était au dernier moment en fonc-tion des places qui étaient limitées, doncj’ai choisi menuiserie. »

- Ou vers des filières sélectives

« Ils voulaient remplir les 4 classes de S.C’était vraiment clair. On allait voir les profsscientifiques et ils nous disaient : « tu doisabsolument passer en S, puisque tu as leniveau suffisant pour ». Sans se préoccu-per du fait qu’on aimait davantage lesautres matières. Pour peu qu’on ne soitpas trop sûr de ce qu’on voulait faire, ilsnous disait d’aller en S car ça ouvrait toutesles portes. C’est sûr que dans un autrelycée… il y a plus de classes de ES et deL donc cela n’aurait pas été pareil. »

Le regret du peud’accompagnement de l’écoleest cependant (et logiquement) différenteselon la position du jeune.

Certains discours dénotent un fort senti-ment de solitude et une vraie colère de lapart des parents de jeunes au « parcourschaotique » :

« J’étais toute seule, le collège n’a rien fait.On est livré à nous-mêmes. Ils ne sont pasconcernés du tout. Ils les larguent à la 3ème.Ils dégagent. C’est l’impression que j’aieue. »

D’autres (« parcours souples ») souhaite-raient simplement que les professeurssortent de leur seul rôle d’évaluateur d’unniveau de l’élève :

« De toutes les façons, ils vous voient10 minutes et en général pour vous rap-peler les notes que vous avez déjà reçues.Ils n’ont rien d’autre à dire que les notes. »

Les parents des jeunes au « parcours linéaire» se montrent plus « tolérants », comprenantce peu d’investissement de la part des pro-fesseurs dont la mission principale estd’enseigner, de terminer un programme etnon d’accompagner à l’orientation.

« Je n’ai jamais eu beaucoup d’aide de lapart des profs. Mais ils sont déjà chargésavec des emplois du temps déjà lourds etvu le peu de temps qu’ils ont, ils se consa-crent aux élèves en difficulté. »« Les professeurs ont un programme et tropd’enfants. »

Certains jeunes et parentssont cependant conscientsque des mauvaises notes, des conflits avec unprofesseur ou des problèmesde comportement rendent les relations entre parents et école plus tendues, plus lointaines, y comprispour l’orientation.

« Pas de relation terrible à cause de sesnotes, pas trop d’aide. »« l. ne voulait pas que j’aille aux entretiensavec les prof donc elle me le disait au der-nier moment. »

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Dans quelques cas cependantl’école est perçue commes’étant vraiment investie pouraccompagner les jeunes.

Des professeurs principaux s’investissentpour aider les élèves, parfois dès la classede 4ème.

Un lycée a une démarche complète d’accompagnement à l’orientation avec :

- un temps spécifique (un voyage scolaire)consacré à une réflexion sur l’orientation,

- des contacts avec des étudiants ou desprofessionnels, avec proposition destage éventuel,

- des entretiens individuels (menés par leCPE),

- des tests de personnalité…

Dans un collège en ZEP, un CPE et undirecteur d’établissement jouent un rôlespécifique d’accompagnement, considérépar les parents comme « exceptionnel ».

La perception des conseillersd’orientation est plutôtnégative.

Ils sont pénalisés par la mauvaise image del’Education nationale concernant l’orien-tation et les jeunes ont souvent despréjugés à leur égard :

« Je n’ai jamais vu de conseiller. Ils nousconseillent dans une voie où on n’a pasenvie d’aller ! »

Les expériences sont par ailleurs sou-vent négatives ; les conseillers d’orien ta- tion sont perçus comme :

- ne travaillant pas assez en collaborationavec les parents :

« En 3ème, quand on a vu qu’elle ne pour-rait pas faire véto, la conseillère l’a guidécomme elle a pu, mais sans pour autantque nous, parents, on soit conviés à venirdonner notre point de vue. Ça manque. A 14/15 ans, ils ne savent pas trop cequ’ils veulent faire et on ne sait pas oùaller, vers quelle porte frapper. »

