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1 Agrégation Concours interne 2016 Commentaire, analyse scientifique, utilisation pédagogique de documents historiques Durée : 5 heures Option Histoire Une culture de guerre : le combat chevaleresque (royaume de France, royaume d’Ecosse, royaume d’Angleterre, marges occidentales de l’Empire vers 1270-vers 1480) Liste des documents Document 1 : Un chevalier errant (1318) Document 2 : Jean le Bon adoubant des chevaliers Document 3 : Gisant, armoiries et cri de guerre de Bertrand Du Guesclin Document 4 : Proclamation officielle des joutes de Saint-Inglevert (1389) Document 5 et 6 : Les joutes de Saint-Inglevert dans un ms des Chroniques de Froissart du XVe s. Document 7 : 25 octobre 1415 : La bataille d’Azincourt Document 8 : Jean le Bon instituant l’ordre de l’Etoile

Une culture de guerre : le combat chevaleresque (royaume de … · êtes venu ici en tant que chevalier errant, ... amiral de la mer et un voleur, qui était grand maître auprès

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Agrégation Concours interne 2016

Commentaire, analyse scientifique, utilisation pédagogique de documents historiques Durée : 5 heures

Option Histoire

Une culture de guerre : le combat chevaleresque (royaume de France, royaume d’Ecosse, royaume d’Angleterre, marges occidentales de

l’Empire vers 1270-vers 1480) Liste des documents Document 1 : Un chevalier errant (1318) Document 2 : Jean le Bon adoubant des chevaliers Document 3 : Gisant, armoiries et cri de guerre de Bertrand Du Guesclin Document 4 : Proclamation officielle des joutes de Saint-Inglevert (1389) Document 5 et 6 : Les joutes de Saint-Inglevert dans un ms des Chroniques de Froissart du XVe s. Document 7 : 25 octobre 1415 : La bataille d’Azincourt Document 8 : Jean le Bon instituant l’ordre de l’Etoile

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Document 1. Un chevalier errant (1318)

Il est exact que, après la prise de la ville de Berwick sur les Anglais, les Ecossais avaient si bien pris le dessus et étaient si présomptueux qu'ils ne faisaient guère attention aux Anglais, lesquels ne s'occupaient presque plus de la guerre, mais la laissait péricliter. En ces jours, lors d'une grande fête de seigneurs et de dames dans le comté de Lincoln, un beau page apporta à Sir William Marmion1, chevalier, un heaume de guerre avec une crête dorée, et en même temps une lettre de sa dame, dans laquelle elle lui commandait de se rendre au lieu le plus périlleux en Grande Bretagne, et là de faire connaître le susdit heaume. Il fut sur le moment décidé par les chevaliers qu'il devait aller à Nordham, comme étant le lieu le plus périlleux et la place la plus exposée dans le pays. Donc le dit sire William se rendit à Nordham ; là, le quatrième jour après son arrivée, monseigneur Alexandre de Mowbray2, frère du seigneur Philippe de Mowbray, qui était alors gardien de Berwick, vint devant le château de Nordham avec la plus vaillante chevalerie des Marches d'Ecosse, et rassembla plus de huit vingtaines d'hommes d'armes devant le château à midi. La clameur de haro fut poussée dans le château alors que tous étaient assis à table ; sur quoi le châtelain, Sir Thomas de Gray3, s'avança avec sa garnison en dehors des barrières, et il vit l'ennemi rassemblé pour se battre durement. Alors il regarda à la ronde et vit le dit Sir William Marmion venant à pied, tout resplendissant d’or et d'argent, merveilleusement harnaché, et portant le dit heaume en tête. Sir Thomas Gray avait entendu parler de la raison de sa venue, aussi lui cria-t-il à haute voix : « Sire Chevalier, vous êtes venu ici en tant que chevalier errant, pour faire connaître ce heaume qui est à vous ; aussi serait-il préférable et mieux approprié que votre qualité soit vue à cheval plutôt qu'à pied ; montez donc votre cheval ; regardez donc de là vos ennemis ; éperonnez votre coursier, et foncez au milieu d'eux ; car je renie ici Dieu si je ne récupère pas votre corps, vivant ou mort, sauf si je meurs moi-même. » Alors ce chevalier monta un puissant cheval de bataille, planta ses éperons dans ses flancs, et fondit au milieu de ses ennemis, qui le frappèrent, le blessèrent à la face, et le firent tomber de sa selle par terre. Alors vint le dit Sir Thomas avec toute sa garnison, lances en arrêt, et ils frappèrent les chevaux aux entrailles pour qu'ils renversent leurs cavaliers. Ainsi ils repoussèrent leurs ennemis montés, relevèrent le chevalier à terre, le remirent en selle sur son cheval, et se mirent à la poursuite de leurs ennemis ; à cette première rencontre, sept furent tués et 50 chevaux de prix capturés. Les femmes du château amenèrent les chevaux à leurs hommes, qui les montèrent, et poursuivirent et frappèrent tous ceux qu'ils purent attraper. Thomas de Gray tua dans le forth de Yair un certain Cryn, un Flamand, un amiral de la mer et un voleur, qui était grand maître auprès de Robert de Bruce. Le reste de ceux qui purent s'échapper fut pourchassé jusqu'au couvent de Berwick.

