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Une volée de bois vert Nans Delaire-Gernigon

Une volée de bois vert - decitre.fr · Plusieurs clients étaient attablés au bar, certains ... Un petit garçon rentrait en courant dans le restaurant, en passant près du grelot,

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Une volée de bois vert

Nans Delaire-Gernigon

18.66 661226

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 240 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 18.66 ----------------------------------------------------------------------------

Une volée de bois vert

Nans Delaire-Gernigon

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À mon mari mes enfants et mes petits-enfants.

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Une volée de bois vert

La voiture était arrêtée, sur le bord de la route. Lily apercevait le village, au loin. Vingt ans, qu’elle n’y était pas revenue. Quand elle avait décidé de partir, elle venait de

fêter ses vingt et un ans. Elle était majeure. Tout s’était enchaîné, la crue de la rivière l’avait

bien aidée. Rien de plus facile de faire croire à ses parents, ses

frères, sa sœur et aux habitants du pays, qu’elle s’était noyée, emportée par la crue soudaine et violente.

Cette petite rivière était souvent énervée quand la pluie tombait trop fort.

Pourtant, quand elle avait sauvé le chien d’Alfred de la noyade, la rivière était en légère crue.

Tout le village avait crié à l’exploit. Elle avait préparé son départ depuis longtemps.

Le matin, elle était partie travailler à la même heure. Sa mère l’avait houspillé comme d’habitude. Ce matin-là, elle n’avait pas répondu à ses paroles.

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Son plus grand regret : c’était de n’avoir pu, embrasser son père, son petit frère Yann et sa sœur, elle savait que Mily serait malheureuse.

Lily ne pouvait rien lui dire, elle n’aurait pas compris.

Dans son sac qui contenait normalement son repas de midi, elle avait glissé quelques habits.

Alfred habitait près de la rivière, il ne fallait pas qu’il l’aperçoive, son plan aurait échoué.

Comme à son habitude, vers dix heures, il descendait au village, là, elle prépara la mise en scène de sa noyade.

Elle appuya son vélo au grand chêne, elle déposa par terre son manteau, son pull, et surtout, son écharpe rouge, celle que sa mère ne supportait pas.

– Ça porte malheur le rouge. Lily hésitait à remonter dans la voiture. Elle avait retenu une chambre dans l’unique hôtel

de Saint Félicien, chez Bertille. Elle se décida à repartir en roulant doucement.

Quand elle put lire la pancarte de Saint Félicien, son cœur se mit à battre la chamade.

La grand-rue était déserte, c’était le jour du marché, rien n’avait changé en vingt ans.

Quelques maisons avaient été repeintes de ces couleurs bizarres pour la région de l’ouest.

En arrivant dans la rue principale, elle reconnut l’hôtel qui lui aussi avait pris, un coup de peinture jaune. Enfin… C’était la mode.

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La place était bondée, toute la population de la commune se donnait rendez-vous le jeudi, jour du marché.

Après, avoir garé sa voiture sur le parking de l’hôtel, elle se décida à rentrer.

Plusieurs clients étaient attablés au bar, certains tapaient la belote, au fond du café.

Elle reconnut Marc Lefèvre, son copain d’école. Il avait toujours la même bouille.

Les autres joueurs ne lui disaient rien. Bertille n’était pas au comptoir, elle était dans la

cuisine, à donner les ordres au cuistot pour le repas de midi.

Le petit grelot était toujours à la même place. Il faisait courir Bertille.

Quand les enfants l’agitaient et se sauvaient dans tous les sens.

Bertille ne se fâchait jamais, elle était adorable avec eux, on l’entendait dire.

– Pas de bonbons pour les drôles. C’était leur pire punition, le lendemain tout était

oublié. Sa main prit le grelot et l’agita, tous les clients

levèrent la tête aussitôt. – j’arrive… Elle reconnut, tout de suite cette voix qui avait

bercé son enfance. – Bonjour madame, c’est pourquoi ? – Bonjour, madame je vous ai loué une chambre

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au nom de Lily Grandjean. – Oui, je vous donne la clé de suite, je vous ai mis

la douze, celle qui donne sur la place du marché. Lily avait demandé une chambre avec vue sur la

place du village. À travers la fenêtre, Lily aperçut le maire de la

commune, d’ailleurs peut-être n’était-il plus maire depuis vingt ans.

