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© La Fédération des sociétés d'histoire du Québec, 2001 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
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Document généré le 1 juil. 2020 00:19
Histoire Québec
Une Église soumise et servileGilles Boileau
Entre la mémoire et l’oubliVolume 6, numéro 3, mars 2001
URI : https://id.erudit.org/iderudit/11346ac
Aller au sommaire du numéro
Éditeur(s)La Fédération des sociétés d'histoire du Québec
ISSN1201-4710 (imprimé)1923-2101 (numérique)
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Citer cet articleBoileau, G. (2001). Une Église soumise et servile. Histoire Québec, 6 (3), 15–18.
DES ÉVÊQUES ET DES CURÉS FORT RESPECTUEUX DE L'AUTORITÉ... BRITANNIQUE
Une Église soumise et servile
Textes colligés et présentés par GILLES BOILEAU
L'historien Marcel Trudel dont on ne peut mettre en doute l'intégrité, l'honnêteté et surtout la compétence, a déjà parlé du comportement de l'Église canadienne sous le régime militaire, suite à la conquête de 1760. Par ailleurs, nous savons bien comment les patriotes de 1837-1838 lurent les victimes de l'intransigeance, de l'incompréhension et surtout de la mauvaise foi des évêques de l'époque et de la majorité des curés de paroisses. En dépit d'une réhabilitation hautement proclamée des patriotes de 1837 par l'Assemblée des évêques du Québec en 1987, ces mêmes patriotes sont encore et toujours l'objet de l'ostracisme primaire et abusif de plusieurs membres du clergé comme on peut le voir par les deux derniers documents présentés dans ces pages. Deux pièces à conviction bien courtes mais combien éloquentes à l'époque de la grande repentance! Les extraits de documents que nous vous présentons dans ces pages sont tirés d'archives accessibles à tous. Puissent ces quelques paragraphes inciter à une relecture de certaines tranches de notre histoire et provoquer une salutaire et utile réflexion.
l'euphorie britannisante de l'évêque de Québec On trouvera dans le premier document des extraits d'un «discours» prononcé le 10 janvier 1799 par Messire J.O. Plessis, alors curé de Québec et futur évêque, à l'occasion de la victoire remportée par les forces navales de sa majesté britannique dans la Méditerranée (au mois d'août 1798) sur la flotte française. Ce discours est précédé de quelques passages tirés du mandement émis par l'évêque en titre du diocèse de Québec à cette époque, l'illustrissime et
Mgr Pierre Denaut, dixième évêque de 1806).
révérendissime Mgr Denault. Ce discours et ce mandement furent vendus sous forme de brochure «au profit des pauvres de la paroisse». Quelle noble geste et quelle grandeur d'âme de la part de ces deux généreux ecclésiastiques!
Le mandement de Mgr Denault «Vous l'avez apprise, NOS TRÈS CHERS FRÈRES, cette nouvelle intéressante, dont la certitude indubitable a répandu la joie dans tous les cœurs. LE DIEU TOUT PUISSANT, qui tient dans sa main les destinées
des Rois et des Empires, vient de donner encore des marques non-équivoques de cette protection soutenue qu'il daigne accorder aux Armes de notre Gracieux Souverain.
«Le Dieu des Armées, le Dieu des victoires, s'est déclaré pour la justice de notre cause. Il a exaucé les vœux de son Peuple qui le priait d'humilier cette Nation superbe [la FRANCE] qui ne veut que la guerre. C'est surtout dans l'enceinte de nos temples, NOS TRÈS CHERS FRÈRES, que
doivent retentir les louanges du Dieu des Armées, à qui nous en sommes redevables. C'est là que nos cœurs doivent exprimer leurs sentiments de reconnaissance envers le Souverain Maître de l'Univers, le remercier de l'attention particulière avec laquelle il veille à la conservation et à la gloire de ce Royaume, et le conjurer de continuer à répandre ses Bénédictions abondantes sur le plus juste des Rois, dont toutes les démarches ont pour but le bonheur de son peuple.
«À ces causes, nous avons Ordonné et Ordonnons par les présentes:
1. Que le Jeudi, dixième jour de Janvier prochain, sera consacré d'une ma-
Québec (1743- m è r e p a r t t c u nè r e a remercier Dieu de la victoire
remportée sur la flotte française de la Méditerranée les 1er et 2 du mois d'Août dernier par les forces navales de Sa Majesté sous les ordres du Contre-Amiral Horatio Nelson, Chevalier du Bain.
