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Une main-d’œuvre bon marché La chasse aux jobs d’été a commencé. Le gouvernement encourage le travail étudiant, au détriment des travailleurs ordinaires les moins qualifiés, ceux dont les tâches peuvent être facilement confiées à des jobistes. > P 11 © Jean-Luc Flémal/Belpress.com JOURNAL D'INFORMATIONS SYNDICALES WWW.LACSC.BE 7 avril 2017 n° 7 • 75 e année Bimensuel Rédaction: chaussée de Haecht 579 B-1030 Bruxelles Bureau de dépôt: Charleroi P911984 ISSN 0772/2427

Une main-d’œuvre bon marché - CSC NATIONALE · cours de réintégration sous peine de sanctions financières. «C’est ... en imposant des sanctions aux malades perturbe profondément

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Une main-d’œuvre bon marchéLa chasse aux jobs d’été a commencé.

Le gouvernement encourage le travail étudiant,

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JOURNAL D'INFORMATIONS SYNDICALESWWW.LACSC.BE

7 avril 2017n° 7 • 75e année

BimensuelRédaction:chaussée de Haecht 579B-1030 BruxellesBureau de dépôt: CharleroiP911984ISSN 0772/2427

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Les écochèques seront-ils remplacés par un montant en cash? Au Conseil national du travail, les interlocuteurs sociaux se sont prononcés contre l’idée. Le Conseil d’État s’y oppose aussi. Un précédent qui pourrait concerner les voitures de société.

Le dossier des écochèques se trouve sur la table du Conseil national du travail (CNT) depuis un certain temps. Les représentants des travailleurs et des employeurs devaient en effet s’accorder sur la liste des produits qu’ils permettent d’acheter, et sur leur remplacement par des chèques électroniques. Mais le gouvernement fédéral est venu mettre la concertation à mal. Quatre partis de la majorité ont voulu remplacer les écochèques par un montant en cash, à utiliser pour n’importe quel achat. De prime abord, certains pourraient trouver l’idée attractive; mais si on examine ses répercussions, on voit que le mécanisme est néfaste au financement de la sécurité sociale, et donc contraire à l’intérêt des travailleurs.

Contre l’intérêt des travailleursC’est le constat posé par le conseil général de la CSC réuni à Bruxelles le 28 mars dernier. «D’abord, c’est la fin de la durabilité du système. Ensuite, ce système ferait apparaître une ligne de plus “en net” sur les fiches de salaire. La tendance est très actuelle: d’une part, les plans dits “cafétéria” progressent dans les entreprises; d’autre part, les pouvoirs publics, le fisc et la sécurité sociale se montrent trop laxistes vis-à-vis de ces plans, alors qu’ils facilitent la fraude fiscale et la fraude aux cotisations» a expliqué

L’essentiel

Marc Leemans, président de la CSC. Or, le salaire brut donne lieu à des cotisations sociales qui alimentent la sécurité sociale et permettent aux travailleurs de se constituer des droits individuels et collectifs, ce qui n’est pas le cas du salaire net. Le CNT a donc remis au gouvernement un avis négatif unanime.

Cet accord n’a pas été facile à négocier. L’Unizo (organisation flamande des classes moyennes) a longtemps défendu le versement de montants en cash. Elle a plié quand le Conseil d’État a rendu un avis négatif sur la transformation des écochèques en cash car il jugeait discriminatoire que, sur un même avantage en cash, certains doivent payer des impôts et d’autres pas.

Le budget «mobilité»Cet avis peut avoir une influence sur le budget «mobilité», un des dossiers de l’accord interprofessionnel qui devait être finalisé au CNT pour la fin mars. En octobre 2016, le gouvernement a décidé qu’une voiture de société doit pouvoir être échangée soit contre un budget pour d’autres moyens de transport, soit contre un avantage financier moins taxé. Puis, pour un montant de 20.000 euros (!), il a chargé le secrétariat social SD Worx – lié à l’organisation patronale flamande Voka – de rédiger, d’ici au 18 avril, un projet de loi ne portant que sur la conversion de la voiture de société en cash. On ne sait trop ce qu’en pensent les employeurs. Mais l’enjeu est essentiel pour la sécu: l’avantage personnel lié à une voiture de société dépasse souvent 5.000 euros par an, soit vingt fois le budget des écochèques…

AVANTAGE EN CASH OU FINANCEMENT DE LA SÉCU?

TIRAGE MOYEN225.000 exemplaires

RÉDACTIONchaussée de Haecht, 579, B-1030 Bruxelles (Belgique)Tél : 02 246.32.86Fax : 02 246.30.10 E-mail [email protected]

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L’essentiel

ployeurs. Le volet «sanction des travailleurs» ne laisse aucune place à l’imagination. Lorsque le travailleur ne respecte pas les obligations admi-nistratives sans motivation, il perd 5% de son indemnité. Lorsqu’il est absent à un entretien de réintégration, il en perd 10%.

Les employeurs s’en tirent bienEn revanche, les employeurs qui ne collaborent pas à la réinté-gration des travailleurs malades de longue durée s’en tirent plu-tôt bien. Le versement du deuxième mois de salaire garanti, qui figurait dans l’accord de gouvernement, a été abandonné après les gémissements des employeurs. L’obligation annoncée de ver-ser 10% de l’indemnité de maladie pendant les six premiers mois de convalescence des travailleurs a subitement disparu. Elle est remplacée par un système qui pourrait déboucher, dans des cas très exceptionnels, sur une sanction pour les employeurs manifes-tement réticents. Mais pour aboutir éventuellement à une amende administrative, il faudra que le Contrôle du bien-être au travail (service d’inspection) rédige un procès-verbal et que le tribunal du travail soit saisi.

Or, le rapport annuel du Contrôle du bien-être au travail (2012) atteste des effectifs limités de l’inspection. Les inspecteurs sont juste assez nombreux pour contrôler toutes les entreprises tous les 21 ans et demi. Dans ce cadre, 42% des visites débouchent sur un constat d’infraction. Le dernier rapport annuel fait état d’à peine 705 procès-verbaux établis pour l’ensemble des infractions à la loi sur le bien-être au travail, et de seulement 130 amendes ou règlements à l’amiable effectivement imposés par des tribunaux.

Cette décision gouvernementale semble avoir été conçue pour ne jamais être opérationnelle vis-à-vis des employeurs. En outre, cette réglementation ne s’applique pas aux PME. Pour les travailleurs, par contre, elle implique une diminution linéaire drastique des allocations!

RETOUR AU TRAVAIL APRÈS UNE MALADIE DE LONGUE DURÉE: BÂTON POUR LES TRAVAILLEURS, CAROTTE POUR LES EMPLOYEURS

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Si le travailleur ne respecte pas les obligations administratives sans motivation,

il perd 5% de son indemnité.

Sur le dossier de la réintégration au travail des malades de longue durée, le gouvernement Michel se montre impitoyable envers les travailleurs et très compatissant envers les em-ployeurs.

La CSC est scandalisée par la décision prise par le gouvernement de contraindre les malades de longue durée à collaborer aux par-cours de réintégration sous peine de sanctions financières. «C’est une décision purement budgétaire qui hypothèque l’approche constructive adoptée ces derniers mois dans les discussions à propos de la réintégration des malades de longue durée. Une fois de plus, le gouvernement se montre particulièrement injuste» es-time Anne Léonard, secrétaire nationale de la CSC.

Un processus délicatLa réglementation actuelle, instaurée il y a trois mois seulement, offre aux malades de longue durée des possibilités de réintégrer l’entreprise grâce à un travail adapté ou à un autre emploi. La dé-marche doit toutefois s’opérer sur une base volontaire, car c’est un processus délicat pour les travailleurs concernés. La démarche ouvre en effet la possibilité de proposer une fonction totalement différente, avec des barèmes différents, d’autres conditions de tra-vail et d’autres avantages financiers. Intervenir dans ce processus en imposant des sanctions aux malades perturbe profondément le cadre serein dans lequel la concertation entre les parties concer-nées (travailleur, employeur, médecin du travail) peut se dérouler. Le but est bien de favoriser une réintégration volontaire et de qua-lité…

Ces règles – qui ne sont en vigueur que depuis quelques mois – ont été déterminées sur la base d’une succession d’accords conclus entre les organisations patronales et les syndicats. Les ministres Peeters et De Block s’étaient d’ailleurs alors exprimés en termes positifs sur ces accords. «L’ensemble du gouvernement balaie désormais ces accords d’un revers de la main. Alors qu’il n’a de cesse de prôner la concertation, il tarde à joindre le geste à la parole» poursuit Anne Léonard.