La vie avait changé et, le maire aussi sans doute. Peu importe qu’il soit maire ou pas, le moment

viendrait pour lui aussi. – Bonjour. Peu de clients lui répondirent, il

semblait en froid avec beaucoup de personnes. Pourquoi ? Lily finirait bien par l’apprendre.

Bertille l’accompagna jusqu’à la chambre. En regardant la place, pleins de souvenirs lui

revinrent en mémoire. La décision de partir, elle l’avait prise l’année de

ses dix-huit ans ; on était majeur à vingt et un ans. Elle attendrait…

Elle pensa, au jour de l’enterrement de Juliette Labarre, cette femme charmante lui avait appris à l’âge de sept ans, qu’il ne fallait pas mettre du sucre dans le café, le sucre dénature, le bon goût du café.

Depuis ce jour, Lily ne sucrait plus son café. Elle buvait du café au lait depuis son plus jeune âge. Elle n’aimait pas le chocolat en poudre.

Ce jour-là, en descendant l’allée centrale de l’église, les anciens de la commune lui parlaient en l’arrêtant.

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– Bonjour ma petite Liane, comment vas-tu ? Liane était le prénom que lui donnaient les gens du pays, le diminutif de son prénom : Éliane.

– Je vais bien, et vos jambes ? elles ne vous font pas trop souffrir ?

– Non ma fille, ça va. Elle s’inquiétait de leurs douleurs, de leur santé,

les anciens l’aimaient bien. Elle leur rendait cette tendresse. Après avoir posé la main sur le cercueil de Juliette

pour lui rendre un dernier hommage, elle revint à sa place. C’est à ce moment là qu’elle vit la femme de son frère aîné venir vers elle, avec un air à faire peur, Paulette ne lui avait pas dit bonjour, elle s’arrêta devant Liane.

– Bonjour Éliane, comment vas-tu ? sur un ton haineux.

Personne ne l’avait appelé Éliane depuis si longtemps, qu’elle marqua un temps d’arrêt.

– Ça va, merci. La jalousie dans les yeux de Paulette faisait peur à

voir. Rien ne l’empêchait d’être aimable, si ce n’est sa bêtise et son orgueil.

Elle avait sans doute oublié qu’elle avait été à l’école avec des habits rapiécés, comme tous les enfants du pays.

Lily savait qu’à partir de ce jour, elle lui mènerait une vie infernale.

Quant à son frère Robert, depuis qu’il était entré

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au ministère des armées, il se prenait pour Dieu le père. Une anecdote fit sourire Lily : son frère lui soutenait que Jean Jaurès avait été assassiné en mille neuf cent trente neuf.

Lily, qui était bonne en histoire, lui dit que c’était le trente et un juillet mille neuf cent quatorze au café du Croissant, par un anarchiste dénommé Vilain.

La réponse ne se fit pas attendre. – Tu ne vas pas m’apprendre l’histoire de l’armée

ça m’étonnerait. – Non, pas celle de l’armée, mais je vais

t’apprendre l’histoire de France. La gifle claqua sur la joue de Lily. – Je suis l’aîné. Le droit d’aînesse était de retour… Une chose était sûre, il ne l’emporterait pas au

paradis.

À ce moment-là, le téléphone sonna, qui pouvait l’appeler ?

– Oui, allô ! – Je vous appelle pour vous demander si vous

déjeunerez à midi. – Euh, oui bien sûr, j’arrive. C’était Bertille… Mais quelle heure était-il ? en regardant sa

montre, elle vit qu’il était treize heures dix. Elle enfila son survêtement et descendit

tranquillement les escaliers qui la menaient à la grande salle à manger.

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La salle était pleine. Bertille se dirigea vers elle : – Je vous ai gardé une place, à la table de ces

messieurs. Il y avait là trois hommes qu’elle reconnut. Son

frère Robert, Jean-Pierre Labarre le fils de Juliette, le troisième était son père.