2. Qu'il sera célébré le dit jour dans toutes les Églises de ce Diocèse une Messe Solennelle en action de grâces, à l'issue de laquelle on chantera le Te Deum avec le Domine salvum fac Regem et l'oraison pour le Roi.
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3. Les autels seront parés ce jour-là comme aux plus grandes Solennités, et le jour précédent, la Fête sera annoncée par le son des cloches.
4. Messieurs les Curés ne manqueront pas de prendre occasion de cette Fête pour faire sentir vivement à leurs paroissiens les obligations qu'ils ont au Ciel de les avoir mis sous l'empire et la protection de Sa Majesté Britannique, et les exhorter tout de nouveau à s'y maintenir avec fidélité et reconnaissance».
Le discours-sermon du curé Plessis «Rien n'arrive ici bas sans Tordre ou la permission de Dieu: il est glorieux pour le contre-amiral HORATIO NELSON, d'avoir été l'instrument dont le Très-Haut s'est servi pour humilier une puissance injuste et superbe [la FRANCE].
«Quiconque voudra considérer dans son vrai point de vue la victoire remportée dans les premiers jours du mois d'août dernier par les forces navales de Sa Majesté Britannique, doit avouer: que cette victoire humilie et confond la France; qu'elle relève la gloire de la Grande-Bretagne et couronne sa générosité; qu'elle assure le bonheur particulier de cette Province. Redisons avec action de grâces: c'est votre main, Seigneur, qui a frappé notre ennemi.
« Ne vous paraît-il pas dur, mes frères, d'être obligés d'appeler un ennemi un peuple auquel cette Colonie doit son origine; un peuple qui nous a été si longtemps uni par les liens étroits du sang, de l'amitié, du commerce, du langage, de la religion, qui nous a donné des pères, des protecteurs, des gouverneurs, des pasteurs... Telle était, en effet, la France quand nous l'avons connue... Messieurs, ne cherchons pas ailleurs que dans les conspirations de l'impiété la cause prochaine et immédiate de la révolution française. Voilà le maudit instrument...
«L'intrépide Amiral Nelson, avec une escadre inférieure en hommes et en vaisseaux, assez hardi pour attaquer la
flotte française de la Méditerranée, vient de remporter sur elle une des victoires navales les plus complètes dont l'histoire fournisse des exemples. Neuf vaisseaux de
Mgr Joseph-Octave Plessis, onzième évêque de Québec (1763-1825)
guerre pris, un coulé a fond, trois réduits en cendres, le reste dispersé, nombre de transports poussés à la côte et perdus: voilà l'événement mémorable que nous célébrons dans cette solennité. Ne méritait-il pas bien qu'un jour fût consacré tout exprès pour remercier le Dieu des batailles?
«Où est le bon patriote, où est le loyal sujet, je dis plus, où est le vrai chrétien dont le cœur n'ait été réjoui à cette heureuse nouvelle? Quel est, Messieurs,le gouvernement le mieux calculé pour notre bonheur, sinon celui qui a la modération en partage, qui respecte la religion du pays, qui est plein de ménagements pour les sujets, qui donne au peuple une part raisonnable dans l'administration provinciale? Or tel s'est toujours montré en Canada le gouvernement britannique.
«Quel retour, Messieurs, exigent de nous tant de bienfaits? Un vif sentiment de gratitude envers la Grande-Bretagne, un ardent désir de n'en être jamais séparés.
«Ne craignons pas que Dieu nous abandonne si nous lui sommes fidèles. Ce qu 'il vient défaire pour nous ne doit inspirer que des idées consolantes pour l'ave
nir. Il a terrassé nos ennemis perfides. Réjouissons-nous de ce glorieux événement. Tout ce qui affaiblit la France tend à l'éloigner de nous. Tout ce qui l'en éloigne, assure nos vies, notre liberté, notre repos, nos propriétés, notre culte, notre bonheur. Rendons-en au Dieu des victoires d'immortelles actions de grâces. Prions-le de conserver longtemps le bienfaisant, l'auguste Souverain qui nous gouverne et de continuer de répandre sur le Canada ses plus abondantes bénédictions. TE DEUMLAUDAMUS...».