- ne connaissant pas toutes les filières (for-mations, métiers) :

« Je suis allé voir une conseillère dansmon collège, qui ne m’a pas expliquégrand chose. Elle m’a dit de me renseigner.Elle m’a dit qu’elle ne connaissait pas trople sanitaire et social, donc elle m’a proposévente, car elle connaissait. »

- dirigeant les jeunes « au hasard », de façontrop dirigiste ou au contraire trop floue :

« Je voulais savoir ce qu’il y avait en pro-fessionnel comme diplôme et les métiersaprès, les correspondances diplômes-métiers, et elle m’a dit « vous avez lechoix », mais elle a plus regardé mamoyenne que ce que je voulais moi. Elle aregardé mon dernier bulletin. J’étais avecma mère. On a fait des tests et quand jesuis rentrée, je n’avais que ça, l’histoire dela vente, car elle ne m’a parlé que de ça. »

- dirigeant les jeunes vers des voies sansrapport avec leur demande, sans qu’ilscomprennent réellement quelle est leurlogique :

« J’ai été voir une conseillère d’orientationavec deux copines à moi qui voulaientaussi faire de l’esthétique. Elle nous a ditqu’on pouvait faire un BEP comptabilité carcela pourrait nous servir si on montait unmagasin, j’ai pas compris. Elle nous avaitdonné le nom du lycée. »

Ils sont perçus comme ne regardant queles notes et l’avis du conseil de classe, sansêtre à l’écoute des goûts, des rêves, dela personnalité des jeunes, sans pren-dre en compte leur potentiel, parfois surun mode relationnel froid et distant, malvécu par les parents et par les jeunes :

« Elle n’était pas bien, elle regarde la noteet elle nous rabaisse. Elle juge sansconnaître, elle ne cherche pas à savoir. »

Les conseillers d’orientation psycho-logues ne sont donc ni perçus commede bons « psychologues », car ilsn’écoutent pas assez et ne rassurentpas, et ni comme des spécialistes del’orientation car ils semblent mécon-naître certaines filières.

Ils sont soupçonnés par certains de parti-ciper au « remplissage arbitraire de classeset d’écoles », comme l’ensemble de l’Edu-cation nationale.

Certains jeunes (mais c’est minoritairedans cet échantillon) ont cependantune bonne perception des conseillersd’orientation psychologues rencon-trés :

- Des conseillers d’orientation du CIO(hors de l’école) qui écoutent réellementet qui savent guider vers un choix. Pourun jeune (« parcours souples » ), il a su,à côté des parents, l’aider à se réorien-ter :

« J’ai été voir la conseillère d’orientation auCIO de ma ville en prenant rendez-vous.Ma mère m’avait conseillé. Elle m’ademandé de mettre sur un papier ce que jevoulais faire, ce que j’aimais, le sport, lesvoyages, mes goûts, ce que j’aimais dansla vie. C’était un peu une psy. et c’est pasplus mal. A la fin du rendez-vous, je voulais faire STI hôtellerie pour faire chefcuisinier comme mon grand père en fait.Je suis assez créatif j’aime créer desplats… »

- Pour deux jeunes au « parcourslinéaire », une fois le choix déjà fait, cer-tains conseillers d’orientation ont su :

• Les conforter :

« Je l’ai vue en 2nde, elle m’a encouragédans mes choix, très sympa. J’avaistrouvé ce que je voulais faire et elle m’a ditque c’était bien pour moi, mon choix. »

• Les écouter et les guider vers des for-mations, des métiers précis.

Finalement, ce qui est attendu (repro-ché ou au contraire apprécié) de la partdu conseiller d’orientation psycho-logue, c’est une prise en considérationdifférente de l’élève, de son potentiel,en dehors de ses résultats scolaires, etune vraie capacité d’écoute.

D’autres élémentspermettent auxjeunes de s’orienter.

Les contacts directs avec lesprofessionnels et les stagesaident à s’orienter.

