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U n peu comme le refoulé chez Freud, ou mieux encore chez Lacan : « ça parle où ça souffre », l’habitant doit retrouver une place centrale dans les politiques de l’habitat et les actions mises en œuvre par les professionnels du secteur. Une place qu’il avait perdue ou qu’on avait oubliée ? C’est en tout cas le vœu qui ressort des rencontres, échanges et interventions organisés les 20 et 21 juin au Centre des congrès de la Cité des sciences et de l’industrie de Paris lors des 4 mes Assises de l’habitat Leroy Merlin. Embarquement pour une traversée subjective de ces deux journées en compagnie de Christel Leca. UNE TRAVERSÉE DES 4 MES ASSISES DE L’HABITAT LEROY MERLIN LE RETOUR DE L’HABITANT REPORTAGES VOIR, ÉCOUTER, ENTENDRE À LA SOURCE ..............................................................2 DES CHIFFRES IMPRESSIONNANTS ........................................................................3 AMOUR ET MICKEY MOUSE ..........................................................................3 DON D’UBIQUITÉ .........................................................................................4 L’ISOLATION AU MENU DU REPAS DOMINICAL ...................................................................5 L’HABITANT COLLABOR’ACTEUR .........................................................................6 DES POLITIQUES DE L’HABITANT..................................................................................7 PAR CHRISTEL LECA tous les savoirs de l’habitat Photo ©Leroy Merlin Source

UNE TRAVERSÉE DES MES ASSISES DE L’HABITAT ......sins et d’apprendre à utiliser les ressources (énergie, eau) à bon escient. « Beaucoup d’ha-bitants du quartier voulaient

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Page 1: UNE TRAVERSÉE DES MES ASSISES DE L’HABITAT ......sins et d’apprendre à utiliser les ressources (énergie, eau) à bon escient. « Beaucoup d’ha-bitants du quartier voulaient

Un peu comme le refoulé chez Freud, ou mieux encore chez Lacan : « ça parle où ça souffre  », l’habitant doit retrouver une place centrale

dans les politiques de l’habitat et les actions mises en œuvre par les professionnels du secteur. Une place qu’il avait perdue ou qu’on avait oubliée ? C’est en tout cas le vœu qui ressort des rencontres, échanges et interventions organisés les 20 et 21 juin au Centre des congrès de la Cité des sciences et de l’industrie de Paris lors des 4mes Assises de l’habitat Leroy Merlin. Embarquement pour une traversée subjective de ces deux journées en compagnie de Christel Leca.

UNE TRAVERSÉE DES

4MES ASSISES DE L’HABITAT LEROY MERLIN LE RETOUR DE L’HABITANT

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Voir, écouter, entendre à la source ..............................................................2

des chiffres impressionnants ........................................................................3

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PAR CHRISTEL LECA

tous les savoirs de l’habitat

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SOMMAIRE FAIRE AUTREMENT L’URBANISME : Les éCheLLes du déveLoppement durabLe – 2

VOIR, éCOUTER, ENTENDRE à LA SOURCE

J’ai senti, lors de ces rencontres, que les professionnels de l’habitat s’enjoignaient mutuellement à penser – à nouveau ou

enfin ? – leurs programmes et leurs actions pour ceux qui y vivent. Et plutôt que de prendre pour argent comptant l’apparence de besoins qu’ils supposent par le prisme d’un habitant rêvé ou imaginaire, il s’agirait d’aller voir, écouter et entendre à la source.

alors, la recherche « J’y suis, j’y reste !  » a pris la forme d’une série de films documen-taires de longue haleine dans lesquels les personnes très âgées disent leur envie de rester aussi longtemps que possible chez elles, comment elles aimeraient le faire et de quelles aides elles ont réellement besoin.

Alors, des ateliers collaboratifs ont proposé à des professionnels de l’habitat de jouer le rôle d’habitant pour concevoir le jardin d’une copropriété, imaginer des quartiers béné-fiques à la santé, garder la main sur l’organi-sation du numérique à la maison, peaufiner un dispositif destiné à aider les personnes âgées à gérer leur dépendance à domicile, etc.

alors, matthew b.Crawford, philosophe mécanicien, a fait l’éloge de l’agency, que je traduirais par agencement plutôt qu’agence, cette capacité à avoir une prise sur le monde, à façonner son environnement, aussi

modeste soit-elle. Un savoir-faire soi-même qui nous permet de réparer le lave-linge plutôt que de « travailler bêtement des heures pour payer le réparateur ».