La CSC pointe, dans la décision du gouvernement, le déséquilibre énorme entre la responsabilité des travailleurs et celle des em-

Quel peut être l’engagement des aînés dans la vie et dans l’action syndicales? Quel rôle peuvent-ils jouer, quelles reven-dications porter? Les seniors de la CSC font le point sur leur implication dans le combat pour un monde plus juste et plus équitable.

«Quand on a milité toute sa vie, on ne va pas s’arrêter tout à coup parce que l’on quitte l’usine ou le bureau. Dans notre société, il y a bien des injustices et des inégalités à combattre. Pour cela, on a besoin de tout le monde. La solidarité n’a pas d’âge!» s’exclame un ancien délégué interrogé sur son engagement chez les Seniors CSC. C’est cette même conviction qui, dès les années 1970, a motivé la création du service des aînés de la CSC: «Jamais un syndicaliste ne prend sa retraite» affirmaient les jeunes prépensionnés et pen-sionnés qui, à l’époque, ont créé les PPCA (pensionnés, prépension-nés et chômeurs âgés) de la CSC, prédécesseurs de l’actuelle CSC-Seniors. Au fil des ans, celle-ci a grandi et rassemble aujourd’hui plusieurs générations d’aînés.

Un nouveau challengeParallèlement, la société s’est transformée, le monde du travail a profondément changé. La prépension a été rayée du vocabu-laire, l’âge légal de la pension porté à 67 ans. Mais les pensions belges restent les plus basses d’Europe. Les mesures prises par l’actuel ministre des Pen-sions détricotent les acquis, fragilisent les pensionnés – et plus encore les pensionnées –, à l’exception des grosses pensions qui sont favorisées! La CSC-Seniors a du pain sur la planche pour combattre ces mesures et assu-rer à tous les aînés une retraite digne. De plus, préoccupés du sort de leurs enfants et petits-enfants, les aînés soutiennent l’ensemble des combats de la CSC et des syndicats européens. Comment faire évoluer cet engagement pour lui donner toujours plus de pertinence et d’efficacité? C’est la ré-flexion entamée par la CSC-Seniors lors de son université de prin-temps (UP), le 16 mars dernier à La Marlagne (Wépion).

L’essentiel

La démarche s’inscrit dans le prolongement de la réflexion et des revendications de la CSC-Seniors pour une citoyenneté active. Elle se poursuivra jusqu’à l’automne. «Le mouvement syndical a tou-jours dû et su affronter des défis nouveaux, et ce dès sa création. Il est maintenant confronté à un nouveau challenge: en raison du vieillissement (en bonne santé) de la population, de nombreux mili-tants et affiliés plus âgés cherchent leur place dans la société et dans leur organisation syndicale» explique Jeannine Martin, prési-dente des Seniors CSC.

Ouvrir les horizonsPour savoir où l’on va, il est bon de savoir d’où l’on vient. Philippe Paermentier, responsable de l’action des aînés à la CSC, a donc re-tracé à l’UP l’histoire du mouvement syndical des aînés. Son émer-gence dans les années 1970 avec la prépension, la définition de son action en Wallonie et à Bruxelles en 1983, sa première assemblée générale à Jemappes en 1989, ses congrès, son inscription pro-gressive dans différentes instances de la CSC. Il rappelle son sou-tien à tous les grands combats de la CSC et de la CES, son travail pour une retraite dans la dignité et sa lutte contre la pauvreté, ses préoccupations intergénérationnelles…

Les seniors de la CSC veulent continuer dans ce sens, en adap-tant leur action aux modalités d’aujourd’hui. Et en allant à la ren-contre d’autres organisations en Europe: «Nous le savons, sou-ligne Jeannine Martin, les combats qui se présentent aujourd’hui

dépassent nos frontières nationales.» C’est pourquoi la CSC-Seniors inscrit résolument son action au sein du mouvement syndical européen. D’où la présence à son UP du président des associations syndicales des retraités de Serbie, Slobodan Stojanovic. Il a expliqué les difficultés de l’action syndi-cale dans un pays ébranlé par les conflits et où la démocratie est récente. Cet exposé a mis en lumière la nécessité, mais aussi la complexité d’élaborer des revendications et actions communes entre pays où les situa-

tions et les acquis sont très différents. Une deuxième journée de l’UP se tiendra à Bouge en mai prochain, avec des intervenants venus de différents pays européens.

QUELLE PLACE POUR LES AÎNÉS DANS L’ACTION SYNDICALE?

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De nombreux militants plus âgés cherchent

leur place dans la société et dans

leur organisation syndicale.

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En 2015, pour la première fois, les dépenses liées à l’incapa-cité de travail ont dépassé celles du chômage. Que se passe-t-il dans les entreprises et les organisations pour que tant de personnes se consument à cause de leur travail?

Burnout, absentéisme, présentéisme, stress, troubles du sommeil, consommation d’antidépresseurs,… Autant de symptômes qui ré-vèlent l’ampleur des malaises dans le monde du travail. D’après une étude de 2015, 37,4% des salariés belges connaissent des problèmes de fatigue générale; 32,7% disent ressentir du stress dans leur travail la plupart du temps ou souvent; 32,5% éprouvent un sentiment d’épuisement à la fin de la journée de travail; 29,7% estiment que leur travail affecte négativement leur santé. De plus, 15,5% ont le sentiment de ne pas être reconnus dans leur travail et 10,7% disent ne jamais disposer du temps suffisant pour réaliser leur travail (1). Ce profond malaise se retrouve dans des profes-sions et des secteurs nombreux et différents. Deux sociologues, Patricia Vendramin et Thomas Périlleux, se sont penchés sur cet état des lieux préoccupant et ont cherché à comprendre les liens entre le burnout et les conditions actuelles du travail.

Qualité et quantitéLe terme «burnout» vient des travaux du psychiatre américain Her-bert Freudenberger. Dès les années 1970, il utilise la comparaison avec un incendie pour désigner les effets d’une activité qui «met le feu» au système psycho-physique d’une personne. Après une accu-mulation de petits faits plus ou moins bien supportés, vient le petit fait de trop, celui qui met le feu aux poudres: une remarque, une dispute, une demande de congé refusée…

Mais si on analyse le processus, on voit apparaître «des contradic-tions dans les tâches: par exemple, entre la qualité et la quantité, ou entre la sécurité et la productivité, des conflits de valeurs, des ambiguïtés dans les rôles et les places, des dilemmes moraux, des buts irréalisables» soulignent Vendramin et Périlleux. Il s’avère que, peu à peu, le travail a été vidé de son sens. Selon les per-sonnes concernées, la quantité a pris le pas sur la qualité, ce qui conduit à une perte du sens de ce que l’on fait. «C’est le goût du travail bien fait qui est atteint» dénoncent les deux sociologues. Il serait donc faux de limiter le burnout à une problématique indi-viduelle. Il a aussi à voir avec les conditions d’exercice du métier.