L'inquisition : preuve de la sagesse de l'Église L'abbé Joseph-Apollinaire Gingras était curé de Saint-Edouard de Lotbinière quand il a prononcé (en 1880) devant le Cercle catholique de Québec, et sous le patronage de l'Institut canadien de
Québec, une conférence intitulée «Le Bas-Canada entre le Moyen Âge et l'âge moderne». Ultramontain à outrance, le conférencier glorifie, entre autres, l'Inquisition et le Syllabus de Pie IX, véritable catalogue des «erreurs et divagations» de l'époque. Là aussi, la publication de ce texte a été faite au bénéfice de la Saint-Vincent-de-Paul! Voici quelques extraits de cette conférence.
«Depuis 1789, on a fait éclater, entre l'Église et l'État, un divorce contre nature, plus funeste encore à l'État qu'à l'Église qui ne peut périr. Les gouvernements se sont lassés du joug de l'Église et les peuples, conséquence facile à prévoir, se sont lassés du joug des gouvernements. Les gouvernements ont cessé de protéger l'Église: voilà, messieurs, la grande cause qui a jeté les nations à côté de leur chemin]
«Soumis à l'Église dans les matières religieuses et dans les matières mix-
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tes, l'État doit être le bras droit de l'Église. Il doit lui être uni et l'aider. S'il refuse de l'aider, il est traître; s'il s'en sépare, il languit lui-même, meurt, et tombe en pourriture. L'encyclique Quanta Cura de 1864 dit ceci: "La puissance royale n'a pas été donnée uniquement pour le gouvernement du monde, mais surtout pour le soutien de l'Église "».
«Voyez l'Angleterre, par exemple, l'Angleterre, nous le disons avec plaisir sous les voûtes de cette Salle Victoria qui nous rappelle le nom respecté de notre Très Gracieuse Souveraine, l'Angleterre, dont nous sommes fiers d'être les sujets sans cesser d'être les fils de la France, eh bien! pourquoi l'Angleterre trace-t-elle, à travers les autres peuples du globe, un si glorieux sillon?À quoi le doit-elle avant tout? Ah! messieurs, c'est que l'Angleterre a été catholique autrefois!
«Tout l'édifice moderne repose sur les principes de 89, la déclaration des droits de l'homme. De ces principes de 89, sont sorties les libertés modernes: la liberté de la presse, la liberté de la tribune, la liberté d'association, la liberté d'opinion, la liberté de conscience, la liberté des cultes, et autres erreurs comme le principe de non-intervention, le suffrage universel, l'égalité civile, la souveraineté absolue du peuple, la séparation de l'Église et de l'État...
«Nous dirons que chacune de ces erreurs est comme un baril de poudre toujours prêt à faire sauter l'édifice. Prenons, par exemple, l'un des plus grands crimes que Ton reproche au moyen-âge; le fameux tribunal de l'Inquisition.
«Ce tribunal, c'était une institution avant tout religieuse, c'est-à-dire établie pour sauvegarder, chez les peuples catholiques, le trésor assurément sans égal de la vraie foi. L'Inquisition a été, nous n'avons pas peur de l'affirmer, la plus belle institution politique qui ait jamais existé! Ça été une institution admirable deforce et de sagesse nationale...
« Tout ce que nous savons, c'est que les Souverains Pontifes, saint Pie V entre autres, ont approuvé, encouragé l'Inquisition, et qu'ils l'ont entourée de toutes les précautions possibles pour prévenir les abus.
«Maintenant, que le Moyen-Âge, dans son louable désir de protéger contre les mécréants la religion, la société, surtout les honnêtes citoyens, se soit exposé à brûler, sans le vouloir, quelques malheureux sorciers plus ou moins inoffensifs, l'âge moderne a réellement bonne grâce de lui jeter lapierre...
«En un mot, de nos jours, des esprits très étroits crieront contre les cruautés du Moyen-Âge, personnifié à leurs sens dans le tribunal de l'Inquisition. Eh bien! si ces messieurs n 'ont pas le coup d'oeil assez large pour voir les avantages qui balançaient surabondamment des inconvénients accidentels...
«...Si ce pays [l'Espagne] avait laissé pulluler les hérésies à l'intérieur de ses frontières, à part les chances du Paradis compromises, qui sonderait les lacs de sang formés par des guerres de religion inévitables? Que Ton compare ces quelques gouttes de sang des 40 victimes de l'Inquisition en 50 ans, avec le sang versé annuellement sur le sol français par le seul affaiblissement de la foi...