Alors, les retours de chantiers Leroy Merlin Source 2015/2017 ont fait la part belle aux enquêtes de terrain. Des sociologues, des photographes, des psychologues, des réali-sateurs ont ainsi transcrit la parole directe de travailleurs à domicile, d’adolescents, d’usa-gers de garage individuel, de concierges, de personnes en situation de handicap ou de jeunes retraités, etc.

Alors, des cartes blanches ont été données à une artiste plasticienne qui partagea ses ins-tallations créatives sur et pendant des chan-tiers de rénovation, à une architecte ayant créé des espaces de répit individuel dans le logement, à un paysagiste et une directrice d’espaces verts qui croisèrent leurs expé-riences, entre jardins d’agrément et jardins productifs, à une association qui fit plancher les participants sur la notion de nomadisme et les façons d’habiter qu’elle peut englober, à un duo d’architectes voyageurs à la ren-contre de l’habitat vernaculaire sur les routes de la Panaméricaine, etc. Moments choisis.

Petit détour vers l’Encyclopédie Universalis et sa définition du retour du refoulé freudien pour mieux comprendre mon propos. Des contenus psychiques, inavouables ou inconciliables, sont refoulés dans l’inconscient et y demeurent. Essayant de réapparaître au grand jour, ils prennent la forme de rêves, d’actes manqués ou de lapsus, pour ne pas être reconnus puisque leur forme originelle est insoutenable aux yeux de la conscience. Bien sûr, les habitants n’ont pas été refoulés, quoique leur point de vue ait été oublié dans certains projets architecturaux ou urbanistiques prestigieux peu compatibles avec la qualité de la vie. Bien sûr, leurs désirs et leurs besoins ne sont pas inavouables ou insoutenables, encore que le plaisir conceptuel s’est parfois affranchi de l’usage, rejetant le bon sens aux oubliettes au nom de l’art avec un grand A. Bien sûr, la parole des habitants ne réapparaît pas déguisée, mais les problèmes d’incivilité que vivent certains quartiers ressemblent à une demande d’écoute et d’attention sur leur situation économique et sociale.

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DES CHIffRES IMpRESSIONNANTS

| Mardi 20 juin, 10 h

Je suis impressionnée par les chiffres évo-qués par Thomas Bouret, directeur général de Leroy Merlin France : 23 000 collaborateurs ainsi que les fournisseurs, clients et parte-naires du groupe ont coconstruit une vision à dix ans de l’entreprise. Résultat : 32 000 idées collectées pour l’habitat de demain !

| 10 h 15Erwan Soquet, directeur de la communica-tion et de la marque Leroy Merlin France, présente les résultats de l’Observatoire

de l’habitat 2016/2017, fruit d’une enquête auprès de 6 000 personnes représenta-tives de la population française de 25 à 75 ans. Tentons un portrait des habitants d’au-jourd’hui : ils envisagent de faire des travaux chez eux (54% contre 47 % deux ans plus tôt), qu’ils réaliseront dans 61 % des cas eux-mêmes, sans aide d’amis ou de profession-nels. Ils utilisent dans seulement 60  % des cas leur garage pour y garer leur voiture et 8   % possèdent au moins un animal de basse-cour. 12  % travaillent chez eux, presque tous les jours.

AMOUR ET MICkEY MOUSE| 10 h45

matthew b. Crawford prend la parole pour une petite heure de pur plaisir, réduisant l’écart entre penser et faire, en écho au titre des Assises, Penser avec Faire ensemble. Il invoque les dessins animés Disney des années 50, dont les ressorts comiques reposaient sur les difficultés de leurs héros face à

des objets qui ne fonctionnent pas comme nous l’entendons, qui nous résistent parfois, sources de blessure narcissique. Il nous parle d’amour, qui naît dans la maison, de la satisfaction du bricoleur qui ressent l’effet qu’il a sur le monde, des risques du monde virtuel et des écrans omniprésents qui sur-sollicitent et monopolisent notre attention. Il définit la maison, le chez-soi (« our home ») comme un espace qui prend soin de nous, de notre corps, et sert d’ancrage à notre esprit.