Un modèle de performanceIl faut examiner le type de performance qui s’est imposé au fil des dernières décennies, tant dans le marchand que dans le non-marchand: «Intensification de la production et nécessité d’être de plus en plus disponible; management par objectif et primauté de la quantité sur la qualité, avec une disparition de toute discussion sur ce qu’est le travail bien fait; intensification de la production et des évaluations individualisées et destruction des formes de soli-darité proche qui permettaient aux professionnels de résister à l’oppression». Tout le contraire du travail soutenable, c’est-à-dire «adapté aux propriétés de l’organisme humain, propice à l’élabo-ration de stratégies de travail efficientes et favorable à la maîtrise

L’essentiel

d’un projet de vie». Rien d’étonnant, donc, à ce qu’en 2015, pour la première fois, les dépenses liées à l’incapacité de travail aient dépassé celles du chômage…

Pouvoirs publics et entreprises devraient se recentrer sur la qua-lité du travail sous toutes ses dimensions. Or, les mesures prises récemment considèrent toujours la main-d’œuvre comme un coût et elles s’inscrivent dans un modèle de performance générateur de burnout.

Thomas Périlleux et Patricia Vendramin, «Le travail est-il devenu insoutenable?», in «So-ciétés en Changement» (périodique de l’Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines de l’UCL), n°1 de mars 2017. Thomas Périlleux et Patricia Vendramin sont sociologues à l’UCL. Patricia Vendramin est aussi directrice de la Fopes.

(1) «European Working Conditions Survey», vague 2015, Belgique. Échantillon: 2.190 salariés.

LE TRAVAIL EST-IL DEVENU INSOUTENABLE?

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C’est le goût du travail bien fait

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Le dossier

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De l’espoir sous l’œil de la caméra

L’édition 2017 du festi-val international du film

documentaire Millenium a livré son verdict. Dans la

compétition «Travailleurs du monde», la CSC a primé

«Demain l’usine», qui raconte la résistance des travailleurs

d’une entreprise condamnée par son propriétaire. Un film positif.

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Critères de sélectionComment choisir un film alors qu’ils sont tous de qualité et in-téressants, chacun à leur manière? Au-delà du coup de cœur, le jury CSC s’est donné quelques critères de sélection. Il vote pour un film qui va susciter un intérêt large au sein du syndicat, qui va pouvoir être utilisé dans les secteurs et par les fédérations, dans les formations, en introduction d’un débat, un film qui propose des solutions qui peuvent donner des idées aux travailleurs et aux délégués.

Cette année, le jury CSC a choisi de primer «Demain l’usine», de Clara Teper. Située à Gémenos, près de Marseille, la société Fralib conditionnait des thés et des infusions. En septembre 2010, son propriétaire, la multinationale Unilever, annonce son intention de fermer l’usine pour la délocaliser en Pologne, mettant au chômage 180 personnes. Les travailleurs ne se résignent pas. Pendant 1.336 jours, soit près de quatre ans, ils ont lutté 24 heures sur 24 contre la multinationale. Pour finalement obtenir une victoire: conserver leur usine avec l’ensemble des machines. Septante-six ouvriers créent une coopérative et lancent la marque «1336», des thés et

infusions nature et bio. Ils travaillent pour eux, sans patron, sans actionnaire.

«“Demain l’usine”, c’est un film positif, porteur d’espoir, qui propose des solutions, commente Silvana Bossio, secrétaire nationale de la CSC-Services publics et présidente du jury CSC. C’est le portrait d’un mode de gestion alternatif dans nos économies dominées par les multinationales. C’est un message de “possibles”: il est possible de sortir des impressions de fatalité. Il est possible de ne pas se contenter de subir, mais d’agir, de nager, même si c’est parfois maladroit. Il est pos-sible de prouver qu’on peut survivre malgré tout si on en a la volonté, même si c’est dur. L’espoir

est un puissant moteur, surtout dans les situations désespérées. Et d’une certaine manière, c’est aussi cet espoir que nous avons primé.»

Ce film pourra être utilisé pendant un an par les organisations de la CSC.

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Le festival Millenium a éteint ses projecteurs. Du 24 mars au 2 avril, dans cinq salles bruxelloises, le public a pu découvrir les 75 documentaires en compétition. Le réalisateur bulgare Tonislav Hristov repart avec l’Objectif d’or pour son film «The Good Post-man» qui dresse le portrait tragi-comique d’un village bulgare soudainement secoué par la crise européenne des migrants.

Sept films de qualitéPour la quatrième année consécutive, la CSC a impliqué ses militants dans l’organisation du jury appelé à décerner le prix «Travailleurs du monde». Cette année, ils étaient treize, permanents, délégués, militants et responsables. Ensemble, pendant un jour et demi, ils ont visionné sept films.

«Cabbage, Potatoes and Other Demons» fait une plongée dans la surproduction agricole aberrante d’un petit vil-lage roumain où mille agriculteurs cultivent des choux et des patates sans beaucoup de débouchés… «Burning Out» montre la réalité de travail des employés du bloc opé-ratoire d’un des plus grands hôpitaux publics parisiens. Mis sous pression de la rentabilité à tout prix, chirurgiens, anesthésistes, assistants cherchent du sens à leur travail.

«A Maid for Each» traite de l’exploita-tion de jeunes filles sri lankaises, ban-gladaises, éthiopiennes qui viennent travailler comme domestiques à Beyrouth au Liban, et deviennent prisonnières de l’agence de bonnes qui les engage. «Ama-San», ce sont ces plongeuses japonaises qui, en apnée, vont chercher des crustacés dans les profondeurs marines… Un immense souffle de poésie, de beauté, de tradition, de bonheur, de cou-rage, de vie…

«Demain l’usine», c’est le parcours de travailleurs qui ont décidé de lutter quand ils ont appris que

leur usine allait fermer pour être délocalisée. Ils finissent par se réapproprier l’entreprise, créer une coopérative et travailler sans patron.

«Mattress Man» raconte l’histoire d’un vendeur de matelas irlan-dais au bord de la faillite. Pour sauver son travail, son employé se lance dans un projet marketing fou et transforme son employeur Mick en «Mattress Mick» qui fait le buzz sur internet. Un film qui illustre la puissance des réseaux sociaux.

«Keep Frozen» nous rend témoin du travail exténuant et dangereux de dockers en Islande. Seize heures par jour, dans un frigo à -20°C, ils déchargent des caisses de poissons. Toujours plus vite, et pas à l’abri des accidents.

L’espoir est un puissant moteur,

surtout dans les situations désespérées. C’est aussi

cet espoir que nous avons primé.

«Demain l’usine» raconte la renaissance d’une entreprise qui conditionne du thé.

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Le dossierDE L’INFORMATION

DENSE ET FORTEPour l’avenir, Lubomir Gueorguiev se dit optimiste. «Pourquoi se-rais-je pessimiste? Le film “Demain” a fait 160.000 entrées en Bel-gique, plus d’un million en France. Nous avons un programme “Mil-lenium” sur la Trois (RTBF), avec plus de films chaque année, qui est suivi par 40.000, 50.000, 60.000 téléspectateurs. Il y a beaucoup de fictions qui n’arrivent pas à ce chiffre dans les salles.»

Attirer l’attentionPour les réalisateurs, au-delà d’une participation au festival, l’idéal est évidemment d’être primé. «Le film qui a gagné l’Objectif d’or en 2016, “A Syrian Love Story”, a été vu par le directeur de Fedasil, qui était dans la salle, raconte Lubomir Gueorguiev. Après, il a orga-nisé une projection pour le personnel de Fedasil. Et maintenant, le film va aussi être montré au personnel des centres d’accueil dans le pays. Voilà l’impact d’un film.»

«A Syrian Love Story» a demandé cinq ans de travail. Mais on peut aussi faire un film avec 1.000 euros, assure le président de Mille-nium. Exemple: «Green», Objectif d’argent (prix du Programme des

Nations unies pour le développement) en 2011, dans lequel on suit un orang-outan confronté à la destruction de sa forêt en Indonésie. «Le gars qui a fait ce film (NDLR: le Français Patrick Rouxel) travaille seul. Quand il a reçu son prix, il a dit: “Tous mes films parlent de la déforestation parce que je pense que c’est important. Je ne prends l’argent de personne pour ne pas être dépendant. Parfois je réussis, parfois non. Mon film est libre de droits sur internet. Si un de vous m’écrit, je peux lui envoyer un DVD.” Puis, il est parti. Après, on a montré ce film à l’épouse de Ban Ki-moon

(NDLR: ex-secrétaire général des Nations unies). Elle a dit: “Votre film est bien meilleur que les discours de mon mari!” Pourtant, c’est un film dans lequel il n’y a pas un mot. Mais personne, jusqu’à maintenant, n’est sorti de ce film sans être touché.»

