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Notes de lecture 699 Klein F. (1937) Une folie psycbiatrique. Un cas paradigmatique de rationali- sation morbide. Presentation de D.F. Allen. Le Plessis-Robinson : Institut Synthelabo pour le progrb de la connaissance, ~011. (< Les Empecheurs de penser en rond >); 1998.270 p. On avance dans le texte de E Klein avec des sentiments mClCs : de quoi nous parle-t-i1 ? De qui nous parle-t-i1 ? D’oh nous parle-t-i1 ? NC en Hongrie en 1910, il a voulu Ctre medecin, et serait mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre ces miserables bornes biographiques se faufile un desir de faire ceuvre qui n’aboutira pas dans sa forme canonique (la these de medecine) et qui nous revient quelques decennies plus tard, dans un temps ou le vivant de la psychiatric ne parvient plus a se dire que dans son histoire. F. Klein a des formules incisives : (<Ce qu’est le langage : parle, mimique, Ccrit. Subjectivement : c’est de la douleur. >> 11 (dC)raisonne et veut demontrer experimentalement des <<v&it& geo- metriques >>. 11 en appelle a Hippocrate : << 11 faut parler au malade. >> E Klein, intern6 a six reprises, donne le fin mot de sa bizarre construction (<< le regard et la voix mentaux-corticaux b>) avec l’evocation du seul psychiatre, le sixieme, qui ne l’a trait6 q(ni comme un criminel ni comme un bouffon >>, mais qui lui a par16 en le regardant dans les yeux. Celui-la a su trouver les mots pour le convaincre de deplacer ses propos delirants en Ccrits, et peu importe qu’ils aient CtC refuses par les Cditeurs. La preface propose une interpretation du delire de F. Klein, Ctu- die sous l’angle nosologique du rationalisme morbide, dont il rappelle l’architec- ture theorique et qu’il oppose a la schizophrenic, d&rite comme un << desastre presque saris precedent >>. . . De quoi rouvrir un debat salutaire sur la question diagnostique, depuis bien longtemps Cteinte. C.N. Leuret E (1846) Indications h suivre dans le traitement moral de la folie. Preface de I? Morel. Paris : L’Harmattan, ~011. << Trouvailles et retrouvailles b) ; 1998.114 p. La &tie t< Trouvailles et retrouvailles *, qu’anime J. Chazaud, contient bien des auteurs de renom : Henri Ey, Jules Cotard, Charles Lasbgue pour n’en nommer que trois. Leuret (1797-1851) est trb certainement un (< mal aim6 >) de la psychiatric. Theoricien dune sorte de technique de revulsion, il serait saris doute a sa place dans le type d’experiences d&rites par A. Burgess dans Orange m&unique. Mais il existe aussi un autre visage de Leuret, protecteur des malades souvent condamnes a la prison, ou encore semiologue capable en 1834 de clairement &parer les arrangeurs (d&e structure) des incoherents. La notion de dissociation lui est Cgalement

Une folie psychiatrique. Un cas paradigmatique de rationalisation morbide: Klein F. (1937). Présentation de D.F. Allen. Le Plessis-Robinson: Institut Synthélabo pour le progrès

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Notes de lecture 699

Klein F. (1937) Une folie psycbiatrique. Un cas paradigmatique de rationali- sation morbide. Presentation de D.F. Allen. Le Plessis-Robinson : Institut Synthelabo pour le progrb de la connaissance, ~011. (< Les Empecheurs de penser en rond >) ; 1998.270 p.

On avance dans le texte de E Klein avec des sentiments mClCs : de quoi nous parle-t-i1 ? De qui nous parle-t-i1 ? D’oh nous parle-t-i1 ? NC en Hongrie en 1910, il a voulu Ctre medecin, et serait mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre ces miserables bornes biographiques se faufile un desir de faire ceuvre qui n’aboutira pas dans sa forme canonique (la these de medecine) et qui nous revient quelques decennies plus tard, dans un temps ou le vivant de la psychiatric ne parvient plus a se dire que dans son histoire. F. Klein a des formules incisives : (< Ce qu’est le langage : parle, mimique, Ccrit. Subjectivement : c’est de la douleur. >> 11 (dC)raisonne et veut demontrer experimentalement des <<v&it& geo- metriques >>. 11 en appelle a Hippocrate : << 11 faut parler au malade. >> E Klein, intern6 a six reprises, donne le fin mot de sa bizarre construction (<< le regard et la voix mentaux-corticaux b>) avec l’evocation du seul psychiatre, le sixieme, qui ne l’a trait6 q( ni comme un criminel ni comme un bouffon >>, mais qui lui a par16 en le regardant dans les yeux. Celui-la a su trouver les mots pour le convaincre de deplacer ses propos delirants en Ccrits, et peu importe qu’ils aient CtC refuses par les Cditeurs. La preface propose une interpretation du delire de F. Klein, Ctu- die sous l’angle nosologique du rationalisme morbide, dont il rappelle l’architec- ture theorique et qu’il oppose a la schizophrenic, d&rite comme un << desastre presque saris precedent >>. . . De quoi rouvrir un debat salutaire sur la question diagnostique, depuis bien longtemps Cteinte.

C.N.

Leuret E (1846) Indications h suivre dans le traitement moral de la folie. Preface de I? Morel. Paris : L’Harmattan, ~011. << Trouvailles et retrouvailles b) ; 1998.114 p.

La &tie t< Trouvailles et retrouvailles *, qu’anime J. Chazaud, contient bien des auteurs de renom : Henri Ey, Jules Cotard, Charles Lasbgue pour n’en nommer que trois. Leuret (1797-1851) est trb certainement un (< mal aim6 >) de la psychiatric. Theoricien dune sorte de technique de revulsion, il serait saris doute a sa place dans le type d’experiences d&rites par A. Burgess dans Orange m&unique. Mais il existe aussi un autre visage de Leuret, protecteur des malades souvent condamnes a la prison, ou encore semiologue capable en 1834 de clairement &parer les arrangeurs (d&e structure) des incoherents. La notion de dissociation lui est Cgalement