Pour lire son interview publiée il y a quelques semaines, cliquez ici.

erwan soquet, directeur de la communication et de la marque, leroy merlin france

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matthew b. crawford, philosophe mécanicien

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| 11 h45 Le tour d’horizon des chantiers de recherche est l’occasion de découvrir le foisonnement des sujets traités par le réseau de recherche Leroy Merlin Source entre 2015 et 2017 à tra-vers 14 chantiers et une multiplicité de ques-tionnements : comment les garages sont-ils utilisés par les 40 % de Français qui n’y garent plus leur voiture ? travailler chez soi, est-ce vraiment le rêve ? Comment les habitants d’immeuble s’approprient-ils leurs espaces communs comme les paliers ? Les jeunes retraités vivent-ils un regain de liberté et comment recomposent-ils leur logement ? Pouvoir déconnecter, de temps en temps, son domicile, est-ce souhaitable et souhaité ?

DON D’UBIqUITé| 13 h45

Je dois faire preuve d’ubiquité pour assister au Grand Format Énergie tout en partici-pant à un atelier collaboratif sur les quartiers bénéfiques à la santé avec marie Chabrol et Julien Langé, urbanistes et correspondants Leroy Merlin Source. Passant de l’un à l’autre,

je réussis à capter le témoignage d’une colla-boratrice de Leroy Merlin dont c’est la pre-mière participation à un atelier de ce type. Elle est agréablement surprise de la quantité et de la qualité des idées nées du dispositif imaginé par les urbanistes pour prolonger leur travail : une recherche sur la création d’îlots pilotes de santé/bien-être dans la ville. Trois groupes ont été invités à trouver une solution à un problème concret, basé sur un scénario fictif volontairement excessif. L’hô-pital va fermer pendant six mois pour cause de travaux de réfection impératifs  : com-ment remplacer tout ou partie des services qu’il offre dans la ville et sous quelle forme ? La municipalité a décidé de limiter la vitesse à moins de 20 km/h : comment cela change-t-il la ville ? L’état impose à tous les enfants de pratiquer deux heures de sport par jour et à tous les salariés 1h30 : comment s’orga-nise-t-on pour respecter la loi ?

tour d’horizon des chantiers de recherche leroy merlin source

Photo ©Leroy M

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| 15 hAvant qu’elle ne reprenne son train pour Toulouse après son témoignage au Grand Format habitat et énergie, j’interviewe sylvie Laborieux, habitante du quartier d’Empalot. depuis deux ans, un atelier solidaire  permet aux habitants, grâce à un partenariat entre edF, le bailleur social, les Compagnons bâtis-seurs et le magasin Leroy Merlin de Roques-sur-Garonne, d’effectuer eux-mêmes les réparations et rénovations que nécessitent leur logement, d’obtenir l’aide de leurs voi-sins et d’apprendre à utiliser les ressources (énergie, eau) à bon escient. « Beaucoup d’ha-bitants du quartier voulaient bien économiser l’énergie, mais ne savaient pas comment faire », explique Sylvie Laborieux. « Cela passe sou-vent par de simples gestes (fermer les volets, aérer son logement) dont ils ne voyaient pas

l’utilité, des menus investissements (changer une ampoule, mettre un rideau) ou des petits travaux. En venant à l’atelier se renseigner sur les gestes, ils ont pu se rendre compte que des petits aménagements pouvaient être utiles et que des voisins pouvaient les aider à les réali-ser. » Une expérience qui l’enthousiasme et qu’elle espère voir se développer encore, avec une participation plus active des habi-tants, mais aussi une ouverture sur les quar-tiers environnants. Une conviction réunit désormais tous les acteurs de l’atelier soli-daire : l’amélioration énergétique n’est pas une fin en soi. elle s’inscrit dans l’améliora-tion globale de son logement pour chacun des habitants. La capacité à apprendre et à faire soi-même est au fond le véritable enjeu.