– Bonjour messieurs, bon appétit. – Merci, madame. Elle prit son assiette et se dirigea vers le buffet. Une salade de pommes de terre avec harengs et

oignons, elle n’en avait pas mangé, depuis son départ. Elle se servit une bonne assiette, elle adorait ça,

elle revint, près de son père. Il la regarda s’asseoir près de lui. Quand il vit le

contenu de l’assiette, elle crut voir de la tristesse sur son visage, une idée, sans doute.

– Vous aimez la salade de harengs ? lui demanda son père.

– Oui, j’aime beaucoup, c’est un souvenir d’enfance, ma mère savait bien la préparer.

– Celle-ci est bonne, c’est ma femme qui la prépare pour Bertille, ma fille Liane l’aimait, elle aussi.

Robert prit la parole. – Allez le père, ça suffit tu te fais du mal avec tes

souvenirs, je sais, ça fait vingt ans cette année. Il est temps de passer à autre chose. – Peut-être pour toi, ta mère et moi, on ne peut

pas oublier ce jour. Lily sentit son cœur se serrer.

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Elle commença son assiette, sans rien dire. Un petit garçon rentrait en courant dans le

restaurant, en passant près du grelot, il le fit sonner à toute volée.

La réponse ne se fit attendre. – Pas de bonbons pour les drôles. Le petit bonhomme approcha de la table. – Bonjour Papy, bonjour Tonton Robert, bonjour

Jean-Pierre, bonjour madame, vous allez bien ? – Bonjour mon petit loup, il est où ton père ? Le petit garçon n’eut pas le temps de répondre

que Robert prit la parole. – Toujours aussi insupportable, tu avais besoin de

sonner le grelot ? Et toi mon pauvre Robert, toujours aussi bête

pensa Lily. – Tiens, voilà papa ! Lily vit entrer un bel homme qu’elle aurait

reconnu entre mille, c’était Yann son jeune frère. – Bonjour, tout le monde ! Bertille arriva avec une poignée de bonbons dans

sa main. – Tiens mon petit Louis, c’est pour toi. – Merci Bertille, il la remercia en faisant claquer

un bisou sur la joue de la patronne du restaurant. Lily ne put s’empêcher de dire à Yann que son fils

était poli. La tête de l’aîné lui donna envie de rire. Il ne

fallait surtout pas se laisser aller.

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Le temps viendra où l’on allait bien rire. Elle quitta la table, en saluant les personnes qui

l’entouraient. Remontée dans sa chambre, les souvenirs

revinrent au galop.

Après avoir préparé la mise en scène de sa noyade, elle prit la direction de la ville, où la gare se trouvait.

Le chemin fut long, mais elle finit par y arriver vers seize heures trente.

Elle s’approcha du guichet pour prendre un billet. – Pour où le billet, quelle destination ? lui

demanda la jeune femme, derrière la vitre. Lily leva les yeux et vit écrit Bordeaux. Sans

réfléchir, elle choisit cette destination. Là ou ailleurs… – Pour Bordeaux, s’il vous plaît. – Il part dans trente minutes, vous allez l’avoir

sans problème. – Merci. Lily était angoissée, elle se demandait où tout ça

l’emmènerait. Advienne que pourra, il fallait qu’elle parte, elle

reviendrait, mais quand ? jamais peut-être… Elle monta dans le train, il y avait peu de monde,

elle prit une place éloignée, des autres voyageurs. Elle serait seule et surtout tranquille.

Le train était près de partir, quand une dame monta, et vint s’asseoir près d’elle.

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– Bonjour, ah quelle journée ! J’ai bien cru que j’allais rater le train.

Le train commençait à sortir de la gare. – Je me présente, Anaïs Grandjean. – Enchantée madame ! Lily Renaud, elle venait de

penser à la voiture de son père qui était de cette marque.

Pas question, de dire son vrai nom : Éliane Desbois.

Le voyage jusqu’à Bordeaux fut agréable, Anaïs était une femme très gaie et charmante.

À l’arrivée, Lily la suivit ne sachant pas de quel côté se diriger.

