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NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie (2014) 14, 252—254 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com DOSSIER : 1 RE JOURNÉE DU CENTRE RESSOURCE RÉGIONAL DE PSYCHIATRIE DU SUJET ÂGÉ D’ILE-DE-FRANCE Unité cognitivo-comportementale (UCC) de Corentin-Celton : évaluation à un an The specialized ccognitive-behavioral unit of the Corentin-Celton hospital: One-year evaluation C. Puech , V. Mangin d’Ouince , A.-M. Hallet Lezy Service de gérontologie 2, hôpital Corentin-Celton, groupe hospitalo-universitaire Paris-Ouest/AP—HP/université Paris-Descartes, 4, parvis Corentin-Celton, 92130 Issy-les-Moulineaux, France Disponible sur Internet le 7 août 2014 MOTS CLÉS Unité cognitivo- comportementale ; Maladie d’Alzheimer ; Démence ; Troubles du comportement Résumé Au cours de l’évolution de leur pathologie neuro-dégénérative, la majorité des patients vont présenter des troubles du comportement qui nécessitent une hospitalisation dans des unités spécifiques et adaptées. Ces unités sont de création récente. Cet article présente le retour d’expérience d’une unité cognitivo-comportementale (UCC) à 1 an de son ouverture. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Cognitive-behavioral unit; Alzheimer’s disease; Dementia; Behavioral symptoms Summary During the evolution of their neurodegenerative pathology, the majority of the patients are going to present behavioral symptoms which require hospitalization in specific and adapted units. These units are of recent creation. This article presents the feedback of a specialized cognitive-behavioral unit one year after opening. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A.-M. Hallet Lezy). http://dx.doi.org/10.1016/j.npg.2014.04.004 1627-4830/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Unité cognitivo-comportementale (UCC) de Corentin-Celton : évaluation à un an

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PG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie (2014) 14, 252—254

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

OSSIER : 1RE JOURNÉE DU CENTRE RESSOURCE RÉGIONAL DE PSYCHIATRIE DU SUJET ÂGÉ’ILE-DE-FRANCE

nité cognitivo-comportementale (UCC) deorentin-Celton : évaluation à un an

he specialized ccognitive-behavioral unit of the Corentin-Celtonospital: One-year evaluation

C. Puech, V. Mangin d’Ouince, A.-M. Hallet Lezy ∗

Service de gérontologie 2, hôpital Corentin-Celton, groupe hospitalo-universitaireParis-Ouest/AP—HP/université Paris-Descartes, 4, parvis Corentin-Celton, 92130Issy-les-Moulineaux, France

Disponible sur Internet le 7 août 2014

MOTS CLÉSUnité cognitivo-comportementale ;Maladie d’Alzheimer ;Démence ;Troubles ducomportement

Résumé Au cours de l’évolution de leur pathologie neuro-dégénérative, la majorité despatients vont présenter des troubles du comportement qui nécessitent une hospitalisation dansdes unités spécifiques et adaptées. Ces unités sont de création récente. Cet article présente leretour d’expérience d’une unité cognitivo-comportementale (UCC) à 1 an de son ouverture.© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Summary During the evolution of their neurodegenerative pathology, the majority of the

Cognitive-behavioralunit;Alzheimer’s disease;Dementia;Behavioral symptoms

patients are going to present band adapted units. These units aspecialized cognitive-behavioral© 2014 Elsevier Masson SAS. All

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (A.-M. Hallet Lezy).

http://dx.doi.org/10.1016/j.npg.2014.04.004627-4830/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ehavioral symptoms which require hospitalization in specificre of recent creation. This article presents the feedback of a

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Unité cognitivo-comportementale (UCC) de Corentin-Celton

Le 3e plan Alzheimer 2008—2012 avait dans ses objectifsde promouvoir le développement de structures spécifiquesdans les services de soins de suite et de réadapta-tion (SSR polyvalents ou gériatriques) pour proposer uneréponse adaptée aux situations d’urgence en rapportavec des troubles du comportement et un programme desoins privilégiant les thérapies cognitivo-comportementales[1]. En effet 95 % des patients présentant une démence(maladie d’Alzheimer [MA] ou apparentée) auront des symp-tômes psycho-comportementaux au cours de l’évolutionde leur maladie et nécessiteront une prise en chargespécialisée.