La valeur de la libertéOriginaires de Bulgarie, Lubomir Gueorguiev et Zlatina Rousseva connaissent la valeur de la liberté. «Nous sommes des réfugiés politiques d’un système totalitaire. On a vu le résultat d’une société qui perd ses repères démocratiques, qui perd l’accès à l’informa-tion. Pour nous, la liberté, c’est quelque chose pour lequel il faut se battre chaque jour. Mais on ne s’en rend compte que quand on la perd. Et parfois, comme on l’a vu au XXe siècle, nous contribuons à perdre notre liberté.»

Extraits de l’émission de télévision «Opinions» du 2 décembre 2016, à revoir sur www.rtbf.be/auvio.

Zlatina Rousseva, directrice artistique et

programmatrice.

Chevilles ouvrières du festival Millenium, Lubomir Gueorguiev et Zlatina Rousseva sont des observa-teurs avertis du cinéma documentaire.

Depuis 2014, la CSC collabore au festival Millenium en décernant le prix «Travailleurs du monde».

«Aborder le thème du travail, pour nous, c’est fondamental, explique Zlatina Rous-seva, directrice artistique et program-matrice du festival. L’homme s’exprime essentiellement par le travail. Quand on va sur la Grand-Place de Bruxelles et qu’on voit les bâtiments des corps de

métier, on voit la fierté qu’ils tiraient de ce qu’ils faisaient. Or, on

est devenu de plus en plus mécanisé, de plus en plus

remplaçable en quelque sorte. On nous dit que ça fera notre bonheur et

que l’homme sera libéré pour faire des choses créatives. Moi, je ne suis pas convaincue. J’ai vu des gens qui sont au chômage depuis longtemps et qui reçoivent de quoi avoir une existence mini-mum. Je ne pense pas que ces gens sont heureux, épanouis. Nous avons tous besoin de nous réali-ser à travers ce que nous faisons, et d’être recon-nus. Qu’est-ce qui se passe quand cela disparait? C’est là que se situe notre thématique, en montrant non seulement qu’il y a plein d’entreprises et de métiers qui disparaissent, mais aussi comment nous vivons ça.»

Sélection internationaleDepuis neuf ans, le festival Millenium propose le meilleur du cinéma documentaire mondial. En vue de l’édition 2017, les organisateurs ont reçu plus de mille films. «J’ai vu énormément de films sur la consommation, sur l’environnement, sur l’alimentation, et qui sont presque les mêmes. C’est le genre de film dont les spectateurs sont fatigués, analyse Zlatina Rousseva. Nous cherchons de plus en plus des films qui parlent de cette thématique, mais où l’on privilégie les personnages. Des personnages qui vivent quelque chose, qui décident, qui cherchent, qui évoluent.»

«Les gens associent toujours le documentaire à la télévision, à des reportages, à des films animaliers, à des films didactiques, constate pour sa part Lubomir Gueorguiev, président du festival. La révolution numérique nous a donné des opportunités d’entrer directement en contact avec le public. On s’est affranchi de la télé-vision. Le documentaire amène une information tellement dense et forte qu’il y a de plus en plus de films de fiction qui reprennent ce style minimaliste. Ou qui reprennent des histoires qui viennent de la réalité. La différence entre la fiction et le documentaire s’atté-nue.»

Lubomir Gueorguiev, président du festival Millenium.

Nous avons tous besoin de nous

réaliser à travers notre travail, et d’être reconnus.

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Au moins 100.000 sans-papiers vivent et travaillent en Belgique, essentiellement à Bruxelles. Du pain béni pour certains patrons. Le 28 mars, la CSC, la FGTB et la Coordination des travailleurs sans papiers ont manifesté dans la capitale pour dénoncer cette exploitation et demander la régularisation de ces personnes.

La station de métro Arts-Loi à Bruxelles a été en chantier pendant des années. Une exposition de photos dans la station rend hommage aux travailleurs qui ont participé à sa rénovation. Parmi eux: Mohamed, un travailleur sans papiers marocain. Il travaillait pour un sous-traitant de la Stib. Il a dû faire des travaux lourds et dangereux de creusage de tunnel, un travail qu’il qualifie de «pire que la mort», dans «des conditions inacceptables qu’on accepte parce qu’on doit manger». Une dizaine d’autres sans-papiers travaillaient à ses côtés («L’Info» n°5 du 10 mars 2017).

Permis de travailLe 28 mars, environ 200 manifestants ont réclamé la régularisation de ces travailleurs, ainsi que celle des autres sans-papiers qui travaillent en Belgique. Une délégation de manifestants a rencontré Stéphanie Paulissen, conseillère du ministre bruxellois de l’Emploi, Didier Gosuin. Ils lui ont demandé qu’un permis de travail soit octroyé après un contrôle de l’inspection ou après une

action syndicale objectivant une situation de travail, comme c’est le cas en France. Et de prévoir un mécanisme de sanction efficace, qui délivre un titre de séjour durant toute la durée d’une procédure de plainte contre un patron malhonnête, soit l’application de la «directive sanctions».

En réponse, la conseillère a avancé des «pistes de solution» qui n’ont pas convaincu la délégation: «Le gouvernement de la Région bruxelloise recommande de réaliser un guide de bonnes pratiques qui préconise qu’il y ait d’autres critères que le prix le plus bas lors de l’attribution d’un chantier. Un observatoire des prix a été créé en 2014 pour contrôler les marchés publics dont les prix sont anormalement bas. C’est une mesure de contrôle en amont. Il y a également une nouvelle offre de formation pour les contrôleurs de chantier.»

Stéphanie Paulissen a aussi évoqué le permis unique: «Dans le cadre de la procédure unique, le permis de travail, octroyé par le ministère de l’Emploi régional, et le permis de séjour, délivré par l’Office des étrangers fédéral, seraient juxtaposés. Le guichet d’entrée sera la Région, qui va faire l’analyse du volet “emploi” et qui aura

Bruxelles Lutter contre l’exploitation des travailleurs sans papiers

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15 jours pour transmettre la demande à l’Office des étrangers. Le permis de séjour pourra être accordé s’il y a un permis de travail. C’est une obligation morale, pas automatique car le permis de travail n’ouvre pas automatiquement le droit au séjour. Pour ce qui est de la “directive sanctions” qui relève du fédéral, le ministre Gosuin interpellera le ministre Peeters sur son application effective.»

Faciliter les plaintesEt Eva Jimenez, responsable de l’action des travailleurs migrants avec et sans papiers de la CSC de Bruxelles-Hal-Vilvorde, de réagir: «La transposition du permis unique n’est qu’une procédure destinée aux personnes en situation régulière. Elle n’apporte aucune solution à la situation des travailleurs sans papiers. Les seules pistes utiles sont l’octroi d’un permis de travail aux travailleurs déjà présents sur le territoire, plutôt que de faire venir d’autres travailleurs de l’étranger pour des métiers en pénurie; et que le ministre de l’Emploi fédéral, Kris Peeters, et Philippe De Backer, secrétaire d’État à la lutte contre la fraude sociale, transposent complètement la “directive sanctions” et facilitent les plaintes contre les patrons malhonnêtes. Nous demandons l’égalité des droits, parce qu’il est important d’assainir le marché du travail en protégeant les plus précarisés de l’instrumentalisation qui fait pression sur l’ensemble du marché du travail.»

D.C.

Les seules pistes utiles sont l’octroi d’un permis de travail et la transposition complète de la «directive sanctions».

Le 28 mars, environ 200 manifestants ont réclamé la régularisation des sans-papiers qui travaillent en Belgique.