– Tu vas où ? ma petite. – Je ne sais pas… – Dis-moi Lily, tu t’es sauvée de chez toi ? Anaïs n’était pas née de la dernière pluie, elle

avait compris. – Oui, mais j’ai vingt et un ans, je suis majeure. Elle raconta la mise en scène de sa noyade et tout

ce qui l’avait poussé à partir. Anaïs qui n’avait pas d’enfant avait beaucoup de

peine à comprendre, qu’un enfant puisse se sauver dans des conditions comme celle-là.

– Tu as travaillé, dans quoi avant ? – je suis secrétaire, je travaillais à l’usine de

chaussures de la commune. – Si tu veux, tu viens avec moi, je cherche une

personne pour m’aider depuis si longtemps, que je me

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demandais si je réussirais à trouver. – Mais… mais. – Il n’y a pas de mais, je t’embauche.

Lily se demandait si elle ne rêvait pas. le destin avait placé sur sa route, un Ange. Elles couchèrent à l’hôtel. Le train pour Bergerac

partait à onze heures le lendemain. Après le petit déjeuner, Anaïs trouvait que Lily

avait l’air triste. – Tu es fatiguée ? – Non, madame. – Écoute petite, si on doit vivre dans la même

maison, tu ne vas pas toujours m’appeler madame, à partir de maintenant, je suis Anaïs, tu as bien compris.

– Oui, ma… oui Anaïs. – Tu ne m’as pas tout dit, j’aimerais savoir

pourquoi tu n’as rien mangé au petit déjeuner, et pourquoi tu es si pâle, tu es malade ?

– Non, non. – Alors ? – Me permettez-vous d’attendre Anaïs, je vous le

dirais plus tard. – Bon d’accord, mais n’attends pas trop

longtemps. Comment dire à Anaïs qu’elle avait laissé

l’homme qu’elle aimait, au pays, que leur amour était interdit. Thomas était le fils du maire de Saint Félicien. Le maire avait décidé de le marier à la fille du marquis de la Pélousière. Ce qui permettrait à Jules

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David d’agrandir ses terres. Peu importe si les autres autour de lui étaient

malheureux, il n’y avait que l’argent qui comptait. Un mois avant le départ de Lily, le maire l’avait

arrêtée alors qu’elle rentrait du travail.

– Je voulais te dire que si tu ne laisses pas mon fils faire ce que j’ai décidé pour lui, je mettrai tes parents dehors ; la maison où ils vivent est à moi. Ton père perdra son travail, ils iront mendier sur les routes, j’ai le bras long, personne ne l’embauchera.

Lily crut se sentir mal, les larmes lui brûlaient les yeux.

En arrivant chez elle, sa mère lui demanda. – Tu as pleuré ? – Non, j’ai pris un moustique dans l’œil. Le soir, elle retrouva Thomas pour la dernière

fois. Lily ne lui dit rien de la conversation avec son

père. Le train filait vers Bergerac. – J’ai appelé à la maison, Lucas viendra nous

chercher à la gare. – C’est votre mari, Lucas. – Non, c’est le régisseur du domaine. Il s’occupe

des vignes, du chai et tout le reste. Lily ne comprenait pas grand-chose. – Mon mari ne sort pas beaucoup de la maison,

j’ai beaucoup de peine à rouler son fauteuil, il marche peu depuis son accident de cheval, je compte sur toi

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pour le promener.

Le train arrivait en gare de Bergerac vers treize heures trente.

Sur le quai, un homme qui devait avoir la cinquantaine, faisait un signe à Anaïs.

– C’est Lucas, toujours à l’heure, jamais de retard. – Bonjour madame. – Bonjour Lucas tout va bien ? – Oui madame tout va bien, pas de souci au

château. – Au château, Lily comprenait de moins en

moins, château, maison, elle verrait par la suite. – Lucas, je vous présente Lily, ma nouvelle

secrétaire. – Bonjour, Lily. – Bonjour, monsieur. – Ah non, moi c’est Lucas et ma femme c’est

Adèle, elle nous attend au château pour le déjeuner.

Lily traversa le couloir de l’hôtel en regardant les fleurs du jardin.