Conforter un choix déjà fait :

« Je suis toujours en contact avec un animateur que j’ai vu pendant un stage en4ème. Il m’a transmis la passion desenfants .»

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Préciser un choix :

« Je voulais le médical. J’ai choisi Ima-gerie médicale et thérapeutique car j’ai fait une radio et j’ai commencé à en parler avec le type et ça m’a plu. On peut travailler en clinique, en labo, à l’hô-pital. »

Au contraire, faire renoncer à un choix :

« J’ai fait un stage chez une psychologue.J’ai assisté à toutes les consultations. J’aivu que je ne voulais pas faire ça. Des pro-blèmes familiaux, à l’école… C’était tropdur. C’est un beau métier mais de là àl’exercer ! »

Les jeunes et les parents ne semblent pas manquerd’information.

Ils fréquentent les salons de l’éducation etles salons professionnels. Ils consultentInternet.

Les jeunes trouvent en outre des informa-tions sur les métiers et les formations dansles centres de documentations de leur école.

Ils citent majoritairement l’ONISEP etl’Etudiant comme sources d’informationintéressantes.

Leur problème est moins le manque d’information que d’avoir le temps de s’in-former, du fait des problèmes évoquésci-dessus :

- Décision du conseil de classe et réponsedes écoles trop tardive dans l’année, etmanque de prise de conscience desparents des étapes clefs, et surtout des« dates limites ».

- « Déni » des jeunes de prendre encompte le risque que leur choix ne soitpas honoré.

La plupart desjeunes rencontréssont contents de leursituation, surtoutceux qui ont

expérimenté la voieprofessionnelle et technologique.

Les jeunes qui expérimententla voie professionnelle, (dans la mesure où la filièrecorrespond à leur choix), fontpart de leur réussite et de leur bonheur, après desannées de difficultés scolaireset de désinvestissement.

Ils ont le sentiment d’apprendre un vraimétier (VS filière générale).

Ils valorisent ce métier :

« Quand j’ai été orienté vers paysagiste, çaa été un moment heureux. Et j’ai réussi àavoir mon brevet, c’est une victoire. En fait,quand je travaille, j’ai de bonnes notes. Enouvrier paysagiste, j’ai vu qu’il y avait l’éla-gage, la maçonnerie, les espaces verts eton est en contact avec les gens, je me suisdit : je touche un métier qui touche tous lesmétiers. »

Ils ne regrettent pas leur choix :

« Je ne regrette rien, j’aime bien l’espritd’équipe, l’esprit de chantier, le client ettout. Je n’aime pas travailler seul. »

Les parents qui freinaient au départ sontfinalement contents de voir leur enfantplus épanoui et sont rassurés par son fortinvestissement dans un métier.

Mère « J’ai été un peu ridicule. Il va s’ensortir beaucoup mieux que les autres. »

Les relations parents / jeune s’améliorent.

L’alternance estparticulièrement valorisée, au plus près de la réalité dumétier.

« Maintenant j’ai un bon patron et un bonsalaire, c’est mieux d’apprendre au CFAque dans un lycée pro. Les profs au CFAce sont les anciens du métier et on est chezun patron donc on voit bien la réalité, ce

n’est pas de la théorie. C’est super aupoint, le CFA. Si j’avais su, j’aurais com-mencé par ça. »

- Du point de vue des parents, l’alternanceest perçue comme permettant aux jeunesde mûrir, les rendant plus adultes, plusautonomes, ce qu’ils apprécient :

« Ce qui lui plaisait, c’est dès la 4ème dedécouvrir un métier avec un patron, d’avoirmoins de cours. Trouver quelque chose deprofessionnel, être dans la vie active etmoins de scolarité. Il est devenu plusmature. Il était tout de suite avec desadultes. Il s’est affirmé. »

Même si la grande difficulté reste de trou-ver une entreprise et d’être bien pris encharge en tant que stagiaire (certains jeunesont manifestement été « exploités »).