L’ISOLATION AU MENU DU REpAS DOMINICALCet atelier solidaire d’empalot est une façon parmi d’autres de répondre à un souhait émis sous forme de boutade par vincent perrault, responsable du programme « habiter mieux » de l’anah, lors de la conclusion de cette séquence Grand Format : « il faut que tout le monde parle d’isolation du logement, chaque dimanche, pendant le déjeuner familial ! ».

| 16 h 45 J’assiste à la carte blanche offerte à Soliha Nouvelle Aquitaine autour de l’hébergement éphémère, et c’est Bénédicte Leuret, char-gée de mission, qui en parle le mieux : « nous sommes au tout début d’un projet qui s’appelle

Hemi, Hébergement éphémère modulable et intégré. Il consiste à installer dans des locaux vacants, au cœur des grandes villes, des cap-sules logement destinées à ce que nous appe-lons les habitants imprévisibles : étudiants,

atelier conception participative dans l’habitat collectif. Photo ©Leroy Merlin Source hemi, habitat éphémère modulaire intégré. Photo ©Leroy Merlin Source

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apprentis, travailleurs saisonniers, populations précaires, etc. sans nous fermer à un public précis. L’idée avec cet atelier est de recueillir la parole des professionnels et des décideurs et leurs premières réactions face à notre projet pour nous nourrir des expériences de chacun. C’est d’autant plus riche aux Assises que de nombreux experts de l’habitat y sont présents. Après leur avoir présenté notre projet, nous avons composé des petits groupes qui ont tra-vaillé d’abord sur la notion de nomadisme, puis ont ensuite endossé chacun un rôle (étudiants/apprentis, travailleurs saisonniers, personnes précaires, propriétaires de locaux) et réfléchi au

projet selon leur point de vue. Cette forme inte-ractive et dynamique nous intéressait pour que chacun se sente acteur : donner la parole aux usagers, c’est permettre d’être dans le vrai d’un projet, c’est faire en sorte qu’il corresponde à de réels besoins. Il s’agissait aussi d’ouvrir la porte à des collaborations : nous pensons que tout le monde peut avoir de bonnes idées. Nous pren-drons le temps de la synthèse, mais à chaud je peux déjà dire que ce que nous avons imaginé concorde avec ce que les gens nous ont donné ce soir : nous sommes dans la bonne direction, c’est rassurant ! ».

L’HABITANT COLLABOR’ACTEUR

| Mercredi 21 juin, 8 h 45

Je navigue à nouveau entre deux ateliers collaboratifs portés par des correspondants Leroy Merlin Source : Gaëtan Brisepierre, sociologue de l’énergie, anime celui sur « la conception participative en habitat collec-tif  », au moment où Gaël Guilloux, designer, s’attelle aux « habitants collabor’actifs ».

Après avoir restitué son chantier de recherche sur douze projets d’habitats col-lectifs intégrant des dimensions partici-patives, le sociologue compose ensuite six tables de travail animées par six profes-sionnels impliqués dans une des douze réa-lisations, en cours ou achevées : Lauréna Cazeaux, architecte-ingénieure (ad’minima), Aurélie Top, architecte-médiatrice (Archae), Bertrand Barrère, urbaniste (Unanimm), Ludovic Gicquel, assistant à maîtrise d’ou-vrage (Vie to B), et Patrice Martin, architecte

(Khora). pour Lauréna Cazeaux, « l’idée était de faire expérimenter une situation concrète et réaliste de participation habitante par des professionnels, en les faisant endosser un rôle d’habitant précis, comme une retraitée inquiète ou un quadragénaire enthousiaste. On espère que ces personnes pourront peut-être, dans leur pratique professionnelle, mieux prendre en compte le point de vue des habitants et faire attention à la façon dont il est considéré, puisqu’elles auront pratiqué un petit bout de conception participative ».

Quant à Gaël Guilloux, il soumet à la saga-cité des personnes inscrites à son atelier des scénarii d’usage et un prototype élaboré depuis deux ans à la lumière des chantiers de recherche Leroy Merlin Source consacrés à l’autonomie des personnes âgées à domicile. « Nous mettons les participants à notre atelier