Arrivée près de la porte, elle bouscula une dame. – Oh, excusez moi, madame. En relevant la tête, elle reconnut sa mère. – Ce n’est rien, je vous en prie. Lily la regarda dans les yeux, elle y vit une terrible

tristesse. Lily aurait aimé prendre sa mère dans ses bras,

mais ce n’était pas encore le moment.

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Elle n’était pas là pour se venger, la haine pour certaines personnes avait disparu de son cœur.

Néanmoins, elle voulait faire comprendre à ces personnes que l’on pouvait être la fille d’un ouvrier et arriver à réussir sa vie. Il suffisait de rencontrer les bonnes personnes.

Pour elle, les bonnes personnes s’appelaient Anaïs, Germain son mari, Lucas et Adèle.

Ils avaient fait d’elle ce qu’elle était devenue aujourd’hui.

Bertille essuyait des verres derrière le bar. – Bonjour, madame. – Bonjour. – Je voulais vous demander s’il y a des maisons à

vendre dans la commune, j’aimerais m’y installer. – Oui, j’en connais. – Vous pouvez me donner l’adresse du notaire ? – On va boire un café, je vais vous expliquer,

asseyez-vous, il y a des choses qui me font mal au cœur.

Bertille avait envie de discuter, elle trouva l’occasion grâce à la demande de Lily.

Bertille vint la rejoindre, aussitôt qu’elle eut servi le paquet de cigarettes à Alfred, toujours les mêmes et son petit verre de rosé.

La voiture entra dans une allée bordée de chênes verts.

Lily se demandait ce qu’elle allait trouver au bout de l’allée.

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La vigne bien taillée, les rangs bien droits, elle n’en avait jamais vu autant, surtout si bien entretenue.

Enfin, sur la colline, elle aperçut la maison comme nommait le « château » Anaïs.

Elle se croyait chez la belle au bois dormant, elle avait envie de se pincer pour voir si elle ne rêvait pas.

la voix d’Anaïs la sortit de ses pensées. – Que ça fait du bien de rentrer à la maison. Adèle avait préparé un repas de fête pour le

retour d’Anaïs. confit de canard avec des pommes de terre

sarladaises, un délice et comme dessert un gâteau aux noix fait maison. Adèle était une cuisinière excellente.

– Je vais te montrer ta chambre, Lily. C’est à l’étage, tu pourras choisir celle que tu voudras, ce n’est pas les chambres qui manquent dans la maison.

Un sourire illumina le visage de Lily, Anaïs disait la maison en parlant du château.

Elle en choisit une qui donnait sur les vignes. – Installe-toi et repose-toi un peu. – Anaïs, il faut que je vous dise, mon vrai nom est

Éliane Desbois. – Bien, on parlera de ça un peu plus tard. – Anaïs… – Oui. – Merci.

Anaïs sortit de la chambre sans répondre… laissant Lily à ses pensées.

En descendant à la salle à manger, Anaïs

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demanda à Lucas. – Pourrais-tu aller chez le marchand de journaux,

commander le journal nord-ouest pour la semaine et ceux qui ont paru depuis quatre jours. Merci Lucas.

– Oui Anaïs, j’irais dès l’ouverture à quinze heures.

Anaïs voulait savoir si Lily avait bien dit la vérité, les journaux en parleraient sans aucun doute.

Effectivement, trois jours plus tard, Lucas ramena à Anaïs ce qu’elle lui avait demandé.

À la page des faits divers, l’article titrait. « Noyade d’une jeune femme à Saint Félicien, une

jeune femme très appréciée des habitants de la commune, s’est suicidée.

Après de vaines investigations effectuées par les pompiers de la commune, pendant plusieurs jours, il a été décidé d’arrêter les recherches.

Une cérémonie d’adieux aura lieu le quinze avril à quinze heures.

Anaïs savait que Lily n’avait pas menti sur ce qu’elle lui avait dit.

Le reste viendrait plus tard.

Bertille tournait sa cuillère dans son café, alors qu’elle n’y mettait pas de sucre.

– Je ne sais pas par où commencer. – Commence par le début, quand la petite a

disparu. – Oui, tu as raison, c’était au mois d’avril, la rivière

était montée en l’espace de peu temps. Le matin Liane