10 • L'Info • N°7 • 7avril 2017

Le terrain

«Il faut arrêter de dire tout et n’im-porte quoi sur les raisons qui bloquent l’ouverture de cette ligne!» Depuis plusieurs années, la réouverture de la ligne de chemin de fer transfrontalière Quiévrain-Valenciennes est un projet qui tient au cœur de la CSC de Mons-La Louvière.

Étude de faisabilité, interpellations, prises de contact avec différentes personnalités politiques de la région, et même une visite fin mars au cabinet du ministre en charge de la mobilité François Bellot: la CSC s’est mobilisée sur ce projet qui permettrait de désenclaver la région.

«Des deux côtés de la frontière, des en-treprises n’attendent que cela, explique Lorenzo Maredda, permanent de la CSC de Mons-La Louvière. L’entreprise Yara, par exemple, à Tertre, est intéressée. L’inter-communale Idea a aussi souligné l’impor-tance de cette ligne pour le développement économique de la région. Cette réouverture serait positive pour l’emploi et aussi pour l’environnement. On était donc content de voir que le sujet était remis à l’agenda. Et maintenant, voilà que le ministre Bellot dit que cela ne fait pas partie du plan d’inves-tissement d’Infrabel, et que la Région wal-

lonne n’aurait pas présenté dans ses prio-rités l’ouverture de la ligne 97!»

Pour un investissement de 2 millions d’eu-ros, cette ligne offre de vraies opportuni-tés industrielles et commerciales. Et il y a manifestement, côté français, une volonté d’ouvrir cette ligne. Mais la Belgique tergi-verse encore. «Pourtant, de l’argent et des solutions techniques ont été trouvés pour

développer des projets bien plus chers et techniquement plus complexes» estime Lorenzo Maredda.

Au nom de la CSC de Mons-La Louvière, il dénonce le manque de volonté des poli-tiques locaux. «Leur inaction, cachée der-rière de belles déclarations d’intention, est la véritable cause du manque d’évolution de ce dossier.»

Borinage

Quiévrain-Valenciennes: un dossier ferroviaire qui énerve la CSC

Liège

Rendre ses lettres de noblesse à la gestion publiqueEt si Publinet remplaçait Publifin et devenait une intercommunale 100% publique, transparente, innovante et au service de la collectivité? C’est le sou-hait des travailleurs de la CSC.

Chez Publifin-Nethys, les travailleurs sont inquiets pour leur avenir. Le 9 mars der-nier, quand la commission d’enquête du parlement wallon a entendu André Gilles, président de Publifin et de Nethys, ils sont allés à Namur pour se faire entendre. Les chefs de groupe des différents partis les ont reçus avant la séance. La CSC-Services publics en a profité pour leur expliquer son souhait de voir l’intercommunale Publifin

et la SA Nethys devenir Publinet et, sous ce nom hautement symbolique, se trans-former radicalement: «Pour nous, Publi-net doit être une intercommunale 100% publique et devenir le modèle d’une gou-vernance transparente avec un contrôle externe, indépendant du monde politique. Il doit s’agir d’un gestionnaire du réseau de gaz, d’électricité et de l’eau, d’un gestion-naire de l’éolien, du recyclage, du câble et des nouvelles technologies, au service des citoyens de la province de Liège. L’intercom-munale doit leur donner toutes les garan-ties d’une gestion publique sans faille» affirme Gaston Merkelbach, secrétaire régional de la CSC-Services publics.

L’affaire Nethys-Publifin n’a pas grandi l’image de la gestion publique. Normale-ment, celle-ci doit rendre des services à toutes les collectivités locales, offrir aux citoyens des services de qualité à des prix justes et raisonnables, et permettre aux plus démunis d’accéder aux nouvelles technologies, à l’eau et l’électricité. La CSC espère que cette page lamentable de l’his-toire politique se tournera de manière à rendre à la gestion publique ses lettres de noblesse. La déléguée principale CSC-Ser-vices publics chez Publifin, Olivia Gabriel, a également détaillé cette position lors de son audition devant la commission d’en-quête le 16 mars.

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La CSC aimerait que la ligne Quiévrain-Valenciennes soit rouverte.

L'Info • N°7 • 7 avril 2017 • 11

Pour beaucoup d’étudiants, la chasse aux jobs d’été a démarré. Et comme chaque année, pour les Jeunes CSC, c’est aussi tout un travail d’information et de conseil qui recommence.

Pour toucher un maximum de jobistes, les Jeunes CSC se mobilisent lors de salons et d’activités dédiées au public étudiant. «Notre stand au Salon des études de Charle-roi a reçu énormément de visites. Les jeunes sont très avides d’informations sur le travail étudiant. Nous sommes aussi allés dans des écoles pour informer les jeunes sur leurs droits, mais aussi sur les bons filons pour décrocher un job, explique Amélie Rodri-guez, permanente Jeunes CSC. Nous consta-tons aussi que l’âge des jobistes diminue. Beaucoup de jeunes de 15 ans sont venus nous trouver pour les aider à écrire leur CV et leur lettre de motivation.»

Le phénomène des jobs d’étudiant a pris beaucoup d’ampleur. En 2015, ils étaient un peu moins de 480.000 à avoir signé un contrat d’étudiant. Et si juillet et août enre-gistrent toujours un pic dans l’occupation d’étudiants, ceux-ci sont désormais pré-sents dans les entreprises durant toute l’année. Cette évolution n’est pas neuve, mais elle a été encouragée par la décision du gouvernement Michel de flexibiliser le travail étudiant.

Depuis le 1er janvier 2017, le système a encore été revu. Le plafond annuel en-des-sous duquel les étudiants jobistes peuvent travailler moyennant le paiement de coti-sations sociales réduites, est dorénavant

calculé en heures de travail prestées, et plus en jours. On prend donc en compte 475 heures de travail, et plus 50 jours. À raison de 4 heures par jour, les étudiants peuvent maintenant théoriquement travail-ler presque 120 jours par an.

La concurrence des étudiantsQui est gagnant? Les jeunes qui peuvent ainsi se procurer un revenu et une expé-rience professionnelle, à condition bien sûr que toutes leurs heures de boulot ne mettent pas leurs études en péril… Mais les grands gagnants, ce sont surtout les em-ployeurs, pour qui cette main-d’œuvre bon marché est une aubaine. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il y a aussi des perdants dans l’affaire: les travailleurs sous contrat ordinaire et surtout les moins qualifiés, ceux dont les tâches peuvent être facile-ment confiées à des jobistes. Déjà défavo-risés sur le marché du travail, ils pâtissent de la concurrence des étudiants.

C’est le cas dans l’horeca, où d’après les chiffres officiels, 60.000 jeunes ont travaillé sous contrat d’étudiant en 2016, soit trois fois plus qu’en 2012. Le secteur du commerce est aussi un grand recruteur d’étudiants. La fédération patronale Comeos avait d’ailleurs applaudi des deux mains la décision de rem-placer le maximum de 50 jours de travail par 475 heures. Les jobistes seront donc encore plus nombreux cette année dans les rayons et aux caisses des magasins. Une évolution qui inquiète les syndicats.

«Il est loin le temps où on faisait appel aux étudiants seulement en été, durant les 23 jours autorisés. On les engage maintenant toute l’année, surtout après 16h et plus forcément le week-end» explique Danny Dubois, permanent CNE. Pour lui, les étu-diants représentent une main-d’œuvre peu coûteuse, bouche-trou et clairement en concurrence avec l’emploi régulier. «Les trois quarts des contrats dans le com-merce sont des contrats à temps partiel. Le recours aux étudiants empêche l’ex-tension de ces contrats ou de nouvelles embauches. C’est un problème pour pas mal de travailleurs, surtout les jeunes qui rêvent de travailler et de gagner plus.»