atelier l’habitant collabor’actif. Photo ©Leroy Merlin Source

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en situation pour qu’ils regardent d’une façon différente l’habitant (ce qu’il veut faire et ne pas faire, ce qu’il veut laisser faire, ses aspirations concrètes, par exemple) et qu’ils en tirent des enseignements pour leur pratique et pour l’ate-lier, où ils sont chargés d’inventer des dispositifs de mobilité adaptés. Un autre groupe travaille sur un dispositif imaginé par des étudiants du Lab Care de l’école de design de Nantes, à partir de l’écoute d’usagers que nous avons menée. Il s’agit aujourd’hui de mieux répondre à la demande de l’habitant en lui proposant un dispositif d’écoute adapté. Les conclusions de l’atelier nourriront le rapport final de ce chan-tier de recherche. »

| 11 h45

Marine Morain, architecte-ingénieure (Ad’mi-nima), a carte blanche pour présenter sa recherche intitulée « Quels espaces de répit dans le logement ? » et déclinée dans l’expo-sition « mon petit coin ! » qui présente des maquettes et prototypes. Elle s’est interrogée sur un impensé du logement : les espaces de répit à soi. Présents dans les transports, dans l’espace public, au bureau, ces « coins  » où l’individu peut trouver un moment de soli-tude et de déconnexion avec les autres sont-ils souhaités ? au milieu du gué de sa recherche, elle a voulu connaître l’avis des participants aux Assises : quels sont leurs espaces de répit ? Ceux qu’elle a imaginés et construits pour l’occasion, à taille humaine, correspondent-ils à ce qu’ils souhaiteraient dans leur logement ? « Mon espace de répit, c’est mettre de la musique », écrit une dame sur un des petits papiers prévus à cet effet  ; « c’est ma baignoire  », note une autre. « La bibliothèque avec vue est une très belle idée que j’aimerais avoir chez moi », peut-on lire aussi. «  Effectivement, un espace de répit consiste souvent à amplifier ou annihiler un sens : la vue, l’ouïe, etc. », précise l’architecte dont la recherche n’en est qu’à ses prémices.

DES pOLITIqUES DE L’HABITANT| 14h15Nous visionnons le dernier volet de la série « J’y suis j’y reste !  » qui clôt le chantier de recherche du même nom, débuté en 2012. Ce troisième volet de la série documentaire est consacré aux conditions de mise en œuvre des travaux d’adaptation du logement au vieillissement. L’assistance est très émue à la fin de ces 50 minutes de témoignages, au cœur de situations parfois à la limite de l’insalubrité et de l’urgence qui sont encore trop peu ou trop lentement prises en charge.

Une véritable politique des personnes âgées, des actions de prévention avant 60 ans, la formation des responsables de magasins, etc. Les idées sont nombreuses face à ce défi démographique. Certains professionnels présents sur le plateau souhaitent l’unifica-tion des aides techniques et matérielles et la simplification des dossiers à remplir par les demandeurs, le regroupement des régimes de retraite pour la création d’un guichet unique, la possibilité de transférer les cré-

espace de répit - mon petit coin ! marine morain. Photo ©Leroy Merlin Source

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dits d’impôt aux enfants et neveux accom-pagnants et de les ouvrir à des travaux plus nombreux et plus simples, l’ouverture de cré-dits pour la réalisation de travaux chez les personnes de plus de 80 ans, etc. Tous s’ac-cordent à dire qu’un hébergement en Ehpad coûte plus cher à la collectivité que d’aider les personnes âgées à rester chez elles, en intégrant tous les coûts, travaux d’adaptation et accompagnement médico-social compris.

| 16hEn guise de synthèse, Frédéric Denisart, architecte et membre du Conseil national de l’ordre des architectes, affirme que « les politiques de l’habitat devraient se renommer politiques de l’habitant. Il faut concevoir et réa-liser nos programmes avec cet expert d’usage – pour qui l’on travaille, ne l’oublions pas – et sortir de l’approche normée pour adapter nos propositions à chaque situation ». Le dernier mot de ce chemin de retour de l’habitant sera pour Laurent Glaser, directeur général délégué de Leroy Merlin France : « plus que le pouvoir d’agir, nous, professionnels de l’habitat, avons le devoir d’agir » pour et avec les habi-tants.

Christel Leca – juin 2017

Jacques loeuille, réalisateur, marie delsalle, chercheur et réalisatrice, bernard ennuyer, sociologue, après la projection de J’y suis j’y reste !

laurent Glaser, directeur général délégué leroy merlin france frédéric denisart, ordre des architectes.

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