Sir Thomas Gray de Heton, Scalacronica, éd. Stevenson, p.145.

                                                                                                               1 Combattant anglais

2 Combattant écossais

3 Chef de la garnison anglaise du château de Berwick  

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Document 2. Jean le Bon adoubant des chevaliers

Enluminure d’un manuscrit des Grandes chroniques de France, XIV-XVe siècles, BNF, Français 73, folio 386 Document 3. Gisant, armoiries et cri de guerre

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Gisant de Bertrand du Guesclin conservé à la basilique Saint Denis dont le cri de guerre était

« Nostre Dame ! Claiekin ! ». Un écusson arbore les armoiries de la famille du Guesclin, « à l’aigle impérial de sable ». Sceau armorié de B. du Guesclin.

Document 4. Proclamation officielle des joutes de Saint-Inglevert (1389)

Pour le grand désir que nous avons de voir et d'avoir la connoissance des nobles gentils hommes, chevaliers et écuyers étrangers du royaume de France et des autres royaumes lointains, nous serons à Saint-Ingeleverth le vingtième jour du mois de mai prochainement venant, et y seront trente jours accomplis tous continuels ; et tous les trente jours, hormis les vendredis, délivreront toutes manières de chevaliers et d'écuyers, gentils hommes étrangers, de quelques marches qu'ils soient, qui venir y voudront, chacun de cinq pointes de glaive ou de cinq de rochet, lequel que mieux leur plaira ; de tous les deux si ce leur agréé. Et au dehors de notre logement seront trouvés nos targes et nos écus armoriés de nos armes, c'est à entendre de nos targes de guerre et de nos écus de paix. Et quiconque voudra jouter, vienne ou envoie le jour devant heurter ou toucher d'une vergette auquel que mieux lui plaira à choisir, et s'il heurte ou fait heurter à la targe de guerre, à lendemain, de quel homme qu'il voudra il aura la joute de guerre ; et si il heurte ou fait heurter à la targe de paix, il aura la joute de paix ; et conviendra que tous ceux qui voudront ou envoyeront jouter ou heurter disent ou fassent dire leurs noms à ceux qui commis y seront de par nous à garder les targes de guerre et les écus de paix ; et seront tenus tous chevaliers et écuyers étrangers qui jouter voudront d'amener un noble homme de leur part, et nous aurons endoctrinés de par nous, lesquels ordonneront de toutes les choses qui pour cette cause pourroient être faites ou avenir à faire ; et prions à tous les nobles chevaliers et écuyers étrangers qui venir et voudront, que point ne veulent penser ni imaginer que nous fassions cette chose par orgueil, haine ou malveillence, mais pour les voir et avoir leur honorable compagnie et accointance, laquelle de tout coeur entièrement nous désirons. Et n'aura nulles de nos targes couvertes de fer ni d'acier, ni celles qui voudront à nous jouter, ni nous à eux ; ni nul autre avantage, fraude, barat ni mal engin, fors que par l'égard de ceux qui y seront commis des deux parties à garder les joutes. Et pour ce que tous gentils hommes nobles chevaliers et écuyers, auxquels cette chose viendra à connoissance, le tiennent pour ferme et estable, nous avons scellé ces lettres du sceaux de nos armes. Ecrites, faites et données à Montpellier le vingtième jour du mois de novembre, en l'an de grâce de Notre Seigneur, mil trois cent quatre-vingt et neuf. Signé : Regnaut de Roye, Boucicaut, Sempy.

FROISSART, Chroniques, Livre IV, p. 22-3 Document 5 et 6 : . Les joutes de Saint-Inglevert dans un ms des Chroniques de Froissart du XVe s (Chroniques de Froissart, Brish Library, dans Barber (Richard), Barker (Juliet), Les tournois, Paris, 1989, p. 121)

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Document 7 : 25 octobre 1415 : La bataille d’Azincourt d’après une miniature de la chronique de Saint-Alban, 1450, version anglaise – Photographie : J. Freeman

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Document 8 : Jean le Bon instituant l’ordre de l’Etoile

Enluminure d’un manuscrit des Grandes chroniques de France, XIVe siècle, BNF, Français 2813,

fol. 394.