Charleroi

Les étudiants jobistes concurrencent les travailleurs ordinaires

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Traditionnellement, le recrutement des étudiants s’est fait dans beaucoup d’entre-prises en donnant la priorité aux enfants du personnel. C’est toujours le cas au-jourd’hui. «Il est donc parfois difficile pour les travailleurs de protester contre l’afflux d’étudiants dans les magasins, alors que leurs propres enfants profitent ou ont pro-fité de la formule, poursuit Danny Dubois. Mais donner de plus en plus de place aux étudiants, c’est le serpent qui se mord la queue. Ne vaudrait-il pas mieux permettre aux parents d’avoir de meilleurs salaires?» Lors des prochaines négociations secto-rielles dans le commerce, les syndicats demanderont un encadrement du travail étudiant, sous forme d’une proportion maximale par magasin.

De leur côté, les Jeunes CSC poursuivront leur travail de lobbying pour améliorer le sta-tut social des étudiants jobistes. À Charleroi, ils ont également décidé de suivre de près le cas Rive Gauche. Beaucoup d’étudiants travaillent en effet dans la nouvelle gale-rie commerciale. Dans quelle proportion? Quelles sont leurs conditions de travail? Une enquête sera menée prochainement.

En savoir +www.jeunes-csc.bewww.jobetudiant.be

S’affilier à la CSCTu es étudiant? Tu as trouvé un job? Inscris-toi à Enter, formule d’affiliation gratuite à la CSC pour les jeunes de moins de 30 ans sans revenus (le sa-laire perçu pendant un job d’étudiant n’est pas considéré comme un revenu). Cette affiliation t’offre un accès à tous les services de la CSC (job d’étudiant, fin des études…) et une protection juri-dique gratuite!

12 • L'Info • N°7 • 7 avril 2017

FORCES DE L’ORDRE

VEUT-ON LA MORT DE LA POLICE FÉDÉRALE?

Les secteurs

Quel avenir pour la police fédérale? La CSC-Services publics groupe police (se) pose sérieusement la question, au vu du désinvestissement en moyens humains et matériels décidé par le gou-vernement. Plusieurs actions de sensi-bilisation ont été menées par les orga-nisations syndicales du secteur.

Pour l’ensemble de la police fédérale, la commissaire générale elle-même estime qu’il manquait 20% d’effectifs en moyenne en 2016. «Dans certains services, cela va jusqu’à 40%. Ce manque de personnel a pour effet que les collègues tournent à plein régime, avec des horaires à rallonges et des périodes de repos qui diminuent, voire n’existent plus. Les normes statutaires en matière d’organisation du temps de tra-vail sont largement dépassées. Les cas de burnout explosent, ainsi que le volume de jours d’incapacité de travail. À force de tra-vailler à flux tendu, la qualité du service va inévitablement en pâtir» dénonce Stéphane Deldicque, secrétaire permanent des corps spéciaux de la CSC-Services publics.

À côté des moyens humains, il y a égale-ment un manque cruel de matériel. «Dans certains services de la police de la route, les véhicules ont atteint 240.000 à 300.000 kilomètres. Les concessionnaires chargés de l’entretien des véhicules estiment d’ail-leurs criminel le fait de faire conduire ces véhicules par du personnel.»

Même constat de carence du côté des labo-ratoires de la police technique et scienti-fique. «Faute de moyens, dans certains ar-rondissements judiciaires, les équipes ne se déplacent plus si rien n’a été volé lors d’un vol commis dans l’habitation, ou si le butin est jugé dérisoire. Difficile d’expliquer cela au citoyen…»

L’avenir de ces laboratoires est fort incer-tain: pour raison d’économies, il est ques-tion de ne plus en accréditer qu’un seul. Ce qui plombe d’autant plus l’ambiance au sein du personnel…

Mission d’appuiRésultat de tout cela: la police fédérale a bien du mal à assurer sa mission d’appui aux zones de police. «Et pendant ce temps, les mandataires locaux restent muets. À croire que la sécurité de leurs concitoyens ne les préoccupe pas!» dénoncent les orga-nisations syndicales, qui demandent l’arrêt des coupes budgétaires et un plan de refi-nancement.

En réponse aux interpellations syndicales, le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), a annoncé fin mars un coup de frein aux économies décidées par ce gouvernement depuis 2014, avec une augmentation des recrutements prévus pour 2017, une enve-loppe de 15 millions supplémentaires pour des achats de matériel et un «master plan bien-être» pour lutter contre l’absentéisme…

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TOURNAI: UNE BANDEROLE SUR LE BEFFROILe 24 mars, une banderole a été dérou-lée sur le beffroi de Tournai. On pou-vait y lire: «Deux ans de gouvernement Michel. Bilan: de l’eau sous les ponts, de l’huile sur le feu, le MR ne manque pas d’air et nous enverra six pieds sous terre. Nos acquis, ils en font des confettis.» La CSC du Hainaut occiden-tal salue cet acte de désobéissance civile: «Les citoyens ne sont plus dupes face aux mensonges, aux supercheries et autres tours de passe-passe du gou-vernement Michel.»

BRUXELLES: RENCONTRE AVEC DES CHÔMEURS ALLEMANDSLes Travailleurs sans emploi (TSE) de la CSC de Bruxelles, en collaboration avec le Réseau belge de lutte contre la pauvreté, ont organisé une matinée de rencontre avec une délégation de chômeurs de longue durée allemands. Ceux-ci ont présenté «Step by Step». Basée en Westphalie, cette organisa-tion associe les familles au processus de réinsertion des chômeurs. Le comité des TSE, par la voix de Raoul Titche, son président, a présenté le travail des TSE et des centres de services CSC. Lazaros Goulios, permanent interprofessionnel, a présenté les actions locales: ateliers solidaires, commissions paritaires locatives, épicerie sociale. Luca Ciccia, pour la Mission locale de Saint-Gilles, a présenté le rôle de la mission locale dans l’accompagnement des chô-meurs. Cette rencontre s’inscrit dans une démarche visant, à terme, à orga-niser des actions au niveau européen.

BRUXELLES: LES EFFETS DU BRUIT SUR LA SANTÉVoitures, machines, téléphones… La po-pulation active subit quotidiennement une avalanche sonore. Quels sont les effets du bruit sur la santé? Que pou-vons-nous y faire en tant que travail-leur? Tel sera le thème du prochain fo-rum du Réseau bruxellois intersyndical d’information et de sensibilisation à l’environnement (Brise), le 24 avril à l’Auditorium international (avenue Roi Albert II 5/2). Infos: www.brise-environnement.be.

L'Info • N°7 • 7 avril 2017 • 13

Les métiers de la construction ne vous font pas rêver? C’est peut-être parce que vous vous en faites une fausse idée! Le secteur bruxellois de la construction vient de se doter d’un nouvel outil pour stimuler l’insertion durable des jeunes Bruxellois dans un métier du bâtiment.

Alors qu’à Bruxelles, le chômage reste élevé (17,8% selon les derniers chiffres officiels), pas mal d’entreprises de la construction disent avoir du mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Pour pas mal de jobs bien spécifiques, celles-ci peinent en effet à trouver les bons profils, et le problème ne fera que s’amplifier avec le vieillissement des travailleurs du secteur. Et il y a ur-gence: aujourd’hui, la moitié des ouvriers ont déjà 45 ans ou plus…

Pour attirer les futurs talents, et aussi redo-rer l’image du secteur auprès des jeunes, les acteurs bruxellois de la construction que sont Actiris, Bruxelles formation, le VDAB et les organismes paritaires que sont CDR construction et Constructiv se sont as-sociés pour créer un nouvel espace appelé Construcity.

Celui-ci ouvrira largement ses portes aux étudiants, demandeurs d’emploi et travail-leurs bruxellois en recherche d’information sur les offres d’emploi, les places de stage, les formations et, de manière générale, sur les opportunités de carrière propres à

CONSTRUCTION

APPEL AUX JEUNES TALENTS BRUXELLOIS

Les secteurs

ce secteur. Les jeunes et les demandeurs d’emploi qui s’interrogent sur le choix d’une filière pourront également faire éva-luer leurs aptitudes à travailler dans telle ou telle filière de la construction, ou encore accéder à des «essais-métier».