A l’inverse, la filière professionnelle peutêtre perçue comme décevante quand il n’ya pas de stage pratique associé à la théorie :

« Le lycée pro, cela ne me plaisait pas tantque ça. Ce n’était pas le métier que je n’ai-mais pas, c’était l’enseignement. »

Le choix de la voietechnologique estparticulièrement valorisé.

Les cours plus concrets et la pédagogieplus créative plaît aux jeunes :

« La relation avec les profs est bonne. Ondoit faire une étude pour le bac et on a faitun projet d’ouverture d’un restaurant. Cesont des choses concrètes. Ça m’intéresse,ce qu’on apprend. »

Les professeurs des voiestechnologiques etprofessionnelles sontparticulièrement appréciés.

« Les profs sont tous des professionnels dubâtiment. Ils sont vraiment bons. Ils teconseillent et tout. »

Ils sont perçus comme étant à la fois :

- plus proches des jeunes,

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- plus pédagogues, même pour lesmatières scolaires,

- dans une relation d’adulte à adulte,

- dans une relation de professionnel à pro-fessionnel qui responsabilise les jeunes.

Ils semblent aussi plus proches desparents pour aider le jeune à s’investir.

Les jeunes rencontrésse projettent dans un avenir heureux,même s’ils sontconscients desdifficultés qu’ils vontrencontrer.

Le terme « serein » revient souventdans leur discours, même de la partdes jeunes au « parcours chaotique »qui, souvent, se sont dirigés ou vont sediriger vers une voie qui leur corres-pond mieux.

Ils ne sont cependant pas naïfs par rap-port aux difficultés à venir, même si ilssont optimistes et pensent qu’ils vont êtrecapables d’y faire face.

Les jeunes en voie professionnelle sontles plus rassurés face à leur avenir. Cesont aussi les plus avancés dans leursétudes :

- Ils pensent qu’ils seront peu confrontésau chômage.

- Ils imaginent pouvoir monter leur pro-pre entreprise.

- Leurs parents sont rassurés par le faitqu’ils « ont trouvé leur voie ».

Les moins sereins sont en définitive lesjeunes au « parcours éclectique ». Leurforte ambition fait qu’ils ne seront pas for-cément sereins avant quelque temps,après avoir intégré une filière prestigieuse.

Les attentes pour uneaide à l’orientationdes jeunes et de leursparents sont cellesd’un véritable « accompagnement »dans la réflexion.

« Il faut plus de l’aide à la réflexion que del’information. L’information, c’est facile.Après, c’est pouvoir s’imaginer dans cemétier. »

Avec un renforcement du rôle des conseil-lers d’orientation allant dans ce sens :

« Avoir de meilleurs conseillers d’orienta-tion. Des conseils, pas de l’info. »

Cela passe par :

- Commencer tôt, dès le début du collège, à aider les jeunes à réfléchir(éducation à l’orientation).

- Faire appel à des méthodes différentesde l’évaluation de la seule dimensionintellectuelle et scolaire pour comprendrela personnalité et les goûts des élèves,leurs compétences extra-scolaires :

« Il faudrait qu’ils oublient les notes et qu’ilsconnaissent mieux l’enfant »

- Dégager du temps hebdomadaire pourmieux préparer l’orientation en 3ème ,2nde et en Terminale (voire en et 1ère).

- Délivrer l’information de manière neu-tre, sans pré-juger de la capacité desélèves à réussir dans telle ou telle filière,et sans hiérarchiser les filières (présen-ter les débouchés des filières, tant entermes de poursuite d’études, et d’accèsau monde du travail ).

- Multiplier les contacts avec le mondeprofessionnel.

Le discours des jeunes dénote certainesdifficultés à se projeter dans un monded’adultes qui, c’est normal, leur paraîtlointain. (Quel adulte arrive à se proje-ter à la retraite ?).