Caractéristiques des UCC

Ces structures, appelées unités cognitivo-comporte-mentales (UCC) [2] sont des unités de petite taille(10 à 12 lits), à l’environnement adapté (signalétique—éclairage—sonorisation), conciliant sécurité et liberté dedéambulation pour éviter fugues, contentions, chutes. . .,avec un personnel dédié, formé à la gérontologie et plusspécifiquement à la prise en charge des pathologies démen-tielles et des troubles du comportement (par exemple,formation d’assistant de vie en gérontologie).

Sont admis dans ces unités, des patients âgés atteintsde la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées,présentant des troubles du comportement perturbateurscompromettant le maintien dans leur lieu de vie actuel, etautonomes sur le plan locomoteur.

Les troubles du comportement productifs sont le plussouvent agitation, agressivité physique ou verbale, déam-bulation, hallucinations, troubles du sommeil graves, cris,désinhibition. . .

Les objectifs de la prise en charge dans ces unités sont :• de gérer une situation de crise : troubles du comporte-

ment perturbateurs chez un sujet âgé présentant destroubles neurocognitifs ;

• de prendre en charge chez ces patients les pathologiesaiguës entraînant des troubles du comportement, ainsique toutes les complications de ces pathologies (dénu-trition, troubles du sommeil, chutes. . .) ;

• de programmer des soins personnalisés et adaptés àchaque patient, d’adapter la prise en charge médi-camenteuse et d’instaurer une prise en charge nonmédicamenteuse ;

• de proposer un programme d’activités structuré etadapté, basé sur des thérapies non médicamenteuses,pour préserver les capacités restantes et minimiser lestroubles comportementaux [3] ;

• de respecter le rythme veille/sommeil et les rythmesd’alimentation des patients ;

• de permettre un répit pour les aidants, d’aider au retourà domicile ou de poser l’indication d’une entrée en insti-tution, de mettre le patient sous protection juridique sinécessaire.

Les thérapies non médicamenteuses (corporelles, cogni-

tives et sensorielles) au sein de ces unités sont des activitésindividuelles et/ou collectives, à but thérapeutique, pour :• maintenir ou réhabiliter les capacités fonctionnelles exis-

tantes (ergothérapie, cuisine, activités physiques. . .) ;

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luation à un an 253

maintenir ou réhabiliter les fonctions cognitives restantes(stimulation mémoire, jardinage. . .) ;mobiliser les fonctions sensorielles (stimulation, musico-thérapie, Snoezelen. . .) ;maintenir du lien social entre les malades (repas, artthérapie. . .).

’UCC de Corentin-Celton

’UCC de l’hôpital Corentin-Celton comprend 11 chambreseules, pouvant être fermées selon le désir du patient avecuverture par un bracelet informatisé, un espace de déam-ulation fermé, un lieu de vie avec une salle à mangerommune, une salle d’activité, un espace Snoezelen (salleulti-sensorielle), un jardin avec un parcours de marche,

t du matériel adapté : lits Alzheimer, horloge mémoriellepécifique Alzheimer, lumière type luminothérapie, balconsécurisés, baignoire à ultrasons pour bains thérapeutiques. . .

Pour les proches, il existe un programme d’aide auxidants avec un groupe de parole mensuel organisé par unesychologue de l’UCC et ouvrant sur des possibilités de psy-hothérapie individuelle au sein du service ou à l’extérieur.ls sont aussi sollicités pour participer selon leurs désirs àertains ateliers avec les patients [3].

Entre novembre 2012 (date de l’ouverture de l’UCC) etovembre 2013, 51 patients ont été hospitalisés dans l’unitévec une DMS de 56 jours. L’UCC a été ouverte tout d’abordvec 5 lits, les travaux architecturaux n’ayant été terminésu’au mois de mai 2013.

Les patients accueillis ont tous un syndrome démentielMA, démence à corps de Lewy, démence fronto-temporale,émence vasculaire) avec un ou plusieurs troubles duomportement productifs (agressivité, violence, hallucina-ion). Ils sont âgés de 60 à 95 ans avec un âge moyene 82 ans. Cinquante et un pour cent sont des hommes,ontrairement à la démographie habituelle en SSR géria-rique et dans les résultats de l’enquête nationale sur lesCC [4].

Ces patients proviennent en majorité des services d’aigu,ais aussi du domicile (via les médecins traitants ou les

éseaux gérontologiques) et des Ehpad des 2 territoires deanté environnants. À noter la provenance de patients de’unité de géronto-psychiatrie, et du secteur fermé du ser-ice de psychiatrie de Corentin-Celton.

Durant leur hospitalisation, le personnel s’adapte auythme du patient, mobilise et stimule toutes les capaci-és restantes afin de permettre aux malades de conserver,oire de retrouver une certaine autonomie.