Construcity sera également à la disposition des entreprises bruxelloises de la construc-tion pour tout ce qui concerne les aides à l’emploi et à la formation. Elles pourront également transmettre leurs besoins en main-d’œuvre qualifiée à Construcity qui

les aidera à recruter. Enfin, le monde de l’enseignement pourra aussi faire appel à cet organisme pour faire connaître les métiers du secteur et leurs atouts à leurs élèves inscrits en section «construction».

Un secteur créateur d’emploi«Il est important de dire aux jeunes qu’avec une bonne formation à un métier de la construction, on ne reste pas sans travail» affirme Cihan Durmaz, secrétaire de la CSC-Bâtiment industrie & énergie à Bruxelles. Il insiste également sur les avantages sociaux propres au secteur: un salaire horaire cor-rect qui démarre à 13,60 euros l’heure, des «timbres intempéries» pour ceux qui tra-vaillent dans le gros œuvre, des «timbres fidélité», des assurances de groupe, etc. «Même si le secteur est confronté à un pro-blème de dumping social à large échelle, avec 20.000 emplois perdus dans le pays sur 170.000 au cours des cinq dernières années, il faut savoir qu’il reste créateur d’emploi. Environ mille nouveaux postes ont été enregistrés en 2016 à Bruxelles. Et pour nous, renforcer les qualifications des travailleurs en Belgique est aussi une bonne manière de contrer le dumping so-cial» poursuit le permanent.

Malgré la promesse d’un job et d’un salaire décent, une image négative plane manifes-

tement toujours sur le secteur du bâtiment. Un jeune Bruxellois sur cinq inscrit dans une des dix-sept écoles bruxelloises qui dispensent un enseignement orienté vers les métiers de la construction, abandonne en cours de cycle. Quant aux stagiaires de Bruxelles formation, leurs choix de forma-tion plaçaient l’an dernier seulement en cinquième place les métiers de la construc-tion, loin derrière la santé et le social, les emplois administratifs, le commerce et la vente. À l’heure où s’ouvre la table-ronde bruxelloise sur l’emploi dans la construc-tion, l’initiative Construcity a donc un beau chantier devant elle…

D.E.

Contrucity, rue Royale 45, à 1000 Bruxelles. Courriel: [email protected].

Avec une bonne formation à un métier de la construction, on ne reste pas sans travail.

La construction, secteur clé en Région bruxelloise (chiffres 2013)

En savoir +www.construcity.be

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1.761 entreprises

10.827 ouvriers

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14 • L'Info • N°7 • 7 avril 2017

Chimie: prime syndicale

Construction: timbres intempéries

Tous les ouvriers actifs dans une entre-prise relevant de la commission paritaire 116 (secteur de la chimie) ont droit à une prime syndicale. La carte-prime est actuel-lement envoyée aux travailleurs du secteur.

Pour avoir droit à cette prime, vous devez être affilié à la CSC et avoir été occupé par une entreprise de l’industrie chimique du-rant la période comprise entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2016.

Si vous avez travaillé pendant toute la pé-riode, vous recevrez une prime de 110 eu-ros (ou 9,17 euros par mois d’occupation). Le premier paiement de la prime syndicale est prévu le vendredi 28 avril.

Vous avez également droit à une prime for-faitaire de 25 euros. Cette prime vous sera payée automatiquement le vendredi 29 sep-tembre.

Tous les ouvriers de la construction occu-pés dans une entreprise dont l’indice ONSS commence par 024 ou 054 ont droit à des «timbres intempéries». Les cartes intem-péries sont actuellement distribuées aux travailleurs du secteur. Le montant sur la carte correspond à 2% du salaire brut ga-gné à 100% durant la période du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2016 inclus.

Vous pouvez remettre cette carte à un centre de services local de la CSC ou à une fédération professionnelle de la CSC-Bâtiment industrie & énergie (CSC-BIE). Veillez à noter votre numéro de compte sur la carte et à être en règle avec le paiement de vos cotisations. Le premier paiement des timbres intempéries sera effectué le lundi 24 avril.

Si vous ne recevez pas de carte alors vous pensez y avoir droit, nous vous conseil-lons de contacter rapidement une fédé-ration professionnelle de la CSC-BIE ou votre centre de services CSC. En effet, les cartes sont transmises seulement si votre

Veuillez reprendre votre numéro de compte sur la carte-prime et vérifier que vous êtes bien en ordre de cotisations. Si vous ne recevez pas de carte alors que vous pen-sez y avoir droit, nous vous conseillons de prendre rapidement contact avec votre délégué syndical, un centre de services de la CSC ou un secrétariat professionnel de la CSC-Bâtiment industrie & énergie.

employeur est en règle de cotisations pour tout l’exercice. Si ce n’est pas le cas, une procédure de plainte devra être introduite. Nos collaborateurs se chargeront volon-tiers de cette procédure.

Si vous êtes encore en possession d’an-ciennes cartes (plus de trois ans), vous avez encore, à certaines conditions, la pos-sibilité les encaisser.

Les outilsCSC LIÈGE-HUY-WAREMME: FERMETURETous les services et centres de services de la fédération CSC de Liège-Huy-Waremme seront fermés le vendredi 14 avril à partir de 12h30 (Pâques).

HAINAUT OCCIDENTAL: QUIZ SUR LA SÉCULe 3 mars dernier, les militants CSC de Péruwelz se sont rendus sur le marché local où ils ont proposé aux passants un quiz sur la sécurité sociale. L’objectif était double: prendre une photo de la vision de la sécurité sociale en Wallonie picarde, mais aussi casser les préjugés sur les pensions, le chômage ou les soins de santé. Le 14 mars, ce sont les militants de Mouscron qui se sont prêtés à l’exercice. Là, les citoyens ont également pu discuter autour d’un bol de soupe.

CONSTRUCTION: PROLONGATION DES RCC EN AVRILLes négociations sectorielles pour une CCT 2017-2018 dans la construction sont en cours. Afin de permettre aux travail-leurs de bénéficier des RCC (régimes de chômage avec complément d’entreprise, ex-prépensions) sans devoir attendre la fin des négociations, il a été décidé de prolonger tous les RCC actuels jusqu’au 30 avril 2017. La prolongation du 1er mai 2017 au 31 décembre 2018 fait partie de la né-gociation en cours. Concrètement, il s’agit des RCC suivants: RCC incapacité de travail à partir de 58 ans, prolongé jusqu’au 30 avril 2017; RCC longue carrière (40 ans) à partir de 58 ans, prolongé jusqu’au 30 avril 2017; et RCC régime général à partir de 60 ans, prolongé jusqu’au 31 décembre 2017 (selon accord précédent). Vous souhaitez bénéficier d’un de ces RCC avant le 30 avril 2017? N’hésitez pas à contacter un centre de services CSC ou un secrétariat de la CSC-Bâtiment industrie & énergie.

CONSTRUCTION: VACANCES ANNUELLES 2017Consultez le planning des vacances annuelles dans la construction, par région, sur le site internet de la CSC-Bâ-timent industrie & énergie (via l’onglet «Je travaille dans le secteur…»).

En savoir +www.cscbie.be

Offre d’emploi

Collaborateur administratif (h/f)L’ONG Wereldsolidariteit-Solidarité mondiale (WSM) recrute un collaborateur adminis-tratif (h/f) pour son secrétariat national à Schaerbeek. Tâches de secrétariat et d’ap-pui aux évènements. Contrat à temps plein. Les candidatures sont attendues jusqu’au 19 avril. Détail de l’offre sur www.solmond.be.

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L'Info • N°7 • 7 avril 2017 • 15

Un médecin contrôleur à votre porte…Un travailleur malade a des droits et des devoirs. Il a droit à un salaire garanti, versé par l’employeur. Mais il a aussi des devoirs, dont celui d’infor-mer son employeur de sa maladie ou incapacité de travail dans les meil-leurs délais. L’employeur peut ensuite contrôler cette incapacité de travail, en faisant appel à un médecin contrô-leur.