Ils font donc des suggestions pours’approprier plus facilement cemonde du travail, pour « l’apprivoi-ser » :

• des contacts avec des étudiants oudes jeunes professionnels, perçuscomme plus proches d’eux souventque les adultes d’expérience, pourleur parler de leur métier ou forma-tion.

• des moyens permettant de « vivre » ceque vivent ces professionnels : « pas-ser une journée avec ».

Enfin, ils revendiquent un certain« droit à l’erreur » leur permettant dese réorienter en cas de choix (ou denon choix) ne leur correspondant pas :

« Des passerelles entre les filières, c’est çaqui serait important »

- Des passerelles entre voies sans néces-sairement devoir redoubler, pour passerde la filière générale à la filière techno-logique par exemple.

- Des passerelles entre différents CAP ouBEP.

- La possibilité de ne pas abandonner unematière appréciée (langue, philosophie,grec) parce qu’on change de filière.

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Page 12: UNAF Etude Quali n2:Mise en page 12 Etude Qualitative UNAF - numéro 2 L’orientation scolaire, vécue par les jeunes et leurs parents Etude réalisée par Patricia Humann, coordinatrice

Orientation des jeunes :remarques et orientationsde Rémy Guilleux, administrateur de l’UNAF, président du département Education de l’UNAF

Choisir son métier, la formation qui y mène : un choix primordial pour chaque jeune mais un peu angois-sant. Un choix qui se construit progressivement et qui fait appel à quelques fondamentaux :

Tout d’abord : la connaissance de soi. Le jeune doit être conscient de ses goûts, de sa personnalité, de sesaspirations… pour s’orienter et pour cela, il est nécessaire de lui permettre de vivre des situations qui puis-sent le guider, l’aider à se révéler. La place et le rôle de la famille sont déterminants.

Son orientation est souvent déterminée par des rencontres avec des adultes de son entourage, et c’est dansla qualité du dialogue qui s’établit entre ces adultes et lui-même que va s’enraciner son choix.

Enfin, au delà des échanges, donner la possibilité au jeune d’approcher au plus près ce que vivent réellementles professionnels au jour le jour est primordial. Ainsi, il pourra se projeter personnellement dans un futurmétier en s’identifiant à ces adultes rencontrés.

Cette étude renforce par ailleurs les positions et demandes de l’UNAF à la commission de concerta-tion sur la jeunesse organisée par le Haut commissariat à la jeunesse :

- Dans les classes pour lesquelles un choix d’orientation doit être fait par le jeune (3ème, 2nde, terminale) ilfaudrait donc prévoir d’informer, plusieurs fois dans l’année, et directement les parents sur le projet dujeune, sa faisabilité a priori et les autres solutions alternatives en cas d’impossibilité pour le jeune de sui-vre la voie souhaitée.

- La décision du conseil de classe au mois de juin apparaît très tardive pour les jeunes pour lesquels cettedécision va à l’encontre de leur souhait d’orientation. Le référent accompagnant le jeune dans son par-cours d’orientation devrait être en mesure de le rencontrer et ainsi que ses parents dès le début du troi-sième trimestre. Cette situation permettrait de les guider vers une solution alternative acceptable pour luiou vers un service d’aide à l’orientation pour un bilan ou des conseils.

- L’UNAF appuie par ailleurs plusieurs préconisations du livre vert (inscrire les pratiques d’orientation dansl’environnement familiale et extrascolaire des jeunes, mieux préparer les transitions, revaloriser les filièrestechnologiques et professionnelles, garantir les réorientations en cours d’année, créer un livret de compétences support d’une orientation positive). Elle réitère le souhait qu’elle a formulé de mettrel’accent sur le développement de la connaissance de soi, de l’estime de soi pour préparer le choixd’orientation, en permettant aux élèves d’évaluer leurs compétences, aptitudes, motivations sansse limiter aux seuls résultats scolaires.

Union Nationale des Associations Familiales

28 place saint Georges - 75009 ParisTél : 01 49 95 36 00 - Fax : 01 40 16 12 76Site : unaf.fr