Des ateliers sont proposés au patient quotidiennement,daptés au projet de soin et réévalués de facon hebdoma-aire en réunion d’équipe.

Une fois les troubles du comportement stabilisés ou amé-iorés (suivis par les échelles NPI et EPAD) [5,6], la sortie duatient s’effectue en institution ou dans leur ancien lieu deie.

Les indicateurs de qualité de notre unité sont le nombree ré-hospitalisation, le suivi à 1 mois (téléphonique ou en

onsultation), la diminution du score NPI et du score EPAD, laiminution voire l’arrêt des neuroleptiques. Pour l’instant, ilst trop tôt pour pouvoir analyser ces données. Le seul pointotable est qu’à la sortie les patients n’ont pas moins de
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raitements psychotropes mais ont moins de neuroleptiquesrescrits.

Depuis l’ouverture, les problèmes rencontrés sont prin-ipalement :

l’agressivité des patients avec le désir de sortir de l’unité,la violence verbale et physique régulière envers le person-nel, les troubles du comportement sexuel ;un personnel insuffisant en nombre et insuffisammentformé, avec un recrutement de personnel difficile surcette unité en raison de la particularité même de cettestructure ;une unité en cours de structuration et d’adaptation, avecune sensation d’isolement des soignants surtout la nuit ;un ratio soignants-hommes/patients-hommes faible(actuellement 10 patients-hommes sur l’unité pour unseul soignant-homme) ;la nécessité d’accompagner chaque patient lors d’un exa-men ou d’une consultation extérieure à l’unité en raisondes troubles comportementaux ;la difficulté pour organiser la sortie de certains patients,essentiellement par manque de structures d’aval adap-tées ;les unités sécurisées posent le problème éthique del’enfermement non consenti car ces unités n’ont pas lemême statut que les unités fermées de psychiatrie : ilexiste un vide juridique à ce niveau. Dans la majorité,voire la totalité des cas, le consentement des patientsest impossible à obtenir (le contrat d’admission est alorseffectué avec l’aidant principal et signé par celui-ci).

Les solutions trouvées à l’heure actuelle pour améliorera prise en soin et aussi la charge de travail du personneloignant sont :

renforcer l’équipe soignante : par 1 poste supplémentaired’aide soignant. Notre choix s’est porté sur le renforce-ment de l’équipe de nuit ;axer la plupart de nos formations sur cette unité : forma-tion du personnel (assistant en gérontologie, diplôme uni-versitaire UCC, formations internes, aromathérapie. . .) ;

créer un groupe de parole pour les soignants tous les15 jours, assuré par un psychologue extérieur à l’unité ;faire une réunion hebdomadaire de l’unité avec tous lesintervenants pour élaborer le projet de soin.

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C. Puech et al.

onclusion

es UCC sont un nouveau type d’unités d’hospitalisationour les patients atteints de maladie d’Alzheimer ou mala-ies apparentées qui présentent d’importants troubles duomportement. Leur création et leur organisation sontncore expérimentales et nécessitent une grande vigilance.n particulier au niveau du personnel soignant qui doit êtren nombre suffisant et bien formé à la prise en soin de cesatients.

Dans notre expérience, et malgré les difficultés rencon-rées, les retours des familles sont positifs. Les patientsont améliorés et retrouvent des capacités souvent oubliées

l’entrée. Au vu de ces résultats des soignants réti-ents à l’ouverture de cette unité demandent aujourd’hui

venir y travailler. Il est encore trop tôt pour pouvoirvaluer les indicateurs de qualité que nous nous sommesxés.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

éférences

1] http://www.plan-Alzheimer.gouv.fr/mesure-no17.html2] http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/IMG/pdf/Circulaire DHOS-

DGS no 291 du 15 septembre 2008.pdf3] http://cmrr-nice.fr/doc/recommendations-FCMRR-fevrier2012.

pdf4] Noblet-Dick M, Balandier C, Demoures G, Drunat O, Strubel

D, Voisin T. État des lieux des UCC : résultats d’une enquêtenationale. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2013;11:151—6.

5] Monfort JC, Rigaud AS, Mathieu AM, et al. Une échelled’évaluation des personnes âgées difficiles (EPAD). Neurol Psy-

6] Monfort JC, Lezy-Mathieu AM, Hugonot-Diener L. L’échelled’évaluation des personnes âgées difficiles (EPAD V2). NeurolPsychiatr Gériatr 2010;10:215—9.