«...Qu'il y ait à la fois parmi nous, unité générale d'aspirations vers la gloire et le bonheur et de la Patrie et de l'Église. Nous disons, et nos compatriotes anglais ne peuvent pas nous en faire un reproche, nous disons ceci: au prix de notre sang, s'il le faut, gardons notre autonomie provinciale! Aux jours de l'épreuve, en 1760, la Providence nous a laissé au moins ce coin de l'Amérique, le Bas-Canada: restons y "chez nous", conservons ce patrimoine sacré avec toute l'énergie de notre patriotisme».
la haine du curé Poirier Le troisième document concerne l'épopée des patriotes. Il s'agit du sermon prononcé dans l'église de Sainte-Anne-des-Plaines par le curé Isidore Poirier le dimanche 11 novembre 1838, au moment où plusieurs paroisses de la rive sud du Saint-Laurent -dans le diocèse de Montréal- étaient encore en pleine effervescence insurrectionnelle. Ce texte, dont on peut lire ici quelques extraits, a été publié par le L'Ami du Peuple, de l'Ordre et des Lois, journal di
rigé par le surintendant de police de Montréal, le tristement célèbre Pierre-Edouard Leclère, et soutenu financièrement et intellectuellement par les ecclésiastiques du Séminaire de Montréal et leur supérieur M. Quiblier, p.s.s. On notera combien des hommes, tout curés qu'ils soient, avaient la bravoure facile une fois le danger passé.
«Vous ne sauriez ignorer, mes frères, quels sont les devoirs que vous devez rendre à César, c'est-à-dire au roi, ou à la puissance souveraine; depuis un an surtout, on vous les a expliqués amplement... Cependant comme ilya encore parmi vous des têtes dures, qui font semblant de ne rien comprendre, pour se livrer sans remords à la fureur de leurs passions, je profite de ces dernières paroles de notre évangile, pour vous remettre de nouveau sous les yeux la vérité sous tout son jour.
«C'est Jésus-Christ lui-même, qui vous assure que toute puissance vient de Dieu, et que celui qui résiste à la puissance qu'il a établie résiste à Dieu même et se damne. La puissance ne vient donc pas du peuple, comme vos prétendus grands hommes ont malheureusement réussi à vous le faire croire, mais elle vient de Dieu seul qui la communique à qui il lui plaît; toute autre puissance ne saurait venir que de l'enfer; seriez-vous donc assez aveugles pour vouloir prendre le parti des puissances infernales? C'est ce que vous feriez certainement si vous aviez le malheur de manquer au respect et à l'obéissance que vous devez au gouvernement sous lequel nous avons le bonheur de vivre.
«Rappelez-vous encore ce que notre évêque nous a écrit Tannée dernière. Je vais vous en répéter quelques mots... Tous ceux qui meurent les armes à la main contre leur souverain sont réprouvés de Dieu et condamnés à l'enfer. L'Église a tant d'horreur d'une insurrection qu'elle refuse d'enterrer dans les cimetières ceux qui s'en rendent coupables; qu'on ne peut être absous, ni recevoir aucun autre sacrement, sans faire un énorme sacrilège...
«Vous allez me faire une objection: nous voudrions bien la paix, dites-vous, mais ce n 'est pas aisé dans le temps où nous sommes; on nous commande, on nous force de marcher, et si on refuse on nous menace
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de nous fusiller; que pouvons-nous faire? À cette objection, qui ne doit être de nulle valeur chez les chrétiens, voici comment je réponds: si vous êtes dans un danger eminent (sic) de perdre la vie et que vous ayez le temps de vous sauver, prenez aussitôt la fuite et mettez-vous à l'abri de la violence des rebelles; que si vous êtes pris au dépourvu, sans pouvoir échapper, souvenez-vous que vous êtes des enfants des martyrs, et qu'en cette qualité la crainte de la mort ne doit pas vous porter à trahir votre gouvernement. Si donc vous vous trouvez dans la circonstance que je viens de dire, ne craignez rien, marchez en héros, la mort est un gain à qui sait l'accepter; U vaut mieux mourir innocent que de vivre coupable, et perdre la vie pour la cause de Dieu, ce n 'est pas la perdre, mais la changer en une autre meilleure.