De qui s’agit-il?Tout médecin généraliste diplômé qui compte au moins cinq ans d’expérience peut être désigné comme médecin contrô-leur. Il doit par ailleurs être indépendant de l’employeur et du travailleur. Légale-ment, l’employeur ne peut donc jamais vous envoyer le médecin du travail, et votre médecin généraliste ne peut pas non plus être votre médecin contrôleur.

Pour prouver son indépendance, le méde-cin contrôleur doit toujours présenter une déclaration d’indépendance au travailleur lors d’une visite de contrôle. Cette décla-ration est établie en deux exemplaires: un pour le travailleur et l’autre pour l’employeur. Les deux parties reçoivent en outre une attestation avec les conclusions écrites du contrôle.

Quand l’examen a-t-il lieu?Dès que vous avertissez votre employeur de votre incapacité de travail, il peut être fait appel à un médecin contrôleur. Si votre médecin traitant vous autorise à quitter votre domicile, vous n’êtes pas tenu de rester à la maison et d’attendre le méde-cin contrôleur, sauf si des accords ont été conclus à ce sujet au sein de votre entre-prise ou de votre secteur par le biais du règlement de travail.

Le médecin contrôleur doit effectuer son examen à une heure raisonnable (par exemple, pas après 22h). Il n’est cepen-dant pas obligé d’effectuer le contrôle pendant les heures normales de presta-tion du travailleur. Par exemple, s’il s’agit d’une semaine où vous travaillez l’après-midi, vous pouvez recevoir une visite du médecin contrôleur le matin. Il peut éga-lement venir le dimanche ou un autre jour de congé.

Si vous n’êtes pas chez vous lors de sa visite, il peut vous convoquer à son cabi-net pour un examen médical. Les frais de déplacement sont à la charge de votre employeur.

Quel examen?Un médecin contrôleur a une mission définie légalement, qui consiste à vérifier si vous êtes réellement en incapacité de travail au moment du contrôle. Le médecin contrôleur vérifie également si la durée présumée de l’incapacité de travail cadre avec la réalité. La nature de la maladie et de la médication ou du traitement prescrit relève du secret professionnel médical. Il est donc interdit à un médecin contrôleur de communiquer quoi que ce soit à l’em-ployeur à ce sujet.

Dans la communication à l’employeur et au travailleur, le médecin contrôleur précise donc uniquement s’il suit ou non l’avis du médecin traitant quant à l’incapacité de travail.

Recours possible?Il est possible d’introduire un recours contre la décision du médecin contrôleur. Si le médecin contrôleur n’est pas d’accord avec le médecin traitant, les deux médecins

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doivent d’abord en discuter. Le médecin contrôleur prend ensuite une décision.

Si le désaccord persiste, on est dans l’im-passe. La discussion porte souvent sur la durée de l’incapacité de travail. Le juge-ment des deux médecins ayant la même valeur, un troisième médecin doit trancher. Deux jours ouvrables après la remise de l’attestation du médecin contrôleur, une procédure arbitrale est alors entamée. La partie la plus diligente doit en prendre l’ini-tiative. Ce sera généralement le travailleur, qui souhaite continuer à bénéficier du sa-laire garanti. Il prendra donc contact avec l’employeur et, ensemble, ils désigneront un médecin pour arbitrer. Ce dernier peut être sélectionné sur une liste disponible sur le site internet du SPF Emploi (www.emploi.belgique.be).

Le «médecin arbitre» procèdera à un exa-men médical et tranchera dans les trois jours après sa désignation. Cette décision est définitive et contraignante. Le médecin arbitre doit communiquer sa décision au médecin traitant et au médecin contrôleur. L’employeur reçoit également les conclu-sions par lettre recommandée. Les frais de l’examen incombent à la partie perdante. Ce peut donc être le travailleur aussi!

Le médecin contrôleur vérifie également si la durée de l’incapacité cadre

avec la réalité.

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RÉINTÉGRATION DES MALADES: LE BÂTON ET LA CAROTTE > 3La CSC est scandalisée par la décision prise par le gouvernement de contraindre les malades de longue durée à collaborer aux parcours de réintégration sous peine de sanctions financières.

DE L’ESPOIR SOUS L’ŒIL DE LA CAMÉRA > 6 à 8Le festival du film documentaire Millenium a éteint ses projecteurs. Dans la compétition «Travailleurs du monde», la CSC a primé «Demain l’usine», qui raconte la renaissance d’une entreprise condamnée par son propriétaire.

LES ÉTUDIANTS JOBISTES, MAIN-D’ŒUVRE BON MARCHÉ > 11La chasse aux jobs d’été a commencé. Le gouvernement encourage le travail étudiant, au détriment des travailleurs ordinaires les moins qualifiés, ceux dont les tâches peuvent être facilement confiées à des jobistes.

APPEL AUX JEUNES TALENTS BRUXELLOIS > 13Les métiers de la construction ne vous font pas rêver? C’est peut-être parce que vous vous en faites une fausse idée! Le secteur se dote d’un nouvel outil pour encourager les jeunes Bruxellois à se diriger vers les métiers du bâtiment.

LE TRAVAIL EST-IL DEVENU INSOUTENABLE? > 5En 2015, pour la première fois, les dépenses liées à l’incapacité de travail ont dépassé celles du chômage. Que se passe-t-il dans les entreprises pour que tant de personnes se consument à cause de leur travail?

RÉGULARISER LES TRAVAILLEURS SANS PAPIERS > 9Le 28 mars, la CSC, la FGTB et la Coordination des travailleurs sans papiers ont manifesté dans la capitale pour dénoncer l’exploitation des travailleurs sans papiers et demander leur régularisation.

VEUT-ON LA MORT DE LA POLICE FÉDÉRALE? > 12Quel avenir pour la police fédérale? La CSC-Services publics groupe police (se) pose sérieusement la question, au vu du désinvestissement en moyens humains et matériels décidé par le gouvernement Michel.

LE CONTRÔLE DE L’INCAPACITÉ DE TRAVAIL > 15Un travailleur malade doit informer son employeur de sa maladie ou incapacité de travail dans les meilleurs délais. L’employeur peut ensuite contrôler cette incapacité de travail en faisant appel à un médecin contrôleur.

Le sommaireL'édito

Plus de salaire, mais du salaire brutNotre organisation, comme tous les syndicats affiliés à la Confédération européenne des syndicats, ont convenu de lancer une campagne visant à soutenir l’augmentation des salaires des travailleurs européens.

Cette décision est particulièrement importante à l’heure où l’Organisation internationale du travail (OIT) a lancé un cri d’alarme sur le ralentissement de la croissance des salaires, s’inquiétant d’un risque de déflation à l’échelle mondiale, et où l’office statistique européen Eurostat annonce que, dans l’Union européenne, un salarié sur six ne perçoit qu’un bas salaire. Le sort des travailleurs belges n’est pas le plus mauvais en Europe, mais la Belgique est néanmoins le seul pays de l’Union où les salaires n’ont pas augmenté en 2015, comme l’a montré la dernière étude annuelle de l’Institut syndical européen.

Les employeurs et certains responsables politiques nous ont souvent accusés d’être trop gourmands. Ils nous ont dit que le salaire était le problème… L’OIT, Eurostat et divers indicateurs économiques montrent au contraire qu’il s’agit bien de la solution: quand les travailleurs ont davantage de revenus, ils consomment davantage et l’économie réelle en sort gagnante.

Nous affirmons donc avec l’ensemble des syndicats européens que, comme travailleurs et travailleuses, nous produisons de la richesse. Nous voulons en avoir notre part. Notre tour est venu. Il faut donc que les travailleurs de tous les pays d’Europe, dans tous les secteurs, bénéficient de hausses salariales. Mais pas n’importe lesquelles: nous voulons des hausses du salaire brut.

En effet, le salaire brut donne lieu à des cotisations sociales qui alimentent la sécurité sociale et permettent aux travailleurs de se constituer des droits individuels et collectifs. Ce n’est pas le cas des avantages en net. Le salaire brut, et lui seul, est donc à long terme favorable aux travailleurs.

Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC

Marc Leemans, président de la CSC

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SM

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