«Pour moi, mes frères... je me sens aujourd'hui doublement fortifié et disposé à affronter plus hardiment que jamais les périls de la prison et de la mort... Sans doute, si je prévoyais un danger de mort évident, je prendrais la fuite pour ne pas m'exposer volontairement, mais si j'étais surpris dans ma maison, ou ailleurs, et qu'il se trouvait parmi vous des gens assez gâtés pour me menacer de la mort en disant: Écoutez, vous voyez bien que vous nous faites du tort en vous déclarant si hautement contre nous en toute occasion, il faut que vous changiez et que vous soyez de notre parti, autrement nous allons vous ôter la vie; je vous répondrais sans crainte: fusille, tue, massacre; ta fureur m'ouvre le ciel et te plonge dans l'abîme, mais ne crois pas jamais intimider un serviteur de Dieu.
«Il faut bannir pour jamais du milieu de vos familles ce détestable mot de patriote, pour lequel vous marquez un si honteux attachement. Je ne crains pas de le dire: si vous aimez encore le titre de patriote, vous aimez votre destruction et celle de vos enfants.
«C'est vous, au contraire, patriotes insensés, qui voulez, malgré le gouvernement, détruire notre sainte religion sous le prétexte mensonger de la rétablir. Quoi! Vous dites que vous êtes attachés à votre patrie, que vous travaillez pour le soutien de la religion et par le plus fanatique et le
jËÈm
Le monument aux Pat r io tes , au cimetière de Notre-Dame-des-Neiges, à Montréa l .
plus aveugle de tous les entêtements, vous détruisez la patrie et la religion. Vous forcez le gouvernement de brûler les églises, les villages et les campagnes; vous vous vantez d'être des patriotes religieux et vous ne parlez que de tuer, fusiller, massacrer les prêtres, les évêques, et tout ce qu'il y a dans le pays de citoyens respectables. Quel affreux patriotisme! Quelle affreuse religion! L'enfer a-t-il jamais inventé rien de plus horrible, de plus exécrable?
«Pauvres brebis égarées... entrez dans la voie de la soumission et de la su
bordination aux autorités légitimes; rendez à César ce qui appartient à César; soyez obéissants, respectueux, soumis et reconnaissants envers les puissances que Dieu a établies pour vous gouverner... »
la mémoire qui fait peur Au début de 1992, des parents et descendants des patriotes de 1837 adressaient une respectueuse requête au cardinal-archevêque de Montréal. Voici quelle fut le réponse du cardinal Turcotte en date du 19 mai 1992: .«.. Malgré tout le respect que nous pouvons avoir pour les Patriotes qui se sont illustrés en 1837-1838, il ne m'apparaît pas opportun d'en souligner la mémoire à l'intérieur des fêtes destinées à commémorer la fondation de Montréal. Je pense qu 'il en résulterait plus de confusion que de bénéfice». C'est ainsi que les autorités religieuses -qui ont pourtant réhabilité les patriotes en 1987-refusaient de célébrer une messe souvenir en hommage aux Patriotes. Plus récemment encore, des citoyens de Saint-Eustache demandaient à l'autorité religieuse paroissiale l'autorisation de placer dans l'égbse historique l'urne précieuse qui avait contenu, de 1891 à 1987, les restes mortels de Jean-OUvier Chénier, le chef patriote mort sous le feu des jonglais lors de la grande répression du 14 décembre 1837. En guise de réponse, MM. et Mmes les marguilhers de la Fabrique, réunis en assemblée le 22 mars 2000, passèrent plutôt la résolution suivante: «Attendu que le dépôt de l'urne de Chénier dans la sacristie suscite une controverse dans la communauté paroissiale, il est proposé par M. Gilles Vaillancourt et appuyé parMmeJocelineMattioli, et unanimement résolu, de ne pas accepter que l'urne de Chénier soit gardée et exposée dans la sacristie de l'église ni ailleurs». Par contre, dans la crypte de l'église et sous la chapelle du cimetière paroissial, nombreux sont les membres de la famille Globensky, celle dont l'un des fils les plus illustres, Maximilien, avait pris la tête d'un groupe de volontaires afin d'aider les militaires de la reine Victoria, sous les ordres de John Colborne, à exterminer les Patriotes et à saccager le village et la campagne. Je me souviens! •
HISTOIRE QUEBEC MARS 2001 PAfiE IS